L'AFD et la géothermie

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Olkaria, Kenya © DR

Agence Française de Développement

GÉOTHERMIE


AGENCE FRANÇAISE DE DÉVELOPPEMENT GÉOTHERMIE

Une source d’électricité renouvelable et sobre en carbone encore insuffisamment développée La géothermie est une ressource endogène, qui assure aux pays qui l’exploitent un approvisionnement fiable, durable et local en énergie électrique. Favoriser les centrales géothermiques plutôt que les centrales thermiques (fioul, charbon, etc.) permet par ailleurs aux États de s’affranchir de la dépendance au marché mondial pour l’achat de combustibles fossiles.

Le développement d’une ressource nationale comme la géothermie redonne donc aux pays qui en disposent la maîtrise du coût de l’électricité. De plus, l’exploitation d’une source géothermique n’engendre que peu d’émissions de gaz à effet de serre ; c’est une énergie sobre en carbone. La promotion de cette énergie répond donc à l’engagement de l’AFD de lutter contre le changement ­climatique.

Régions à potentiel géothermique. Potentiel mondial haute et moyenne enthalpies évalué à 255 GW (Source : IGA, 2001)

Pays d’intervention de l’AFD dans le secteur de la géothermie   Zones propices au développement de la géothermie haute enthalpie (régions tectoniques et volcaniques)   Zones favorables à la géothermie basse enthalpie (bassins sédimentaires)

La géothermie en quelques mots Les géothermies de haute et moyenne enthalpies utilisent l’énergie de la vapeur chaude du réservoir qui se situe entre 500 et 5 000 m de profondeur. La vapeur d’eau qui remonte en surface par le puits producteur sert à actionner une turbine de production électrique, directement (haute enthalpie) ou par l’intermédiaire d’un échangeur de chaleur (moyenne enthalpie). Elle est ensuite condensée et redistribuée dans le réservoir via un puits injecteur. Kenya © AFD, Mathilde Bord-Laurans


AGENCE FRANÇAISE DE DÉVELOPPEMENT GÉOTHERMIE

En Afrique de l’Est où le potentiel est considérable alors que les pays manquent encore d’électricité, le développement de cette ressource est ainsi une opportunité économique. Pour un pays comme le Kenya qui ne dispose pas de grand potentiel hydroélectrique, le développement de la géothermie est la source d’électricité à moindre coût fonctionnant en base (7 à 11 €cts/kWh). En Ethiopie, la géothermie constitue une alternative de long terme aux ressources hydroélectrique qui lui permettra de mieux s’adapter aux impacts du changement climatique. Dans les autres zones d’intervention de l’AFD, l’Indonésie a également besoin de cette énergie pour réduire sa dépendance énergétique aux énergies fossiles, comme c’est le cas, à moindre échelle, pour les îles des Caraïbes où l’on peut estimer que le coût d’un kWh thermique s’élève à 20 €cts/kWh.

En Amérique latine et centrale, seuls le Mexique et le Nicaragua produisent de l’électricité à partir de cette ressource quand les autres pays sont en prospection. Pourtant, l’Indonésie n’exploite que 4,5 % de ses ressources géothermiques ; le Kenya, 2,8 %. Si le développement de cette énergie constitue une telle opportunité, pourquoi est-il encore ralenti ? Outre les fragilités sectorielles ou le manque de capacités qui grèvent le développement des secteurs électriques dans des zones comme l’Afrique sub-saharienne, la prospection de réservoirs géothermiques nécessite en effet des moyens d’exploration onéreux pour atteindre une connaissance suffisante du site. Les premiers forages demandent des investissements lourds, indispensables à la connaissance du système et à une bonne maîtrise du risque de ressource. C’est ce risque qui freine principalement le développement de la technologie.

Coûts et risques liés au développement d’un projet géothermique (source : Banque Mondiale, ESMAP) 100 %

Cost

Risk

Moderate

Low

50 %

Cumulative Cost

Project Risk

High

0% Pre-Survey

Exploration

Test Drilling

F/S Planning

Drilling

Construction

Start-up

Operation & Maintenance

Bankability

La stratégie de l’AFD Le cadre d’intervention stratégique de l’AFD dans le secteur de l’énergie, adopté en octobre 2012, repose sur les trois piliers du développement durable. Trois axes d’intervention sont ainsi définis : ■■

Prioriser les énergies durables et l’efficacité énergétique ;

■■

Sécuriser et renforcer les systèmes énergétiques pour accompagner la croissance ;

■■

Répartition géographique des projets 2007‑2013 (million d’€) Multi-Pays - 420 M€

2 % 4 %

Méditerranée 2 071 M€

18 %

Réduire la fracture énergétique entre les pays et développer l’accès à l’énergie dans les zones peu ou pas alimentées (rurales et suburbaines) afin de lutter contre la pauvreté.

