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Une fabuleuse découverte il y a 30 ans

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Un bol d'air

Un bol d'air

En août 1989, il y a trente ans, la mucoviscidose livrait un secret important: l’identification du gène responsable de la maladie.

Il y a précisément trente ans, une fuite dans la presse faisait sensation. Des équipes de recherche canadiennes et américaines découvraient le gène CFTR, à l’origine de la mucoviscidose. La découverte allait être annoncée quelques semaines plus tard dans la revue scientifique Science. Mais la fuite a bouleversé tous les plans. Les brevets ont dû être déposés le jour même à la hâte. Et le 24 août, telles des stars de la pop, les chercheurs s’envolaient en jet privé pour participer à une tumultueuse conférence de presse avec des journalistes enthousiastes. Les chefs d’équipe, le Dr Riordan de l’Université du Michigan et le Dr Tsui de l’hôpital pour enfants SickKids de Toronto, qui ont fait cette découverte ensemble, ont marqué l’histoire.

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Dr. Eva Van Braeckel, chef de clinique maladies pulmonaires UZ Gent: « Oui, l’enthousiasme était grand. L’Université du Michigan (USA) et l’Hôpital des enfants SickKids de Toronto (Canada) qui avaient contribué à cette découverte venaient d’entrer dans l’histoire. On pensait que l’étape suivante serait la thérapie génique, pour pouvoir corriger le code génétique dans les cellules. Ce qui allait permettre d’éliminer la maladie. »Mais les choses se sont passées autrement. La découverte du gène a rendu possible le dépistage précoce de la maladie, ce qui en soi représentait déjà un progrès phénoménal. Mais trente ans plus tard, nous ne disposons toujours pas d’une thérapie génique.

Pour quelles raisons? Dr. Eva Van Braeckel: « En thérapie génique, il faudrait pouvoir inhaler le médicament directement dans les poumons. Mais les poumons sont à vif et repoussent les substances externes. Et si malgré tout, cela réussit, en cas de mucoviscidose, il faut encore parvenir à traverser la couche de mucus. De plus : pour transporter les correcteurs génétiques, les chercheurs utilisent souvent des virus. Et contre ces virus, l’organisme fabrique des anticorps. Bref, la mucoviscidose ne facilite pas la tâche des généticiens. » Trente ans après cette découverte, un grand nombre de chercheurs explorent désormais une autre piste : non plus une intervention génétique, mais un médicament capable d’agir sur les protéines formées.

Dr. Eva Van Braeckel: « Il s’agit simplement de pilules, ce qui rend les choses beaucoup plus faciles. Ces médicaments réparent ou corrigent la protéine CFTR au sein de la cellule. Cela fonctionne dans une certaine mesure, mais pas encore pour tout le monde et pas avec la même intensité pour tout le monde. Des combinaisons de médicaments existants et de nouveaux médicaments sont activement testés dans l’espoir de découvrir le cocktail adapté pour chaque patient. C’est d’ailleurs au programme de tous les centres muco en Belgique pour les prochaines années: trouver la meilleure combinaison de médicaments pour chaque patient et faire du lobby afin d’en obtenir le remboursement. »

Cela signifie-t-il qu’après trente ans, la piste génétique est abandonnée? Dr. Eva Van Braeckel: « Certainement pas. La thérapie génique est encore toujours en plein développement. De nouvelles techniques génétiques comme la correction de séquence génomique (gene editing) méritent d’être explorées plus avant. Mais cette piste est encore loin de nous livrer un médicament. »

Eva Van Braeckel - chef de clinique, maladies pulmonaires, UZ Gent

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