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LE DÉFI DE LA PURETÉ /D VH[XDOLWp 'LHX HW OH PDULDJH
Avec guide d ’Êtude Avant-propos de mère Teresa
Collection Sel & Lumière 2003
La collection Sel & Lumière est dirigée par Sylvain Triqueneaux. L’affirmation de Jésus : « Vous êtes le sel de la terre… Vous êtes la lumière du monde » (Mt 5.13, 14) préside à l’esprit de cette série sur la vie chrétienne: fournir des outils de réflexion et d ’action à tous ceux qui veulent vivre en témoins fidèles de Jésus-Christ afin de donner de la saveur au monde et éclairer leurs contemporains, de sorte que la gloire en revienne au Dieu trinitaire.
Copyright © 1998, Édition Plough de la Fondation Bruderhof Tous droits réservés. Édition originale publiée en langue anglaise sous le titre A Plea for purity. Sex marriage & God par The Plough Publishing House (États-Unis et Grande-Bretagne) ISBN: 0-87486-960-9 Traduit et adapté de l’anglais sous la direction des éditons Excelsis Les citations bibliques sont extraites de la Bible du Semeur, 2000 sauf indications contraires. © Société Biblique Internationale, 2000. Avec permission. Copyright © 2003, Éditions Excelsis, pour l’édition en langue française B.P. 11 – 26450 Cléon d ’Andran – France Site Internet : www.XL6.com ISBN: 2-914144-77-6 Tous droits réservés Couverture: Jacques Maré – IOTA Création Mise en pages: Excelsis SARL
À ma fidèle épouse Verena, sans l’aide de laquelle ce livre n’aurait pas été possible.
Avant-propos
Dans Le défi de la pureté, nous trouvons un message dont nous avons tous besoin aujourd’hui, et dans toutes les parties du monde. Être pur, rester pur, cela a un prix; celui de la connaissance de Dieu et de l’amour que nous lui portons: nous devons l’aimer assez pour faire sa volonté. Il nous donnera toujours la force nécessaire pour nous garder purs, car c’est là une chose belle pour Dieu. La pureté est le fruit de la prière. Si les membres d ’une famille prient ensemble, ils resteront dans l’unité et la pureté et s’aimeront les uns les autres comme Dieu aime chacun d ’eux. Un cœur pur est porteur de l’amour de Dieu et là où règne l’amour, règnent aussi l’unité, la joie et la paix. Mère Teresa de Calcutta Novembre 1995
Préface
Ce livre suscitera certainement des réactions. D’aucuns se diront « enfin, une prise de position claire et nette sur la sexualité telle que la Bible l’exprime ». D’autres trouveront certaines affirmations trop conservatrices ou traditionnelles, pas assez en dialogue avec la culture ambiante, ou pas suffisamment réalistes par rapport à la faiblesse humaine. Dans les deux cas, ces réactions pourraient, nous l’espérons, amener le lecteur à réfléchir plus loin, à se poser des questions. En effet, les positions présentées par Johann Christoph Arnold semblent très proches soit du discours évangélique « conservateur », soit des positions catholiques, surtout en ce qui concerne l’avortement, la contraception ou l’homosexualité. Cependant, l’auteur écrit à partir d’une théologie précise, celle des communautés de la mouvance dite du « Bruderhof ». Ces communautés se reconnaissent dans la tradition anabaptiste du XVIe siècle. La première a été fondée par le grand-père de l’auteur pendant les années 1920 en Allemagne. Sur leur site web (www.bruderhof.com/us/ index.htm), nous trouvons la description suivante: « Le Bruderhof est une communauté internationale chrétienne de plus de 2000 membres (enfants inclus), qui s’est formée après le désastre de la Première Guerre mondiale, un temps de désarroi pas différent de ceux que nous avons vécus depuis. Sur quelle base nous fondons-nous? Celle que Jésus nous enseigne en matière de non-violence, de l’amour du
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prochain et de l’ennemi, et de la fidélité dans le mariage – avec la ferme conviction que ces enseignements peuvent et doivent se pratiquer dans la vie quotidienne ». Le discours de ce livre découle donc d ’une vision claire et précise de l’Église. Cette Église se définit comme communauté de disciples, suivant Jésus ensemble, mettant en pratique le Sermon sur la montagne, pour que l’Évangile prenne forme, devienne visible au sein du monde. Ainsi, le célibat ne se vit pas individuellement, le mariage ne se vit pas seulement en couple, mais dans le contexte d’une communauté. Ainsi, la prise de position contre l’avortement se trouve dans une perspective entièrement « pour la vie », militant aussi contre la peine de mort, contre la guerre. Dans les derniers paragraphes, Arnold le dit clairement: une éthique chrétienne sexuelle a besoin d ’une communauté concrète et visible. Même si le lecteur n’est pas d ’accord avec toutes les affirmations d’Arnold, une question fondamentale est posée par ce livre. De quelle Église avons-nous besoin pour parler ouvertement de la sexualité? Et surtout, de quelle Église avons-nous besoin pour expérimenter et rendre visible une vie sexuelle capable d ’aller à l’encontre de la société ambiante? Neal Blough Septembre 2003
Introduction
Partout aujourd ’hui, les gens sont à la recherche de relations durables, de relations qui ont un sens. Pour des millions de personnes le mythe de l’histoire d’amour semble toujours d ’actualité et une nouvelle génération de jeunes hommes et de jeunes femmes croit que la liberté sexuelle est la clé de l’épanouissement. Mais, même s’ils veulent désespérément croire à la révolution sexuelle de ces dernières décennies, pour beaucoup d ’entre eux il est clair que les choses ont vraiment mal tourné. Au lieu d ’apporter la liberté, la révolution sexuelle a laissé derrière elle un nombre incalculable d’âmes blessées et solitaires. Si nous voulons faire face à cette grande angoisse autour de nous, il est plus important que jamais pour nous tous, jeune ou vieux, d ’examiner dans quelle direction va notre vie et de nous demander vers quoi nous nous dirigeons. Le XXIe siècle montre la perte des enseignements clairs de l’Ancien et du Nouveau Testament sur le mariage et les relations entre les sexes. Nous nous sommes détournés de Dieu, nous nous sommes révoltés contre l’ordre divin de la création et avons justifié cette rébellion par des arguments humains. Nous avons ignoré les paroles de Jésus et nous nous sommes moqués de la voix de l’Esprit. Mais nous n’avons trouvé ni liberté, ni épanouissement. Au fil des années, durant mon ministère pastoral, j’ai conseillé de nombreuses personnes, tant célibataires que
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mariées. Pour beaucoup, le domaine sexuel n’est pas celui de la joie, mais celui de la frustration, de la confusion, et même du désespoir. Ils recherchent l’unité de cœur et d ’âme avec l’autre, mais ils sont tellement aveuglés par la notion d ’amour romantique que leurs attentes les plus profondes restent voilées. Ils savent que le mariage et l’union sexuelle sont des dons de Dieu, que cette relation devrait être la plus intime et la plus satisfaisante qu’un homme et une femme puissent partager. Mais ils se demandent pourquoi elle est devenue pour eux – et pour beaucoup d ’autres – source de tant de solitude et de peine. Je ne suis pas un scientifique et je n’étudie pas le domaine social. Mais, si les résultats d ’études récentes ont pu mettre en évidence quelque chose, c’est bien ceci: les retombées dues à l’acceptation dans notre culture des relations sexuelles occasionnelles sont dévastatrices sur le plan social. Aux États-Unis, plus de la moitié des mariages échouent. À peu près 40 % des enfants en Amérique vivent dans une autre maison que celle de leur père biologique. La pauvreté, les crimes avec violence, la délinquance, le changement fréquent de partenaire sexuel, l’alcoolisme, la toxicomanie, les maladies mentales et le suicide ont tous leurs racines dans la faillite de la famille et l’érosion des liens du mariage. Dans le même temps, ceux qui réservent les relations sexuelles au mariage (bien que leur nombre soit en diminution), sont beaucoup moins susceptibles d ’avoir une liaison ou de divorcer, et ceux qui s’engagent pour la vie envers leur partenaire ont des vies plus heureuses1. Alors que les courants actuels indiquent un délabrement continu, des signes encourageants montrent que l’on remet
1. Pour un résumé des données actuelles des effets des relations sexuelles hors mariage, lisez: Glenn T. STANTON, Why Marriage Matters: Reasons to Believe in Marriage in Postmodern Society, Colorado Springs, Pinon Press, 1997.
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en question les frissons des relations sexuelles au rabais et la facilité apparente de l’amour sans engagement. Ceci est tout particulièrement vrai parmi la « génération X ». De plus en plus de jeunes espèrent établir des relations authentiques et fonder des foyers sûrs, apportant ainsi l’espoir renouvelé qu’une famille bi-parentale est toujours possible. Maintes et maintes fois, j’ai vu que lorsqu’on accepte de remettre sa vie à Jésus, on peut sortir de son malheur. Si l’on a le courage et l’humilité nécessaires pour répondre à son appel à la repentance, Jésus peut apporter une liberté et un bonheur durables. Jésus apporte une vraie révolution. Il est la source même de l’amour, car il est lui-même l’amour. Son enseignement n’est pas une question de pruderie ou de permissivité: il offre à ceux qui le suivent un chemin tout à fait différent. Il apporte une pureté qui nous libère du péché et nous permet de vivre une vie complètement nouvelle. Peu de choses dans notre culture contemporaine nourrissent ou protègent cette vie nouvelle que Jésus veut nous donner. On parle constamment de l’importance de l’engagement dans le mariage et d’une vie de famille saine, mais combien parmi nous sont disposés à agir pour faire de ces valeurs une réalité concrète? Beaucoup sont tentés de blâmer la société pour ses influences corruptrices. Mais qu’en est-il de nous qui nous disons chrétiens? Combien sont prêts à débrancher la télévision et à examiner sérieusement leur mariage, leurs relations et leur vie personnelle? Combien soutiennent réellement les frères et sœurs autour d ’eux dans leur lutte quotidienne pour rester purs? Combien prennent des risques pour affronter le péché dans leur vie et celle des autres? Combien se montrent vraiment responsables? On observe une douleur immense parmi ceux qui se réclament du Christ: des familles brisées, des épouses battues, des enfants négligés et maltraités et des relations coupa-
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bles. Cependant, au lieu de protester avec véhémence, nous restons indifférents. Quand allons-nous nous réveiller et réaliser que cette apathie est en train de nous détruire? Plus que jamais nous devons retrouver une compréhension de l’Église: c’est un corps vivant dont les membres engagés partagent la vie dans la pratique active du bien dans l’amour. Mais il nous faut d’abord commencer par nousmêmes, puis essayer d ’encourager les autres autour de nous. Nous devons connaître suffisamment nos jeunes pour pouvoir les guider dans leurs relations et leurs engagements de toute la vie. Nous devons offrir un soutien constant aux mariages autour de nous; nous devons travailler pour la guérison de nos frères et sœurs lorsque ceux-ci trébuchent ou tombent et accepter leur aide lorsque nous sommes nousmêmes tombés. Par-dessus tout, nous devons montrer au monde que les enseignements uniques de Jésus et de ses apôtres sont la seule réponse à l’esprit de notre temps. C’est la raison pour laquelle j’ai écrit ce livre. Je ne suis ni un bibliste érudit, ni un thérapeute professionnel, et je suis pleinement conscient du fait que la majeure partie de ce que j’ai écrit va à contre-courant de la « sagesse » actuelle. Mais je sens qu’il est urgent de partager mes convictions concernant l’appel de Jésus à une vie d’amour, de pureté, d’honnêteté et d ’engagement: c’est là notre seul espoir. Ce livre n’est pas uniquement le livre d’une personne, mais celui du Bruderhof, la communauté religieuse à laquelle j’appartiens. Et tout ce que j’ai écrit, je l’ai fait pour exprimer les sentiments que partagent ses membres. Mon souci et mon espoir sont que nous tous – hommes et femmes de ce temps – puissions nous arrêter pour reconsidérer le dessein de Dieu concernant la sexualité et le mariage. Il est bien triste que beaucoup aujourd ’hui aient tout simplement abandonné la possibilité de vivre une vie pure. Ils se
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nourrissent du mythe de la « libération » sexuelle et essaient de vivre avec les déceptions qui en découlent; lorsque leurs relations échouent, ils tentent alors de justifier leurs erreurs. Ils ne voient pas combien la pureté est un don extraordinaire. Je crois que, au plus profond de nos cœurs, se cache l’attente de relations sans nuages et d ’un amour qui dure. Il faut du courage et de l’autodiscipline pour vivre réellement de façon différente, mais c’est possible. Partout où l’Église est fidèle – où une communauté de personnes s’engage à vivre des relations authentiques et honnêtes – il y a alors aide et espérance pour chaque personne et chaque mariage. Puisse ce livre donner cette conviction à chaque lecteur. Johann Christoph Arnold Juin 1998
PARTIE
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Au commencement
CHAPITRE
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À l’image de Dieu
Dieu dit: Faisons les humains à notre image, selon notre ressemblance, pour qu’ils dominent sur les poissons de la mer, sur les oiseaux du ciel, sur le bétail, sur toute la terre et sur toutes les bestioles qui fourmillent sur la terre. Dieu créa les humains à son image: il les créa à l’image de Dieu; homme et femme il les créa. Dieu les bénit; Dieu leur dit: « Soyez féconds, multipliez-vous, remplissez la terre et soumettez-la ». Genèse 1.26-28a, NBS
Dans le chapitre ouvrant l’histoire de la création, nous lisons que Dieu a créé l’humanité – l’homme et la femme – à sa propre image, qu’il l’a bénie et lui a ordonné de se multiplier et de prendre soin de la terre. Dès le début, Dieu se révèle comme le Créateur qui « vit tout ce qu’il avait fait, et cela était très bon ». Là, au tout début de la Bible, Dieu nous révèle son cœur. Nous y découvrons son plan pour nos vies. Parmi les chrétiens de notre siècle, beaucoup, sinon la plupart, considèrent l’histoire de la création comme un mythe et la rejettent. D’autres insistent sur la seule validité d ’une interprétation la plus stricte et la plus littérale possible de la Genèse. Je respecte simplement la Parole de Dieu telle qu’elle est. D’un côté, je ne songerais pas à en retirer quoi que ce soit, de l’autre, je crois que les scientifiques ont raison de
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nous prévenir contre une prise en compte trop littérale du récit biblique de la création. Comme Pierre l’a dit, « mais il est un point que vous ne devez pas oublier, bien-aimés: c’est que, devant le Seigneur, un jour est comme mille ans et mille ans sont comme un jour » (2 P 3.8, BC).
L’image de Dieu nous distingue Comment exactement les êtres humains ont-ils été créés reste un mystère qu’il appartient à Dieu seul de dévoiler. Cependant, je suis sûr d’une chose: personne ne trouve de sens ou de but à sa vie sans Dieu. Plutôt que de rejeter l’histoire de la création, simplement parce que nous ne la comprenons pas, il nous faut trouver son véritable sens et redécouvrir ce que cela veut dire pour nous aujourd ’hui. En ces temps dépravés, nous avons presque complètement perdu le respect dû au plan de Dieu, tel qu’il est décrit dans la Genèse. Nous ne donnons pas assez d ’importance au sens de la création – la valeur tout à la fois de l’homme et de la femme en tant que créatures formées à l’image et à la ressemblance de Dieu. Cette ressemblance nous donne une place toute spéciale, par rapport au reste de la création et rend toute vie humaine sacrée (Gn 9.6). Considérer la vie de quelque autre façon – par exemple, voir les autres du seul point de vue de leur utilité et pas de la façon dont Dieu les considère – c’est ne pas tenir compte de leur valeur et de leur dignité. Que veut dire création « à l’image de Dieu »? Cela signifie que nous devons être une image vivante de Dieu. Cela veut dire que nous devons poursuivre, en tant que co-ouvriers, son travail de création et entretenir la vie. Cela veut dire que nous lui appartenons et que notre être, notre existence même, devrait toujours rester en relation avec lui, soumis à son autorité. Dès que nous nous séparons de Dieu, nous perdons de vue le but de notre existence sur terre.
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Dans la Genèse, nous lisons que nous avons en nous l’esprit de Dieu: « L’Éternel Dieu façonna l’homme avec de la poussière du sol, il lui insuffla dans les narines le souffle de vie, et l’homme devint un être vivant » (Gn 2.7). En nous donnant son esprit, Dieu a fait de nous des êtres responsables, ayant la liberté de penser et d ’agir et de le faire dans l’amour. Mais même si nous avons en nous un esprit vivant, nous ne sommes que des images du Créateur. Et lorsque nous observons la création du point de vue de Dieu, et non pas du point de vue humain, nous comprenons quelle est notre vraie place dans l’ordre divin des choses. Celui qui ne veut pas admettre qu’il vient de Dieu et qui refuse la réalité du Dieu vivant dans sa vie sera vite perdu et ressentira un vide terrible. Au bout du compte, il finira par idolâtrer sa propre personne et ce piège l’entraînera vers le mépris de lui-même et le mépris des autres.
Nous aspirons tous à ce qui est impérissable Que serions-nous si Dieu n’avait pas insufflé son souffle en nous? La théorie de l’évolution de Darwin, en elle-même, est dangereuse et vaine, parce qu’elle n’est pas centrée sur Dieu. Quelque chose en nous s’insurge contre l’idée même que nous soyons issus d ’un monde qui n’a pas de but. La soif pour tout ce qui dure, pour ce qui est impérissable, est quelque chose de profondément ancré dans l’esprit humain. Puisque nous sommes faits à l’image de Dieu et que Dieu est éternel, nous ne pouvons tout simplement pas disparaître en fumée lorsque nous mourons. Notre vie est enracinée dans l’éternité. Christophe Blumhardt2 a écrit: « Nos vies portent la marque de l’éternité, la marque du Dieu éternel 2. Christoph Friedrich Blumhardt (1842-1919), pasteur allemand, auteur et socialiste religieux.
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qui nous a créés à son image. Il ne veut pas que nous soyons engloutis dans ce court passage terrestre, mais nous appelle à lui, à ce qui est éternel3. » Dieu a mis l’éternité dans notre cœur et, profondément enfoui en chacun de nous, il y a ce désir d’éternité. Lorsque nous le nions et vivons uniquement pour le présent, tout ce qui nous arrive dans la vie restera comme enveloppé d’énigmes qui ne cesseront de nous tourmenter, et nous demeurerons vraiment insatisfaits. Ceci s’avère tout particulièrement vrai dans le domaine de la sexualité. Les relations sexuelles occasionnelles souillent le désir et la capacité de l’âme pour ce qui est éternel. Aucune personne, aucune organisation humaine ne pourra jamais combler le désir profond de nos âmes. La voix de l’éternité est ce qui parle le plus directement à notre conscience. C’est pourquoi la conscience est peut-être ce qu’il y a de plus profond en nous. Elle nous avertit, nous réveille et nous dirige dans la tâche que Dieu nous a confiée (Rm 2.14-16). Chaque fois que notre âme est blessée, notre conscience nous le fait douloureusement sentir. Si nous écoutons notre conscience, elle nous guide. Cependant, lorsque nous sommes séparés de Dieu, notre conscience vacille et s’égare. Ceci est vrai non seulement pour un individu, mais aussi pour un mariage. Déjà, dans la Genèse, au chapitre 2, nous voyons combien le mariage est important. Lorsque Dieu créa Adam, il dit que tout ce qu’il avait fait était bon. Puis il créa la femme, pour qu’elle soit l’aide et le partenaire de l’homme, car il vit qu’il n’était pas bon pour l’homme d’être seul. C’est là un grand mystère: l’homme et la femme, le masculin et le féminin, sont ensemble à l’image de Dieu, et tous deux cohabitent en lui.
3. Johann CHRISTOPH et Christophe Friedrich BLUMHARDT, Now is Eternity, Rifton, Plough, 1976, p. 13.
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Ils deviennent ensemble ce que jamais nul ne pourrait être tout seul, séparément. Tout ce qui a été créé par Dieu nous donne un aperçu de sa nature: les montagnes majestueuses, les océans immenses, les rivières, les grandes étendues d ’eaux, les tempêtes, le tonnerre et les éclairs, les icebergs si imposants, les prairies, les fleurs, les arbres et les fougères. Tout ceci évoque la puissance, la rudesse, le côté viril, mais aussi la douceur, le côté maternel, la sensibilité. Et tout comme les différentes formes de vie dans la nature n’existent pas les unes sans les autres, ainsi les enfants de Dieu, hommes et femmes, n’existent pas séparément. Ils sont différents, mais sont tous deux faits à l’image de Dieu et ont besoin l’un de l’autre pour accomplir leur véritable destinée.
Lorsque l’image de Dieu est dégradée, les relations humaines manquent leur but C’est une tragédie que dans beaucoup de nos sociétés d ’aujourd ’hui, les différences entre l’homme et la femme soient estompées et déformées. L’image pure, naturelle de Dieu, est en train d’être détruite. On parle en permanence de l’égalité des femmes, mais en réalité, les femmes n’ont jamais été autant maltraitées et exploitées. Dans les films, à la télévision, dans les magazines et sur les panneaux publicitaires, la femme idéale (et de plus en plus l’homme idéal) est dépeinte uniquement comme un objet sexuel. De manière générale, dans nos sociétés, on ne considère plus le mariage comme sacré. Les mariages sont de plus en plus des expériences ou des contrats entre deux personnes qui évaluent tout en fonction de leurs propres intérêts. Lorsque le mariage échoue, on peut toujours divorcer à l’amiable, et ensuite faire une autre tentative avec un nouveau partenaire. Beaucoup ne prennent même plus la peine de se pro-
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mettre fidélité; ils vivent simplement ensemble. On se moque quelquefois des femmes qui élèvent leurs enfants ou qui restent mariées au même homme. Et même si leur mariage se porte bien, on les considère souvent comme des victimes de l’oppression, ayant besoin d ’être « délivrées » de la domination masculine. Bien souvent, on ne considère plus les enfants comme un bien précieux. Dans la Genèse, Dieu ordonne: « Soyez féconds et multipliez-vous. » Aujourd’hui, nous évitons le « fardeau » des descendants non désirés grâce à l’avortement légalisé. On considère les enfants comme une gêne; cela revient trop cher de les mettre au monde, de les élever, et de les envoyer à l’université. Ils sont une contrainte économique dans nos vies matérialistes. De plus, ils dévorent trop de notre temps pour que nous les aimions. Dans ces conditions, est-il surprenant que beaucoup aujourd ’hui aient perdu espoir? Que beaucoup aient abandonné l’idée d ’un amour qui dure? La vie a perdu sa valeur ; c’est une vie au rabais; la plupart des gens ne la voient plus comme un don de Dieu. Les progrès des techniques biomédicales ainsi que celles du dépistage des maladies fœtales permettent à un nombre de plus en plus grand de couples de choisir l’avortement pour des raisons égoïstes. Sans Dieu, la vie est absurde; et ne reste plus que l’obscurité et la blessure profonde causée par la séparation d ’avec lui. Malgré les efforts de nombreuses personnes dévouées, l’Église aujourd ’hui a lamentablement échoué dans ses efforts pour faire face à cette situation. Il est d ’autant plus nécessaire à chacun de revenir à la source et de se demander à nouveau: « Pourquoi Dieu a-t-il créé l’homme et la femme et leur a-t-il donné la première place? » Dieu a créé chaque personne à son image; chaque homme, femme ou enfant sur cette terre a une tâche spécifique à accomplir, et Dieu veut que nous la menions à bien. Nul ne peut négliger le dessein
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de Dieu vis-à-vis de la création ou de lui-même sans souffrir d ’un profond besoin intérieur (Ps 7.14-16). Le matérialisme de notre temps a vidé notre vie de ses objectifs moraux et spirituels. Cela nous empêche de considérer le monde avec respect et émerveillement, et de voir quelle est notre véritable tâche. Notre âme et notre esprit sont malades à cause de la surconsommation et cela a envahi si profondément notre conscience qu’elle n’est plus capable de distinguer clairement le bien du mal. Cependant, il y a toujours en chacun de nous un besoin profond qui nous fait désirer ce qui est bien. Nous ne pouvons guérir que si nous croyons fermement que Dieu est notre créateur, et que c’est lui qui procure vie, amour et grâce. Nous lisons au troisième chapitre de l’évangile selon Jean (v. 16-17, BC): « Dieu a tant aimé le monde qu’il a donné son Fils unique afin que quiconque croit en lui ne périsse point mais qu’il ait la vie éternelle. Dieu, en effet, n’a pas envoyé son Fils dans le monde pour juger le monde, mais pour que le monde soit sauvé par lui. » Dans la personne du Fils de Dieu – Jésus – l’image du Créateur apparaît avec une clarté et une finalité extrêmes (Col 1.15). Image parfaite de Dieu et seul chemin vers le Père, Jésus nous donne vie et unité, joie et épanouissement. Ce n’est que lorsque nous vivons en lui que nous pouvons connaître sa vérité et sa bonté; c’est en lui seulement que nous découvrons notre véritable destinée: être à l’image de Dieu; dominer la terre selon son esprit, qui est un esprit de création et d ’amour, porteur de vie.
CHAPITRE
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Il n’est pas bon que l’homme soit seul
L’Éternel Dieu dit: Il n’est pas bon que l’homme soit seul, je lui ferai une aide qui soit son vis-à-vis. Alors l’Éternel Dieu plongea l’homme dans un profond sommeil. Pendant que celui-ci dormait, il prit une de ses côtes et referma la chair à sa place. Puis l’Éternel Dieu forma une femme de la côte qu’il avait prise de l’homme, et il l’amena à l’homme. Alors l’homme s’écria: Voici bien cette fois celle qui est os de mes os, chair de ma chair. Elle sera appelée « femme » car elle a été prise de l’homme. Genèse 2.18, 21-23
Peu de choses sont aussi difficiles à supporter pour l’être humain que la solitude. Des prisonniers maintenus à l’isolement ont dit leur joie de voir ne serait-ce qu’une araignée – c’était au moins quelque chose de vivant. Dieu nous a créés pour que nous vivions en communauté. Cependant, notre monde moderne est affreusement dépourvu de relations humaines. Dans de nombreux domaines, les progrès technologiques ont conduit à une détérioration de la communauté. De plus en plus, la technologie a permis de croire que l’on pouvait se passer des personnes.
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Quand les personnes âgées sont placées dans des maisons de retraite ou des établissements de soins, quand les ouvriers des usines sont remplacés par des robots de haute technologie, quand les jeunes – hommes et femmes – cherchent année après année un travail qui ait du sens, ils peuvent finir par sombrer dans le désespoir. Certains trouvent de l’aide auprès de thérapeutes ou de psychologues, d ’autres cherchent des échappatoires telles que l’alcool, la drogue ou le suicide. Coupés de Dieu et des autres, des milliers de personnes vivent dans une désespérance silencieuse. Vivre isolé des autres détruit cette unité et conduit au désespoir. Thomas Merton écrit: Le désespoir est le suprême degré de l’amour-propre. On y parvient en tournant le dos à tout secours étranger afin de goûter la triste volupté de se savoir perdu […] Le désespoir est le dernier développement d ’un orgueil si grand, si obstiné, qu’il choisit l’absolue misère de la damnation plutôt que d ’accepter le bonheur des mains de Dieu ne voulant pas reconnaître que Dieu est au-dessus de nous et que nous ne sommes pas capables par nous-mêmes d ’accomplir notre destinée. Mais un homme véritablement humble ne peut désespérer car, dans l’homme humble il n’y a plus rien qui ressemble à de la pitié pour soi-même4.
Nous voyons là que l’orgueil est un fléau qui conduit à la mort. L’humilité, quant à elle, conduit à l’amour. L’amour est le plus grand don fait à l’humanité, c’est ce à quoi nous sommes véritablement appelés. C’est le « oui » à la vie, le « oui » à la communauté. Seul l’amour comble l’attente de notre être le plus profond.
4. Thomas MERTON, Semences de contemplation, Paris, Seuil, 1953, p. 91-92.
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Dieu nous a créés pour vivre avec et pour les autres Dieu a mis en chacun de nous le désir instinctif de lui ressembler davantage, désir qui nous pousse vers l’amour, la communauté et l’unité. Dans sa dernière prière, Jésus a souligné l’importance de ce désir: « Ce n’est pas seulement pour eux que je te prie; c’est aussi pour ceux qui croiront en moi grâce à leur témoignage. Je te demande qu’ils soient tous un. Comme toi, Père, tu es en moi et comme moi je suis en toi, qu’ils soient un en nous pour que le monde croie que c’est toi qui m’as envoyé » (Jn 17.20-21). Nul ne peut vivre véritablement sans amour : Dieu veut que chacun soit un « toi » pour l’autre. Chacun est appelé à aimer et à aider, au nom de Dieu, ceux qui se trouvent autour de lui (Gn 4.8-10). Dieu veut que nous formions une communauté et que nous nous aidions les uns les autres dans l’amour. Nul doute que lorsque nous savons ce qu’il y a au plus profond du cœur de nos frères et sœurs, nous pouvons les aider, car « notre » aide vient de Dieu lui-même. Comme Jean le dit: « Quant à nous, nous savons que nous sommes passés de la mort à la vie parce que nous aimons nos frères. Celui qui n’aime pas demeure dans la mort » (1 Jn 3.14). Notre vie n’est satisfaisante que lorsque l’amour est suscité, qu’il est approuvé et qu’il porte du fruit. Jésus nous dit que les deux commandements les plus importants sont d ’aimer Dieu de tout son cœur, de toute son âme, de toute sa force et d ’aimer son prochain comme soimême. On ne peut pas séparer ces deux commandements: l’amour de Dieu a toujours pour corollaire l’amour du prochain. Nous ne pouvons pas être en relation avec Dieu si nous rejetons les autres (1 Jn 4.19-21). Le chemin vers Dieu passe par nos frères et sœurs, et dans le mariage, par notre partenaire.
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Si nous sommes remplis de l’amour de Dieu, nous ne souffrirons jamais de solitude, et ne resterons pas repliés sur nous-mêmes bien longtemps. Nous aurons toujours quelqu’un à aimer. Dieu et notre prochain seront toujours près de nous. Tout ce que nous avons à faire, c’est de les trouver. Un jeune homme de notre communauté a récemment partagé sa joie toute nouvelle d ’aller vers les autres. Sean vivait à Baltimore et travaillait bénévolement à la construction de logements pour les personnes défavorisées. Il pensait que c’était suffisant. Cependant, lorsqu’il rentrait chez lui à la fin de la journée, il ne savait que faire: Je ne faisais que perdre mon temps devant la télévision. Ma joie de vivre allait rapidement en diminuant. Puis quelqu’un m’a parlé d ’un programme d ’aide pour les enfants du centre ville, le soir. Ils cherchaient désespérément des volontaires. Alors, j’ai décidé d ’essayer. Maintenant, je vais apporter de l’aide tous les soirs. Je n’arrive pas à croire combien ma façon de voir la vie a complètement changé. Je ne savais pas auparavant combien j’avais besoin d ’aimer ces enfants.
Souvent, lorsque nous souffrons de solitude, c’est simplement parce que nous voulons recevoir de l’amour au lieu d ’en donner. Le bonheur véritable vient de l’amour que l’on donne aux autres. Nous devons aimer et rechercher la communion avec notre prochain, encore et toujours, et pour ce faire, il nous faut devenir l’aide, le frère ou la sœur de ce même prochain. Demandons à Dieu de libérer notre cœur obstrué pour cet amour-là, sachant que nous ne le trouverons que dans l’humilité de la croix.
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Le défi de la pureté
Chacun peut être un instrument de l’amour de Dieu Dans l’histoire de la création d ’Adam et Ève, il est clair que l’homme et la femme ont été créés pour s’aider, se soutenir et se compléter l’un l’autre. Quelle joie cela a dû être pour Dieu de donner la femme à l’homme – et l’homme à la femme. Parce que nous sommes tous faits à l’image de Dieu, à sa ressemblance, nous devons tous trouver joie et amour les uns avec les autres, que nous soyons mariés ou pas. En donnant Ève à Adam, Dieu montre à tous les humains quelle est leur véritable vocation: être des aides qui révèlent son amour au monde. Et en nous donnant son Fils, Jésus, il nous montre qu’il ne nous laissera jamais seuls, ni sans aide. Jésus lui-même dit: « Non, je ne vous laisserai pas seuls comme des orphelins, mais je reviendrai vers vous ». Il nous promet: « Celui qui m’aime vraiment, c’est celui qui retient mes commandements et les applique. Mon Père aimera celui qui m’aime; moi aussi, je lui témoignerai mon amour et je me ferai connaître à lui » (Jn 14.18, 21). Qui peut comprendre la profondeur de ces paroles et l’espérance qu’elles apportent à notre monde troublé? Les personnes les plus seules, les plus découragées ou désillusionnées peuvent être sûres que Dieu ne les abandonnera pas. Même si elles sont incapables de nouer des amitiés humaines, elles ne seront jamais seules aussi longtemps qu’elles s’accrocheront à Dieu. Dieu a réuni Adam et Ève pour les guérir de leur solitude et les libérer de leur partialité. Son plan est le même pour tout homme et toute femme qu’il réunit dans le mariage. Néanmoins, le mariage en lui-même ne peut apporter la plénitude. Si nous ne demeurons pas en Christ, nous ne porterons pas de fruit. Si nous l’aimons, lui qui seul est notre soutien, notre espérance et notre vie, alors nous arriverons à nous connaître et nous aimer l’un l’autre. Mais si nous nous éloignons du Christ
Il n’est pas bon que l’homme soit seul
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intérieurement, alors rien ne passera bien. Lui seul unit toutes choses et nous donne accès à Dieu et aux autres (Col 1.17-20).
Dieu est source et objet de l’amour véritable Le mariage n’est pas le but suprême de la vie. Nous renvoyons une image de Dieu plus brillante et plus complète lorsque nous l’aimons lui, ainsi que nos frères et sœurs. Ainsi, dans tout mariage chrétien véritable, le mari conduira sa femme et ses enfants non vers lui, mais vers Dieu. De la même manière, la femme soutiendra son mari en étant son aide, et ensemble, ils apprendront à leurs enfants à les respecter en tant que père et mère et à aimer Dieu leur créateur. Aider l’autre au nom de Dieu n’est pas seulement une obligation, mais un don. Combien nos relations seraient différentes si nous redécouvrions cela! Nous vivons un temps où la peur et la méfiance sont perceptibles partout. Où est l’amour, celui qui bâtit la communauté et l’Église? Il existe deux sortes d ’amour. L’un est tourné sans égoïsme vers les autres et leur bien-être. L’autre est possessif et se borne à satisfaire l’ego. Saint Augustin a dit: « Considérez l’amour naturel: n’est-il pas comme la main du cœur? Si cette main tient un objet, elle ne saurait en tenir un autre, et pour recevoir ce qu’on lui donne, il faut qu’elle laisse ce qu’elle tient5. » L’amour de Dieu ne désire rien. Il donne et se sacrifie, car là est sa joie. L’amour est toujours enraciné en Dieu. Puisse Dieu nous accorder d ’être à nouveau saisis par la puissance de son amour. Il nous conduira aux autres, il nous amènera à partager notre vie avec eux. Mais plus encore, il nous conduira au royaume. L’amour est le secret du royaume de Dieu à venir.
5. Sermon CXXV, 7 in Œuvres complètes de saint Augustin, traduction sous la direction de M. l’abbé Raulx, tome sixième, Bar-le-Duc, L. Guérin, 1866, p. 506.
CHAPITRE
3
Ils deviendront une seule chair
C’est pourquoi un homme se séparera de son père et de sa mère et s’attachera à sa femme, et les deux ne feront plus qu’un. Genèse 2.24
Le mariage est sacré. Dans l’Ancien Testament, les prophètes l’utilisent pour décrire la relation entre Dieu et son peuple Israël: « Puis, pour toujours, je te fiancerai à moi. Je te fiancerai à moi en donnant comme dot et la justice et la droiture, l’amour et la tendresse. Je te fiancerai à moi en donnant pour toi la fidélité et tu connaîtras l’Éternel » (Os 2.21-22). Dieu révèle de manière spéciale son amour envers tous les hommes dans le lien unique entre l’homme et la femme.
Le mariage est plus que vivre heureux ensemble Dans le Nouveau Testament, le mariage est utilisé comme symbole pour décrire l’unité du Christ avec son Église. Dans l’évangile selon Jean, Jésus est comparé à un marié et dans l’Apocalypse nous lisons: « Voici bientôt les noces de l’Agneau, sa fiancée s’est préparée » (voir Ap 19.7-9). Que Jésus ait changé l’eau en vin au cours d ’un mariage n’est pas sans signification; certainement, il se réjouissait
Ils deviendront une seule chair
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beaucoup de ce mariage. Néanmoins, il nous semble tout aussi clair que, pour lui, le mariage est une chose sacrée. Jésus le prend tellement au sérieux qu’il parle avec une sévère intransigeance contre la moindre démarche visant à le détruire: « Que l’homme ne sépare donc pas ce que Dieu a uni » (voir Mt 19.6-9). La sévérité de Jésus nous montre l’horreur que constitue l’adultère aux yeux de Dieu. La Bible tout entière proteste contre lui, depuis les livres des prophètes où l’adoration d ’une idole par les enfants d’Israël est appelée adultère (Jr 13.25-27), jusqu’à l’Apocalypse où nous voyons la colère de Dieu contre la prostituée. Lorsque le lien du mariage est brisé, l’amour – l’unité d’esprit et d’âme entre les deux conjoints – est anéanti et détruit, et pas seulement entre l’homme adultère et son épouse, mais aussi entre lui et Dieu. Dans notre culture actuelle, l’institution du mariage est au bord du désastre. Ce que l’on appelle amour n’est généralement que désir égoïste. Même en étant mariés, de nombreux couples vivent ensemble de manière égoïste. Les gens se trompent en pensant que l’on peut s’épanouir pleinement sans sacrifices ni fidélité, et même s’ils vivent ensemble, ils ont peur de s’aimer de manière inconditionnelle. Cependant, au milieu de tous ces mariages mal en point et détruits, l’amour de Dieu reste éternel et réclame fidélité et dévotion. Au fond de chacun de nous, une voix, bien qu’assourdie, nous engage encore à la fidélité. D’une certaine façon, nous espérons tous nous unir à quelqu’un – d ’un cœur libre et ouvert –, à un autre « toi ». Et si nous nous tournons vers Dieu en croyant qu’une telle unité est possible, notre désir sera satisfait. On ne peut véritablement se réaliser qu’en donnant de l’amour à une autre personne. Néanmoins, l’amour ne cherche pas uniquement à donner ; il désire également unir. Si j’aime réellement l’autre, je chercherai à savoir ce qu’il y a en
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Le défi de la pureté
lui et serai désireux de sortir de ma partialité. Dans l’amour et l’humilité, je l’aiderai à s’éveiller pleinement, d’abord à Dieu, puis aux autres. L’amour véritable n’est jamais possessif. Il conduit toujours à la liberté de la fidélité et de la pureté. La fidélité entre mari et femme est le reflet de la fidélité éternelle de Dieu, car c’est Dieu qui forme tout lien véritable. Dans cette fidélité de Dieu, nous trouvons la force nécessaire pour laisser l’amour jaillir de nos vies et laisser l’autre découvrir nos dons. Dans l’unité et l’amour de l’Église, il est possible d ’être un en esprit avec les frères et sœurs, mais aussi un de cœur et d ’âme (Ac 4.32).
