Multiprise #27

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Courants artistiques en Midi-Pyrénées

27 - Septembre 2013 - Gratuit



C’est la rentrée !

27 Directeur de publication Svann Rédacteur en chef Didier Marinesque Rédacteurs intervenants Ramon Tio Bellido, Gwendoline Sauzeau, Stéphanie Sagot, Ruedi Baur, Julie Biesuz, Gabriel Delon, Manuel Pomar Graphiste Thomas Deudé Communication Mélissa Kieny contact@revue-multiprise.com www.revue-multiprise.com Remerciements Marie Angelé, Thierry Talard, Paul de Sorbier, Jean Marc Lacabe, Brooxs, Karim et tout le team Electro Alternativ, le collectif IPN, Guachafita, Pwik Masta

La revue Multiprise est soutenue par

Après une certaine torpeur estivale, le mois de septembre – sans son Printemps festivalier muté Fiat – ne démarre pas moins sur les chapeaux de roues ; désormais Toulouse affiche son « Mois de l’image », la saison culturelle 2013/2014 est en pôle-position, les manifestations fleurissent, les projets se lancent, Go, Go, Go ! “Fast cars I hate fast cars They're so depressing Going 'round and 'round Ooh, they make me dizzy Oh, fast cars, they run me down” L’hymne des trépidants Buzzcocks sera-t-il de mise ? À vous de juger ! Charlotte de Sédouy apporte peut-être une réponse plastique dans ce numéro, et quoi qu’il en soit, Multiprise participe au maelström automnal, laisse toujours la parole aux artistes, s’évade à la Villa Arson de Nice, retourne vers l’été photographique de Lectoure, à Montauban où les murs ont des caractères faits de signes, codes, symboles et messages multicolores, permet de réfléchir sur le statut des FRACs qui célèbrent leur trentième anniversaire, ou va musarder du coté de Nègrepelisse, avec le projet Civic City. La revue parle également de genre et de mode, par l’intermédiaire d’un hybride transgenre créé pour l’occasion, entre nos très proches voisins IPN et l’association PDF. Ces initiales se mélangent le temps d’une exposition intitulée Sur DéMesure, proposée par des étudiants et de jeunes diplômés, issus des Beaux-arts pour la plupart. Bonne route ! La rédaction

Partenaires

www.iecevents.eu

radio-fmr.net

I.S.S.N. : 1778-9451 Toute reproduction du titre, des textes et des photos sans autorisation écrite est interdite. Les documents présents dans la revue ont été reproduits avec l’accord préalable du photographe ou de l’envoyeur. Photos non contractuelles. 3


Carli j n Vernissage le jeudi 17 octobre à 19 h Mens

Exposition du 18 octobrE au 14 décEmbrE 2013

Enmouvement

1 rue de l’Ancien Château – 31670 Labège ville / Renseignements : 05 62 24 86 55 – www.maison-salvan.fr La Maison Salvan est une structure de la Ville de Labège, soutenue par la Région Midi-Pyrénées. Elle est membre des réseaux PinkPong (www.pinkpong.fr) et LMAC (www.lmac-mp.fr). Visuel : Carlijn Mens, Flee Vlucht En Ren (détail), charcoal on paper, 52 x 69 cm. Graphisme : Yann Febvre.


En couverture : Charlotte de Sédouy As du volant, acrylique sur papier, 2013

Dossier 30 ans de FRACs 6 Les FRACs, origine, actualité et avenir

12 Commando LMAC

dans Les Pléiades !

14 Sur DéMesure La création sous toutes les coutures

18 La cuisine L’invitation faite à Civic city

21 Court-jus Charlotte de Sédouy

25 L'été photographique de

Lectoure, ou la photographie en marche

28 Murs de caractères 32 Sur un arbre perché 36 Amélie Marchandot 37 Branchement en série Jérémie Fischer

Civic City, prototype de signalétique, 2013. Situé dans le bois de Montrosies à Nègrepelisse, réalisé lors de leur résidence à La cuisine, centre d’art et de design.

40 Flash


Les FRACs, origine, actualité et avenir

Institut d’art contemporain, Villeurbanne/Rhône-Alpes Vue de l’exposition Transformations, Collection IAC – Institut d’art contemporain par Vincent Lamouroux 2013, Le Plateau – Hôtel de la Région Rhône-Alpes Anish Kapoor, Full, 1983 et Sigmar Polke, Les Olgas, 198 Photo : Blaise Adilon © ADAGP, Paris, 2013

L’année 2013 est l’occasion de célébrer le trentième anniversaire de la création des Fonds Régionaux d’Art Contemporain (FRACs), qui a donné lieu à de multiples manifestations durant l’été dernier, conduisant à une synthèse intitulée Les Pléiades, présentée aux Abattoirs de Toulouse cet automne.

Ces événements, leurs annonces, leurs couvertures médiatiques, ont essentiellement insisté sur les particularismes de ces institutions, en soulignant primordialement leur appartenance à une sorte de spécificité française, attentive à la mise en place – et en œuvre - d’outils de démocratisation de l’art vis-à-vis d’un public le plus large possible, donc a priori le moins « connaisseur » de l’art contemporain, de ses subtilités et de ses qualités. Les mêmes documents, largement distribués, relatent les informations transmises par des directives vaguement officielles, qui rappellent à juste titre les décisions initiales de « désenclaver » la main mise décisionnaire de Paris et de l’Ile-de-France pour tout ce qui concernait l’art et sa promotion pendant de longues décennies, et, partant, la logique d’instaurer de tels outils à l’heure

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du changement administratif radical qu’a constitué la réforme entreprise par le premier gouvernement socialiste présidé par François Mitterrand en 1981, avec la création des Régions sur le territoire hexagonal. Le discours « général » qui émane de ce bilan s’apparente à une sorte d’autosatisfaction, qui se félicite de voir ainsi exister des institutions détentrices de collections notables et capables de procéder à des politiques événementielles fortement distribuées dans leur rayonnement local et régional. Soit. Paradoxalement, on ne peut contredire une telle lecture « globale » des faits, et on ne peut qu’enregistrer la présence manifeste d’institutions ainsi labellisées sur le territoire français. Mais, a contrario, l’occasion donnée par cette célébration volontariste, à l’heure où un tel anniversaire approche celui de « l’âge du Christ », offre la possibilité de livrer un bilan et de formuler des projets. Bien que l’histoire des FRACs soit récente, comme l’est en parallèle celle des Centres d’art, elle a quand même connu pas mal de péripéties et d’amendements pour qu’on n’oblitère pas volontairement ses origines et qu’on ne prenne pas en compte les mutations et les changements qui l’ont conduit à la situation apparemment consensuelle qui semble prédominer aujourd’hui. Comme j’ai la manie de rendre justice à qui de droit je me plais à rappeler que tout en étant attribuée à Jack Lang, l’invention des FRAC –et d’autres réformes significatives dans le domaine des politiques culturelles en France-, est due à la Commission Troche et principalement à son directeur susnommé, le critique d’art Michel Troche. Les intentions de départ peuvent sembler aujourd’hui aussi ringardes qu’utopiques, puisqu’il s’agissait avant tout de mettre en place des « fonds » d’œuvres facilement transportables, dont les objectifs étaient avant tout de pouvoir être montrées dans toutes sortes d’institutions disparates, allant des écoles, collèges et lycées, hôpitaux et mairies, en passant par les prisons, les gares ou tout autre lieu « public » où ce type « d’accrochage » était pour le moins inhabituel. Calqués en quelque sorte sur la matrice nationale du FNAC, qui avait peutêtre des intentions plus « nobles » puisqu’il se devait d’inonder les ministères et autres ambassades, ces modules « régionalisés » se voyaient confiés à des organismes aux statuts relativement indéfinis. Une de leurs principales consignes consistait à prêter une attention soutenue aux artistes « régionaux », ce qui, soit dit en passant, était déjà une gageure lorsque l’on voit comment on été construites les régions françaises, dans un bric et de

broc qui s’est contenté de scotcher des quantités variables mais souvent improbables de départements, eux-mêmes tracés à coups de hache administrativement absurdes lorsqu’il s’est agi de tronçonner jusqu’à l’os les territoires de feu le royaume de France. (Ce n’est pas là juste une remarque à la légère, je crois qu’elle explique en partie l’illogisme de la répartition de telles institutions aujourd’hui). En quelque sorte, dans l’esprit de Michel Troche, mais sans que cela soit formulable ainsi alors, il s’agissait d’instaurer des instruments proches de ce que sont aujourd’hui les artothèques, mais dans un esprit de distribution et de « prêt » uniquement public. Une telle intention s’est très vite avérée impraticable, pour diverses raisons. En premier lieu, et comme cela a été le cas pour toutes les réformes mises en œuvre à ce moment là, la situation artistique française a radicalement changé, submergée, tant dans ses –mauvaises - habitudes que dans ses prévisions, par le phénomène du postmoderne, qui, tout au moins à ses débuts, a semblé « démocratiser » la création et le rapport du public à l’art.Les corrections formulées par l’équipe Troche reposaient sur une base contextuelle plutôt « élitiste », confirmée par le peu de musées ou d’espaces où s’exposait l’art moderne et actuel, majoritairement parisienne, et qui voyait encore en cette fin de décennie soixante dix des querelles un brin surannées entre Support Surfaces et les Figurations critiques, agrémentées de quelques marginalités pseudo conceptuelles pas vraiment ragoutantes en grande majorité. Bizarrement, le retour massif au « tableau », la circulation assez rapide de la Transavanguarde italienne, du Nouvel expressionnisme allemand, de la sculpture anglaise et surtout de l’hégémonie hétéroclite de l’art américain, ont non seulement ravivé des curiosités qui se morfondaient hexagonalement, mais ont accéléré une marchandisation économiquement acceptable pour de nouveaux acteurs institutionnels tels que le sont très vite devenus de nombreux FRACs. Au-delà de leur indéfinition cahoteuse initiale, et face à une telle mutation, les dés initiatiques des FRACs semblaient jetés. Il aura suffit de quelques années pour que se dessine et se concrétise ce qui semble aujourd’hui « aller de soi », c’est-à-dire, globalement, la mise en place d’un appareil presque systématiquement régi par la fameuse loi de 1901 et la création d’associations autonomes ; la direction de celles-ci par un(e) directeur(trice) aux pouvoirs décisionnaires assez larges mais « contrôlé » par un CA où figurent a minima des représentants élus de la Région et du Ministère de la culture via les DRACs ; la présence d’un Comité d’achats (acquisitions, technique, les appellations sont variables), qui épaule les propositions faites par la direction, suggère via 7


