Multiprise #29

Page 1

29 - Juin 2014 - Gratuit


CHACUN SA MAISON PAU L CH EM E TOV

Saison culturelle

LIBERIA NOS A MALO © (Acrylique sur capot automobile, 125 x 150cm, 2013) Natacha Mercier, Coproduction MAGP - Maisons Daura et Les Abattoirs-Frac Midi-Pyrénées, Toulouse

CENTRE MÉRIDIONAL DE L’ARCHITECTURE ET DE LA VILLE

Sept 2013 > Juin 2014

" HÉVEL " Natacha Mercier

14 MAI > 26 JUILLET 2014

© Paul Chemetov

Exposition produite par la Cité de l’architecture & du patrimoine et présentée par le CAUE 31

31 mai > 28 juin

Samedi 31 mai > 11 h Vernissage

DEGRÉS ANONYMES

Exposition

Samedi 14 juin « Moments partagés » 10 h - 12 h 30 gratuit sur inscription

26 JUIN > 26 JUILLET 2014

Installation photographique de Guillaume Beinat proposée par la Maison de l’Architecture Midi-Pyrénées

Salle d’Exposition Municipale

w w w.cmaville.org

Licences : 2-1035450, 3-1035525

23 mai >30 août 2014

c

re

ez

d an

t no

em

D

t

tac

con

u

-m

ue

ev @r

m

.co

ise

r ltip

na

Un sculpteur ukrainien

Dans le cadre du Festival international d’art de Toulouse Parcours associé A comme Ananconda

Mykola Malyshko, On Prayer, bois, h 1, 5m, 1994 Vue de l’exposition Fence, National Cultural-Art and Museum Complex Mystetskyi Arsenal, Kyiv, 2009. Crédit photo Ya Gallery art center

ris

Mu

ltip

dans nonce Votre a n

e

r hu

o br

Gre

Mykola Malyshko

e

A.E.R.A

ulturelles sc ire

de

Contact pour médiations : 05 81 33 02 35 Saison culturelle complète sur www.mairie-grenade.fr

Aff a

(accès par la Bibliothèque)

OUVERT DU MARDI AU SAMEDI DE 13 H À 19H 5 rue St Pantaléon - 31000 Toulouse (métro Capitole) ENTRÉE LIBRE

Exposition co-programmée et coprodruite avec le Festival International d’Art de Toulouse, en partenariat avec l’Institut Français d’Ukraine et la Ya Gallery

14


DI Y DI WO

29

Remerciements Jean Marc Lacabe, Thierry Talard, Laurence Melliès, Isabel Sanchez Jimena, Élodie Sourouil, Bérengère Brecqueville, Edith et Laura

Ce sera donc le cri de l’hirondelle électrique pour ce numéro d’été dont le dossier est consacré au Do It Yourself, voire au Do It With Others. Pour les monoglottes, nous dirons plutôt fais le toi-même, fais le avec les autres, mais fais-le... Pour vous y aider, un guide touristique de la diydiwosie vous est proposé en ouverture de dossier, talonné de près par le fameux grand test de l’été et l’autoentretien, ce n’est pas rien mais ce n’est pourtant pas tout ! L’atelier deux-mille s’invite et se propose de guider vos mains pour la confection de la quiche parfaite et d’une œuvre d’art en pâte feuilletée. S’en suit un petit retour sur le rassemblement annuel des rois de la débrouille, autrement dit le THSF, qui s’est clôturé au début de ce mois de juin et a vu les dalles bétonnées de Mix’Art Myris foulées des pieds et des mains d’une large population pour qui Do It Yourself n’est pas expression vaine. Nous avons profité de l’occasion pour inviter Pierre Mersadier, un des piliers de cette fête toulousaine du bricolage électronique, à garnir de ces jpegs crashés le court-jus de ce numéro qui, vous le verrez, n’est que le début de l’infini. Quoi d’neuf ? Le journal bien sûr ! Après un rapide détour par le Musée de la Danse à Rennes et le Centre Méridional de l’Architecture et de la Ville à Toulouse, c’est Capucine Moreau qui trempe la plume pour le tracé des courbes toutes féminines d’un dialogue intérieur illustré par les gravures de Charlotte Massip. Des Dames il y en a d’autres, notamment à la Cuisine puisque c’est Suzanne Husky qui est au fourneau pour nous faire redécouvrir à travers son exposition le lieu de résidence de Nègrepelisse qui vient de rouvrir ses portes.

La revue Multiprise est soutenue par

Bonne lecture, bonnes vacances !

Directeur de publication Thomas Deudé & William Gourdin Rédacteurs en chef Didier Marinesque & Fabien Ruzafa Rédacteurs intervenants FCR, Gabriel Delon, Jeremy Calixte, Amandine Doche, Julie Biesuz, Doriane Spiteri, Capucine Moreau, Patrick Tarres Graphiste Thomas Deudé www.donoteat.fr Photographe Olivier Schaffart Communication Mélissa Kieny contact@revue-multiprise.com www.facebook.com/RevueMultiprise

La rédaction

Partenaires

www.iecevents.eu

radio-fmr.net

I.S.S.N. : 1778-9451 Toute reproduction du titre, des textes et des photos sans autorisation écrite est interdite. Les documents présents dans la revue ont été reproduits avec l’accord préalable du photographe ou de l’envoyeur. Photos non contractuelles. 3



En couverture : Pierre Mersadier hachures-out-2011-02-08-15h05m13s-6 (détail)

Dossier DO IT YOURSELF

21 Court-jus Pierre Mersadier

7 let’s DO IT YOURSELF essai de visite déguidée du système D

hachage_out_paris#4

10 Grand jeu de l’été Quelle figure incontournable du monde de la culture êtes-vous ?

12 Créer une oeuvre d’art D.I.Y. 14 Entretien D.I.Y. 15 Comment réussir une quiche qui vaut du vert ? D.I.Y. 16 Image de synthèse chimique pour balance des blancs en neige Flash back sur le THSF 2014

18 Entretiens

25 Home, sweet changing home 28 La cuisine & sa dépendance visite du Centre d’Art et de Design La Cuisine

32 De la permanence dans

l’inachevé

La Permanence de janvier à décembre 2014, Musée de la danse, Rennes

35 Entretien 36 La mue 1/3 38 Branchement en série Collectif Les Rhubarbus

40 Flash

5


5

3 1

1

1

3

1

2 1

2 4 1 5

1

2

2

1

1

2

3

1

2 1

1

2 4 1

4 4

4

4 3

4

3

3 1

1

1

2

4

1

5

1

2

3

4

5

1

5


let’s DO IT YOURSELF essai de visite déguidée du système D Carte d’identité > superficie : de 0 à + l’infini > population : potentiellement 7,046 milliards > capitale : Black Rock Desert ? > monnaie : l’idée (ID)

> langue officielle : système D > régime : précaire > chef d’état : ma grand’mère > heure : GMT +/- l’infini de jour comme de nuit

Généralités À la question « quoi faire du Do It Yourself ? », ma réponse est de vous le faire visiter, à la manière d’un antiguide de voyage, évitant les travers pompeux et jugements tranchés des Broutards et autres Lovely Palette. Pour passer un bon séjour, il est d’usage de savoir vers quoi on embarque. Force est de constater que « Do It Yourself » est une expression issue de l’anglais comme nombres d’expressions répandues dans les milieux « arty », « branchouilles ». Me considérant newbie en la matière j’essaie d’être aware, dans le swag sur mon laptop... Ça tombe bien on est ici à ‘Multit’prise Yourself ’ où l’on essaie de se brancher en courant alternatif. Si on se penche sur sa traduction littérale, ça donne « Fais-le toi-même ». Jusque là ça va. Si on approfondit l’analyse linguistique on se retrouve face à un syntagme (à ne pas confondre avec la gare) dont le noyau (ou chef de groupe) est le verbe « faire » à l’impératif. C’est lui l’patron et il t’ordonne de faire, non pas de parler, écrire, courir ou jouer. Poursuivons méthodiquement notre découpage syntaxique en se penchant sur les deux satellites de notre noyau : « le », pronom qui comme son nom l’indique est censé remplacer un nom, un référent précédemment exprimé. Tel n’est pas le cas ici. Il est indéfini et ouvre ainsi le champs des possibles de manière totale et rend notre cheminement encore plus excitant. « le » c’est le quoi, l’objet, le truc, le some’ting’, l’idée, l’envie, le projet... Il est complément d’objet discret pour le moment. Un si petit mot pour une telle multiplicité. Enfin « toi-même », (sans lien avec le manque de répartie lorsqu’on se fait insulter dans la cour de récré) ou « vous-même », l’ambiguité de l’anglais nous laisse le choix de le faire seul ou à plusieurs... Par souci d’économie d’encre, la destination « Do It Youself » sera reprise par le sigle DIY (à prononcer /DI WAÏE/ /DI AÏE WAÏE/ ou /DI HAWAÏ/ pour voyager plus loin encore) Avant de partir Nul besoin de traveller-chèques, visas et autres passeports biométriques. On voyage léger dans cette contrée. On part avec son baluchon. Des habits de rechange si vous voulez. Question budget c’est censé rien coûter...ça reste à vérifier. Côté vaccins et précautions sanitaires, il vaut quand même mieux se prémunir et suivre certaines recommandations de son médecin : « éviter de se tuer à la tâche », « le travail déguisé c’est la santé », « Ne confondez pas la boîte de comprimés ‘Do It Yourself’ avec ‘Just do it’ ». Comment s’y rendre Par le plus court chemin bien sûr. Pour éviter autant que possible toutes « évictions de TAZ à effet de faire ». Faites du vélo. Destination aisée s’il en est, DIY est partout et se visite pour pas cher. En bas de chez toi, dans le jardin du voisin, au bout des doigts de l’artisan, dans l’atelier bricolé de l’artiste, dans l’arrière salle d’un pavillon sauvage, au fin fond du « Futuristan ». Bien qu’à portée de main, ça peut paraître loin pour certains. Le chemin pour s’y rendre peut être parsemé d’embûches, et autres désagréments, voire exclusions diverses. Oubliez les réservations 6 mois à l’avance, il n’y a pas de réduction. Ça s’passe ICI et MAINTENANT : « hic et nunc ». Lexique empowerment : est l’octroi de plus de pouvoir aux individus ou aux groupes pour agir sur les conditions sociales, économiques, politiques ou écologiques qu’ils subissent (syn : capacitation, développement du pouvoir d’agir, autonomisation, responsabilisation, émancipation ou pouvoir-faire) 7


