De la symbolique de l'Architecture judiciaire contemporaine

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UEL322B - Rapport d’études

De la symbolique de l’Architecture judiciaire contemporaine Tribunal de Grande Instance de Bordeaux Richard Rogers

COMMISSO Nicolas

Cour de Justice de l’Union Européenne Dominique Perrault

DP : Céline DROZD DM : Denis BOCQUET 23/05/2018


Dominique Perrault Paczowski & Fritsch M3 Architectes

Cour de Justice de l’Union Européenne Administration des Bâtiments Publics Extension, restructuration 45 bd Konrad Adenauer Luxembourg 2008

Richard Rogers

Tribunal de Grande Instance de Bordeaux Ministère de la Justice Construction neuve 30 rue des Frères Bonie Bordeaux 1998


Sommaire Remerciements

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Introduction

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Contexte historique

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Présentation et analyse typo-morphologique des édifices

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Le TGI de Bordeaux La CJUE

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Symbolique des édifices

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Structure Vues et transparences Disposition de la salle d’audience Lumière

21 22 23 24

Conclusion

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Annexes

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Sources

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La forme du tribunal Contexte du TGI de Bordeaux Contexte de la CJUE

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Remerciements

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Je tiens à remercier toutes celles et tous ceux qui m’ont aidé dans la conception et la rédaction du présent rapport, et en particulier : Mme Céline Drozd et M. Denis Bocquet pour l’aide et le temps qu’elle et il m’ont consacré Le personnel de la CJUE et tout particulièrement M. Juan-Carlos Gonzalez, de l’unité Presse et Information de la Direction de la Communication de la Cour, pour le temps qu’il m’a consacré et pour m’avoir permis d’accéder à l’ensemble des bâtiments lors d’une visite privée Le personnel du TGI de Bordeaux pour m’avoir permis de visiter l’ensemble du bâtiment Ainsi que mes relecteurs : Pierre Chanal Robin Dixon (L3 Sciences de la vie, Université de Bordeaux) Margot Gesiot (L2 Lettres Modernes, Université de Strasbourg) Xavier Lafontaine (Doctorant en Littérature grecque, Université de Strasbourg) Emma Laqueyrerie (L1 Droit, Université de Bordeaux) Baptiste Loock (PACES, Université de Lille)


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Introduction

Plus la Justice se libère du religieux et du transcendant, plus elle doit se montrer capable de sécréter une sacralité civile. C’est ce qu’elle demande aux Architectes. Antoine Garapon1 Comme tous les arts, l’Architecture et l’œuvre architecturale portent un message à destination de leur observateur. De même, l’Architecture a longtemps été un vecteur de messages religieux, divins. Une des missions de l’Église était de maintenir une certaine pression sur les citoyens et sur leur vie pour garantir une forme de paix sociale. Cette mission est aujourd’hui dévolue à la justice et aux magistrats. Mais aujourd’hui, alors que la religion a perdu de son influence, a minima dans les pays occidentaux, et que sa séparation de l’État a été actée dans de nombreux pays dont la France, comment la justice exerce cette pression ? Comment l’Architecture des lieux de justice se fait-elle vecteur du pouvoir même de la justice ? Les messages ‘divins’ de toute-puissance sur la vie des Hommes ont-ils évolué ? Ces messages sont-ils différents en fonction du contexte dans lequel ils sont transmis ? Enfin, la morphologie même de ces lieux a-t-elle évolué en même temps que la pratique de la Justice ? Afin de répondre à ces questions, nous allons tout d’abord contextualiser le sujet avec un court historique de la pratique de la justice et des lieux dans lesquels elle est rendue, du Moyen-Âge à nos jours. Nous allons ensuite nous pencher sur deux cas concrets, le Tribunal de Grande Instance (TGI) de Bordeaux et la Cour de Justice de l’Union Européenne (CJUE) de Luxembourg. Ces deux juridictions présentent la particularité d’avoir un fonctionnement radicalement différent. Tandis que la première s’affaire à juger les conflits du quotidien, la seconde est quasi exclusivement dédiée à la jurisprudence et aux affaires exceptionnelles. Nous allons donc analyser les édifices dans lesquels ces deux juridictions siègent, du point de vue de leur morphologie et de leur fonctionnement dans un premier temps, puis de la symbolique renvoyée par leur architecture. Il conviendra alors de les mettre en parallèle pour déterminer si la différence de fonctionnement de ces deux entités se reflète également dans leur architecture. Si une partie des réponses à ces questions peuvent être trouvées dans des livres ou des rapports, le reste se base notamment sur des observations personnelles, suite à des visites de ces édifices et à des entretiens avec des personnes y travaillant. Ces observations ont notamment été à la base de l’analyse symbolique des édifices étudiés, le présent rapport d’études abordant, certes des questions de lumière, d’architecture et de symbolique, mais aussi et surtout des questions de ressenti de l’usager face à la justice et à ses lieux. 1 · Garapon (Antoine), « Rituel et symbolisme judiciaires », in Architecture Intérieure CREE, n°265, 1995, p.59


Contexte historique

Duret (Francisque-Joseph), AllĂŠgorie de La Justice Consulaire (1851), place de la Bourse, Paris


