Histhoiria n°12

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des Pflys de L'/Atkv-

LE SOMMAIRE

{istfioiria

ÉDITORIAL

I

■A/

AIN

le Département

Editorial Faits divers

Accidents de la circulation

HAUT

"(W p" m h 4écM^(té l"

sur la ligne des Carpates Patrimoine rural

La vigne et le vin en Bugey 1850- 1950

Combien de centaines ou même de milliers de fois avez-vous entendu ou lu cette petite phrase ?

Cette phrase qui autorise tous les excès, toutes les contraintes, toutes les dépenses et même qui couvre les pires erreurs !

Patrimoine Une folie à Serrlères ?

Cette « sécuritémania » omniprésente conduit à déresponsabiliser et infan tiliser tout un chacun et faire accepter par tous que nous sommes incapables de juger de notre propre sécurité et encore moins de celle des autres. Donc on pense

Histoire locale

Un forçat réhabilité Jean Claude Romand Trésors et secrets Revers sort du tiroir

pour nous.

Et c'est bien au nom de cette sacro-sainte sécurité qu'un lieu très agréable

et plein de fraîcheur situé au cœur de la nature sur un parcours de randonnée a été irrémédiablement défiguré et dénaturé. Il y a quelques années, une équipe de bénévoles d'Histhoiria y avait restauré des puits très anciens alimentant une

Patrimoine

petite mare. Ils avaient travaillé durant plusieurs saisons afin de sortir ces lieux historiques des ronces et des prunelliers tout en sélectionnant les plus beaux arbres devant procurer de l'ombre aux promeneurs de passage. Ce site, de par son

La poste de Nurieux

intérêt, avait été inclus à un parcours de randonnée. Le Crédit Agricole n'avait

Histoire sociale

Les colporteurs aux XVIII® et XIX® Patrimoine

Le site de Saint-Alban

pas hésité à apporter son aide à cette remise en état. Le boisement était assuré par une trentaine de gros frênes qui, comme la majorité de ceux de la région, étaient plus ou moins atteints par le champignon du frêne (chalarose). Des personnes ont donc, sans prendre l'avis de quiconque, décidé de faire coupe blanche en ces lieux car dans quelques années une branche aurait pu tomber... Donc on sacrifie tout sur l'autel de la sécurité.

Mise en valeur du patrimoine La vie de l'association 3® de couverture

Remède

Mais je me permets de suggérer aux auteurs de ce massacre de couper aussi tous les frênes bordant tous les sentiers de randonnée de notre région ou alors d'en faire totalement interdire l'usage : toujours au nom de la sécurité ! On nous affirme que nous rentrons dans l'ère de l'intelligence artificielle mais je pense

que l'on devrait ajouter celle de la pensée universelle et du risque zéro. Alors suivez mon conseil : restez chez vous, bien au chaud dans votre canapé

à lire votre revue Histhoiria, vous y serez en sécurité. À moins que le ciel ne vous tombe sur la tête...

Bonne lecture et à 1 annee piochaine.

Wuslralums de couverture:- Leferme de Revers(S,mlho,mux-U,-Montagne) dessin de Gernudn Mermel - 21 atnd 1902 - Ancienne egUse de Saint-Alhun

Le président, François RÉCAMIER

Bugey AGGLOMERAT ION


ACCIDENTS DE CIRCULATION SUR LA LIGNE DES CARRATES

Train en feu sous le tunnel de Mornay, le vendredi 2 mai 2003

penchée au dehors sans doute pour cher cher un peu d'airfrais. Je les ai secoués... et voyant qu 'ils étaient morts,je suis descendu et je me suis mis à courir pour aller cher cher du secours. Mais la tête me tournait, je suffoquais et pris de panique, galvanisé par le souffle de la mort,je me suis enfui à toutes jambes. Je n'en pouvais plus. J'allais m'ef fondrer lorsquej'ai aperçu dans un trou une petite source. Je me suisjeté dans cette cavité

lement de la machine de queue. Étant donné la faible puissance des locomotives à vapeur de

l'époque, les pentes importantes de cette ligne des Carpates nécessitaient la présence de deux de ces locomotives pour les convois lourds : l'une tractant et l'autre poussant. Dans cette collision, seul le mécanicien

a la clavicule brisée et de fortes contusions, les voyageurs n'étant que très légèrement

quelques passagers de l'avant-demier wagon

L'extinction du sinistre a été gênée par un accès au tunnel très difficile. L'épave calcinée a été évacuée le lendemain à très faible allure vers Villereversure, les techniciens craignant

voient sortir de la fumée sous les parties

que le wagon ne s'affaisse complètement ou

basses du train.

encore qu'il endommage les voies.

Il est près de 19 heures, ce vendredi 2 mai 2003, le train TER Bourg-en-Bresse -

Oyonnax aborde le tunnel de Mornay, quand

La question s'est posée sur les causes de

blessés. Tous évacuent le train et ce sont eux qui découvrent les six cadavres à l'arrière du

Des voyageurs tirent le signal d'alarme, apercevant aussi des flammes commençant à envahir le compartiment. Le train s'immobi lise alors à environ 250 mètres après l'entrée

train de marchandises ; le septième agent a

du tunnel, coté Bolozon. Le conducteur et

été retrouvé mort à 60 mètres devant la loco

circonstances de leur mort : « Il semble que

le contrôleur guident les quinze voyageurs vers la sortie, sans céder à la panique ; tous ressortent indemnes alors que la rame est

TGV. Il semblerait que ce soit un câble ayant chauffé sous le compartiment électrique d'un des wagons qui ait provoqué l'incendie. Enfin, le pire a été évité, tous les voya

les malheureux agents du train de marchan

immobilisée sous le tunnel.

geurs en sont sortis indemnes.

etj ai bu un peu d'eau qui m'a ranimé. » Sur les huit agents du train, seul un mécanicien gravement blessé a survécu. Le rapport du Ministère des Travaux Publics, par l'enquête qui suivra, résumera bien les

motive de tête.

ce sinistre survenu sur la future voie à grande

vitesse Paris-Bourg-Genève et a alimenté les critiques des riverains opposés à ce projet de

dises aient voulufaire plus que leur devoir ; au lieu de se borner à couvrir leur convoi

et à aller aussitôt quérir du secours, ils se

H

sont attardés à vouloir remettre le train en

marche ; la fumée a vaincu leurs efforts ».

L'accident a été provoqué par le manqu^";

p •

Usine de ventilation

1'

M*

ru ■A.

d'eau dans la chaudière de la machine de tête

entraînant la fusion des plombs de sécurité. Cela a libéré automatiquement le peu d'eau

restante qui, en tombant sur le foyer pour l'éteindre afin d'éviter de brûler la chaudière,

a dégagé une énorme quantité d'oxyde de carbone provoquant fatalement l'asphyxie de

Cette catastrophe a entraîné très rapidement la construction d'une usine de venti

lation au-dessus de l'entrée du tunnel de

Mornay côté Nurieux, laquelle devint Opéra

tionnelle en 1924. Deux immeubles ont été construits à proximité pour loger les agents chargés du bon fonctionnement du venti

lateur. Avec l'arrivée des machines diesel,

Deux wagons dans un jardin à Bolozon, le 29 septembre 2007 Que s'est-il passé ce jour-là près du viaduc de Bolozon ?

Probablement par suite d'un mauvais

tous ceux qui ont respiré ce gaz. Mais cette tragédie ne s'an'ête pas là : un train de voyageurs qui circulait dans la même

cette usine de ventilation a été supprimée par

ancrage, deux wagons se sont écrasés sur la

direction vient percuter le convoi en panne, dans l'obscurité du tunnel, provoquant le dérail-

autorisation du 20 mai 1955. Les installa

tions seront enlevées le 18 janvier 1956 mais le bâtiment ne disparaîtra qu'en 2008.

route en contrebas du viaduc pour terminer leur course dans le jardin d'une habitation

près du bar « Le Saint-Éloi ». Ces wagons

servaient à transporter du matériel pour les entreprises qui s'employaient aux travaux

de modernisation de la ligne des Carpates. Ils auraient suivi les rails de la ligne, puis au niveau du viaduc, à l'endroit où les rails ont été retirés, ils ont continué tout droit pour finale ment s'écraser plus bas dans un bruit infernal.


La première tentative est restée vaine au lac de Sylans où les pêcheurs... ...de locomotive étaient montés trop fin On pense redresser la machine aujourd'hui avec un nouveau câhie ACCIDENTS DE CIRCULATION SUR LA LIGNE DES CARRATES

Il a fallu employer les grands moyens, une grue de 300 tonnes et autres gros engins, pour

endroit à ce moment-là ; les voisins ont eu une

relever ces wagons d'environ 60 tonnes de leur position inconfortable. Heureusement cet

n'en croyaient pas leurs yeux !

aucune personne ni véhicule passant à cet

catastrophe ».

belle frayeur, en voyant tomber les wagons,ils

M.le Maire présent sur les lieux a déclaré accident spectaculaire n'a fait aucune victime, « On a été tout près d'assister à une véritable

Malgré des conditions atmosphériques très mauvaises, un personnel important s'est employé le lendemain à remettre la voie

*

en état, effectuer les vérifications de sécu rité, remettre les wagons sur les rails et le vendredi 2 avril à 18 h 55, un train passait

*

1».

K

sur le lieu du déraillement.

La machine, quant à elle, est restée près de 7 mois dans le lac, constituant une attrac

tion pour les balades familiales du dimanche, dont se serait bien passé la S.N.C.F. Au moyen d'un matériel de relevage performant et de travaux préliminaires, il faudra sept jours, du 22 au 28 octobre 1954, pour que la machine se retrouve enfin sur les rails. Compte-tenu de l'ampleur des

réparations à effectuer, elle finira sous le feu des chalumeaux.

Depuis la construction du chemin de fer dans notre région, du fait de son tracé en

montagne, de nombreux événements d'ori

gine naturelle sont survenus, sans avoir fait

DÉRAILLEMENT AU LAC DE SYLANS, LE JEUDI 1®^ AVRIL 1954

de victimes : glissements de terrain, chutes de rochers (causés aussi par des tirs de mines rendus nécessaires à la construction de l'autoroute A 40)entraînant l'installation de filets de détection d'éboulements encore

« C est pas la peine d'attendre votre train,

la machine elle est dans le lac!», voilà ce que

vient de dire un cycliste de passage au chef égaré de Charix-Lalleyriat, le 1-avril 1954. me au restaurant du bout du lac on ne croit

pas à cette blague e c du uu 1 avril !i c» Et ce n > était pas un poisson d avril'

Vers 15 h 30! ce jour-là, le train MV

(marchandises-voyageurs) 4319, assurant le parcours Morez-Saint-Claude-La-Cluse-Belle garde arrive à la sortie du tunnel de Sylans ■ la visibilité est très réduite du fait du mauvais temps et du peu d'éclairage donné par les deux fanaux à pétrole fixés devant la machine. Le

mécanicien aperçoit au dernier moment les rochers tombés sur la voie après un violent orage, il freine aussitôt mais l'impact est brutal, des rochers sont traînés sur une centaine

de mètres, l'un suffisamment gros fait soulever la machine et la fait dérailler. La locomotive dévale le talus en direction du lac. Tout l'avant

jusqu'à la cabine se retrouve dans le lac,couché sur le flanc gauche. L'équipe de conduite en est quitte pour une belle frayeur, le mécanicien pour un bain forcé dans les eaux glacées.

visibles aujourd'hui. L'ouverture de l'autoroute A40, la fameuse « autoroute des Titans », a sonné le

glas de la ligne des Carpates. II ne passe plus que des T.G.V. pour des allers-retours quoti Bibliographie

diens PARIS-GENEVE et quelques T.E.R. Les charmantes petites gares qui ont

-Articles parus dans le journal « Le Progrès ».

accueilli tant de voyageurs se sont transfor mées soit en bureaux, soit en appartements

- CARMELLE Olivier-Véronique PONT-CARMELLE

ou même en gravats sous les coups d'une

-JOUD Gérard « Hislorail » octobre 2017.

pelleteuse. Les autocars ont pris le relais du

- VILLEMINOT François « Le.'i carnets de la ligne

« La ligne du Haur-Bugey », octobre 20W.

Bourg- Oyowiax » Monographie 1989.

transport local.