fab lab : contraction de l’anglais fabrication laboratory, laboratoire de fabrication, est un lieu ouvert au public où il est mis à sa disposition toutes sortes d’outils locavorisme : mouvement prônant la consommation de nourriture produite dans un rayon allant de 100 à 250 km misfit : mis, préfixe de négation, fit être compatible avec ; se dit d’une personne au comportement ou attitude qui ne correspond pas à la société, ou à un groupe particulier punk : vaurien, voyou, youhou ! TAZ : Zone Autonome Temporaire Histoire Bien que vraisemblablement apparu dans l’usage via le mouvement punk dans les années 70, DIY est un modèle universel qui a bien dû traverser les époques sous toutes ses formes, système D, démerde, débrouille, autodidacte et autres trucs en « d »... Pour revenir au courant DIY tel qu’il est présenté par Fabien Hein dans Do It Yourself, autodétermination et culture punk, il le définit comme une « disposition humaine tendue vers la résolution de problèmes pratiques » ou « forme d’intelligence pratique dont la mise en œuvre s’effectue sans perte d’énergie, ni de temps et sans l’aval d’aucune instance ». Ce qu’il appelle Vulgate Punk est ce même courant dans la musique qui vise à une « démystification du processus de production culturelle » où tout le monde peut être créateur, maîtriser toute la chaîne de production et pas seulement l’aspect musical. Ce phénomène est transversal et apparaît à cette même époque dans l’édition de fanzines avec ce qu’on pourrait appeler le manifeste du mouvement, Sniffin’ Glue, qui encourage ouvertement ses lecteurs à faire de même (pas sniffer de la colle mais créer soi-même), préfigurant d’une certaine façon le web collaboratif que l’on connaît aujourd’hui. Dans un contexte de frustration sociale comme c’était le cas durant « les années de plomb » et comme ça l’est aussi aujourd’hui en cette période de crise politique, la démocratisation de l’action de création peut être envisagée comme une alternative aux politiques économiques ultralib... Système politique DIY est une voie de la contre-culture vers un contre-pouvoir. On le disait, le mouvement punk a éclos dans un contexte politique délicat et resurgit particulièrement aujourd’hui (sans avoir toutefois déguerpi depuis). Il est une solution de secours face aux incapacités des politiques à soutenir la création dans sa pluralité. Face au désengagement de l’État, le DIY devient un acte politique, une façon de jouir d’une véritable démocratie directe. Créer sa propre communauté ressource dans laquelle prône l’autorégulation et « l’autodémerde » à sa propre échelle, de la bonne locale. Le DIY comme décrit par Fabien Hein est communicatif, se veut pédagogique via des guides, qui visent à partager le savoir-faire. Cette émancipation portée par le DIY devient aussi le véhicule de revendications différentielles (homosexuels, libération des femmes ou lutte contre le racisme...) présentes dans la culture punk. Économie Sociale et solidaire ? Vraiment ? Dans l’idée très certainement, celle de proposer son propre modèle économique, non-marchand de préférence, anti-consumériste, pas toujours une évidence. Cela dit le DIY est basé sur un modèle où l’indépendance financière est valorisée et la passivité refusée. On s’éloigne du modèle du travail habituel. Dépassant les clichés habituels sur le punk, Hein rappelle que les groupes punk sont des bourreaux de travail, puisqu’ils doivent presque tout faire eux-mêmes. Il va jusqu’à évoquer l’émergence de l’entrepreneuriat punk. Le DIY ne se situe pas sur le terrain de l’oisiveté mais bel et bien dans un secteur alternatif de productivité. Le DIY éclabousse par son inventivité et sa détermination à créer. Géographie Bienheureu(se)x celui ou celle qui parviendra à le cartographier. À en localiser des micro-strates dans son environnement sûrement, mais son aspect « partout-nulle part » est par essence constitutif du mouvement. Pas de recensement possible ni de statistiques visibles. Le climat est clément avec les renégats. Les vents, d’autant plus en ce moment, sont tournants voire tourbillonnants... Aussi bien à la campagne qu’à la ville le DIY est présent. Parfois pour des raisons et sous des formes différentes. En effet, isolé géographiquement et dépourvu d’instances permettant la création, de structures culturelles ou lieux d’apprentissage, le monde rural s’en remet à son propre système D et à ses propres ressources dans une dynamique d’autosuffisance et d’échange de savoir faire. À la ville où les cultures ont davantage pignon sur rue, le trop plein et la surconsommation peuvent mener vers l’indigestion et l’envie de repli vers une contre-culture autodidacte. 8


Où manger > à la Cuisine peut-être mais il est question de la visiter plus loin > dans son jardin, les légumes du potager, les œufs de son poulailler, et le fromage de brebis de sa bergerie > dans les poubelles des supermarchés > dans un bon Routier maison Où dormir > dans une Homeless Home de Gregory Kloehn : poubelles transformées en abri pour sans-abris > dans un Room Room d’Encore Heureux et G. studio : maison mobile tractée par un vélo proposée dans les situations d’habitat d’urgence. > au camping Yes We Camp à Marseille l’été dernier > sur un rond-point ça doit être bien Où sortir > ce soir au Château d’Eau > en août au Burning Man > au printemps aux Pavillons Sauvages > jusqu’à il y a peu à la Miroiterie À éviter > se croire créatif sous couvert de ce bon vieux DIY > se « selfilmer » avec son GSM pour présenter son nouveau single > voter si c’est pour se Foirer de bulletiN > confondre ‘Do It Yourself’ avec ‘Just Do It’ lors d’une conversation mondaine À découvrir > The Cacophony Society > Urban eXperiment > Yes Men > Jerry Do It Togethere À lire Tales of The San Francisco Cacophony Society, John Law & Kevin Ewans Do It Yourself ! Autodétermination et culture punk, Fabien Hein Fanzines, la Révolution du DIY, Teal Triggs Multiprise n°29 du début à la fin À écouter Spiral Scratch, le premier disque auto-produit de l’histoire par les Buzzcocks sur leur propre label label Dischord Records Chocolat Billy, Trilogie I Ramones, Now I Wanna Sniff Some Glue À paraître Let’s DIWO (Do It With Others) gabriel delon

9


Grand test de l’été En ce numéro estival, quoi de plus relaxant qu’un petit test à réaliser au bord de l’eau, les pieds dans le sable, un verre de mojito à la main ? Mais attention, qui dit « test » ne dit pas forcément que nous abandonnons toute idée de vous parler d’art, de culture, d’expositions muséales… bref, de tout ce qui fait de Multiprise une revue à part et si exceptionnelle ! Alors à vos stylos !

Quelle figure incontournable du monde de la culture êtes-vous ? Entourez la réponse qui vous correspond Sortir, pour vous c’est : Aller de vernissage en vernissage, rentrer à 2h00 du matin plusieurs fois par semaine, les poches pleines de cartes de visite Aller de vernissage en vernissage, rentrer à 2h00 du matin plusieurs fois par semaine, les poches pleines de pelures de cacahuètes Aller de bar en bar, rentrer à 2h00 du matin plusieurs fois par semaine, plus un sous en poche Quel artiste a declaré : “When the seagulls follow the trawler, it is because they think sardines will be thrown into the sea.” Robert Ryman, en 1975, au sujet de sa dernière exposition Eric Cantona, en 1995, lors d’une conférence de presse pour justifier son coup de pied donné à un spectateur Shia LaBeouf, à l’occasion d’une conférence de presse tenue pour le 64ème Festival international du film de Berlin 10


11

RÉSULTATS Vous avez une majorité de :

Vous êtes : un ayatollah de l’art contemporain Généralement directeur de centre d’art ou commissaire d’exposition, « à vous on ne vous la fait pas ». Incollable sur la théorie scientifique des couleurs et intarissable lorsqu’il s’agit de disserter pendant des heures sur la question du beau à travers les siècles, vous êtes reconnu par tous et tout le monde vous connaît. Abonné à Étapes, à Zerodeux et à Art press, vous ne manquez jamais la sortie d’un seul numéro de Multiprise, seule revue absolument fiable sur la question. Quand on veut vous trouver, pas besoin de chercher bien longtemps, il suffit de se rendre au vernissage le plus proche et vous êtes généralement là, tout près de la buvette. Attention, n’oubliez jamais que la cirrhose vous guette !

Vous êtes : Un artiste du dimanche Passionné de macramé et de point de croix vous vous adonnez avec délectation aux joies de la création. Vous avouez sans complexe aimer la poterie et pire, bien pire, vous vous targuez d’aimer la bande dessinée. Or, vous n’êtes pas sans savoir que pour l’éminent académicien Alain Finkielkraut, la BD, on peut l’aimer mais faut pas s’en vanter… car « c’est dire, en sous-main, il n’y a pas d’art mineur. Et quand on dit il n’y a pas d’art mineur, non seulement on réhabilite les arts mineurs mais on vide les autres ». Vous l’aurez donc compris, vous êtes l’ennemi juré de notre profil n°1, l’ayatollah de l’art contemporain. Encore un petit effort, n’oubliez jamais que la reconnaissance n’est jamais loin !

Vous êtes : Un artiste mausdit À l’instar d’un Rimbaud ou d’un Baudelaire, vous êtes un artiste révolté et maudit, plein de douleur et d’incompréhension, qui trouve consolation dans un rêve de postérité posthume... Alcoolique et drogué, génial, fauché, vous refusez obstinément l’aide de votre entourage. Vous êtes aussi très souvent malade comme Nietzsche qui prétendait que la souffrance est utile au génie, qu’elle libère la pensée et la sublime. Votre vie dissolue et nomade vous rend cyclothymique : vous passez en effet par des phases alternées d’exaltation ou de doute, condition intrinsèque à votre créativité. Attention, n’oubliez jamais que la folie vous guette !