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La forme du Tribunal Avant d’aborder le contexte qui a abouti aux deux édifices que nous allons traiter dans ce rapport, il convient de faire un retour en arrière sur la forme historique du Tribunal et son histoire. En effet, suivre l’évolution de certaines pratiques, certaines formes et certains termes permet de mieux comprendre le Tribunal « traditionnel » et son fonctionnement. Tout d’abord, il faut savoir que la Justice n’a pas toujours eu de lieu, d’édifice construit, pour être rendue. Ainsi, jusqu’au Moyen-Âge, elle est rendue en plein air, sous un arbre (en général un orme, un frêne, un tilleul ou un chêne), signe de stabilité et support universel de la vie. À ses pieds est disposée une enceinte semi-circulaire de branchages, nommée le parc, qui deviendra au fil du temps le parquet, la barre puis le barreau. On notera que ces trois derniers termes restent usités dans le vocable judiciaire à l’heure actuelle, bien qu’ils puissent avoir une signification différente. Puis, l’arbre sera remplacé par le Christ, représenté soit lors du Jugement Dernier, soit sur son Crucifix, disposé en arrière et au-dessus du Juge. La symbolique est ici double : Le Juge tient directement son pouvoir de Dieu et il est alors en capacité de transgresser l’Évangile qui devrait normalement l’en empêcher.2 Progressivement, la Justice médiévale prendra deux formes. La justice ecclésiastique, interne à l’Eglise, sera rendue près des Cathédrales ; la justice seigneuriale, arbitrant les conflits entre paysans et entre paysans et seigneurs, sera rendue dans des maisons de Justice. Ces maisons sont constituées en général de deux étages : le bas, peu éclairé, est dédié aux geôles (la prison n’était d’ailleurs à cette époque pas une peine mais une mesure préventive en attendant le jugement) et à des commerces. Le haut, aux façades plus largement percées et donc plus lumineux, surtout au niveau du barreau, est le lieu où se rend la Justice. À cette époque, la maison se fond dans le bâti environnant, par sa taille relativement modeste et sa forme, avec sa toiture à deux pans. Elle renvoie alors une symbolique de justice de proximité, la plupart des seigneurs ne pouvant s’occuper que d’affaires mineures (les affaires plus importantes étant réservées à certains seigneurs et, en dernier lieu, au Roi). Au XVIe siècle, le pouvoir royal reprend la main sur la Justice en limitant les prérogatives des seigneurs : la Justice se centralise. On abandonne alors la maison de justice, symbole de proximité, pour un Palais de Justice. Ce grand édifice carré suit une composition symétrique, rigoureuse et domine la ville de par son isolement. Il garde longtemps deux étages, suivant peu ou prou le même principe que la maison de Justice : en bas les geôles et l’intendance, en haut la justice. L’entrée se fait par une immense porte cadrée de colonnes et de motifs allégoriques, située en haut d’un escalier monumental. La symbolique ici renvoyée est multiple : l’escalier symbolise 2 · ‘‘Ne jugez point afin que vous ne soyez point jugés. Car on vous jugera du jugement dont vous jugez, et l’on vous mesurera avec la mesure dont vous mesurez.’’ - Matthieu 7, 1-2


Contexte historique

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La symbolique ici renvoyée est multiple : l’escalier symbolise la Justice qui s’élève entrer au tribunal devient un acte exceptionnel et symbolique ; le carré et la symétrie impliquent que la Justice montre à tous le même visage ; l’ordre corinthien, qui incarne selon Vitruve une forme de féminité, fait de chaque colonne une incarnation de la Justice ; la distance et la monumentalité, enfin, doivent inspirer la crainte pour prévenir les litiges, en plus de les résoudre. Ces traits ont été théorisés par les magistrats de l’époque et imposés aux architectes en charge de la conception des palais. À la Révolution est adopté un style néoclassique, inspiré du palais antique, qui se répandra au long du XIXe siècle. Néanmoins, il conserve les traits précédemment cités. Plus de la moitié des Palais de Justice actuels en France date de cette époque prolifique pour l’Architecture judiciaire. Le XXe siècle marque une pause dans la construction, jusqu’aux années 1960, avec la naissance du concept de Cité Judiciaire. Le principe ici est de regrouper tous les corps de métiers de la justice dans un ensemble administratif, le plus souvent avec une architecture de style international. La Justice perd alors en symbolique et devient une administration parmi d’autres. On retiendra donc que les changements dans l’Architecture judiciaire correspondent aux grands changements dans la procédure judiciaire et dans la manière de rendre la Justice.


