une poignante histoire d’amour contrarié et de fuite en avant, finement poétique, par l’incroyable Mordoc, ainsi qu’un rocambolesque éloge de steven seagal et de la conduite en état d’ivresse par l’exceptionnel Kaze. De plus, et comme on est pas radins , t’auras droit a une interview exclusive de Coyote, pseudo dessinateur ayant notamment officié dans l’obscure fanzine réactionnaire que les cuistres appellent Fluide Glacial. Ha tien y’en a un peu plus j’te l’met quand même ? Ouais ? Bon ben t’auras aussi le loisir de lire un passionnant article sur les illustrateurs de pulps ‘ricains du début du siècle précédent (le XXeme si t’a pas comprit). Sur ce bonne lecture , et si tu sent quelque chose couler de tes oreilles , c’est normal, c’est ton cerveau qui fond. On se reverras en enfer (c’est un bar a mojito, rue de Budapest, paris 9em)
Alors comme ça on tiens entre les mains le premier numéro de Kiss Kiss Gang Bang ? On espère pour toi que t’a pas lâcher un radis pour te le procurer, parce que le prix ne justifie surement pas la qualité, mais nous , on va se faire plein de thunes (en tout cas d’après nos avocats). Alors tu peut maintenant essayer de mater cette débauche de conneries en te disant que peut-être il y auras quelque chose d’intéressant, comme quand on achète un gramme coupé a la poudre a récurer et qu’on le consomme quand même pour pas gâcher. Pendant ce temps la, nous on seras en train de claquer ton argent dans des quartiers douteux pour se détendre après les suées du bouclage. Tu trouveras dans cette feuille de choux moite et tiède une fine analyse tintinophile de la politique audiovisuelle chinoise par l’inénarrable Kaptain Kroostibat,
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LE COLLECTIF KKGB
4.................Kaptain Kroostibat - Bukkake Vendetta 17.................. Dossier: Pulp, Creepy et compagnie 19........................................Mordoc - Urgence(s) 32......................................Entretien avec Coyote 37................................... Kaze - strychnine 2012
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Bon alors c’ est sans doute flou dans le titre mais je suis assez fan de certains vieux dessinateurs comme Frank Frazetta, Bernie Wrightson, NC Wyeth, Jeff Jones et d’ autres vieux dessinateurs américains , ça englobe la peinture les comics et l’ illu . Je vais peut être dire beaucoup de conneries mais c’ est pas grave, je suis pas un historien merde . Alors en clair, le plus vieux là dedans c’ est NC Wyeth (1882-1945) et il a illustré pas mal de trucs de cowboy et de classiques genre Robin des bois, Robinson Crusoe, L’ Ile au trésor etc. J’ ai pas tout à fait fouillé mais je pense qu’il a beaucoup influencé les illustrateurs américains, dont Frazetta qui luimême va influencer un peu tout le monde aux Etats Unis d’ Amérique du nord de la mort . Alors les thèmes, on peut les trouver chiant, mais la technique est assez formidable je trouve, y a une touche légèrement impressionniste et des tons de couleurs qui le font grave. Et niveau compo, y a ce truc marrant de masquer certaines zones ou de les esquisser qu’on retrouve énormément chez Frazetta et Jeff Jones. puis un boulot plus personnels bien différents où on peut voit un peu mieux l’impressionnisme, l’expressionnisme et autres
courants dégueulasses qui harcèlent le pauvre homme . Bon ça c’ était pour NC , et à un moment, y a eu des pulps , c’ est a dire des magazines pas chers, dont Weird Tales lancé en 1923 qui a publié les premiers récits de Lovecraft ou de Robert E Howard (Conan, Solomon Kane) . Robert E Howard qui va se tirer une balle dans la tête , dans sa voiture , après que les médecins lui aient confirmé que sa mère (un peu sa seule amie) ne sortirait pas du coma . Ce qui affectera pas mal Lovecraft qui lui même crèvera d’ un cancer du colon 1 an plus tard . Bref c’ est sans grand lien avec les dessinateurs mais, c’ est aussi pour parler d’ un autre pulp : Creepy (de 64 à 83). Creepy a publié pas mal de trucs de Vampirella, Conan et autres saloperies . Je pense qu’on peut dire que c’ est un peu la suite des comics EC comics et ses Weird series