Aucun blessé n'est à déplorer parmi les

Et même les vaches ne sont plus là pour

voyageurs, la voiture qui les transportait, bien que sortie des rails, était restée sur le ballast.

regarder passer le train, elles préféraient les trains à vapeur plus spectaculaires ! ■

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. 'V

!; Un remerciement tout particulier au regretté M. Joud, Président du Musée du Cheminot d'Ambérieu-en-Bugey. sans lequel cet article n 'aurait pas été au.s.si détaillé.



LA VIGNE ET LE VIN

EN BUGEY, 1850- 1950

Après avoir décrit, dans la revue n° II, le travail de la vigne, nous allons évoquer ce que fui l'élaboration du vin. Ce vin, qualifié par Anthelme Brillât Savarin comme étant, « le monarque

pressoir était appelé la pressurée. C'est là que s'offrait un choix au viticulteur ; allait-

des liquides. »

t-il mélanger uniformément les deux types de

LA FUTAILLE trois

de section carrée puis on les roulait en les

jours avant les vendanges on devait préparer les tonneaux pour accueillir la nouvelle récolte. Après la consomma

agitant de droite à gauche. Pour les grands

Deux

ou

tion ou la vente du vin ils avaient

été vidés de la lie et laissés ouverts dans une

cave bien aérée pour éviter la moisissure. Le nettoyage avant un nouveau remplis sage consistait à enlever les restes de dépôts

séchés, la graille, formée par le tanin. Pour les petits tonneaux (1) remplis d'eau, on plaçait une chaîne dont les maillons étaient

tonneaux équipés d'un guichet, c'était aux

enfants que revenait le rôle d'y pénétrer, de racler et gratter l'intérieur dans une poussière

suffocante. On vérifiait aussi par quelques coups de marteau si le cerclage était assez serré et qu'il n'y aurait pas de fuites. Les tonneaux étaient disposés sur des pontus, calés et légèrement inclinés sur l'avant. On

en profitera aussi pour préparer et nettoyer les cuves, le pressoir, les gerles, et autres accessoires comme le double décalitre ou le

grand entonnoir de remplissage.

LAVINIFICATION Chacun

avait sa

méthode

et ses petits secrets mais les grandes règles de travail t/ étaient immuables. Si le raisin a traditionnellement été foulé aux pieds pendant de nombreux siècles

marc pressé sera remis dans les cuves, tassé et recouvert de glaise pour le mettre à l'abri de l'air en attendant le passage de l'alambic durant l'hiver. Des passages réguliers à la cave

permettaient de contrôler si le vin se bonifiait. Pour le goûter sans enlever le bouchon du tonneau on mettait un verre sous la guille qui

Des pompes à main n'apparaîtront dans les plus grandes caves que vers 1930. On avait, au préalable, fait brûler dans le tonneau une

avait été légèrement retirée. Et puis l'avis des voisins passant devant la porte de la cave était indispensable et même plusieurs avis étaient

mèche de soufre attachée à un fil de fer, bonde

préférables à un seul...

LES TONNELIERS Il est impossible de parler de la vigne et du vin sans

Et c'est grâce à ces récipients que l'on a

évoquer

Actuellement seules quelques grandes

cette

profession

indissociable des régions viticoles mais elle mériterait à elle seule un article. La fabrication des

pu donner leur noblesse aux grands crus. appellations s'offrent le luxe de ce conte nant. Aucun tonnelier du Bugey n'a passé la barrière du XXI" siècle. Il en reste encore

quelques-uns en Bourgogne,dans le Borde lais et la région de Cognac.

madriers prenant appui au plafond sur la

GRANGEONS ET CELLIERS

voûte de la cave.

Après deux à trois jours de fermentation on

niques actionnés par une manivelle. Puis le

Quant au marc il sera transféré sur le pres

à fermenter au bout de quelques heures. Le

fait ses Pâques ». À sa sortie du pressoir le

plusieurs reprises pour piétiner ce marc ou d étayer la cuvée avec des planches et des

avant d'être mis en cuve, on vit apparaître à la fin du XIX'= siècle des broyeurs méca était versé dans les cuves où il commencera

pour éliminer la lie et l'on affirmait que l'on pouvait commencer à le boire « quand il aurait

à l'aide du double et de l'entonnoir de bois.

tonneaux remonte à l'époque des gaulois qui en étaient les spécialistes.

vidait par un gros robinet la partie liquide de la cuve : c'était la « tête de cuvée », où le vin est le plus clair et le moins chargé en tanin.

raisin rouge destiné à faire du vin rouge (2)

vin, les laisser séparés dans les tonneaux, ou se livrer à de subtils mélanges gardés secrets ? C'est le « montage du vin » et cela fait partie des éléments qui le personnalisent. Avouons au passage qu'un vin de cette époque et issu de notre contrée ne méritait encore pas le terme de cru. ... On remplissait les tonneaux

bouchée. À la fin de l'hiver le vin était soutiré

soir où il sera pressé en deux fois. Le cliquetis caractéristique et presque musical du méca

nisme à deux vitesses du pressoir dont le bras

marc ayant tendance à passer sur le jus, il

travaillait à l'aller et au retour s'entendait de

était nécessaire, pour obtenir un vin homo gène et coloré, de descendre dans la cuve à

sur ce que l'on faisait. Le vin sombre issu du

loin dans le village et ne laissait aucun doute

parcelle de

tion recueillait l'eau du toit qui servait

vigne atteignait une certaine

à préparer le « sulfate ». Les véritables

Dès qu'une surface, il

était fréquent

qu'on y construise un petit abri de quelques métrés canes,souvent

en planches et parfois en pieiTe, près de ou sur les miirgers qui en ont fourni

une partie des matériaux de construction. On y entreposait l'outillage, on venait s y mettre à l'abri pour casser la croûte. Un grand récipient à l'arrière de la constmc-

celliers assez vastes pour y faire le vin sont très rares en Bugey.

Par contre de nombreux petits grangeons sont encore visibles dans les anciens

coteaux viticoles même si la majorité est en train de disparaître, dévorée par la végéta tion des vignes abandonnées. Ils sont bien reconnaissables de par la couleur bleutée du sulfate qui en décore les murs.


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b^nd le \/in ejf h'ré, LA VIGNE ET LE VIN EN BUGEY, 1850- 1950

ilrf&id'le hoire s\l est bon. Marcel Pagnol

L'HABITAT

TRADITIONNEL DU VIGNERON BUGISTE Ces maisons de viticulteurs bugistes étaient en fait des maisons

de polyculteurs. On trouvera les plus caractéristiques dans de nombreux villages comme, par exemple, Bôches, Bolozon, ou le vieux Virieu-le-Grand qui ont su les conserver et où elles sont encore nombreuses. Un escalier de pierre desservait par quelques marches le logement situé à mi-étage. La porte de la cave, généralement voûtée, se trouvait sous l'escalier. Cette cave

partiellement enterrée traversait de part en part le bâtiment et

couvrait la même surface que le logement qui pouvait comporter

deux niveaux. Elle était aérée par un soupirail à chaque extré mité. Le bâtiment se continuait par une grande porte de grange et une ecune, même parfois deux, situées de part et d'autre de la

grange,polyculture oblige. Un large avant-toit protégeait l'esca

lier et toutes les portes ; il servait aussi à mettre à l'abri un peu de bois de chauffage et quelques outils.

Si le vin actuel est toujours à base de raisins, le produit et son mode cultural ont bien changé en à peine plus d'un demi-siècle Il n'est pas certain qu'un verre de vin réalisé selon les tech niques de 1860 puisse vous procurer un réel plaisir en le buvant.

Le qualificatif de « curieux » serait le plus complaisant que l'on puisse lui donner.

Mais si un vigneron de cette époque voyait évoluer, dans des hectares de vignobles décorés de piquets en plastique, nos trac

teurs modernes et climatisés et des machines à vendanger, que

Renvois

! )Les contenances des tonneaux - Le casse! de 25 à 30 litres

- le quart de pièce(ou quartaut) de 55 litres

• la demi-pièce (oufeuillette) de 110 litres

- la pièce de 225 litres - le deini-

miiid de 460 à 500 litres (avec guichet). • Les tonneaux de 1000 litres,

appelés barriques ou muids, étaient très peu utilisés à cette époque en Bugey. Peu maniables

ils n'auraient pu passer par la majorité des portes de cave et repré.sentaient un risque en cas de mauvaise consen>ation du vin.

On ne met pas tous ses œufs dans le même panier. Bon nombre de

viticulteurs ne po.ssédait pas de

siiiface de vignes sujji.santes pour remplir de telles unité.s.

2)On distinguait tivis principales sortes de vins:

- le vin rouge fait avec du raisin rouge qui a fermenté avec .sa

penserait-il ? que penserait-il aussi des traitements mécanisés de l'œuvre des désherbants et des fumures artificielles ? Et s'il rentrait dans une cave aseptisée sans toiles d'araignées où

• le vin rosé fait avec du raisin

régnent la faïence et le carrelage, l'acier inoxydable, les pres

tation et qui fermentera en ton

soirs hydrauliques ainsi que les pompes et les convoyeurs élec triques, que penserait-il ? Il penserait certainement que le vin n'est plus un breuvage qui se mérite car il n'est plus la récom

• le vin blanc fait avec du raisin blanc dont le Jus fermentera en

pense d'efforts, de sueur et d ingéniosité, et qu'ainsi il a perdu une bonne part de son âme. Le trouverait-il bon et à son goût ?

grappe et ses pépins.

rouge mais dont le Jus e.st .séparé

des grappes avant la fermen neaux.

tonneaux.

Le pétillant tel que le Cerdon est issu de raisin rouge mais avec une

Rien n'est moins certain car si le vin a évolué, les goûts aussi. Et que sont devenus le courage, l'enthousiasme et la joie de

vinification particulière. Pour l'époque concernée c'est le

vivre de nos vignerons bugistes ?

majoritaire.

vin rouge qui était très largement Meches

de souffre


Glossaire

Le métier de vigneron, comme de nombreux autres, a engendré tout un vocabulaire bien spécifique et souvent propre à une région. - Bigaud ou bigard:sorte de pioche

^ comportant deux dents d'un côté et une partie plate de l'autre. - Blache : hautes herbes poussant en terrain marécageux.

' Bouille:pompe à dos d'une quin zaine de litres, actionnée par un levier à main droite.

-Butter ou débutter (-âge): opé ration qui consistait à ramener

de la terre sur les pieds des ceps

- Guyot : nom de celui qui inventa la taille longue sur fil à deux rameaux de part et d'autre du cep.

Patrimoine

UNE FOLIE À SERRIÈRES ? Karine BRUNET-CASTELAIN

- Lier (-âge) : attacher les sar

ments fructifères aux fils de fer ou au piquet.

- Murger: amoncellement de pierre situé en bordure de parcelle et - Palin : voir échalas.

Sur les plans du cadastre actuellement mis en ligne, il ne figure pas. on l'ignore. Cependant, le cadastre napoléonien a dessiné une toute petite construction .. . avec une annotation : « / » calligraphiée

- Paradis : voir casse-cou.

à l'encre noire.

provenant de son épierrement.

en automne pour protéger les

racines du froid. On faisait l'in verse au printemps. - Casse-cou : sorte de hotte sans

bretelles portée sur l'épaule '(idem paradis).

-£dvagne:sorte de grand panier d'osier servant à remonter la

terre et porté à deux. i

- Courber (-âge):passer un sar..—ment par-dessus un fil defer. -Défoncer (-âge) : piocher ou labourer en profondeur un terrain

pour le préparer à la plantation. - Double : abréviation de double

décalitre. Récipient en bois avec une poignée et un bec verseur.

- Echalas ou patin:piquet de vigne en acacias ou châtaigner pouvant

mesurerjusqu'à 2,20 mètres pour les vignes surfil defer. - Escofine:sécateur d'assez petite

dimension et à ressort léger afin de diminuer la fatigue due à de longues heures de taille. - Focérer (-âge):piocher sous les

ceps pour supprimer la mauvaise herbe et aérer le sol.

- Gerle : sorte de demi tonneau ,ouvert d'un côté dontdeux douves , (ou douelle) dépassent des autres

■jgrpercées de trous afin de per mettre le passage du pas ; d'une

contenance d'environ cent litres elles se portent à deux.

\ - Graille : dépôt de tanin durci se formant à l'intérieur des fûts. ■ Guille : cheville amovible en façade des tonneaux qui permet tait en la retirant incomplète ment de goûter le vin sans avoir à

ôter le bouchon de bonde et faire prendre l'air à son contenu.

- Pas : solide morceau de bois d'en

viron 2,50 mètre servant à porter les gerles à deux.

