Rapport annuel 2015 Outre-mer de l'AFD by Agence Française de Développement

R A P P O R T D ’ A C T I V I T É O U T R E - M E R 2015

Panorama

2015 Notre action Outre-mer

AGENCE FR ANÇ AISE DE DÉVELOPPEMENT

SOMMAIRE

Éditorial � ��P.3 Contexte et mission � ��P.4 Nos champs d’action � ��P.6

Sur le terrain

P.8

Entrepreneuriat (La Réunion) � �� P.10 Aménagement urbain (Nouvelle-Calédonie) �� P.12 Financements budgétaires (Outre-mer) � �� P.14 Biodiversité (Martinique) �� P.15 Énergie renouvelable (Polynésie française) ��P.16 Lutte contre l’exclusion (Guyane) �� P.20 Eau et assainissement (Guadeloupe) �� P.22 Santé (Mayotte) � �� P.23 Insertion régionale (Outre-mer) �� P.25

Organisation et équipes

P.26

R A P P O R T D ’A C T I V I T É O U T R E - M E R 2 015

— ÉDITORIAL —

Outre-mer, il faut

repenser les leviers du développement Anne Paugam Directrice générale

’année 2015 a été une année historique pour la communauté internationale : adoption des Objectifs de développement durable à New York et de leur cadre de financement à Addis-Abeba, et établissement d’une feuille de route ambitieuse pour le climat lors de la COP 21 à Paris.

cements, de nombreuses infrastructures essentielles pour améliorer la vie des populations et pour créer un environnement favorable à l’activité économique vont pouvoir être construites ou réhabilitées : traitement des déchets, unités d’eau potable, transports collectifs, établissements de santé, etc.

Ce nouvel agenda structurant pour les années à venir consacre l’universalité des défis auxquels nous faisons tous face, partout sur la planète, et souligne l’urgence à travailler davantage ensemble, en mobilisant des coalitions d’acteurs et une palette large d’outils financiers.

Notre conviction est aussi que l’avenir des économies ultramarines ne s’arrête pas à l’enjeu du financement : renforcer les capacités des porteurs de projet, repenser les leviers du développement, redynamiser le contrat social constituent des objectifs de plus en plus partagés par l’ensemble des acteurs locaux du développement. C’est dans cet esprit que l’AFD met à disposition de ses partenaires son offre d’expertise sectorielle et financière, organise des formations ou des séminaires techniques. C’est également dans cette optique que l’Agence s’implique dans les débats locaux sur les perspectives de développement au travers d’études, de conférences ou d’événements mettant en présence des acteurs de tous horizons, ultramarins ou des pays voisins. C’est pour nous un aspect essentiel de notre mission, qui répond à une demande forte et que nous continuerons à développer.

Ce nouvel agenda fait aussi écho à la mission de l’AFD dans les Outre-mer français. L’AFD y intervient, comme dans les pays en développement, avec une philosophie unique de financeur du développement durable. En proposant une offre diversifiée et en soutenant dans des proportions équivalentes le secteur public et le secteur privé, l’AFD est reconnue comme un acteur clé du dispositif de financement des Outre-mer. Pour la troisième année consécutive, l’activité a dépassé le seuil du milliard et demi d’euros d’engagements au service d’un cadre de vie durable et prospère dans les Outre-mer, à travers près de 180 projets soutenus en 2015. L’AFD apporte ainsi un soutien financier à plus de trois collectivités locales ultramarines sur quatre et a financé en 2015 plus de 2 200 entreprises privées. Grâce à ces finan-

« L’avenir des économies ultramarines ne s’arrête pas à l’enjeu du financement. »

— CONTEXTE ET MISSION —

6 clés pour comprendre

Un nouveau cap à fixer

Des défis hors normes

Crises économiques et financières de 2008-2009, crises sociales de 2009 aux Antilles, de 2011 à Mayotte, crise du nickel de 2015-2016 en Nouvelle-Calédonie : d’une manière ou d’une autre, chaque territoire ultramarin a été confronté, ces dernières années, au constat d’un blocage ou d’un essoufflement de son modèle économique et social. La croissance des années 1980, 1990 ou même de la première moitié des années 2000 avait profondément modifié le visage des économies ultramarines. Cette dynamique semble révolue, certains moteurs traditionnels de croissance (transferts publics, alignement des dispositifs sociaux, import-substitution, etc.) paraissant être arrivés au bout de leurs capacités. Dans tous les territoires ultramarins français, la question récurrente d’une nouvelle trajectoire de développement et d’un nouveau contrat social est devenue structurelle : un nouveau modèle de développement doit être inventé.

La nécessité de refonder la dynamique économique et sociale n’est pas une spécificité ultramarine : dans l’Hexagone, le leitmotiv est le même. En revanche, l’histoire, la géographie, le climat, les institutions, la sociologie, la démographie sont autant d’aspects spécifiques à chacun des territoires ultramarins qui imposent de penser en dehors des cadres métropolitains. Plus encore, ce sont parfois des défis hors normes, sans commune mesure avec les standards métropolitains, qui occupent les acteurs ultramarins. Comment réussir la transition accélérée de Mayotte en département français de droit commun ? Comment réussir la course contre la montre pour absorber la démographie guyanaise ? Comment répondre au besoin polynésien de donner un accès aux services de base à une population éparpillée sur cinq archipels aux dimensions de l’Europe ? Comment préserver tout en les valorisant les ressources naturelles exceptionnelles de chacun des territoires ultramarins ?

R A P P O R T D ’A C T I V I T É O U T R E - M E R 2 015

5. 3. Les Outre-mer ou le laboratoire des possibles Territoires insulaires, isolés, faiblement connectés, fortement dépendants de la métropole, les Outremer français n’ont d’autre choix que de se réinventer. Certains de leurs atouts sont indiscutables : ressources naturelles à fortes potentialités ; biodiversité exceptionnelle ; présence française dans les océans Atlantique, Pacifique, Indien et Antarctique ; fragments français dans des environnements régionaux en développement. Les Outre-mer peuvent devenir des pôles d’attractivité en matière technologique, sanitaire, etc. À ce jour, il n’existe pas de recette miracle pour que les Outre-mer français tirent pleinement parti de leurs atouts. Des expériences innovantes émergent toutefois et doivent être développées : énergies renouvelables, maîtrise de l’énergie dans le bâti, gestion des déchets, bioéconomie tropicale, numérique…

4. Soutenir l’investissement public et privé Améliorer les conditions de vie des populations, mettre à niveau les infrastructures et soutenir l’initiative économique constituent la principale feuille de route de l’Agence Française de Développement dans les Outre-mer. Pour cela, l’AFD soutient les collectivités ou établissements publics comme les porteurs de projet privés pour financer les investissements indispensables au développement de chacun des territoires.

