Multiprise #30

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Courants artistiques en Midi-Pyrénées

30 - Octobre 2014 - Gratuit



Multiprise, Clap de fin

30 Directeur de publication Thomas Deudé & William Gourdin Rédacteurs en chef Didier Marinesque & Fabien Ruzafa Rédacteurs intervenants Ramon Tio Bellido, Anaïs Delmas, Hélène Dantic, Chrystelle Desbordes et Guillaume Poulain, Julie Biesuz, Gabriel Delon, Manuel Pomar, Jeremy Calixte, Capucine Moreau, Graphiste Thomas Deudé www.donoteat.fr Photographe Olivier Schaffart Communication Mélissa Kieny contact@revue-multiprise.com www.facebook.com/RevueMultiprise Remerciements Claire Alchié, Claire Neveu, Sonia Gaja, Sandrine Brunet, Paul de Sorbier, Julie Martin, Valentine Boé, Karine Marchand, Leila Picard, Corinne Bojados, Florence de Mecquenem, Marie-Laure Cazeaux et Bérangère Brecqueville La revue Multiprise est soutenue par

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Multiprise c’est…. 10 années de découvertes, de surprises pour votre - et notre - plus grand plaisir. 30 numéros collectors, 30 soirées qui vous ont rassasiés les yeux et les oreilles. Des rédacteurs de tous horizons qui ont su sous leur plume aguerrie et quelque fois acerbe vous faire découvrir de jeunes talents, de belles expositions, des lieux surprenants. Ce numéro leur est dédié via une carte blanche. 30 cartes blanches faites à des auteurs - artistes aux multiples facettes. Merci à Tradition Moderne pour cette dernière. 30 numéros animés par une équipe qui a toujours su s’amuser de ce qui n’était qu’un jeu et un plaisir dans le paysage éditorial local et national sur l’art. Mais on ne rit plus, on ne s’amuse plus, on ne rêve plus. En tout cas on aimerait nous le faire croire. Les soutiens se sont effilochés et les chantages aux rédactionnels contre publicités se sont multipliés. Les aides se sont taries car, il est vrai, de nos jours se cultiver ne vaut plus grand chose… s’émouvoir du rien et de l’inutile, trouver plaisir dans l’absurde semble bien dérisoire. La culture une fois de plus est sacrifiée sur l’autel de l’Idiotie. Nous vous remercions tous pour votre accompagnement durant ces 10 années. Nous remercions tous ceux qui ont cru sincèrement en cette aventure ou qui y ont participé à un moment donné. Merci à nos bénévoles de tout poil. Merci à nos amis. Et comme nous ne pouvons vous quitter comme cela…. Nous vous donnons tous rendez-vous pour un dernier Feu d’Artifice le 12 décembre pour une exposition performative unique et protéiforme chez nous - dans notre atelier - et bien sûr chez nos voisins d’IPN, rue des Jumeaux. À très vite donc

I.S.S.N. : 1778-9451 Toute reproduction du titre, des textes et des photos

William Gourdin

sans autorisation écrite est interdite. Les documents présents dans la revue ont été reproduits avec l’accord préalable du photographe ou de l’envoyeur. Photos non contractuelles. 3


LA CUISINE

CENTRE D’ART ET DE DESIGN AU CHÂTEAU DE NÈGREPELISSE ENTRÉE LIBRE La cuisine est développée par la commune de Nègrepelisse grâce au soutien de la Communauté de Communes des Terrasses et Vallée de l’Aveyron, du Pays Midi-Quercy, du Conseil Général de Tarn-etGaronne, du Conseil Régional Midi-Pyrénées, du ministère de la Culture et de la Communication - DRAC Midi-Pyrénées et de la Communauté Européenne dans le cadre du Programme Leader IV Midi-Quercy. //// Crédit photographique : collectif Bruit du frigo, Famille à la vigne : Le repas du dimanche, 2014. ©Anne-Cécile Paredes. Production La cuisine, centre d’art et de design. Graphisme : Barbara Gabriac.

EXPOSITION Identités remarquables Combinaison d’individus pour résoudre l’équation identitaire d’un territoire

collectif bruit du frigo 11 OCT 2014 > 10 JANV 2015

Expositions du 19 NOVEMBRE au 20 dÉCEMBRE Maison salvan 1 rue de l’Ancien Château 31670 Labège village Renseignements : 05 62 24 86 55 www.maison-salvan.fr

Étant donnÉ un mur

du 15 novembre au 18 décembre plateforme d’art de muret

Théâtrerie, 1 square des combattants d’AFN 31600 Muret Renseignements : 05 34 63 98 19 www.mairie-muret.fr

VERNISSAGES

Studiolo

samedi 15 novembre 2014 à 15 h à la PAM de Muret, à 16 h 30 à la Maison Salvan de Labège. Une navette bus est mise en place au départ de Toulouse permettant de se rendre aux deux vernissages, inscription obligatoire.

Visuel : résidence de Françoise Pétrovitch à la Maison Salvan, août 2014. Photographie : Hervé Plumet. Graphisme : Yann Febvre.


En couverture : Tradition moderne

Carte blanche

à nos rédacteurs 7 Ex-citations 10 Sur les flancs de volcans assoupis, L’ENFANCE DE L’HOMME 12 Setting Sun, Rising pic 14 Dialogue entre lucioles ? Exposition La disparition des lucioles Avignon (18 mai-25 novembre 2014)

21 Court-jus Tradition Moderne

25 Avancez de trois cases et rendez-vous directement au festival BD Colomiers

28 Rond-point c’est tout au carrefour giratoire entre l’art identificatoire et la dégradation de l’espace public

Roundabout 1 & 2

31 When platitudes become form1 35 Entretiens 36 La mue 2/3 38 Branchement en série Natacha Mercier

40 Flash

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Ex-citations

Angel Santiago Vergara, Colchiques et menthe, peinture-vidéo vidéoprojetée sur écran 150x280 cm, 31’56’’fauteuils de cinéma, 2014 © Angel Santiago Vergara © photo : Phoebe Meyer

L’exposition Fin’Amor de l’artiste Angel Vergara Santiago, a lieu au Centre d’art le Lait, Moulins Albigeois. Poursuivant son parti pris de « connecter l’histoire culturelle et l’actualité sociale pour stimuler un constant dialogue avec le réel », il a choisi ici de privilégier le fil conducteur de l’amour, thématique et sujet des plus prégnants et appréciés en France. Dans le parcours très relatif que j’ai pratiqué cet été pour aller visiter quelques expositions ici et là, j’ai eu la bonne idée de passer par les Moulins albigeois. Je dois avouer que je n’ai pas vraiment insisté pour parvenir jusqu’au Musée de Nîmes après deux tentatives infructueuses de garer mon véhicule vers le centre de la ville, envahi par des cohortes d’estivants, et que m’étant rendu à Montpellier début juillet où j’étais passé par le FRAC pour voir un accrochage assez sensible d’un choix subtil de ses achats récents, je n’ai pas récidivé courant août, attendant l’été indien qui s’annonce pour m’y rendre à nouveau. J’ai fait un stop à Sète, 6

cela va de soi, parce que je continue à croire que les espaces du CRAC approchent ce qu’il s’est fait de mieux dans les architectures d’exposition pensées pour l’art actuel, mais la prestation de Melik Ohanian n’est pas dans mon best-off, n’ayant jamais été friand de modes d’emploi pour paraître comprendre ce que l’on me propose. J’ai squeezé itou Sérignan, en attente peut-être de nouvelles inflexions, quant à Midi-Pyrénées et à sa capitale, après l’immense plaisir de me balader dans les circonvolutions ineffables de Céleste Boursier-Mouginot –et de constater avec bonheur que c’est lui qui représentera la FFFrance à Venise, bingo !-, j’ai parcouru assez vite la gentillette exposition de Franz Gertsch et je me suis senti un brin peiné par la proposition de Susan Hiller, dont je connais et estime le travail (et la personne) depuis une bonne trentaine d’années et dont je pense, mais elle n’est pas la seule, qu’elle s’est laissée un peu engoncer dans les pièges des nouvelles technos, alors que ses propositions, toujours radicales, étaient bien plus explicites et puissantes lorsqu’elle utilisait photo et vidéo d’une manière plus directe à coups d’uppercuts précis, point à la ligne.


Angel Santiago Vergara, Le kiosque et le lièvre, vue d’ensemble. Le Kiosque : bois peint, enseigne lumineuse, diffusion musicale, supports à journaux, revues, 350 x 300 cm, 2014. Le lièvre : peinture murale, 200 x 350 cm, 2014 © Angel Santiago Vergara. © photo : Phoebe Meyer

Albi donc et Angel Vergara. Je ne suis pas un exégète de l’œuvre de cet artiste, malgré son origine hispanique –mais c’est en partie à lui la faute puisqu’il vit à Bruxelles- ce qui m’adoube de cette supposition qui voudrait que je connaisse tout ce qui se fait Tras os montes, et qui est loin d’être le cas, heureusement !! Bon, je n’allais pas à Albi sans biscuits, je savais quand même qu’il avait représenté la Belgique à Venise voici une paire d’années – ce qui avait provoqué une espèce de polémique débile de certains s’insurgeant à l’idée que ce charmant pays soit représenté par un immigré intérieur - et que, voici quelques années, il avait occupé Kerguehennec avec Michel François, comme invité collatéral, donc un brin de côté. L’exposition d’Angel Vergara a comme titre générique Fin’Amor, soit un rappel plutôt intrigant d’une vision de nos relations amoureuses qui s’apparenteraient à des commerces polis, genre amour courtois ou autres galanteries, et qui n’auraient plus grand chose à voir avec les assauts de testostérone qui envahissent aujourd’hui nos conceptions contraceptives... De fait ce n’est

pas si clair, ou plutôt c’est volontairement confus(ionnel). En préambule à cette indécision normative qui va devoir pourtant être déliée, Vergara a installé un kiosque qui diffuse un méli-melo de chansons popu/paillardes comme savamment sélectives, où l’on peut consulter tout type de revues polissonnes ou candides, dispensées au choix au salon de coiffure next door ou chez le dentiste, et surtout s’emparer d’un magazine concocté pour l’occasion où est censé défiler une édification romanesque du subject-matter ainsi révélé. En hommage peut-être au Pays Cathare, le fil conducteur de cette « narration » est l’image du lièvre/lapin dont la particularité est d’être le symbole d’un érotisme aussi chaud que rapide dans bon nombre de cultures vernaculaires, que l’on voit apparaître au gré des « séquences », et dont l’icône première est ce glyphe roman où il se tient debout une harpe à la main, pinçant les cordes d’un récit de troubadour où se mélangent les humeurs de tout genre. Car après, ça dégage. Une page est consacrée à la relation des gesticulations copulatives diamétralement opposées, pour cause de climat, auxquelles s’adonnent les inuits et les noubas ; une autre voit la 7


