Correspondances

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de joseph Langlois


Ă Danias


Hôtel de Normandie, place des Quinconces, Bordeaux

le trois mai 1910

Mon cher Danias Je profite d’une minute de calme dans ma vie électrique pour venir causer un instant avec vous. Permettez-moi, avant tout de vous rappeler à la mémoire la conversation que j’ai eue avec vous il y a 15 jours et promettez-moi de me répondre à ce sujet avec toute votre franchise

habituelle et dans un délai aussi bref que possible. Je suis ici depuis samedi soir et ai eu l’occasion d’assister d’une part à une représentation de « quo vadis», de l’autre à la première course de taureaux de l’année ; course avec six mises à mort pour les taureaux, deux pour les chevaux, un matador blessé à la cuisse d’un coup de corne, un autre blessé à la mâchoire

par un coup de corne également. Eh bien ! Franchement, cela ne m’a pas fait autant de plaisir, que la course aux escargots que nous avons faite dans votre jardin ; quant à « quo vadis » il m’a fait bien plaisir ; musique agréable et jolie mise en scène. Je vous quitte pour trotter à la soupe ; vous en sentez peut-être l’odeur de chez vous. Présentez mes meilleures amitiés chez vous et recevez chers amis ma cordiale poignée de main.

Langlois N.B: excusez les fautes d’orthographe, j’ai une mauvaise plume


Le 10 juin

Chère Gabrielle Un mot bien vite pour vous dire que c'est un de mes frères qui arrivera avec moi à cinq heures 25 au lieu de mon beau-frère que je vous avais annon cé. Comme tout ce bonheur ne grise et me semble irréel !! Une angoisse m'étreint toujours le coeur comme si c'était un rêve bien doux dont le réveil rendrait plus noire les petites misères de l'existence. Je me croyais trop mauvais

sujet pour pouvoir prétendre à tant de félicités. Mais non, je suis bien réveillé et la jolie réalité de votre sourire viendra demain dissiper tous ces nuages sombres, comme les bulles de savon qui semblent un monde, n'en ont que le reflet et que le moindre obstacle vient volatiliser. Oui ! Demain une page nouvelle viendra s'ajouter au livre de mon

existence et l'enluminer comme les pages des vieux missels lait artistes mettent les joliesses et les grâces naïves de leur savoir faire. À demain chère, très chère, je vais m'endormir en prononçant votre nom. Un baiser d'amour très respectueux.

Votre Joseph.

NB: dites bien chez vous de ne rien faire en plus qu'à l'habitude pour recevoir mon frère. Respects à tous, mes civilités à vos amies

Hôtel de l'écu de France et café des colonnes St Maixent, omnibus à tous les trains. Voitures à volonté


Hôtel de l'écu de France et café des colonnes, St Maixent

le 13 juin 1910

Chère fiancée

l m'est bien doux de pouvoir vous donner ce titre aujourd'hui mais il y a longtemps que tout bas je l'avais murmuré pour la première fois. Il en est un autre encore que je voudrais pouvoir vous donner et que mon coeur vous adresse bien des fois chaque jour, mais de même qu'on n'accorde pas d'un seul coup aux enfants tout ce qu'il demandent, de même il me faudra attendre et désirer, et partant, en reconnaître mieux toute la valeur. Comme je suis heureux d'être là, à causer vers vous, au lieu de faire la banale partie de Manille et comme ce dernier plaisir me paraît peu en

comparaison de celui que vous me procurez en m'affirmant que vous avez plaisir à me lire. Ce ne sont pas seulement ces lignes, pattes de mouches plus ou moins régulières que je voudrais vous envoyer mais mon coeur grand ouvert, si rempli de vous que je voudrais pouvoir ouvrir et remettre entre vos menottes. Je crains encore et toujours que vous doutiez de ma sincérité et pourtant chère aimée, je vous assure qu'aucun vain calcul n'est venu ternir la pureté de mes sentiments à votre égard. Vous êtes pour moi l'idole sacrée dont la protection me suit à chaque pas. Je disais hier avec vous, que les heurs me semblaient plus longues qu'à

l'habitude à cause de cette vilaine pluie, si régulière et si monotone, mais combien plus longues m'ont celles parues ce tantôt malgré le beau soleil ; il me semble que samedi est si loin, si loin, que dès catastrophes doivent se produire et m'empêcher d'y atteindre. Ces puéril me direz-vous ; phénomènes nerveux peut-être, sûrement même, mais enfin c'est ce que j'éprouve et qui fait que ce vous demanderai encore de m'envoyer un mot cette semaine, un tout petit mot pour me faire patienter, moi, l'impatient. Je clos mon bas habillage sur sept dernières prières et vous envoie sur les ailes de la pensée mes baisers les plus affectueux et mes cordialités respectueuses pour votre famille.

Votre fiancé bien heureux Joseph Demain Melle mercredi Sauze Vaussais jeudi Civray vendredi l'île Jourdain Vienne et Confolens, samedi soir Barbezieux.