L’amour sexuel donne à l’amour de Dieu une forme visible L’amour d ’un couple fiancé ou marié est différent de l’amour entre d ’autres hommes et femmes. On ne trouve nulle part ailleurs que dans le mariage quelqu’un qui dépende autant de l’autre. Une joie toute spéciale remplit le cœur de la personne mariée lorsque son (sa) bien-aimé(e) est à proximité; et lorsqu’ils sont séparés, il y a toujours ce lien très spécial entre eux. À travers la relation unique du mariage, quelque chose se passe, que l’on peut même voir sur les visages d ’un couple. Comme von Gagern 6 le dit, « c’est souvent grâce à sa femme que le mari devient véritablement homme, et grâce à son mari que la femme arrive à la vraie féminité7 ». Dans un mariage authentique, chaque partenaire recherche l’épanouissement de l’autre. En se complétant l’un l’autre, l’union entre mari et femme grandit. Dans leur amour l’un pour l’autre, par leur fidélité l’un à l’autre, et dans 6. Friedrich E.F. von GAGERN (1914-), psychiatre catholique allemand. 7. Friedrich E.F. von GAGERN, Der Mensch als Bild: Beiträge zur Anthropologie, 2e édition, Francfort, Verlag Joseph Knecht, 1955, p. 32
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leur fécondité, le mari et la femme reflètent l’image de Dieu de façon mystérieuse et magnifique. Dans le lien unique du mariage, nous découvrons quel est le sens profond de « devenir une seule chair ». Bien sûr, « devenir une seule chair » veut dire devenir un physiquement et sexuellement, mais cela va bien au-delà! C’est le symbole de deux personnes unies et soudées – cœur, corps et âme – dans le don mutuel et l’unité totale. Lorsque deux personnes deviennent une seule chair, elles ne sont plus deux, mais réellement un. Leur union est le fruit de bien plus qu’être un compagnon ou un partenaire pour l’autre; c’est l’intimité la plus profonde. Comme l’écrit Friedrich Nietzsche, elle est produite par « la résolution que prennent deux personnes de créer une unité qui va au-delà de ceux qui l’ont créée. Ce qui exige un grand respect l’un pour l’autre et pour l’accomplissement d ’une telle résolution »8. C’est seulement dans ce respect et cette unité que le mariage obéit aux exigences de la conscience sexuelle. Par la volonté d ’avoir des enfants, d ’être féconds et de se multiplier, et par l’unité qui reflète l’union de Dieu avec sa création et son peuple, le mariage donne une forme visible à l’amour débordant de Dieu.
Lorsque Dieu est au centre du mariage, une complète unité de cœur, d’âme et de corps est alors possible Selon l’ordre divin, il y a, dans le mariage, au moins trois niveaux différents que nous pouvons expérimenter. Le premier, le plus extraordinaire, c’est l’unité d’esprit: unité de cœur et d ’âme en Dieu. Dans cette unité, nous pouvons être en communion non seulement avec notre épouse, mais aussi avec tous les croyants. Le second niveau, c’est l’unité de 8. Citation de Hans MEIER, Solange das Licht Brennt, Norfolk, Hutterian Brethren, 1990, p. 17.
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sentiments: le courant d’amour d ’un cœur à un autre est si fort que la personne sent – si l’on peut l’exprimer ainsi – battre le cœur de l’autre. Le troisième niveau, c’est l’unité physique: l’expression d’unité ressentie lorsque deux corps se fondent dans une parfaite union. Trop de couples aujourd’hui se contentent du troisième ou peut-être du deuxième niveau. Un mariage basé uniquement sur le physique et l’émotionnel doit s’attendre à des déceptions. Bien que les attractions physique ou émotionnelle soient naturelles, elles peuvent laisser de profondes blessures si on ne les place pas sous l’autorité du Christ. Il y a peu de temps une femme ayant grandi dans notre communauté m’a écrit pour me confier qu’elle-même et son mari en étaient devenus membres uniquement pour pouvoir se marier. (Au Bruderhof, les gens ne se marient que lorsqu’ils sont devenus membres de la communauté.) « Mon mari et moi n’avons jamais parlé de la vision de Dieu pour nos vies ou de ce que nous voulions avant ou après le mariage » écritelle. « Nous n’étions pas sur la même longueur d ’ondes ». Son mari les a maintenant abandonnés, elle et leurs cinq enfants. Parce que leur engagement mutuel n’était pas fondé en Christ, leur mariage n’avait pas de fondations solides et durables: elle en a douloureusement conscience. Pour qu’un mariage se porte réellement bien, il doit être fondé sur l’ordre donné par Dieu – unité d’esprit, de cœur et d ’âme. Aujourd ’hui, la plupart des gens, y compris ceux qui affirment être chrétiens, n’ont aucune idée de ce que Dieu a en réserve pour ceux qui l’aiment et l’honorent vraiment. Lorsque nous obéissons à l’ordre divin concernant nos relations, nous expérimentons les bénédictions de Dieu. Dans un engagement, un mariage authentique, Dieu nous donne de vivre de plus grandes expériences – côté cœur – que nous ne l’imaginons. Parmi nous, trop de personnes vivent uniquement dans le monde des sens – dormir, manger, boire – et ne
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prennent pas le temps de considérer ce qui est bien plus vital: notre vie intérieure. Ceci est vrai de nos jours pour de très nombreux mariages. On se focalise sur le sexe, et souvent, on ne recherche pas l’unité de cœur ; on n’en parle même pas. Est-il alors étonnant que si peu de couples restent fidèles l’un envers l’autre leur vie entière? Qui a vécu près de l’océan connaît quelque peu la puissance de la nature dans la force d ’attraction des marées hautes et basses. Dans le mariage, comme en amitié, il y a des hauts et des bas. Quand une relation est au plus bas, il est bien trop facile de perdre patience, de nous éloigner de notre partenaire et même d ’abandonner nos efforts pour raviver l’amour. Lorsque Dieu est au centre de nos vies, nous pouvons nous tourner vers lui et trouver en lui foi et force même si nous sommes au plus bas. Plus nous vivons conformément à l’image de Dieu, selon laquelle nous avons été créés, plus nous sentons fortement que Dieu doit rester au centre de nos vies, et que ses commandements sont bons pour nous. Nous sentons que ses commandements ne nous sont pas imposés comme des lois ou des ordres de l’extérieur. Nous voyons plutôt qu’ils sont conformes à notre vraie nature, c’est-à-dire à celle de personnes créées à son image. Mais plus nous trahissons et détruisons l’image de Dieu en nous, plus sa direction nous semblera étrangère, comme une obligation morale qui nous écrase. Porter du fruit l’un pour l’autre en se complétant dans l’amour, et être féconds en ayant des enfants, ce sont ces buts qui rendent le mariage béni et saint, et le ciel s’en réjouit. Même si tel est le cas, dans l’histoire de la création, avant l’ordre donné par Dieu d ’être féconds, il y a d ’abord une bénédiction: le don d ’une partenaire au premier homme. En faisant ce don à l’homme, c’est comme si Dieu nous disait: « Mon image vit en toi ». Si nous envisageons de nous marier,
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il nous faut considérer cela avec un grand respect. Chaque personne et chaque mariage porte en lui la possibilité de montrer une image de Dieu authentique9.
9. Der Mensch als Bild, p. 33-34.
CHAPITRE
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Le péché premier
Le Serpent était le plus tortueux de tous les animaux des champs que l’Éternel Dieu avait faits. Il demanda à la femme: Vraiment, Dieu vous a dit: « Ne mangez du fruit d’aucun des arbres du jardin! »? (…) Alors le Serpent dit à la femme: Mais pas du tout! Vous ne mourrez pas! Seulement Dieu sait bien que le jour où vous en mangerez, vos yeux s’ouvriront et vous serez comme Dieu, choisissant vous-mêmes entre le bien et le mal. Genèse 3.1, 4-5
Lorsque Dieu créa le monde, il vit que tout ce qu’il avait fait était bon. La terre était vraiment son royaume et la vie était dirigée par l’esprit de paix. Toutes ses créatures, y compris l’homme et la femme, vivaient ensemble dans l’unité et l’harmonie et prenaient grand plaisir les unes avec les autres, ainsi qu’avec tout ce que Dieu avait fait. Avec crainte, respect et émerveillement, Adam et Ève se tenaient devant l’arbre de la vie dans le jardin d’Éden. Mais ensuite le serpent trompa Adam et Ève. Immédiatement, le mal fit son entrée dans la création de Dieu et tenta de la détruire complètement. Le serpent tenta Ève en lui posant une seule et unique question: « Vraiment, Dieu vous a dit…? » et en la faisant suivre d’une simple promesse: « Mais pas du tout! Vous ne
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mourrez pas! » Il est important que nous comprenions ce que cela veut dire. Satan, le séducteur, tenta Ève avec la parole de Dieu, comme plus tard, il tenta Jésus avec cette même parole.
L’orgueil nous sépare de Dieu et les uns des autres Qu’était-ce d’autre, sinon de l’orgueil, lorsque Ève regarda l’arbre et convoita son fruit, voulant se faire l’égale de Dieu? N’était-elle pas en train de mettre Dieu à l’épreuve pour voir s’il allait réellement tenir parole? Le serpent mit le doute dans son cœur et Ève l’écouta avec une grande curiosité. C’était déjà, en soi, une trahison envers Dieu et cela nous montre comment Satan agit encore aujourd’hui. Satan veut toujours nous séparer de Dieu, de nos frères et sœurs et de notre prochain. Et si nous n’y prêtons pas attention, il le fera en nous posant une question tout aussi innocente, qui sèmera dans nos cœurs la méfiance et la division. Satan se déguise en ange de lumière (2 Co 11.14), mais en réalité il est calomniateur, manipulateur, père du mensonge, meurtrier depuis le commencement; il essaye de nous précipiter dans le désordre, la confusion et le doute, et bien souvent, il y réussit. Dans l’évangile selon Matthieu, nous lisons que, lorsque Jésus se retira dans le désert, peu après son baptême, Satan le tenta. Sachant que Jésus était faible physiquement après un jeûne de quarante jours, Satan s’approcha de lui avec une feinte compassion et montra son soi-disant respect en lui suggérant que tous les royaumes de la terre devraient lui appartenir. Déjà au cours de cette première période de tentation, Jésus reconnut Satan comme le tentateur et celui qui tord la vérité. Sa confiance en Dieu était inconditionnelle et il n’était pas question pour lui d ’écouter Satan ne serait-ce qu’un
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instant; mais il choisit plutôt de faire confiance, d ’obéir et de dépendre de Dieu. Satan n’eut pas accès à son cœur. Ce n’est pas seulement le fruit défendu qui a séduit Adam et Ève, mais l’orgueil et le désir égoïste d ’être comme Dieu. Par leur manque d’obéissance, de confiance et de dépendance, ils se sont coupés de lui. Finalement, comme ils ne l’honoraient plus, chacun est devenu l’idole de l’autre. Le plus grand fléau de notre destinée humaine est que nous voulons devenir comme Dieu. Bonhoeffer dit: « Il [l’homme] est devenu comme Dieu. Mais contre Dieu. C’est en cela que consiste l’imposture du serpent. L’homme sait ce qui est bien et ce qui est mal; cependant, puisqu’il n’est pas l’origine, le bien et le mal qu’il connaît ne sont pas de Dieu, mais contre Dieu (…) C’est comme “antidieu” que l’homme est devenu semblable à Dieu10. » En conséquence, l’esprit humain est profondément malade. L’image de Dieu est maintenant une image volée et déformée par l’idolâtrie et la rébellion contre lui; cela entraîne une profonde obscurité et crée une grande détresse (Rm 1.23-32).
L’amour mensonger empêche la joie du don total Adam et Ève ont tous les deux péché contre l’amour. Ils ont été trompés par un amour mensonger. Combien de choses ont lieu aujourd’hui au nom de l’amour, et ne sont en fait que destruction et meurtre de l’âme! L’amour véritable désire que Dieu rayonne à travers le bien-aimé. Dieu reste celui par lequel on mesure l’amour et l’objet final de la recherche de l’amour. Mais l’être humain, dans son amour mensonger envers son (sa) bien-aimé(e), s’est détourné de ce qu’il y a d’excellent et il est devenu impossible à Dieu de s’exprimer à travers le (la) bien-aimé(e)11. 10. Dietrich BONHOEFFER, Éthique, Genève, Labor et Fides, 1965, p. 3. 11. Der Mensch als Bild, p. 58
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Nous devrions considérer cela comme un sérieux avertissement, que nous soyons mariés ou que nous ayons l’intention de le devenir. Dieu seul doit avoir la première place dans nos vies, pas notre partenaire, ni nos enfants. Dans notre mariage, ma femme et moi avons appris que, lorsque Dieu n’a pas la toute première place dans notre relation et que nous ne nous tournons pas vers lui pour être guidés dans les plus petites choses, alors nous nous éloignons rapidement l’un de l’autre. Ceci affecte aussi nos enfants (bien qu’ils n’en soient pas conscients); cela les rend désobéissants et querelleurs. J’ai vu la même chose se produire dans de nombreuses familles: lorsqu’un couple se sépare peu à peu, les enfants agissent en fonction de leurs insécurités. Il en est pour nous comme pour de nombreux autres couples: dès lors que ma femme et moi-même nous sommes à nouveau tournés vers Dieu et avons cherché à reconstruire notre relation, nos enfants ont réagi positivement. Lorsque nous faisons de notre partenaire ou de nos enfants des idoles, notre amour devient mensonger. Nous ne pouvons pas parler librement de nos défauts ou de ceux de nos proches. Comme Adam, nous n’aimons plus vraiment Dieu, ou alors nous ne voyons plus son visage. Nous voyons seulement celui de notre épouse ou ceux de nos enfants. Au lieu d’aborder les problèmes de front, nous les passons sous silence. En agissant de cette façon, nous perdons le contact avec Dieu, et l’un avec l’autre. Pire, nous ouvrons la porte au mal, spécialement dans le domaine sexuel, ainsi qu’à la mort et à l’isolement intérieurs. Adam et Ève ont perdu leur innocence parce qu’ils ont perdu leur unité avec Dieu. Et dans le vide terrible qui a suivi, l’homme a blâmé la femme et a cherché à la dominer, et la femme, pleine de ressentiment envers l’homme, a blâmé Satan. Toute unité était détruite, l’homme et la femme sont devenus rivaux, et ils n’ont plus jamais été un (Gn 3.7-19).
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Lorsque nos mariages sont séparés de Dieu, la rivalité prend rapidement racine et c’est l’égoïsme qui nous dirige. En étant le concurrent de notre partenaire pour faire la loi, nous nous efforçons de créer notre propre petit paradis, à nos conditions, et nous sombrons rapidement dans le vide et un mécontentement profond. Notre lien intérieur est détruit et nous restons attachés à l’autre uniquement parce que nous nous en sommes entichés. Nous nous blâmons constamment l’un l’autre et cherchons notre propre avantage ainsi que notre indépendance. La joie du don total s’est enfuie et il ne reste que le fléau du manque d ’enthousiasme. Une volonté d’indépendance et le désir de posséder, voilà l’ennemi de la vie en Dieu. Comme l’a écrit mon grand-père Eberhard Arnold12, cette volonté c’est « l’esprit mercantile de Mamon, l’esprit légaliste des relations basées sur la propriété, la séparation du désir sexuel de l’âme, ainsi que de l’unité et la communion d’esprit […] tout ceci, c’est la mort; il n’y a plus de lien avec la vie »13. Tout ce qui s’oppose à la vie et à l’amour relève du mal et nous ne devrions jamais sous-estimer sa puissance. Le péché conduit toujours à la séparation et le salaire du péché reste la mort (Rm 6.3). Le fruit amer du péché d ’orgueil, c’est être aliéné et séparé de Dieu, de notre vrai moi, des autres et de la terre. Satan et le péché brisent nos relations les plus fondamentales. Depuis les temps anciens, les chrétiens ont dépeint Satan comme une créature ayant des pieds fourchus et des cornes. Une telle notion n’a aucun fondement biblique. Satan et ses démons entourent la terre en tant que force du mal, comme une atmosphère (Ep 2.1-2; 6.12). Son unique objectif est 12. Eberhard ARNOLD (1883-1935), écrivain, théologien et co-fondateur (avec son épouse Emmy) de la communauté du Bruderhof. 13. Eberhard ARNOLD, Love and Marriage in the Spirit, Rifton, Plough, 1965, p. 152.
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d ’aveugler les hommes en jouant de leur intérêt propre et de leur égoïsme: « Vous serez comme Dieu ». Et au lieu de choisir la simple obéissance, nous préférons la voie de la tentation.
Comme Adam et Ève, nous sommes tous aliénés et divisés par notre péché Le premier péché d’Adam et Ève symbolise la chute de chacun de nous. Nous ne pouvons ignorer que l’image originelle de Dieu en nous a été terriblement déformée. Au lieu de nous satisfaire de refléter l’image de Dieu, nous nous efforçons d’être son égal. Nos plus grandes qualités, nous les avons retournées contre la volonté de Dieu. Dans la « liberté » de ce monde, nous ne sommes plus concernés par Dieu, ni par son image originelle. Nous sommes séparés de lui, et nous n’avons d ’intérêt que pour les affaires de ce monde. Nous sommes brouillés avec nous-mêmes et piégés par la culpabilité de notre propre division. Ainsi, coupés de Dieu, nous nous plaçons nous-mêmes au centre de l’univers et essayons de trouver la paix dans les possessions et le plaisir. Mais ces idoles nous laissent troublés, dans l’anxiété et l’angoisse. Vient alors le moment de la première question pleine de méfiance: « Pourquoi? », puis de la seconde: « Dieu est-il vraiment présent? ». Nous commençons à douter de la direction de l’Esprit et demandons: « Pourquoi est-ce si dur pour moi? », et « Pourquoi moi? ». De telles questions entament notre confiance non seulement en Dieu, mais l’un envers l’autre et, lorsque nous nous les posons, nous ne sommes pas loin de pécher. La confiance totale permet de prendre la main que Dieu nous tend et d ’aller dans la direction où il nous conduit. Même si le chemin passe par l’obscurité ou la souffrance, par des difficultés, par des obstacles ou des déserts, la confiance nous permettra
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de continuer. Si nous saisissons la main de Dieu, rien ne peut nous arriver. Mais dès que nous « lâchons » Dieu et le mettons en cause, nous commençons à désespérer. Voilà le défi permanent auquel nous sommes confrontés: nous accrocher à Dieu. Jésus a dû endurer toute la gamme des souffrances humaines. Rien ne lui a été épargné: ni la faim, ni la soif, ni la solitude, ni le supplice. Mais il n’a pas cherché à y échapper. Il est près de nous, toujours prêt à nous aider, à nous donner la force de vaincre (He 2.14-18). Même les tentations les plus sataniques, les heures d’obscurité les plus terribles, sont vaincues par ces paroles de Jésus: « Tu adoreras le Seigneur ton Dieu, et c’est à lui seul que tu rendras un culte » (Mt 4.10). Voilà le secret. Là, Satan perd tout pouvoir sur nous et le péché premier ne nous lie plus.
CHAPITRE
5
Restaurer l’image de Dieu
Le Seigneur, c’est l’Esprit, et là où est l’Esprit du Seigneur, là règne la liberté. Et nous tous qui, le visage découvert, contemplons, comme dans un miroir, la gloire du Seigneur, nous sommes transformés en son image dans une gloire dont l’éclat ne cesse de grandir. C’est là l’œuvre du Seigneur, c’est-à-dire de l’Esprit. Ainsi, celui qui est uni au Christ est une nouvelle créature: ce qui est ancien a disparu, voici: ce qui est nouveau est déjà là. 2 Corinthiens 3.17-18; 5.17
Notre relation à Dieu est plus forte que toute autre relation humaine. Toutes les autres en sont simplement des symboles. En tout premier lieu, nous sommes des images de Dieu et nous devons encore et toujours respecter hautement ce fait. Le plus grand espoir pour celui qui cherche, ainsi que pour toute relation ou tout mariage, c’est de reconnaître que, bien que nous ayons déformé cette image et soyons séparés de Dieu, nous la reflétons encore faiblement. Malgré notre corruption, Dieu ne veut pas que nous perdions notre destinée de créatures faites à son image. C’est pourquoi il a envoyé son Fils Jésus, le second Adam, afin qu’il vienne en nos cœurs. Par Jésus, l’image de Dieu peut être rétablie en chaque homme et en chaque femme, et dans chaque relation.
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Jésus ouvre le chemin vers Dieu et nous donne accès les uns aux autres Jésus est le réconciliateur : il est venu nous réconcilier avec Dieu et avec les autres et nous aider à vaincre toute discorde intérieure dans nos vies (Ep 2.11-19). Lorsque nous sommes découragés ou déprimés, nous devons – plus que jamais – chercher Dieu. C’est une promesse. Jérémie dit: « Vous vous tournerez vers moi et vous me trouverez lorsque vous vous tournerez vers moi de tout votre cœur » (Jr 29.13). Et dans les évangiles, nous trouvons ces paroles merveilleuses: « Car celui qui demande reçoit; celui qui cherche trouve; et l’on ouvre à celui qui frappe » (Lc 11.10). Ces paroles sont vraies aujourd ’hui et si nous les prenons au sérieux, Dieu viendra vivre en nos cœurs. Le chemin vers Dieu est ouvert à chacun. Aucun être humain n’est exclu de ce don, parce que Jésus s’est fait homme. Dieu l’a envoyé pour restaurer en nous son image. Par lui, nous avons accès au Père. Ceci se produit uniquement si l’expérience de la Pentecôte – l’expérience de la repentance personnelle, de la conversion et de la foi – devient pour nous une brûlante réalité. Le miracle de la Pentecôte, quand l’Esprit descendit sur terre avec puissance et amour, peut se produire n’importe où dans le monde, à n’importe quel moment. Il a lieu partout où les gens s’écrient: « Frères, que devons-nous faire? » et partout où ils sont prêts à entendre la réponse séculaire de Pierre: « Changez, et que chacun de vous se fasse baptiser au nom de Jésus-Christ, pour que vos péchés vous soient pardonnés. Alors vous recevrez le don du Saint-Esprit… Recevez le salut, séparez-vous de cette génération dévoyée » (Ac 2.37-40).
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La liberté vient de la soumission, elle ne vient pas des forces humaines Nous trouvons pardon et salut uniquement à la croix. À la croix, nous passons par la mort. Cette mort nous libère de tout ce qui faisait obstacle à notre relation avec Dieu et avec les autres, et renouvelle ces relations. En abandonnant le péché et le mal dont nous étions esclaves, nous trouvons en Jésus la liberté. Nous ne pouvons pas nous sauver nousmêmes, ni nous améliorer par nos propres forces. En fin de compte, tout ce que nous pouvons faire, c’est nous soumettre entièrement à Jésus et son amour, pour que notre vie ne nous appartienne plus, mais lui appartienne. Mon père, J. Heinrich Arnold, écrit: Si nous voulons guérir les blessures causées par les tours et les flèches de Satan […] nous devons avoir une confiance absolue en Jésus, égale à celle que lui-même avait en Dieu. En définitive, tout ce que nous avons, c’est notre péché. Mais nous devons le déposer devant lui avec confiance. Alors, il nous pardonnera, nous purifiera et nous donnera la paix du cœur ; et tout cela conduit à un amour indescriptible14.
Que veut dire « déposer notre péché devant lui avec confiance »? La liberté et la réconciliation ne sont possibles que si nous confessons ce dont notre conscience nous accuse. Le péché se développe dans l’obscurité et tient à y rester. Mais lorsque – comme le montre l’histoire de Darlène, une de nos connaissances – nous mettons en lumière le péché qui nous accable et le reconnaissons sans réserve, nous sommes purifiés et libérés:
14. J. Heinrich ARNOLD, Discipleship, Farmington, Plough, 1994, p. 42.
Restaurer l’image de Dieu Dès la classe de troisième, j’avais choisi mon « futur mari ». Je passais de nombreuses heures à écrire à son sujet dans mon journal, rêvant de lui et observant sa maison dans l’espoir de l’apercevoir à travers une fenêtre. Plusieurs années plus tard, il épousa quelqu’un d’autre et mon monde imaginaire s’écroula. Pendant mes années de lycée, j’essayais de faire partie des « gens branchés », étant très attentive à ce que je disais, faisais ou portais. Jusqu’à l’obtention de mon diplôme, j’avais flirté avec un nombre incalculable de garçons, et bien que je me sentisse coupable à cet égard à cause de mon éducation, je choisissais tout simplement de l’ignorer. J’étouffais les protestations de ma conscience et arrivais à me convaincre que je pouvais gérer n’importe quelle situation. Après le lycée, je suis partie en Israël, pour passer un an dans un kibboutz. Au début, j’étais choquée par les fêtes continuelles et la préoccupation constante des jeunes de là-bas concernant le sexe, mais bientôt, je traînais dans les chambres des garçons, et j’allais à des fêtes discos ou d’autres bien arrosées, comme n’importe quel autre jeune. Je me disais que je pourrais sortir de cette situation n’importe quand, et au fil des semaines, je me suis laissée entraîner dans une relation avec un garçon qui affirmait m’aimer vraiment. Je voulais tellement le croire que je lui cédais, tout en sachant qu’il était le Don Juan du kibboutz. Je me sentais de plus en plus coupable. Je voyais bien que je faisais exactement ce à quoi j’avais affirmé être assez forte pour résister. Lorsque je l’ai vu quelques nuits plus tard avec une autre fille, je me suis affolée. Je suis retournée chez moi et pendant les deux années suivantes, j’ai pensé avoir surmonté mon problème. Mais c’était faux. Je suis retombée dans ce piège. Un homme me promettait un avenir merveilleux. Il me disait constamment combien il m’aimait et combien j’étais belle. Je voulais désespérément le croire. Bien vite, nous avons commencé à nous tenir par la main, à nous tenir enlacés, à nous embrasser, à nous toucher, une chose en entraînant une autre. Comme il m’en demandait de plus en plus, je refoulais
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Le défi de la pureté tous les sentiments de profonde culpabilité et d ’horreur qui m’accablaient. Lorsqu’il a voulu des relations sexuelles, j’ai cédé. J’ai choisi de tomber encore plus profondément dans le péché plutôt que d ’affronter le gâchis total dans lequel je me trouvais. J’ai voulu partir pour vivre avec lui et j’ai promis de l’aimer et de lui être loyale, même lorsqu’il a menacé de me tuer si je parlais à quiconque de notre relation. Le jour suivant, il a disparu et je ne l’ai jamais revu. Très déprimée, j’ai alors songé à me suicider. J’avais constamment des maux de tête et d ’estomac. Je pensais que j’allais devenir folle. J’étais obsédée par le sexe. Je ne voyais pas comment continuer sans un homme pour « m’aimer ». Je passais d ’un garçon à un autre; deux d ’entre eux étaient d ’ailleurs fiancés à d ’autres filles. Mon désespoir augmentait et je pleurais en secret pendant des heures. À travers tout cela, et malgré mon impression d ’être une prostituée, j’essayais de montrer à ma famille une image heureuse et sereine. Cette double vie ne pouvait pas toujours durer et je fus un jour prise en train de mentir. J’ai alors réalisé que Dieu me donnait une autre chance. Je n’aurais peut-être jamais plus une telle occasion de me libérer de mon péché. J’ai alors renoncé à mes mensonges et, me tournant vers mes parents, leur ai tout avoué. Le diable n’était pas pressé de me laisser partir, il me tourmentait dans mon sommeil; mais l’amour de Dieu devint très réel pour moi dans les semaines et les mois qui suivirent. Ma famille et mon Église priaient constamment pour moi et me montraient leur amour ; ils n’avaient jamais perdu espoir à mon sujet. Je crois que la prière a éloigné bon nombre d ’esprits mauvais qui semblaient souvent rôder autour de moi, spécialement pendant ces premières semaines. Après des mois de bataille âprement disputée, je fus finalement libérée de mon esclavage du mal. Puis vint le moment inoubliable où le pardon de mes péchés fut proclamé au nom de Dieu par mon pasteur. La force et la joie de ce moment n’eurent pas de limites.
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Quand nous sommes écrasés par le péché, c’est un don précieux de trouver quelqu’un à qui en parler. Ouvrir son cœur à une autre personne, c’est comme ouvrir une vanne dans une digue – l’eau s’engouffre et la pression disparaît. Si la confession est honnête et vient du cœur, elle apporte un profond sentiment de soulagement, car c’est un premier pas vers le pardon. Mais finalement, il nous faut nous tenir devant Dieu. Nous ne pouvons pas nous enfuir ou nous cacher, comme Adam et Ève ont essayé de le faire après avoir désobéi. Si nous choisissons de nous tenir devant lui dans la lumière de son Fils Jésus, il effacera notre culpabilité. Tout comme Dieu a donné au premier homme et à la première femme paix et joie dans le jardin d’Éden, il donne à chaque croyant cette tâche: travailler à l’établissement de l’ordre nouveau de son royaume de paix. Pour l’accomplir, nous devons joyeusement accepter sa direction dans nos vies, et suivre entièrement le chemin qui fut celui de Jésus: commencer par l’étable de Bethléem et finir par la croix à Golgotha. C’est une marche très lente et humble. Mais c’est le seul chemin qui mène vers la pleine lumière et l’espérance. Il n’y a que Jésus qui puisse pardonner et enlever nos péchés, car lui seul est libre de toute souillure. Il peut remuer nos consciences et les libérer de toute impureté, amertume ou discorde (He 9.14). Si nous acceptons ce que nous dit notre conscience, ainsi que le jugement et la grâce de Dieu, peu importe combien nous avons été pécheurs et corrompus. En Christ, cette conscience qui était notre ennemie, devient notre amie.
Le pardon a le pouvoir de transformer nos vies Le pardon que Jésus offre est si puissant qu’il va complètement changer la vie de la personne qui l’accepte. Tout ce qui nous fait peur et nous isole, tout ce qui est impur et trom-
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peur, cédera si nous nous donnons à lui. Tout ce qui est élevé sera abaissé, et tout ce qui est abaissé sera élevé. Ce changement commence au cœur même de notre être, et ainsi, notre vie, à la fois intérieure et extérieure, sera transformée, y compris toutes nos relations. Qu’une personne ait été transformée de cette façon, ou qu’elle ne l’ait pas été, se remarque particulièrement au moment de la mort. Ceux qui se sont trouvés au chevet d’un mourant savent l’importance, ô combien extrême et ultime de par sa signification, de la relation personnelle avec Dieu. Ils savent qu’à la fin, lors du dernier souffle, ce lien est la seule chose qui compte. Chacun doit se préparer à rencontrer Dieu, c’est l’œuvre de toute une vie. Jésus nous montre comment le faire lorsqu’il dit: « Vraiment, je vous l’assure: chaque fois que vous avez fait cela au moindre de mes frères que voici, c’est à moi-même que vous l’avez fait ». Il nous dit également: « Heureux ceux qui se reconnaissent spirituellement pauvres, car le royaume des cieux leur appartient ». J’ai personnellement fait l’expérience au chevet de mourants que, lorsque quelqu’un a vécu pour les autres, comme Jésus l’a fait, Dieu est très proche de lui dans ses derniers moments. J’ai également vu à l’heure de leur mort le tourment de ceux qui avaient vécu dans le péché et dans l’égoïsme. Tous, mariés ou célibataires, nous avons besoin de nous accrocher plus fortement aux paroles éternelles de guérison de Jésus: « Et voici: je suis moi-même avec vous chaque jour, jusqu’à la fin du monde » (Mt 28.20). En Jésus sont la vie, l’amour et la lumière. En lui, nos vies et nos relations peuvent être purifiées de tout ce qui nous accable et s’oppose à l’amour, et l’image de Dieu en nous peut être restaurée.
CHAPITRE
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En effet, tout ce que Dieu a créé est bon, rien n’est à rejeter, pourvu que l’on remercie Dieu en le prenant. Car tout ce qu’il a créé est saint lorsqu’on l’utilise conformément à sa Parole et avec prière. 1 Timothée 4.4-5
La Bible parle du cœur comme étant le centre de la vie intérieure de la personne. C’est le cœur qui prend les décisions et donne la direction, c’est lui qui indique quel esprit nous allons suivre (Jr 17.10). Mais nous sommes des êtres sensuels, c’est ainsi que Dieu nous a créés. Tout ce que nous percevons avec nos sens entre dans le domaine de la sensualité, y compris l’attirance sexuelle. Le parfum d ’une fleur, la chaleur du soleil ou le premier sourire d’un bébé nous donnent de la joie. En nous dotant de sens, Dieu nous a fait un don magnifique, et si nous nous en servons pour le louer et l’honorer, ils nous apporteront beaucoup de bonheur.
15. Pour les chap. 6 et 7, l’auteur s’est inspiré du philosophe catholique Dietrich von HILDEBRAND (1889-1977) et plus particulièrement de son livre Purity: The Mystery of Christian Sexuality, Steubenville, Franciscan University Press, 1989.
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Cependant, tout comme le domaine de l’expérience sensuelle peut nous rapprocher de Dieu, il peut aussi nous égarer et nous conduire à l’obscurité satanique. Nous allons bien trop souvent vers le superficiel et nous nous privons de la force et de la puissance de ce que Dieu autrement pourrait nous donner. Trop souvent, en nous accrochant à ce que nous vivons par nos sens, nous oublions Dieu et nous nous privons de la possibilité de vivre toute l’étendue de sa volonté à notre égard.
La joie durable ne se trouve pas dans nos sens, mais en Dieu Rejeter les sens, qui font partie de la vie, c’est rejeter Dieu et son œuvre (1 Tm 4.1-3). L’Esprit ne veut pas que nous rejetions le corps ou ses capacités émotionnelles. Mais n’oublions pas que Satan cherche à attaquer tout ce qui est bon; il est manipulateur et il cherche constamment à nous tromper, spécialement dans ce domaine. Il est généralement admis que l’âme est reliée à Dieu par l’esprit, mais elle est rattachée au physique par le corps. Le physique n’est pas le véritable ennemi de l’esprit, et il ne doit jamais être méprisé. L’ennemi véritable, c’est Satan qui essaye constamment d’attaquer l’âme humaine et de la séparer de Dieu. La volonté de Dieu est que chaque partie de ce qui fait la vie – l’esprit, l’âme et le corps – soit sous son contrôle et à son service (1 Co 10.31). Le domaine des sens n’est pas mauvais en soi. Après tout, tout ce que nous faisons, que ce soit marcher ou dormir, est, à un certain niveau, une expérience des sens. Mais parce que nous ne sommes pas de simples animaux, parce que nous sommes faits à l’image de Dieu, on attend beaucoup plus de notre part.
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Lorsque deux personnes tombent amoureuses l’une de l’autre, au départ leur joie vient du domaine sensuel: ils se regardent les yeux dans les yeux, ils s’écoutent parler, ils aiment se tenir par la main, sentir la chaleur et la proximité de l’autre. Bien sûr, cela va au-delà du fait de voir, entendre ou sentir, mais tout débute réellement par cette expérience des sens. Cependant, l’amour humain ne reste jamais à ce niveau, il va beaucoup plus loin. Lorsque le côté sensuel devient un but en soi, tout semble éphémère et temporaire, et nous sommes poussés à chercher la satisfaction dans des expériences d ’une intensité de plus en plus forte (Ep 4.17-19). Dépenser notre énergie à intoxiquer nos sens épuise et ruine rapidement notre capacité à puiser à la force essentielle de vie. Et nous perdons également notre capacité à vivre des expériences intérieures plus profondes. Un homme de notre communauté, marié depuis plus de trente ans, m’a dit: Lorsque ma femme et moi nous nous sommes mariés, je voulais toujours qu’elle s’habille de façon élégante et sexy. C’était alors l’apogée de la mini-jupe et je trouvais qu’elle avait beaucoup d ’allure ainsi vêtue. Je ne voyais pas le tort causé par cette attitude, à elle, aux autres hommes et à moimême. En fait, j’encourageais les regards de convoitise, ce que Jésus avait clairement dénoncé. C’est seulement plus tard, lorsque ma femme et moi l’avons réalisé, que nous pûmes nous libérer de l’attention malsaine que nous portions à l’apparence physique de l’autre, et nous avons progressé vers une relation plus authentique.
Si nous ne nous soumettons pas respectueusement à Dieu (y compris dans le domaine des sens), nous ne pourrons expérimenter pleinement les choses de ce monde. J’ai vu à maintes reprises combien les personnes qui mettent l’accent sur la gratification des sens finissent par avoir des vies sans
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objet et superficielles. Lorsque ce sont nos sens qui commandent, nous nous retrouvons frustrés et troublés. Mais en Dieu nous pouvons faire l’expérience de l’éternel à travers les sens. En lui nous pouvons satisfaire les attentes les plus profondes de notre cœur pour ce qui est authentique et durable.
Si nous soumettons notre sexualité à Dieu, elle devient un don En tant que don de Dieu, la sensualité est un mystère; sans Dieu, elle perd son mystère et n’est plus sacrée. Ceci est particulièrement vrai dans le domaine de la sexualité. La vie sexuelle est en elle-même synonyme de profonde intimité, intimité que nous cachons instinctivement aux autres. La sexualité est le jardin secret de chacun, quelque chose qui affecte et exprime ce qu’il y a au plus profond de notre être. Toute révélation dans ce domaine dévoile un peu de ce qui appartient à l’intime et au personnel et introduit une autre personne dans ce domaine secret. C’est pourquoi le domaine sexuel – bien qu’il soit l’un des plus grands dons de Dieu – est aussi celui de la honte. Nous avons honte de dévoiler notre jardin secret devant les autres. Il y a une raison à cela: tout comme Adam et Ève avaient honte de leur nudité devant Dieu parce qu’ils savaient qu’ils avaient péché, nous savons tous que nous sommes pécheurs par nature. Le reconnaître n’est pas signe d’une perturbation mentale malsaine, comme l’affirment de nombreux psychologues. C’est une réponse instinctive pour protéger ce qui est saint et qui nous a été donné par Dieu, et cela devrait conduire chacun à la repentance. L’union sexuelle doit être l’expression et l’accomplissement d ’un amour durable et sacré. Elle représente l’abandon suprême à une autre personne, parce qu’elle implique la révélation mutuelle du jardin secret le plus intime de chaque
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partenaire. C’est pourquoi s’engager dans une activité sexuelle de quelque nature que ce soit, sans être unis par le lien du mariage, est une profanation. La pratique répandue de « l’expérimentation » des relations sexuelles pré-maritales, même avec le partenaire que l’on a l’intention d ’épouser, n’en est pas moins terrible, et elle peut gravement compromettre le futur mariage. Le voile de l’intimité entre un homme et une femme ne doit pas être enlevé sans la bénédiction de Dieu et de l’Église dans le mariage (He 13.4). Et même dans le mariage, le domaine de l’intimité sexuelle doit être soumis au Christ, si l’on veut qu’il donne de bons fruits. Le contraste entre un mariage où le Christ est au centre et un autre où l’on se focalise sur le côté charnel est parfaitement dépeint par l’apôtre Paul dans sa lettre aux Galates: Tout le monde voit bien ce qui procède de l’homme livré à lui-même: l’immoralité, les pratiques dégradantes et la débauche, l’adoration des idoles et la magie, les haines, les querelles, la jalousie, les accès de colère, les rivalités, les dissensions, les divisions, l’envie, l’ivrognerie, les orgies et autres choses de ce genre. Je ne puis que répéter ce que j’ai déjà déclaré à ce sujet: ceux qui commettent de telles actions n’auront aucune part à l’héritage du royaume de Dieu. Mais le fruit de l’Esprit c’est l’amour, la joie, la paix, la patience, l’amabilité, la bonté, la fidélité, la douceur, la maîtrise de soi. La Loi ne condamne certes pas de telles choses. Or, ceux qui appartiennent à Jésus-Christ ont crucifié l’homme livré à luimême avec ses passions et ses désirs (Ga 5.19-24).
