Agefi magazine - Octobre 2013

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BIMESTRIEL

Octobre 2013 / CHF 5.50

Valentin Petkantchin (Institut Molinari) Pourquoi le précautionnisme ne favorise pas l’avènement d’une société sans risque

OBJECTIFS 2014

L’instinct de protection

La nouvelle géopolitique PERFORMANCE La capacité de dépasser les apparences est déterminante

INDÉPENDANCE L’extraction du pétrole américain lèse l’économie du pays

GOUVERNANCE Les décisions bien organisées instaurent la pérénnité


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SOMMAIRE / 1

OCTOBRE 2013 BIMESTRIEL. STRATÉGIES 2014 / GÉOPOLITIQUE

24

ÉDITORIAL Dans l’attente de l’application du remède chypriote .......................... 5

Noël Labelle, rédacteur en chef DISCUTABLE Les grands effets de la gouvernance.......................................................... 18

Eric Blanchard, Harold Alexander Consulting ENTRETIEN La perversité mésestimée du précautionnisme.................................... 20

Entretien avec Valentin Petkantchin, Institut Molinari CONFIANCE. Le retour de la confiance en Europe encourage acteurs industriels et financiers à étudier les projets de croissance externe mis de côté ces dernières années. Nathalie Martin Pelras, KBL Richelieu Gestion

STRATÉGIES 2014 Les opérations financières comme moteur de performance ........ 24

Nathalie Martin Pelras, KBL Richelieu Gestion

28

RENDEMENT. De nombreux investisseurs souhaitent de nouveaux concepts protégeant leur capital tout en générant des rendements stables. Michel Antonelli, Nordea Investment Funds

Ce que les investisseurs suisses doivent savoir .................................... 26

Peter Westaway et Charles J. Thomas, Vanguard La stabilisation dépend du contrôle des risques .................................. 28

Michel Antonelli, Nordea Investment Funds

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SOMMAIRE / 3

32

OBLIGATIONS. Les investisseurs auraient tout intérêt à envisager la combinaison d’obligations périphériques en 2014. Thomas Härter, Swisscanto

Les subtilités fiscales de l’investissement collectif.............................. 30

Stefan Hiestand, Aganola L’inévitable recherche de protection contre l’augmentation des intérêts.............................................................................. 32

Thomas Härter, Swisscanto La conviction de gestion: meilleur couple risque-rendement ...... 34

Geoffroy Goenen, Dexia Asset Management Le rôle des marchés émergents après la correction ........................... 36

Ramin Toloui, PIMCO

48

La mutation rapide du contexte impose une allocation dynamique d’actifs ................................................................................................. 38

Iwan Brouwer, ING Investment Management

39

Les avantages méconnus des investissements dans l’immobilier indirect ................................................................................... 39

Bertrand de Sénépart, Procimmo SA La fragile source de rendement ...................................................................... 40

Dominik Weber, Immofonds INTANGIBLE La panoplie du parfait attaché de presse 3.0 ......................................... 42

EMPIRE. Aucun système de relations internationales ne peut se fonder sur un empire ultra-dominant. François Savary, Groupe REYL

Jean-Paul Oury, expert en influence digitale NICHE. La recherche de ce type de niches change la conception de placement. En le transformant d’une approche de création de valeur à celle de produit financier. Bertrand de Sénépart, Procimmo SA

GÉOPOLITIQUE L’inéluctable phénomène de régionalisation ......................................... 48

François Savary, Groupe REYL L’ultime marché frontière ................................................................................... 50

Oliver Bell, T. Rowe Price Africa and Middle East fund La faiblesse de l’économie indienne ne devrait pas affecter significativement l’économie suisse ............................................................ 53

Tiffany Burk, Western Union Business Solutions DÉCALÉ Les critères modernes du succès..................................................................... 55

Jean-Charles Méthiaz, CEO Lord Louise INSPIRATION Le libre-jeu d’Alexander Calder....................................................................... 56 PERFORMANCE La capacité de dépasser les apparences est déterminante .............. 60

Larry Legault, Coach sportif professionnel AGEFI magazine est un magazine de l’AGEFI, le quotidien de l’Agence économique et financière à Genève • Administrateur délégué-Rédacteur en chef François Schaller • CEO Agefi SA Olivier Bloch Directeur adjoint, développements Lionel Rouge • Directeur adjoint, commercial Norbert Fouchault • Rédacteur en chef Agefi magazine Noël Labelle • Graphisme Sigrid Van Hove • Responsable production média Guy-Marc Aprin • Administration et Finance Rolande Voisard • Abonnements Patricia Chevalley • Publicité Charles Gattobigio Tél. (021) 331 41 91 – c.gattobigio@agefi.com Impression Kliemo Printing, Eupen • Direction et administration Rue de Genève 17, 1002 Lausanne – Tél. (021) 331 41 41 – Fax (021) 331 41 10 – e-mail: agefi@agefi.com Vente en kiosque Naville, Genève. Prix: 5,50 fr. (TVA 2,5% incl.) Photo couverture: Bloomberg AGEFI MAGAZINE | STRATÉGIES 2014 | OCTOBRE 2013


4 / ÉDITORIAL

Dans l’attente de l’application globale du remède chypriote Les dernières propositions fiscales du FMI représentent une opportunité manquée pour entamer une réflexion de fond sur le financement des États.

T

axer les hauts revenus et mieux cibler les multinationales. La proposition n’est pas sortie d’un programme d’un candidat d’extrême-gauche mais des brillants cerveaux du Fond monétaire international. Le FMI a en effet créé la surprise début octobre en suggérant de lutter contre les déficits par une hausse des impôts. Nichée dans un rapport sur la dette publique, cette inflexion a été largement éclipsée par les inquiétudes sur la crise budgétaire aux États-Unis. Elle mérite cependant d’être relevée et commentée.

Légitimité. Gardien de l’orthodoxie financière, le FMI appelle traditionnellement les États en difficulté à sabrer leurs dépenses publiques pour réduire leurs déficits. Mais dans son rapport sous-titré «Le temps de l’impôt», le Fonds suggère ni plus, ni moins de taxer les plus riches et leur patrimoine afin de «renforcer la légitimité» des plans d’économie et afin de lutter contre le creusement des inégalités. Selon ses estimations, taxer les riches aux mêmes taux que dans les années 1980 rapporterait en moyenne des recettes fiscales équivalentes à 0,25% du PIB dans les pays développés. Les gains seraient ainsi bien plus élevés dans certains cas comme aux États-Unis où ils avoisineraient 1,5% du PIB. L’institution a précisé qu’elle ne souhaitait pas entrer dans le débat sur la nécessité ou non de taxer les riches mais assure qu’il existe une «opportunité» unique de remanier l’architecture de la fiscalité internationale. La directrice générale du FMI, Christine Lagarde, a assumé ces nouvelles orientations en évoquant une «fiscalité plus juste». Surréaliste. Autoritarisme. L’utilisation chez l’ancienne ministre française des Finances, sous la présidence de Nicolas Sarkozy, d’une rhétorique habituelle dans les partis de gauche n’est qu’un artifice masquant péniblement la nature exacte du plan proposé: la ponction arbitraire de l’épargne de tous les Européens. Chypre n’aurait finalement été qu’une répétition à petite échelle de l’application de l’idéologie confiscatoire faisant foi dans les institutions supra-gouvernementales. Dans d’autres circonstances, personne ne s’offusquerait de l’utilisation du terme «racket».

Menace. Au-delà de son encouragement à la spoliation générale, la position du FMI reste profondément dangereuse. Elle valide, de toute l’autorité de l’institution, l’idée que doit perdurer un système immoral, permettant à un petit groupe de personnes de vivre sur les ressources de la majorité des contribuables. Ce modèle menaçant pèse sans vergogne sur les Droits de l’homme en autorisant le monopole légal de l’usage de la force, morale et physique, contre des victimes légalement désarmées et donc forcées à obéir. Ces conditions ne permettent ni la prospérité d’un pays, ni l’épanouissement individuel. L’intelligence ne fonctionne pas sous la contrainte. /// AGEFI MAGAZINE | STRATÉGIES 2014 | OCTOBRE 2013

Rédacteur en chef NOËL LABELLE


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6 / PROLOGUE HEDGE FUNDS

Attractivité conservée Les ILS constituent une source de diversification intéressante dans les portefeuilles de placement. PIUS FRITSCHI

Managing Partner LGT Capital Partners Les hedge funds, non pas comme une catégorie d’actifs distincte mais dans le cadre d’une allocation globale, conservent leur attrait pour les investisseurs en quête de nouvelles sources de rendements corrigés du risque. L’année dernière, l’activité de hedge funds de LGT Capital Partners a augmenté de jusqu’à 20%. Selon Pius Fritschi, responsable de Hedge Fund Business Development chez LGT Capital Partners, une telle progression témoigne de la solidité de la demande en stratégies de hedge funds. En effet, de nombreux établissements financiers adoptent des allocations davantage axées sur le long terme. Les hedge funds ont enregistré une performance globale sans éclat au cours des deux dernières années mais les établissements financiers se concentrent davantage sur les perspectives à cinq ans du marché. En ce qui concerne les nouvelles sources de rendements corrigés du risque, les stratégies de diversification, telles que les ILS (Insurance-Linked Strategies) deviennent rapidement une solution intéressante. Et Pius Fritschi d’expliquer: LGT Capital Partners consacre plus de temps à l’étude des scénarios hypothétiques en collaboration avec ses clients en vue d’obtenir des allocations optimales dans le cadre des stratégies de hedge funds. «Les établissements financiers n’étudient pas les produits mais consacrent leur temps à l’étude des allocations top-down et à l’analyse des scénarios. Nous comptons parmi les rares fournisseurs qui disposent de plus d’une décennie de données, toutes catégories d’actifs confondues. Celles-ci servent de base de discussion avec nos clients et les aident à comprendre comment utiliser les hedge funds pour consolider leurs portefeuilles. «Le crédit continue d’offrir des opportunités intéressantes mais les ILS comptent parmi les stratégies de diversification les moins corrélées. Lorsqu’un séisme se produit, l’impact net sur les marchés des actions est limité car, si certaines sociétés AGEFI MAGAZINE | STRATÉGIES 2014 | OCTOBRE 2013

sont pénalisées, d’autres, comme les entreprises de la construction, prospèrent», explique Pius Fritschi. Les placements en Insurance-Linked Securities se classent dans deux catégories principales: premièrement, les obligations catastrophe (cat bonds) qui, comme leur nom l’indique, sont des obligations liées à l’assurance d’événements à fort impact et à faible probabilité (p. ex. ouragans, séisme, tsunamis); deuxièmement, les «collateralised reinsurance contracts» qui, explique Pius Fritschi, sont des accords sur mesure entre un investisseur et un acheteur d’assurance; ces contrats, qui ont accès à un marché plus étendu et plus spécialisé mais sont confrontés à des barrières à l’entrée plus élevées, offrent des opportunités de rendement attrayantes. «En ce qui concerne les cat bonds, les rendements ont récemment été mis à mal. Un nombre croissant d’investisseurs se tourne vers les cat bonds, ce qui a réduit les opportunités de rendement pour les mêmes pertes potentielles. Il en a résulté un resserrement des écarts qui a légèrement limité le potentiel de surperformance. «Les investisseurs plus sophistiqués semblent se tourner vers l’univers des «collateralised reinsurance contracts» qui semble offrir plus d’opportunités.» L’un des principaux avantages des ILS comme catégorie d’actifs, outre le facteur de non-corrélation, réside dans le fait que les investisseurs peuvent facilement adapter leur profil de risque/rendement. A cet égard, elles s’adaptent parfaitement aux portefeuilles clients. En effet, le fonds multi-stratégies de LGT, d’une valeur de 9 milliards de dollars, investit en ILS depuis 2003. L’un des gestionnaires dans lequel LGT a investi était Clariden Leu, un établissement bancaire/gestionnaire d’actifs basé à Zurich, qui a investi plus de 2 milliards de dollars en ILS. L’été dernier, LGT a décidé d’acquérir les dix membres de l’équipe qui cherchaient un nouveau domicile. Il s’agit d’un point important. En tant qu’investisseur en ILS, LGT prêche par l’exemple. «Cela permet d’instaurer un climat de confiance et de faire toute la différence», ajoute Pius Fritschi, qui confirme par ailleurs que LGT investit actuellement dans cinq ou six gestionnaires d’ILS au sein du portefeuille, ce qui correspond à une allocation de 4% de l’ensemble du fonds. Libor plus «3% à 8%» est le taux de rendement normal, explique Pius Fritschi, en fonction du niveau de risque que les investisseurs sont disposés à prendre.

«Vous recevez la prime qui correspond à votre niveau de risque». Vous devez analyser les risques d’appel pour déterminer si vous pouvez supporter un risque extrême élevé, que les investisseurs doivent prendre en compte. Vous pouvez toutefois construire une allocation aux ILS de telle manière qu’elle génère un rendement régulier de Libor plus 3%, avec une perte limitée. En comparaison avec le marché à revenu fixe, un tel rendement est plus qu’honorable.» Renforçant les avantages potentiels des ILS pour les investisseurs, Pius Fritschi de conclure: «Les investisseurs confient dans les ILS. La structure fonctionne: elle est liquide, n’est pas corrélée et offre différents profils de risque/rendement. C’est un concept éprouvé, et les investisseurs sophistiqués accordent désormais une attention toute particulière aux ILS.» EXPORTATION

La nécessaire protection L’appelation «Gruyère Switzerland» a pu être enregistrée en Afrique du Sud et aux États-Unis. L’Union européenne et la Suisse partagent le même système de protection par «appellation d’origine protégée AOP» des produits typiques et liés à un terroir. Un accord de reconnaissance mutuelle a ainsi permis d’étendre la protection de ces produits, dont le Gruyère AOP, à l’ensemble de l’espace européen. Obtenir une protection dans les continents qui ne connaissent pas de règles juridiques équivalentes constitue un véritable défi. Les autorités fédérales félicitent l’Interprofession du Gruyère IPG pour sa ténacité, récemment couronnée de succès en Afrique du Sud et aux Etats-Unis. Ce résultat est l’aboutissement d’une stratégie établie conjointement par la filière du Gruyère, représentée par l’IPG, les autorités fédérales et les cantons concernés. La Confédération a pleinement soutenu les démarches de l’IPG et utilisé son réseau international pour faire avancer les dossiers. L’enregistrement de marques est un succès d’étape ; en parallèle, la Confédération poursuit ses efforts pour l’extension de la protection internationale des appellations AOP et IGP («indication géographique protégée») par la voie multilatérale et par des accords bilatéraux. XXX


Pedram Yazdi/CICR

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8 / PROLOGUE XXX BLOOMBERG

CONJONCTURE

L’amélioration confirmée Les prévisions du groupe d’experts de la Confédération se révèlent optimistes pour 2014. Grâce à la vigueur de la conjoncture intérieure, l’économie suisse devrait enregistrer en 2013 une croissance de 1,8%. Une reprise à large échelle des exportations, qui se sont montrées très résistantes durant les dernières années, n’a toutefois pas encore eu lieu jusqu’à la mi-année 2013. Une amélioration est néanmoins en vue dans ce domaine également, suite à l’embellie progressive de la conjoncture internationale et dans la zone euro. En conséquence, le Groupe d’experts table sur une croissance du PIB de 2,3% en 2014, qui devrait bénéficier d’une large assise. Dans le sillage du raffermissement de la conjoncture en Suisse, le chômage devrait lui aussi décroître au cours de l’année 2014. MÉTAUX PRÉCIEUX

L’essor singapourien La place financière asiatique s’impose également comme un centre mondial du commerce de l’or. MARK O’BYRNE, Goldcore

Le riche État asiatique de Singapour, qui est devenu, au cours de ces dernières années, l’un des plus importants centres financiers du monde, poursuit actuellement son objectif de rivaliser avec Londres et New York en tant que marché mondial de l’or. Singapour tente depuis des années de persuader les cinq plus gros traders que compte la Thaïlande de s’installer dans la cité-État afin de l’aider à devenir le centre de référencement du prix de l’or en Asie du Sud-Est avant la création de la communauté économique ASEAN en 2015. Le journal The Nation rapporte que le gouvernement de Singapour a dépêché une équipe en Thaïlande dans l’objectif d’offrir des assouplissements fiscaux aux traders qui viendraient installer leur bureaux dans leur pays. Le directeur d’une société Thaïlandaise spécialisée dans le commerce de l’or a récemment précisé que «bien que le marché AGEFI MAGAZINE | STRATÉGIES 2014 | OCTOBRE 2013

OR. Singapour répond à la demande en pièces et barres d’or et aux demandes de stockage croissantes en Asie.

de l’or de la Thaïlande se soit développé au cours de ces dernières années, il reste le troisième marché d’Asie. Les traders Thaïlandais désirent eux aussi passer à un standard international». Selon lui, «si la banque de Thaïlande imposait des contrôles sur le commerce de l’or», sa société considèrerait certainement une relocalisation à Singapour. «De nombreux traders prévoient de s’installer à Singapour plutôt qu’en Thaïlande», précisait une autre source. Le mauvais traitement que fait subir le gouvernement Indien à l’or encourage les sociétés qui offrent de l’or et des investissements liés à l’or à se relocaliser à Singapour. En octobre 2012, le gouvernement de Singapour décidait d’abolir les taxes sur la vente d’or et d’argent. La cité-État enregistre aujourd’hui d’importants flux entrants de métal, et de plus en plus d’investisseurs et de riches individuels choisissent Singapour comme lieu de prédilection pour le dépôt de leur métal. Singapour est le centre mondial qui enregistre la croissance la plus exponentielle, avec 550 milliards de dollars d’actifs placés sous gestion, selon la société de recherches WealthInsight. Ces dernières années, les plus gros acteurs de l’industrie ont ouvert des coffres de dépôt et demandé à ce qu’y soit livré leur métal. De nombreux centres de trading ont été ouverts pour satisfaire la demande des investisseurs. Les sociétés spécialisées dans le stockage de métal ont vu leur chiffre d’affaires gonfler, et les banques occidentales, qui ont pu suivre la tendance, commencent elles aussi à ouvrir des coffres à Singapour. Singapour répond à la demande en pièces et barres d’or et aux demandes de stockage croissantes en Asie.

En tant qu’important centre de trading, Singapour devrait pouvoir capturer 10% à 15% du commerce mondial d’or physique d’ici cette prochaine décennie. Singapour bénéficie de la demande croissante en métaux précieux des Asiatiques, liée aux inquiétudes face au déclin des devises papier et au rôle de l’or en tant que valeur de réserve.

La demande asiatique ne ralentit pas 1.500 tonnes d’or ont été livrées au travers du Shanghai Gold Exchange depuis le début de l’année. ALASDAIR MACLEOD

Finance And Economics.org La demande physique des Asiatiques est encore au cœur de l’actualité, ce qui n’est pas une surprise au vu de la quantité de métal livrée au travers du Shanghai Gold Exchange, qui sert d’intermédiaire à la demande du secteur privé Chinois. Depuis le début de l’année, 1.500 tonnes d’or ont été livrées au travers du SGE (Shanghai Gold Exchange), soit 1.334 tonnes de janvier à juillet, auxquelles s’ajoutent les importations d’or de Hong Kong, dont l’ajustement des exportations et importations depuis et vers la Chine s’élève à 918 tonnes pour les six premiers mois de l’année. Le Hong Kong Merchandise Trade Statistics nous fournit des chiffres fascinants. Entre janvier et juillet, les exportations nettes de Hong Kong vers la Chine ont atteint 634,26 tonnes nettes, ce qui nous donne une balance additionnelle de 604,234 tonnes d’or importées par Hong Kong importées par Hong Kong pour satisfaire la demande domestique, la demande des bijoutiers et les exportations vers des destinations autres que la Chine. L’intégralité de la production minière de la Chine est absorbée par le gouvernement et n’est pas incluse dans les statistiques commerciales, et 7/12e de la production minière globale des autres pays s’élèvent à environ 1.342 tonnes de métal. Et pourtant, en seulement sept mois, les exportations du SGE et de Hong Kong vers la Chine s’élèvent à 2.252 tonnes, ce qui laisse le reste du monde avec un déficit production-demande de 910 tonnes. N’oublions pas non plus la demande XXX


PROLOGUE / 9 XXX

vorace de l’Inde et des autres populations Asiatiques qui ne passent pas par Hong Kong pour obtenir leur métal. La demande Asiatique draine les réserves Occidentales et contraste avec le sentiment prévalent sur les marchés des capitaux de l’Ouest. Cette bifurcation de marchés est sans précédent. Et que font les banques commerciales? Elles ne sont pas idiotes, elles savent mieux que quiconque ce qu’il se passe, et selon le Bulletin de Participation Bancaire, les banques Américaines ont depuis quelques années fermé leurs positions à découvert à l’avantage de positions à la vente. LUXE

Le moteur clé de l’industrie L’attrait de l’industrie du luxe n’a pas été entaché par la récession et une nouvelle catégorie de riches consommateurs chinois émerge. FIONA RHODES

Corporate communications, Credit Suisse Ils sont de plus en plus visibles dans les destinations touristiques mondiales classiques. Et ils sont devenus un moteur important des économies locales. Nous parlons des touristes chinois. En 1995, moins d’un million de touristes chinois voyageaient à l’étranger. Ce chiffre devrait atteindre 88 millions de personnes en 2013 – une tendance qui n’est pas prête de s’inverser. L’impact n’est pas uniquement visible dans le secteur du voyage et du tourisme. Les touristes chinois achètent des biens de consommation haut de gamme et sont un moteur clé de l’industrie du luxe – surtout en Europe occidentale, premier marché d’une industrie du luxe qui pèse 302 milliards de dollars, avec une part de marché de 32%. Xiao Qianhui, directeur général de Spring International Travel Agency à Shanghai, explique que «la plupart des touristes chinois considèrent que l’achat de produits de luxe est l’objectif principal d’un voyage en France». Et la tendance devrait se maintenir. Les analystes du Credit Suisse prévoient que la Chine ajoutera un total de 18.000 milliards de dollars à la fortune mondiale au cours des cinq prochaines années, dépassant le Japon en tant que deuxième pays le plus riche du monde. Les marques de luxe européennes n’ont pas été affectées par la crise de la dette de AGEFI MAGAZINE | STRATÉGIES 2014 | OCTOBRE 2013

la zone euro. Alors que la consommation globale des ménages a baissé en Europe, ces marques affichent des chiffres d’affaire record, principalement grâce aux consommateurs des pays émergents qui voyagent en Europe pour acheter les derniers articles à la mode, tant dans le secteur du prêt-à-porter de créateurs que dans ceux de la joaillerie haut de gamme et des cosmétiques de luxe. En matière de produits demandés, les vêtements de créateurs sont les articles les plus populaires, suivis des bijoux et montres de luxe. Mais pourquoi les voyageurs chinois vont-ils à l’étranger pour acheter des produits de luxe? Cette affluence de touristes chinois s’explique par le prix, la disponibilité et l’authenticité des produits, selon Johanna Kolerski-Bezerra, analyste chez Euromonitor. Elle ajoute que les taxes sur les produits de luxe peuvent atteindre 57% en Chine. Les consommateurs dépensent moins en voyageant à l’étranger pour acheter des produits de luxe qu’en les achetant dans leur pays. Selon une étude d’Euromoney, 33% du budget de vacances des voyageurs chinois sont destinés aux achats, tandis que celui des Français, par exemple, représente 11%. Johanna Kolerski-Bezerra fait remarquer que le prestige de marques comme Hermès, connue pour la qualité de ses articles faits à la main, attire cette nouvelle catégorie de consommateurs à la recherche de qualité haut de gamme et d’authenticité. Il n’est par conséquent pas surprenant que la France soit la destination la plus populaire des touristes chinois (plus de 1,2 million de touristes chinois en France en 2012). Même si de nombreuses maisons de couture s’installent en Chine, le marché est encore très jeune et les Chinois préfèrent pour le moment faire leurs achats de produits de luxe à l’étranger. «Même si nous pensons que les premiers achats de produits de luxe en Chine restent motivés par un désir de reconnaissance sociale, les marques restant importantes, le consommateur chinois est de plus en plus attiré par des produits plus sophistiqués et exclusifs», selon un récent communiqué de l’équipe dédiée aux produits de luxe européens du Credit Suisse. Les achats à l’étranger sont également encouragés par l’introduction de la campagne anti-extravagance de Xi Jinping, qui vise à limiter la corruption qui règne au sein des membres du gouvernement. Les ventes de produits de luxe dans les villes de premier ordre ont souffert, allant d’un recul de quelques points à la dégringolade. Un récent rapport du Credit Suisse

montre qu’après de nombreuses années de taux de croissance annuels à deux chiffres, le marché chinois du luxe a subi sa première grande correction en 2012, avec une baisse des estimations de croissance pour l’ensemble de l’industrie autour de 5%. Les boutiques de luxe, et l’industrie du tourisme en général, s’adaptent au changement démographique des voyageurs et développent activement des stratégies pour attirer les visiteurs chinois. Les pays européens qui font partie des accords de visa de Schengen, qui permettent aux Chinois de voyager dans 26 pays avec un même visa, sont clairement avantagés pour attirer les touristes chinois. Embaucher du personnel parlant le mandarin, organiser des visites de groupes et accepter les paiements par UnionPay, la carte bancaire la plus utilisée par la classe moyenne chinoise, font partie des tactiques des commerçants pour tirer profit du lucratif marché chinois. L’essor du consommateur de luxe chinois ne s’arrête pas au chiffre d’affaires. Il modifie également la manière dont les produits sont vendus. Les marques cherchent de plus en plus à créer un univers de boutique unique pour les acheteurs correspondant à leur recherche d’authenticité. «Le luxe n’est plus seulement une question de produit ou d’objet, c’est une expérience en soi», affirme Yaffa Assouline, fondatrice du magazine de luxe en ligne Luxuryculture.com. Yaffa Assouline pense que le luxe et la culture sont interdépendants, que l’un ne peut exister sans l’autre. «Les marques doivent comprendre leurs clients et attirer différents segments du marché.» Selon Yaffa Assouline, les marques de luxe ne s’adressent plus uniquement aux très riches, qui deviennent plus sélectifs, mais ciblent également les classes moyennes en pleine mutation. Il est difficile de prédire comment les marques de luxe s’adapteront aux besoins futurs de leurs clients. Mais une chose semble claire: la demande de produits de luxe des consommateurs émergents va continuer à croître – et pas seulement en Chine. Le dernier rapport du Credit Suisse sur la richesse mondiale estime que le nombre de millionnaires va augmenter de 18 millions dans les cinq prochaines années, pour atteindre 46 millions. Qu’ils soient nouveaux riches, à la recherche de ce que la vie offre de meilleur, ou las du consumérisme en bout de course et à la recherche de nouvelles expériences, la mondialisation et l’augmentation du nombre de millionnaires vont conduire les marques de luxe à modifier leur approche des clients. XXX


10 / PROLOGUE XXX

ÉMERGENTS

Difficiles conditions de riposte La dette des marchés émergents a connu sa pire année depuis 2008. Et les rares moments de répit ont laissé place à encore plus de morosité. COLM MCDONAGH

Directeur du fonds BNY Mellon Emerging Markets Corporate Debt Fund La menace d’une baisse progressive de l’assouplissement quantitatif (QE) a peutêtre été le catalyseur direct de cette désaffection. Mais les indices de la dette des marchés émergents étaient déjà bas ou au point mort pendant l’année qui a précédé les remarques du président de la Réserve fédérale en mai, une évolution qui reflète les fondamentaux: tandis que la croissance continue du marché aux Etats-Unis, au Royaume-Uni et dernièrement dans la zone euro a montré des signes de reprise de plus en plus durables, la croissance des marchés émergents est en baisse. Cette évolution est également le reflet des flux. La sensibilité de la dette des marchés émergents à la politique de la Réserve fédérale n’est pas surprenante. Depuis les premières mesures de QE en octobre 2008, les investissements dans les dettes émergentes ont été à sens unique. Les rendements des obligations souveraines externes (libellées en dollar US), des obligations des sociétés, des obligations payables en devises locales et des obligations à rendement élevé ont chuté, en partie parce que le QE a délibérément étouffé les rendements américains, incitant les investisseurs avides de bénéfices à s’intéresser à d’autres marchés, notamment à celui des dettes émergentes. Les flux de capitaux vers les pays émergents ont augmenté, passant d’env. 2% du PIB dans les années 80 à 4% dans les années 90 et 5% à 6% actuellement, selon HSBC. Chaque désaffection du marché des dettes émergentes ces dernières années a représenté une opportunité avec la reprise des économies et le retour des flux. La question à laquelle les investisseurs doivent maintenant répondre est de savoir si nous devons nous attendre à une crise des marchés émergents semblable à celle de 1998. Il est ici impératif de dissocier les flux des fondamentaux et d’évaluer l’impact de l’évolution des conditions de liquidité à la fois au niveau des marchés (micro) et des pays et des politiques économiques AGEFI MAGAZINE | STRATÉGIES 2014 | OCTOBRE 2013

(macro). En 2012, la société américaine de suivi de financement EPFR Global a estimé que les fonds du marché des dettes émergentes ont enregistré 71,5 milliards de dollars d’entrées. Au total, cette catégorie d’actifs a reçu 150,5 milliards de dollars de fonds additionnels nets entre 2009 et fin 2012. Dans tout marché, l’acheteur ou le vendeur marginal dynamise les prix. Les personnes en quête de rendement qui ont opté pour la dette des marchés émergents lorsque les bons du Trésor américains à 10 ans se négociaient à moins de 2% étaient toujours susceptibles d’être inconstants, surtout maintenant que les rendements américains sont plus proches de 3%. Toutefois, les évolutions constatées dans la dette des pays émergents reflétaient aussi la façon dont les actifs sont négociés entre investisseurs et intermédiaires. En raison de la diminution progressive du nombre de courtiers suite à différents changements de réglementation, le rôle de ces derniers sur les marchés dans l’accumulation puis le transfert des risques n’est plus aussi important. Si les marchés commencent à se dégrader, ils sont obligés d’ajuster les prix afin d’attirer les acheteurs, augmentant la probabilité d’écarts de prix. Cet été, les flux inverses et les détails techniques concernant la négociation de la catégorie d’actifs ont bouleversé les fondamentaux. Toutefois, il serait naïf de croire que l’effet d’entraînement de la dette des marchés émergents va repartir. La désaffection a aussi reflété des inquiétudes croissantes concernant les fondamentaux. De l’argent gagné rapidement a permis à certains emprunteurs douteux d’accéder au marché et les principes généraux du crédit se sont détériorés. Au niveau des États, certains pays ont accusé un déficit courant intenable; d’autres se sont montrés trop dépendants des prix élevés des matières premières; et d’autres encore sont confrontés à un double problème: la dépréciation des devises nationales et une dette extérieure excessive à court terme en dollars. L’avenir semble difficile pour ces pays. Des réajustements tels que des taux d’intérêts plus élevés, une austérité budgétaire et des réformes structurelles peuvent être mis en œuvre. De tels réajustements s’avèrent toutefois difficiles sur le plan politique, notamment au vu du ralentissement de la croissance. Jusqu’à présent, quelques pays comme l’Inde, l’Indonésie et l’Afrique du Sud ont subi le choc de la pression à la vente. Mais le ralentissement de la croissance, la dette excessive, la détérioration des paiements courants et la dépréciation des devises ne

deviennent que trop fréquents dans l’univers de la dette des marchés émergents. Les investisseurs ont donc besoin de gérer activement le risque de change. Les retours faciles avec des opérations de carry-trade appartiennent désormais au passé. Le contexte est également marqué par des octrois de crédit plus sélectifs. Tandis que la Réserve fédérale commence à freiner progressivement le QE, les liquidités mondiales ne seront plus assez suffisantes pour remettre tous les navires à flot. Mais une grande partie des fondamentaux qui ont soutenu les investissements dans la dette des marchés émergents reste inchangée. Bien que la croissance des marchés émergents accuse un certain ralentissement, elle excède néanmoins celle des pays développés. Au total, la dette des marchés émergents représente un tiers de celle des pays développés. La Grèce a rappelé à tout le monde que les marchés émergents ne sont pas les seuls à pouvoir défaillir. La dette des marchés émergents s’est avérée plus performante que d’autres catégories d’actifs au cours de la dernière décennie, soutenue par la croissance, l’accumulation de réserves de devises après la crise asiatique de 1998 et une meilleure discipline fiscale. Certains pays sont plus sensibles que d’autres à la faiblesse des devises, à la force du dollar, aux déséquilibres nationaux ou aux baisses des prix des matières premières. Mais l’idée communément acceptée selon laquelle les marchés émergents revendiqueraient une plus grande part des richesses et du commerce mondiaux reste d’actualité. Certains acheteurs ont pu être secoués par les perturbations cet été, mais les investisseurs institutionnels continuent d’affecter davantage de ressources dans cette catégorie d’actifs. Ce qu’ont connu les marchés émergents cette année est bien plus un flux d’actifs qu’une répétition des événements de 1998. Selon Bank of America Merrill Lynch, 60 milliards de dollars ont quitté les marchés émergents en l’espace de trois mois, ce qui équivaut presque à une capitulation. Les investisseurs qui aiment aller à contre-courant seront certainement tentés. Les erreurs stratégiques sont plus probables lorsque des pays sont confrontés à des choix difficiles. Une macroanalyse globale de la façon dont les banques centrales et les décideurs sont susceptibles de réagir face aux défis auxquels ils sont confrontés est primordiale. Il en va de même pour les compétences ascendantes en matière de crédit et la capacité à exprimer des opinions positives et négatives sur des pays et des devises. /// XXX


PROLOGUE RESSOURCES HUMAINES / 11 XXX

MERGER

Renforcement de compétences Le spécialiste des ressources humaines Cleversys rejoint Samsic RH. Afin d’accélérer son développement vers des offres à forte valeur ajoutée, Samsic RH, présidé par Thierry Geffroy, associé aux dirigeants actuels, font l’acquisition de la société Cleversys au groupe Kurt Salmon. Numéro huit de l’emploi en France, Samsic RH (groupe Samsic) en fort développement, souhaite renforcer ses services auprès des directions des ressources humaines et prendre une place prépondérante dans l’externalisation de prestations liées à la paie et aux processus RH. Par ailleurs, les savoir-faire complémentaires en matière de conseil en organisation, d’intégration de systèmes d’information et de mise en place de solutions décisionnelles à destination des directions opérationnelles permet à Samsic RH, conjugué à l’expertise de Cleversys, de s’ouvrir vers de nouvelles gammes de services aux entreprises.