Angel Santiago Vergara, installation sonore et vidéo (detail), Peintures-vidéos projetées sur 2 écrans de plexiglas circulaires et sphériques, diffusées sur 9 moniteurs petit format, et bande sonore originale composée par Stéphane Dunkelman. © Angel Santiago Vergara. © photo : Phoebe Meyer

photo canonique de Beuys expliquant à un lièvre mort pourquoi il ne peut plus bander ; plus loin on nous rejoue l’inénarrable conception d’un Perrotin en petit lapin rose ; on s’informe sur la voluptueuse installation faite avec des godemichets plus ou moins hors d’usage que Leonora (Carrington) a proposé à André (Breton) ; on y disperse des fragments des Fragments d’un discours amoureux de Barthes ; et CM et sa Vie sexuelle enfin, nous rappelle son ineffable goût pour l’enculage en se demandant ce que vient foutre l’art en ce cas, sinon justement de s’en foutre, dito... Car de quoi nous prévient un tel panier de citations, sinon de nous confirmer qu’au-delà des positions et des combines, il n’y aurait pas tant de différences que ça dans la geste amoureuse, excès de tout type compris, et que nous nous épuisons à en nommer l’assomption intelligible dans un corps à corps inassouvi. Une parabole de l’art en quelque sorte, qui nous voit se démener pour en dire la vérité ou tenter la construire, de façon irréfutable et indiscutable. Soit, cela fait quelques siècles que l’on s’y emploie, en réitérant des conventions canoniques ou en pillant les images des autres, en ajoutant et retranchant, en collant et démembrant à satiété. Episode suivant : le kiosque et ses informations comme prolégomènes aux propositions suivantes. L’amour y défilerait 8

donc, comme un chapelet de sensations préventives. Ce qui advient, tant dans son incongruité apparente que dans son semblant de conformité, est la transcription d’une quête que nous pouvons nommer comme nous le désirons, selon nos désirs, nos envies, nos émotions. De la beauté, de la perfection, de la séduction, de la rouerie, du désespoir, de la fatalité, de la démonstration, de la fragilité, du que sais-je encore y compris du je-m’en-foutisme ? Chacun semble y venir avec ses propres acquêts, et libre ensuite à bien ou mal les gérer. Comme par pédagogie, et puisqu’on parle d’amour, on n’est jamais loin du mariage. Vergara débute donc la leçon par la confrontation avec une vidéo où s’enlacent Colchique et menthe. Une liaison aussi explosive, à priori, que celle qui abonde dans les mixités de nos cités et qui semble poser problème à quelques réfractaires arborant leurs pâleurs extrêmes. Pourtant le « mélange » fonctionne, même s’il semble devoir être constamment retoqué par l’intervention d’un pinceau qui vient en souligner tel ou tel trait ou au contraire l’atténuer. Une histoire sans fin, et déjà exemplaire. Cette recherche de la « meilleure » image semble se confirmer dès la salle suivante. D’un côté on y voit une vidéo semblable au format « portrait » de nos toiles ancestrales, où figure justement le portrait d’une jeune femme dessinant ou écrivant sur un bloc-notes, on ne sait trop, et que l’artiste s’abîme à « corriger » par des retouches de lavis suintants, qu’il ne cesse


Assise, elle écrit, peinture-vidéo sur écran plat, 54’04’’, 2014 © Angel Santiago Vergara. © photo : Phoebe Meyer

d’éponger et de lessiver, encore et encore. Face à cette image impassible, une série de mini écrans feint l’extraction de photos tirées d’un album de famille, que Vergara, par un procédé similaire à la vidéo précédente, corrige et nettoie compulsivement. Puis suit une installation extatique, ordonnancée dans les voutes du Moulin où surgissent encore les appareillages des meules que faisait tourner le Tarn venant cogner aux bases de l’édifice. Dans une obscurité presque totale, s’agencent ici et là, un peu comme par hasard tel que semblent l’être nos rencontres séductrices, des mini écrans semblables à ceux utilisés précédemment, et, en opposition, des disques aux formes généreuses dans lesquels se distillent des épandages colorées. Nous sommes ainsi conviés à nous promener au gré de rencontres incongrues, allant de l’enregistrement d’une parade amoureuse d’un couple de colibris piailleurs à un semblant de champ impressionniste couvert de coquelicots, en s’arrêtant devant un des cercles imposants pour y observer l’obstination impossible de l’artiste à vouloir y tracer une image à grands coups de pinceaux malhabiles, aussitôt effacés par le balayage d’un tissu implacable car nimbant le désarroi de cette (dé)construction ad lib.

mouche. À quelle métaphore de notre situation semble nous convoquer Vergara ? Une illusion, un projet, comme celui de croire pouvoir atteindre un but –la perfection peut-être -, alors que beaucoup sinon tout semble avoir été exprimé et tenté. Le déplacement de la peinture à la vidéo, la transversalité entre artisanat, technique, et puis technologie, l’insertion choisie de citations qui viennent pointer le singulier, la correspondance entre le commun et le distinctif, comme d’autres pourraient dire entre le séculier et le régulier. Toute porte est étroite et librement ouverte à la fois. Comme semble l’induire le portrait impassible de cette jeune fille aux allures de madone absorbée par son propre désir de transcription, il est vain de prétendre la représenter en conformité avec la justesse qui semble émaner d’elle. Elle figure l’entrelacement de tous les enseignements, les enregistrements, les enrichissements qui nous autorisent à balbutier la supposée cognition de ce que nous désirons communiquer. Comme tout élan amoureux ou toute expression esthétique, elle est là, présente, car, heureusement, hors d’atteinte. © Ramon Tio Bellido

Vanité. Les corrections, les mises au point, les rehauts de couleur, les traits rageurs, les retouches délicates, rien ne parvient à faire 9


Sur les flancs de volcans assoupis,

L’ENFANCE DE L’HOMME «La Nature est un temple où de vivants piliers Laissent parfois sortir de confuses paroles ; L’homme y passe à travers des forêts de symboles Qui l’observent avec des regards familiers. Comme de longs échos qui de loin se confondent Dans une ténébreuse et profonde unité, Vaste comme la nuit et comme la clarté, Les parfums, les couleurs et les sons se répondent. Il est des parfums frais comme des chairs d’enfants, Doux comme les hautbois, verts comme les prairies, -Et d’autres, corrompus, riches et triomphants, Ayant l’expansion des choses infinies, Comme l’ambre, le musc, le benjoin et l’encens, Qui chantent les transports de l’esprit et des sens.»

Baudelaire, Les Fleurs du Mal, IV

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Qu’avons-nous eu besoin d’inventer le mythe d’un paradis perdu? La Nature. Majuscule. Nos batailles. Minuscules, tolérées. La lance du Silence. Le javelot de nos peurs dissipées. Restaurons le tableau de ce que nous nommons si délicatement Eden. Adam croque, sur la cuisse d’Eve, l’orang-outan qu’ils ont croisé quelque part dans la forêt. Il signe d’une pomme. La mémoire dore leurs paupières légères. L’alphabet enluminé des racines, aux premiers rayons du jour, éveillent en eux le goût de la conquête. Des sens par les sens. Avec Jennifer Westjohn, la photographie compose une Arche. Dans les lianes du temps suspendu, le profil d’un lac. Gravure sur plaque cuivrée. Barque à la dérive sur des terres que les hommes ont oubliées. Antarctique primitif. Eternité espérée pour cette mère d’où l’on entre, d’où l’on sort. Nous te brûlons, vive, pour croître nos semblants d’empires. Sainte dans ce grand incendie inutile, vil, sans cesse reconduit. L’extra-ordinaire contenu dans l’ORdinaire. Retrouvailles et mariages De l’homme avec lui-même.