Voir une exposition au palais de Tokyo Chiner des bonnes affaires au marché des créateurs Écrire des poèmes en alexandrin Vous avez un peu de temps libre ce week-end. Que prévoyez-vous de faire ? Le seul endroit où vous vous épanouissez entièrement Une aliénation incontournable entre deux loisirs créatifs Un quoi ? Pour vous, avoir un travail, c’est : Le vin en cubi Snapchat Les médicaments Votre plaisir coupable : Vous avez suivi des cours aux Beaux-Arts, réalisé un book et vous êtes désormais commissaire d’exposition Le sol de votre chambre est jonché de terre glaise. Vous avez peint une fresque dans le salon de votre mère. C’est en vous, ça ne demande qu’à éclore, ça va venir Où en êtes-vous de votre pratique artistique ? Non Oui Je ne sais pas Êtes-vous doué pour les compositions florales ?


Créer une oeuvre d’art D.I.Y.



Entretien DIY réalise ta propre interview Nom et prénom : Sexe : Mensurations : Nationalité : Couleur des yeux : Domicilié(e)à : Signe particulier : Profession : À quoi ressemble votre quotidien au travail ? :

Comment expliquer l’art contemporain à un enfant de 10 ans ? :

Quelle est la première exposition que vous avez vu ? :

Une photo/un(e) photographe qui vous a marqué ? :

Quel souvenir en gardez-vous ? :

Le dernier objet d’art acheté ? :

Qu’est-ce qui vous touche aujourd’hui dans la création artistique ? :

Que recherchez-vous quand vous regardez une exposition ? :

L’art en trois mots ? : Quelle est votre actualité en ce moment ? : La/Le ministre de la culture vous donne un budget illimité pour une rétrospective de Jeff Koons, vous acceptez ? : Votre couleur favorite ? : 1+1= Votre plante préférée ? : Que faites-vous au quotidien pour garder la forme ? : Votre juron, gros mot ou blasphème favori ? : Croyez-vous en une entité religieuse ou philosophique ? : Dans votre frigo on trouvera toujours ? : Qui aimeriez-vous voir en premier au paradis/enfer ? : Où est-ce que vous aimez boire un verre ? : Enfant vous rêviez d’être ? : Quelle drogue voudriez-vous essayer ? : Comment vous voyez-vous dans 5 ans ? :

On vous propose de mettre en scène votre biopic, quel(le) réalisateur(rice) choisissez-vous ? :

Votre plus grande réussite ? :

Un livre que vous recommandez vivement ? :

Le plat cuisiné que vous réussissez les yeux fermés ? :

Le programme de vos prochaines vacances ? :

Que faites-vous de mieux avec votre corps ? :

Il fait 37°2C sous les cocotiers. Nu(e) sur un transat, dégoulinant(e) d’huile auto-bronzante un cocktail à la main sur une plage nudiste à Saint-Barth. : une réalité, un rêve ou inimaginable ? :

Le meuble que vous avez réparé de vos propres mains ? : Trois dates importantes dans votre vie ? : Trois groupes de musique favoris ? : Trois objets indispensables pour vos vacances :

14

Vous apprenez que Dark Vador est votre père, que faitesvous ? : Propos recueillis par toi-même



Image de synthèse chimique pour balance des blancs en neige

Flash back sur le Toulouse hacker space factory 2014

Pierre Gordeff, The built from scratch apparatus ©photo : Olivier Schaffart

Nous sommes arrivés sur Toulouse vers 20h00. Trente secondes après, Lionel nous informe qu’une performance va commencer. Par principe, je lui demande s’il y aura des femmes nues. Ce à quoi il me répond oui. Nous allons donc dans la salle 1 et découvrons Poussy Draama1 qui, après avoir distribué des joints d’herbe au public consentant, explique avec un schéma en couleur pourquoi, dans une société hétéro-normée à la pornographie masculino-produite, il pouvait être intéressant, voire nécessaire, de proposer aux regards d’autres formes de (re)présentation du corps à travers la pornographie. S’en suit qu’elle enlève son legging et projette son sexe sur grand écran au moyen d’une webcam. Rapidement, elle est amenée à nous présenter son clitoris à qui je fais poliment un petit signe de la main. Il ne me répond pas, mais, étant donné que nous sommes dans le noir, à mon avis il ne me voit pas. Poussy Draama retire ensuite sa mooncup2 dans laquelle elle avait préalablement placé une tête de weed et l’offre dans une boîte à une spectatrice. Nous nous frottons tous le corps ostensiblement sur un morceau intitulé I love my body, regardons un extrait de film sur l’oppression que fait subir les blancs sur les non-blancs puis nous frissonnons sur le déchirant Gloomy Sunday de Billie Holliday qui conclue la performance. Notre THSF 2014 pouvait commencer. Je ne vais pas tenter de vous faire le compte-rendu exhaustif du week-end. J’ai trop peur d’oublier un moment inoubliable et de vexer quelqu’un. Mais sachez qu’en terme de très bons souvenirs nous avons monstrueusement capitalisé et qu’il n’est pas exclu que nous puissions désormais acheter un petit appartement avec un balcon.

16


Labomedia Cabinet de curiosités La course de l’innovation sur le chemin de la croissance Notre maîtrise des nouvelles technologies nous le permettant, il nous a semblé patriote que de valoriser le pôle de compétitivité nationale dont la prospective opérationnelle ne peut qu’aboutir à une top scalability des incubations fondée sur un business model type capital ingénierie. Les visiteurs ont donc eu la possibilité de piloter le bus de l’innovation grâce à une interface biodégradable nourri aux antibiotiques. Ce sont des kilomètres et des kilomètres de croissance qui ont ainsi, collectivement, collaborativement, été parcourus durant tout le festival. Si l’économie du pays est relancée, vous saurez qui remercier.

©photo : Olivier Schaffart

Le piano à roulette Les luthiers numériques industriels ont du souci à se faire. Cet instrument révolutionnaire permet, en effet, de jouer du piano en appuyant... sur des touches. Mais avec 1 ou 2 secondes de décalage. Quand on les presse, elles composent une partition d’orgue de barbarie sur un écran dont l’analyse -au moyen d’une webcam et d’un algorithme savant- pilote des moteurs qui, à leur tour, appuient sur les touches d’un piano. Je veux dire, si ça c’est pas le futur, je ne comprends pas.

©photo : Olivier Schaffart

Florent Gales & Renaud Helias / Tetalab Missile command deluxe Missile command est un jeu sorti en 1980 qui marqua l’âge d’or de l’arcade. Une version deluxe fut prévue mais celle-ci ne vit jamais le jour. C’était sans compter sur Le Tetalab qui, grâce à des documents leakés par un ancien employé d’Atari, vous propose désormais une version jouable : Installez vous au poste d’un vrai lance missile et dégommez les tirs aliens dans un environnement de projection sphérique. Toutes les infos sur thsf.tetalab.org/2014

©photo : Olivier Schaffart

17


Nicolas Diennet Consultant en management d’applications aéronautiques

Sexe : Masculin Mensurations : 1m87 pour 78kg Nationalité : Française Couleur des yeux : Ambre Domicilié au : Quartier des Minimes à Toulouse Signe particulier : Aucun À quoi ressemble son quotidien au travail : Il s’assure que les applications aéronautiques fonctionnent et essaie de résoudre les problèmes en coordonnant les acteurs dans l’entreprise en cas de dysfonctionnement informatique La première exposition qu’il a vu : En vacances avec son père au Louvre, il ne savait plus où donner de la tête : « Il y avait tant de choses à voir, c’était génial ! » Quelle est votre actualité en ce moment ? Mon anniversaire c’est le 22 Juin et je me demande si je vais le fêter ou pas Votre couleur favorite ? Bleu Votre plante préférée ? Les plantes ne m’aiment pas, je les tue toutes Votre juron, gros mot ou blasphème favori ? Fuck 18

Dans votre frigo on trouvera toujours ? Du fromage moisi Où est-ce que vous aimez boire un verre ? Chez des amis Quelle drogue voudriez-vous essayer ? J’ai déjà essayé toutes les drogues que je voulais Comment vous voyez-vous dans 5 ans ? Encore plus séduisant Votre plus grande réussite ? Mon Mondrian cake, j’ai mis trois jours à le faire Le plat cuisiné que vous réussissez les yeux fermés ? C’est plutôt un dessert, la tarte au citron meringuée, je l’ai fait un nombre incalculable de fois Que faites-vous de mieux avec votre corps ? Manger Le meuble que vous avez monté de vos propres mains ? Tous les meubles de mon appartement À deux, dans vos moments d’intimité, qu’aimez-vous faire de vos mains ? De nouvelles choses Trois dates importantes dans votre vie ? La naissance de Caravage, mon arrivée à Toulouse, la première fois que j’ai vu un film de Miyazaki Trois groupes de musique favoris ? Björk, Metronomy, The Irrepressibles Trois objets indispensables pour vos vacances ? Ma valise de 52 litres, mon guide Lonely Planet, ma meilleure amie avec qui j’ai parcouru la moitié du monde Comment expliquer à un enfant de 10 ans l’art contemporain ? Je l’emmène dans un musée d’art contemporain, je le laisse regarder et expérimenter Qu’est-ce qui vous touche aujourd’hui dans la création artistique ? La capacité à me surprendre et à m’émouvoir Que recherchez-vous quand vous regardez une exposition ? Je n’ai pas beaucoup d’attentes, je veux conserver un effet de surprise à chaque exposition Une photo qui vous a marqué ? Les auto-portraits d’Andy Warhol, il y avait des photos de lui surprenantes en travesti, déguisé et avec des traits inquiétants Le dernier objet d’art acheté ? Une sérigraphie des années 60 représentant Allende trouvée aux puces à Bordeaux. Récemment, j’ai acheté un appartement qui date des années 60-70, les couleurs de cette sérigraphie me font penser à cette époque Que recherchez-vous quand vous achetez un objet d’art ? D’abord un plaisir esthétique mais ce qui m’interpelle chez un artiste, c’est sa capacité à s’extraire de la société, son regard indépendant de toutes considérations morales et de pressions sociales L’art en trois mots ? Sexe, création et provocation La / le ministre de la culture vous donne un budget illimité pour