Depuis 1992, Samsic RH développe un pôle d’expertise autour des métiers des ressources humaines et du parcours professionnel. A ce jour, Samsic RH propose à ses clients une offre complète de sourcing, de recrutement, de mobilité, de coaching, de formation, de travail temporaire et de conseil RH. Cleversys est une entreprise de service du numérique (ESN) spécialisée dans la mise en place et l’externalisation de solutions de gestion RH, ERP et décisionnelles performantes et dans l’optimisation des systèmes d’information. Elle accompagne les PME et les grands groupes depuis de nombreuses années et a su s’imposer parmi les entreprises leaders de ce marché en proposant une palette complète de services à valeur ajoutée. La conjugaison des deux entités et de leur savoir-faire permettra de démultiplier la compétence des équipes, les synergies commerciales et la convergence des technologies au cœur d’un marché très concurrentiel. Ce rapprochement permet à Samsic RH de développer sa capacité de conseil ainsi que son expertise en matière d’externalisation et d’intégration de systèmes. Ce rapprochement apportera à Cleversys les moyens nécessaires à son développement. Selon

le président du groupe Samsic, Christian Roulleau, la groupe a été séduit «par la démarche des associés de Cleversys lorsqu’ils ont présenté leur projet». «Nous y avons trouvé, expliquet-t-il, une synergie et un partage de valeurs communes qui nous ont semblé pertinents vis-à-vis de la stratégie de Samsic RH en apportant des solutions innovantes. Ce rapprochement relève d’un choix stratégique optimal pour nos clients et leurs salariés. Il permet à Samsic RH de conforter sa position à forte valeur ajoutée». De son côté, le président de Cleversys, Bertrand Jauffret, a délcaré : «Nous nous félicitons de ce rapprochement avec Samsic RH. Nous avons une opportunité de marché particulièrement intéressante à exploiter, en collaboration avec une équipe de premier plan. Il nous reste à relever le défi de cette intégration pour accélérer encore notre développement dans l’univers du service aux entreprises. Cette opération va permettre à Cleversys de développer de nouvelles offres de services et nous sommes convaincus que ce rapprochement va nous permettre d’accélérer notre croissance car sa dimension, industrielle et stratégique, en fait le meilleur projet pour notre organisation et ses collaborateurs». ///

ÉVALUATION

L’hétérogénéisation de la population active rend nécessaire l’individualisation

L’

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part, la diminution des indépendants «traditionnels» augmentation impressionnante de la particitravaillant dans le secteur agricole et les petits compation des femmes sur le marché du travail merçants, liée au développement d’une agriculture de depuis les années 1970 a profondément moplus en plus intensive et à la part croissante des grandifié la structure de la population active et l’a rendue des surfaces de commerce. D’autre part, une montée beaucoup plus diversifiée. De nombreux emplois en puissance des indépendants liés aux professions sont devenus majoritairement féminins (instituteurs, libérales (médecins et activités paramédicales, notaiinfirmiers, vendeurs). En Europe, sur les 8 millions res, avocats), mais aussi et surtout des profils dans les d’emplois créés entre 2000 et 2008, 6 millions ont été fonctions de soutien aux entreprises ou la communioccupés par des femmes. Aux États-Unis et en Eucation (consultants en tous genres, webmasters, créarope, 60% des diplômes universitaires sont décernés à DENIS PENNEL tifs). Entre janvier et novembre 2011, sur les 506.000 des femmes. Aux États-Unis, les femmes ont dépassé Directeur général créations d’entreprises en France, 355.000 l’ont été en 2010 pour la première fois le seuil des 50% de la de la Confédération sous la forme d’entreprise individuelle! population active. Autre facteur d’une plus grande mondiale des services Enfin, la plus grande diversité des actifs est égalediversification de la population active: le retour des d’emploi privés ment due à la liberté accordée à certains citoyens travailleurs indépendants. Leur nombre a significativement augmenté ces vingt dernières années. Cela peut être de pouvoir vivre et travailler dans un autre pays. L’ouverture considéré comme un retour au passé, mais avec un changement des frontières (notamment en Europe suite à l’élargissement de fondamental. Alors qu’auparavant ces indépendants étaient liés à l’Union européenne) a développé les flux migratoires, contribuant des actifs professionnels tangibles (par exemple une ferme, un bar, à une mixité des profils des travailleurs. Conséquence : la populaun taxi, un magasin…), qui eux-mêmes employaient des salariés, tion active n’a jamais été aussi diversifiée, entraînant automatiqueaujourd’hui nos indépendants sont souvent des travailleurs indivi- ment une variété d’attentes et de besoins, qui à son tour nécessite duels, vendant leur matière grise ou leurs bras mais sans détenir une singularisation de la relation d’emploi. /// de biens professionnels propres. L’évolution du nombre des indé- Extrait de «Travailler pour soi, quel avenir pour le travail à l’heure pendants cache en fait une double réalité contradictoire. D’une de la révolution individualiste». Editions Seuil.


12 / PROLOGUE FORMATION INNOVATION

La perspective révolutionnaire Proposer une éducation gratuite et de qualité à tous est un objectif atteignable.

SALMAN KHAN

Fondateur de la Khan Academy Le vieux modèle de la salle de classe ne correspond plus à nos besoins. Cette façon d’apprendre est fondamentalement passive, alors qu’à notre époque, nous devons adopter une démarche active. Ce modèle consiste à regrouper des élèves du même âge pour leur faire suivre un programme unique en espérant qu’ils en retiendront quelque chose. S’il était peut-être efficace il y a cent ans (et cela reste à prouver), ce n’est certainement plus le cas aujourd’hui. Les nouvelles technologies nous font entrevoir d’autres manières d’enseigner et d’apprendre, mais elles engendrent également la confusion, voire la peur; trop souvent, elles ne constituent qu’une façade. Entre les anciennes méthodes et les nouvelles s’est creusé un fossé dans lequel les élèves tombent tous les jours. Le monde change de plus en plus vite, mais le système, lui, évolue très lentement et rarement dans la bonne direction; chaque jour, durant chaque heure de classe, le décalage entre ce qu’on enseigne aux enfants et ce qu’ils ont besoin d’apprendre s’accentue. C’est facile à dire, bien sûr. Tout le monde parle d’éducation de nos jours, pour le meilleur et pour le pire. Les hommes politiques mentionnent le sujet dans chacun de leurs discours. Les parents s’inquiètent de voir leurs enfants «prendre du retard» et se faire distancer par leurs camarades. Comme en religion, il existe dans ce domaine des avis catégoriques, rarement étayés par les faits. Devraiton donner plus de devoirs aux enfants, ou moins? Fait-on trop de contrôles ou pas assez? Est-ce que les examens nationaux évaluent des acquis ou simplement une capacité à comprendre la question posée? Récompense-t-on l’initiative, la compréhension et l’originalité ou perpétuonsnous une tradition vide de sens? Les adultes s’inquiètent aussi pour eux. Comment entretenir notre cerveau pour qu’il ne devienne pas paresseux? Pouvonsnous encore apprendre des choses une fois notre scolarité terminée? Où et comment? AGEFI MAGAZINE | STRATÉGIES 2014 | OCTOBRE 2013

Parler d’éducation et placer l’école au centre de nos préoccupations est une bonne chose, mais malheureusement ça n’aboutit jamais à rien. Les décisions politiques, nécessaires au changement, peuvent faire autant de mal que de bien. Des professeurs et des écoles remarquables ont montré que l’excellence était possible, mais leur réussite s’avère difficile à reproduire. Malgré l’énergie et les moyens déployés dans ce domaine, les progrès sont très limités. On en vient même à se demander s’il est possible d’améliorer le système éducatif. Beaucoup de gens oublient le fondement de cette crise. Ils se concentrent sur le taux d’échec aux examens alors que le vrai problème touche aux individus et à leur avenir. Le vrai problème, c’est l’épanouissement ou non du potentiel de chacun, le maintien ou non de sa dignité. On dit souvent que les lycéens américains sont désormais classés au vingt-troisième rang mondial en maths et en sciences. D’un point de vue américain, c’est inquiétant, mais ces classements ne représentent qu’une échelle de mesure très étroite de ce qui se passe dans ce pays. Je suis persuadé que les États-Unis vont demeurer leaders dans les domaines scientifique et technologique pour les années à venir, et ce malgré les failles potentielles de notre système scolaire. Ne soyons pas alarmistes: ce pays n’est pas près de perdre sa place sous prétexte qu’en Estonie, des étudiants maîtrisent mieux la factorisation des polynômes. D’autres aspects de la culture américaine (un mélange unique de créativité, d’esprit d’entreprise, d’optimisme et de capitalisme) ont fait d’elle l’une des plus innovantes au monde. Voilà pourquoi, partout sur le globe, des jeunes rêvent d’aller y travailler. D’un point de vue plus général, ces classements nationaux ne sont pas pertinents. Toutefois, si l’alarmisme n’est pas de mise, la complaisance ne l’est pas davantage. Les Américains ne sont pas génétiquement programmés pour réussir et notre place de leader peut s’affaiblir si nous ne la consolidons pas à l’aide d’individus intelligents et bien formés. L’Amérique est une terre d’innovation, mais qui va en profiter? Est-ce que seule une partie infime des élèves recevra l’éducation nécessaire pour y participer, forçant le pays à importer des cerveaux? Est-ce qu’une proportion grandissante de jeunes gens va rester au chômage faute de compétences? Les mêmes questions s’appliquent aux jeunes de tous les pays. Vont-ils gâcher leur potentiel ou l’utiliser à mauvais es-

cient parce qu’on ne leur a pas donné les moyens ou l’occasion de le développer correctement? La démocratie vat-elle échouer à s’implanter dans les pays en développement à cause d’un enseignement de mauvaise qualité ou un système corrompu? Ces questions ont une dimension à la fois concrète et morale. Chacun de nous gagnerait à ce que tout le monde reçoive une meilleure éducation. Qui sait où le prochain génie va voir le jour? Il se peut qu’une petite fille d’un village africain ait le potentiel de découvrir un traitement contre le cancer; que le fils d’un pêcheur de Nouvelle-Guinée développe un point de vue visionnaire sur l’avenir des océans. Pourquoi gâcher ces talents? Comment pouvons-nous justifier de ne pas offrir à ces enfants une éducation de qualité, dans la mesure où les technologies et les ressources nécessaires sont disponibles? Ce qui nous manque, c’est la lucidité et le courage. Plutôt que d’agir, les gens parlent de changement. Par manque d’imagination ou peur de créer des problèmes, personne n’aborde jamais les fondements du malaise de l’école. Au lieu de quoi, on se concentre sur des sujets dépassés comme les notes et les taux de réussite aux examens. Ces préoccupations ne sont pas triviales, loin de là. Toutefois, la vraie question est de savoir si le monde disposera à l’avenir d’une population productive et épanouie; une population qui pourra réaliser son potentiel et assumer pleinement les responsabilités d’une vraie démocratie. En nous posant ces questions, nous allons repenser certains fondements: comment apprend-on? Le modèle-type (cours magistral en classe, devoirs individuels chez soi) a-t-il encore un sens à l’ère numérique? Pourquoi les élèves oublient-ils ce qu’ils ont soi-disant «appris» sitôt le contrôle passé? Pourquoi les adultes ressentent-ils un fossé aussi grand entre ce qu’ils ont étudié à l’école et ce qu’ils font dans la vraie vie? Voilà les questions fondamentales que nous devrions nous poser. Il ne suffit pas de déplorer l’état du système éducatif; il faut le transformer. En 2004, par hasard comme je vais l’expliquer, j’ai commencé à mettre en pratique quelques idées qui ont fonctionné. Dans une large mesure, elles étaient l’application de principes éprouvés. Grâce à cette expérience, j’ai pris conscience qu’il existait des moyens de changer les choses. Parmi mes différentes expérimentations s’en trouve une qui a eu un succès non escompté: mes leçons de maths sur You Tube. Je ne savais pas trop comment m’y XXX


PROLOGUE FORMATION / 13 XXX

prendre ni si cela allait fonctionner ou si quelqu’un allait les regarder. J’ai fait des essais et commis des erreurs (oui, l’erreur est permise). J’ai mis à profit le peu de temps libre que me laissait mon métier d’analyste pour un fonds d’investissement. Mais quelques années plus tard, j’ai compris que ma passion et ma réelle vocation étaient l’enseignement. En 2009, j’ai démissionné pour me consacrer entièrement à ce qui était alors devenu la Khan Academy. Si le nom était assez prestigieux, mes ressources étaient ridicules. La Khan Academy possédait un PC, un logiciel de capture d’écran à vingt dollars et une tablette graphique à quatre-vingts dollars. Je traçais les graphiques et les équations tant bien que mal, à l’aide de Microsoft Paint, un programme gratuit. En outre, j’avais réussi à compiler des quiz sur mon hébergeur web qui me coûtait cinquante dollars par mois. L’enseignement, l’assistance technique et le secrétariat étaient assurés par une seule et même personne: moi. Le budget était constitué de mes économies. Je passais mes journées en tête-à-tête avec mon ordinateur, vêtu d’un teeshirt bon marché

et d’un jogging. Pourtant, j’y croyais. Je ne rêvais pas de créer un site internet populaire ni de me faire un nom dans le milieu de l’éducation. C’était peut-être illusoire, mais je voulais innover, créer une institution destinée à durer des centaines d’années et qui nous permettrait de repenser l’enseignement. En effet, l’heure est venue de revoir nos fondamentaux. Les nouveaux modèles pédagogiques émergent toujours à des moments-clé de l’Histoire. Harvard et Yale ont été fondées peu après la colonisation de l’Amérique du Nord. Le MIT, Stanford et le système universitaire fédéral ont résulté de la révolution industrielle et de l’expansion territoriale américaine. Aujourd’hui, nous vivons un phénomène d’une ampleur unique: la révolution de l’information. Et ce changement est tellement rapide que créativité et esprit d’analyse ne sont plus en option: ils sont devenus essentiels à notre survie. Nous ne pouvons plus nous permettre de n’éduquer qu’une partie de la population mondiale. /// Extrait de L’Education réinventée. Une école grande comme le monde. Editions Lattès.

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POUR UNE SOLUTION DE PRÉVOYANCE PROFESSIONNELLE PERFORMANTE

PRATIQUE UNIVERSITAIRE COMMUNE Une étude menée auprès de tous les étudiants de première année de la prestigieuse université de Harvard, et publiée dans la gazette étudiante, prouve que 10% d’entre eux auraient déjà triché. En effet, un étudiant sur dix affirme avoir déjà triché lors d’un examen, et près de 17% lors d’un exposé ou devoir de rédaction tandis que jusqu’à 42% confessent avoir fraudé pour un devoir maison. Cependant, ces révélations n’auraient rien de nouveau. Il semble que les élèves ont toujours triché, quelque soit l’époque ou l’école. Une première étude majeure sur le sujet avait été conduite en 1963 auprès de 5000 étudiants américains et révélait que 75% d’entre eux avaient déjà eu recours à l’une des treize variations de tricherie existantes durant leur cursus universitaire. Une autre recherche effectuée de 2002 à 2010 avait révélé que le taux d’étudiants tricheurs oscillait entre 60 et 70% aux États-Unis. Selon le Time, ces cas de tricherie ne seraient que le résultat du modèle actuel d’évaluation des acquis lors de partiels majeurs exceptionnels. ///


14 / PROLOGUE HIGH TECH XXX

mobile est une fonction basique et fournir une connexion internet sécurisée et monitorée à tous les visiteurs devient un devoir et une normalité pour les entreprises. Pour les techniciens du SI, l’intervention sur les mobiles de leur propriétaire est délicat car il est difficile de faire la distincUn équipement minimal de tion entre données personnelles et professécurité doit aujourd’hui être sionnelles, ne pas être sure d’affecter ces couplé avec une solution Mobile données et donc d’être intrusif. Device Management. Concernant la sécurité, le mélange des YANNICK LEGAL données personnelles et professionnelles Consultant Senior, ANTAES ouvrent de nouvelles brèches. Par exemBYOD est l’abréviation de «Bring your ple, en installant la nouvelle application Own Device», programme d’entreprise à la mode, un code plus ou moins malpermettant aux employés d’utiliser leurs veillant pourra aussi être installé sur l’apappareils électroniques connectables dans pareil. Les conséquences de la connexion leur milieu professionnel. Les utilisateurs de ce dernier sur le réseau de l’entreprise avancent l’argument suivant auprès de pourraient avoir des répercutions plus que leur hiérarchie: l’augmentation de leur sa- fâcheuses. tisfaction dans l’exercice de leur fonction. Avant de parler de matériel ou de type Cependant, cela génère des problèmes de logiciel permettant la sécurisation et légaux et des brèches de sécurité au niveau la gestion, l’accès au réseau interne est à de la gestion des données et des réseaux. Si étudier. Il est important de savoir que l’enle problème légal peut être résolu en modi- treprise est responsable du contenu téléfiant le contrat de travail, la charte interne chargé et de la qualité du contenu publié. ou le règlement informatique en accord Après la problématique légale, il faut adavec les départements adéquats, il n’en est mettre que supporter les outils personnels rien de la problématique purement micro- ouvre un accès direct à la boite de Pandore. informatique sécurité et réseau. Est-ce que Il est impossible de lister un inventaire exl’entreprise doit orienter son système d’in- haustif de tous les appareils et de leur sysformation pour s’adapter à tous les mo- tème d’exploitation: ordinateurs portables, dèles d’appareil (Virtual Desktop est non tablettes, mini tablettes et les Smartphones traité dans ce billet) ou doit-elle tenter de toutes générations confondues. contrôler la connexion des appareils avec La solution rêvée est donc de fournir une le Système d’information (SI)? liste de matériaux homologués aux utiliDans un passé proche, les mobiles syn- sateurs permettant au centre de support chronisés pouvaient être désactivés et réi- d’être certain que la demande n’est pas liée nitialisés de manière centralisée de sorte à un bug ou une incompatibilité connue. que les données de l’entreprise restaient Cependant, cela reste une utopie pour un sous contrôle de la direction informatique. service informatique. C’est pourquoi il est Les données synchronisées se limitaient à important de renforcer sa politique inforl’échange de mails, d’entrées d’agenda et matique et de se doter des meilleurs outils de contacts, et finalement la notion de de gestion réseau et d’appareils mobiles virus et autres fishing n’étaient qu’ex- mais surtout de bien définir sa politique ceptions. Aujourd’hui, surfer depuis son BYOD. Le tableau Gartner ci-contre nous donne la visibilité KEY MOBILE DELIVERY / SECURITY TECHNOLOGIES sur l’ensemble de Sample Vendors Application Native Development ces outils. Antenna Sencha Web Development Development Software Accelerator Concernant la poMobile Enterprise Application Platforms* SAP Verivo litique, la liste suiMobile Consumer Application Platforms* IBM Adobe Kony Application vante donne quelDelivery Citrix XenApp/XenDesktop Virtual Desktop ques suggestions: VMWare Horizon view Good, Mocana, Citrix Mobile valider la politique Data Containerization, DLP, App.Encryption Solutions, Excitor, Symantec, Protection d’utilisation mail AirWatch, AppSense Enterprise File Synchroniyation et d’accès web, Collaboration Accellion, Box, Citrix Sharefile and Sharing* informer les colMobileIron Good Technology Application AirWatch Symantec laborateurs que le Management Fiberlink and Security Mobile Device Management* service informatiCitrix XenMobile Device que a aussi accès Boxtone Management SAP aux données perand Security Source: Gartner IBM sonnelles stockées ENTREPRISE

L’obligatoire interconnectabilité

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sur l’appareil, définir des types de profils, mettre en place une politique de mot de passe et d’authentification. En conclusion, il est difficile de passer à coté d’un programme «BYOD», car même s’il y a une politique de restriction face aux outils personnels, l’entreprise doit se munir d’un équipement de sécurité minimum avec une authentification en bonne et due forme, un pare-feu performant, un équipement d’intrusion détection (reconnaissance d’accès) ainsi qu’une solution Mobile Device Management. SYNERGIES

Le marché d’avenir au potentiel d’économie Les secteurs des voyages d’affaires et des MICE montrent de plus en plus souvent des points de contact.

KLAUS STAPEL

Directeur AirPlus International Le développement des directives d’entreprises dans le segment MICE (Meetings, incentives, conferences, and exhibitions), lequel est important aux États-Unis depuis des décennies déjà, doit encore se poursuivre en Europe. Aussi ne s’étonnera-t-on pas qu’aux États-Unis 45% des gestionnaires de voyages sont aussi, au sein des entreprises, responsables des activités MICE. En Europe, en revanche, ils ne sont que 32% dans cette situation, dans la zone Asie-Pacifique 38% et, avec 19%, l’Amérique latine détient la lanterne rouge. Avec 33%, l’Amérique latine est toutefois en tête en ce qui concerne l’externalisation des activités MICE tandis qu’aux EtatsUnis 10% de ces activités seulement sont externalisées. C’est ce que révèle la dernière étude d’AirPlus International pour laquelle ont été interrogés dans le monde entier quelque 2100 gestionnaires de voyages d’Australie, d’Autriche, de Belgique, du Brésil, du Canada, de Chine, du Danemark, de Finlande, de France, d’Allemagne, d’Inde, d’Italie, du Mexique, des Pays-Bas, de Norvège, de Russie, de Singapour, d’Afrique du Sud, d’Espagne, de Suède, de Suisse, de Turquie, de GrandeBretagne et des Etats-Unis. A l’échelle mondiale, 24% des personnes XXX


PROLOGUE HIGH TECH / 15 XXX

interrogées sont d’avis que les activités MICE vont augmenter à l’avenir. La raison en est, d’une part, que le budget pour les manifestations a de nouveau augmenté depuis 2010 mais aussi que les secteurs des voyages d’affaires et MICE montrent de plus en plus souvent des points de contact. Précisément, les entreprises montrent souvent que les procédures de paiement qu’elles ont déjà optimisées dans le secteur des voyages d’affaires restent en partie encore en friche dans le segment MICE. En particulier chez les PME suisses, il y a encore à cet égard des points d’interrogation – c’est ainsi qu’en comparaison internationale, il n’y a en Suisse que 17% des gestionnaires de voyages qui croient à une augmentation des activités MICE. Si l’on considère plus précisément l’importance des entreprises, on constate que les plus petites entreprises ayant moins d’activités MICE s’attendent aussi à moins de dépenses dans le secteur MICE que les entreprises d’importance moyenne et que les grandes. Sur le plan mondial, plus de la moitié (57%) croient que les dépenses resteront stables par rapport à l’année précédente. A la question de savoir si les gestionnaires de voyages négocient avec les prestataires MICE et voient à l’avenir des possibilités de réaliser des économies, la

Suisse occupe, avec 46%, le septième rang. En ce qui concerne les économies issues des négociations, c’est, avec 88%, le Brésil qui est leader. Ceci n’est pas surprenant étant donné que des marchés de voyages d’affaires momentanément encore moins développés tels que l’Inde (69%) et la Turquie (65%) voient dans l’aperçu général par pays davantage de potentiel pour une augmentation des activités MICE que les marchés des voyages d’affaires déjà confirmés comme les États-Unis (10%), les Pays-Bas (14%) ou la France (14%) en raison de la situation économique encore incertaine sur le marché. Mais, sur le plan mondial, le nombre des gestionnaires de voyage qui négocient avec des prestataires MICE afin de gérer les frais occasionnés est en augmentation. Ce sont surtout les pays suivants qui sont fortement engagés dans des négociations de contrat: Italie, Inde, Mexique, Scandinavie et Espagne contrairement à l’Australie, à la Russie, aux États-Unis, aux Pays-Bas et à Singapour. Les chiffres ne sont certes pas encore comparables avec ceux du marché des voyages d’affaires (négociations avec des hôtels, des compagnies aériennes, des prestataires de location de voiture, etc.) mais depuis 2009, ils n’ont cessé d’augmenter.