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Je crois pas que ça soit édité en France mais par contre on peut les chopper sur le site de Dark Horse . Et j’ ai réussi à chopper aussi des bd courtes de Jeff Jones, Bernie Wrightson, Corben dans les anciens magazines écho des savanes spécial usa . Les couvertures ont été illustrées par des grands comme mosieu Frazetta ou Richard Corben (qui a notamment fait quelques trucs dans Metal Hurlant) . Frazetta, je vais pas rester dessus longtemps vu qu’il est connu . Mais en clair il est né en 1928 a débuté dans les comics, avant de faire des couvertures pour des bouquins comme Conan, Tarzan tout ça , pour des pulps comme Creepy etc. Et bon, il a fini par faire des grosses peintures quoi . Et en clair il a beaucoup influencé pas mal de monde, notamment dans la fantasy à épée et gros dragons (qui va vite devenir très kitch, faut mater Boris Vallejo) . Et puis le pauvre vient de mourir ce 10 mai 2010 . Un autre encreur de folie c’ est Roy G Krenkel (1918 1983) qui a aussi bossé sur des bouquins de Robert E. Howard (pas mal avec Frazetta) Il a fait des trucs assez ouf mais il est relativement peu connu parce qu’ il s’ en foutait un peu je crois . Genre il a fait pas mal de décors super bien foutus où il est pas noté dans les dessinateurs . . Ils en parlent un peu dans le dvd Painting with Fire sur Frazetta .
Alors ensuite y a Jeff Jones né en 1944, qui s’ appelle Jeffrey Catherine Jones depuis qu’il a changé de sexe . Donc on va l’ appeler elle hein ... Frazetta a dit qu’elle était la meilleure peintre vivante . Et son style est très proche de Frazetouille, en encore plus poussé niveau compo avec des formes bien définies et du masquage de partout . A un moment elle a partagé un atelier avec Bernie Wrightson, Barry Windsor-Smith, et Michael William Kaluta . Bref et comme petit bonhomme qu’a bossé dans cet atelier avec Jeff Jones, y a donc Bernie Wrightson qui est un encreur de ouf . Enfin pour ses comics ça reste du travail assez rapide mais sinon y a son gros travail personnel qu’il a fait pour lui, le Frankenstein qu’est assez incroyable . C’est dessiné en hachures dans le même style que Gustave Doré, Franklin Booth (là aussi des illus de malade) ou que Schuitten chez nous les bédéistes franco belges à gros pifs . Et on prend ses illus pour des trucs super sombres mais lui disait dans une interview que c’ était marrant parce que lui il se marrait en faisant ses illus , il en rajoutait dans le cliché . Au final c’ est ptet un peu la même démarche que les histoires d’ horreur un peu pas serveuses d’ EC comics. Ca y est, t’ as compris qui c’ était le plus fort ? T’ abandonne le dessin et tes rêves de succès? si t’en veut plus t’a qu’a aller voir du coté de goldenagecomicbookstories. blogspot.com
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pas avoir a adresser la parole à un flic » [Ndlr : «Un anarchiste est un homme qui traverse scrupuleusement entre les clous, parce qu’il a horreur de discuter avec les agents.»] . Une philosophie que je partage . Et rien de tout cela n’est calculé ni nécessaire, le secret c’est d’être vrai et entier et se faire d’abord plaisir à soi. Tu n’es pas unique au monde, ça fera plaisir à d’autres qui se retrouveront dans ton style et tes histoires.
Une petite intro pour dire que Litteul Kevin a bercé notre enfance alors qu’on lisait les Fluide Glacial de nos parents en cachette. Maintenant qu’on est des grands garçons et puisqu’il existe un dessinateur qui nous abreuve de bière, de moto et de gros nichons , interviewer Coyote tombait sous le sens. Un immense merci à lui pour avoir bien voulu prendre le temps de répondre à nos questions. Et désolé pour le peu d’illustration, mais Coyote ne s’est pas foutu de nous sur la longueur des réponses, du coup pas la place d’illustrer l’entretien. Aller hop :
KKGB: On retrouve aussi une certaine insouciance, un peu comme dans Gaston . Franquin disait dans une interview qu’ il fallait pouvoir rester enfant dans ce métier, vous êtes d’ accord ?
