IMAGIN AIR E
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Projet de thèse SACRe Doctorat en Sciences Arts Création Recherche Université de recherche Paris Science et Lettres
IMAGIN AIR E
Nafiseh MOUSSAVIAN Master (option recherche) en Architecture ENSA Paris La Villette Mai 2014
image 1. étude photographique de l'impacte de l'air sur l'environnment urbain (lumière, couleur, climat) pendant un mois, vers l'est © Nafiseh Mousavian
IMAGIN AIR E Entre Art, Architecture, et Science Explorons Airscape Urbain
Analyse de la potentialité de l’air en tant que substance de l’intervention artistique en milieu urbain (Propositions pour un MIRAGE dans l’espace public)
image 2. étude photographique de l'impacte de l'air sur l'environnment urbain (lumière, couleur, climat) pendant un mois, vers l'ouest © Nafiseh Mousavian
IMAGINAIRE est un projet de recherche qui invite à imaginer l'air urbain, prenant en compte ses qualités atmosphérique et climatique en tant que médium artistique pour la création des interventions urbaines in-situ. C'est une proposition pour désigner et faire intervenir ce que peut représenter le “airscape” urbain. Il s'agit principalement de la création d'entités spatiales de paysage urbain à partir de ré-création, de modification et de simulation des phénomènes naturels atmosphériques. L'air, ayant des caractéristiques telles que la légèreté, l'ubiquité, la souplesse, la fluidité, la translucidité et la délicatesse matérielle, en créant des expériences spatiales inédites d'ordre immatériel, est susceptible d’offrir des instants poétiques, éphémères et d'exception en milieu urbain. Si nous présumons que la ville est un être vivant et que les édifices et les places forment son corps ; l'air certes, constituera entre autres composants (tels que les gens, les plantes et les animaux), une grande partie de ce que peut être son âme. L'influence des changements climatiques durant la journée et les saisons sur le visage et l'ambiance de la ville, ainsi que sur la vitalité de la vie urbaine en est la preuve. (images 1-2) L’AIR pourrait amener l’artiste à fabriquer de nouvelles perceptions spatiales pour réenchanter, ré-imaginer et ré-inventer l’espace urbain. La ville contemporaine, étant un phénomène complexe en soi ; à travers la répétition et la quotidienneté peut devenir ordinaire. L’art, en purifiant et en affinant l’expérience ordinaire des objets,
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des lieux et des situations, fait voir et expérimenter autrement ce qui était jusqu’au maintenant l’ordinaire. Effectivement elle provoque l’émerveillement et l’enchantement de rencontrer pour la première fois ce qu’on voit tous les jours. C’est donc ainsi que l’art provoque l’extraordinaire et la ville devient la scène même de ces expériences extraordinaires.
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L’Art [en tant qu’idée] L’Air [en tant que matière] La Ville [en tant que scène] La Science [en tant qu’itinéraire] Les premiers artistes qui ont pris en compte et reconnu l'impact immanent de l'air sur le paysage sont probablement les peintres impressionnistes parmi lesquels les séries de peintures de Monet (cathédrale de Rouen, gare Saint-Lazare, et Parlement de Londres, images 3-4) relèvent le mieux cet impact sur le paysage urbain. Nous voyons comment l'air peut transformer l'esprit d'un milieu, le visage d'une œuvre architecturale et l'ambiance du paysage urbain en général. D'ailleurs l'idée de concevoir une œuvre entièrement à partir des matériaux gazeux prend son origine dans les derniers écrits de Joan Miró (1893-1983) 1. La même idée apparait également dans l’ouvrage « Gog » de l'écrivain Giovanni Papini, publié en 1931 2.
1. Miró, Joan. Ecrits et entretiens. Paris: Galerie Lelong, 1995. 2. Papini Giovanni ,Traduit de l'italien par René Patris. Gog. Paris, Flammarion, 1932.
Mais c'est l'artiste japonaise Fujiko Nakaya (née en 1933), connue particulièrement pour ses sculptures de brouillard (dont la première date de 1970), qui est généralement créditée des premières réalisations de sculptures gazeuses 3. Depuis, un certain nombre d'artistes et de paysagistes tels qu’Olafur Alliason, Hans Haacke, Ned Kahn, Bob Miller, David Medalla, Robert Morris, Berndaut Smilde et Ann Veronica Janssens ont exploité les potentiels de l'air et des conditions climatiques dans leurs créations artistiques. Certains d’entre eux, comme Coop Himmel(b)lau, Diller & Scofidio ou James Turrell, étant en même temps des architectes, ont davantage mis l’accent sur la spatialité de l’air dans leur travaux. En outre, les scientifiques comme Thomas Mee (1969) ont examiné ce même sujet en essayant de recréer les phénomènes naturels complexes. Nous nous approchons essentiellement dans cette étude, aux mouvements de dématérialisation de l'art qui -suite à une transformation conceptuelle de l'art pendant les années 60 ; considèrent l'art en tant qu'idée et en tant qu'action plutôt que le considérer dans sa définition traditionnelle en tant qu'un objet 4. Non seulement cela modifie les formes d'art, mais l'absence de l'objet artistique requiert également une participation plus grande de la part du spectateur, provoque des interactions5 et apprête la situation pour que l'art s'installe sur les espaces publics et par conséquence sur les espaces urbains et puisse s'intégrer dans la vie quotidienne.
