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L’analyse de Charles Rossi

03. AUTRES ENDROITS 031. PAYS D’AIN, BOURGOGNE, FRANCHE-COMTÉ ET JURA

- Coignot (Frédéric), Détours insolites en Bourgogne, Rennes, OuestFrance, 2020, 120 pages ; - Commune (Une) dans la guerre. Aranc 1939-1945, par l’association “La commune d’Aranc et son histoire“, Aranc, au siège de l’association [Mairie 01110 Aranc], 2021, 224 pages + 1 dvd ; - Erster (Dominique), Fermes de Retord. Haut-Bugey Haut-Valromey, Brénod, Idc Éditions, 2020, 196 pages ; - Jary (Emmanuelle), Au château du Clos de Vougeot, Grenoble, Glénat, 2020, 224 pages ; - Romans-Petit (Henri), Les maquis de l’Ain. 11 novembre 1943. Défilé à Oyonnax, Saint-Étienne-de-Fougères, Les Éditions du Bord du Lot, 2020 [1re édition : Paris, Hachette, 1974], 290 pages.

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034. DAUPHINÉ ET ALPES

- Cabot (Frédéric), Neige et avalanches, Grenoble, Glénat, 2020, 240 pages ; - Nicard (François), Secours en immersion. Au cœur du PGHM, Grenoble, Glénat, 2020, 168 pages.

Sept jours 17-23 juin 1789. La France entre en révolution. J’étais tenté à la sortie du livre, mais un peu circonspect à cause d’éventuelles difficultés pour la compréhension des subtilités constitutionnelles. L’auteur, Emmanuel de Waresquiel, a compulsé des archives inédites publiques et privées (à Versailles) et pensait d’ailleurs ne rien trouver de nouveau sur le sujet. Mais l’Histoire n’en finit jamais d’être réécrite. Et personne n’avait écrit sur le serment du jeu de Paume depuis un siècle.

Il en recueille les témoignages des députés du tiers état mais aussi des observateurs étrangers de l’époque. Le regard des autres est souvent le plus clairvoyant ! Il découvre que la Révolution s’est jouée en sept jours et cinq décrets. En s’attachant à faire le récit psychologique de chacun des acteurs, le récit devient palpitant pour le lecteur et nous fait comprendre pourquoi, comme nulle part ailleurs, de façon exceptionnelle (« ombrageuse, exclusive et totalisante »), nous en sommes arrivés au dénouement du 23 juin.

D’un côté, le monarque, Louis XVI, n’est pas un roi à l’anglaise. Son éducation, ses actes, ses discours sont tous d’un roi absolu, héritier jaloux et sourcilleux de sa dynastie et de sa dignité. Mais, s’il se veut conciliant avec tous les partis, il craint surtout la banqueroute financière. De l’autre, les 590 nouveaux députés du tiers état, qui tentent de représenter ou de faire avec les peurs, les fantasmes, mais aussi avec des humiliations bien souvent résultats de maladresses. Ce sont aussi les salles de réunion improvisées dans l’urgence, mal aménagées et favorables au désordre, ou parfois inaccessibles, l’habit noir de l’ordre avec chapeau « sans ganse ni boutons » jugé ridicule par rapport à celui de la noblesse, à plumes et dentelles. Mais il y a aussi toute la magie incantatoire des mots : les Français se comportent en politiques comme en hommes de lettres et manquent de pragmatisme. La liberté est devenue politique, idéale et abstraite, une idée exceptionnellement bien française, saugrenue voir stupéfiante pour les observateurs étrangers de l’époque.

Ainsi la réforme égalitaire des impôts ne suffira plus, de même la liberté de la presse, c’est l’égalité des chances qui est exigée en particulier pour les carrières militaires. Les vieilles distinctions sociales sont ressenties comme primordiales pour les députés et à abolir, ils ne voient plus que cela ! Les concessions royales importent très peu ou plus, le 23 juin. Du coup, il ne restera plus rien des prérogatives et des pouvoirs du roi… La monarchie est vide et inutile dès le 23 juin.

Benjamin Constant l’avait révélé : « Leur courroux s’est dirigé contre les possesseurs du pouvoir et non contre le pouvoir même. Au lieu de le détruire, ils n’ont songé qu’à le déplacer ». La souveraineté monarchique absolue est devenue souveraineté absolue populaire. La République, la nôtre, instaurant la démocratie suffisait, croyaient-ils, pour garantir les libertés mais l’attribution du pouvoir (absolu) à ses représentants nous a conduits où nous en sommes encore aujourd’hui.

Sept jours menés tambour battant pour nous tenir en haleine…

Emmanuel de Waresquiel, Sept jours 17-23 juin 1789. La France entre en révolution, Paris, Tallandier, 2020, 480 pages

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