Cela va de pair avec le nombre croissant de contrats négociés dans le secteur. Aussi bien les grands groupes internationaux que les PME peuvent bénéficier d’effets d’économies pouvant aller jusqu’à 20% avec le développement du regroupement des deux secteurs voyages d’affaires et MICE. Tandis qu’un nombre toujours plus important plus de gestionnaires de voyages négocient avec des prestataires MICE, le pourcentage des gestionnaires de voyages qui s’attendent réellement à de futures économies a baissé. L’étude montre que les gestionnaires de voyages qui, au sein de l’entreprise, sont eux-mêmes responsables des activités MICE, se sont fixé pour objectif en 2013 de négocier de nouveaux contrats et de faire ainsi baisser les coûts. Comme moyens de réaliser des économies, il y a différents outils à disposition tels, par exemple que la Meeting Card d’AirPlus (avec une fonction Mastercard virtuelle). Cette carte peut aujourd’hui déjà être utilisée partout où les entreprises sont actives dans le secteur MICE – à savoir pour les réservations d’hôtels avec des salles de réunion, des Business Centers ou pour des prestations de transport. Et l’étude le démontre: le potentiel dans le segment MICE n’est de loin pas encore épuisé. ///

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ÉTATS-UNIS

L’intrigante indépendance La somme requise pour extraire le pétrole du sol américain portera grandement atteinte à l’économie du pays. JAMES HOWARD KUNSTLER

Journaliste, Rolling Stones Magazine Ceux qui gravitent dans la sphère économique ont dû transpirer lorsqu’était publié un rapport de l’Agence Internationale de l’Energie, basée à Paris stipulant que les États-Unis prendraient bientôt la place de l’Arabie Saoudite en tant que premier producteur mondial de pétrole, pour atteindre leur nirvana d’indépendance énergétique qu’ils nous ont tant fait miroiter. Aux États-Unis, la nouvelle a été accueillie avec jubilation. Bienvenue dans un monde où le pic de la crédulité rencontre le pic de l’ânerie. Nous savons depuis un moment que les autorités de nombreux domaines – politique, économie, business et médias – s’efforcent de maintenir l’illusion que les États-Unis sont capables, bien qu’à grand peine, de maintenir en place leur mode de vie. Par la faute des élites, le divorce entre vérité et réalité est quasi-total. Le système financier ne fonctionne aujourd’hui plus que par la fraude comptable. Le gouvernement n’est maintenu en place que par ce qu’il lui reste d’outils statistiques frauduleux. Le commerce du gaz et du pétrole fonctionne sur le dos de la fraude des relations publiques. Quant aux médias, ils survivent grâce au désir incompréhensible des masses à croire en tous les mensonges qui leurs sont débités quant à leur capacité future à maintenir leur petit confort moderne. A partir de 2005, il a été répété de nombreuses fois que les nappes de pétrole du Nord-Dakota, du Texas, de Louisiane, de Pennsylvanie, de New York et de l’Ohio permettraient aux Américains de conduire jusqu’au WalMart le plus proche jusqu’à la fin des temps. Etonnamment, le pic du pétrole était atteint cette même année. Il arrive parfois que les renseignements concernant la production de pétrole et de gaz soient si abstrus que les éditeurs du New York Times, de Bloomberg News Services, de CNN et d’autres géants des médias avalent tout cru les rapports de l’AIE, et qu’une nation affligée par le doute quant à son futur parte en vacanAGEFI MAGAZINE | STRATÉGIES 2014 | OCTOBRE 2013

ces l’esprit en fête – nous deviendrons bientôt numéro 1, notre futur est garanti! Qu’ils passent un bon Thanksgiving et un joyeux Noël… J’espère qu’ils seront prêts à dessoûler en 2013. Lorsque la vérité viendra finalement à éclater au beau milieu de ce marasme de cachoteries, la déception sera terrible. C’est pourquoi l’histoire des nappes de pétrole des États-Unis n’est en rien un changement de donne, comme le pensent les plus crédules: la somme requise pour extraire ce pétrole du sol (80 à 90 dollars par baril) portera grandement atteinte à l’économie américaine. Et puisque les prix sont déjà si élevés, l’économie en souffre déjà. La conséquence en sera une économie en contraction plus ou moins permanente. Comme la demande en pétrole décline parallèlement à l’économie, le prix du pétrole chute – et il continuera de chuter jusqu’à tomber en-deçà du prix qui rendrait son extraction rentable. A mesure que l’économie se contracte et que la croissance économique dont aurait besoin notre système disparaît, les problèmes auxquels fait face le monde des finances et de la banque ne font que s’aggraver. Tout ceci est principalement dû au fait que la monnaie, qui a jusqu’alors été empruntée, ne peut plus être remboursée. Les emprunts font l’un après l’autre l’objet de défauts. Les gouvernements jouent des jeux dangereux avec l’argent public – ainsi qu’avec la «monnaie» qu’ils créent à partir de rien – et l’utilisent pour soutenir les banques. Et rien de tout cela ne règle le problème d’une quantité insuffisante de monnaie réelle dans l’économie. Les conséquences de ces pitreries désespérées ne seront autres qu’une détérioration de la formation de capital, c’est-à-dire d’un échec à créer du capital nouveau. L’absence de formation de capital, en parallèle à l’impossibilité pour les gouvernements à rembourser leurs dettes, entraîne une pénurie du crédit, tout particulièrement pour les entreprises qui en ont besoin en quantités énormes pour mener à bien des opérations coûteuses telles que l’extraction de gaz et de pétrole de schiste. Le gaz et le pétrole de schiste ont des propriétés quelque peu problématiques. Creuser un puits de pétrole peut coûter entre 6 et 8 millions de dollars, et chaque puits est rapidement épuisé. Les puits du champ de Bakken, dans le Nord du Dakota, sont généralement épuisés à hauteur de 40% après un an. Le pétrole n’est pas distribué de manière égale dans les nappes, et il existe des endroits plus riches

en pétrole que d’autres. Les gisements les plus importants ont été épuisés les premiers, et la qualité des sites d’extraction potentielle qu’il reste aujourd’hui est sur le déclin. La tendance actuelle présente un déclin de 25% de la productivité des nouveaux puits au cours de leur première année d’activité. Il existe plus de 4300 puits de pétrole au Nord du Dakota, qui produisent environs 610.000 barils par jour. Afin de maintenir un tel niveau de production, le nombre de puits devra augmenter à un rythme bien plus rapide qu’auparavant. C’est ce que l’on appelle le «syndrome de la Reine Rouge», qui fait allusion au personnage d’Alice au Pays des Merveilles qui a déclaré devoir courir toujours plus vite pour rester où elle se trouve. Le problème de la formation de capital attend patiemment en arrière-plan, et fera qu’il n’y aura tôt ou tard plus assez de capital pour construire de nouveaux puits et maintenir la production aux niveaux actuels. En d’autres termes, le pétrole de schiste est une pyramide de Ponzi. La situation d’Eagle Fort, au Texas, est très similaire. Je n’ai pas fait mention des effets du forage sur les nappes phréatiques, et ne m’y aventurerai pas. Disons juste qu’ils s’ajoutent encore au problème. En matière de prix, on peut mettre dans le même sac le gaz de schiste et le pétrole de schiste. L’extraction intensive de gaz de schiste a entraîné une surabondance, ce qui a fait passer son prix de 13 dollars l’unité (1000 mpc) à 2 dollars en début d’année. A un tel prix, il n’est plus rentable de forer et d’en extraire plus. Cet effondrement de prix a eu de nombreuses retombées pour les compagnies spécialisées dans le domaine, bien que leurs clients en aient fortement bénéficié. Une importante quantité de matériel de forage a été retirée de la région du Nord du Dakota. Bientôt, il y aura moins de gaz disponible, et son prix augmentera de nouveau. Il devra franchir la barre des 8 dollars l’unité pour que les sociétés recommencent à en extraire. Mais comme c’est souvent le cas pour ce type de correction, son prix passera certainement bien au-dessus de 8 dollars, ce qui le rendra impayable pour une majorité de clients. Sa volatilité seule rend la production de gaz de schiste impossible à stabiliser. Oubliez donc tout ce que vous avez entendu au sujet du futur des États-Unis comme exportateur de gaz. Vous avez certainement compris le problème, mais j’aimerais ajouter quelques notes supplémentaires quant à l’idée que XXX


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les États-Unis puissent devenir énergiquement auto-indépendants. Leur production se fait désormais si lentement à Prudhoe Bay, en Alaska, que le fameux pipeline pourrait ne jamais être utilisé. Si l’extraction de pétrole venait à chuter jusqu’à atteindre un volume critique, il faudrait plus de temps pour transporter l’or noir. Le pétrole pourrait finir par refroidir et prendre une consistance boueuse à mesure que l’eau qui le compose gèle – ce qui pourrait également endommager le pipeline. Il n’y a bien entendu pas assez d’argent disponible pour réparer un pipeline dans une région dans laquelle il est difficile d’extraire du pétrole. Les pays exportateurs de pétrole (ceux qui envoient du pétrole vers les EtatsUnis) consomment désormais leur propre pétrole et voient leurs réserves chuter, ce qui entraîne une diminution de leur taux d’exportation annuel. La Chine, l’Inde et d’autres nations en cours de modernisation profitent grandement de ce déclin de taux d’exportation. Je ne me suis pas attardé sur les forces géopolitiques qui se cachent derrière la dynamique de production de gaz et de pétrole. En voici une intéressante: un jour viendra où les États-Unis auront à employer la doctrine Monroe pour forcer le Canada à ne plus exporter son pétrole ailleurs qu’en Amérique du Nord. Je vous le garantis. Voici également une prévision dont j’ai déjà fait mention auparavant: le Japon sera la première nation à opter consciemment pour une économie industrielle avancée. Il n’aura aucun autre choix, ne possédant aucune réserve de pétrole, de gaz ou encore de charbon, et ayant perdu toute confiance en l’énergie atomique. Il sera le premier pays à entrer dans un monde où tout sera fait main. Les Japonais étaient déjà doués pour cela avant 1850, et ont une brillante culture artistique – malgré les effets qu’elle peut avoir sur la psychologie humaine. Je ne pense pas que les Etats-Unis puissent subir une telle transformation dans le calme. Ils sont bien trop attachés à leur techno-narcissisme et à leur grandeur. Ce qui m’inquiète, c’est qu’ils ne se rendront compte de la situation que lorsqu’ils ne pourront plus rouler jusqu’au WalMart le plus proche. Etant prédisposé à la superstition et au fanatisme religieux, le public Américain rejettera d’un bloc science et rationalité, et se retirera dans un bien sombre monde. Et ils n’en sont pas loin aujourd’hui. Le rapport de l’AIE ne fera qu’accélérer les choses. /// AGEFI MAGAZINE | STRATÉGIES 2014 | OCTOBRE 2013

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DISCUTABLE / 19

Les grands effets de la gouvernance PAR ÉRIC BLANCHARD

Associé-gérant Harold Alexander Consulting

Équilibre. Carsten Schloter (CEO de Swisscom) et Pierre

ser prendre, ce qui revient au même) des décisions lourdes. Wauthier (CFO de Zürich Assurances) nous ont douloureuse- Mais leur capacité d’investigation pour étayer ces décisions ment rappelé cet été l’importance cruciale d’une gouvernance est extrêmement limitée. Difficile de se forger une opinion équilibrée. Crise de gouvernance chez Accor. Un communi- sans aller au contact de l’entreprise. Impossible d’investiguer qué subtil annonce le départ du Président du Conseil d’Ad- sans déstabiliser le management, remettre en cause sa légitimité et in fine lui rendre la tâche impossible. ministration. Les raisons profondes de telles Chacun sa place pour que l’ensemble puisse crises sont rarement connues du commun avoir une chance de fonctionner. Du coup des mortels. Le mot «stratégie» revient réil est parfois plus facile en Conseil d’adopter gulièrement, agrémenté de «divergence» ou une attitude par défaut: acceptation ou refus. «réserves». En fait, les différents humains Comble du raffinement, lorsqu’un membre prennent souvent le dessus. du management est également un important Quelles conséquences pour l’entreprise? De actionnaire: le Conseil risque de se trouver prime abord, la vie – normalement – discrète pris entre le marteau et l’enclume. L’exercice des Conseils est déconnectée de la vie réelle peut alors rapidement devenir vide de sens des entreprises. C’en est même déroutant ou impossible. Suivant les personnalités, le pour les salariés. Formellement, le Conseil Conseil prend toute sa dimension, devient prend des décisions qui ont un impact sur une chambre d’enregistrement ou voit se leur travail. En réalité, certains Conseils multiplier des démissions plus ou moins sont perçus comme des chambres d’enrediscrètes. Tout est une question d’hommes. gistrement des décisions de la direction. Ils sont composés de gens qu’ils n’ont jamais vu dans l’entreprise et dont la connaissance du Incidence. Côté entreprise, enfin. A premétier n’est pas toujours assurée. Parfois, les mière vue, la vie du Conseil est purement L’organisation salariés perçoivent une décision… décalée. formelle et cantonnée à sa bulle éphémère. Difficile à décoder. Comme une partie d’un Pourtant son incidence sur l’entreprise est du leadership a des sport dont les règles ne seraient pas vraicertaine. Pas uniquement à travers ses déconséquences sur ment connues. Les salariés guettent à l’issue cisions ou non – décisions. Les relations la vie des entreprises. du Conseil, sur les visages du top managequ’entretient le Conseil avec le dirigeant Bien procéder est gage ment, la réponse à une question: «Ca s’est vont avoir un impact en cascade le long de pérennité. bien passé?». Sans d’ailleurs toujours percede la chaine hiérarchique. L’exigence ou le voir la portée d’une réponse qui trahira prolaisser-aller. Le courage des décisions ou la bablement un moment d’humeur mais pas «défausse». Le dynamisme ou la passivité. réellement le secret des délibérations ni parfois leur violence. Toutes ces nuances vont influer sur l’attitude du dirigeant vis à vis de son premier cercle, puis de celui-ci vis à vis du manaComplexe. Organiser la gouvernance de l’entreprise peut gement intermédiaire… vite devenir un art complexe. Ses conséquences sur la marche De proche en proche, toute l’entreprise est concernée. Lorsque les styles du Conseil et du dirigeant s’inscrivent dans la durée, des affaires, bien que parfois subtiles, sont réelles. Côté dirigeant, d’abord. Le Conseil est un outil idéal pour c’est la culture d’entreprise qui se façonne. Ainsi se créent des rompre la fameuse solitude du manager. Construit avec soin groupes qui fonctionnement comme une juxtaposition de siil rassemble des pairs ou individus expérimentés à la vision los, d’autres où l’innovation bouillonne, d’autres encore où les large. Echanges fertiles et débats constructifs devraient en décisions deviennent tellement consensuelles que n’importe ressortir… tant que l’autorité et les moyens d’actions du qui peut bloquer n’importe quelle évolution… dirigeant sont respectés. L’ingérence d’une personnalité La gouvernance est un sujet qui a vu fleurir ces dernières andont le rôle appartient au Conseil peut vite devenir insuppor- nées une abondante littérature. Il serait cependant dommage de ne la considérer que comme un effet collatéral de l’inflatable pour un CEO. Côté Conseil d’Administration ou de Surveillance. Un exer- tion règlementaire. Elle a des conséquences, certes de long cice de style terriblement délicat. La responsabilité des mem- terme, mais réelles et concrètes sur la vie des entreprises. Bien bres est engagée jusqu’au pénal. Ils doivent prendre (ou lais- organiser la gouvernance est gage de pérennité. /// AGEFI MAGAZINE | STRATÉGIES 2014 | OCTOBRE 2013


20 / ENTRETIEN

La perversité mésestimée du précautionnisme Le principe de précaution ne favorise pas une société sans risque. Il est au contraire une source d’imprudence, de gaspillages et de nouveaux dangers pour la population et l’environnement.

Propos recueillis par NOËL LABELLE

L

e principe de précaution est régulièrement mis en avant pour imposer des interdictions dans des domaines de plus en plus nombreux. Il sert aussi à justifier de nombreuses interventions de l’État dans l’économie. Ces interventions «précautionnistes» comportent cependant nombre d’effets pervers. Explications avec Valentin Petkantchin, chercheur associé à l’Institut économique Molinari.

Quelle définition précise peut-on donner du principe de précaution?

Sans qu’il existe encore aujourd’hui de définition universellement admise du principe de précaution, ou PP, l’objectif initial était de permettre d’interdire un produit ou une technologie en cas de risque de dommage irréversible pour l’environnement, et ce en dépit de l’incertitude scientifique à cet égard. Pourquoi est-il devenu aujourd’hui omniprésent?

La culture du «précautionnisme» a pris son essor au cours des dernières décennies avec notamment la reconnaissance politique du «principe de précaution», le PP. Celui-ci prend en effet une place de plus en plus importante dans les textes officiels nationaux et internationaux depuis le début des années 1990, à l’image de la déclaration de Rio ou de son intégration dans le traité de Maastricht. En France, par exemple, il figure dans la loi Barnier de 1995 et fait partie intégrante de la Constitution depuis 2005. D’une part, si l’objectif initialement affiché du PP était de permettre aux politiques de prendre des décisions en dépit de l’incertitude scientifique qui pouvait régner, celle-ci est devenue la justification principale des interventions publiques. Elle est une sorte de «passe-partout» universel pour les politiques souhaitant interdire n’importe quel produit, même s’il existe un quasi-consensus scientifique quant à son innocuité dans les conditions réelles d’utilisation. Un exemple emblématique est le cas des ondes électromagnétiques. Le gouvernement français envisage ainsi des restrictions aux antennes-relais, en dépit de l’avis et de l’expertise scientifiques selon lesquels une telle décision est injustifiée. Le PP est pourtant souvent présenté comme un garde-fou contre l’introduction de nouvelles technologies…

Oui, c’est notamment le cas pour nanotechnologies. L’objectif affiché est qu’elles ne devraient pas être autorisées tant que leur sécurité n’est pas totalement prouvée. Or, dans les faits, l’application du PP cible souvent, au contraire, de nombreux produits commercialisés depuis des décennies, sans problèmes avérés, et ce même s’ils sont la référence dans leur industrie respective. Enfin, l’application du PP par le pouvoir politique a «débordé», concernant des cas où le risque environnemental est inexistant. L’approche précautionniste vise ainsi, par exemple, des produits de consomAGEFI MAGAZINE | STRATÉGIES 2014 | OCTOBRE 2013

mation courants. L’État intervient donc désormais dès l’évocation du moindre doute, qu’il soit scientifiquement fondé ou pas. La liste va des OGMs, de la téléphonie mobile et des ondes électromagnétiques aux e-cigarettes ou autres produits de tous les jours. Selon vous, le PP serait donc un réel obstacle à l’innovation technologique et au progrès scientifique?

Face à cette prolifération du PP, nombreuses ont été les mises en garde. En particulier, elles ont montré le fait que cela augmentait l’incertitude juridique pour les entreprises et pouvait donc avoir des effets délétères sur l’activité économique. Le PP est donc bien un réel obstacle à l’innovation technologique et au progrès scientifique. Plus rares sont les avertissements, cependant, concernant les dangers sanitaires et environnementaux inhérents à l’application politique du PP. En effet, le PP passe outre les bénéfices des produits visés, et peut de ce fait augmenter, plutôt que diminuer, les risques totaux. De plus, le PP peut obliger les entreprises à se rabattre sur des substituts moins efficaces et dont les risques économiques, sanitaires et environnementaux réels peuvent s’avérer in fine «pire que le mal». Renoncer à une activité, à un produit ou à une technologie au nom du PP ferait donc courir le risque de perdre les avantages qu’il peut procurer?

Exactement. Ou autrement dit, si l’application du PP vise à diminuer certains risques, elle en augmente par la même occasion d’autres risques, ou en fait naître de nouveaux. C’est qu’on appelle la notion de substitution d’un risque par un autre ou de risk-risk trade-off. Ces risques nés de l’application du PP ont tendance à être d’autant plus importants que les produits visés sont la référence sur leur marché. L’exemple qui illustre bien ce risque du précautionnisme est le cas controversé du pesticide DDT ou dichlorodiphényltrichloroéthane. Découvert par Paul Müller, qui a reçu le prix Nobel de médecine en 1948 pour sa mise au point, il a été considéré comme le produit de référence dans la lutte contre le paludisme au milieu du XXe siècle. Il aurait permis d’éradiquer totalement cette maladie mortelle dans les pays développés et de la contrôler ailleurs. Selon l’Académie nationale américaine des sciences, les bénéfices en termes de vies humaines sauvées ont été considérables: «en moins de deux décennies, le DDT a permis d’épargner les décès, à cause du paludisme, de 500 millions de personnes, qui auraient été sinon inévitables». En dépit de ces bénéfices, le DDT va être la cible des pouvoirs publics suite à la publication en 1962 du livre de Rachel Carson, Silent Spring. Accusé, entre autres, de nuire à certains oiseaux et sous la pression des mouvements écologistes, le DDT va ainsi être interdit dans les pays développés au début des années 70 en dépit des bénéfices sanitaires et des nombreux avis scientifiques XXX


ENTRETIEN / 21

«L’État intervient dès l’évocation du moindre doute. Qu’il soit scientifiquement fondé ou pas.» VALENTIN PETKANTCHIN Chercheur associé à l’Institut économique Molinari

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émis quant à son innocuité. Des difficultés vont alors apparaître pour se le procurer au niveau international et des pays – dépendants de l’aide internationale dans leur lutte contre le paludisme – ont ainsi été poussés à arrêter son utilisation. L’Organisation mondiale de la santé s’est aussi progressivement détournée de la pulvérisation domiciliée de DDT dans ses programmes de contrôle du paludisme bien qu’il fût toujours reconnu comme l’un des moyens les moins onéreux et les plus sûrs. De nombreux exemples indiquent que l’utilisation du DDT ferait chuter la prévalence du paludisme et qu’au contraire son abandon s’accompagne d’une résurgence de la maladie et du nombre de morts. Pour faire face au paludisme, l’utilisation du DDT est d’ailleurs de nouveau recommandée par l’OMS en 2006. Les coûts du précautionnisme liés à l’abandon du DDT sont donc loin d’être hypothétiques car il s’agit de millions de vies humaines perdues, la question continuant à faire débat. Quels sont les autres impacts du PP sur l’économie?

Le fait de restreindre ou d’interdire un produit crée inévitablement une situation d’incertitude sur le marché, génératrice de nouveaux risques, inexistants jusque-là. D’une part, toute nouvelle réglementation ou interdiction oblige les entreprises à s’adapter et cela peut créer des risques imprévus. Par exemple, la décision arbitraire de réduire la puissance des antennes-relais au nom du PP en France pourrait, au contraire, «augmenter, sans justification, l’exposition des quelques 90% des Français qui utilisent un portable». Pourquoi? Parce que la réduction de la puissance des antennes obligera les opérateurs à multiplier leur nombre pour compenser la réduction des zones de couverture. Or, la puissance d’émission du portable augmente chaque fois que l’on passe d’une zone à une autre, d’où une exposition plus grande pour les utilisateurs. D’autre part, une interdiction au nom du PP peut également pousser les entreprises à se rabattre sur des substituts qui présentent des risques sanitaires et environnementaux tout aussi, voire plus importants. Cette incertitude est d’autant plus élevée que le produit visé est largement utilisé dans son industrie. Par exemple, dans la lutte contre le réchauffement climatique, une directive européenne de 2006 a interdit à partir du 1er janvier 2013 l’utilisation du gaz R134a, pourtant largement utilisé dans les systèmes de climatisation des voitures. Cette décision a poussé les constructeurs à se rabattre sur le gaz HFO 123yf. Or, contrairement à son prédécesseur, ce substitut est un gaz qui, s’il s’enflamme, devient hautement toxique, voire mortel. En cas d’accident, il pourrait donc mettre en danger la vie des passagers et du personnel de secours. Le cas du bisphénol A – un produit chimique largement utilisé depuis plus de 50 ans notamment pour protéger la nourriture dans les boîtes de conserves, les bocaux, etc., de possibles contamiAGEFI MAGAZINE | STRATÉGIES 2014 | OCTOBRE 2013

Valentin Petkantchin détient un doctorat ès sciences économiques et est diplômé du Magistère média et formation économique de l’Université d’AixMarseille III. Entre 2004 et 2006, il a été le directeur de la recherche de l’Institut économique de Montréal, intervenant régulièrement à la TV, à la radio et dans la presse sur des questions de politiques publiques canadiennes. Il a publié de nombreuses études sur divers sujets. Il est également l’auteur d’un livre sur l’histoire de la pensée économique et l’œuvre d’Adam Smith, intitulé «Les sentiments moraux font la richesse des nations».

nations – est un autre exemple. Il est plausible que l’application du PP là aussi crée de nouveaux risques pour les consommateurs, liés à des substituts trouvés dans la précipitation et sous la contrainte des pouvoirs publics. Certains produits, enfin, se trouvent «poussés» par les politiques au nom du PP. Pourtant, leur utilisation non seulement n’est pas sans risque, mais elle s’avère source de gaspillages et de nouveaux dangers pour la population. Le cas des biocarburants illustre parfaitement cela. Supposés permettre une diminution des gaz à effet de serre par rapport aux produits pétroliers conventionnels, leur développement a été encouragé fiscalement et réglementairement par les pouvoirs publics au cours des dernières décennies au nom du PP et de la lutte contre le réchauffement climatique. Quel est le bilan de cette «promotion» politique?

D’un point de vue économique, cette politique cause des distorsions considérables sur le marché. Des entreprises ont ainsi été poussées à «malinvestir» dans des raffineries et divers autres équipements et à gaspiller des ressources rares (terre, énergie, eau, main-d’œuvre, pesticides, fertilisants, etc.). Ensuite, en détournant une partie des productions agricoles de leur utilisation traditionnelle pour nourrir la population, la politique des biocarburants a contribué à une flambée artificielle des prix agricoles et a augmenté le risque de crise alimentaire. Ainsi, l’indice des prix agricoles du FMI a augmenté de 130% entre 2002 et 2008 et il est estimé que jusqu’à 75% de cette augmentation provenait des politiques de biocarburants. Mais ce n’est pas tout. Car la croyance que le CO2 émis lors de la combustion du biocarburant ne doit pas être pris en compte parce que la culture des matériaux organiques nécessaire à leur production a permis d’absorber du CO2 de l’atmosphère» ne résiste pas à un examen approfondi. Il est en effet évident que la nouvelle culture servant à la production de biocarburants se substitue inévitablement soit à une culture déjà existante, soit, pire du point de vue des émissions de CO2, à de la terre non défrichée exigeant par exemple déforestation et dégagement de quantités de CO2 considérables dans l’atmosphère. ///



BLOOMBERG

STRATÉGIES 2014 / 23

L’instinct de protection

L

a croissance économique mondiale est en légère accélération (+2,7% en 2013 et 3,2% en 2014), mais la prudence reste de mise. Les chocs financiers subis durant l’été par de grandes économies émergentes (Brésil, Inde, Indonésie, Turquie) affecteront leur croissance à court terme. Par contre, l’activité a cessé de ralentir en Chine et se restaure au Japon et au Royaume-Uni. La croissance américaine paraît installée sur une trajectoire régulière, créatrice d’emplois et favorable à la réduction du déficit budgétaire. La progression des dépenses du secteur privé est supérieure à celle de la croissance potentielle estimée par le Congress Budget Office. Au Japon, le pari de la relance s’avère gagnant jusqu’à présent. La zone euro est sortie de récession. La croissance restera cependant faible en 2014. Le recul de l’activité industrielle en juillet vient d’ailleurs tempérer la croissance surprise du deuxième trimestre. Pour autant, l’amélioration du climat des affaires est patente. Les conditions de financement des économies les plus fragilisées de la zone se sont également détendues. La zone de risque s’est ainsi éloignée mais n’a pas disparu. Quant à la Suisse, elle semble presque immunisée contre les accès de crise en provenance de l’étranger, grâce à l’excellent cycle que connaît son économie intérieure. /// AGEFI MAGAZINE | STRATÉGIES 2014 | OCTOBRE 2013


24 / STRATÉGIES 2014

Comment les opérations financières peuvent être un moteur de performance Le retour de la confiance en Europe encourage acteurs industriels et financiers à étudier les projets de croissance externe mis de côté ces dernières années.

NATHALIE MARTIN PELRAS

CIO et Gérant du fonds KBL Richelieu Spécial KBL Richelieu Gestion

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ela n’aura échappé à personne, l’été aura été particulièrement riche en opérations de fusions et acquisitions en Europe. Fusion entre Publicis et Omnicom, OPA de Vodafone sur Kabel Deutschland, cession par Vivendi de sa participation dans Activision Blizzard, offre de Telefonica sur E-Plus (KPN Allemagne), OPA de Perrigo sur Elan (pharmacie)… Les opérations se sont succédé à un rythme que nous n’avions plus observé depuis plusieurs années. Le mois de septembre s’inscrit dans la même veine, avec l’annonce de la troisième plus grosse opération de l’histoire que constitue la cession par Vodafone, décidemment très actif, de sa participation dans Verizon Wireless pour 130 milliards de dollars. Cette «méga-opération» aura presque fait passer pour anecdotique la cession des téléphones portables de Nokia à Microsoft pour 7,4 milliards de dollars... Toujours dans les Telecoms, Portugal Telecom et Oi (opérateur brésilien déjà partiellement détenu par PT) viennent d’annoncer leur fusion une semaine après la montée au capital de Telefonica sur Telecom Italia.

bilans des entreprises et les niveaux de taux d’intérêt. En effet, si ces éléments ne sont pas suffisants à eux seuls pour déclencher une vague de fusions-acquisitions, ils en constituent une base solide. Les entreprises européennes disposaient ainsi, fin 2012, de plus de 1000 milliards de dollars de cash, soit un peu plus de 9% du total de leur bilan. Ce cash, compte tenu des très faibles rendements des marchés monétaires, perd de sa valeur s’il n’est pas investi. Dans un contexte de

Les craintes sur une possible explosion de la zone euro ont freiné l’ardeur de beaucoup de programmes d’investissement ces dernières années. croissance économique européenne qui reste faible, et compte tenu d’un travail de restructuration et notamment de réductions de coûts très avancé voire totalement réalisé, les sociétés ne disposent plus que du levier «opérations financières» pour améliorer leur rentabilité et le retour CORRÉLATION ENTRE LA CONFIANCE DES CEO US ET LE CYCLE DU M&A Global M&A, 12 month rolling sum, % of market cap US CEO Business confidence, rhs, lead 6Q

12%

Moteurs. Il serait trop long de faire une liste exhaustive de l’ensemble des opérations annoncées depuis le début de l’année, mais en quelques chiffres: le montant des opérations de M&A dans le monde atteint d’ores et déjà plus de 2000 milliards de dollars, avec près de 20 opérations à plus de 10 milliards de dollars et plus de 340 milliards de dollars pour le seul secteur des telecoms! Si la progression par rapport à 2012 n’apparaît pas nettement significative, la taille et le nombre de deals annoncés sont quant à eux largement supérieurs à ce que les marchés ont connu ces dernières années. Plusieurs indicateurs étaient déjà au vert en 2012 et notamment la qualité des AGEFI MAGAZINE | STRATÉGIES 2014 | OCTOBRE 2013

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Sources: Thomson Reuters, Credit Suisse Research

UTILISATION DE LA TRÉSORERIE DES DIRIGEANTS ANGLO-SAXONS 40 30 20 10 0 -10 -20 -30 -40 -50 -60

Outlook in next 12 months (net % balance reporting an increase)

M&A

Cash

Div’s Operating Fin. costs costs

Sources: Deloitte, Credit Suisse Research

Capex

Hiring Disc spending

à l’actionnaire, que ce soient via des acquisitions afin de consolider leur marché et de disposer d’un plus fort «pricing power» ou via des distributions exceptionnelles (dividendes, rachats d’actions). L’autre ingrédient indispensable, et qui n’est apparu que plus récemment, est le retour de la confiance. En effet, quel chef d’entreprise oserait se lancer dans une opération de croissance externe à l’aveugle? Les craintes sur une possible explosion de la zone euro ont ainsi freiné l’ardeur de beaucoup de programmes d’investissement ces dernières années.

IPO.

Aidée par des banques centrales toujours plus accommodantes et par des valorisations boursières qui restent raisonnables, la confiance semble donc être revenue. La capacité d’absorption de papier du marché le prouve. Car les opérations de fusions acquisitions ne sont pas un évènement isolé, le nombre d’IPO et d’émissions obligataires a également fortement augmenté. Si le dernier reste largement corrélé aux opérations d’acquisition (Verizon a émis plusieurs dizaines de milliards de dollars d’obligations afin de financer le rachat de la participation de Vodafone dans sa filiale wireless), les introductions en bourse n’ont-elle aucun lien direct, si ce n’est la confiance! Si elles semblent encore timides dans la zone euro, outre atlantique et au Royaume Uni, il n’en est rien; le Financial Times relevait ainsi dernièrement que le niveau d’activité dans les IPO avait atteint cette année un plus haut depuis 2007 aux États-Unis et un mois de septembre record au Royaume-Uni. Enfin, le nombre d’acteurs (acquéreurs et cédants) du M&A n’a fait qu’augmenter ces derniers mois. Ces dernières années les «vendeurs» étaient largement plus nombreux avec des États endettés, des sociétés qui se recentrent sur leurs activités principales et des financières attelées à alléger leurs bilans, en face d’«acheteurs» qui se résumaient quasiment aux seuls fonds XXX


STRATÉGIES 2014 / 25

Le M&A a bien décollé et n’a pas fini son ascension. De quoi rassurer ou persuader les plus sceptiques.

XXX

souverains. L’équilibre s’est aujourd’hui considérablement modifié, puisque outre les fonds souverains, toujours très actifs, les entreprises sont désormais beaucoup plus offensives, conscientes que la consolidation est l’un des rares moyens leur restant à leur disposition afin de créer de la valeur. 2013 aura également été marqué par le retour des fonds de Private Equity dans le «big M&A», comme l’atteste la participation de Silverlake à l’offre sur Dell ou celle de Bain Capital dans le rachat de BMC Software. Combiné à des conditions de financement toujours extrêmement favorables et des bilans renforcés, le retour de la confiance en Europe encourage donc acteurs industriels et financiers à étudier les projets de croissance externe mis de côté ces dernières années.

Depuis le début de l’année, au sein du fonds KBL Richelieu Spécial – fonds en actions européennes qui investit sur la thématique des opérations financières – cinq opérations ont été annoncées dans des secteurs aussi différents que les câbloopérateurs avec l’OPA en Grande-Bretagne de Liberty Global sur Virgin Media, que l’agro-alimentaire avec l’OPA aux Pays-Bas de Joh A Benckiser sur D.E. Master Blender 1753 (n° 3 mondial du café), que les biens d’équipements avec l’offre de Schneider sur le britannique Invensys, que les télécoms avec le projet d’OPA de America Movil – contrôlée par Carlos Slim – sur l’opérateur national hollandais KPN et que le secteur de la santé avec la cession en Allemagne de 43 hôpitaux par Rhoen-Klinikum.

Vertu.

