Portée et limites
Ce Policy Paper présente une analyse des nouvelles intelli-
gences dérivées des usages émergents des technologies dans le
but d’améliorer la prise de décision en matière de développement. Il ne s’agit donc pas d’une évaluation théorique ou d’une revue de la littérature. Il convient de noter que la plupart des cas d’usage que nous
examinons - pas la totalité - ont été déployés en Afrique francophone, une région importante pour l’Agence française de développement
(AFD). Nous ne cherchons pas à présenter une analyse complète des implications sur le plan sociotechnique des technologies émergentes
sur les pratiques de développement, ni une synthèse de l’ensemble
des publications récentes dans le domaine. Nous sommes également conscients qu’il existe d’autres utilisations culturelles, sociales et
économiques des technologies numériques, y compris dans le milieu
du développement, qui ne s’inscrivent pas dans le paradigme des intelligences.
Dans la pratique, la notion d’émergence couvre un spectre
étendu. Le fait de savoir si l’utilisation d’une technologie donnée est
« émergente » prête à discussion et est susceptible de varier considé-
rablement en fonction du contexte et de l’usage. En conséquence, on pourra faire valoir que certains des cas décrits ici ne sont pas en soi des technologies émergentes, mais plutôt des pratiques utilisant des technologies matures de manière novatrice pour des usages
émergents. Par souci de concision, de simplicité et d’utilité pratique,
nous avons choisi de faire figurer ces usages émergents de technologies au sein de ce document.
Nombreux sont les problèmes de développement qui ne peuvent
être résolus par la seule technologie. Comme nous le verrons plus loin, le déterminisme technologique – une dépendance excessive à l’égard
des technologies pour résoudre les problèmes – et le « solutionisme technologique » – la croyance en l’idée que l’ensemble des problèmes
peuvent être abordés sous l’angle de la technologie – peuvent mener à des effets néfastes tels que l’échec de projets, la perte d’autono-
mie des bénéficiaires, la perpétuation ou l’aggravation d’inégalités existantes ou des dommages environnementaux. Tant que les techno-
logies ne sont pas utilisées de manière régulière et qu’une pratique ne se développe autour d’elles, elles pourront tarder à produire des résultats et être difficiles à adapter à des contextes spécifiques. En conséquence, il convient de peser soigneusement les bienfaits des
technologies par rapport aux risques qu’elles font courir et de n’opter pour des technologies que lorsque ces dernières sont clairement plus efficaces que des approches non technologiques.
Policy Paper Mars 2021
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