Paul de Sorbier Directeur de la Maison Salvan une rétrospective de Jeff Koons, vous acceptez ? Non ! J’essaie de négocier pour le faire avec un(e) autre artiste 1+1= 2, j’ai trop baigné dans le système cartésien Que faites-vous au quotidien pour garder la forme ? Pour garder la forme physique, je ne fais rien. Pour garder la forme mentale, je prends mon petit déjeuner pendant 3/4 d’heure avec un livre Croyez-vous en une entité religieuse ou philosophique ? Non Qui aimeriez-vous voir en premier au paradis/enfer ? Plutôt en enfer car au paradis je m’ennuierais affreusement et j’aimerais bien rencontrer Le Caravage Enfant vous rêviez d’être ? Astronaute On vous propose de mettre en scène votre biopic, quel(le) réalisateur(rice) choisissez-vous ? Miyazaki. Tous ses films m’ont marqué mais Le voyage de Chihiro plus que les autres, j’ai vu ce film plus d’une vingtaine de fois Un livre que vous recommandez vivement ? Kafka sur le rivage d’Haruki Murakami Le programme de vos prochaines vacances ? Je ne sais pas encore mais je passerais 80% de mon temps à manger, le reste du temps à visiter et à me faire plaisir Votre cocktail idéal pour l’été ? Une bière locale Il fait 37°2 C sous les cocotiers. Nu sur un transat, dégoulinant d’huile auto-bronzante un cocktail à la main sur une plage nudiste à Saint-Barthélémy : une réalité, un rêve ou inimaginable ? Inimaginable Vous apprenez que Dark Vador est votre père, que faitesvous ? Je change de sexe

Propos recueillis par Jeremy Calixte

Sexe : Masculin Mensurations : 1,92m pour 85kg Nationalité : Française Couleur des yeux : Marron Domicilié : Aux alentours de l’Avenue de la Gloire à Toulouse Signe particulier : D’humeur vacillante Son quotidien au travail : Un puzzle où il joue avec tous les aspects de la Maison Salvan et essaie de composer la meilleur image qui sera l’exposition La première exposition qu’il a vu : Les toiles de sa tante Claire dont il garde comme souvenir une certaine perplexité et une attirance. C’est à ce moment qu’il comprend qu’il y a un chemin et un horizon dans cet univers. Quelle est votre actualité en ce moment ? L’exposition Le rêve d’une chose continue jusqu’à début juillet à la Maison Salvan. En ce moment je suis également en préparation de l’AFIAC dont je suis le co-commissaire. Du coup, à la fin du mois de juin, je partagerai mon temps entre la ville et la campagne ; Labège et Lautrec Votre couleur favorite ? Ça dépend des jours et ce qu’il y a autour de la couleur, mais j’aime bien le bleu, le vert et le rouge Votre plante préférée ? Le colza qui annonce la belle saison Votre juron, gros mot ou blasphème favori ? Fatch de fatch. Je crois que c’est une expression originaire de Provence. Tout repose sur l’intensité du mot 19


Dans votre frigo on trouvera toujours ? Une bouteille de vodka et du jus de pomme Où est-ce que vous aimez boire un verre ? Un bar à côté de chez moi, Les Tilleuls Quelle drogue voudriez-vous essayer ? La sérénité Comment vous voyez-vous dans 5 ans ? Dans 5 ans... je suis incapable de le dire Votre plus grande réussite ? Réussir à faire le porte à porte entre mon travail et l’école de mes enfants en 17 min. un lundi à 18h Le plat cuisiné que vous réussissez les yeux fermés ? La tarte basilic, roquefort et tomates Que faites-vous de mieux avec votre corps ? Observer avec plusieurs sens Le meuble que vous avez réparé de vos propres mains ? La table où on se réunit à tous les repas À deux, dans vos moments d’intimité, qu’aimez-vous faire de vos mains ? La lumière est éteinte, je ne peux pas vous le dire Trois dates importantes dans votre vie ? Hier, aujourd’hui et demain Trois groupes de musique favoris ? Slint, Pauline Oliveros, The Caretaker Trois objets indispensables pour vos vacances ? Un bouquin, L’aventure ambiguë de Cheikh Hamidou Kane, mon chargeur de téléphone et un crayon. Je peux pas partir sans crayon j’ai toujours envie de noter et d’écrire Comment expliquer l’art contemporain à un enfant de dix ans ? En lui demandant de rester dans la liberté d’interprétation que lui donne ses sens Qu’est-ce qui vous touche aujourd’hui dans la création artistique ? La singularité des artistes Que recherchez-vous quand vous regardez une exposition ? Ce qui se passe dans l’air et sur le blanc des murs entre les oeuvres. Je m’attache aux pièces bien entendu mais j’aime quand l’exposition bascule et devient un territoire global et autonome Une photo/un(e) photographe qui vous a marqué ? Le saut dans le vide d’Yves Klein est une image à laquelle je pense souvent Le dernier objet d’art acheté ? Un vinyle de Steve Reich The Desert Music. Je l’ai acheté par hasard sur le marché entre le pain et le jus de pomme. La musique m’accompagne beaucoup au quotidien, je suis un grand fan de musique répétitive L’art en trois mots ? Vertige, liberté et puissance La/Le ministre de la culture vous donne un budget illimité pour une rétrospective de Jeff Koons, vous acceptez ? A priori ça ne m’intéresse pas mais il y a des choses intéressantes à faire, on peut tout dire et tout faire ; ça reste un beau défi 1+1= 1 et 1 Que faites-vous au quotidien pour garder la forme ? Pas grand chose 20

Croyez-vous en une entité religieuse ou philosophique ? Je suis incapable de dire quoi, mais au fond de moi je pense que oui, le matin plus que le soir d’ailleurs. C’est un constat empirique personnel Qui aimeriez-vous voir en premier au paradis/enfer ? Au delà des personnes que j’aime, Fernando Pessoa Enfant vous rêviez d’être ? Un adulte le plus vite possible On vous propose de mettre en scène votre biopic, quel(le) réalisateur(rice) choisissez-vous ? Je n’ai pas de réalisateur en tête, mais ça serait surement un réalisateur de série Z, un film à la fois burlesque et branquignol. Dans le rôle titre je choisirais Bernard Menez. Je garde un bon souvenir de ses talents d’acteur dans plein de films pourris où il se révèle assez génial Un livre que vous recommandez vivement ? Nous autres d’Eugène Zamiatine Le programme de vos prochaines vacances ? Pour l’instant c’est encore indéfini mais je voudrais du calme, du silence et un peu les pieds dans l’eau. Assez espagnol je pense Votre cocktail idéal pour l’été ? Platane, terrasse, du temps et de la discussion Il fait 37°2 C sous les cocotiers. Nu sur un transat, dégoulinant d’huile auto-bronzante un cocktail à la main sur une plage nudiste à Saint-Barthélémy : une réalité, un rêve ou inimaginable ? Inimaginable Vous apprenez que Dark Vador est votre père, que faitesvous ? Je lui demande si je peux essayer son casque

Propos recueillis par Jeremy Calixte


Pierre Mersadier Projet Hacheuur





Home, sweet changing home

« La meilleure maison, c’est celle qui privilégie l’habitant » Paul Chemetov

Ci-dessus : Paul Chemetov, Maquette de l’exposition Chacun sa maison, 2014, CMAV © Julie Biesuz

Le Centre Méridional de l’Architecture et de la Ville accueille jusqu’au 26 juillet prochain l’exposition Chacun sa maison. Consacrée à l’architecte français Paul Chemetov, cette rétrospective présente une partie méconnue de son travail : une série de maisons construites sur une période de cinquante ans, dans des lieux et des temps toujours différents. À l’initiative de la Cité de l’Architecture & du Patrimoine, elle a d’abord permis la constitution d’un répertoire inédit, quand on sait que la majeure partie des archives Paul Chemetov avait disparu dans un incendie, en 2002. Ainsi, les maquettes et les plans de chacun des projets ont été réalisés pour cette exposition et Chemetov a directement participé à la rédaction des notes de présentation. Cette rétrospective a permis de réunir et de présenter les constructions réalisées de 1962 à 2011 et plonge le spectateur au cœur d’une mise en scène évoquant un espace de travail, un atelier temporaire. On sent une certaine cohérence entre l’économie de moyens des travaux présentés et la simplicité du dispositif d’exposition. 25


Paul Chemetov, Vue de l’exposition Chacun sa maison, 2014, CMAV © Julie Biesuz

Dans cet atelier fictif se mêlent une multitude de documents (croquis, photographies, revues de presse, maquettes, etc.) comme autant de photographies retraçant les étapes des projets architecturaux. « J’aimerais qu’il existe des lieux stables, immobiles, intangibles, intouchés et presque intouchables, immuables, enracinés ; des lieux qui seraient des références, des points de départ, des sources : Mon pays natal, le berceau de ma famille, la maison où je serais né... » Espèces d’espaces, Georges Perec, 1974 La maison-mémoire Paul Chemetov aime à s’imaginer que « Chacun sa maison », un album-jeu conçu par son père Alexandre Chem en 1933 a prédestiné sa carrière d’architecte. L’album aux illustrations colorées nous plonge dans le style russe des années 1930, mêlant formes, lettres et couleurs pures. Le livre est composé de trente-deux cartes détachables qui nous invitent à associer huit enfants du monde à un type d’habitat, un moyen de transport et 26

un animal local. Cet ouvrage permet de multiples usages, comme autant de jeux, de combinaisons et d’histoires à raconter. Son regard d’enfant sur le livre de son père, Paul Chemetov se le remémore dans Il y faudrait plus d’enfance, qui étudie la place de la ville dans la littérature jeunesse : « L’igloo, la yourte, la case en pisé hérissée comme un cactus, les branches d’un échafaudage devaient, dans un jeu des familles, être habités par leurs occupants : l’esquimau, l’éleveur nomade ou le paysan africain. Il fallait donc deviner qui habitait là et qui ici. Les maisons n’étaient pas que des legos, des cubes géométriques […] mais d’abord les demeures des humains, des autres […] Je garde la mémoire de cet album qui m’incitait à loger chacun dans sa maison ». La maison-laboratoire Paul Chemetov a toujours accordé une grande importance à l’habitat, qu’il soit collectif ou domestique. Ici, c’est principalement l’habitat domestique qui est mis en valeur. Chacun sa maison présente 16 maisons, construites en région parisienne, dans le Nord, en Normandie, en Provence, en Ardèche, dans l’Indre, et même au Maroc. Bien loin du grandiose et de la démesure,