3. Piene, Otto, and Goldring, Elizabeth. Centerbeam. MIT Press, 1980. 4. Lippard, Lucy R. Six Years: The Dematerialization of the Art Object from 1966 to 1972, University of California Press, 1973. 5. Ardenne, Paul. Un art contextuel. Paris: Flammarion, 2002.
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image 3 : L'airscape et l'architecture Série des Cathédrales de Rouen, Claude MONET, 1892-1894
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image 4 : L'airscape et le milieu urbain SĂŠrie la Gare Saint-Lazare, Claude MONET, 1877
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Les interventions comme le «Fog bridge» de Fujiko Nakaya ou la performance du studio architectural Coop HIMMELB(L)AU dans les rues de Vienne intitulée «soft space» sont des exemples qui en fabricant des environnements mutables, changent radicalement notre perception du paysage urbain. Ces types d’interventions perturbant nos manières habituelles de voir et de comprendre la ville, nous engagent dans de nouvelles expériences spatiales. Bien que la ville offre une scène intéressante pour les interventions artistiques questionnant la spatialité ainsi que les spectateurs-acteurs potentiels qui sont les citoyens, mais elle manque de savoir(faire) scientifique nécessaire et par là, limite le nombre de ce types d’interventions en milieu urbain. Aujourd'hui avec les progrès techniques, l'intérêt d’explorer les potentialités de l'air en tant que substance artistique en milieu urbain reste encore à enrichir. Le grand avantage du programme de SACRe, réunissant l’imagination des artistes et le savoir des scientifiques, est qu’il permet à la fois la création des aventures artistiques et des poésies scientifiques. Dans cette perspective, cette étude se situe au croisement des champs de l’ART [l’art urbain et le mouvement de la dématérialisation de l’art] et celui des SCIENCES [physique optique, thermodynamique, météorologie, génie climatique] afin de pouvoir déployer les potentialités de l'air en tant que substance artistique pour les interventions en milieu urbain. Nous supposons ainsi que l’airscape urbain est un champ à exploiter.
Il est pertinent de noter dans cette recherche la grandeur du niveau auquel l'air est susceptible d’influencer et de modifier notre expérience spatiale urbaine, lui attribuer de nouvelles dimensions et la rendre davantage complexe, inattendue, subtile et surprenante. Simples changements de densité et de température provoquant des retournements de comportement de la lumière dans le cadre des lois de physique optique, peuvent résulter à de nouvelles manière de perception de l'environnent urbain, dé-solidifier le corps solide habituel de la ville, faire disparaître ce qui semble concret et faire apparaître ce qui est abstrait. Tout ce qui est concret se dissout dans l’air, tout qui est de la ville se dissout dan l’art. IMAGINAIRE propose ainsi une idée relative de l'espace. Il induit de parler de l’airscape au lieu de landscape. Le Traitement et l’exploration de l'air urbain (ou airscape) en tant que substance de l'intervention artistique, offre la possibilité de dévoiler certaines faces de la ville cachées auparavant, de déplacer les limites du connu ainsi que de rendre extraordinaire ce qui était plus tôt ordinaire. De cette manière, IMAGINAIRE augmente la complexité de l'expérience spatiale habituelle et crée une expérience multicouche de l'espace urbain 6.
