Jean Marie Amelin Peintre du XIXè siècle Dessinateur et aquarelliste de paysages En Languedoc de 1816 à 1851
Marc Puygrenier. juin 2013
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Remerciements
La rédaction de cet article a bénéficié des conseils éclairés des personnes suivantes que je remercie vivement Vincent Bioulès
Professeur à l’ENSBA, artiste peintre , fondateur du mouvement Support Surface, qui m’a fait des suggestions et mis en relation avec des personnes ressources qualifiées
Jérome Farigoule
Conservateur des arts graphiques du Musée fabre qui m’a donné accès à ses publications et aux collection du Musée des dessins du XIXè siècle
Gilles Gudin de Vallerin Conservateur Général directeur des médiathèques de l’Agglomération de Montpellier, detenteur des collections des œuvres de J-M.Amelin
Alain Lavigne
Historien d’Art auteur d’un mémoire : « Regard sur l’Hérault d’un Professeur de dessin à l’école Royale du Génie, Jean Marie Amelin : le guide du voyageur et vues du nord de Montpellier
Laura Pêcheur Galériste spécialiste des dessins du XVIIIè S et XIX è S Françoise Pellicer Professeur d’Histoire de l’Art à l’Université Paul Valéry, qui a relu corrigé et complété mon manusgrit.
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Jean Marie Amelin, dessinateur et aquarelliste dans son temps
Le XIXème siècle, est sans doute l’époque la plus brillante du dessin, temps où des génies se sont succédés. Pierre-Henri de Valenciennes, qui préconise la peinture de plein air, David, Géricault, Delacroix, Millet, Seurat, Corot, Degas, Cézanne en ont fait un véritable âge d'or du dessin. C’est dans ce contexte que Jean Marie Amelin a travaillé à Montpellier et sa région de 1816 à 1851, en pleine période de rupture artistique qui passe de l’académisme, au romantisme. L'évolution du dessin a commandé les autres arts: peinture, sculpture, architecture. Il annonçait la « révolution impressionniste » et avec Cézanne , la naissance de l’art moderne. Le dessin du paysage évoque aussi bien les artistes voyageurs qui produisirent les premiers carnets de voyage que les peintres des palais et églises.
Les prédécesseurs Si Jean Marie Amelin nous a légué pratiquement uniquement des dessins et paysages du Languedoc, nous devons nous rappeler qu’il s’est installé à Montpellier à l’âge de 31 ans au retour d’Italie. Originaire de Versailles, il devait très probablement connaitre des œuvres de ses prédécesseurs. Celles de PierreHenri de Valenciennes mais aussi de Jacques Louis David, Jean Pillement ou Nicolas Didier Boguet. Retenons en premier, Pierre-Henri de Valenciennes (1750 –1819) Ce fut essentiellement un paysagiste autodidacte qui se rendit plusieurs fois en Italie, et au Proche-Orient d'où il rapporta des carnets de dessins. Convaincu de l'insuffisance des représentations proposées par les paysagistes, il publia ses théories esthétiques (« Éléments de perspective pratique à l'usage des artistes, réflexions et conseils sur le genre de paysage », Paris, 1800). Ses Études de paysages italiens et ses dessins montrent une fraîcheur de sensation et une attention portée à l'atmosphère, aux jeux lumineux, à la netteté des structures ou à la minutie du détail. Valenciennes oriente le paysage et annonce le romantisme. On voit souvent en lui un précurseur du Corot d'Italie. Cette approche se retrouve dans les dessins d’Amelin à la fois soucieux de précision et d’évocation d’atmosphères ressenties. La grande leçon que Amelin a pu tirer de ce maître est celle du travail sur le motif ; l’un des tout premiers à l’avoir mis en oeuvre.
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de Valenciennes- paysage romain
Amelin - Baillarguet (1824)
Amelin- Bord du Lez – Castelnau (1823)
de Valenciennes -pêcheur
De Valenciennes –Etudesd’arbres (cidessous)
Amelin-Vieux saule à Clapier
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Jean Pillement (1728-1808) Né à Lyon, il fut un des représentants du mouvement rococo en Europe. Pillement avait obtenu le titre de peintre du Roi de Pologne et celui de peintre de la reine Marie-Antoinette. Grand voyageur, son œuvre constitue un document précieux dans l'art du XVIIIe siècle. Il aimait les couleurs brillantes et les contrastes d'ombre et de lumière, ses tableaux faisaient l'effet de décors de théâtre, genre très à la mode à Londres.
Pillement-paysage de l’Hérault
Amelin- Montferrier (1822)
David (1748- 1825) Son Oeuvre compte un millier de dessins au moins regroupés en douze «albums romains » et autant de dessins isolés faits à des périodes diverses. Les techniques employées vont du fusain aux lavis, en passant par la pierre noire qu'il privilégiait et le dessin à l'encre rehaussé de lavis et plus rarement le pastel et la sanguine. Il se constitua ainsi une collection de dessins dont un grand nombre de paysages romains et des vues urbaines réalisées entre 1775 et 1785. Par le choix des techniques et matériaux divers sinon par le choix des thèmes, on remarque de multiples convergences avec l’œuvre d’Amelin, lequel, comme ses prédécesseurs avait consacré à l’usage du voyage en Italie, au début de sa carrière.
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David-Marie Antoinette conduite au supplice (1793)
David- etude d’arènes
Amelin-silhouette d’homme (1822)
Amelin –St Martin de Londres ( 1822)
David-briquetterie
Amelin –Temple de Diane –Nîmes (182 )
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Nicolas-Didier Boguet (1755- 1839) Après deux ans d'apprentissage de la peinture de paysage à l'Académie, il partit pour l'Italie (1783), où il demeura toute sa vie, surtout à Rome, où il reçut les commandes de l'aristocratie internationale. Ayant fait de la nature son modèle, il travailla surtout dans la campagne romaine. Le musée d'Aix-enProvence conserve de ces vues. Nommé peintre de l'armée d'Italie au retour d'un séjour à Florence (1793-1797), il exécuta 4 sujets, mi-paysages, mi-batailles, illustrant la première campagne d'Italie. Plus que les autres paysagistes néoclassiques, il est l'héritier de Poussin et de Lorrain. Ami de François Xavier Fabre il offre à ce dernier une étude d’arbres et de rochers (1815) et écrit : « recevez le en témoignage fragile d’une amitié durable » Son fils, prénommé lui aussi, Nicolas-Didier (Rome 1802 – 1861) , fut son collaborateur : on lui doit de charmants paysages peints, comme la petite Vue de la loge Aldobrandini à Frascati (1824) du musée d'Aix-en-Provence, et des dessins (id., et musée de Montpellier).