Réunifications spontanées. Unité. Ne demeure Rêve que ce que l’on veut tenir loin de soi. Le scintillement des étoiles dans le coeur qui se soulève, danse et puis s’apaise. Les fleurs organiques au dehors, au dedans. Qu’appelons-nous Nature, ce qui nous définit. Il faudrait un mot qui nous enveloppe, un verbe pour tout reprendre au commencement. S’il en eût été un... Peut-être le tonnerre condensé du «souffle», cher à Antonin Artaud. Ce même «souffle» qui me lie secrètement, obscurément, à tout ce qui vit. Anaïs Delmas

Ci-dessous : Jennifer Westjohn, dream 1, 2 et 3

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1335. Pétrarque a l’idée incongrue de se lancer dans l’ascension du Mont Ventoux. Passée une tentative de découragement d’un vieux pâtre, l’homme déterminé poursuit sa pénible ascension. Et, parvenu au sommet, il contemple les paysages, se remémore des épisodes biographiques, historiques puis ne peut résister à l’envie de lire les Confessions de Saint Augustin : « Les hommes s’en vont admirer les cimes des montagnes, les vagues de la mer, le vaste cours des fleuves, les circuits de l’Océan, les révolutions des astres, et ils se délaissent eux-mêmes. » Le choc. Silencieux, il descend le mont, convaincu que rien n’est plus haut que la nature humaine. Fondateur de la considération du paysage et de sa contemplation comme moyen d’élévation, voilà un récit qui met la pression. 2014. Armés de nos chaussures décathlon, grimper un mont ne tient plus grand chose de l’aventure unique. Quant à l’expérimentation du sublime, elle semble se réduire aux photos souvenirs à l’originalité folle. Produites en quantités, ces vues de type carte postale participent d’une banalisation du paysage, semant la confusion entre l’expérience et son image. Malgré tout, le flux semble intarissable. Partant de ce constat et non sans ironie, Carine Klonowski se délecte à séparer les couches de ce sujet devenu tarte à la crème. Le coucher du soleil s’impose comme l’un des classiques du genre. Avec la vidéoprojection Before Sun Sets (2012), l’artiste nous offre, du moins nous le croyons, l’opportunité d’en vivre un dans une exposition. L’image s’étale sur le mur, le soleil entame son déclin, le ciel est rosi, on attend que la mer fasse de même jusqu’à l’extinction. À cela s’ajoute un timer, bien central, au-dessus du soleil, sur lequel le temps s’égraine. Ça gâche un peu le joli spectacle mais après tout, pourquoi pas en connaître la durée. Le visiteur se pose, guette l’évolution, surveille les minutes et... rien. Absolument rien. L’image est fixe, seule l’attente est minutée. Évacuons la

frustration du visiteur pour se concentrer sur ce qui émerge. Par ce procédé, l’artiste désigne, en le figeant, le moment du crépuscule. Lever et coucher de soleil, c’est à dire l’arrivée ou le départ de la lumière naturelle, constituent de manière très prosaïque les phases d’apparition ou de disparition du paysage à contempler. Cet impératif de la lumière occupe une place récurrente chez l’artiste. En effet si elle est indispensable pour voir, elle l’est d’autant plus pour générer une image, l’enregistrer et la faire apparaître. Ainsi, quelles que soient les technologies de l’image utilisées, elles n’échappent pas à cette condition archaïque. Before Sun Sets aborde la chose d’une manière quasi tautologique : un vidéoprojecteur projette artificiellement de la lumière, génère l’image d’une source de lumière naturelle qui, elle, fait émerger l’image de paysage enregistrable puis projetable. Alors si le soleil est un gros projecteur, pourquoi ne pas simplement utiliser un projecteur ? L’artiste le teste. Posé au sol, un projecteur mini-découpe fait surgir un phénomène de crépuscule sur l’ombre d’un mur, l’angle avec le sol formant l’horizon (Projecteur, 2012). La proposition est sèche et radicale, cependant elle déploie 2 axes majeurs dans la pratique de Carine Klonowski. L’un qui explore dans chaque médium son usage le plus basique afin de générer une image indicielle de paysage et tester ainsi notre propension à (vouloir) le voir, même dans l’expression la plus infime ; l’autre qui expose la possibilité de générer ses propres phénomènes merveilleux comme réponse à la fascination perdue pour une nature qui, avec le temps, paraît de moins en moins mystérieuse ou romantique. Le résultat est souvent cheap, peut-être en écho d’une attente parfois trop béate. Pour exemple, Dos bleu (2014), où comme le nom l’indique, un papier dos bleu, normalement utilisé comme support d’impression d’affiche, est utilisé pour son revers et recouvre la totalité du plafond d’une salle. Un gros projec-


SETTING SUN, RISING PIC teur de chantier vient éclairer cette surface neutre qui, magie, devient un ciel azur. Ou encore, U.F.O. (Unidentified Folded Object) (2012), un journal dépliable qui, au fur et à mesure de son déploiement nous offre 4 formats de poster (du A4 au A1). Sur chacun, un grossier collage de photos issues de magazines qui reconstitue un paysage dans lequel se glisse une soucoupe volante. Si notre système solaire nous était devenu banal, ne comptons pas sur ce photoshopage low tech, tuant dans l’œuf la moindre prétention spectaculaire, pour nous satisfaire. Par ailleurs, cet objet à manipuler est une manière de forcer le vis à vis avec le spectateur, de l’interpeller sur ses propres attentes. Ce type de dispositif se retrouve également dans The impossible project (2011), un diaporama de polaroids dont la pellicule a été altérée. Ratées, les vues prises par l’artiste durant un voyage à Los Angeles révèlent des couleurs improbables et des paysages urbains évanescents. Les images sont projetées à l’échelle 1, sur une portion de mur préalablement recouverte de paillettes, depuis un vidéoprojecteur caché dans un socle. L’espace laissé entre celui-ci et le support est infime, obligeant le visiteur à une certaine gymnastique pour apercevoir les images. Le rêve hollywoodien est impossible à saisir mais au moins, il brille. Face à un tel flux d’images produites, répondant sans doute à une attente à combler, on peut se demander si, de concert, ces deux-ci sont possiblement épuisables. Voyons. http://img214270416jpg.tumblr.com/ rend compte, sous la forme de gif animé, d’une tentative quasi absurde de Carine Klonowski d’épuiser une image. « Chaque jour, le blog présente un nouveau gif animé, somme du précédent et d’une nouvelle image : la même que celle de la veille. Les images sont le fruit de l’enregistrement d’une image, Img214270416.jpg, puis d’une capture d’écran de sa miniature, puis d’un enregistre-

ment de cette miniature, et ainsi de suite... Un défaut d’affichage modifie peu à peu l’image, celle d’origine se dégrade chaque jour. » Le résultat est tout à fait paradoxal : en voulant développer un système d’épuisement, le processus aboutit à la création d’un cycle journalier de lever d’image. Face à ce rythme évoquant celui de la nature, naît le défi d’éprouver le potentiel de génération spontanée de la technologie. Avec Vidéoprojecteur (2014), l’artiste tente le branchement de l’appareil sans le connecter à une source. Mais vieillissant, celui-ci dégénère. Les pixels se meurent et laissent apparaître de petits points blancs lumineux sur le sombre fond de l’écran d’accueil. On les voit, les supernovas. Au centre de l’image projetée, un cartouche d’alerte affiche la mention No signal. Le comble. Hélène Dantic Carine Klonowski est née à Nice en 1989. Elle vit et travaille à Chelles (77). En parallèle de sa pratique artistique, elle effectue depuis 2013 un travail de recherche en Lettres et Arts à l’Université Paris Diderot. Actualités / expositions : Copie Copains Club gets physical, exposition collective du 2 au 12 octobre 2014 dans le cadre du festival Gamerz, fondation Vasarely, Aix-en-Provence. Disparitions Réciproques, exposition collective du 10 octobre 2014 au 1er mars 2015, Fonds Régional d’Art Contemporain Poitou-Charentes, Angoulême. En résidence au lycée Émile Combes, novembre 2014 - janvier 2015, Pons. Site web : www.carineklonowski.tumblr.com Conception graphique : Carine Klonowski.


Dialogue entre lucioles ?


Exposition La disparition des lucioles Avignon (18 mai-25 novembre 2014)

Prisonnier anonyme, 11 septembre, 2001 (?)

Image issue du catalogue de l’exposition © François Halard

Plus de 250 œuvres dans l’ancienne prison Sainte-Anne, une architecture immense construite au XVIIIe siècle, au flanc du Rocher des Doms, là où s’engouffre le mistral ; un établissement pénitentiaire qui fut longtemps dénoncé comme l’un des plus insalubres de France, conduisant à sa fermeture (tardive) en 2003. Donc oui : en 2000, lorsque la ville d’Avignon est consacrée « Capitale Européenne de la Culture » - événement qui se concentre autour de l’exposition « La Beauté in fabula » au Palais des Papes, l’inauguration de la Collection Yvon Lambert au sein des remparts, puis l’achat, par Pinault, de la sculpture SplitRocker de Koons faite de 100 000 fleurs fraîches (dont l’entretien pendant l’exposition au Palais des Papes, comme le prix de vente astronomique, déchaîne les passions) - , il y a, à deux pas, des détenus qui dessinent ou font des collages sur les murs exigus de leurs cellules. Dans le meilleur des cas.

Ironie de l’histoire ? Ce sont les œuvres venues essentiellement de la collection Lambert qui s’y déploient aujourd’hui sur 3 étages, plus de 7000 m2, entre cellules, couloirs, cours – autant d’espaces laissés plus ou moins en l’état (outre des aménagements pour l’accueil du public et quelques « masquages » de collages de prisonniers) - un état d’abandon, de départs précipités, de délabrement aux couleurs écaillées ; un lieu « magnifique » qui véhicule peu ou prou les marques de la plus grande des privations : l’absence de liberté. Face à cette histoire d’hier qui juxtaposait deux mondes totalement étrangers - la jet set de l’art contemporain et le prisonnier sans voix - , comment ne pas penser à cette « lutte des classes » chère à Pasolini, d’autant que le grand poète est, aujourd’hui, directement cité dans le titre même de l’exposition ? En l’occurrence « la disparition des lucioles » se réfère à l’article qu’il signe en 1975 pour Le Corriere della sera1, et convoque au passage l’engagement à gauche de Pasolini, ses qualités d’observateur d’une société en mutation, l’écho d’une voix qui a pris soin de rester en retrait de l’institution. Dans le contexte de cette prison désaffectée devenue, pour six mois, un écrin pour une collection hyper hype et mainstream du monde de l’art, ce titre est-il au service d’une belle idée sur ce que serait l’art ? Peut-être le dernier rempart (désespéré ?) contre les injustices et la barbarie (capitaliste) ? Un espace de liberté qui diffuserait ses lumières sur la mémoire du passé et les ténèbres du présent, tout en nous les rendant visibles et/ou sensibles ? Un contre-pouvoir tout autant qu’un espoir à même de répondre aux prisonniers invisibles, anonymes ? À lire le catalogue, il semblerait que l’ambition soit à peu près là 2. Une fort belle ambition, il faut le reconnaître, un projet infaillible, superbe, que de placer des « lucioles artistiques » dans une prison, en appelant les monstres sacrés de la poésie et de la pensée critique (formant un faisceau autour de Pasolini), avec le but (inconscient ?) de valider une collection d’art contemporain dans l’histoire... Que répondre face à cette grandiose autorité aux mécanismes visiblement parfaitement huilés ? Aussi, après avoir fait l’expérience de l’exposition qui, d’un côté, m’a paru assez belle et de l’autre, assez suspecte dans ces fins inavouées, je ne sais plus trop si j’ai vu une mise en scène plutôt spectaculaire de l’exposition d’une collection (agrémentée de quelques emprunts à de « grandes collections privées et publiques » 3), ou bien une exposition thématique pensée par un commissaire selon un angle tout à la fois poétique et globalisant... Peut-être que la difficulté à saisir la nature et les enjeux de cette proposition curatoriale – son espace réflexif - provient du fait 15