Ce mouvement marque-t-il le début d’une nouvelle vague de fusions acquisitions? Nous le pensons et nous ne sommes pas les seuls! Car la toile de fonds précédemment citée est toujours présente et les opérations de M&A ont la vertu d’en entraîner de nouvelles, surtout dans un contexte où la motivation principale tient à la consolidation d’un secteur. Le meilleur exemple est une fois encore les secteurs des télécoms et de la technologie dans lesquels le mouvement, tant en montant qu’en nombre d’opérations,

n’a fait que s’accélérer depuis le début de l’année. Sans surprise puisque les M&A se nourrissent des ruptures technologiques qui nécessitent de pouvoir s’adapter rapidement aux changements du marché: dans ce contexte, ne vaut-il en effet pas mieux investir dans de la croissance externe que dans la R&D, peut-être moins coûteuse mais nécessitant plus de temps pour parvenir au même résultat? Ces secteurs ne sont pas les seuls à pro-

ACTIVITÉ DU M&A DEPUIS 1995 PAR ZONE GÉOGRAPHIQUE

PERFORMANCE DES MARCHÉS ACTIONS DEPUIS 1995 US

Fév 1995 = 100%

Europe

fiter de ces mouvements d’opérations financières qui ne se résument pas qu’aux seules opérations de big M&A. Ainsi dans les listes des titres éligibles aux opérations financières établis par les analystes, listes qui fleurissent depuis cet été, si l’on retrouve à juste titre beaucoup de cibles potentielles d’OPA, apparaissent également beaucoup de mouvements capitalistiques. Car les OPA ne sont pas les seules opérations à pouvoir créer de la valeur pour l’actionnaire. A titre d’exemple: que fera Nestlé de sa participation de 29% dans l’Oréal quand le pacte d’actionnaire avec la famille Bettencourt prendra fin en 2014? Et à quelle opération L’Oréal pourrait-il dédier sa participation de près de 9% dans Sanofi s’il la cédait? Peut-être à racheter tout ou partie de la participation de Nestlé, ce qui aurait un impact relutif pour ses actionnaires. Enfin, une étude récente réalisée par UBS constate une corrélation qui n’étonnera personne entre les phases de hausse des marchés actions et l’activité observée dans le M&A depuis 1995. Et il est incontestable que malgré la crise de 2011, les marchés actions européens s’affichent en nette progression depuis mars 2009, et que la vague de M&A qui devrait aller de paire n’a pas encore atteint la même ampleur. De quoi rassurer ou persuader les plus sceptiques, le M&A a bien décollé et n’a pas fini son ascension. ///

CINQ OPÉRATIONS DEPUIS LE DÉBUT DE L’ANNÉE

GEM

North America

600% Rally 3

Europe

RoW

Total Deal Value ($bn)

Rally 2

400%

Rally 1

M&A Wave 1

M&A Wave 2

Where’s M&A Wave 3? 400

300%

300

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200

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0% 95

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01

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09

Source: Bloomberg, UBS

AGEFI MAGAZINE | STRATÉGIES 2014 | OCTOBRE 2013

11

13

600 500

500%

95

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Source: Dealogic

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07

09

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26 / STRATÉGIES 2014

Ce que les investisseurs suisses doivent savoir Les obligations mondiales représentent un placement attrayant si les risques de change sont couverts.

Chief Economist Europe, Vanguard. PETER WESTAWAY Investment Analyst, Vanguard. CHARLES J. THOMAS

D

ans le cadre d’une allocation en titres à revenu fixe, l’acquisition d’obligations mondiales permet d’obtenir une exposition à la structure des taux d’intérêt, aux cycles de l’inflation et de l’économie, et au climat politique de tout un éventail de marchés à l’extérieur de la Suisse. A première vue, certains de ces facteurs peuvent sembler accroitre le risque d’un portefeuille obligataire largement dominé par des titres suisses. La Suisse est après tout l’un des pays les plus riches et politiquement stables au monde et, par conséquent, susceptible de constituer un investissement obligataire sûr à long terme.

négligeables. Une exposition aux marchés des taux mondiaux suppose de détenir des obligations étant libellées et versant un intérêt dans d’autres devises. C’est aussi par crainte de variations des taux de change que certains investisseurs évitent les obligations mondiales. Cette crainte est justifiée par le fait que la fluctuation de devises est responsable de la majeure partie de la volatilité d’un investissement obligataire mondial non couvert et pondéré par la capitalisation boursière (85% depuis 1985). De plus, la devise elle-même ne génère

On ne réduit qu’à peine la volatilité totale du portefeuille en remplaçant les obligations mondiales par des suisses.

Diversification. Compte tenu de ce contexte, on ne s’étonne guère que l’investisseur obligataire moyen en Suisse affichait une surpondération de titres suisses de 26% par rapport au 1% que représente la Suisse sur le marché obligataire mondial (chiffres de 2010). Cependant, les investisseurs ne doivent pas ignorer l’effet de la diversification. Même si les obligations d’un seul émetteur peuvent être plus volatiles que des obligations suisses comparables, un investissement regroupant des titres de tous les pays et tous les émetteurs peut permettre de tirer parti de toute corrélation imparfaite entre ces émetteurs. Autrement dit, plutôt que de s’intéresser à chaque actif individuellement, il faut tenir compte des interactions entre les actifs au sein d’un portefeuille. Le rendement des obligations dépend essentiellement du niveau et de la fluctuation des taux d’intérêt dans un pays qui a leur tour dépendent de la façon dont les banques centrales envisagent l’inflation et la croissance économique. Si les facteurs économiques sous-jacents sont suffisamment différents d’un marché à l’autre, l’exposition à des obligations mondiales peut offrir des avantages de diversification non AGEFI MAGAZINE | STRATÉGIES 2014 | OCTOBRE 2013

aucun flux de trésorerie à terme et sa performance repose entièrement sur la variation de sa valeur relative. La question de la couverture contre les risques de change et ses conséquences est donc importante. Les investisseurs peuvent bien sûr espérer que les taux de change varient de façon favorable, mais des recherches menées à ce sujet suggèrent que la fluctuation à court terme s’apparente à une marche au hasard (Meese et Rogoff, 1983), laquelle représente une source de risque non rémunéré. Ces recherches laissent entendre qu’un investissement en devises étrangères apporte peu de valeur aux investisseurs et ne fait qu’accroître la volatilité. Une analyse sur l’évolution d’un portefeuille composé d’actions et d’obligations mondiales depuis 1985 soutient cette thèse: quelle que soit la répartition des actifs entre les actions et des obligations, les obligations couvertes présentent des avantages supérieurs sur le plan de la réduction du risque et de la diversification par rapport aux obligations non couvertes. De plus, il se peut que de nombreux investisseurs soient déjà exposés aux devises à travers leur allocation en actions mondiales. Une couverture contre

le risque de change semble donc justifiée. La couverture des obligations mondiales nécessite une série de transactions complémentaires qui ajoute un coût au portefeuille. Les contrats de change à terme constituent un outil fiable pour vendre ou acheter des devises. Leur cours suit en général une relation d’absence d’arbitrage d’après les écarts de taux d’intérêt à court terme sur les marchés. Le prix de couverture dépend donc du niveau du taux d’intérêt en Suisse par rapport aux taux dans d’autres pays. Les coûts annuels de transaction associés aux contrats de change à terme varient aussi en fonction de la taille du portefeuille et des particularités de la couverture auxquelles s’ajoutent des variations de la liquidité de diverses devises. Tout de même, il est intéressant de noter que le coût de transaction de la couverture pour les cinq devises principales à couvrir pour un investisseur suisse s’élève à environ 0,06% en 2012 (ces devises étant l’euro, le dollar US, le yen japonais, le dollar canadien, le dollar australien ainsi que le livre sterling). Les perturbations du marché peuvent faire monter en flèche les coûts de transaction au fil du temps (comme nous l’avons vu en 2008 et en 2009); toutefois, le coût moyen pondéré est resté inférieur à 0,15% au cours des dix dernières années et s’établit à 0,05% annualisé depuis 2001. Etant donné le ratio de frais totaux de 1,16% des fonds obligataires mondiaux actifs disponibles à la vente en Suisse l’obstacle ne semble pas insurmontable.

Composition. Une fois la volatilité des taux de change éliminée les obligations mondiales peuvent contribuer à la réduction du risque. En analysant un portefeuille équilibré d’actions et d’obligations mondiales couvertes, on constate que l’on ne réduit qu’à peine la volatilité totale du portefeuille en remplaçant les obligations mondiales par des obligations suisses. De la même façon, on constate que les deux XXX



28 / STRATÉGIES 2014

La stabilisation dépend du contrôle des risques De nombreux investisseurs souhaitent de nouveaux concepts protégeant leur capital tout en générant des rendements stables.

Nordea Investment Funds. MICHEL ANTONELLI

XXX

ont fait preuve dans le passé de capacités de protection similaires contre une baisse sur les marchés d’actions. Par contre, les deux marchés différents en leur composition. Si les obligations suisses ne sont pas sensiblement différentes en termes de sensibilité aux taux d’intérêt et les différences de rendement ont tendance à être réduites par la couverture au fil du temps, le marché mondial offre néanmoins d’importantes différences structurelles.

Différences. Le marché suisse affiche une sous-pondération de créances émises par le gouvernement central et une surpondération de dette d’entreprise, parmi d’autres. Aussi les émissions de haute qualité y prennent une place plus importante. En raison notamment de ces différences structurelles, les obligations mondiales peuvent afficher une performance différente de celles des obligations suisses. Un investisseur souhaitant surpondérer les créances suisses fait donc le choix, intentionnel ou non, de s’exposer plus largement à certains facteurs de risque au détriment d’autres facteurs. Il doit prendre en compte l’impact de ces différences de facteurs de risque sur l’ensemble de son portefeuille. Comme nous nous l’avions vu, des investissements doivent s’envisager dans le contexte du portefeuille: un investissement qui, pris séparément, peut sembler ajouter un certain type de risque à un portefeuille peut en réalité le diversifier grâce à des interactions avec d’autres investissements. Une allocation mondiale offre une possibilité de diversification maximale entre les différents marchés et émetteurs. Compte tenu des avantages potentiels des obligations mondiales, nous encourageons les investisseurs suisses à considérer quels bénéfices ils peuvent tirer de leur allocation stratégique obligataire. Un fonds offrant une classe d’action protégée peut donner accès au marché mondial sans exposer les investisseurs au risque de change. /// AGEFI MAGAZINE | STRATÉGIES 2014 | OCTOBRE 2013

L

es perspectives d’investissement sont actuellement très incertaines. Du côté des actions, les valorisations dans les pays développés sont élevées et les obligations sont rendues moins attrayantes avec la menace continuelle d’une hausse des taux. L’annonce du patron de la Banque centrale américaine qu’elle allait graduellement fermer le robinet financier après avoir mené pendant des années une politique de l’argent bon marché, s’est aussi révélée une mauvaise nouvelle pour les pays émergents, du fait que les investisseurs ont massivement réparti leurs fonds dans des investissements en dollars.

placement. L’objectif d’investissement de ce fonds multi-actifs consiste à réaliser un rendement attrayant tout en protégeant le capital. C’est pourquoi le processus d’investissement vise surtout à maintenir le risque sous contrôle, au lieu de générer les revenus les plus élevés possible. La plupart des fonds multi-actifs reposent sur des approches «top down». Ils évaluent les rendements attendus de diverses classes d’actifs comme les actions, les obligations,

La plupart des fonds multi-actifs reposent sur des approches top down. Ils évaluent les rendements attendus de diverses classes d’actifs

Stabilité.

Un tel scénario est exactement le contraire de ce que souhaitent la plupart des investisseurs: car, plus la situation économique est incertaine, plus le besoin de stabilité grandit. Au fond, ce que préféreraient les investisseurs aujourd’hui, ce sont des dividendes avec un cours plutôt stable des actions et un taux d’intérêt sûr avec une protection élevée contre les défaillances et les pertes dans le secteur des obligations. Ils recherchent des solutions équilibrées, qui protègent leur fortune et offrent des rendements modérés mais constants. Pour ce groupe cible, nous avons développé le concept de «rendement stable», mis en œuvre dans des fonds de

le marché monétaire, l’immobilier ou les matières premières, et s’orientent particulièrement vers les classes d’actifs avec le potentiel de rendement le plus élevé. Mais ces catégories d’actifs sont également assorties d’un risque plus élevé. Par ailleurs, les portefeuilles multi-actifs sont adaptés aux cycles de marché, où l’on détermine le niveau le plus élevé et le plus bas du marché avant d’ajuster les pondérations à ces résultats. Une stratégie de rendement stable, au contraire, évalue les rendements attendus, la corrélation et la volatilité de chaque catégorie d’actifs, afin de déterminer le profil risque-rendement. En outre, le fonds n’essaie pas de donner un timing aux cycles de L’ALLOCATION DES CLASSES D’ACTIFS EST ADAPTÉE POUR STABILISER LES RENDEMENTS marché, mais utilise plutôt des don100 nées telles que l’indicateur de hausGlobal Stable Equities High Yield Emerging Market Equities Investment Grade Emerging Markets Bonds Government Bonds se et de baisse ou une comparaison Mortgage, Long Duration Covered Bonds Mortgage, Short Duration 80 des actions et des obligations basées 60 sur la prime de risque. Dans un portefeuille multi-actifs, 40 les actions représentent généralement la plus grande source de ris20 que. C’est pourquoi, pour la part en 0 actions, on opte pour des entreprises Jul-08 Jun-09 Jun-10 Jun-11 Jun-12 Jun-13 particulièrement stables. On examiSource: Nordea 1 – Stable Return Fund ne l’évolution du cours de l’action, XXX


Les placements individualisés font le bonheur. Les fondations de placement Swisscanto proposent une solution de placement individualisée à votre institution de prévoyance à partir d’une vaste gamme de produits. Vous profitez ainsi de notre compétence reconnue en matière de placements ainsi que d’autres avantages d'une importante fondation de placement bien ancrée sur le marché suisse. Créer et grandir ensemble, avec les fondations de placement Swisscanto. Pour tout renseignement, consultez www.fondationplacement.ch ou adressez-vous au conseiller de clientèle de votre banque.

Placements et prévoyance.


30 / STRATÉGIES 2014

Les subtilités fiscales de l’investissement collectif Le placement à taux fixe signifie bien davantage qu’accorder simplement un soin particulier à la sélection des titres.

STEFAN HIESTAND

CEO Aganola

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les bénéfices, les dividendes, l’EBITDA ainsi que les flux de trésorerie des dernières années. Plus ces indicateurs se sont montrés stables par le passé, plus l’entreprise est intéressante. De plus, on demande à des analystes externes de se prononcer sur les entreprises choisies, et ce dans le cadre d’un processus bien structuré. L’objectif étant d’obtenir de la part de spécialistes indépendants des informations sur les facteurs relatifs aux pronostics financiers, aux chiffres du marché et à l’état du bilan, qui pourraient menacer la stabilité de l’entreprise. Ensuite, on procède à un examen objectif et fondamental des recommandations finales, lié à un processus de contrôle des risques. Et enfin, on construit un portefeuille composé d’actions stables et on le surveille en permanence. Sur le plan des obligations, on privilégie les titres sécurisés. Ces obligations remplissent les critères d’un profil de placement assorti d’un risque modéré et offrent dans le même temps un potentiel de rendement élevé comparativement aux obligations d’État. Le portefeuille en obligations possède une notation moyenne de AAA.

Détermination. La gestion du risque constitue le fondement du processus d’investissement et est réévaluée à chaque étape. Pour budgéter le risque, il faut comme condition que la vraisemblance de perdre de l’argent sur une période de trois ans soit inférieure à 3%. Cela signifie que chaque classe d’actifs ne contribue que pour une part limitée au risque du portefeuille global. On atteint ce but au moyen de l’approche dite de la valeur-à-risque (VaR). Grâce à quoi, du fait que l’allocation d’actifs est limitée par le budget de risque, le capital investi est très bien protégé. Durant les sept premiers mois de 2013, le fonds Nordea 1-Stable Return Fund a atteint un rendement de 5,6%. Ces trois dernières années, le ratio de Sharpe s’est élevé à 1,5, basé sur un rendement annualisé de 6,9% et une volatilité de 4,0%. /// AGEFI MAGAZINE | STRATÉGIES 2014 | OCTOBRE 2013

U

ne obligation convertible est un emprunt qui donne droit à l’investisseur de convertir un titre de créance en un titre de participation à des conditions déterminées au préalable. Lors de cette conversion, la créance issue de l‘obligation disparaît. En temps normal, l’investisseur exerce le droit de conversion si le rendement du titre de participation est supérieur à la prime de conversion. Par contre, la possibilité pour l’investisseur de participer à une évolution de cours d’action positive n’est pas gratuite, et par conséquent, le rendement d’un emprunt convertible lors de l’émission est inférieur à une obligation standard.

Importance. Le placement dans des emprunts convertibles est exigeant vu les différents paramètres qui interviennent aussi bien sur le prix de l’obligation que celui de l’action. Si on considère de surcroît, les aspects fiscaux, un tel placement devient sans aucun doute complexe. L’Administration fédérale des contributions (AFC) fait une distinction entre des emprunts convertibles transparents avec ou sans intérêt unique prédominant et des emprunts convertibles non transparents. Cette distinction fiscale peut être à l’origine de lourdes conséquences pour l’investisseur. Des gains en capital sont, par définition, exonérés d’impôt, les rendements, par contre, sont imposés. Ceci peut mener à la conclusion que, du point de vue fiscal, les placements en actions sont à privilégier par rapport aux placements en obligations. Mais l’allocation d’actifs exige tout d’abord un raisonnement de principe en lieu et place d’une orientation purement fiscale. Pour des emprunts convertibles transparents sans intérêt unique prédominant, les intérêts périodiques totaux du coupon sont soumis à l’impôt sur le revenu lors des paiements. La déduction de l’impôt anticipé se fait, pour un débiteur suisse, sur

le rendement brut. Par contre, la rémunération unique des obligations à escompte (disagio d’émission) ou des obligations à intérêt global (agio de remboursement) ainsi que l’impôt anticipé pour un débiteur suisse ne sont imposés qu’à l’échéance de l’emprunt. Il fonctionne donc selon l’adage «les derniers se font mordre». De plus, il n’y a pas d’imposition lors d’un transfert de propriété. En ce qui concerne les emprunts convertibles avec intérêt unique prédominant ou exclusif (IUP), la taxation dite d’«imposition de la différence» est appliquée, ce qui signifie qu’on prend la différence entre le coût de l’acquisition et le prix de vente ou le montant du remboursement. Par exemple, la différence de la partie escompte de la composante obligation entre l’émission, c’est-à-dire l’achat, et le remboursement, c’est-à-dire la vente, indépendamment du fait qu’il y ait perte ou gain, est imposée avec des intérêts périodiques en tant que revenu. Les pertes réalisées ainsi que les frais bancaires occasionnés par des achats et ventes sont considérés comme des frais d’acquisition et pris en compte comme diminution des gains réalisés et des rendements, pour autant qu’ils se rapportent à la même période de taxation et qu’ils proviennent d’obligations suisses ou étrangères avec intérêt unique prédominant. Si, préalablement, l’émetteur ne fait pas approuver les données «pay off» fiscalement et que, par la suite, les calculs ne permettent pas d’attester avec exactitude le prix de la partie d’obligation et le prix de la partie du droit de conversion du prix total d’émission, l’AFC impose l’emprunt convertible comme non transparent. Par conséquent, le droit de conversion est considéré comme la partie variable des rendements. Donc, tout ce que l’investisseur reçoit lors de l’échéance du coupon, du droit de conversion ou lors de l’aliénation de l’emprunt et qui dépasse le capital investi au moment de l’acquisition est soumis à l’impôt sur le revenu et, pour autant XXX


STRATÉGIES 2014 / 31

Les pertes réalisées ainsi que les charges bancaires occasionnés par des achats et ventes sont considérés comme des frais d’acquisition.

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que l’emprunt convertible provienne d’un émetteur suisse, il est également soumis à l’impôt anticipé. En cas de transfert de propriété, c’est toujours la différence entre le prix d’achat et de vente, respectivement la valeur de rachat du produit entier, qui est imposée.

Pièges. Dans la liste des cours de l’Administration fédérale des contributions, tous les emprunts côtés dans des bourses suisses, que ce soient des convertibles suisses et étrangers avec intérêt unique prédominant ou exclusif ainsi que tous convertibles non transparents, sont signalés par «IUP». Ceci indique que ces titres sont soumis à l’imposition de la différence. Les emprunts convertibles chez lesquels figurent, à part «IUP», également le prix d’émission calculé selon la méthode mathématique ou analytique avec le rendement originel déterminant, sont soumis à l’imposition modifiée de la différence. Ces indications dans les listes des cours officielles et l’étude soigneuse des aspects fiscaux du prospectus d’émission sont des supports incontournables pour des investisseurs privés souhaitant se protéger d’impositions désagréables. Il s’y ajoute le fait que les emprunts convertibles ne sont considérés comme «classiques» que si le débiteur est une société suisse et que le droit de conversion permet de souscrire des droits de participation de l’émetteur ou d’une société apparentée à celui-ci. Si, par contre, l’emprunt convertible a été émis par la succursale étrangère d’un débiteur suisse ou par un débiteur étranger ou si l’emprunt convertible ne peut être converti dans des actions du débiteur suisse, mais uniquement d’une autre société, il s’agit d’un emprunt convertible «non classique». En principe, le détenteur de parts de fonds est soumis à l’impôt sur la fortune s’il possède des parts de fonds le jour de référence. Aussi bien les paiements (intérêts et dividendes) que les gains thésaurisés des AGEFI MAGAZINE | STRATÉGIES 2014 | OCTOBRE 2013

fonds de placements sont soumis à l’impôt sur le revenu chaque année auprès du détenteur des parts de fonds, à condition que les paiements ou gains thésaurisés ne proviennent pas de gains en capital des fonds. Ils sont exonérés d’impôt en tant que gain en capital si, en cas de paiement, celui-ci se fait par des coupons à part et si, dans les deux cas de figure, la comptabilité du fonds permet de distinguer clairement entre des gains en capital non imposés et des revenus de fortune imposés. Des gains provenant de ventes de parts sont

également considérés comme des gains en capital. Si le fonds de placement est émis par une société suisse, tous les paiements sont soumis à l’impôt anticipé, sauf s’il s’agit de gains en capital payés par des coupons à part.

Performance.

Des comparaisons de performance de longue date montrent que l’addition d‘emprunts convertibles dans un portefeuille en obligations se porte mieux qu’un portefeuille mixte entre actions et obligations classiques. La performance d‘emprunts convertibles dépend avant tout de quatre EMPRUNT CONVERTIBLE TRANSPARENT facteurs: de l’évolution du marCours ché en actions, des taux d‘intéValeur nominale: 100 Emprunt convertible transparent, non-classique avec intérêt unique prédominant (IuP) dans le patrimoine privé rêt, des différences de notation (imposition de la différence modifiée) et de la volatilité. La combinaiVente Bondfloor: 96 Disagio d’émission: 10 Achat Bondfloor: 93 son de ces quatre facteurs, réu= Bénéfice imposable: 3 nis dans un seul instrument de Prix d’émission: 90 placement, donne à l’emprunt Intérêt périodique 1 convertible sa caractéristique spécifique. La sélection d’emHeure = Bénéfices: 7 Légende Vente à: 91 Vente à: 98 = bénéfice imposable: 3 - Plancher de bond (simplifié) Bondfloor: 93 Bondfloor: 96 = bénéfice en capital privé prunts convertibles adaptés est - Evolution du cours de l’emprunt franc d’impôt: 4 convertible y compris la ardue ne serait-ce qu’à cause de Intérêt imposable périodique: 1 composante de l’option - Intérêt imposable périodique leur caractéristique spécifique Source: Mattig-Suter und Partner Schwyz et devrait, dans le meilleur des cas, être déléguée à des experts de placements chevronnés, connaissant tous les rouages des LES AVANTAGES D’UN PLACEMENT emprunts convertibles. COLLECTIF DE CAPITAUX RELATIVEEn investissant dans un instruMENT À UN INVESTISSEMENT DIRECT ment de placement collectif tel Un investissement dans un placement collectif de qu’un fond de placement d‘emcapitaux épargne à l’investisseur l’analyse ainsi que la prunts convertibles, on choisit qualification fiscale des différents produits sous-jacents. une délégation efficace de l’imLa direction du fonds peut effectuer des investisseportant et exigeant processus ments et des transactions dans la mesure où elle est d’investissement et de toute la négociante professionnelle de titres, sans que ces opéproblématique fiscale à un gérations par la direction du fonds puissent être attribuées rant de fonds professionnel. fiscalement à l’investisseur (selon la pratique en vigueur). Car un placement à taux fixe En cas de qualification en tant que négociant profestel qu’un emprunt convertible sionnels de titres, le gain en capital de 4 (voir le graphisignifie bien plus que juste acque ci-dessus) serait soumis à l’impôt sur le revenu. Le corder un soin particulier à la bénéfice (intérêts compris) serait intégralement soumis sélection des titres, mais égaaux contributions de sécurité sociale. lement bien faire attention au Source: Mattig-Suter und Partner Schwyz rendement après imposition. /// 2

2


32 / STRATÉGIES 2014

L’inévitable recherche de protection contre l’augmentation des intérêts Les investisseurs auraient tout intérêt à envisager la combinaison d’obligations périphériques en 2014.

THOMAS HÄRTER

Responsable Stratégie de placement, Swisscanto

A

vec la crise financière, les investisseurs ont délaissé les marchés économiques développés au profit d’actions et d’obligations des pays émergents. Ce mouvement de fuite s’explique par les faibles taux d’intérêt observés notamment aux États-Unis, en GrandeBretagne et dans la zone euro, comparativement à ceux, encore jugés acceptables, des pays émergents, qui affichent également des finances publiques plus saines et, surtout, une tendance plus marquée à la croissance. Cet afflux de liquidités a incité les exportateurs de capitaux à négliger les analyses de crédit, tandis que les importateurs de capitaux, eux, bâclaient leurs analyses d’investissement et investissaient dans des projets peu rentables en soi. Si la croissance économique semble amenée à se stabiliser, c’est au détriment des

titres à long terme AAA qui subiront inévitablement une décennie de rendements déplorables en raison de la normalisation de l’environnement des taux. La perspective d’une hausse des taux d’intérêt aux États-Unis et en Europe a, à elle seule, provoqué un retour des flux de capitaux privés à court terme, entraînant une hécatombe pour les obligations et les devises des pays émergents et, à moindre échelle, pour leurs actions. Ces «soldes d’été» de 2013 pourraient encore se prolonger dans la mesure où les pays émergents sont les plus exposés au risque que représente l’injection de capitaux par la Réserve fédérale américaine. Les pays dont la balance des paiements est fortement déficitaire seront les premiers à pâtir encore des risques géopolitiques accrus et du niveau élevé des prix du pétrole. Toutefois, l’amélioration imminente des valorisations devraient signifier des opportunités d’entrée intéressantes pour

1. LES ACTIONS EUROPÉENNES TRÈS FAVORABLES

2. LES ACTIONS ITALIENNES TRÈS BON MARCHÉ

120

MSCI Italie logarithmique

7.0 80

(échelle de droite)

Valorisation équitable (échelle de droite)

80 40 0 -40

6.5 6.0

1995

2000

8.0

Évaluation juste

7.5

(échelle de droite)

0

5.0

-40

(échelle de gauche)

1990

(échelle de droite)

40

5.5

Estimation de la sousévaluation/surévaluation en %

-80

8.5

7.5

MSCI Europe hors Suisse, hors R.-U. logarithmique

7.0 6.5 6.0 Estimation de la sousévaluation/surévaluation en % (échelle de gauche)

-80

2005

2010

1990

Source: Datastream, propres calculs

1995

2000

2005

2010

Source: Datastream, propres calculs

3. LES ACTIONS US PLUS QUE LÉGÈREMENT SOUS-ÉVALUÉES

4. LES ACTIONS SUISSES PLUS FORTEMENT SOUS-ÉVALUÉES

9.0 MSCI monde logarithmique

8.5 MSCI Suisse logarithmique

8.5

(échelle de droite)

8.0

(échelle de droite)

8.0

80

Évaluation juste (échelle de droite)

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7.5 7.0

7.5 80

Évaluation juste

7.0

(échelle de droite)

6.5

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6.0

6.5

0

6.0 -40

Estimation de la sousévaluation/surévaluation en %

-80

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1990

1995

2000

2005

2010

AGEFI MAGAZINE | STRATÉGIES 2014 | OCTOBRE 2013

5.5

0 -40

Estimation de la sousévaluation/surévaluation en %

-80

(échelle de gauche)

1990 1992 1994 1996 1998 2000 2002 2004 2006 2008 2010 2012

2014. Les actions des pays émergents semblent les plus à même de faire partie des actifs qui reviendront sur le devant de la scène en 2014.

Opportunités. Cependant, les actions des secteurs les plus abhorrés au monde, à savoir ceux des télécommunications et de la distribution européennes, en particulier des pays PIIGS, pourraient bénéficier d’opportunités d’entrée meilleures encore. Ces industries essentiellement intranationales

Les actions des pays émergents semblent les plus à même de faire partie des actifs qui reviendront sur le devant de la scène en 2014. offrent une exposition élevée aux facteurs Value et ont été sévèrement sanctionnées par le passé, notamment en raison de leur dépendance au sort de leur État. C’est également le cas des Small et Midcaps des pays PIIGS qui ont fortement souffert du resserrement strict des crédits. L’évaluation relativement intéressante des actions européennes (voir graphique 1) entraînera plus que probablement leur surperformance. Les investisseurs téméraires peuvent envisager l’achat d’actions italiennes, qui sont particulièrement sous-évaluées (voir graphique 2). Inversement, les actions américaines manquent d’attrait en termes d’évaluation et pourraient se révéler moins performantes que les actions européennes à moyen terme (voir graphique 3). Il en va de même pour les actions suisses qui là encore ne sont plus fortement sousévaluées (voir graphique 4). Malheureusement, les perspectives en matière d’obligations à taux fixe sont plus moroses. La tendance haussière à long terme des taux d’intérêt s’est ralentie en 2012. Le taux d’équilibre est nettement plus élevé XXX



34 / STRATÉGIES 2014

La conviction de gestion: meilleur couple risque-rendement Un portefeuille ne renfermant pas plus de trente positions doit être un optimum.

GEOFFROY GOENEN

Responsable actions européennes chez Dexia Asset Management

XXX

que les taux, comme le montre l’exemple de la Suisse illustré dans le graphique 5. Nous recommandons dès lors d’éviter en règle générale les titres à long terme et de continuer à se protéger de l’augmentation des intérêts en 2014. L’économie étant toujours convalescente après la crise financière mondiale, les banques centrales pourraient encore maintenir les niveaux des taux directeurs au plus bas en 2014.

Convergence. Cet ancrage des intérêts à court terme entraînera plus que probablement une nouvelle pentification des courbes des taux compte tenu de la persistance des primes d’inflation et de la stabilisation possible des intérêts réels à un Les banques centrales pourraient encore maintenir les niveaux des taux directeurs au plus bas en 2014 dans une économie toujours convalescente. niveau plus raisonnable sur le long terme. Les investisseurs auraient tout intérêt à envisager la combinaison d’obligations périphériques. Les majorations de taux d’intérêt sont encore particulièrement élevées et pourraient le rester, du moins par rapport à la tendance actuelle, grâce à la convergence de croissance des pays PIIGS et du noyau dur de l’Europe. /// 5. TAUX D'ÉQUILIBRE DE LA SUISSE LARGEMENT SUPÉRIEUR AU TAUX D'INTÉRÊT ACTUEL 6 Taux effectif (échelle de droite)

5

Taux d'équilibre (échelle de droite)

4

2

3

1

2 1

0

0

-1

Différence entre le taux (échelle de gauche)

-2 94

96

98

00

02

04

06

08

10

12

Source: Datastream, propres calculs

AGEFI MAGAZINE | STRATÉGIES 2014 | OCTOBRE 2013

U

n fonds d’actions européennes composé d’une centaine de valeurs parviendra difficilement à faire mieux qu’un indice dans le temps. Cela ne peut se faire qu’en appliquant un processus de sélection systématique, concentré et reposant sur la conviction. Un portefeuille ne renfermant pas plus de trente positions est selon Geoffroy Goenen un optimum: les risques sont ainsi suffisamment diversifiés vers le bas et les chances d’obtenir une surperformance accrues. Son track record lui donne raison: le Fonds Dexia Equity L Europe Conviction a performé sur les douze derniers mois de 19,95%, ce qui représente une performance de 6% supérieure à l’indice de référence. Les valeurs suisses telles que Roche et Richemont y ont contribué. Certains gérants, très actifs et qui se considèrent même comme gérants de conviction, investissent dans tellement d’actions qu’ils reflètent finalement la performance de leur benchmark.