Paul Chemetov y affirme un style simple, dans une recherche permanente de justesse. « Toutes les questions de l’architecture sont posées dans une simple maison individuelle », affirme-t-il ainsi. Sans se livrer à un exercice virtuose dans lequel la prouesse prévaudrait sur la justesse, il privilégie en effet une pratique architecturale à la fois moderne, sensible et humaine. Il faut déjà à l’échelle de la maison résoudre tous les problèmes concrets déjà donnés : topologie, histoire, culture et économie de moyens ; toutes les réflexions qu’il mène répondent aussi aux limites financières.Mais dans tous les cas de figures, Paul Chemetov cherche à comprendre et satisfaire les rêves et les espoirs de ses commanditaires. Comment imaginer une maison unique, simple, utile et adaptée à chacun de ses habitants ? La maison Sterckeman représente un exemple pertinent pour mieux comprendre sa vision du métier. D’autant plus qu’il s’agit d’un projet mené avec des moyens très limités : peu de capitaux, un temps de réalisation très court, la nécessité de présenter quelque chose d’innovant. En effet, il lui a fallu réaliser une maison tenant son propre rôle de panneau publicitaire, un prototype de maison en kit, pour renouveler les offres de son client, marchand de caravanes dont le marché connaissait alors un déclin rapide. La maison Sterckeman rompt avec la monotonie du paysage environnant : on ne s’attend pas à voir une maison montée comme sur pilotis dans la campagne lilloise, donnant ce petit côté nomade de la caravane. Et si on peut comparer cette architecture au travail de Jean Prouvé, il est intéressant de la rapprocher d’un certain onirisme enfantin, pour y poser aussi un regard doux et amusé, tel qu’a pu le faire Tati dans son célèbre Mon oncle. Trop souvent, la valeur d’un architecte est associée à sa capacité à relever des défis grandioses. Par cette exposition, c’est au contraire le caractère humain qui est mis en valeur. Savoir s’adapter à un contexte historique, géographique, connaître la

Recette pour obtenir une maison (selon le livre M.A.I.S.O.N - Maisons, Abris, Immeubles Surprenants, Originaux et Novateurs d’ Aleksandra Mizielinska et Daniel Mizielinski)

vérité constructive d’un projet, a dopter un comportement responsable quant au budget sont autant de qualités indispensables à l’exercice de l’architecte. Surtout, Paul Chemetov estime que le véritable enjeu pour l’architecte moderne tient dans la compréhension et le prolongement des rêves de chacun en matière d’habitat. Il insiste sur le rôle essentiel de ce qu’il appelle le laboratoire de la maison, selon lui, « la réconciliation durable des architectes et des citoyens (...) passe par le réinvestissement du champ de l’architecture domestique par les architectes. » Julie Biesuz

Paul Chemetov Chacun sa maison Du 14 mai au 26 juillet au CMAV, 5 rue Saint Pantaléon 31000 Toulouse Exposition produite par la Cité de l’architecture & du patrimoine et présentée par le CAUE31

Paul Chemetov, Maison Sterckeman, Vue générale de la façade nord, 1972 © Paul Chemetov

Ingrédients : – 1 célèbre architecte (ou plus si besoin) – 1 espace libre – 1 poignée d’idées neuves – 3 à 4 chariots remplis d’argent – Mélanger le tout, bien agiter et laisser reposer 5 mois. – Servir la maison avec des habitants

27


La Cuisine et sa dépendance

visite du château de Nègrepelisse, Centre d’Art et de Design La Cuisine

Entrée Salade Panorama de la Cuisine de Nègrepelisse et son omelette d’art et de design avec nappage du territoire ~ Plat Noix de cuissot de Husky rôti au romarin et son sauté de légumes bouquetière façon Suzanne ~ Dessert Croquembouche du château en Pièce démontée et autres douceurs présentes, passées, futures Que diable nous mijote-t-on à la Cuisine ? 28


~ Entrée Salade Panorama de la Cuisine de Nègrepelisse et son omelette d’art et de design avec nappage du territoire

~ Plat Noix de cuissot de Husky rôti au romarin et son sauté de légumes bouquetière façon Suzanne

La Cuisine est un centre d’Art et de design implanté à Nègrepelisse dans le Tarn et Garonne et initié par son ancienne municipalité. Cette Cuisine aujourd’hui bien équipée fête ses 10 ans cette année et inaugure ses nouveaux locaux dans son beau château. Comme son nom l’indique, la Cuisine choisit comme porte d’entrée l’alimentation et invite l’art à passer à table ou à la casserole à travers la création, la médiation et la transmission. En 2004, Jean Cambon, maire de l’époque, souhaite développer un projet culturel sur son territoire et en lien avec celui-ci. C’est à Stéphanie Sagot qu’il en confie la préparation. Finalisant sa « recet-thèse » en doctorat d’art non loin de là à Montauban, elle décante ses recherches sur l’art et son infiltration dans les réseaux du quotidien. Sensible à l’interaction entre création artistique et ressources du territoire qu’elle découvre au CIRVA à Marseille (Centre Internationnal de Recherche sur le Verre et les Arts) ou au CRAFT à Limoges (Centre de Recherche sur les Arts du Feu et de la Terre), elle saisit les ingrédients de ce territoire rural où les productions agricoles, la transmission des savoir-faire et les protocoles de la table constituent des enjeux importants. La volonté initiale est aussi d’inscrire l’art contemporain dans le territoire rural et quel meilleur moyen que de se nourrir d’une miche de pain.

Le Husky est un chien de travail / Suzanne est une femme altière, racée, celle qui saisit qui s’empare. Ok voyons plutôt ce que nous dit la vraie. Suzanne Husky est en résidence depuis 1 an et demi à la Cuisine du château. Pour dire vrai, le château n’a véritablement ouvert ses portes qu’en janvier et vient tout juste d’être inauguré... Que trouve-t-on dans son bouillon ? Du hibou, de la glaise, de l’ours, des déchets industriels, de l’authentique, du typique et un merle rôti dans son arrière-boutique... ? Ce qui est sûr c’est qu’on y trouve du local comme source d’inspiration de son travail. Elle est locavore en somme, elle se nourrit de ce qu’elle trouve sur place, dans son environnement de travail. Elle le présente comme son compost, fait de plusieurs strates et qui gagne à maturer pour se transformer en matière d’intérêt. Elle propose une vision prétendument politique de son expérience du territoire. Ici à Nègrepelisse, elle aime ce paysage comme elle le déteste. Et pas seulement celui de Nègrepelisse, tous ceux qui y ressemblent, ces territoires si riches d’histoires, de traditions, de savoir-fairevivre-créer et sinistrés par certaines formes de modernisation qui oublient ses recettes, enterrent ses morts et leur savoir avec et mangent ce qui passe à la télé. Suzanne est un orage qui menace avec grâce dans un tonnerre de douceur. Sa cantine à Nègrepelisse propose 2 services à apprécier cet été : le premier qui constitue l’aspect documentaire de son travail où il est question d’absorption et de digestion des substances issues de l’environnement direct présenté souvent via le reportage vidéo et le second relève de l’exercice de création dans son atelier toujours dans une volonté de témoigner des pratiques locales.

Recette Recette pour un nombre de personnes indéterminé Difficulté : variable Préparation : 10 ans et + Cuisson : au fourneau uniquement Coût : sueur, rêve, maire Ingrédients : - 82800 pierres de taille - quelques tranches de Cambon à l’os - 1415,062014 plaques d’acier corten - 10 ans d’expérience - 4 courtines - 1 salle d’exposition - 1 auditorium - 1 cuisine expérimentale - 1 once d’espaces pédagogiques - 1 tour des livres - 1 atelier d’artiste - 1 pincée de bureaux - 1 île flottante à proximité - 1 vaste cour pour recevoir ses vassaux

1er service Invitée par Stéphanie Sagot après son travail en Ariège, Les dernières bouchées sauvages, documentaire sur les pratiques alimentaires disparues, Suzanne souhaite poursuivre son travail de reportage sur les recettes oubliées non plus dans les montagnes reculées mais sur les plaines agricoles du Tarn et Garonne. Frustrée de ne trouver que peu de matières inédites à manger sur ces terres, elle oriente son travail sur la pratique du potager vivrier et sa vertu d’autosubsistance à l’heure où une nouvelle loi proposée par la Commission européenne souhaite l’illégalité de la culture privée. Sa double culture franco-américaine lui permet 29