- Piochon : idem bigard mais plus

« / » ??? PEUT ÊTRE COMME « /OLE » ???

petit et moins lourd.

- Pontus ou pontets :

grosses

poutres supportant les tonneaux en les surélevant du sol.

- Praliner (-âge) : opération qui consiste à

enduire

les

racines

des Jeunes ceps, avant planta tion, d'un mélange épais d'eau de terre fine et surtout de bouse de

vache pour en faciliter le départ. - Pressurée : tout le raisin que pou vait contenir un pressoir et nom donné à la provenance du vin. - Puget : court sarment d'un an ne

comportant que deux à trois yeux. Taille courte.

- Relever (-âge) : opération consis tant à redresser et passer dans les

fils ou attacher aux piquets les sarments en cours de végétation

pour libérer le passage, faciliter le traitement et laisser pénétrer le soleil. Cette opération impor tante s'effectuait au moins deux

fois par an.

- Serfouette : serpette repliable, bien aiguisée et avec un crochet

sur le dessus pour repousser les sarments. Dans la poche de tous

les vignerons et toute l'année.

- Travailler : se dit à propos d'un vin qui recommence à fermen ter, par exemple, lors de grosses chaleurs.

- Treille : ligne de ceps. - Treillon : espace entre deux treilles.

- Yeux : bourgeons.

Oui, les « folies » ces petites constructions d'été qui fleurissent à la fi n du XVIIP siècle s'enorgueillissent de noms évocateurs : fabrique de jardin, observatoire, belvédère, rotonde, pavillons de thé, d'amour ou de chasse. Une salle unique, une toiture qui rappelle la tente d'un

seigneur en campagne, un site remarquable, une falaise, une rivière donc un attrait romantique dans un paysage grandiose.

Le pavillon de lecture de Serrières-sur-Ain est indubitablement

une construction romantique, peut être du XIX^ Alors XVIII^ ou

XIX% qu'importe, le pavillon de lecture est remarquablement situé au-dessus des gorges de l'Ain et du pont suspendu (qui à cette époque enjambait la rivière).

Cette version peut-être fantaisiste ne manque pas de charme. C est une première approche en attendant d'en trouver une plus histonque.


Histoire locale

UN FORÇAT RÉHABILITÉ Jean Claude ROMAND Isabelle TAVEL

Jean Claude Romand est né dans le village de Montréal au lieu-dit « Les terreaux » le La devise ;

, \JNH.E fA/ Tf^\/AfLLAhiT OU MOUf^fF.

FA/ ^OMBATTAl^T..."

reprtJe en nombreux It'ew de iMani^edtationi^

Devise enuhié^uatiéiue panantiei Mei Âani {/,'et'M'r...

janvier 1798,juste en face de la grande maison des Delilia*. Enfant unique, il est élevé dans un foyer modeste par une mère vertueuse, attentive à développer les talents de son fils. Son père est cocher au château du comte Douglas. Il reçoit une simple mais solide éduca tion par le prêtre de la paroisse et à partir de quinze ans poursuit un apprentissage de tailleur d'habits à Nantua. Malheureusement sa mère qu'il admire tant décède. Cela l'anéantit et lui fait verser bien des larmes, de même le remariage de son père après seulement 3 mois de veuvage. Son apprentissage terminé, il se fait rapidement une bonne clientèle à Montréal et se rend régulièrement au château. Il s'éprend alors d'une femme de chambre, bien qu'il ait déjà donné et reçu les sennents d'une jeune paysanne. La fine soubrette lui volcanise la tête. Elle lui fait découvrir la littérature romanesque qui attise son ardente imagination. Sa gourmandise est comblée par les « fins déjeuners,friandes collations et soupers délicieux arrosés des vins les plus exquis » en cachette et aux frais du Comte bien sûr ! Jean Claude Romand veut se perfectionner dans son art et se rend à Lyon chez un maître

tailleur. Il oublie bien vite sa maîtresse et s'éprend d'une autre car « lafemme du tailleur était sijolie » ! Il décide de « rentrer dans le droit chemin » en retournant à Montréal mais

bien vite reprend la route pour Paris avec le désir « de courir après la fortune, après les aventures, après l'imprévu ».

A son arrivée à Paris en juin 1820, il trouve rapidement une place de garçon tailleur mais dépense tous ses revenus, vêtu de toilettes soignées, fréquentant théâtres, musees,

%

bibliothèques. C'est à cette époque qu'il prend goût, au jardin des Tuileries, à commenter l'actualité avec un ami. Il est sensible aux grandes tirades en faveur de la liberté notamment dans les articles du quotidien « Le Constitutionnel ». d'tions Pour progresser, il accepte un poste de contremaître à Provins avec des con 11 avantageuses mais « ses petites moustachesfrisées » font encore des ravages . presse u femme mariée de s'enfuir avec lui à Paris où ils s'étourdissent de spectacles et a s pu ics^

Mais Jean Claude rêve d'une autre destinée que celle de garçon tailleur et un

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, Ti X- . 1

avise

,nip demoiselle dont le pere Hp renvoyer chez son mari par

lui suggéré que pour sa carnere « rien ne vaut le mariage avec uno «

.. . parvenu et riche n ,arrive pas aV caser ». Il fut plus taciie ae ic diligence la belle amante que de trouver une « héritière ». . r- • Il 1 1 ..1 1 u ,.,r,rrhnnde de modes »,CQ\ibm\Te cent fo\%. Il se console alors dans les bras d une « marcnanae '

. • de , proiets • • .sure - de leui u.ir leuss réussite. Malheureusement pleine pour sa ,boutique et , .s,le mariage , ®

révèle des dettes importantes et il va se trouver pour la première fois dans le rôle du mari

trompé. Il décide alors de quitter sa femme, n'emportant que ses outils et lui abandonnant le peu qu'il possédait.


i UN FORÇAT RÉHABILITÉ JEAN CLAUDE ROMAND

SA PARTICIPATION

I À LA RÉVOLTE DES CANUTS La Fabrique (2) de tissage de la soie à Lyon est l'industrie la plus importante qui existe alors en France et emploie la moitié de la popu lation lyonnaise. Malgré l'atomisation de la production industrielle dans une kyrielle de petits ateliers, il se met en place une organisation

ouvrière par le biais du « mutuellisme » (3). Le journal « L'Écho de la Fabrique » et les discussions dans les « bouchons » (4) relaient les informations. La baisse des tarifs sous couvert de concurrence

internationale menace de ruine les canuts(5)et le non-respect du prix conclu le mois précédent amène la révolte. Elle n'est pas à propre ment parlé politique mais le sursaut d'une profession qui ne compte pas se laisser exploiter. Commencent alors les « trois glorieuses du prolétariat lyonnais », les journées des 21, 22 et 23 novembre 1831.

Il reste un excellent tailleur d'habits.

La gravure d'un costume complet de son

Le lundi 21, les métiers à tisser sont arrêtés. Les canuts de la

invention est publiée le 15 octobre 1824

Croix-Rousse descendent vers la ville de Lyon en criant leur révolte mais sont repoussés par les tirs de la troupe. Jean Claude Romand, guidé par ses sympathies politiques, embrasse leur cause et, avec un talent certain, trouve la devise qui s'inscrit sur les drapeaux noirs (symbole de deuil) brandis dans les barricades : « Vivre en travaillant ou mourir en combattant ». Le mardi 22, à la suite des sanglants affron tements de la veille, les manifestants armés et organisés envahissent la

dans le Journal des Dames et des Modes(1 ). Il ne fit pas fortune avec cet habit sans fausses

poches et manches à gigot, pantalon plissé sur le côté, d'autres l'exploitèrent et s'en firent les premiers auteurs.

Un tailleur de ses amis lui propose alors une place de premier garçon à Lyon. Quand

ville. Ardent républicain. Romand trouve une carabine pour combattre.

le maître tailleur en faillite prend la fuite, les

Il est acclamé dans les rues pour son intrépidité et ses initiatives au

créanciers lui proposent de reprendre l'atelier

service de la cause ouvrière. Le mercredi 23, les canuts se retrouvent

ce qu'il fait avec succès. Ses dimanches et ses

maîtres de la ville vidée de sa garnison et l'Hôtel de Ville est occupé par les insurgés. Mais lorsque Romand se présente, désireux de s'en

soirées sont passés dans des maisons amies à la lecture des journaux d'opposition, de

gager dans un projet auquel il a pris part, il se rend compte qu'il n'a été qu'un instrument au service de personnalités qui servent leurs ambitions politiques, peu enclines à s'associer avec de simples ouvriers.

pamphlets et à de nombreuses discussions. À partir de 1827, la situation économique diffi cile et ses préoccupations politiques lui font

Le 5 décembre 1831, de nouvelles troupes réoccupent la ville, expulsent 10 000 ouvriers et font 600 aiTestations. Le bilan officiel des morts est de 170 militaires et 171 civi s, mais res

se désintéresser de son travail et s'endetter. En trois années la situation se détériore tant

probablement sous-estimé.

En janvier 1832, Jean Claude Romand est arrêté. Il est conduit en mars de a men^ annee

qu'il abandonne son atelier. En 1830 il rejoint

V , j, A • j r.^ lo révolte des canuts. Différentes a la cour d Assises de Riom ou sont juges les participants de la icvuu^ c. . .. . ^ lui permettent d améliorer l'rvrHjnaire souscriptions faites a son profit J oruiiiau . Maigre © un réquisitoire -i

la Garde nationale nouvellement créée. Les

nombreux exercices, parades et revues flattent

• , r son avocat .maître - Bayle 1 fait £• • preuve dJ'une grande éJoauence et f parvient virulent, eioqu ^ a ramener . ,la

sa vanité mais accentuent sa précarité. Il doit

/ d emprisonnement «pdu/"^^"6 „n,ir iisase d^ me arme afin peine capitale prevue a 2 années , de r 'faire des

alors vivre de la générosité de connaissances.

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. • » , ; Ti n'est pas acquitte, comme le furent l enn semble ui j des insurges • '1lyonnais, • du j fait r qu,-,„'^cinnscanut. il n est pas cdiiu Mais , .une . mauvaise surprise , 1 attend Accices du n/Kv encore. ILe 23 novembre 1832, la cour d Assises uu Rhône xviiv^ Im inflige . . .une peine de « 5 ^'■'ns

et à reprendre un peu d'ouvrage mais avec guère de succès. Il est réduit à la misère et la faim le pousse une nuit à oublier tous ses prin

cipes et à voler dans une quincaillerie pour un butin de 8 francs 50...

.

blessures mais sans intention de donner la mon ». n u

Cela le pousse à renoncer à la Garde nationale

de travaux forcés sans exposition, surveillance à vie » pour e vo minime commis quelques Journal des dames et des modes Gravure du costume de JC Romand

semaines avant l'insurrection alors qu'il était «

travail et sans pain ». Son pourvoi en

cassation est rejeté ainsi que le pourvoi en grâce du roi. Le choc est giand, sa détiesse morale intense mais c'est aussi le début de sa « regénération morale ».


UN FORÇAT RÉHABILITÉ JEAN CLAUDE ROMAND

SON EXPÉRIENCE DU BAGNE Fin avril 1833, la chaîne (6) passe par Lyon. Dans l'enceinte de la prison, après une fouille complète des prisonniers, les argousins (7) procèdent au ferrement(8) devant un public friand du spectacle. Destination ensuite les bords de Saône pour rejoindre les condamnés partis de Paris qui attendent dans des embarcations à fonds plats. Le poids des fers, la nourriture affreuse, la paille mouillée ne sont rien en comparaison de sa honte. Après un débarquement à Avignon, la route se poursuit à pied ou en voiture, ponctuée par les chants des bagnards lors des traversées des villages. Le 9 mai 1833, c'est l'arrivée à Toulon. Libérés des fers, après un déshabillage public suivi d'un bain dans un seul et même cuvier, les bagnards revêtent leurs costumes qui varient suivant le temps de leur peine. Jean Claude Romand est emmené en chaloupe sur le bagne flottant n° 1 La Néréide, une frégate rasée stationnée dans la rade, qui sert de dortoir avec ses « tollards » (9). Il porte maintenant une chaîne reliée à un anneau rivé au bas de la jambe et est « accouplé » avec un autre forçat pour les travaux. Deux forçats ainsi accouplés étaient appelés « chevaliers de la guirlande ». Il reçoit le numéro 25964 et est affecté aux travaux du port et à l'arrangement des bois dans l'arsenal.