KKGB: On ressent une certaine anarchie douce dans vos bd, un côté subversif, est-ce que c’ est conscient, nécessaire ?
Evidemment qu’il faut savoir rester enfant pour faire ce métier… mais ça ne s’apprend pas à l’école… C’est parce que certains ont su naturellement rester enfant qu’ils sont devenus auteurs de BD. Ça s’appelle le syndrome de Peter Pan… Je ne veux pas grandir, je ne veux pas vieillir. Et à l’instar des académiciens que l’on appelle « les immortels », n ne meurt pas non plus car nos « bébés » de papier nous survivent et nous rendent immortels dans les bibliothèques, médiathèques et autres WC chez les gens.
Coyote: Je n’aurais pas employé les mots « d’anarchie » , même douce, ni « subversif »… Je pense juste être rock’n’roll. Ça englobe sûrement beaucoup de mots aussi, mais je me sens plus l’âme d’un griot que d’un Che Guevara. Depuis deux ans, je bosse avec Brassens not Dead en bruit de fond (un groupe de keupon toulousain qui chante Brassens en punk, et c’est géant, je les adore et ils feront même partie du prochain album de Little Kevin) et si j’ai un côté anar, c’est version Brassen. Je le cite : « Je suis anarchiste, mais je traverse toujours les routes sur les passages piétons, pour ne pas avoir a adresser la parole à un flic »
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Beaucoup d’auteurs de BD vivent de la vente de leurs pages originales plus que des droits d’auteurs. L’ordi est un bel outil, mais n’oublions pas les « fondamentaux »: crayon, papier, peinture… L’air du temps et nos banquiers nous poussent à être « rentables », c’est un peu dommage. Sachons étudier BASIQUE !
-Vous avec sorti le dernier tome de Little Kevin en version noir et blanc et en version couleur avec un coloriste . Vous avez pas le temps de faire les couleurs vous même ? Vous pensez quoi du dessin sur ordi en général ? Pour ce qui est des couleurs, NON, je n’ai pas le temps. L’écriture-dessin, la « patte » d’un auteur est souvent inimitable car trop personnelle (heureusement, certains en font leur sacerdoce, étudient l’écriture d’un auteur et font vivre les persos après la mort de l’auteur… les Schtroumpfs, Cubitus, Lucky Luke… etc, mais pour les connaître, je sais qu’ils y perdent leurs âmes). Pour ce qui est de la couleur, beaucoup de coloristes peuvent coloriser un album sans toucher au trait de l’artiste et du coup, c’est du temps de gagné… le temps qu’un coloriste travaille sur un album, le dessinateur peut travailler sur l’album suivant. Personnellement, j’avais d’abord à prouver aux autres que je pouvais le faire.. et à la main, à l’ancienne, couleur directe et au pinceau (colorex, écoline et auqarelles), ce que j’ai fait avec « Les voisin du 109 », mais il faut le savoir, pour mon style c’est entre deux et 3 grosses journées de boulot… payé à 100 euros la page à peu près… il vaut mieux faire du baby-sitting. Pour un mec qui bosse sur ordi, une voir deux pages par jour, ça devient rentable. Je ne suis pas fan de l’ordi… Je suis « vieille école », un crayon, du papier, des pinceaux. On fait de très belles choses à l’ordi, même en dessin, mais où est-ce que tu branches ton Mac sur une île déserte ? Et comment fais-tu même en ville lorsqu’il y a une panne de courant ? L’ordi est magique pour son coté gommage « control+Z », mais je reste convaincu que ce n’est qu’un outil de plus. Le plus important, c’est la main, l’œil et le cerveau. Même si je trouve magnifique les rendus qu’on peut avoir avec Painter, à la fin il y a plus l’ŒUVRE ORIGINALE, donc pas d’expo et pas de vente d’originaux…
-Vous êtes autodidacte, vous pensez quoi des écoles d’ arts, des ateliers de dessinateurs ? Autodidacte et fier de l’être, mais j’avais rêvé faire une école, genre Beaux-Arts ou arts appliqués (les écoles de BD n’existaient même pas à l’époque et mes parents trouvaient qu’il y avait trop de « chevelus drogués » aux Beaux-arts de Toulouse. Résultat, j’ai tout appris tout seul, j’ai les cheveux longs… et je ne dois rien à personne). Je suis l’exemple qu’on peut réussir seul et sans le Bac, tout est dans la volonté, le désir, le rêve... Mais il faut vraiment en vouloir et ne pas être fainéant, ne pas avoir peur de se faire mal. Robert Hossein a dit : « Le génie, c’est 15 heures de travail par jour… le talent c’est de savoir en trouver aux autres ». En plus, je n’ai qu’une confiance limitée aux profs, je redoute l’aigreur de l’artiste raté qui pour vivre se