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Contexte du TGI de Bordeaux En 1992 est créée la Direction Générale au Programme Pluriannuel d’Équipement (DGPPE) au sein du Ministère de la Justice, qui a pour mission de mener à bien les études et la maîtrise d’ouvrage des équipements judiciaires et des établissements pénitentiaires. Elle produira notamment différents documents-guides pour la conception des nouveaux palais de justice, dont le Guide Technique pour la Conception des Palais de Justice et un rapport sur la Conception Architecturale des Palais de Justice, aussi appelé « Rapport Sompairac ». La DGPPE sera en charge de la construction de nombreux lieux de justice jusqu’en 2001, parmi lesquels les Palais de Justice de Nantes, Grasse, Grenoble et donc, de Bordeaux. Cette nouvelle génération de palais de justice a pour but de trouver de nouvelles formes de lieux de justice, à travers leur relation avec la ville et le justiciable. C’est donc dans ce contexte que Richard Rogers est retenu pour construire le nouveau Tribunal de Grande Instance de Bordeaux (TGI), sur une parcelle de l’îlot judiciaire, déjà occupé par l’ancien palais (qui abrite aujourd’hui la Cour d’Appel) et l’Ecole Nationale de la Magistrature (ENM). Le TGI étant une forme de justice de « proximité », de la « vie quotidienne », Richard Rogers a voulu éviter ici la monumentalité caractéristique des Palais de Justice néoclassiques, pour en faire un lieu intégré à la ville. Une des premières versions du projet proposait par exemple, un accès via une promenade piétonne surélevée à travers la cité judiciaire, ce qui fut refusé car trop ‘anglais’, informel et nonchalant pour caractériser l’entrée d’un lieu de justice.

1 · Tribunal de Grande Instance · Richard Rogers · 1998 2 · Tour des Anglais · 1457 3 · Tour des Minimes · 1457 4 · Extension de l’Ecole Nationale de la Magistrature · Richard Rogers · 1998 5 · Ecole Nationale de la Magistrature · Guillaume Gillet · 1972 6 · Ancien Palais de Justice · Joseph Adolphe Thiac · 1846

◄Plan de l’Îlot judiciaire


Contexte historique

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1 · Ancien Palais · Jean-Paul Conzemius, Francis Jamagne, Michel van der Elste · 1973 2 · Erasmus · Paczowski et Fritsch · 1988 3 · Thomas More · Paczowksi et Fritsch · 1993 4 · C · Paczowski et Fritsch · 1994 5 · L’Anneau · Dominique Perrault, Paczowski et Fritsch, M3 · 2008 6 · La Galerie · Dominique Perrault, Paczowski et Fritsch, M3 · 2008 7 et 8 · Les Tours · Dominique Perrault, Paczowski et Fritsch, M3 · 2008 9 · Tour en construction · Dominique Perrault · 2020

▲Plan de la Cour de Justice de l’Union Européenne


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Contexte de la CJUE À l’opposée du TGI de Bordeaux, la Cour de Justice de l’Union Européenne (CJUE) est une juridiction exceptionnelle, et ce à plusieurs titres. En effet, elle est l’une des sept institutions de l’Union Européenne et est chargée d’appliquer le droit de l’Union dans l’ensemble des pays membres. Elle est divisée en deux entités : le Tribunal, chargé des personnes physiques et morales, et la Cour de Justice, chargée de veiller au respect du droit communautaire par les états membres et de régler les contentieux entre les institutions européennes. Ainsi, elle n’a pas un rôle de justice de proximité mais plutôt un rôle de jurisprudence et tranche des affaires « exceptionnelles » qui n’ont pas pu être tranchées par les tribunaux des pays membres (il est d’ailleurs impossible de saisir directement la CJUE en tant que personne physique ou morale : seul un juge peut le faire). Elle présente pour autre particularité la nécessité de traduire les arrêtés dans les 23 langues des états membres, et ce, dès leur publication. Ceci nécessite un nombre important de traducteurs (plus de 900), chose inhabituelle pour un Tribunal. Elle doit également être en capacité d’accueillir de grands procès très médiatisés. Ces particularités, de même que son fonctionnement en deux unités distinctes, ont une influence notable sur l’Architecture du complexe judiciaire qui accueille la CJUE. Celui-ci est situé sur le plateau de Kirchberg, à Luxembourg, à côté d’autres institutions européennes. Il a occupé auparavant trois bâtiments dans la ville, dont la Villa Vauban, avant de voir ses services regroupés dans un seul édifice, sur la Côte d’Eich, en 1959, soit 7 ans après sa création. Ce n’est qu’en 1972 que la Cour de Justice aura son siège au Kirchberg. Celle-ci connaîtra de nombreuses extensions au fur et à mesure de l’intégration de nouveaux pays membres à l’Union Européenne, en 1988, 1993, 1994, 2008 et enfin une dernière en cours de construction avec une fin prévue pour 2020.


PrĂŠsentation et analyse typo-morphologique des ĂŠdifices

Tribunal de Grande Instance de Bordeaux


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Le Tribunal de Grande Instance de Bordeaux Comme dit précédemment, le TGI s’insère dans un site nommé l’ilot judiciaire, également occupé par la Cour d’Appel et l’Ecole Nationale de la Magistrature. Ce site était autrefois occupé par le Château du Hâ dont subsistent deux tours qui ont notamment contraint la construction de l’ENM. Le TGI imaginé par Rogers présente pour première particularité son absence de monumentalité depuis l’extérieur. Le bâtiment est un objet architectural, certes, mais aucun symbolisme n’est présent pour signaler que l’Homme vient se soumettre à la Justice. Ceci constitue « une manière entièrement nouvelle de voir l’administration de la justice dans une démocratie moderne »3.