Boguet –Couvent de San Cosimato
Boguet-étude d’arbres et de rochers
Boguet-Paysage boisé près d’une chute d’eau
Amelin-Bords du Lez à Castelnau(1823)
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Les contemporains
Bien qu’Ingres (1780-1867) ne se soit pas confronté au paysage son attachement au dessin doit être rappelé. Florence Viguier-Dutheil sitant Ingres nous rappelle que pour ce maître : « Dessiner ne veut pas dire simplement reproduire des contours ; le dessin ne consiste pas simplement dans le trait : le dessin c’est encore l’expression, la forme intérieure, le plan, le modelé. Voyez ce qui reste après cela ! Le dessin comprend les trois quarts et demi de ce qui constitue la peinture. Si j’avais à mettre une enseigne au-dessus de ma porte, j’écrirais : Ecole de dessin, et je suis sûr que je ferai des peintres ». Concernant Amelin, une énigme demeure. Si son dessin
répond bien aux objectifs définis par Ingres, jamais, à notre connaissance, il ne passa à la peinture sur toile, d’œuvres plus poussées
Parmi les dessins de paysages de ses contemporains que Jean Marie Amelin a vraisemblablement connus nous pourrions évoquer Edouard François Bertin ou Théodore Caruelle d’Aligny, Théodore Géricault et bien sur les peintres montpelliérains. N’a –t-il pas partagé avec eux l’attrait pour l’Italie, ce « passage obligé » des peintres de cette époque ?
François-Édouard Bertin (1797-1871) . Fils de Louis-François Bertin, directeur du Journal des débats. Entré à l'École des beaux-arts de Paris, il fréquente successivement les ateliers de Girodet-Trioson, Jean-Joseph-Xavier Bidauld et Louis Étienne Watelet. Après un séjour de quatre ans en Italie, où il peint et dessine d'après nature, il revient à Paris pour entrer à l'âge de 30 ans dans l'atelier d'Ingres. Il poursuit sa vocation de paysagiste, en France, en Italie, Europe et Egypte. Nommé inspecteur des beaux-arts en 1833, il remplit plusieurs missions en Italie. Il continue à peindre et à dessiner jusqu'à l'âge de 74 ans, il laisse une œuvre qui comprend plus de 3 500 peintures et dessins dont on voit au fil des ans le style évoluer du classicisme à un graphisme enlevé.
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Bertin-Pins parasols près de Sorrente
Bertin-Paysages de la forĂŞt de Fontainebleau
Bertin-Etude de paysage avec trois personnages-vers 1840
Bertin- Etude de paysage rocheux- 1840
Amelin-moulin de Semalen (182 )
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Claude Félix Théodore Caruelle d'Aligny (1798-1871) Dit Aligny., Peintre paysagiste français né à Saint-Aubin-des-Chaumes, dans une famille d'artistes, il perd son père à 3 ans. Élevé par son beau-père Claude Meure-Aligny, il en adopte le patronyme. Ses maîtres sont Jean-Baptiste Regnault et Louis Étienne Watelet. Aligny se spécialise dans le genre du paysage historique. Il consacre ensuite plusieurs années au traditionnel voyage artistique en Italie, au cours duquel il se lie avec Camille Corot. Aligny commence à exposer régulièrement au Salon à partir de 1827. Il retourne en Italie de 1834 à 1836, voyage en Grèce où il réalise une série de dessins des sites antiques commandés par l'École des Beaux-Arts. Il publie ce travail sous la forme d'un recueil d'eaux- fortes. En 1860, il est nommé directeur de l'école des Beaux-Arts de Lyon, où il décède en 1871.
Aligny est un des pionniers de la peinture de plein air, pour mieux s'imprégner de la nature. Il travaille dans la forêt de Fontainebleau et sur la côte normande, et est l'un des précurseurs de l'École de Barbizon. Si sa manière de peindre reste profondément imprégnée par sa formation néo-classique, Aligny élabore un style personnel qui tend à schématiser le trait de façon à mieux accentuer la construction des masses et les lignes de forces de ses paysages. Ces caractéristiques s’appliquent à la lettre au travail d’Amelin. Le département des Arts graphiques du musée du Louvre détient un important portefeuille de dessins de sa main ainsi que de nombreux musées de province. On peut imaginer que Amelin a vu son travail, notamment ses paysages de Carnon et de Montpellier
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Aligny-Sisteron
Aligny-Val de Comeyra
Aligny-Paysage d’Italie
Aligny- Vue dans la forêt de Fontainebleau
Amelin-bords du Lez et village de Montferrier (1828)Maison de campagne de M. Paul – Clapiers
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Chez Géricault (1791-1824)
,
Amelin aurait pu recourir à certains aspects révolutionnaires de son dessin, se servir de son approche de la réalité pour élaborer des propositions visuelles nouvelles. Prétextes à toutes sortes de variations autour du dessin, des artistes d'aujourd'hui qui ont enseigné à l’École des Beaux-Arts : comme Alberola, Bioulès, Buraglio, y ont trouvé des sources esthétiques très différentes.
Géricault- Scène de bataille
Amelin- Naviteau
Géricault-forêt avec personnages et une vache près de Barbizon (1813/14
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(1823)
Amelin- Clapiers (1836)
De même chez Delacroix (1798- 1863) Grand dessinateur, qui sait rendre l'essentiel d'un mouvement, d'une ambiance, d'une action, avec une grande sûreté. Cette « spontanéité » est le fruit d'un travail minutieux. Bien que Delacroix ne se soit intéressé au paysage en tant que tel, que lors de rares voyages, nous retrouvons chez lui des bases communes avec Amelin. Celui-ci, tout comme Delacroix, au-delà de ses dessins et aquarelles, notait tous éléments de la société, de la géologie, de la flore et de la faune des lieux qu’il dessinait. Il retranscrit la vie quotidienne avec un vrai regard d’ethnographe, comme Delacroix le fit, pratiquement à la même période, comme l’atteste « l’Album d’Afrique du Nord et d’Espagne »(1832) considéré comme le premier carnet de voyage de peintre. Delacroix, figure de proue des romantiques, épuisa dans ses dessins, toute la gamme des genres, notamment de l’aquarelle. Il transposait rapidement les idées du moment, des remarques éphémères, des commentaires de la vie quotidienne, et s'instruisait en élaborant son dessin. Le nombre, la diversité et la grande valeur de ses oeuvres sur papier font de Delacroix l'un des plus grands dessinateurs de tous les temps .