Être au plus près des besoins Présente dans les territoires ultramarins depuis près de 75 ans, l’AFD fonde son action de développement sur une relation de proximité avec les acteurs locaux. Avec sept agences, deux bureaux et 140 agents sur place, l’AFD travaille au plus près de ses partenaires pour les aider à mener à bien leurs projets. Cela nécessite des réponses différenciées, qu’elles soient financières ou d’expertise. Prêts bonifiés ou non, à court ou à long terme, garanties ou refinancements bancaires : les possibilités de financement sont variées. Les apports d’expertise le sont également : avec plus de 50 missions d’experts financiers ou sectoriels du siège par an, l’AFD noue un dialogue spécifique avec chacun de ses partenaires pour trouver des solutions adaptées.

6. Contribuer à alimenter les réflexions sur les enjeux de développement Au-delà de la réussite de chaque initiative entrepreneuriale individuelle ou du bouclage du financement de chacun des investissements publics, le défi des Outre-mer est celui de la mise en place d’un projet commun de territoire. L’AFD essaie d’apporter sa contribution pour catalyser cette dynamique collective indispensable afin que les territoires se projettent dans l’avenir. En finançant des études, en nouant des partenariats avec des acteurs locaux, en organisant des conférences, en participant à la production de statistiques sur les économies ultramarines, l’AFD contribue à mettre la connaissance et la prospective au service des économies et des sociétés ultramarines.

— NOS CHAMPS D’ACTION —

1,6 milliard d’euros engagés

Avec des engagements qui s’élèvent en 2015 à 1,57 Md€ – soit l’équivalent de 3 % du PIB des Outre-mer –, l’AFD continue d’apporter des volumes de financements importants pour dynamiser les économies ultramarines. Cette année encore, l’AFD a couvert par ses financements l’ensemble des Outre-mer, avec en tête La Réunion, la Martinique et la Guadeloupe. Elle a également apporté un soutien financier à des territoires plus isolés : les Terres australes et antarctiques françaises avec le financement d’un navire logistique polaire ou encore Wallis-et-Futuna, avec le soutien d’un projet porté par l’Agence de santé.

Martinique

350 M€

Nouvelle-Calédonie

22 % de l’activité

151 M€

10 % de l’activité

Mayotte

La Réunion

392 M€

25 % de l’activité

37 M€

Guadeloupe, Saint-Martin, Saint-Barthélemy

Guyane

283 M€

94 M€

2,5 % de l’activité

6 % de l’activité

18 % de l’activité

Polynésie française

189 M€

Wallis-etFutuna

12 % de l’activité

22 M€ Terres australes et antarctiques françaises

1,5 % de l’activité

www.comersis.com

50 M€

3 % de l’activité

Saint-Pierreet-Miquelon

0,1 M€

R A P P O R T D ’A C T I V I T É O U T R E - M E R 2 015

L’AFD, PREMIER PARTENAIRE DU SECTEUR PUBLIC Représentant 51 % de l’activité 2015 (805 M€), le soutien à l’investissement public constitue un axe structurant de l’action de l’AFD : il profite aux régions (233 M€) et départements (85 M€), qui jouent un rôle moteur dans l’économie locale, mais également aux communes (52 communes ultramarines ont bénéficié d’un total de 116 M€). Notamment les petites communes de moins de 10 000 habitants et les communes connaissant des difficultés d’emprunt, qui représentent 49 % des collectivités locales financées. Le secteur privé constitue le second pilier de l’intervention de l’AFD : en 2015, 765 M€ ont été accordés à plus de 2 200 porteurs de projet privés. Avec 547 M€ de financements, l’activité de prestations de l’Agence pour Bpifrance continue sa progression. L’année a été également marquée par une hausse de l’activité de garanties, tirée en particulier par la SOGEFOM dans le Pacifique qui a vu – suite à l’adaptation de plusieurs de ses produits financiers – son volume de garanties octroyées atteindre 24 M€ (contre 15 M€ en 2014). Enfin, l’Agence a accordé pour son compte propre 71 M€ de prêts à des entreprises (+ 73 % par rapport à 2014) dans une grande variété de secteurs : logement, équipements de loisirs, infrastructures portuaires, haut débit, etc.

5,5 % — 85 M€

15 % — 233 M€

Départements/provinces

Régions/territoires

0,5 % — 6 M€

7 % — 116 M€

Associations

Communes

7 % — 110 M€ Sociétés d’économie mixte

Établissements de santé et médico-sociaux

4 % — 59 M€ Autres établissements publics

6 % — 96 M€ Établissements publics de coopération intercommunale (EPCI)

49 % — 765 M€ Secteur privé

10 % — 155 M€

2 % — 29 M€

Prêts non bonifiés au secteur public

Participations et avance pour compte d’État

OUTILS FINANCIERS

40 % — 621 M€

35 % — 547 M€ Prestations pour Bpifrance

Prêts bonifiés par l’État au secteur public

10 % — 161 M€ Prêts AFD au secteur privé et refinancement des banques

3 % — 57 M€ Garanties au secteur privé

AU-DELÀ DES FINANCEMENTS, ACCOMPAGNER LA RÉFLEXION SUR LES POLITIQUES PUBLIQUES Pour dynamiser les économies ultramarines, les besoins des acteurs locaux ne se limitent pas à un apport financier. Réflexions sur les politiques publiques, amélioration des pratiques financières et de gestion des porteurs de projet, structuration de filières économiques ou mise en réseau d’acteurs constituent également des enjeux pour les acteurs publics et privés. Forte de sa présence sur le terrain via un réseau de sept agences et de la relation de confiance qu’elle a su nouer avec les acteurs locaux, l’AFD met à disposition de ses partenaires une expertise sectorielle et financière, une capacité de production d’études, des formations qui contribuent au renforcement des maîtrises d’ouvrage.

6 % — 100 M€

BÉNÉFICIAIRES

Dialogue financier Établir un diagnostic de gestion

Organisation de conférences

Plus de 20 dialogues en Martinique en 2015

Alimenter le débat public sur les sujets de développement

Conférence CEROM – Les enjeux climatiques et énergétiques dans les Outre-mer et les petits États insulaires

Production d’études Améliorer la connaissance collective

Guyane – étude CEROM opportunités et défis de la croissance démographique

Au-delà des financements

Apport d’expertise AFD et externe

Organisation de séminaires techniques

Mettre à disposition une expertise financière ou sectorielle

Partager, débattre, mettre en réseau

Une cinquantaine de missions d’experts du siège en 2015

Formations Proposer des séances de formation sur mesure

Martinique – séminaire d’échanges de bonnes pratiques de gestion avec les acteurs publics locaux

La Réunion – formation santémédico-social, en partenariat avec l’EHESP

p.16

p.15

p.20

p.23

p.25

R A P P O R T D ’A C T I V I T É O U T R E - M E R 2 015

L E S P ROJ E T S

Sur le terrain EN 2015, L’AFD A ACCOMPAGNÉ PRÈS DE 180 PROJETS DANS L’ENSEMBLE DES OUTRE-MER. QU’ELLE FINANCE DES INFRASTRUCTURES MÉDICO-SOCIALES OU QU’ELLE SOUTIENNE L’ENTREPRENEURIAT, QU’ELLE CONTRIBUE À PROTÉGER LE PATRIMOINE NATUREL ULTRAMARIN OU À SOUTENIR DES INITIATIVES INNOVANTES EN MATIÈRE ÉNERGÉTIQUE, L’AFD A POUR OBJECTIF DE FAVORISER UNE CROISSANCE DURABLE ET RESPECTUEUSE DES TERRITOIRES. RETOUR EN IMAGES SUR QUELQUES-UNS DE CES PROJETS.