Le premier geste provocateur de Rogers est d’avoir désolidarisé structurellement le toit des espaces qu’il abrite et brisé ainsi l’image unitaire et compacte du palais de justice traditionnel dont toutes les parties sont solidement contenues dans un système clos et fermé sur lui-même. Marc Saboya4 Encore plus que dans la désolidarisation entre espaces intérieurs et toiture, c’est dans la complète séparation des espaces publics et privés que Rogers vient briser cette unité propre au palais de justice traditionnel. En effet, le bâtiment est construit en trois unités : Côté parvis, l’espace public, avec la « salle des pas perdus » et les salles d’audience Côté Cours d’Albret, l’espace « privé », réservé en principe aux magistrats (dans les faits, la justice de chambre s’y déroule, ceci sera abordé plus tard) Entre les deux, une faille inaccessible au public et aux magistrats, qui forme une coupure franche et symbolique entre la justice, indépendante, et le justiciable. Le tout est contenu dans une enveloppe de verre, dans un souci de montrer une justice transparente, au sens littéral comme au sens figuré.

3 · « With its informality and openness, this sequence is an entirely new way of looking (literally and metaphorically) at the administration of justice in a modern democracy » - Davey (Peter), “Open Court”, in The Architectural Review, n°1153, mars 1993, p. 51 4 · Saboya (Marc), « Le tribunal de grande instance de Bordeaux (1990-1998) », in Juger, au cœur de la cité, sous la direction de Franck Delorme, Bordeaux, Editions Confluences, Ecole Nationale de la Magistrature, 2009


Présentation et analyse typo-morphologique des édifices

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La transparence rend visibles et intelligibles par le biais de l’utilisation de la lumière tout autant l’architectonique de la construction que les activités qui s’y déroulent. La transparence physique est comparable au même concept dans l’organisation de la société, il se rattache à l’idée de démocratie, à son ouverture et à la rupture avec les hiérarchies anciennes traditionnellement dissimulées derrière les murs de maçonnerie Richard Rogers5 Côté parvis, la grande façade-rideau fait son office et montre la justice en fonctionnement. Elle offre notamment une vue sur les coques en bois contenant les salles d’audience. Celles-ci sont surélevées sur des coussins de béton, portés par des pilotis, le tout dans la salle des pas perdus. Celle-ci est donc obstruée de larges poteaux en béton qui la rendent en partie impraticable. Cette salle à la sonorité et au statut d’ordinaire si particuliers, où avocats et justiciables stationnent en attendant le verdict, en préparant leur défense, n’est alors plus qu’un simple espace de passage, au mieux un couloir surdimensionné. Les salles sont accessibles par des escaliers métalliques et des passerelles. Cellesci jouent alors en quelque sorte le rôle dévolu à la salle des pas perdus, puisque c’est le seul endroit où avocats et justiciables peuvent voir si le procès reprend, lors d’une pause. Ainsi, beaucoup de monde stationne sur ces petites passerelles, qui deviennent alors sous-dimensionnées. Côté Cours d’Albret, Rogers a souhaité construire des plateaux ou s’enchaînent bureaux et couloirs, comme dans un immeuble de bureaux classique, tout en gardant cette volonté de transparence. Dans les faits, cela pose des problèmes d’organisation (quid des espaces de rangement nécessaires mais impossibles à placer contre le murrideau, ou encore d’un inconfort thermique l’été venu) mais également de discrétion.

5 · Rogers (Richard), Richard Rogers + Architects From the house to the city, Londres, Fiell Publishing Limited, 2010


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Rogers a voulu « distinguer l’espace public de l’espace professionnel des magistrats ». C’était une erreur de perspective, nous ne sommes plus au XIXè à une époque de justice exclusivement de salles d’audience, mais à une époque de justice de salles d’audience et de cabinet. [Le bureau] est un lieu de proximité, certes, mais non de familiarité, […] où la parole se dit à huis clos, hors du regard public. Je pense que, dans le palais de justice de Bordeaux conçu par Rogers, cette thématique de la justice de cabinet a été ignorée. Michel Zulberty6

Salle des pas perdus 6 · Zulberty (Michel), in La nouvelle architecture judiciaire : des palais de justice modernes pour une nouvelle image de la Justice : recueil d’impressions et d’éclairages à l’occasion du colloque de Nanterre, 12 mai 2000, Paris, La Documentation Française, 2002


Présentation et analyse typo-morphologique des édifices

Vue depuis le dernier étage de la Tour A En arrière-plan, les bâtiments C et Thomas More A l’avant-plan à gauche, le bâtiment Erasmus A droite, l’Anneau et l’Ancien Palais


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La Cour de Justice Européenne La CJUE, elle, s’insère dans le quartier des institutions européennes, sur le plateau du Kirchberg, à Luxembourg. Elle occupe un vaste complexe qui s’est constitué au fil des extensions de l’Union Européenne et donc de la Cour. On peut le diviser en quatre parties principales : Le Tribunal, qui occupe les bâtiments de style postmoderne au Sud de la parcelle Les tours, qui abritent les services de traduction et qui forment les plus hauts bâtiments du pays La galerie, qui relie tous les bâtiments du complexe Et enfin, la Cour, qui occupe le bâtiment original rénové et l’anneau qui l’entoure, qui sera l’objet de l’analyse. Ces trois dernières parties datent de la 5e extension de la Cour, réalisée par Dominique Perrault avec Paczowski et Fritsch et M3 Architectes. Une 6e extension est en cours, par les mêmes architectes, avec notamment la construction d’une troisième tour pour les services de traduction dont une partie a dû être transférée dans un bâtiment voisin, par manque de place. Les espaces de circulation, nombreux, donnent en soi assez peu une impression de Palais de Justice. Ils donnent au complexe une allure d’administration, certes imposante, mais technocratique, complexe et peu humaine. Néanmoins, l’aspect monumental, lui, est très prégnant dans ces espaces, notamment dans la galerie, longue de près de 300m.

