Nature en poche La biodiversitĂŠ, en Alsace et dans le monde
Directeurs de la publication : Hugues Dreyssé, Directeur, Anne-Catherine Hauglustaine, Coordinatrice, Sébastien Soubiran, Responsable politique patrimoniale du Jardin des Sciences et Christine Welty, Directrice de la Nef des sciences, centre labellisé Science &Culture / Innovation. Coordination, rédacteurs et suivi de réalisation : Julie André et Saïd Hasnaoui, Jardin des Sciences - Anne-Gaëlle Le Perchec, Nef des Sciences. Conseillers scientifiques : Julien Marchand, ARIENA – Fréderic Tournay, Jardin Botanique de Strasbourg - Marie-Dominique Wandhammer, Marie Meister et Elisabeth Ludes, Musée Zoologique - Pierre-Edouard Kastner, doctorant en Aspects Cellulaires et Moléculaires de la Biologie à la Faculté de Pharmacie. Remerciements : Robert Barbault, Claude Bernhard, Christian Bockstaller, Hugues Dreyssé, Patrick Foltzer, François Gauer, Michel Guéry, Michel Hoff, Sylvain Hugel, Yvon Le Maho, Martine Mall, Marie Meister, Roger Miesch, Olivier Poch, Joern Pütz, Sébastien Soubiran, Jean-Luc Souciet, Marie-Dominique Wandhammer, Christine Welty, et Daniel Zachary. Graphisme & illustrations : Dominique Schoenig, Mulhouse
Photo de couverture © Isenmann / Région Alsace
Crédits photographiques : Photothèque CNRS, Graille Roland, Thery Hervé, J-P Hamon, Luc Viatour, Jean-Paul Grandmont, François Lamiot, Raphaël Brix, Andrew Mandemaker, David Spencer, Richard Bartz, D. Carlson, François Schnell, Steve Clabuesch, Nikater, Treesky, Jonathan Martz, Ajith, Garrulus, Wolfgang Staudt, Cianc, Magnus Manske, Siren-Com, CNRS PhotothËque/IPEV / PIERRE Katell, Thomas Böder, Michael Linnenbach, D. Carlson, Copper Kettles, Uwe Kils, Richard Bartz, Mila Zinkova, Goldstein Lab, Raphael Brix, Aroche, Machvala, Luc Viatour, 4028mdk09, Jan Mehlich, Piet Spaans, Heike Löchel, Luc Viatour, E. Rulez, Jean-Paul Grandmont, F. Lamiot, Rasback, J.P Hamon, Philippe Amelant, Alex.K100, Tubs, Gemstone. Impression : Imprimerie Manupa (Mulhouse) Edition : la Nef des sciences 40 rue Marc Seguin B.P. 2118 - 68060 Mulhouse cedex téléphone : + 33 (0)3 89 32 76 33 - télécopie : + 33 (0)3 89 32 76 31 courriel : nef-des-sciences@uha.fr - site : www.nef-des-sciences.uha.fr N°ISBN : 2-909495-21-3 - Ne peut être vendu. Dépôt légal : Avril 2009 Tous droits de reproduction réservés sans l’autorisation de l’éditeur.
Jardin des sciences de Strasbourg
Dunes d’Arakao –Sahara-Niger © Michael Martin
Centre labellisé Science & Culture / Innovation
En partenariat avec
Musée zoologique de Strasbourg
Jardin botanique de Strasbourg
Sommaire Qu’ est-ce que la bi o di v er s i t é ? Surprenante bio d iv er s i t é
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pages 08-09
Savo ir rec o nnaître q u el q u es es p èces présentes en A lsace . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . pages 10-11 Po urquo i la bio diver s i t é est-elle menac ée ? . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . pages 12-13 La bio diversité alsaci en n e est-elle en danger ? . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . pages 14-15 Po urquo i préserver l a bi o di v er s i t é ?
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pages 16-17
C o mment préserver l a bi o di v er s i t é ?