E N T R E P R E N E U R I AT

L U T T E C O N T R E L’ E X C L U S I O N

La Réunion, première smart island au monde ? � �� P.10

Gagner la bataille contre l’exclusion en Guyane � �� P.20

AMÉNAGEMENT URBAIN

EAU ET ASSAINISSEMENT

Grand Nouméa ou comment soutenir logement et emploi �� P.12

Répondre à la crise de l'eau, une urgence en Guadeloupe �� P.22

F I N A N C E M E N T S B U D G É TA I R E S

SANTÉ

Aider à bâtir les politiques publiques en Outre-mer �� P.14

Mamoudzou, la plus grande maternité de France � �� P.23

BIODIVERSITÉ

INSERTION RÉGIONALE

Trois nouveaux atouts pour le Parc régional de Martinique �� P.15

Renforcer les liens avec les voisins �� P.25

ÉNERGIE RENOUVELABLE

Fatu Hiva, l’île verte ��P.16

R A P P O R T D ’A C T I V I T É O U T R E - M E R 2 015

E N T R E P R E N E U R I AT

La Réunion, première smart island au monde ?

L’arrivée du très haut débit représente une opportunité majeure pour le développement économique de l’île et la réduction de son enclavement numérique.

L A RÉUNION —

l s’agit du plus important programme d’investissement dans le très haut débit jamais engagé à La Réunion. Aux commandes ? L’opérateur réunionnais THD Group, une entreprise locale innovante, qui emploie près de 100 collaborateurs, tous basés sur l’île. En 2015, l’AFD a décidé de marquer son soutien et sa confiance à cette jeune entreprise, déjà à l’origine du premier réseau de téléphonie mobile à La Réunion et à Madagascar. Elle lui a ainsi accordé un prêt de 21 millions d’euros, pour un montant total du programme de 70 millions d’euros. L'AFD a ainsi joué un rôle de clé afin de soutenir ce projet sur le long terme auprès du Crédit Agricole, partenaire bancaire sur l'opération. Jusqu’à présent, THD Group couvrait six communes : Le Port, La Possession, Saint-Paul, Le Tampon, SaintPierre et une partie de Sainte-Marie, représentant environ 90 000 foyers pouvant être raccordés et 23 000 déjà abonnés. Avec l’élargissement de la zone de couverture à 14 des 24 communes que compte l’île, près de 170 000 logements pourraient bénéficier des services apportés par la fibre optique d'ici 2017. À terme, l’objectif de l’opérateur est de raccorder 100 % de La Réunion et de faire ainsi de l’île « la première smart island au monde ». En 2015, cinq nouvelles communes ont d’ores et déjà signé une convention de programmation et de suivi de déploiement avec Zeop : Saint-André, SaintBenoît, Saint-Leu, Sainte-Suzanne et Saint-Joseph. Fin 2015, les premiers foyers de ces cinq nouvelles villes ont ainsi pu surfer en très haut débit !

Villes déjà couvertes par Zeop

COUVERTURE ZEOP

Villes en cours de déploiement

à fin décembre 2015

Le Port

Zone de cofinancement

Saint-Denis

La Possession

SainteMarie

SainteSuzanne Saint-André Bras-Panon

Saint-Paul

Salazie

Saint-Benoît

Les Trois-Bassins Saint-Leu

Plainedes-Palmistes

Cilaos

Sainte-Rose

Les Avirons L’Étang-Salé

SaintLouis

Le Tampon SaintPierre

PetiteÎle

SaintJoseph

SaintPhilippe

AMÉNAGEMENT URBAIN

Grand Nouméa ou comment soutenir logement et emploi

Pour répondre aux enjeux de développement urbain de l’agglomération du Grand Nouméa, la province Sud a créé, en 2007, deux zones d’aménagement concerté. Objectif : mêler à la fois habitat et entreprises. Depuis le début du projet, l’AFD accompagne la création de ces nouveaux quartiers qui ont aussi pour vocation de limiter l’étalement urbain.

NOUVELLE-C ALÉDONIE —

a Nouvelle-Calédonie comptait 269 000 habitants au dernier recensement d’août 2014. Soit 23 000 personnes de plus qu’à celui de 2009, cinq ans plus tôt. Si la démographie demeure l’une des plus dynamiques des îles du Pacifique, cette augmentation est majoritairement le fait de l’excédent naturel et, dans une moindre mesure, du solde migratoire (+ 8 000 personnes en cinq ans). La province Sud concentre désormais 74 % de la population, contre 19 % en province Nord et 7 % dans les îles Loyauté.

DEUX HABITANTS SUR TROIS DANS LE GRAND NOUMÉA L’agglomération du Grand Nouméa accueille les deux tiers de la population calédonienne. Comptant déjà 180 000 habitants, elle doit construire chaque année 2 000 nouveaux logements, notamment sociaux, pour accueillir les nouveaux arrivants. Côté entreprises, la pression foncière s’accroît d’autant. Pour la province Sud, les défis sont colossaux : il faut répondre au besoin de place et d’équipements des uns et des autres, redonner de la cohérence à la ville face à l’étalement urbain et éviter le phénomène de cité-dortoir. Mais, depuis 2007, les choses s’organisent, depuis que la province a créé les Zac de Dumbéa-surMer et de Panda. Ces deux Zac sont les deux pans indissociables d’un aménagement de très grande envergure engagé sur 900 hectares, aux portes de Nouméa : la première a vocation à accueillir une zone d’habitat tandis que la seconde est orientée vers l’accueil d’activités industrielles et artisanales.