ses membres certaines d’entre elles et se prononce sur les requêtes individuelles d’artistes souvent locaux ou encore peu connus ; la constitution d’une équipe enfin, avec secrétariat, régie, médiation et de plus en plus souvent pour des raisons explicites, d’une gestion des collections qui ne s’autorise pas vraiment à se qualifier de « conservation » mais qui se rapproche fort de ce type de profession. Autrement dit les premières mises en place des FRACs, assez désordonnées et sans but réellement bien définis, ont été progressivement remplacées par des structures forcément modestes en leur débuts, mais qui affichaient de plus en plus leur volonté d’associer acquisitions et expositions sous le sceau d’une distinction ou tout au moins d’une différence nettement affichée par la personnalité de leur direction. Exit donc les expériences néo-rurales des petits trains sillonnant le Limousin avec des « wagons-expos » ; l’intransigeance des achats de gravures, sérigraphies et petits formats de l’Agence Culturelle d’Alsace, qui pouvait ainsi mieux les distribuer dans les hôpitaux ou les centres pénitentiaires ; les transhumances d’abbayes en châteaux, puis d’écuries en usines désaffectées, d’anciennes écoles en caves et garages que beaucoup de ces FRACs auront du occuper plus ou moins provisoirement. Exit également, de façon plus ou moins explicite, des priorités d’acquisitions locales, en cherchant à acquérir des œuvres de plus en plus semblables mais indispensables pour une crédibilité du discernement d’une actualité internationale prépondérante. Et, partant, priorité chaque jour plus manifeste à l’organisation d’expositions ou de manifestations souvent « extérieures » aux acquisitions elles-

FRAC Languedoc-Roussillon Vue d’exposition Ulysse Pirate, FRAC Languedoc-Roussillon, 2013 Paul McCarthy, Spaghetti Man, 1993, collection FRAC Languedoc-Roussillon, Daniel Firman, Gathering, 2000, collection FRAC Bourgogne Eric Duyckaerts et Jean Pierre Khazem, The Dummy’s Lesson-Next Appointement, 2000, collection FRAC Languedoc-Roussillon © Olivier Metzger – FRAC Languedoc-Roussillon 8

mêmes, mais révélatrices de la singularité des dirigeants de ces institutions, comme de l’urgence à instaurer des programmations fortement impliquées dans la promotion de l’art contemporain dans des contextes géographiques passablement défaillants à ce niveau. Une telle « révolution » était certainement bienvenue et indispensable, et elle a bénéficié de l’aide enthousiaste de la DAP pendant une bonne décennie, avant que celle-ci ne se désengage progressivement pour refiler le bébé de la gestion aux régions elles-mêmes, à qui elle semblait incomber de droit. C’est sans doute là, dans ce basculement progressif, que les problèmes générés par les FRACs ont commencé à se poser et que la réalité même de leur constitution a fait surgir des questions peu ou mal posées lors de leur instauration. Il devenait ainsi manifeste que l’essence des œuvres acquises s’apparentait de plus en plus à des « collections » qu’à des « fonds », eu égard aux valeurs patrimoniales que représentaient la plupart des œuvres collectées comme à leur système de sélection plus « professionnel » que celui que représente l’amas plutôt hétérogène et souvent économiquement bienveillant de ce que reste malgré tout le FNAC par exemple. Il devenait également plus patent que la distance entre la politique promotionnelle des centres d’art et de certains musées et dorénavant celle de nombreux FRACs était de plus en plus ténue, voire identique. Je me souviens, avec un attendrissement non feint, de l’une de mes dernières rencontres avec Michel Troche dans son bureau à la DAP où j’avais été l’entretenir de mes péripéties de représentant mandaté par l’Etat français en terre Corse pour discuter avec les élus locaux des rénovations prochaines de la citadelle de Corte pour accueillir le FRAC de cette région. Il m’avait écouté lui relater mes aventures iliennes tragi-comiques avec la malignité et l’intelligence pétulante qui était la sienne, puis était tout à coup devenu très sérieux, avec un air sombre et un brin désemparé et m’avait asséné cette phrase terrible : « Ramon, mais quel monstre avons nous généré ? » . Je n’ai bien sur pas trop su quoi lui répondre, mais je savais parfaitement par contre qu’il pointait du doigt les problèmes inhérents à l’évolution et à la progression que connaissaient les FRACs. En premier lieu, tout simplement, celui de leurs statuts. Peu ou prou avoués, les marges de manœuvre de beaucoup d’entre eux étaient inadéquates sinon incompatibles eu égard à certains atermoiements régionaux, et des solutions de « survie » s’imposaient. C’est, d’une certaine manière, ce qu’ont réussi le FRAC Rhône-Alpes et Midi-Pyrénées en se fusionnant là, avec


FRAC Languedoc-Roussillon Vue d’exposition Ulysse Pirate, FRAC Languedoc-Roussillon, 2013 Sophie Dejode et Bertrand Lacombe, Michelle, 2011 et La chatte, 2012, Collection FRAC Languedoc-Roussillon

© Olivier Metzger – FRAC Languedoc-Roussillon

l’Institut d’Art Contemporain que dirigeait de main de maître Jean Louis Maubant à Villeurbanne, ici avec l’absorption d’une collection d’œuvres modernes et contemporaines du futur Musée d’art moderne de Toulouse très limitée et celle d’un FRAC très illisible, réunis à bon escient et grâce à l’entregent d’Alain Mousseigne dans le projet des Abattoirs. C’est également dans l’affirmation de leur « présence » architecturale hautement identifiée, ce à quoi sont parvenus le FRAC Bretagne avec son nouveau bâtiment conçu par Odile Decq et celui de Lorraine avec la restauration de l’édifice civil des Trinitaires par exemple, et, très prochainement, les FRAC PACA, Centre, Aquitaine, Nord Pas de Calais, qui devraient acquérir des « signalétiques urbaines et architecturales fortes » comme l’annoncent leurs programmes respectifs. Ces symbioses administratives, ces bâtiments hautement personnalisés, permettent tout à la fois la conjugaison d’une bonne gestion de la collection dans des réserves adéquates et la programmation d’événements in situ ou dans d’autres lieux en régions techniquement plus aisées.

Ce n’est pas le cas, loin s’en faut, pour bien d’autres, qui doivent conjuguer une activité « réduite » tant par les espaces assez exigus dont ils disposent que la gestion un peu à tir tendu d’une collection emmagasinée à l’emporte pièce dans des locaux distants sinon lointains et aux conditions de conservation relatives. (Je pense ici au FRAC Limousin, dont j’ai toujours été un supporter affiché, la faute à son ancien directeur et ami Frédéric Paul, comme à son actuel responsable Yannick Miloux qui a une vision suffisamment singulière de l’art pour qu’elle suscite notre curiosité constante ; mais aussi à cette chose qui frise le non sens et le non lieu et où a été consigné le FRAC Pays de la Loire, malgré les efforts et les compétences de sa directrice Laurence Gateau, qui a un peu de mal à attirer le chaland dans le no man’s land où elle doit exercer). La deuxième analyse porte, logiquement, sur la question de leurs activités. Comme je l’ai déjà esquissé ci-dessus, ce n’est qu’un secret de Polichinelle de constater que nombre de FRACs s’apparentent plutôt à de pseudo centres d’art plutôt qu’à de pseudo musées, ou, dit d’une manière plus cruelle, qu’ils s’épuisent passablement à devoir jouer entre ce lard et ce cochon. Manque de moyens ? Manque de définition plus concrète de leurs 9


Institut d’art contemporain, Villeurbanne/Rhône-Alpes Vue de l’exposition 1966-79, Institut d’art contemporain, Villeurbanne/Rhône-Alpes, 2013 Ulla von Brandenburg, Wagon Wheel, Bear Paw-Drunkard’s Path-Flying Geese-Log Cabin-Monkey Wrench-Tubling Blocks, 2009 © Blaise Adilon

missions ? Manque de personnel plus qualifié pour conjuguer ces deux options de façon rentable ? Certainement un peu de tout cela, qui se voit davantage exacerbé par le désengagement constant des subventions publiques et l’illusoire illusion de pouvoir s’appuyer sur quelques mécènes « régionaux » ; et plus encore par l’indifférence d’un public ou d’un réseau de médias qui ne jurent que par les méga événements spectaculaires qui sont pléthore aujourd’hui et conformes au mercantilisme pseudo culturel qui les estampille à peu de frais, et vis-à-vis desquels les prouesses comptables de ce type d’institutions ont du mal à parvenir à être crédible en termes de rentabilité politicienne. Ne nous y leurrons pas, la célébration de ces trente ans d’existence des FRACs est bienvenue, pour autant qu’elle ne soit pas l’arbre paradisiaque qui cache la forêt des illusions. En purs termes de « politique culturelle » - et non de « critique d’art », ce à quoi le présent article ne prétend s’adonner nullement ! -, il y a sans aucun doute des « réformes » à exposer, à discuter et partant à 10

