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APPELÉS À CRÉER
Henry Kaestner
Le mot «appel» est un mot clé dans les milieux chrétiens ces dernières années, et il a revêtu un certain mystère que personne ne semble avoir cerné. Dieu appelle-t-il les gens à certains emplois et métiers? L’appel est-il une expérience spirituelle particulière? Certaines personnes sont-elles appelées et d’autres non? Les questions abondent, et nous pourrions débattre indéfiniment sur la signification de l’appel et la façon dont nous pouvons discerner le nôtre. Ce qui importe – et c’est dommageable –, c’est que cette imprécision au niveau de la signification du mot a créé des catégories spirituelles entre les appels séculiers ou laïcs et les appels sacrés ou spirituels.
Si vous avez grandi dans un foyer chrétien au cours des trente ou quarante dernières années, vous avez peut-être remarqué que le fait d’être «appelé» au ministère semble être une voie particulière, plus personnelle et plus élitiste et prestigieuse que de faire carrière dans telle ou telle profession. Les chrétiens considèrent souvent ceux qui sont appelés à exercer un ministère spirituel comme faisant partie d’un groupe à part auquel seules certaines personnes ont accès. Nous croyons souvent qu’il y a, d’un côté, les croyants ordinaires et, de l’autre, les prédicateurs, les enseignants et les missionnaires. Et même s’il est évident que nous ne pouvons pas tous être missionnaires ou prédicateurs, il est facile de penser que ces personnes ont reçu de Dieu quelque chose de particulier que nous n’avons pas reçu.
Si vous êtes nouveau dans la foi, vous vous demandez peut-être si votre activité professionnelle manque de légitimité ou est une perte de temps. Si Dieu nous a mis sur cette terre pour l’aimer et aimer les autres, et si notre travail quotidien n’est pas de nature «évangélique» à proprement parler, ne devrions-nous pas suivre un autre modèle? Certaines histoires à succès que nous entendons, comme celle d’un jeune vendeur de tee-shirts devenu un géant de la technologie… ne nous font pas vraiment penser à un appel ou à une vocation d’ordre spirituel.
Mais au fond, pourquoi pas? Pourquoi une aventure entrepreneuriale, vécue et poursuivie fidèlement, ne pourrait-elle pas être le projet de Dieu pour notre vie? Je pense que c’est possible.
Les entrepreneurs ont une occasion unique de s’engager dans la poursuite d’un objectif conforme à ce que Dieu est et à la façon dont il les a créés. De la même manière que les pasteurs utilisent les dons que Dieu leur a donnés et les transmettent aux autres, les entrepreneurs peuvent utiliser la créativité qu’ils ont en eux pour résoudre des problèmes et la transmettre à la société d’une manière bénéfique pour ceux qui la reçoivent, d’une manière qui glorifie Dieu qui la leur a insufflée initialement.
En tant qu’entrepreneur, vous avez sans doute ressenti l’énergie vitale que procure le fait de servir vos clients, vos vendeurs et vos investisseurs. Vous vous enthousiasmez lorsque vous trouvez des solutions aux problèmes. Vous êtes impatient de voir le fruit du travail de vos mains. Pourquoi? Parce que vous êtes créé à l’image d’un Dieu créateur et entrepreneur. Si vous vous êtes déjà senti peu considéré dans l’église à cause de votre activité professionnelle, ou si vous vous êtes déjà demandé si votre vie était vraiment orientée vers le but que Dieu a fixé pour vous, pensez au jardin d’Éden: Dieu a créé les humains à son image. Dieu a travaillé six jours et a créé quelque chose à partir de rien. Créés à son image, c’est ce que nous sommes et ce que nous faisons. C’est ce que fait un entrepreneur!
Les entrepreneurs ont une occasion unique de s’engager dans la poursuite d’un objectif conforme à ce que Dieu est et à la façon dont il les a créés.
Voici comment cela fonctionne. Lorsque vous résolvez des problèmes à partir de rien, c’est pour vous une occasion d’être en pleine communion avec le Dieu vivant qui aide les gens à résoudre des problèmes depuis le début des temps.
Lorsque vous proposez une nouvelle idée, une nouvelle ressource ou un nouveau produit, c’est l’occasion de témoigner de votre foi et de faire connaître ce Dieu qui est le pourvoyeur par excellence.