Les gens qui considèrent la luxure de la même manière que la gloutonnerie, ne comprennent pas la signification du domaine sexuel. Lorsque nous succombons aux tentations de la luxure ou de l’impureté sexuelle, nous sommes salis d ’une façon bien différente que si nous avions succombé à la gloutonnerie, bien que cette dernière aussi soit condamnée
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par Paul. La luxure et l’impureté nous blessent au plus profond de notre cœur et de notre être. Elles attaquent le cœur même de l’âme jusqu’à la moelle. Si jamais nous tombons dans l’impureté sexuelle, nous devenons la proie d ’un mal démoniaque, et notre être tout entier est corrompu. C’est alors uniquement par la repentance et la conversion que nous pouvons être libérés.
Le contraire de l’impureté n’est pas le légalisme Cependant, le contraire de l’impureté ou de la sensualité n’est pas la pruderie, le moralisme ou la fausse piété. Jésus nous met sérieusement en garde contre ces choses (Mt 23.25-28)! Dans tout ce dont nous faisons l’expérience par nos sens, notre joie doit être authentique et libre. Pascal dit: « Les passions sont toujours vivantes dans ceux qui y veulent renoncer » (Pensées, 413). Lorsque la sensualité est réprimée par la contrainte morale plutôt que disciplinée de l’intérieur, elle se fraie de nouveaux chemins par l’infidélité et la perversité (Col 2.21-23). Dans notre époque corrompue et sans scrupule, il est de plus en plus difficile d ’enseigner aux enfants un profond respect de Dieu et de toute sa création. Nous devons d’autant plus nous efforcer d ’élever nos enfants de telle façon qu’ils deviennent des hommes et des femmes qui s’engagent à une vie de pureté, qu’ils choisissent ou non de se marier une fois adultes. Soyons attentifs à ce que nos enfants ne parlent pas de manière irrévérencieuse de tout ce qui a trait au domaine sexuel. Cependant, dans le même temps, nous ne pouvons pas ignorer le sujet. Nous devons plutôt leur enseigner à considérer ces questions avec respect. Nous devons les aider à comprendre la signification et la sainteté de la sexualité telle que Dieu l’a prévue, et les convaincre de l’importance de gar-
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der leurs corps purs et vierges en vue du mariage. Ils doivent apprendre à ressentir, tout comme nous, que la sexualité trouve son plus grand accomplissement, et donc procure le plaisir le plus grand, dans un mariage pur et saint. Dieu éprouve de la joie lorsqu’un couple de jeunes mariés fait l’expérience de l’union totale, d’abord d ’esprit, puis de cœur à cœur, d ’âme à âme, et ensuite des corps. Lorsqu’un homme et une femme se dévoilent sur le plan sexuel dans le respect de Dieu, en relation avec lui et dans l’unité qui vient de lui, cette union l’honore. Chaque couple doit s’efforcer d ’atteindre ce profond respect, car « ceux qui ont le cœur pur verront Dieu ».
CHAPITRE
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Ceux qui ont le cœur pur
Heureux ceux dont le cœur est pur, car ils verront Dieu. Matthieu 5.8
Mes amis, puisque nous possédons ce qui nous a été promis en ces termes, purifions-nous de tout ce qui corrompt le corps et l’esprit, pour mener ainsi une vie pleinement sainte en révérant Dieu. 2 Corinthiens 7.1
Søren Kierkegaard dit que la pureté de cœur, c’est de vouloir une chose. Cette simple et unique chose, c’est Dieu et sa volonté. Loin de Dieu, nos cœurs restent malheureusement divisés. Qu’est-ce que l’impureté, alors? L’impureté, c’est la séparation d ’avec Dieu. Dans le domaine sexuel, c’est le mauvais usage de la sexualité, c’est ce qui se produit lorsqu’on utilise la sexualité d ’une manière – quelle qu’elle soit – interdite par Dieu. L’impureté ne nous pollue pas de l’extérieur. Elle ne peut pas être ôtée de l’extérieur par la volonté. Prenant sa source dans notre imagination, elle sort de l’intérieur de nous comme une plaie infectée (Mt 15.16-20). Un esprit impur n’est jamais satisfait, jamais comblé: il désire toujours voler quelque chose pour lui-même, et même s’il y parvient, il con-
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voite encore davantage. L’impureté souille l’âme, corrompt la conscience, détruit la cohérence de la vie, et finit par mener à la mort spirituelle.
Un cœur impur n’est jamais satisfait, ni libre À chaque fois que nous permettons à notre âme d ’être touchée par l’impureté, nous ouvrons la porte à une force démoniaque qui est assez puissante pour contrôler chaque domaine de notre vie, pas seulement le domaine sexuel. L’impureté peut prendre la forme d ’une passion idolâtre pour les sports professionnels; ce peut être les efforts déployés dans la recherche ardente du prestige ou pour l’acquisition du pouvoir sur les autres. Quel que soit ce qui dirige notre vie, si ce n’est pas le Christ, nous vivons dans l’impureté. Dans le domaine sexuel, l’impureté c’est utiliser une autre personne dans le seul but de satisfaire son désir. C’est le cas chaque fois qu’une personne commence à être intime sexuellement avec une autre, sans intention de forger de liens durables. La forme la plus absolue d’impureté, c’est lorsqu’on s’engage dans un rapport sexuel (ou tout autre acte sexuel) pour de l’argent. Celui qui agit ainsi « devient comme une prostituée » ainsi que le dit l’apôtre Paul, parce qu’il utilise le corps de l’autre comme une chose, comme un moyen d ’auto-gratification. En agissant de cette manière, il commet un crime contre l’autre personne, mais aussi contre luimême: celui qui s’unit à une prostituée devient meurtrier de sa propre vie (1 Co 6.15-20). Même dans le mariage, le sexe pour le sexe, c’est la sexualité sans Dieu. Comme l’écrit von Hildebrand, la sexualité possède une douceur empoisonnée qui paralyse et détruit.
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Cependant, ce serait une grande erreur d ’imaginer que l’opposé de l’impureté soit l’absence de sensibilité sexuelle. En réalité, le manque de conscience sexuelle ne constitue pas nécessairement un terrain propice pour la pureté. Celui qui n’est pas sensible à la sexualité est véritablement une personne incomplète: il lui manque quelque chose, non seulement dans ses dispositions naturelles, mais également dans ce qui donne de l’éclat à tout son être. Ceux qui recherchent la pureté ne méprisent pas la sexualité. Ils sont simplement libres de toute pudibonderie et de démonstrations hypocrites de dégoût. Mais ils conservent le respect dû au mystère de la sexualité, et s’en tiennent à distance respectueuse jusqu’à ce que Dieu les autorise à s’en approcher dans le mariage. Pour les chrétiens célibataires, la suppression des pulsions sexuelles n’est pas la réponse appropriée; c’est seulement en se soumettant entièrement au Christ qu’ils pourront trouver la pureté. Dans le mariage, deux personnes confient l’une à l’autre la sainteté particulière du domaine sexuel. Cependant, dans le sens le plus profond, ce n’est pas eux qui se font mutuellement ce don, mais Dieu, qui a fait de nous des êtres sexués. C’est pourquoi, chaque fois que nous cédons à la tentation – même si c’est seulement en pensée – nous péchons contre Dieu qui a créé la sexualité dans l’objectif de la sainteté du mariage. Dieu veut donner à chaque cœur une harmonie intérieure et une clarté vitale. En ceci réside la pureté (Jc 4.8). Comme l’écrit Eberhard Arnold: Si le cœur n’est pas clair et entier – « un » comme Jésus l’a décrit – alors il sera faible, mou et indolent, incapable d ’accepter la volonté de Dieu, de prendre des décisions importantes et d ’agir de manière ferme. C’est pourquoi Jésus attachait la plus grande importance à l’unicité de cœur, la simplicité, l’unité, la solidarité et la fermeté. La pureté de cœur, ce n’est rien moins que l’intégrité absolue qui peut
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vaincre les désirs qui affaiblissent et divisent. La fermeté d ’un cœur résolu, c’est ce dont le cœur a besoin pour être réceptif, fidèle et droit, confiant, courageux, ferme et fort16.
La clé de la pureté, c’est l’humilité Dans les Béatitudes, Jésus bénit les purs et les doux de cœur ; il dit qu’ils hériteront la terre et verront Dieu. La pureté et la douceur sont liées, car elles viennent toutes les deux d ’une entière soumission à Dieu. En vérité, elles dépendent de cette soumission. Mais la pureté et la douceur ne sont pas innées; il faut constamment se donner du mal pour les atteindre. Cependant il y a peu de qualités demandant des efforts au chrétien qui soient aussi merveilleuses. La lutte contre l’impureté sexuelle n’est pas uniquement un problème pour les jeunes adultes. Pour de nombreuses personnes, elle ne disparaît pas au fur et à mesure qu’ils vieillissent et deviennent plus matures, mais reste une lutte sérieuse leur vie durant. C’est certain, un désir de pureté est bon et nécessaire, cependant il nous est impossible de « prendre la résolution » de ne plus jamais succomber à la tentation. C’est seulement par le pardon que le don de la pureté nous est fait. Et même alors, la lutte contre les tentations continue. Toutefois, prenons courage. Peu importe la fréquence et la sévérité de nos tentations, Jésus plaidera pour nous auprès de Dieu si nous le lui demandons. En lui nous avons la victoire sur toute tentation (1 Co 10.13). Mais seuls les humbles connaissent la bonté infinie de Dieu, les orgueilleux jamais. Ces derniers ouvrent leur cœur à toutes sortes de maux: impureté, mensonge, vol et esprit de meurtre. Là où l’on constate un de ces péchés, les autres ne sont guère loin. Ceux qui essaient d’atteindre la pureté par leurs propres forces trébucheront toujours. Sûrs d ’eux en 16. Eberhard ARNOLD, Inner Land, Rifton, Plough, 1976, p. 55-56.
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apparence, ils sombrent dans l’obscurité et le péché car ils pensent pouvoir gérer eux-mêmes leurs problèmes. Nous connaissons tous des tentations dans le domaine sexuel, et notre seul espoir de les surmonter est d’accepter de confesser nos luttes à quelqu’un en qui nous avons confiance. Lorsque nous le faisons, nous découvrons que nous ne sommes absolument pas seuls. Frank, un jeune homme qui m’a confié sa lutte pour surmonter ses faiblesses, écrit: Dès ma petite enfance, je me suis vu comme quelqu’un de spécial, de « spirituel ». Une fois ceci établi, il m’était très difficile de partager mes problèmes avec mes parents ou n’importe qui d ’autre. En grandissant, j’ai mis toute mon énergie à être un « bon » garçon. J’observais les gens que je trouvais « cool » et essayais de les imiter. Cette obsession de moi-même a continué pendant mes années d ’université. J’ai choisi de suivre ce que faisait la majorité et me suis laissé porter là où le courant m’entraînait. En vieillissant, j’ai vu mes collègues devenir des adultes qui assument leur rôle. Par peur de rester à la traîne, j’ai redoublé d ’efforts afin de cacher ma profonde insécurité, qui s’était amplifiée jusqu’à devenir une maladie mentale. Plutôt que de chercher des exemples faciles, je me suis tourné vers des hommes qui me semblaient avoir des dons spirituels et j’ai cherché à les imiter. Au fil des années, la peur que quelque chose pourrait ne pas aller dans ma vie augmentait. À cause de mon orgueil, j’étais tourmenté et harcelé par le manque de confiance, les doutes et la haine. Dans le même temps, je menais en secret une vie d ’impureté sur le plan sexuel. Mais je réprimais tout cela et vivais dans la peur constante d ’être découvert.
J’ai trop souvent vu des personnes que l’on aurait pu aider plus tôt, perdre espoir et sombrer plus avant dans le péché dans le domaine sexuel. Leurs problèmes faisaient boule de
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neige, comme dans une avalanche. Certains sont même tombés dans le crime, dans une vie de dépendance aux drogues et à l’alcool, parce qu’ils ne savaient pas comment s’en sortir. Souvent, tout ce dont une personne dans cette situation a besoin, c’est d ’un ami ou d ’un pasteur qui lui indique le chemin vers Dieu et l’encourage à atteindre la pureté qu’il désire ardemment. (Par la suite, Frank a fait part de son besoin désespéré et a demandé de l’aide.) La personne trop absorbée par elle-même, ce qui est souvent de l’orgueil déguisé, se soustrait à cette grande promesse que toute tentation pourra être vaincue, à condition d ’admettre ses manquements et de se détourner de soi-même. D’un autre côté, les humbles vivent avec la force que Dieu leur donne. Il leur arrive de tomber mais Dieu les relève toujours et les empêche de tomber toujours plus bas. Bien sûr, ce ne sont pas seulement nos luttes que nous devons remettre à Jésus, mais notre vie tout entière. Jésus peut vaincre les désirs qui nous déchirent et gaspillent nos forces. Plus son esprit nous saisira fermement, plus nous nous rapprocherons de notre vraie personnalité.
Qui a le cœur pur? Dans le Sermon sur la montagne, nous voyons combien Jésus a pris au sérieux cette lutte quotidienne pour la pureté. Il nous dit que, si nous regardons quelqu’un avec convoitise, nous avons déjà commis l’adultère dans notre cœur (Mt 5.2730). Le fait que Jésus parle des pensées de convoitise – sans parler des actions de même nature – montre combien une attitude nette du cœur est primordiale dans ce combat. Bonhoeffer écrit: « Qui a le cœur pur? Celui-là seul qui a totalement abandonné son cœur à Jésus afin qu’il y règne
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sans partage; celui qui ne souille son cœur ni avec le mal qu’il commet, ni non plus avec le bien qu’il fait17. » Les hommes et les femmes qui ont le cœur pur sont capables de discerner le bien et le mal dans le domaine sexuel. Ils en connaissent les qualités intrinsèques et sont tout à fait conscients de tout ce qu’il y a de bon en lui et de sa beauté, en tant que don de Dieu. Mais ils sont également profondément conscients que la moindre mauvaise utilisation de ce don peut ouvrir la porte à des esprits mauvais, et ils savent qu’ils ne peuvent pas se libérer de ces esprits par leurs propres forces. C’est pourquoi ils évitent toute situation qui pourrait souiller l’âme et haïssent l’idée d’entraîner les autres dans le péché. Il est d’une importance vitale que, dans le combat pour la pureté, nous rejetions tout ce qui appartient au domaine de l’impureté sexuelle, y compris la cupidité, la vanité et toute autre forme de sybaritisme. Notre attitude envers la luxure ne peut être une attitude de fascination « partielle », mais de rejet total. Si nous avons le cœur pur, nous réagirons instinctivement contre tout ce qui menacerait d ’altérer ce comportement. Ici l’Église a la lourde responsabilité de lutter au quotidien pour qu’il règne une atmosphère de pureté parmi ses membres (Ep 5.3-4). Le combat pour la pureté doit aller de pair avec celui pour la justice et la communauté parce qu’il n’y a pas de véritable pureté de cœur sans sentiment de justice (Jc 1.26-27). La pureté n’est pas une question qui se rapporte uniquement au domaine sexuel; savoir qu’un voisin a faim et aller se coucher sans lui avoir donné de nourriture, c’est souiller son cœur. C’est pourquoi les premiers chrétiens mettaient en commun tout ce qu’ils possédaient – nourriture et boissons, biens, force, et même travail intellectuel et créatif – 17. Dietrich BONHOEFFER, Le prix de la grâce, Paris/Genève, Cerf/Labor et Fides, 1985, p. 83.
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et ils remettaient tout à Dieu. Parce qu’ils étaient unis de cœur et d ’âme, et mettaient tout en commun, ils pouvaient tout surmonter, en ne faisant qu'un.
Le mariage n’est pas une garantie de pureté Il est illusoire de croire que la lutte pour la pureté se termine dès que l’on se marie. Le mariage peut même devenir un piège. De nombreux jeunes pensent que tous leurs problèmes seront résolus à la minute même où ils se marieront, mais à la vérité, ce ne sera pour beaucoup que le début des problèmes. C’est certain, l’union entre mari et femme est une grâce immense. Elle peut avoir une action rédemptrice, spécialement pour adoucir l’ego. Mais cet effet rédempteur ne peut en lui-même être total. Nul ne peut répondre au besoin d ’une conscience coupable, même si c’est celle de son partenaire. La pleine rédemption ne se trouve qu’en Jésus. Un certificat de mariage n’est pas une garantie de pureté. Lorsqu’il n’y a pas de véritable relation avec Dieu, l’acte sexuel perd vite sa véritable profondeur et sa dignité, et devient un but en soi. Même dans le mariage, la superficialité dans le domaine sexuel amène la ruine, car elle détruit le mystère du lien entre l’homme et la femme. Il est tragique de voir que de nombreuses personnes aujourd ’hui, même parmi les chrétiens, se servent du mariage comme d ’un permis pour satisfaire tous leurs désirs. J’ai rencontré un jour un couple d’âge moyen qui m’a confié que, dans l’intimité de leur chambre, ils regardaient de temps à autre des vidéos pornographiques pour les aider à « garder vivante leur vie amoureuse ». Ils n’y voyaient rien de mal. « Dieu ne veut-il pas qu’un couple ait du plaisir l’un avec l’autre? », c’était là leur raisonnement. Ils ne voyaient pas combien leur vie amoureuse était pervertie et de peu de
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valeur. Leurs tentatives pour substituer d ’autres vies aux leurs ne servaient qu’à entretenir leur insatisfaction mutuelle. Rien ne devrait davantage révéler le besoin de l’approbation particulière de Dieu que le mariage. C’est pourquoi lorsqu’un homme et une femme s’unissent, ils devraient adopter l’attitude de Moïse lorsqu’il s’est approché du buisson ardent: « N’approche pas d’ici, enlève tes sandales, car le lieu où tu te tiens est un lieu sacré » (Ex 3.5). Il leur faut toujours respecter leur Créateur et le mystère du mariage. Comme l’union d’un homme et d ’une femme sous le regard de Dieu, la sexualité remplit la fonction qui lui a été donnée par Dieu d’une manière profonde: tendre, paisible et mystérieuse. Loin d ’être un acte d ’agression et de convoitise tel que le pratiquent les animaux, l’acte sexuel crée et exprime un lien unique, fait d ’amour profond, d ’un amour qui se donne. Lorsqu’un couple en fait l’expérience de cette façon, il comprend que le but de leur union n’est pas la seule procréation. Dans le même temps, ils ne doivent pas oublier que leur union peut produire une nouvelle vie. Si leur respect est vrai, ils ressentiront une telle révérence pour le caractère saint de cet acte, que leur union sera comme une prière à Dieu. Sans le Christ, l’homme ou la femme qui a vécu dans l’impureté ne peut comprendre la profondeur mystérieuse du domaine sexuel. Mais en Christ, la guérison peut être complète. « Nous savons que lorsque le Christ paraîtra, nous serons semblables à lui, car nous le verrons tel qu’il est. Tous ceux qui fondent sur le Christ une telle espérance se rendent eux-mêmes purs, tout comme le Christ est pur » (1 Jn 3.2b3).
PARTIE
2
Ce que Dieu a uni
CHAPITRE
8
Le mariage dans le Saint-Esprit
Je vous demande donc instamment de vous conduire d’une manière digne de l’appel qui vous a été adressé: soyez toujours humbles, aimables et patients, supportezvous les uns les autres avec amour. Efforcez-vous de conserver l’unité que donne l’Esprit, dans la paix qui vous lie les uns aux autres. Éphésiens 4.1-3
Tout mariage passe par des épreuves et des crises, mais celles-ci peuvent permettre à l’amour de grandir, et tout jeune couple devrait s’en souvenir. L’amour véritable donne la force d ’affronter chaque épreuve. Cela se traduit par des actions, des actes pour aider l’autre dans une humble soumission mutuelle. L’amour véritable vient du Saint-Esprit. Nous oublions souvent la profondeur de cette vérité. Soit nous rejetons l’amour véritable comme une sorte de pauvre conte de fées, soit nous mettons tellement d ’énergie à le trouver que nous passons complètement à côté. Mais l’amour vrai qui vient de l’Esprit saint ne peut pas provenir des efforts humains, quels qu’ils soient. Un couple marié qui connaît cette bénédiction voit son amour grandir d ’année en année, malgré les épreuves rencontrées. Après plusieurs décennies de mariage, ils ont toujours de la joie à se rendre heureux l’un
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Le défi de la pureté
l’autre. Comme l’écrit Heidi, une de mes cousines, mariée depuis plus de quarante ans, exprimer son amour ne demande pas que l’on sonne de la trompette. C’est souvent le geste le plus simple qui parle le plus. Mon mari Klaus et moi-même sommes passés par de nombreuses luttes dans notre relation, ainsi qu’avec nos enfants. Mais à travers tout cela, notre amour est devenu plus fort. Nous sommes toujours émerveillés du don mutuel que Dieu nous a fait. Je ne pense pas que notre relation pourrait exister sans romance – les petites joies ou surprises mutuelles sont ce qui confirme et renouvelle notre amour encore et toujours. Je suis toujours heureusement surprise lorsque Klaus m’écrit un nouveau poème ou lorsqu’il fait un petit dessin sur une pierre qu’il a trouvée. Et combien il apprécie lorsque je mets une rose en bouton ou un bouquet fraîchement cueilli sur sa table de chevet, ou lorsqu’une bonne tasse de thé l’attend à son retour du travail! Nous avons découvert que rien n’est plus revivifiant qu’un bon éclat de rire lorsque nous nous racontons les petites expériences de la journée, ou lorsqu’il me fait marcher à propos de quelque chose… C’est vrai que le mariage est un engagement sérieux pour la vie, cependant je pense que nous pouvons rester très enfantins à son sujet et faire confiance à la direction de Dieu, pas après pas. Nous trébuchons le long du chemin; nous faisons des erreurs; nous avons nos désaccords et nos discussions. Mais après tout, nous ne nous en aimons que davantage.
L’Esprit ouvre une perspective complètement différente Lorsque deux personnes cherchent à établir une relation, elles le font en général sur la base d ’émotions réciproques, de valeurs communes, d ’idées partagées, et d ’une certaine bienveillance l’une envers l’autre. Sans mépriser tout cela, nous
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devons reconnaître que le Saint-Esprit ouvre une perspective totalement différente entre mari et femme. C’est certain, l’amour conjugal basé sur les élans émotionnels peut être merveilleux, mais il peut bien trop vite basculer dans le désespoir et le malheur. À long terme, ce n’est pas une fondation stable. L’amour donne certitude et stabilité seulement s’il est dirigé par l’Esprit. Si nous cherchons uniquement l’unité et l’amour possibles d ’un point de vue humain, nous sommes semblables à des nuages qui flottent et passent. Lorsque nous cherchons l’unité dans l’Esprit, Dieu peut susciter en nous un amour fidèle qui durera jusqu’à la fin. L’Esprit consume tout ce qui ne résiste pas. Il purifie notre amour. L’amour véritable ne vient pas de nous, mais est répandu sur nous. Le mariage dans le Saint-Esprit implique la fidélité. Là où il n’y a pas de loyauté, il n’y a pas d ’amour vrai. Dans notre société, les mariages sont éprouvés comme jamais auparavant, mais cela devrait affiner et augmenter la fidélité des conjoints l’un envers l’autre. La fidélité découle de la certitude intérieure de notre appel. Elle vient de la soumission à l’ordre de Dieu. Dans sa Confession of Faith [Confession de Foi] (1540), l’anabaptiste Peter Riedemann décrit les trois niveaux que comporte le mariage selon l’ordre de Dieu. En premier vient le mariage de Dieu à son peuple, et du Christ à son Église, et de l’Esprit à notre esprit (1 Co 6.17). En second vient la communion entre les membres du peuple de Dieu – la justice et l’unité fraternelle d ’esprit et d’âme. En troisième vient l’unité entre l’homme et la femme (Ep 5.31), « visible et compréhensible par tous »18.
18. Cf. Peter RIEDEMANN, Confession of Faith, 1540, Rifton, Plough, 1974, p. 98.
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L’unité de foi est le fondement le plus sûr du mariage L’apôtre Paul met en parallèle le mariage et l’unité spirituelle lorsqu’il demande aux maris d ’aimer leur femme « comme le Christ a aimé l’Église: il a donné sa vie pour elle » (Ep 5.25). Pour les chrétiens, le mariage est le reflet de l’union la plus profonde: celle de Dieu et de son Église. C’est pourquoi dans un mariage chrétien, c’est l’unité du royaume de Dieu, en Christ, et dans l’Esprit saint qui importe le plus. Finalement, c’est la seule fondation solide sur laquelle un mariage peut se construire. « Faites donc du règne de Dieu et de ce qui est juste à ses yeux votre préoccupation première, et toutes ces choses vous seront données en plus » (Mt 6.33). Le mariage devrait toujours permettre à deux croyants de se rapprocher de Jésus et de son royaume. Il ne suffit pas à un couple de se marier à l’Église, ou que le mariage soit célébré par un homme de Dieu. Pour s’approcher davantage du Christ, chacun individuellement doit d ’abord se consacrer pleinement dans son esprit au royaume de Dieu, et à la communauté qui le sert sous sa direction. Il doit y avoir en premier unité de foi et d’esprit. Alors seulement il y aura aussi unité véritable d’âme et de corps. C’est pourquoi dans nos communautés du Bruderhof, nous ne pouvons permettre l’union d ’un de nos membres avec un homme ou une femme qui ne partagerait pas notre foi ainsi que l’appel à vivre dans nos communautés (2 Co 6.14). (Dans le livre d’Esdras, aux chapitres 9 et 10, nous lisons comment le prophète a dû venir à Dieu et se repentir profondément pour tous les Israélites qui s’étaient mariés à des femmes de nations païennes.) D’un côté, nous croyons que celui qui est véritablement animé par l’esprit de fraternité et de justice ne restera pas un « étranger »; de l’autre, nous pensons que le mariage de l’un de nos membres avec quelqu’un qui ne serait pas porté vers l’Église et sa recherche
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de communion totale, est impensable. Ce serait s’opposer à l’unité de l’Esprit qui constitue le niveau le plus haut du mariage. Cependant, si une personne déjà mariée à un partenaire de croyance différente désirait rejoindre notre communauté, nous ferions tout pour sauver leur mariage, tant que le nouveau membre ne serait pas gêné dans sa foi par le partenaire qui ne partage pas sa foi. Lorsque deux personnes qui désirent se marier placent leur amour sous l’autorité et la direction du Saint-Esprit, lorsque cet amour sert la justice et l’unité du royaume de Dieu, il n’y a pas de raison que les deux ne se marient pas. Mais lorsqu’un couple manque d ’unité spirituelle, il ne devrait pas être question de mariage dans l’Église. Si l’Église est véritablement le Corps du Christ, l’unité de ses membres devant Dieu doit primer sur toute autre considération. Ici, il faut souligner que les exigences d ’un mariage dans l’Esprit ne peuvent jamais être remplies par un système de réponses humain, ou résolues par le truchement de principes, règles ou règlements. On ne peut y faire face que dans la lumière de l’unité, par ceux qui ont fait l’expérience de l’esprit d ’unité, qui l’ont accepté personnellement et ont commencé à vivre en accord avec lui. L’essence même de la volonté de Dieu est l’unité (Jn 17.20-23). C’est la volonté d’unité de Dieu qui a apporté la Pentecôte au monde. Par l’effusion de l’Esprit, les cœurs ont été touchés, les gens se sont repentis et ont été baptisés. Les fruits de cette unité ne furent pas seulement spirituels. Les aspects matériels et pratiques de leurs vies furent également touchés et même révolutionnés. Ils rassemblaient leurs biens et les vendaient, et en déposaient le montant aux pieds des apôtres. Par amour, chacun voulait donner tout ce qu’il possédait. Malgré cela, personne n’était dans la gêne et chacun recevait ce dont il ou elle avait besoin. Il n’y avait ni lois, ni
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principes à la base de cette révolution. Même Jésus n’a pas précisé exactement comment les choses devaient se passer, il a seulement dit: « Va vendre tes biens, distribue le produit de la vente aux pauvres » (Mt 19.21). À la Pentecôte, cela s’est simplement produit: l’Esprit est descendu et a uni les cœurs de tous ceux qui ont cru (Ac 2.42-47).
L’Esprit nous libère de notre mesquinerie et apporte l’unité de cœur L’unité authentique, tout comme la joie ou l’amour, ne peut être produite ou créée artificiellement. Seul l’Esprit peut nous libérer de notre mesquinerie et des forces provenant de la culpabilité et du péché, forces qui nous séparent de Dieu et les uns des autres. Nous pouvons essayer de nous en libérer par notre propre volonté, et nous pourrons les vaincre dans une certaine mesure et pour un temps. Mais nous devons nous rappeler que, en définitive, seul l’esprit d ’amour peut vaincre la chair. À nouveau, nous ne devons jamais oublier que nous dépendons du Saint-Esprit pour être guidés (Ga 5.25). Même dans le mariage, si notre unité est basée uniquement sur des sentiments partagés ou des valeurs communes, et pas sur l’Esprit, elle court le risque d ’être engloutie par le côté purement sexuel et émotionnel. Nous ne sommes pas capables nous-mêmes de produire l’unité d ’esprit véritable qui fait de deux cœurs un seul. Cela arrive seulement si nous nous laissons saisir et transformer par quelque chose de plus grand que nous. Lorsqu’un mariage est ancré dans le Saint-Esprit, les deux partenaires sentent que leur amour n’est pas un bien privé, mais un fruit et un don de l’amour de Dieu, lequel est porteur d ’unité. Il se peut qu’ils luttent encore contre l’égoïsme, la désunion, la superficialité ou d ’autres problèmes,
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mais si leurs cœurs restent ouverts, l’Esprit les aidera à regarder plus haut vers Dieu et l’aide qu’il peut leur apporter. Nous devons tous être remplis de l’Esprit encore et encore, que nous soyons mariés ou non. L’Esprit veut transformer tout notre cœur et nous donner la force d’aimer. Dans sa première lettre aux Corinthiens, parlant de l’amour, Paul écrit: « En toute occasion, il pardonne, il fait confiance, il espère, il persévère. L’amour n’aura pas de fin. » L’amour naît de l’Esprit saint et c’est seulement dans l’Esprit qu’un mariage authentique peut être conçu – et perdurer.
CHAPITRE
9
Le mystère du mariage
Et parce que vous révérez le Christ, vous vous soumettrez les uns aux autres, vous femmes, en particulier, chacune à son mari, et cela par égard pour le Seigneur. Le mari, en effet, est le chef de sa femme comme le Christ est le chef, la tête de l’Église qui est son corps et dont il est le Sauveur. Mais comme l’Église se soumet au Christ, de même la femme se soumet en toute circonstance à son mari. Quant à vous, maris, que chacun de vous aime sa femme comme le Christ a aimé l’Église: il a donné sa vie pour elle afin de la rendre digne de Dieu après l’avoir purifiée par sa Parole, comme par le bain nuptial. Il a ainsi voulu se présenter cette Église à lui-même, rayonnante de beauté, sans tache, ni ride, ni aucun défaut, mais digne de Dieu et irréprochable. Voilà comment chaque mari doit aimer sa femme comme si elle était son propre corps: ainsi celui qui aime sa femme s’aime lui-même. Car personne n’a jamais haï sa propre chair ; au contraire, chacun la nourrit et l’entoure de soins, comme le Christ le fait pour l’Église, parce que nous sommes les membres de son corps. C’est pourquoi l’homme quittera son père et sa mère pour s’attacher à sa femme et les deux ne seront plus qu’une seule chair. Il y a là un grand mystère: je parle de ce que je viens de dire au sujet du Christ et de l’Église. Éphésiens 5.21-32
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Selon l’ordre divin, le mariage et la famille ont leur source dans l’Église. L’Église est l’expression première de l’amour et de la justice de Dieu dans le monde. Dans l’Église, le mariage peut s’accomplir et il prend sa vraie valeur. En dehors de l’Église, il est voué à être vaincu par les forces dominatrices et destructrices de la société.
Le mariage est plus qu’un lien entre mari et femme Très peu de personnes comprennent aujourd ’hui que le mariage renferme un mystère bien plus profond que le lien conjugal, ce mystère c’est l’unité éternelle du Christ avec son Église. Dans un mariage authentique, l’unité du mari et de la femme reflétera cette unité plus profonde. Le mariage n’est pas seulement un lien entre un homme et une femme. En effet il est scellé par un plus grand lien: celui de l’unité entre Dieu et son peuple, et ce lien doit toujours venir en premier. C’est le lien que nous célébrons au baptême et que nous réaffirmons à chaque célébration de la sainte cène, et nous devrions le rappeler à chaque mariage. Sans lui, même le mariage le plus heureux ne portera pas de fruit durable. Le lien du mariage se réduit à tellement peu de chose quand il n’est qu’une promesse ou un contrat entre deux personnes! Combien l’état de la famille moderne serait différent si partout les chrétiens plaçaient la loyauté au Christ et à son Église au-dessus de leur mariage. Pour ceux qui ont la foi, le Christ – celui qui unit véritablement – est toujours entre l’aimant(e) et sa/son bienaimé(e). C’est son Esprit qui leur donne un libre accès l’un à l’autre. C’est pourquoi lorsque le péché entre dans un mariage et voile la vérité de l’amour, le disciple fidèle suivra Jésus dans l’Église, et ne suivra pas son ou sa partenaire qui veut n’en faire qu’à sa tête.
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L’amour sentimental refusera de le faire parce qu’il est enclin à ne pas tenir compte de la vérité. Il peut même essayer de cacher la lumière crue qui vient de Dieu. Il est incapable et refuse d’abandonner une relation, même quand celle-ci devient fausse et manque d ’authenticité. Mais l’amour véritable ne fait jamais le mal: il se réjouit de la vérité (1 Co 13.6). Les deux partenaires doivent reconnaître que l’unité de foi est plus importante que le lien émotionnel de leur mariage. Quiconque affirme être un disciple doit se demander: « Si ma fidélité première ne va pas au Christ et à son Église, à qui va-t-elle? » (voir Lc 9.57-60). Lorsque l’unité plus faible d ’un couple marié est placée sous l’unité plus grande de l’Église, leur mariage devient stable et sûr d’une façon nouvelle et plus profonde, parce que leur mariage prend sa place dans l’unité de tous les croyants. Il n’est pas surprenant que cette idée soit étrangère à la plupart des gens, cependant elle contient une vérité dont j’ai été témoin à maintes reprises. Voyez l’histoire de Harry et Betty, un couple du Bruderhof que j’ai appris à bien connaître pendant leurs dernières années ensemble. Betty écrit: Harry et moi nous nous sommes mariés en juin 1937, en Angleterre. Bien qu’au début nous pensions notre mariage fondé sur l’unité de l’Église, il s’écoula peu de temps avant que nous ne commencions à nous disputer. Harry me fut infidèle et quitta notre communauté. Il essaya plusieurs fois de régler les choses mais ne sembla jamais capable de briser le péché qui le liait. Au cours de nos longues années de séparation, de nombreux frères et sœurs se sont tenus à ses côtés et aux miens, et ce fut un grand soutien. Lorsque je recevais des lettres angoissées de Harry, je me décourageais et je cessais quelquefois de prier pour lui. Mais je recommençais toujours car c’était la seule chose que je pouvais faire pour l’aider. Je savais qu’avec Dieu, tout est possible, et qu’un jour Harry pourrait revenir au Christ et à son Église…
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Maintenant je ne cesse de m’émerveiller du miracle de son retour dans la communauté sur ses vieux jours. Nous sommes restés séparés pendant plus de quarante ans. Pendant les dernières années que nous avons partagées, j’ai beaucoup aimé être avec lui, il était si différent. Il était humble et simple dans sa façon de penser. Il aimait beaucoup les frères et sœurs de la communauté et eux l’aimaient. Harry et moi lisions la Bible ensemble ainsi que ses cantiques favoris. Il était très proche de Jésus dans ses derniers mois. Je pense à lui tous les jours et je chérirai toujours le temps que nous avons passé ensemble. Je pense qu’il était plus proche du royaume que je ne le suis. Je manque d ’amour encore et toujours et je vois trop tard ce que j’aurais pu faire. Mais Dieu est fidèle et tient sa promesse. J’ai foi en cela et je suis en paix.
Betty elle-même ne le dira sans doute jamais, mais sans ses prières constantes et sa fidélité à Jésus, Harry n’aurait peutêtre jamais retrouvé le chemin de Dieu et de l’Église, sans parler de lui revenir. Leurs deux dernières années ensemble sont un témoignage de foi ainsi que du pouvoir de guérison d ’un amour sans compromis. Quel contraste avec notre culture contemporaine où tant de gens pensent que plus un mariage se construit de façon indépendante, plus il est solide. Certains pensent même que plus un couple s’affranchit des « contraintes » du devoir l’un envers l’autre, plus ils seront heureux. C’est une supposition complètement fausse. C’est seulement lorsqu’un mariage est basé sur l’ordre de Dieu et son amour qu’il dure. Si le mariage n’est pas bâti sur le rocher de la foi, il est bâti sur le sable.
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L’homme et la femme ont des rôles différents et ils doivent se compléter l’un l’autre Croire que l’amour envers le Christ et son Église doit primer sur tout le reste est également important pour comprendre la différence entre l’homme et la femme. Dieu a clairement donné à chacun des natures et des rôles différents et lorsque ceux-ci trouvent leur accomplissement dans un mariage dans l’Église, alors l’harmonie et l’amour abondent. Je cite mon père, J. Heinrich Arnold: C’est évident, il y a des différences biologiques chez l’homme et la femme. Mais c’est complètement matérialiste de penser que cette différence est purement biologique. Une femme désire recevoir son bien-aimé en elle. Elle est par nature faite pour recevoir et supporter ; pour concevoir, porter, prendre soin et protéger. L’homme, au contraire, désire pénétrer sa bien-aimée et faire un avec elle; il est fait pour être l’initiateur et pour pénétrer plutôt que pour recevoir19.