mettre en œuvre. L’ambiguïté « fonds/collections » est l’une des toutes premières, qui vient interpeller profondément le statut des œuvres ainsi collectées. Souvent ingérables, parfois aussi inadéquates que n’importe quel OVNI tombé là par le plus grand des hasards, leur amoncellement gagnerait à un époussetage efficace. Autrement dit leur redistribution marchande. Puisque propriétés d’associations « Loi 1901 » ces objets ne sont frappés d’aucun statut d’inaliénabilité. Sans trop tirer de plans sur la comète de revenus substantiels, cette solution paraît cependant raisonnable et adéquate pour beaucoup de FRACs, qui ne peuvent de surcroît viser à des changements effectifs de leurs actuelles disponibilités topographiques avant quelques lustres utopiques. L’éventuelle bi-direction de ces institutions devrait également être à l’ordre du jour si l’option « collection » est conservée (mal) en l’état ou appelée à augmenter ; beaucoup de mes ami(e)s directeurs/trices ne cachent pas que leur intérêt principal est dans le commissariat d’expositions et que l’insertion réitérative d’œuvres de la collection dans leur programmation est un pied


sur lequel ils/elles se demandent comment danser. Enfin, mais ce n’est pas une conclusion sinon plutôt un constat, il serait peutêtre indispensable de se poser franchement la question de la présence volontariste d’un FRAC à tout prix par région, tant parce que dans certains cas cela peut faire doublon avec des institutions plus assises (quelle que soit l’appréciation qu’on lui porte, je cite là expressément le cas de l’exemple dijonnais, sans autre commentaire), ou parce que parfois leur artificialité est tellement patente qu’elle en devient risible (je pense là, très rapidement, aux raisons inavouables qui ont permis de commettre deux Normandie ou l’imbroglio en dentelles d’une Picardie/Nord - Pas de Calais/Champagne-Ardenne, ou, a contrario, la nébuleuse démesurée et ingérable d’un PACA ou d’un Midi-Pyrénées, l’étroitesse dubitative d’un Limousin, l’indéfectible topographie d’une région Centre, l’évitement d’une guéguerre Bretagne/ Pays de la Loire, et j’en passe, mais qui ne sont pas sans faire se lever maints sourcils interrogatifs sur le virus très franchouillard

consistant à nier systématiquement toute spécificité « régionale » depuis que l’autoritarisme centralisateur de nos républiques successives a remodelé le paysage hexagonal pour neutraliser toute velléité d’autonomie, sic…) L’heure est sans conteste à la célébration, c’est sur, mais elle devrait être aussi à l’introspection et à la mise en œuvre de changements ou de réformes que la création, somme toute récente, de tels instruments a généré. C’est en quelque sorte tout le mal que l’on peut souhaiter pour que le désir initial et indispensable de désenclavement et d’enrichissement d’outils voués à une distribution volontairement « démocratique » de la création artistique soit bien sur maintenu, mais réellement revu et corrigé !!

© Ramon Tio Bellido

FRAC des Pays de la Loire Vue de l'exposition En suspension…, FRAC des Pays de la Loire, 2013 Photo : Marc Domage © Droits réservés

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Commando LMAC dans Les Pléiades !

Le Laboratoire des Médiations en Art Contemporain de MidiPyrénées, en collaboration avec des chargés des publics de différents FRACs, invente de petites médiations libres et autonomes pour l’exposition Les Pléiades. Il invite le public dans les salles du musée à venir expérimenter des manières différentes de voir et de s'approprier les œuvres et leurs expositions. Rendez-vous dans les salles du musée le 12 décembre avec le groupe Commando du LMAC dans le cadre des Jeudis des Abattoirs1 qui proposent à l’auditorium, un live du groupe Kafka sur le film L'architecte (28') de l’artiste Marc Bauer. Le LMAC-MP ? Un réseau de professionnels, réuni depuis 2002 autour de formations, d’expérimentations, d’échange et de débats, et rassemblant une trentaine de personnes issus de centres d’art, musées, associations ou services culturels de collectivités locales 12

de la région Midi-Pyrénées. Ce laboratoire a pour origine une formation continue pour les médiateurs en art contemporain soutenu par la DRAC (Direction Régionale des Affaires Culturelles) et la région Midi-Pyrénées, mise en œuvre par le Centre d’Art et de Photographie de Lectoure. Des groupes de travail thématiques autonomes se sont constitués depuis fin 2006 et se réunissent à intervalles réguliers entre les deux sessions plénières annuelles. Ce qui n’était jusqu’alors qu’un simple réseau de professionnels réunis autour d’un objectif de formation est devenu un véritable laboratoire où chacun est acteur dans la production de réflexions sur la médiation en art contemporain, mais aussi dans la mise en place d’outils d’évaluation et de médiation. Le groupe de travail « Commando » ? Le groupe « Commando » du LMAC est né le 24 janvier 2013 dans l’avion de retour de rencontres professionnelles en Suisse. En effet, la découverte à Genève du collectif d’artistes médiateurs


KAFKA

© JL Fernandez

« Microsillons »2 a réveillé des aspirations qui trouvaient dans leur travail radical et inventif un juste porte-voix. À cette rencontre théorique et enrichissante, faisait écho le lendemain, une recherche pratique et enjouée de médiation expérimentale avec l’équipe du Bureau des Transmissions3 du Mamco (Musée d’Art Moderne et Contemporain). Altitude aidant, l’effervescence de ces rencontres, mixée à l’idée de fête et de non-anniversaire de l’art 4 ont ricoché sur les 30 ans des FRACs ! Arrivé à Blagnac le Groupe Commando (qui n’a pas depuis trouvé de nom moins guerrier) était prêt à l’action ! L’idée d’une médiation autonome, artistique, se pensant en tant qu’auteur avec son propre discours, trouve actuellement de nombreux échos sur la scène internationale par le biais de mouvements d’expérimentations mêlant art, commissariat et médiation. Résolument ancrés dans ces réflexions actuelles, nous voulons penser, imaginer et concevoir des processus et outils de médiations libres, innovants pour offrir au public une nouvelle rencontre avec les œuvres, complémentaires des médiations institutionnelles. Cette volonté implique des rencontres où la pluralité des discours est de mise. En découle que l’échec, le

dérapage ou l’accident sont acceptés comme faisant partie du jeu et considérés comme moteur de réflexion. Les FRACs, de part la circulation de leurs collections à travers des territoires insolites, ont souvent été porteurs de médiations innovantes et en recherche de nouveaux modes de relation aux publics et aux artistes. En cela l’événement Les Pléiades nous a semblé une parfaite aire de jeu. Simplement mais avec envie, nous proposons de travailler en amont, avec des médiateurs des FRACs présents à Toulouse, à la conception d’action de médiation que nous développerons pour les expérimenter ensuite avec un public complice. Rendez-vous le 12 décembre à 19h dans les salles du musée.

Les Jeudis aux Abattoirs : www.lesabattoirs.org/evenements Microsillons : www.microsillons.org 3 Bureau des transmissions : www.mamco.ch/public.html 4 le Mamco fête l’anniversaire de l’art instauré par Fillliou le 17 janvier, et le nonanniversaire les autres jours de l’année. 1 2

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Sur DéMesure La création sous toutes les coutures

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5 créateurs, 4 artistes, 3 soirées, 2 commissaires d'exposition... 1 lieu. à partir du 10 octobre, l'association Point de Fuite et le collectif IPN présentent Sur DéMesure. Une exposition proposée par des étudiants ou de jeunes diplômés, issus des Beaux-Arts pour la plupart. Et pour Sur DéMesure, ils se sont surpassés...

SUR MESURE [syr m(e)zyr] loc. - Ce qui est particulièrement bien adapté. Un vêtement sur mesure est un vêtement confectionné d'après les mesures prises sur la personne même. Une locution qui rappelle la mode, la haute couture, par opposition au prêt-à-porter. Le sur mesure représente l'exception, la rareté. L'association Point de Fuite (PDF) et le collectif d'artistes IPN ont décidé de prendre le contrepied de cette expression pour en créer une nouvelle : Sur DéMesure. Une façon de se dépasser. De « s'octroyer un espace de liberté, empreint de confusion et d'extravagance » comme l'explique les deux co-commissaires de l'exposition, Marine Semeria (PDF) et Alexandre Atenza (IPN). Une exposition qui mêle mode et art contemporain, avec le genre comme fil rouge. Le genre, ce mot entendu dans toutes les bouches, sur les ondes, sur nos écrans partout ces derniers mois. Un sujet d'actualité dont les créateurs de Sur DéMesure ont souhaité s'emparer. Pas pour l'imposer comme cahier des charges aux artistes. Non, plutôt pour apporter des clins d'œil à cette thématique au cœur de l'actualité. L'Allemagne sera le premier pays européen à reconnaître un troisième genre dès le 1er novembre. Côté français, on reste très frileux. Quelle polémique quand la théorie du genre est apparue dans les manuels scolaires de lycée. Sur DéMesure veut dépasser ces clivages, prendre de la hauteur. « Nous avons choisi certains artistes, car leur travail nous paraissait cohérent avec ce thème du genre, même si eux ne l'avaient pas nécessairement pensé à la base. D'autres vont créer autour du genre. L'objectif, ce n'est pas de faire une expo sur le genre, mais plutôt d'aborder cette thématique de plein de manières différentes », explique Marine Semeria, co-commissaire et présidente de PDF. Parmi les pièces de l'exposition, Twister de Stephen Marsden. Une des rares œuvres déjà exposée et créée avant les premiers pas de Sur DéMesure. Si Point de Fuite et IPN l'ont voulue, c'est qu'elle s'intègre parfaitement dans l'exposition. Stephen Marsden est parti de torses d'Action man, cet alter égo masculin de Barbie, dopé aux stéroïdes et ultra viril. Il les a agrandis et déformés : « Je n'aimais pas cette raideur dans leur corps », explique-t-il, « comme un enfant caractériel, je l'ai tordu pour le faire twister ». Résultat : deux bustes bodybuildés en mouvement, gracieux, presque aériens. « Je voulais les libérer des archétypes masculins »,