6. Piene, Otto, and Goldring, Elizabeth. Centerbeam. MIT Press, 1980.
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Artists et Paysagistes
Références
Soft space 1970 © Coop Himmel(b)lau
Wave 1966 © Hans Haacke
Breathing sky 1995 © Ned Kahn
Rain Room 2012 © Random International
Condensation cube 1963-65 © Hans Haacke
Cloud 2014 © Berndnaut Smilde
Fog Bridge 2013 © Fujiko Nakaya
Stone sky 2005 © James Turrell
Sky Space 2013 © James Turrell
Blur Building 2002 © Elizabeth Diller & Ricardo Scofidio
2009 © Ann Veronica Janssens
Sun painting 1985 © Bob Miller
Duales systems pavillon 2000 © Ned Kahn
Cloud Canyons 1964 © David Medalla
Steam 1968-69 © Robert Morris
Fog sculpture 2007 © Fujiko Nakaya
The Weather Project 2003 © Olafur Eliasson Photo: © Tate 2003
Beauty 1993 © Olafur Eliasson
En somme, les questions principales de cette recherche sont ainsi formulées : « Quelles sont les potentialités de l’air en tant que substance artistique, dans les interventions urbaines ? Comment peut-on élaborer ce matériel pour créer de la spatialité en milieu urbain? »
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Afin d’y répondre, le projet propose dans un premier temps une étude analytique des expériences artistiques réalisées dans les domaines de l’art dématérialisé et l’art climatique à échelle urbaine. Ceci demande une étude inévitable sur l’histoire du mouvement de dématérialisation de l’art 7, parue pendant les années 60 aux Etats-Unis, accompagnée de la connaissance des projets d’artistes et paysagistes dans ce champ pour en faire un analytique répertoire. Dans une partie seconde, nous proposons la création expérimentale et l’installation d’un MIRAGE dans des milieux urbains variés. En s’appuyant sur les expérimentations scientifiques qui pourront être réalisées dans un laboratoire de physique , nous envisageons de découvrir le phénomène de mirage pour pouvoir d’abord le fabriquer dans des modèles urbains à échelle réduite (maquettes), puis évaluer la possibilité d’une installation à l’échelle urbaine. Ce MIRAGE urbain selon les situations des espaces, sera en mesure d’adopter différentes formes et donc, de créer des effets variés. Etant donné que du point de vue scientifique, la création du phénomène naturel qu’est le MIRAGE n’est pas très complexe, cela nous permettra de réfléchir sur la re-création de ce phénomène en tant qu’œuvre d’art en milieu urbain, tout en considérant ses divers aspects et les formes qu’il peut prendre dépendamment de la variété des contextes.
7. Lucy Lippard, John Chandler, « The Dematerialization of Art », in Art International (Lugano) 12, n°2, february 1968, pp.31-36.
« Qu'est ce qu'un MIRAGE? » La présence d'une atmosphère sur la planète Terre produit tous nos éléments météorologiques communs de la pluie à la neige, de beaux jours calmes à vents déchaînés. Il nous donne également quelques-uns des plus beaux spectacles de la planète: arcs en ciel, halos, les couchers et levers de soleil spectaculaire de couleur. Parmi les phénomènes optiques les plus intéressants et surprenantes de l'atmosphère sont les mirages 8. Le mirage (du latin miror, mirari : s'étonner, voir avec étonnement) est un phénomène optique dû à la déviation des faisceaux lumineux par des superpositions de couches d'air de températures différentes. La déviation de ces rayons donne alors l'impression que l'objet que l'on regarde est à un endroit autre que son réel emplacement, et peut déformer l'image observée. Ce n'est en rien une illusion d'optique qui est une déformation d'une image due à une interprétation erronée du cerveau. Un mirage n'est pas non plus une hallucination puisqu'il est possible de les photographier (l'image est donc réelle). Les images produites par un mirage sont par contre sujettes à interprétation: par exemple, les mirages inférieurs ont souvent l'apparence d'étendues d'eau, les Fata Morgana peuvent ressembler à des châteaux, des plateaux, des montagnes ou des constructions plus complexes 9. Il est possible de classer les mirages en 3 catégories : les mirages supérieurs, les mirages inférieurs, et les Fata Morgana, mirages plus complexes composés de plusieurs images superposées l'une à l'autre 10.
8. Young, Andrew. An introduction to mirages. version on ligne in http://mintaka.sdsu.edu/GF/bibliog/toc. html#mirages 9. ibid 10. ibid
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Les mirages se fabriquent habituellement dans les vastes étendues naturelles tels que la mer et le désert. La simulation de ce phénomène dans l’atmosphère standard terrestre exige une distance relativement considérable entre le sujet et l’objet. Autrement dit, jusque 2km de distance, la courbure des rayons lumineux est tant faible qu’elle ne peut pas résulter à une réfraction et donc à un mirage, de sorte que la cible apparaît presque sans distorsion 11. Généralement, les distances visuelles dans la ville ne dépassent pas cette distance minimum. Donc la simulation du mirage à l’échelle urbain peut devenir un enjeu scientifique très stimulant et ambitieux. La meilleure façon d’aborder ce sujet serait dans le cadre d’une collaboration avec des scientifiques dont le programme doctoral SACRe offre une très belle opportunité.