On dit que le corps est façonné par l’âme, et c’est là une pensée profonde. L’âme, le souffle de Dieu, l’essence secrète la plus intime de chaque être humain, forme pour chacun un corps différent. Il n’est jamais question de qui est le plus grand. L’homme et la femme sont tous deux faits à l’image de Dieu et que peut-il y avoir de plus grand que cela? Il y a cependant une différence: Paul compare l’homme au Christ et la femme à l’Église (Ep 5.22-24). L’homme, en tant que Tête, dépeint le service du Christ. La femme, en tant que Corps, décrit la vocation de l’Église. Il y a une différence dans l’appel, mais aucune différence sur le plan de la valeur. Marie est un symbole de l’Église. En elle nous reconnaissons la vraie nature de la féminité et de la maternité. La femme est semblable à l’Église parce qu’elle reçoit et porte la 19. Discipleship, p. 160-161
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Parole en elle (Lc 1.38) et met au monde la vie en faisant la volonté de Dieu. C’est le plus grand compliment que l’on puisse faire à un être humain. L’amour d ’une femme est différent de celui d’un homme. Il est plus constant, plus conforme à sa nature fidèle. Il se consacre à guider et protéger tous ceux qui sont à sa charge. Tandis que l’amour de l’homme va trouver les autres et leur lancer des défis. C’est l’amour pionnier de l’apôtre, du représentant du Christ: « Allez donc dans le monde entier, faites des disciples parmi tous les peuples, baptisez-les au nom du Père, du Fils et du Saint-Esprit » (voir Mt 28.18-20). Mais la tâche de l’homme, comme celle de la femme, est toujours en relation avec celle de l’Église. Paul et Pierre mentionnent tous les deux que l’homme est le chef de la femme, non en lui-même mais en Christ (1 Co 11.3). Cela ne signifie pas que l’homme soit « plus estimable »; le fait que la femme ait été prise de l’homme et que l’homme naisse de la femme montre qu’ils dépendent l’un de l’autre dans tous les domaines (1 Co 11.11-12). Je le dis encore, les dons et les responsabilités de l’un n’ont pas moins de valeur que ceux de l’autre; ils sont simplement différents. Dans un mariage bien ordonné, l’homme et la femme trouvent tous deux leur vraie place, mais aucun ne dirige l’autre. Ce sont l’amour et l’humilité qui gouvernent. Cela fait partie du mal de notre époque que de voir l’homme et la femme fuir tous les deux les responsabilités que Dieu leur a confiées. Les femmes se révoltent contre les désagréments de la grossesse et la douleur de l’accouchement, et les hommes contre la charge des obligations familiales envers leurs enfants et la femme qui les portent. Cette rébellion est le fléau de notre temps. Elle détournera du droit chemin les générations futures. Dieu a destiné les femmes à avoir des enfants, et un homme véritable n’en respectera et n’en aimera sa femme que davantage. Pierre nous y exhorte:
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Le défi de la pureté Vous de même, maris, vivez chacun avec votre femme en faisant preuve de discernement: elles ont une nature plus délicate. Traitez-les avec respect: elles doivent recevoir avec vous la vie que Dieu accorde dans sa grâce. Agissez ainsi afin que rien ne vienne faire obstacle à vos prières (1 P 3.7).
Il est clair que la différence entre l’homme et la femme n’a pas un caractère absolu. Chez une femme authentique on trouve aussi une masculinité courageuse, et chez un homme véritable la soumission et l’humilité de Marie. Mais parce que l’homme est le chef, dans un mariage authentique, c’est lui qui dirigera, même si c’est une personne très faible. Ceci ne veut pas dire que l’homme est le seigneur et la femme sa servante. Si un homme n’exerce pas la direction dans l’amour et l’humilité – s’il ne dirige pas dans l’esprit de Jésus – sa direction devient tyrannie. La tête a sa place dans le corps mais elle ne domine pas. Dans nos communautés du Bruderhof, lors des mariages, on demande toujours au marié s’il a la volonté de diriger sa femme « dans tout ce qui est bon », ce qui veut simplement dire, l’amener plus près de Jésus. De la même manière, on demande à la mariée si elle a le désir de suivre son mari. Mais là il est simplement question que tous deux suivent Jésus ensemble.
Diriger de façon juste c’est servir dans l’amour Dans sa lettre aux Éphésiens, Paul insiste sur l’amour qui se sacrifie, cet amour que l’on retrouve dans une direction authentique: « Quant à vous, maris, que chacun de vous aime sa femme comme le Christ a aimé l’Église: il a donné sa vie pour elle » (Ep 5.25). Cette tâche, la tâche d’aimer, est véritablement celle de tout homme et de toute femme, qu’ils soient ou non mariés.
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Si nous avons à cœur ces paroles de Paul, nous ferons l’expérience d’une unité intérieure vraie, ce qui caractérise une relation dirigée par l’amour – les cœurs des deux partenaires s’adressant ensemble à Dieu. C’est seulement à cette condition que la bénédiction de Dieu reposera sur nos mariages. Nous désirerons constamment la présence de notre bienaimé et chercherons continuellement des moyens de nous servir mutuellement dans l’amour. Le plus merveilleux de tout, c’est que nous y trouverons une joie éternelle. Comme l’a écrit Tertullien, un Père de l’Église: Où vais-je puiser la force de décrire de manière satisfaisante le bonheur du mariage que l’Église ménage, […] que scelle la bénédiction? Quel couple que celui de deux chrétiens, unis par une seule espérance, un seul désir, une seule discipline, le même service! Tous deux enfants d ’un même père, serviteurs d ’un même maître; rien ne les sépare, ni dans l’esprit ni dans la chair ; au contraire, ils sont vraiment deux en une seule chair. Là où la chair est une, un aussi est l’esprit. Ensemble ils prient, ensemble ils se prosternent […] ils s’instruisent mutuellement, s’exhortent mutuellement, s’encouragent mutuellement. Ils sont l’un et l’autre à égalité dans l’Église de Dieu, à égalité au banquet de Dieu, à égalité dans les épreuves, les persécutions, les consolations. […] Entre eux deux, psaumes et hymnes retentissent; ils se provoquent mutuellement pour savoir qui chante le meilleur chant à son Seigneur. Le Christ se réjouit à cette vue et à ce concert. Il leur envoie sa paix20.
20. TERTULLIEN, À son épouse, II, VIII, 6-8, Paris, Cerf, Sources chrétiennes 273, 1980, p. 149.
CHAPITRE
10
Le caractère sacré de la sexualité
Que chacun respecte le mariage et que les époux restent fidèles l’un à l’autre, car Dieu jugera les débauchés et les adultères. Hébreux 13.4
Il y a deux dangers dans la sexualité: d ’un côté la peur du don de soi et de la proximité qu’exige une relation physique, et la peur que la sexualité soit sale et honteuse; de l’autre, le désir sans frein et le péché. C’est évident, le domaine sexuel n’est pas incorruptible. Même dans le cadre du mariage, ses bénédictions possibles se transforment en dangers si l’on aborde ce domaine sans Dieu qui l’a créé. Au lieu de la passion, on trouve alors la convoitise pure, au lieu de la tendresse l’agression, et même la brutalité, et au lieu du don de soi mutuel un désir incontrôlable. L’Église ne devrait jamais garder le silence à ce propos (1 Co 5.1-5). L’esprit d ’impureté cherche toujours à nous tenter, et il se glissera dans le sanctuaire du mariage si jamais nous lui ouvrons la porte. Dès que l’impureté a fait son entrée dans un mariage, il devient de plus en plus difficile de rester concentrés sur l’amour de Dieu, et de plus en plus facile de s’éviter l’un l’autre et de succomber aux mauvaises tentations.
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Il ne faut jamais sous-estimer le pouvoir des esprits impurs qui entraînent les gens à faire le mal, même dans le mariage. Une fois sous leur contrôle, la sexualité perd ses nobles qualités et devient quelque chose de « bradé ». Ce qui a été créé comme un don merveilleux de Dieu se transforme en sinistre expérience, destructrice de vie. C’est par la seule repentance que l’on parviendra à la guérison et au rétablissement.
Par l’acte conjugal, une union sans pareille peut se produire Nous reconnaissons très clairement la vraie nature du domaine sexuel lorsque nous considérons son caractère sacré comme l’accomplissement de l’amour conjugal tel que Dieu l’a voulu. Il en est de même pour l’acte sexuel lui-même, le moment où l’amour marital trouve sa pleine expression sur le plan physique. Parce que la relation sexuelle est une expérience à connotation dramatique forte, il est vital qu’elle soit ancrée en Dieu. Si l’on ne reconnaît pas la sexualité comme un don de Dieu, et qu’on ne la lui soumet pas, elle peut devenir pour nous une idole. Cependant, abordé avec un grand respect, l’acte sexuel « éveille ce qu’il y a de plus intime, de plus sacré, de plus vulnérable dans le cœur humain »21. Dans un mariage authentique, la sexualité est dirigée par autre chose que les désirs de chaque partenaire, elle est dirigée par l’amour qui les lie. Lorsque chaque partenaire se donne dans une entière soumission à l’autre, alors se réalise une union d ’une profondeur sans pareille. Ce n’est pas seulement « l’amour physique », mais l’expression et l’accomplissement d ’un amour total, un acte de don inconditionnel et de profonde satisfaction. 21. Jean VANIER, Homme et femme, Il les fit, Paris/Montréal, Fleurus/Bellarmin, 1984, p. 145.
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C’est une expérience remarquable et magnifique de se donner physiquement à une autre personne. L’orgasme, le point culminant ou le sommet de l’union physique, est une expérience forte et bouleversante, qui a un effet puissant sur l’esprit. Ici, l’expérience du corps est si puissante qu’il est difficile de la distinguer de celle de l’esprit. Dans une harmonie physique de corps et de cœur, deux êtres humains atteignent le point culminant de la joie de l’amour. Dans l’union totale, les deux perdent leurs personnalités propres et sont unies dans la communion la plus étroite possible. Au moment de l’orgasme, la personne est – si l’on peut s’exprimer ainsi – totalement balayée, engloutie si bien que la sensation d ’être une personne indépendante de l’autre disparaît momentanément.
L’union physique devrait toujours exprimer l’unité de cœur et d’esprit Nous n’aurons jamais trop de respect pour l’acte sexuel. Même en refusant la pruderie, une certaine réticence nous fait hésiter à en parler à d’autres. Bien sûr, un homme et une femme unis dans le mariage doivent être capables de parler ouvertement l’un avec l’autre, même des sujets les plus intimes. Mais ils ne le feront jamais sans le profond respect découlant de leur amour mutuel. Il est d ’une importance vitale qu’un couple n’aille pas se coucher sans s’être au préalable tourné vers le Seigneur. Un grand discours n’est pas nécessaire: il sait toujours ce que nous voulons dire et ce dont nous avons besoin. Nous devons non seulement le remercier mais lui demander de nous guider – si nous ne frappons pas à sa porte, il ne pourra pas le faire. Ceci, bien sûr, vaut également pour le début de la journée. Si notre mariage est fondé sur le Christ, son amour et sa pureté, nous trouverons la relation qui convient l’un envers
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l’autre à tous les niveaux. Ici nous devons tenir compte de l’avertissement de Paul: « Mettez-vous en colère, mais ne commettez pas de péché; que votre colère s’apaise avant le coucher du soleil. Ne donnez aucune prise au diable » (Ep 4.26-27). La prière est primordiale pour aplanir les différences qui surgissent dans le mariage. S’unir physiquement lorsqu’il n’y a pas unité d’esprit est hypocrite. C’est enlever au lien d ’amour son caractère sacré. L’union physique doit toujours exprimer la communion totale d ’esprit et d’âme; elle ne devrait jamais être seulement le moyen d ’obtenir la satisfaction physique. En Jésus, chaque acte d ’amour physique est un don de soi mutuel, le signe de la résolution prise de vivre l’un pour l’autre. Elle n’a rien à voir avec la domination, ou l’idée de la sexualité comme lieu d ’exercice de son pouvoir de séduction. Quiconque utilise son partenaire pour sa seule satisfaction personnelle commet une insulte à sa propre dignité et à celle de son partenaire. Il utilise la sexualité à des fins égoïstes. C’est pourquoi la Bible considère que c’est un péché lorsque l’homme se détourne de sa femme avant l’orgasme et laisse sa semence « tomber à terre » (Gn 38.9-10). Bien sûr, si cela se produit contre sa volonté, prématurément ou pendant qu’il rêve, ce n’est pas considéré comme un péché. Pour la même raison, les rapports sexuels oraux et anaux constituent aussi un péché. Parce qu’ils ont lieu dans le seul but égoïste d ’excitation sexuelle, ce type de relations sexuelles est en réalité une forme de masturbation mutuelle.
La véritable plénitude sexuelle se trouve dans la soumission mutuelle Le désir sexuel peut être relativement en sommeil chez un couple de jeunes mariés, en particulier si aucun des deux n’a eu de relations sexuelles pré-maritales, ou ne s’est adonné
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régulièrement à la masturbation. En fait, il est possible qu’un mari doive éveiller le besoin de relations sexuelles chez son épouse. Parce que cela peut prendre du temps, il doit être très patient et n’amorcer l’union sexuelle que lorsque sa femme est prête. Pour une femme vierge, la première relation peut être douloureuse et occasionner un petit saignement. Il ne faut pas s’en alarmer, mais chaque mari devrait être conscient du désagrément que cela implique pour sa femme. Un mari aimera assez sa femme pour prêter attention à son état et voir si elle est prête, et ne précipitera pas la relation du fait de sa propre impatience. Parce qu’il ne se soucie pas uniquement de sa propre satisfaction, il sera sensible au fait que la femme a souvent besoin de plus de temps qu’un homme pour atteindre l’orgasme, et après la relation, il ne s’endormira pas tranquillement pendant que son épouse reste éveillée avec un sentiment de profonde déception et de frustration. Le bonheur sexuel d ’une femme dépend davantage que celui d ’un homme des circonstances qui accompagnent leur union; de l’unité ressentie entre elle-même et son mari, et des petits moments de tendresse ou des paroles affectueuses. Son bonheur ne dépend pas uniquement de l’orgasme. Être simplement avec son bien-aimé peut lui donner un sentiment de plénitude extrêmement profond. Un couple ne devrait pas craindre de se préparer mutuellement à l’union physique. Une stimulation aimante est une bonne affirmation de l’unité mutuelle, et en plus d’augmenter leur capacité à s’unir, elle entretient la confiance, et enveloppe le couple d ’un sentiment de sécurité. L’homme et la femme doivent tous deux apprendre ce qui plaît et stimule leur partenaire. Lorsqu’il écrit à propos des femmes, par exemple, von Gagern dit: « Il y a des parties du corps qui sont particulièrement réceptives aux caresses, la bouche, les
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seins, sous les bras, la colonne vertébrale – mais l’amour unique d ’un couple les guidera toujours à chaque fois22. »
Comme l’autodiscipline, l’abstinence peut renforcer l’amour du couple Physiquement, les relations sexuelles sont toujours possibles, mais le mari devrait être prêt à s’abstenir pour la santé de sa femme, spécialement avant et après une naissance. Dans nos communautés du Bruderhof, nous recommandons l’abstinence pendant les règles et pendant six semaines au moins avant la naissance d’un enfant. Après la naissance, le couple devrait s’abstenir aussi longtemps qu’il s’en sent capable, pour permettre à la mère de récupérer à la fois physiquement et émotionnellement. Parce que chaque couple est différent, il est difficile de suggérer un laps de temps précis; l’important est l’attention portée à la femme. Si le mari prend vraiment sa femme en considération, il sera désireux de se discipliner en étant abstinent aussi longtemps que possible (1 Th 4.3-5). Dans ces moments d’abstinence, la femme devra, par amour pour son mari, être attentive à ne pas l’exciter sexuellement. Naturellement, l’amour entre l’homme et la femme, entre deux personnes qui vivent ensemble, dorment ensemble et s’appartiennent, rendra l’abstinence plus difficile que pour un (ou une) célibataire. Les époux devront veiller d’autant plus à ne pas devenir proches l’un de l’autre sexuellement pour s’abstenir ensuite. Que l’abstinence soit fondamentalement négative et frustrante est une idée infondée, mais répandue. Si elle découle de l’amour, elle peut véritablement créer une relation plus créative et plus enrichissante. Elle peut même avoir un effet 22. Friedrich von GAGERN, Man and Woman, An introduction to the Mystery of Marriage, Cork, Irlande, Mercier, 1957, p. 26-27
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de guérison. John Kippley, directeur du ministère national concernant les couples, raconte comment une femme qu’il connaît, maltraitée par son père, connut la guérison grâce à son mari, car celui-ci respectait ses besoins. « À cause de sa modération » dit-elle, « j’ai pu découvrir, pour la première fois, que j’étais davantage qu’un corps. Je pouvais être aimée sans avoir à faire preuve de performance sur le plan sexuel. J’avais une vraie valeur en tant que personne, pas seulement en tant qu’objet de plaisir. » Lorsqu’une femme arrive à la cinquantaine, il n’est pas inhabituel que son plaisir ou son intérêt pour les relations sexuelles aille en diminuant. Cela peut être difficile pour l’homme qui doit, cependant, être attentif à ce que son amour pour sa femme ne faiblisse pas. De leur côté, les femmes devraient se donner par amour à leurs maris, autant qu’elles le peuvent, même si ce faisant, leur plaisir n’est pas aussi grand que dans les années passées (1 Co 7.3-4). Autrement, le mari pourrait être tenté de chercher d ’autres échappatoires à ses pulsions sexuelles. Ce qui est le plus important, c’est qu’il y ait toujours unité d ’esprit et d ’âme avant l’union physique et que lorsque l’abstinence s’avère nécessaire, celleci ne devienne pas prétexte à un refroidissement de l’amour. Paul écrit: Ne vous refusez donc pas l’un à l’autre. Vous pouvez, certes, en plein accord l’un avec l’autre, renoncer pour un temps à vos relations conjugales afin de vous consacrer davantage à la prière, mais après cela, reprenez vos rapports comme auparavant. Il ne faut pas donner à Satan l’occasion de vous tenter par votre incapacité à dominer vos instincts (1 Co 7.5).
C’est pourquoi il faut toujours envisager l’abstinence dans la prière et le jeûne – comme une autodiscipline. Lorsqu’on
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l’accepte de cette manière, volontairement, elle peut unir un couple de façon plus profonde que jamais. Au final, dans un couple, tout dépend de l’engagement de chacun des partenaires envers Jésus et de leur volonté à suivre sa direction. Les couples devraient se rappeler que c’est Dieu qui les a unis, et qu’il est le seul à pouvoir les maintenir ensemble, particulièrement dans les moments difficiles. Jésus dit: « Celui qui perd sa vie la retrouvera » (cf. Lc 9.24). C’est également vrai du mariage chrétien: tant que les partenaires sont désireux de se soumettre l’un à l’autre et au Christ encore et toujours, ils se réaliseront pleinement dans l’unité et la liberté.
CHAPITRE
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Le don des enfants: devenir parents
Vous, enfants, obéissez à vos parents à cause du Seigneur, car c’est là ce qui est juste. Honore ton père et ta mère: c’est le premier commandement auquel une promesse est rattachée: pour que tu sois heureux et que tu jouisses d’une longue vie sur la terre. Vous, pères, n’exaspérez pas vos enfants, mais élevez-les en les éduquant et en les conseillant d’une manière conforme à la volonté du Seigneur. Éphésiens 6.1-4
Nous vivons dans un monde où la structure de la vie familiale subit de profonds changements, à la fois dans les pays riches et dans les pays pauvres. Le concept de la famille comme unité stable et cohérente devient vite dépassé. Nous avons même peur de définir ce qu’est une famille, car nous ne voulons offenser personne. Pendant des années, les psychologues nous ont avertis des conséquences des mariages brisés, des grossesses d ’adolescentes, des foyers violents et autres maux de la société, mais leurs avertissements sont restés vains. Maintenant, la moisson est amère. Il nous faut plus que jamais redécouvrir
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l’intention première de Dieu quand il créa l’homme et la femme, et les bénit en leur donnant des enfants23.
Avoir des enfants aujourd’hui demande du courage La société moderne méprise la famille. Une famille nombreuse a de la difficulté à trouver une maison et, dans de nombreux endroits, il est impossible de louer un appartement même si l’on a qu’un seul enfant. Les enfants ne sont tout simplement pas désirés. De nombreuses personnes trouvent regrettable d’abandonner leur travail ou d ’autres occupations pour avoir des enfants, et elles méprisent souvent les femmes qui choisissent de rester à la maison pour élever leurs enfants au lieu de poursuivre une carrière plus « valorisante socialement ». Il est vrai qu’avoir des enfants de nos jours demande beaucoup de courage, mais c’est ce que la foi signifie: ignorer ce que l’avenir nous réserve et cependant croire que Dieu dirige toutes choses et qu’il aura le dernier mot. Plus que jamais, les parents ont besoin d’avoir confiance en Dieu. La santé d ’une société (et celle de toute Église ou mouvement à l’intérieur de la société) dépend de la force de ses mariages. Là où il y a respect pour Dieu, les familles sont stables et fortes, mais dès que ce respect se perd, les familles se désagrègent et déclinent rapidement. Ceux qui savent ce que représente le premier sourire d’un enfant, de l’aimer et d’être aimé en retour, connaissent un peu de la grandeur de Dieu, et la présence de l’éternité dans chaque enfant. Ils savent que leur enfant est unique et que nul autre ne pourrait le remplacer dans leurs cœurs. Ils vont aussi se rendre compte de la responsabilité effrayante que 23. J’ai abordé ce thème de façon plus profonde dans mon livre A Little Child Shall Lead Them: Hopeful Parenting in a Confused World, Farmington, Plough, 1997
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représente le fait de mettre un enfant au monde – responsabilité qui ne fait que grandir avec l’enfant – et s’apercevront qu’ils sont trop faibles et trop pécheurs pour élever ne seraitce qu’un seul enfant par leurs propres forces. Mais reconnaître nos insuffisances ne devrait pas nous conduire au désespoir. Cela devrait nous aider à réaliser combien nous dépendons de la grâce de Dieu. Seul l’adulte dont l’attitude est celle d ’un enfant devant la grâce de Dieu est fait pour élever un enfant.
Sur quelle base bâtir une famille? Si nous avons l’intention de fonder une famille, notre première question devrait être: sur quelle base? Une entière consécration au Christ et à son Église est la seule fondation valable. Sur lui seul, nous pouvons bâtir une vie de famille riche et accomplie, et qui combattra les forces qui l’attaquent de l’extérieur. Chaque couple a pour tâche d’élever ses enfants au nom de Dieu, de représenter le Créateur. Particulièrement pour le petit enfant, le père et la mère représentent Dieu. C’est pourquoi, dès le départ, le commandement d ’honorer son père et sa mère est si essentiel dans l’éducation d ’un enfant. Sans cela, le commandement d’honorer Dieu n’a pas grand sens. En fait, chaque enfant aspire instinctivement à la sécurité d ’un père, d ’une mère et de Dieu. C’est alors terrible lorsque les parents ne comblent pas cette attente et considèrent l’éducation parentale uniquement comme un rôle à jouer et ne sont pas véritablement des pères et des mères. Les enfants se rendent compte de cette hypocrisie à chaque fois qu’elle existe; et ils deviennent rancuniers, amers et rebelles en grandissant. C’est également vrai si un couple vit dans la discorde – si la femme ne soutient pas son mari dans sa tâche de chef de
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famille par exemple, ou si un homme n’aime pas et n’honore pas sa femme. Lorsque les enfants ne trouvent pas l’image de Dieu dans leurs parents, ils ont du mal à trouver un fondement sûr et sain pour leurs vies futures. Ils peuvent même éprouver des difficultés émotionnelles. J’ai récemment conseillé une famille dont je connais les quatre enfants depuis leur plus jeune âge. Les parents avaient de très bonnes intentions, cependant ils n’étaient pas d ’accord sur lequel des deux devait diriger la famille. Alors qu’ils présentaient aux visiteurs et aux étrangers une image assez paisible, à l’intérieur de la famille les tensions et la rivalité se développaient. Et leurs enfants grandissant, les parents étaient trop désunis pour les diriger de façon appropriée, et c’est pourquoi ils furent un piètre exemple à suivre. Maintenant leurs enfants sont adultes. Ils sont tous aimables, brillants et pleins de talent, cependant ils pataugent. Parce que leurs parents n’ont jamais affronté les éléments de manque de confiance et de désunion dans leur mariage, ces jeunes adultes ont maintenant du mal à faire confiance à quiconque. Comme leurs parents, il leur est difficile d’être sincères et honnêtes envers eux-mêmes, et ils ont toujours besoin de se sentir maîtres de la situation. C’est triste de voir qu’ils ne se rendent pas compte combien cela les coupe des autres et ils sont devenus solitaires et sans illusions. Le pire de tout, c’est qu’ils sont totalement irréalistes dans leurs attentes et semblent croire que le monde leur doit le succès. Il est de la plus haute importance que, dès le premier jour, un enfant soit entouré d ’amour, et du respect dû à Dieu. La sécurité intérieure dont un enfant a besoin pour se développer et grandir sera à la mesure de l’amour qu’il ressent entre ses parents. En matière de discipline, il est préférable que l’homme et la femme s’accordent pleinement sur leurs attentes en termes de comportement. Les enfants ne devraient pas avoir à déci-
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der lequel des deux parents a raison. Leur attitude devrait être une attitude de confiance, pas de jugement. Ils recherchent des limites solides et la sécurité qui vient de l’unité, de l’amour et du respect mutuel. C’est là la base de l’amour véritable pour les enfants.
Les enfants ont besoin de paroles vécues, pas de paroles pieuses Les cinq premières années de la vie d ’un enfant sont les plus formatrices; c’est donc pour les parents la meilleure période pour présenter Jésus et l’Évangile de façon vivante à leurs enfants. Cela peut se faire tout à fait simplement en leur racontant la naissance, la mort et la résurrection de Jésus. Le récit de ces événements peut émouvoir le cœur de l’enfant à un âge particulièrement bas, et éveiller en lui un amour pour Dieu et pour Jésus. Cependant, nous ne pouvons amener nos enfants à Jésus, si celui-ci n’est qu’un personnage de notre Bible. Les enfants voudront toujours venir à Jésus, mais ils se rebelleront instinctivement contre une fausse piété. Comme Blumhardt l’a dit une fois, « si nous essayons d ’entraîner nos enfants dans le royaume grâce à notre religiosité, ils fuiront nos foyers pieux dès qu’ils en auront la possibilité »24. C’est pourquoi faisons attention à ne pas exercer de pression à caractère religieux sur nos enfants ou à les accabler de discours sur des péchés qu’ils ne peuvent ni comprendre, ni commettre. Nous voulons qu’ils aient une attitude d’enfant vis-à-vis de Dieu, de Jésus et de la Bible. Il ne sert à rien, par exemple, de faire apprendre aux enfants des passages de la Bible, même très courts, si Dieu ne parle pas directement à leurs cœurs. Plutôt que d ’essayer « d ’enseigner » la foi aux enfants, il est de loin 24. Johann Christoph et Christoph Friedrich BLUMHARDT, Thoughts About Children, Rifton, Plough, 1980, p. 29
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préférable que les parents montrent leur foi par l’exemple, et la vivent, de façon spontanée et authentique. Lorsque nos enfants verront que nous, leurs parents, nous comptons sur Dieu en toutes choses, ils éprouveront le besoin de le prier et de le suivre de leur propre chef.
Notre tâche est de guider nos enfants, non de les contrôler Élever des enfants demande une discipline journalière, mais nous ne devrions jamais oublier qu’en prendre soin au nom de Dieu signifie les guider, et non les contrôler. Les enfants doivent être encouragés à se dépasser et à regarder au-delà de leur petit univers dès leur plus jeune âge, et apprendre à aimer et à respecter les autres. On ne peut les laisser aller au gré de leurs humeurs et suivre chaque penchant égoïste sans limitation. Des directions claires et des limites solides sont toujours nécessaires. En réalité, la discipline est le plus grand amour dont nous puissions leur témoigner (He 12.10-11). Mais ce n’est jamais un amour qui les contraint ou les écrase. Rappelons-nous que chaque enfant est une pensée de Dieu (Ps 139.13-17) et essayons de comprendre pourquoi il est dit qu’« un petit enfant les conduira » (Es 11.6). En guidant nos enfants, nous ne pouvons et ne devons pas essayer de les façonner selon nos propres intentions ou nos plans. Nous ne pouvons les contraindre à quoi que ce soit qui n’ait pris naissance en eux, ait été éveillé de l’intérieur, ou leur ait été donné par Dieu. Dieu a un but spécifique pour chaque enfant; il a un plan pour chacun d ’eux, et il s’y tiendra. Notre tâche consiste à aider chaque enfant à trouver quel est le but de Dieu le concernant et à l’accomplir. Mener à bien cette tâche signifie user constamment d ’abnégation dans nos propres efforts humains pour diriger
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l’enfant. Cela peut quelquefois vouloir dire éviter de détourner les enfants de leurs propres pensées. Blumhardt remarque combien nous sommes prompts à nuire à la relation avec nos enfants en interrompant leurs pensées et leur bonne disposition et en essayant de les influencer par nos idées et nos conseils: « c’est lorsqu’on ne les dérange pas que les enfants apprennent le mieux l’obéissance et le respect25 ». Naturellement, nous devons prendre garde au laxisme. La mollesse est souvent le fruit d ’un sentimentalisme malsain entre le parent et l’enfant. Elle paralyse l’esprit de l’enfant car elle le soumet au manque de caractère d ’un adulte qui a perdu la clarté du Christ. Nous devons toujours veiller à ce que nos enfants n’aient pas à vivre de telles relations.
L’autorité véritable rend l’enfant plus fort et le stimule Les enfants ne doivent jamais se sentir manipulés si on leur parle ou les admoneste durement. Ils doivent apprendre à se prendre eux-mêmes en main et à faire face à ce qui s’est passé lorsqu’on leur a montré qu’ils avaient tort. Ils ne doivent pas donner de réponses approximatives qui pourraient signifier ceci ou cela. Cependant, même si une certaine dureté envers l’enfant est quelque chose de sain, l’impatience ne l’est pas, particulièrement lorsqu’elle conduit à un châtiment corporel. C'est, comme l’écrit Eberhard Arnold, une « déclaration de faillite ». Rejetons à la fois la dureté du châtiment physique et le pouvoir de la manipulation: ce sont tous deux des formes d ’autoritarisme qui ne prennent pas l’enfant au sérieux en tant que porteur de l’image de Dieu. L’une manque de miséricorde, l’autre d ’honnêteté. Les deux manquent d ’amour. La véritable autorité stimule et renforce ce qu’il y a de bon en 25. Ibid, p. 21
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chaque enfant en l’aidant à prendre ses propres décisions concernant le bien et le mal. C’est seulement lorsque nous dirigeons nos enfants en leur faisant confiance et en les aimant qu’ils ressentiront le besoin de lutter contre le mal qui essaie d ’agir en eux et en chacun de nous. Je remercie Dieu d ’avoir eu un père qui pouvait se montrer très strict envers nous, lorsque cela s’avérait nécessaire. Comme tout enfant, je me suis quelquefois rebellé contre cette fermeté, mais à chaque fois je savais que c’était le signe de son amour pour moi. Depuis ma plus tendre enfance, nos parents ont instillé en nous la valeur du cinquième commandement, à savoir celui d ’honorer son père et sa mère. Nous savions que si nous ne les aimions et ne les honorions pas, c’est en vérité Dieu que nous n’honorions pas. Concernant ma mère, mon père tenait à ce que nous lui témoignions du respect. Il n’aurait pas toléré de désobéissance à son égard. C’est seulement ces dernières années que je me suis rendu compte de sa sagesse. C’est le rôle du père de faire observer le respect vis-à-vis de la mère, puisque c’est elle qui a la tâche la plus lourde dans l’éducation des enfants, particulièrement lorsqu’ils sont petits et malades. Bien que mon père ait pu être sévère, je n’ai jamais été effrayé par lui. À chaque fois que j’étais réprimandé pour avoir fait quelque chose de mal, je pouvais compter sur son entier pardon et son amour total, une fois que j’avais reconnu ma responsabilité et que j’étais désireux de réparer. Je savais que le mal commis serait oublié et que je pourrais alors repartir à zéro. Mon père m’a montré la signification d ’une autorité aimante, une autorité que seul Dieu peut donner. Dans le cœur de chaque enfant se trouve le désir d ’entendre un « non » quand ce « non » est nécessaire et le désir de réparer quand il sait avoir fait quelque chose de mal. Une autorité
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parentale véritable apporte la sécurité intérieure à l’enfant, parce qu’elle lui donne la stabilité en fixant des limites. La majorité des pères et des mères n’induisent pas leurs enfants en erreur intentionnellement. En vérité, ce ne sont pas seulement leurs enfants qui souffrent, mais eux-mêmes également lorsqu’ils n’arrivent pas à être de vrais parents qui agissent pour Dieu. Chaque couple peut être guidé par Dieu et trouver le pardon en le demandant dans la prière, et en se tournant vers les frères et sœurs auxquels ils font confiance pour être aidés. Faire confiance à l’Église pour l’éducation d ’un enfant en agissant de la sorte, ne doit jamais se faire au prix de la relation parent-enfant. Dans nos communautés du Bruderhof, néanmoins, où nous avons nos propres enseignants, nous trouvons que cela renforce souvent cette relation parent-enfant, car cela donne à l’enfant la sécurité d’un amour bien plus profond et plus fort que celui d’une seule famille. En définitive, bien sûr, ce n’est pas nous qui élevons nos enfants, mais c’est Dieu. Mon père écrit à ce sujet: Le Christ nous appelle à être semblables à des enfants, et cela signifie que nous devons tout laisser tomber et devenir complètement dépendants de Dieu, et les uns des autres. Si nous, parents, aimons Dieu de tout notre cœur et de toute notre âme, nos enfants auront le respect qui convient à notre égard, et nous aurons également du respect pour eux et visà-vis du merveilleux mystère qui consiste à naître et être un enfant. Le respect à l’égard de l’esprit qui agit entre parent et enfant est l’élément fondamental d ’une vraie vie de famille26.
26. J. Heinrich ARNOLD, Discipleship, op. cit., p. 169.
CHAPITRE
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La pureté de l’enfance
C’est pourquoi le plus grand dans le royaume des cieux est celui qui s’abaisse lui-même comme cet enfant, et celui qui accueille, en mon nom, un enfant comme celui-ci, m’accueille moi-même. Si quelqu’un devait faire tomber dans le péché l’un de ces petits qui croient en moi, il vaudrait mieux qu’on lui attache au cou une de ces pierres de meule que font tourner les ânes, et qu’on le précipite au fond du lac. Matthieu 18.4-6
Les paroles de Jésus nous enseignent que l’âme d’un petit enfant a une grande valeur aux yeux de Dieu. Spirituellement, chaque enfant est proche du trône de Dieu, du cœur de Dieu et a un ange gardien qui « se tient constamment en présence du Père céleste » (Mt 18.10). Lorsqu’un bébé vient au monde, c’est comme s’il apportait avec lui l’air pur du ciel. À chaque naissance nous sentons que c’est un peu de Dieu qui est né, qu’un peu d ’éternité est venu jusqu’à nous. L’innocence d’un enfant est une très grande bénédiction.
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Le défi de la pureté
L’esprit de l’enfant doit être protégé mais également nourri Cependant, malgré leur innocence, il y a en chacun d’eux une inclination au péché (Pr 22.15). C’est pourquoi entraîner un enfant au mal est un péché si terrible! Les enfants sont corrompus non seulement par ceux qui les conduisent à pécher intentionnellement, mais aussi par l’exposition à tout ce qui viole l’atmosphère d ’innocence autour d’eux, et les prive de leur nature enfantine. Il y a tant d ’images auxquelles les enfants sont confrontés aujourd ’hui – chez eux à la télévision, dans les centres commerciaux, et à l’école – qui sont créées par des adultes obsédés par le sexe, la violence, le pouvoir et l’argent. Est-ce alors surprenant qu’ils perdent leur esprit d ’innocence et leur enfance même, alors qu’ils sont encore enfants? La meilleure chose que nous puissions faire pour nos enfants est de veiller à ce que l’atmosphère dans laquelle ils vivent soit remplie d ’un esprit de pureté et dirigée par l’amour. L’éducation intérieure des enfants – les amener à aimer et respecter Dieu, leurs parents, leurs professeurs, et chacun autour d ’eux – est un saint privilège. Il est de la plus haute importance de prier que l’Esprit de Dieu éveille la volonté de nos enfants pour tout ce qui est pur, authentique et bon. Guider les enfants à faire ce qui est bon est bien plus important que de leur enseigner à réciter des versets ou à dire des prières qui pourraient ne pas venir du cœur. Dans nos communautés, en général, nous évitons ce type d ’instruction religieuse formelle. Nous pensons que les enfants sont mieux à même d’apprendre à aimer Dieu par des chants simples et des histoires bibliques, et par l’exemple quotidien autour d ’eux d’adultes qui s’aiment. Pour amener les enfants à Jésus, il est important que nousmêmes ayons une attitude d ’enfant à l’égard de ses comman-
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dements et de ses paroles, à l’égard du monde des anges et de la Bible dans son ensemble. Les enfants ont une telle facilité à intégrer rapidement et simplement ces choses dans leurs cœurs! Nous pouvons également les amener à Dieu par le monde qui nous entoure, en les aidant à sentir Dieu dans tout ce qu’ils voient, dans le soleil, la lune et les étoiles; les oiseaux et les animaux; les arbres et les fleurs; les montagnes et les tempêtes. Chaque enfant a le désir de vivre dans et avec la nature, et chaque enfant éprouve de l’amour pour la terre, de la joie à la vue du ciel semé d’étoiles, et une chaude affection pour tout ce qui vit. Pour l’enfant, le monde de Dieu et de ses anges est souvent plus proche et plus réel que nous ne le supposons. Par la nature et par la Bible, les enfants seront confrontés à la souffrance et à la mort dès leur jeune âge. Alors qu’il est important de leur enseigner à avoir compassion de ceux qui souffrent, il est aussi important de ne pas les accabler ni de les effrayer. En général, trop d ’éléments du cycle de la vie – la reproduction, la naissance et la mort – peuvent blesser la perception intérieure de l’enfant concernant le monde de Dieu. La naissance et la mort sont des mystères qui ne peuvent être compris qu’en relation avec Dieu, et il y a danger de manque de respect si l’on en dit trop. À cet égard, nous devons avoir une plus grande crainte et un plus grand respect pour la grossesse et la naissance. Ce n’est pas sans raison que Jésus compare la fin des temps et la venue d’un monde nouveau à une mère en train d’accoucher, et à la joie immense de la vie nouvelle après toute la souffrance et l’angoisse. Chaque fois qu’un couple attend un enfant, plane un grand mystère. Nous pouvons causer une grande blessure interne si nous plaisantons à propos de la grossesse ou si nous y prêtons trop d ’attention. Une anticipa-
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tion tranquille et humble instillera chez les enfants un respect naturel pour le don divin d’une vie nouvelle. Dans le domaine sexuel, particulièrement, il n’est tout simplement pas nécessaire à l’enfant ou à l’adolescent de tout savoir. Il est trop facile de détruire le caractère sacré et mystérieux de la vie chez nos enfants par trop de discussion et d ’étalage. Aujourd ’hui plus que jamais, les parents doivent être attentifs aux dangers insidieux de notre culture, trop portée sur le sexe, et qui peut trop facilement s’immiscer dans nos foyers – à travers ce que nous-mêmes et nos enfants voyons, entendons et lisons. Je ne suggère d’aucune manière que les enfants soient éduqués dans l’ignorance des principaux événements de la vie. Je veux simplement dire que ces choses ne devraient pas être séparées du monde de Dieu. Le principal est que nous ne troublions pas la pureté de l’enfance – la relation naturelle de chaque enfant avec son Créateur.