explique Stephen Marsden. Une intention totalement raccord avec le thème du genre. Mélange des genres Au final, Sur DéMesure, ce sont des sculptures, des peintures mais aussi des performances, des concerts et un défilé de mode : « La seule chose qui nous importe, c'est que les œuvres se complètent, tout en conservant une interdisciplinarité », raconte Alexandre Atenza, cocommissaire et responsable du collectif IPN. Mélanger les genres. Une exigence de PDF et d'IPN pour Sur DéMesure. Une évidence aussi. D'ailleurs les quatre artistes qui exposent – Vincent Betbèze, Stephen Marsden, Felix Bressieux et Benoît Pype – ont chacun leur univers. En plus des pièces exposées à l'espace IPN, différents événements viennent rythmer les trois semaines d'exposition. Et ça commence bien sûr par le vernissage et sa marche portée. Plus qu'un défilé, c'est une performance. L'objectif est de reprendre tous ce qui fait la mode et de jouer avec. « Depuis quelques décennies, la mode reprend les codes de l'art contemporain. On l'a vu avec Yves Saint Laurent et sa robe Mondrian dans les années 60. Aujourd'hui nous voulons jouer la contrepartie, et montrer que la porosité entre les deux milieux peut se faire dans l'autre sens », explique Alexandre Atenza. Les cinq créateurs de ce défilé un peu spécial sont tous issus de l'ISDAT, les Beaux-arts de Toulouse. Ils sont autant artistes que créateurs de mode. Arthur Avellano étudie le design graphique. C'est son premier défilé et pour l'occasion il a vu les choses en grand : il a tout créé, de l'impression textile au travail de la forme. Ses inspirations ? Le luxe décadent, Dubaï, la démesure et le latex ! Et il aime jouer avec les contradictions : « Les abayas, ces longues robes musulmanes qui cachent tout le corps, m'inspirent beaucoup. Sauf que j'ai choisi de les retravailler avec le latex. Ça donne des robes très moulantes. La peau reste couverte, comme pour l'original, mais on distingue clairement les formes ». A ses côtés le jour du vernissage : un duo composé de Loïc Unterreiner et de Quentin Schvartz, Fanny Joly et Marianna Ladreyt. Et Marine Semeria avertit, c'est bien une marche portée. Exit donc le traditionnel podium rectiligne et le va-et-vient régulier des mannequins. Les cinq créateurs vont créer quatre défilés, avec chacun sa propre scénographie, sa propre unité. Ce qui ressort aussi de Sur DéMesure, c'est cette espèce 15


Stephen Marsden, twister, 2003-2004, 2x(140x95x70cm)

d'émulsion artistique autour de l'exposition. Carte blanche, ou presque, pour tous. « Amusez-vous ! », lance Marine Séméria, sourire aux lèvres. « On n'aime pas dicter aux artistes ce qu'ils doivent faire. Alors oui, il y a un fil conducteur. Mais après, libre à chacun d'en donner une interprétation ». D'ailleurs, c'est un peu le ton général chez IPN comme chez PDF : « Même si on travaille énormément et que l'on prend cette exposition très au sérieux, on s'amuse aussi entre potes, c'est important », sourit Arthur Avellano, en pleine réunion pour l'organisation du défilé... Cet état d'esprit ajouté au fait que l'exposition s'installe dans un lieu fort fait de Sur DéMesure un projet en perpétuel mouvement. Que ce soit pour la scénographie, pour l'organisation ou pour les trois soirées organisées, c'est un travail d'équipe. Une sorte de Work in progress qui ne peut se monter qu'ensemble. Dans un même espace. 30, rue des jumeaux Point de fuite attache beaucoup d'importance au lieu . D'ailleurs l'une des exigences de PDF est d'avoir un lieu « vierge ». 16

Depuis sa création, l'association choisit toujours des lieux insolites, nouveaux. Et les locaux d'IPN répondaient parfaitement à tous les critères : des ateliers pour travailler mais surtout un grand showroom encore vierge de toute exposition. L'endroit parfait pour Point de Fuite. Un lieu vivant pour trois semaines d'exposition, rythmées par des sortes d’« entractes » : une marche portée pour le vernissage le 10 octobre puis deux autres dates à retenir. Le 17, une performance de Nicolas Puyjalon suivie d'un mix de DJ No Breakfast & Julien Gasc. Et le 31, pour le finissage de l'exposition, PDF et IPN donnent carte blanche à PLUG et aux Folies Passagères. Les Folies Passagères qui devraient apporter une petite touche d'érotisme. La compagnie a prévu d'inviter les participants à explorer l'inconnu, à basculer dans un univers où perception et imaginaire sont en ébullition : se laisser bander les yeux, exciter ses sens, s'évader vers un fantasme passager... Mais on ne vous en dit pas plus, c'est à découvrir en octobre...

Gwendoline Sauzeau


Arthur Avellano, échantillon de tissus

Sur DéMesure, du 10 au 31 octobre à l'espace IPN, 30 rue des Jumeaux

Jeudi 10 octobre : Vernissage à partir de 19h. Marche portée de 21 à 22h. Édition d’un livre de photographies avec la collaboration de Mickaël Soyez, photographe plasticien. et retransmission en direct d’une partie de la soirée sur la radio FMR.

Jeudi 17 octobre : Performance de Nicolas Puyjalon à 19h30. Mix de DJ No Breakfast & Julien Gasc à 21h.

Jeudi 31 octobre : Finissage de l'exposition à partir de 18h. Projection de Paris is Burning dans le cadre de Genre 2030, le séminaire de recherche de l'ISDAT. Carte blanche à Plug et aux Folies Passagères pour la soirée.

Entrée gratuite Ouverture du mardi au dimanche de 14h à 19h.

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L’invitation faite à Civic city

Imaginer Nègrepelisse ! Jardiner ensemble l’écrit de la ville

Le centre d’art et de design La cuisine cherche à accompagner la création contemporaine sur son territoire en privilégiant une approche contextuelle, c’est-à-dire en appelant à des processus de coopération qui visent à refondre la place de l’art dans la société. Il s’agit ainsi d’expérimenter les effets de l’implication d’une création située. En opérant dans le registre de l’ordinaire, une large part de notre programmation vise à développer des projets artistiques au cœur du quotidien des habitants. Ces pratiques « en situation », lorsqu’elles se développent au sein de l’espace public, interfèrent avec les politiques culturelles et les questionnent dans leurs dimensions organisationnelles, économiques et sociales, mais aussi dans leurs potentialités sensibles et artistiques. En ce sens, la situation territoriale devient à la fois l’enjeu, l’objectif et la substance même du projet du centre d’art. L’invitation faite auprès de Ruedi Baur et de son institut de recherche Civic City vient accompagner cette réflexion. Depuis juin 2012, ces chercheurs et étudiants en design ont réalisé deux workshops et mettent en œuvre une recherche – création portant sur la sémiotique contemporaine de l’inscription publique ainsi que sur les questions identitaires relatives à une poétique de l’écrit à l’échelle de la ville de Nègrepelisse. Ce travail prend appui sur une approche civique consistant à aborder tout récepteur mais également tout émetteur comme un citoyen digne et responsable qui se trouve ainsi au centre de ces propositions : il ne s’agit pas seulement d’imaginer des solutions abouties mais de mettre en œuvre une culture durable et partagée de l’écrit où chacun peut prendre une part active. Le dispositif proposé et expérimenté depuis le mois de juin dernier invite ainsi au « jardinage de l’écrit ». Une exposition ainsi que plusieurs prototypes installés dans la ville viennent aujourd’hui présenter cette démarche où le modeste et le sensible occupent une place centrale.

Stéphanie Sagot directrice artistique de La cuisine 18

Une recherche développée par Civic CitY Conception générale : Ruedi Baur et Thibault Fourrier coordination : Imke Plinta les étudiants de Civic Design de la head de Genève Arnaud Perez, Benjamin Ribeau & Ines Ben Tamarzist Exposition : 21 septembre - 16 novembre 2013 Médiathèque de Nègrepelisse (82)

écrire les creux de la ville Laissez moi profiter de cette « ouverture urbaine » et de cette « lecture de la ville en creux » pour proposer un autre regard sur cet écrit présent dans l’espace public. J’utilise volontairement le terme au singulier au même titre qu’on dit par exemple « le » paysage, désignant ainsi un ensemble plus ou moins cohérent qui s’étend sur un territoire. Dans notre cas cet ensemble se verra constitué : - de signes destinés à nous interpeller, à nous séduire, à nous avertir, empêcher, informer, à nous orienter ou tout simplement à nous entretenir, voire plus rarement à nous cultiver - de messages individuels, de cris comme de chuchotements, de chants comme d’horribles râles, de papillons visibles à peine quelques heures comme de marquages millénaires - de signes sans vergogne d’intérêts purement marchands, d’autres qui ne figurent là que pour se dédouaner en cas d’accident, de longs règlements qu’aucun ne lira, de quelques lettres nécessaires puis de certaines utiles à certains mais pas à d’autres, enfin ceux que l’on pourrait qualifier d’intérêt public, qui s’ils n’étaient porteraient préjudice. Évitons pourtant de les distinguer, de désigner l’inutilité des uns, l’agressivité d’autres, enfin la laideur ou la dimension banalement répétitive des derniers. Essayons de nous détacher de chaque expression individuelle pour ne considérer que l’ensemble. Arrêtons surtout de les définir comme de simples excroissances nuisibles qu’il s’agirait de combattre à coups de règlements. Voyons les au contraire comme un paysage qu’il s’agirait de soigner, d’entretenir, de qualifier, peut-être de reconcevoir partiellement au même titre que l’on entretient un parc ou tout autre espace végétal. D’ailleurs la notion « d’entretien du creux des villes » pourrait nous porter bien naturellement vers celle du « Jardinage de l’écrit dans la ville ». C’est-à-dire d’une approche où s’allie la vision d’un ensemble résultant du soin porté plus particulièrement à chacune des plantes. Chaque élément ne se justifie vraiment qu’en coordination avec les autres.


