NOZBONER ZINE

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Le mag qui te file le trick


Photos Clément Chouleur (Galerie) Benjamin Deberdt (Portrait Tavu) Guillaume Périmony (Skate Idris) Jean-Baptiste Gurliat (Antidote skateparks) Merci Tura, Grand schtroumpf, Chouchi, Lizou, Idris, Antidote skateparks, Zarka, Cesar, Tavu, Camille et Arthur, Tttera, Morgan, bah Rave skateboard et Nike aussi du coup…

SOMMAIRE PAGE 3 — Notre rotation youtube du moment PAGE 4 — À l’intérieur du disque dur du Choubi… PAGE 16 — On se demandait d’où sortait le nouveau skatepark parisien d’avron… alors on a envoyé lisa voir Idris… PAGE 28 — On a trouvé quelques êtres humains talentueux pour remplir ce fanzine à notre place… PAGE 35 — Les mots croisés de la semaine PAGE 36 — On se demandait d’où sortait la nouvelle board avec un Pokémon étrange dessus… alors on a demandé à Camille et arthur ce qu’ils avaient pris ce soir là... PAGE 37 — Si ces boards, un jour existent, j’en prends une ! PAGE 38 — Shameless autopromo

Hugo Corbin par Choubi


playlist MORGAN Yves Tumor Gospel for a new century 18+ Drama (Babyfather) Father’s Children Dirt and grime Vicious Nika

BEN www.chanceswithwolves.com épisode 370 et tous les autres Sleeping Tapes ep2: smell of urethane Meiko Kaji Urami bushi Aleksey Rybikov Muzyka lyubvi


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par

Choubi



CĂŠsar ollie Nation


Marca ollie flip La Déf




Sam front blunt Bagnolet


Oscar switch 50-50 Ivry




RĂŠmy window ride Belleville


Idris Jani Continuum skatepark conception nano architecture & comportements urbains


Présente toi rapidement et explique nous comment tu t’es retrouvé impliqué dans la conception du design du park d’Avron à Paris ? Alors moi c’est Idris, j’ai 28 ans j’habite et skate à Paris depuis un paquet d’années et je suis architecte. Pour ce qui est du skatepark d’Avron, c’est Zeb qui a été contacté par un gars de la direction de la jeunesse et des sports de Paris parce qu’ils avaient besoin de quelqu’un pour concevoir ce skatepark et comme j’avais fait un stage chez Constructo il y a quelques années et que j’avais un peu taffé sur le spot Volcom et la palette à wheeling de Répu avec Croyde et Santiago il s’est adressé à moi. Comment tu adaptes ton langage quand tu es amené à parler skate aux institutions locales ? Hmmm, pour ce projet en l’occurrence ils avaient déjà pris la décision de faire une « aire de glisse » comme ils disent. Donc il n’y a pas eu à leur expliquer ce que c’était que le skate ou à les convaincre. Les interlocuteurs qu’on a eu étaient principalement des ingénieurs et les enjeux étaient sur le coût du projet et sur les problématiques techniques, les échanges étaient plutôt portés sur des choses techniques. D’ailleurs pour eux c’est bien une aire de glisse et ça implique que ça soit accessible pas uniquement au skate mais aux trottinettes et tout autre « sport de glisse urbaine ». Pourquoi une «aire de glisse» à cet endroit? Et à quelles types de problématiques techniques faistu allusion ? L’aire de glisse s’inscrit dans un projet de sport tout le long du boulevard, ils ont mis un truc d’escalade à Ménilmontant, des trucs de fitness à Phillipe Auguste et y’a sûrement dautres projets que je ne connais pas. Donc il fallait un endroit pour caser de la glisse urbaine j’imagine. En ce qui concerne les problèmes techniques, rien de fou, mais on est au dessus du métro donc faut pas mettre des trucs trop lourds ni faire des fondations trop profondes, la position des modules pour que l’eau s’écoule