Diversification. La diversification est sensée limiter le risque, mais à trop vouloir diversifier, on risque souvent de diluer le bénéfice de ses convictions. Une approche concentrée permet également une meilleure connaissance et une maitrise optimale de chaque investissement sélectionné pour générer du rendement. Mais attention! Tout l’enjeu pour créer de la valeur réside dans la sélection de ces investissements. Le choix de ces positions est un élément fondamental de notre stratégie. Nous investissons dans une entreprise et non pas dans un indice. Ce qui nous intéresse est l’entreprise en tant que telle, ses forces et atouts, la valeur qu’elle peut créer, sans contrainte de secteur ni pays. Les investisseurs sont en quête de rendement et dans ce contexte de recherche d’alpha, les actions européennes sont idéalement positionnées car elles offrent

un potentiel de hausse certain à un prix raisonnable. La recherche de rendement et de croissance est propice aux actifs risqués; le climat actuel est donc une bonne nouvelle pour les marchés d’actions. Mais encore faut-il être bien sélectif dans ses choix d’investissement. Un bon stock picking fondamental bottom up reste la base de la création d’alpha et la principale source de performances. Ainsi, nous nous astreignons à une approche analytique disciplinée selon six critères: Qualité du management et gouvernance d’entreprise Avantage compétitif clair et durable Croissance du marché sous-jacent Rentabilité supérieure au coût du capital Endettement adéquat Valorisation Le fondement d’une bonne gestion de conviction est donc une discipline stricte dans la construction du portefeuille basé sur des convictions fortes. Une fois le titre passé au crible du filtre qualitatif des cinq premiers critères, la valorisation est effectuée principalement selon des modèles internes afin de déterminer les meilleures opportunités. L’objectif est d’obtenir un portefeuille d’une trentaine de positions. «Nous nous imposons effectivement un processus très contraignant pour évaluer chacun de nos investissements. Nous préférons rester en cash que d’aller sur une position dans laquelle nous ne croyons pas ou qui ne satisfait pas nos critères d’évaluation ou de valorisation. De plus, nous avons mis en place un système de stop loss pour couper les positions à la moindre alerte et garantir ainsi une gestion des risques ajustée au quotidien», explique Geoffroy Goenen.

Favoris. Trois blue chips suisses font actuellement partie du top ten de Geoffroy Goenen. Roche avec 8% est la position la plus importante. ABB représente quant à elle 4% et Richemont 2%. Roche: La société pharmaceutique XXX


STRATÉGIES 2014 / 35

Le fondement d’une bonne gestion de conviction est une discipline stricte dans la construction du portefeuille.

Accélération attendue de croissance OLIVER ADLER ET CLAUDE MAURER

Credit Suisse XXX

suisse détient un leadership incontesté en matière d’oncologie et est relativement peu exposée aux médicaments génériques. Grâce à un programme de R&D hors pair et un flot régulier d’innovations, le groupe vient d’entamer le lancement d’une série de produits clés qui lui permettront de maintenir un taux de croissance organique supérieur à la moyenne durant les dix prochaines années, ainsi qu’une solide progression de ses marges. ABB est un fournisseur mondial de produits de transmission et de distribution (T&D) d’énergie et de technologies d’automatisation. Sa clientèle se compose d’entreprises industrielles et de prestataires de services aux collectivités. La division Technologies d’automatisation propose des produits et services de commande industrielle et des solutions d’automatisation des usines et processus à l’ensemble des principaux secteurs industriels. ABB est particulièrement bien placé pour profiter des mégatendances. Très exposé au thème de l’efficacité énergétique, ABB est le deuxième acteur mondial en importance sur le marché de l’automatisation et l’un des chefs de file dans ce domaine en Chine. Il profite également de l’accroissement des investissements T&D dans les pays développés, une tendance alimentée par l’évolution du mix énergétique et le vieillissement des réseaux. Le thème de la ré-industrialisation aux États-Unis lui est également favorable. Richemont est le deuxième groupe mondial en importance dans le secteur des produits de luxe. Ses activités concernent principalement l’horlogerie et la joaillerie. L’avantage concurrentiel dont bénéficie Richemont est le fruit d’un ensemble de facteurs parmi lesquels l’intégration verticale, un portefeuille de marques renommées (avec Cartier comme marque phare) combiné à une grande expertise en matière de politique de prix et de design, un nombre de points de vente en constante augmentation et un contrôle étroit de AGEFI MAGAZINE | STRATÉGIES 2014 | OCTOBRE 2013

la distribution en gros. C’est grâce à la diversification de son portefeuille de marques que la société parvient à réaliser une performance plus résiliente que certains de ses concurrents en période de basse conjoncture. «Nous sommes fortement investis dans des sociétés comme Reckitt Benckiser Group, Croda, Prudential, des sociétés qui ont largement contribué à générer de la performance ces derniers mois pour le fonds Dexia Equities L Europe Conviction. Le titre Reckitt Benckiser a généré près de 30% sur un an et Prudential près de 45%», explique Geoffroy Goenen. «Le fonds a même progressé dans les douze derniers mois de 20% et a donc battu le MSCI Europe de 6 points de pourcentage.» Reckitt Benckiser Group est un leader global dans les produits ménagers, de santé, et d’hygiène. La société a montré la

La recherche de rendement et de croissance est propice aux actifs risqués. Le climat actuel est donc une bonne nouvelle pour les marchés d’actions. résilience de son activité sur le cycle grâce à une stratégie basée sur l’innovation, des marques fortes, un réseau de ventes global et un support marketing fort. Croda est un leader dans la fabrication de produits chimiques de haute qualité aux multiples applications dans les industries chimique, cosmétique, pharmaceutique et nutritionnelle. Sa spécificité est d’utiliser avant tout des matières premières d’origine naturelle. Il s‘agit d’un bon exemple d’entreprise dont la rentabilité est nettement supérieure à son coût de capital. Prudential plc est un des plus importants groupes d’assurance britanniques qui a su se positionner à l’international depuis longtemps, notamment dans les pays émergents asiatiques, pour profiter d’un levier de croissance. ///

Pour l’instant, la Suisse semble presque immunisée contre les accès de crise en provenance de l’étranger, grâce à l’excellent cycle que connaît l’économie intérieure. Environ un quart de la croissance de la consommation depuis 2008 repose sur l’immigration. Parallèlement, les faibles taux d’intérêt durant cette période ont allégé le budget des propriétaires immobiliers de quelque 18.000 francs. Les effets de la croissance sont renforcés par les effets de recouplage et les effets de change. Ainsi, la croissance de la consommation influence positivement celle de l’emploi, qui à son tour favorise l’immigration. De même, le boom immobilier stimulé par les taux d’intérêt et l’immigration crée de nouveaux postes qui attirent les immigrants, et il peut avoir des effets de richesse positifs. Parallèlement, l’endettement moyen croissant des ménages représente un vecteur et un effet secondaire de l’excellent cycle évoqué. Ce «super cycle» devrait se maintenir en 2014. Les flux d’immigrants devraient rester élevés, le renforcement de la dynamique de l’Europe du Sud compensant l’affaiblissement de celle du Nord. Le niveau des taux devrait certes repartir progressivement à la hausse, mais les nouvelles hypothèques demeurent plus intéressantes que celles arrivant à échéance. L’effet de taux devrait donc rester positif mais poser certaines limites à la croissance de la consommation, avec de probables effets de saturation. Ainsi, les achats automobiles ayant été stimulés par les remises, cette demande fait maintenant défaut. De même, les salaires réels ne devraient enregistrer qu’une faible progression. Certes, leur hausse nominale est encore estimée à 0,8% sur l’année à venir, mais l’inflation devant toutefois rester positive (prévision pour 2014: 0,6% après -0,1% en 2013), le pouvoir d’achat reculera quelque peu. Au final, la dynamique de l’économie intérieure va légèrement refluer. Mais la croissance économique devrait globalement s’accélérer l’année prochaine, pour atteindre 2,0%. ///


36 / STRATÉGIES 2014

Le rôle des marchés émergents après la correction La vigueur sous-jacente de l’activité économique mondiale représente au final le centre de gravité des rendements internationaux.

RAMIN TOLOUI

Global co-head of emerging markets portfolio management, PIMCO

AGEFI MAGAZINE | STRATÉGIES 2014 | OCTOBRE 2013

CRÉATIONS DE POSTES AUX ÉTATS-UNIS PAR RAPPORT AU NOMBRE DE CHOMEURS Si certains indicateurs économiques sont positifs, la vue d’ensemble reste morose au niveau international. Les indicateurs sur le secteur industriel, par exemple la confiance des directeurs d’achat en Europe, ont opéré un rebond par rapport aux niveaux extrêmement bas de l’année dernière, sans pour autant afficher de réel optimisme, preuve de l’impact des mesures d’austérité adoptées sur le Vieux Continent, dont l’économie se redresse certes, mais à un rythme très lent. Le Japon profite de la politique monétaire expansionniste et des mesures budgétaires impulsées par son Premier ministre Shinzo Abe, mais l’avenir de l’économie nippone reste assombri par la perspective d’une contraction budgétaire importante en 2014, date à laquelle la taxe sur la valeur ajoutée devrait augmenter. La croissance des grands pays émergents est, elle, soit en phase de décélération, soit en voie de stabilisation à des niveaux nettement inférieurs à ceux de l’an passé.

et d’inflation. En matière de taux d’intérêt, le point d’équilibre sera déterminé par le choix des épargnants de se restreindre ou dépenser et par celui des emprunteurs d’accepter ou pas de s’endetter plus pour consommer et investir. En résumé, il est impossible de prédire l’évolution des rendements sans avoir une idée de l’évolution de l’économie mondiale.

Vigueur. Quelles sont les perspectives de l’économie mondiale? Il existe quelques îlots de vigueur, au premier rang desquels les États-Unis. Les prix des logements ont augmenté de 12,2% en glissement annuel en mai, selon l’indice Case-Shiller portant sur 20 villes, l’indice de confiance des ménages établi par Thomson Reuters et l’Université du Michigan a atteint son

plus haut depuis six ans en juillet et l’indice ISM des directeurs d’achat du secteur manufacturier s’est établi à un niveau record sur deux ans. L’économie américaine reste néanmoins confrontée à des défis structurels qui l’empêchent de connaître une croissance pérenne. L’une des faiblesses persistantes provient de ce qui semble être une détérioration structurelle du marché du travail, qui se traduit non seulement dans le niveau élevé du chômage (7,4% en juillet) et l’importance du chômage à long terme (qui concerne 37% des demandeurs d’emploi), mais aussi dans l’incapacité apparente du marché du travail à faire coïncider demandeurs d’emploi et secteurs qui recrutent. Le graphique ci-dessous, une courbe de Beveridge élaborée par Ivan Skobtsov, gérant de portefeuilles chez Pimco, illustre la relation entre nombre de chômeurs et créations de postes. Elle montre que le nombre de demandeurs d’emploi augmente quel que soit le nombre de postes créés. Par exemple, avant 2008, les 4 millions d’emplois à pourvoir s’adressaient à environ 8 millions de chômeurs, contre près de 12 millions de demandeurs d’emploi aujourd’hui. Cette augmentation du nombre de chômeurs – 4 millions de plus, c’est-à-dire 2,5% de la population active américaine – se traduit par une baisse du revenu des ménages et donc une moindre capacité à augmenter les dépenses de consommation. CRÉATIONS DE POSTES AUX ÉTATS-UNIS PAR RAPPORT AU NOMBRE DE CHOMEURS 6.0 5.5 5.0 4.5 4.0 3.5 3.0 2.5 2.0

2010-2013 2000-2010

Créations de postes, mn

L’

expérience pourrait porter à croire que les périodes de sous-performance des marchés émergents finissent par se transformer en opportunités d’achat. Ces 10 dernières années, les trimestres où les rendements totaux ont été négatifs ont été suivis, dans plus de 70% des cas, par des trimestres de rendements positifs pour la dette émergente en devises locales et en dollars. Cela indique que, dans une certaine mesure, le retour à la moyenne a été la norme par le passé: à une phase de correction pendant les périodes de forte inquiétude succédait une période de rebond des prix une fois le calme revenu. Pourtant, dans le contexte actuel, il serait dangereux de bâtir une stratégie d’investissement sur les comportements passés. La dernière décennie a été marquée par un repli sans précédent des rendements mondiaux. La récente correction a été déclenchée par les inquiétudes suscitées par la réduction des rachats massifs d’actifs de la Réserve fédérale américaine, une décision qui ferait disparaître un soutien déterminant pour les valorisations. Que l’on juge ou non la réaction du marché à la perspective de la réduction de l’assouplissement quantitatif excessive, il est clair que la Fed va tôt ou tard être confrontée à un défi, celui de passer d’une intervention inédite sur les marchés financiers à un retrait tout aussi inédit. Ce contexte «inédit» incite dès lors à la prudence à l’égard des analyses qui sont fondées sur le passé. Qu’il s’agisse de jauger la dette émergente ou n’importe quelle autre classe d’actifs, l’orientation des stratégies d’investissement sur les perspectives macroéconomiques est essentielle. En effet, la vigueur sous-jacente de l’activité économique mondiale constitue au final le centre de gravité des rendements internationaux. Les politiques des banques centrales en matière de taux et d’assouplissement quantitatif seront liées aux dynamiques de croissance

Courbe ajustée sur les JOLTS post 2010 Juin ‘13

Nombre de chômeurs, mn 4

6

8

10

12

14

16

18

Source: Job Opening & Labor Turnover Survey (JOLTS), PIMCO au 30.06

XXX


STRATÉGIES 2014 / 37

La Fed va tôt ou tard être confrontée à un défi. Celui de passer d’une intervention inédite sur les marchés financiers à un retrait tout aussi inédit.

XXX

CHINE: CROISSANCE DU PIB ET DU CRÉDIT

Compte tenu des difficultés qui se profilent pour la croissance mondiale, les banques centrales devraient rester accommodantes en dépit de l’existence d’îlots de reprise économique. Aux États-Unis, la Fed devrait réduire le volume de ses rachats d’actifs, ce qui est très différent d’une hausse des taux directeurs, qui, elle, ne devrait pas intervenir dans un avenir proche en raison de la lenteur de la reprise. En Europe et au Royaume-Uni, la Banque centrale européenne (BCE) et la Banque d’Angleterre ont créé la surprise en donnant des indications visant à modérer les anticipations en matière de taux d’intérêt. La Banque du Japon continue de son côté d’appliquer son ambitieux programme de rachat d’actifs. Dans les pays émergents, à l’exception notable de ceux dont les bilans financiers sont médiocres et qui cherchent à défendre leurs devises, les taux d’intérêt devraient rester stables, voire baisser dans certains cas. Pourtant, la correction subie par les marchés obligataires mondiaux a intégré des anticipations de relèvements des taux directeurs parfois importants à la courbe de rendement de certains pays émergents. Le tableau ci-dessous montre les changements de politique monétaire intégrés aux courbes de rendement des obligations en devises locales de plusieurs pays émergents d’ici à la fin 2014. Par ailleurs, les primes à terme de la plupart des courbes de rendement des dettes émergentes (la pente entre les obligations d’État à 2 et 10 ans) ont nettement augmenté au cours des trois derniers mois, signe d’un regain de tensions sur les marchés internationaux. ÉVOLUTIONS DES TAUX DIRECTEURS INTÉGRÉES DANS LES COURBES DE RENDEMENT

Le principal objectif des achats d’obligations est d’engranger le rendement. Si la croissance mondiale reste incertaine, il est fort probable que la hausse des taux d’intérêt intégrée dans la plupart des courbes de AGEFI MAGAZINE | STRATÉGIES 2014 | OCTOBRE 2013

rendement des dettes émergentes en devises locales ne se matérialise pas. Il est donc intéressant pour l’investisseur obligataire d’engranger le rendement aujourd’hui et de se positionner pour tirer parti du portage et de l’éventuelle appréciation du capital si une révision à la baisse des taux d’intérêt pèse sur les rendements. Les rendements des obligations souveraines des pays émergents en devises locales, tout comme ceux des obligations souveraines en dollars et des obligations d’entreprises, ont atteint des niveaux inégalés depuis un certain temps. La différence entre les rendements réels des obligations émergentes en devises locales et les rendements réels des bons du Trésor américains s’inscrit dans la partie haute de la fourchette d’évolution de ces 10 dernières années. Les valorisations des obligations émergentes ont progressé (elles n’ont plus rien de commun avec leurs planchers historiques) mais qu’elles restent encore créatrices de valeur pour les investisseurs.

262 points de base, à 10,86%, d’ici à la fin de l’année 2014 (comme illustré dans le tableau ci-dessous). Le Brésil augmentera-til autant ses taux? L’économie brésilienne reste relativement peu dynamique, avec une croissance du PIB d’environ 2% et une production industrielle en hausse d’environ 4% en glissement annuel. Par ailleurs, le ralentissement de l’économie chinoise devrait

L’inflation globale a incité la Banque centrale du Brésil (BCB) à relever ses taux directeurs de 7,25% à 8,50% depuis le début de l’année.

peser sur son homologue brésilienne, qui dépend très largement de ses exportations de produits miniers et agricoles. Si la baisse de 15% du taux de change depuis le début du mois de mai favorisera les exportations de produits brésiliens et exacerbera les tensions inflationnistes que la banque centrale cherche à enrayer, celles-ci ne RENDEMENTS RÉELS DES DETTES devraient pas prendre le pas sur d’autres ÉMERGENTES EN DEVISES LOCALES facteurs déflationnistes à moins d’une emET DES BONS DU TRESOR AMERICAIN Le Brésil est un bon exemple. Il fait partie bellie de l’économie mondiale. de ces rares pays émergents ayant relevé Un investisseur qui achèterait et conserveleurs taux directeurs. L’inflation globale, rait jusqu’à maturité une obligation d’État qui atteint le haut de la fourchette de brésilienne à 10 ans offrant, au 13 août, 4,5% +/-2,0%, a incité la Banque centrale un rendement de 11,43% en devise locale, du Brésil (BCB) à relever ses taux direc- aurait engrangé un différentiel de taux anteurs de 7,25% à 8,50% depuis le début nuel de 871 points de base par rapport à de l’année. La courbe des rendements bré- un bon du Trésor américain à 10 ans dont siliens anticipe une nouvelle hausse, de le rendement s’établissait à 2,72%. Cela signifie que, pour qu’une obliÉvolution des taux d’intérêt intégrés par gation brésilienne sous-perforle marché d’ici à 2014 (en points de base) me son homologue américaine, le réal brésilien devrait perdre Amérique latine Europe de l’Est/Afrique Asie plus de 871 points de base par Brésil 262 Hongrie 28 Indonésie 178 an au cours des 10 prochaines Colombie 150 Pologne 65 Malaisie 22 années (soit une dépréciation de près de 60%), ce qui déMexique 50 Russie -51 Thaïlande 34 montre l’intérêt des obligations Pérou -26 Afrique du Sud 146 Turquie 88 émergentes libellées en devises Sources: HSBC, PIMCO, au 8 août 2013 locales. ///


38 / STRATÉGIES 2014

La mutation rapide du contexte impose une allocation dynamique d’actifs L’analyse des aspects comportementaux est aussi importante que l’analyse fondamentale traditionnelle.

IWAN BROUWER

Client Portfolio Manager, Structured Investment Solutions ING Investment Management

G

râce à ses procédures dynamiques et attentives au risque, notre équipe multi-actifs identifie pour l’allocation d’actifs des périodes favorables dans différentes classes d’actions et ceci d’une région et d’un secteur à l’autre. Pour les investissements précis, l’acceptation du risque est liée au degré de conviction. En outre, des mécanismes de résistance aux chocs inattendus ou à «l’inconnu inconnu» sont mis en œuvre. Le besoin d’une dynamique plus forte repose principalement sur le fait que l’économie mondiale est devenue plus complexe et plus sensible aux boucles de réaction entre les marchés, la politique et l’économie réelle. Un nouveau facteur est que de nouveaux groupes d’investisseurs, tels que les caisses de pension, les hedge funds, les highfrequency-traders ou les fonds étatiques, ont de plus en plus d’influence sur les dynamiques de marché. Ces groupes se différencient souvent les uns des autres en matière de compétence, de rationalité et d’objectifs d’investissement. La cartographie des comportements et de l’influence de ces différents acteurs est plus importante que jamais auparavant.

ques mesurables, n’ont créé que des certitudes imaginaires. Sous l’influence des émotions humaines, telles que la peur ou la cupidité, les marchés se retrouvent aux prises avec des perturbations et des comportements grégaires. Les émotions peuvent avoir une influence tellement radicale qu’elles perturbent le fonctionnement des marchés. La recherche concernant la théorie de l’efficience des marchés est mise sous pression par la crise du crédit en tant que source de connaissances.

Opportunités.

Nos procédures actuelles en matière d’allocation d’actifs sont différentes de la manière de procéder qui prévalait avant la crise du crédit, et ce sur plusieurs points. L’économie mondiale comporte des déséquilibres importants. La conséquence en est que les éventuels chocs, comme une crise financière ou une hausse rapide du prix du pétrole, sont moins bien absorbés. En conséquence de quoi, les cycles économiques se sont raccourcis. Il faut avoir une réaction rapide face aux événements – car, en raison de la fragilité de l’économie, ils peuvent à nouveau disparaître tout aussi vite qu’ils sont apparus. Les risques peuvent augmenter rapidement. Cela ne signifie pas qu’il faille ignorer le long terme, mais qu’il faut Emotions. La crise du crédit a eu des être attentif aux dynamiques du marché conséquences négatives sur les fonde- et aux facteurs qui expliquent le comporments de l’économie de marché. Les mo- tement des investisseurs. dèles quantitatifs, qui ont été développés Les questions qui ont le plus de poids dans pour transformer les incertitudes en ris- le cadre des procédures actuelles sont: quelles sont les tendances empiriques dans PROCESSUS DYNAMIQUE un marché? Qui Analyse Analyse sont les investisqualitative quantitative seurs actifs dans un FONDAMENTAUX DE PRÉVISION marché? Lesquels sont dominant et INFORMATION VUES SUPÉRIEURES quel rôle jouent-ils? ÉVALUER LE COMPORTEMENT Dans quelle direcDU MARCHÉ tion vont les flux en Analyse Expertise capitaux mondiaux? basique comportementale Source: ING Les réserves de liquiAGEFI MAGAZINE | STRATÉGIES 2014 | OCTOBRE 2013

dités sont-elles supérieures à la moyenne? Grâce à notre recherche, nous sommes parvenus à nous adapter aux circonstances changeantes des marchés mondiaux et à créer une valeur ajoutée significative pour nos portefeuilles d’actifs diversifiés. Naturellement, nous utilisons également des données externes. L’analyse fondamentale possède toujours une grande valeur, mais les processus décisionnels sur la base des évolutions des marchés doivent avoir plus de poids que par le passé. Dans le cadre des décisions d’investissement, il est essentiel de développer des procédures impartiales. La conscience

La recherche concernant la théorie de l’efficience des marchés est mise sous pression par la crise du crédit en tant que source de connaissances. des risques implique aussi d’accepter une certaine incertitude dans la mesure des risques, et d’avoir un grand sens de l’anticipation dans ses actions. En outre, il est pire de sous-estimer les risques que de les surestimer. Au lieu de se reposer sur les données historiques, on doit être conscient que tous les placements risqués émigrent vers le Sud lorsqu’une crise éclate. L’effet de diversification, qui normalement réduit la volatilité d’un portefeuille, n’est plus présent quand il est largement utilisé. Nous pensons que l’attention que nous portons au risque à tous les niveaux est un signe distinctif clé de notre approche multi-actifs. Un processus d’allocation d’actifs dynamique, construit face à un risque bien défini peut soutenir les investisseurs qui naviguent dans cette période tourmentée. Nous considérons qu’il est de notre devoir de transformer «l’inconnu» en «risque maîtrisable» – et de miser sur une gestion de portefeuille transparente et attentive aux risques. ///


STRATÉGIES 2014 / 39

Les avantages méconnus des investissements dans l’immobilier indirect La recherche de ce type de niches change la conception de placement. En le transformant d’une approche de création de valeur à celle de produit financier.

BERTRAND DE SÉNÉPART

Administrateur, Procimmo SA

I

maginez-vous une série de tamis superposés laissant passer des agrégats à granulométrie variable. Alors que dans le premier tamis, de nombreux éléments passent, le dernier ne laisse passer qu’une infime partie du matériau. Le gérant en valeur mobilière analysera, avant de proposer un investissement à son client, un produit ayant passé par ces différentes strates. Il s’assurera qu’il soit évalué par le biais du potentiel de son marché, des performances du secteur d’activités dans lequel il se trouve, de la stratégie d’entreprise, du cycle de vie de ses produits, de son potentiel de développement (molécule, brevet, investissement dans la R&D, etc.), de ses risques et de ses opportunités. A chacune de ces strates granulométriques de l’évaluation pragmatique de l’analyste, un rejet du titre voire une perte de confiance dans l’équipe dirigeante peut intervenir.

Position. Cette même approche s’applique à une position dont le sous-jacent est de l’immobilier. Dans cet article, nous n’allons pas nous concentrer sur les critères de base que sont notamment l’achat au bon moment, l’estimation de la valeur de Le promoteur de placements immobiliers ainsi que les investisseurs devront envisager les marchés de niche. Tôt ou tard. l’objet, sa localisation, la performance des gérances, la quotation du titre ou même les relations avec les autorités de régulation, mais sur l’aspect que j’assimilerais à la R&D dans l’industrie, c’est-à-dire le marché de niches. Qu’est-ce qu’une niche? C’est la définition du positionnement dans lequel un investisseur va s’engager; le facteur, bien que flou, de rareté est parfois considéré. C’est AGEFI MAGAZINE | STRATÉGIES 2014 | OCTOBRE 2013

un vrai Rubik cube à six entrées: localisation, affectation, risque/rendement, durée de l’investissement, compétences requises et évolution des marchés y compris du cadre juridique. Pourquoi investir dans un marché de niche? Sachant le tous les investisseurs, locaux ou étrangers, des privés ou fonds de placement en passant par les caisses de pension et les institutionnels se précipitent majoritairement dans les mêmes produits, le promoteur de placements immobiliers ainsi que les investisseurs, devront inéluctablement, tôt ou tard, se tourner vers des marchés de niche.

Tendance. L’émergence récente sur le marché suisse de quelques SICAV et SCPC montre une tendance des investissements indirects à rechercher des opportunités non exploitées jusqu’ici. Les niches évidentes seront sectorielles et géographiques. Par exemple «immeubles de prestige au centre des villes», «établissements médico-sociaux dans le bassin lémanique» ou encore «hôtellerie 3 étoiles dans des stations de montagne à fort potentiel», etc. Qu’en est-il des PPP (partenariats publicprivé)? Aujourd’hui les gouvernements proposent aux investisseurs et constructeurs de participer au développement territorial. Ne pourrait-on pas imaginer que le «privé» investisse dans des infrastructures publiques comme les écoles, les routes, les moyens de transports, les prisons, les stations de pompiers, l’énergie par exemple comme ceci se fait partiellement dans d’autres pays? Ne serait-ce pas aussi une bonne manière de combler la dette publique tout en assurant un bon fonctionnement de l’état par des accords du type «sale & lease back»? Bien sûr que la recherche de ce type de niches change la conception de l’investissement en le transformant d’une approche de création de valeur à celle de produit financier.

Comme l’a évoqué Ingrid Nappi-Choulet: «On passe ainsi d’une approche patrimoniale à une approche financière de l’immobilier, où les techniques financières de gestion d’actifs appliquées traditionnellement aux valeurs mobilières s’appliquent désormais aux actifs immobiliers. L’immobilier devient un actif comme les autres qui permet aux investisseurs de diversifier les risques de leurs portefeuilles d’actifs. Le périmètre de la finance s’élargit à l’immobilier.»

Succès. En fin de compte, que fait le succès d’un placement dans un marché de niche? Bien sûr, la conjoncture ou alors des éléments exogènes non planifiables

Un autre point facteur clé de succès est la créativité! Savoir imaginer l’impossible, entrer dans des secteurs où personne n’a osé s’aventurer. peuvent péjorer une bonne performance, mais le cœur du succès tient toujours dans les compétences de l’équipe dirigeante. Dans quelle mesure elle s’est structurée pour piloter tel ou tel projet de la «R&D» à la distribution de dividendes? Un autre point facteur clé de succès est la créativité! Savoir sortir du cadre, imaginer l’impossible, entrer dans des secteurs où personne n’a osé s’aventurer. Travailler en équipes multidisciplinaires avec les promoteurs, les financiers et les politiques. Apprendre des erreurs et des succès qui ont été faits sur d’autres marchés, d’autres pays. Les niches potentielles sont nombreuses. Les promoteurs de fonds et Asset manager se doivent d’y réfléchir et se positionner. Bien sûr le ratio return/risk est déterminant: à eux de mettre en place les équipes performantes ! Soyons créatifs, le marché immobilier suisse est prêt, mais les investisseurs, le sont-ils aussi? ///


40 / STRATÉGIES 2014

La fragile source de rendement Acquérir un appartement afin de le louer reste risqué. Les fonds immobiliers constituent une meilleure alternative.

DOMINIK WEBER

Directeur Immofonds

L’

immobilier offre une certaine sécurité, c’est un investissement réel, adapté à un portefeuille diversifié, car il est faiblement corrélé avec les autres classes d’actifs telles que les actions ou les obligations. Ces cinq dernières années, les incertitudes découlant de la crise financière et la baisse des taux d’intérêt ont brusquement renforcé l’attrait des investissements immobiliers: afin de tirer profit de ce contexte favorable, de nombreux locataires ont placé leur épargne dans l’immobilier d’habitation tout en s’endettant massivement.

des rives des lacs Léman, de Zoug ou de Zurich, les prix sont si élevés que le rendement initial net chute à 2%. Entre début 2007 et mi-2013, Comparis a évalué un million d’annonces immobilières et déterminé les hausses de prix dans les différents districts de Suisse. Avec des hausses de 60%, trois des dix districts où les hausses de prix ont été les plus spectaculaires se trouvent dans le canton de Vaud. Dorénavant, les prix médians des appartements se situent à 10.000 francs le m2, contre 12.000 à Genève. Les demandes de crédits déposés auprès de l’UBS pour des immeubles locatifs sont passées de 14% à 22% ces cinq dernières

Coût. Le calcul est vite fait: en été 2008, l’acheteur d’un logement d’une valeur de 500.000 francs devait payer un intérêt de 4,5% pour une hypothèque à taux fixe sur cinq ans. Avec un ratio de financement externe de 80%, le coût de l’hypothèque se monte à 18.000 francs par an. En été 2013, cette même hypothèque s’obtenait à un taux d’intérêt de 2%. Le nouvel acquéreur paie désormais quelque 10.000 francs par an d’intérêt hypothécaire pour un logement moyen. Le coût de l’hypothèque a ainsi presque été divisé par deux, tandis que le prix d’un tel appartement a augmenté d’un quart, à 625.000 francs. Aujourd’hui, acheter est bien meilleur marché que louer. L’investisseur envisage donc volontiers d’acheter un appartement, non pour l’habiter lui-même, mais pour le louer: un investissement apparemment sûr, offrant un rendement supérieur à celui des obligations. Début septembre 2013, le rendement des obligations de la Confédération à dix ans se situait à 1,2%, le rendement brut d’un appartement moyen nouvellement acquis à 3,5%. Même en retirant les frais y afférents, le rendement initial net de 2,8% reste relativement attrayant. Ces chiffres se réfèrent au prix moyen pratiqué en Suisse. Dans les régions très prisées

La stratégie fondée sur la location de logements risque de faire naufrage dans les années à venir. Car la fin des taux d’intérêt à la baisse est proche.