Tout en s’attachant à renforcer les capacités de tous les acteurs du secteur, les engagements du groupe AFD consacrés au secteur de l’énergie entre 2007 et 2013 ont représentés en moyenne plus de 1,5 milliard d’euros par an.

Outremer - 195 M€

31 % Asie 3 566 M€

26

%

Afrique 2 971M€

19 % Amérique Latine, Caraïbes 2 218 M€


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Le Kenya et l’Ethiopie, deux géants africains qui doivent répondre à des demandes croissantes en énergie Le Kenya, traversé du Nord au Sud par le rift Est-africain, possède d’immenses réserves géothermiques. Elles sont évaluées à 7 GW. Le gouvernement kenyan a lancé en 2008 un plan de développement (Vision 2030) dans lequel il formule son objectif d’exploiter 75 % de ces ressources géothermiques d’ici 2030. L’AFD accompagne le Kenya depuis 2007 dans le développement de sa filière géothermie, avec l’apport de 226 M EUR de financement. Le Kenya produira en 2020 près de 600 MW d’électricité grâce aux quatre centrales géothermiques installées sur le site volcanique d’Olkaria et gérées par KenGen et OrPower.

Olkaria III a bénéficié du financement de Proparco, et Olkaria II et IV du financement de l’AFD. L’AFD a aussi soutenu le Kenya lors de la création de l’entreprise publique Geothermal Development Company (GDC), organisme dédié à l’exploration géothermique, en octroyant des fonds destinés à l’achat de machines de forage. Tout comme le Kenya, l’Ethiopie possède de grandes ressources géothermiques conférées par le rift (évaluées à 5 GW). En co-financement avec l’Union Européenne, l’AFD accompagne actuellement ce pays dans l’exploration et l’évaluation de cette ressource encore inexploitée sur le site de Tendaho (région Afar). La production d’électricité par la géothermie permettrait à l’Ethiopie de diversifier son bouquet énergétique, d’être moins dépendant de l’hydroélectricité et d’éviter le recours aux énergies fossiles pour répondre aux besoins énergétiques de sa population et des pays de l’East African Power Pool.

Olkaria II, Kenya © AFD, Mathilde Bord-Laurans

L’Indonésie, un archipel riche en ressources géothermiques L’Indonésie est l’une des régions du monde où le potentiel géothermique est le plus fort (estimé à 29 GW, soit environ 40 % du potentiel géothermique mondial). L’archipel présente la particularité de disposer de ressources haute enthalpie importantes (300°C à Java), et de ressources moyenne enthalpie bien adaptées pour répondre aux besoins énergétiques des plus petites îles. En 2012, le Gouvernement indonésien couvrait quasiment tous les besoins électriques de sa population avec un parc d’une puissance de 38 GW, composé à 81 % de centrales thermiques. Le gouvernement indonésien s’est fixé

l’objectif de développer un parc géothermique total de 12,4 GW d’ici 2025. Cette capacité électrique, qui équivaut à la production d’une douzaine de tranches de centrales nucléaires, permettrait à l’état indonésien de mieux répondre aux besoins énergétiques de sa population, et de limiter considérablement ses émissions de CO2. Pour accompagner le Gouvernement indonésien dans sa politique de valorisation de ressources sobres en carbone, l’AFD a octroyé en 2008 un prêt pour la mise en place d’un plan de lutte contre le changement climatique. En partenariat avec le DfID (UK), l’AFD soutient également l’état indonésien dans la création d’outils financiers capables de porter les risques d’exploration géothermiques.


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Des financements du groupe AFD adaptés Les financements L’intervention du Groupe AFD peut se faire via un panel d’outils variés.

L’appui aux politiques et institutions publiques

L’Agence est en mesure de mobiliser des prêts souverains et des prêts non souverains directs aux entreprises publiques ou privées via sa filiale PROPARCO.

Des politiques publiques proactives en matière de maîtrise de l’énergie et de diversification des bouquets énergétiques sont indispensables.

Elle peut aussi apporter des subventions de l’État français ou gérer des fonds délégués de l’Union Européenne (UE), du Fonds Français pour l’Environnement Mondial (FFEM) ou d’autres partenaires internationaux.

L’AFD soutient le développement de cadres institutionnels et sectoriels adaptés.

L’AFD peut enfin accorder des lignes de crédit qui viennent en appui au secteur privé et auxquelles les projets privés d’énergie géothermique sont susceptibles d’être éligibles.