R A P P O R T D ’A C T I V I T É O U T R E - M E R 2 015

BIENTÔT UN NOUVEAU QUARTIER, UNE STATION D’ÉPURATION… L’AFD accompagne ces deux opérations depuis leur origine, au travers de prêts à long terme accordés à la Société d’équipement de Nouvelle-Calédonie (SECAL), concessionnaire des Zac. En 2015, pour aider la SECAL à financer l’aménagement d’un nouveau secteur, la création d’une station d’épuration et celle d’un échangeur, elle a accordé un nouveau prêt de 21 millions d’euros sur neuf ans. Fin 2015, l’aménagement des deux Zac était déjà couvert à plus de 50 %. Les travaux du nouveau secteur de Dumbéa-sur-Mer ont été lancés, et ils le seront très prochainement pour Panda. La dynamique fonctionne. Trois groupes scolaires ont déjà été construits, une station d’épuration sort de terre, tandis que le Médipôle ouvrira fin 2016. Il accueillera 2 000 employés. On peut aussi se réjouir de ce que la Zac Panda est la première d’Outre-mer à obtenir la certification HQE Aménagement pour sa qualité environnementale.

LA PLUS GRANDE ZAC DE FRANCE À terme, ce sont plus de 6 500 logements (dont 50 % de logements sociaux), 450 lots d’activités et de nombreux équipements publics qui seront accueillis à Dumbéa-surMer et à Panda. Formant la plus grande Zac de France, ce vaste ensemble doublera la population de Dumbéa et rééquilibrera vers cette commune le centre de gravité résidentiel et économique de l’agglomération. Pour Gil Brial, deuxième vice-président de la province Sud, « plus que des quartiers résidentiels, Dumbéa-surMer constitue un formidable projet urbain, puisque sa population trouvera sur place l’ensemble des équipements scolaires, sportifs et de loisirs correspondant à ses attentes. L’accueil d’entreprises à proximité limitera les déplacements et renforcera la qualité de vie des habitants ». Huit ans après le démarrage des travaux, plus de 8 000 personnes vivent déjà à Dumbéa-sur-Mer, qui verra aussi l’ouverture du nouveau centre hospitalier (le Médipôle), la mise en place du Néobus (premier bus à haut niveau de service du territoire), l’ouverture d’écoles, d’une maison de quartier, d’aires de jeu… Autant de réalisations de bon augure pour la suite.

F I N A N C E M E N T S B U D G É TA I R E S

Aider à bâtir

les politiques publiques Les collectivités locales ont de plus en plus besoin de financements. Et pour cause : elles doivent assumer leur rôle de locomotive des économies ultramarines et investir dans des projets structurants pour leurs territoires. Bruno Anantharaman, de l’AFD, et Alain Mersanne, de la Communauté intercommunale du nord de La Réunion, reviennent sur la collaboration engagée pour répondre à ce besoin.

OUTRE-MER

OUTRE-MER —

« D’abord un diagnostic, ensuite une stratégie soutenable » Bruno Anantharaman, chef de projets Collectivités locales et développement urbain à l’AFD

« En 2015, nous avons accordé des prêts budgétaires à 52 communes, six départements ou provinces et cinq régions pour les aider à financer le traitement des déchets, la construction d’unités d’eau potable, les transports collectifs ou encore des établissements scolaires. Qu’ils soient ou non assortis d’expertise technique, nos prêts sont systématiquement réalisés selon une démarche d’appui-conseil. D’abord, nous établissons un diagnostic avec la collectivité, sur sa situation financière et ses marges de manœuvre. Ensuite, nous analysons ensemble les besoins du territoire, non pas dans une logique d’audit, mais afin de convenir d’une stratégie soutenable pour financer l’investissement. Cette approche, particulière à l’AFD, est ajustée en fonction des besoins de l’ensemble de nos collectivités partenaires. Pour les plus petites ou les plus fragiles, il s’agit d’enclencher des démarches de fond : réaliser des prospectives financières ou la programmation pluriannuelle des politiques

publiques. Pour les communes, départements ou régions plus importants, l’enjeu consiste plutôt à renforcer les dynamiques existantes et à apporter un regard extérieur. »

« Être soutenus dans la durée sécurise notre action » Alain Mersanne, Directeur des Finances de la Communauté intercommunale du nord de La Réunion

« Notre partenariat avec l’AFD est intéressant à plusieurs égards, et pas seulement en raison de ses conditions financières. Son inscription dans la durée, via un accord-cadre pluriannuel, sécurise le financement de nos investissements. Il constitue un levier structurant pour bâtir nos politiques publiques. Nous échangeons sur nos orientations budgétaires et sur différents scénarios prospectifs pour développer nos territoires. Cette démarche s’inscrit dans nos propres dynamiques de travail, celles de nos équipes, et elle enrichit le dialogue entre les élus et les techniciens de la collectivité. »

R A P P O R T D ’A C T I V I T É O U T R E - M E R 2 015

BIODIVERSITÉ

Trois nouveaux atouts pour

le Parc régional

La préservation du patrimoine naturel martiniquais constitue un enjeu environnemental mais aussi socioéconomique pour l’île, où 700 000 touristes ont été accueillis en 2015. Au cœur de cet enjeu, le Parc naturel régional de la Martinique (PNRM) travaille à un développement harmonieux de l’île. L’AFD lui a accordé, en octobre 2015, un financement de 783 000 euros.

MARTINIQUE —

’île de la Martinique est riche d’une très grande diversité d’écosystèmes et d’habitats naturels. Du Nord au Sud, des forêts tropicales aux forêts de palétuviers, les paysages y sont très variés et les espèces végétales et animales extrêmement nombreuses. Parmi ces dernières, beaucoup sont endémiques des Petites Antilles et certaines exclusives à la Martinique, comme le trigonocéphale et la couleuvre couresse, l’un des serpents les plus rares au monde. Classée parmi les 34 hot spots de la biodiversité dans le monde, la Martinique doit à la fois protéger sa nature et créer une dynamique de croissance sur un territoire exigu. LA RENAISSANCE D’UN JOYAU DÉTRUIT EN 1902 C’est tout le sens de la mission confiée à l’un des acteurs clés de l’île, le Parc naturel régional de la Martinique (PNRM), qui couvre les deux tiers

des 32 communes du territoire et les accompagne vers un développement durable. Soutenir l’écotourisme et l’agritourisme, valoriser les produits du terroir, protéger les terres, préserver les paysages, former aux métiers de l’environnement, sensibiliser la population à l’écocitoyenneté constituent son quotidien. En octobre 2015, trois nouveaux projets ont été lancés au sein du Parc, avec l’aide de l’AFD : la construction d’un pavillon pédagogique au cœur du domaine d’Émeraude, à Morne-Rouge ; la réhabilitation du jardin botanique de Saint-Pierre, l’un des joyaux de l’île, détruit par l’éruption de la Montagne Pelée, en 1902 ; et enfin, l’aménagement du local d’accueil de la forêt Vatable, aux Trois-Îlets. Valoriser et promouvoir ces sites contribuera à sensibiliser le grand public à la protection de l’environnement, mais aussi à développer l’offre d’activités touristiques sur le territoire.