Delacroix – Alger Porte de Bab el Oued-Jin 1832
Rade de Toulon –Juillet 1832
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Delacroix-Vue deTanger 1er mars1832 Carnet
Delacroix utilise l’aquarelle avec quelques annotations seulement.
Delacroix-Carnet de Tanger fĂŠvrier 1832
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Delacroix-intérieur juif famille Bouzaglo. Carnet avril 1832
Amelin- intérieur 1824
Sans le voyage en Afrique du Nord, accompli en 1832, l’œuvre de Delacroix serait sans doute restée d’inspiration littéraire pour l’essentiel. En découvrant, au Maroc la lumière, les paysages, les personnages et les couleurs, Delacroix enrichit son œuvre d’une réalité passionnément observée. Cette réalité exaltante pour lui, il la traduit en toute hâte avec humilité et objectivité, empruntes de virtuosité. Delacroix à 34 ans et ses feuilles éparses et carnets sont d’une vivacité sans égale. Cette « vision d’un ailleurs » nourrira ses grands tableaux historiques postérieurs.
Delacroix –vue de Tanger Janvier 1832
Lors de ses voyages (qu’il entreprend souvent à contre cœur) en Angleterre en 1825, en Afrique du nord en 1832, de ses séjours en Belgique et Hollande en 1839 et 1850 et de ses escapades à Nohant, chez George Sand, en Normandie ou dans la forêt de Sénart il a observé la nature. « La beauté des sites me console un peu de l’ennui des figures » écrit –il. En 1845, lors de son voyage aux Pyrénées, à l’occasion d’une cure à Eaux-Bonnes. Il découvre la montagne où « la nature est très belle ; on est jusqu’au cou dans les montagnes et les effets en sont magnifiques ». 15
Il ramènera quelques toiles et de nombreuses aquarelles et dessins où la nature est le sujet premier. C’est lors de son séjour en Béarn qu’il va se concentrer sur cette montagne. Il note dans son journal : « cette nature que je vois rarement me parle alors et me renouvelle. »
Delacroix-etude d’arbre dans un paysage pentu-1845 Paysage de montagne
Delacroix –panorama de montagnes sous l’orage A droite le Pic de Gers-1845
Amelin –Montferrier 1821
Grand dessinateur, qui sait rendre l'essentiel d'un mouvement, d'une ambiance, d'une action, avec une grande sûreté. Cette « spontanéité » est le fruit d'un travail minutieux. Bien que Delacroix ne se soit intéressé au paysage en tant que tel, que lors de rares voyages, nous retrouvons chez lui des bases communes avec Amelin. Celui-ci, tout comme Delacroix, au-delà de ses dessins et aquarelles, notait tous éléments de la société, de la géologie, de la flore et de la faune des lieux qu’il dessinait. Il retranscrit la vie quotidienne avec un vrai regard d’ethnographe, tout comme Delacroix, pratiquement à la même période, comme l’atteste son Album d’Afrique du Nord et d’Espagne (1832) considéré comme le premier carnet de voyage de peintre.
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François- Marius Granet (1775-1849)
Né à Aix-en-Provence où il est mort le 21 novembre 1849, peintre et dessinateur français de style néoclassique, il apprend le dessin en recopiant les gravures de la collection de son père. Il suit les cours de dessin à l’Académie d’Aix-en-Provence et à l'atelier de Jean-Antoine Constantin qui en est le directeur entre 1786 et 1790. En 1790, un an après la Révolution, l'école de dessin est contrainte de fermer ses portes. Les talents de Granet lui permirent de se faire connaître de son vivant et d'être nommé conservateur de musée, et membre de l'Académie des beaux-arts. Granet est l’un des plus grands aquarellistes du XIXème siècle qui a su rendre la lumière et les couleurs du pays aixois, constituant un véritable « répertoire pictural » de la Provence. Son mode d’expression préféré (il a très peu peint de toiles à l’huile de paysages ) et sa démarche le rapprochent de l’œuvre d’Amelin.
Granet – Pièce d’eau des Suisses Versailles(1842)
Amelin –Village deTeyran ( 1835)
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Granet-cellule de couvent-Paris(1796-1802)
Amelin – Boutique du fabricant de foudres ( 1826)
Granet- La Montagne Ste Victoire –Aix en Provence
Granet – La Ste Victoire
Amelin –Pic de St Loup et ruine du château du val de Montferrand (1823)
Amelin-Pic St Loup et Château du Val de Montferrand (1823 )
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Les peintres montpelliérains du temps d’Amelin A l’époque d’Amelin plusieurs peintres, nés à Montpellier et ayant travaillé en Languedoc ont marqué leur époque . Ainsi Jérôme René Demoulin qui n’a pu connaître Amelin, François Xavier Fabre qui en outre a constitué une collection remarquable et créé le Musée éponyme, Antoine Laurent Castellan, Jean Joseph Bonaventure Laurens et John Claude Nattes qui a travaillé avec Amelin lors de son séjour à Montpellier . Jérôme-René Demoulin (1758-1799) Né à Montpellier. il suivit des études à la Société des Beaux-Arts qui fut créée à Montpellier sous les auspices d'Abraham Fontanel. Comme certains de ses condisciples, il bénéficia de protections qui lui permirent d'accomplir un voyage en Italie. À son retour, il s'engagea dans le mouvement révolutionnaire et conçut l'une des toutes premières Colonnes de la Liberté érigées en France. Paysagiste néo-classique, mais surtout dessinateur fortement inspiré par l'architecture antique, il enseigna à l’École des Arts, Ponts et Chaussées de Montpellier, tout comme Jacques Moulinier (1757 - 1828), également francmaçon, et se situa au meilleur niveau de la vie artistique montpelliéraine durant cette période. Il mourut prématurément en Sicile (Augusta), en 1799. Un important travail d'archives et d'identification de dessins, effectué en 1985 par Dominique Laredo, a permis d'attribuer à Jérôme-René Demoulin plusieurs dizaines de dessins anonymes conservés au Musée Fabre de Montpellier et de retracer sa carrière d'une manière très détaillée. Jérôme-René Demoulin s'inscrit dans la mouvance artistique de François-Xavier Fabre, mais sans avoir eu véritablement le temps et l'opportunité de développer un talent qui s'exprime sans doute plus librement dans le dessin que dans la peinture.