contente d’apprendre aux élèves le peu qu’il sait… Ces gens-là sont souvent avares de leur propre cuisine, alors que l’apprentissage devrait être basé sur la générosité. Plus on est généreux en dessin, plus on offre aux lecteurs de notre temps et de notre talent, plus il sera reconnaissant. Une page de BD rapporte un certain prix et il faut savoir donner plus que ce qu’on a reçu. Le minimalisme doit être réservé à ceux qui ont déjà appris tout le reste d’abord. Picasso, qui a d’abord su reprendre sur toile les plus grands maitres italiens a dit : « Apprendre à épurer est une étape qui ne vient qu’après l’apprentissage de l’anatomie, de la lumière, des volumes et de la perspective ». Ceci dit, j’aurais rêvé d’une école (encore aujourd’hui) car je suis convaincu que c’est dans la cour de récré qu’on
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apprend le plus, à partager des astuce et des découvertes de techniques ou de matériel avec des gens qui vibrent aux mêmes passions que vous… les autres élèves.
scénario par rapport au dessin (en temps) c’est genre 5%... mais c’est moi. D’autres ne savent pas écrire comme certains ne savent pas colorier (les dessin de Gotlib ont souvent été mis en couleur par jean Solé). J’ai la chance d’être « artiste complet » et du coups, les droits d’auteurs c’est 100% pour ma gueule ! :)
Quelques questions liées au fait que vous êtes scénariste et dessinateur : -Vous pouvez racontez vite fait comment vous marchez pour pondre vos gags ? Ça vient par magie ou vous y réfléchissez toute la journée ? Vous vous aidez de ce que vous voyez, de votre entourage ? Combien de temps prend la partie de recherche du scénar par rapport au temps de dessin?
-Une petite citation de Franquin à propos du rapport scénario/bd : «en bandes dessinées, c’ est parfois mauvais de vouloir faire de belles images [...] En Europe, on regarde souvent les bandes dessinées d’ un point de vue esthétique, ce qui fait parfois passer l’ image avant le scénario» C’ est pas du tout pour insinuer que vos scénarios sont mauvais hein, on les trouve super, c’ est surtout pour demander votre avis sur le sujet, en tant que dessinateur scénariste . La citation date un peu mais est ce que c’ est le cas aujourd’hui, des bd jolies mais chiantes, le dessin trop mis en avant ?
Raconter c’est observer… Et on se sert autant de ce qu’on a vu à la télé ou lu dans un bouquin que de sa propre expérience et de la vie des autres. L’écriture est une quotidienneté, d’où l’obligation d’avoir des carnets, des cahiers où noter l’idée lorsqu’elle vient, un gag, une situation… Et lorsqu’on se met à l’écriture on se plonge dans ses petits carnets pour compiler les bonnes idées en une histoire. Pour ma part j’ai la chance d’avoir l’écriture facile, dès que j’ai une bonne idée, j’ai des bouts de films qui me passent dans la tête, y’a plus qu’à écrire. Mais là aussi c’est du boulot, il faut s’imaginer dans son univers…, d’abord une idée, un pitch, puis une chute et après on retravaille le développement entre les deux… Une bédé c’est comme une rédaction… Intro, présentation, développement en paragraphes tout en respectant un crescendo, puis retour au calme, conclusion. J’ai souvent expliqué ça à des jeunes auteurs comme un feu d’artifice. PIF PAF deux gros pétards qui attirent l’attention et disent que ça commence (intro), une belle bleue, une belle verte, une belle rouge (présentation des persos, de l’ambiance, de la suite…), un bouquet puis un autre (les paragraphes), un bouquet final, explosion de couleurs et d’action, on était prévenu mais c’est beau et ça bluffe… puis retour au calme pour dire que c’est fini… « Ô Toulouse » de Nougaro (conclusion). Pour ma part je pense que la part de
Je ne suis pas tout à fait d’accord avec Franquin... Ce mec-là était trop humble et c’était même maladif chez lui. Son dessin est géant et c’est parce que les images étaient belles qu’on avait envie de lire ses histoires non moins géantes … Scénar-Dessin c’est une symbiose... et l’harmonie doit se faire obligatoirement. Une idée géniale mais mal dessinée deviendra nulle et le meilleur des scénars appuyé par un dessin de merde deviendras une bouse, et si le dessin n’était pas si important on se contenterait de lire des livres sans image. La BD, ça n’est ni juste un texte ni juste des images, ce n’est pas un livre ni un film, il y a encore du chemin à faire dans l’imagination malgré les images dessinées.