Éduquer c’est inciter l’enfant à choisir le bien Protéger la pureté des enfants veut dire les gagner à la cause du bien. Nous nous trompons en supposant qu’un enfant n’est pas tenté par le mal. En tant que parents, nous devons toujours être prêts à combattre le mal chez nos enfants, que celui-ci s’exprime sous forme de mensonges, de vol, de manque de respect ou d ’impureté sexuelle. Mais nous devons le faire sans trop de règles (Col 2.20-22). Le moralisme, qui inclut toujours suspicion et méfiance, détruit l’esprit d’enfant. L’obéissance ne suffit pas. La soumission seule ne forme pas le caractère de l’enfant. D’un côté, on ne peut pas laisser les enfants sans protection, les laissant devenir ainsi la proie du mal qu’ils viendraient à rencontrer. De l’autre, nous ne devrions pas les décourager en les sermonnant constamment à propos de leurs fautes. Éduquer vérita-
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blement ne veut pas dire façonner ou écraser un enfant par des critiques perpétuelles. Cela signifie lui enseigner à choisir le bien et à rejeter le mal. Néanmoins dès leur plus tendre enfance, nous devons être attentifs à ne pas gâter nos enfants. Gâter ses enfants conduit à l’égoïsme, au manque de contrôle de soi, et à un mécontentement profond; en d ’autres termes, cela conduit au péché. Les parents qui gâtent leurs enfants confondent souvent amour et sentimentalisme. Ils pensent gagner leurs enfants en s’accrochant à eux, mais en réalité, ils ne font que les empêcher de devenir des personnes indépendantes et saines. Traiter ses enfants comme sa propriété émotionnelle, c’est leur manquer de respect en tant qu’images de Dieu à part entière. Parmi les enfants plus âgés, le manque de respect à l’égard de leurs condisciples, leurs éducateurs et leurs parents est courant. Le manque de respect s’exprime de différentes manières. Parmi les garçons, il peut prendre la forme du machisme (qui est en grande partie une façon de cacher sa peur, et dont on fait étalage uniquement en présence des autres), ou un manque de considération pour autrui, ou bien un comportement irrespectueux et destructeur. On peut mépriser le chant en le considérant comme efféminé, on peut se moquer des marques d ’affection envers les bébés, et tout ce qui est religieux ou moral peut être sujet à moquerie. Parmi les filles, le manque de respect s’exprime souvent par des bavardages cruels, des médisances, des secrets et une sensibilité exacerbée aux critiques. Les enfants qui font preuve de telles inclinations manquent de sécurité et c’est la raison pour laquelle ils ont tendance à céder à la pression et recherchent souvent le soutien d ’une bande. Les parents et les professeurs doivent y être attentifs, car le caractère exclusif d ’une bande, même la plus amicale, n’est jamais quelque chose de sain. Le meilleur anti-
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dote à ce phénomène consiste en une direction positive, une attention et un intérêt authentiques pour chaque enfant.
Chaque enfant désire instinctivement avoir bonne conscience La question de l’impureté sexuelle chez les enfants exige sensibilité et discernement particuliers. Mon père écrit à ce sujet: Comment combattre le péché chez les enfants est une question très difficile. S’il y a des actes d’indécence, par exemple – ce qui commence la plupart du temps chez les enfants par de l’exhibitionnisme vis-à-vis des autres enfants et quelquefois par du toucher mutuel – l’enfant sentira instinctivement que ce n’est pas bien. Associés à ce manque de pudeur, il y a presque toujours des mensonges. Lorsqu’il est question de ces choses parmi les enfants, nous devons être attentifs à ne pas en faire une montagne. Cela ne pourrait que focaliser leur attention sur le domaine sexuel. La meilleure chose, peut-être, serait de les sermonner, et de clore ainsi le sujet, puis de les aider à penser à autre chose. Nous, qui avons grandi, oublions trop facilement que de nombreuses choses n’ont pas la même signification pour un enfant que pour nous, et nous ne devons jamais projeter nos idées, sentiments et expériences sur l’esprit d ’un enfant (Tt 1.15). Nous ne devons jamais oublier non plus qu’il est en quelque sorte naturel que les enfants passent par des périodes de curiosité sexuelle. Ceci ne doit pas être pris pour un péché, car ce n’en est pas un. Mais nous devons diriger nos enfants de manière à ce que leurs âmes restent pures et innocentes. Trop questionner l’enfant peut lui nuire, car, par la peur que les questions engendrent, il peut s’enferrer de plus en plus dans le mensonge. C’est une grande injustice de coller des étiquettes à des enfants ou des adolescents, particulièrement à ceux qui ont péché dans le domaine sexuel. Dans notre évaluation de
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leurs péchés, nous devons nous garder d’en venir trop vite à de rudes conclusions concernant le caractère d ’un enfant ou son développement futur. Nous devrions plutôt l’aider à trouver de nouveaux centres d ’intérêt et à prendre joyeusement un nouveau départ. Nous savons que nous pouvons toucher le cœur d ’un enfant en faisant appel à sa conscience. Tout enfant aspire sincèrement et de façon instinctive à une conscience pure; et nous devrions soutenir ce désir afin qu’il ne souffre pas d ’une conscience chargée. Il arrive un point où les enfants ne sont plus des enfants dans le vrai sens du terme. Dès qu’ils pèchent de façon consciente, ils cessent d ’être des enfants. C’est alors aux parents et aux enseignants de les amener à se repentir, à prendre conscience de ce que Jésus a vécu à la croix et à se convertir pour le pardon de leurs péchés. Par la croix, une enfance perdue peut être restaurée27.
La pureté, comme l’impureté, s’apprend par l’exemple On n’insistera jamais trop sur l’importance, pour les parents, d ’établir une relation de confiance avec leurs enfants depuis leur plus jeune âge. Il ne faut pas attendre que des problèmes surviennent, car ils peuvent ne surgir qu’à l’âge de cinq ou six ans. Si nous ne bâtissons pas une relation avec nos enfants lorsqu’ils sont encore jeunes, nous ne pourrons jamais obtenir la confiance et le respect nécessaires pour résoudre les problèmes plus sérieux qui viendront avec l’adolescence. Les années entre treize et vingt et un ans sont bien sûr, particulièrement décisives car c’est au cours de ces années-là que les enfants sont de plus en plus conscients de leur sexua27. Johann Christoph et Christoph Friedrich BLUMHARDT, Thoughts About Children, op. cit., p. 9.
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lité. Il est si facile pour les parents – et pour les Églises – de faire comme s’ils ne les voyaient pas et de leur faire faux bond lamentablement, simplement en les ignorant. Combien nos collèges et nos lycées seraient différents si les parents prenaient du temps pour leurs adolescents! De nombreux parents les mettent en garde contre l’alcool, les drogues et les expériences sexuelles, mais combien passent du temps pour les guider dans leurs centres d ’intérêt et les encourager à utiliser leur temps de manière créative, à faire plus que regarder les dernières vidéos à la télé ou traîner au centre commercial? Les parents engagés resteront proches de leurs enfants à travers les hauts et les bas de l’adolescence. Les pères et les mères ne seront pas seulement des pères et des mères pour leurs enfants, ils seront également des camarades et des amis. Les jeunes ont toujours besoin de quelqu’un à qui se confier. Que ce soit un parent, un pasteur, un conseiller ou un ami, ils doivent avoir une personne de confiance avec qui partager librement joies et luttes, et avec qui parler ouvertement de la sexualité sans honte ou sans embarras. On présente aux adolescents d ’aujourd ’hui beaucoup trop d ’options. Notre culture croit que la variété est la clé de la liberté, mais loin de là, elle peut être celle de la confusion. Trop peu de gens désirent mettre les adolescents en garde contre les douloureuses blessures émotionnelles qui suivent les relations sexuelles sans engagement. Il y en a encore moins qui soient capables de leur montrer qu’il y a un espoir dans le pardon, lorsqu’ils ont failli. C’est pour cette raison que l’on a particulièrement besoin de personnes de confiance, servant d’exemples. Les enfants passent seuls plus de temps que jamais auparavant; dans toutes les classes de la société, les enfants avec la clé du domicile autour du cou sont de plus en plus fréquents. Ce n’est pas un hasard si les enfants d ’aujourd ’hui ont été qualifiés par certains experts de « Génération solitaire », ou si des études uti-
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lisent pour les décrire des termes tels que « abandonnés », « aliénés » ou « seuls ». N’oublions pas que la pureté, comme l’impureté, s’apprend d ’abord et avant tout par l’exemple (Tt 2.6-8). Les enfants doivent voir que l’amour qui unit leurs parents est indissoluble, et apprendre que certains regards, certaines caresses et certaines paroles d’affection ne sont appropriées qu’entre mari et femme. Ils doivent voir que l’intimité physique n’appartient qu’au mariage et que les expériences préalables, de quelque sorte qu’elles soient, ne font qu’entacher un mariage à venir. Ils ont bien sûr besoin qu’on leur épargne la confusion et la douleur venant de relations brisées et du péché dans le domaine sexuel parmi les adultes qui les entourent. C’est pourquoi il est si important que l’Église ait une place essentielle dans la vie de famille. Les enfants doivent pouvoir observer des exemples vivants de pureté non seulement chez leurs parents, mais chez toutes les personnes qui les entourent, qu’elles soient mariées ou célibataires.
La meilleure protection contre le péché c’est l’amour La pureté ne peut jamais être encouragée dans le vide. Nos enfants et nos jeunes doivent avoir un cœur gagné à Jésus et à sa cause de paix et de justice sociale. Lorsqu’ils ont le cœur rempli de Dieu et motivé pour sa cause, ils réagissent instinctivement contre le mal. Si nous les sensibilisons aux besoins des autres, ils chercheront à y répondre par l’amour. L’idée que les enfants n’ont aucune conscience sociale, aucun sentiment pour ceux qui souffrent, pour l’injustice et la culpabilité de notre monde, n’est tout simplement pas vraie – ceci ne se produira que s’ils sont élevés dans un environnement artificiel qui tourne autour de leur propre confort et de leur plaisir. Lorsque des enfants sincères seront confrontés
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aux besoins des autres, ou lorsqu’ils en verront aider ceux qui sont dans le besoin, ils éprouveront le désir ardent de développer leur amour de façon pratique. La meilleure barrière contre le péché est toujours l’amour. L’amour réunit toutes les vertus dans une unité parfaite (Col 3.14). L’amour, voilà le message que nous devons apporter à nos enfants et à nos jeunes, et le plus important est que nous démontrions cet amour par tout ce que nous disons et faisons. Tant de jeunes aujourd ’hui vivent pour eux-mêmes et leurs propres intérêts. Ils travaillent durement pour obtenir de bons diplômes, pour exceller en sport, pour être reconnus grâce à leur savoir, tout cela est bien. Mais combien se soucient de leurs voisins ou des besoins du monde autour d ’eux? Nous devons mettre nos jeunes au défi et les pousser à échanger avec les autres, spécialement avec ceux qui ont d ’autres croyances ou viennent de milieux différents. Souvent, les parents essaient de protéger leurs adolescents en les soustrayant à toutes les situations d ’impureté et de violence, particulièrement au lycée ou à l’université. Néanmoins, ce dont ils ont vraiment besoin, c’est peut-être du contraire: l’occasion de s’assumer et de témoigner de ce qu’ils croient, pas seulement de ce que leurs parents croient. Nos enfants ont besoin de sortir et d ’apprendre ce que leurs contemporains pensent et ressentent. Ils ont besoin d ’établir des rapports avec leurs condisciples et de communiquer sur les sujets brûlants de leur temps, sociaux, politiques et économiques. Ils doivent avoir de la compassion face au désespoir de ceux qui se tournent vers la drogue ou l’alcool, et pour ceux qui souffrent de maltraitance dans leurs foyers. Sans la capacité de comprendre et d ’avoir des relations avec les autres en dehors de leur propre monde, ils n’auront jamais aucun lien réel avec le monde qui les entoure et n’auront jamais l’occasion de mettre leurs convictions personnelles à l’épreuve.
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Nous n’aurons jamais des enfants parfaits, mais nous croyons fermement qu’il est possible d ’élever des enfants qui réagiront à notre direction et notre discipline en dépit de la terrible corruption et de l’obscurité de notre époque (Pr 22.6). Tant que nous sommes capables de maintenir une relation de respect mutuel et de déférence, nous trouverons le moyen d ’avancer avec nos enfants. Cela exigera que nous luttions, quelquefois même durement, cependant, pour le bien de l’âme d ’un enfant, cette lutte vaut toujours la peine. Néanmoins, en grandissant, il est possible que nos enfants choisissent une façon de vivre différente de celle que nous aurions choisie pour eux. Mais si nous prions chaque jour Jésus de nous guider, nous pouvons avoir confiance qu’il le fera, pour nous et pour eux.
CHAPITRE
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Pour ceux qui envisagent de se marier
L’exercice physique a son utilité, certes, mais celle-ci est limitée. L’attachement à Dieu, lui, est utile à tout puisqu’il possède la promesse de la vie pour le présent et pour l’avenir… Que personne ne te méprise pour ton jeune âge, mais efforce-toi d’être un modèle pour les croyants par tes paroles, ta conduite, ton amour, ta foi et ta pureté. 1 Timothée 4.8, 12
Il est choquant de constater avec quel manque de sérieux, quel égoïsme et quelle naïveté, les jeunes gens se lancent aujourd ’hui dans des relations, et même dans le mariage. Comment les jeunes devraient-ils gérer les attirances naturelles et les amitiés qui se développent entre eux? Quelle est la bonne approche? Comment les jeunes gens peuvent-ils se tenir à l’écart de l’érotisme superficiel de notre temps et avoir des relations vraiment libres et naturelles? Et comment peuvent-ils se préparer au mieux pour les responsabilités et les exigences du mariage?
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Les rendez-vous conventionnels déprécient le sens de l’engagement Nous devrions nous réjouir des amitiés entre des jeunes gens et des jeunes filles ou lorsqu’ils ont l’occasion d’échanger mutuellement de façon positive dans leur vie quotidienne. Avoir peur de ce qui pourrait mal se passer entre eux se révèle souvent injustifié et constitue un signe de méfiance. Les jeunes doivent avoir l’occasion de communiquer les uns avec les autres dans des groupes où ils peuvent travailler, partager, chanter et se détendre ensemble. Former des couples ou des relations exclusives est malsain et inapproprié: dans l’Église, les jeunes devraient apprendre à se connaître d ’abord en tant que frères et sœurs. Ils doivent être libres d ’être vus ensemble sans que leur amitié entraîne toutes sortes de bavardages ou de spéculations. La pression qu’entraînent ces commentaires entrave la liberté. Elle abîme et mine tout ce qu’il y a de bon dans une relation. Il est typique de l’immaturité de la jeunesse de « tomber amoureux » d ’abord de quelqu’un, puis de quelqu’un d ’autre, comme une abeille butinant de fleur en fleur. Il est naturel de vouloir chercher « la bonne personne », mais l’Église ne peut pas tolérer la formation puis la dissolution continuelles de nouvelles relations. L’attitude désinvolte d’un jeune homme ou d’une jeune fille qui passe d ’un petit ami ou d ’une petite amie à l’autre n’est jamais bonne. Elle émousse la conscience et rabaisse le sens de l’engagement. Les vagues de l’attraction émotionnelle qui accompagnent toute amitié entre un garçon et une fille sont parfaitement normales mais si on ne les remet pas au Christ, elles peuvent laisser des blessures à vie. À cause de cela, nous rejetons dans nos communautés la pratique conventionnelle des rendez-vous (dating). Dans la majorité des cas, cela est devenu un jeu dans notre
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société – un rituel qui consiste à former des couples avec un petit ami ou une petite amie sur la base de l’attirance physique et émotionnelle. Ce rituel est basé sur une mauvaise compréhension de l’amitié et n’a souvent rien à voir avec l’amour authentique ou la fidélité. Dans de nombreux cas, cette pratique de rendez-vous est centrée sur une préoccupation malsaine de « l’image » personnelle. Et lorsque des relations sexuelles viennent s’ajouter, celles-ci peuvent peser si lourdement sur la conscience qu’il faudra des années pour en guérir. Vanité et superficialité vont de pair avec la pratique conventionnelle des rendez-vous. Il en va de même pour le fait de faire du charme – attirer l’attention sur soi dans le but d ’attirer l’autre sexuellement. Faire du charme révèle une insécurité et un manque de bonheur intérieurs, et constitue une insulte à Dieu. Depuis quelques années, de plus en plus de parents et d ’Églises recherchent d ’autres alternatives à la pratique conventionnelle des rendez-vous. Quelques-uns, par exemple, cherchent à faire revivre la pratique « désuète » consistant à faire sa cour, qui met l’accent sur le fait d’avoir un guide, sur l’engagement familial et des activités enrichissantes pour les personnes. Les statistiques montrent également que la pratique conventionnelle des rendez-vous diminue sur les campus universitaires. De nombreuses universités mixtes préfèrent maintenant organiser des voyages en « groupes sans petit(e) ami(e) », dans lesquels l’activité de groupe met l’accent sur la responsabilité personnelle. Ce sont là des signes vraiment encourageants et cela devrait inciter les parents, les pasteurs, et les dirigeants d ’Églises à être encore plus actifs et à s’engager davantage dans ce domaine.
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Des sentiments réciproques ne suffisent pas à bâtir une relation durable Comment un jeune homme ou une jeune fille trouvera-til (elle) le bon partenaire? Pour un chrétien, le facteur décisif devrait toujours être l’unité de cœur et d’âme dans l’Esprit. Les deux partenaires doivent sentir que leur relation les rapproche de Jésus, car seule sa volonté peut réunir deux personnes faites l’une pour l’autre. Sans Jésus et l’unité particulière qu’il apporte entre deux personnes, un couple ne survivra pas aux luttes et aux tempêtes qui sont le lot de tout mariage, en particulier dès qu’il y a des enfants. Même lorsqu’un jeune couple est sûr de sa volonté d ’aller plus avant dans leur relation – en se fiançant par exemple – il devrait mettre son amour à l’épreuve pour un temps, afin de voir si c’est simplement le feu de paille d ’une attirance romantique ou s’il y a quelque chose de plus profond. Nous le redisons encore, l’attirance physique et émotionnelle est naturelle mais elle ne constitue pas de fondement suffisant pour se marier ou fonder une famille, et ne peut jamais être un facteur décisif pour un engagement. Une relation basée uniquement sur l’attirance est superficielle et finira par s’effondrer. La vraie question à se poser devrait toujours être celle-ci: « Qu’est-ce que Dieu veut pour notre vie et notre avenir ensemble? » Sa volonté est le fondement le plus sûr. Nous avons tous entendu dire: « C’est ce qu’il y a à l’intérieur qui compte », mais quant à savoir si nous le croyons réellement, c’est une autre affaire. Consciemment ou inconsciemment, nous avons tous jugé d ’autres personnes à leur aspect physique. Dans une culture où il est normal d ’entendre dire: « C’est une jeune femme très attirante », ou « Il est du genre très élégant » et ainsi de suite, il n’est pas inutile de réfléchir au message subtil que nous envoyons à ceux que nous ne décrivons pas de cette façon.
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La question de juger les gens à leur apparence, l’importance du « look », est particulièrement importante pour les jeunes couples qui envisagent de se marier. Une jeune femme pourra remarquer le garçon le plus élégant dans son entourage, ou un jeune homme la plus jolie fille dans le lot. Mais qu’en sera-t-il de leur relation dix ou vingt années plus tard? S’aimeront-ils encore lorsqu’il deviendra chauve, ou qu’elle aura des rides ou pris du poids? L’attraction physique fait partie de toute relation, c’est certain, mais elle ne peut jamais constituer la base d ’un engagement à vie fait de loyauté et d ’amour. Comme Ésaïe l’a dit, « tout homme est pareil à l’herbe et toute gloire humaine comme la fleur des champs; car l’herbe se dessèche et la fleur se flétrit… » (Es 40.6, 7). Il n’est pas facile de voir avec les yeux du cœur, surtout si l’on est jeune. Demandons à Dieu de nous donner cette vision particulière. Si nos cœurs sont ouverts à sa sagesse, nous verrons la beauté de chaque personne rencontrée, et l’aimerons en tant qu’ami créé à l’image de Dieu. Je connais Rose depuis qu’elle est petite. Adulte, elle a rencontré Tom et en est tombée amoureuse. Tom est sévèrement handicapé par une paralysie cérébrale et a passé toute sa vie en fauteuil roulant; ils se sont cependant mariés et ont maintenant deux enfants charmants. Pour Rose, Tom est l’homme le plus merveilleux au monde. Les autres ne voient peut-être que son handicap, mais Rose voit la beauté de son âme. Victor et Hilda, un couple de notre communauté d ’origine britannique, ont vécu jusqu’à quatre-vingt-dix ans; ils sont restés profondément amoureux jusqu’à la fin. Hilda n’était pas belle au sens du monde: à soixante-dix ans, elle était sévèrement voûtée et un tic nerveux défigurait le côté droit de son visage. Néanmoins, pour Victor, elle était toujours « ma princesse ». Leur amour était fondé sur quelque chose de beaucoup plus profond que l’apparence.
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Pendant les trente années que j’ai passées à conseiller de jeunes couples, beaucoup ont partagé avec moi leurs joies et leurs luttes, mais je suis toujours ému lorsqu’un jeune homme ou une jeune fille se tourne vers moi et me fait confiance. Il y a peu de temps, une jeune fille m’a écrit pour me faire part des progrès de sa relation avec un jeune homme. Kate et Andy sont tous deux membres de notre communauté religieuse et participent au groupe de jeunes. Ce sont des personnes ordinaires, mais alors que leur relation continue de se développer, ils ont reçu un don spécial – un enracinement solide pour leur quête commune. Kate écrit: Depuis le début, ce fut une intense expérience intérieure, et nous sommes devenus très proches, particulièrement en lisant la Bible et en priant ensemble. Je dirais cependant, que notre plus grande lutte a été d’abandonner notre vision romantique et émotionnelle de l’amour, car celle-ci tient réellement si peu de place. Il est arrivé que notre conversation reste au niveau de l’attirance humaine, et l’effet en est dévastateur car cela mine ce que nous avons vécu ensemble à un niveau intérieur, spirituel […] Mais lorsque Dieu est au centre, nous avons accès de manière beaucoup plus profonde au cœur de l’autre. En apprenant à mieux nous connaître, et à savoir quels sont nos luttes et nos manquements, jour après jour, nous sommes également capables de nous exhorter et de nous encourager l’un l’autre. En conséquence, nous nous sentons tous deux plus proches de Dieu. Je vois de façon de plus en plus claire combien une relation n’est pas établie une fois pour toutes, mais qu’elle doit se construire quotidiennement – pierre après pierre – et avec une confiance constante. Je suis très reconnaissante de ce qu’Andy et moi-même pouvons passer du temps ensemble, afin d ’établir vraiment une base ferme à notre relation. Et je suis également reconnaissante que tout n’ait pas été « un long fleuve tranquille », car on n’obtient rien de valable sans lutte.
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L’histoire de Kate et Andy est encourageante. Même aujourd ’hui, il est encore possible pour des jeunes gens de considérer leur relation suffisamment sérieusement pour chercher avant toute autre chose à s’approcher de Dieu. À cet égard, nous devrions nous rappeler les paroles de Jésus: « Cherchez d ’abord le royaume de Dieu et toutes choses vous seront données en plus. » Si la foi est la seule fondation solide pour un mariage chrétien, il s’ensuit que chaque partenaire doit s’engager pour le Christ et pour l’Église avant de s’engager envers l’autre. Et là, on n’insistera jamais assez sur l’importance du baptême. Comme expression de repentance du péché, et attestation d ’une conscience pure envers Dieu, le baptême est l’un des plus grands dons qu’une personne puisse expérimenter. J’irais même jusqu’à dire que, sans baptême, il n’y a pas de fondement sûr pour un mariage chrétien. Bien évidemment, nul ne devrait être baptisé pour l’amour d’un mari, d’une femme ou d’enfants (Lc 14.26). Pas plus que le désir de baptême ne devrait se trouver mêlé au désir de trouver un partenaire possible pour un mariage. Si l’on veut que le baptême ait véritablement un sens, il doit être le fruit d’une profonde repentance, d ’une conversion et d ’une foi.
Une relation saine demande du temps et un certain soin Jésus dit que nous ne pouvons servir deux maîtres (Mt 6.24). Il enseigne que si nous faisons confiance à Dieu seul, et si nous lui faisons totalement confiance, il répondra à tous nos besoins, y compris celui d ’un partenaire. « Faites donc du règne de Dieu et de ce qui est juste à ses yeux votre préoccupation première, et toutes ces choses vous seront données en plus » (Mt 6.33). Ce conseil est important non
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seulement pour ceux qui seraient préoccupés par le mariage de façon malsaine, mais pour chacun d ’entre nous. Je n’attends jamais d ’une jeune personne qu’elle renonce au mariage comme l’apôtre Paul l’a fait; la vocation au célibat doit être ressentie de l’intérieur. Mais, sauf si le mariage est bien la volonté de Dieu (et ceci est souvent difficile à discerner), chacun d ’entre nous devrait être prêt à y renoncer (Ph 3.8). Lorsque la lumière de Jésus pénètre dans notre vie, nous trouvons la force de nous soumettre à lui de façon si radicale que chaque chose prend sa vraie mesure. Contrairement à l’opinion largement répandue selon laquelle la relation la plus saine serait la plus privée, nous pensons que les fiançailles et le mariage concernent l’Église tout entière, et pas seulement les deux individus engagés. C’est pourquoi lorsque des jeunes gens de nos communautés sont attirés mutuellement les uns envers les autres, ils se tournent d ’abord vers leurs parents et leurs pasteurs. Dès lors, leur relation est placée sous la protection de l’Église. Nos jeunes gens ne le considèrent pas comme une obligation, ni comme un moyen de les chaperonner. Au contraire, ils sont reconnaissants de l’occasion qui leur est donnée d ’être guidés dans un domaine où l’immaturité et l’impureté apportent le malheur à beaucoup d ’autres. Ceci dit, cette approche peut sembler la plus appropriée pour un groupe de personnes très engagées et il revient à chaque couple de décider si elle convient à sa situation. Pour certains, il peut s’avérer difficile de comprendre quel est l’objectif à atteindre en cherchant à être guidés. D’autres peuvent complètement s’effaroucher à cette idée. Cependant la simple leçon qui consiste à s’ouvrir à des personnes à qui l’on fait confiance mérite vraiment attention. Ray et sa fiancée Helen se sont rencontrés dans notre communauté. Laissons Ray nous partager leur histoire:
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Le samedi soir, lorsque je ne travaillais pas tard chez Armani Exchange, je faisais les boîtes de nuit avec quelques amis. Ou parfois nous allions dans Third Street à Santa Monica, ou nous roulions jusqu’à la jetée et restions là. La scène était toujours la même. Juste les filles. Rien de sérieux, jamais rien ne « se passait », juste quelqu’un avec qui partager l’addition sur quelques tournées, ou utiliser la piste de danse. Quelquefois j’ai rencontré quelqu’un que je pensais être spécial, quelqu’un que je voulais mieux connaître. Nous échangions nos numéros de téléphone, et parfois nous nous donnions rendez-vous pour dîner et aller au cinéma. Tout était si anodin, si facile. Enfin, c’était comme ça que je voyais les choses, il y a près de trois ans, avant de rencontrer Helen. Nous avons tous les deux été élevés au Bruderhof. Nous nous sommes rencontrés lorsque nous étions adolescents, et bien que chacun ait ressenti quelque chose pour l’autre, nous ne l’avons pas dévoilé. Après le lycée, nous avons déménagé chacun de notre côté. Elle est partie à l’université et plus tard a rejoint la communauté; je suis allé dans « le monde ». Mais après une période de six mois comme volontaire à l’étranger, deux semestres à l’université de retour chez moi, et une année à parcourir le sud de la Californie, je me suis finalement retrouvé au pied du mur, avec le sentiment persistant que ma vie était une farce. J’ai dû admettre ce que j’avais essayé de nier pendant si longtemps – à savoir qu’un vide et une apathie intenses se cachaient derrière mon attitude de « dur ». Ma façon de vivre ne pouvait en rien satisfaire mon désir de plénitude. Mes rencontres avec d’autres personnes, particulièrement avec des femmes, étaient au mieux superficielles. Au pire, elles causaient des dégâts. Pour la première fois de ma vie, j’ai réalisé combien j’avais besoin du pouvoir de guérison que seul le Christ peut accorder. Je savais que je ne pouvais pas le trouver tout seul, j’avais besoin du soutien d ’autres personnes auxquelles je pouvais faire confiance, alors j’ai demandé à rentrer chez moi. Sûr que mon désir était que Dieu soit au centre de ma vie, je me
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suis engagé envers lui et envers les frères et sœurs de la communauté. Entre-temps, j’avais fait part à mon pasteur et à mes parents de mes sentiments pour Helen, et ils m’ont conseillé de laisser les choses se développer naturellement, au temps choisi par Dieu: « Si notre relation entre dans la volonté de Dieu, cela arrivera, et nul ne pourra s’y opposer ». Mais ils m’ont encouragé à aller de l’avant et à lui parler. Ce que j’ai fait. Il n’a pas fallu longtemps pour nous rendre compte que quelque chose se passait entre nous. À ce moment-là, aucun d ’entre nous n’aurait osé appeler cela amour – c’était trop neuf, trop précieux. Mais au fur et à mesure que les semaines devenaient des mois, nous sentions qu’un lien profond grandissait entre nous. Nous avons passé du temps ensemble, parfois avec nos familles, parfois tout seuls. Nous discutions de questions ayant trait à la foi, nous lisions la Bible, nous priions, ou bien restions tranquillement assis ensemble. Plus tard, lorsque je me suis installé dans une autre communauté, nous nous sommes écrits pratiquement tous les jours. Comme notre amitié devenait de plus en plus profonde, notre ouverture l’un à l’autre grandissait. Mais la confiance, nous l’avons appris, prend du temps. Au début, ce fut comme une révélation de réaliser que nous avions tous deux des défauts. Nous pouvions nous blesser, et parfois même trahir l’amour qui se développait entre nous. Cependant, à chaque fois que nous nous retranchions derrière nos propres limitations, nos parents et nos dirigeants d ’Église étaient là pour nous aider à aller plus loin. Évidemment, s’ouvrir à quelqu’un fut parfois douloureux, même embarrassant – particulièrement lorsque les choses ne se passaient pas bien. Et les conseils de nos parents, ou d ’autres membres de l’Église, ne nous convenaient pas toujours. Mais dès que nous avons découvert la valeur incroyable d’avoir fait confiance à d’autres, et de s’être confiés, nous avons réalisé que c’était l’occasion de développer notre relation dans un environnement qui nous soutient.
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Maintenant, alors que notre mariage approche, nous sommes reconnaissants pour l’aide de ceux qui nous ont dirigés vers le Christ. Sans eux, Helen et moi-même n’aurions sans aucun doute jamais trouvé le cœur de l’autre. Dans notre environnement, nous savons quel don rare représente le fait que notre relation ait pu s’approfondir sans les pressions dues à ce qui tourne autour du sexe. Et nous savons que, quoi que puisse nous apporter le futur, le Christ restera notre guide.
L’histoire de Ray et Helen illustre combien il est essentiel pour un couple de passer du temps à se connaître intérieurement avant de s’engager. Lorsque deux personnes cherchent à se marier, il est essentiel qu’elles cherchent à découvrir tout ce qui vient de Dieu en eux. Il existe maintes activités saines pour un couple qui poursuit cet objectif: la lecture, la randonnée, la visite de leurs familles respectives, la participation commune à un projet de service dans la communauté. S’écrire est aussi un bon moyen de se connaître plus intimement. Cette correspondance doit en premier lieu être sans engagement – comme celle d ’un frère à une sœur et viceversa. L’attrait émotionnel pour l’amour romantique et le fait de bien aller ensemble n’ont aucune place à ce niveau. Elles ne feraient qu’obscurcir le discernement nécessaire pour décider si un engagement futur est réellement ou non la volonté de Dieu. Dans nos communautés, nous encourageons nos jeunes couples à montrer leur correspondance à leurs parents ou pasteurs et à leur demander de les guider. Naturellement, cela ne signifie pas que ces derniers contrôlent la relation ou son issue, mais ils apportent une contribution, un soutien et une direction spirituelle. On peut seulement se demander combien de mariages seraient sauvés si partout les jeunes couples étaient assez humbles pour se tourner vers leurs parents (ou un autre couple plus âgé auquel ils font con-
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fiance) pour être conseillés, même si ce n’est pas de cette façon particulière. Nous le réaffirmons, une relation saine ne peut pas être précipitée. Comme une fleur, on doit lui permettre de se développer selon le temps choisi par Dieu, on ne doit pas se précipiter dans l’espoir d ’une floraison précoce. Pour qu’un mariage dure, il doit être bâti sur un fondement préparé avec attention.
Ce qui importe le plus, dans la décision de se marier, c’est la volonté de Dieu L’honnêteté est quelque chose de fondamental dans toute relation véritable. Si un couple n’a pas le sentiment de devenir plus proche l’un de l’autre et de Dieu, il doit s’en ouvrir à l’autre. L’Église également doit se soucier assez de ses membres pour être honnête avec eux et aider un couple à discerner s’ils sont réellement faits l’un pour l’autre et à voir si leur amitié porte de bons fruits. Même si nulle promesse n’a été faite, la fin d ’une relation est toujours douloureuse. Mais il vaut mieux une fin douloureuse que la douleur sans fin d ’une relation qui ne mène nulle part. C’est seulement lorsque les deux jeunes, indépendamment l’un de l’autre mais avec la contribution de leurs parents et de leur pasteur, acquièrent au cours du temps la certitude d’aller ensemble pour la vie, qu’ils sont prêts à se fiancer. C’est seulement lorsqu’ils sentent au fond de leurs cœurs que leur partenaire est la personne faite pour eux et que c’est Dieu seul qui les a réunis, qu’ils sont véritablement prêts à se lier pour la vie. Une fois fiancés, la plupart des couples veulent participer pleinement à leur amour et l’exprimer activement en donnant et en recevant. Ils désirent dans leurs cœurs se rendre l’un l’autre aussi heureux et aussi comblés que possible, et ils sont
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prêts à tout faire pour réaliser cet objectif. Ces couples doivent d’autant plus réaliser que les pouvoirs de l’amour sont bien plus grands qu’eux-mêmes et ils doivent demander quotidiennement à Dieu la force de se discipliner. Les longues embrassades, les caresses, les baisers sur la bouche, et tout ce qui peut conduire à l’excitation sexuelle sont à éviter. Le désir de proximité physique est naturel, mais au lieu de tourner autour de ce désir, les fiancés devraient d ’abord apprendre à se connaître de l’intérieur de façon plus intime, et nourrir leur amour réciproque pour Jésus et l’Église. Lorsque deux personnes apprennent à se connaître, l’engagement sexuel freine le développement d’une relation bien fondée. Dès que la sexualité entre en scène, elle vole la vedette. L’excitation sexuelle est par nature progressive: dès que vous avez commencé, vous n’êtes jamais satisfait si vous faites marche arrière. Lorsque deux personnes s’excitent mutuellement de manière intentionnelle, elles s’engagent dans une espèce de pré-relation. Qu’elles le reconnaissent ou non, elles se préparent émotionnellement et physiquement à des relations sexuelles. Il leur reste uniquement deux possibilités: aller jusqu’au bout ou arrêter et faire l’expérience de la frustration émotionnelle résultant de l’excitation sexuelle sans la satisfaction de cette dernière. Les désirs qu’ils ont éveillés en eux ne peuvent être apaisés sans pécher. C’est pourquoi « aller jusqu’à mi-chemin » est douloureux, car cela interfère avec la construction d ’une intimité future. Un mariage qui débute avec la conscience chargée d’un péché non confessé est un mariage sans fondement solide, et il ne pourra être redressé que par la confession et la repentance. La bonne santé d ’un mariage dépend de la terre dans laquelle il s’épanouit. Si elle est labourée par la charrue de la pureté et de la foi, elle portera de bons fruits et sera bénie par Dieu.
Pour ceux qui envisagent de se marier
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Essayez de comprendre l’esprit, non la lettre de ce que j’ai écrit. Cherchez au plus profond du cœur l’un de l’autre, et tournez-vous vers le Christ dans une confiance absolue pour qu’il vous donne sa réponse à chaque question. Il ne manquera pas de vous diriger clairement.
CHAPITRE
14
Servir comme célibataire
Les disciples lui dirent: – Si telle est la situation de l’homme par rapport à la femme, il n’est pas intéressant pour lui de se marier. Il leur répondit: – Tous les hommes ne sont pas capables d’accepter cet enseignement. Cela n’est possible qu’à ceux qui en ont reçu le don. En effet, il y a ceux qui ne peuvent pas se marier parce que, de naissance, ils en sont incapables; d’autres le sont devenus par une intervention humaine. D’autres, enfin, renoncent à se marier à cause du royaume des cieux. Que celui qui est capable d’accepter cet enseignement, l’accepte! Matthieu 19.10-12
Le don de l’unité, que ce soit avec d ’autres personnes ou avec Dieu, ne dépend en aucun cas du mariage. En réalité, le Nouveau Testament enseigne qu’une consécration plus profonde au Christ peut se trouver en abandonnant le mariage pour le bien du royaume de Dieu. Ceux qui renoncent à tout pour Jésus, y compris au don du mariage, reçoivent de lui une grande promesse: il sera particulièrement proche d’eux à son retour (Ap 14.1-5). Que ces personnes se retrouvent sans partenaire pour la vie à cause d ’un abandon, d’un deuil, ou d’un manque d’occasion, elles peuvent recevoir un appel plus grand que celui du mariage, si elles sont capables au
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fond de leur cœur d ’accepter leur célibat. Elles peuvent, de façon toute spéciale, consacrer leur vie au service exclusif du royaume de Dieu.
Vivre pleinement, c’est vivre pour le Christ Tout homme et toute femme sur terre qui désire suivre le Christ doit être totalement transformé par lui. Ce défi revêt une signification plus profonde pour ceux qui sont célibataires (pour quelque raison que ce soit) et qui acceptent leur célibat au nom de Jésus. Cette personne aura avec Jésus une relation spéciale. Une vie vécue pour Jésus est une vie qui prend tout son sens (Jn 10.10). Nous ne devons jamais l’oublier, c’est notre appel le plus profond. Si nous aimons véritablement le Christ l’Époux d’un cœur entier, nous serons immergés en lui, tout comme nous sommes immergés dans l’eau au baptême. Si nous vivons en Christ, notre amour pour lui guidera notre amour pour nos frères et sœurs, et tous ceux qui nous entourent. L’histoire de François d’Assise et de son amitié avec Claire montre de façon merveilleuse le sens de l’amour fraternel, même s’il ne conduit pas au mariage. Lorsque tous ses frères et ses amis l’eurent abandonné, François se tourna vers Claire. En elle, il avait une amie sur laquelle il pouvait s’appuyer. Même après sa mort, elle lui resta loyale et continua à assurer sa mission, malgré l’opposition. C’était là une relation qui n’avait rien à voir avec le mariage, mais qui était pourtant véritablement intime – une amitié faite de pureté et d ’unité authentiques en Dieu. Il y aura toujours des hommes et des femmes comme Claire et François qui ne se marieront pas pour l’amour du Christ. Cependant, nous devons reconnaître que le don d ’une relation telle que la leur n’est pas donné à tout le
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monde. Dans leur combat pour la pureté, la plupart des célibataires ne diffèrent pas des personnes mariées. Le célibat n’est pas une protection contre l’impureté – dans chaque cœur, la pureté exige une attention constante, un combat journalier contre la chair, et une attitude ferme contre le péché.