Suzanne Husky, prise de vue réalisée dans le cadre de sa résidence à La cuisine, centre d’art et de design, Nègrepelisse, 2013

de relever d’autant plus l’importance de la place du jardin chez les français. Ainsi elle va à la rencontre des habitants qui perpétuent l’entretien de leur jardin, le cultivent et en font du potage. Elle organise aussi des ateliers de transmission culinaire en faisant intervenir des habitants qui proposent une recette du coin comme un civet de chasse ou un gâteau aux fleurs. 2ème service Focalisée sur le travail de la terre, Suzanne y voit deux usages complémentaires : l’activité agricole comme terre à cultiver et dont on peut cueillir les fruits et les légumes mais également l’artisanat et la tradition locale de la poterie. Manger ce que produit la terre dans une assiette constituée de cette même terre. Elle découvre au Musée Ingres de Montauban et à l’Abbaye Belleperche au musée des Arts de la Table, une petite collection d’assiettes en faïence provenant de Nègrepelisse et décide de créer un service de table en poterie sur le modèle de ces assiettes anciennes sur lesquelles sont peintes des scènes pastorales. Ce long processus de création passe par plusieurs étapes : rechercher de la glaise du coin qu’il serait possible de travailler avec l’aide d’un céramiste qui accepterait de travailler cette terre brute, jusqu’aux limites de ses possibilités et enfin peindre des scènes pastorales 30

contemporaines. Difficile de trouver terre à sa potière... L’ancienne carrière de Nègrepelisse est sous le cimetière protestant devenu décharge municipale, pour aujourd’hui être à nouveau le cimetière de la ville : impossible d’en récupérer la terre. Elle trouve finalement sa matière première dans une sablière des environs dans laquelle elle peut extraire une terre brute inutilisée considérée comme un déchet industriel. Les contraintes de temps et sa volonté de travailler avec une matière brute la poussent à utiliser cette terre telle quelle. La nouvelle épreuve est d’identifier un céramiste du sérail qui accepte de travailler avec ce type de matière non purifiée. Les potiers travaillent le plus souvent avec une terre pure et industrielle. Un vieil homme et excellent potier accepte finalement le défi et se lance avec Suzanne dans la fabrication artisanale d’assiettes en glaise de Nègrepelisse. Après de nombreuses tentatives, ils parviennent à trouver les bonnes conditions pour la préparer, la cuire et en faire des assiettes que Suzanne choisit de décorer de peintures pastorales contemporaines. Ces peintures témoignent des mutations du paysage via les pratiques actuelles d’agriculture et de consommation déraisonnées, comme un portrait qu’elle tire de son séjour au bord du ruisseau Longues-Aygues.


~ Dessert Croquembouche du Château en Pièce démontée et autres douceurs présentes, passées, futures Je vous propose comme dessert, de venir vous-même déguster la Cuisine. Passez faire vos courses sur le Marchérama, vous y trouverez tous les bons produits du tirroir. Ne passez pas trop tard, vous seriez encore heureux s’il en reste un peu. Entrez dans le château vous trouverez à votre disposition les Fourneaux dans lesquels vous pourrez faire cuire vos gâteaux. Pensez à fermer, sans Bruit, le Frigo pour y déposer vos denrées périssables, certains lisent en famille dans la Tour des livres. Installez-vous avec votre chéri sur les nappes qu’il a oublié, l’île de Nègrepelisse vous recevra 5 sur 5 pour un déjeuner dans l’herbe au bord de l’Aveyron et les Eglogues de Suzanne vous envoûteront près des charpentes du château. - Les Fourneaux et sa cuisine expérimentale sont un outil de médiation qui accueillent le public lors d’ateliers culinaires. Camille, chargée des Fourneaux, en lien avec le travail des artistes en résidence et l’initiative des habitants désirant transmettre une recette, vous propose de venir cuisiner une daube de gibier, des petits pâtés en croûte, une croustade à l’ancienne, des gnocchis aux orties ou un gâteau aux fleurs d’acacia... Ateliers durant toute l’année - Marchérama est un panorama en images et en mots pour traduire et raconter le phénomène du marché. Encore Heureux expose sans marchandage, les portraits et les mots des marchands des marchés avec leur marchandise. Exposition itinérante à découvrir en Tarn et Garonne - 7 familles aux identités remarquables sont recomposées avec force et fantaisie par le Bruit du Frigo. Exposition à partir d’octobre 2014 - « Chérie j’ai oublié la nappe ! » —t’inquiète mon Vichy, 5.5 Designers y a pensé pour nous, pour nos pique-niques et pour toujours... Si on commençait par l’île flottante en dessert... Installation à découvrir toute l’année sur l’île de Nègrepelisse

Suzanne Husky, Eglogues (detail), 2014, faiences, service de table de 12 personnes. Production La cuisine, centre d’art et de design.

« Suze de Bazas, élevons un peu nos plats. Les cuissons ne plaisent pas à tous, non plus que cette impure terre. Si nous dessinons des bulles à verre, que les bulles soient dignes d’une faïence. Il s’avance enfin, le nouvel art prédit par Stéphanie : je vois éclore un grand service d’assiettes renaissantes. Déjà le château comme un vaisseau, revient sur la terre, et avec lui le rêve de Valentine ; déjà descend des cieux une nouvelle vague de curieux. Souris, chef Camille, à ce repas naissant ; avec lui d’abord cessera la hâche de guerre, et à la face du monde entier s’élèvera la fourchette d’or. » Quatrième églogue de Virgile librement cuisiné

- Eglogues : Un églogue est un poème pastoral écrit dans un style simple et naïf où, à travers les dialogues des bergers, l’auteur relate les événements généralement heureux de la vie champêtre, chante la nature, les occupations et les amours rustiques. Exposition de Suzanne Husky à partir de juin 2014 31



De la permanence dans l’inachevé

La Permanence de janvier à décembre 2014, Musée de la danse, Rennes « Vous dites : le réel, le monde tel qu’il est. Mais il n’est pas, il devient ! Il bouge, il change !... L’on est plus près de cette réalité en disant...il ‘’se présente’’ : ce qui signifie qu’il n’est pas là, existant en tant qu’objet. Le monde, le réel, n’est pas un objet. C’est un processus1. » John Cage

Un musée vivant interrogeant le format même du musée : c’est le projet de Boris Charmatz qui transforma le Centre Chorégraphique national de Rennes et de Bretagne en Musée de la danse lors de sa prise de direction en 2009. Sous la forme d’un manifeste, il propose alors un musée sans politique d’acquisition permettant de penser la danse dans son rapport à l’institution. Chacun des projets qui y sont présentés tendent ainsi à faire apparaître une expérience singulière transgressant les délimitations entre les différentes formes d’art, permettant de penser l’art comme partie prenante de la réalité. Du mois de janvier au mois de décembre 2014, La Permanence s’installe au Musée de la danse, sous le commissariat de Boris Charmatz, Sébastien Faucon et Sandra Neveut. Proposant d’ouvrir le Musée de la danse durant toute l’année 2014, ce programme d’expositions, de projections, d’ateliers et de résidences accueille en dépôt des oeuvres de la collection du Centre National des Arts Plastiques (CNAP). À travers quatre cycles, ce partenariat propose d’interroger les correspondances entre les arts visuels et les arts vivants. Cette proposition révèle avec force les paradoxes soulevés entre un lieu de conservation et un art en mouvement, profondément inachevé. Présentant des oeuvres processuelles, dans lesquelles le spectateur a une place prépondérante, cette proposition permet de questionner la pratique muséale dans sa permanence et l’art lui-même dans son caractère transitoire. Ce projet vise ainsi à présenter des pratiques artistiques en prise avec la vie, rappelant l’esthétique pragmatiste de John Dewey dans son ouvrage L’art comme expérience2 publié en 1934. Si pour ce dernier ou pour Allan Kaprow, qui radicalisera son propos, la connexion entre l’art et la vie est tributaire de la nécessité de sortir du contexte artistique connoté pour se fondre dans la vie quotidienne, le projet du Musée de la danse tend, au contraire, à faire entrer ce paradigme au sein même de l’institution : un défi qu’il relève avec talent et subtilité. Pour son cycle d’ouverture, La Permanence #1, du 21 janvier au 15 mars, une série d’oeuvres inclassables – performances, vidéos,

etc. – a été choisie dans la collection du CNAP afin de penser l’exposition du corps. Une nouvelle oeuvre arrivait chaque semaine dans le musée. La pièce Kiss (2004) de Tino Sehgal était la première oeuvre, exposée seule du 21 janvier au 1er février puis du 4 au 7 février à l’EESAB – Site de Rennes. Mettant en scène deux danseurs passant par différentes positions évoquant les baisers célèbres de l’histoire de l’art, cette pièce-performance interroge les limites entre l’oeuvre originelle et ses possibles reconstitutions et intègre un forme de participation dans la structure même des oeuvres en permettant aux situations de se développer de manière différente selon le comportement du visiteur. Ce premier cycle était prolongé d’un colloque à l’Université Rennes 2 et de la présentation de la pièce (sans titre, 2000) de Tino Sehgal par trois danseurs lors d’une soirée au Musée de la danse le 5 février. A 18h, 19h et 20h, le spectateur était invité à voir trois interprétations successives de cette pièce par Andrew Hardwidge, Frank Willens et Boris Charmatz. Dans cette pièce, Tino Sehgal introduit un siècle d’enjeux de la danse apparaissant comme une sorte de musée de la danse chorégraphié. Dans la chorégraphie, certains pourront alors y reconnaître des fragments de danses de Nijinski, Mary Wigman, Isadora Duncan, Balanchine, Trisha Brown, Merce Cunningham, Pina Bausch ou encore Xavier Le Roy. Pour Boris Charmatz, ce solo est un moment charnière dans le parcours de Tino Sehgal marquant ses adieux aux plateaux de théâtre et le propulsant dans le champ de l’art contemporain. Il fallait alors que cette pièce soit transmise, c’est pourquoi ces trois danseurs l’ont reçu et l’interprètent de manière singulière. Les spectateurs sont assis sur des gradins, un homme arrive dans le noir, présente la pièce. Les lumières s’allument et dévoilent un lieu neutre, un corps nu, sans accessoire, sans décor, sans musique. La danse se révèle comme médium, de manière brute et immédiate. Dans un moment de respiration, Boris Charmatz lance : « Le Musée c’est vous ! ». C’est en effet l’enjeu majeur de La Permanence : une conscience du temps en communauté. La danse permet ce face-à-face, cette co-présence de l’artiste et du public, la réalisation d’une démocratie dé-hiérarchisée dans laquelle le spectateur a un 33