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-Encore une citation de Franquin (On avait prévenu) : «Les débutants ont souvent tort d’ attacher une importance exagérée sur la technique . ils oublient généralement que, bien avant la technique, il y a le dessin, tout simplement . La technique doit suivre ...» En tant que débutant, c’ est une phrase qui nous a beaucoup intrigué . On pense que ce qu’ il veut dire, c’ est qu’ on doit pas forcement chercher à maîtriser un style, mais dessiner seulement, le style viendrait ensuite . A notre stade, effectivement, quand on voit un trait, une patte, maîtrisé on a tendance à être sur le cul, et à vouloir faire pareil, vous en pensez quoi ?
Redessiner du Franquin, du loisel, permet de comprendre ce qu’eux ont découvert, se l’attribuer sans le voler... simplement, l’expérience des autres est redigérée et devient notre propre patte. Ça se fait parfois inconsciemment, je me suis souvent revendiqué fils spirituel de Gotlib, que j’ai beaucoup recopié enfant, mais Uderzo est peut-être encore plus encré en moi parce que je l’ai lu et relu tout petit sans pour autant l’avoir recopié. Soyons des éponges et non-pas de vulgaires copistes (bien que ce soit déjà un métier à part entière que peu de gens peuvent faire!) Travaillez et absorbez, dessinez d’abord, apprenez les formes, les mouvements, la dynamique, la patte finira par arriver toute seule... après. Le seul vrai secret du dessin et de la réussite c’est DESSINE! Tous les jours, plusieurs heures par jour, en se faisant plaisir mais en sachant aussi se faire mal, se forcer. C’est en forgeant que l’on devient forgeron et c’est en coupant du bois de Léonard devint scie. Hi-hi (quinze ans d’humour à Fluide ça marque un homme).
Franquin a raison pour la technique. On peut résumer en disant que la forme n’est pas là s’il n’y a pas le fond d’abord. A quoi bon une main sublime, en couleur avec les ridules, les veines, les tendons, les cuticules aux ongles si à la fin il y a 6 doigts. Ce n’est pas le tout de savoir maitriser la technique si le personnage court avec le bras en avant du même côté que la jambe, c’est faux, quand on court c’est le contraire. Il faut connaître la réalité pour la caricaturer. On ne commence pas par faire des bonshommes à gros nez, on étudie d’abord les rouages et mécanismes de la réalité pour pouvoir la tordre ensuite et la déformer, faire de la calligraphie au calame ne sert à rien si tu ne sais pas écrire... l’apprentissage est la source de tout. Ce n’est pas le tout de dessiner un mec le poing levé si on ne sait pas pourquoi le bras se colle à la tête lorsqu’on le lève (clavicule, omoplate, etc…). Par contre, il est quand même bien de s’inspirer de ce qu’ont fait nos pères et vos aînés dessinateurs, ce n’est pas « pomper » , c’est apprendre. Nous sommes un prisme qui va restituer à sa façon tout ce dont il a été nourri. Il y a même du bon à étudier et recopier les autres pour y puiser ce que l’on aime et le laisser ressurgir... Proverbe indien : « On ne connait pas un homme tant qu’on a pas marché pendant un mois dans ses mocassins ».