Lorsque vous priez «Que ton règne vienne, que ta volonté soit faite sur la terre comme au ciel», Dieu répond à cette prière par un «oui» retentissant; il vous invite avec empressement à vous placer sous sa puissance et sa protection et à vous joindre à lui en œuvrant pour que cela se produise.
Abandonnez tout sentiment d’insuffisance ou complexe d’infériorité. Vous êtes fait pour œuvrer avec Dieu qui a quelque chose de magnifique en réserve pour tout entrepreneur motivé par la foi.
Beaucoup d’images viennent à l’esprit avec le mot «entrepreneur». Il existe même un stéréotype de l’entrepreneur de la Silicon Valley: quelqu’un de jeune ayant un style vestimentaire à la fois chic et décontracté et qui travaille dans le domaine des nouvelles technologies. Peu de gens penseraient à un jardinier, par exemple.
Pourtant un jardinier n’est rien d’autre qu’un entrepreneur. Il dispose des matières premières que sont la terre, les semences et l’eau, qu’il combine et entretient dans le but de créer quelque chose là où, quelques jours ou semaines auparavant, rien n’existait. La beauté remplace le vide, les plantes luxuriantes remplacent la terre asséchée. Ce qui n’était qu’une parcelle de terre, le jardinier la transforme, grâce au travail de ses mains, en quelque chose d’utile, soit pour l’esthétique, soit pour sa fonction au niveau environnemental, et parfois pour les deux.
Et si nous voulons apprendre ce que signifie être un entrepreneur motivé par la foi, le premier endroit vers lequel nous pouvons nous tourner est un jardin. Parce que tout entrepreneur est un jardinier, vous y compris, que vous le soyez déjà ou pas. Mais vous n’êtes pas le premier, Dieu est le tout premier entrepreneur.
Dieu est bien celui qui sait ce que signifie créer et construire quelque chose de complètement nouveau. Et nous pouvons constater que, depuis le tout début, il nous a créés pour que nous participions à son œuvre entrepreneuriale: «L’Éternel Dieu prit l’homme et le plaça dans le jardin d’Éden pour qu’il le cultive et le garde» (Genèse 2.15).
Dieu a tout de suite invité Adam à prendre soin du jardin, à le cultiver et le garder. Il n’a pas placé Adam dans le jardin d’Éden en lui disant d’en profiter et de le contempler, il lui a assign é des rôles et des responsabilités. Peut-être estimez-vous que vous avez eu une journée chargée aujourd’hui… Imaginez ce que cela a pu être de devoir nommer tous les animaux existants!
Si souvent nous considérons le travail comme une malédiction, comme quelque chose que Dieu nous a imposé après nous avoir chassés du jardin. Mais ne pourrions-nous pas considérer le travail comme une partie intégrante du fait que nous avons été créés à son image, que nous portons son image? Le travail ne pourrait-il pas être une invitation à créer et à bâtir avec lui, le parfait entrepreneur, à nos côtés? Et si le travail était un moyen que Dieu nous donne pour profiter de sa présence?
Ce qui rendait le jardin d’Éden si particulier, c’était la présence du parfait «collaborateur» – ou compagnon de travail.
Ce qui rendait le jardin d’Éden si particulier, c’était la présence du parfait «collaborateur» – ou compagnon de travail. Dieu et Adam ont travaillé ensemble. Toutes les plantes et tous les animaux que contenait le jardin d’Éden étaient gérés par Dieu et l’homme. C’est la vision parfaite de l’entrepreneuriat: être unis avec Dieu dans un but, une passion et un projet communs.
Dieu veut travailler avec nous. Il veut créer avec nous. Il veut initier et partager de nouvelles idées, entamer et achever de nouveaux projets et avec nous. Il n’a pas laissé Adam seul pour s’occuper du jardin d’Éden, et il ne nous demande pas de travailler de manière isolée.
Dieu œuvre avec nous pour faire advenir son Royaume sur la terre comme au ciel. Nos réalisations peuvent mettre de l’ordre dans un environnement chaotique, résoudre des problèmes, lutter contre l’injustice et offrir de la dignité et de nouvelles perspectives à ceux qui d’une manière ou d’une autre bénéficient de nos réalisations.
Cette vérité devrait nous donner du courage. Elle devrait nous permettre d’aller de l’avant avec confiance dans notre rôle de créateur et de dirigeant, dans nos propositions de solutions aux problèmes de société ou dans notre désir de nous lancer avec foi dans l’aventure entrepreneuriale à laquelle Dieu nous appelle.