qu’Éric Mézil, le commissaire 4 , est lui-même à deux endroits à la fois puisqu’il dirige, depuis son ouverture, la collection Lambert en Avignon... Dans son article, Pasolini s’inquiète de la disparition, à cause de la pollution, des petits photophores nocturnes. Au travers de leur extinction, le réalisateur de Mamma Roma crée la métaphore de l’évaporation de la culture du passé – sorte de veilleur de nuit désormais happé par les rouages d’un capitalisme sauvage aux mains de la bourgeoisie industrielle, et dont l’instrument de propagande est la « société du spectacle » décrite un peu plus tôt par Debord. Justifiant une sélection d’œuvres via une caution intellectuelle aux résonances poético-politiques, Éric Mézil pose ainsi chaque œuvre comme une sorte de « luciole » capable d’éclairer les nuits, de ranimer la mémoire, de questionner le présent, de disparaître, aussi. Depuis ce « génocide culturel » exprimé par Pasolini comme opposant à l’expérience humaine, l’artiste, tout en étant conscient du désenchantement du monde, serait ici à même d’enfanter des lucioles... Néanmoins, toutes les œuvres n’éclairent pas de leur lumière plus ou moins vacillante les ombres du passé, ni même celles du présent, et certaines peuvent

Photographie de traces de collages de prisonniers, Voiture jaune, 2014 © Guillaume Poulain

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paraître anecdotiques dans ce parcours à la fois très séduisant et très ambigu. Je suis allée voir l’exposition avec Guillaume Poulain, un ami artiste. Nos regards et nos questionnements se sont croisés : Qu’est-ce qu’on voit ? Qu’est-ce qu’on nous montre, ou pas ? Réfléchissant à nos échanges, j’ai proposé à Guillaume de réaliser cet article ensemble. Il a pris des photographies et a écrit ce texte... ‘’ Quand je visite cette exposition, je me demande un peu ce que je regarde, ou plutôt ce que l’on me montre. Assez vite, l’histoire des lucioles et l’invocation de Pasolini - « Van Gogh de l’art contemporain » - sonne assez creux. Les raisons principales de leurs présences semblent être une simple caution poétique et politique qui parait déplacée voire contradictoire avec l’exposition. Je n’ai pas vu une quelconque prise de position, ni critique, ni politique, dans l’ensemble des œuvres présentées qui, dans le contexte de la prison, résonne plutôt comme un appel répété à la réflexion sur l’enfermement ou l’inhumanité du lieu. Je comprends donc la prison ici comme un décorum puissant


chargé de son histoire dramatique qui permet à la collection Lambert de trouver une place forte - une autre - dans la ville d’Avignon cet été 5. Une prison insalubre qui ferme, c’est bien ; une grande exposition d’art dans un lieu chargé d’histoire qui constitue notre patrimoine, c’est bien également. Or, cette propension à penser l’art comme valeur forcément positive ou généreuse permet de faire oublier son propre pouvoir, son économie ou ses stratégies. Quoi penser face à l’autorité de Mounir Fatmi qui nous dit (sans rire et en anglais) d’ouvrir les yeux sur les « gueules cassées » ? De l’œuvre de Ross Sinclair écrivant en lettres de néon : « Vous qui entrez ici abandonnez tout espoir » - une pièce qui, pour l’occasion, est installée dans une cellule, mais qui signifie tout autre chose sur un mur de musée ? Ou encore du pouvoir d’Yvon Lambert de disposer de bâtiments publics pour sa collection dont la qualité serait devenue indiscutable ? Je sens bien que j’ai plutôt affaire à une exposition-soupe, plutôtbonne, avec des morceaux très savoureux -Téléphones de Christian Marclay, 100 Years et Bilder d’Hans Peter Feldmann, About the Motion of Astronomical Bodies et Fruit Polyhedrone de

Joa Maria Gusmao & Pedro Paiva, le film Chant d’amour de Genet, et d’autres... -, et puis des morceaux vraiment pas terribles - les pupitres d’Abel Abdessemed, le pendu de Toroni, le bonhomme en ciment de Gloria Friedmann, l’art poétique-politique et surtout super « malin » de Mircea Cantor, etc. Mais je comprends également que parler des œuvres avec précision est presque incongru. À quoi bon ? Pour reprendre Baudelaire dans son texte de 1846 sur la critique d’art, si les œuvres et les artistes ont déjà été vus et légitimités par leurs présences même dans les collections exposées ? Il y a en plus de 250, pour tous les goûts, et la prison, par la fascination qu’elle exerce, finira de contenter le visiteur qui sortira de toute façon rassasié. C’est ce que l’on nous montre. Ce que l’on a soustrait à notre regard, ce sont ces multitudes d’images que les prisonniers ont collées sur les murs de leurs cellules. À voir les très nombreuses traces de colle, la quantité de photographies était énorme. Quelques-unes sont bien là mais, bizarrement, aucune femme nue. Ne reste que les voitures, le foot, des paysages de Géo et quelques filles habillées... On a sûrement jugé préférable de décrocher toutes ces images

Photographie de traces de collages de prisonniers, Voitures/Femmes, 2014 © Guillaume Poulain

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Ugo Rondinone, Cry me a river (Tu peux toujours pleurer) 1997 nĂŠon acrylique sur verre, aluminium Courtesy Gladstone Gallery, New York & Brussels. Dans la cours de la prison Ste Anne en Avignon

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Photographie de traces de collages de prisonniers, Silhouette de femme, 2014 Š Guillaume Poulain

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qui accompagnaient les prisonniers chaque jour de leur détention en raison de leur caractère érotique voire pornographique. Mais, si je peux comprendre pourquoi on prend cette décision quand on est responsable d’une exposition qui va être très fréquentée, je suis très dubitatif et méfiant quand on ne me permet aucun accès à ce geste, ce qui aurait été possible, par exemple, en laissant une cellule ou deux en l’état. Alors logiquement, cette méfiance se généralise et confirme mes doutes quant aux enjeux annoncés de cette exposition, et à ce qu’ils occultent. C’est dommage, car j’imagine que ces Vénus auraient pu plaire à Pasolini, et qu’elles étaient sûrement les vraies lucioles de la prison Sainte-Anne. Du moins, pour les hommes. ‘’

« La disparition des lucioles » pasolinienne a donc subi une étonnante mutation : une exposition où le temple de l’art s’invite dans le temple de l’enfermement (qui n’est plus qu’un vieux souvenir mais encore vif), pour lui dire tout à la fois l’horreur, la guerre, la lumière, l’espoir, la culture. Il n’y a rien à dire, c’est beau, moral, indiscutable. C’est parfait. « Dans un monde réellement renversé, le vrai est un moment du faux », Guy Debord.

Pier Paolo Pasolini, « L’Articulo delle luciole », Le Corriere della sera, 1er février 1975. Trad. P. Guilhon, Écrits corsaires, éd. Flammarion, Paris, 1976 (éd. 2005), p. 181-189. 2 Dès les premières pages, on peut lire sous la plume d’Éric Mézil : « La puissance de la lumière n’a cessé d’irriguer notre culture : elle se fait allégorie de la nostalgie quand on songe aux mondes révolus ; elle devient allégorie de la découverte, de la connaissance, de la création et des contre-pouvoirs quand on se place du côté de l’espérance... », La disparition des lucioles, éd. Collection Lambert en Avignon – Musée d’art/Actes Sud, Avignon/Arles, 2014, p. 10. 3 Expression issue du dossier de presse.

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Photographie de traces de collages de prisonniers, Voitures – fond bleu, 2014 © Guillaume Poulain

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Chrystelle Desbordes et Guillaume Poulain

Lorenzo Paini, sur qui on ne sait rien, est mentionné dans le catalogue en tant que co-commissaire de l’exposition (p. 380), tandis que, dans le dossier de presse, seul Éric Mézil est commissaire (le nom de Paini apparaît simplement dans les remerciements). 5 Depuis son ouverture, la Collection Lambert est sise dans les remparts, au sein d’un très bel hôtel particulier qui, aujourd’hui, subit d’importants travaux d’agrandissement. C’est en raison de ces travaux que l’on voit actuellement une partie de la collection, « hors les murs », à la Prison Sainte-Anne.


