Interview croisée sur la parité en entreprise

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© CCI France et Crédit photo : Ministère des Droits des femmes

Interview croisée sur la parité entre le Président de CCI France André MARCON et La Ministre des Droits des Femmes Najat VALLAUD-BELKACEM 1. La valorisation et l'accompagnement de l'entrepreneuriat sont un des leviers essentiels de la croissance. Le développement de l'entrepreneuriat féminin peut-il en ce sens être considéré comme une clé pour booster l'économie française ? NVB : « C’est un constat que je partage, nous disposons avec l’entrepreneuriat féminin d’un potentiel à la fois pour la croissance et la compétitivité de notre économie. Je ne suis pas la seule à le penser, un rapport de l’OCDE en mai 2012 a souligné combien le potentiel d’entrepreneuriat des femmes était primordial pour la création d’emplois et la croissance. Or, notre pays accuse un vrai retard : alors qu’elles sortent mieux formées que les garçons de l’université, les femmes ne représentent que 30% des créations d’entreprise. J’ai travaillé avec tous les acteurs à un plan global pour l’entrepreneuriat féminin que j’ai annoncé en juin et qui propose un objectif ambitieux : porter à 40 % le taux de femmes entrepreneurs d’ici 2017. Pour y parvenir, nous apportons des réponses concrètes en matière d’information, d’accompagnement et d’accès au financement pour les femmes. » AM : « La France est l'un des pays d'Europe qui a le plus de femmes qui travaillent et ont des enfants. Et pourtant les Françaises restent frileuses quand il s’agit de créer leur entreprise. C’est particulièrement vrai pour les PME de croissance où elles ne représentent que 10% des dirigeants ! Or ces PME de croissance sont plus performantes quand elles ont des femmes à leur tête. Et ce n’est pas une déclaration de pure forme ! Des études récentes l’attestent. Encourager l’entrepreneuriat féminin, c’est donc une clé du succès pour notre économie. Le potentiel d’entrepreneuriat des femmes est primordial en termes de création d’emplois, d’innovation et de croissance. Si le taux d’emploi des femmes était équivalent à celui des hommes, notre potentiel de croissance serait accru de 20 à 40%. En a-t-on aujourd’hui seulement conscience ? » 2. Quel rôle les CCI peuvent-elles jouer au côté de l'Etat pour stimuler et accompagner les envies d'entreprendre des femmes ? AM : « Entreprendre se conjugue aussi au féminin. Donnons aux femmes plus de moyens pour exprimer leurs talents. Les CCI peuvent s’engager à proposer un socle commun d’accompagnement qui ira de la création à la transmission d’entreprise, en passant par l’orientation vers les financements adaptés. 700 femmes chefs d’entreprise élues, une expérience d’accompagnement de tous les créateurs. Voilà qui nous donne aussi la légitimité de venir témoigner dans les écoles pour promouvoir l’entrepreneuriat féminin. Il s’agit de casser les stéréotypes très tôt et faire mieux connaitre les réussites féminines. Les bons exemples peuvent susciter les vocations ! »


NVB : « Le réseau des CCI est évidemment un acteur clé pour soutenir le développement de l’entrepreuneuriat féminin et je me réjouis que vous soyez nos partenaires pour ce plan d’action. Je pense notamment que le réseau peut agir à deux niveaux. En amont bien sûr, grâce à des actions d’orientation, d’information et de sensibilisation à l’entrepreneuriat. Les cheffes d’entreprises que j’ai rencontrées me l’ont dit, pour encourager les jeunes filles à s’engager, il faut leur montrer ce qu’est l’entreprise, leur donner le goût d’entreprendre et lutter activement contre les stéréotypes qui réserveraient trop facilement cette activité aux hommes. Et puis, le réseau des CCI peut intervenir sur l’accompagnement des créatrices et repreneures, pour apporter des réponses au moment du montage de projets et au cours de son développent. Vous avez avec d’autres les ressources pour éviter aux femmes le parcours du combattant que tant m’ont décrit. » 3. Dans son projet de loi relatif aux droits des femmes adopté le 3 juillet en Conseil des Ministres, le Gouvernement prévoit une disposition pour instaurer la parité dans les CCI. Quelle est l'ambition de cette mesure ? NVB : « Vous le savez, les femmes ne sont que 12 % dans les instances dirigeantes des CCI. C’est nettement insuffisant. Dans le projet de loi que j’ai élaboré, nous voulons faire évoluer cette situation en mettant en place un dispositif d’alternance entre le candidat titulaire et son suppléant aux élections des chambres régionales, territoriales et départementales. Mon souhait, c’est d’aller vers l’égal accès des femmes et des hommes dans ces fonctions progressivement. J’ai pris le parti de faire confiance au réseau pour évoluer lui-même et je salue l’engagement que vous avez pris sur ce sujet dans le cadre du pacte de confiance conclu avec l’Etat. Nous ferons donc un bilan après les élections de 2015 pour mesurer les progrès et voir s’il y a lieu de renforcer les mesures prises pour obtenir la parité au renouvellement suivant, comme l’ont fait les chambres des métiers, comme le feront les chambres d’agriculture. C’est un beau challenge pour votre réseau. La parité va se généraliser partout, dans l’ensemble des institutions de la République, et dans les fédérations sportives. » « La féminisation et la modernisation de notre système de représentativité sont des objectifs politiques ambitieux. Ils ont déjà fait l’objet d’engagements clairs de la part des CCI. Pour réussir ce pari, nous devrons faire savoir très largement que les femmes ont toute leur place dans nos instances élues. Mais il ne faut pas minimiser l’ampleur de l’effort qui nous est demandé compte-tenu de la composition de notre corps électoral. La proportion des femmes élues dans les CCI n’est pas très éloignée de la composition de notre corps électoral qui comprend 21,5% de femmes (soit 27% dans la catégorie Commerce, 21% dans la catégorie Services et 14% dans la catégorie Industrie). Par conséquent, le dispositif retenu par le projet de loi constitue un défi pour notre réseau, en particulier dans le secteur de l’industrie. L’évolution prévue dès le prochain renouvellement des CCI, en 2015, nécessite que le réseau s’y prépare dès maintenant et à marche forcée. » AM :

Contact email: contactsweb@ccifrance.fr - Interview du 15 juillet 2013 Les CCI sont un réseau d’établissements publics de l’État spécifique dont les organes dirigeants sont élus par les chefs d’entreprise et dont l’objet est de représenter librement les intérêts commerciaux et industriels de leurs circonscriptions auprès des pouvoirs publics. Avec 4 800 chefs d’entreprise élus, 28 000 collaborateurs, 240 points d’entrée locaux, le réseau agit sur l’ensemble du territoire au service des entreprises et en partenariat avec les collectivités locales. Les CCI assurent une mission d’accompagnement des entreprises (création, transmission, développement en France et à l’international), de formation et de gestion d’équipements.

46-48, Avenue de la Grande Armée - CS 50071 - 75858 Paris Cedex 17 www.cci.fr


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