Civic City, Intervention pour parcours pédagogique de l’association Pollen, située dans le bois de Montrosiès à Nègrepelisse, réalisée dans le cadre de leur résidence à La cuisine, centre d’art et de design. © Yohann Gozard

Difficile exercice cependant vu les préjugés négatifs de considérer ce corpus comme attrayant. Notre époque lassée par un trop de publicité et de vulgarité visuelle plaide plutôt pour la solution radicale développée à Sao Paulo qui consiste à tout supprimer, à interdire l’écrit dans la ville comme si celui-ci relevait d’une sorte d’irrémédiable pollution. Je préfère pour ma part l’envisager comme un potentiel améliorable. Comme une sorte d’objet délaissé que le jardinier pourrait transformer progressivement en un ensemble cohérent et même agréable. Son travail ne se limiterait pas à remplacer les plantes et à mieux les entretenir, il devrait en fonction des situations et des besoins agencer des sous-ensembles cohérents, réagir de manière créative au contexte, faire sens, veiller à ne pas trop en rajouter, permettre le lien entre un site et un autre, introduire des surprises, des contrastes, des frontières ouvertes, bref une douce poésie. Cette approche consisterait progressivement à « inscrire l’écrit » dans le site, à soigner la qualité de la relation entre l’expression de cette inscription et son environnement subtilement modifié par sa présence. N’oublions pas que la poésie de l’inscrit émane à la fois du verbe et de la forme graphique, comme également du rapport de cette composition au contexte. « Cette eau fait illusion. Malgré sa fraicheur elle pourrait vous être nuisible, ne vous laissez pas tenter » : ce texte placé sur le pourtour d’une fontaine

auprès d’un beau dessin évoquant un robinet barré transforme une situation hostile dans une banlieue lyonnaise en un petit coin de paradis. Comment partir de ce rosier en fleur pour traiter tout aussi noblement le règlement des cages d’escalier des immeubles environnants ou la désastreuse enseigne du supermarché également visible depuis ce point de vue. La subtilité linguistique se trouve présente dans ces lieux et la culture du rap pourrait nous aider à transformer ce paysage irrespectueux en un espace de dignité et d’intelligence. « Certes » diront certains, « mais contrairement à la matière végétale une inscription est destinée à être lue, vue, perçue, comprise. Elle nous interpelle ». En effet, individuellement, telles les fleurs de notre jardin, ces signes essayeront de nous impressionner par leurs couleurs, leurs tailles, leurs graphies ; mais nous avons appris à ne voir que celles qui nous intéressent, les autres participent du paysage, c’est-à-dire de cet arrangement qui constitue notre environnement mais que nous ne décortiquons pas en permanence, à moins que nous ne nous lassions de le faire. L’intensité de la présence de ces signes ne sera pas identique en tous lieux. Il ne s’agit pas de reproduire cette maladie contemporaine qui consiste à remplir chaque espace vide par du végétal par exemple. Le risque d’étouffement de nos espaces urbains, permettez-moi d’être polémique pour un temps, émane aujourd’hui autant par le surplus vertical de béton ou plutôt de 19


verre, que par ces masses vertes qui bouchent toutes perspectives. Et puisque nous parlons d’une ville accessible à tous les handicaps, il ne s’agirait pas d’oublier ceux qui comme moi souffrent au printemps de l’abondance de pollen. Je suis de ceux qui aux premiers jours de beau temps doivent se réfugier à Paris, Istanbul ou New-York pour éviter des villes aussi polluées que Zurich ou Berlin. « Unter den Linden » : un cauchemar pour les allergiques, un modèle qu’il ne faudrait surtout ne jamais reproduire encore moins généraliser. Cette petite polémique à rebrousse poil de l’euphorie « bioécolovégétalo-végétarienne », pour nous permettre de mieux nous réconcilier autour de la conception commune à la fois des creux et des pleins de ville. Car il ne s’agit pas non plus de les opposer. Les éléments s’imbriquent et se répondent pour constituer un tout cohérent. Comment l’exprimer si ce n’est en reprenant cette analogie du jardin. Mais un jardin qui serait constitué de plantes, de signes, d’espaces, de mobiliers, de limites, de recoins, d’horizontales comme de verticales, de matériaux, de couleurs, de lumière, d’intime comme de monumental. Un tout soigné où chaque élément met en perspective l’ensemble des autres. Un jardin qui, si la qualité plastique est au rendez-vous, si l’orchestre des créateurs parvient à s’entendre, s’il parvient à intégrer les contraintes sans pour autant s’y soumettre bêtement, constituera à la fois « un ensemble fascinant qui appelle au respect » et un espace-temps constitué de multiples étonnements que la vue d’ensemble ne pouvait révéler. La ville cosmopolite, singulière et ouverte sur le « tout-monde » comme l’intitule Edouard Glissant, la ville de nos désirs doit parvenir à dépasser le traitement du creux comme un espace délaissé purement fonctionnel, un espace d’ingénierie et de déplacement. Elle doit également aller au-delà de la place militaire et de l’approche l’hygiéniste de l’espace public. Aux cotés d’autres créateurs, le jardinier des signes jouera un rôle non négligeable pour élaborer cet environnement urbain qui contribue au bienêtre de ceux qui y vivent, y travaillent, le parcourent. Mon propos pourrait vous paraître idyllique, pourtant je ne vous propose point là une tour de Babel, ni d’ailleurs un jardin d’Eden, aucun acte monumental, mais plutôt une approche douce consistant à travailler sur l’existant pour progressivement le transformer, lui donner l’épaisseur qui généralement lui fait défaut. En ce sens, je propose d’échapper à la redoutable dialectique du plein et du creux, du fonctionnel et du superflu, du construit et du goudronné, du maitrisé et des objets délaissés. D’échapper également à la logique de la remise des clefs consistant à finaliser un processus de conception pour seulement après permettre à l’usager d’investir les lieux. Nous avons à inventer de nouveaux modes de commande dans 20

lesquels ces acteurs travaillant le modeste et le sensible ne relèvent plus de la cerise sur le gâteau mais bien du tissage et de l’entretien méticuleux du paysage urbain en action. J’illustrerai ce propos non pas par des réalisations, mais plutôt par une recherche que nous développons actuellement dans le sud de la France dans une petite ville de 5500 habitants qui s’appelle Nègrepelisse. Ce projet est surtout exemplaire de par la commande…

Ruedi Baur, avril 2013

Château de Nègrepelisse, chantier du bâtiment de La cuisine, centre d’art et de design, juin 2013. © Yohann Gozard.

La cuisine développe les missions d’un centre d’art en termes de soutien à la création, de diffusion et de sensibilisation. Un bâtiment spécialement conçu pour ses activités par le cabinet d’architectes catalans RCR est actuellement en cours de construction sur le site du château de Nègrepelisse. Il sera ouvert fin janvier 2014 avec une programmation de préfiguration qui proposera des cycles de conférences et de films (prêtés par le FRAC Midi-Pyrénées), des ateliers pédagogiques, des rencontres et l’activation des « Fourneaux de La cuisine ». Une exposition, « La petite cuisine », sera ouverte du 25 janvier au 12 avril 2014. Elle présentera des créations réalisées par les enfants (maternelle, primaire, centre de loisirs, collège et lycée) dans le cadre d’ateliers menés par le service des publics du centre, mais aussi par des artistes comme matali crasset. Allant de 2011 à 2013, ils forment une rétrospective des projets de La cuisine à travers le regard du jeune public. L’inauguration du bâtiment de La cuisine est prévue le week-end du 14 juin 2014.


Charlotte de SĂŠdouy





L'été photographique de Lectoure, ou la photographie en marche Retour sur la manifestation organisée par le Centre d'art et de photographie de Lectoure 20 juillet - 25 août 2013

Jerry Lewczynski, 1959, Inconnu

© Centre d'art et de photographie de Lectoure

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Depuis plus de vingt ans, le Centre d'art et photographie de Lectoure mène une double bataille : il s'emploie non seulement à stimuler et soutenir la création photographique, mais aussi à la diffuser dans un espace fondamentalement rural. Difficile de ne pas penser au festival Jazz in Marciac, qui a su donner au jazz une tribune de choix dans un contexte similaire. Le territoire gersois n'a décidément pas peur de s'investir en faveur des arts historiquement marginaux ! Il n'y a pas si longtemps, beaucoup hésitaient encore à élever la photographie et la vidéo au même rang que les arts dits nobles. Au-delà d'une défiance vis-à-vis de leurs valeurs artistiques, on constate trop souvent une ignorance même des artistes travaillant ces médiums, à une époque pourtant où la photographie habite notre vie quotidienne. Par son action, le centre photographique de Lectoure permet bel et bien la prise en compte de la photographie dans l'histoire de l'art et plus globalement dans notre histoire commune. Intégrée aux réseaux d'art contemporain et de photographie, cette institution a dès son origine été reconnue comme l'un des sept centres d'art français consacrés à la photographie. Sa programmation annuelle s'articule autour de trois temps forts : Cheminements au printemps, l’Été photographique et une exposition collective ou monographique en hiver. C'est à l'Été photographique que nous consacrons la suite de cet article. Intitulée L'expérience de la photographie, cette vingt troisième édition investissait cinq lieux de la ville de Lectoure ; autant d'invitations pour le spectateur à porter un regard nouveau sur les œuvres exposées tout en appréciant l'espace qui les accueillait. Cette déambulation respectait une progression réfléchie qui amenait d'abord le public au sein de l'Hôtel de ville. Deux espaces étaient investis par trois artistes : la salle des pas perdus, occupée par Emanuela Meloni, et l'ancien tribunal où se mêlaient les travaux de Renaud Auguste-Dormeuil et de Guillaume Herbaut. À première vue, il pourrait sembler étonnant d'avoir réuni deux artistes aux pratiques aussi éloignées au sein d'un même espace. Pourtant, c'est précisément à la suite de leur rencontre lors d'une précédente édition de l'Été photographique que les deux artistes ont élaboré l'idée d'une exposition commune. C'est ce projet qui, neuf ans après, se concrétise sous le nom de L'un photographie, l'autre pas. On serait tenté de rapprocher le travail de Guillaume Herbaut d'une démarche de photojournaliste, tant ses séries sur les victimes de Tchernobyl et de Nagasaki nous confrontent à une réalité crue. Renaud Auguste Dormeuil s'attache d'avantage à l'image prise comme matière première de ses expérimentations : par une démarche de collecte d'images et de documents issus des médias ou du net, il recompose et se réapproprie ces figures, comme l'illustre entre autres sa série 26