-Vous aviez fait une longue pause pour Little Kevin, entre temps vous avez fait 2 tomes des voisins du 109 et scénarisé 3 tomes de Diego le chien . Vous aviez peut-être envie de changer ? On imagine que c’ est pas forcement évident de changer quand on a un nom connu, associé à un genre précis (le monde de la moto ici) . C’était peutêtre risqué ? L’ éditeur était hésitant ? Pour ce qui est de ma carrière, j’ai effectivement changé d’histoires et d’univers pour me faire plaisir. J’estime être encore élève et j’apprends... Bien sûr que c’est risqué quand on a une série qui marche à fond de passer à autre chose, mais je ne voulais pas faire Boule et Bill toute une vie… j’ai envie de gouter à tout. Le foie gras c’est bon, mais si tu en manges tous les jours, ça finit par t’écœurer. Il faut savoir varier les plaisirs, se surprendre, s’étonner... et ne pas avoir peur de se mettre en danger quelques fois,
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mine bleue et avec mon style, mais je l’ai redessiné pour apprendre (visible sur mon site coyote-bd.com). Frazetta faisait de la BD aussi et des affiches de films rigolotes mais c’est en peinture qu’il était le meilleur. Je suis un grand garçon, je n’ai pleuré ni pour l’un ni pour l’autre, mais j’ai pris le temps de les saluer. Leurs œuvres font partie des choses qui m’ont nourri et que j’ai digéré.
histoire de garder le frisson de la création. Evidement que les éditeurs ont eu peur, mais FUCK! c’est moi l’artiste et j’ai fait ce métier pour ne pas avoir un patron qui me dit fais ci, fais ça... Je suis mon propre patron ! Ça implique un grand courage et de la force de caractère pour se lever le matin et passer au bureau, mais on n’a rien sans rien... la liberté a un prix. « Si je suis libre c’est parce que je cours tout le temps » Jimi Hendrix. -Vous quittez Fluide Glacial pour les éditions lombard, pourquoi ce changement ? J’ai sûrement quitté fluide pour ça, lorsque certains ont voulu décider à ma place de ce qui était drôle ou pas … je leur ai dit au revoir dans l’instant. Galères de thune et insécurité mais PAGRAV, MEMPAPEUR et MEMPAMAL ! L’honneur et la dignité ne nourrissent pas un homme, mais ce sont les plus belles crèmes de beauté... Je dors serein. Le dessin est quelque chose de trop personnel pour le confier à un bureaucrate. La prostitution ne doit intervenir qu’en début de carrière ! On a tous fait des dessins de pub pour des produits à mille lieux de nos centres d’intérêts, mais ça fait du blé et ça nourrit... Faut juste pas être une pute toute sa vie !
-Vous avez quelques projets ? un mot pour conclure ? Mon plus grand projet : CONTINUER … Mon meilleur album : LE PROCHAIN … Conseil aux jeunes dessinateurs, ma devise : « lance toi et OSE ! » Face à une feuille blanche, c’est un peu comme le plongeoir de 7 mètres dans une piscine, il faut se jeter à l’eau... même si on a peur, même si on sait que l’eau est froide et que tout le monde nous attend en bas pour voir la gamelle. ET OSE, c’est super important en dessin, se faire confiance... genre pour refaire un crayonné qu’on n’ose pas gommer pour le refaire 5mm plus à droite... Oser la perspective et faire disparaître les bras derrière une main tendue au premier plan et juste dessiner un petit corps au fond (Burne Horgarth, papa de Tarzan et auteur de beaux livres sur l’anatomie artistique) Méga conseil : plutôt que de réfléchir à qu’est-ce qui peut bien marcher et se vendre... d’abord SE FAIRE PLAISIR. Phrase bateau, mais « Si tu peux le rêver, tu peux le faire ».
-Sinon, complètement à part, on passe les questions techniques, y a Denis Hopper Frazettaquisontmortcemoisdemai,çavoustouche? Bien sur que ça me touche, des gens comme eux qui disparaissent... Easy Rider c’est un tournant de ma vie, à onze ans j’ai voulu être comme eux. J’ai beau avoir vu le film mille fois, je e regardé samedi soir avec un p’tit verre et une cigarette mal roulée... Juste pour dire au revoir à Hopper. Quand à Frazetta j’ai acheté ses bouquins à leur sortie (dans les 70’s aussi) un putain de maître que j’ai adoré. Pour marcher dans ses mocassins, j’ai un jour refait le Death Dealer, a la-
Juste un dernier truc a dire, COURAGE ! Encore merci à Coyote de nous avoir accordé un peu de son temps . Merci pour tout !
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