Si nous le lui permettons, Jésus remplira tout vide Les Écritures ne promettent jamais de nous épargner les tentations. Mais nous avons l’assurance qu’elles ne nous vaincront pas (1 Co 10.13). Si nous supportons l’épreuve dans la patience et la fidélité, Dieu nous aidera. Ceci ne signifie pas qu’il est possible de rester pur par la seule force de la volonté. Cependant, par la puissance du Saint-Esprit et grâce à l’aide de frères et sœurs attentifs, il est possible d ’atteindre la liberté et la victoire (Ga 6.1-2). Pour ceux qui ne trouvent pas de partenaire pour se marier, mais ne ressentent pas d ’appel particulier à rester célibataire, il y a le danger de devenir amer. Si un profond désir de se marier reste irréalisé, particulièrement sur une longue période, cela peut endurcir le cœur. À ce moment-là, seule la grâce de Dieu peut protéger l’âme et la rendre capable de renoncer au mariage et de trouver néanmoins la paix. Cynthia, une célibataire, membre du Bruderhof, approchant la quarantaine, nous dit comment éviter une vie vide et trouver un épanouissement durable: « Moi, célibataire pour le restant de mes jours? » Beaucoup d ’entre nous doivent affronter cette réalité. Pourquoi? – parce que nous avons choisi de nous engager d ’abord envers Dieu. Il a besoin d’instruments sans attaches familiales pour le servir. Cela signifie-t-il moins d’épanouissement, une croissance arrêtée, et l’abandon d ’un plein engagement dans la vie? Non, si l’on est capable de souscrire, et non de se rebeller, au plan de Dieu pour sa vie. En réalité c’est une
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vie consacrée au service qui attend ceux qui sacrifient le mariage ou y renoncent pour être totalement à la disposition de Dieu. Pensez à des célibataires comme l’écrivain Amy Carmichael, qui partit en Inde comme jeune missionnaire, ne sachant pas quel type de service Dieu attendait d ’elle. Elle eut bientôt en charge un orphelinat, en expansion, rempli d ’enfants sauvés de l’esclavage qui les attendait dans les griffes des prêtres des temples hindous. Ou pensez à Mère Teresa qui fonda un ordre de religieuses pour s’occuper des plus pauvres parmi les plus pauvres à Calcutta. Cet ordre s’est étendu partout dans le monde. Ou pensez à Paul, ou à d ’autres apôtres qui, du fait de leur célibat, pouvaient voyager continuellement pour répandre l’Évangile. Bien sûr, vous n’avez pas besoin de devenir missionnaire, religieuse ou apôtre pour vous accomplir dans la vie si vous êtes célibataire. J’aurais pu ressentir de l’amertume et de la frustration de ne pas m’être mariée, mais au contraire, j’y ai trouvé de nombreuses occasions de servir les autres journellement, là où je suis. Je visite, presque toutes les semaines, des détenues à la prison locale. Lors de ma dernière visite, les femmes de la prison étaient impatientes d ’étudier la Bible, c’est pourquoi nous avons lu l’histoire du bon Samaritain et discuté de sa mise en pratique au jour le jour. Après avoir discuté de qui savait ou ne savait pas chanter, nous nous sommes toutes mises à chanter des spirituals et des cantiques comme « Precious Lord » et « Amazing Grace ». Inutile de dire que toutes les soirées ne sont pas aussi satisfaisantes que celle-là. La solitude peut être une part bien réelle de la vie de tout célibataire. Elle peut inciter la personne à la pitié de soi, mais comme toute tentation, on peut refuser d ’y céder. Dans son livre Passion et Pureté28, Élisabeth Elliot conseille: « Acceptez votre solitude. C’est une étape, et seulement l’une des étapes d ’un voyage qui va vous
28. Élisabeth ELLIOT, Passion et Pureté, Marne-la-Vallée, Farel, 1995, p. 74-75.
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amener vers Dieu. Elle ne va pas toujours durer. Offrez votre solitude à Dieu comme le petit garçon qui a offert à Jésus ses cinq pains et ses deux poissons. Dieu peut transformer votre solitude pour le bien des autres. Aidez les autres. Qui que vous soyez et quel que soit le lieu où vous vous trouviez, il y a toujours quelque chose que vous pouvez faire, quelqu’un qui a besoin de vous. » Voilà la clé, rendre service à d ’autres. L’enseignement, les soins, le conseil ou rendre visite à des prisonniers, n’importe laquelle de ces activités peut vous conduire à une vie de plénitude. Car le monde est rempli de gens qui souffrent et qui ont besoin d ’un supplément d ’amour, et les célibataires parmi nous sont tout spécialement libres d ’être là pour eux.
Renoncer à ses désirs est un processus qui n’est jamais facile, et cela peut quelquefois peser très lourd sur la personne. Mais lorsque les célibataires sont capables de remettre totalement à Jésus leurs espoirs et leurs rêves, celui-ci remplira le vide qui autrement pourrait peser sur eux. Ils se souviendront de la manière dont il a fini sa vie sur la croix, et ils auront de la joie à supporter leur célibat comme un sacrifice pour lui. Ceux qui continuent d ’aspirer ardemment au mariage, malgré le fait que Dieu ne le leur a pas accordé, ne peuvent connaître cette joie. Le mariage est un grand don, mais appartenir totalement et entièrement au Christ en est un plus grand. En fin de compte, soyons prêts à ce que Dieu nous utilise comme bon lui semble et trouvons le contentement quelles que soient les circonstances dans lesquelles nous nous trouvons (Ph 4.11-13). Nous ne devrions jamais penser que Dieu ne nous aime pas. Une telle pensée vient du diable. Bien sûr, quelle que soit la consécration de la personne célibataire, il ou elle fera encore l’expérience de moments, de jours, et même de semaines de tristesse et de lutte. Savoir que
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le mariage et les enfants sont hors d ’atteinte apportera toujours des petites pointes d ’envie et un sentiment de perte. Mais plutôt que de rester l’esprit fixé sur ces choses, il vaut mieux (même si c’est plus difficile) regarder à Dieu et se tourner vers les frères et sœurs de l’Église. Bonhoeffer écrit: La souffrance est un ange du ciel qui nous révèle des trésors qui autrement seraient restés cachés pour toujours; grâce à lui, des hommes et des femmes ont plus grandi que par toutes les joies du monde. Il doit en être ainsi et dans ma situation actuelle, je me le répète sans cesse. La peine de la souffrance et de l’attente, qui souvent se ressentent même de manière physique, doit être présente, et nous ne pouvons et ne devons pas la chasser. Mais elle doit à chaque fois être surmontée, et pour ce faire, c’est un ange encore plus saint que celui de la douleur qui vient, c’est l’ange de la joie en Dieu29.
Le célibat peut être perçu comme un fardeau – ou comme un appel supérieur Les célibataires ne doivent pas tomber dans le piège qui consiste à se détacher de la vie et de l’amour dans l’amertume. Ils ne doivent pas réprimer ce qu’il y a de meilleur en eux ou se laisser aller à des rêves ou des désirs qui ne peuvent être satisfaits. Ils ne doivent pas laisser des rêves obsédants bloquer l’épanouissement de tout ce que Dieu leur a donné. S’ils peuvent accepter leur célibat comme un don ou un appel particulier, ils ne permettront pas qu’une seule parcelle de leur énergie ou de leur amour reste inutilisée. Leurs attentes seront comblées dans le don: dans un torrent d ’amour qui s’épanche d’eux vers le Christ et l’Église. Comme Paul le dit: 29. Dietrich BONHOEFFER, The Martyred Christian, 160 Readings, New York, Collier Macmillan, 1985, p. 170.
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Celui qui n’est pas marié se préoccupe des intérêts du Seigneur. Son seul souci est de lui plaire. Celui qui est marié s’occupe des affaires de ce monde, pour plaire à sa femme; et le voilà tiraillé de part et d ’autre. De même la veuve et la jeune fille n’ont pas d ’autre souci que les intérêts du Seigneur, pas d ’autre désir que de se dévouer à lui corps et esprit. La femme mariée, elle, se préoccupe des affaires de ce monde, pour plaire à son mari. Je dis cela dans votre propre intérêt et non pour vous tendre un piège, mais pour que vous meniez une vie bien ordonnée, et que vous soyez attachés au Seigneur sans partage (1 Co 7.32-35).
Plus avant dans cette même lettre, Paul fait référence à une autre bénédiction du célibat: l’absence d ’attention et de souci à manifester envers son conjoint et ses enfants, particulièrement dans les moments difficiles. « Mais si tu te maries, tu ne commets pas de péché. Ce n’est pas non plus un péché pour une jeune fille de se marier. Mais les gens mariés connaîtront bien des souffrances et je voudrais vous les épargner » (1 Co 7.28). Les veuves, comme les célibataires peuvent également servir l’Église et ceux qui sont dans le besoin à des moments où la personne mariée ne peut le faire. Paul dit: « La veuve qui est restée vraiment seule et privée de soutien met son espérance en Dieu et passe ses jours et ses nuits à faire toutes sortes de prières » (1 Tm 5.5). Dans l’Église primitive à Jérusalem, on demandait aux veuves de servir les pauvres, et d ’autres responsabilités leur étaient également confiées. « Même dans la plus petite des communautés religieuses, le surveillant devait être l’ami du pauvre, et il y avait au moins une veuve dont la tâche était de veiller à ce qu’aucun malade ni qui que ce soit dans le besoin ne soit négligé30. » Combien il est triste de voir qu’aujourd’hui ce sont souvent les veuves – et les autres célibataires hommes et 30. Eberhard ARNOLD, The Early Christians, Rifton, Plough, 1972, p. 18.
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femmes – qui sont eux-mêmes négligés et solitaires! Puisse l’Église être toujours prête à répondre aux besoins de ces frères et sœurs (1 Co 12.26). Il nous faut trouver, en particulier avec l’éclatement de la famille, de nouvelles façons de montrer aux célibataires de nos Églises un amour et une attention supplémentaires et de les inclure dans les vies de nos familles et assemblées. Cela ne veut pas dire que nous les poussions à trouver une épouse et que nous les plaignions s’ils n’y parviennent pas – cette attitude ne ferait qu’ajouter à leur peine. Cela veut dire encourager leurs dons et services dans l’Église, leur trouver des tâches utiles, et les intégrer dans la vie interne de l’Église pour qu’ils puissent s’épanouir.
Quelle que soit notre situation, nous sommes appelés à aimer Ceux d ’entre nous qui sont mariés devraient reconnaître que notre bonheur est un don – quelque chose à partager et à transmettre. Nous devrions avoir le désir de toucher ceux qui se débattent avec des sentiments de solitude. Le plus important est que tous – que nous soyons mariés ou célibataires – nous rappelions que joie et épanouissement véritables ne se trouvent qu’au service les uns des autres dans un esprit de communauté. Nous sommes appelés à un amour qui donne de manière inconditionnelle – pas à l’amour égoïste d’un mariage confortable, ni à l’amour complaisant de la pitié de soi qui isole. En tant que chrétiens, nous savons que c’est en Jésus que se trouve la forme la plus parfaite de l’amour vrai. Beaucoup d ’entre nous ont été touchés par Jésus, ou appelés et utilisés par lui. Mais ce n’est pas assez. Chacun de nous doit demander à Dieu de le laisser le connaître personnellement au plus profond de notre cœur. Nous devons fixer nos regards sur lui
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et sur lui seul afin de le voir véritablement tel qu’il est, et ne pas nous laisser abattre par le découragement (He 12.2-3). La vie est courte et, comme Paul nous en avertit, le monde dans sa forme présente va disparaître (1 Co 7.29-31). C’est du Christ dont nous avons le plus besoin aujourd’hui, mais pas seulement comme un guide ou une image devant nos yeux. Il doit devenir une force vivante dans notre vie quotidienne. Il a dit: « Je suis venu jeter un feu sur la terre; comme je voudrais qu’il soit déjà allumé! » (Lc 12.49). Où le Christ est-il le plus clairement révélé, tel qu’il était et est toujours? Nous devons le chercher avec nos frères et sœurs. Nous devons demander qu’il se révèle aujourd’hui et chaque jour parmi nous. Plus encore, nous devons réclamer le courage de témoigner de lui, en le montrant tel qu’il est exactement, avec tendresse, douceur et humilité, mais également avec vérité, clarté et netteté. Nous ne devons ni ajouter, ni retrancher quoi que ce soit. Voilà l’essence d ’un cœur entier, et le service du célibat.
PARTIE
3
L’esprit de notre temps
CHAPITRE
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Avec ou sans Dieu
Puisque vous êtes les enfants bien-aimés de Dieu, suivez l’exemple de votre Père. Que toute votre vie soit dirigée par l’amour, comme cela a été le cas pour le Christ: il nous a aimés et a livré lui-même sa vie à Dieu pour nous comme une offrande et un sacrifice dont le parfum plaît à Dieu. Quant à l’immoralité et aux pratiques dégradantes sous toutes leurs formes, et à la soif de posséder, qu’il n’en soit pas même question entre vous: ce ne sont pas des sujets de conversation pour ceux qui appartiennent à Dieu, pas plus que les propos grossiers ou stupides, et les plaisanteries équivoques. C’est inconvenant! Exprimez plutôt votre reconnaissance envers Dieu. Car, sachez-le bien: aucun homme qui se livre à l’inconduite, à l’impureté ou à la soif de posséder qui est une idolâtrie n’a d’héritage dans le royaume du Christ et de Dieu. Que personne ne vous trompe par des arguments sans valeur : ce sont ces désordres qui attirent la colère de Dieu sur ceux qui refusent de lui obéir. Éphésiens 5.1-6
À travers toute l’Écriture, l’alliance de Dieu avec son peuple et l’unité du Christ avec son Église sont comparées à l’union conjugale. Dans notre culture, cependant, le mariage – ce que, précisément, nous devrions honorer et célébrer plus
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que l’amour – a été attaqué, traîné dans la boue et détruit par un esprit d ’impureté et d ’irrespect.
Pour beaucoup aujourd’hui, l’amour est une illusion La profanation de l’amour est l’une des plus grandes tragédies de notre temps. De plus en plus, l’amour n’est compris que comme un désir égoïste et la satisfaction de ce désir est considérée comme un épanouissement. Les gens parlent de libération sexuelle mais restent esclaves de leurs désirs sexuels; ils parlent d ’amour véritable mais vivent dans un éloignement égoïste. Notre époque est une époque privée d ’amour : partout il y a des relations et des cœurs brisés, on se débarrasse de millions de vies humaines avant même qu’elles aient commencé, des centaines d ’enfants sont maltraités ou abandonnés; la peur et la méfiance abondent au cœur même de mariages supposés en bonne santé. On a réduit l’amour au sexe. À cause de cela, l’amour n’est pour beaucoup rien de plus qu’une illusion, une intimité de courte durée suivie d’un vide et d ’une angoisse dévorants. Comment redécouvrir le vrai sens de l’amour? Tant de choses dans le monde actuel minent notre croyance dans un amour durable et inconditionnel! Beaucoup de ce qui a trait à « l’amour » se rapporte en réalité à l’excitation et à la passion du désir sexuel. Nous vivons dans une société obsédée par le sexe, folle de sexe, où tout sent le sexe à plein nez – publicité, littérature, mode et loisirs. Le mariage a été la première victime: sa signification a été tellement déformée que son vrai sens s’est perdu. Bien sûr, si l’on est honnête, on ne peut en rejeter la responsabilité sur les médias ou sur quelque vague force de la société. Les médias, c’est certain, ont troublé des milliers de personnes et les ont rendues plus endurcies. Mais les responsables c’est nous, chacun d’entre nous, nous dont l’âme est
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chargée du péché de notre propre convoitise, dont les mariages sont désintégrés, nous dont les enfants se sont détournés du droit chemin. Nous ne pouvons ignorer nos propres méfaits; nous devons assumer la responsabilité de nos propres actions, chaque fois que nous avons accepté l’esprit d ’impureté et laissé le mal entrer dans nos cœurs. Nous avons méprisé et déformé l’image de Dieu et nous nous sommes séparés de notre Créateur. Il nous faut apprendre à être à nouveau attentifs aux cris les plus profonds de notre cœur, nous repentir et revenir à Dieu. Plus de trente ans ont passé depuis le début de la révolution sexuelle et ses répercussions désastreuses devraient être évidentes pour chacun: débauche largement répandue, taux de suicide et de grossesse à l’adolescence en augmentation, dizaines de millions d ’avortements, essor des maladies sexuellement transmissibles, érosion de la famille et de la vie familiale, émergence d ’une nouvelle génération violente. « Ils ont semé le vent, ils moissonneront la tempête » (Os 8.7). Notre époque surestime grandement l’importance de la sexualité. Que ce soit dans les kiosques, dans les petits magasins de proximité ou sur les présentoirs des supermarchés, sa place est exagérée d’une manière totalement malsaine. L’amour entre homme et femme n’est plus considéré comme sacré ou noble; il est devenu un produit que l’on considère uniquement d ’un point de vue animal, comme une pulsion incontrôlable à satisfaire. En tant qu’instrument de la révolution sexuelle, l’éducation sexuelle moderne, plus que toute autre chose, en est responsable. L’éducation sexuelle devait nous apporter la liberté, une attitude éclairée, la responsabilité et la sécurité. N’est-il pas évident aujourd’hui que ce fut une erreur? N’avons-nous pas compris maintenant que la connaissance ne constitue nullement un garde-fou et que l’éducation
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sexuelle telle qu’elle est enseignée dans la plupart des écoles n’a fait qu’accroître l’activité sexuelle?
Une véritable éducation pour la vie sexuelle induit le respect La plupart des parents n’ont que peu, sinon aucune, idée de ce que l’on enseigne à leurs enfants dans les cours d’éducation sexuelle. L’éducation sexuelle n’a jamais été une simple présentation de faits biologiques. Dans de nombreux cursus, on instruit les étudiants sur différentes pratiques sexuelles (parfois par la projection de films) y compris la masturbation, et sur le sexe « protégé ». Dans d’autres programmes, on discute ouvertement et explicitement des perversions sexuelles et on les présente comme des moyens normaux de parvenir à « l’épanouissement » sexuel. Dans certaines zones scolaires, on encourage l’appréciation et la compréhension du mode de vie homosexuel: c’est, dit-on aux enfants, une alternative parfaitement acceptable au mariage hétérosexuel. Certaines écoles placent même les étudiants par couples afin de discuter de sujets tels que les préliminaires et l’orgasme. On présente certains médicaments et l’avortement comme des trousses de secours à utiliser lorsque la contraception et les pratiques sexuelles protégées ont échoué. L’abstinence est mentionnée seulement en passant, quand elle n’est pas totalement ignorée. Comme l’écrit William Bennett, ancien secrétaire d ’État à l’Éducation: Notre époque est faite de grossièreté, d ’insensibilité, de cynisme, de banalité et de vulgarité. Il y a trop de signes qui montrent que la civilisation est en train de pourrir. Et le pire concerne nos enfants: nous vivons dans une culture qui semble parfois se consacrer à la corruption des jeunes, à assurer la perte de leur innocence avant l’heure31. 31. The Wall Street Journal, 10 décembre 1993.
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L’éducation sexuelle c’est davantage que la formation à la sexualité sans risques. Au départ elle fut instaurée pour essayer de contenir les feux de la sexualité des adolescents; mais elle n’a fait qu’attiser les flammes 32. La plupart des gens semblent tenir pour acquis que les adolescents devraient s’exprimer sur le plan sexuel et qu’ils le feront. Notre ère est celle de millions d ’avortements, d’innombrables mères célibataires dépendant du soutien public, et d ’une épidémie de maladies sexuellement transmissibles. Évidemment, l’idée qu’un savoir précis induise un comportement responsable n’est rien de moins qu’un grand mythe. D’une manière générale, beaucoup de ce qui est enseigné de nos jours au nom de l’éducation sexuelle est une horreur, et en tant que chrétiens, nous devons protester contre cette réalité. Ce n’est souvent pas plus qu’un entraînement conventionnel à l’irrespect, l’impureté et la rébellion contre le plan de Dieu. L’éducation véritable à la vie sexuelle s’exerce au mieux entre parent et enfant dans un environnement de respect et de confiance. Éduquer quelqu’un en matière sexuelle à travers des images anonymes et une information impersonnelle ne peut qu’éveiller prématurément les pulsions sexuelles d ’un enfant et séparer, dans son esprit, la sexualité de l’amour et de l’engagement. Évidemment, nous ne devrions pas avoir peur de parler librement avec nos propres enfants des questions sexuelles, particulièrement lorsqu’ils arrivent à l’adolescence. Si nous ne le faisons pas, ils se renseignent sur ces choses en premier lieu auprès de leurs condisciples, et rarement dans une atmosphère de respect. D’un autre côté, il y a un danger à
32. De nombreuses études, y compris celles menées par le « planning familial » concluent que les adolescents ayant suivi un cours classique d ’éducation sexuelle, ont un taux d ’activité sexuelle de 50 % plus élevé que ceux qui n’en ont pas suivi.
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fournir à un enfant trop de faits biologiques concernant le sexe. Souvent, une approche factuelle de la sexualité la prive de son mystère divin. Pour le parent chrétien, l’éducation sexuelle consiste à guider la conscience sexuelle de ses enfants pour qu’ils aient le sens de leur propre dignité et de celle des autres. Cela veut dire les aider à comprendre que le plaisir égoïste, qu’il « blesse » quelqu’un d ’autre ou pas, est contraire à l’amour (Ga 5.13). Cela signifie leur enseigner que, séparés de Dieu, les relations sexuelles ou toute autre activité sexuelle pèsent sur la conscience et minent les relations honnêtes. Cela veut dire leur ouvrir les yeux pour qu’ils voient que c’est un vide profond qui conduit les gens – et pourrait les conduire eux aussi – à un péché d ’ordre sexuel. Un enfant peut acquérir tout naturellement une saine attitude envers son corps et la sexualité, simplement en apprenant que son corps, en tant que temple de l’Esprit, est saint, et que toute souillure du corps est un péché. Je n’oublierai jamais l’impression profonde ressentie alors que j’étais jeune adolescent, quand mon père m’emmena faire une promenade avec lui, et me parla de la lutte pour une vie pure, et de l’importance de me garder pour la femme que je trouverais peut-être et avec laquelle je pourrais me marier un jour. Il m’a dit: « Si tu peux vivre une vie pure maintenant, cela sera plus facile pour le restant de tes jours. Mais si tu cèdes maintenant à l’impureté personnelle, il te sera de plus en plus dur de résister à la tentation, même si tu te maries. » Les parents qui veulent protéger leurs enfants de l’impureté devraient se rappeler que la discipline du travail – que ce soit à travers les travaux ménagers, l’exercice physique ou d ’autres activités – est l’une des meilleures protections. Les enfants à qui l’on a appris à s’atteler à une tâche, et à la mener à bien seront mieux équipés pour faire face aux tentations
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sexuelles que ceux que l’on a dorlotés ou dont on a satisfait les moindres désirs.
Tout mauvais usage de la sexualité nous coupe de notre vraie personnalité et des autres Les jeunes sous-estiment le pouvoir des forces démoniaques qu’ils laissent entrer dans leur vie lorsqu’ils s’abandonnent à l’impureté. Prenez, par exemple, la masturbation. Quand les enfants deviennent des jeunes gens, leurs désirs sexuels augmentent et, souvent, leur besoin le plus immédiat est de trouver une certaine gratification sexuelle par la masturbation. De plus en plus, parents, éducateurs et hommes d ’Église d ’aujourd ’hui prétendent que la masturbation est quelque chose de sain, de naturel; beaucoup la considèrent seulement comme un autre moyen d’évacuer le stress. Et l’activité sexuelle à laquelle elle conduit souvent, même parmi des enfants ayant à peine atteint la puberté, est considérée par certains comme normale. Pourquoi nous, parents et éducateurs, avons-nous si peur de dire la vérité – d ’avertir nos enfants des dangers non seulement de la débauche sexuelle, mais aussi de la masturbation (Pr 5.1)? Ne sont-elles pas toutes les deux des maladies de l’âme? Ne profanent-elles pas et ne trahissent-elles pas le lien du mariage? La masturbation ne peut jamais apporter de vraie satisfaction. C’est un acte solitaire. C’est une auto-stimulation, une auto-gratification, une auto-maltraitance – elle nous enferme dans un monde imaginaire et nous prive de relations authentiques. Lorsqu’elle devient une habitude (ce qui est souvent le cas), elle aggrave l’isolement et la solitude et intensifie les sentiments de futilité et de frustration. Au pire, en tant que brèche dans le lien d’unité et d ’amour pour lequel le sexe a été créé, elle est comparable à l’adultère. J’ai conseillé de nombreux jeunes, esclaves de la masturbation: ils
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désirent ardemment être libérés de cette pratique, mais ils y succombent encore et encore. La personne qui se débat avec ce problème de masturbation a souvent trop honte pour en parler à quiconque. Néanmoins, il est important de réaliser que puisque les actes honteux se font dans le secret, leur pouvoir ne sera détruit que lorsqu’ils seront mis en lumière. Il est certain que partager son fardeau et ses sentiments intimes avec un mentor ou un pasteur peut être douloureux, mais c’est le seul recours pour celui qui veut être réellement libre. Certaines personnes peuvent avoir à lutter contre la masturbation jusqu’à la fin de leur vie. J’ai conseillé des hommes approchant les quatre-vingts ans qui ne s’en étaient pas encore libérés. La question est de savoir s’il y a quelque chose à faire pour se débarrasser de ce fléau. Mon conseil à ceux qui en sont esclaves est de chercher la force dans la prière. Vous ne vaincrez pas votre dépendance par le seul pouvoir de la volonté. Avant de vous coucher le soir, tournez vos pensées vers Dieu et lisez quelque chose de spirituel. Même à ce moment-là, vous pouvez être tenté de vous masturber. Si cela arrive, trouvez quelque chose qui vous empêche d ’y penser – sortez faire une promenade ou attelez-vous à une tâche ménagère. Une simple activité est souvent le meilleur moyen de surmonter ces fortes tentations. Être esclave de la masturbation est fréquemment lié à une autre forme de dépendance: la pornographie. Très peu de gens admettront être dépendants de la pornographie. Mais le fait que ce soit une industrie dont le chiffre d’affaires en augmentation se compte en milliards de dollars montre à quel point elle est répandue, même parmi les « chrétiens ». De nombreuses personnes affirment qu’il ne faut pas diaboliser la pornographie, car elle ne fait pas de victimes. Cependant, tout ce qui encourage l’impureté, même sous la forme d’une excitation sexuelle solitaire, est un crime, car
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cela dégrade le corps humain qui a été créé à l’image de Dieu comme temple de l’âme (1 Co 6.19). Les prétendues frontières érigées entre la pornographie, la masturbation, les relations d ’une nuit, et la prostitution ne sont en réalité qu’illusion. Toutes ces pratiques sont des moyens pour arriver à la satisfaction sexuelle sans le « fardeau » de l’engagement. Toutes réduisent le mystère du sexe à une technique pour satisfaire la convoitise. Et toutes sont honteuses – le caractère secret de la pratique de ceux qui s’y adonnent trahit cette réalité plus clairement que toute autre chose (Rm 13.12-13).
La prière et la confession peuvent nous délivrer du fardeau de l’impureté Nul ne peut se libérer lui-même de l’impureté, ou de tout autre péché, par ses propres forces. La liberté s’obtient par une attitude de pauvreté intérieure, en se tournant continuellement vers Dieu. Chacun a à lutter contre la tentation et aura toujours à le faire, mais par la prière et la confession, le péché peut être vaincu. Chaque fois que nous baissons la garde dans le combat pour la pureté – chaque fois que nous laissons la passion et la convoitise nous vaincre – nous courons le danger de gâcher complètement notre vie. Nous ne sommes alors pas capables de chasser les esprits mauvais que nous avons laissé entrer, et l’intervention du Christ lui-même sera nécessaire pour nous libérer. Sans elle, il n’y aura que dépression plus profonde et désespoir. Dans les cas les plus extrêmes, le désespoir apporté par une vie secrète d ’impureté se termine par un suicide. On ne peut que le décrire comme une rébellion contre Dieu, une affirmation qui stipule: « Il n’y a plus d ’espoir pour moi – mes problèmes sont trop grands, même pour Dieu. » Le suicide
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nie que la grâce de Dieu soit plus grande que notre faiblesse. Si nous nous trouvons dans l’abîme du désespoir, la seule réponse consiste à chercher Dieu et à lui demander compassion et grâce. Même si nous sommes « au bout du rouleau », Dieu veut nous redonner espoir et courage, même si nous estimons notre trahison très profonde envers lui. Dieu est toujours prêt à pardonner tout péché (1 Jn 1.9). Nous n’avons qu’à être assez humbles pour le lui demander. Quand quelqu’un est tenté par des pensées de suicide, le plus important à faire est de lui montrer de l’amour, de lui rappeler que chacun de nous a été créé par et pour Dieu et que chacun a un but à accomplir. Se détourner du péché et réaliser que nous sommes créés pour Dieu est toujours une révélation et une joie. Si nous nous tournons vers Dieu fidèlement dans cette vie ici-bas, nous reconnaîtrons la grandeur de notre magnifique tâche, celle de recevoir son amour et de le partager avec d ’autres. Aucun appel n’est plus merveilleux.
CHAPITRE
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Autrefois, certes, vous apparteniez aux ténèbres, mais à présent, par votre union avec le Seigneur, vous appartenez à la lumière. Comportez-vous donc comme des enfants de la lumière car ce que produit la lumière c’est tout ce qui est bon, juste et vrai. Comme des enfants de la lumière, efforcez-vous de discerner ce qui plaît au Seigneur. Ne participez pas aux pratiques stériles que favorisent les ténèbres, mais démasquez-les plutôt. Car tout ce que ces gens-là font en cachette est si honteux qu’on n’ose même pas en parler. Éphésiens 5.8-12
En juin 1995, une commission de l’Église d ’Angleterre recommandait que l’expression « vivant dans le péché » soit abandonnée et que l’on « encourage et soutienne » les couples non mariés, aussi bien hétérosexuels qu’homosexuels, dans leurs styles de vie et qu’on les accueille plus volontiers dans les congrégations anglicanes. Suggérant que les « relations et les actes amoureux homosexuels » n’étaient – de manière intrinsèque – pas moins valables que ceux des hétérosexuels, la commission a proposé que l’amour puisse s’exprimer dans « des relations variées »33. Bien qu’une telle affirmation soit à peine surprenante dans le monde d’aujourd ’hui, il est cho33. « Church report accepts cohabiting couples », The Tablet, 10 juin 1995.
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quant qu’elle provienne d ’une Église établie, et il est choquant de savoir que d ’autres dénominations ont émis des idées similaires.
Nous devons aimer les pécheurs, mais nous devons également oser dénoncer le péché J’ai récemment participé à une commission parents-enseignants d ’un lycée et j’ai pu observer combien le mouvement en faveur de l’homosexualité était devenu puissant, comment il s’était introduit dans chaque aspect de la vie publique. Le comité de conseil sur la santé et la sécurité du district scolaire avait si peur de s’aliéner les homosexuels et les lesbiennes qu’il hésitait même à définir « la famille », sans parler de prendre position sur ce que l’on appelle les valeurs familiales. En fin de compte, ils s’accordèrent sur la définition de la famille comme « deux personnes prenant un engagement ». De nombreux politiciens et un nombre croissant de membres du clergé craignent de s’exprimer contre une telle définition par peur de perdre le soutien des électeurs ou leur travail. Très peu osent s’y opposer et dire: « Ça suffit! ». Mais en refusant de définir le mariage comme un contrat entre un homme et une femme, ils ne font pas que remettre en question l’institution de la famille dans son ensemble, mais nient carrément l’ordre de Dieu concernant la création. Ils envoient à nos enfants ce message: tout va bien et l’engagement de toute une vie envers un partenaire de sexe opposé n’est que l’une des nombreuses options possibles. Il peut sembler à certains lecteurs que je me fais l’avocat de la haine envers les homosexuels, de la « chasse aux homosexuels ». Je peux vous assurer que ce n’est pas le cas. Nous sommes tous pécheurs et tous les jours nous péchons, et faire de l’homosexualité un péché pire que les autres ne repose sur aucune base biblique. Se moquer de l’homosexua-
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lité ou juger un homosexuel actif plus durement qu’une autre personne ayant péché, ou le ou la regarder avec une attitude de condamnation est un péché: nous savons, d’après les évangiles, que nul péché sexuel n’est trop terrible pour être pardonné ou pour être guéri (Ep 2.3-5). Cependant, nous savons que Jésus hait le péché, même s’il aime le pécheur et souhaite sa rédemption.
Affirmer son homosexualité, c’est nier l’intention créatrice de Dieu L’attitude homosexuelle est un péché. C’est « contre nature », contre le dessein créateur de Dieu, et c’est une forme d’auto-adoration et d ’idolâtrie (Rm 1.26). Comme acte sexuel entre deux personnes de même sexe, c’est le péché « très grave » de Sodome et Gomorrhe (Gn 19.1-29). Dans le Lévitique, au chapitre 18, versets 22 et 23, Dieu qualifie les relations homosexuelles d’abomination: « Tu ne coucheras pas avec un homme comme on couche avec une femme; c’est une abomination. » Et au chapitre 20, verset 13, nous lisons: « Si deux hommes ont des relations homosexuelles, ils ont commis un acte abominable; ils seront mis à mort et porteront seuls la responsabilité de leur mort. » Laissez ceux qui minimisent de tels interdictions et avertissements en expliquant que nous ne sommes « plus sous la loi, mais sous la grâce », puis expliquez pourquoi l’inceste, l’adultère, la bestialité et les sacrifices humains ne doivent pas être ignorés. Dans les versets suivants, tous ces actes sont condamnés: « Tu n’auras pas de rapports sexuels avec une bête pour te rendre impur avec elle. Une femme n’ira pas s’accoupler avec un animal; c’est une dépravation. » Le Nouveau Testament condamne également l’homosexualité. Paul écrit dans Romains 1.26-28:
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Leurs femmes ont renoncé aux relations sexuelles naturelles pour se livrer à des pratiques contre nature. Les hommes, de même, délaissant les rapports naturels avec le sexe féminin, se sont enflammés de désir les uns pour les autres; ils ont commis entre hommes des actes honteux et ont reçu en leur personne le salaire que méritaient leurs égarements.
Et dans 1 Corinthiens 6.9-10, Paul écrit: Ne savez-vous pas que ceux qui pratiquent l’injustice n’auront aucune part au royaume de Dieu? Ne vous y trompez pas: il n’y aura point de part dans l’héritage de ce royaume pour les débauchés, les idolâtres, les adultères, les pervers ou les homosexuels…
Nombreux sont ceux qui réinterprètent les Écritures, disant qu’elles ne condamnent que le viol homosexuel, la débauche, ou un comportement homosexuel « non naturel » ou lascif de la part d ’hétérosexuels. Ils affirment que ce que la Bible condamne, c’est un comportement homosexuel (et hétérosexuel) offensant. Mais n’est-il pas évident que lorsque Paul parle des « hommes qui couchent avec des hommes » (NBS), il parle de l’offense que constitue l’homosexualité elle-même? Si seuls les actes homosexuels de nature « choquante » étaient mauvais, alors qu’en est-il de ce que Paul mentionne dans ce même passage: l’adultère, l’idolâtrie, etc. Que pourrait-il y avoir de plus clair que les mots de Paul dans l’épître aux Romains où quand il évoque l’homosexualité, il parle de « passions du cœur qui portent à des pratiques dégradantes » et dit qu’elle avilit et que ce sont des « actes honteux »? Ou bien ses paroles dures et sans équivoque contre le fait de faire « des choses indignes » (Rm 1.24-28, NBS)? Les actes homosexuels sont toujours de nature perverse car ils dénaturent la volonté de Dieu concernant la création. L’Écriture ne les défend jamais, de quelque façon
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que ce soit. Et ceci est tout aussi vrai lorsqu’ils ont lieu dans le cadre d ’une relation « aimante » à vie. Les aventures adultères hétérosexuelles peuvent aussi être ressenties comme aimantes et être durables mais cela ne les rend pas justes pour autant. Il est typique aujourd’hui d ’entendre les gens se plaindre de l’injustice consistant à rendre les homosexuels responsables d ’une orientation ou d ’une façon de vivre qu’ils n’ont pas nécessairement choisie. Mais il s’agit là seulement d ’une excuse pour le péché. Que les homosexuels soient ou non responsables de leur orientation sexuelle n’a aucun rapport avec le fait qu’ils aient raison ou tort de se comporter ainsi. Expliquer un comportement est une chose. Le justifier en est une bien différente34.
Quelle que soit son origine ou sa nature, une tentation d’ordre sexuel peut être vaincue Les besoins sexuels d ’un homosexuel peuvent être aigus, mais ce peut être le cas pour ceux de n’importe qui d’autre. Nous sommes tous « naturellement » prédisposés à faire ce que nous ne devrions pas faire. Mais si nous croyons en Dieu, nous devons également croire qu’il peut nous donner la grâce de vaincre dans les luttes que nous pouvons avoir à mener. « Ma grâce te suffit, c’est dans la faiblesse que ma puissance se manifeste pleinement » (2 Co 12.9-10). En prenant position contre l’homosexualité, nous devons nous rappeler que, bien que l’Écriture condamne le comportement homosexuel, elle ne nous permet pas de condamner les personnes qui adoptent un tel comportement. En tant que chrétiens, nous ne pouvons absolument pas excuser le déni 34. Thomas E. SCHMIDT, L’homosexualité. Perspectives bibliques et réalités contemporaines, coll. Terre Nouvelle, Cléon d ’Andran, Excelsis, 2002, p. 180220.