AGEFI MAGAZINE | STRATÉGIES 2014 | OCTOBRE 2013

années, témoignant ainsi de la popularité croissante de la propriété du logement en tant qu’objet de rendement.

Taux. Il y a une forte probabilité que cette stratégie fondée sur la location de logements fasse naufrage dans les années à venir. Car la fin des taux d’intérêt à la baisse est proche. Entre mai et septembre, ils ont déjà augmenté sensiblement. Ainsi disparaît le principal moteur, à côté de l’immigration, des prix élevés de l’immobilier. En cas de hausse des taux d’intérêt, une dépréciation de l’immobilier, comparable à celle des années 1990, n’est pas exclue. En ce qui concerne les biens financés avec un emprunt élevé, les banques pourraient bien exiger un complément de garanties en cas de baisse de la valeur de l’immobilier. Du côté des revenus locatifs, les effets d’une hausse des taux sont moins dramatiques. Une partie des hausses peut être répercutée sur les loyers. Toutefois, ce mé-

canisme agit par le biais du taux de référence avec un retard important. Les conséquences les plus douloureuses pourraient bien provenir des intérêts hypothécaires en raison d’un endettement élevé. Aujourd’hui, la plupart des acquéreurs immobiliers misent sur des hypothèques fixes. Avec un taux d’intérêt à 2% pour une hypothèque fixe à cinq ans, comme évoqué ci-dessus, le propriétaire n’encourt aucun risque durant la durée de validité de celle-ci. Mais si, durant ces cinq ans, l’intérêt passe à 4%, la charge des intérêts va doubler d’un coup. Et, en cas de retour à la moyenne à long terme, qui se situe à 6%, ce montant pourrait tripler. Comparativement à un rendement des obligations se situant au même niveau, investir dans l’immobilier d’habitation ne paraît plus aussi intéressant que ça. Et la vente du logement en question pourrait s’avérer problématique si les prix devaient s’atrophier consécutivement à une hausse des taux d’intérêt. Les charges viennent encore alourdir la facture. En général, elles représentent 1% par an du prix d’achat. Si le logement coûte un million de francs, on peut évaluer les charges à 10.000 francs. Avec un rendement de 3%, l’appartement rapporte chaque année 30.000 francs de revenu locatif. Les locataires paient en général 12% de la location en charges, ce qui revient à environ 3600 francs, les charges restantes sont supportées par le bailleur.

Evidence.

L’investisseur souhaitant profiter des rendements de l’immobilier, devrait plutôt placer son argent dans des fonds spécialisés. Les avantages sont évidents: le risque de location disparaît. Dans un fonds, on trouvera des centaines de logements, et le taux d’espaces non occupés y sera de 2% à 4%. Alors que si l’investisseur est propriétaire du logement, les revenus sont réduits à néant si le locataire ne paie plus son loyer, ou si le logement ne peut pas être loué. TanXXX


STRATÉGIES 2014 / 41

La différence fondamentale entre un fonds et un investissement direct se situe dans le niveau d’endettement.

XXX

long terme également. L’immofonds, par exemple, possède des immeubles depuis 29 ans en moyenne. La différence fondamentale entre un fonds et un investissement direct se situe dans le

dis que les charges continuent à courir. En outre, le portefeuille d’un fonds est diversifié en ce qui concerne les régions, les tailles et les âges des logements. Ceuxci sont constamment rénovés et adaptés aux besoins du marché.

Une augmentation des taux d’intérêt a nettement moins de répercussion sur les coûts que lorsque le ratio de financement externe se situe à 80%.

Fonds. Lorsqu’on possède un logement, il peut s’avérer compliqué de le rénover sans l’accord des autres membres de la copropriété. Les fonds, qui possèdent des objets depuis longtemps tirent profit de meilleurs rendements initiaux datant de l’époque où les taux d’intérêt évoluaient à des niveaux beaucoup plus élevés. Il existe ainsi une garantie de pouvoir réaliser des rendements attrayants sur le

niveau d’endettement. Dans un fonds immobilier, il est limité par la loi à 33% au maximum, mais se monte en moyenne à quelque 20%. Une augmentation des taux

d’intérêt a nettement moins de répercussion sur les coûts que lorsque le ratio de financement externe se situe à 80%. Et enfin, un logement unique peut constituer un risque de liquidité considérable dans un portefeuille. En matière de prix, les cycles sont très longs et une vente peut prendre un certain temps. Les parts des fonds immobiliers, au contraire, peuvent être cédées en tout temps en Bourse. Les investisseurs ont ainsi tous les avantages pour eux: ils profitent de revenus locatifs constants, ils peuvent investir dans un actif réel le montant en capital correspondant à leur stratégie de placement, et ressortir du marché immobilier à tout moment. ///

«Bonne pierre,

bon œil.» Les parts de fonds de placements immobiliers : le complément idéal pour apporter de la performance à un portefeuille équillibré.

Performance de LA FONCIÈRE au 30.09.2013 10 ans 5 ans 3 ans 1 an

+ 108.19 % + 46.94 % + 20.34 % + 2.09 %

La performance historique ne représente pas un indicateur de performance actuelle ou future.


42 / INTANGIBLE

La panoplie du parfait attaché de presse 3.0 PAR JEAN-PAUL OURY

Expert en influence digitale, e-RP manager, JIN

Révélation. S’il est des professions qui ont connu une véri-

de taille à prendre en considération cependant: aujourd’hui table révolution à la suite de l’avènement du web-social, c’est on dispose de plus en plus d’outils pour mesurer et analyser bien celles qui touchent le domaine des relations publiques. la puissance de l’action des influents, qu’ils soient célèbres ou En effet, l’arrivée des forums, des blogs, puis des réseaux so- non, identifiés, ou non. Un attaché de presse, un bon commuciaux a eu un impact terrible sur le métier d’attaché de presse, nity manager doit avoir la science des relais d’opinion. Les outils dont il dispose lui permettent de mapar exemple, relégué parfois au second plan. nipuler avec plus de précision les influents, Rappelons-nous l’affaire DSK: elle a été qu’ils soient journalistes, blogueurs, twittos révélée au monde entier par le tweet d’un ou encore leader d’une grande communauté simple militant, échappant ainsi au filtre des sur Facebook. D’un côté, nous avons donc, médias et de leurs habituels correspondant, l’attaché de presse ou le spécialiste des rel’agent de presse. lations publiques avec sa connaissance des Autre exemple, Tyson hospitalisé, l’annonce médias classiques et des cercles d’influences. directement à sa communauté via Twitter et De l’autre, nous avons le community manaavant même que son attaché de presse n’ait le ger équipé de ses multiples outils pour identemps de rédiger un communiqué: le monde tifier les communautés et tenter d’agir sur entier est informé. Aujourd’hui, plus que jaelles en postant des arguments. On voit bien mais la phrase de Jelo Biaffra (le chanteur qu’ils exercent tous les deux le même métier, du groupe de punks Dead Kennedy), «Don’t même si les conditions diffèrent. Qu’en serahate the media, be the media» est vraie. Les t-il alors de l’attaché de presse 3.0? médias sociaux donnent la possibilité à chacun d’entre nous de participer pleinement au façonnement du flux de l’actualité. A un Influence. Alors que la panoplie du solL’attaché de presse et tel point que les journaux d’information indat de demain sera faite de capteurs et de le community manatègrent désormais Twitter et Facebook dans viseurs qui lui permettront d’avoir une vileurs revues de presse et des éditorialistes cision augmentée de la réalité qui l’entoure, ger exercent le même tent les tweets qui ont été les plus repris de on pourrait tout à fait imaginer que l’attaché métier. Même si les la journée. de presse 3.0 dispose également une vision conditions diffèrent. Face au quart d’heure de célébrité warholien augmentée des «influenceurs» avec qui il des internautes, l’attaché de presse est perdu. entre en relation sur le net, ou pourquoiLe voilà face à une armée d’émetteurs qu’aucune mémoire, pas, même, dans la vie réelle. Ainsi, lors d’une soirée événequ’aucun carnet d’adresse ne pourrait contenir. Le temps où mentielle, équipé de ses Google Glasses, il pourrait identifier le conseiller en relations publiques-relations presse pouvait se spontanément les participants et récupérer les informations contenter d’un abonnement de veille, du mediasig de l’année, essentielles les concernant afin d’engager la conversation avec d’une base de données de journalistes et du who’s who, sem- eux. Il verrait ainsi défiler les textes qu’ils ont écrit sur leurs ble apparemment révolu. Aujourd’hui, il faut intégrer qu’un blogs, leurs CV sur linkedIn ou leur page Facebook, leur page simple tweet est en mesure de déclencher un buzz interna- Wikipédia s’ils en ont une, le résumé de leur thèse ou leur dertional. Avant il y avait une centaine de sources à surveiller, nier ouvrage... Il pourrait également disposer de leur «note» aujourd’hui, il y en a des dizaine de milliers. (aujourd’hui, leur klout) calculée par rapport à un territoire d’influence donné. Ainsi, ils pourrait lors d’une soirée cibler Science. Les relations publiques 2.0 ont vu naître un nou- directement les personnes à qui il est essentiel de parler. veau métier: le community manager. Et pendant que celui- Et s’il ne sait comment aborder la conversation? Pas de proci affirmait progressivement son utilité – reléguant ainsi aux blème, toujours équipé de ses Google Glasses et ayant accès à antiquités notre attaché de presse classique – notre civilisation une base de donnée répertoriant les influenceurs inscrits pour entrait définitivement dans l’ère de l’influence partagée et la soirée, notre agent disposerait également d’un petit argumesurée. Certes, les relais d’opinions et les influenceurs ont mentaire de référence. Ainsi, il serait en mesure de sortir les toujours existé et ce qui change ici, c’est qu’ils se retrouvent bons arguments aux bonnes personnes. Ne lui reste plus qu’à sur le net au lieu d’être dans la vie réelle, dans un studio, sur choisir l’endroit et le moment... Mais ça, on le laisse à la disun plateau tv ou à la une d’une colonne. Il est une différence crétion de son tact d’attaché de presse! /// AGEFI MAGAZINE | STRATÉGIES 2014 | OCTOBRE 2013


FONDAMENTAL / 43

DR

URBANITÉ

La nature n’a pas fait l’homme désarmé L’abolition du duel rend le peuple plus grossier. L’impunité rend les lâches insolents. THÉOPHILE GAUTIER,

Ecrivain français (1811-1872)

M

aintenant les hommes ne portent plus l’épée; la police défend d’avoir des armes sur soi, et l’on est puni de 15 francs d’amende pour avoir un poignard dans sa poche, ce qui fait que tout homme qui rentre chez lui après la brume est à la merci des voleurs et des assassins qui, risquant d’avoir la tête coupée, se moquent parfaitement de payer 15 francs en sus pour port illégal de poignard; les cannes plombées, les cannes à dard sont prohibées et saisies par la police aux bureaux du théâtre, afin que les mauvais garnements, hideuses phalènes nocturnes qui voltigent aux carrefours douteux, aient toute la facilité désirable pour vous dépouiller et vous assommer; Mais vous avez vos poings et vos pieds que l’on ne peut saisir au bureau des cannes, et des poings et des pieds exercés sont des armes aussi redoutables que le casse-tête des Caraïbes ou le lasso des gauchos brésiliens. Pour notre part, nous regrettons l’épée; avec l’usage de porter l’épée s’est en allée la vieille urbanité française; on est toujours poli avec un interlocuteur qui peut vous entrer quelques pouces de fer dans le ventre si vos manières n’ont pas l’aménité convenable. L’abolition du duel achèvera de nous rendre le peuple le plus grossier de l’univers: tous les lâches, sûrs de l’impunité, vont devenir insolents. Et puis c’était réellement pour un jeune homme de cœur, une amie sûre et fidèle qu’une épée de bon acier bien trempé et bien franc. L’homme gagnait à ce commerce intime avec le métal; il en prenait les qualités rigides, la loyauté inviolable, le vif éclat, la netteté incisive; et cette union tacite était si bien comprise, que le plus grand éloge que l’on pût donner à quelqu’un, c’était de dire qu’il était brave comme son épée. Mais nous sommes dans une époque peu chevaleresque, et la prosaïque savate doit remplacer la jolie épée française, ce bijou aigu, cet éclair d’acier qui du moins brillait dans la nuit avant d’arriver à la poitrine d’un homme. La savate, comme on la pratique aujourd’hui, est un art très compliqué, très savant, très raisonné; c’est l’escrime sans fleuret. Il y a la tierce, la quarte, l’octave et le demi-cercle; seulement dans l’escrime on n’a qu’un bras, et à la savate on en a quatre; car les jambes dans l’état actuel de la science sont de véritables bras, et les pieds deviennent des poings. Les maîtres placent un coup de pied dans les gencives ou dans l’œil avec beaucoup de facilité: plusieurs même décoiffent leurs adversaires avec le bout du chausson. Le maître de chausson actuel ne ressemble en rien au savatier ancien: c’est un jeune homme de figure douce et prévenante, le sourire sur les lèvres, qui s’exprime correctement et avec un son de voix perlé. Ses manières sont d’une distinction parfaite; on le prendrait plutôt pour un professeur d’esthétique et de philosophie que pour un pugiliste; il fume tout au plus des cigarettes de papel espagnol, comme Georges Sand, et boit de l’eau sucrée comme un orateur. Il ne porte ni cravates rouges, ni gilets violets, ni pantaAGEFI MAGAZINE | STRATÉGIES 2014 | OCTOBRE 2013

DUEL. «La savate est un art très compliqué. Très savant. Très raisonné. C’est l’escrime sans fleuret.»

lons fabuleux, ni casquette excentrique; sa mise est celle d’un fils de famille qui s’habillerait bien. A l’entendre parler de son art, vous croiriez être en présence d’un savant de l’Institut, faisant des calculs sur l’équilibre et la dynamique: la savate est en effet un calcul très exact des forces humaines combinées avec la libration et la pondération. Après quelques mois d’étude, on est vraiment surpris de l’énorme puissance que peut acquérir un muscle bien développé et bien dirigé, et l’on s’aperçoit que la nature n’a pas fait l’homme aussi désarmé que le prétendent les philosophes moroses. Des poings bien fermés selon les principes de l’art valent des marteaux de fer. Extrait du «Maître de chausson» (1842)

UNION EUROPÉENNE

L’obligation de revenir aux libertés élémentaires La considération pour la cellule familiale a été le ciment essentiel du tissu social occidental pendant de millénaires. Il semble pourtant avoir perdu de son importance aujourd’hui. JEAN-PIERRE CHAMOUX,

Professeur à l’université de Paris V – René Descartes

L’

autonomie de la personne est bien au cœur du projet politique de l’Union: c’est d’elle que découlent la libre expression politique et les libertés de conscience et d’association que l’on retrouve seulement dans celles des sociétés contemporaines qui prolongent, en fait, l’Europe moderne dans les territoires éloignés où se formèrent ses émules du temps présent: en Amérique du nord et du sud principalement. Cette autonomie de la personne, au sens que nous lui donnons aujourd’hui, n’est reconnue comme un principe essentiel de société nulle part au même degré qu’en Europe occidentale. Notre société politique se distingue ainsi de celle à laquelle aspirent des pays musulmans et même la Russie ou les pays d’Asie orientale; partout, sauf en Europe, la personne XXX


44 / FONDAMENTAL XXX

bénéficie d’une priorité politique moindre que celle que nous lui accordons. Paradoxalement, la considération pour la cellule familiale qui fut le ciment essentiel de notre tissu social pendant de millénaires, semble avoir perdu de son importance en Europe alors qu’elle persiste ailleurs, en Orient notamment. Au sein de l’Union, cette cellule sociale essentielle subit des assauts combinés et multiples, sous la pression de l’hédonisme égoïste des uns et de la boulimie re-distributive des autres. La pression qui en résulte ouvre un débat de société autour de la cellule familiale dont il est de plus en plus clair qu’il oppose les tenants d’un ordre social au sein duquel l’individu est principalement formé par sa famille à ceux pour lesquels la formation du futur citoyen résulte d’un ordre organisé par l’Etat ou par l’un de ses succédanés, par l’école publique, notamment. C’est ce que révèlent aujourd’hui les attendus de la «Charte de la laïcité» qui tente de redorer le blason de l’école publique si chère à Vincent Peillon! Après la «Manif pour tous» qui a tenu l’actualité pendant l’hiver dernier et qui laisse des traces durables dans le Landerneau politique français, un tel sujet ne pourra pas être absent du débat européen: si l’opposition tient à reprendre l’initiative sur les sujets de société, elle devrait se manifester sur un thème comme celui-ci, face à des schémas révolutionnaires qui sont d’ailleurs, pour l’essentiel, importés d’Amérique, comme la «théorie constructiviste du genre»; puisque nous sommes dans un espace politique ouvert à l’Europe, il est essentiel qu’un pareil débat se prolonge dans l’espace européen, à l’occasion notamment des élections du printemps 2014. A défaut, nous perdrons non seulement le combat politique, mais aussi notre âme ! PRÉSERVATION

La Troïka sauve les Portugais d’eux-mêmes Le Portugal a besoin d’aide pour éviter de refaire les mêmes erreurs qui les ont menés à la crise. HELENA MATOS

Chroniqueuse pour Diário Económico

J

e dois l’avouer: j’ai peur du jour où la troïka cessera de débarquer à Lisbonne pour vérifier nos comptes, nous rappeler les engagements pris et signer son chèque. Cette peur m’étreint un peu plus chaque fois que je vois ce qu’ont promis sur leurs affiches les candidats aux élections locales [qui ont eu lieu le 29 septembre]: manuels scolaires gratuits, médicaments gratuits, maisons de retraite gratuites, vaccination gratuite, etc. Un vrai délire autour de la gratuité «tout de suite», qui culmine avec la promesse d’une école de ninjas (gratuite, cela va de soi) pour combattre l’insécurité dans une ville du nord [Vila Nova de Gaia], ou encore, dans le sud, avec la garantie tout aussi fallacieuse de programmes locaux de lutte contre le chômage. Sachant que ces autorités locales ne renoncent ni à faire flamber les dépenses ni à leurs bureaucraties complexes, soit ces programmes n’auront aucune traduction concrète, soit ils auront le malheur de se traduire par de nouveaux emplois supplémentaires dans ces collectivités elles-mêmes ou dans les

AGEFI MAGAZINE | STRATÉGIES 2014 | OCTOBRE 2013

entreprises municipales – une pratique qui a eu, entre autres effets pervers, celui de contribuer largement à l’appel en urgence lancé à la troïka en 2011. Ma peur s’accroît plus encore quand j’entends António José Seguro [le secrétaire général du Parti socialiste] dire qu’il n’accepte pas les coupes supplémentaires, sans expliquer que cela n’est possible qu’à condition d’augmenter plus encore les impôts, et quand je perçois à quel point le PSD et le CDS sont impatients de se voir libérés de la tyrannie du contrôle externe pour pouvoir immédiatement laisser libre cours à de nouvelles promesses de «gratuité, maintenant». Je suis née au Portugal dans les années 1960. C’est donc déjà la troisième fois que je me retrouve dans un pays sous assistance extérieure, et c’est pour cela que je pense que ma génération doit surtout sa reconnaissance aux créanciers qui, en 1977, en 1983 et en 2011, ont été prêts à placer leur argent ici. Quelle personne sensée aurait voulu vivre en famille au Portugal s’il n’y avait pas eu cette aide extérieure? Certes, nous payons des intérêts, mais bien inférieurs à ce qu’ils seraient si nous n’étions pas ce protectorat qu’abhorre Paulo Portas [le vice-Premier ministre] et que notre classe politique devait sillonner le monde pour trouver celui qui nous prêtera le plus d’argent. J’ai peur du jour où le Portugal, effectivement, cessera d’être un protectorat et où cette classe politique recommencera à manipuler les verbes «donner» et «investir» (puisqu’ils veulent tant investir, pourquoi ne le font-ils pas avec leur propre argent et ne lancent-ils pas leur entreprise?) pour cette grande mystification qu’ils appellent le «discours positif» sur le pays. Il est des choses qui, lorsqu’on les vit à répétition, deviennent grotesques. Car il est plus que certain que va bientôt surgir quelqu’un qui, comme en 2009, emmènera le Portugal dans une fuite en avant qu’il présentera comme du volontarisme et de l’innovation [référence à l’ancien Premier ministre José Sócrates]. On peut aussi compter sur les corporatistes qui, défendant leurs privilèges personnels et ceux de l’entreprise, assureront que le pays ne peut plus supporter l’austérité quand cette austérité est imposée, non par les créanciers, mais par la ruine dans laquelle nous a plongés la volonté de protéger les corporations, l’Etat partenaire du privé et les droits, acquis sur le papier mais que les finances publiques ne peuvent garantir. Et enfin, nous aurons les ratés et leurs discours sur les grands hommes du passé, les grandes politiques de jadis, ce temps béni où il y avait des leaders… qui dans leur grandeur, leur sagesse et leurs nobles principes nous ont non seulement conduits trois fois de suite à l’indigence en tout juste 35 ans, mais préfèrent toujours, peinant avec un culot éhonté à voir l’argent qu’il y a ici, accuser le créancier que de s’accuser eux-mêmes. Après trois interventions extérieures, j’ai non seulement la certitude que la troïka reviendra, mais aussi qu’elle trouvera alors le Portugal dans une situation bien pire: en effet, chaque fois que nous passons au statut de protectorat, loin de nous interroger sur notre mauvaise gestion, nous allons plus loin encore dans cette irrépressible tendance à répéter toutes les erreurs qui nous ont conduits à la mendicité. Voilà pourquoi, si je vis aussi longtemps que les statistiques me le promettent, nul doute que je verrai d’autres troïkas débarquer à Lisbonne. Et le temps qui s’écoulera entre chacun de ces débarquements sera celui de toutes les démagogies. Texte initialement publié par Diário Económico.. Traduction de Julie Marcot. XXX


FONDAMENTAL / 45 XXX

De la nÊcessitÊ de bien apprÊhender les nuances L’interventionnisme monÊtaire est le plus parfait exemple de capitalisme de connivence. Ou socialisme de droite. DIDIER VANDERBIEST

Union des libĂŠraux belges

C

omment dĂŠfinir le libĂŠralisme classique et comment dĂŠtromper ceux qui estiment que le libĂŠralisme est un mal? Il existe seulement deux courants de pensĂŠe dans le domaine politico-socio-ĂŠconomique : le libĂŠralisme et le socialisme. Le libĂŠralisme est contre toute forme d’interventionnisme ĂŠtatique via la propriĂŠtĂŠ privĂŠe des moyens de production tandis que le socialisme s’articule, lui, autour de l’interventionnisme et la nationalisation Ă diffĂŠrents degrĂŠs des moyens de production et de l’activitĂŠ ĂŠconomique. Cette affirmation est absolue, incontournable, inattaquable. En effet, les maĂŽtres Ă penser du libĂŠralisme, principalement les reprĂŠsentants de l’Ecole Autrichienne et les libĂŠraux français tels que FrĂŠdĂŠric Bastiat, Jean-Baptiste Say et Anne Robert Jacques Turgot par exemple, ont toujours ĂŠtĂŠ farouchement

opposĂŠs Ă toute forme d’intervention des autoritĂŠs dans l’Êconomie. Le socialisme se divise en deux tendances, la première qui est basĂŠe sur la redistribution des richesses, la haine du capital, du profit et que nous pouvons appeler socialisme de gauche. La deuxième, basĂŠe sur le lobbying, le corporatisme, la connivence, les lois et règlementations favorisant des groupes d’individus au dĂŠtriment d’autres, et que nous nommerons socialisme de droite. La responsabilitĂŠ de la crise actuelle est Ă mettre sur le compte de l’interventionnisme d’État. En effet, c’est principalement l’assouplissement monĂŠtaire après les attentats de 2001 couplĂŠ Ă l’obligation des banques de prĂŞter de l’argent aux plus indigents afin qu’ils deviennent propriĂŠtaires, qui a crĂŠĂŠ la bulle immobilière. Cette dernière finit par ĂŠclater en 2008 avec toutes ses consĂŠquences directes et indirectes. Conclusion: le libĂŠralisme n’est absolument pas responsable de la crise de 2008 qui est la consĂŠquence de l’expansion monĂŠtaire des banques centrales et des garanties farfelues des gouvernements. Actuellement, il est pratiquĂŠ un interventionnisme monĂŠtaire comme jamais cela ne s’est produit dans l’histoire, hormis sous le rĂŠgime de la RĂŠpublique de Weimar. Alors que dans les annĂŠes 20, il ĂŠtait ÂŤlocalÂť, actuellement il est planĂŠtaire. Nous observons des banques centrales avec Ă leur tĂŞte des gens comme Mario Draghi, ex-Goldman Sachs Ă la tĂŞte de la BCE, Ben Bernanke Ă la Federal Reserve et Shinzo Abe Ă la Bank of Japan, qui impriment et prĂŞtent Ă très bas prix des centaines de milliards par mois directement aux banques, dans un but prĂŠtendu de favoriser l’Êconomie XXX

La Business Intelligence, une direction commune pour les CIO et CFO

A

ujourd’hui, le management stratĂŠgique Č´nanFier suEit une Sression Froissante, notamment en raison de la multiSliFation des rÂŞglementations et normes internationales 'ans Fe Fonte[te, la rĂŠussite d’aFtions stratĂŠgiques dĂŠSend Iortement de la masse d’inIormation Č´nanFiÂŞre anal\sĂŠe, Sermettant de dĂŠYeloSSer une Yision ¢ long terme de maniÂŞre transSarente et Čľe[iEle )aFe ¢ de tels enjeu[ et Sour ÂŹtre FaSaEle d’antiFiSer et de rĂŠagir au[ Fhangements interYenant dans la Fonduite de l’entreSrise et sur les marFhĂŠs, les &)2 ont Eesoin de solutions FomSlÂŞtes, raSides et ĂŠFonomiques, qui IaFilitent l’anal\se et la Srise de dĂŠFision &es solutions sont regrouSĂŠes sous le terme de %usiness intelligenFe %, , ĂŠgalement m inIormatique dĂŠFisionnelle } 'ans de nomEreu[ Fas, les direFteurs de s\stÂŞmes d’inIormation &,2 , resSonsaEles de l’intĂŠgration de Fe t\Se d’aSSliFations, ne SerŠoiYent Sas les enjeu[ des dĂŠSartements Č´nanFiers et n’attriEuent Sas asse] d’imSortanFe au[ solutions Č´nanFiÂŞres

*r¤Fe ¢ l’ÊYolution et la simSliČ´Fation des s\stÂŞmes d’inIormation modernes, il deYient dĂŠsormais de moins en moins nĂŠFessaire de Iaire interYenir le dĂŠSartement inIormatique aČ´n de reFueillir des donnĂŠes et de l’inIormation (n eIIet, au Fours de Fes derniÂŞres annĂŠes, le nomEre de &)2 a\ant dĂŠFidĂŠ d’inYestir dans des aSSliFations SerIormantes d’intelligenFe Č´nanFiÂŞre a suEstantiellement augmentĂŠ. &ette tendanFe que l’on oEserYe maintenant deSuis Slusieurs annĂŠes dĂŠmontre que la %, est de moins en moins du ressort des &,2 et tient de Slus en Slus de la resSonsaEilitĂŠ des &)2. /’inČľuenFe des &)2 sur les solutions inIormatiques se Iaisant donF ressentir, il deYient FaSital que les &)2 et &,2 FollaEorent daYantage en ĂŠtaElissant une direFtion Fommune sur la question des teFhnologies de l’inIormation. 'ans Fe Fonte[te, /inalis, entreSrise de serYiFes aFtiYe dans le domaine de la %,, s’adresse au[ &)2 et &,2, et SroSose le Sroduit -edo[, solution %, Sarmi les Slus SoSulaires

du marFhĂŠ. &ette SlateIorme adaStaEle au[ Eesoins de Fhaque Flient Sermet la SlaniČ´Fation, l’anal\se, la FrĂŠation de raSSorts et autres taEleau[ de Eord, le Eudget, Slanning and IoreFasting, la Fonsolidation et l’alloFation des Fo½ts d’une organisation en temSs rĂŠel, tout en gagnant en Čľe[iEilitĂŠ et en transSarenFe. )ort d’une e[Sertise de Slus de ans en solution %,, /inalis SroSose ĂŠgalement de nomEreuses Iormations sur-mesure s’adaStant au[ Fontraintes oSĂŠrationnelles de Fhaque entreSrise. 3our dĂŠFouYrir Fomment la teFhnologie -edo[ assoFiĂŠe au saYoir-Iaire /inalis Seut signiČ´FatiYement FontriEuer ¢ l’oStimisation des SroFessus Č´nanFiers, /inalis oIIre des sĂŠminaires d’inIormations gratuits destinĂŠs au[ &)2 et &,2. 3our tout FomSlĂŠment d’inIormation, merFi de FontaFter /inalis au ou ¢ l’adresse inIo#linalis.Fom.