J’ai découvert mon « premier amour », ma première passion, quand je suis entré à l’université: le fait d’acheter un tee-shirt à cinq dollars et de le revendre à dix. Acheter, revendre, prendre des risques, interagir avec les clients, réfléchir à la prochaine affaire, voir les fruits de mon travail et embaucher d’autres étudiants, tout cela générait en moi l’impression de me sentir pleinement vivant.
Le processus créatif me donnait des ailes et me faisait vibrer. J’ai créé des modèles, réalisé des ventes et reçu de la part des fournisseurs et des clients la confirmation que j’étais dans la bonne voie. La satisfaction personnelle, et la reconnaissance par les pairs, que l’on expérimente après avoir créé quelque chose qui répond à une certaine demande, même si ce quelque chose n’est qu’un simple tee-shirt, sont incomparables. Je suis devenu passionné. Après avoir commencé l’aventure sur le campus de l’Université du Delaware où j’étudiais, nous avons fini, avec une équipe, par vendre nos tee-shirts sur quarante-neuf autres campus de la côte est américaine.
Puis j’ai laissé de côté cette expérience que j’ai considérée comme une aventure universitaire passagère. Quand j’ai obtenu mon diplôme, j’ai pensé que je devais trouver un vrai travail. J’ai déménagé à New York et ai travaillé à Wall Street pendant six ans. On pourrait penser que gagner beaucoup d’argent et vivre à New York est le rêve, et que c’est beaucoup mieux que de vendre des tee-shirts, mais ce n’était pas le cas pour moi. Pendant cette période, je me suis langui et j’ai regretté l’aventure entrepreneuriale que j’avais vécue sur le campus. Cela me manquait. Je voulais me sentir à nouveau pleinement vivant.
J’ai donc fait mes valises et suis parti en Caroline du Nord pour créer ma propre entreprise. À l’époque, je n’avais pas de réflexion quant aux notions d’appel ou de vocation, et n’avais aucune idée de ce que Dieu voulait que je fasse de ma vie. Je n’envisageais pas du tout les choses dans le cadre de la foi, je cherchais simplement à créer et à innover.
Si vous lisez ce livre, c’est probablement parce que vous avez le même désir. Vous voulez sortir de la structure professionnelle dans laquelle vous vous sentez piégé, et vous voulez bouger, faire bouger, travailler et faire concrètement quelque chose. C’est le rêve de l’entrepreneur. Et puisque vous lisez un livre sur le thème de l’«entrepreneur motivé par la foi», je suppose que vous êtes également très attaché à la foi chrétienne.
Pendant bien trop longtemps, la culture chrétienne a ignoré et rejeté ce type de désir. J’ai rencontré trop de personnes fidèles qui m’ont demandé avec hésitation: «Est-ce que je peux refuser de travailler pour une église ou une organisation missionnaire et créer une entreprise à la place?»
Ces personnes sont hésitantes, incertaines, apeurées et se demandent si la création d’entreprise est en phase avec l’appel de Dieu pour les croyants.
Ma réponse à cette question est claire: oui, elle l’est tout à fait. L’entrepreneuriat fournit un lieu où vous pouvez communier avec Dieu par le biais du processus de création.
L’entrepreneuriat fournit un lieu où vous pouvez communier avec Dieu par le biais du processus de création.
C’est un moyen par lequel vous pouvez aimer Dieu et aimer les autres. J’espère donc qu’en lisant les chapitres de ce livre, qui présentent les caractéristiques d’un entrepreneur motivé par la foi, vous vous sentirez encouragé à faire ce que vous faites et à le faire bien.
Une Histoire V Cue
Allez sur le site web de Entrepreneur motivé par la foi à www.entrepreneur.motiveparlafoi.com/histoires pour visionner la vidéo «Pas encore mort... ou se laissser surprendre par Dieu», l’histoire de l’entreprise Saddleback Leather Company. Alors qu’il servait comme missionnaire et professeur d’anglais au Mexique, Dave Munson a créé une activité complémentaire à l’arrière de son camion. Aujourd’hui, lui et sa femme Suzette possèdent et gèrent une entreprise de maroquinerie haut de gamme qui a attiré un public fidèle pour la beauté et la qualité de ses produits. Sur le site, vous pourrez regarder la vidéo dans son intégralité et retrouver des milliers d’autres entrepreneurs qui partagent les mêmes idées et suivent la formation vidéo.