Mirages marins
Frank Richard Stockton (1834 – 1902) - Fact and Fancy - Charles Sriner›s
11. Young, Andrew. An introduction to mirages. version on ligne in http://mintaka.sdsu.edu/GF/bibliog/toc. html#mirages (chapter: Standard-Atmosphere Simulations)
Thème (science) : physique optique, thermodynamique, météorologie, génie climatique Thème (art) : sculpture gazeuse, substantialité de l’air, dématérialisation de l’art, expérience spatiale, Art urbain, espace public,
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3ème année
2ème année
Structure de Projet : 1- étude historique, analytique, et phénoménologique : - dématérialisation de l’art ; - spatialité de l’air, sculptures gazeuses, origines et expériences ; - expérience spatiale et perception de l’espace ; - l’art en milieu urbain. 2- recherche appliquée en sciences physiques : - bases de la physique optique et thermodynamique ; - connaissance de différents types de mirage et des conditions requises ; - évaluation de la faisabilité de fabrication de mirage factice. 3- création : - création des modèles réduits de mirage dans les milieux urbains en maquette ; - connaissance des lieux stratégiques potentiels d’installation du mirage urbain et étude de milieu ; - installation de mirages dans les espaces publics possible.
1ère année
Objet : l’air dans l’espace public, Airscape urbain
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Imaginer le mirage (superieur mirage) edit by : Nafiseh Mousavian photo : Š Remy de la Mauviniere
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Imaginer le mirage (superieur mirage) edit by : Nafiseh Mousavian photo : Š
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Imaginer le mirage (inferieur mirage) edit by : Nafiseh Mousavian photo : Š W. Brian Duncan
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IMAGIN AIR E Imaginer le mirage (Haze) edit by : Nafiseh Mousavian photo : Š angel sanguinetti
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Imaginer le mirage (supÊrieur mirage | towering) edit by : Nafiseh Mousavian photo : Š Brandon Long
Bibliographie : • Ardenne, Paul. Un art contextuel. Paris: Flammarion, 2002. • Aristote, traduit par Barthélemy Saint-Hilaire, Jules. Météorologie d’Aristote. Ladrange, 1863. • Aventin, Catherine. (à paraître en septembre 2006). Les arts de la rue ou comment l'espace public prend corps . Lieux Communs, n°9 (Les Cahiers du LAUA, Lang ages, Actions Urbaines, Altérités - Ecole Nationale Supérieure d'Architecture de Nantes). • Aventin, Catherine. Les arts de la rue pour observer comprendre et aménager l'espace public. TIGR (Travaux de l'Institut de Géographie de Reims), 2007, n°123, 9 p. • Blanc, vNathalie. Vers une esthétique environnementale. Versailles: Editions Quae, 2009. • Daniel Wildenstein, Monet ou le triomphe de l'impressionnisme. Catalogue raisonné Werkverzeichnis Nos. 969–1595, vol. 3, Taschen/Wildenstein Institute,1996 • Davies, Stephen, Kathleen Marie Higgins, Robert Hopkins, Robert Stecker, and David E. Cooper. A Companion to Aesthetics. John Wiley & Sons, 2009. • Dewey, John. Art as Experience. Penguin, 2005. • Lippard, Lucy R. Six Years: The Dematerialization of the Art Object from 1966 to 1972, University of California Press, 1973. • Lucy Lippard, John Chandler, « The Dematerialization of Art », in Art International (Lugano) 12, n°2, february 1968, pp.31-36. • Lynch, David K., and William Charles Livingston. Color and Light in Nature. Cambridge University Press, 2001. • Minnaert, Marcel Gilles Jozef. The Nature of Light & Colour in the Open Air. Dover Publications, 1954. • Miró, Joan. Ecrits et entretiens. Paris: Galerie Lelong, 1995. • Papini Giovanni ,Traduit de l'italien par René Patris. Gog. Paris, Flammarion, 1932. • Piene, Otto, and Goldring, Elizabeth. Centerbeam. MIT Press, 1980. • Swidzinski, Jan. L’art et son contexte: Au fait, qu’est-ce que l’art ? Inter éditeur, 2005. • Thackara, John. In the Bubble: Designing in a Complex World. The MIT Press, 2005. • Tiberghien, Gilles. Nature, art, paysage. Arles : Paris: Actes Sud, 2001. • Young, Andrew. An introduction to mirages. (Standard-Atmosphere Simulations chapter) • Young, Andrew. Annotated bibliography of mirages, green flashes, atmospheric refraction, etc. in http://mintaka.sdsu.edu/GF/bibliog/bibliog.html
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