quand même au mieux. Comme le budget n’était pas énorme, au début ils ne voulaient pas refaire le sol et on a reussi à les convaincre de le faire mais il sera en asphalte et réalisé par une autre entreprise qu’ Antidote skateparks, donc gérer ça aussi par exemple. Sur ce projet d’Avron, qui s’insert dans une promenade sportive tout le long du boulevard, l’idée de la mairie est quand même d’intégrer le sport à la ville et de le faire cohabiter avec d’autres usages. Ca c’est quand même un propos intéressant et c’est pour ça qu’on se retrouve à Avron avec un skatepark au milieu du terre plein, sans clôtures et en continuité du reste de l’espace public. Donc un skatepark intégré à la ville et plus proche de la pratique originelle du skate qu’est le street qu’un park clôturé auquel tu vas comme à un terrain de sport. Lorsque je travaillais sur ce chantier, beaucoup de gens venaient nous parler, certains trouvaient que le park au milieu du terre plein était une bonne idéé car ils pensaient que les skateurs allaient de ce fait rester au milieu du boulevard et ne plus rouler sur les trottoirs aux côtés des piétons. On n’a pas osé leur dire que les modules etaient placés et designés de telle sorte que l’on peut les aborder de tout côtés et passer du terre plein central au trottoir via les modules et inversement. Belle tactique Idris, j’imagine que c’est ce que t’as fait croire aux pouvoirs publics, ah ah ! Ah ah, je ne crois pas les avoir entubé non plus mais en gros on avait un rectangle dans lequel on pouvait concevoir le skatepark, mais ce rectangle était censé être séparé du reste de l’espace public juste avec une petite marche. C’est pas une marche qui va empêcher les skateurs de sortir du rectangle de toute façon donc on s’est servi de ça pour apporter plus de possibilités tout en restant dans l’emprise prévue. Mais oui en effet, comme les gens ne comprennent pas trop le skate et les skateparks tu peux bénéficier d’une certaine marge de manœuvre. Mais à l’inverse ça peut être relou quand quelqu’un connaît pas le skate, il peut se faire avoir par des gens qui ne connaissent pas plus le skate et t’as des skateparks pourris qui fleurissent dans toute la France. Ou alors ils ont une certaine vision du skate et ne comprennent pas que tu ne fasses pas un truc spectaculaire qui fait bien « glisse extrême » quand tu leur montres des choses simples mais très bien à skater. Tu t’es orienté vers l’architecture grâce au skate ou est-ce l’archi qui t’a donné envie de dessiner des skateparks ?

Je suis allé vers l’architecture un peu par intuition, je crois pas que ça soit venu du skate. Mais, le skate a une place si importante dans ma vie qu’il influence beaucoup ce que je suis et donc mon choix de faire de l’architecture aussi j’imagine. Dessiner des skateparks ou travailler sur des choses en lien avec le skate via l’architecture, j’ai eu l’occasion de le faire à plusieurs reprises et je me suis rendu compte que c’était une spécificité assez rare dans le milieu de l’archi et donc je ne devrais pas me priver. En revanche, l’archi est un domaine large et je ne compte pas rester uniquement dans cette niche. Dans ton projet détude, le livre intitulé «Continuum» qui explore les liens entre le skate et la ville, tu décris comment le skate est perçu par la ville : «un jeu enfantin, un sport, un moyen de transport, une pratique vandale». C’est vrai que c’est un peu de tout ça mais c’est surtout une pratique artistique qui permet une réappropriation de l’architecture urbaine. Comment tu expliques que cet aspect du skate reste si hérmetique aux non initiés ? Je pense qu’associer le skate à l’art c’est un peu tendancieux parce que la définition d’art n’ est pas simple à donner et je ne sais moi même pas vraiment ce qu’on peut qualifier d’art ou pas. Par contre c’est clair que c’est une pratique d’appropriation de l’espace urbain, et ça les gens ne le comprennent pas parce que le skate, bien que de plus en plus médiatisé, est encore une pratique marginale. Et aussi que le concept d’appropriation de l’espace urbain les gens ne le comprennent pas ou y sont même plutôt hostile. Vu que tu décris comment ces étiquettes ont déterminé la place du skate dans la ville («aires de jeu, terrain d’entrainement, voies de transports et mobilier défensif»), qu’est ce que des places comme République, ou Bastille qui intègrent des éléments d’architecture skateable, nous disent sur la façon dont la ville voit le skate désormais ? Ce genre d’aménagement est plus en cohérence avec une pratique du skate dans la ville puisque ce sont des espaces qui sont au cœur de la ville et qui ne sont pas hermétiques aux autres usages. Ils sont sûrement témoins d’une meilleure compréhension du skate par les gens qui font la ville mais aussi de l’évolution de la conception de l’espace public de manière générale, on essaie d’avoir des espaces moins cloisonnés, plus libres d’appropriation. Est ce que vu sous l’angle de la réappropriation