Tradition Moderne





Avancez de trois cases et rendez-vous directement au festival BD Colomiers

Lorenzo Mattotti

S’il fallait présenter la ligne défendue par le Festival BD Colomiers, nous dirions d’abord qu’elle confère à la bande dessinée contemporaine une place privilégiée. Par la qualité de sa programmation artistique et la richesse de son offre, elle participe à la découverte et la promotion d’une bande dessinée plurielle, par-delà les limites de genre. En donnant à découvrir des œuvres s’approchant tantôt du dessin conceptuel, tantôt de l’illustration, en croisant les champs artistiques de la bande dessinée, du théâtre, de la musique, du cinéma ou encore du multimédia, elle offre au public un panorama de la bande dessinée d’aujourd’hui plein de dynamisme et d’inventivité. Une démarche engagée qui implique de multiples acteurs du monde de la BD, et encourage non seulement l’émergence de nouveaux talents en leur offrant un espace de diffusion, mais apporte également à l’édition indépendante un soutien précieux. Ainsi, le festival favorise-t-il l’interaction entre auteurs, éditeurs, universitaires, journalistes spécialisés par l’organisation d’une journée réservée aux rencontres entre professionnels. Rappelons aussi que chaque année sont choisies quelques maisons d’éditions dont le festival souhaite promouvoir le travail. À ce titre, les éditions La Pastèque, Misma, Milan presse et le Collectif Vignette ont été retenus comme pépites 2014 du festival. 25


Chacune de ces maisons d’édition bénéficie d’un espace pour mettre en valeur un auteur ou une série de travaux, et ont l’occasion d’interagir avec le public lors d’ateliers et de séances de dédicaces. Fondateur des éditions Magnani (pépite de l’édition 2013), Julien Magnani souligne « la qualité et l’intelligence de la médiation sur le festival autour de [ses] livres », ainsi que « la qualité des échanges avec le public et les professionnels ». Comme le remarque Julien Magnani, le festival BD Colomiers sait aussi bien s’adresser aux professionnels du milieu qu’au grand public. Les surprises et les découvertes éveillent toujours plus la curiosité des visiteurs, qui sont invités à dépoussiérer leur regard sur la BD. Jeux, ateliers, concours pour dessinateurs en herbe, mais aussi projections cinématographiques, concerts, représentations théâtrales et lectures de contes constituent autant de temps forts qui rythment la vie de cette manifestation. On devine facilement qu’il est impossible, pour le public, de se limiter au rôle de simples spectateurs passifs. Par delà les mots, de Jon McNaught à Lorenzo Mattotti Pour sa 28ème édition, le Festival BD Colomiers se déroulera cette année les 14, 15 et 16 novembre prochain. Comme l’affiche le laisse aisément deviner, la thématique du rêve et de l’imaginaire sera au cœur de cette manifestation. Parmi les têtes d’affiche 2014, nous présenterons en particulier les travaux de Jon McNaught, auteur de l’affiche du festival, et de Lorenzo Mattotti. Le premier, jeune talent britannique, a obtenu le prix révélation du Festival d’Angoulême en janvier 2013 pour son troisième livre, Automne, paru chez Nobrow. Ce qui nous marque, dès les premières planches d’Automne, son œuvre majeure, c’est le traitement résolument novateur de l’espace. Le lecteur est tout de suite confronté à une suite de petites vignettes, dont le format pourrait rappeler celui des polaroids. Exit la case traditionnelle : l’auteur nous livre une série d’images découpées, rythmée par plusieurs onomatopées et de rares dialogues. Le fait que l’action se déroule de manière fragmentée nous plonge instantanément dans un état de contemplation, de lenteur parfois mélancolique. Au-delà de son caractère épuré, Automne nous impressionne par la justesse avec laquelle l’auteur saisit l’instant, dans son insignifiance et sa simplicité. Un monde de silhouettes anonymes, de gestes quotidiens et de silence inspirant une poésie profondément hypnotique. La technique de la sérigraphie, que Jon McNaught maitrise brillamment, contribue à renforcer le caractère poétique de cet album. Les couleurs déclinées, principalement le bleu et le roux, accentuent l’homogénéité d’Automne et nous donne l’illusion d’être face à un vieil album illustré. L’auteur nous projette directement dans son arrière-saison, dans un monde au temps étiré, ralenti, élastique, presque infini. Toujours suspendu entre la joie et la tristesse, toujours propice à l’imaginaire et à la rêverie. À l’instar de Jon McNaught, Lorenzo Mattotti bouleverse lui aussi le ressenti temporel du lecteur de bande dessinée. Ce dernier fait partie des auteurs de bandes dessinées les plus connus de sa génération, mais il est aussi reconnu pour ses talents de peintre et d’illustrateur (Pinocchio, paru chez Albin Michel Jeunesse en 1990). Sa bande dessinée Feux a été saluée par la critique comme un ouvrage majeur du neuvième art, et illustre combien Lorenzo Mattotti fait figure de maître de la nouvelle génération italienne en BD. De prime abord, on pourrait davantage rattacher ses bandes dessinées au genre de l’illustration : Lorenzo Mattotti aime libérer le texte des bulles, ce qui pourrait laisser penser à une volonté de dissocier le récit écrit du récit graphique. Au contraire, l’artiste cherche à transposer l’idée d’un contrepoint musical dans le rapport texte/image de ses œuvres. Dans sa méthode de travail, Lorenzo Mattotti commence la plupart du temps par construire une narration en images seules, à la manière d’un film muet. L’image développe en quelque sorte une mélodie autonome, à laquelle le lecteur ne peut résister. Il ne s’agit plus de laisser son regard sauter d’une case à l’autre, d’une bulle à l’autre, pour saisir le sens du récit. Tout est pratiquement dit dans et par l’image. Lorenzo Mattotti fait ainsi émerger une nouvelle temporalité de lecture, qui nous invite à prendre le temps d’assimiler cette polyphonie de couleurs et de mots. Si le Festival BD Colomiers représente aujourd’hui un rendez-vous incontournable dans le milieu de la bande dessinée contemporaine et avant-gardiste, il sait aussi réunir un public local de plus en plus nombreux. Avec près de 12 000 visiteurs recensés pour la précédente édition, dont plus des trois quarts venaient de Toulouse et de ses alentours, il s’affirme comme un temps fort de la rentrée culturelle en Midi-Pyrénées. Le succès de cette manifestation tient également à sa capacité à impliquer des acteurs culturels de l’agglomération toulousaine comme le festival Marionnettissimo, l’Espace Croix Baragnon ou encore la médiathèque de Tournefeuille. Au niveau national, les collaborations avec la Galerie Martel à Paris et le festival Quai des Bulles de Saint-Malo dessinent les prémices d’un avenir prometteur. Julie Biesuz

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Jon McNaught, Automne

Festival BD Colomiers : vendredi 14, samedi 15 et dimanche 16 novembre 2014

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Rond-point c’est tout

au carrefour giratoire entre l’art identificatoire et la dégradation de l’espace public Il arrive parfois qu’à force de haïr quelque chose on finisse par en être fasciné. Aucun autre exemple ne me vient excepté celui dont je vais vous parler. Il m’arrive d’aimer un mot dans une langue, beaucoup moins dans une autre. C’est le cas pour celui-là dont je me suis épris alors que je l’abhorrais en français. « Roundabout » c’est exactement ce que je m’apprête à faire : tourner à contre-courant autour d’un et d’un

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Qu’on l’appelle rond-point ou carrefour giratoire, nous avons affaire ici à un drôle d’oxymore. On sent déjà son fort potentiel à l’ambivalence. Vouloir associer un rond et un point, un anneau et une croix semble d’emblée suspect. C’est comme si on demandait de tourner autour d’un carré ou faire du vélo avec des roues carrées... A priori un rond et un point, ils sont pas copains, ça roule pas ensemble, pas à la même allure. Ça paraît déséquilibré et en rien complémentaire. Comme un cadran horaire sans aiguille. Sachant qu’on y tourne dans le sens antihoraire... Vous me direz c’est censé faire gagner du temps en le remontant. Dans les faits, il permet à des véhicules plutôt de type motorisé (mais pas que cf pédaler sur un rond-point) de circuler de manière giratoire autour d’un terre-plein pour souvent aller tout droit. D’ailleurs, à bien y regarder, circuler ne s’emploie plus pour décrire un mouvement où il est question de faire le tour de quelque chose mais simplement pour parler de l’action d’aller d’un point à un autre, sans s’encombrer de détours. Sauf depuis que les routes, certaines plus que d’autres, sont truffées de rondpoint. Il se trouve que c’est une invention française du début du siècle dernier, attribuée à l’urbaniste Eugène Hénard (pas énarque que je sache) qui a conçu l’aménagement de la place de l’Étoile à Paris. Devant l’accroissement du trafic et les difficultés de circulation (accidents, ralentissements, obstacles au croisement...), Eugène a constaté que le nerf du problème se situait en plein milieu du carrefour, que c’était au centre que naissaient toutes les contrariétés. Ce bon monsieur s’est donc demandé comment transformer ce lieu, à l’époque propice aux rencontres, les carrefours au sens social et marchand, en des embranchements fluides et facilitant les déplacements. Notre ingénieur civil face à ce constat s’est facilité la tâche en décrétant que pour résoudre un problème il fallait le faire disparaître : puisque tout le mal vient du point central du carrefour pourquoi ne pas le bannir, l’interdire, le honnir en le montrant du doigt. La partie centrale du carrefour fut alors recouverte d’un terre-plein afin d’empêcher d’y passer : le rond-point était né ! D’un point de vue géométrique ça pouvait sembler être un gros défi : transformer un carrefour en étoile en rond-point. On se croirait presque une manette de « play » à la main ... Bien que tournant dans l’autre sens, ce sont les anglais qui ont