Demoulin-Vue intérieure d’un amphithéâtre
Demoulin- Rochers de Substention
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Demoulin -Moulin de Naviteau.Musée Fabre
Amelin à Naviteau (1823)
Demoulin Le Lez à Castelnau.Musée Fabre
Amelin-pont et village de Castelnau (1822)
Demoulin – Moulin de Naviteau. Musée Fabre
Amelin-Moulin de Naviteau (1823)
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Antoine Laurent Castellan (1772-1838) Peintre, architecte et graveur né à Montpellier qu’ il quitte rapidement pour s'installer à Paris, il est l'élève de Pierre Henri de Valenciennes. Celui-ci encourageait ses élèves, comme il le faisait lui- même, à aller peindre sur le motif. Il prônait l'étude en plein air et ses esquisses témoignaient d'une nouvelle sensibilité face à la nature. L'étude en plein air devait cependant rester une esquisse, préalable à la composition en atelier. Le paysage était encore, au début du XIXème siècle, considéré comme un genre mineur, ce n'est qu'en 1816 (en partie grâce aux efforts de Valenciennes) que l'Académie crée le premier prix de paysage-historique. Après avoir étudié la peinture de paysage, il visite la Turquie, la Grèce, l'Italie et la Suisse. On lui doit l'utilisation de l'aquarelle dans la peinture de paysage sans référence à un événement historique. Dans ses aquarelles, Castellan se libère des carcans académiques pour expérimenter de nouvelles techniques sur la matière et sur le sujet. Les avantages de la pratique de l'aquarelle sont la transparence et la rapidité d'exécution, c'est pourquoi on dit souvent qu'elle est le médium des « peintres en voyage ». Les premiers à utiliser l'aquarelle sont les peintres anglais.( Turner, Constable et Bonington) Constable expose en 1824 au Salon Parisien et Bonington peignait souvent sur les côtes normandes. De véritables relations professionnelles et d'amitié se lièrent entre les peintres, les anglais étant ravis d'enseigner leur nouvelle technique aux français. Cependant il semble que Castellan eu recourt à l'aquarelle avant même ses contacts avec l'Angleterre. Antoine Laurent Castellan préfigure, la mode orientaliste des années 1850, en entreprenant un voyage en Orient. Le peintre n'exclue pas la représentation humaine, mais celle-ci n'est plus qu'une petite silhouette au milieu de l'immensité du paysage. Manière que l’on retrouve constamment chez Amelin. Façon d’attester la suprématie du paysage et de la nature face à la précarité humaine. Il est d'ailleurs possible que Castellan ait rencontré Corot, Caruelle d'Aligny ou Michallon, les fondateurs de l’École de Barbizon, lors de ses ballades à Fontainebleau.
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Castellan -Paysage vallonné
Castellan-paysage d’Italie
Castellan –Vue de la forêt de Fontainebleau
Amelin- bords du Lez près la chaussée des Guilhems(1822) AAA
Am
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Francois Xavier Fabre (1766- 1837) Né à Montpellier en France, c’était un peintre d'histoire, paysagiste et graveur classique. Prix de Rome en 1787, il devient un « peintre florentin » et se rendit à Rome, puis à Florence. Il se lia d'amitié avec Alfieri et la comtesse d'Albany. En 1824, à la mort de la comtesse, il s'installe à Montpellier et offre à sa ville ses collections de peintures et de livres à la condition qu'elles soient le point de départ d'un musée. De longs travaux permettront l'installation du musée qui ouvre ses portes en 1828. Fabre en est le directeur, ainsi que celui de l'école des Beaux-Arts de la ville. Les changements en art (le romantisme) et en politique (la révolution de 1830) le déçoivent. À sa mort en 1837, il lègue à la ville l'ensemble de ses collections. Plus d'un millier de tableaux, dessins, gravures, objets d'art viendront ainsi enrichir le musée de Montpellier.
Fabre-Vue d’un village au bord d’une rivière
Fabre-Porta San Frediano .Firenze
Fabre-Etude d’arbres « alle Cascine dei Firenze »
Fabre-Paysage fluvial
Parmi les néo-classiques, Fabre participa à l'essor du tableau de paysage au début du XIXe siècle. Sa facture est, là encore, tout à fait minutieuse, curieusement à la fois résolument antiquisante et réaliste. Collectionneur puis donateur, précurseur de plusieurs grands mécènes, Antoine Valedau, Alfred Bruyas l'ami de Courbet et de Bazille. Bien qu'il fasse l'orgueil de 23
Montpellier, on connaissait mal cet artiste dont une centaine de tableaux et autant de dessins sont actuellement réunis, grâce à Michel Hilaire.
Amelin-bords du Lez à Castelnau (182 )
Avec Jean Joseph Bonaventure Laurens, on est surpris de constater que contemporain d’Amelin, vivant à Montpellier, les deux artistes qui ont de nombreuses passions communes ne se font pas références mutuelles l’un envers l’autre. Jean-Joseph-Bonaventure Laurens (1801-1890) Né à Carpentras en 1801., il quitte sa ville natale en 1829, pour s'établir définitivement à Montpellier. Où l'artiste s'éteignit à près de 90 ans. Il avait en commun avec Amelin une curiosité scientifique, et le goût de l’écriture. Il produit un ouvrage théorique : Essai sur la théorie du beau pittoresque et les applications de cette théorie aux arts du dessin, où il montre son attachement au classicisme. Il a parcouru les mêmes sites qu’ Amelin autour de Montpellier peut on imaginer qu’ils se sont croisés sur le motif ? Peintre, dessinateur et aquarelliste de talent, il est reconnu et participe en tant que lithographe à plusieurs publications, notamment, dès 1835, aux Voyages pittoresques et romantiques de l'ancienne France du Baron Taylor et de Charles Nodier. Cet ouvrage ne répond- il pas à celui d’Amelin et son Guide du voyageur dans le département de l’Hérault ? Laurens illustre notamment Monuments du Bas-Languedoc. J.J.B. Laurens a côtoyé de nombreux artistes peintres et sculpteurs (Ingres, Pradier, Corot, Cabanel et a participé au 24
mouvement provençaliste incarné par Frédéric Mistral . Son style plus classique, annonciateur du romantisme, rejoint dans quelques dessins ou aquarelles et lithographies celui d’Amelin.