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pages 18-19
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Castagnoles rouges © CNRS Photothèque / GRAILLE Roland
La biodiversité est la diversité du monde vivant dans toutes ses dimensions. Elle désigne ainsi la diversité des espèces, celle des gènes, la diversité des relations et des dépendances entre les espèces peuplant un milieu et celle des liens entre les espèces et leur environnement au sein d’un écosystème. Elle comprend aussi la diversité des paysages. La biodiversité est très menacée par les activités humaines. Elle l’est directement, du fait de la pollution, de la surexploitation des ressources marines, de l’urbanisation de zones naturelles et de l’assèchement de zones humides. L’impact de l’homme est également indirect, comme par exemple à travers le changement climatique. Préserver la biodiversité est cependant un enjeu majeur eu égard aux nombreux services qu’elle nous rend : la diversité des semences est une assurance-vie contre les ravageurs, les mangroves protègent les zones littorales tropicales des ouragans et tsunamis dévastateurs, les insectes pollinisateurs jouent un rôle clé dans la reproduction des végétaux, de nombreux médicaments sont issus de plantes… Pourtant, malgré des exemples dramatiques qui devraient nous inciter à réfléchir, comme le fait que les stocks de morue de Terre-Neuve ne se sont toujours pas reconstitués 20 ans après l’arrêt de la pêche, les thons rouges continuent à être pêchés au-delà de ce qui lui assurerait à cette espèce un caractère durable. Les gouvernements subissent la pression d’intérêts économiques puissants et ce d’autant plus que l’importance cruciale de la préservation de la biodiversité pour les générations futures est encore insuffisamment perçue. Cependant, chacun de nous peut y contribuer, en militant dans des associations ou par son propre comportement de tous les jours, comme par exemple à travers son choix alimentaire. Yvon Le Maho Directeur de Recherche au CNRS et Membre de l’Académie des Sciences
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Suisse © François Schnell
Qu’est-ce que la biodiversité ?
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La biodiversité, contraction de diversité biologique, englobe toutes les formes de vie sur Terre, c’est-à-dire l’ensemble des espèces vivantes ainsi que les relations qu’elles entretiennent entre elles et avec leurs milieux de vie. Une diversité de gènes Au sein de chaque espèce, les individus ne sont pas tous identiques entre eux. L’Homme en est un exemple remarquable. 6 milliards d’individus… tous différents ! Une diversité d’espèces On estime de 10 à 100 millions le nombre d’espèces d’animaux, végétaux, champignons et bactéries peuplant la Terre. Aujourd’hui, seul un peu moins de deux millions d’entre elles ont été répertoriées et nommées. Une diversité d’écosystèmes D’un simple plan d’eau à une immense étendue forestière, de l’humidité d’une mangrove à l’aridité d’un désert, une diversité d’écosystèmes permettent à une diversité d’espèces de trouver une relation favorable avec leur milieu.
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Surprenante biodiversité
© Steve Clabuesch
Desmodium gyrans C’est une plante qui danse ! Quelques notes de musique et ses feuilles se mettent à bouger en rythme. Préférant la musique traditionnelle asiatique à la musique électronique, cette plante a la remarquable faculté de danser de mieux en mieux au fil du temps. Les scientifiques sont perplexes devant cette curieuse capacité qui semble n’apporter aucun avantage adaptatif à cette espèce végétale.
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Cachalot Une quinzaine de mètres, une soixantaine de tonnes, une tête en forme de proue de bateau, le grand cachalot est un des seigneurs de l’océan. Son cerveau de 9 kg est le plus gros de l’histoire naturelle, bien plus gros que celui du diplodocus (inférieur à 500 grammes). Il lui permet notamment de « voir » dans l’obscurité des abysses en utilisant l’écholocation, une technique précise d’imagerie sensorielle basée sur le son. Bien utile pour chasser le calmar géant lors de ses plongées en apnée pouvant durer deux heures et atteindre 3000 mètres de profondeur !