Poitiers,

le 16 juin 1910

Chère fiancée,

Vous allez être bien surprise sans doute de voir cette lettre datée de Poitiers alors que les cartes de la journée portent Sauzé Vaussais. Chef boutonne et Celle sur belle je m'empresse de vous en donner la raison. De bout ce matin à cinq heures, ce qui n'aurait à moitié satisfait, certaine demoiselle de ma connaissance, je suis allé faire chef boutonne d'ou départ à 10 heures, arrivée à celles à 11 h 30, déjeuner, affaires, départ une heure 38, arrivée St Saviol 3 h 30, pas de correspondan

ce sur Civray avant sept heures. Expressà trois heures 42, arrivée Poitiers surprise de chacun. Et je repars demain matin à cinq heures « aie ! Aïe ! Aïe ! » Quel courage ! ! ! Et remarqué que je ne grogne pas en m'éveillant avais dit sans reproche. Vous avez dû remarquer que je n'ai pas suivi l'itinéraire que je vous avais tracé, cela arrive assez fréquemment par suite des marchés où des foires et c'était le cas à Sauzé- Vaussais. J'ai annoncé la grande nouvelle à mon ami Richard en la vite dans un nous accompagner, il m'a dit qu'il ferait tout son possible pour y être avec sa dame.

Un il m'a fallu dîner chez lui avec sa famille, nous avons porté de nombreux toasts à votre santé et à notre bonheur futur, chacun m'a fait promettre de vous amener aux beaux jours l'an prochain, enfin bref de tous côtés : louanges, congratulations, invitation et futures indigestions. Je dis indigestions car vous savez qu'en notre de beau Poitou comme en Charente la cordialité de l'accueille se mesure au nombre de plats qui défilent sur la table. Je vous laisse jusqu'à demain en disant vite samedi que je croque vos bonnes joues. Votre fiancé impatient.

Langlois Ne m'oubliez pas très de chacun, mordez également les joues de votre tante en attendant que je le fasse moi-même comme neveu


le 17 juin 1910

Chère fiancée

Mon coeur ce matin bondissait dans ma poitrine comme cela ne lui était pas arrivé depuis longtemps car je lisais à ce moment-là votre première lettre. Il m'eût été bien dur de vous appeler méchantine demain soir en arrivant, si je n'avais rien reçu de vous cette semaine mais il me sera doublement agréable de vous complimente les pour le sacrifice que vous avez fait. Ne vous amoindrissez pas en me disant que vous êtes l'humble fleurette qui n'ose se mesurer à moi. Mon origine est comme la vôtre, né à la campagne de parents très simples, je ne désire qu'une chose ; c'est de vivre comme ils ont vécu dans l'amour de la famille, le respect du voisin, l'honnêteté dans tous les actes et le mépris de tout ce qui est mensonge, orgueil et dissimulation. Si vous êtes l'humble fleurette, je suis le rustique chardon très honoré de

décorer votre intérieur tout rempli déjà de votre parfum discret. Vous me dites encore que vous ferez de votre mieux ; resté ce que vous êtes : bonne et simple ; confiezmoi votre joli coeur en toute confiance et vous verrez que tous deux bien unis nous aurons le bonheur que beaucoup envient. Jeter les regards autour de vous ; voyez les dévouements qui nous entourent et dites-vous bien que beaucoup de gens qui brillent sont loin d'avoir le bonheur que vous possédez. Ne vous laissez pas intimider par les miettes de mon savoir, non instruction a été poussée un peu plus loin que la vôtre et les il est tout naturel qu'une partie se dépense au dehors. Mais je vous aime tel que vous êtes et les mon coeur ne s'est pas préoccupé de savoir quels

étaient les diplômes qui composaient votre bagage instructif. Je pensais ce tantôt en arrivant ici à la nuit passée avec Daniel dans une des immenses chambres de l'hôtel ici. Les lois qui nous régissent à notre insu avaient commencé la chaîne dorée au bout de laquelle vous étiez. Je me revois à nouveau prenant la douche glacée pendant que votre oncle se blottissait dans son lit. Sous nos fenêtres la Vienne coulait argentée par la lune, les toits des maisons poudrés à frimas, la bise aigre qui sifflait dans les peupliers de la rive et sous les portes des chambres nous faisait presque trouver chaude notre glacière. Vous avez parlé de moi dans vos promenades de

chaque soir ; ce n'est pas étonnant si les oreilles me tintaient si souvent chaque jour. Qu'en avez-vous dit : un peu de bien, beaucoup de moitié mal, ma foi tant pis je suis trop vieux pour changer maintenant. Je me prépare pour la chasse aux escargots dimanche matin, mais ferai peut-être plus vite la guerre aux fraises. Je vous quitte, il est 10 heures, bonsoir ! Bonne nuit ! Bons baisers sur vos bonnes joues. Tout à vous à demain cinq heures 25

Confolens


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