perfectionnés le giratoire en proposant de donner la priorité aux véhicules circulant dans l’anneau plutôt qu’aux nouveaux arrivants. Le droit du sol prévaut. Français et Anglais se partagent le pompon au classement du nombre de ronds-points. Si la France écrase toute concurrence avec 30 000 ronds-points en son sein (correspondant à la moitié des giratoires dans le monde) et 500 nouveaux inaugurés chaque année, les anglais sont pas si loin avec 10000 sur leur terrain. Avec un budget allant de 200 000 à 1 million d’euros selon la difficulté de l’épreuve et le prix des lopins de terre à acheter (source Le Point oct. 2013), on peut se payer un magnifique rondpoint tout nu, sans rien dessus. Pour la déco, comptez environ 10 000 euros par an pour un rond-point végétalisé « labélisé Ville Fleurie », entre 30 000 et 75 000 euros pour une œuvre à l’effigie de la ville. Passons rapidement sur ses prétextes vertueux de prolifération : réduire les chocs frontaux, fluidifier le trafic, faire demi-tour facilement, tourner autour pour faire rigoler ou vomir les passagers, financer les campagnes électorales en surfacturant les chantiers... je m’égare, revenons-en à l’art. L’art giratoire, dit comme ça cela peut faire sourire, est un mouvement apparu dans les années rond-point et consiste à orner un édicule de type carrefour à giration. Souvent au service promo de la ville, l’œuvre doit mettre en avant une spécialité locale, le chapeau à Caussade, le gant à Millau ou la lentille au Puy... Fleuron de la mairie en place, une expression me vient, « le chien lève la patte, le maire laisse son rond-point ». Jean-Luc Plé en a fait son pain quotidien, orner les ronds-points pour un business qui marche plutôt très bien : un râteau, une pelle, une baigneuse, un escargot, des mobylettes, tout y passe pour vanter l’activité phare de la municipalité. Investir l’espace public grâce à un lieu d’exposition en plein air, gratuit et ouvert à tous : en voici une belle mission de service public. En plein air peut-être, à l’air pur pas sûr. Les ronds-points sont beaucoup implantés dans les ZAC à l’entrée des villes, lieux de trafics intenses et à l’architecture nouvelle. A priori gratuit, les réalisations sont visibles en voiture, sorte d’expo « drive in » 1.0, en y regardant de près on sait que c’est pas donné et qu’à l’échelle d’une mairie ou d’un pays ça fait cher l’entrée. Enfin ouvert à tous mais fermé à pied. Le rond-point a la particularité d’être un lieu d’expo tel un îlot inaccessible au piéton. 29


En tournant autour de ces carrefours nombre d’histoires me sont revenues en mémoire ou arrivées aux oreilles, en voici un florilège. Le motard en feu du rond-point de la Halle aux chaussures Pour célébrer le grand rassemblement annuel des Super-motards, la mairie d’une bourgade à giration (cf la ville rond-point) avait décidé d’ériger un motard en train de faire le plus beau wheeling de sa vie en armure de fil de fer rempli de mille fleurs, n’est pas ville fleurie qui veut. Il se trouve que les deux protagonistes de l’histoire sont deux amis de quand j’étais petit : le premier étant le concepteur du motard, le second l’embraseur de ce même chauffard. Mieux qu’un feu de la Saint-Jean, un brasier de motard en fleur. Acte de vandalisme puéril ou tête au carré rotative à l’art giratoire... À vous d’en juger. Les vendanges du rond-point de Piquerouge À la période des vendanges, le Degourdy’s Club organise un repas sur le rond-point de Piquerouge décoré de vignes, invitant les habitants à venir déguster mets et vins du coin. Initiative de réappropriation de l’espace public à saluer des deux poings. Chute au rond-point de la Bastille Avez-vous déjà franchi le rond-point de la Bastille à vélo ? Un plaisir indescriptible pour tout cycliste fou du guidon et de sensation. Alors quand il s’agit d’y fêter la rencontre fortuite avec un ami en se saluant de plusieurs « high five » successifs, les risques de chute sont élevés. Ça n’a pas loupé.

Magic Roundabout Véritable manège enchanté le « Magic roundabout » est l’agrégation de plusieurs micro giratoires autour d’un plus grand giratoire, lequel est alors inversé. Le plus célèbre est celui de Swindon, qui donne son nom au genre. Le rond-point en « tout droit » Acte de désobéissance civique ou simple erreur de conduite, vous avez déjà dû croiser les traces de quatre roues formant deux sillons dans le gazon bien tondu avec traces de freins en option. Sans vouloir couper un cheveu en 4, il est question de couper un rond-point en 2 et de passer par le plus court chemin. Pour finir et vous parler de la genèse de cet écrit, j’aimerais en venir à ce mot qui sonne si bien en anglais qu’ils utilisent pour parler de notre rond-point ou du leur d’ailleurs et dont on s’est servi pour nommer le rassemblement en cercle lors d’un projet francoallemand d’expérimentation sociale et théâtrale : Roundabout. Ça donne envie de se mettre autour, d’en faire le tour, d’y tourner autour et d’en parler. Mieux qu’une table ronde ou qu’un poteau carré, roundabout a le pouvoir sur moi de parler avec poésie d’une banalité à géométrie variable. Alors si à l’issue vous croisez des ronds-points sur votre chemin, pensez à ce que vous pourriez y faire de plus fou sans tourner en rond. <g> <d>

Abandon de véhicule en plein rond-point de Rosny 2 Automobiliste en formation, une jeune fille, excédée par son moniteur décide de quitter le véhicule en plein rond-point, autant dire que pour mettre ce dernier dans l’embarras, elle y est allée fort en chocolat. La ville rond-point C’est l’histoire d’une ville qui un jour décide de tourner en sens unique et transforme sa bastide à deux axes (architecture de ville médiévale dont la disposition est en quadrillage avec une place en son centre) en un centre-ville déserté et déprimé : c’est l’effet rond-point, condamner la portion centrale en y tournant autour en voiture. Pour en filer l’image, une fontaine rétractable est venue agrémenter le vide de la place centrale. La villa au rond-point Le phénomène a même déteint sur le citoyen, transformant son entrée en rond-point privé sans issue. Avec pour ornement végétalisé de rosiers rugueux rendant son cœur infranchissable pour le passant. 30

À écouter Roundabout du groupe Yes Roundabout Midnight de Miles Davis À lire Le naufragé du rond-point de Jean-François Dumont À voir (ou pas) La programmation du Théâtre du Rond-Point à Paris Les œuvres de Jean-Luc Plé


When platitudes become form1

Anne et Patrick Poirier, Amnesia (détail), 2007-2008, bois polystyrène, mousse de polyuréthane, peinture acrylique, micro billes de verre, acier, inox. © photo : Manuel Pomar

S’il m’est arrivé de m’appuyer sur la revue pour promouvoir les artistes que je soutiens, cette fois-ci, place à la découverte avec un compte-rendu de mes vacances d’été ! On ne se refait pas et on n’entre pas en art pour se mettre un jour sur pause. C’est parti pour un tour rapide des expositions visitées entre deux séances de farniente à la plage. Ce panorama partiel des centres d’art de l’ouest de la France nous permet de comparer ces programmations à ce qui se fait dans notre région sur la même période.

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J’ai pu remarquer la modestie de certaines expositions, non pas dans leur propos ni leur ambition mais dans les moyens qui sont de plus en plus restreints. Quelques politiques de tous bords et non avisés vous expliqueront que nous sommes en crise et qu’il est normal que tous les secteurs soient touchés par les économies engagées pour réduire la dette (sic). Évidemment, dès l’instant où la santé et le social subissent des coupes drastiques et que seule l’éducation semble sanctuarisée, pourquoi la culture ne subirait-elle pas des baisses de budget équivalentes ? Ce domaine qui représente moins de 1% du budget de l’état est un secteur économique porteur d’emplois et d’image, qui, adossé au tourisme, permet le développement local et le rayonnement international. Mais à l’heure où la notion de service public s’étiole, battue en brèche par le libéralisme triomphant, il devient de plus en plus difficile de justifier la rentabilité non immédiatement quantifiable du culturel comme de la recherche. « Pourquoi serait-ce à l’ensemble des citoyens de financer cela ? », disent-ils. Bonne objection, les impôts que nous payons ne sont pas encore fléchés et c’est tant mieux. Il importe que nous nous sentions tous responsables de la culture comme de la santé, de l’éducation et du social. Notre République ne peut fonctionner sans ces fondements qui ne doivent pas souffrir d’une ultra libéralisation, sous peine de voir le ciment de notre société s’effriter au profit d’une concurrence sauvage généralisée, excluant automatiquement toute une partie de nos concitoyens.

atteint difficilement 1,5% de son budget en soutien privé. Que dire alors des lieux associatifs locaux qui cherchent à financer leurs dépenses structurelles (lieux, salaires) par l’aide privée ? En général seule une vraie rencontre entre un entrepreneur et un responsable associatif ou un artiste, peuvent aboutir à la concrétisation d’un projet. Dans cet article j’ai délibérément exagéré mes considérations sur la place actuelle de la culture au sein de notre société pour ne laisser qu’une portion congrue aux considérations artistiques. Considérant que l’on fait un distinguo entre culture et divertissement, la « uber smart » attitude ou autrement dit la « hypsterisation » du large champ culturel, favorise un appauvrissement du propos, la communication et l’événement primant sur la réflexion et la recherche. Les objectifs d’audience encouragent cette dictature du cool, où la culture devient produit et ses promoteurs se doivent d’être des marchands plutôt que des chercheurs. Mouvement évident pour transformer le regardeur ou spectateur en consommateur.

