les petits traités spirituels Bonheur chrétien
Le mariage, chemin eucharistique Élisabeth et Dominique Lemaître
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Préliminaire
Avant d’entrer dans le vif du sujet, il serait bon de préciser quel a été le fil conducteur de ce Petit Traité Spirituel : un événement bien particulier touchant la propre vie des auteurs :
« Issus tous les deux d’une famille catholique, nous poursuivions tranquillement notre vie de chrétien, bon an mal an, jusqu’au moment – nous nous le rappellerons toujours, c’était un jour de Pâques – où Élisabeth annonça qu’elle ne mettrait plus les pieds à l’Église. À partir de ce moment-là, notre couple a commencé une descente aux enfers qui aurait pu lui être fatale… mais le Seigneur veillait et il a entendu le cri d’Élisabeth qui, un jour, lui a dit : “Si tu existes, montre-le-moi !” C’est justement ce qu’a fait le Seigneur. Au cours d’une Eucharistie célébrée chez nous, elle vécut la “grande rencontre”, celle dont on 9
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se souvient toute la vie : mort et résurrection, voilà ce que nous avons vécu.
Ce qui a été lumineux pour nous, dès le départ de cette nouvelle vie, c’est le lien qui existe entre la vie de notre couple et l’Eucharistie. Nous nous rendions compte combien nous étions passés à côté de l’essentiel et, en même temps, combien l’Eucharistie est un trésor inépuisable dans lequel nous trouvions tout. Cette découverte, nous avons cherché à la partager et nous avons été surpris d’entendre, à chaque fois, les mêmes réflexions : “On ne nous avait jamais parlé de l’Eucharistie comme cela, quel souffle pour notre vie de couple. Notre rapport à l’Eucharistie change du tout au tout !” » Tel est le motif de cette publication.
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Chapitre I
Pourquoi l’eucharistie ?
L’eucharistie nous introduit au cœur du mystère chrétien : au cours de la Cène, le Christ institue l’eucharistie comme mémorial de sa mort et de sa résurrection en donnant comme mission aux apôtres de le perpétuer jusqu’à son retour.
L’eucharistie est non seulement le signe de la présence du Christ en notre monde, mais aussi un gage d’amour dans la mesure où nous sommes rendus participants à sa Pâque. Jean-Paul II, reprenant le concile Vatican II, dira : « L’eucharistie, source et sommet de la vie chrétienne et de la mission de l’Église. » ( Jean-Paul II)
Citant saint Irénée, le Catéchisme de l’Église catholique nous dit combien l’eucharistie est le résumé et la somme de notre foi : 13
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« Notre manière de penser s’accorde avec l’eucharistie et l’eucharistie en retour confirme notre manière de penser. » (CEC § 1327)
Soyons conscients du fait que le jour où il n’y aura plus d’eucharistie, il n’y aura plus d’Église puisque c’est l’eucharistie qui fait l’Église – nous verrons plus loin que c’est aussi l’Église qui fait l’eucharistie. Nous touchons là au drame de la crise des vocations, qui nous renvoie à la crise du couple et de la famille. C’est en effet dans le creuset de la famille que se préparent les vocations. En premier lieu, c’est en tant que baptisé que je suis interpellé par l’eucharistie. Marthe Robin avait coutume de dire : « Toute vie est une messe et toute âme en ce monde est une hostie. »
Saint Paul ira dans le même sens en disant dans l’Épître aux Romains :
« Je vous exhorte donc, frères, par la miséricorde de Dieu, à offrir vos personnes en hostie vivante, sainte et agréable à Dieu : c’est là le culte spirituel que vous avez à rendre. » (Rm 12, 1)
Marthe Robin et saint Paul ne font d’ailleurs que reprendre tout l’enseignement du Christ : « Qui ne prend pas sa croix et ne vient pas à ma suite n’est pas digne de moi. » (Mt 10, 38)
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Remarquons qu’il y a une dynamique : la vie chrétienne commence quand on se met en route à la suite du Christ. La mort (la croix) et la résurrection (marcher à sa suite) constituent un chemin eucharistique. Si c’est le chemin de tout chrétien, alors pourquoi pointer spécialement le couple, la famille ? Cela devrait couler de source !
Oui ! Mais, et c’est peut-être un préalable, comment un couple pourra-t-il avancer sur le chemin eucharistique si chaque conjoint, en tant que chrétien à titre individuel, ne s’est pas engagé sur ce chemin ? Cependant, pour le couple, pour la famille, il y a quelque chose de bien spécifique ; nous pourrions pasticher saint Paul et dire : « Si le baptisé est engagé sur ce chemin eucharistique, combien plus le couple devrait-il l’être ! » Pourquoi ?