46 / FONDAMENTAL XXX

PROCESSUS DÉMOCRATIQUE

L’importance des vieilles organisations Les réseaux sociaux ne remplacent pas les partis politiques lorsqu’il s’agit d’agir. Pour le moment. DIMITAR GANEV

Politologue, Université de Sofia

C

e n’est pas la première crise de légitimité à laquelle se confrontent les partis. Le rejet de ce type d’organisation politique est riche d’exemples au cours de l’histoire. En 1919, Benito Mussolini qualifie son mouvement fasciste d’«antiparti». Mais tout le monde, y compris Mussolini, a beau s’y opposer, il finit toujours par créer un parti. En fin de compte, elle demeure le seul instrument qui permet de participer réellement à l’exercice du pouvoir. Ces dernières années, nous nous sommes retrouvés dans une nouvelle réalité technologique: l’accès à Internet d’un nombre grandissant de personnes dans le monde et l’émergence des réseaux sociaux rend les parallèles historiques caducs. On peut mentionner les conclusions de certains experts en politique qui ont étudié l’énorme influence d’Internet et des réseaux sociaux sur le printemps arabe. C’est toute une région du monde qui a changé de physionomie en quelques. On peut également citer le mouvement Occupy Wall Street aux ÉtatsUnis, les violences en Turquie, et beaucoup d’autres. Les nouveaux vecteurs de la discussion politique au sein des réseaux sociaux nous éloignent des forums classiques et bien connus. Essayons d’imaginer combien de jeunes membres des réseaux sociaux préfèreraient se rendre à un évènement politique plutôt que de mener une discussion informelle sur Facebook. C’est cela qui rend archaïque l’image du parti en tant que modèle d’organisation politique. La confrontation des idées politiques n’est pas morte; elle est en transition. Pour leur part, les partis perçoivent ces nouveaux espaces de discussion avec peur et méfiance plutôt qu’avec espoir. La confrontation des idées politiques n’est pas morte; elle est en transition. Il semble que les partis eux-mêmes ne puisent pas assez dans ces ressources qui permettent de générer des idées «par le bas». Ils prennent beaucoup de retard dans leur prise de conscience de cette nouvelle réalité. La méfiance envers les partis politiques, leur éloignement de plus en plus évident de l’ordre du jour de la société ainsi que

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ces nouvelles formes de discussion politique met dans une situation délicate les médiateurs traditionnels entre le pouvoir et les gens. Ce n’est pas un hasard si ce manque de légitimité donne naissance à de nouveaux modèles qui permettent aux citoyens de faire pression. Ils portent des noms différents selon le pays, et ils luttent pour des objectifs différents: ce sont les Indignés en Espagne, Occupy Wall Street aux États-Unis, ou l’opposition au système en Russie. Ce qu’ils ont en commun en revanche, c’est leur structure horizontale, leur utilisation des réseaux sociaux et leur position contre les partis du statu quo, voire leur désir de changement du système, quoi que cela signifie. La bonne nouvelle, c’est que la Bulgarie ne prend pas de retard sur ce qui se passe dans le monde. La contestation qui a commencé depuis plus d’un an déjà, a donné naissance à ce type d’organisation. La comparaison de l’échelle et de l’étendue n’est pas en notre faveur, mais on fait nos premiers pas dans cette direction. Au cours des derniers mois, beaucoup de groupes ont été créés sur Facebook, qui se transforment maintenant en de véritables portails de discussion politique. Il y a aussi le «réseau protestataire» d’une activiste. Les discussions confinées à l’Internet cachent cependant des risques réels dont le plus important est celui des illusions. Les opinions qui se font entendre dans les forums en ligne, sont loin d’être représentatives de l’ensemble de la société. En demeurant confiné à ce cercle social fermé et à ce milieu positif, il est facile de se mettre à penser que tout le monde partage ces opinions et ces valeurs. Loin s’en faut. C’est une petite partie de la société qui a trouvé un moyen de faire accepter ses idées en cherchant à les confirmer. Pour pouvoir réellement changer quoi que ce soit dans le pays et dans l’exercice du pouvoir, il faut avoir le soutien de la majorité des citoyens. Il faut ensuite disposer d’un instrument législatif pour participer aux élections, pour prouver qu’il ne s’agit pas de quelques milliers de gens sur Internet mais d’une majorité des Bulgares. Mais il n’existe jusqu’à présent qu’un seul moyen de le faire dans ce cadre législatif: créer un parti et participer aux élections. Si un de ces mouvements nouvellement créés s’agrandit et gagne en popularité, il aboutira à la création d’un parti pour participer aux élections législatives. S’il échoue, il sera enterré au cimetière politique, comme tant d’autres avant lui. Pour cette raison, les leaders de ces nouvelles organisations politiques feraient bien de ne pas s’empresser à condamner les partis. Si leurs mouvements atteignent leurs objectifs, ils auront recours à ces vieilles organisations que l’on connait tellement bien: les partis politiques. /// Les nouveaux vecteurs de la discussion politique Article initialement publié au sein des réseaux sociaux dans Troud, quotidien bulgare. nous éloignent des forums Traduction de Damian classiques et bien connus. Vodenitcharov BLOOMBERG

réelle. Cette dernière étant à l’agonie, toute ces liquidités partent gonfler les déficits budgétaires et spéculer sur les marchés boursiers et entraînent une impression de richesse. Mais celle-ci ne concerne que ceux qui sont déjà les plus riches, c’est-à-dire moins d’un pourcent de la population. Les petits épargnants, eux, se feront tondre comme c’est chaque fois le cas lors de l’éclatement d’une bulle car c’est bien d’une bulle qu’il s’agit, créée, comme nous venons de le voir, par l’interventionnisme monétaire. Ce qui se passe actuellement est donc le plus parfait exemple de capitalisme de connivence ou «socialisme de droite», cancer du libéralisme et chantre de la destruction de richesses.


CONVIVIAL / 47

L’illusoire changement L’attitude totalement non scientifique des partisans du GIEC est chose courante quand le politique l’emporte sur le scientifique.

ISTVAN MARKO Professeur de chimie organique à l’Université catholique de Louvain

Monotone. A la mi-septembre, le cinquième rapport du GIEC sur l’évolution du climat était dévoilé en grande pompe à Stockholm. Depuis des mois, les ténors du réchauffement climatique dû à l’Homme ont multiplié les exercices de musculation vocale et préparé la planète à la sortie de leur Bible climatique. Pourtant, le contenu de ce rapport ne s’écarte en rien des précédents. Il reprend avec la même monotonie, le même mantra martelé sans cesse depuis des années: «l’Homme est responsable du réchauffement climatique actuel! La faute en incombe à l’usage des énergies fossiles! Le CO2 est le grand coupable! Il faut diminuer le taux de CO2 que nous rejetons!» Au fil des rapports successifs, la conviction de la culpabilité de l’Homme n’a cessé croître, passant de 50% à 90%, et aujourd’hui, à 95%! Cette certitude est fondée, selon le vice-président du GIEC lui-même, sur une amélioration des modèles climatiques. Cette affirmation est tellement incroyable que l’on en reste médusé. La validité de ces modèles «améliorés» vient d’être infirmée par l’un des climatologues allemands les plus renommés, le Professeur Hans von Storch, membre éminent du GIEC. Dans un article récent, il note qu’aucun des modèles du GIEC n’a pu prévoir la pause observée dans le réchauffement climatique durant les 17 dernières années! Même pas dans un intervalle de confiance de 2%! Autrement dit, les modèles sont faux à plus de 98%! Et c’est sur la base de tels modèles que l’on affirme «avec 95% de certitude» que l’Homme est responsable d’un soi-disant réchauffement climatique! Entretemps, le CO2 n’a eu de cesse d’augmenter et nous avons approchons la barre des 400 ppm (parts par million). Durant cette période, et d’après les prédictions coûteuses du GIEC qui incriminent encore et toujours le CO2, la température aurait dû augmenter de 0,2 à 0,9°C. Hélas, trois fois hélas, elle est à peine montée de 0,1°C, une misère; dans le même temps plus d’un tiers de tout l’horrible CO2 émis depuis le début de l’ère industrielle était relâché dans l’atmosphère.

Reconnu. Combien de fois et durant combien d’années faudra-t-il le répéter: le CO2 est produit après une augmentation de la température, pas avant. Il est une conséquence de cette hausse de température et pas sa cause. Cette erreur a été récemment reconnue par le professeur François Gervais, physicien français et membre du GIEC. Il ajoute que si l’on augmente davantage la quantité de CO2 dans l’atmosphère, cela ne changera quasiment rien à son effet de serre, celui-ci étant arrivé à son maximum. Cette constatation, basée sur les lois de la physique, corrobore ce que d’éminents climatologues ne cessent de dire et de publier: plus il y a de CO2 dans l’atmosphère, moins son effet de serre est important! AGEFI MAGAZINE | STRATÉGIES 2014 | OCTOBRE 2013

Rappelons que le CO2 est la molécule de la vie et que sans elle, il n’y aurait ni plantes, ni micro-organismes sur Terre. Pas d’humains, non plus. Dans des temps anciens, l’atmosphère contenait bien davantage de CO2 qu’aujourd’hui. La preuve par certaines bactéries qui ont dû mettre en place des systèmes de survie pour s’adapter à la diminution du taux de CO2. Signalons enfin que durant certaines périodes glaciales, le taux de CO2 était trois à quatre fois supérieur à celui mesuré aujourd’hui, attestant s’il le fallait encore de son effet de serre minime. Quand aux valeurs «constantes» de l’ordre de 280 ppm d’avant la révolution industrielle, elles résultent d’une sélection précise, guidée par une volonté de démontrer une théorie sur l’influence néfaste de l’utilisation des énergies fossiles. Cette attitude totalement non scientifique est chose courante dans ce domaine où le politique l’emporte sur le scientifique. L’arrêt du réchauffement climatique, l’écart de plus en plus abyssal entre les prédictions des modèles et les mesures réelles, le décalage entre l’augmentation du CO2 et la halte des températures, la non-fonte totale de la banquise arctique, pourtant annoncée à grands cris pour l’été 2013, et son regel extrêmement rapide qui se matérialise en ce moment par l’englacement de malheureux navigateurs qui ont cru naïvement aux prédictions des ténors du barbecue mondial, posent de gigantesques problèmes aux décideurs politiques et aux scientifiques acquis à la cause du GIEC. C’est ainsi que lors de récentes discussions concernant le dernier rapport du GIEC, les représentants politiques des différents pays présents n’ont pas hésité à proposer de gommer ce hiatus dans le réchauffement climatique (Allemagne), de simplement annoncer que la chaleur est dans les océans (USA; très commode, on ne peut aller la mesurer) ou de ne pas en parler parce que cela donnerait des munitions aux climatosceptiques (Hongrie). On ne peut que s’émerveiller de la manière avec laquelle ces politiques tentent de cacher, masquer, ou déformer un fait scientifique avéré mais non expliqué – et non explicable – par les modèles climatiques actuels.

Désastreux. Car c’est bien de politique et d’argent qu’il s’agit. Pas de science. Les désastreuses politiques énergétiques qui sont menées, en Europe, avec l’appui de certains scientifiques et sous la pression de puissantes ONG environnementales sont la conséquence directe des rapports du GIEC. Les politiques et les scientifiques qui s’activent dans l’orbite du GIEC ne peuvent pas faire machine arrière. Car les modélisateurs ne peuvent se passer de leurs crédits, et leurs relais politiques ne peuvent reconnaître publiquement qu’ils (elles) se sont trompé(e)s, sous peine de perdre leur électorat. Du GIEC et de ses relais politiques, il ne faut attendre aucun changement. ///


48 /

- GÉOPOLITIQUE -

Les limites de la globalisation Régionalisation stratégique et mondialisation économique s’entrechoquent La superpuissance américaine face aux défis des puissances régionales.

L

e monde change à une vitesse accélérée. L’idée est écornée tant on l’a utilisée pour expliquer les phénomènes économiques, politiques ou financiers. Cependant, il y a un domaine dans lequel les changements s’accélèrent, sans que l’on prenne conscience de tous les impacts de ces ajustements rapides: la géopolitique.

Risques.

Le système international a connu des tournants significatifs au cours des trente dernières années, au premier rang desquels on trouve bien évidemment la chute du mur de Berlin. C’est la célèbre période de la «fin de l’histoire» selon l’expression fameuse d’un livre de Francis Fukuyama («La Fin de l’Histoire et le Dernier Homme», 1992), au moment où devait s’imposer l’ère de la Pax Americana. Il y eut ensuite le choc des attentats de 2001 qui ont conduit aux grandes discussions sur les risques d’une guerre des civilisations dont les conflits afghan et irakien n’étaient que l’expression la plus patente selon certains. D’une manière générale, le monde est confronté à une régionalisation après que l’idée saugrenue d’un système mondial fondé sur l’existence d’un super-empire a été brandie. Aucun système de relations AGEFI MAGAZINE | STRATÉGIES 2014 | OCTOBRE 2013

internationales ne peut se fonder sur un empire ultra-dominant. Par essence un tel système perdrait toute dynamique, ce qui ne pourrait que l’amener à l’inertie. Les changements économiques qui ont vu le monde émergent devenir émergé au cours de la dernière décennie ont joué un rôle dans la régionalisation du système international. A cet égard, l’adhésion de

Les changements économiques qui ont vu le monde émergent devenir émergé au cours de la dernière décennie ont joué un rôle dans la régionalisation du système international. la Chine à l’Organisation Mondiale du Commerce au début de la décennie 2000 fut un tournant. Le poids grandissant de Pékin sur le plan économique et financier ne peut que susciter des ambitions géopolitiques croissantes, à l’image du développement de sa puissance maritime depuis quelques années. De même, la crise de 2008 et la création du G20 vont dans le sens d’une prise en compte plus large des intérêts des puissances régionales dans la gestion des grands dossiers internationaux. Nonobstant le XXX


GÉOPOLITIQUE / 49

FRANÇOIS SAVARY XXX

débats sur l’efficacité d’une organisation comme le G20, le Brésil, l’Inde et d’autres sont désormais assis à la table des discussions et font entendre leur voix face à celles des grandes puissances traditionnelles. Dans cette évolution vers la régionalisation, il n’y guère que l’ONU qui ne bouge pas et reste figée sur les principes qui régissaient le système international avant la chute de l’Empire soviétique. Malgré des appels multiples aux réformes, à l’image d’un Rapport Bertrand qui date d’il y a plus de vingt ans (Refaire l’ONU, 1986), rien ne change vraiment dans une institution de plus en plus en décalage avec la réalité géopolitique actuelle.

Défis. Une fois dressé ce tableau général sur le glissement vers une régionalisation des relations internationales, se pose la question des plus grands défis auxquels nous sommes confrontés dans l’avenir immédiat. La question du Moyen Orient est la première à sauter aux yeux, tant les trois dernières années ont été riches en rebondissements suite à l’éclosion du «printemps arabe». Les forces qui se sont déchainées conduisent à une redistribution des cartes dans la région. La voie qui sera choisie est incertaine mais les développements égyptiens seront cruciaux. L’Egypte est le plus grand pays musulman du Moyen Orient. L’éviction du pouvoir des Frères Musulmans par l’armée constitue un événement aux conséquences floues, car il est trop tôt pour dire si le risque de guerre civil doit être totalement écarté. Au travers de l’Egypte deux pays de la région se trouvent sur des positions radicalement différentes. Si l’Arabie Saoudite a pris fait et cause pour le nouveau pouvoir, annonçant clairement son intention de lui fournir toute l’aide financière nécessaire si les Occidentaux devaient limiter la leur, le Qatar a largement soutenu le régime du Président Morsi et subit le contrecoup de la chute de ce dernier. Dans un Moyen Orient en recomposition poliAGEFI MAGAZINE | STRATÉGIES 2014 | OCTOBRE 2013

CIO du Groupe REYL tique, les forces régionales sont loin d’être soumises aux puissances internationales. Le Moyen Orient est une source importante de risque économique et financier. Au moment où la conjoncture internationale donne des signes de reprise plus globale, les soubresauts régionaux peuvent avoir des effets importants, en raison des fluctuations du prix de l’or noir. Une accalmie des tensions régionales serait de

Le cadre géopolitique qui se dessine est fort différent de celui qui a prévalu de la fin de la Seconde Guerre mondiale jusqu’à l’an 2000. nature à soutenir la reprise économique par un repli du baril; la poursuite, voire l’amplification, de l’instabilité pourrait freiner la croissance mondiale en raison d’un renforcement de la prime de risque sur le prix de ce dernier. Le cas de la Chine est également à observer de près. La montée en puissance de l’économie chinoise nourrit les ambitions stratégiques de l’Empire du Milieu sur le plan régional. Le Pacifique tend ainsi à devenir un terrain potentiellement conflictuel entre Washington et Pékin, du fait du repositionnement stratégique de l’Amérique sur cet océan au détriment de l’Atlantique. La globalisation économique aurait beaucoup à souffrir de tensions exacerbées entre Pékin et Washington. Gérer l’affirmation des intérêts affichés par les deux parties est donc une clé de la géopolitique internationale.

Chine.

Comme les choses ne sont jamais simples, sans parler des relations sino-indiennes et sino-russes, la montée en puissance chinoise comporte également un volet japonais. Au-delà d’une histoire lourde de récriminations, le Chine se trouve confrontée à un Japon nettement plus

offensif, tout au moins sur le plan verbal. Les ambitions de Monsieur Abe de remettre en cause la constitution pacifique de l’Archipel nippon peuvent être comprises comme une volonté de contrer les ambitions chinoises de domination sur l’Asie. Les relations entre les deux pays ne seront pas sans conséquence sur le développement de la prospérité de la région. Au demeurant, on peut se demander si le Japon, dont les finances publiques sont les plus dégradées parmi les pays développés, est réellement en mesure de s’engager dans une politique de confrontation régionale avec son grand voisin du nord. Une des clés du développement asiatique des trente dernières années est certainement la grande stabilité politique qui a prévalu après la guerre du Vietnam. Une lutte pour la «domination» régionale, son lot d’alignements ou d’alliances et le renforcement de budgets militaires dispendieux pourraient mettre à mal les liens économiques tissés au cours des dernières décennies. Se pose alors nécessairement la question de l’attrait des actifs régionaux dans une allocation diversifiée.

Indissociable. La régionalisation de la scène internationale est un phénomène indissociable du redéploiement de l’Amérique, encline à mettre un accent accru sur ses intérêts stratégiques dans le Pacifique au détriment de ceux longtemps privilégiés en Europe et dans le Moyen Orient. Le succès de cette nouvelle donne est encore à construire et sa réussite ne pourra pas se matérialiser dans un avenir immédiat. L’Europe peut apparaître comme une victime collatérale et doit prendre des décisions de nature à assurer son avenir sur la scène internationale. C’est d’autant plus nécessaire que le sud de la méditerranée est enclin à l’instabilité, que l’avenir de la Turquie dans l’Europe est incertain et que la situation financière du vieux contient reste chancelante. Le repli américain pose la question des moyens de financer une XXX


50 / GÉOPOLITIQUE

L’ultime marché frontière Le continent africain abritera en 2040 la plus forte population active au monde.

OLIVER BELL

Gestionnaire de portefeuille pour le fonds T. Rowe Price Africa and Middle East fund

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politique de défense plus autonome mais avant tout celle de la définition d’une stratégie commune pour défendre les intérêts géostratégiques de l’Europe. On peut se demander parfois si les instances européennes en sont conscientes. La redéfinition des relations américanoeuropéennes pose implicitement celle des liens avec le grand voisin russe ou encore celle des rapports avec le sud méditerranéen. Au moment où l’Europe est focalisée sur la consolidation de ses comptes budgétaires, la question géopolitique fait un peu figure de parent pauvre sur le Vieux Continent. Le risque est alors de voir l’Europe être marginalisée économiquement et financièrement au profit d’autres régions plus enclines à prendre leur destin en mains.

Redéfinition.

La régionalisation de la scène internationale semble un phénomène évident. La redéfinition des intérêts géostratégiques américains engagée. L’affirmation de nouveaux risques régionaux est plus que jamais à prendre en compte. Le cadre géopolitique qui se dessine est fort différent de celui qui a prévalu de la fin de la seconde guerre mondiale jusqu’à l’an 2000. La globalisation, issue de la chute du mur de Berlin et de l’intégration de la Chine au commerce mondiale, ont créé des liens économiques et financiers que l’on peut qualifier de sans précédents. Une économie et une finance globalisée face à une géopolitique qui se régionalise, c’est un défi qu’il faut relever. Si le risque pétrole est nécessairement celui qui nous interroge le plus en raison du feu de l’actualité, l’investisseur ne doit pas perdre de vue d’autres développements dont les conséquences pourraient être tout aussi importantes. Conserver le caractère global de l’économie tout en s’adaptant à une nouvelle donne géopolitique plus régionale est le principal défi à relever pour les prochaines années. /// AGEFI MAGAZINE | STRATÉGIES 2014 | OCTOBRE 2013

A

ctuellement, la plupart des marchés d’Afrique et du Moyen-Orient sont considérés comme des «marchés frontières», à savoir des marchés auxquels de nombreux investisseurs ont rarement eu accès. Cependant, ils deviennent plus propices aux investissements en raison d’une meilleure intégration à l’environnement économique général, de l’amélioration de leur stabilité globale et de progrès réalisés grâce à des réformes sociales, économiques et politiques. Par exemple, le Qatar et les Emirats arabes unis ont récemment acquis le statut de marché émergent, remplissant un plus grand nombre de critères que d’autres pays qui ont bénéficié de cette réévaluation dans le passé. Les marchés frontières d’Afrique et du Moyen-Orient enregistrent actuellement une progression annuelle du PIB de 5% à 7%, une belle prestation par rapport à la croissance des marchés développés, proche de 0%.

Émergence. La région Afrique et Moyen-Orient regroupe plus de 60 pays. Dans les années 70, environ deux tiers de ces pays étaient considérés comme en guerre, à l’intérieur de leurs frontières ou avec les pays voisins. Aujourd’hui, soit 30 à 40 ans plus tard, il ne reste probablement plus que cinq pays dans ce cas. On assiste actuellement au renversement efficace de dictateurs et à la tenue d’élections, parfois même pour la première fois. En 2011 et 2012, près de la moitié des pays d’Afrique ont connu une certaine forme d’élection démocratique, ce qui aurait été impossible dans les années 70. L’émergence d’une «classe de consommateurs» en Afrique est similaire au phénomène auquel nous avons assisté en Asie, mais à une toute autre échelle. S’il s’agit en Asie de pouvoir s’acheter une voiture, en Afrique, la constitution d’une telle classe

signifie le passage de l’absence presque totale de revenus à un pouvoir d’achat discrétionnaire de 1 dollar par jour. Environ un tiers de la population africaine actuelle peut être considéré comme appartenant à la «classe moyenne», ce qui signifie que le pouvoir d’achat discrétionnaire est supérieur ou égal à 2 dollars. Bien que cela semble peu, si vous multipliez ce montant par un milliard de personnes, vous obtenez une dynamique plutôt puissante. Les sociétés spécialisées dans les biens de consommation emballés telles que Uni-

Les sociétés spécialisées dans les biens de consommation emballés telles que Unilever et Nestlé sont installées en Afrique depuis déjà bien longtemps. lever et Nestlé sont installées en Afrique depuis déjà bien longtemps. Les sociétés de brasserie telles que Heineken et Diageo ont réalisé des investissements majeurs en Afrique et dans des filiales locales. Ces marchés contribuent désormais fortement à la croissance de l’ensemble de ces sociétés. Souvent, les investisseurs peuvent accroître leur exposition aux marchés en développement de manière indirecte. En Asie, ils ont pu y parvenir par l’intermédiaire de fabricants allemands ou de sociétés minières australiennes. En Afrique, nous avons l’exemple de l’Afrique du Sud qui a pris conscience du potentiel de ce milliard de personnes à portée de main. Au lieu d’investir à l’étranger sur les marchés développés, de nombreuses entreprises sud-africaines se concentrent presque entièrement sur le continent africain. Le marché sud-africain est déjà plus mature, avec des sociétés très bien gérées et liquides. En raison d’une multitude de défis et d’obstacles, un grand nombre d’entreprises vient juste de découvrir comment réaliser des bénéfices en Afrique, et il ne leur reste plus qu’à augmenter leurs XXX


GÉOPOLITIQUE / 51

Les marchés d’Afrique et du Moyen-Orient enregistrent actuellement une progression annuelle du produit intérieur de 5% à 7%.

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volumes ou leurs capacités. Dans les années à venir, les dépenses d’infrastructure devraient s’avérer importantes dans la région du Conseil de coopération du Golfe, un regroupement de six nations qui bordent le golfe Persique. Le Qatar par exemple s’apprête à lancer un chantier de taille phénoménale pour accueillir la Coupe du monde de football en 2022. Le pays devrait dépenser au moins 140 milliards de dollars dans les infrastructures de transport, et probablement 20 milliards de dollars supplémentaires dans les infrastructures de tourisme. Le Royaume d’Arabie saoudite, un des marchés les plus vastes et diversifiés de la région, dispose d’une en-

veloppe de 700 milliards de dollars pour des projets de construction et d’infrastructure planifiés ou en cours, et assure en parallèle la construction de plusieurs «villes économiques».

Infrastructure. Le Nigéria se démarque par sa population: 160 millions d’habitants. Le gouvernement en place y est plutôt solide et des réformes ont été lancées. Le pays dispose d’un réel potentiel pour devenir une économie de type BRIC dans les 5 ou 10 années à venir. De tous les pays africains, le Nigéria est celui qui rappelle le plus le Brésil, en raison de sa forte population et de son statut

d’acteur principal du continent en matière de pétrole. Il connaît également une amélioration de sa gouvernance d’entreprise. Bon nombre de Nigérians qui ont déménagé dans les pays occidentaux reviennent aujourd’hui au pays, conscients des opportunités qui se présentent actuellement. Aux Emirats arabes unis, de nombreuses entreprises profitent d’une reprise plus vaste et plus rapide que prévue dans les secteurs immobilier et bancaire. Cette dernière est due à l’émergence du pays en tant que plate-forme d’échanges commerciaux et de transport, à la progression du tourisme et à l’attrait de Dubaï comme refuge au milieu de pays du Moyen-Orient qui


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Un tiers des investissements de la Chine à l’étranger ont été consacrés à l’Afrique au cours des cinq dernières années.

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Ressources. La région de l’Afrique et du Moyen-Orient est clairement riche en matières premières: elle possède du pétrole, du minerai de fer, du cuivre, du platine et de l’or. A titre d’exemple, un tiers des investissements de la Chine à l’étranger ont été consacrés à l’Afrique au cours des cinq dernières années. Si l’on regarde une carte des investissements chinois, on constate que cela correspond presque parfaitement aux sites qui renferment des ressources naturelles. En effet, tous les investissements du pays ont été consacrés aux ressources naturelles. On note une évolution intéressante dans ce domaine alors que les gouvernements africains agissent de manière toujours plus avisée. Au départ, ils étaient juste reconnaissants pour les investissements, mais maintenant, ils n’hésitent pas à négocier: «vous pouvez profiter de telle ou telle matière première, mais pour cela, il faudra tout d’abord nous construire cinq écoles et cent kilomètres de route». Essor. A l’heure actuelle, les Africains sont plus nombreux à posséder un téléphone mobile qu’un compte bancaire. Les sociétés cherchent désormais de nouvelles solutions pour effectuer des transferts d’argent ou des paiements par téléphone mobile. Cette tendance est particulièrement prononcée au Kenya. En Afrique, l’industrie bancaire profite de la téléphonie mobile pour se développer. Le secteur des télécommunications a pris son envol suite à une chute des prix des téléphones portables, dans un contexte d’intensification de la concurrence et de réduction des tarifs, désormais plus abordables. La consommation est stimulée par les serAGEFI MAGAZINE | STRATÉGIES 2014 | OCTOBRE 2013

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connaissent une instabilité constante tels que la Syrie et l’Egypte. Emaar Properties, qui possède un grand nombre de terrains dans les meilleurs quartiers de Dubaï, et les banques telles que First Gulf Bank devraient prospérer dans les années à venir.

pour qu’un conteneur parcoure les 925 kilomètres qui séparent le port de Mombasa au Kenya de la capitale de l’Ouganda. En Europe, il vous suffit de 8 heures pour couvrir une distance de 1000 kilomètres. Au Nigéria, chaque succursale bancaire a besoin de son propre générateur car il n’existe pas de réseau électrique, et cela augmente le coût de l’activité. Si l’Afrique réussit à relever ces défis liés aux infrastructures, on assistera alors à un effet d’entraînement au niveau économique.

Afflux.

Les Africains sont plus nombreux à posséder un téléphone mobile qu’un compte bancaire. Les sociétés cherchent de nouvelles solutions pour effectuer des transferts d’argent ou des paiements par mobile. vices bancaires mobiles, et les sociétés de téléphonie mobile sont prêtes à voir leurs bénéfices progresser alors que l’utilisation de données ne cesse de s’étendre avec l’introduction de smartphones à bas prix. Selon certaines sources, les Africains considèreraient la téléphonie mobile comme leur troisième élément vital, après le logement et la nourriture. Ainsi, même si les smartphones n’inondent pas encore vraiment le continent, cela ne saurait tarder avec la baisse des prix. La téléphonie mobile est un secteur vraiment primordial qui représente une grande partie de l’activité économique. Les défis structurels sont nombreux en Afrique et la plupart d’entre eux concernent les infrastructures simples. Par exemple, il faut compter 20 jours

Le marché de l’Afrique et du Moyen-Orient n’a pas encore vraiment suscité l’engouement, ce qui explique sa place parmi les régions les plus performantes des cinq dernières années. L’afflux de capitaux spéculatifs investis par les hedge funds sur ces marchés est minime. Cela signifie qu’en cas de réduction de l’appétence au risque à l’échelle mondiale, beaucoup d’investisseurs présents sur les marchés de l’Afrique et du Moyen-Orient ne retirent pas leur argent. De nombreuses personnes et institutions présentes dans la région agissent ainsi car elles sont conscientes que le changement est un processus à long terme sur le continent, et la majorité des fonds sont investis dans cette perspective. La gestion de l’économie, la démocratie et l’amélioration des infrastructures joueront un rôle essentiel au cours de la prochaine décennie. Les gouvernements devront contrôler l’inflation, maintenir l’équilibre budgétaire, tout en garantissant l’État de droit et des changements de pouvoir paisibles. En outre, les investissements devront se poursuivre dans le domaine de l’énergie, des routes et des chemins de fer. La région de l’Afrique et du Moyen-Orient devra faire face à des défis et des risques, et il faut également s’attendre à des périodes de repli. Il y aura des gagnants et des perdants, mais nous sommes optimistes et le nombre de vainqueurs sera bien plus élevé que par le passé. ///


GÉOPOLITIQUE / 53

La faiblesse de l’économie indienne ne devrait pas affecter significativement l’économie suisse Les politiques budgétaires et monétaires élaborées à un niveau national sont souvent à l’origine de grandes tendances sur les marchés internationaux des changes.

TIFFANY BURK

Senior Market Analyst, Western Union Business Solutions

Contrôle.

Suite à l’augmentation des investissements directs étrangers, la demande pour les devises émergentes a également progressé. Face à cette rapide appréciation monétaire au sein des pays BRICS, le ministre des Finances brésilien, Guido Mantega, a même évoqué une «guerre des changes», déclarant en mars 2012 que son pays ne resterait pas les bras croisés tel le «dindon de la farce» alors que le réal continuait son envolée et que les nations plus riches tiraient parti de la dépréciation de leur monnaie. Les contrôles de capitaux sont alors devenus le remède fétiche de nombreux marchés émergents pour contenir l’appréciation monétaire. Que se passe-t-il aujourd’hui? Certains pays, en particulier les États-Unis, comAGEFI MAGAZINE | STRATÉGIES 2014 | OCTOBRE 2013

BLOOMBERG

P

ar l’intermédiaire des taux d’intérêt, les banques centrales peuvent rendre les investissements dans leur pays plus ou moins attrayants. Or, après de longues années de taux proches de zéro dans la majorité des pays industrialisés, les investisseurs ont depuis peu tendance à considérer qu’un abandon des différents programmes d’assouplissement monétaires constituerait le prélude à une hausse des taux. Lors de la crise financière aux États-Unis puis de la crise de la dette européenne, de nombreux investisseurs et entreprises ont déplacé leur argent et commerces vers d’autres cieux, espérant y trouver de meilleurs rendements et une croissance plus rapide. Ils ont alors jeté leur dévolu sur les pays BRICS (Brésil, Russie, Inde, Chine et Afrique du Sud), qui abritent environ 40% de la population du globe pour seulement 25% du revenu national brut mondial. Ces économies étaient censées soutenir la croissance mondiale: alors que les États du G7 se débattaient avec la crise, les marchés émergents auraient le vent en poupe, Chine et Inde en tête.

La Banque centrale indienne a relevé les taux d’intérêt pour enrayer les ventes de roupie. Engendrant ainsi un assèchement local du crédit. mencent à se remettre de la crise financière. Et la politique monétaire demeure très expansionniste. Or, les signes d’une croissance modeste à modérée se confirment depuis un certain déjà, et il est désormais question d’un éventuel ralentissement de l’assouplissement quantitatif. Ainsi une possible réduction du programme «QE» de la Fed a été évoquée pour la première fois en mai, donnant aux devises émergentes un avant-goût du choc qu’entraînerait un tel virage de politique monétaire. Pour l’Inde, ce choc a été retentissant.