Laurens- jardin
Amelin – Moulin des Guilhems (1819)
Laurens –Lithographie de St Guilhem
Amelin-St Guilhem le désert (182 )
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Laurens- mas Miecamp
Amelin-Montpellier près la croix au capitaine vue sud-ouest (1821)
Laurens- la tour des pins
Amelin- la tour des pins (1822)
Il est un autre artiste proche d’Amelin avec lequel ce dernier a peint , comme il l’a attesté sur ses dessins en mentionnant « en la compagnie de J.C. Nattes » John Claude Nattes (1765-1839) Aquarelliste et dessinateur d'origine française (ou anglaise ?).Il est membre fondateur de la Société royale des aquarellistes, fondée en 1804. Jean-Claude Nattes était l'un des aquarellistes des plus reconnu de son temps en Angleterre. Il expose à la Royal Academy entre 1782 et 1814, et à la Société Royale d'aquarellistes. En 1806, Nattes publie un album de techniques d’ aquateintes. Au retour d’un voyage en Italie, il fait halte dans le Languedoc. Il y dessine et peint en compagnie de Jean Marie Amelin, à Montpellier et dans ses 26
environs. Il ne nous a pas été possible, à ce jour de retrouver trace de ses dessins et aquarelles réalisés sur le motif avec Amelin. Seules quelques lithographies attestent de cette connivence, (p.ex. la représentation de l’aqueduc du Peyrou.
Nattes- Cabane dans un jardin
Nattes –l’Aqueduc
Amelin– Arbre de judée au jardin des plantes (1821)
(1822)
Amelin-Aqueduc du Peyrou( 1822)
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Enfin Jean Marie Amelin vint !
Jean Marie Amelin, (1785- 1858)
En tant que professeur de Dessin de L’école régimentaire du génie de Montpellier après avoir exercé cette fonction en Italie à Alexandria puis à Grenoble, « maîtrisait les six techniques des académies, du paysage, du lavis, de la perspective, et des ombres linéaires ainsi que la représentation du corps… » (cf. Alain Lavigne « Regard sur l’Hérault d’un professeur de dessin à l’Ecole Royale de Génie» – Maîtrise d’Histoire de l’Art Sept.2000) et connaissait les dessins des maîtres de son temps. Curieux de son époque et de la région de Montpellier , à la fois artiste et scientifique, son dessin était fidèle à la réalité visible, ce qui n’empêchait pas qu’il laisse parfois sa sensibilité prendre le pas sur tel ou tel élément du paysage dans le soucis d’équilibrer sa composition. Ses recherches permettent de le considérer comme l’un des pionniers de la représentation graphique du paysage au plus près de la réalité.
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Amelin- Montferrier
Amelin –Pic St Loup (1823)
Amelin-le moulin des trépassés -Montferrier
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Ses successeurs Parmi les grands maîtres de la seconde partie du XIXème Siècle, Corot, Millet, Seurat, Cézanne ou Louis Lamothe n’avaient, sans doute pas connu les dessins et aquarelles d’Amelin, ni son souci de réunir notes d’observations scientifiques et créations artistiques. Pourtant Seurat, avait cette même passion des sciences, notamment de l’optique qu’il mit en œuvre dans ses dessins et peintures. On est toutefois frappé de trouver des convergences entre les œuvres graphiques de ces artistes. Que dire là encore dans cette seconde partie du XIXème Siècle des influences croisées avec les peintres de Montpellier, tels Jean Pierre Montseret, Charles Eymar et Alexandre Eugène Castelnau. Jean-Baptiste Camille Corot (1796-1875) En matière de représentation du paysage, singulièrement des arbres c’est celui qui sut nous rendre perceptible, les lignes de force d’un tronc, la légèreté d’un feuillage bercé par le souffle léger du vent, la fureur de la tempête qui menace de déraciner l’arbre… Corot, considérait le dessin comme l’essence même de l’art. Il n’a cessé de dessiner toute sa vie. Corot travaille sans relâche sur le motif. Affûtant ses crayons, il n’hésite pas à repasser plusieurs fois sur un tracé, au risque de trouer le papier. Dans ses études d’arbres, les lignes effilées tracées à la plume incisive rendent de manière précise l’enchevêtrement des branches. En 1825, alors qu’il était en Italie, Corot écrivait : « Je vois combien il faut être sévère d’après nature et ne pas se contenter d’un croquis fait à la hâte. Combien de fois j’ai regretté, en regardant mes dessins, de n’avoir pas eu le courage d’y passer une demi- heure de plus ! Il ne faut pas laisser d’indécision dans aucune chose. » Lorsque l’on sait combien de fois JM.Amelin a retouché ses dessins parfois 15 ou 20- 25 ans après, on peut penser qu’il partageait ce même soucis. Corot, comme JM.Amelin « était un analyste rigoureux. Il décompose méthodiquement les moindres branches d’un arbre … à la façon d’un botaniste et étudie la structure d’un rocher ou d’une montagne avec la minutie d’un minéralogiste ou d’un cartographe. » (Maurice Serullaz- Corot dessinateur. in Hommage à Corot – 1975) Corot voyage beaucoup à travers l’Europe, faisant des croquis pris sur le vif. A partir des années 1860 ; il réalise des paysages au fusain noir réhaussé de craie blanche, avec personnages dans la lumière estompée du crépuscule, conférant à son œuvre une atmosphère mystérieuse. Il crée un univers onirique où le réel reste néanmoins présent. Il ouvre ainsi une voie singulière entre classicisme et romantisme. Cette voie avait été explorée quelques années auparavant par Amelin que l’Histoire de l’Art n’a cependant pas rapportée.