Il existe de multiples raisons, mais nous voudrions en donner deux qui sont essentielles :
– L’eucharistie est le sacrement des sacrements ; – Le couple uni par le sacrement est une église domestique. 1. L’eucharistie est le sacrement des sacrements Tout sacrement se réfère à l’eucharistie. Le sacrement de mariage aura donc lui aussi à se référer à 15
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l’eucharistie. Dans les premiers temps de l’Église, lorsque le sacrement de mariage n’existait pas encore, il suffisait que les deux fiancés s’avancent ensemble vers l’autel afin de recevoir le corps du Christ pour qu’ils soient considérés comme mariés. C’est ce que saint Paul essaie de nous faire comprendre dans sa fameuse épître aux Éphésiens :
« Maris, aimez vos femmes comme Christ a aimé l’Église, et s’est livré lui-même pour elle, afin de la sanctifier par la parole, après l’avoir purifiée par le baptême d’eau, afin de faire paraître devant lui cette Église glorieuse, sans tache, ni ride, ni rien de semblable, mais sainte et irrépréhensible. C’est ainsi que les maris doivent aimer leurs femmes comme leurs propres corps. Celui qui aime sa femme s’aime lui-même. Car jamais personne n’a haï sa propre chair ; mais il la nourrit et en prend soin, comme Christ le fait pour l’Église, parce que nous sommes membres de son corps. C’est pourquoi l’homme quittera son père et sa mère, et s’attachera à sa femme, et les deux deviendront une seule chair. Ce mystère est grand ; je dis cela par rapport à Christ et à l’Église. Du reste, que chacun de vous aime sa femme comme lui-même, et que la femme respecte son mari. » (Ep 5, 25-33)
C’est un texte sur lequel devraient sans cesse revenir les couples chrétiens. Il est fondé sur un tout petit mot : la conjonction de subordination « comme ».
« Maris, aimez vos femmes comme le Christ a aimé l’Église. »
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Toute vie de couple aura donc sans cesse à se référer au Christ, cœur du couple ; de même que le Christ est allé au bout de l’amour en donnant sa vie, de même nous serons appelés, nous aussi, à aller jusque-là. Eucharistie et mariage ont une même source : la croix. Evdokimov dira très justement : « Tout grand amour est nécessairement crucifié. »
Eucharistie et mariage représentent un même mystère : celui du don. L’eucharistie, sacrement de l’Alliance, est donc un sacrement nuptial.
Dans ces conditions, comment pourrions-nous vivre sans l’eucharistie ? Elle est notre provision de route. Comme le dit sainte Bernadette Soubirous :
« Si, du Thabor, il faut aller au Calvaire, du Calvaire on revient au Thabor avec Jésus. Là est l’avant-goût du ciel. L’âme ne fait qu’un chemin, du Golgotha au Thabor… Elle sort du Golgotha pour aller chercher force et courage au Thabor. » (Carnet, p. 15, ESB 357)
2. Le couple marié est une église domestique Cette deuxième raison touche à ce que Vatican II a nommé « le couple, église domestique » ; JeanPaul II va reprendre cette notion dans Familiaris Consortio : 17
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Table des matières
Préliminaire. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 9 Introduction . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 11 Chapitre I. Pourquoi l’eucharistie ?. . . . . . . . . . . . . 13 1. L’eucharistie est le sacrement des sacrements. . . . 15 2. Le couple marié est une église domestique . . . . . 17 La messe : un rassemblement. . . . . . . . . . . . . . . 20 La messe : une action de grâce . . . . . . . . . . . . . . 24 Chapitre II. La liturgie du pardon. . . . . . . . . . . . . . 29 1. Action de grâce et pardon . . . . . . . . . . . . . . . . . . 29 2. Les étapes de cette démarche de pardon . . . . . . . 32 Le Confiteor. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 32 D’où ce cri du Kyrie. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 34 Puis vient l’Agnus Dei. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 36 3. Les étapes du pardon mènent à la guérison. . . . . 37 107
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Chapitre III. La liturgie de la Parole. . . . . . . . . . . . 41 1. Parole et écoute. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 43 2. Parole et mise en pratique. . . . . . . . . . . . . . . . . . 46 3. La Parole, source de vie. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 48 4. Parole et devoir de mémoire . . . . . . . . . . . . . . . . 51 Chapitre IV. La liturgie eucharistique : présentation des offrandes . . . . . . . . . . . . . . . . . . 57 1. Les symboles de la présentation des offrandes. . . 60 Le pain. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 60 La symbolique du pain . . . . . . . . . . . . . . . . . 60 Qu’est-ce que le pain ?. . . . . . . . . . . . . . . . . . 61 Ce pain est d’abord le fruit de la terre. . . . . . 62 Ce pain est le fruit du travail de l’homme. . . 63 Le vin. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 63 La symbolique du vin . . . . . . . . . . . . . . . . . . 63 La fête. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 64 La joie. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 64 Au travers du pain et vin, qu’avons-nous à offrir à la présentation des offrandes ?. . . . . . . . . . . 67 L’eau. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 70 La symbolique de l’eau. . . . . . . . . . . . . . . . . . 70 Un signe de notre humanité . . . . . . . . . . . . . 70 2. Les attitudes révélées par la présentation des offrandes. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 72 La dépossession . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 72 L’humilité et la pauvreté. . . . . . . . . . . . . . . . . . . 74 Chapitre V. La consécration. . . . . . . . . . . . . . . . . . 77 108
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Chapitre VI. La communion . . . . . . . . . . . . . . . . . . 83 1. La procession de communion . . . . . . . . . . . . . . . 84 2. La communion exige une démarche personnelle et libre. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 86 3. La communion est un aboutissement et un point de départ. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 87 4. La communion : un corps qui se donne. . . . . . . . 88 5. La communion fait de nous des ostensoirs . . . . . 93 6. La communion, source de la mission. . . . . . . . . . 95 7. La communion de désir. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 97 Chapitre VII. L’envoi en mission. . . . . . . . . . . . . . . 99 Conclusion . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 105
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