Il fera une description très précise du bagne de Toulon, les tenues, les lieux, les horaires, les travaux mais aussi les mœurs des gardiens, des détenus. Les gardes-chiourmes(10)s'avèrent rare

Peu avant la fin de sa peine, il reçoit une visite insolite... Césarine, jeune femme qu'il a connu avant la révolte des canuts, s'est

« l'objet d'une réhabilitation ». Il adresse le 19 mai 1846 une supplique à la Cour Royale

déguisée en homme pour le rencontrer. Elle

de Lyon pour obtenir un avis favorable à sa

l'aime toujours et propose qu'ils refassent leur vie ensemble à l'étranger. C'est possible

demande. Elle est accompagnée de nombreux

maintenant car ils sont veufs tous les deux.

Malheureusement, quand trois mois plus tard arrive son « congé de libération » et qu'il la

rejoint à Lyon, elle vient de mourir. Cet espoir d'une vie libre et heureuse « dans une retraite

ignorée du monde » disparaît avec elle.

VERS UNE

I RÉHABILITATION

ment honnêtes, souvent brutaux, anticléricaux et très proches des détenus. Ceux-ci continuent les

larcins et relatent en se vantant leurs exploits passés et à venir. Il constate que les directeurs des

le travail. Le maire Justin Fauvin lui réserve

bagnes ne comprennent pas leur mission : « punir est tout pour eux, amender n'est rien ».

un accueil favorable et il reconquiert peu à peu

A mi-temps de sa peine, il est affecté dans la salle d'épreuve (11) en tant que tailleur d'habits. Les conditions de détention s'améliorent un peu ; il n'est plus accouplé, il a droit à un petit matelas

l'estime de ses compatriotes et l'affection de ses amis qui lui procurent du travail. Il ne tarde pas à trouver l'âme sœur et épouse Adélaïde Mutin, de Martignat, qui lui donnera trois enfants. Il a acquis une belle prose et pour faire suite à son expérience du bagne, il contacte le procureur du roi de Nantua, Edouard Servan de Sugny, afin de lui faire part de ses idées. Celui-ci est touché par son sincère repentir,

les articles : « les roués politiques après avoir exploiter nos personnes, exploitent notre infortune ».

témoignages de moralité et certificats de bonne conduite émis par les personnalités de Montréal et ses environs. Le 9 décembre 1846, la délibé

ration de la cour estime que sa demande peut être admise et la transmet au Garde des Sceaux.

Le roi Louis-Philippe signe le 9 février 1847 les lettres patentes de réhabilitation de Jean Claude Romand, lui permettant de

Il ne voit plus qu'un retour à Montréal, pour retrouver ses racines et s'amender dans

d'étoupe (dit strapontin) en plus de sa couverture et un peu de viande le dimanche. Il apprécie surtout de ne plus subir autant la promiscuité et peut se procurer des livres et journaux. C'est à cette époque qu'il écrit assidûment, sur des feuillets et des carnets, relatant sa vie au bagne mais aussi commentant l'actualité politique. Il se rend compte, dans l'article relatant le décès du contrerévolutionnaire Boutain au bagne de Toulon,que le journal « La Tribune » déforme la vérité et oriente

Il ne manque à son bonheur que d'être

retrouver tous les droits dont il avait été privé par sa condamnation. Cette « lettre ouverte » est revêtue du grand sceau de France de cire verte, sur lacs de soie rouge et verte. Jean Claude Romand écrit enfin en 1847

un petit texte intitulé « Mon baptême civil » qui suit la longue épître en vers d'Edouard Servan

de Sugny intitulée « Une résurrection »,au sujet de cette réhabilitation exemplaire. Une belle

La maison

amitié liera les deux hommes. II aura une vie

Romand

irréprochable jusqu'à sa mort le 23 septembre

à Montréal

1874 dans sa petite maison de Montréal.

y

ses idées mais aussi par son intelligence et son

style littéraire élégant. Romand rédige alors, Bagneflottant de Toulon

avec son aval, un opuscule intitulé « Idées d'un

forçat libéré au sujet de la réforme pénitentiaire ». Cet essai rencontre un succès d'estime

Leferrement assis Victor Hugo 1829-

Le départ des galériens pour

le bagne de Toulon

auprès des directeurs de prison, notamment celui de Genève qui lui répond personnelle ment, le félicitant de ses idées judicieuses. Il

publie en 1846, l'ouvrage autobiographique « Confession d'un malheureux. Vie de Jean-

Claude Romand, forçat libéré » qui fournit encore de nouveaux arguments, en faveur de la loi relative à la réforme des prisons.

m


UN FORÇAT RÉHABILITÉ JEAN CLAUDE ROMAND

* I4i/r la levtie Histhoiria n

La devise « Vivre en travaillant ou mourir en combattant » inventée par Jean Claude Romand lui survivra. Selon Joseph Benoît, canut puis député ouvrier en 1848, « elle est restée comme un symbole du droit, comme une espérance et un encouragement pour les généra

%

11.

(1) Le nom de l'auteur du costume est mal orthographié ! (2) La Fabrique est constituée ainsi :

• les négociants (dits fabricants) fournissent la matière première et

le dessin aux chefs d'atelier, passent des commandes et paient à la pièce.

tions futures ».

- les chefs d'atelier, maîtres ouvrieis, sont pwpriétairesde leurs métiers (2 à 6 en moyenne). Ils doivent en assurer l'achat, l'entretien. Aidés de leursfamilles, ils tissent, avec des ouvriers et apprentis. • les compagnons ouvriers ne possèdent que leurs bras et touchent

Elle lui avait été inspirée vraisemblablement par la devise « Égalité ; Vivre libre ou mourir » transmise par l'Assemblée constituante à l'Assemblée nationale le 31 août 1791 comme le principe suprême à respecter.

La devise des canuts reste bien actuelle et est encore aujourd'hui le symbole de la révolte

comme salaire la moitié du prix de façon du chef d'atelier.

(3) Société d'entraide des tisseurs de soie lyonnais fondée en 1828,

contre le capitalisme. ■

sousforme defranc-maçonnerie ouvrière.

(4) Restaurants ouvriers pour les tisseurs qui n 'avaient pas toujours le droit de cuisiner chez eiuK à cause des odeurs qui pouvaient impré

Je tiens à remercier tout particulièrement Danielle Marguin, descendante de Jean Claude Romand, qui m'a permis de consulter les documents en sa

gner les précieux tissus.

(5) Ouvriers en soie des fabriques de Lyon désignant autant les chefs

possession et a autorisé leur publication. .y

CONGÉ iié/ i10ita û0tu

chaîne commune.

c0m a/L

Le nemmé

\

qui partaient pour le bagne par voie terrestre etfluviale. (7) Gardes affectés au ferrement et au transport des forçats jusqu'au bagne. (S) Placement au cou d'un ceivle de fer à charnière brisée .se refer mant par un boulon rivé qui sera relié par quelques anneaux à la

PORTJg

CHIOURîtfES.

d'ateliers que les ouvriers.

(9) Banquettes de bois ou planches sur lesquelles donnent les bagnards enchaînés.

"naao D'sNBEwmEUBirr:

( 10) Sun'eillants des forçats dans un bagne. Têffle fen m«(r» "^îo nOIisiitrcs. immatriculé som le n" Omrojr

(II) Salle pour les forçats à mi-peinefaisant preuve de bonne conduite

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arrondissemeQt

département <T<^

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domicilié a ^^^zz^^^stf-t/^^m^'^^tirrondissement Jépai^emêntaL:..-^^;^.i>ydg;.^'S*^ranT eTfirçgfi^gittfrJoh flri^nji""

Lettres patentes de réhabilitation (dim:44,5x57 cm)

ICONOGRAPHIE

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- GALLICA : Le journal des dames et des modes 15/10/1824, giaviire

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n°2271.

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- MAISON DES CANUTS DE LYON : Drapeau en soie avec la devise

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avec le grand sceau

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(6) Convoi des forçats attachés par un collier defera une même chaîne

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en combattant.

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- RAY Alexandre : Réimpression de l'ancien Moniteur : seule histoire

authentique et inaltérée de la résolution française depuis la réunion

des Étalgénéraicc Jusqu'au Consulat (mai 1789-nove,nbre 1799) -ROMAND Jean-Claude : Confession d'un malheureux. Vie de JeanClaude Romandforçat libéré - Ed IS46

- RUDE Fernand : Les révoltes des canuts (1831-1834). - SERVAN DE SUGNY Edouard : Une résurrection. A Jean-Claude

Romand, forçat libéré réhabilité ■ Éd 1847.

- ZACCONE Pierre : Histoire des bagnes, depuis leur création jusqu 'à nos jours : Brest, Toulon, Rochefort, Lorient, Cayenne, NouvelleCalédonie.

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Trésors et secrets

REVERS sort du tiroir Gérard et Raphaël OINDRE

L'armoire se vide et dans un tiroir entre montres à goussets et vieux papiers,

trois carnets allongés sont jetés sur la table.

D'un œil détaché quelqu'un se penche et ouvre le premier ; surprise ! Les pages une à une nous dévoilent des dessins représentant Heyriat, Sonthonnax-la-Montagne. les alentours et surtout la ferme de Revers. Quelques pages sont consacrées aussi à Pusignan, dans le Rhône. C'est en vidant la maison de nos parents, à Sonthonnax, que nous avons découvert ces carnets. N'ayant jamais été informés de l'existence de ces dessins, surpris par leur qualité, mais n'étant pas des spécialistes, nous les présentons à quelques personnes plus initiées qui confir ment que l'auteur avait « un bon coup de crayon ».

.

• .

.. •

Ces dessins du début du siècle dernier nous invitent à parcourir ces endroits qui pour la plupart sont aujourd'hui recouverts d'une dense végétation, mais qui, à l'époque, n'étaient que pâturages, avec un faible boisement sauvage. Cette ferme du bout monde, appelée autrefois « Grange », située à environ 1,5 km au nord de Sonthonnax, vivait pratiquement en autarcie avec sa basse-cour, son potager, ses vergers, son rucher, un ou deux cochons et son four à pain qui

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subsiste encore aujourd'hui.

C'est ici que venait se ressourcer, semble-t-il quelques jours par an, Germain Mermet, géomètre-dessinateur de l'agglomération lyonnaise.

Germain, né le 6 août 1842, était le fils de Pierre-Joseph, né ici en Revers et devenu menui sier à Lyon. PieiTC-Joseph était l'arrière-petit-fils de François, premier Mermet de Revers.

Nous pensons que Germain trouvait l'inspiration dans cette vie simple, loin de 1 agitation

de la ville. Il parcourait, à pied, carnets en poche, de modestes distances, afin d immortaliser ces lieux et surtout Revers qui, quelques décennies plus tard (le 15 avril 1944), allait en partie disparaître incendiée par les troupes allemandes.

Tout ce passé de la famille Mermet, originaire de Nurieux, dont un membre est venu avec femme et enfants s'installer à Revers dans les années 1740, se retrouve un peu là, dans ces

carnets, qui nous apprennent aussi, qu'à cette époque, avec persévérance et courage, on pouvait quitter un coin de terre et réussir sa vie dans d'autres domaines sans reniei, bien au contraire, ses racines.

.

.

Mais comment et pourquoi ? On peut se demander aujourd'hui encore pour quelle raison

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quelqu'un peut quitter une terne de la « plaine de Nurieux » pour venir s'installer dans ce coin isolé qu'est Revers.

Plusieurs raisons, nous semble-t-il, ont incité ce François Mermet. petit-fils d'Abraham et

son épouse Marie Burland, à faire ce choix . Famille nombreuse à Nurieux et ferme exiguë. î>

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- Connaissance de parents sur le plateau, car une Françoise Mermet, mariée à un Reybillet vivait déjà ici.

- Ferme à reprendre, comme on dit, avec assez de champs alentour, pour nourrir une famille.


REVERS SORT DU TIROIR

L'histoire de Revers, relatée par les archives, commence par un acte de décès d'une Clau dine Moine de Cheysery (Chezery) le 23 décembre 1699. Puis c'est l'arrivée comme granger, de Joseph Chatron et de sa famille en 1706-1707, comptant une dizaine de membres et qui restera jusqu'en 1742.