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des droits élémentaires de quiconque, pour quelque raison que ce soit. Il est trop facile d’oublier que la Bible parle beaucoup plus d ’orgueil, de cupidité, de ressentiment, et d’autojustification que d’homosexualité. Néanmoins, nous nous opposons toujours au programme de ceux qui cherchent à redéfinir l’homosexualité comme « une autre façon de vivre » – particulièrement lorsque cela influe sur la légalisation de mariages entre personnes de même sexe – et sur les efforts pour forcer des groupes religieux à accepter des homosexuels – et vivants comme tels – comme membres et même comme dirigeants d’Église (1 Co 5.11). Il est important, également, de faire la différence entre une tendance ou une « orientation » homosexuelle et le fait de vivre activement son homosexualité. Alors qu’une orientation homosexuelle peut apparaître à cause d ’influences psychologiques, de l’environnement social, et peut-être (selon certains scientifiques) du caractère génétique, vivre de façon active l’homosexualité est un choix. Argumenter que notre culture, notre famille ou nos gènes nous rendent impuissants à choisir ou à combattre le péché, c’est renier le concept de libre arbitre. Même en tant qu’orientation, l’homosexualité est un état qui a des racines particulièrement profondes et ceux qui ont à lutter méritent compassion et aide. C’est pourquoi nous devons toujours être prêts à recevoir dans notre communauté l’homme ou la femme homosexuel(le), et à nous tenir à ses côtés, dans la patience et l’amour, mais aussi avec clarté, refusant que la personne continue à pécher sur le plan sexuel. Par-dessus tout, nous devons rappeler, à ceux qui portent le fardeau d ’une attirance pour ceux de leur sexe, le plan originel de Dieu pour sa création, et les aider à discerner que nul homme ou femme n’est vraiment complet sans l’autre sexe. J’ai conseillé de nombreuses personnes qui luttaient contre des tentations à caractère homosexuel. La situation de
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quelqu’un peut parfois paraître sans espoir, mais j’ai appris que même les plus enracinés dans leur façon de vivre pouvaient être aidés. Cependant, qu’une personne homosexuelle en lutte suive ou non ses tentations, une chose demeure: si elle se tourne d’un cœur entier vers Jésus, elle pourra être aidée et libérée; si au fond de son cœur, elle est divisée, même ses plus vaillants efforts face à la tentation la gêneront intérieurement. Un coup d ’œil, même furtif, en direction de la perversion, montre que la personne n’a pas pris de décision – Jésus appelle cela commettre l’adultère en son cœur. La liberté durable ne se trouve que dans la décision. C’est pourquoi il est d ’autant plus important que ceux qui ne portent pas le fardeau de l’homosexualité essaient de comprendre le formidable besoin intérieur de ceux sur lesquels il pèse. Leur désir sexuel déplacé vient souvent d ’un intense désir de relations vraiment aimantes avec les autres. De nombreux homosexuels n’ont jamais reçu d ’amour inconditionnel et ne se sont jamais sentis acceptés de la part de ceux de leur sexe. Dans notre pays, dans les foyers sans père, il existe un vide capable d ’éveiller des sentiments homosexuels chez les enfants. Et dans notre culture, dirigée par la compétition et la volonté de domination, il est facile pour certains de se sentir rejetés; et cela peut les conduire à se tourner vers l’homosexualité. Je connais Howard et sa femme depuis qu’ils ont rejoint notre communauté, il y a vingt ans, mais ce n’est que récemment que j’ai pleinement compris la profondeur de la lutte d ’Howard. Maltraité par son oncle étant enfant, délaissé par son père « accro » au travail, et ridiculisé par ses condisciples pour son manque de qualités athlétiques, Howard a grandi en se sentant incompris et hors de son élément. Il réclamait ardemment l’attention de son père, d ’autres hommes, et des garçons de son âge. Dès le milieu de son adolescence, il était devenu un homosexuel actif. Bien qu’Howard ne rejette pas
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la responsabilité des choix qu’il fit plus tard dans sa vie sur son éducation, son histoire devrait avertir tout parent de ce qui peut arriver lorsque les enfants grandissent sans le soutien d’une famille aimante. À seize ans, j’ai commencé à avoir des relations avec des garçons. Il n’a pas fallu longtemps pour que je laisse des hommes plus âgés « faire des expériences » avec moi. Ces expériences sexuelles m’excitaient mais me laissaient un fort sentiment de culpabilité. Je ne pouvais m’ouvrir à personne de ce que je vivais. J’ai même menti à mon père lorsqu’il s’adressa à moi de façon directe et me demanda si j’avais de tels sentiments. À l’âge de vingt et un ans, j’avais déjà expérimenté tout acte homosexuel virtuellement possible. Rien ne me satisfaisait. Mes rencontres avec des hommes étaient vides; je préférais regarder des photos et créer mes propres rêves. Je n’ai jamais essayé de comprendre mon attirance pour les hommes, prenant pour excuse que je ne pouvais pas « m’en empêcher ». Même lorsque mon assurance médicale a payé pour que je suive une psychothérapie à cause d’un stress et d ’une anxiété dus au travail, je n’ai rien dit de personnel au psychiatre. J’en étais convaincu: il ne servait à rien de parler à quelqu’un; personne ne me comprendrait et, de toute façon, je ne pouvais pas changer. J’ai épousé la première femme avec laquelle j’ai eu des relations sexuelles. Ann m’aimait et acceptait ce qu’elle connaissait de moi. Nous avons parlé de nos sentiments personnels, mais c’est seulement après deux ans de mariage que j’ai trouvé le courage de lui faire part de mon secret. Naturellement, elle a réagi par une très grande stupeur. Elle n’arrivait pas à comprendre comment cela était possible. Je lui ai parlé de mon enfance, ainsi que des pensées et des désirs qui pesaient sur moi. Je lui ai dit que je ne voulais rien avoir à faire avec ces choses; elle l’a accepté et a semblé espérer que je puisse changer. Bien qu’il me soit encore arrivé de retomber dans des rencontres de hasard avec des hommes, elle m’a toujours pardonné.
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À cette époque, de nombreux homosexuels faisaient leur « coming out », révélant à leur famille et amis leur façon de vivre et cherchant à être acceptés. J’avais peur de le faire, car j’étais sûr de ne pas être accepté. En vérité, au fond de mon cœur, je ne voulais pas l’acceptation; je voulais que l’on m’aide à surmonter mon problème. En fin de compte, j’ai raconté mon histoire à un prédicateur auquel je faisais confiance. Il m’a aidé à trouver la force de déclarer mon combat contre l’homosexualité devant un petit groupe de personnes que je connaissais et dont je me sentais proche. Au début, ils furent choqués, mais ils m’apportèrent également leur soutien, sachant qu’eux-mêmes connaissaient des luttes. Ceci fut le début de mon chemin vers la guérison. Mais seulement le début. Plus tard, ma femme et moi-même avons rejoint les communautés du Bruderhof, sentant que nous étions arrivés là où nous pourrions trouver la paix véritable et la guérison. Pour une grande part, c’était vrai, mais parfois, lorsque je me sentais à plat et déprimé, je m’abandonnais encore à des pensées et des regards de convoitise, ce qui à plusieurs occasions a bien failli me ramener à mes anciennes habitudes. C’était clair, jamais je ne pourrais surmonter mes problèmes par mes propres forces. En même temps, je me faisais des illusions en croyant que je le pourrais, et j’ai convaincu ma femme que tout allait bien. Pendant ce temps-là, je faisais obstruction aux paroles de Jésus sur les regards de convoitise. Ma conscience devint de plus en plus émoussée. Mon cœur était de plus en plus dur. Ann continua à me faire confiance et Dieu nous donna deux fils. Néanmoins, malgré ces bénédictions, je tombai de plus en plus bas. Puis, un jour, un ami me surprit en train de regarder des images pornographiques. Bien que j’aie d ’abord essayé de m’en sortir par le mensonge, j’ai ensuite trouvé le courage d’admettre mon péché, devant ma femme, et devant les frères et sœurs de la communauté. « Tout le monde » savait maintenant et je m’attendais à ce qu’on me fasse « quitter la ville ». Mais bien que personne n’excusât
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mon comportement, je ne me sentis pas condamné. Des hommes que je pensais totalement dégoûtés de moi, m’ont soudain regardé droit dans les yeux avec un amour fraternel vrai. Mon cœur endurci commença à fondre… Ma femme et moi-même nous sommes séparés pendant plusieurs semaines pour que je puisse retrouver mes repères. Pendant cette période, Ann resta fidèle à son engagement envers l’Église et envers moi. Par la suite, elle m’a dit: « Lorsque nous nous sommes mariés, je n’avais aucune idée de ce qui nous attendait. Nous avons promis de rester fidèles – à Dieu, à l’Église et l’un envers l’autre – que viennent l’enfer ou les épreuves. Nous n’avions aucune idée de ce que nous promettions, mais je sais que c’est cette promesse qui nous a protégés. C’est ce qui nous a à nouveau réunis. » Ann avait raison, bien sûr. C’est seulement par la grâce de Dieu que j’ai pu reconnaître combien j’avais besoin de me purifier complètement, d ’ouvrir plus largement mon cœur comme jamais je ne l’avais fait auparavant, et de réparer toute mauvaise action ou attitude ancrée du passé. J’ai compris que mon égoïsme était à la base de mon problème. Petit à petit, j’ai senti se briser mon esclavage vis-à-vis des ténèbres. Au fur et à mesure que ma repentance devenait plus profonde, mon cœur devenait plus léger et mon esprit plus libre. Je suis finalement revenu auprès de ma femme et de mes enfants. Nous sommes maintenant une famille plus unie que nous ne l’avons jamais été. Et la malédiction avec laquelle j’ai vécu toute ma vie s’est transformée en joie profonde. Dieu m’a fait don d ’une conscience pure – il n’y a pas de plus grand don. Cela me donne le courage de faire face à tout ce qui pourrait se passer dans le futur. Je sais que je vais être tenté toute ma vie, mais je sais aussi que l’on peut s’en sortir. Je peux recevoir une aide qui va bien au-delà de mes propres forces.
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Tout homme ou femme peut être réellement libre, et c’est à nous de le croire (Ga 5.1)35. L’histoire de Ann et Howard devrait nous rappeler qu’il ne faut pas prétendre que la victoire est facile. Elle ne peut pas l’être. Pour une personne qui trouve la guérison, il y en a des dizaines d ’autres qui doivent lutter contre des tentations pendant des années, et certains pour le reste de leur vie. Est-ce cependant différent pour nous? Il n’y a pas beaucoup de chrétiens qui n’ont pas espéré et prié, apparemment sans résultat, pour être délivrés d’un péché obsédant. Mais nous ne devrions jamais douter que, puisque nous sommes tous créés à l’image de Dieu, il y a un espoir de guérison et de restauration pour chacun de nous (He 9.14). Le Christ nous délivrera si nous nous donnons à lui.
35. Dans L’homosexualité (en particulier p. 210-220), T. SCHMIDT passe en revue différents programmes et organisations pour les hommes et les femmes qui cherchent à sortir de leur mode de vie homosexuel.
CHAPITRE
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La guerre secrète
Oui, c’est bien toi qui, depuis ma naissance, m’as protégé. Tu m’as mis en sécurité sur le sein de ma mère. Dès mon jeune âge, j’ai été placé sous ta garde. Dès avant ma naissance, tu es mon Dieu. Ne reste pas si loin de moi car le danger est proche, et il n’y a personne qui vienne pour m’aider. Psaume 22.10-12
Il y a près de soixante-dix ans, en réponse à l’idée de planning familial « moderne », Eberhard Arnold a écrit: « Dans nos familles, nous espérons autant d ’enfants que Dieu en donnera. Nous louons Dieu pour sa puissance créatrice et considérons les grandes familles comme l’un de ses plus grands dons »36. Que dirait-il aujourd’hui, dans une époque où la contraception est pratique courante et où des millions d’enfants à naître sont tués chaque année? Où est passée notre joie d ’avoir des enfants et celle de la vie de famille? Où est passée notre reconnaissance pour les dons de Dieu? Où est notre respect pour la vie et notre compassion pour ceux qui sont les moins capables de se défendre eux-mêmes? Jésus dit très
36. Eberhard ARNOLD, God’s Revolution, Farmington, Plough, 1992, p. 151.
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clairement que personne n’entrera dans le royaume de Dieu s’il ne devient pas comme un petit enfant.
La sexualité sans considération du don de la vie est une mauvaise chose L’esprit de notre temps est diamétralement opposé non seulement à l’esprit de l’enfant, mais également aux enfants eux-mêmes. C’est l’esprit de mort et on le trouve partout dans la société moderne: dans le taux croissant de meurtres et de suicides, dans la violence domestique qui se répand, dans l’avortement, la peine de mort et l’euthanasie. Notre culture semble décidée à emprunter la voie de la mort, à prendre en mains ce qui est du domaine de Dieu. Et l’État n’est pas le seul fautif. Combien d ’Églises approuvent les meurtres d ’enfants à naître sous le prétexte de soutenir les droits des femmes? La « libération » sexuelle de notre société a entraîné une incroyable destruction. C’est une fausse libération basée sur la recherche égoïste de la satisfaction et du plaisir. Elle ignore la discipline et la responsabilité, et la vraie liberté qui en découle. Comme le dit Stanley Hauerwas, elle reflète « un profond manque de confiance dans le fait que nous avons quelque chose qui vaut la peine d ’être transmis à la nouvelle génération… Nos morts, nous les voulons »37. Il suffit de constater que cela ne pose aucun cas de conscience à la plupart des gens aujourd’hui quand on empêche la vie d ’un petit être d’advenir ou qu’on la détruit. Les enfants, autrefois considérés comme la plus grande bénédiction de Dieu, ne sont considérés aujourd’hui qu’en termes de coût: ils sont un fardeau et une menace pour la liberté et le bonheur de l’individu. 37. Stanley HAUERWAS, Unleashing the Scripture. Freeing the Bible from Captivity to America, Nashville, Abingdon, 1993, p. 131.
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Le défi de la pureté
Dans un mariage authentique, il y a un lien étroit entre amour conjugal et vie nouvelle (Ml 2.15). Lorsque mari et femme deviennent une seule chair, cela devrait toujours être avec la conscience respectueuse que, par cet acte, une vie nouvelle peut se former. De cette manière, l’amour conjugal devient une expression d ’amour créatif, une alliance en vue de la vie. Mais combien de couples aujourd’hui envisagent leur vie sexuelle de cette façon? Pour la plupart, la pilule a transformé les relations sexuelles en un acte insouciant, dénué de toute responsabilité et supposé être sans conséquences. En tant que chrétiens, nous devons être prêts à nous élever contre cette mentalité pro-contraception qui a envahi notre société. Trop de couples aujourd ’hui ont simplement adopté la mentalité populaire faite d ’indulgence sexuelle et de planning familial à la demande, jetant au panier les vertus de la maîtrise de soi et de la confiance. Le sexe pour le sexe, même dans le cadre du mariage, non seulement dévalorise l’acte conjugal mais érode ce sur quoi il se fonde: l’amour désintéressé, nécessaire pour élever des enfants. Faire du plaisir sexuel un but en soi, sans considération pour le don de la vie, est mauvais. Cela signifie fermer la porte aux enfants et, ce faisant, mépriser à la fois le don et le Donneur (Jb 1.21). Comme mère Teresa l’a dit un jour : En détruisant le pouvoir de donner la vie par la contraception, le mari ou la femme est en train de se faire quelque chose à lui-même. Il porte l’attention sur lui-même, et ce faisant, détruit le don d’amour en lui ou en elle. Dans l’amour, le mari et la femme doivent porter leur attention l’un envers l’autre, comme cela se passe dans le planning familial naturel, et non envers eux-mêmes, comme c’est le cas dans la contraception.
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La contraception sape l’accomplissement et les fruits des deux devenus un, et pour cette raison, nous devrions éprouver de la répulsion vis-à-vis de l’attitude consistant à chercher constamment à éviter la responsabilité d ’avoir des enfants. Tout ceci ne suggère nullement que nous devrions mettre au monde des enfants de manière irresponsable, ou en mettant en péril la santé de la mère, ou son bien-être. La taille d ’une famille et l’espacement des naissances est une question d ’une très grande responsabilité. C’est quelque chose que chaque couple doit envisager devant Dieu, dans la prière et le respect. Avoir des enfants particulièrement rapprochés peut être une charge particulièrement difficile à porter pour la mère. C’est un domaine où le mari doit témoigner un respect aimant et être compréhensif à l’égard de sa femme38. Redisons-le, il est vital que le couple se tourne ensemble vers Dieu et lui remette ses incertitudes et ses craintes dans la foi (Mt 7.7-8). Si nous sommes attentifs à la direction de Dieu, je suis certain qu’il nous montrera le chemin.
Avorter, c’est se moquer de Dieu Cette mentalité en faveur de la contraception n’est que l’une des manifestations de l’esprit de mort, et c’est pourquoi une vie nouvelle est si mal accueillie dans tant de foyers. Il y a aujourd ’hui, partout dans la société, une guerre secrète, une guerre contre la vie. Tant de petites âmes sont profanées. Et parmi celles dont on n’empêche pas la venue au monde 38. Dieu nous a donné deux méthodes naturelles pour espacer les enfants. La première est une forme d ’allaitement qui retarde le retour de la fertilité pendant plus d ’un an en moyenne. Il est appelé « allaitement écologique » pour distinguer ses fréquentes tétées de « l’allaitement culturel » qui n’a que peu ou pas d ’effet sur le retour de la fertilité. La deuxième forme de planning familial naturel est basée sur l’abstinence périodique. Le couple note les signes corporels (température, glaire cervicale, etc.) des périodes de fertilité et d ’infertilité de la femme et s’abstient pendant la période de fertilité s’il pense avoir des raisons suffisamment sérieuses pour éviter une grossesse.
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Le défi de la pureté
par la contraception, combien sont détruites sans pitié par l’avortement! Le caractère généralisé de l’avortement est si grand dans notre société qu’il rend en comparaison presque banal le massacre des Innocents par Hérode. L’avortement est un meurtre, il n’y a aucune exception. S’il y en avait, le message des évangiles serait inconséquent et dénué de sens. Même l’Ancien Testament affirme clairement que Dieu déteste que l’on verse le sang innocent (Ps 6.16-17). L’avortement détruit la vie et se moque de Dieu, à l’image duquel tout bébé à naître est créé. Dans l’Ancien Testament, on trouve de nombreux passages parlant de la présence active de Dieu dans chaque vie humaine, même si elle est encore en train d’être formée dans l’utérus. Dans le chapitre 4 de la Genèse, au verset 1, après qu’Ève a conçu et donné naissance à Caïn, elle dit: « Avec l’aide de l’Éternel, j’ai formé un homme ». Elle ne dit pas: « avec l’aide d ’Adam », mais « avec l’aide de l’Éternel ». Au Psaume 139, nous lisons: Tu m’as fait ce que je suis, et tu m’as tissé dans le ventre de ma mère. Merci d’avoir fait de moi une créature aussi merveilleuse: tu fais des merveilles, et je le reconnais bien. Mon corps n’était pas caché à tes yeux quand, dans le secret, je fus façonné et tissé comme dans les profondeurs de la terre. Je n’étais encore qu’une masse informe, mais tu me voyais et, dans ton registre, se trouvaient déjà inscrits tous les jours que tu m’avais destinés alors qu’aucun d’eux n’existait encore (Ps 139.13-16).
Job s’exclame: « Celui qui m’a tissé dans le sein de ma mère, ne les a-t-il pas faits, eux, tout autant que moi? Oui,
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c’est le même Dieu qui nous a tous formés dans le sein maternel » (Jb 31.15; 10.8-12). Et Dieu dit au prophète Jérémie: « Avant de t’avoir formé dans le sein de ta mère, je t’ai choisi; et avant ta naissance, je t’ai consacré: je t’ai établi prophète pour les nations » (Jr 1.5). Nous lisons également dans le Nouveau Testament que les enfants à naître sont appelés par Dieu avant leur naissance (Ga 1.15) et que leurs dons uniques sont prophétisés alors qu’ils sont encore dans le ventre de leur mère. On trouve dans Luc peut-être l’un des plus merveilleux passages sur un enfant à naître: Au moment où Élisabeth entendit la salutation de Marie, elle sentit son enfant remuer en elle. Elle fut remplie du Saint-Esprit et s’écria d ’une voix forte: « Tu es bénie plus que toutes les femmes et l’enfant que tu portes est béni. Comment ai-je mérité l’honneur que la mère de mon Seigneur vienne me voir? Car, vois-tu, au moment même où je t’ai entendu me saluer, mon enfant a bondi de joie audedans de moi » (Lc 1.41-44).
Ici, un enfant à naître, Jean-Baptiste, le précurseur de Jésus, a bougé dans le ventre d’Élisabeth lorsqu’il a reconnu Jésus, qui n’avait été conçu qu’une ou deux semaines auparavant. Deux enfants à naître, l’un capable de répondre au Saint-Esprit, et l’autre – nul autre que le Christ lui-même – conçu par le Saint-Esprit (Mt 1.20-21). C’est certain, l’idée qu’une nouvelle petite vie vient au monde grâce à quelque chose de purement physique ou biologique, est complètement fausse. C’est Dieu qui agit en apportant la vie dans l’utérus (Ps 71.6). L’avortement détruit toujours cette action. C’est pourquoi la Didachè, la première instruction destinée aux nouveaux convertis (Ier siècle), ne laisse aucun doute à ce sujet: « Tu ne tueras point d ’enfants, par avortement ou
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après la naissance ». Et Clément d ’Alexandrie a même écrit que celles qui participent à un avortement « font avorter en même temps que le fœtus leurs sentiments humains » 39. Où est la clarté de l’Église aujourd ’hui? Même parmi ceux qui se disent chrétiens, la guerre de la cruauté et de la mort menée contre des enfants innocents encore à naître est devenue un fait, dont les horreurs épouvantables et les techniques brutales se cachent derrière le masque de la médecine et de la loi, ou sont même « justifiées » par toutes les circonstances imaginables.
Qui sommes-nous pour juger si une vie est désirable ou pas? Je sais qu’il est impopulaire de dire que l’avortement est un meurtre. Je sais que les gens vont dire que je suis en dehors de la réalité – et que même certains théologiens chrétiens ont pour le moins de l’indulgence pour l’avortement. Néanmoins, je crois que Dieu n’en montre jamais. Sa loi est la loi de l’amour. Elle est éternelle, elle ne se soucie pas des époques et des circonstances qui changent: « Tu ne tueras pas ». La vie humaine est sacrée, de la conception à la mort. Si nous le croyons réellement, nous ne pourrons jamais accepter l’avortement, sur quelque base que ce soit; même les arguments les plus persuasifs sur la qualité de vie ou une difformité physique sévère, ou un retard mental ne nous influenceront pas. Qui sommes-nous pour décider si une petite âme verra ou pas la lumière du jour? Dans le plan de Dieu, les personnes retardées physiquement ou mentalement peuvent être utilisées pour la gloire de Dieu (Jn 9.1-3). « Qui 39. La Didaché, II, 2 in Les Pères apostoliques, Paris, Cerf, coll. Foi vivante, 1990, p. 47; Clément d ’Alexandrie, Le Pédagogue, II, 10, 96, Paris, Cerf, SC 108, 1965, p. 185.
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a doté l’homme d’une bouche? Qui le rend muet ou sourd, voyant ou aveugle? N’est-ce pas moi, l’Éternel? » (Ex 4.11). Comment osons-nous juger qui est désirable et qui ne l’est pas? Les crimes du Troisième Reich – où les « bons » bébés, de type nordique, étaient élevés dans des nurseries spéciales, alors que les bébés, les enfants et les adultes retardés étaient envoyés dans les chambres à gaz, devraient être un avertissement suffisant. Comme l’écrit Dietrich Bonhoeffer : « La distinction entre la vie digne et indigne d’être vécue détruit tôt ou tard la vie elle-même »40. Même lorsque la vie d ’une femme enceinte est en danger, l’avortement n’est jamais la réponse. Aux yeux de Dieu, la vie d ’un enfant à naître et la vie de sa mère sont pareillement sacrées. Faire le mal « afin qu’il en sorte du bien », c’est s’approprier la souveraineté et la sagesse de Dieu (Rm 3.58). Dans des situations atroces comme celle-ci, le couple devrait se tourner vers les anciens de l’Église: L’un de vous passe-t-il par la souffrance? Qu’il prie. Un autre est-il dans la joie? Qu’il chante des cantiques. L’un de vous est-il malade? Qu’il appelle les responsables de l’Église, qui prieront pour lui, après lui avoir fait une onction d’huile au nom du Seigneur. La prière faite avec foi sauvera le malade et le Seigneur le relèvera. S’il a commis quelque péché, il lui sera pardonné (Jc 5.13-15).
Il y a une puissance immense et une protection admirable dans la prière d’une Église unie et la foi que la volonté de Dieu s’accomplira à la fois pour la vie de la mère et pour celle de l’enfant à naître. Au bout du compte – et je dis cela en tremblant – c’est ce qui importe.
40. Dietrich BONHOEFFER, Éthique, Genève, Labor et Fides, 1965, p. 131.
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Nous devons proposer d’autres solutions, pas une condamnation morale En tant que chrétiens, nous ne pouvons pas simplement exiger la fin des avortements, sans offrir une alternative positive. Eberhard Arnold écrit: Les philosophes moralistes peuvent exiger que la vie sexuelle soit purifiée en insistant sur la pureté avant et dans le mariage. Mais même les meilleurs d’entre eux sont hypocrites et injustes s’ils ne définissent pas clairement quel est le fondement réel pour de si hautes exigences. Même la destruction d ’une vie naissante […] demeure inattaquable lorsque les gens ne croient pas au royaume de Dieu. La culture soi-disant avancée de notre époque continuera à pratiquer ce massacre aussi longtemps que le désordre social et l’injustice perdureront. On ne peut combattre l’avortement tant que l’on permet à la vie privée et à la vie publique de rester ce qu’elles sont. Si nous voulons combattre la thésaurisation ainsi que la supercherie et l’injustice des distinctions sociales, nous devons combattre par des moyens pratiques en apportant la preuve que, non seulement une façon de vivre différente est possible, mais qu’elle existe réellement. Si nous ne le faisons pas, nous ne pouvons exiger ni la pureté dans le mariage, ni la fin de l’avortement; et nous ne pouvons pas souhaiter que même les meilleures familles soient bénies par les nombreux enfants voulus par la puissance créatrice de Dieu41.
Sur ce plan, l’Église a lamentablement échoué. Il y a tant de mères adolescentes confrontées quotidiennement à cette question, et qui cependant, ne reçoivent aucun conseil spirituel, aucun soutien émotionnel ou économique. Beaucoup ont le sentiment de n’avoir pas d ’autre choix que d ’avorter : elles ont été victimes d ’abus sexuels; ou elles ont peur de leur 41. Inner Land, op. cit., p. 155
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petit ami qui est violent; ou bien leurs parents ont fait pression sur elles, leur disant que si elles gardaient le bébé, elles ne pourraient pas revenir à la maison. En parlant à des groupes de femmes qui s’étaient faites avorter, l’auteur Frederica Mathewes-Green a découvert un consensus quasi unanime sur les raisons de ces avortements: dans pratiquement chaque cas, c’est à cause de relations humaines. Mais les femmes ne veulent pas avorter, écrit-elle, elles veulent un soutien et un espoir. J’ai découvert qu’une femme sera plus susceptible de choisir l’avortement pour protéger ou plaire aux personnes qui comptent pour elle. Elle découvre souvent trop tard qu’il y a quelqu’un d ’autre envers qui elle a des obligations: son enfant à naître. La douleur qui suit l’avortement vient de la conviction que, dans la crise, cette relation a été brisée de façon irrémédiable. Soutenir les femmes qui ont des grossesses imprévues signifie continuer ce que les centres de grossesse font: fournir un logement, une aide médicale, des vêtements, des conseils, etc. Mais nous devons également être attentifs à devenir un ami fidèle, l’aide la plus importante que nous puissions apporter est de faire tout ce que nous pouvons pour réparer les relations au sein du cercle familial42.
C’est pourquoi, lorsque nous nous élevons contre l’avortement, n’oublions pas que peu de péchés occasionnent autant de chagrin ou d’angoisse spirituelle. Aujourd ’hui, peu de femmes se voient offrir d ’autres solutions, et pratiquement aucune ne se voit proposer le chemin qui mène à Dieu, qui seul peut répondre à leur besoin. Une femme qui a avorté est très tourmentée dans sa conscience, et son isolement et sa peine continuelle ne peuvent être guéris qu’à la croix – en trouvant le Christ. Les chrétiens ont besoin de ressentir la 42. Frederica MATHEWES-GREEN, « Perspective », The Plough 56, printemps 1998, p. 33
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peine immense que tant de femmes portent en leur cœur pour les enfants qu’elles ont perdus. Qui parmi nous jettera la première pierre (Jn 8.7)? Malheur à nous si nous nous montrons froids avec une femme qui a avorté! Dieu aime l’enfant à naître d ’une manière toute particulière. Après tout, il a envoyé son fils unique Jésus, sur la terre, comme un bébé, dans le sein d ’une mère. Comme le souligne mère Teresa, même si une mère se retourne contre son enfant à naître, Dieu ne l’oubliera pas. Il a gravé chaque bébé dans la paume de sa main, et a un plan pour chaque vie, non seulement sur terre, mais pour l’éternité. À ceux qui sont assez désespérés pour contrecarrer le plan de Dieu, nous disons avec mère Teresa: « S’il vous plaît, ne tuez pas l’enfant. Donnez-moi le bébé. »
CHAPITRE
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Que penser du divorce et du remariage?
Celui qui divorce d’avec sa femme et se remarie commet un adultère, et celui qui épouse une femme divorcée d’avec son mari commet un adultère. Luc 16.18
La question du divorce et du remariage est sans doute le sujet le plus ardu auquel l’Église ait à faire face de nos jours. Il est de plus en plus difficile de trouver des couples qui prennent ces paroles au sérieux: « Que l’homme ne sépare donc pas ce que Dieu a uni » – des couples qui croient que se marier signifie pour l’homme et la femme être fidèle l’un envers l’autre jusqu’à ce que la mort les sépare (Mt 19.6).
Un mariage peut se briser, mais il ne peut jamais être dissous La majorité des chrétiens aujourd’hui croit que le divorce et le remariage sont permis, d ’un point de vue moral et biblique. Ils avancent que, bien que Dieu déteste le divorce, il le permette comme concession à notre condition de pécheurs. À cause de la dureté de nos cœurs, disent-ils, les mariages
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peuvent « mourir » ou se dissoudre. En d ’autres termes, Dieu reconnaît notre faiblesse et accepte le fait que, dans un monde perdu, on ne puisse pas toujours atteindre l’idéal. Grâce au pardon de Dieu, on peut toujours redémarrer, même si c’est au sein d’un nouveau mariage. Mais qu’en est-il de l’alliance contractée par les deux personnes devant Dieu – que ce soit en connaissance de cause ou pas? Le pardon de Dieu signifie-t-il que nous puissions nier ce lien? Permet-il l’infidélité? Tout comme l’unité de l’Église est éternelle et immuable, de même, un mariage authentique reflète cette unité et est indissoluble. Comme les premiers chrétiens, je crois que, tant que les deux partenaires sont vivants, il ne peut y avoir remariage après un divorce. Ce que Dieu a uni dans l’unité de l’Esprit est uni jusqu’à ce que la mort sépare le couple. L’infidélité, qu’elle provienne de l’un ou des deux partenaires, ne change pas ce fait. Aucun chrétien n’est libre d ’épouser quelqu’un d’autre tant que son conjoint est vivant. Le lien de l’unité est en jeu. Jésus dit clairement que c’est à cause de la dureté du cœur que Moïse, sous la loi, a autorisé le divorce (Mt 19.8). Néanmoins, parmi ses disciples – ceux nés de l’Esprit – la dureté de cœur n’est plus une excuse valable. Moïse dit: « Quiconque divorce de sa femme, qu’il lui donne un certificat de divorce. » Mais Jésus dit: « Celui qui divorce d ’avec sa femme – sauf en cas d ’immoralité sexuelle – l’expose à devenir adultère, et celui qui épouse une femme divorcée commet lui-même un adultère » (Mt 5.31-32). Les disciples comprirent clairement ces paroles importantes de Jésus: « Si telle est la situation de l’homme par rapport à la femme, il n’est pas intéressant pour lui de se marier » (Mt 19.10). Moïse a donné la permission de divorcer par pure nécessité, mais cela ne change pas vraiment le fait que, dès le début, le mariage était conçu pour être indissoluble. Un mariage ne peut être dissous (même s’il est brisé), ni par le mari qui abandonne sa
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femme adultère, ni par la femme qui abandonne son mari adultère. L’ordre de Dieu ne peut aussi facilement ou aussi légèrement être aboli43. Paul écrit aux Corinthiens avec la même clarté: Quant aux couples chrétiens, voici ce que j’ordonne, ou plutôt ce que le Seigneur lui-même leur commande: Que la femme ne se sépare pas de son mari. Au cas où elle en serait séparée, qu’elle reste sans se remarier ou qu’elle se réconcilie avec son mari. Le mari, de son côté, ne doit pas quitter sa femme (1 Co 7.10-11).
Il écrit également: « Une femme demeure liée à son mari aussi longtemps qu’il vit; mais si le mari vient à mourir, elle est libre de se remarier avec qui elle veut, à condition, bien entendu, que ce soit avec un chrétien » (1 Co 7.39). Et dans l’épître aux Romains, il dit: « Donc si, du vivant de son mari, elle appartient à un autre homme, elle sera considérée comme adultère » (Rm 7.3). Parce que l’adultère est la trahison de l’union mystérieuse entre un homme et une femme qui deviennent une seule chair, c’est l’une des pires formes de tromperie. L’Église doit toujours affronter l’adultère carrément en face et appeler la personne adultère à la repentance et à la discipline (1 Co 5.1-5).
43. Si le divorce et le remariage ne sont jamais justifiés, pourquoi alors Jésus permet-il à l’infidélité conjugale de constituer une exception (Mt 5.32; 19.9)? Sans entrer dans les détails, nous pouvons dire deux choses. D’abord, du temps de Jésus, la loi juive exigeait du mari qu’il divorce de sa femme adultère (voir Mt 1.19). Ensuite, dans Matthieu 5.32, Jésus affirme qu’un homme qui divorce de sa femme infidèle (ce que la loi lui demande de faire) n’est pas responsable, ce faisant, de son adultère à elle. Dans n’importe quel autre cas de divorce, cependant, c’est lui le coupable d ’adultère. Ceci ne signifie pas que le divorce soit justifiable ou requis. C’est pourquoi en Matthieu 19.9, l’exception de l’infidélité conjugale doit être comprise comme ne s’appliquant qu’au divorce, et pas au remariage.
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La réponse à une relation brisée réside dans la fidélité et l’amour Même si Jésus permet le divorce pour des raisons de fornication ou d ’adultère, il ne devrait jamais être une conséquence inévitable, ou une excuse pour se remarier. L’amour de Jésus réconcilie et pardonne. Ceux qui cherchent à divorcer auront toujours la conscience entachée d ’amertume. Aussi grande que soit la douleur émotionnelle causée par le partenaire infidèle, le conjoint blessé doit être prêt à pardonner. C’est seulement si nous pardonnons que nous pouvons espérer recevoir nous-mêmes le pardon de Dieu (Mt 6.1415). Un amour fidèle, envers notre conjoint, mais particulièrement envers le Christ, est la seule réponse à une relation brisée. Kent et Amy, qui exercent maintenant un même ministère dans une Église du Colorado, ont un jour divorcé. Leur situation était aussi désespérée qu’un mariage peut l’être. Cependant, et parce qu’ils ont gardé la porte ouverte au Christ, ils se sont retrouvés. Kent raconte: Depuis le premier jour, notre mariage avait d ’énormes problèmes et pendant trois ans, nous étions pris dans une spirale descendante de confusion totale. Je pensais que le mariage c’était seulement habiter avec sa femme et faire des choses amusantes ensemble. Je n’avais aucune idée du travail difficile que cela impliquait. Au fil du temps je suis devenu quelqu’un de vide, et j’ai même parfois méprisé la vie. J’essayais de faire toutes les choses « spirituelles » que j’étais supposé faire: lire la Bible, prier et parler avec les autres. Mais tout semblait si futile. Amy et moi venions de milieux totalement opposés et, en dépit de tous nos efforts, nous n’arrivions pas à communiquer. La douleur est devenue si grande que nous avons décidé de nous séparer et d ’entamer une procédure de divorce. C’était absolument contraire à la façon dont j’avais été élevé
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à l’Église, mais je me sentais pris au piège, sans espoir, et je devais en sortir. Cependant, même après avoir décidé de divorcer, la douleur persistait. Je devins si épuisé émotionnellement que certains matins, je n’arrivais même pas à boutonner ma chemise. Incapable de faire face, j’ai démissionné de mon poste de pasteur. Pendant tout ce temps, Amy était complètement anéantie. Je savais qu’elle voulait que les choses soient différentes, mais tout était trop accablant pour moi. Malgré notre engagement envers le Christ, et l’un envers l’autre, nous étions tous deux complètement perdus. Pour faire face à ma peine, je me suis remis au travail. Je savais que j’allais m’attirer des ennuis pour longtemps si je me permettais d ’être oisif, ou de m’impliquer dans une autre relation. Alors j’ai travaillé, et travaillé – et travaillé encore. Inconsciemment, je pense que Amy et moi essayions de faire confiance à Dieu, mais chaque jour, je me jurais de ne jamais revenir avec elle. À chaque fois que nous avons essayé de clarifier les choses, cela s’est terminé en pugilat. C’était sans espoir. C’en était arrivé à un point tel que je ne pouvais même plus me tourner vers Dieu. Tout devenait si fade, si mort. Qu’est-ce que tout cela pouvait bien faire? Après tout, pourquoi est-ce que je travaillais si dur? Qui essayais-je de tromper? Pourquoi essayer de faire la volonté de Dieu si rien de bon n’en ressortait? Mais une nuit – il était tard – en sortant du travail, la lune et les étoiles attirèrent mon attention. Quelque chose me serra le cœur et je sentis à nouveau la majesté et la grâce de Dieu. En quelques secondes, j’étais en larmes. Dans ma souffrance et mon désespoir, j’ai commencé à sentir, pour la première fois peut-être, à la fois mon véritable besoin et l’amour inconditionnel de Dieu. Bien que j’eusse été infidèle à mes promesses envers lui et envers ma femme, Dieu m’assurait qu’il m’était toujours fidèle et qu’il ne m’avait pas abandonné. Cette nuit fut vraiment un tournant pour moi. Par le miracle de la grâce de Dieu, quelque chose en moi commença à changer.
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J’aimerais pouvoir dire qu’il y a eu beaucoup d’événements miraculeux qui ont contribué à nous réunir, Amy et moi. Mais ce ne fut pas le cas. Pour nous retrouver, il a fallu beaucoup travailler et ce fut difficile. Il n’y a pas eu de retrouvailles instantanées; cela a pris deux ans. Nous avons dû beaucoup parler et beaucoup pardonner. Mais par ces échanges, une grande part de la souffrance et des émotions que nous éprouvions auparavant s’est envolée. À la fin, c’est Dieu qui nous a sauvés. C’est lui qui nous a aidés à laisser la porte ouverte, pour lui, et l’un pour l’autre – malgré nous. C’est lui qui nous a épargné ce mensonge consistant à croire que l’on résout mieux ses problèmes en s’impliquant avec quelqu’un d ’autre, quelqu’un qui vous convient mieux. Notre mariage passe toujours par des moments difficiles. Peut-être cela sera-t-il toujours le cas. Nous sommes toujours très différents l’un de l’autre. Et si je pense trop à mes faiblesses ou à celles d’Amy, il est tentant de chercher un moyen de s’en sortir. Mais la fidélité de Dieu nous réunit et préserve notre amour mutuel. Et c’est cette fidélité qui me permet de rester concentré et de tenir mes engagements.
Bien sûr, chaque bataille conjugale ne se termine pas de façon aussi heureuse. À plusieurs reprises, dans nos communautés du Bruderhof, un partenaire marié est devenu infidèle, nous a quittés, et a divorcé par la suite de son conjoint pour en épouser un autre. Presque à chaque fois, le partenaire délaissé a décidé de rester dans l’Église, et de rester fidèle à ses vœux d ’appartenance à la communauté ainsi qu’à ceux de son mariage. Bien que ce choix soit naturellement douloureux, et deux fois plus lorsqu’il y a des enfants, cela fait partie du coût du discipulat. Si nous croyons en Dieu, il nous donnera la force de tenir bon. Voici ce que nous demandons au couple lors de chaque mariage dans nos communautés: Mon frère, vous promettez de ne jamais suivre votre femme – et ma sœur, vous promettez de ne jamais suivre
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votre mari – dans ce qui est mal? Si l’un de vous devait se détourner de Jésus et voulait abandonner l’Église, placeriezvous toujours la foi dans notre Maître, Jésus de Nazareth, et l’unité dans le Saint-Esprit au-dessus de votre mariage, quand bien même vous devriez faire face aux autorités gouvernementales? Je vous le demande car vous savez qu’un mariage est bâti sur le sable s’il n’est pas bâti sur le rocher de la foi, la foi en Jésus, le Christ.