de l’espace public, tu penses que le skate est un acte politique? Hmmm, en prolongeant les réflexions d’Ocean Howell (skater et expert en histoire de l’urbanisme et architecture) sur le skate en réaction à l’urbanisme défensif on pourrait aller jusque dire que c’est un acte politisé. Personnellement j’aime mieux une vision d’un skate comme un acte purement égoïste, dans le sens ou c’est une pratique purement tournée vers elle même qui n’a aucun but si ce n’est d’accomplir ses tricks dans la ville sans que ça soit une réaction consciente à quelque urbanisme ni que ça veuille provoquer quoi que ce soit chez les non pratiquants. C’est vrai que c’est un acte extrêmement égoïste, mais pour y ajouter une connotation plus positive je dirais que c’est aussi une pratique désinteressée, en ce sens que tu ne produis rien si ce n’est du vent et des migrations de poussières (excepté les pro dont c’est le travail). Je ne pense pas non plus qu’il s’agisse de réaction consciente. En revanche je crois, qu’inconsciemment, le skateur réagit aux dictats de l’urbanisme en imposant ses propres comportements. Et en les défendant sur le spot lorsqu’il se fait virer d’un espace public dont il estime sa présence légitime. Bien souvent, il revendique son droit d’appropriation de l’espace. Oui, c’est vrai que c’est désintéressé et c’est ça qui est intéressant qu’on va skater pour skater et non pour produire une quelconque valeur ou des liens sociaux. Et s’il revendique son droit d’appropriation c’est bien le sien et pas le droit d’appropriation général, donc encore une fois tourné uniquement vers lui même. Les skateurs s’approprient l’espace sans demander d’autorisation et en dépit des autres usages, sans être forcément dans le partage de l’espace et la cohabitation des usages. Pour donner un exemple concret : lorsqu’on demande à quelqu’un s’il peut aller s’asseoir ailleurs que sur un banc parce qu’on le skate. Après il y a des exemples comme Southbank où en défendant ses droits, ils vont plus loin et finissent par défendre un lieu contre les projets d’aménagement consumériste et là, c’est complètement politisé. C’est pas faux mais par extension s’il obtient le droit de skater, d’autres usagers se verront tolérés d’autres types d’activités. Donc même si ça part d’intentions individualistes, ça peut être bénéfique généralement. En ce qui concerne la défense de liberté, je pense que l’on fonctionne toujours par induction. Oui, on peut dire qu’inconsciemment le skateur

montre que l’on peut s’approprier la ville comme on le souhaite. Il y a cette citation d’Ocean howelH que tu utilises qui m’a fait réflechir : «Le skateboard est la face cachée de l’urbanisme défensif, ce n’est pas une attaque de l’architecture de l’exclusion mais son symptôme.» Penses-tu que le skateboard est révélateur des dérives sociétales? L’autre exemple étant l’architecture anti-SDF. Au lieu d’intégrer certains utilisateurs de la ville on veut les en exclure. Comme si la ville n’acceptait pas les détournements, les comportements non induits. Est ce qu on peut parler d’arhcitecture de l’opression? Ou de dictature de l’architecture? Les gens et les pouvoirs publics ont tendance à voir dans le skate juste le bruit, le danger et la détérioration donc ils réagissent à ça et veulent l’empêcher. Les espaces de la ville, particulièrement ceux que décrit Howell aux Etats-Unis, ont un but commercial et donc l’intrusion d’un élément qui pourrait dérégler la logique commerciale n’est pas voulue. Donc la ville chasse certains usagers pour en privilégier d’autres. Cet urbanisme autoritaire qui impose aux gens un comportement sélectionne des usagers et en exclut d’autres. Les outils pour ça peuvent être ceux auxquels on a souvent affaire, les anti-skate, les vigiles... Mais il y a aussi des outils moins directs mais pas moins efficaces, typiquement l’installation du spot à Répu est arrivée juste après Nuit debout, on peut facilement penser que dans ce cas l’intégration du skate est un très bon outil pour chasser d’autres usagers dérangeants d’une autre manière. Pareil pour le skatepark récemment construit sous le pont entre la chapelle et Barbès avec le fameux coping en PVC. C’est un endroit qui à longtemps été squatté par des SDF, il a été mis en travaux pendant des années probablement pour avoir un prétexte pour le clôturer et virer les gens qui y étaient, finalement on y met un skatepark pour que les SDF n’y reviennent pas. Tout ça entre dans un projet urbain plus large à Gare du Nord qui a pour but de créer un grand centre commercial au sein de la gare et donc le quartier doit etre nettoyé pour accueilir les consommateurs dans de bonnes conditions. Donc oui l’urbanisme détermine les usages de manière plus ou moins autoritaire et le skate peut en être victime mais aussi un complice malgré lui. Qu’as tu voulu dire lorsque tu écris que les skateurs «perdent la perception des limites et des fonctions» p.19 ?