La Galerie


Présentation et analyse typo-morphologique des édifices

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Au vu de la taille du complexe, il paraît évident que plusieurs entrées sont possibles. De façon assez paradoxale et déroutante, l’entrée principale ne s’effectue pas par un parvis donnant accès à la salle des pas perdus, comme dans un tribunal traditionnel, mais bien par la galerie, en y accédant par le côté. Ceci s’explique par la nécessité de pouvoir accéder rapidement et facilement aux différentes salles d’audience, nombreuses, grandes et surtout, très espacées dans le bâtiment. Néanmoins, la salle principale possède sa propre entrée, via le parvis au NordEst de la parcelle. En passant sous l’anneau, on accède alors au bâtiment original de la Cour (conservé et rénové sur demande des politiques locaux), directement par l’imposante salle des pas perdus, depuis laquelle on peut voir la salle d’audience. En effet, fait très particulier ici, la salle d’audience est en contrebas de la salle des pas perdus et non l’inverse. La symbolique normalement dévolue à cette disposition est ici reprise par la présence de l’anneau. L’anneau est relié au bâtiment principal par un ensemble de passerelles situées aux coins, et il abrite les bureaux des magistrats, qui s’occupent de créer la jurisprudence dans le bâtiment même qui affiche cette fonction dans sa forme.

Et avec l’idée du bâtiment en anneau surélevé, nous avons symboliquement exprimé notre grandeur : le pouvoir de s’éloigner des évènements quotidiens pour se consacrer entièrement à la justice. Sebastian Redecke7

Passage de la galzerie (en bas) à la salle des pas perdus (en haut) 7 · « Und mit der Idee des nach oben gestemmten Ringgebaüdes wird die Erhabenheit, das sich-Absetzen vom Tagesgeschehen, um sich ganz der Rechtssprechung widmen zu können, symbolisch noch einman in ein Extrem überhöht. », Redecke (Sebastian), « Schwarz und Gold », in Archithese, n°4, 2009, p.15


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Entrée par le parvis

A l’opposée, les bâtiments postmodernes abritant le Tribunal, s’ils sont fonctionnels, n’affichent aucune symbolique et aucune monumentalité, à tel point qu’ils pourraient abriter n’importe quelle autre administration. Enfin, les tours dévolues aux services de traduction (qui pèsent pour près de la moitié de la masse salariale de la CJUE) sont constituées chacune de 27 étages de bureaux, très classiques et dont les façades forment le dessin d’une bibliothèque, offrant une vue sur tout le complexe, et par extension, sur toute la ville de Luxembourg.

Les deux Tours

Placer les services linguistiques dans deux tours visibles de loin constitue également un symbole pour un pays fort de son multilinguisme (une particularité due à sa position géographique, à ses liens internationaux et à sa grande population immigrée, celle-ci représentant près de la moitié des résidents).


Symbolique des édifices

Salle des délibérés de la CJUE


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Structure Comme nous l’avons évoqué dans la partie précédente, à Bordeaux, la toiture est complètement désolidarisée structurellement du reste de l’édifice. Concernant, d’une part le socle de la partie publique, et d’autre part les plateaux de bureaux, la structure est somme toute assez classique et peu visible. En revanche, la structure portant chaque salle d’audience se fait voir et comble une bonne partie de la salle des pas perdus, chacune des salles étant traitée comme un objet à part entière, flottant dans le hall. Ainsi, la justice s’élève au-dessus des Hommes et de l’agitation de la ville. L’autre structure très visible est donc celle de la toiture, qui repose sur des poteaux très fins et élancés, portant des treillis certes présents visuellement, mais sans brouiller la lecture du toit. Cette structure est contreventée par un ensemble de nœuds structurels, tirés par des câbles d’acier et placés à des endroits bien visibles. Ils symbolisent alors l’équilibre délicat que doit trouver la justice pour apaiser les tensions et neutraliser les forces antagonistes. La toiture en elle-même est formée de vagues, pour rompre avec la formalité des palais de justice. Celle-ci est par ailleurs transpercée par les salles d’audience qui semblent s’élever vers le ciel et la vérité. A Luxembourg, la structure est peu visible, sauf en un point : sous l’anneau. Nous avons déjà évoqué la symbolique de l’anneau qui s’élève autour du bâtiment original. Celui-ci est porté par des poteaux en acier corten, toujours doublés, pour montrer une conception robuste, stricte et rigide, à l’image de la justice rendue. Ces poteaux sont inspirés du bâtiment original, celui-ci étant également en corten, avec toutefois une disposition et une section différente pour les poteaux. Néanmoins, la trame a été conservée, pour garder un alignement visuel entre les deux bâtiments et donner l’impression que l’anneau a toujours entouré le premier bâtiment.