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Corot- Paysage charrette et cavalier
Amelin –Montouberou (1822)
Corot – paysage d’Italie
Amelin- Castelnau (182 )
Corot- carnets
Amelin-Clapiers (1822)
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Jean-François Millet ( 1814 -1875) Artiste-peintre réaliste, pastelliste, graveur et dessinateur est l’un des fondateurs de l’école de Barbizon. Il est particulièrement célèbre pour ses scènes champêtres et de la paysannerie réalistes. Il fut influencé par Courbet. Il travaille dans la ferme familiale jusqu'à l'âge de 20 ans, puis, doué en dessin, il est envoyé à Cherbourg par son père. Peu à peu, il délaisse les seules scènes de travail paysan pour s'intéresser davantage aux ambiances, aux paysages. Millet revient avec sa famille à Cherbourg, en 1870 durant un an et demi, avant de revenir à Barbizon. À cette époque, il travaille davantage les jeux de lumière, la pénombre et le clair-obscur, signant un travail annonciateur de l'impressionnisme
JF Millet -
Amelin -Abbaye de Valmagne( 1822)
JF Millet-Berger ramenant son troupeau –( 1864)
Amelin- La Paillade (1832)
D’après Beaudelaire ( in Œuvres Complètes : curiosités esthétiques V.2) « au lieu d'extraire simplement la poésie naturelle de son sujet, M. Millet veut à tout prix y ajouter quelque chose…(ainsi) M. Millet gâte toutes les belles qualités qui attirent tout d'abord le regard vers lui.» 32
Millet estompe les lointains pour produire une atmosphère dorée et poudreuse, accentuant l'impression bucolique de l'arrière-plan. Sans user d'anecdotes pittoresques, par des procédés plastiques simples et sobres, Millet confère à ces glaneuses, pauvres sans doute, mais pas moins dignes, une valeur d'emblème, dénuée de tout misérabilisme. Vincent Van Gogh écrit à son frère en 1884, «Pour moi ce n'est pas Manet, c'est Millet le peintre essentiellement moderne qui a ouvert des horizons à bien d'autres».
Étienne Pierre Théodore Rousseau ( 1821-1867)
Dit Théodore Rousseau, paysagiste, co-fondateur de l'école de Barbizon. Il se revéla comme un observateur attentif de la nature à toutes les époques. En 1836, il s'installe à la lisière de la forêt de Fontainebleau. Rejoint par JeanBaptiste Camille Corot, Jean-François Millet, Honoré Daumier, Jules Dupré, Charles Le Roux, ils y fondent l'école de Barbizon. Théodore Rousseau est un artiste à la fois admiré et méprisé en son temps. Son art est complexe. Il possède à la fois un caractère réaliste par sa volonté de peindre la nature telle qu'elle est, et romantique parce qu'il tend à faire corps avec la nature. Le but de Rousseau est de « fouiller le visible ». Pour ce faire il s'enfonce dans les profondeurs de la nature, choisit un motif et l'observe durant de longues heures de manière à l'imprimer durablement dans sa mémoire. Puis il exécute des esquisses et réalise l'œuvre définitive, de mémoire, en atelier. Dans son œuvre, l'arbre y occupe une large place. La représentation de la lumière fut son ambition.
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Th. Rousseau- études d’arbres
Amelin- Moulin des Guilhems
Amelin – a Naviteau
Perpétuel insatisfait, il retouche ses œuvres au risque de les détériorer. Sur ce point on retrouve un souci commun avec Amelin. De même pour La place de l'homme dans leur œuvre, s'il n'est pas totalement absent de leurs dessins et peintures, il y occupe une place infime, Théodore Rousseau veut souligner la « pathétique impuissance de l'homme face à l'immensité de la nature qui l'entoure ». Son œuvre est caractéristique d'un courant réaliste qui sera la marque principale de l'école de Barbizon.
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Seurat (1859-1891)
dépasse avec détermination l’immédiateté de la peinture romantique et impressionniste pour élaborer une méthode picturale fondée sur des lois scientifique précises et révolutionner le concept même de l’art figuratif. Sa méthode a été appelée, « le divisionnisme chromatique ». Son problème étant de trouver un lien entre l’art et la science, ce qui le rapproche de l’esprit de Jean Marie Amelin. Sa théorie se fonde sur l’effet optique du « pointillisme ». Georges Seurat s'est notamment inspiré des recherches du chimiste français E. Chevreul. Il
Seurat-La femme au pannier (1881)
Seurat- l’arbre (1881)
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Seurat- La route de la gare (1881)
Amelin-Grotte des demoiselles (1822)
Edgar Degas, (1834 -1917) Connu comme peintre et sculpteur l’est moins graveur, et… photographe.
comme dessinateur,
La plupart des ouvrages consacrés à Edgar Degas, lorsqu’ils désirent le classer dans l’histoire de l’art, le rattachent au grand mouvement de l’impressionnisme. Même s’il est un des principaux animateurs des expositions impressionnistes, il ne trouve sa place dans le mouvement qu’au nom de la liberté de peindre prônée par le groupe. Au plein air il préfère, « ce que l’on ne voit plus que dans sa mémoire ». Plusieurs de ses images ont semé la controverse entre les historiens de l’art. Il s'intéresse aux grands maîtres de la première moitié du siècle. Ses collections étaient si importantes pour que Degas annonce ironiquement sa nouvelle adresse ainsi : l' « Hôtel Ingres change de place et est transféré 23, rue Ballu ». Pendant les années 1890, Degas poursuit ses achats d'artistes modernes. Sa collection était centrée sur Ingres et Delacroix. L’influence d’Ingres fut certainement prépondérante dans sa jeunesse. Même à la fin de sa carrière, Degas n’abandonna pas l’approche académique qui consiste à mettre en place une composition à l’aide de dessins préparatoires, et notamment d’études d’après modèle vivant. Degas admire les œuvres qu’Eugène Delacroix présente au Salon de 1859 et étudie sa peinture. Désormais, Degas s’attache à réconcilier couleur et dessin, mouvement et structure, en réalisant la synthèse des diverses influences qu’il continue à recueillir. Des critiques ont pu convenir qu’avec son oeuvre : « Il a jeté un pont entre deux époques ; il relie le passé au plus immédiat présent. »
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Degas- étude d’arbre
Amelin- Château de Baillarguet (1833)
Degas- études de paysages
Amelin- Clapiers (1822)
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Les montpelliérains Jean Pierre Montseret ( ou Montceret) (1813-1888) Né à Luc en Orbieu en 1813, décédé à Montpellier en 1888, peintre influencé par Ingres. En 1844 il voyage en Italie, à son retour il s’installe à Montpellier et devient un des peintres préférés de « la bonne société ». Que ces soit en Italie ou en France , notamment en midi Pyrénées, Montseret peint de nombreux paysages. A partir de 1845, il participe aux expositions des Amis des Arts de Montpellier, où s’étaient illustrés Delacroix, Corot, Courbet. En Avril et mai 1854, le Musée Fabre, présente, dans ses galeries d’exposition, des portraits de lui. En 1868, il reçoit la médaille d’or pour le portrait du Préfet Garnier, à l’exposition annuelle de la Société artistique de l’Hérault. Le Musée Fabre conserve des portraits et un pastel intitulé « soir d’automne à Lavalette »
J.P.Montseret – Arbres( Montpellier 1888) pierre noire avec rehauts de craie blanche (270 /427)
J.P.Montseret – Route de Montferrier Pierre noire avec rehauts de craie blanche –Musée Fabre
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La société des Amis des arts, présidée par le Banquier Ulysse Cros, à l’instar de nombreuses villes de France (comme Strasbourg, Nantes, Lyon et Marseille) attirait à Montpellier un public nombreux et averti. Des artistes célèbres y exposaient régulièrement : Delacroix, Corot, Cabanel, Ernst, Michel , Gustave Doré et Gustave Courbet dont le mécène Alfred Bruyas fut l’un des principaux actionnaires. (Dessin et biographie généreusement communiqués par Laura Pêcheur. Paris.)