Deinoccoccus radiodurans De la vie dans les piscines des centrales nucléaires ? C’est possible ! Soumise à 5000 fois la dose mortelle de radiations pour un être humain, la bactérie Deinoccocus radiodurans survit grâce à sa structure particulière et à sa capacité à réparer son ADN. Cette faculté lui permettrait même de « ressusciter ». Surnommée « Conan la bactérie », elle résiste également au vide, aux températures extrêmes, au dessèchement, à la famine, à l’acide…
Faune antarctique Le continent blanc est le plus hostile à la vie. Ses terres intérieures et gelées sont totalement désertes. L’été, son littoral accueille oiseaux migrateurs et mammifères marins. L’hiver, toutes les espèces désertent sauf une seule : le manchot empereur. Les mâles jeûneront pendant presque 4 mois pour assurer leur reproduction dans un environnement où la température ressentie peut flirter avec les -100 °C.
Martinet Le martinet ne se pose jamais. Après avoir pris son premier envol, il passera deux années dans les airs, ne se posant qu’à sa première nidification. Dormir en vol ne lui pose pas de problème. Il décrit alors des cercles à environ 1500 mètres d’altitude, au gré des courants aériens. La distance parcourue en une journée est ainsi de l’ordre de 1000 km. En une année, cela représente la distance séparant la Terre de la Lune !
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Microfaune des sols Le sol est vivant ! 1 mètre carré d’un sol de prairie contient en moyenne 260 millions d’animaux, représentant des centaines d’espèces. Nématodes, tardigrades, acariens, collemboles, vers de terre, larves d’insectes, myriapodes et autres cloportes se croisent dans un balai incessant. Ils creusent, grattent, décomposent, mangent, retournent la terre pour faire du sol un milieu propice à la vie végétale et animale de surface. L’emploi de produits phytosanitaires dans l’agriculture affecte cette faune, modifiant les conditions nécessaires à la croissance des plantes.
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Forêt Teutoburg - Allemagne © Nikater
Flore bactérienne humaine Une cellule sur 10 de notre corps est réellement humaine. 90% sont des bactéries et des champignons. Beaucoup plus petits que les cellules humaines, ces organismes sont en grande majorité présents dans le gros intestin, et sur toute la surface de notre corps. Entre 500 et 100 000 espèces réalisent un travail fondamental au bon fonctionnement de notre organisme, par exemple en décomposant des sucres, ou en synthétisant des vitamines. Elles sont notamment indispensables à l’assimilation des éléments nutritifs.
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Krill Ces crevettes sont les véritables reines de l’océan. Leur intérêt : être mangées ! Véritable base de l’alimentation océanique, elles sont le plat de prédilection de très nombreuses espèces de poissons, mammifères marins, oiseaux ou encore calmars. Même la baleine bleue, le plus gros animal ayant jamais vécu sur Terre, s’en délecte comme plat favori. Elle en consomme plusieurs dizaines de millions par jour. Mesurant quelques millimètres, le krill correspond pourtant au groupe d’animaux constituant (avec les copépodes) la masse totale la plus importante de la Terre : près de 650 millions de tonnes !
Acacias L’acacia est un genre d’arbre surprenant ! Ayant besoin de grands mammifères pour assurer sa pollinisation, il doit également s’en prémunir pour éviter d’être brouté jusqu’à la dernière feuille. Attaqué par une antilope kudu, une espèce d’acacia émet un signal chimique destiné à prévenir les autres arbres de son espèce. Ceux-ci produisent alors des tanins, donnant un goût astringent à leurs feuilles afin d’éloigner les antilopes. Une autre espèce d’acacia s’est même alliée à des fourmis. En échange de gomme arabique, elles repoussent les girafes, les forçant à brouter peu longtemps le même arbre, et à ainsi mieux assurer la pollinisation !
Récifs coralliens 0,2% de la surface océanique abrite 25% de la biodiversité ! Les récifs coralliens sont avec les forêts tropicales les écosystèmes les plus riches et les plus complexes de la planète. Les coraux sont des animaux qui vivent en symbiose avec des micro-algues et construisent une structure calcaire pour leur colonie. De cette symbiose naissent des récifs, créant un milieu favorable au développement d’une vie diversifiée. Mais cette symbiose est fragile. Les pollutions chimiques, les changements climatiques, ou encore l’acidification des océans menacent de disparition 60% des récifs coralliens d’ici 2030.