Silvia Carboni et Jeanne Dantin, étudiantes du Master Métiers et Arts de l’Exposition (Université Rennes 2). Interprétation de 5 instructions de l’ouvrage do it de Hans Ulrich Obrist, dans le cadre de La Permanence #2 au Musée de la danse. Crédits photo Nyima Leray

pouvoir participatif. Il s’agirait ainsi de défaire l’illusion du spectacle en soulignant le caractère construit de la réalité représentée, une distanciation entre acteur et spectateur telle que formulée par Bertolt Brecht. Les pièces présentées révèlent des questionnements liés à la présence, à cet ici et maintenant, permettant, non plus seulement de penser le spectacle à partir du quotidien mais d’inviter le spectateur à être le sujet de celui-ci, partie prenante de l’action en train de se faire. Du 1er avril au 17 mai, La Permanence #2, sous-titrée Lecture/ mouvement, place le public au centre de sa préoccupation. Il est mobilisé pour créer et mettre en scène l’exposition. Laissant place à l’immatériel et à l’art conceptuel, ce deuxième volet présente des pièces de John Giorno, de Dora Garcia ou encore de Lawrence Weiner. Durant l’ensemble de ce cycle, chaque semaine une ou plusieurs personnes (chorégraphes, artistes, commissaires, étudiants) sont invitées à réfléchir à une production originale autour de l’ouvrage Do it3 de Hans Ulrich Obrist. Celui-ci est un recueil dans lequel le commissaire a réuni 250 instructions données par des artistes afin de réaliser sa propre exposition. Hans Ulrich Obrist, considère cette publication comme un projet open source permettant à tout le monde de faire son exposition internationale. Au Musée de la danse, chaque personne est invitée à réactiver ou à compléter librement un ou plusieurs protocoles et les visiteurs peuvent assister ou contribuer au processus de fabrication des oeuvres et à leur restitution. Lors de ce second cycle, les oeuvres présentées ont en commun un rapport à l’énoncé, à l’oeuvre comme discours ou proposition. Au fond du musée, dans la grande salle de répétition et de fort pouvoir de performativité se développe comme une fiction spectacle est présentée l’oeuvre ayant la plus importante capacité à générer de l’action. Installation multimédia interactive, l’oeuvre de Dora Garcia 34

intitulée Instant narrative (2006-2008), par son instantanée. Un écran de projection sur lequel des phrases défilent est accroché à l’un des murs. À distance, une personne attablée à un bureau dactylographie un récit sur ordinateur. Les phrases projetées décrivent une situation, une personne, son apparence, ses gestes. Il faut du temps au spectateur pour comprendre le lien entre la personne écrivant sur son ordinateur et les phrases qui défilent sur l’écran : cette personne décrit sur le vif le spectateur entrant dans la pièce. Sans le savoir, le spectateur devient performeur. Cette pièce met ainsi en action un processus qui s’autogénère, un dispositif réflexif interrogeant la place du spectateur et celle de l’auteur. Cette oeuvre se joue dans la présence, la construction d’un récit dans lequel le quotidien devient spectacle. La Permanence offre ainsi au spectateur une véritable expérience esthétique, en lien à ce que John Dewey définissait comme une manière de rétablir la continuité entre l’expérience esthétique et les processus normaux de l’existence. À chacun qui franchit sa porte, le Musée de la danse offre un temps suspendu, un moment comme la vie. Doriane Spiteri

Daniel Charles, entretien avec John Cage, For the Birds, Boston et Londres, Mario Boyars, 1981, p. 80. 2 John Dewey, L’art comme expérience (1934), Paris, Gallimard, 2005. 3 Hans Ulrich Obrist, Do it : the compendium, Independant Curators International, New York, 2013. À suivre : La Permanence #3. Petit musée de la danse, du 27 mai au 28 juin 2014 : Temps d’exposition et d’expérimentation dédié au jeune public. La Permanence #4 de septembre à décembre 2014. Plus d’informations sur : www.museedeladanse.org 1


Perle Lagier Responsable Marketing et Communication des Galeries Lafayette à Toulouse Sexe : Féminin Mensurations : 1m57 pour 47kg Nationalité : Française Couleur des yeux : Bleu Domiciliée à : Patte d’Oie à Toulouse Signe particulier : On dit d’elle qu’elle est solaire À quoi ressemble son quotidien au travail : Ce qu’elle aime dans son travail, c’est les rencontres et les échanges, en interne commei en externe La première exposition qu’elle a vu : Elle garde un souvenir très fort de la visite du Carré d’Art à Nîmes quand elle avait 8 ans qui reste pour elle une visite assez ludique Quelle est votre actualité en ce moment ? À fond sur un concours de projet innovant lancé par le groupe dans lequel je travaille ! Votre couleur favorite ? Bleu Votre plante préférée ? Le saule pleureur Votre juron, gros mot ou blasphème favori ? Merde Dans votre frigo on trouvera toujours ? Des oeufs Où est-ce que vous aimez boire un verre ? Chez des amis Quelle drogue voudriez-vous essayer ? Je ne sais pas mais j’aimerais mourir d’une overdose pour rester sur une bonne fin Comment vous voyez-vous dans 5 ans ? J’ai du mal à me projeter dans l’avenir Votre plus grande réussite ? Être appréciée et aimée des gens qui m’entourent Le plat cuisiné que vous réussissez les yeux fermés ? Les oeufs aux plats Que faites-vous de mieux avec votre corps ? Je ne pourrais pas en parler ici... Le meuble que vous ayez monté de vos propres mains ? Ma bibliothèque À deux, dans vos moments d’intimité, qu’aimez-vous faire de vos mains ? Les démultiplier Trois dates importantes dans votre vie ? Difficile de résumer en trois dates. Il y en a beaucoup qui comptent pour moi comme la naissance des gens que j’aime, et bien sûr les absents, les décès Trois groupes de musique favoris ? Ce ne sont pas mes favoris, mais en ce moment j’écoute Les b.o. d’Alabama Monroe et de Moulin Rouge et Lana Del Rey Trois objets indispensables pour vos vacances ? Un livre, mon appareil photo et un carnet Comment expliquer l’art contemporain à un enfant de 10 ans ? Je le laisserai m’expliquer, je trouve passionnant les réactions des enfants face à l’art contemporain, c’est souvent tellement

pertinent et plein de sens ! Lors d’une première confrontation artistique, ils l’appréhendent souvent mieux que les adultes. Qu’est-ce qui vous touche aujourd’hui dans la création artistique ? J’ai une formation scientifique, ce qui me touche c’est cette capacité à venir me perturber et mettre à mal mon esprit cartésien. Les artistes croisent plusieurs parcours et carrefours : la sociologie, la politique, l’histoire... on est obligé d’être dans une contemplation active Que recherchez-vous quand vous regardez une exposition ? Être surprise, être perturbée Un photographe qui vous a marqué ? J’ai vu récemment à Hyères les portraits de Petros Efstathiadis. Il a mis en scène des chevaliers du quotidien. ils avaient le visage masqué mais il y avait une certaine empathie qui se créait Le dernier objet d’art acheté ? Un livre sur Louise Bourgeois, Au miroir de Louise L’art en trois mots ? Densité, richesse et éveil Le ministre de la culture vous donne un budget illimité pour une rétrospective de Jeff Koons, vous acceptez ? Non, il y a beaucoup d’artistes avec qui j’aimerais travailler et pas forcement Jeff Koons. Je ne me sentirais pas à ma place, je laisserais faire les personnes plus aptes à répondre à cette demande 1+1= Nous Que faites-vous au quotidien pour garder la forme ? Je cours, je mange sainement et je garde le sourire Croyez-vous en une entité religieuse ou philosophique ? Je crois beaucoup en l’être humain. Pour moi la vie est faite de relations, de rencontres et d’enrichissements Qui aimeriez-vous voir en premier au paradis / enfer ? Le diable au paradis Enfant vous rêviez d’être ? Reporter, je rêvais d’enquêtes, de découvertes et d’aventures On vous propose de mettre en scène votre biopic, quel(le) réalisateur(rice) choisissez-vous ? Felix Van Groeningen Un livre que vous recommandez vivement ? Un dictionnaire Le programme de vos prochaines vacances ? Festival de Carcassonne + mon mariage ! Votre cocktail idéal pour l’été ? Mes proches, du soleil, du rhum et des vacances Il fait 37°2 C sous les cocotiers. Nue sur un transat, dégoulinant d’huile auto-bronzante, un cocktail à la main sur une plage nudiste à Saint-Barthélémy : une réalité, un rêve ou inimaginable ? Inimaginable Vous apprenez que Dark Vador est votre père, que faitesvous ? Je lui dis d’une voix rauque : « je suis ta fille »

35


La mue

La vie est ailleurs Ça a commencé par une forêt. Touffue. Noire. Puis, une falaise. Me jeter dans le vide. Pierre qui tombe, en elle la promesse d’une plume triomphante. Mais comme un reflux le vertige vient me nouer. Souvent, de plus en plus souvent. Alors je le décide : je ne veux plus être cette femme. C’est gris. C’est épuisant. C’est chiant. Je quitte cette peau. J’en revêts une autre. Ou plutôt : j’arrache de cette peau, morceau par morceau, des lambeaux. Et dessous apparaît enfin ma peau. MA peau. Mais. L’ancienne peau gueule. Hurle. Au carnage. Le sang coule. La chair remue. Des boules se nouent. Elle ne veut pas n’être que costume, ridicule déguisement jeté de côté pour laisser la nature exulter. Non. Elle gueule. Tu rêves. Ce n’est pas ça la vie. Écoute moi, je suis Toi, tu me connais, tu me maîtrises, avec moi tu réussis, tes pas trouveront seuls la route. Avec moi, les balises sont posées, inscrites au fer au plus profond de toi. Oui mais. Vieille peau. Le voyage a commencé. Tu es déjà en lambeaux. Amputée de certains morceaux. Alors. Je te connais. Je t’aime. J’ai pitié de toi. Je suis fière de toi. Les coutures de ma nouvelle peau seront de toi. Tu m’accompagnes depuis tant de temps. Mais. Je dois continuer à marcher. Aller plus loin. Au bout ? Il n’y a pas de bout, juste une route qui part loin, vers une terre inconnue. Une route qui parfois devient forêt. Une route qui laisse entrevoir des trous. Descendre dans le trou pour remonter ensuite. Retrouver une route plus fleurie. Avec des oiseaux qui chantent. Le trou peut être profond. Les arbres denses. N’aie pas peur. Traverse, ne fais pas de détour. Un peu de courage ! Ta nouvelle peau se raffermira, s’approfondira, creusera ses racines dans ta chair. Colorée, sensuelle, intuitive, sauvage. Forte parce que fragile. Forte parce que femme. Forte parce que dépendante. Forte parce qu’indépendante. Oui. Il est douloureux de quitter cette peau. Oui tu es terrorisée. Tu en as le droit. Aime cette terreur, aime cette peur. C’est déjà ta nouvelle peau qui parle. Et souviens-toi, toujours : rien ne vaut un tel voyage.