Bruce Wrighton, Woman with Love tee and tatoo, Binghamton, NY, 1987 Courtesy Les Douches La Galerie

Fin de représentation, datant de 2000. De ces deux approches émane une même volonté de questionner l'homme et son rapport à l'histoire. En photographiant les visages des derniers mineurs d'Italie, Emanuela Meloni se confronte, elle aussi, au souvenir et à la mémoire. Au sein de l'école J.-F. Bladé était présenté une partie du travail d'Annette Merkenthaler : ses travaux enterrés ou cachés dans une fontaine nous ont confronté aux relations entre art et espace public. Quand cette photographe allemande replaçait l'œuvre dans l'espace, le photographe Pierre-Lin Renié explorait quant à lui, par sa série Ciel/Sol, l'espace dans l'œuvre. Exposée au rez-de-chaussée du Centre d'art et de photographie, une sélection de sa collection de diptyques associait deux images prises le même jour : l'une du ciel, l'autre du sol, toutes deux séparées par une ligne d'horizon imaginaire où seule figure la date de prise de vue. L'étage du Centre d'art et de photographie était consacré aux portraits du photographe américain Bruce Wrighton. Outre une valeur incontestable de témoignage historique sur l'Amérique


Nicolas Grospierre, Tarattarrattat, 2010

des années Reagan, ses séries consacrées aux voitures, aux lieux publics, aux bars ou aux Églises, aux portraits des exclus de la société américaine portent une dimension humaniste qui place le public dans un face à face absolu avec l'œuvre. Cette approche vernaculaire rappelle celle de Walker Evans, qui avait photographié dans les années trente les familles rurales confrontées à la crise économique. La Halle accueillait un dialogue entre deux générations de photographes avantgardistes polonais : autour de Jerzy Lewczynski, figure emblématique des années cinquante, étaient réunis les travaux de ses amis contemporains Beksinski, Schlabs et Piasecki. On devine rapidement une volonté commune, chez ces artistes, d'explorer au maximum la potentialité plastique de leur pratique, comme pour mieux en révéler sa singularité. C'est la question de l'exploration qui était ici envisagée et qui animait les démarches de Agnieszka Polska, Tadeusz Rolke, Józef Robakowski, ou encore de Nicolas Grospierre. Ce dernier, exposé

à la Ceriseraie, cherche à pousser le médium photographique à ses limites, comme dans Tarattarrattat, une installation in situ réalisée dans le Palazzo Dona à Venise, ou encore dans La photo qui grandit, qui donne à voir une pièce se remplissant d'une multitude de clichés d'elle même. Pour son audace, sa valeur et sa capacité à conjuguer art et espace public, on souhaite à l'Été photographique une longue vie. Julie Biesuz

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Murs de caractères

Nicolas jaoul. Anuncia’ t aquì( extrait), peinture sur mur © photo : Bakélite

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Mémo, comme s’il fallait s’en rappeler. J’ai raté la fanfare à mobylette cet été, je ne louperai pas la médiathèque à Motoban. Elle a le mérite d’avoir poussé au bord de l’autoroute, dans une ZAC, non loin de Feue les barres des « Chaumes ». Quartier neuf, presque immaculé. Une expo dans une médiathèque, même en sous-sol, ça s’fait. Les Murs ont du caractère ceux qui les peinturlutent / les décorent / se les approprient / les signent / les bâclent doivent en avoir aussi. Pour décorer nos vies, faire éclore « les fleurs des champs de béton » comme ils disent à Bakélite, qui en plus d’être solides refont nager les poissons. Comme on aime se perdre dans un alphabet en désordre pour sortir de la litanie habituelle. On plonge au -1 dans l’univers connu, reconnu, méconnu de la décoration urbaine. On nage dans le grand bassin en découvrant quelques bonnes idées d’artistes qui donnent à voir leur travail en liberté. On sort de l’eau et on se sèche quand il est question de revenir à l’essence du graffiti, la lettre. La même utilisée ici-même. En moins banale, en plus ovale ou plus tribale, moins machinale. Notre bon vieil alphabet latin qu’on connaît sur le bout des caps’. Et même que quand il est mélangé on peut s’y retrouver. Des lettres qui assemblées donnent un blaz’, même des phrases. Qui coloriées donnent des graffitis pour faire tilter le flip. Bon flop mais pas de flip-flap. Dans le langage ça parle de lettrage et dès que j’entends ce mot j’ai « S.N.I.P.E.R avec un putain de lettrage » qui me trotte dans la tête. Des signes agencés pour former un signifiant. Des codes propres, une esthétique, un mode de vie, une quête de connaissance, de reconnaissance. Signe / Code / Symbole / Message Nous voici donc en présence d’un signe, d’une signalétique aussi. Pour montrer une idée du beau, pour bien se montrer aussi. Une manière de marquer le territoire des uns, décorer celui des autres. Le faire la nuit dans les endroits les mieux escarpés ou les moins surveillés, les plus risqués ou les mieux visibles. Aller poser son blaz’, c’est ça qu’y est la vérité. C’est l’idée même du graffeur. Pas toujours évident à déchiffrer pour le puceau du pinceau aérosol.

Tout art du lettrage consiste à dévier les hampes et les jambages de leur route habituelle. Une société secrète qui parle en langage codé. Des agents presque secrets de chéneaux, de parpaings, de murs autorisés. « S’approprier l’espace public » telle est leur prise de leur Bastille et devrait être celle de tout un chacun le souhaitant. Accepter de faire entrer dans un lieu public, le travail habituellement du dehors de certains de leurs représentants peut être considéré comme la possibilité d’être écouté par les murs mais pas que. Et ça, ça fait plaisir. Bon après c’est bien de pas juste vouloir vendre de jolis tee-shirts. Cet « apelhabt » désordonné commencerait par la lettre B, déjà choisi pour être l’identité visuelle du commissaire Bakélite. La leur, dans l’alphabet du Mémo, se laisse débordée, elle s’extrait de l’œuvre pour investir l’espace public. N se tient à carreau en mosaïque, f à l’abordage et en cordage, www à l’écran, T en féraille comme celui de l’artisan. Le M dit merci à Montauban. L’idée de confier une lettre à un straartiste pour composer un alphabet collectif se vaut bien. Ou comment la singularité d’une œuvre se rejoint dans un regroupement habituellement plat et arbitraire. La fantaisie du banal. Pochoir un soir / Contour toujours Je revois ma règle alphabétique en plastique (je n’ai pas réussi à trouver une formule plus compacte, si quelqu’un connaît le mot qu’il le pose en gros sur le Capitole) du CE, le 1 ou le 2, et retrouve avec plaisir le principe du pochoir. Enfantin qu’il est par essence comme une béquille pour les estropiés de l’écriture en ligne. Plus tard, il est un travail de petites mains pour grandes conséquences, minutieux et besogneux. Le résultat est souvent épatant. Effeuiller son œuvre pour donner du contour, léché, arrondi, franc du collier. La technique onomatopée du flop ou throw up en ricain est, dixit KoolT, « la maîtrise de la courbe » exercée lors de la réalisation d’un graffiti à l’aide d’une bombe aérosol. Le terme est fort, l’objet comme symbole. Même numérique, il n’est pas facile à manier bien qu’on puisse tout de suite effacer son horreur. 29


Vue d'exposition, 100taur, Veks © photo : Olivier Schaffart

Thomas Deudé, Love letters. © photo : Olivier Schaffart

Vue d'exposition, Lenz. © photo : Bakélite

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BKLT, Amicale des typographes du sud-ouest © photo : Bakélite

Vue d'exposition, KoolT. © photo : Bakélite


Thomas Deudé et Fabien Cano, Signes (extrait, lettre S), métal rouillé

Spazm, Lettre S, aérosol sur mur

© photo : Olivier Schaffart

© photo : Bakélite

Invité de marque Ou quand le bleu devient celui de Klein. Ou pire quand Keith devient une marque alors qu’il n’est plus dans le ring. Le lettrage est aussi publicitaire et gagnerait à ne pas être que cela. La patte d’un artiste est ce qui fait qu'on aime ou pas son reliquat. Mais s’il n’y a que la patte ou la signature aussi belle soit-elle, il n’y a plus l’émotion, la nuance, le message. Parlons en il est nécessaire. Il peut être simplement celui du beau. Et aucun procès ne sera fait car il est toujours relatif. Dans ces temps que l’on nous présente dépressifs sous un ciel couvert (comme si c’était tous les jours le dernier printemps alors que l’été a été ensoleillé) notre PSY, pas celui qu’on a trop entendu, notre anti D du quotidien, il est dans la rue, un pinceau entre les dents, un piano sur le dos et une idée derrière la tête.

Les Murs ont du caractère Jusqu’au 30 septembre au Mémo (médiathèque) de Montauban Commissaire d’exposition : Bakélite. www.bklt.fr Artistes : Nicolas 100taur Giraud, Veks, Nicolas Jaoul, Thomas Deudé, Fabien Cano, Spazm, Fatflap, Xerou, l’imprimerie Lormand, Keyler et avec la participation de Tilt, KoolT, Lenz, Der, BigAddict et Rezo

Exposition à venir Babar (l’artiste pas le terre-neuve)

Les Murs ont du caractère ce texte 5232. « Pose ton blaz’ » Gabriel Delon

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Sur un arbre perché

Noël Dolla Tous les mots du monde, 2013 Photo François Fernandez.