Je veux aussi et surtout parler du skateur qui va se mettre torse nu et s’allonger par terre en plein centre ville sans se soucier des règles implicites de comportement dans ce genre d’espace. Les raisons qui font que le skateur se trouve à cet endroit c’est parce que le sol roule bien, le curb n’est pas trop haut ou que le plan incliné slide. Et donc contrairement au salarié qui va à la Défense pour son job et y adopte le comportement de salarié attendu par la société ou le mec qui va faire la fête le samedi soir rue de lappe qui adopte encore un autre comportement lié au lieu et au moment, le skateur il l’est uniquement pour des raisons spatiales et donc il va se comporter de la même manière à la Défense ou à République ou à un spot en banlieue en bas d’une cité. Et pour revenir à ce que je disais plus haut, j’aime bien l’idée d’une pratique égoïste et donc qui ne se pose pas cette question de limites ou de règles conscientes, qui est juste animée par la sensass de grinder un morceau de granite sans se soucier si c’est une action rebelle ou revendicatrice de quoi que ce soit. Tu nous parles, p.48, du détournement du langage, même si l’exemple du curb est typiquement français, je trouve que le concept de renomination s’inscrit bien dans cette pratique de réappropriation. Pour l’histoire du curb c’est vrai que c’est uniquement français et j’aurais dû le préciser. Mais pour moi c’est ça qui est intéressant, Zarka parle de ça quand il dit que un handrail pour un skateur non anglophone ça ne désigne pas une rampe d’escalier mais une barre en descente sur laquelle tu peux slider qu’elle soit sur des escaliers ou non, à hauteur de main ou non. Ce que je veux dire, c’est que ce mot «curb» à l’origine signifie bordure de trottoire, donc aux USA dans les années 80 ( à peu près...) les skateurs ont appris des tricks dessus genre crooked grind disons. Ces tricks sont arrivés en France, on les a reproduit sur le même genre de spot des rebords de trottoire qu’on a aussi appelé curb du coup. Ensuite, les skateurs se sont mis à faire des crooked sur d’autres obstacles : des ledges aux USA parce que comme l’anglais est leur langage natal ils vont pas commencer à appeler n’importe quoi un rebord de trottoir ça serait chelou. En France, et cest mon interprétation, j’imagine qu’on a appris à faire crook sur des bancs, des rebords, tout et n’importe quoi. Et alors je sais pas pourquoi on n’utilise pas ledge comme terme (alors quon l’utilise à la place des hubbas ?) mais ce qui est intéressant c’est que parce qu’on faisait crook sur un spot qui s’apelle curb et qu’on le fait maintenant sur un autre spot un peu plus haut

on va l’appeler curb aussi. Le skateur français en appelant curb un banc par exemple il montre bien qu’il renomme les espaces de la ville en fonction de la manière dont il les utilise. Donc ils donnent un nouveau sens aux espaces qui les entoure (Zarka parle de ça je ne sais plus où, qui sera le maître du sens des mots, Alice au pays des merveille et tout). Les anglophones peuvent pas faire ça parce que comme l’anglais est leur langage premier, le premier sens de curb l’emporte quoi qu’il arrive. Cet exemple est spécifique à la France mais je me demande si dans d’autres pays où l’anglais n’est pas la premiere langue ils ont des exemples similaires. Quand j’étais gamin à un skatepark à coté de chez moi il y avait des mini courbes et les skateurs plus vieux appelaient ça des banks alors qu’un bank c’est un plan incliné, et bien j’imagine qu’ils appelaient ça comme ça parce que comme c’était des petites courbes pas très raides ils y faisaient les mêmes tricks qu’ils auraient fait sur un plan inc. Oui c’est dans «Qui sera le maître» de Sylvain Robineau que Raphael Zarka expose cette théorie. J’aime bien le passage où il parle d’Alice au pays des merveilles et de l’arbitraire des mots. Les skateurs, en se réappropriant le langage à leur sauce (comme Humpty Dumpty), soulignent la nature purement conventionnelle du lien entre les mots et leur sens. Ils donnent du sens à des mots qui n’avaient aucun rapport avec l’objet qu’il décrivait. Changeons de sujet, tu m’as appris un nouveau concept : la nano architecture. J’ai noté deux types de nano architectures que tu présentes : celle qui est pourvue d’une fonction (qui a été pensée) par exemple la nano marche de repu, c’est un bassin non? Et celle qui n’a pas de fonction apparente ou prévue, (le trou entre les deux barrieres et le crack à côté de l’escalator qui n’est d’ailleurs pas un crack mais un effet esthetique de finition de bordure). Le kink sur le rail j’ai du mal à savoir à quelle catégorie il appartient : est-ce un anti skate auquel cas il se rattache à la première ou est-ce juste un effet esthétique auquel cas il appartient à la seconde. Donc skater une nano architecture est soit un détournement de l’architecture soit donner une fonctionnalité à quelque chose qui n’en avait aucune à la base, donc créer du sens là où il n’ y en a pas. En quelque sorte, le skateur donne un sens au non sens, non ? Alors, en fait j’essaye de dire que le skateur grâce à son outil est sensible à de très faibles variations de l’espace. Genre un crack de 1 cm ça peut te