Supports des salles d’audiences du TGI de Bordeaux

Entrée du TGI de Bordeaux


Symbolique des édifices

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Vues et transparences C’est sur la transparence de la justice que repose tout le concept du tribunal tel que conçu par Richard Rogers. En effet, le TGI de Bordeaux montre la justice dans son travail et laisse la ville et les passants l’observer, telle une mécanique bien huilée. Rogers a tenté de pousser le principe jusqu’au bout en utilisant de fines « planches » de verre pour contreventer le mur-rideau côté cour. Néanmoins, symbolique fortuite, le verre tout comme la justice est une chose fragile et ces planches se sont progressivement toutes fissurées, condamnant l’architecte à remplacer celles-ci par de fins treillis métalliques faisant écho à ceux de la toiture. Dans la CJUE, la symbolique est l’exacte inverse : l’anneau est entouré de panneaux de verre couleur champagne dont les reflets empêchent de voir l’intérieur, pour protéger le secret de l’instruction. En revanche, il est aisé de voir à l’extérieur depuis l’anneau, en particulier depuis la salle de délibération. Les juges peuvent alors observer la ville et les Hommes. Une deuxième vue très symbolique est à noter, celle de la salle des pas perdus. En effet, face à la salle des pas perdus se trouve un mur-rideau permettant de voir les résilles suspendues dans la salle d’audience, sans pour autant laisser voir la salle en elle-même, celle-ci étant en contrebas. La perspective formée par les résilles et les luminaires laisse alors penser à un escalier permettant de monter et de s’élever vers la justice.

Vue depuis la Salle des Délibérés de la CJUE

Transparence de la façade du TGI de Bordeaux


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Disposition de la salle d’audience Comme explicité précédemment, les salles d’audience du TGI de Bordeaux sont conçues comme des objets dans l’architecture. Elles sont recouvertes sur l’extérieur de lames de bois faisant référence aux tonneaux et aux traditions viticoles de la région. C’est d’ailleurs la première fois que Richard Rogers utilise le bois dans son architecture. A l’intérieur, le matériau se retrouve sous forme de plaques percées pour l’acoustique et la lumière. Les salles sont de petite taille (20 à 30 personnes maximum) et montent en s’effilant, donnant cette impression d’œuf, de cocon qui protège le justiciable. La proximité avec les juges et leur surélévation très modeste face aux justiciables, ainsi que l’absence d’aspérités dans le traitement des murs renforcent encore cette impression. On affiche dès lors une justice humaine, qui protège, qui canalise les tensions. Ceci est d’ailleurs rapporté par les magistrats qui rapportent une « attitude plus respectueuse » et « davantage de calme » de la part du public. (voir Annexes 1 et 2) A l’opposée, la grande salle d’audience de la CJUE est prévue pour accueillir près de 300 personnes. On y accède en descendant l’escalier monumental situé dans la salle des pas perdus, comme un signe de soumission à la justice. C’est après avoir passé une immense porte que l’on traverse l’allée centrale, en légère pente, et dont la perspective renforce une impression de monumentalité déjà très prégnante de par le volume occupé par la salle et la présence de résilles au-dessus des usagers. Ici, aucune proximité avec les juges, dont l’estrade est particulièrement haute (leurs pupitres sont presque à hauteur d’homme). Cette estrade est formée en demi-cercle, avec en son centre les parties prenantes. On se sent alors très observé par les juges, un sentiment d’autant plus fort qu’on l’est également par les traducteurs dont les 24 cabines sont situées de part et d’autre de la salle. On est donc ici à l’opposée d’une justice de proximité, l’image renvoyée étant plutôt celle d’une justice suprême.

Salle d’Audience du TGI de Bordeaux

Grande Salle d’Audience de la CJUE


Symbolique des édifices

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Lumière Que ce soit chez Richard Rogers ou chez Dominique Perrault, les salles d’audience ont fait l’objet d’un travail très poussé en matière d’ambiances lumineuses. Ainsi, à Bordeaux, la coiffe des salles d’audience est percée d’un oculus, dont la lumière vient lécher les parois boisées en descendant dans la coque. En résulte une lumière très céleste, presque mystique, et dont la qualité est jugée comme remarquable par les magistrats, alors même que le dispositif utilisé est extrêmement simple. (voir Annexe 3) Dominique Perrault a quant à lui utilisé une autre approche pour obtenir cette lumière céleste. En effet, il lui était impossible de capter la lumière par le haut, puisque deux étages sont situés au-dessus de la salle (le bâtiment étant, rappelons-le, une rénovation). Néanmoins, la présence de grandes baies vitrées en hauteur, au-dessus des cabines de traduction, permet de capter la lumière de façon latérale. Un impressionnant dispositif de résilles métalliques vient alors s’insérer dans la partie haute de la salle (sur la moitié de la hauteur sous plafond) pour capter et distribuer la lumière comme si elle descendait à travers la toiture du bâtiment. Le dispositif est complété par la présence de spots pour s’assurer de la présence de cette lumière céleste y compris en cas de faible luminosité extérieure (le climat étant moins clément à Luxembourg qu’à Bordeaux). Dans les deux cas, la symbolique est sensiblement la même : la lumière descendant du ciel symbolise la justice s’abattant sur les Hommes, comme un pouvoir sacré impossible à éviter.