Au début de l'été, j'ai pu découvrir à Nice, à la Villa Arson1 une exposition au titre et sous-titre explicites : Entrée libre mais non obligatoire, une exposition mono/polygraphique de Noël Dolla. La dimension collective de cette monographie est à souligner, Dolla ayant choisi d'embarquer dans son projet nombre de ses anciens étudiants, artistes amis, étudiants et enseignants de l'école. Cette exposition vaste et dense nécessite une véritable exploration. Elle privilégie en cela ce qui est pour moi une spécificité de l'art, la marche. La déambulation permet au corps d'être libre de ses choix et d'imprimer sa temporalité à la perception des œuvres. La Villa est à l'image de son plan, dessiné par Michel Marot, un hybride architectural entre oppidum labyrinthe. Ses jardins ornés de chênes, palmiers, oliviers, pins, cyprès, magnolias et autres bougainvilliers aèrent l'enceinte de galets au sein de laquelle les œuvres trouvent naturellement leur place. Noël Dolla, en choisissant d'occuper les moindres recoins du lieu, ateliers, salles d'expositions, jardins et terrasses nous donne en creux, dans le même temps que son exposition, la visite de la Villa et de ses différents points de vues qui surplombent la ville.

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Je débute mon parcours aux confins du bâtiment, sur une terrasse orientée plein sud qui laisse découvrir Nice lovée dans sa baie. Ici se trouve Tous les mots du monde, œuvre qui par sa situation au bord de l'horizon revêt une envergure tautologique, écart réduit entre langage et paysage. Cet alphabet en laiton, disposé sur une structure paratonnerre de huit mètres de haut ne joue pas le gigantisme mais relève d'une dimension poétique qui donne à l'écriture et ses règles toute la liberté des aléas de la nature. Œuvre en attente d'un orage dont la foudre frapperait le paratonnerre pour laisser enfin se libérer tous les mots du monde possibles grâce à ses vingt six lettres. Cette pièce révèle toute la complexité du projet de Dolla. Ici, l'important est la rencontre autour de l'art, de la peinture, du politique et de la vie. Une exposition généreuse et jouissive, sans cloisonnement, intergénérationnelle où les propositions variées gardent leur autonomie tout en s'irradiant entre elles. Aucun sacrifice à la tendance, les décennies se côtoient en toute harmonie, le rebond des enjeux picturaux se fait naturellement dans le grand élan des discussions amicales. L'appartement, mis en scène par Sandra D. Lecoq qui fut compagne de Dolla, cristallise au mieux l'importance de l'amitié au cours d'un repas partagé autour de la table comme agora domestique. La reconstitution impossible d'une atmosphère conviviale est malgré tout réussie, saucissons et tableaux se fréquentent dans l'harmonie naturelle d'un intérieur qui sait accueillir l'art, sans trop le sacraliser, le laissant s'épanouir au plus près de la vie. Les peintures, photographies, dessins, collages et sculptures sont partout du sol au plafond, près du lit, de l'évier, réellement partout. L'art comme lieu de vie. Je ne livrerai pas la liste exhaustive des artistes présents mais Warhol, Fahlström, Malaval, Gasiorowski voisinent avec Caroline Boucher, Stéphane Magnin, Jean-Luc Verna ou Julien Bouillon. L'univers domestique est capital dans le travail de Dolla, et est en fait, pour moi, le plus pertinent des membres de Supports/Surfaces. Sa peinture polymorphe emprunte des détours surprenants, toiles trempées dans la couleur puis suspendues,rouleaux de tarlatanes enduits puis déroulés aux murs. Dolla, s'il participe à ces enjeux d'une peinture sortie du tableau et libérée du sujet et du pathos, n'hésite pas à prendre des chemins de traverse où il joue l'écart, le déplacement, et ses œuvres dramatiques sans être pathétiques ou teintées d'humour (sans sombrer dans l'ironie) parviennent naturellement à relever du vivant et évitent l'overdose théorique. Les séries ou périodes se chevauchent et laissent découvrir des pratiques multiples. Dans les coursives et les terrasses, les tarlatanes zigzaguent en haut des murs, les pêcheurs de Madagascar nous regardent

droit dans les yeux, d'étranges jardins suspendus faits de plumes, bottes de foin et d'étais laissent pousser la tête à l'envers de belles plantes grasses méditerranéennes, comme si tout chantier donnait la vie. Ces travaux ne font pas image et ne flirtent pas avec la photogénie, c'est un tout qu'il faut décrypter par un comportement actif. À l'intérieur la première salle présente quatre toiles de la série des Entonnoirs. Dans ces formats, la couleur se déploie en cascade comme retenue par sa forme triangulaire, peinture de chevauchement où la dynamique vient du système de composition qui laisse toute son autonomie à la couleur. Ensuite Philippe Ramette, déroulant son fil solide de funambule solide divague dans un espace où les toiles de Dolla s'exposent en tous sens. Le belvédère, possible point de départ et d'observation, permet de découvrir les formats aux murs, au sol et au plafond. Une série de peintures plus complexes, plus narratives aussi. Les deux propositions se croisent, se chevauchent, le fil et ses poteaux de soutien se juxtaposent devant les toiles. On en vient à souhaiter être l'équilibriste seul à accéder à une vison dominante du tableau Les dents de ma mère pour un million de dollars, peinture évocatrice, une crucifixion regorgeant de signes, de chiffres , de masques, de bandes et collages, un maelström de style unifié par une touche délicate et nuancée. Une pièce de la série « mother » avec laquelle Dolla surprend une fois de plus en pratiquant une peinture plus classique, imagée, qui sort des gestes radicaux auxquels il aurait pu nous habituer. Ce virage figuratif est une autre forme de radicalité. C'est une monographie complexe que Dolla nous donne à voir. Il évite le syndrome de la rétrospective en ne jouant pas l'auto-mythologie. Il évite l'accumulation de souvenirs et c'est sa collection d'œuvres qui jalonne sa mémoire. Saluons l'invitation faite à Dolla par Éric Mangion, qui en tant que directeur artistique de la Villa travaille au corps ses propres thématiques, tout en ouvrant fréquemment ses portes à des propositions à plusieurs mains, faisant du centre d'art une véritable plateforme de réflexion contemporaine. Nous connaissons son intérêt pour la performance, ses modalités de transmission puis par extension, la conservation et la diffusion de l'archive. Il est aisé de voir la pertinence d'une telle proposition au sein de cette école, Centre d'Art qui axe une partie de ses recherches autour de la notion primordiale de la passation des gestes furtifs de l'art. Un art imprévisible se fait jour au détour des salles et des couloirs, des jardins et des cours. David Raffini et son imposant mais humble et brutal triptyque Veramente Italiano, semble relever un défi en calant le temps d'élaboration de sa peinture sur la durée de l'exposition. 33


Un système de pompes diffuse de l'encre noire au compte-goutte sur le format qui se macule strate après strate. Les deux autres éléments laissent à peine deviner des architectures camouflées sous des couches de ciments. Quelques chaises réalisées par Stéphane Magnin et ses étudiants d'après les plans libres de droit du designer italien Enzo Mari, offrent le repos au visiteur. Un mobilier libertaire que chacun peut monter simplement à partir de planches de récupération et de plans distribués gratuitement. Ces oeuvres résument assez bien ce qui sous-tend l'œuvre de Dolla, les enjeux du processus pictural, et non pas du sujet, ce qui lui laisse la liberté de montrer des artistes aux esthétiques radicalement différentes de la sienne, et d'un autre côté la dimension politique dans l'art sans tomber dans l'écueil du militantisme revendicatif. Dolla ne confond pas art et slogan, il fait du politique, par de l'art comme expérience sociale. C'est dans son lien très fort à l'école et à la transmission qu'il y parvient. La Villa n'est pas seulement le lieu de l'exposition, elle en est aussi le cœur. Nombreux sont parmi les exposants les anciens étudiants de Dolla. Il s'est appuyé sur les diverses compétences développées dans les ateliers de l'école (édition, son, métal) pour réaliser certaines de ses pièces. Il y a aussi ce salon de lecture où il nous invite à nous replonger dans Proudhon, Badiou, Rancière, Foucault, Bourdieu et bien d'autres, lectures nécessaires s'il

en est. À propos de politique, portons notre attention sur la fresque de Jean-Baptiste Gane, reprise d'un graffiti trouvé à Bruxelles, « on dansera sur les ruines de vos belles vitrines », (un programme assez tentant s'il en est). L'artiste reproduit la phrase en réserve, c'est le mur qui est peint et les lettres ajourées, un labeur plus long qu'une intervention furtive dans la rue. Finalement la phrase n'est pas détournée mais appropriée et remise en jeu dans un contexte différent avec la même valeur symbolique, puisque plus que le geste c'est la pensée qui est reproduite. Nous retrouvons cette précision du geste non loin de là dans le superbe format de Dominique Figarella, 28 ans de pratique qui semble au premier abord une planche martyre d'un autre travail au lavis noir. Les empreintes de pots, les splatchs de peinture, les marques de nettoyage de brosses et les marques de doigts sur les bords témoignent d'une trace d'activité artistique comme les vestiges d'un temps d'atelier. Mais à y regarder de plus près, on découvre une mise en scène. Chaque tache, chaque coulure, tout ce qui couvre le bois est crayonné, hachuré, pas une goutte d'huile ou d'encre ne rentre dans la composition du tableau, ici que du graphite. Le dessin précis et laborieux évoque les restes d'un fond d'atelier, vertigineux, l'accident sous contrôle.