ÉNERGIE RENOUVELABLE

Fatu Hiva,

l’île verte P O LY N É S I E F R A N Ç A I S E — À Fatu Hiva, dans l’archipel éloigné des Marquises, les habitants sont totalement autonomes sur le plan énergétique. Les deux villages de l’île se sont équipés d’une centrale hydroélectrique financée par l’AFD… à 30 ans d’intervalle. Fatu Hiva devient ainsi la première commune de Polynésie française à produire de l’énergie 100 % renouvelable.

R A P P O R T D ’A C T I V I T É O U T R E - M E R 2 015

1 5 0 0  km séparent Fatu Hiva de Tahiti.

Y acheminer du fuel était extrêmement coûteux et écologiquement déraisonnable…

ÉNERGIE RENOUVELABLE

P O LY N É S I E F R A N Ç A I S E

inuit. Le petit port de pêche de la majestueuse baie des Vierges qui ferme la vallée d’Hanavave est illuminé et le restera jusqu’à l’aube. Les pêcheurs qui rentrent tardivement pourront enfin aborder en toute sécurité, décharger leur poisson sur le quai et le congeler sans risque. Les familles du village qui s’étend au-delà du port sont sereines, elles aussi : terminé les coupures d’électricité entre minuit et 6 heures du matin. Quant aux évacuations sanitaires en pleine nuit et par bateau de pêche, seul moyen de transport pour rejoindre la grande île d’Hiva Oa à 75 km au Nord – soit quatre heures de mer quand celle-ci le permet, elles seront facilitées. « Auparavant, nous devions aller pleurer à la mairie pour allumer le courant s’il y avait une urgence sanitaire », se souvient Florida, qui vit à Hanavave. Désormais, les appareils électroménagers peuvent tourner sans interruption et s’abîment moins vite ; les produits restent au frais… Même la vie sociale peut se prolonger tard dans la nuit. Et à l’approche des grandes fêtes du mois de juillet, c’est une raison de plus de se réjouir. D’autant que cela faisait plus de 25 ans que les 300 habitants d’Hanavave attendaient ce moment.

Roberto Maraetaata, agent administratif technique

« Pour les habitants, ce projet est une fierté » « Les habitants de la vallée d’Hanavave se sont sentis délaissés quand la mairie a décidé de couper l’alimentation en provenance de la centrale d’Omoa. Le groupe électrogène devait être une solution temporaire mais cela a vraiment duré trop longtemps. Nous avons alors réfléchi à d’autres solutions : l’éolien, le solaire… C’est finalement la solution que nous connaissions le mieux qui a été retenue. Certes, la construction de la centrale a coûté beaucoup d’argent, mais c’est un investissement qui sera vite amorti. Et pour les habitants des deux vallées, ce projet est une fierté. Quand on a de l’électricité en permanence, on ne pense pas à tous les problèmes que cela peut engendrer de ne pas en disposer 24 heures sur 24. Alors, pour les habitants d’Hanavave qui vivaient dans ce “petit trou noir”, avoir le courant en permanence est une explosion positive, c’est une joie ! On ne se soucie plus de rien. Fatu Hiva est certainement l’une des collectivités de Polynésie française les plus isolées et, avec cette réalisation, nous allons pouvoir faire parler positivement de cette petite commune, désormais totalement autonome en énergie verte ! »

DE L’EAU POUR BOIRE… ET S’ÉCLAIRER À la fin des années 1980, dans l’autre vallée de l’île de Fatu Hiva, le village principal d’Omoa s’est équipé d’une centrale hydroélectrique. « C’est le conseil municipal, qui a décidé de cet investissement, dès 1984, raconte le maire de Fatu Hiva, Henri Tueini, alors secrétaire général de la commune. Il a fallu du temps à nos partenaires financiers pour accepter cette idée, nouvelle à l’époque. » À ce moment-là, en effet, le bénéfice environnemental d’une telle installation n’était pas un argument de poids. La commune elle-même était d’abord motivée par les économies de fuel et le bon sens. Car si Fatu Hiva est éloignée de tout, si elle vit au rythme des approvisionnements des cargos tahitiens, il est un élément dont elle ne manque pas : l’eau. Sur cette île montagneuse qui culmine à 1 000 mètres, la pluviométrie est abondante. Cette eau est aujourd’hui la principale richesse des habitants : elle les abreuve et elle les éclaire. EN FINIR AVEC LE FUEL La centrale hydroélectrique d’Omoa est finalement mise en service en 1987, une première en Polynésie. Elle alimente, alors, la vallée d’Hanavave via une ligne électrique traversière. En 1989, pourtant, une secousse sismique modifie le débit du captage qui devient, petit à petit, insuffisant pour deux villages. Hanavave est contrainte de s’équiper avec un groupe électrogène thermique. Mais il faut faire venir le fuel de Tahiti, située à 1 500 kilomètres de là, et les coûts d’approvisionnement deviennent vite insupportables pour les finances de Fatu Hiva, petite commune de 600 habitants. En outre, on commence à réaliser, aux Marquises comme ailleurs, qu’acheminer des hydrocarbures polluants aussi loin est un nonsens écologique. Le maire doit se résoudre à couper le courant la nuit, entre minuit et 6 heures du matin : « En 2008, quand je suis devenu maire, j’ai demandé une étude de faisabilité pour la mise en place d’une centrale hydroélectrique dans la vallée d’Hanavave. Elle a démontré que le projet était tout fait viable. J’ai donc naturellement recontacté les partenaires qui nous avaient soutenus pour la première centrale : l’État, le Pays et l’AFD qui est venue, comme au milieu des années 1980, à 30 ans d’intervalle, financer la part communale du projet avec un prêt bonifié ». DES AGENTS COMMUNAUX EXPÉRIMENTÉS Le grand avantage, pour Hanavave, c’est qu’avec la centrale d’Omoa, le personnel de la commune est expérimenté. Inutile de faire appel à la maind’œuvre tahitienne, pour laquelle venir jusqu’aux Marquises représente un long voyage, et encore

R A P P O R T D ’A C T I V I T É O U T R E - M E R 2 015

plus à Fatu Hiva où il n’y a ni aéroport ni structures d’accueil. Tout l’investissement a été réalisé en régie, par le personnel de la mairie. Depuis février 2016, la centrale est opérationnelle et la turbine produit son électricité verte 24 heures sur 24. En 30 ans, la technique a énormément évolué et la centrale d’Hanavave est beaucoup plus moderne que sa grande sœur de la vallée d’à côté. « Maintenant, tout est automatisé ; cela simplifie la vie », se réjouit Tihoni Ropati, responsable technique de la nouvelle centrale.

La solution technique de petites centrales hydroélectriques au fil de l’eau, telle qu’elle est utilisée à Fatu Hiva, est évidemment facilitée par la topographie de l’île et par sa petite taille. Elle pourrait néanmoins profiter à certaines vallées isolées d’autres îles hautes de Polynésie française. Certaines communes se sont ainsi récemment équipées : Nuku Hiva aux Marquises et Taputapuatea à Raiatea, aux Îles sous le Vent. Dans ces deux communes, l’AFD a également répondu présente pour soutenir les investissements.