foutre par terre ou une toute petite déformation du trottoir peut créer un bump et donc un spot. Bref, ces variations quelles qu’elles soient créent des spots ou à l’inverse elles rendent un spot impraticable, le skateur il les voit et les ressent quand il skate. Donc comme ces variations peuvent créer un espace skateable finalement ou l’inverse j’ai voulu appeler ça des architectures ( si on considère simplement qu’une architecture est quelque chose créateur d’espace) et comme elles sont de très petites échelles j’ai pensé à les appeler micro architecture sauf que c’est un terme qu’on utilse déjà pour désigner des petites architectures comme des cabanes, des kiosques stands... Donc jai cherché encore plus petit et donc nanoarchitecture. Après avoir écrit ce texte j’ai lu un article de Tiphaine Kazi-Tani qui parlait déjà de ça et parlait de micro architectures. Et donc pour revenir aux photos qui illustrent ce texte dans Continuum, elles ne sont pas forcément très explicites mais pour Répu c’est que le tout petit rebord du bassin qu’en fait si tu fais pas attention et que t’es pas un skateur je pense que tu ne le vois pas alors que quand t’es un skateur non seulement tu le vois mais en plus tu réussis a faire des tricks dessus, les chinese nollie là. Les autres exemples sont moins clairs mais le crack à chatelet il fait un cm seulement et il peut t’empêcher de skater le spot correctement, pareil pour l’espace entre les barrières. Et le kink est un peu moins nano mais ce petit détail peut faire qu’un rail soit beaucoup plus dur à skater ou meme faire la spécifité de ce rail et en faire un spot plus intéressant. (Les exemples sont pas ouf à part celui de Répu qui marche bien je trouve parce que j’avais plus trop le temps) Est-ce que tu as d’autres exemples en tête ? Bin, j’en ai un mais c’est pas très parlant, une fois je skatais un bump to bar et le bump était assez plat. Mais comme le béton était assez irrégulier, si tu le prenais un peu a droite c’était un poil plus raide et le bump faisait vraiment le taff de t’envoyer au dessus de la barre, et ça même en voyant le spot tu le voyais pas, juste en le skatant tu t’en rends compte. (Du coup c’était compliqué de prendre des photos de ça ah ah !) C’est malade quand même quand t’y penses, cette acuité du détail... On remarque des choses qui n’existent même pas pour le reste du monde. Ouais de ouf ! Genre quand tu roules t’es constamment en train de regarder si il n’y a pas un caillou qui va se foutre sous tes roues ou les rainures de

l’asphalte et à la fin sur tes trajets quotidiens tu connais exactement les moindres patch d’asphalte qui roulent bien ou mal sur la route. Ah ah tellement vrai ! Tu parles du fait que parfois l’appropriation urbaine du skateur va à l’extrême en devenant lui même architecte de l’espace (déplacer des objets, réparer des spots, tailler des végétaux, meuler des rebords, couler des rainures..) en apposant sa «nano-participation» à l’édifice mais aussi en l’entretenant. Les skateurs sont de ce fait des usagers très impliqués. J’ai aimé que tu soulignes le fait qu’ils ne dégradent pas seulement mais qu’ils réparent parfois aussi. Comment vois-tu le rapport du skateur aux liens antonymiques construction/ destruction? Continuum c’est un truc que jai fais à l’école et donc au début mes profs, bien que très ouverts ne savaient pas trop à quoi s’attendre. Donc jsuis allé skater et jai pris masse de photos pour leur expliquer ce qu’on faisait quand on skatait. Et on est allé sur un spot que Rémy avait repéré ou il fallait dévisser une barrière pour pouvoir skater un manny pad. Donc je leur ai montré des photos de ça en expliquant que le skateur bin il n’hésite pas à modifier l’espace qui l’entoure pour «réparer des spots », ils ont un peu halluciné et il ne se doutaient pas du tout que les skateurs faisaient ça, c’était assez marrant. Bref, quand je parle de « réparation » c’est pas au sens conventionnel, c’est que le skateur il voit un spot qui marche presque mais qui pour une raison ou une autre n’est pas fonctionnel donc il va le modifier pour qu’il devienne fonctionnel en faisant ça il «répare les spots » à sa manière mais ça peut vouloir dire waxer un curb comme passer le balai sur un spot dégueu, reboucher un crack ou encore démonter un banc pour le mettre là où il marche mieux. Donc en soit ils réparent ou ils entretiennent la ville mais à leur manière. Et donc parfois ça va dans le sens de l’amélioration pour tout le monde, quand, page 80, on débroussaille un buisson qui est dans le passage du skateur mais aussi de tout le monde et parfois ça va à l’encontre de l’usage des autres habitants comme quand on arrache les trucs blancs pour aveugle avant les marches. De cette manière les skateurs sont très impliqués pour l’entretien de leur espace mais en tant que skateur pas en tant que citoyen parce qu’ils le font exclusivement pour leur plaisir égoïste encore une fois et c’est pour ça qu’ils se permettent de démonter une barrière qui n’est pas au bon endroit selon eux alors qu’en fait elle empêche les gens de tomber dans le vide et est donc assez