Détail de la résille de la Grande Salle d’Audience de la CJUE

Oculus du TGI de Bordeaux


Conclusion


Conclusion

Nos palais de justice modernes sont muets, plus rien ne les distingue des autres édifices publics. Ce silence architectural est dangereux. Les palais doivent continuer d’être dans la démocratie de demain à la fois des scènes, des temples et des forums. Nos sociétés qui, dit-on, recherchent éperdument un sens à leur action doivent commencer à le trouver dans ces bâtiments qui abritent leurs délibérations quotidiennes, c’est-à-dire leur gestation permanente. Antoine Garapon8

Galerie de la CJUE


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En conclusion, l’on peut premièrement affirmer que l’architecture des lieux de justice a bien évolué en accompagnant les changements dans la pratique de la justice. En effet, celle-ci n’étant plus rendue aujourd’hui comme elle l’était au MoyenÂge ou sous l’Ancien Régime, elle n’est plus non plus exercée dans les mêmes lieux et conditions. Néanmoins, l’utilisation de l’architecture comme vecteur de symboles et de messages reste un point commun entre toutes ces époques, les principales différences au fil du temps étant les types de messages et leurs auteurs. En effet, si la justice a longtemps cherché à montrer qu’elle était rendue par une entité supérieure au justiciable, en induisant une pression voire une crainte à son égard, elle cherche aujourd’hui à faire passer des messages radicalement différents. Par exemple, que la justice est là pour protéger et non plus pour venger, et qu’elle est rendue par des citoyens, d’égal à égal. C’est le cas notamment au TGI de Bordeaux. D’un autre côté, la CJUE garde cette volonté de montrer une entité supérieure. Seulement, ici, ce n’est pas le juge qui est une entité supérieure, mais la Cour ellemême, ceci se justifiant par le fait qu’elle constitue une juridiction supérieure aux 28 juridictions nationales de l’Union Européenne. Cela se justifie également par le fait qu’elle s’occupe d’une justice plus « noble » et complexe qu’un TGI, dédié à la justice du quotidien. Seulement, à l’heure où les citoyens exercent une méfiance de plus en plus grande envers les institutions étatiques, et ce, en particulier dans le domaine judiciaire, les messages portés par l’architecture des lieux de justice sont-ils toujours compris et bien perçus ? Ne faudrait-il pas se tourner vers de nouveaux symboles, de nouveaux messages, voire de nouvelles pratiques de la justice ? Renzo Piano nous a offert dernièrement une piste, avec la nouvelle cité judiciaire de Paris, inaugurée en 2018, et dont le bâtiment laisse percevoir une administration technocratique et impersonnelle. Celle-ci est dès lors décriée par ses usagers, magistrats et justiciables, qui réclament plus de proximité, cette dernière donnée étant sacrifiée sur l’autel de la réduction des coûts, de l’efficacité, de l’économie d’échelle et de la rentabilité. Et si la pratique actuelle de la justice était arrivée à bout de souffle ? Son salut et son renouveau pourraient-ils passer par de nouvelles formes architecturales ?

8 · Garapon (Antoine), « Rituel et symbolisme judiciaires », in Architecture Intérieure CREE, n°265, 1995, p. 60


Annexes

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Annexe 1 Pour tous nos interlocuteurs, ce sont les espaces le (sic) plus réussis du palais. Les salles ont « un aspect rassurant et serein ». La forme contribue à ce sentiment : « l’essentiel c’est aussi la forme, cette forme de coupole qui ferme un peu », dit un avocat. Un magistrat confirme : « ce n’est pas l’œuf maternel, mais il n’y a pas la fusion qu’on a dans le sein maternel avant la naissance, mais… Tout est là, il n’y a pas d’aspérités, même dans les couleurs. On est entouré de partout ». Elles définissent « un monde à part » : « c’est des ruches, c’est vraiment des ruches, ce n’est pas simplement des salles d’audience, nous on les appelle des ‘ruches », ça fait bien la séparation avec l’extérieur, une fois qu’on est dedans on a l’impression d’être dans un monde à part », explique un avocat. Elles suscitent l’émotion : « j’ai ressenti une certaine émotion, une fois qu’on est dedans on se sent… Il y a une interpellation quelque part qui fait que… » (un fonctionnaire). Leur caractère évoque la religiosité, comme le décrit un magistrat : « pas une ‘chapelle », c’est plus général que ça, il y a un petit côté religieux, certainement, une religiosité, allez, qui s’échappe de cet édifice, mais pas ‘chapelle’. ‘Religiosité’, oui. » Siret (Daniel), Balaÿ (Olivier), Monin (Eric), Au tribunal des sens, Les ambiances dans la production architecturale contemporaine : qualités programmées, qualités exprimées, L’exemple des nouveaux palais de justice, Tome 1, Nantes, UMR CNRS 1563 - Laboratoire CERMA, Ecole d’Architecture de Nantes, 2004, pp. 181-182