1. Débutés en octobre 2013, les premiers travaux ont été achevés en août 2015.

2.« Au maximum on produit 10 kW, et au minimum 5 kW. Mais on pourrait passer à 20 kW. Si la population venait à s’agrandir, il y aurait toujours assez d’énergie pour tout le monde », explique Tihoni Ropati, responsable technique de la centrale de Hanavave.

L U T T E C O N T R E L’ E X C L U S I O N

Gagner la bataille

contre l’exclusion G U YA N E

G U YA N E — En Guyane, il est extrêmement difficile, pour les familles d’enfants polyhandicapés, de trouver un accompagnement adapté à leurs besoins. Du fait du manque d’infrastructures, la solution se limite souvent à garder l’enfant ou l’adolescent à domicile, la plupart du temps sans les soins appropriés, ou à l’envoyer en métropole, dans une structure spécialisée. Pour ces enfants et leur famille, le projet d’institut médico-éducatif porté par l’Association pour adultes et jeunes handicapés (APAJH) fait naître de nouveaux espoirs.

aute de structures dédiées, la prise en charge des personnes en situation de handicap est très faible, en Guyane : un enfant handicapé guyanais a six fois moins de chances de trouver une place disponible pour l’accueillir qu’un petit métropolitain. En 2013, pour contribuer à combler ce déficit, l’APAJH de Guyane a engagé la construction d’un institut médico-éducatif (IME) à Rémire-Montjoly ; le premier du genre en Guyane. Destiné à accueillir 70 enfants et jeunes en situation de handicap lourd, l’établissement a été construit en trois phases : 40 places en 2013, 55 places en 2014 et 70 en 2015. Partenaire du projet depuis ses débuts, en 2012, l’AFD a accordé un deuxième prêt bonifié de 2,5 millions d’euros à l’APAJH. De quoi aider à financer les travaux d’un lieu qui prendra en charge des enfants en provenance de tout le territoire guyanais, et leur offrira un accompagnement thérapeutique, éducatif et pédagogique adapté à leurs besoins. En internat, externat, semi-internat ou en séjour séquentiel.

La Guyane se place loin derrière la France métropolitaine en termes de prise en charge des jeunes handicapés :

1,4 20

place d’enfants handicapés pour 1 000 personnes de moins de 20 ans

UN LIEU EXIGEANT EN TOUS POINTS Ambitieux d’un point de vue social et éducatif, le projet « Yepi Kaz » l’est également sur le plan architectural. Son organisation spatiale répond aux très fortes exigences du programme médical mais aussi à celles d’une démarche à haute qualité environnementale (HQE). La construction de l’institut médico-éducatif se fait avec le souci de minimiser l’impact environnemental, par exemple en utilisant du bois local ou en tablant sur une ventilation naturelle. L’objectif étant d’inscrire au mieux l’établissement dans son environnement amazonien. DU TRAVAIL, AUSSI… Une centaine d’emplois seront créés ou consolidés grâce à ce projet qui fait intervenir de nombreux professionnels (médecins, orthophonistes, infirmiers, kinésithérapeutes, ergothérapeutes, psychomotriciens, auxiliaires de puériculture, aides-soignants, éducateurs spécialisés, ouvriers d’entretien…) et qui génère des emplois indirects (transport spécialisé, prestataires pour les repas…). La création et le maintien de ces emplois durables se révèlent non négligeables pour un territoire qui affiche un taux de chômage structurellement important (22 % en 2015), et dont la population active en âge de travailler augmente à un rythme élevé, en relation avec la forte croissance démographique de la région.

en Guyane, contre 8,9 en métropole.

R A P P O R T D ’A C T I V I T É O U T R E - M E R 2 015

Georgina Judick-Pied, Présidente de l’APAJH de Guyane

La deuxième phase des travaux à « Yepi Kaz » permettra l’accueil de 70 nouveaux enfants. Une prise en charge dont les modalités seront adaptées en fonction de leurs besoins (internat, externat, semi-internat, séquentiel).

« Ces enfants accèdent à des activités qu’ils ne pouvaient pas même envisager avant » « Cet institut est une réponse de la société tout entière à la question du polyhandicap, parce qu’à la clé, il y aura une meilleure inclusion. Ce sont des jeunes qui vont enfin pouvoir rencontrer des personnes valides, mais aussi des personnes comme eux, en situation de polyhandicap. Ce sont aussi des enfants et des jeunes qui vont avoir des activités qu’ils n’avaient pas jusqu’alors. L’institut médico-éducatif "Yepi Kaz" est une initiative inédite en Guyane : il offre un cadre d’apprentissage des actes de la vie courante, de surveillance médicale et une découverte du monde extérieur tout en définissant un projet de vie avec la famille, pour que chaque enfant puisse atteindre le maximum d’autonomie. »

EAU ET ASSAINISSEMENT

Répondre à la crise de l’eau :

une urgence

G U A D E L O U P E — Conséquences sociales, sanitaires, économiques… la crise de l’eau qui touche la Guadeloupe de manière persistante impose de trouver des solutions structurelles pour répondre aux besoins des habitants.

epuis plusieurs années, la Guadeloupe connaît de graves problèmes d’alimentation en eau potable. Symptomatiques de cette crise, des « tours d’eau » ont été mis en place : un système de coupures d’eau qui touche les quartiers à tour de rôle, et qui pallie les insuffisances des infrastructures de production et de distribution d’eau potable. Pour faire face à cette situation, le ministère des Outre-mer vient d’engager un plan « Eau Dom », une approche globale qui propose des réponses en termes de gouvernance, d’infrastructures et de mécanismes financiers.

CAP EXCELLENCE : DE L’EAU POUR 25 % DES GUADELOUPÉENS Compétente en matière d’eau et d’assainissement, la Communauté d’agglomération Cap Excellence a mis en place un nouveau dispositif de production et de distribution de l’eau potable sur son territoire : sur les communes des Abymes, de Baie-Mahault et de Pointe-à-Pitre. L’AFD accompagne la dynamique engagée par Cap Excellence, qui approvisionne en eau près d’un quart de la population guadeloupéenne. En 2015, elle lui a accordé un prêt de 5 millions d’euros pour le financement des travaux prioritaires de réhabilitation des réseaux. Une mission d’expertise de l’AFD ainsi qu’une étude de consultants spécialisés sur le sujet ont également posé les bases d’un plan d’action de long terme. À l’issue de ce diagnostic, plusieurs décisions ont été actées : augmenter le rendement du réseau d’eau potable, qui est en moyenne de 53 % (contre 80 % dans l’Hexagone), réduire les intrusions d’eau parasite, protéger la ressource et faire en sorte qu’un plus grand nombre de foyers profitent du réseau d’assainissement. Les objectifs sont également financiers puisque pour mettre en place un dispositif soutenable, la Communauté d’agglomération s’engage à développer sa stratégie de gestion de patrimoine et à améliorer ses performances financières.