Bien que certains puissent trouver cette question impitoyable, elle recèle une profonde sagesse. D’une certaine façon, nous la posons pour rappeler simplement à chacun le choix que doivent faire tous ceux qui se disent disciples: sommes-nous prêts à suivre Jésus, quel qu’en soit le prix? Ne nous a-t-il pas lui-même avertis: « Si quelqu’un vient à moi et n’est pas prêt à renoncer à son père, sa mère, sa femme, ses enfants, ses frères, ses sœurs, et même à son propre moi, il ne peut être mon disciple » (Lc 14.26)? Si un couple prend cet avertissement au sérieux, cela peut occasionner une séparation, mais la sainteté de leur lien conjugal sera protégée. Ce qui est en jeu ici, ce n’est pas seulement le mariage en tant que tel, mais l’unité plus profonde de deux personnes unies en Christ et en l’Esprit saint (1 Co 7.15-16). Tant qu’un homme ou une femme demeure loyal(e) envers son ou sa partenaire – quelque infidèle que puisse être ce partenaire – il témoigne de cette unité. La fidélité éternelle de Dieu et de son Église peut toujours engendrer un nouvel engagement et un nouvel espoir. Nous en avons fait l’expérience plus d ’une fois: la fidélité du partenaire croyant peut ramener le non-croyant vers Jésus, vers l’Église et vers le mariage. Ann et son mari Howard (dont l’histoire est racontée au chapitre 16) en sont un exemple. Même lorsqu’Howard est retombé dans le péché, l’engagement d ’Ann envers le Christ
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et l’Église n’a jamais faibli. Cependant, bien qu’elle refusât de participer à la faute d ’Howard, elle ne l’a jamais jugé. Au contraire, elle l’a mené tranquillement dans son combat pour la repentance et un nouveau départ. Une des grandes conséquences de la ténacité d ’Ann, fut non seulement le rétablissement de leur mariage, mais aussi celui de la foi d’Howard.
La fidélité véritable n’est pas simplement l’absence d’adultère Bien que Dieu déteste le divorce, il jugera également tous les mariages morts ou sans amour, et ceci devrait être un avertissement pour chacun de nous. Combien parmi nous se sont montrés froids envers leur conjoint à un moment ou à un autre? Combien de centaines de couples, au lieu de s’aimer, ne font que coexister? La véritable fidélité n’est pas simplement l’absence d ’adultère. Elle doit être un engagement du cœur et de l’âme. Chaque fois qu’un mari et une femme ne s’engagent pas assez l’un envers l’autre, vivent des vies parallèles ou se brouillent, la séparation ou le divorce ne sont pas loin. C’est le rôle de toute Église de combattre l’esprit d’adultère, partout où il dresse la tête. Ici, je ne parle pas uniquement de l’adultère en tant qu’acte physique; d ’une certaine façon, tout ce qui, dans le mariage, affaiblit l’amour, l’unité et la pureté, ou détruit le respect mutuel, est adultère, parce que cela nourrit l’esprit d’adultère. C’est la raison pour laquelle Dieu nomme l’infidélité du peuple d ’Israël adultère (Ml 2.10-16). Dans l’Ancien Testament, les prophètes utilisent la fidélité dans le mariage comme image de l’engagement de Dieu envers Israël, son peuple élu – son épouse (Os 3.1). De la même façon, l’apôtre Paul compare le mariage à la relation qui unit Christ le marié, à son Église, l’épouse. C’est seule-
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ment dans l’esprit de ces images bibliques que nous pouvons considérer clairement la question du divorce et du remariage. Quand une Église ne fait rien pour nourrir les mariages de ses membres, comment peut-elle proclamer son innocence lorsque ces mariages se désintègrent? Lorsqu’elle ne témoigne pas que « ce que Dieu a uni; nul ne devrait le séparer », comment peut-elle espérer voir ses couples mariés rester unis pour la vie? En abordant ces questions, nous devons éviter deux pièges. Premièrement, nous ne pouvons jamais approuver le divorce; deuxièmement, nous ne devons jamais traiter ceux qui en souffrent, qui sont dans le besoin et la peine, avec rigidité ou légalisme. Tout en rejetant le divorce, nous ne pouvons pas rejeter la personne divorcée, même si elle est remariée. Nous devons toujours nous rappeler que, bien que Jésus ait parlé très durement contre le péché, il n’a jamais manqué de compassion. Mais, parce qu’il espère ardemment apporter à tout pécheur la rédemption et la guérison, il exige que nous nous repentions de chaque péché. Ceci est vrai également pour chaque mariage brisé. C’est clair, nous ne devons jamais juger. Néanmoins, dans le même temps, nous devons être fidèles au Christ par-dessus tout. Nous devons faire nôtre toute sa vérité, et pas seulement les parties qui semblent répondre à nos besoins (Mt 23.23-24). Dans notre communauté, aucun membre baptisé ne peut par conséquent divorcer ou se remarier si l’un des précédents conjoints est toujours vivant, de même, aucun couple divorcé ou remarié ne peut devenir membre à part entière tout en continuant à vivre maritalement. Le remariage aggrave le péché du divorce et exclut la possibilité de réconciliation avec le premier conjoint. Nous sommes pour une fidélité de toute la vie dans le mariage. Aucune autre position n’est compatible avec l’amour véritable et la confiance.
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Le sens de l’engagement du mariage a besoin d ’être redécouvert. Nous commençons seulement à faire face au mal que le divorce cause à nos enfants. Pour eux, sans parler des adultes, le divorce est quelque chose dont on ne « se remet » pas facilement. Des études récentes montrent que la majorité des enfants dont les parents ont divorcé sont des enfants soucieux, qui n’obtiennent pas des résultats scolaires conformes à leurs possibilités et qui se dévalorisent. Même dix ans après la séparation des parents, ils souffrent encore d ’importants problèmes émotionnels comme la peur et la dépression, et manifestent un comportement antisocial. Les familles recomposées n’apportent pas de réponse. La structure originelle de la famille ne peut être recréée bien que certains essayent de l’imiter. En fait, les enfants qui vivent avec des beaux-parents montrent souvent plus d ’insécurité que ceux vivant avec un seul de leurs parents44. Une génération d ’enfants est en train de grandir sans parents qui jouent vraiment leur rôle de modèle – et beaucoup d ’enfants n’ont tout simplement pas de vrais parents. Même si beaucoup de jeunes gens d’aujourd ’hui sont bien intentionnés, où peuvent-ils trouver un soutien quand il est temps pour eux de se marier et de fonder une famille?
Avec Dieu, tout est possible Naturellement, si l’on veut éviter les divorces, l’Église doit offrir à ses membres direction et soutien pratique bien avant que leurs mariages ne s’effondrent (He 10.24; 12.15). Même s’il n’existe que de légers signes qu’un mariage soit en danger, il vaut mieux être honnête et ouvert à ce propos. Quand
44. Pour un compte-rendu détaillé de la façon dont le divorce affecte les enfants, voir le chapitre 5 de Why Marriage Matters. Reasons to Believe in Marriage in Post Modern Society par Glenn T. STANTON, Colorado Springs, Pinon Press, 1997.
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des conjoints deviennent peu à peu des étrangers l’un pour l’autre, cela peut leur demander du temps et de l’espace pour que chacun retrouve le cœur de l’autre. Dans une telle situation, comme dans celle où l’un des partenaires a maltraité l’autre, une séparation temporaire peut être nécessaire. Lorsque c’est le cas, l’Église doit trouver des moyens concrets d ’aider les deux partenaires – d ’abord à chercher la repentance, puis à retrouver la confiance mutuelle et le pardon nécessaires à la restauration du mariage. Il est triste de constater que, dans la société d’aujourd ’hui, la fidélité est devenue si rare qu’on la considère comme une vertu « héroïque ». Ne devrait-on pas la considérer comme normale en tant que fondement de notre foi (Ga 5.22)? En tant que disciples du Christ, ne devrions-nous pas tous être décidés à tenir bon contre vents et marées, jusqu’à la mort, avec le Christ, avec l’Église et avec notre mari ou notre femme? Ce n’est qu’en prenant cette résolution que nous pouvons espérer rester fidèles à nos vœux de mariage. Le chemin du disciple est étroit, mais à cause de la croix, quiconque entend les paroles de Jésus peut les mettre en pratique (Mt 5.24). Si l’enseignement de Jésus sur le divorce et le remariage est dur, c’est seulement parce que beaucoup de nos jours ne croient plus à la puissance de la repentance et du pardon. C’est parce que nous ne croyons plus que ce que Dieu a uni peut, par sa grâce, rester uni, et que, comme le dit Jésus, « tout est possible à Dieu ». Rien ne devrait nous être trop difficile, si c’est une exigence de l’Évangile (Mt 11.28-30). Si nous considérons l’enseignement de Jésus sur le divorce et le remariage avec cette foi, nous verrons qu’il comporte une immense promesse, un réel espoir et une vraie force. C’est un enseignement dont la justice est bien plus grande que celle des moralistes et des philosophes. C’est la justice du royaume et elle est basée sur la réalité de la résurrection et de la vie nouvelle.
CHAPITRE
19
Veillons donc
La nuit tire à sa fin, le jour va se lever. Débarrassonsnous de tout ce qui se fait dans les ténèbres, et revêtonsnous de l’armure de la lumière. Vivons correctement, comme il convient en plein jour, sans orgies ni beuveries, sans débauche ni immoralité, sans querelle ni jalousie. Revêtez-vous du Seigneur Jésus-Christ et ne vous préoccupez pas de satisfaire les désirs de l’homme livré à lui-même. Romains 13.12-14
Malgré l’impudicité et la promiscuité sexuelle de notre temps, nous croyons que la pureté et l’amour fidèle sont toujours possibles aujourd’hui. Même si les Églises établies ont négligé de proclamer que le bonheur sexuel n’est possible que dans le cadre de l’engagement du mariage, nous restons convaincus de cela. Il ne fait aucun doute qu’aujourd ’hui beaucoup aspirent profondément à la pureté et à la fidélité. Mais le désirer ardemment n’est pas suffisant. Ce n’est que si nous acceptons de suivre et d’obéir à la direction du SaintEsprit, quoi qu’il en coûte, que nous pourrons connaître ces grandes bénédictions dans notre vie quotidienne. Croyonsnous assez profondément dans la puissance de l’Esprit?
Veillons donc
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Acceptons-nous de laisser Dieu transformer notre cœur de façon si totale que nos vies en sont bouleversées (Rm 12.2)?
Le combat pour la pureté exige une résolution quotidienne Nous connaissons tous la tentation et nous y avons tous succombé. Nous avons tous échoué à un moment ou à un autre – dans nos relations au travail et à la maison, dans notre mariage et notre vie personnelle. Plus tôt nous y ferons face, mieux ce sera. Nous pouvons cependant trouver du réconfort, même si nous passons par des hauts et des bas, même si nos moments de victoire sont suivis par des moments de doute. Même Jésus fut tenté et il le fut de la même façon que nous (He 4.15). Avec son aide, nous pouvons trouver la pureté qui nous protège de chaque tentation. Jacques dit: « Heureux l’homme qui tient ferme face à la tentation » (Jc 1.12). Ce qui importe ici, c’est ce que nous voulons au plus profond de notre cœur – cette volonté qui parle en nous, chaque fois que nous nous tournons vers Dieu dans la prière. Lorsque nous luttons pour être fidèles, il est de la plus grande importance que toute notre volonté soit déterminée dans cette recherche de la pureté. Un cœur divisé ne sera jamais capable de tenir bon (Jc 1.6-7). Mais la volonté seule ne suffit pas à procurer la constance dans la résolution. Si nous vivons dans une frénésie intérieure, même si nous arrivons à garder la tête hors de l’eau, nous serons vite épuisés et coulerons. Ce n’est que si nous nous en remettons à Jésus que le pouvoir de sa grâce pourra nous remplir et nous donner de nouvelles forces et une nouvelle détermination. En luttant contre l’esprit de notre temps, nous devons lutter non seulement contre les péchés manifestes de fornication, tromperie, meurtre, etc., mais aussi contre l’apathie et la peur. Presque personne ne dira qu’il est contre la fidélité et
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Le défi de la pureté
l’amour, ou opposé à la justice et à la paix, mais combien parmi nous sont prêts à lutter pour ces choses en paroles et en actes? L’esprit de ce temps nous a engourdis d ’une telle complaisance mortelle que nous nous contentons la plupart du temps de détourner les yeux. Mais si nous ne nous élevons pas par notre façon de vivre contre le mal qui sévit de nos jours, nous sommes tout aussi coupables que ceux qui pèchent délibérément. Nous devons tous changer, et commencer par lutter contre l’indifférence dans notre propre vie. Il y a moins d ’un demi-siècle, la plupart des gens reconnaissaient que les relations sexuelles pré-maritales, le divorce, l’homosexualité active et d’autres pratiques de ce genre étaient mauvais du point de vue moral. Mais aujourd ’hui on considère ces choses comme des choix de vie acceptables. Et il est triste de constater que de nombreuses Églises adoptent cette position également. De plus en plus de personnes s’accordent maintenant à considérer la zoophilie (les relations sexuelles avec des animaux), la pédophilie (les relations sexuelles avec les enfants) et le sado-masochisme comme des moyens « d’expression sexuelle ». Il y a seulement quelques dizaines d’années, on ne parlait pas de transsexualité – le fait de changer de sexe grâce à une intervention chirurgicale. Aujourd’hui cette pratique prend de l’ampleur dans le monde occidental. Rien que le coût énorme de ces interventions est un crime contre l’humanité lorsque l’on pense à la faim et à la pauvreté qui sévissent dans le tiers-monde et dans certains de nos quartiers. Aussi effrayantes que soient ces tendances, les parents ne doivent pas avoir peur d ’avertir leurs enfants des horreurs de ces perversions. Car, même si Jésus a dit que tout péché peut être pardonné, mon expérience de conseiller m’a montré que ceux qui s’engagent dans de telles pratiques peuvent blesser leur âme de façon définitive.
Veillons donc
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Que doit penser Dieu de l’impudicité de notre temps? Dans les Frères Karamazov, Dostoïevski nous rappelle que « s’il n’y a pas d ’immortalité de l’âme, il n’y a pas de vertu et tout est permis »45. Ne voyons-nous pas maintenant ce « tout »? Quand allons-nous nous arrêter et prendre conscience de l’horrible esprit de rébellion derrière notre état de pécheurs, et nous souvenir des avertissements de Dieu concernant sa colère sur les pécheurs qui se manifestera dans les derniers temps? Rappelons-nous les paroles de Paul: « On récolte ce que l’on a semé » (Ga 6.7). Demandons à Dieu de nous juger selon sa grâce, avant qu’il ne soit trop tard. Demandons-lui de réveiller nos consciences engourdies, de nous purifier et de nous donner une vie nouvelle. Aujourd ’hui, nous avons désespérément besoin de personnes comme Jean-Baptiste. Mais où sont-elles? Où sont « les voix dans le désert » appelant à la repentance, la conversion, la foi et la vie nouvelle? Le message de Jean était simple: « Repentez-vous, car le royaume des cieux est proche » (Mt 3.2, BC). Il n’avait pas peur d ’affronter tout un chacun, y compris les dirigeants de son temps. Il a même tenu tête au roi Hérode à propos de son mariage adultérin, lui disant: « Tu n’as pas le droit de la prendre pour femme » (Mt 14.34). Peut-être plus significatif encore, il a demandé des comptes aux dévots et aux religieux, les gens « bien »: « Espèces de vipères! Qui vous a enseigné à fuir la colère de Dieu qui va se manifester? Montrez plutôt par vos actes que vous avez changé de vie » (Mt 3.7-8).
45. F.M. Dostoïevski, Les Frères Karamazov, Paris, Garnier Frères, trad. Kyra Sanine, 1969, p. 109 (Ire partie, livre II, chap. VII; cf. Ire partie, livre II, chap. VI, p. 91).
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Le défi de la pureté
Dans la lutte pour le royaume de Dieu, les bonnes actions ne suffisent pas Dans l’évangile selon Matthieu, Jésus dit à ses disciples: « La moisson est abondante, mais les ouvriers sont peu nombreux! » (Mt 9.37). Ô combien c’est encore plus vrai aujourd ’hui! Tant de personnes attendent impatiemment la liberté du Christ, mais restent asservies à leurs péchés. Si peu osent prendre des risques. La tâche est immense. La plupart d’entre nous ont de bonnes intentions. Nous désirons honnêtement faire de bonnes actions. Mais cela ne suffit pas. Nous ne devons pas oublier que le combat pour le royaume de Dieu n’est pas seulement contre la nature humaine: nous avons affaire à quelque chose de bien plus puissant, aux pouvoirs et aux principautés (Ep 6.12), et à l’esprit démoniaque et destructeur que Jean appelle « la bête qui monte de l’abîme » (Ap 11.7). Cette bête tient sous sa domination tous les pays et les gouvernements, et on observe sa marque partout de nos jours: dans la disparition d ’amitiés et de communautés durables, dans l’oppression des pauvres et dans l’exploitation des femmes et des enfants. On la voit à l’œuvre dans le massacre des enfants à naître et dans l’exécution des prisonniers. On la voit surtout dans le fait que des millions de gens sont désespérément seuls. Nous vivons à la fin des temps. C’est la dernière heure (1 Jn 2.18). Nous devons être constamment attentifs si nous ne voulons pas tomber sous le jugement à la dernière heure de tentation. Nous devons trouver la force intérieure et le courage de prendre la parole pour Dieu et sa cause, même si personne ne semble vouloir nous écouter. La parabole des dix vierges, racontée par Jésus, devrait être pour nous tous un avertissement et un défi. Jésus, dans cette parabole, ne parle pas du monde perdu d ’un côté, et de
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l’Église de l’autre: dans l’histoire, les dix femmes sont vierges et toutes se préparent à rencontrer Jésus. Il met l’Église au défi: Ce jour-là, il en sera du royaume des cieux comme de dix jeunes filles qui prirent leurs lampes et s’en allèrent à la rencontre du marié. Cinq d ’entre elles étaient insensées, les cinq autres étaient avisées: les jeunes filles insensées prirent leurs lampes sans penser à emporter de réserve d ’huile, mais celles qui étaient avisées prirent, avec leurs lampes, des flacons contenant de l’huile. Comme le marié se faisait attendre, elles s’assoupirent toutes et finirent par céder au sommeil. À minuit, un cri retentit: « Voici l’époux! Allez à sa rencontre! » Toutes les jeunes filles se levèrent et préparèrent leurs lampes. Alors les jeunes filles insensées s’adressèrent à celles qui étaient avisées: « Donnez-nous de votre huile, car nos lampes sont en train de s’éteindre. » Mais celles-ci leur répondirent: « Non! Il n’y en aurait jamais assez pour nous et pour vous. Courez plutôt vous en acheter chez le marchand. » Elles partirent en chercher. Pendant ce temps, le marié arriva: celles qui étaient prêtes entrèrent avec lui dans la salle de noces, et l’on ferma la porte. Plus tard, les autres jeunes filles arrivèrent à leur tour ; mais elles eurent beau crier : « Seigneur, Seigneur, ouvrenous! » Il leur répondit: « Vraiment, je vous l’assure: je ne sais pas qui vous êtes. » C’est pourquoi, ajouta Jésus, tenez-vous en éveil, car vous ne savez ni le jour, ni l’heure de ma venue (Mt 25.113).
Sommes-nous prêts à faire la preuve qu’une voie nouvelle existe? Nous ne pouvons pas simplement fuir face au défi du péché. Au contraire, nous devons vivre en affrontant active-
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Le défi de la pureté
ment tout ce qui s’oppose à Dieu. Nous devons combattre ouvertement tout ce qui dévalorise ou détruit la vie, tout ce qui conduit à la séparation et à la division. Mais nous devons aussi reconnaître que la seule protestation, qui conduit souvent à la violence, ne suffit pas. Renoncer simplement au monde, rejeter le mariage ou refuser tout plaisir serait stérile. Nous devons faire la preuve qu’une nouvelle voie existe et montrer au monde une nouvelle réalité, celle de la justice et de la sainteté de Dieu, contraire à l’esprit de ce monde. Nous devons montrer par notre exemple qu’il est possible aux hommes et aux femmes de vivre dans la pureté, la paix, l’unité et l’amour partout où ils consacrent leurs énergies à œuvrer pour le bien commun; et pas seulement en créant une communauté spirituelle, mais en pratiquant une vie de partage. Par-dessus tout, nous devons témoigner de la puissance de l’amour. Chacun de nous peut consacrer sa vie aux autres dans un service d’amour. C’est la volonté de Dieu pour l’humanité (Jn 13.34-35). Pour montrer quelle est la volonté de Dieu, l’Église doit entreprendre des démarches concrètes pour constituer une véritable contre-culture sexuelle. Ceci exige un effort d ’engagement. Les programmes de chasteté ne suffisent pas. Les mariages et les familles continueront à voler en éclats si l’Église ne pratique pas une vie communautaire sur des bases totalement différentes. Les familles chrétiennes, avec leurs responsables religieux, doivent s’engager à vivre leur vie sociale et personnelle en contraste avec celles du monde. Si nos relations les uns avec les autres ne diffèrent pas de celles du monde, nous n’aurons pas grand chose à dire ni beaucoup de raisons de protester. Si nous voulons être sérieux dans la recherche de la pureté, dans ce monde, alors nous avons besoin de nous tenir, en tant que frères et sœurs, pour responsables les uns des autres. Ceci s’applique à la vie de tous les jours: la façon dont nous nous habillons et notre appa-
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rence, ce que nous laissons entrer dans nos foyers, ainsi que la façon dont nous-mêmes et nos enfants nous nous comportons avec le sexe opposé. Le témoignage visible d ’une telle communauté sera beaucoup plus efficace pour convaincre notre société qu’un million de brochures sur l’abstinence. Les idéaux chrétiens peuvent être expliqués, mais les principes moraux ne sont jamais suffisants. Ce n’est que lorsque le monde aura la preuve vivante qu’une vie sexuelle vécue sous le regard du Christ est possible – une vie où la vraie liberté va de pair avec le respect et la responsabilité – que les gens accepteront ces valeurs et ces normes. Cependant, partout où l’on vit en accord avec la volonté de Dieu, cela sera mal compris et sera considéré comme une provocation (1 P 4.4). Deux mille ans n’ont pas rendu le monde actuel plus tolérant envers le message de Jésus que celui de son temps. Ceux qui ne veulent pas accepter sa voie éprouveront toujours du ressentiment et seront même vindicatifs envers ceux qui en témoignent et une opposition sera inévitable (Jn 15.18-20). Mais si nous, qui prétendons suivre le Christ craignons de vivre selon ses commandements par peur de la persécution, qui le fera? Et si ce n’est pas à l’Église de révéler l’obscurité du monde à la lumière du Christ, de qui est-ce le rôle? Notre espérance est dans le royaume de Dieu à venir, dans le festin des noces de l’Agneau. Attendons fidèlement ce jour. Chaque parole que nous disons, chaque chose que nous faisons, devrait être inspirée et influencée par cette attente. Chaque relation, chaque mariage devrait en être le symbole. Jésus, l’Époux, compte sur une mariée prête et qui l’attend. Mais quand il viendra, serons-nous prêts? Serons-nous une Église « rayonnante de beauté, sans tache, ni ride » (Ep 5.27)? Ou bien aurons-nous toutes sortes d ’excuses (Lc 14.15-24)?
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Le défi de la pureté
N’ayons pas peur du ridicule et de la calomnie que notre témoignage pourrait nous apporter. C’est l’avenir de Dieu, l’avenir merveilleux de son royaume, qui devrait nous passionner et nous motiver, et non les « réalités » présentes de la société humaine. La dernière heure de l’histoire est entre les mains de Dieu, et chaque jour de nos vies devrait nous y préparer.
Le point de vue d’une lectrice
Vous avez fini de lire le Défi de la pureté. Et maintenant? La réponse dépend de la façon sérieuse ou pas dont vous relèverez le défi de prendre part à une « contre-culture sexuelle », une culture dans laquelle des relations saines ont une chance de se développer. Cela ne doit pas être théorique. Et comme l’illustre la lettre ci-dessous, il n’est pas nécessaire d ’avoir à lutter seul. Ensemble, nous pouvons faire passer ce message: une vie pure, une vie de liberté et de joie véritables peut être le lot de chacun d ’entre nous, à condition d ’être prêt à y travailler. Cher monsieur Arnold, J’ai découvert en vacances le Défi de la pureté, dans une librairie. Je n’avais jamais entendu parler de vous, ni de votre communauté auparavant, mais le titre du livre a retenu mon attention, et le nom de mère Teresa en couverture m’a convaincue de l’acheter. (Elle a eu une influence extrêmement forte dans ma vie.) Tout ce que je sais, c’est que je l’ai lu d ’un seul trait et qu’ensuite, j’ai appelé chacun de mes amis et leur ai dit: « Ce livre va changer ta vie ». Je sais que les livres affectent les gens de différentes manières, selon là où ils en sont dans le voyage de la vie. Je suis née et j’ai été élevée dans une famille profondément catholique et toute ma vie, j’ai pu témoigner du mariage stable, plein de paix et centré sur le Christ de mes parents. Ils
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Le défi de la pureté
nous ont rendu la vie heureuse, et même innocente, à nous leurs enfants. Dès que nous avons été assez grands pour le comprendre, mes parents nous ont enseigné à rejeter toute la culture de l’avortement et du contrôle des naissances, et à nous attacher à la vérité concernant ces questions relatives à la vie. Ils ont fait de leur mieux pour nous apprendre à vivre pour le Christ seul. Mais il se trouve qu’au moment où j’ai lu le Défi de la pureté, j’en étais au point où, de nouveau, j’avais besoin de réponses nettes, bien définies. Votre livre a sauvé ma vie – il a sauvé ma virginité, mes convictions intimes, et ma dignité. J’ai décidé une fois pour toutes que batailler pour garder ma chasteté ne serait plus un problème pour moi, que si j’aimais réellement Jésus, j’allais le lui prouver en m’engageant en faveur de la pureté. Je sais que nous aurons toujours à lutter en matière de désirs sexuels; je sais que la tentation ne cesse pas d ’entourer ceux qui s’efforcent de devenir saints. Mais j’avais seulement besoin de voir ces vérités de façon beaucoup plus claire: je ne suis pas obligée de m’engager dans des relations sexuelles difficiles. On peut arrêter les choses avant qu’elles n’aient vraiment commencé. Je l’ai toujours su, mais votre livre m’a confirmé une fois pour toutes que c’était vrai. J’ai alors distribué le Défi de la pureté à tous mes amis. Les lettres et les appels téléphoniques que j’ai reçus en retour ont été extraordinaires: « Ma vie est différente maintenant », ou, « cela a aidé mon mariage », et même, « j’en envoie tout de suite un exemplaire à ma mère et à mes beaux-parents ». Une fille l’a montré à son amie qui l’a lu de bout en bout et a dit: « Je dois aller me confesser ». Elle ne l’avait pas fait depuis neuf ans. J’ai montré ce livre à toutes sortes d ’amis – des catholiques, des baptistes, des épiscopaliens – et pu constater le pouvoir étonnant de ce livre à rassembler la communauté chrétienne. Quant à moi, je sais maintenant, plus fortement que jamais, que tout ce que je fais doit l’être pour Jésus. La lecture du Défi de la pureté, m’a montré que ma relation avec
Le point de vue d’une lectrice
193
mon ami devait se terminer. Je fus triste de le quitter, mais je crois que j’ai accompli pour lui un plus grand acte d ’amour en ne poursuivant pas notre relation qu’en l’entraînant, ou en le laissant m’entraîner, dans une situation de péché. Ce livre a aussi accru mon désir de lire la Bible. J’ai maintenant plus de respect et de révérence pour le miracle de la vie et la vie sexuelle que je n’en avais auparavant. C’est avec la plus profonde gratitude que je vous remercie pour ce don de rajeunissement que vous m’avez fait, ainsi qu’à beaucoup d ’autres. En Christ, M. B.
Index des rĂŠfĂŠrences bibliques
Ancien Testament Genèse Gn 1.26-28 Gn 2 Gn 2.7 Gn 2.15-23 Gn 2.18 Gn 2.21-23 Gn 2.24 Gn 2.44 Gn 3.1 Gn 3.4-5 Gn 3.7-19 Gn 4.1 Gn 4.8-10 Gn 9.4-7 Gn 9.6 Gn 19.1-29 Gn 38.9-10
19 22 21 203 26 26 32 244 39 39 42 164 28 199 20 151 241 89
Exode Ex 2.24 Ex 3.5 Ex 4.11 Ex 6.4-5
204 68 167 204
LĂŠvitique Lv 18.22-23 Lv 20.13
151 241 151 241
DeutĂŠronome Dt 4.31 204 Dt 7.8-9 204
Dt 24.1-4 Dt 31.1-8
245 204
1 Samuel 1 S 25.26-34
200
1 Rois 1 R 8.23-24 1 R 8.56-58
204 204
Esdras Esd 9-10
74
Job Jb 1.21 Jb 10.8-12 Jb 31.15
162 165 165
Psaumes Ps 6.16-17 Ps 7.14-16 Ps 8 Ps 22.10-12 Ps 24.1 Ps 24.3-4 Ps 51.10 Ps 71.6 Ps 89.1-8 Ps 94.14 Ps 119.89-91 Ps 132.11-12 Ps 139.13-16 Ps 139.13-17
164 25 199 160 213 215 215 165 204 204 204 204 164 99
250
Le dĂŠfi de la puretĂŠ
Proverbes Pr 5.1 Pr 22.6 Pr 22.15
145 113 104
Ésaïe Es 11.6 Es 40.6 Es 40.7 JÊrÊmie Jr 1.5 Jr 13.25-27
Jr 17.10 Jr 29.13
53 47
99 118 118
OsĂŠe Os 2.19-20 Os 2.21-22 Os 3.1 Os 8.7 Os 11.1-4
204 32 178 245 141 245
165 33
Malachie Ml 2.10-16 Ml 2.15
178 162
Nouveau Testament Matthieu Mt 1.19 Mt 1.20-21 Mt 3.2 Mt 3.7-8 Mt 4.1-11 Mt 4.10 Mt 5.8 Mt 5.24 Mt 5.27-30 Mt 5.31-32 Mt 5.32 Mt 6.10 Mt 6.14-15 Mt 6.24 Mt 6.28-33 Mt 6.33 Mt 7.7-8 Mt 9.37 Mt 11.28-30 Mt 14.1-12 Mt 14.3-4 Mt 15.16-20 Mt 15.19-20 Mt 18.4-6
173 165 185 185 208 45 60 181 65 205 172 245 173 213 174 245 120 213 74 120 163 186 181 247 185 60 238 103
Mt 18.10 Mt 19.4-6 Mt 19.6 Mt 19.6-9 Mt 19.8 Mt 19.8-9 Mt 19.9 Mt 19.10 Mt 19.10-12 Mt 19.21 Mt 22.1-14 Mt 23.23-24 Mt 23.25-28 Mt 25.1-13 Mt 28.18-20 Mt 28.20
103 244 171 33 172 245 245 173 172 128 76 248 179 58 187 83 52 204
Marc Mc 6.14-29 Mc 10.15
247 229
Luc Lc 1.5-17 Lc 1.38 Lc 1.41-44 Lc 3.4-18
247 83 165 247
Index des rĂŠfĂŠrences bibliques Lc 9.24 Lc 9.57-60 Lc 11.10 Lc 12.49 Lc 14.15-24 Lc 14.26 Lc 16.18 Lc 22.24-27
93 80 47 136 189 120 177 171 221
Jean Jn 1.10-13 Jn 2.15-17 Jn 3.1-21 Jn 3.16-17 Jn 8.7 Jn 9.1-3 Jn 10.10 Jn 13.1-17 Jn 13.34-35 Jn 14.18 Jn 14.21 Jn 15.18-20 Jn 17.20-21 Jn 17.20-23
210 213 210 25 170 166 129 221 188 30 30 189 28 75 218
Actes Ac 2.24-47 Ac 2.37-40 Ac 2.42-47 Ac 4.32
218 47 210 76 34 218
Romains Rm 1.18-20 Rm 1.23-32 Rm 1.24-28 Rm 1.26 Rm 1.26-28 Rm 2.14-16 Rm 3.5-8 Rm 5.5-7 Rm 5.12-19
213 41 152 241 151 151 22 200 167 218 209
251 Rm 6.1-7 Rm 6.3 Rm 6.11-14 Rm 7.3 Rm 7.4-6 Rm 8.29 Rm 9.1 Rm 10.9-13 Rm 12.1 Rm 12.2 Rm 12.17-21 Rm 13.11-14 Rm 13.12-13 Rm 13.12-14 Rm 13.13
241 43 213 173 245 210 200 200 210 213 183 245 213 147 182 238
1 Corinthiens 1 Co 4.1-5 1 Co 5.1-5 1 Co 5.11 1 Co 6.9-10 1 Co 6.12-20 1 Co 6.15-20 1 Co 6.17 1 Co 6.19 1 Co 7.3-4 1 Co 7.3-5 1 Co 7.5 1 Co 7.10-11 1 Co 7.12-16 1 Co 7.15-16 1 Co 7.28 1 Co 7.29 1 Co 7.29-31 1 Co 7.32-35 1 Co 7.39 1 Co 8.7-13 1 Co 10.13 1 Co 10.31 1 Co 11.2-26
200 86 173 154 238 152 241 238 61 73 147 92 221 92 173 245 218 177 134 245 136 134 236 173 200 63 130 204 54 213 221
252
Le dĂŠfi de la puretĂŠ
1 Co 11.3 1 Co 11.11-12 1 Co 12.26 1 Co 13.6
83 83 135 80
2 Corinthiens 2 Co 3.17-18 2 Co 4.1-2 2 Co 4.4-6 2 Co 4.7-18 2 Co 5.17 2 Co 6.14 2 Co 6.16 2 Co 7.1 2 Co 7.10 2 Co 11.14 2 Co 12.9-10
46 200 200 200 213 46 210 241 74 215 60 215 210 40 153
Galates Ga 1.15 Ga 5.1 Ga 5.13 Ga 5.13-18 Ga 5.19-24 Ga 5.22 Ga 5.25 Ga 6.1-2 Ga 6.7
165 159 210 144 213 57 181 76 130 185
ÉphÊsiens Ep 2.1-2 Ep 2.1-11 Ep 2.3-5 Ep 2.11-19 Ep 4.1-3 Ep 4.17-19 Ep 4.20-24 Ep 4.26-27 Ep 5.1-6 Ep 5.3-4 Ep 5.8-12
43 210 151 47 209 71 218 55 199 210 89 139 238 66 149
Ep 5.21-32 Ep 5.21-33 Ep 5.22-24 Ep 5.25 Ep 5.27 Ep 5.31 Ep 6.1-4 Ep 6.4 Ep 6.12
78 221 82 74 84 189 73 94 230 43 186
Philippiens Ph 2.1-5 Ph 3.8 Ph 3.20-21 Ph 4.11-13
218 121 210 132
Colossiens Col 1.15 Col 1.15-23 Col 1.17-20 Col 2.9-15 Col 2.20-22 Col 2.21-23 Col 3.1-17 Col 3.5-6 Col 3.5-10 Col 3.12-17 Col 3.14 Col 3.18-21 Col 3.21
25 209 31 210 106 230 58 210 238 199 218 112 221 230
1 Thessaloniciens 1 Th 4.3-5 91 1 TimothĂŠe 1 Tm 4.1-3 1 Tm 4.1-5 1 Tm 4.2 1 Tm 4.4-5 1 Tm 4.8 1 Tm 4.12 1 Tm 5.5
54 213 200 53 114 114 134
Index des rĂŠfĂŠrences bibliques Tite Tt 1.15 Tt 2.1-15 Tt 2.6-8 Tt 2.11-14 Tt 3.3-8 HĂŠbreux He 2.14-18 He 4.14-16 He 4.15 He 6.10-19 He 7.18-28 He 9.11-28 He 9.14
108 200 215 221 111 215 210
He 10.24 He 12.2-3 He 12.10-11 He 12.15 He 13.4 He 13.4-5
45 208 208 183 204 210 210 51 159 200 241 180 136 99 180 57 86 238
Jacques Jc 1.6-7 Jc 1.12 Jc 1.26-27 Jc 3.1-14 Jc 4.8
183 183 66 215 62
253 Jc 5.13-15 Jc 5.16
167 210
1 Pierre 1 P 1.3 1 P 1.22 1 P 3.1-6 1 P 3.1-7 1 P 3.7 1 P 4.1-6 1 P 4.4
210 215 218 221 84 241 189
2 Pierre 2 P 2.19 2 P 3.8
214 20
1 Jean 1 Jn 1.7-9 1 Jn 1.9 1 Jn 2.18 1 Jn 3.2b-3 1 Jn 3.14 1 Jn 4.7-17 1 Jn 4.19-21
215 148 210 186 68 28 202 28
Apocalypse Ap 11.7 Ap 14.1-5 Ap 19.7-9
186 128 32 248
Table des matières
Avant-propos ...............................................................................7 Préface .........................................................................................9 Introduction ...............................................................................11 Partie 1. Au commencement ..............................................17 Chapitre 1. À l’image de Dieu ...................................................19 Chapitre 2. Il n’est pas bon que l’homme soit seul .....................26 Chapitre 3. Ils deviendront une seule chair ................................32 Chapitre 4. Le péché premier ....................................................39 Chapitre 5. Restaurer l’image de Dieu .......................................46 Chapitre 6. La sexualité et le domaine de la sensualité ..............53 Chapitre 7. Ceux qui ont le cœur pur ........................................60 Partie 2. Ce que Dieu a uni .................................................69 Chapitre 8. Le mariage dans le Saint-Esprit ..............................71 Chapitre 9. Le mystère du mariage ............................................78 Chapitre 10. Le caractère sacré de la sexualité ..........................86 Chapitre 11. Le don des enfants: devenir parents .....................94 Chapitre 12. La pureté de l’enfance ......................................... 103 Chapitre 13. Pour ceux qui envisagent de se marier ................ 114 Chapitre 14. Servir comme célibataire ..................................... 128 Partie 3. L’esprit de notre temps ......................................137 Chapitre 15. Avec ou sans Dieu .............................................. 139 Chapitre 16. Trop honteux pour en parler? ............................ 149 Chapitre 17. La guerre secrète ................................................. 160 Chapitre 18. Que penser du divorce et du remariage? ............ 171 Chapitre 19. Veillons donc ...................................................... 182 Le point de vue d’une lectrice .................................................. 191 Guide d’étude .......................................................................... 195 Index des références bibliques ................................................. 249
Dépôt légal: octobre 2003 Imprimé en Italie par Legoprint S.p.A.