utile. Mais c’est cette approche égoïste qui pour moi permet de développer une pratique aussi singulière justement. Vous les recollez les trucs pour aveugle après ? Ahah c’est un exemple qui parle bien en tout cas, perso je ne me rappelle pas avoir fait ça depuis longtemps mais si je l’ai fait je ne les ai pas recollé, c’est déja tellement chiant à retirer... D’ailleurs quand ils ont commencé à apparaitre dans l’espace public je ne savais pas ce que c’etait et je me demandais si ce n’était pas des antiskate. Est ce que les antiskate ne seraient pas une vandalisation légale de l’espace public ? Le quartier Antigone de Montpellier, où la ville a carrément meuler des murets les aggrémentant d’entailles des plus inesthetiques, est un exemple parfait de défiguration du paysage urbain. Comment on décide que tel acte est une vandalisation ou non ? Si on antiskate un handrail en lui soudant des boules affreuses c’est okay mais si on se fait surprendre en train de les meuler on est le vandale ? L’exemple d’Antigone dont parle Zarka est assez marrant dans le sens où pour que les skateurs ne dégradent pas l’espace public les services publics ont pris les devants et le dégradent eux mêmes en faisant des entailles régulières sur tout les rebords. Après c’est un quartier résidentiel et donc on peut imaginer qu’on voulait virer les skateurs à cause du bruit surtout. C’est sur que les antiskates, pics à pigeon et autres dispositifs anti sdf dégradent l’espace public mais de toute manière leur efficacité est assez faible puisqu’on skate quand même les curbs de Richard Lenoir par exemple. Ce sont des dispositifs assez vains je pense et qui témoignent surtout de combien les services publics qui les mettent en place sont désemparés et ne comprennent pas la pratique du skate. Qu’ils défigurent une belle main courante ou un espace public ou que ça soit moins confort de s’asseoir c’est une chose, mais ce qui est plus grave c’est qu’ils participent à une architecture défensive et à un urbanisme de l’éviction. Et en tant que skateurs on a un peu le seum quand un curb qui grinde bien est antiskaté mais c’est beaucoup plus grave quand des sdf sont chassés par des dispositifs anti SDF. A Bordeaux, Léo Valls a convaincu les élus locaux qu’il s’agissait d’une architecture agressive et non pas défensive et ça leur a fait changer leur façon d’aborder le «problème». Penses-tu qu’il faut éduquer la population pour trouver des


solutions de vivre ensemble ? C’est vrai qu’à Bordeaux avant qu’ils ne fassent ce travail de lobbyisme c’était compliqué le skate on se prenaient des amendes et on se faisait confisquer nos boards. Donc c’est clairement une bonne chose qu’il ait reussi à les rendre plus tolérants. Quand tu parles d’«usures acceptées» par la population, ça me fait repenser à cette histoire de vandalisation légale. On accepte que des arbres soient arrachés pour faire des places de parkings mais on accepte pas que le rebord du trottoir de ce même parking ait une érosion accélérée du au jeu. Qu’est ce qui fait que l’on hierarchise si étrangement les dégradations ? Est-ce qu’une dégradation offcielle devient une dégradation acceptée et non questionnée? Qu’est ce qui légitimise telle ou telle détérioration de l’espace public ? C’est certain que le skate dégrade, mais l’automobile pollue et dégrade davantage la ville. Si on l’accepte pour l’un et pas pour l’autre je pense que c’est parce qu’on vit dans une société qui aurait du mal à faire sans la voiture et qui nécessite de grands changements avant de s’en passer. Le skate bien que populaire est toujours assez marginal et reste pratiqué par une minorité dont la voix ne pèse pas beaucoup parmi tous les habitants de la ville. Et surtout les gens ne saisissent pas le rapport entre le skate et la ville, ils ne comprennent pas qu’on ne fasse pas ça dans un endroit dédié. Ca pourrait évoluer avec la popularisation du skate mais au fond j’aime bien le fait que les gens ne comprennent pas le skate et je me complais bien dans ce truc où les gens ne captent pas pourquoi je fais des kilomètres pour skater un petit bout de béton un peu biscornu même si parfois ça cause des altercations un peu tendues avec certains passants. En parlant d’altercation, p.106, tu soulignes le fait qu’aux yeux de certains passants le mobilier urbain acquiert soudainenmant une valeure précieuse, mobilier urbain dont ils ignoraient bien souvent l’existence avant de remarquer son utilisation par les skateurs. Comment tu expliques ce soudain intérêt ? Il y a quand même des gens qui sont assez légitimes de se plaindre genre quand tu abîmes leur immeuble ou que tu fais du bruit toute la journée devant chez eux. Après, il y a toujours ce mec qui passe et qui te dit qu’il paye les impôts lui et que les marches tu les abîmes, je pense que ces gens là déjà pour qu’ils sortent de la foule, que sur leur chemin ils arrêtent leur occupations pour