Toutes nos associations qui maillent le territoire rendent de multiples services, voire des services publics ! En premier lieu le soutien à la création, la sensibilisation à l’art auprès de tous les publics, la démocratisation et l’accès à la culture. N’oublions pas sur le plan économique les corps de métier : graphistes, imprimeurs, marchands de matériaux de construction, laboratoires photographiques, reprographes, que nous contribuons à faire vivre, souvent mieux que les artistes plasticiens (profession sans statut, pénalisée par l’absence de réglementation des pratiques de monstration). L’engagement dans la culture et l’art est l’affaire de tous et de chacun. Si les collectivités locales ont assumé ces responsabilités depuis de nombreuses années, le mécénat devra palier leur désengagement progressif. Mais la réalité d’une participation plus importante du secteur privé à la culture se révèle plus complexe que dans les vœux pieux des politiques. Malgré les facilités de crédit d’impôt mises en place par les gouvernements successifs, toutes les études le démontrent, le mécénat peine à démarrer en France. Il va naturellement plus vers le patrimoine et les grands organismes identifiés que vers les petites structures de proximité. Beaubourg, avec un département de 18 salariés dédiés à la recherche de mécénat 32

Jeppe Hein, Distance (détail), 2004-2014, acier, 40 balles en plastique, moteurs électriques. 63 x 14, 50, 6 m. © photo : Manuel Pomar


Huang Yong Ping, Abbotabad, 2013, céramique, terre et plantes, 11,50 m x 5 x 1,50. © photo : Manuel Pomar

À noter la prestation récente d’un homme politique sur une émission de grande audience s’adressant au public plutôt qu’aux citoyens. D’une marchandisation du monde... J’avoue vous avoir légèrement trompés en promettant en début de texte une balade estivale dans l’ouest de la France, d’exposition en exposition, propos étayé par le choix iconographique accompagnant l’article, pour vous entraîner dans un sujet plus politique qu’artistique, reflet de mon état d’esprit aujourd’hui. Le sophiste enseigne la sagesse et l’art de parler en public, développant une science du raisonnement orientée vers des fins utilitaires. Mais peut-être aussi le sophiste peut être celui qui par ses arguments et sa rhétorique trompe son auditoire en le conduisant vers une autre piste. Exercice délicat proposé par Multiprise, le sophisme peut s’aborder sous plusieurs angles. C’est finalement ici que le titre de ce papier prend tout son sens. Si «When attitudes become form» est une exposition fondamentale, acte de naissance en 1969 de la fine fleur de l’art minimal via les choix et l’accrochage audacieux du commissaire, c’est avant tout un manifeste esthétique et politique. Si le titre original de l’exposition s’articule autour du mot «attitudes», dans le titre de mon article il est remplacé par «platitudes», évocation de l’exercice subtil que les politiques font

de la langue. La forme du discours s’est adaptée à la rapidité de circulation de l’information et s’est appauvri dans cet exercice permanent du sophisme vidant l’engagement en politique de toute essence subjective. L’ultra professionnalisation des élus entraîne cette technicité froide du discours qui finalement facilite sa désincarnation. Manuel Pomar

Clin d’œil à l’exposition When the attitudes become form d’Harald Szeemann à la Kunsthalle de Berne. Le titre s’applique au contenu du texte et non à son iconographie ! 1

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Agathe Co-directrice du Théâtre National de Toulouse Sexe : Féminin Née : le 04 Février à Paris dans le 14ème Son signe chinois : Chien Un vice dont elle aimerait se défaire : La colère Sa devise de tous les jours : Essaye encore Son état d’esprit actuel : Troublée Ce qu’elle aime au quotidien dans son travail : La possibilité de tout faire Ce qui l’interpelle dans l’art contemporain : La vidéo, elle travaille beaucoup ce médium Comment se sont déroulées vos vacances ? Calmement Quelle partie vous préférez dans sea, sex and sun ? Sex Votre actualité en ce moment ? Je vais reprendre mon spectacle Erik Satie - Mémoires d’un amnésique Le premier geste que vous faites le matin en vous réveillant ? J’ouvre les yeux La dernière fois que vous avez eu un fou rire ? Il y a très longtemps Qu’est-ce qu’une belle voix pour vous ? Une voix libre Votre moyen de locomotion ? À Toulouse les pieds, à Paris la voiture Votre déguisement préféré pour les soirées ? Derrière un poteau Vous êtes plutôt tarot, belote ou poker ? Poker Le film que vous ayez vu dernièrement ? Le loup de Wall Street 30 jours sur une île déserte, ce qui va le plus vous manquer ? Rien du tout Vous vous transformez en homme pendant 30 jours, votre première action ? Je peux pas le dire c’est obscène ! On vous propose de revivre pendant 30 secondes un moment de votre vie, lequel choisissez-vous ? Ma naissance Do you believe in love ? More and less C’est quoi être amoureux ? Avoir les hormones en folie Le prénom de votre premier grand amour ? Jamil La dernière fois que vous vous êtes pris la tête avec votre amour, dites-moi, quel était le sujet de discorde ? Joker Ce que vous regardez en premier chez un homme ? Son corps Ce que vous regardez en premier chez une femme ? Pareil Le meilleur endroit pour faire l’amour ? Le lit de ma chambre d’ami en Grèce Enfant vous rêviez d’être ? Danseuse Votre fruit préféré ? La pêche Ce que vous prenez au petit déjeuner ? Du thé et des toasts On vous propose de réaliser votre festin, comment vous le concevez ? Champagne, caviar et pomme de terre 34

Votre cantine à Toulouse ? Le Pérolière C’est quoi un bon plat cuisiné ? Le bœuf aux carottes La dernière fois que vous avez prié ? Le 16 Août devant la mer Qui est le/la plus fort(e) de tous les dieux/déesses ? La question est fausse, il n’y a pas de hiérarchie chez les dieux Pouvez-vous nous dresser le portrait d’un visiteur de musée d’art contemporain ? Regardez les photos de Martin Parr Un lycée vous contacte pour enseigner les arts plastiques, ce que vous voudriez transmettre aux élèves ? Le travail Deux dates importantes dans votre vie ? Le 01 Janvier 2008, début de mon contrat au TNT et le 16 Mai 2012 la mort de ma mère Une bonne raison de continuer à voyager ? S’en aller, enfin ! C’est quoi une bonne exposition ? Un bon accrochage Ce que vous aimez dans le monde de l’art ? L’architecture Le premier artiste avec qui vous avez travaillé ? Laurent Pelly avec qui je codirige le TNT Une photo de guerre que vous gardez en tête ? Celle de Tian Anmen Le numéro de téléphone que vous connaissez par cœur ? Presque tous, j’ai une bonne mémoire (a+b)2 = Je ne me rappelle plus Le sport que vous pratiquez pour garder la forme ? Le yoga Le meilleur film des studios Disney ? Fantasia, j’aime beaucoup l’apprenti sorcier Quelles paroles d’une chanson que vous connaissez par cœur ? Je passe pour une caravane, pour un chien qui n’en démord pas » Bashung Bob Marley disait «Emancipate yourselves from mental slavery», que faites-vous au quotidien pour vous libérez de l’esclavage mental ? De la même manière que Bob Marley Quelle émission de radio écoutez-vous ? La matinale de France Musique Le tissu que vous aimez porter ? Le cachemire Tout est bon dans le cochon, quelle partie vous aimez cuisiner ? Le rôti de porc


Jérôme Chef du restaurant Chez Navarre, ancien membre du collectif Odessa Sexe : Masculin Né : Le 23 Mai à Toulouse vers 19h ; l’heure de l’apéro Son signe chinois : Chien ou Singe, à vérifier Un de ses vices : Il avoue, qu’il a un petit côté luxueux Sa devise de tous les jours : Tout est bon dans le cochon ! Son état d’esprit actuel : Excité par de nouveaux projets Ce qui l’interpelle dans l’art contemporain : La photo, il trouve un côté brut qu’il aime beaucoup Comment se sont déroulées vos vacances ? Assez studieuses, j’ai beaucoup travaillé Quelle partie vous préférez dans sea, sex and sun ? Sex Votre actualité en ce moment ? Le boulot Le premier geste que vous faites le matin en vous réveillant ? Je mets mes lunettes La dernière fois que vous avez eu un fou rire ? La dernière fois que j’ai fumé de l’herbe, mais ça remonte à très longtemps Qu’est-ce qu’une belle voix pour vous ? Une voix de fumeur, un peu rock Votre moyen de locomotion ? Mes pieds Votre déguisement préféré pour les soirées ? En femme Vous êtes plutôt tarot, belote ou poker ? Tarot Le film que vous avez vu dernièrement ? «Opération CasseNoisette» que j’ai vu avec ma fille ; j’ai bien dormi 30 jours sur une île déserte, ce qui va le plus vous manquer ? Une bière fraîche Vous vous transformez en femme pendant 30 jours, votre première action ? Je me refais une garde de robe On vous propose de revivre pendant 30 secondes un moment de votre vie, lequel choisissez-vous ? Ma première éjaculation Do you believe in love ? Oui C’est quoi être amoureux ? L’addiction Le prénom de votre premier grand amour ? Caroline La dernière fois que vous vous êtes pris la tête avec votre amour, dites-moi, quel était le sujet de discorde ? Mes lunettes, je les mets trop rapidement le matin Ce que vous regardez en premier chez une femme ? Ses yeux Ce que vous regardez en premier chez un homme ? Sa femme Le meilleur endroit pour faire l’amour ? La Terre Enfant vous rêviez d’être ? Fils de boucher et de médecin, petit je voulais combiner les deux métiers ; je rêvais d’être chirurgien Votre fruit préféré ? Une poire bien fraîche On vous propose de réaliser votre festin, comment vous le concevez ? Je rêve de partir à la chasse et de cuisiner après un bon repas Votre cantine à Toulouse ? Le temps des vendanges

C’est quoi un bon plat cuisiné ? Un plat qui laisse des souvenirs La dernière fois que vous avez prié ? J’ai pas de souvenir Qui est le/la plus fort(e) de tous les dieux/déesses ? Vénus Pouvez-vous nous dresser le portrait d’un visiteur de musée d’art contemporain ? Une femme entre 20-30 ans, assez mignonne portant des lunettes branchées Un lycée vous contacte pour enseigner les arts plastiques, ce que vous voudriez transmettre aux élèves ? La recherche de la simplicité Deux dates importantes dans votre vie ? Le jour où j’ai décidé d’arrêter la photo pour ouvrir mon restaurant. L’autre date reste à suivre... Une bonne raison de continuer à voyager ? La bouffe C’est quoi une bonne exposition ? C’est comme un bon repas, avec plein de choses dedans qui sont nécessaires, le lieu, la lumière... C’est pas seulement l’œuvre qui compte Ce que vous aimez dans le monde de l’art ? La folie Le premier artiste avec qui vous avez travaillé ? Ruven Afanador que j’ai assisté sur un reportage photo sur les matadors en Espagne Une photo de guerre que vous gardez en tête ? La première qui me vient à l’esprit, c’est celle de Robert Capa Mort d’un Soldat républicain Le numéro de téléphone que vous connaissez par cœur ? Celui de mon restaurant (a+b)2 = Un vieux souvenir ! Le sport que vous pratiquez pour garder la forme ? L’apéro Le meilleur film des studio Disney ? Je les ai quasiment tous vu avec ma fille, mais on va garder Bambi. (Attention spolier) Quand la mère meurt, c’est horrible pour un enfant ! Quelles paroles d’une chanson que vous connaissez par cœur ? « On m’a vu dans le Vercors, sauter à l’élastique, voleur d’amphores, au fond des criques, j’ai fait la cour a des murènes, j’ai fait l’amour, j’ai fait le mort, t’étais pas née...» d’Alain Bashung Bob Marley disait «Emancipate yourselves from mental slavery», que faites-vous au quotidien pour vous libérez de l’esclavage mental ? L’apéro Quelle émission de radio écoutez-vous ? Là-bas si j’y suis de Daniel Mermet Le tissu que vous aimez porter ? Mon bleu de travail Tout est bon dans le cochon, quelle partie vous aimez cuisiner ? L’oreille