Annexe 2 :En pénétrant dans la salle, dit un magistrat, les gens baissent le ton, un peu comme quand on entre dans une église : « L’impression qu’on a eue quand on est arrivés au nouveau palais de justice par rapport aux anciennes salles d’audience, c’était un peu comme quand on entre dans une église, [les gens] se mettent d’un coup à parler plus bas, à voix plus basse, et heureusement parce que sinon tout deviendrait très vite cacophonique. (…) On voit les gens quand ils rentrent : ils lèvent les yeux vers le sommet et ont une attitude… je ne dirais pas plus respectueuse, parce qu’on a eu des expériences différentes, mais en tout cas, en termes sonores, [ils montrent] davantage de calme. » Siret (Daniel), Balaÿ (Olivier), Monin (Eric), Au tribunal des sens, Les ambiances dans la production architecturale contemporaine : qualités programmées, qualités exprimées, L’exemple des nouveaux palais de justice, Tome 1, Nantes, UMR CNRS 1563 - Laboratoire CERMA, Ecole d’Architecture de Nantes, 2004, pp. 181-182


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Annexe 3 Les salles d’audience sont pourvues d’une ouverture zénithale conique formant une sorte d’oculus. La lumière naturelle est dite « remarquable » et fait lever la tête : « le regard est attiré quand vous attendez sur le banc, vous voyez tout le monde lever le nez, au moins au début », explique un fonctionnaire. La lumière met à l’air et contribue à la sérénité du processus judiciaire, comme l’indique un magistrat : « c’est un lieu où on pourrait parler de justice d’un peu plus de proximité. Cet appel de lumière est aussi agréable quand on y travaille. Je me sens très bien dans mes salles d’audience, je me sens très très très à l’aise. » Siret (Daniel), Balaÿ (Olivier), Monin (Eric), Au tribunal des sens, Les ambiances dans la production architecturale contemporaine : qualités programmées, qualités exprimées, L’exemple des nouveaux palais de justice, Tome 1, Nantes, UMR CNRS 1563 - Laboratoire CERMA, Ecole d’Architecture de Nantes, 2004, pp. 181-182


Sources

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Rogers (Richard), Richard Rogers + architects : from the house to the city, Londres, Fiell Publishing Limited, 2010 Delorme (Franck) (dir.), Juger au coeur de la cite : l’îlot judiciaire bordelais, histoire et architecture du XVe siècle à nos jours, Bordeaux, Editions Confluences, Ecole Nationale de la Magistrature, 2009 Ministère de la Justice, La nouvelle architecture judiciaire : des palais de justice modernes pour une nouvelle image de la Justice : recueil d’impressions et d’éclairages à l’occasion du colloque de Nanterre, 12 mai 2000, Paris, La Documentation Française, 2002 Davey (Peter), “Open Court”, in The Architectural Review, n°1153, mars 1993, p. 51 Redecke (Sebastian), « Schwarz und Gold », in Archithese, n°4, 2009, p.15 Association française pour l’histoire de la justice, La justice en ses temples : regards sur l’architecture judiciaire en France, Paris, Editions Errance, 1992 Jacob (Robert), « La justice, ses demeures et ses symboles », in Architecture intérieure CREE, n°265, 1995, pp. 46-52 Garapon (Antoine), « Rituel et symbolisme judiciaires », in Architecture intérieure CREE, n°265, 1995, pp.54-60 Siret (Daniel), Balaÿ (Olivier), Monin (Eric), Au tribunal des sens, Les ambiances dans la production architecturale contemporaine : qualités programmées, qualités exprimées, L’exemple des nouveaux palais de justice, Tome 1, Nantes, UMR CNRS 1563 - Laboratoire CERMA, Ecole d’Architecture de Nantes, 2004 Cour de Justice de l’Union Européenne, CURIA - Accueil - Cour de Justice de l’Union Européenne. Disponible en ligne : https://curia.europa.eu/jcms/jcms/j_6/fr/ Ministère de la Justice du Grand-Duché de Luxembourg, Les ministres François Bausch et Félix Braz ont posé la première pierre de la cinquième extension du palais de la Cour de justice de l’Union européenne, Màj 28 juin 2016. Disponible en ligne : http://www.mj.public.lu/actualites/2016/06/Extension_Cour_ Justice/index.html Schartz (Nadine), « La plus haute tour de tout le Luxembourg », in Luxembuger Wort, 7 avril 2018. Disponible en ligne : https://www.wort.lu/fr/luxembourg/la-plus-haute-tour-detout-le-luxembourg-5ac8db1dc1097cee25b86d9b


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Crédits iconographiques p.1 Photos personnelles p.2 Fonds de carte Stamen (modifiés) - http://maps.stamen.com p.6 Allégorie de La Justice Consulaire (1851), Francisque-Joseph Duret (1804- 1865), devant le Palais Brongniart, Paris - Photo originale : JLPC / Wikimedia Commons / CC BY-SA 3.0 p.8 Fond de carte personnel p.10 Fond de carte personnel p.12 Photo personnelle p.15 Photo personnelle p.16 Photo personnelle p.17 Photo personnelle p.18 Photo personnelle p.19 Photos personnelles p.20 Photo personnelle p.21 Photo ‘Support des salles d’audience du TGI de Bordeaux’ - Xavier Lafontaine Photo ‘Entrée du TGI de Bordeaux’ - Photo personnelle p.22 Photos personnelles p.23 Photos personnelles p.24 Photos personnelles p.25 Photo personnelle p.26 Photo personnelle



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