Corvidés Les corbeaux, corneilles, pies, geais et choucas ont des capacités cognitives spectaculaires proches de celles des grands singes. Raisonnement de cause à effet, adaptation, imagination, prospection, fabrication d’outils… Les récentes recherches menées sur cette famille d’oiseaux ne cessent de surprendre les scientifiques. Étonnant chez des individus ayant une boîte crânienne si peu volumineuse !
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Tardigrade Les tardigrades peuvent suspendre leur vie. Lorsque les conditions deviennent difficiles, ces animaux d’un millimètre expulsent l’eau de leurs corps, et la remplacent par un sucre qu’ils synthétisent. Dans cet état où leur activité vitale s’abaisse à 0,01% de la normale, ils sont quasiment indestructibles ! Vide extrême, radiations, températures de -272 à 150°C, produits chimiques divers… En les replaçant dans des conditions normales, des tardigrades récoltés dans une carotte glaciaire vieille de 2000 ans ont même été ramenés à la vie !
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Milieu rural
Savoir reconnaître quelques espèces présentes en Alsace
© Bringard / Région Alsace
Quelques espèces fréquemment rencontrées dans notre région :
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Le héron cendré Ce grand pêcheur a vu ses populations augmenter considérablement sur notre territoire. Son ouïe, également très développée, le fait réagir aux moindres bruits suspects. Il peut conserver une posture immobile sur une patte pendant plus d’une heure.
L’églantier Il s’agit d’un rosier sauvage très commun en Alsace qui donne des fruits appelés cynorrhodons (ou poil à gratter) qui deviennent rouge à maturité (vers la fin de l’été). Sa fleur est utilisée en parfumerie pour sa note délicate.
Les chardons On le trouve notamment aux abords des chemins, des routes, des fossés, et sur les parcelles en jachère. Les tiges, les feuilles et les inflorescences sont recouvertes d’épines.
Saule marsault L’écorce du saule marsault, riche en tanins, était utilisée en tannerie ; elle contient, comme celle de tous les saules, de la saliciline très proche de l’aspirine.
L’Alsace est une région qui présente une grande diversité de milieux naturels caractéristiques d’un climat continental: montagnes, collines, rieds, plaines cultivées …
Foulque macroule Souvent confondue avec la poule d’eau, plus petite, la foulque macroule est un oiseau qui fréquente nos étangs, nos lacs et nos cours d’eau à faible courant. Les foulques, excellents plongeurs, représentent parmi les membres de cette famille ceux qui semblent les plus adaptés à la vie aquatique.
Bousiers Ces scarabées trouvent généralement leur nourriture grâce à leur odorat très développé. Ils jouent un rôle essentiel dans l’agriculture : en enterrant ou en recyclant les excréments par leur digestion, ils accélèrent la formation d’engrais naturel et enrichissent le sol en matière organique et sels minéraux.
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Sandre Le sandre possède une très bonne vision crépusculaire, et adopte volontiers des mœurs nocturnes, notamment dans les eaux très claires. C’est un chasseur méthodique et très efficace, beaucoup plus précis que le brochet dans ses attaques. Il a été introduit en France il y a 40 ans et a colonisé la quasi totalité de nos eaux de seconde catégorie (étang, lac…).
Houblon En sillonnant les routes alsaciennes du nord, il est fréquent de rencontrer des plantations de houblon, qui apprécient les sols calcaires de notre région. Le houblon est utilisé pour aromatiser la bière.
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Milieu urbain
Savoir reconnaître quelques espèces présentes en Alsace
© Jonathan Martz
Le gendarme Cette punaise est la plus fréquente sur notre territoire. Elle ne sent pas mauvais et jouit d’une image plutôt sympathique. Elle vit en groupes au pied des tilleuls et des platanes. Elle se nourrit de fruits, de graines et de cadavres d’insectes. La teinte et la forme de ses taches est conditionnée par des éléments extérieurs : l’étendue des pigments noirs par exemple est influencée par la température.
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Le geai des chênes Oiseau de 35 cm, le geai est un passereau omnivore : il se nourrit notamment d’oisillons et de glands. Sous son bec, il possède une petite poche dans laquelle il peut aisément stocker les graines qu’il récolte. Ses cris rauques peuvent servir de signal d’alarme pour avertir ses congénères. Nous pouvons le voir dans les parcs et jardins des villes.