Sur le territoire de Cap Excellence,

moins de

50 %

de la population

est raccordée au réseau d’assainissement collectif

R A P P O R T D ’A C T I V I T É O U T R E - M E R 2 015

SANTÉ

Mamoudzou, la plus grande maternité de France

M AYO T T E — Composé d’un hôpital principal, de quatre hôpitaux intercommunaux et de 13 dispensaires ruraux, le Centre hospitalier de Mayotte (CHM) est une structure de santé majeure sur le territoire mahorais. Mais l’activité augmente chaque année de 12 % et il faut faire face à des besoins considérables, notamment en périnatalogie.

SANTÉ

M AYO T T E

Le CH de Mayotte, dont la maison mère est située à Mamoudzou, dispose d’un réseau de 13 centres de consultation répartis sur l’île.

ous l’effet conjugué d’une natalité forte et d’une importante immigration, les services de périnatalogie du Centre hospitalier connaissent, il est vrai, une situation particulièrement critique.

L’établissement a enregistré plus de 9 000 accouchements en 2015 ; 3 000 de plus qu’en 2014 et 3 000 de moins que ce qui est prévu en 2016. Aujourd’hui, six Mahorais sur dix ont moins de 25 ans : les besoins

L’AFD, partenaire dans la durée Pour accompagner le projet dans la durée, un nouveau financement de l’AFD est à l’étude afin de : • mener à bien la construction d’un hôpital à Petite-Terre (3 M€) ; • créer un service de soin, de suite et de réadaptation (jusqu’ici inexistant à Mayotte) ; • avancer les fonds dans l’attente d’une subvention européenne (17,30 M€, dans le cadre du Fonds européen de développement économique régional). Enfin, la collaboration devrait se poursuivre par la signature d’un accord-cadre de partenariat qui vise à :

• partiellement financer le programme pluriannuel d’investissements de l’hôpital ; • apporter de l’appui-conseil sur la restructuration de l’offre de soins et l’accompagnement dans la structuration des projets de coopération régionale, avec l’Union des Comores, notamment.

seront donc encore plus importants dans les années à venir. Du fait de l’accroissement de l’activité, et malgré des progrès notoires ces dernières années, les conditions de travail se sont dégradées. L’hôpital peine donc à garder son personnel médical dans la durée, lequel ne reste bien souvent que trois à six mois sur le territoire. Afin d’étendre et d’améliorer son offre de soins, le Centre hospitalier doit réussir à attirer durablement les compétences et à réduire ce turnover médical. PLUS DE LITS ET DE MÉDECINS Pour soutenir le CHM dans la mise à niveau de ses infrastructures, l’AFD lui a accordé plusieurs prêts depuis 1999, pour un montant total de plus de 34 millions d’euros. Le dernier en date, d’un montant de 10 millions d’euros, a financé une partie des investissements de 2014 et 2015, à savoir la rénovation et la mise aux normes sur le site de Mamoudzou d’un bâtiment abritant un nouveau centre de consultation (55 000 par an), et l’extension de la maternité. Ainsi, en 2015, cette dernière a vu sa capacité passer de 45 lits à 70 et le nombre de ses salles d’accouchement de quatre à sept. Un nouveau scanner et des équipements pour les nouveaux services (bloc naissance, stérilisation, centre de référence de Petite-Terre) sont venus moderniser et étendre l’offre médicale. Non loin de ces structures d’accueil, le CHM a par ailleurs acquis un ancien hôtel, réaménagé depuis en un internat attractif et sécurisé pour le personnel médical.

R A P P O R T D ’A C T I V I T É O U T R E - M E R 2 015

INSERTION RÉGIONALE

Renforcer les liens avec les voisins

La majorité des échanges économiques des Outre-mer se fait avec l’Hexagone. Les DCOM peinent à nouer des liens forts avec leurs voisins directs, alors même que cela pourrait leur être bénéfique d’un point de vue économique, environnemental ou encore culturel…

onsciente des atouts que les Outre-mer peuvent faire valoir auprès de leurs voisins, l’AFD encourage leur insertion locale en appuyant des projets régionaux. Cela passe notamment par la promotion des biens publics mondiaux à l’échelle régionale, dans les secteurs de la santé, de l’environnement, des risques naturels, etc. L’AFD et le Secrétariat général de la Communauté du Pacifique Sud (CPS) ont ainsi signé en septembre 2015 une convention de financement (600 000 euros sur trois ans) qui concrétise l’engagement pris par le président de la République de doter la CPS d’un expert international de haut niveau dans le domaine du changement climatique. Il interviendra particulièrement dans le cadre du projet RESCCUE, projet phare de l’AFD et du FFEM (Fonds Français pour l’Environnement Mondial) en matière d’adaptation au changement climatique dans le Pacifique. L’AFD accompagne également les entreprises et les

projets régionaux qui favorisent les échanges économiques. En 2015, l’AFD a par exemple signé une convention de prêt d’un montant de 4,8 millions d’euros en faveur de la SAS Mayotte Channel Gateway, qui contribuera à financer un programme d’investissement pour le développement du port de Longoni, à Mayotte. Enfin, l’AFD encourage la mise en réseau des acteurs régionaux et la synergie des actions. Elle est notamment intervenue au 19 e congrès de la Fédération hospitalière, où elle a présenté les actions de coopération sanitaire qu’elle soutient dans les Caraïbes, au Suriname et à Haïti, en particulier.

Microfinance : échanger sur ce qui marche En juin 2015, suite aux recommandations du Conseil économique, social et environnemental (CESE), l’AFD a organisé un séminaire régional sur la microfinance, à Mayotte, en partenariat avec l’ADIE et la Direction régionale des entreprises, de la concurrence, de la consommation, du travail et de l’emploi (DIECCTE). L’objectif : identifier le rôle de la microfinance dans la création d’entreprise, la pérennité des emplois, et la lutte contre l’exclusion. Pour Pierrette Crosemarie, membre honoraire du CESE, l’intérêt de cet événement aura été « de montrer qu’au-delà des spécificités économiques et sociales de chaque pays, il y a un intérêt certain à développer les échanges de bonnes pratiques, les synergies et les coopérations ».