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La mue

Risibles amours

Ça vient du bide. Ça vient du sang. Ça vient du sexe. Des muqueuses. Du creux du plein. Une femelle. Ça vient de l’eau, ça vient de la source, de la terre, de celle qui reste derrière les ongles, de celle dans laquelle on se roule, épuisées, vidées, régénérées, femelles de tous temps, femelles de tous âges, femelles sauvages. Ça vient du feu, du sang qui chauffe, des organes qui rougeoient, de la braise à l’intérieur de nos ventres révélés. Ça devient air, bulles de joie, évanouissement, n’être plus soi, disparaître, devenir atmosphère. Ça devient eau, corps entier qui coule dans une ronde sans fin. Je suis une Femelle. Reliée à vous toutes. Dans une danse magnifique et triomphante. Les pieds dans la terre,les chairs en feu, l’âme dans le ciel, le sexe fondant. Et toi, mon Mâle, je danse grâce à toi. Alors. Les fils se tissent. Nos chairs se nouent. Nos veines se cousent. Nos langues se soudent. L’un dans l’autre. L’autre dans l’un. Le reste. Du détail. Un homme. Une femme. Une femelle. Un mâle. En nous, la mémoire de tous les amours sauvages. Je t’appartiens

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Toujours sur la route. De moi à moi. De moi à lui. De lui à moi. J’apprends à vivre près d’un homme. Un grand frère. Un père. Une femme. Un enfant. Se lève en moi un vent que je connais déjà. Que j’espérais ne plus voir souffler et me faire tanguer. Ce vent d’une femme amoureuse, ce vent destiné à se protéger, à posséder, qui se fait envahissant, injuste, cruel, inutile. Je le chasse. Je veux le chasser. Mais il me poursuit et revient par vagues. Moi qui croyais l’avoir semé... Mon ancienne peau encore. Toujours là, vengeresse, je te l’avais dit, tu vois, tu n’y arrives pas. Condamnée à dominer, condamnée à manipuler, réduire la liberté, régner par confiscation du cercle de Lui. A te dessécher. Semer la Femme sauvage. Oui, tu as rêvé. Ta gueule. Je le redis, ta gueule. Tu es de plus en plus loin. Déjà, la vie plus belle tout le temps. Déjà, des envies plein le corps et le cœur. Donc. Donc. Donc.

Et puis un jour il manque le cœur Le cul A moins que ce soit l’esprit On ne sait plus pourquoi Ni comment Mais le ciel prend des couleurs d’orage C’est beau électrique subtil Et menaçant Alors on hésite Se mettre tout de suite à l’abri et préserver notre ballade de la moindre pluie ? Rester encore un peu dehors et admirer les couleurs qui se modifient ? Ou bien risquer la foudre mais tenir fièrement la main de l’Ami ? Moi j’ai peur de l’orage Pour ce qu’il risque de blanchir et de détruire Le fil tenu entre nos veines Les coutures de nos peaux Alors je veux avoir le courage De regarder le ciel De m’inonder de quelques ondées Mais de rentrer chez moi avant d’être trempée Parce que finalement le plus beau C’est de garder bien au chaud Palpitant pour le reste de la route Le patchwork flamboyant de tous nos amours sauvages

Malgré ces bras tout près tout prêts vouloir en faire un refuge un endroit de non soi mais le non soi est un sur soi parfois dans ce cas sursaute ne te laisse pas absorber reste toi reste entier non pas entier mais reste seul au plus profond de ton centre malgré le bide qui brûle malgré la bouche qui appelle malgré la soif apprends à l’étancher à d’autres sources mais surtout à l intérieur de toi. Cherche ces bras parfois cœur ouvert pulsant doucement tu as le droit de soin de toi. Mais d abord toi serre toi berce toi tu t’appartiens personne d’autre à part toi.

Dans une nuit bleue pétrôle Sur fond de rock’n roll Avec Marilou je me suis caressée et suivant les conseils d’un maître avisé viens de me résorber comme jamais encore seule

Capucine Moreau Illustration : Nadia VonFoutre, Les pintades. Extrait du fanzine Becky Kill! Kill! (2012)

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Natacha Mercier

The power. 118 x 146 cm - 2013. Acrylique sur capot de Peugeot 405. Coproduction Magp - Maisons Daura et les Abattoirs, Frac Midi-PyrĂŠnĂŠes, Toulouse.

Spririted horse. 121 x 130 cm - 2014. Peinture auto (vernis mat) sur capot de Ford Mustang. Coproduction Xavier Ronse.

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Libera nos a malo. 125 x 150 cm - 2013. Acrylique sur capot de Renault 21. Coproduction Magp - Maisons Daura et les Abattoirs, Frac Midi-PyrĂŠnĂŠes, Toulouse.

Still life. 129 x 133 cm - 2014. Peinture auto (vernis mat) sur capot de Porsche 997. Coproduction Xavier Ronse.

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floating pieceS

saison 2014-2015

Golnaz Behrouznia

art contemporain design graphique

2-1035450, 3-1035525 / © Golnaz Behrouznia

le Bel Ordinaire est ouvert !

du mer. au sam. de 15h à 19h (sauf jours fériés)

29 nov. 2014 > 11 h Vernissage

29 nov. 2014 > 24 jan. 2015

aux Abattoirs

exposition

Pau-Pyrénées à Billère

+ d’infos : 05 59 72 25 85

belordinaire.agglo-pau.fr

2014 > 2015

Salle d’Exposition et Bibliothèque Municipale Contact pour médiations au 05 81 33 02 35 Saison culturelle complète sur www.mairie-grenade.fr http://www.golnazbehrouznia.com

ulturelles sc ire

de

Saison culturelle

Aff a

Exposition de livres d’artistes à la Bibliothèque Municipale durant l’exposition.

Gre

na


Benjamin-Constant au musée des Augustins

It boy de la troisième république, Jean-Joseph Benjamin-Constant, a.k.a. Benjamin-Constant, peintre orientaliste flamboyant à la carrière internationale, ancien élève des Beaux-arts de Toulouse, fait l’objet d’une grande rétrospective au musée des Augustins grâce à la collaboration FRAME (French Regional American Museum Exchange), système d’échange favorisant la libre circulation d’œuvres entre divers pays. Odalisques alanguies aux seins dévoilés dans l’intime d’un harem prohibé aux hommes, peinture d’histoire guerrière animée par des Maures rageurs aux sabres menaçant, couleurs éclatantes, l’Orient s’offre à nous dans sa chaude splendeur, magnifiée par la vision mythique d’un ailleurs si populaire à l’époque que nombre d’artistes imaginèrent le monde arabe sans même y avoir mis les pieds. Le carriériste Benjamin-Constant, lui, passera 18 mois à Tanger la belle, marqué au fer rouge par cette explosion de couleurs, de sensations et de personnages « au drapé superbe », turbans et haïk aux plis torturés immortalisés dans ses tableaux, œuvres aux dimensions souvent énormes. Portraits du pape, décors dantesques pour mairies, il sut également jouer de ses relations pour décrocher des contrats avantageux et vivre aisément. Passé à la trappe après l’explosion impressionniste, il fut rayé des beautiful people, car représentant la vieille garde. Son œuvre remarquable offre pourtant une belle maîtrise de la couleur et une audace picturale ayant laissée parfois ses contemporains quelque peu dubitatifs. Une orthodoxie donc pas si claire, et à redécouvrir en ce moment aux Augustins, qui s’associe pour l’occasion au musée des Beaux-arts de Montréal. DM Benjamin-Constant, Merveilles et mirages de l’orientalisme. Jusqu’au 4 janvier 2015

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Centre d’art Le Lait www.centredartlelait.com

Festival BD Colomiers www.bdcolomiers.com

Jennifer Westjohn www.jenniferwestjohn.com

TNT http://www.tnt-cite.com Chez Navarre 49 Grande rue Nazareth, 31000 Toulouse

Carine Klonowski carineklonowski.tumblr.com La disparition des lucioles www.collectionlambert.fr/ Tradition Moderne www.traditionmoderne.com

Capucine Moreau capucine_moreau@hotmail.com Nadia VonFoutre www.lesbrigadesdufoutre.net Natacha Mercier

www.natacha-mercier.com

TA : Association loi 1901 32, rue des Jumeaux 31200 Toulouse

www.revue-multiprise.com


ltip ris

e

EXPOSITION COLLECTIVE à l’Instituto Cervantes

Mu

Dans le cadre du Festival Graphéine

>> DU 5 NOV. AU 12 DÉC. L’exposition est composée de dessins et de textes qui sont le regard et la voix des enfants, protagonistes des œuvres de l’evrivain Miguel Delibes

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>> VERNISSAGE : MARDI 4 NOV. - 18h30

Instituto Cervantes 31 rue des Chalets 05 61 62 48 64

20 14

www.toulouse.cervantes.es


T. 05 34 45 05 05

www.tnt-cite.com


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