Les lichens On estime le nombre de lichens à vingt mille espèces environ. Mais une centaine de nouvelles espèces sont décrites chaque année. Ils peuvent survivre à des variations de température importantes pouvant aller de -70 à +70 °C.
Le rat L’odorat, comme chez beaucoup de rongeurs, est le sens prédominant. Les rats communiquent par une large panoplie de sons, y compris des ultrasons. Ils sont souvent considérés comme nuisibles car propagateurs d’épidémies. Néanmoins, les rats d’égouts contribuent à éliminer les déchets dans les villes. A Paris, ils dévorent chaque jour 800 tonnes de déchets organiques.
Le ragondin Il fait partie des espèces invasives importées d’Amérique du Sud. Il creuse un terrier de 6 à 7 m le long des berges. Ce terrier possède en général plusieurs entrées, dont une subaquatique. En Alsace, il y a une très forte densité de ragondins, et lorsqu’ils ont à leur disposition un vaste réseau de fossés et canaux, les terriers du ragondin participent à la déstabilisation des berges.
L’ortie L’ortie est une plante facile à reconnaître les yeux fermés. Le produit que contiennent ses poils urticants est riche en acide formique, ce qui procure cette désagréable sensation de démangeaison et de brûlure. Ses propriétés médicinales sont très diverses : anti-inflammatoire, antihémorragique, diurétique, dépurative, stimulante.
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Le perce-neige Il est le premier à fleurir dans l’année, de janvier à mars. Au plus fort de l’hiver, le perce-neige annonce le début du printemps. Récemment, les scientifiques ont découvert qu’il contient de la galanthamine connu pour être un insecticide et qui permet de réduire les conséquences de la maladie d’Alzheimer. Elle aide à améliorer les fonctions cognitives, retarde le développement des troubles du comportement et de la personnalité, et permet de maintenir l’autonomie.
Le ginkgo C’est la plus ancienne famille d’arbres connue, puisqu’elle serait apparue il y a plus de 270 millions d’années. Il n’existe qu’une seule espèce de ginkgo. Ses feuilles sont uniques parmi les plantes porteuses de graines, puisque formées de deux lobes en forme de palmes. On trouve des ginkgos dans de nombreuses rues et parcs des grandes villes en raison de sa résistance à la pollution.
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Pourquoi la biodiversité est-elle menacée ?
Las Vegas © Ajith
On estime aujourd’hui que la biodiversité disparaît à un rythme 100 à 1000 fois supérieur au rythme naturel. 25000 à 50000 espèces seraient concernées chaque année. A cette allure, d’ici la fin du XXIème siècle, la moitié des espèces vivantes aujourd’hui pourraient manquer à l’appel. Un tel déclin de la biodiversité est appelé « extinction massive » par les paléontologues. Depuis l’apparition de la vie sur Terre, on ne dénombre que cinq grandes extinctions, engendrées par d’importantes causes naturelles telles des changements climatiques, des modifications des courants océaniques, ou des chutes de météorites… Après une extinction massive, le temps nécessaire pour reconstituer une biodiversité équivalente est de l’ordre de plusieurs millions d’années.