J’écris : « la vie est magnifique ». Prudemment. Avec peur. Estce bien vrai ? Je croyais que la vie était chiante, une succession de tâches inintéressantes. Surtout pour les femmes. Je croyais que le gris resterait au dessus de ma tête. Je croyais dormir pour toujours. Mais voilà, le nuage est parti, les lumières ont réapparu, et je me suis réveillée. À la beauté de la vie. Et parfois, comme aujourd’hui, elle éclate et me surprend, m’électrise, m’excite, m’embrase, mais, jamais, ne me consume.

La forêt s’est éclaircie. La purée de pois, désépaissie. Je ne suis plus dans les airs, entre la falaise et le sol. J’ai les pieds bien ancrés dans la terre. Et la tête, encore, dans les nuages, ou dans un arc en ciel qui brille de mille feux. Même si, parfois, évidemment, il disparait de ma vue et me laisse seule, tremblante, trempée, au bord de ces trous dans lesquels, finalement, je ne chute jamais.

Terreur. Terreur. Terreur. La forêt n’est plus. La falaise non plus. Mais, tout autour, le vide. Le noir. Poisseux. Des pans entiers tombent. Se croisent. Se remplacent. Terreur. Et si. Tout ça. Pour rien ? Juste. Pour. Être plus lucide. Plus crue. Sur moi. Mes limites. Ma merde. La merde des hommes. La merde de Dieu. La merde du monde. La merde de mon corps. La merde de ma merde. 36


Oui Et puis Mes explosions de vie Ralenties Plus vraiment de gris Mais les couleurs, ternies Désillusion Qu’elle dit Après une fanfare provisoire Et ô combien dégoulinante de gloire Pourtant Un certain Moi A bondi a surgi d’une cachette bien cerclée Il a même triomphé Mais Derrière Avant le reste Les oscillations faiblissent pâlissent semblent s’aplanir Complètement Violemment Moins de cave oui mais de ciel aussi Désillusion De l’ego Avènement D’une Femme Quand ? Capucine Moreau

Illustration : Charlotte Massip, Envol, gravure www.charlottemassip.com

37


Collectif Les Rhubarbus : Série de pays imaginaires imaginés par les auteurs du collectif, dans le cadre de l’exposition Exotiques



Afiac 2014 De La cigale et la fourmi1 à Sucker2, de la fable au cinéma en passant par la poésie et la bande dessinée, auteurs et réalisateurs prêtent à l’animal des sentiments, des états d’âme, une intelligence voire une conscience. Il est fréquent que l’humain social, en de nombreux points comparable à l’insecte éponyme, n’hésite pas à poser ce dernier en miroir, lui conférant des valeurs morales semblables aux nôtres. Ces créatures à six pattes sont des sujets idéaux comme symboles et métaphores de l’existence humaine, quand bien même les comportements infanticides, fratricides ou matricides sont légion dans ces sociétés organisées, hiérarchisées et laborieuses. D’autres bêtes de la même famille trouvent plus difficilement grâce à nos yeux, elles hantent nos cauchemars, phobies et delirium tremens. Bien que situées aux marges de la perception, elles sont partout, elles constituent à peu près 80% de la faune terrestre, habitent jusque dans nos maisons, nos cheveux et nos poils pubiens pour les plus invasives. Elles sont installées dans notre langage, nous avons le cafard, nous tombons comme des mouches, les gobons parfois, au XVIIIe siècle, les femmes de la haute société en collaient sur leur peau pour mettre leur pâleur en valeur, nous avons des fourmis dans les jambes et la puce à l’oreille... Un grand nombre d’artistes se sont intéressés à leurs qualités plastiques, graphiques et symboliques indéniables. L’insecte chez Damien Hirst, avec Entomology Cabinets et Entomology Paintings, est un memento mori constant, un effet miroir contre le sentiment d’immortalité qui anime selon lui nos sociétés. Jan Fabre est connu entre autre pour ses oeuvres créées à partir de scarabées qu’il voit comme ange de la métamorphose mais aussi comme symbole de beauté et d’éternité. Hubert Duprat spécule sur les capacités constructives et plus précisément reconstructives des larves de phryganes. Il a imaginé un dispositif expérimental dans lequel il les contraint à travailler à l’aide de matériaux singuliers pour fabriquer leur fourreau mobile et composite : des paillettes, des pépites d’or et des fils d’or, des perles ainsi que des pierres précieuses et semi-précieuses taillées en cabochon ou à facettes, les insectes devenant ainsi joailliers et leur écrin pièces d’orfèvrerie. Yokinori Yanagi, avec The world flag ant farm, présente les drapeaux de presque tous les pays du monde constitués de pigments de différentes couleurs contenus dans des boîtes de plexiglas. Ces boîtes sont reliées entre elles par des tubes, un grand nombre de fourmis vivantes sont introduites dans ce dispositif et creusent des tunnels, les drapeaux se dégradent progressivement au cours de l’exposition. Dali était un grand passionné des mouches qu’il considérait comme l’insecte paranoïaque-critique par excellence. Cependant, il exprimait une aversion atavique pour les fourmis. Adolescent, dans ses rites de sublimation de l’angoisse et de l’exorcisme de la mort, il avait l’habitude de se risquer à regarder une caisse pleine de ces insectes illuminés par des gouttes phosphorescentes afin de conjurer le funeste destin. Quant à nous, l’entomophagie nous guette pour des raisons écologiques et économiques de première urgence. À l’instar de nombreux peuples qui trouvent cela délicieux depuis fort longtemps, nous devrions nous habituer à côtoyer ces bestioles dans nos assiettes. Et si ces créatures étaient non seulement bonnes à manger, mais également bonnes à penser ? Telle est la proposition réflexive faite aux artistes invités à participer à l’exposition : INSECT-LIKE / LIKE INSECTS. Patrick Tarres PROGRAMME vendredi 27 juin 18h30 : Vernissage, conception Denise Bresciani. Place centrale à Lautrec 20h30 : ouverture exposition, visite nocturne samedi 28 juin 10h-19h : ouverture exposition 20h : Repas thématique Insect-like/Like insects + performance de B.A.3x Cour de la Mairie, rue du Mercadial à Lautrec. Participation 15 € Réservation indispensable sur : www.villagenda.com 40

22h : Nibul en concert. Cour de la Mairie, rue du Mercadial à Lautrec. Entrée libre et gratuite dimanche 29 juin 10h-19h : ouverture exposition 20h : Soirée de clôture + restauration sur place + Dj Pwik masta Cour de la Mairie, rue du Mercadial à Lautrec. Entrée libre et gratuite


Red Vaporz Street art et graffiti en Russie « Le but de notre documentaire est simplement de montrer qu’il se passe aussi des choses en Russie. Moi le premier, je ne savais pas du tout à quoi m’attendre en partant. » « [...] Montrer une facette différente de ce pays, plus jeune, plus dynamique. Prouver aussi au grand public et aux gens intéressés que la scène du graffiti russe existe et que ses acteurs sont toujours en quête d’évolution. » Nicolas Delpeyrou et Vasco Lopez

Les deux vidéastes Nicolas Delpeyrou (Toulouse) et Vasco Lopez (Paris) proposent Red Vaporz, un documentaire dressant le portrait non exhaustif du mouvement street art en Russie. Ils nous trimballent ainsi de St Petersbourg à Ekaterinbourg, en passant par Moscou, à la rencontre de cette nouvelle génération d’activistes qui s’approprient les murs de leurs villes et la culture de leur pays, dignes représentants d’une scène locale en pleine ébullition. Après un mois d’immersion totale, les deux réalisateurs nous dressent le tableau réaliste d’une jeunesse russe à travers son art et ses revendications.

Durée : 30 min. À voir sur www.zerodols.com Artistes : ZukClub, Roof169, Mednoy, Luka, Vitae Viazi, Slava Ptrk, Milky, Nomerz, Ivan Yagoda, Vladimir Abikh, FLM, Destroyers crew, Sindik, Dima Oskes, Calypso, Leto, VGA, Ludi Sten, Jeka.

41


Ton nom ici : ton contact ici :

Centre méridional de l’architecture et de la ville www.cmaville.org

Atelier deux-mille http://deux-mille.com Ulysse Luque ulysseluque.fr

La cuisine, Centre d’art et de Design www.la-cuisine.fr Suzanne Husky www.suzannehusky.com

THSF http://thsf.tetalab.org/2014 Poussy Draama http://of-course-i-want.net Labomedia http://labomedia.org

Musée de la danse, Rennes www.museedeladanse.org

Maison Salvan www.maison-salvan.fr

Capucine Moreau capucine_moreau@hotmail.com Charlotte Massip www.charlottemassip.com Les Rhubarbus

rhubarbu.over-blog.fr

Pierre Mersadier r314.org

TA : Association loi 1901 32, rue des Jumeaux 31200 Toulouse

www.revue-multiprise.com

Abonnement Je m’abonne à Multiprise 1 an (3 numéros) = 9 €

2 ans (6 numéros) = 16 €

Facture

Nom & prénom : Adresse : Code postal & Ville : Email (facultatif) : Date & signature

Bon d’abonnement à retourner à : Association TA. 32, rue des Jumeaux 31200 Toulouse

accompagné de votre réglement (par chèque uniquement) à l’ordre de TA




Turn static files into dynamic content formats.

Create a flipbook
Issuu converts static files into: digital portfolios, online yearbooks, online catalogs, digital photo albums and more. Sign up and create your flipbook.