Comité Outre-mer ( 1 )

Gouvernance

Laurence Tubiana PRÉSIDENTE MEMBRES TITULAIRES

MEMBRES SUPPLÉANTS

MINISTÈRE DES FINANCES ET DES COMPTES PUBLICS Catherine ROZAN Chef du bureau des départements et collectivités d’Outre-mer à la Direction générale du Trésor

Pierre-Éloi BRUYÈRE Adjoint au chef du bureau des départements et collectivités d’Outre-mer à la Direction générale du Trésor

MINISTÈRE DES OUTRE-MER Thierry MAHLER

Stanislas CAZELLES Sous-directeur des politiques publiques à la Direction générale des Outre-mer

Chef du bureau de la vie économique, de l’emploi et de la formation à la Direction générale des Outre-mer

Isabelle FRANÇOIS

Christian ABEGUILE Chargé de mission finances locales à la Direction générale des Outre-mer

Chef du bureau des collectivités locales à la Direction générale des Outre-mer

Le conseil d’administration de l’AFD comprend un président et 17 membres nommés par décret, dont six représentants de l’État. L’un de ces représentants est le directeur général aux Outre-mer. Le chef du service des politiques publiques est son suppléant. Le conseil d’administration délègue à un comité spécialisé, le comité Outre-mer, une partie de ses pouvoirs pour les opérations de financement dans les Outre-mer. Un conseil d’orientation stratégique renforce l’articulation entre les orientations politiques de développement dans les pays du Sud et dans les Outre-mer, décidées par le gouvernement, et leur déclinaison opérationnelle par l’AFD.

PERSONNALITÉS QUALIFIÉES DÉSIGNÉES PAR LE CONSEIL D’ADMINISTRATION Guy DUPONT

Christine HEURAUX

Président honoraire de la FEDOM

Représentante du CIAN, Directrice de l’appui à la formation à EDF

Willy ANGELE

Daniel ROBIN

Président-directeur général de Cligest SA, Serecco, Gérant fondateur de la société WP Conseils

Deuxième vice-président de la région Martinique

MEMBRES ÉLUS REPRÉSENTANT LE PERSONNEL DE L’AFD Commissaire du Gouvernement :

François PACQUEMENT

Claude WARNET

Anne-Laure ULLMANN

Organigramme du département Outre-mer ( 1 ) Fabrice RICHY

François PARMANTIER

Thierry GONZALEZ

Stéphanie MOUSSU

Directeur

Directeur adjoint

Assistante de direction

PÔLE ÉCONOMIE, STRATÉGIE, COMMUNICATION

PÔLE PROCÉDURES, RISQUES ET GESTION

PÔLE SECTEUR PRIVÉ

COORDONNATEURS RÉGIONAUX GÉOGRAPHIQUES

Sévane MARCHAND Michèle PERNET Marion HEMAR

Bernard PIGNEDE Laurence RIVART Sandrine DUVAL Emmanuelle JEANNE-JULIEN

Reza HASSAM DAYA Alexandre CHARTIER Charlotte FAUQUEMBERGUE Benjamin DENIS

La Réunion/Terres australes et antarctiques françaises Marie LE GAC Martinique/Saint-Pierreet-Miquelon/Mayotte Adel DRIEB Nouvelle-Calédonie/ Wallis-et-Futuna Camille CHAIGNEAU

Sofia BASHIR

Guadeloupe/ Saint-Martin/SaintBarthélemy/Polynésie française Yves-Michel SILVAIN Guyane Virginie OLIVE

Assistante

(1) Composition fin 2015. 26

R A P P O R T D ’A C T I V I T É O U T R E - M E R 2 015

LE RÉSEAU AFD OUTRE-MER CAYENNE

PAPEETE

GUYANE Lotissement les Héliconias Route de Baduel – BP 1122 97345 Cayenne Cedex Tél. : (33) 5 94 29 90 90 http://guyane.afd.fr Directeur d’agence : Ludovic COCOGNE

POLYNÉSIE FRANÇAISE Immeuble Artemis Rue Te Aroa Pae No Mati 98713 Papeete Tél. : (689) 54 46 00 http://polynesie.afd.fr Directeur d’agence : Thierry PAULAIS

FORT-DE-FRANCE

POINTE-À-PITRE

MARTINIQUE, LA DOMINIQUE Immeuble Cascades III Place François Mitterrand – BP 804 97244 Fort-de-France Cedex Tél. : (33) 5 96 59 44 73 http://martinique.afd.fr Directeur d’agence par intérim : Yves RAJAT

GUADELOUPE, SAINT-BARTHÉLEMY, SAINT-MARTIN Parc d’activités de la Jaille Bâtiment 7 – BP 110 97122 Baie-Mahault Tél. : (33) 2 62 90 00 90 http://guadeloupe.afd.fr Directeur d’agence : Jean-Yves CLAVEL

MAMOUDZOU MAYOTTE Résidence Sarah Place du Marché BP 610 Kawéni 97600 Mamoudzou Tél. : (33) 2 69 64 35 00 http://mayotte.afd.fr Directeur d’agence : Patrick SALLES

MATA-UTU WALLIS-ET-FUTUNA Bureau rattaché à Nouméa

NOUMÉA NOUVELLE-CALÉDONIE, WALLIS-ET-FUTUNA, VANUATU, ÉTATS INSULAIRES DU PACIFIQUESUD 1 rue de Barleux – BP J1 98849 Nouméa Cedex Tél. : (687) 24 26 00 http://nc.afd.fr Directrice d’agence : Karine de FRÉMONT

SAINT-DENIS LA RÉUNION, TERRES AUSTRALES ET ANTARCTIQUES FRANÇAISES 44 rue Jean-Cocteau BP 20026 97491 Sainte-Clotilde Cedex Tél. : (33) 2 62 90 00 90 http://reunion.afd.fr Directeur d’agence : Stéphane FOUCAULT

SAINT-PIERRE SAINT-PIERRE-ET-MIQUELON 22 place du Général-de-Gaulle BP 4202 97500 Saint-Pierre-et-Miquelon Tél. : (33) 5 08 41 06 00 http://saintpierreetmiquelon.afd.fr Directeur d’agence IEDOM : Yann CARON

Coordination AFD Marie de Jerphanion, Benjamin Neumann, Thibault Biscahie. Rédaction AFD Sévane Marchand, Michèle Pernet, Marion Hemar, Vincent Joguet. Conception et réalisation Entrecom. Dessins Entrecom – Jérémy Vitté Crédits photographiques P.10: Pierre Marchal P.12-13 : @ Martial Dosdane – province Sud, P.15 : Angeline Annibal P.16-19 : Julien Girardot, P.20-21 : Sekoya P.22 : Julien Girardot, P.23-25 : Isabelle Bonillo P.02 et P.27 : Thinkstock Ce rapport est imprimé avec des encres végétales et non minérales. La certification PEFC du papier apporte la garantie que les bois utilisés pour la production de fibres papetières ne participent pas à la déforestation et respectent les fonctions environnementales, économiques et sociales de la forêt.

ISSN : 2268-7491 Dépôt légal : juin 2016

AGENCE FR ANÇ AISE DE DÉVELOPPEMENT Tél. : +33 1 53 44 31 31 – Fax : + 33 1 44 87 99 39 5 rue Roland-Barthes – 75598 Paris Cedex 12 – France