engueuler des skateurs sans que ça les atteignent vraiment c’est que c’est des gens qui n’hésitent pas à faire chier le monde pour pas grand chose. Alors ils sont prêts à se saisir du moindre prétexte et le skate leur en fournit plus que ce qu’il n’en faut entre le bruit, le danger, les dégradations et l’image marginale que ça véhicule. Oui j’imagine que c’est plus facile de se plaindre que d’essayer de comprendre. Pour finir, simple curiosité, pourquoi y a masse de pages où y a rien dans ton livre ? C’est pour montrer que t’as pas peur de la page blanche ? Ahahah c’est des histoires de mise en page quand tu le lis en mode de pages côte à côte ça prend plus de sens normalement.


Idris Jani Continuum skatepark conception nano architecture & comportements urbains

CITATIONS TIREES DE CONTINUUM « Comme elle le fait avec les pigeons et SDF la ville chasse les skateurs grâce à de simples accessoires bien positionnés. Comme les pigeons et SDF, les skateurs sont totalement désarmés face à de tels dispositifs. Les résultats de leur éviction de l’espace public sont aussi élevés que ceux de la migration des pigeons et de la domiciliation des SDF. Les outils de cette entreprise, dont la beauté n’a d’égale que l’efficacité, agrémente alors la ville de leur esthétique à la forte symbolique » « Les habitants de la ville ne sont pas conviés mais assistent à ce jeu dont ils ne connaissent pas les règles. L’incompréhension nuance leur réactions entre rejet et intérêt. Pédagogues, ils éduquent les skateurs quand à la véritable fonction du mobilier urbain. Altruistes, ils indiquent la piste de roller la plus proche. Prévenants, ils alertent quant aux possibilités de paraplégie à la suite d’une mauvaise chute. » « De nombreux facteurs extérieurs se liguent alors pour mettre fin à son entreprise. La météo qui fait du plus abrasif enrobé une patinoire. Le public qui bafoue la performance en entrant sur scène à tout bout de champ. Le traffic qui ne daigne pas s’interrompre et coupe systématiquement la trajectoire des protagonistes. Et les justiciers du banc public qui volent au secours de la moindre dalle qui passe sous les roues du skateboard et font des pieds et des mains pour mettre fin au génocide des bordures de trottoirs auquel s’adonnent impunément les skateurs. »


Les 3 artistes ayant eu le plus d’influence sur votre travail ? Melvin Van Peebles, Francis Wolf, Reid Miles Les 3 skaters ayant eu le plus d’influence sur votre façon de skater ? Boby Puleo, Jack Sabback, Alex Davis En 3 mots précisément, que faut-il pour réussir en tant qu’artiste (vivre uniquement de ça, quoi), en 2020, selon vous ? Bosser, réseauter, de la patience 3 points communs entre le fait de skater et le fait de peindre (ou autre) ? Le support de création, la ville en skate et sa representation, la carte pour mes dessins ; le fait d’utiliser quelque chose qui a la base n’est pas fait pour ça et de se l’approprier ; et plutot une complementaritée entre un travail interieur et meditatif, et une activitée exterieur en mouvement Trois marques (ou institutions, médias...) pour lesquelles vous apprécieriez travailler ? Blue Note, Innen zines, Rand Mc Nally Les trois derniers tricks rentrés ? Pivot fakie, back tail, front fakie manual Les trois dernières œuvres d’art vues (photo, peinture, films, etc.) qui vous ont marquées ? @daisuke_samejima ; »urban rashomon» de Khalik Allah ; Midnight Gospel Votre état d’esprit, là, maintenant, en 3 mots ? Relax, enthousiaste, impatient

Tavu




Tttetra tttetra, la quarantaine passée, une session par semaine malgré les genoux qui n’en veulent plus. Bosse dans le design/archi ce qui implique un certain besoin de rosser du ledge en fin de semaine et de s’exprimer via de la créa perso. Dessins à l’encre de Chine à partir de vidéos, pour créer des sortes de photos qui n’existent pas, dans l’esprit de clichés argentique avec beaucoup de grain. «Dirty hands !»