Ensuite c'est l'arrivée de François Mermet et de sa famille en 1743-1744. Ses descen dants se succéderontjusqu'à la mort de Zoé Drappier, seconde épouse d'Hippolyte Mermet,en janvier 1940, période de grand froid où la pauvre femme a dû succomber aux assauts de l'hiver. C'est le facteur qui a découvert son corps inanimé. Henri Oindre, dit « Henri de Revers » (orphelin de Marie Mermet et de Elie Oindre) qui vivait avec elle à cette époque, était mobilisé depuis septembre 1939. Il n'était pas l'héritier direct de cette grand-mère adoptive et n'est pas revenu habiter à la

ferme, mais il exploitait avec ses cousins les terrains dépendant de la Orange jusqu'au moment

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où il l'a racheté à une nièce de Zoé. Cette grand-mère avait sûrement une place à part dans le

cœur d'Henri car à chaque Toussaint, après sa visite, un bouquet ornait la tombe d'Hippolyte et

S/ nous a^onS été

de Zoé au cimetière de Sonthonnax.

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Oermain Mermet a donc figé sur ces pages des endroits vivants du début du vingtième

siècle (de 1903 à 1908), où chaque drame, chaque période de bonheur, étaient partagés par plusieurs générations cohabitant sous le même toit. Tous s'aidaient, se querellaient sûrement parfois, mais se supportaient afin de faire grandir cette ferme et cette famille dont les membres se sont éparpillés ici et là.

Nous voudrions dire un grand merci à Maurice Mermet, petit neveu de Germain, parisien aujourd hui, mais dont la souche paternelle était ici à Revers. Ses recherches ont été précieuses. Il allait de mairie en mairie, calepin en poche, pour retrouver tous les descendants et ascendants

des « Mermet » dont nous sommes issus. L'arbre généalogique, s'enrichit ainsi chaque année

d'une branche ou d une racine. Maurice vient d'ailleurs une fois par an à Sonthonnax pour se remémorer des tranches de son enfance et des anecdotes que ses ancêtres lui ont relatées sur ces lieux et personnages des siècles passés. Après le départ d Henri, dernier homme ayant occupé Revers, la ferme est restée inhabitée.

En mars 1943, elle fut, pendant quelques semaines, certainement l'un des premiers lieux de rassemblement des maquisards de 1 Ain, d'après les écrits de Pierre G. Jeanjacquot(1 ). À cette

époque une trentaine de réfractaires constituaient, sans organisation, les futurs maquis, avant que ne se crée le Camp de Chougeat. Ce lieu a dû parfois seivir de refuge. Le 15 avril 1944, les Allemands, comme ils l'ont fait en Vernon la Grange voisine où il y a eu six victimes, incendièrent la ferme.

Les corps de Roger Bailland restaurateur à Matafelon et d'un inconnu furent retrouvés à proximité de cette Grange. Un bûcheron nommé Berthollet et son épouse furent surpris en Revers et emmenés par 1 occupant.

la Jincérité de notre éiMotion passera l&s autres-.. " Jean-Baptiste Corot


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LA POSTE DE NURIEUX

REVERS SORT DU TIROIR

Dominique CAILLÉ

Depuis, ses pierres se mêlant aux ronces et aux arbustes, Revers semble figée, troublée une

fois de temps en temps par une fête du four organisée par les jeunes de notre famille, bourgeons de ce grand arbre nommé Mermet.

Germain est décédé à Lyon le 7 juin 1913 à l'âge de 71 ans. Sa proche famille devait être attachée à ce coin de campagne, car Aline, son épouse, sa fille Catherine et surtout son petitfils Alain Audibert, que beaucoup de gens ont connu sur le plateau, sont toujours venus passer quelques jours chez nos parents à Sonthonnax. Alain comme son grand-père partait, sur les sentiers, trouver l'inspiration dans les bois et

les champs du coté de Revers, pour s'adonner à ses passions : la poésie et la photographie. Les dessins, sortis maintenant de leur anonymat, sont pour nous et les futures générations, l'album d'une période où la photographie n'était que balbutiante. Grâce à ces copies, on pourra à notre guise le feuilleter pour découvrir ou se remémorer un petit coin de notre Pays dont Germain nous offre une image inédite.

Un matin de 201 ?, il manque un son habituel aux oreilles des Riclets (1). Ces derniers, dans les heures qui suivent, s'interrogent, interpelletit leurs voisins,

questiotment le marchand de Journaux proche, la station-service en vis à vis: la cloche de Phorloge de la Poste ne sonne plus!Certains regrettent déjà ce son familier qui rytlunait leurs heures, d'autres s'en félicitent:eh oui!elle sottnait aussi la nuit.

LES DESSINS DE GERMAIN MERMET

La qualité de ces dessins réalisés sur le motif tient à leurfacture soignée et délicate, à la

finesse du trait, à la justesse des cadrages, à la précision apportée aux détails et à la diversité des angles de vue qui révèlent la parfaite intégration de ce bâti rural dans son site naturel.

Mais la cloche de Nurieux ne sonnait pas comme pour la grande majorité des cloches en France depuis un clocher d'église. Car point de clocher à rhorizon, exceptés celui au loin de Volognat et sur les hauts, celui de Mornay dont Nurieux n était encore qu un petit

Mais ce qui transparait surtout, c'est le regard plein de tendresse que Germain Mermet porte sur cet endroit où, comme dans le poème de Paul Verlaine, « la vie est Ici, simple et tran

hameau en cette fin du XIX'-".

quille ». Et c'est l'esprit de ce lieu, fait de calme et de douceur, qu'il nous donne à voir et à ressentir.

Annie PHILIPPE

MorJ

i»\e do(J>e jM-ie hSttr*ent de la PoJfe 1

Son histoire sera longue et commence par une premjere pus £ que on peut eshmer consécutive à la construction de la ligne de chemin de fer Bourg - La Cluse 1877. Cette dernière entraînera cellesera d'une gare etpendant... de fait, le24courrier de transport, une poste attendue ans. circulant par- ce nouveau moyen

Renvois

(l)JEANJACQVOT Pierre-0:Les Vagabonds de l'Honneur — /"' édition 1947- réédition avec une postface 1997- Grou pement des Amicales de Macpiisards et Résistants Ain -.hira.

Comme il est habituel à cette époque, la commune aura charge de tournir et financer les

locaux et le traitement du facteur pour les Postes et Télégraphes (2). L'année 1895,le 8 août,J les élus de Volognat et de Mornay s'entendent pour supporter pai"

"tTilirilMréngendrés (3), la commune de Mornay se propose d'assurer la distribution

des dépêches télégraphiques. Mais l'Administration ne donnera pas suite à ces propositions.


LA POSTE DENURIEUX

le Conseil Municipal approuve la signature d'un nouveau bail de neuf

Le 18 février 1899 les élus de Momay avec leur maire M. Garvaz ainsi que M.M Reffay et

Le 23 novembre 1927

Bellon de la toute nouvelle minoterie construite en 1890, interpellent l'État :

ans à compter du F'Juillet 1928 pour les locaux de M. Jardin. Le prix annuel sera de 1 200 F dont 350 F à la charge de l'État. « [...]Les réparations demandées par l'Administration, seront à la charge de la commune en ce qui concerne la cuisine du facteur-receveur, le bureau et la

« Considérant que le retard apporté par l'Administration à la création d'un bureau de poste et télégraphe ou d'un bureau defacteur-receveur avec télégraphe demandé par délibéra tion en date du 2 [écrit manquant] nuit considérablement au commerce et à l'industrie établis à Nurieux et dans les environs le Conseil Municipal renouvelle sa demande de création d'un facteur receveur de l'État avec télégraphe en tant au moins, en attendant mieux d'un facteur receveur municipal avec télégraphe [...]. Le conseil demande également à être rattaché à la ligne téléphonique de Bourg à Nantua [...]».

Leurs voix furent cette fois entendues, car en date du 24 septembre 1899, il est noté : « Le conseil municipal considérant que le bureau de poste de Nurieux étant à la veille de s'ou vrir au public, accepte la liste de souscriptionsfaites à ce sujet dans la commune et l'engage ment par lequel MM Reffay et Bellon minotiers à Nurieux s'engagent solidairement à verser dans la Caisse municipale de la commune de Mornay, la moitié des dépenses annuelles de quelque nature qu'elles soient, à charge de la commune, occasionnées par le fonctionnement du bureau de poste et télégraphe de Nurieux [...] ».

salle d'attente et ainsi que la réfection de l'enseigne. Les réparations pour les chambres du N' seront supportées par M. Jardin ».

Cette délibération indique que le projet de nouvelle poste est annulé. Elle fait suite à un manque de moyens financiers de la commune et à des problèmes sociaux en France liés à 1 in flation et l'accroissement de la dette publique.

À la date du 28 juillet 1928 la commune effectue les réparations urgentes. Mais le proprié taire ne s'exécute pas pour sa partie. 13 mars 1932

délibération du Conseil Municipal, M. Montange maire :

« Monsieur le maire invite le conseil municipal à examiner la situation du bureau de poste de Nurieux actuellement installé dans un local loué, notoirement insuffisant privé de toutes

commodités et que la commune sera tenue d'abandonner à brefdélai. Le conseil Municipal

Considérant[...] que la commune ne trouvera pas à louer d'autre local convenable. Le dernier trimestre 1899

des locaux (logement et bureau) contigus par le toit à l'Hôtel de la

Gare,seront loués au sieur Jardin propriétaire des deux,[cfrevue Histhoiria n°10page 20] pour

Après en avoir délibéré.

Décide en principe de construire un bureau de poste agencé de façon moderne et conve

y installer le bureau de poste et loger le facteur et sa famille.

nable pour le logement du facteur-receveur. Décide que ce bureau de poste sera construit au

Durant les années qui suivirent, le Conseil Municipal et son Maire M. Garvaz se plaindront régulièrement «[...]de la lourde charge defonctionnement du bureau de poste et demande une prise en charge de l'État ». En 1903, un contrat de location de neuf ans est établi avec M.Jardin

la commune [...] ».

pour la somme de 250 F ... l'État n'offrant que 150 F. Peu de chose a changé en ce XXP siècle ! Depuis cette Poste, appelée Bureau de Distribution, un facteur assurait la distribution du courrier et la tenue du bureau.

Au cours de ces années, le service des Postes et Télégraphes, qui inspectait les locaux dépendant de ses services, a noté régulièrement .]local loué, notoirement insuffisant privé de toutes commodités [...] ».

cons^uire un bureau de poste suivant le modèle exigé par l'administration ».

1927 première mention écrite concernant la future nouvelle poste. Et dès le 29 juin unI . . Lugèneavec Vemède (4)de Nantua réalise un premier plan.Nurieux On notera sur ce plan simple l'inscription Mornay et en dessous section puis Postes au p une , mais Télégraphe et Téléphone au singulier. Aucune indication du lieu d'implantation &

avoir son importance à propos d'un choix qui sera fait ultérieurement.

Pour le financement, le maire ayant sollicité le sénateur Chanal, le ministère des Postes, Télégraphes et Téléphones écrit à ce dernier :

. ^ no/^

« [...]sur la commune de Mornet[...]La subvention accordée estfixée à 2^ o " de la dépense engagée avec un maximum de 20 000f Le bail [...] ^

moins. Le loyer sera fixé au maximum autorisé par la loi c est-à-dire 75 f par le même architecte M. Vernède.

Oevant la demande de location exagérée [...], de proposer au bailleur les conditions suivantes 1,200 fr par an, à la charge au bailleur de faire les réparations reconnues '^fgentes par l'administration, [...]. En cas de non entente avec le bailleur la commune fera

^

La commune prévoit donc de faire construire sur le terrain du champ de foire, le long de la route nationale une poste moderne et proche de la gare. Cette dernière information pourrait

le maire présente à son Conseil les nouveaux plans et devis établis par

Le 19 juin 1927 Le Conseil Municipal avec son maire M. Montange délibèrent : Le Conseil Municipal

n est mentionnée.

bord de la Route Nationale N°79, à 200 mètres environ de la gare, sur le terrain appartenant a

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«[ .]conformes aux désidérata de radministration des Postes et des Télégraphes [...] le mettent compris itnprévtts et honoraires de rarchitecte s eleve a 164 000francs.[

Le Cottseil Municipal[...] Décide de constrtdre [...]. Décidé defaireface a cette depense

de lafaçon suiva,rte:Emploi de la subvention accordée 20 000frs. Emprunt à contracter[ J consentis par ladeCaisse de Créditenaux Départe,nents 000frs. remboursement cet emprunt 40 années. [...]>>. et Communes pour 144j.é. , [...] e, le L'Administration des Postes, Télégraphes et Téléphonés est un service d Etat, mais notons qu'elle ne met à disposition de la commune qu'une bien maigre subvention et que celle-ci s'endette pour 40 ans !


