Chez Ikea et dans bien d'autres supermarchés, on se promène entre les articles exposés comme dans les musées. Pour remplir les rayons des magasins, les designers et décorateurs vont chercher une grande partie de leurs idées dans l'histoire de l'art. Motifs organiques ou géométriques, système de monstration, accumulations... Impossible alors de ne pas regarder ces étalages de marchandises sans y déceler la source des images récupérées et sans que les noms des artistes, qui en sont les auteurs initiaux, ne me viennent à l'esprit. Par un jeu paradoxal d'aller-retour, j'extrais de leur contexte utilitaire ces juxtapositions de formes, de couleurs et considère cette matière visuelle épuisée de toute pertinence originale pour les reproduire, à l’échelle, en les faisant rebasculer dans le champ de la peinture actuelle. Natures mortes ambiguës, abstractions concrètes, simulacres des courants d’avant-garde, ces images obsolètes reflètent mon attirance pour le désenchantement des symboles.