César Dubroca

MECCA SKATEBOARDING ART



Les boards de Rave

Si la lourde tâche de choisir une board, parmi la bonne centaine de propositions, nous avait incombé, nous eûmes très probablement choisi une de celles qui s’étalent sous vos yeux. En vrai, je pense qu’ils étaient saoul quand ils ont posté et quand ils s’en sont rendu compte, c’était trop tard !


Le jeu

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VERTICAL 1— Y’en a probablement un pas très loin 2— Marque de boards de Didier 3— Tony... Nan, l’autre... l’autre on t’a dit 4— Le salaire moyen du skateur pro 5— Des mecs chelou qui font une marque dans le sud qui ont un problème avec le fluo et les mulets 6— Parfois elle glisse, parfois elle est inclinée, souvent elle fait mal 7— Ce mag t’en file 8— Anciennement Death Box 9— Truc de ouf en américain HORIZONTAL 1— SOTY dans nos coeurs 2— La coupe au bol la plus célèbre de notre monde 3— Tricotées en France, ma bonne dame 4— Courriel 5— Quand le trick finit par rentrer, version porno 6— Petite marque suédoise 7— Company en plus court


zzzzzzzz Arthur, 21 ans. Designer graphique et Directeur artistique basé à Paris. Aime les sappes et les grecs.

Camille, 22 ans, étudiante en design global dans une école privée parisienne, passionée de design graphique, préfère les critérium aux crayons de papier HB.

Les Pokémon, c’est un peu passé de mode, non ? Camille Bourdon : Wow wow woooow, qui n’aime pas ces super-insectes des années 2000 ? Je penses même pas que ça puisse passer de mode…même si on y joue moins étant adulte, l’esthétique reste monstrueuse. D’ailleurs Salamèche n’a jamais autant eu la côte, si on en croit la mode des tattoo flamme sur la cheville ! Arthur Nabi : Je ne dirais pas que les Pokémons sont passés de mode. L’ère Pokémon l’est peut-être mais l’univers visuelle de ce dernier est encore remarquable aujourd’hui. Vous pouvez nous expliquer ce qu’il vous a pris ? Camille : A vrai dire, on voulait faire une board estivale, florale, funky; avec arthur. On voulait une board qui donne le smile ! On a fait ça sur un coup de tête, j’ai dessiné et arthur à agencé le tout autour de créations typographiques. Arthur : L’idée de ce design était d’arriver à quelque chose d’agréable et joyeux (en contraste avec cette période confinement). On a tout travaillé nous même : l’illustration, la typographie et le traitement; la création graphique est notre métier, on commence a être rodés :) On est allé au bout de notre envie, créer un mood familiale et old-school. Nous cette board on l’adore, mais c’est pas le cas de tout le monde si on lit les commentaires sur le post de Rave. Vous en pensez quoi ? Vous avez reçu des menaces ? Camille : C’est drôle de vouloir faire une board qui donne le smile et recevoir tant de commentaires antipathiques. Mais en


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DM, je vous assure qu’il n’y avait que du love et de félicitations ! Je pense que c’est triste que l’exposition ou la mise en avant d’une personne ou d’une création (youtubeur, artiste, chanteur, model, humoriste etc.) génère automatiquement de l’aversion plutôt que du soutien. Arthur : On a vu quelques commentaires, certains déplacés. La plupart des commentaires négatifs font maybe preuve de fermeture d’esprit : OUVREZ LES YEUX, les pokémons c’est cool. Je n’ai reçu aucune menaces aha, au contraire j’ai eu énormément de retours positifs sur cette création, d’ailleurs les analytics d’Instagram sont au-delà du reste de mes crea : 29,608 impressions, 847 likes, 114 enregistrements (Les chiffres ne parlent pas toujours en effet). Vous auriez choisi laquelle, si vous n’aviez pas participé ? Camille : Il y avait pleins de jolies board pour le Homie Challenge, j’aurais choisis celle de @n0fuchs qui avait participé pour 242, skate shop de Genève. Arthur : Je pense qu’on s’est démarqué sur la direction que l’on a pris, comme d’autres graphistes qui ont remporté un prix : j’aurais choisi celle de Jeanbadtrip pour ChezMolly, elle est super belle. Il y avait pleins de boards très bien, très cool avec plusieurs styles différents super intéressant.

L’histoire de la board qui a gagné le concours



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NOZBONE PARIS 2003-2020



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