Vicissitudes. Depuis le mois de mai, la roupie indienne a perdu 22% face au dollar américain. Si un potentiel ralentissement du «QE» aux États-Unis a pu faire dévisser la monnaie indienne, c’est

en raison des craintes d’un assèchement ultérieur des liquidités. Sans les injections monétaires de la Fed, les investisseurs, les spéculateurs et les entreprises devront être plus sélectifs dans leurs placements s’ils veulent bénéficier de la croissance ou d’un potentiel en ce sens. Les taux de croissance indiens ont chuté et le flux des investissements directs étrangers s’est inversé, grevant encore davantage le déficit de la balance des paiements courants. Le taux de croissance a baissé de 9% en 2010 à 4,4% au premier trimestre 2013. Après les sommets records atteints en 2010-2011, les investissements directs n’ont cessé de reculer. Une grande banque suisse a décidé de mettre un terme à ses activités de gestion patrimoniale en Inde après sept années d’injection massive de capitaux. Des entreprises comme Posco et Arcelor-Mittal ont également déclaré forfait. Elles ne sont pas les seules. Investisseurs et entreprises se plaignent d’un manque d’infrastructures de grande qualité. Autre obstacle à l’investissement souvent cité: le nombre de formalités que les entreprises doivent accomplir pour satisfaire les conditions du gouvernement, dessous de table et corruptions à la clé. Ces problématiques pèsent lourdement sur les entrées de capitaux et, partant, sur la balance des paiements courants du pays. Si l’on tient compte des sorties de capitaux, le tableau est encore plus sombre. A mesure que la roupie faiblit, l’exode des investisseurs institutionnels étrangers s’accélère. Le gouvernement a instauré des mesures qui ont d’abord permis à la roupie de se redresser en juillet, avant de décevoir. Nombreux sont ceux qui les ont estimées non seulement trop timides et trop tardives, mais également trop semblables aux contrôles de capitaux utilisés en désespoir de cause, comme récemment à Chypre. La banque centrale indienne a relevé les taux d’intérêt pour enrayer les ventes de roupie, engendrant ainsi un assèchement local du crédit. Il s’en est suivi une exploXXX


54 / GÉOPOLITIQUE

L’Inde peut être en proie à une crise interne en cas d’intervention militaire occidentale prolongée en Syrie.

XXX

sion du taux des emprunts publics qui, allié au déficit budgétaire et à la fragilité du secteur bancaire, a contraint la banque centrale indienne à intervenir sur les marchés obligataires. Qu’en est-il aujourd’hui de l’économie indienne? Tout est question de perspective. Côté positif, la dépréciation monétaire pourrait donner un coup de pouce aux exportations et améliorer la compétitivité à long terme. Côté négatif, le prix à payer dans l’immédiat est élevé. Pour comprendre l’ampleur des dégâts, il suffit de rappeler que le pays importe environ 80% de son pétrole. En outre, le taux d’inflation indien avoisine les 10% – alors qu’en Chine et au Brésil, deux autres pays BRIC, il atteint moins de 3% et environ 6% respectivement.

Sommets. Face à l’embellie conjoncturelle américaine, la Fed a évoqué la possibilité de brider sa politique expansionniste d’ici la fin de l’année. Cette annonce a poussé les rendements des emprunts d’Etat américains vers des sommets inédits depuis deux ans. Les rendements obligataires à 10 ans ont rapidement progressé mais restent à ce jour inférieurs à 2,8%. Or, les niveaux se situaient habituellement à 4-5% dans les années qui ont précédé la crise financière, puis à 3-4% après l’énergique assouplissement quantitatif de la Fed. Dès lors, les corrections devraient se poursuivre à long terme, et les marchés émergents mondiaux – l’Inde en particulier – en pâtir une nouvelle fois. Dans l’immédiat, la situation des devises émergentes pourrait se détériorer à mesure que les investisseurs poursuivent leur virage vers un nouveau paradigme économique. Les tentatives de la banque centrale indienne pour protéger sa monnaie se sont soldées par une politique déséquilibrée et confuse pour des investisseurs déjà en train de fuir des marchés émergents artificiellement gonflés par l’argent facile de la Fed. La banque centrale doit affronter AGEFI MAGAZINE | STRATÉGIES 2014 | OCTOBRE 2013

un phénomène qui est plus qu’une simple crise monétaire. Elle doit convaincre rapidement les investisseurs domestiques et étrangers de sa capacité à gérer les problématiques économiques fondamentales et à renouer avec la compétitivité. Les marchés parient actuellement de toute évidence contre l’Inde et contre sa capacité à attirer les investisseurs, à enrayer son déficit courant et à améliorer sa politique d’offre en vue des élections en mai 2014.

Les exportations suisses vers l’Inde ont augmenté de 950 millions de francs en 2007 à 1,4 milliard de francs en 2012. Actuellement, la confiance dans le politique est cruciale. Le nouveau chef de la banque centrale, Raghuram Rajan, pourrait y contribuer, ce qui pourrait entraîner une correction et encourager l’achat de roupies aux niveaux actuels. Dans un deuxième temps, beaucoup de choses dépendront de la Fed et de sa capacité (ou non) à calmer la «névrose» des marchés.

Augmentations.

Selon l’ambassade indienne à Berne, les exportations suisses vers l’Inde ont augmenté de 950 millions de francs suisses en 2007 à 1,4 milliard de francs suisses en 2012. L’Inde se classe ainsi parmi les dix principaux pays d’exportation de la Suisse. Rappelons qu’avec 19,5 milliards, les États-Unis constituent son principal débouché après l’Union européenne. Cette augmentation des exportations ne tient pas compte de l’importation de lingots suisses en Inde, estimée à environ 22 milliards de dollars pour 2010-2011. Aujourd’hui, l’achat d’or pourrait même dépasser les niveaux de 2010-2011. Les investisseurs indiens en acquièrent en vue de la traditionnelle saison des mariages et des festivals automnaux mais aussi pour

se protéger contre une éventuelle poussée inflationniste consécutive à la récente faiblesse de la roupie. Ainsi, l’or est resté une valeur refuge. L’Inde est peut-être en proie à une crise interne, sans compter toute éventuelle séquelle en lien avec une hausse des prix pétroliers dans l’éventualité d’une intervention militaire occidentale prolongée en Syrie et d’une pénurie subséquence de l’offre. Le pays a une chance sur trois de voir sa notation rétrogradée au cours des deux prochaines années; les investisseurs locaux pourraient dès lors se montrer plus gourmands en or, ce qui plomberait encore davantage le déficit courant de l’Inde.

Stratégie. Ces six dernières années, les exportateurs suisses ont déployé un arsenal promotionnel très créatif à l’intention des marchés émergents et ont continué à vendre malgré le repli conjoncturel observé chez leurs partenaires commerciaux. Cette stratégie a permis à ces exportateurs de garder le cap durant les crises, mais aussi à contenir l’effet négatif sur l’économie suisse du ralentissement économique du G7. Les exportations suisses représentent plus de 50% du PIB. Or, les économies des principaux partenaires commerciaux du pays (UE 27 et États-Unis) commencent à reprendre de la vigueur: les liens devraient se renouer, permettant une relance des exportations vers ces régions. Ainsi, la faiblesse de l’économie indienne ne devrait pas affecter significativement l’économie suisse. Toutefois, les investisseurs ne doivent pas s’attendre à une forte dépréciation de la monnaie helvétique. La demande en la matière devrait quelque peu se renforcer, les Indiens continuant d’identifier de la valeur dans l’achat d’or. C’est sans doute pour cette raison également que les décideurs de la BNS ne cessent de marteler leur politique monétaire et de rappeler aux investisseurs que celle-ci restera en place aussi longtemps que nécessaire. ///


DÉCALÉ / 55

Les critères modernes du succès PAR JEAN-CHARLES MÉTHIAZ

CEO Lord Louise

Révolution. Connaissez-vous Malcolm McLean? Assis sur

le plus de Prix Nobel dans les disciplines scientifiques par habitant, devant les États-Unis et Israël. Peuple d’exportateurs, la Suisse profite du boom des medtechs et biotechs dans le bassin romand, poussés en cela par le pôle scientifique mondialement reconnu de l’EPFL. Dans le domaine d’opérations qui est le notre, le service d’aide à la fonction commerciale des entreprises, nous avons remarqué des poches de gain pour servir les multinationales. Les grandes sociétés procèdent souvent par rachat externe pour croître. Il en résulte une structuration de leurs services par les outils informatiques modernes, suivi avec un temps de retard parfois important par la réorganisation de leurs équipes. Cette inadéquation comporte des poches de gains importantes, pour aider les sociétés à aligner leur stratégie et les valeurs opérationnelles de leurs équipes. Par exemple, il n’est pas rare que deux filiales d’une même multinationale fassent des offres concurrentes aux mêmes prospects. En terme de culture d’entreprise, il est très difficile dans un monde de Humain. Sans ces deux révolutions siIl est très difficile changements perpétuels d’aligner les équipes multanées, la géopolitique du commerce indans un monde derrière les mêmes valeurs. Très souvent ternational n’aurait pas été la même. L’essor les équipes d’anciens concurrents fusionnés prodigieux du transport a soutenu le rythme de changements conservent les valeurs des anciennes struceffréné les échanges dans le monde. La naisperpétuels d’aligner tures, rarement convergentes. Cela amène sance de l’informatique d’entreprise a permis les équipes derrière encore d’autres opportunités pour nos entrel’éclosion des ERP – Enterprise Resource les mêmes valeurs. prises exportatrices de services RH. Enfin, Planning. Ces puissants outils ont permis de ces mêmes outils et accélérations que nous consolider facilement les comptes des entrecitions en préambule permettent à de petites prises et ont été un vecteur puissant des fusions et acquisitions modernes. Ces inventions, logistique pour structures bien organisées de servir des marchés mondiaux très les conteneurs, informatique pour la bureautique d’entreprise, rapidement. Il n’y a qu’à voir le rythme de rachat d’entreprises mettent paradoxalement l’accent sur un tout autre paramè- par Facebook, Yahoo, Google, pour voir combien la vitesse de tre: le facteur humain. Les marchandises peuvent désormais déploiement de petits concurrents foudroyants les effraie. voyager en volumes extrêmes à faible coût. Les informations voyagent à la vitesse de la lumière à travers le monde. Parado- Emergence. Nous voyons définitivement la crise actuelle, xalement, le facteur humain reste le principal frein au déve- notamment celle qui touche les banques de toutes nature, comloppement. L’étude des flux migratoires de grands diplômés a me l’opportunité pour l’émergence de nouveaux acteurs, plus fait l’objet d’un travail remarquable de la part du World Eco- rapides, plus connectés, plus prompts à s’internationaliser et à nomic Forum. La compétitivité d’un pays est directement liée prendre des parts de marché dominantes, s’appuyant en cela à sa capacité à attirer les élites intellectuelles et scientifiques. sur des bataillons de main d’œuvre formée disponible partout Le XXe siècle, sur ce plan, a été celui des États-Unis, avec des dans le monde, et sur les outils informatiques en cloud compuflux migratoires de cerveaux sans cesse positifs. La Suisse, à ting disponibles partout simultanément pour leurs équipes. La ce jeu, est extraordinairement bien positionnée sur l’échiquier condition pour cette géopolitique des start-ups: une excellente mondial. Genève est régulièrement citée comme la seconde organisation interne, des valeurs duplicables et partageables ville la plus attractive au monde pour sa qualité de vie derrière dans les filiales, une qualité irréprochable. Autant d’atouts que Vienne en Autriche. La Suisse est le pays au monde possédant possède la Suisse. /// les quais du New Jersey dans les années 1930, il a eu l’idée d’emballer les produits à expédier par bateau dans des conteneurs en métal. Une révolution. Là où il fallait 108 dockers à plein temps pendant cinq jours pour décharger un cargo, l’utilisation du conteneur permet aujourd’hui à huit hommes d’effectuer la même tâche en une journée. Soit une diminution de 98,5% du temps de travail. L’idée paraît simple mais elle a été le point de départ de la mondialisation et du développement exponentiel du commerce international. Dans les mêmes années 1930, International Business Machine, plus connu sous l’abbréviation IBM, dépose des brevets pour faire fonctionner les premières machines à tabulation. Elles permettront d’exploiter des volumes sans précédent de données, notamment les dossiers de 26 millions de personnes postulant au Social Security Act.

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56 / INSPIRATION

Alexander Calder – Arbres. Désigner l’abstraction. Fondation Beyeler. Jusqu’au 12 janvier 2014.


INSPIRATION / 57

Le libre-jeu d’Alexander Calder La fondation Beyeler présente la deuxième Calder Gallery. Elle est consacrée à un aspect encore inexploré de la création d’Alexander Calder.

E

n 1933, quand la situation politique internationale pousse Alexander Calder à quitter Paris pour regagner l’Amérique du Nord, l’artiste s’installe à demeure avec son épouse Louisa à Roxbury, Connecticut, dans une vieille ferme du XVIIIe siècle. Cet environnement exerce un effet immédiat sur lui, ouvrant un nouveau chapitre de son évolution. L’espace extérieur apparaît de plus en plus comme un élément déterminant de son œuvre.

Monumental. Les premiers mobiles de la période parisienne étaient d’empreinte géométrique – conformément à l’esprit du mouvement artistique abstraction-création – et leur mouvement était assez souvent d’origine mécanique, produit par de petites manivelles ou des moteurs. À Roxbury, ce sont désormais la nature, le vent et les phénomènes météorologiques qui inspirent à l’artiste de nouvelles possibilités. Parallèlement au côté géométrique, un élément surréaliste accompagné d’un façonnement biomorphique devient de plus en plus perceptible. C’est à cette époque décisive que voient le jour les premières sculptures d’extérieur, qui rappellent vaguement des clochetons ou des girouettes. Explorant ces nouvelles pistes artistiques, elles constituent le point de départ des monumentaux travaux d’extérieur de l’après-guerre. Insolite. La présentation de la fondation Beyeler s’ouvre sur un groupe insolite de Stabiles-Mobiles de 1939, des maquettes de deux mètres de haut destinées à la transformation avant-gardiste du zoo du Bronx. Exécutées en dur sous forme de sculptures monumentales, elles devaient constituer une sorte d’arbre ornemental pour la cage des félins d’apparence africaine. Le projet, qui n’a finalement pas abouti, offre un témoignage impressionAGEFI MAGAZINE | STRATÉGIES 2014 | OCTOBRE 2013

LA FORCE CRÉATRICE DE L’ÉLARGISSEMENT DE L’HORIZON Alexander Calder, dont la carrière couvre la quasi intégralité du XXe siècle, est l’un des sculpteurs les plus renommés et les plus influents de notre temps. Né dans une célèbre famille d’artistes de formation essentiellement classique, Calder a mis sa force créatrice au service d’un élargissement durable de l’horizon de l’art moderne. Il a ainsi élaboré une nouvelle méthode de sculpture: en pliant et en tordant du fil de fer, il «dessinait» des figures en trois dimensions dans l’espace. Calder est connu pour l’invention du mobile dont les éléments abstraits, maintenus en équilibre, bougent en formant des combinaisons harmonieuses et toujours nouvelles. Calder s’est également engagé dans la réalisation de grandes sculptures d’extérieur, faites de tôle d’acier boulonnée. Aujourd’hui, ces géants en filigrane ornent de nombreux lieux publics aux quatre coins du monde.

nant du potentiel d’avenir des idées artistiques de Calder. Bien que ces œuvres soient toujours des abstractions dans l’espace, les titres choisis décrivent des éléments particuliers du mouvement, des répétitions de formes échelonnées ou de subtils rapports d’équilibre. L’abstraction est ici désignée sous une forme tangible, comme on peut s’en convaincre avec deux œuvres choisies. Des associations organiques déterminent les structures formelles telles que couronnes de feuillages, cascades de branches, étages des frondaisons. Le libre jeu des œuvres présentées dans l’espace intérieur du Musée densément animé s’assemble pour composer une véritable «forêt Calder». Le lien qui s’établit ainsi entre espaces intérieur et extérieur reprend un thème ma-

jeur de la fondation Beyeler, intégrant la collection dans une juxtaposition harmonieuse entre architecture et paysage. Un deuxième ensemble d’œuvres éclaire enfin la genèse de Tree, une œuvre appartenant à la collection de la fondation Beyeler, avec la maquette d’origine accompagnée de travaux apparentés et d’étapes intermédiaires. Pendant l’été, Tree, le monumental stabile-mobile de la

Calder est connu pour l’invention du mobile dont les éléments abstraits bougent en formant des combinaisons harmonieuses et toujours nouvelles. Collection d’Ernst et Hildy Beyeler retrouvera en outre sa place d’origine dans le Berower Park, sur le terrain de la fondation Beyeler. En plus de prêts consentis par la Calder Foundation, on pourra également voir des œuvres prêtées par des collectionneurs privés, ainsi que par la Fundació Joan Miró de Barcelone et le Moderna Museet de Stockholm.

Collaboration. La fondation Beyeler s’est engagée en 2012 dans une collaboration prévue pour plusieurs années avec la Calder Foundation de New York. Des œuvres appartenant aux collections des deux fondations sont ainsi rassemblées et exposées dans une série de présentations réalisées par des commissaires d’exposition, la «Calder Gallery». L’objectif est de permettre une présence permanente, unique en Europe, d’œuvres d’Alexander Calder (1898-1976) à la fondation Beyeler, et d’apporter ainsi une contribution à l’étude de l’œuvre de ce grand artiste américain. La fondation Beyeler s’inscrit ainsi dans l’esprit de sa grande exposition «Calder – Miró» (2004) aussi bien que de sa série des «Rothko Rooms». ///


58 / RECENSION

La profonde nature pacifiste de la politique étrangère libérale Il faut établir un monde dans lequel les nations soient suffisamment satisfaites des conditions de vie pour ne pas se sentir obligées d’avoir recours à la solution du désespoir que représente la guerre.

LUDWIG VON MISES

Économiste, (1881 – 1973)

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DR

O

n aurait pu penser qu’après l’expérience de la [Première] Guerre mondiale, la nécessité d’une paix perpétuelle serait devenue une idée de plus en plus répandue. Cependant, on ne comprend toujours pas qu’une paix éternelle ne peut être obtenue qu’en mettant en œuvre le programme libéral de manière générale et en le maintenant de manière constante et cohérente. On ne comprend pas que la [Première] Guerre mondiale ne fut que la conséquence naturelle et inéluctable des politiques antilibérales des dernières décennies. Un slogan dépourvu de signification et de réflexion rend le capitalisme responsable des origines de la guerre. Le lien entre cette dernière et la politique protectionniste est évident et, très certainement en raison d’une ignorance crasse des faits, la politique des droits de douanes protecteurs est entièrement identifiée au capitalisme. Les gens oublient qu’il y a encore peu de temps les publications nationalistes étaient remplies de violentes diatribes à l’encontre du capital international (du «capital de la finance» et du «trust international de l’or») parce ce qu’il est apatride, s’oppose aux tarifs protecteurs et parce qu’il est favorable à la paix et ennemi de la guerre. Il est tout aussi absurde de tenir l’industrie de l’armement pour responsable du déclenchement de la guerre. Cette industrie n’est née et n’a pris de l’importance que parce que les gouvernements et les peuples enclins à la guerre demandaient des armes. Il serait vraiment grotesque de supposer que les nations se sont tournées vers des politiques impérialistes pour aider les usines d’artillerie. L’industrie de l’armement, comme toutes les autres, est là pour répondre à une demande. Si les nations avaient préféré autre chose

«Le libéral essaie de créer les conditions sociales qui élimineront les causes de la guerre.» que des balles et des explosifs, les propriétaires d’usines auraient produit ces autres choses au lieu du matériel de guerre. On peut supposer que le désir de paix est aujourd’hui universel. Mais les peuples du monde ne comprennent pas clairement les conditions à remplir pour assurer cette paix. Si la paix ne doit pas être perturbée, toute incitation à l’agression doit être éliminée. Il faut établir un ordre mondial dans lequel les nations et les groupes nationaux soient suffisamment satisfaits des conditions de vie pour ne pas se sentir obligés d’avoir recours à la solution du désespoir que représente la guerre. Le libéral n’espère pas supprimer la guerre par des prêches moralisateurs. Il essaie de créer les conditions sociales qui élimineront les causes de la guerre. La première exigence à cet égard concerne la propriété privée. Si l’on respecte la propriété privée même en temps de guerre, si le vainqueur n’a pas le droit de s’approprier la propriété des person-

nes privées et que l’appropriation de la propriété publique n’est pas très importante parce que la propriété privée des moyens de production prévaut partout, alors un motif majeur d’entreprendre la guerre est déjà éliminé. Toutefois, ceci est loin de garantir la paix. Pour que le droit à l’autodétermination ne se réduise pas à une farce, les institutions politiques doivent faire en sorte que le transfert de souveraineté sur un territoire d’un gouvernement à un autre ait le moins d’importance possible et n’implique ni avantage ni inconvénient pour quiconque. Les gens ne comprennent pas ce que cela signifie. Il est donc nécessaire de clarifier ce point par quelques exemples. Regardez une carte des groupes nationaux et linguistiques de l’Europe centrale ou de l’Europe de l’Est et notez le nombre de fois où, par exemple dans le Nord et l’Ouest de la Bohême, les frontières entre ces groupes sont traversées par des lignes de chemins de fer. Dans ce cas, en situation d’interventionnisme et d’étatisme, il n’existe aucune manière de faire coïncider les frontières de l’État et les frontières linguistiques. Il serait impossible de mettre en place un chemin de fer d’État tchèque sur le sol de l’État allemand, et il serait encore moins possible de faire fonctionner une ligne de chemin de fer sous une direction différente tous les quelques kilomètres. Il serait tout aussi impensable, lors d’un voyage en train, de devoir faire face toutes les quelques minutes ou tous les quarts d’heure à une barrière douanière et à toutes ses formalités. Il est donc facile de comprendre pourquoi les étatistes et les interventionnistes en viennent à conclure que l’unité «géographique» ou «économique» de telles zones ne doit pas être «interrompue» et que le territoire en question doit donc être placé sous la souveraineté d’un unique «dirigeant» (bien évidemment, chaque nation cherXXX


RECENSION / 59

«Le respect de la propriété privée en toute condition permet d’éliminer un motif majeur de guerre.»

XXX

che à prouver qu’elle seule est légitime et compétente pour tenir ce rôle dirigeant dans de telles circonstances). Pour le libéralisme, un tel problème n’existe pas. Des chemins de fer privés, s’ils sont laissés libres de travailler sans interférence de la part du gouvernement, peuvent traverser le territoire de nombreux États sans problèmes. S’il n’y a ni droits de douane ni limites aux mouvements des personnes, des animaux ou des biens, il est sans importance qu’un train traverse plus ou moins souvent la frontière d’un État au cours d’un voyage de plusieurs heures. La carte linguistique montre aussi l’existence d’enclaves nationales. Sans aucun lien territorial avec la majeure partie de leur peuple, des compatriotes se rassemblent dans des colonies fermées ou dans des îlots linguistiques. Dans les conditions actuelles, ils ne peuvent pas être incorporés à leur mère-patrie. Le fait que la zone sous le contrôle de l’État soit de nos jours «protégée» par des barrières douanières rend politiquement nécessaire la continuité territoriale ininterrompue. Une petite «possession étrangère», isolée des territoires adjacents par les droits de douanes et les autres mesures protectionnistes, serait exposée à un étranglement économique. Mais si l’on met en place le libre-échange et que l’État se contente d’assurer la protection de la propriété privée, rien n’est plus facile que de résoudre ce problème. Aucun îlot linguistique n’a à accepter de voir ses droits en tant que nation bafoués sous le prétexte qu’il n’est pas relié à la partie principale de son propre peuple par un territoire peuplé de compatriotes. Le fameux «problème du corridor» ne survient également qu’en raison du système impérialo-étatico-interventionniste. Un pays situé à l’intérieur des terres s’imagine qu’il a besoin d’un accès à la mer, afin de lui permettre de commercer librement avec l’étranger sans subir l’influence des AGEFI MAGAZINE | STRATÉGIES 2014 | OCTOBRE 2013

politiques interventionnistes et étatistes des pays qui le séparent de la mer. Si le libre-échange était la règle, il serait difficile de voir l’avantage qu’un tel pays pourrait attendre de la possession d’un tel «corridor». Le transfert d’une «zone économique» (au sens étatique) vers une autre a d’autres conséquences économiques importantes. Il suffit de pen-

«On ne peut parler de vrai autodétermination que si la décision de chaque individu vient de sa propre volonté.» ser, par exemple, à l’industrie du coton de la Haute Alsace, qui a connu deux fois cette expérience, ou de l’industrie polonaise du textile de la Haute Silésie, etc. Si un changement d’affiliation politique d’un territoire implique des avantages ou des inconvénients pour ses habitants, alors leur liberté de vote pour le choix de l’État auquel ils veulent véritablement appartenir est fortement limitée. On ne peut parler de véritable autodétermination que si la décision de chaque individu vient de sa propre volonté et non de la peur de perdre ou de l’espoir de gagner. Un monde capitaliste organisé selon des principes libéraux ne connaît pas de zones «économiques» séparées. Dans un tel monde, la totalité de la surface de la terre forme un seul territoire économique. Le droit à l’autodétermination n’est avantageux que pour ceux qui forment la majorité. Afin de protéger également les minorités, des mesures nationales sont nécessaires, parmi lesquelles nous allons d’abord considérer celles impliquant la politique nationale en ce qui concerne l’éducation. Dans la plupart des pays l’école, ou au moins l’instruction, est obligatoire. Les parents sont obligés d’envoyer leurs enfants à l’école pendant un certain

nombre d’années ou, en lieu et place de cette instruction publique à l’école, de leur fournir une instruction équivalente à domicile. Il est sans intérêt d’étudier les raisons qui ont été avancées pour et contre l’éducation obligatoire quand la question était encore débattue. Elles n’ont plus la moindre importance pour le problème auquel nous sommes confrontés aujourd’hui. Il ne reste qu’un argument se rapportant à la question actuelle, à savoir que le soutien constant à une politique d’éducation obligatoire est entièrement incompatible avec les efforts entrepris pour établir une paix durable. Les habitants de Londres, de Paris et de Berlin trouveront sans aucun doute cette affirmation incroyable. En quoi l’éducation obligatoire pourraitelle avoir quoi que ce soit à voir avec la guerre et la paix? On ne doit pas, cependant, trancher cette question, comme tant d’autres, du seul point de vue des peuples de l’Europe occidentale. À Londres, Paris ou Berlin, le problème de l’éducation obligatoire est à coup sûr facilement résolu. Dans ces villes, il ne subsiste aucun doute quant à la langue utilisée pour instruire les élèves. La population qui vit dans ces villes et qui envoie ses enfants à l’école peut être largement considérée comme homogène sur le plan national. Et même les non-anglophones vivant à Londres trouvent dans l’intérêt de leurs enfants que l’instruction se déroule en anglais et non dans une autre langue. Les choses ne sont pas différentes à Paris ou à Berlin. /// Human Action: A Treatise on Economics Ludwig von Mises Fox & Wilkes. Juillet 1996. Langue anglaise ISBN 978-0930073183


60 / PERFORMANCE

La capacité de dépasser les apparences est déterminante Coach sportif professionnel. LARRY LEGAULT DR

Au printemps 1968, Scotty Bowman Raccourcis. L’Humain est un être entamait sa première année à la tête des rationnel qui cherche sans cesse des Blues de St-Louis, équipe de la Ligue explications cohérentes pour les phéNationale de Hockey. Trente saisons et nomènes observables autour de lui. 1244 victoires plus tard, il prenait sa reCependant, malgré l’ascendance des traite comme l’entraineur le plus titré sciences du comportement, nos lignes dans l’histoire du hockey professionnel de pensées continuent à suivre les nord américain. Pourtant, en 1968, ce vieux raccourcis pour expliquer pourjeune coach n’était que peu équipé pour quoi ceci a causé cela. gérer les extravagantes démonstrations Dans le milieu du sport, quand un athde nervosité de Hall. Lors du deuxième lète subit une contre-performance, on tour de playoff, avant un match déterentend souvent de la part des observaminant contre Philadelphie, Bowman teurs des platitudes comme «il a succroisa son gardien à l’hôtel. Dans un combé à la pression» ou «il n’était pas état de stress inhabituel, même pour serein». La pratique est récurrente. Et lui, Hall lui annonça qu’il était imposbien sûr, infaillible! Elle a en effet été sible pour lui de jouer. Sa nervosité le effectuée à postériori. Ce type d’attidominait. Bowman était terrassé. Il satude se retrouve dans beaucoup de disvait que sans son gardien expérimenté, ciplines et de sciences. Les économistes l’équipe ne serait pas à la hauteur. Doug les plus renommés sont, par exemple, Glen Hall est l’un des plus Harvey, le joueur doyen des Blues, et de capables de produire des théories imgrands gardiens dans l’histoire neuf ans le senior de Bowman, avait vu pressionnantes pour expliquer les flucdu hockey. Il a pourtant la scène. Il rassura son coach en lui dituations du marché mais incapables de sant qu’il parlerait à Hall et qu’il serait prédire les tendances avec précision. bafoué toutes les conformités bien devant la cage en soirée. C’est ce Comme le dénonce d’ailleurs le mathéen psychologie du sport. qui s’est passé. Résultat: les Blues n’ont maticien Nassim Nicholas Taleb. encaissé qu’un seul but et Hall a été Mais que se passe-t-il quand on se permet d’anticiper le rendement de quelqu’un en se basant uni- phénoménal, arrêtant plus de quarante tirs dans une victoire quement sur ses propres références – voire préjugés – cultu- qui a propulsé son équipe en finale de la Coupe Stanley. relles? Personnellement, je ne possède pas d’écouteurs et je ne pourrais surtout pas effectuer une tâche pointilleuse en Confiance. Parachuté dans le vestiaire des Blues à la écoutant de la musique. Donc je devrais en conclure que per- fin des années soixante, sans connaître Hall et son anxiété sonne ne peut être performant en écoutant de la musique! rituelle, qu’auriez-vous pensé de votre gardien? Auriez-vous Ces généralisations, ici étendues du singulier personnel à la su dépasser vos préjugés et lui faire confiance? Les apparences population, sont rarement justes mais confortent notre vision ne permettent pas toujours d’évaluer la capacité à être perfordu monde. Quand on recherche la performance, le confort est mant et un bon manager doit savoir les dépasser. /// rarement un bon allié.

Conformité. Glen Hall, un des plus grands gardiens de but dans l’histoire du hockey sur glace, intronisé au Temple de la Renommée en 1975, aurait bafoué toutes les conformités en matière de psychologie du sport. Jeune, Hall se mettait dans tous ses états avant les matchs, se trouvant souvent stressé au point de vomir. Au cours de sa carrière, il s’est mis à interpréter son état d’extrême nervosité comme un signal de son corps qui lui annonçait qu’il était «prêt». Etre serein n’était pas acceptable pour Hall car c’était avouer que la compétition qui l’attendait ne le stimulait pas. AGEFI MAGAZINE | STRATÉGIES 2014 | OCTOBRE 2013

Larry Legault est un coach professionnel de football américain. Originaire du Canada, il vit en Suisse depuis 2005. Il a notamment entraîné l’équipe de l’Université Bishop’s, au Québec et celle de l’Université Mount Allison, au Nouveau-Brunswick. Il est actuellement en charge de l’équipe de France et directeur technique des Black Panthers de Thonon, qu’il a guidés au plus au niveau européen. Considéré par de nombreux spécialistes comme l’un des meilleurs coachs francophones au monde, il s’intéresse de près aux relations entre le sport de haut-niveau et le monde de l’entreprise.


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