^^îmRlEUX (Ain). — HOTEL JARDJN et Im Poste

PARIS, le - 0 jL

„../l ' Département de l'Âin — Arrondissement de ITaittoa

Commune

LA POSTE DE NURIEUX

de

MORNAY

ADJUDICATION DE

TRAVAUX

COMMUNAUX

Le Oimancbo 29 Décembre 1935. à 10 heures, aura

lieu dans la salle de la Mairie de Mornay, l'adjudication des travaux de

Cmistniclion d'un Buirau de PostE

Hélas, une nouvelle fois le facteur devra rester dans des locaux « notoirement insalubres ».

Crise économique, instabilité ministérielle, scandales financiers, émeutes et grèves viennent impacter le noble choix de la petite commune de Momay. 26 décembre 1934

Montant des li^avaux à adjuger

107.212. 42

Somme à valoir pour imprévus Total

13.827! 58 121.040, 00

ftemcigiMwBU i U Mairie de Hon»;f et cèei.M. Veraide.aRJùiecU t Nentsâ.

»N..ïéet MrtiScMéJoBnaTtMra^DdietliMperl'HeUieeie, iniewtt'ita

l'architecte M.Vernède remet de nouveau à la Mairie devis et plans « [...]

d'après les directives de l'administration des Postes et Télégraphes et qui a reçu son agrément [...]. Pour un coût d'environ 150.000frs comprenant outre le bâtiment et le logement, mobilier (écritoire, banquette, porte-manteaux, guichet) et horloge [...] ».

/. Hôtel Jardin et la première Poste 1908

L Pemnd, èdtl. Bourg

2. En-tête courrier du sénateur Clianal iMiiltiiÉVm-i" C—

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3. Adjudication 29 décembre 1935

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Le bâtiment dessiné par l'architecte est un spécimen de l'architecture des années 1930. Et apparaissent, cette fois, deux grands cadrans d'horloge, l'un orienté vers la nationale et

a-Psi

l'autre vers l'est.

Pourquoi l'architecte a-t-il dessiné ces horloges ? •Peut-être est-ce un « des désidérata de l'administration des Postes et des Télégraphes » Aucun document dans les archives de la mairie ne permet de l'affirmer ou l'infirmer.

K

4. Titre pour plan d'architecte 5. La gare, rbôtel Jardin et la première Poste après 1914 6. Premier plan du 29Juin 1927 7. Plan du 26 décembre 1934,

façade côté champ défaire 8. Plan du 26 décembre 1934,façade côté mute

• Une autre supposition pourrait prévaloir et émaner de discutions informelles au sein du Conseil Municipal. Revenons à la gare. Qui dit circulation de trains, dit horaires. Les voyageurs et le chargement - déchargement des marchandises doivent s'y conformer.

Sur les cartes postales de l'époque, point d'horloge à l'extérieur. On peut en supposer une à l'intérieur de la gare. Les quidams à l'extérieur n'ont que la montre à gousset pour certains ou pour d'autres quelques bracelets-montres rares à cette époque, ne reste que le soleil ! ou le son lointain des cloches de Volognat ou Momay pour connaître l'heure. Mais si le train part à 10h24 difficile pour bon nombre de savoir l'heure précise. Ah si ! en regardant l'un des deux cadrans de la future poste qui seront visibles de loin. Mais cela ne reste qu'une supposition.

Au résultat du compte d exercice de 1934 approuve le 14 février 1935 concernant les locaux de la poste et le fonctionnant des services, il est inscrit ;

• Recette:redevance bureau de poste Nurieiix 62,50frs/mois(750frs/an)

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• Dépenses:850frs loyer bureau de poste Nurieux 100frs gérance du téléphone à Heyriat 85frs au porteur de dépêches.

Manque à la commune les 100 F d'écart de loyer, plus les 100 F pour le téléphone à Heyriat, plus les 85 F pour le porteur de dépêches {télégrammes et autres courriers urgents), soit 285 F. Les finances restent toujours le grand le grand problème des communes quelques

NU M EUX,!

soit les époques.

Une note du Maire (non datée mais certainement contemporaine à ce compte d'exercice) rappelle que :

L «Le montant du loyer(750frs par an)suffira toutjuste à payer les impôts et l'assurance

du nouveau bâtiment, ainsi que lesfrais d'entretien. 2. Ce loyerfixé par la loi ne peut-être augmenté. Rfaut désigner le bureau:Bureau dufacteur-receveur et non Bureau de poste ».

***!-- ■''-t. . ^


,

LES COLPORTEURS

LA POSTE DE NURIEUX

AUX XVIII® ET XIX® SIÈCLES maire Louis Montange délibère avec son Conseil : « (..J mais en raison des conditions économiques défavorables à ce moment[1932 - 34] il ojugé utile de surseoir à l'exécution de ce projet. La situation économique actuelle permettant d'obtenir de meilleurs prix et d'autre port le bail du bureau [de poste] actuel venant à expiration le Juillet 1937. Monsieur le Maire a fait dresser un nouveau devis, sans aucune modification du plan primitif du 26 décembre

Annie PHILIPPE

19 mai 1935 |le

1934](...). Décide (...) accepte le devis (...) à 150 000francs. (...) Décide qu'il sera faitface

à la dépense au moyen d'un emprunt amortissable en 30 ans (...). Décide que ce bureau sera construit au bord de la Route Nationale (...). Accepte que ce bureau soit loué à l'Administration

pour une durée de 18 ans moyennant un loyer annuel de 750francs (...)». Le coût réel du bâtiment et de ses aménagements intérieurs sera de 117 055 frs. Il est aussi a noter la mention « sans aucune modification du plan primitif». Aucun clocheton ou campanile n'apparaissent sur ces plans.

dossier en préfecture qui ne l'approuvera que le 16 octobre approbation par le ministère des Postes,Télégraphes et Téléphones sous le n° 4162-| 1935: 27 mai

approbation par le directeur régional de Lyon M. Bouchez-^^^^^^H vu et approuvé par le Maire signature de l'emprunt- B^^^^^^3^publication de l'offre d'adjudication qui sera remportée par l'entreprise Richerot de Saint-Martin-du-Fresne. l®*" janvier 1936 emprunt de 150 000 francs sur trente ans auprès de la Caisse Nationale des Retraites pour la Vieillesse. ■ Vous découvrirez dans un prochain numéro que l'histoire de cette poste est loin d'être terminée.

Renvois

Remerciements

(1)Ancien gentilé des habitants de Nurieux.

-Merci aux Riclets qui m'ont ouvert

(2) Les administrations des Postes et celle du Télégraphe fusionnent en 1879 .sous un .seul ministère. Puis en 1889

viendra .ç'y ajouter la Société Générale des Téléphones

dont le monopole e.st repris par l'État. Cette administra tion regroupée .sera dépendante successivement des minis

tères des Finances puis celui du Commerce et de l'Indus

leur porte et répondu à mes questions, même si d'aucuns n'a su me donner la

fameuse date. - Merci au personnel de la Mairie et à Madame le Maire Ariette Berger pour

leur disponibilité et leur accueil.

trie ou encore des Travaux Publics. En 1930 un ministère

tles Postes, Télégraphes et Téléphones est créé, il devien dra en 1959 mini.stère des Postes et Télécommunications.

^ ^ ^Vb/

Mornay (Nurieux - Crépiaî - Vers) et fusionneront le !"mars 1973. ^ntre autres les plans des pre-

J922 Cm Marché(HBM)à Bellegarde en u deviendra Loyer Modéré ou Modique (HLM).plus tard Habitation à

Bibliographie - Pré-inventaire canton d'Izernore,

P127-Î4L - Archives communales, IM4- 1D4. - Site Internet de la Fédération Fran

çaise des Associations Philatéliques: https:/wwwjfap.net/philatélie/lexique.

Témoignages oraux, chroniques, littérature, œuvres peintes ou dessinées ont contribué à faire vivre la mémoire des colporteurs dont la silhouette caractéristique,

balle au dos et bâton à la main, a été. du Moyen Âge à l'aube du XX"-' siècle, si familière poLir la population des campagnes.


-o

LES COLPORTEURS

AUX XVIIP ET XIX® SIÈCLES

r-A.

Le nombre de ces camelots, merce-

déployait son négoce, région qu'il avait déjà parcourue en tous sens au cours de ses précé

Il quitte,au début de l'hiver 1859,son village deTarentaise pour rejoindre, en franchissant la montagne enneigée, le

dentes tournées. Il en savait les sentiers les

Val d'Aoste, le Valais, le Tessin et la Lombardie avant de

moins bien tracés, les raccourcis, les passages

retourner chez lui au printemps 1860 et de retrouver sa femme et ses trois enfants dont une petite fille née pendant -

lots, coureurs, brocanteurs, porte-balles, comme on les a appelés,ou encore,en termes imagés, pieds poudreux ou culs rossés en raison de la couleur rousse que prenait leur boîte en sapin au fil du temps et des intem

secrets empruntés par les contrebandiers. Il n'hésitait pas à s'enfoncer dans les forêts, à

péries, était, en France, de quarante-six en 1611 et de cent vingt en 1712. Il s'est

la pluie ou la neige.

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suivre le cours des rivières, à braver le froid,

Trîomph. s Lamb. s Lnc, Ev. sceUr.

I PIERRE I

et dont l'itinérance était temporaire. A la différence de ceux, déjà évoqués dans l'article « Sans toit ni voix » (1), qui n'avaient plus ni biens

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en permanence.

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trente-un jours.

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ni attaches locales et familiales et vagabondaient

tous types de menus travaux qui se présentaient, ceux-ci

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hantaient les foires, les lieux de passage ou de réjouis

s Séverin. ss Simon et Jude. s Pholien.

* Ranit. t Frsnçoif. ,

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Entre deux embauches momentanées pour faire

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son absence. Absence pendant laquelle, le 24 mars 1860, • > ;v la Savoie est devenue, par le traité de Turin,française. Ce colporteur héros du film faisait partie de ceux qui n'avaient pas rompu le lien avec leur village

OCTOBRE

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sances collectives pour y devenir bonimenteurs et attirer r •I 3C "tS î TM ®

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I Almanach pour ceux qui ne savaient pas lire

accru ensuite pour atteindre trois mille cinq cents individus en 1849, à la fin du règne de

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Livre de la bibliothèque bleue

Sa route avait été longue pour arriver dans la contrée où il exerçait. Il venait de loin. De l'Auvergne, de la Savoie, des Vosges,

les badauds dans l'espoir qu'ils acquièrent, pour une bagatelle, quelque objet de divertissement,jouets, cartes à jouer ou quelque fantaisie à la mode, rubans, dentelles ou colifichets sortis de leurs balles légères.

Comme eux, cependant, il était soumis aux mesures de rigueur et aux tracasseries policières. En 1723, les autorités décrétèrent que les colporteurs devaient obli gatoirement savoir lire et écrire. En 1795, ils se voient imposer un passeport spécial. Comme eux, il devait affronter les périls de la route.

Louis-Philippe, moment de l'apogée de cette activité. Ils n'étaient plus que cinq cents en 1871 avant de disparaître au début du

des Pyrénées. C'était un paysan de ces pays de

le monopole du négoce dans les campagnes, là où les

XX'siècle.

montagne. Ce travail saisonnier, compatible

communications étaient difficiles, surtout en hiver.,^

avec celui de la terre, lui assurait un complé

Ils fournissaient la ferme éloignée, le hameau, le village

ment de ressources. Sa tournée était fixe, son

perdu. Sinon, « où se pourvoiraient les métayers, les

itinéraire bien défini.

fermiers, les domestiques qui attendent le retour du prin

« Il allait avec chacun de ses deux

pieds, chacune de ses deux jambes, sur

toute espèce de chemin parce que c'était son métier. »

. Louis-Ferdinand Ramuz, écrivain suisse, évoqué ainsi, en 1922,la démarche du colporeur, son pas assuré, régulier et continu. Cet homme qui cheminait ainsi connaissait "icii, bien en ettet, la région ou ^ il

Parti entre fin août et début novembre,

il rentrait au printemps pour reprendre son labeur dans les champs, parfois avec un peu de retard, selon les aléas de la route. Dans le film « La Trace » tourné en

ALMANAG

Extrassiaz et ses semblables avaient à peu près

Mjilliénuac an.