Alexandre Eugène Castelnau (1827-1894) Eugène Castelnau est issu d'une des plus grandes familles protestantes de Montpellier établis à Montpellier au XVIe siècle propriétaires à Mudaison. Eugène présente très tôt des dispositions pour le dessin. Dès l'âge de 11 ans, il suit des cours à l'école des Beaux - Arts de Montpellier. A 23 ans, il choisit d'étudier à Paris dans deux ateliers suisses: celui d'Alexandre Calame et celui de Charles Gleyre. Eugène conseillera plus tard à son cousin Frédéric Bazille d'entrer dans son atelier.
En 1853, Eugène Castelnau se rend en Italie. Il va sillonner pendant quatre mois la campagne de Rome et la baie de Naples. Il visite la galerie Borghèse, le palais Doria, les églises, et tout ce qui contient tableaux, fresques, mosaïques, sculptures. La campagne romaine le séduit, Castelnau en rapportera de très beaux dessins. À partir des années 1870, Castelnau va jouer un rôle important dans la vie politique et artistique de Montpellier. En 1873, il est appelé à la présidence de la Société Artistique de l'Hérault. Le but de ces sociétés artistiques, réparties dans les provinces de France, est de permettre le développement des beaux-arts, et d'assurer des expositions et des achats. Eugène Castelnau acquiert à Montpellier une certaine notoriété qu'il n'a jamais recherchée, préférant, consacrer son temps à sa vocation, la peinture.
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Castelnau - Paysage du sud de la France en été. Musée Fabre
Castelnau. Musée Fabre
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A l’aube du XXème siècle-naissance de l’Art moderne
Cézanne (1839- 1906) A produit nombre de dessins ainsi que des gravures, et aquarelles. Si certains dessins se limitent à un travail sur le contraste entre lumière et noir, il travaille alors avec des traits gras, foncés. Ces œuvres de composition simple, chargées d’émotion montrent une puissance silencieuse. D’autres dessins livrent une impressionnante maîtrise dans la représentation de détails et dans la mise en scène.
Cézanne – la montagne Ste Victoire vue des Lauves(1902/06)
Amelin – Valmahargue(1827)
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Amelin – Mme Amelin( 182 ) Cézanne-portarit de Mme Cézanne (1882/86)
Cézanne – le four à plâtre ‘(1890/94)
Amelin -Prades (1827)
A Montpellier Charles Eymar (1882-1944) Né à Montpellier poète, musicien, mais surtout aquarelliste (lorsque son bras blessé lui interdit le piano). Styliste curieux, proche de Toulouse-Lautrec et de Dufy. Ami de Carco, de Valéry Larbaud, de Joseph Conrad...Il était, dans la vie, greffier au Palais de Justice. Ses dessins et aquarelles d’un style synthétique ou seules « les lignes qui comptent » dans le paysage sont retenues et renforcées par des aplats d’ombres et de lumières débouche sur une esthétique qui conduira , y compris les paysagistes, à une vision plus conceptuelle de notre environnement tout au long du XXème siècle. 42
Jardin des plantes de Montpellier-Musée Fabre
Le chemin de Méric- Musée Fabre
Entrée du château de Flaugergues Vue du Parc- Musée Fabre
Comme ce survol des maîtres du XIX ème siècle nous l’indique on peut dire que Jean Marie Amelin se situe à la charnière de deux époques de la représentation du Paysage par le dessin et l’aquarelle. Son travail se situe entre académisme, romantisme, impressionnisme et premiers pas de l’art moderne. L’art et les artistes témoignent de leur époque. Avec le XIX ème S., siècle des révolutions qui ont agité l’Europe, l’art ne pouvait manquer de réagir à ce raz de marée emportant structures et références anciennes en brisant les usages et les traditions du passé. Après avoir rejeté le classicisme ; Il s’agissait de concevoir un art sans sujet narratif en repoussant peu à peu la plastique formelle et l’imitation de la nature. Ces rejets successifs 43
exploraient une culture nouvelle non plus fondée sur les legs séculaires mais sur la science analytique, expérimentale et rationnelle. Dans le même temps l’homme du XIX ème S. confronté à un monde industriel et urbanisé hostile éprouve le besoin d’évasion. L’art a traduit cette protestation. Le romantisme à fait flamber l’imagination, l’épanouissement de l’individu et sa personnalité affective. L’impressionnisme, s’emparant intuitivement des enseignements de la physique et de l’optique traduisit en fait un attachement passionné à la vitalité radieuse de la nature.
Cézanne- paysage de l’Estaque (18770/72)
Cézanne- la mer à l’Estaque (1881/84)
Ce qui disparait au tournant de ce siècle, c’est l’accord de l’Homme avec la Nature, dont le paysage dessiné ou peint en est l’expression.
Duffy –Arbres(1908 )
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Braque- Paysage(1908 )
Conclusions
Jean Marie Amelin a incontestablement participé à cet élan de liberté par ses dessins et aquarelles mais également par ses écrits, notes, et analyses critiques. Celles-ci lui valurent d’ailleurs quelques soucis avec ses concitoyens languedociens dont la description des modes de vies qu’il avait transcrite ne leur semblait pas flatteuse. Amelin, a partagé la préoccupation qui s’est développée dès le début du XIXème s. entre les géomètres de Cassini, le botaniste suisse Pyrame de Candole, le languedocien Charles de Tourtoulon ou le Poète occitan Octavien Bringuier.MM Dufrénoy et Elie de Beaumont, s’intéressant aux minéraux. Ces érudits ont exploré des milliers de kilomètres entre les territoires d’Oc et d’Oil afin de dessiner les limites de ces domaines. En 1818 les géomètres de l’armée commencèrent à travailler sur la nouvelle carte de France (dite carte d’étatmajor) cette entreprise mobilisa 75 officiers et une armée de dessinateurs et graveurs. La première feuille (celle de Paris) fut publiée en 1821 et la dernière, (celle de Corté) en 1880. Amelin manifestait son intérêt pour les sciences naturelles, l’ethnographie, l’économie et la société du XIXème Siècle de Montpellier et du département de l’Hérault. Il lègue ainsi, aux générations qui lui ont succédées, au-delà du simple témoignage, un patrimoine exceptionnel qui illustre abondement et de façon systématique et de grande précision, les paysages, monuments et cités de l’Hérault du XIXème siècle. A ce titre Jean Marie Amelin est bien un peintre témoin de son temps.