De gauche à droite Dominique Figarella, 28 ans de pratiques, 1994 Noël Dolla, Jalousie n° 4, 1992 Photo François Fernandez

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Dehors, l'association des pièces Le grand leurre, de Dolla, hameçon ébouriffé de piques qui fait office de lion dompté dans Le kiosque de Pascal Pinault, cage circulaire constituée d'un assemblage de ferronneries aux provenances diverse que la couleur unifie, habitent le jardin d'une présence majestueuse et trompeuse. L'apologie du faux pouvant parfois atteindre des dimensions mirifiques. J'évoquerai aussi les deux velours de Polly Apfelbaum, vagues multicolores de lignes au feutre, empilées les unes sur les autres dans une ondulation régulière et hypnotique, et les moyens formats de Craig Fisher, aux couleurs franches dispersées sur fond blanc et culbutées par des traces noires, toiles au devenir écran, malgré leur verticalité. La composition éparpillée et la diversité de taille et de qualité des gestes donnent l'impression d'un mouvement figé comme une pause au magnétoscope. Grégory Forstner est présent dans l'appartement avec une de ses peintures figuratives emplie d'émotion qui frôle l'irréalisme avec ses situations grotesques peinte d'une touche lâchée, dynamique et colorée qui fait du tableau une véritable manière vivante. La pièce de Jérôme Robbe, Country trash, sorte de machine-massicot de peintures en rouleaux, est comme stoppé nette au milieu d'un couloir. À ses côtés des formats déjà coupés, accumulés au sol en attente d'une future exposition. L'exposition des cinquièmes années fait partie intégrante de ce joyeux raout. Le commissariat en a été confié à Stéphane Corréard, directeur artistique du salon de Montrouge mais aussi compagnon de route de Dolla à l'époque de la galerie Météo. Le travail irrévérencieux et sans hiérarchie de Gabriel Méo est attirant. Son accrochage contraste fortement avec le rendu trash de ses pièces. Il pratique une sorte de tumblr concret au mur et au

sol, accumulant des formats variés où se télescopent photographies et barbouillages complexes. Le « joyeux bordel » de Dolla comme il le proclame lui-même est une savoureuse expérience artistique et intellectuelle, le parcours d'un artiste attaché à une forme d'honnêteté qui a su parfois entrer en conflit avec le marché, démontrant qu'une voix est possible en dehors de certains schémas conservateurs. Une virée à Nice ne peut pas être réussie sans une visite à La Station, lieu emblématique géré par un collectif d'artistes depuis 1996. Il anime le paysage artistique français de sa dynamique énergique et généreuse. Cet été, paradoxalement, il nous propose une exposition de Glen Baxter, artiste anglais reconnu pour son humour singulier. La Station joue sur deux tableaux, une nécessité économique (l'éternelle précarité de ce type de structure) et l'affirmation d'une liberté et d'une qualité de choix qui passe par une exposition à la notoriété certes convenue mais au ton libertaire. Glen Baxter occupe au sein du paysage artistique une position unique qu'il s'est vaillamment construite. Dans un milieu prompt à se gargariser d'un sérieux convenu, il faut garder la force d'en rire et Baxter avec son humour absurde le démontre sans cesse depuis plusieurs années. Rien de plus sérieux que l'art, c'est bien pour cela que l'on peut s'en moquer, et pas uniquement entre cow-boys inspirés et scouts aventuriers. Cédric Teisseire, co-fondateur de La Station et catalyseur de ces énergies soumet une proposition qui pourrait faire office d'exemple économique pour d'autres artist run space. D'ailleurs, Noël Dolla et Cédric Teisseire ont beaucoup en commun, en premier lieu se coltiner la peinture, mais aussi et surtout entraîner d'autres énergies dans leur sillage dynamique d'artiste. Avec La Station et depuis peu sa responsabilité d'enseignant aux Beaux-arts de Toulon, Cédric maintient intelligemment son élan en dehors de la Villa Arson dont il est issu. On peut regretter que la structure recrute majoritairement ses enseignants parmi ses anciens étudiants, comme le démontre sans équivoque l'exposition de Noël Dolla. Je vous invite fortement à découvrir ces deux expositions avant qu’elles ne s’achèvent. Manuel Pomar Artiste, co-fondateur et directeur artistique de Lieu-Commun

Pascal Pinaud, Kiosque, 2003 Noël Dolla, Le grand leurre de Noël, 1986-2009 Photo Villa Arson

1 La Villa Arson est un établissement unique en France, dépendant du ministère de la culture, a la double mission d'école et de centre d'art. Entrée libre mais non obligatoire / Noël Dolla, Une exposition mono/polygraphique de Noël Dolla, du 30 juin au 21 octobre 2013. La Villa Arson, 20 av. Stephen Liégeard, Nice. www.villa-arson.org La situation semblait désespérée..., Glen Baxter, exposition du 29 juin au 5 octobre 2013. La Station, 89 Route de Turin, 06300 Nice. www.lastation.org

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Jérémie Fischer Alphabet, édité par l'Orbis Picture Club, sortie septembre 2013. Livre à système entièrement réalisé en sérigraphie.

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Mademoiselle Kat

Mademoiselle Kat a su apprécier les œuvres originales proposées par le centre de l'affiche dès son ouverture. L'observation du travail d'illustrateurs de luxe comme Toulouse-Lautrec, Garamond, Folon et bien d'autres lui a laissé le goût d’un travail précis et appliqué. Elle aime sentir l'écart entre le temps passé à la réalisation de ces affiches et leur simple destination objective. Malheureusement, aujourd'hui, l'affiche est le plus souvent de la responsabilité des publicitaires que de la sensibilité des artistes. L'artiste de rue a en effet toujours manifesté un intérêt particulier à la fonction de l’affiche, tout en prenant plaisir à en annuler son côté mercantile. Ses affiches ne fonctionnent effectivement pas de manière classique. Dans le prolongement du projet vidéo qu'elle a récemment coréalisé, Mademoiselle Kat peint des affiches de films fictifs où, du titre jusqu’aux stars en passant par les décors tout est inventé. Des affiches de films qui n'existent pas. Parmi les affiches exposées, une seule annonce, son vrai court métrage intitulé Picture this!. Cette vidéo composée de 5 tableaux, écrits, joués et coréalisés par l’artiste sera projetée pour l'occasion. Ses affiches guident le spectateur dans son univers peuplé de figures féminines et de créatures imaginaires. Les titres et slogans aux typos caractéristiques d'un univers cinématographique de série B voire Z viennent compléter le travail pictural effectué sur les figures et donne à l'ensemble une véracité troublante. Mais ne l'oublions pas : tout cela est faux. Affiches, dessins préparatoires et recherches seront accrochés de façon à faire penser à une exposition purement graphique, vitrines et lutrins accueilleront précieusement les œuvres de Mademoiselle Kat. En amont apparaîtront en ville des affiches exposées dans les mobiliers urbains, les sucettes à enseignes du métro. Un vrai faux teasing à dimension urbaine ! Cette campagne d’affichage dans l’espace urbain est pour Mademoiselle Kat un ingrédient primordial du projet. Issue de la rue, son œuvre plastique y retrouve toute sa dimension dans son interaction directe avec le public. L'exposition commencera le 20 novembre dans la rue et continue à partir du 25 novembre 2013 au Centre de l'Affiche, 58 Allées Charles de Fitte, 31000 Toulouse.

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Présentation de l’ouvrage Jacques Yves Bruel / Bruel l’Ancien

Jacques Bruel est surtout connu pour le travail qu’il a réalisé en relation avec l’Afrique et son « invention » des Masques bidons et des Purs-purs. Il a cependant laissé un ensemble d’œuvres complexes, sensibles, conceptuellement prémonitoire des changements que connait aujourd’hui le mondialisme. Cet ouvrage essaie de rendre compte de sa personnalité, sans prétendre n’être ni une monographie ni un catalogue. Il s’organise selon un parcours qui retrace relativement son vécu, mais il privilégie les indices, les incises et les rappels qui parcourent les années d’engagement artistique et éthique de cet artiste, en suivant un découpage par chapitres plus générique que chronologique, intitulés simplement Occidents, Afriques, Asies. C’est volontairement qu’un ensemble conséquent de reproductions de notes, d’aphorismes ou de croquis qu’a laissé l’artiste dans ses carnets sont également insérés dans ces pages. Un bref exergue fait également mention de la contribution de l’artiste à la création du sticker « Touche pas à mon pote » pour l’association SOS Racisme. Enfin, un dernier chapitre vient témoigner de la présence permanente de Jacques Bruel, avec des photos de ses œuvres chez certains de ses amis. Modeste en pagination, avec un format assez proche du livre/carnet, cette publication a comme principal souhait d’être un outil actif et disponible à la mémoire de cet artiste singulier. Jacques Yves Bruel / Bruel l’Ancien Éditions TA, 2013

Exposition Jacques Yves Bruel / Bruel l’Ancien Du 19 au 29 septembre 2013 proposée par l'association TA à IPN, 30 rue des Jumeaux, 31200 Toulouse. Cette exposition présentera une trentaine d’œuvres de cet artiste, provenant essentiellement de la collection de sa famille et d’œuvres appartenant au FRAC Languedoc-Roussillon, auxquelles s’ajouteront quelques prêts d’amis ou de collectionneurs privés.

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les Abattoirs www.lesabattoirs.org/frac FRAC www.culturecommunication.gouv.fr/Regions/Actualites Les Jeudis aux Abattoirs www.lesabattoirs.org/evenements Microsillons www.microsillons.org Bureau des transmissions www.mamco.ch/public.html Point de fuite www.pointdefuite.net Collectif IPN collectif-ipn.net La cuisine www.la-cuisine.fr/projet-civic-city-workshop-ruedi-baur

Charlotte de Sédouy quesepassetil.net Centre d'art et photographie de Lectoure www.centre-photo-lectoure.fr Bakélite www.bklt.fr Mémo www.mediatheque-montauban.com Villa Arson www.villa-arson.org La station www.lastation.org Amélie Marchandot ameliemarchandot@gmail.com Jérémie Fischer http://jeremiefischer.com

TA : Association loi 1901 32, rue des Jumeaux 31200 Toulouse

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Abonnement Je m’abonne à Multiprise 1 an (3 numéros) = 9 €

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