A.-'//A'

m

temps pour se rendre à la ville ? » (2)

Toute leur marchandise tenait dans cette balle

qu'ils portaient sur le dos, la hotte. « la marmotte » pour les savoyards. C'était un grand panier en osier ou une caisse ouvrante en sapin d'une hauteur de un maire

1983 par Bernard Favre, on suit les pérégrina

vingt et d'une largeur de cinquante centimètres munie de

tions d'un dénommé Extrassiaz, colporteur.

casiers où étaient rangés les produits proposes.

Double almanach journalier de 1814

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Balle exposée au musée d'Arts et Folklore Régional de Fessy - Haute-Savoie

LES COLPORTEURS

AUX XVIII- ET XIX-SIÈCLES

La charge pouvait atteindre jusqu'à quarante ou même soixante kilos. Les plus fortunés s'en soulageaient grâce à leur mulet bâté. Ils se réapprovisionnaient tout au long de la route dans les fabriques de la région ou chez les négociants en gros. L'importance du pécule de départ qu'ils avaient investi dans les achats de marchandises ou, à défaut, la valeur du patri moine qu'ils pouvaient offrir en garantie à leurs fournisseurs déterminaient le contenu de leur balle.

Ce contenu était, de toute manière, hétéroclite.

De l'utile, surtout de la mercerie ; fils, paquets d'aiguilles à coudre, jeux d'aiguilles à tricoter, boutons, crochets, tresses, dés, ciseaux, etc. Des tissus. Des petites pièces d'habillement : gants, bonnets, foulards, ceintures. Mais aussi, des couteaux, des rasoirs, des objets de toilette, des lunettes, des tabatières, des petits ustensiles ménagers et toute une quincaillerie bon marché. Et du futile : rubans pour mettre au chapeau, madras pour le cou, bijoux de pacotille que les coquettes étaient fières d'arborer à la fête du village. Petits plaisirs pour les enfants. Il faut y ajouter des images pieuses, des objets de piété, toute une bimbe loterie religieuse et des remèdes de toutes sortes pour toutes sortes de mala dies corporelles. Et des imprimés,almanachs et brochures.

Les almanachs, à l'origine simples calendriers présentant la succession des mois et des jours de l'année, précisant les heures du lever et du coucher du

soleil, recensant les fêtes religieuses et les saints du jour, ont été progressivement augmentés d'une foison de renseignements divers : indications météorologiques, recommandations pour la pratique de l'agriculture ou du jardin côtoyant conseils médicaux, culinaires, domestiques, conjugaux et éducatifs, bons mots, dictons,

maximes et informations pratiques comme les dates des marchés de la région. Ils se sont multipliés également. On en comptait, entre le XVIIP et le XIX"" siècle plus de cinq mille et sont devenus de véritables ouvrages traitant de tout ce qui concernait de la vie quotidienne. Au moment de la Révolution, conséquence de l'abolition du culte divin, les noms des saints

quotidiens furent remplacés par des noms de fruits, de légumes, de plantes diverses et d'instru ments d'agriculture et d'horticulture.

Plus tard, après 1830, ils furent utilisés pour répandre dans les campagnes les idées libé

rales et les principes républicains ou socialistes. Ils s'intitulèrent alors Aimanach de la France

démocratique, Aimanach républicain, Aimanach des Amis du Peuple, etc. Les colporteurs proposaient aussi des brochures peu onéreuses couvertes d'un

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a appelé pour cette raison Bibliothèque bleue, très hétérogène elle aussi.

h't' fiction, romans de chevalerie hérités du Moyen Âge, danses macabres, conduitee qui ' préconisaient ^moult voisinaient conseilsavec sur lades manière histoires de choisir édifiantes sa femme, et des de manuels tenir sademaison, bonne d elever ses enfants et de mettre ses biens à l'abri des envieux.

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LES COLPORTEURS

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AUX XVIIP ET XIX® SIÈCLES

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Élizabeth Laffite

Porte-balle photographié

colporteuse à Orgibet

en 1910 à la Bâtie-Neuve,

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Patente de colporteur

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On y trouvait aussi des ouvrages d'instruction, abécédaires, abrégés d'histoire et d arith métique, des précis scientifiques concernant la nature, le corps humain, des recueils techniques sur la botanique, le jardin, la médecine. Tous ces opuscules qui apportaient un savoir étaient susceptibles d'éveiller l'esprit critique. Rien d'étonnant alors que les autorités politiques, craignant que les campagnes ne se

mettent trop à l'écoute des idées nouvelles aient désigné les colporteurs qui les diffusaient comme boucs émissaires et aient réglementé leur vente jusqu'à l'interdire sous Napoléon III.

Les lois de 1849 et 1852 précisèrent les conditions requises pour la vente d'une publication

de colportage : examen par une commission de surveillance et apposition d une estampille « colportage » sur chacun des exemplaires avec le nom du département et la date. Cette commission condamna les deux tiers des ouvrages du fonds traditionnel.

Les contrevenants à la loi étaient passibles d'une amende, encouraient une saisie assortie d'une interdiction d'exercer.

Néanmoins, en faisant rentrer l'écrit et l'imprimé dans les foyers ruraux bien avant 1 al

phabétisation du plus grand nombre, les colporteurs ont contribué à populariser le savoir et les idées nouvelles et surtout ont suscité chez les villageois le besoin de lecture et le désir d'accéder à sa pratique. Autant que des marchands, ils furent

des gazettes vivantes. Ils propageaient les nouvelles des villages avoisinants, ils en

égrenaient les changements d'état civil et en débitaient les cancans. Ils rappor taient les faits divers et transmettaient les informations officielles ou... officieuses. C'étaient des orateurs

passionnés qui savaient captiver leur auditoire.

Leurs livres de comptes permettent de comprendre comment ils s'introduisaient dans les

villages où toute présence étrangère était, dans un premier temps, ressentie comme inquiétante. Ils passaient et repassaient régulièrement sur les routes et fréquentaient 1 auberge afin que leur présence dans le pays soit bien visible et devienne habituelle. Ils connaissaient les paysans qu'ils visitaient, leurs coutumes et leur mentalité. Ils appartenaient au même milieu qu'eux. Ils ne comptaient pas leur temps pour faire avancer leurs affaires. Les plus expérimentés avaient développé toutes les astuces de leur métier. Ils flattaient, ils plaisantaient, ils séduisaient comme le raconte Ramuz : « J'ai pensé à vous, mesde

moiselles ; dites-moi si ça n'est pas fait exprès pour vous. Rien que de la qualité. » (3) Surtout ils utilisaient un outil commercial essentiel : le crédit.

Les livres de comptes n'indiquent aucun achat au comptant. Les remboursements se faisaient par petites sommes versées au hasard de leurs visites et toujours accompagnés de nouveaux achats, donc, de nouveaux crédits.

Venir régulièrement à domicile, entretenir des rela

tions personnelles avec ses clients, mêler des objets utiles à d'autres insolites ou originaux, apporter au pied du clocher

un peu de la modernité urbaine, proposer des remèdes pour l'âme et pour le corps, s'adresser à l'imaginaire et au rêve avec les publications, toutes ces composantes de l'art de la vente

ont permis aux colporteurs d'occuper une place singulière dans les campagnes.

Jusqu'à ce que l'amélioration et la multiplication des voies de communication et la mise en service du réseau ferroviaire favo-i^' risent de nouveaux types de commerces.

Pour cela, aussi, on les atten dait avec impatience. Leur venue était un moment de fête, une

bouffée d'air frais. On se réjouis sait de les entendre s'annoncer

de loin, soufflant dans leurs oornets de cuivre ou criant à

pleine gorge : « Colporteur !

{!) cf revue Hislhoira n°lI

(2)ACHARD Amédée : U' colporteur - IH4I - Tome 9 de l'ency clopédie morale du XIX'' siècle • BM Lisieux (3) RAMUZ Charles Ferdinand : « La séparation des races » Nouvelles Éditions Oswald - 1979

».

Cependant, il n'a pas

ete si facile pour eux d'éta blir une relation de confiance

Bibliographie

- BOHEME Geneviève : « La Bibliothècjue bleue.

la littérature populaire en France du XVII" au XlX'sièrle » ■

avec leurs clients et de s'in

- RobertLaurence Laffon - :Bouquins - 2003 FONTAINE « H stoo-e du colponage Kii E^^rope L.ti

aux XVIII ■'et XIX^ siècles » - 1993- Albin Michel

sérer dans leur tissu social.

-VERNUS Michel :« Ils mulcueni la tampagnc ^-nmoaime »>. it. Jes Lco ''porteurs - michel-vemus.com

- u, chaiMlle Rabkm : « Dans la ho„e des colporlears » - chapellembkns.pagespesso-onmgejr mm


Patrimoine

LE SITE DE SAINT-ALBAN Gaétan BERTRAND LUSIGNAN

S'iJ VOUS arrive de vous fournir en pétillant dans le village renommé de Cerdon, peutêtre aurez-vous remarqué,en regagnant les montagnes du Haut-Bugey, une masse rocheuse surplombant la route DU plus connue comme étant celle de la « Vieille Côte ». Cet abrupt rocheux,légèrement exagéré dans l'ou vrage Voyages pittoresques et romantiques dans l'ancienne France du baron Taylor, abrite une construction humaine, comme le laisse percevoir la lithographie de 1825. Cette construction, dont les vestiges veillent

aujourd'hui paisiblementsur la reculée kars tique, n'est autre que l'ancienne église de Saint-Alban. « Ancienne » parce

qu'elle fut abandonnée à la fin du X\X^ siècle par commodité pour la population au

profit d'une nouvelle

au village. « Église » parce qu'elle ne

h'

a


LE SITE DESAINT-ALBAN

retomba pas au rang de chapelle mais bien parce que le culte y fut purement et simplement abandonné. « De Saint Alban » car bien que cette commune en ait conservé le nom, le village qui jouxtait le site a depuis plusieurs siècles complètement disparu. L'ensemble ne présente aujourd'hui plus qu'une église, un cimetière, un prieuré et une source.

Pour s'y rendre, il vous faudra passer par ce qui est aujourd'hui le hameau chef-lieu, Chamagnat, et prendre un chemin qui, à la sortie du bourg, laisse la route de Ceignes sur la gauche. Les plus hardis opteront peut-être pour un itinéraire plus accidenté reliant le site à Cerdon par le « Chemin du facteur », chemin qui longeait autrefois de grands et raides coteaux de vigne aujourd'hui perdus dans la forêt.

En 1655, la visite pastorale du 4 septembre insiste sur l'importance du sanctuaire ; « Le dit lieu de Saint Alban est de grande dévotion et il y a grand abord de toute part pour vénérer

une relique de Saint Alban que nous avons trouvée sur l'autel dans un buste de bois doré posé à côté du tabernacle ».

La chapelle Sainte-Catherine fut utilisée comme chapelle funéraire jusqu'aux alentours de 1660. En 1666, une déclaration de la communauté de Saint-Alban fait état « d'un ermi

tage Joignant l'église du dit Saint Alban, sans aucun revenu, où il n'y a qu'un ermite, âgé de quarante ans, qui est valétudinaire et qui mène une vie exemplaire... ». De cette utilisation de la chapelle, on retrouve aujourd'hui des placards aménagés dans l'obstruction de 1 arc de la chapelle latérale.

• UNE OCCUPATION HUMAINE TRÈS ANCIENNE Nature du site et force du paysage obligent, le culte s'est installé très tôt dans l'Histoire sur ce promontoire rocheux dominant la vallée du Veyron d'un à pic de plus de deux cents mètres. Le site cerné par la falaise et dont le seul accès au plateau est un éperon barré par un rempart, ainsi que la présence de divers éléments monolithes présentant des cupules, attestent d'une occupation humaine ancienne remontant à la protohistoire. Les légendes populaires relatent un culte des eaux à la source voisine efficace contre les maladies des yeux, de rites de fécondité

auprès d'un rocher au bord même de la falaise qui passait pour faciliter les accouchements difficiles et enfin d'un culte solaire avec une roche tournée vers le soleil couchant. Ces « pèle rinages » païens très anciens se révélèrent tenaces car ils perdurèrent pour certains jusqu'au milieu du XIX'^ siècle.