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Dessinateurs du temps de Jean Marie Amelin Ses prédécesseurs : Pierre – Henri de Valenciennes (1750-1819) Jean Pillement (1728-1808) Louis David (1748- 1825) Nicolas Didier Boguet (1755- 1839) Ses contemporains : François Edouard Bertin (1797- 1871) Claude Félix Théodore Caruelle d’Aligny (1798- 1871) Théodore Géricault ( 1791- 1824) Eugène Delacroix ( 1798- 1863) François Marius Granet (1775- 1849) Les peintres montpelliérains du temps de J M Amelin Jérôme René Demoulin (1758- 1799) Antoine Laurent Castellan ( 1772- 1838) François Xavier Fabre (1766- 1837) Jean Joseph Bonaventure Laurens (1801- 1890) John Claude Nattes (1765- 1839) Jean Marie Amelin ( 1785- 1858) Ses Successeurs Jean Baptiste Camille Corot ( 1796- 1875) Jean François Millet (1814- 1875) Etienne Pierre Théodore Rousseau ( 1821-1867) Georges Seurat (1859-1891) Edgar Degas ( 1834- 1917) A Montpellier Jean Pierre Monseret ( 1813- 1888) Alexandre Eugène Castelnau (1827- 1894) Fin XIXème début XXème s. Paul Cézanne ( 1839- 1906) A Montpellier Charles Eymar ( 1882- 1944) 46
Sources documentaires Sites internet Yoolib.com/bmmontpellier /collection / Bibliothèque numérique de la médiathèque de Montpellier Jean Marie Amelin
museefabre.montpellier-agglo.com étudier- recherche d’œuvres culture.gouv.fr / public/mistral/joconde portail des collections des musées de France
louvre.fr œuvres et palais/ arts et éducation musee-orsay.fr collections/arts graphiques art/actu.com artliste.com gallerieterrades.com arcadja.com artvalue.com atelier-bonno.fr museegranet-aixenprovence.fr carpentras.fr- musee de Carpentras – bibliothèque Inguimbertine gallica.bnf.fr divers auteurs, artistes insecula.com divers auteurs, artistes doudou.gheerbrant.com larousse.fr divers auteurs, artistes musee-orsay.fr divers auteurs, artistes guggenheim.org collections online. divers auteurs, artistes Ouvrages et articles Jean- Marie Amelin Guide du voyageur dans le Département de l’Hérault.Ed Gabon et Cie Libraires. Paris (1827) Alain Lavigne Regards sur l’Hérault d’un Professeur de dessin à l’Ecole Royale du Génie, Jean- Marie Amelin (1785- 1858) Maitrise d’HIstpoir de l’Art-Univ. Paul Valéry (2000) Claire Cipriani Etude approfondie d’un outil informatique de l’activité retouche, grande particularité de l’œuvre de Jean- Marie Amelin, artiste français du début du XIXème siècle. DEA d’Histoire de l’Art Moderne. Univ. Paul Valéry (1991) Liliane Franck Une rivière nommée Lez. Ed. Presses de la charité, Montpellier (1982) Jean– Claude Richard et John Aldred. John Claude Nattes (1765- 1839), aquarelliste « anglais » compagnon de Jean-Marie Amelin (1785- 1858), et Victor Ferdinand de Nattes (1795- 1881), directeur du musée Fabre de Montpellier (1837- 1881). Etudes héraultaises- 30-31-32, 1999-2000-2001
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Pierre de Boisdeffre et col. Cézanne. Hachette Col. Génies et réalités (1966) M.R. Bourges. Itinéraires de Cézanne . Ed. Ville d’Aix-en-Provence (1982) Pavel Machotka Directeur de la rédaction. P.Cézanne. Les sites provençaux Ed.Crès (2005) Yvonne Deslandre. Delacroix. Hachette. Col Les peintres par l’Image (1963) René Huygue et col. Delacroix. Hachette Col. Génies et réalités (1963) Uy Dumur. Delacroix et Le Maroc. Ed. Herscher (1988) Alexandre Hurel. Delacroix.Le voyage aux Pyrénées. Ed. Pimientos (2001) Sophie Monneret. L’Impressionnisme et son époque. Dictionnaire international illustré. En 4 volumes. Ed.Denoël Paris (1978) Dictionnaire universel de la peinture en 6 volumes Ed. Robert (1975) Georges Seurat. Dessins. Ed.Hermann, éditeurs des Sciences et des Arts (1984)
Catalogues d’expositions De la Nature, Paysages de Poussin à Courbet dans les collections du Musée Fabre Ed. Réunion des Musées nationaux (1996) Jean François Millet. Catalogue d’Exposition au Grand Palais. Secrétariat d’Etat à la culture ; Ed. Réunion des Musées nationaux (1975)
Hommage à Corot. Peintures et dessins des collections françaises. Catalogue d’exposition à l’Orangerie des Tuileries. Secrétariat d’Etat à la culture ; Ed. Réunion des Musées nationaux (1975) Corot 1796/1875 Catalogue de l’exposition au Grand Palais. Ed. Réunion des Musées nationaux (1996) Cézanne. Catalogue de l’exposition au Grand Palais Ed. Réunion des Musées nationaux (1995) Cézanne. Les dernières années (1895-1906) Catalogue de l’exposition au Grand Palais. Ed. Réunion des Musées nationaux (1978)
L’Estaque. Naissance du paysage moderne 1870/1910. Catalogue d’exposition au Musée Cantini. Ed. Réunion des Musées nationaux (1994) De Cézanne à Matisse. Chefs d’œuvre de la Fondation Barnes. Catalogue de l’exposition au Musée d’Orsay. Ed. Gallimard/Electa. Réunion des Musées nationaux (1993)
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