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Détérioration des habitats naturels C’est la cause principale du déclin de la biodiversité. Les habitats naturels laissent peu à peu place aux activités humaines. Les infrastructures impactent les milieux naturels en détruisant les habitats, en les fragmentant par un aménagement du territoire, ou encore en asséchant les zones humides. Plus de la moitié de la surface forestière originelle à été détruite. Les surfaces cultivées occupent plus du quart de la surface terrestre. Déforestation
Surexploitation des espèces La surpêche concerne près de 70% des stocks de poissons marins, notamment pour les grands prédateurs, dont de nombreuses espèces sont au bord de l’extinction. Ainsi ont disparu et disparaissent aujourd’hui encore des espèces emblématiques, telles que la baleine bleue. Les effectifs du plus grand mammifère de l’histoire naturelle ont été réduits de 99,6% par la chasse baleinière. D’autre part, le trafic illégal d’animaux et de plantes sauvages occupe le troisième rang en importance après la drogue et les armes. Pollutions chimiques Les produits phytosanitaires employés dans l’agriculture, les rejets liés à l’industrie et les rejets d’eau usée des ménages représentent d’immenses quantités de produits chimiques qui peuvent être absorbés par les organismes vivants. Selon leur nature, ces molécules peuvent impacter les formes de vie en modifiant le fonctionnement des organismes, en altérant leur reproduction, en entraînant des pathologies et des malformations, ou la mort par empoisonnement. Espèces invasives Au sein des écosystèmes, les équilibres fragiles peuvent être bouleversés par l’introduction de nouvelles espèces, qui dans certains cas peuvent devenir invasives. Elles peuvent alors affecter les espèces autochtones en s’en nourrissant, en les contaminant, ou en exploitant les ressources de leur milieu. Elles sont la première cause de régression de la biodiversité sur les îles. La mondialisation et le réchauffement climatique favorisent l’émergence d’espèces invasives. On chiffre aujourd’hui leur impact économique à plusieurs centaines de milliards d’euros. La Renouée du Japon, présente partout en Europe, fait partie des 100 espèces invasives les plus préoccupantes.
Surpêche
Produit phytosanitaire
Renouée du Japon
Changements climatiques D’après le quatrième rapport d’évaluation de novembre 2007 du GIEC (Groupe d’Experts Intergouvernemental sur l’Evolution du Climat), la température de la Terre augmenterait de 2 à 4 degrés d’ici la fin de notre siècle. La ville de Colmar pourrait ainsi présenter en 2030 un profil de température semblable à celui de la ville de Lyon aujourd’hui, et en 2060 un profil semblable à celui de la ville de Montpellier. Le terroir alsacien serait ainsi de moins en moins apte à cultiver des cépages tels que les pinot gris, les gewurztraminer, et les riesling. Pinot Noir
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La biodiversité alsacienne est-elle en danger ? Notre région est également touchée par ces évolutions, nous pouvons tous observer ces phénomènes ou en entendre parler autour de nous.
Infrastructures et extensions urbaines
Les Trois Fours Vosges © Garrulus
En moins d’un siècle, plus de la moitié de la forêt rhénane a disparu, « grignotée » par la canalisation du Rhin, l’exploitation de gravières, l’extension de ports, l’ouverture de routes et de zones d’activités… Ainsi, 47 500 hectares de cette forêt sont maintenant protégés de part et d’autre du fleuve.
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Forêt rhénane
Champ de maïs
La monoculture du maïs La céréale a envahi les deux tiers des surfaces consacrées aux grandes cultures. Cette monoculture a entraîné des effets collatéraux : la contamination par les nitrates et les phytosanitaires de la nappe phréatique dont dépend l’approvisionnement en eau de trois Alsaciens sur quatre. Le maïs consomme environ 12 à 14% de l’eau prélevée annuellement en Alsace, soit de 70 à 75 millions de m3, et appauvrit terriblement le biotope car plus rien d’autre ne pousse.
De plus en plus d’espèces menacées en Alsace On dénombre en Alsace 15 espèces disparues, 54 qui sont menacées et 44 qui pourraient le devenir. Il suffit de regarder autour de soi : combien de fois nous sommes-nous déjà étonnés devant l’absence dans nos jardins d’espèces qui nous étaient familières (papillons, hirondelles, fleurs des champs…) ?
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Pourquoi préserver la biodiversité ?
Col de Falimont – Vosges © Garrulus
Les espèces n’existent pas pour nous servir ou nous fournir des ressources, mais nous utilisons ces ressources simplement parce que ces espèces existent. Les interactions entre l’Homme et la biodiversité sont très diverses.
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Rôle dans le fonctionnement des écosystèmes
Rôle socio-économique et culturel
Plus un écosystème contiendra d’espèces, plus il sera diversifié. Par conséquent, plus il sera apte à supporter la disparition de certaines d’entre elles du fait de l’impact des activités humaines. D’autre part, le rôle de la biodiversité dans le maintien de la qualité de l’atmosphère et des cycles de régulation du climat est avéré, de même que dans le contrôle de la qualité de l’eau et de l’intégrité des cycles hydriques. Les forêts non perturbées du bassin amazonien absorberaient près du tiers des émissions mondiales de carbone d’origine anthropique.