• SAINT-ALBAN DANS LA TOURMENTE Le 17 février 1789, Pierre Gras, curé, prête serment ; «... [qu']// l'a fait avec empresse

ment, après avoirfait connaître à haute et intelligible voix ses sentiments patriotiques et son attachement à la nouvelle constitution par un discours édifiant ». Par contre le 24 avril 1792, le curé desservant, l'abbé Fournier, non jureur, refuse d'accompagner à son église Monseigneur

Royer, évêque constitutionnel, en visite pastorale. Sommé par le directoire du département de le reconnaître comme évêque, il maintient son refus. Durant la période révolutionnaire, l'église de Saint-Alban est dégarnie de ses meubles et ornements, les cloches et le clocher sont mis à bas. L'aspect restitué dernièrement correspond ainsi à l'état post-révolutionnaire avec un arase ment de la tour-clocher au niveau du faîtage de la nef.

• L'ère CHRÉTIENNE Comme bien souvent, la foi chrétienne succédant aux rites païens, une communauté s'ins

talla sur ces lieux de culte anciens. Les vestiges actuels remonteraient pour les parties les plus anciennes au XIP siècle d'après les rapports de fouilles de la fin du XX^ Cette ancienneté coïncide avec la première apparition du site dans les archives, en 1144, avec une bulle du pape Lucius III confirmant les possessions de 1 abbaye de Nantua. La petite église romane de SaintAlban se compose alors d'une nef couverte d'une charpente et d'une abside hémisphérique voûtée recouverte de lauzes.

Au XV siècle, la nef est prolongée d'une tour-clocher. Elle s'ouvre par un porche en ogive

et sa façade est ouverte d'une petite fenêtre. Tout comme pour la chapelle de Solomiat, un second pavement de larges dalles est posé sur le dallage ancien. Enfin une chapelle gothique est construite en 1438 au sud-ouest de la nef, placée sous le vocable de Sainte-Catherine selon le testament de la donatrice, Marguerite de La Balme, dame de Boches.

Celle-ci, outre le fait qu'elle veut être enterrée « au tombeau de ses parents [...] veut, enjoint et ordonne que, dans cette église de Saint Alhan, où elle élit sépulture, et à l'endroit où son corps sera inhumé, ses héritiersfasserit aussitôt après sa mort une chapelle qu'ils entre tiendront. Dans cette chapelle à construire, il sera dit une messe par semaine. Cette chapelle sera fondée en l'honneur du Dieu Tout Puissant et de la Bienheureuse Vierge Marie, sa mère, et sous le vocable de Sainte Catherine. »

• LA LENTE AGONIE

En 1844, c'est le drame. L'église de Saint-Alban, atteinte par les dommages du temps, s'écroule : le chœur et la nef sont à découvert. La commune de Saint-Alban ne pouvant subvenir

aux frais, les fidèles contribuent par leurs propres dons à la réparation. Finalement dans sa e i bération du 7janvier 1858, le conseil municipal :

« considérant que l'église paroissiale, éloignée de 1300m du presbytère et du

est dans un état de vétusté et de dégradation inconvenant pour sa destination, que ^ ^ ^ déjà si incommode est insuffisante pour la population, reconnaît pour ces motifs a nece. site de bâtir une nouvelle église placée dans le hameau de Chamagnat.» , . de , 1 edifice ^.,;cniril En 1893, une délibération scellera ,le destin puisqu sera voté^ la récupération . , ^

«-..innJ Pendant près d une dizaine

du bois de charpente de l'église pour couvrir le four commun^ . ,

.i

i

j'i-K^rofinns en opposant les partisans de

d années une lutte d'influence semble jouer sur les dehbeiat

1la restauration aux partisans d'un abandon total. 1 Maicre i„rA line du u nroposition p e , en 1894 i • desservant . ^ ne viendront ralentir la ruine inévitable de restaurer à ses frais l'abside et la nef, aucuns travau

de l'édifice dont il n'est plus fait mention après 1900.


Le porche en 1900

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• REDÉCOUVERTE ET REVALORISATION créée l'association LES AMIS DE SAINT-ALBAN dont l'objectif est « la sauvegarde du patri moine de Saint-Alban ». Depuis sa création, les bénévoles travaillent sans relâche, tant sur le terrain afin de nettoyer, de débroussailler, trier les pierres, qu'au village avec l'organisation de manifestations afin de récolter des fonds. Ils se sont lancés dans le pari fou de sauver les vestiges de l'ancienne église. Démaixés en 2011,les travaux sur le site ont déjà permis de retrouver l'as

Si dans les écrits, le site disparaît au début du XX'^ siècle, il n'en devient pas moins un but

de promenade dominicale pour les locaux et les notables de Cerdon. Émerveillées peut-être par la vue exceptionnelle sur la vallée ou par le charme romantique de ces vieilles ruines, des générations de promeneurs se succédèrent sans que personne ne prête attention à la fragilité de ces restes. Les arcs s'effondrèrent tour à tour jusqu'à ce qu'il n'en reste qu'un. Les années 1980 sonnèrent un regain d'intérêt pour le site avec les fouilles préliminaires effectuées en 1974, puis de 1979 à 1984 sous l'égide de la Société des Amis des Coteaux de la Vallée de l'Ain. Ces fouilles concernèrent principalement l'église, ce qui permit dans un premier temps une datation du monument et une recherche des sépultures intérieures.

pect du porche gothique (d'après des photos 1900) qui sera couvert très prochainement afin d'être définitivement sauvé des intempéries ! Désormais support de l'animation du village, le site revient peu à peu de l'oubli dans lequel il était tombé pendant 100 ans. Aujourd'hui symbole d'une vie associative réunissant les générations autour d'un projet commun,l'ampleur de la tâche à accomplir nécessite tout de même une mobilisation à plus grande échelle.

Le résultat essentiel des travaux de prospection et de sondages effectués a été de montrer l'intérêt archéolo gique de ce site et de dégager des pistes d'activités

Si vous n'êtes jamais allé en ces lieux, prenez donc votre bâton, chaussez-vous bien et arpentez les sentiers qui mènent à cet endroit où chaque visiteur ressent quelque chose de plus

à réaliser. L'essentiel de l'apport scientifique et

grand que lui. Laissez-vous enivrer par un écrin naturel exceptionnel où les pierres des châteaux de Labalme dialoguent avec les grappes des coteaux et où la sérénité n'est qu'à peine troublée par le Veyron s'écoulant dans la vallée. ■

historique du présent article est ainsi tiré des rapports de Jean-Pierre Gerfaud et André Bazzana à l'issue de ces fouilles.

Aucun travaux n'ayant malheu reusement été entrepris à la suite Vue nord en 1930

des fouilles des années 1980, les

vestiges de l'ancienne église retombèrent dans l'oubli duquel

ils furent momentanément tirés

et continuèrent de se dégrader. Dans les années 2000, la

municipalité, très attachée à ce lieu, a souhaité le

dégager et le débroussailler. Une vingtaine de jeunes de tous pays sous l'égide de l'association Concordia a

participé à cette première

ï;»

tranche de travaux.

A la suite de l'interven

tion de Concordia, la muni

"* ■ 'T.'

cipalité a continué l'entre tien du site, mais compte

tenu de son budget et des impératifs communaux indis pensables n'a pu financer de travaux. Le 27 octobre 2009 est

La Roche de Saint-Alban vue de Cerdon.

Lithographie d'Engeimann


Mise en valeur du

patrimoine

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HISTHOIRIA a apprécié !

Stèles relevées

au cimetière de Mornay

Un appel aux dons a été lancé par le biais de la Fondation du Patrimoine qui soutient le projet.

Retrouve- les bénévoles de l'association toute Vannée lors des

fêtes organisées au village pour la restauration du patrimoine. Quelques dates à retenir:le pot-au-feu débutfévrier, la course aux œufs le lundi de Pâques, lesjournées du patrimoine en sep tembre et lafête d'automnefin octobre.

Envie de participer au projet ? De laisser votre empretnte dans l'instoire de cet édifice ? N'hésitez pas à nous contacta-!S, vous souhaitez vous informer.sur les actions metiées par l assoaat.on ou même rejoindre ses tnembres le temps d'un chant,er msohte sur le site de l'ancienne église, retrouve., nous su, ,wt,e page

facebook : amis de saint alban - ain ou sur noti'e s,te ,„ternet ctimsdesaintalban.free.fr

I Bibliographie

-Archives Communales de Saint Alban. Dossier ancienne église. - De CHALON J. (din). L'Ain, Mémoires et docu ments, bulletin des Sociétés Savantes de l'Ain.

Lyon : Les publications périodiques spécialisées, quatrième trimestre 1975, 66 p. -Département de l'Ain Pré-inventaire. Richesses

touristiques et archéologiques du canton de Pon-

cin. Édité par l'association « Les Amis des Coteaux de la Vallée de l'Ain », 2014, 464p. - GERFAVD Jean-Pierre. Site de Saint Alban, Rap

port de Fouilles campagne 1979-1980, Lyon : Associalion des Amis de Saint-Alban

.r,.

Mairie de Saint-Aiban - 24 rue desfours - 01450 SAINT-ALBAN Adre.s.se mail:amisdesaintalban@oullook.fr Tel:06 43 36 36 86

Société des Amis des Coteaux et de la Vallée de

l'Ain, Groupe de recherches archéologiques du

I lycée privé N.D. des Minimes, novembre 1980, non I paginé, non publié, donné par Jean-Pierre Gerfaud.

Ancienne gare du tram à Maillat après restauration m

Fresque de Jessica Maillot


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M ■ ' xwtiv I

Mise en

valeur du

patrimoine

HISTHOIRIA regrette LA VIE DE L'ASSOCIATION

%s

Abattage sauvage sur le site des puits de Peyriat L'association des Amis de St Germain visite notre contrée

1. Musée d'Izernore

2. Château de Volognai

3. Chapelle d'Étables

Lafolie de Serrières

Salon du livre 4. Nantua

Cimetière

de stèles à Napî

Fête des narcisses à l'Espace Rivoire 5. Exposition sur lesfermes de Retord

1

l

m

Visite de Belley 6. Maison de Brillat-Savarin ■

Château de Montvéràn 7. Les pmpriéluires accueillent leurs visiteurs

<V. Façade sud-est ■

Habitat

Lavours

surprenant à

9. Cuivrerie - dinoiuierie

Pérignat!

Activités périscolaires à Niirieux et Izernore il

10. Le mot école en différentes langues et écritures

11. Apprenti.ssage d'écrituiv à la plume 12. Les pleins et les déliés 13. Découverte i AAïsjïSaiXri.L


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^'eatt-de-ULe mX^e daaô te amm,de 6a moût et attirée pan hb ruum^

a M. Noël Labbé

pour la fabrication de ces portes, ainsi qu'aux établissements Valérie Pellégrini

e^t u-tifie.

^CLue^ une bonne poignée de racine de patience : ^ato-6a bouittin dané deua pE/to d eau,; à ta consomption de ta moitié, posse^ Sa décoction pan un, tin^e et en buuej. ji

de Montréal-Ia-Cluse, pour avoir fourni gracieusement les matériaux nécessaires

6atte§ ton^temps tnois btancs d'oeuf auec un peu de sa|fian. et apptiij^-tes au ^it. dans t'accès de ntig/Laine. étendus son un tinge. Û'ppticjjuej Sun te ^nt auec un, bandeau, du poiune en poudie

à cette réalisation.

inco/ipo/ii auec de t eau-de-uie.

D'ap/tès "^a médecine et ta cfunungte des pauunes. (yjl contiennent des nemedes choisis, ^acites à pnepanen. ê sans (Upznèz, poun ta piapojit des irwâouiUô internes è mtennM attaquent te co/Lps /lumain Pan Pom Tlicotos (X^mandm (1664-17

bénédictin et médecin fiançais du iXVHI stècte

Oiif participé à la réalisation de cet ouvrage: Fontaine de Trè-le-Four

/. Les nouvelles parles

2. Un grand merci à M. Noël Labhé ■

Maquette roughée et illustrations

Photographies:

Christiane Guerre

Dominique Caillé Images & Mots Imprimerie Sepec

mise en page informatique Infographie Impression

Les membres de l'association

La commission « revue » textes et relectures

Rallye surprise 3. Accueil et consignes

Qu'ils soient tous remerciés pour leur travail.

4. Questions à Neuville-sur-Ain

Les auteurs signent leurs articles et assument l'entière responsabilité de leurs écrits et opinions avancées.

5. Jeux

6. Pause méritée 7. Remise des lots 8. Tour de Fivmenfe

ISSN ; 2273-2535


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\Kistfioma 30 Rue de la Courbe 01580 Izernore 04 74 76 96 56

www.histhoira.org ■

Identification,sauvegarde et mise en valeur du patrimoine

archéologique, historique, culturel, touristique et des sites naturels

en Haut-Bugey ■

ISSN 2273-2535


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