Nous consommons, directement et sans transformation, des espèces vivantes au travers de la cueillette, la chasse et la pêche. Nous utilisons ses ressources, comme l’exploitation forestière pour le bois. Nous contemplons et côtoyons la biodiversité pour les loisirs et notre bien-être. De plus, c’est un patrimoine inestimable : les espèces et leur diversité influencent directement les cultures, les savoirs et les différentes croyances des populations humaines.
Forêt amazonienne
Fruits et légumes
Aubépine
Rôle alimentaire
Rôle médical
L’Homme a été, comme toutes les autres espèces, dépendant de la faune et de la flore pour se nourrir. Il a sélectionné les variétés végétales et animales les mieux adaptées à ses besoins en inventant l’agriculture. Aujourd’hui, il assure 90 % de son alimentation à partir de 14 espèces végétales domestiques soit quatre familles d’espèces - blé, maïs, riz, pomme de terre – qui couvrent la moitié de ses besoins énergétiques tirés des végétaux.
La biodiversité joue également un rôle conséquent pour la santé humaine. En effet, de nombreuses molécules fournies par les plantes ou les animaux sont utilisées pour la fabrication des médicaments. On estime que 40% des médicaments utilisés actuellement sont issus d’une matière active naturelle extraite du vivant ; il s’agit d’une plante dans les deux tiers des cas. C’est le cas de l’Aubépine, la plante du cœur par excellence, ou encore du saule ou de la reine des prés avec l’acide salicylique de l’aspirine.
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Comment préserver la biodiversité ? Nous pouvons tous agir pour préserver la biodiversité, que ce soit au niveau collectif, ou via des actions individuelles.
PNR Ballons des Vosges
Tramway Strasbourg
Station Dumont - Plouzane © CNRS Photothèque / THERY Hervé
Trame Verte
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• Les Parcs Nationaux et les Réserves Naturelles garantissent la protection des écosystèmes, en particulier les plus fragiles. Nous avons en Alsace les parcs naturels régionaux des Ballons des Vosges et des Vosges du Nord qui préservent et développent de façon durable leur territoire à travers notamment l’éducation à la nature via des évènements festifs, visites guidées et règlementation urbaine. • Dans le cadre du Grenelle de l’Environnement, le gouvernement a prévu la constitution de « trames vertes ». Le but est de permettre une circulation sans entrave des espèces animales et végétales avec des haies, des bandes enherbées, des ensembles de
vergers, etc... L’Alsace l’a initiée en 2003 avec 150 000 ha en plaine. • Inventorier la biodiversité pour mieux la préserver. On ne peut pas protéger efficacement ce qu’on ne connaît pas ! De nombreuses associations œuvrent pour cette conservation sur le territoire alsacien contribuent à la protection des espèces, des milieux naturels et des paysages en Alsace. Vous pourrez retrouver leurs coordonnées dans l’autre section de ce guide.
Chou fleur
Gestes réalisables au quotidien : Tous les gestes qui visent à protéger l’environnement sont importants : • limiter les sources de pollutions : privilégier l’utilisation des transports en commun ou du vélo, économiser l’énergie sous toutes ses formes (et notamment les énergies fossiles), trier ses déchets, bannir l’utilisation des pesticides dans son jardin, économiser l’eau potable, utiliser des produits d’entretien plus respectueux de l’environnement. • consommer moins et mieux: premier poste de pollution chez les particuliers si l’on intègre la production, le transport, l’emballage et les déchets produits.
Compost
Il faut privilégier les produits locaux et de saison, (ils limitent le risque d’importer fortuitement des espèces invasives, limitent le transport nécessaire à leur acheminement et favorisent l’économie de notre région), éviter les produits qui favorisent une industrie polluante tels que les produits sur-emballés. • favoriser la biodiversité chez soi, dans son jardin, en choisissant des plantes locales, en favorisant l’installation de la vie animale (fleurs sauvages pour les insectes, arbustes et broussailles pour les petits mammifères, compost pour les invertébrés ou les orvets …) et en la tolérant en évitant l’utilisation des pesticides et des engrais chimiques.
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