Djibouti et la Dominique, deux pays qui cherchent à s’affranchir de leur dépendance énergétique L’AFD accompagne la Dominique depuis 2003 dans l’évaluation et l’exploitation de ses ressources géothermiques, estimées à environ 120 MW. L’exploitation de ses ressources géothermiques endogènes lui permettrait de limiter l’importation de combustibles fossiles, d’accroître son indépendance énergétique, et de fournir à ses voisins (Martinique et Guadeloupe) une électricité propre et compétitive. Des premiers forages d’exploration géothermiques cofinancés avec le FFEM et l’UE ont été suivis par le forage d’un puits d’exploitation et un autre de réinjection financés par l’AFD et par la Caribbean Investment Facility (UE). La finalité du projet est la construction d’une centrale électrique de 5 à 10 MW d’ici 2017 qui répondra aux besoins domestiques de l’île. À long terme, une centrale de 40 à 100 MW pourrait alimenter la Guadeloupe et la Martinique en électricité par un câble sous-marin. Djibouti a des besoins en électricité allant jusqu’à 70 MW. Le pays dépend de l’Ethiopie pour répondre en partie à ses besoins en électricité, et du marché mondial pour l’alimentation de ses centrales thermiques en combustibles fossiles. L’AFD cofinance les forages de quatre puits d’exploitation géothermiques sur le territoire djiboutien avec la Banque Africaine de Développement, la Banque Mondiale, le Fond pour l’Environnement Mondial et l’OFID. Il est prévu à terme la construction d’une centrale géothermique d’une capacité électrique de 50 MW. Cette initiative devrait permettre au pays de mieux répondre aux besoins énergétiques de sa population, et de renforcer ses capacités dans l’exploitation de ses ressources géothermiques.

Elle accompagne les autorités nationales dans la définition de leurs objectifs sectoriels et la planification en veillant à la bonne intégration des énergies renouvelables et en renforçant les capacités des opérateurs, parfois peu familiers de ces technologies. L’AFD finance ainsi les schémas directeurs du Kenya ou de Djibouti incluant le développement de la géothermie.

Des appuis spécifiques à la prise en charge du risque d’exploration géothermique Les risques liés à l’exploration géothermique sont importants et freinent son développement. L’AFD incite les gouvernements à aller vers une prise en charge efficace des risques d’exploration, en les faisant porter par la puissance publique comme au Kenya au travers de la Geothermal Development Company, en étudiant la mise en place de mécanismes de garantie en cas d’échec (Indonésie) ou en faisant appel à des facilités internationales (Rift africain notamment). L’AFD a également su mobiliser ses financements dès les phases amont d’exploration pour financer des forages comme à la Dominique, en Ethiopie ou à Djibouti.

Lac Assal, Djibouti © ONTD


AGENCE FRANÇAISE DE DÉVELOPPEMENT

GÉOTHERMIE

Institution financière publique, l’Agence Française de Développement (AFD) agit depuis plus de soixante-dix ans pour combattre la pauvreté et favoriser le développement durable dans les pays du Sud et dans les Outre-mer. Elle met en œuvre la politique définie par le Gouvernement français.

En 2013, l’AFD a consacré 7,8 milliards d’euros au financement de projets dans les pays en développement et en faveur des Outre-mer. Ils contribueront notamment à la scolarisation d’enfants, à l’amélioration de la santé maternelle, à la promotion de l’égalité entre les femmes et les hommes, à l’appui aux agriculteurs et aux petites entreprises, au renforcement de l’accès à l’eau, à l’énergie et aux transports. Les nouveaux projets financés contribueront également à lutter contre le dérèglement climatique, en permettant notamment d’économiser 3,3 millions de tonnes d’équivalent CO2 par an.

Allalobed, Éthiopie © AFD, Théo Cladière

Cette publication a été imprimée dans le respect de l’environnement avec des encres végétales et sur du papier PEFC™ (gestion durable des forêts).

Présente sur quatre continents où elle dispose d’un réseau de 71 agences et bureaux de représentation, dont 9 dans les Outremer et 1 à Bruxelles, l’AFD finance et accompagne des projets qui améliorent les conditions de vie des populations, soutiennent la croissance économique et protègent la planète.

Filiale de l’AFD, Proparco a pour mission de favoriser les investissements privés en faveur de la croissance, du développement durable et de l’atteinte des objectifs du millénaire, dans les pays émergents et en développement. Elle propose des financements permettant de répondre aux besoins spécifiques des investisseurs dans le secteur productif, les systèmes financiers, les infrastructures et le capital-investissement.

www.proparco.fr

AGENCE FRANÇAISE DE DÉVELOPPEMENT 5 rue Roland Barthes 75598 Paris Cedex 12 – France Tél. +33 1 53 44 31 31 Fax +33 1 44 87 99 39 www.afd.fr

Le Fonds Français pour l’Environnement Mondial (FFEM) est un instrument financier de la politique française de coopération et de développement, dédié à la protection de l’environnement. Depuis 20 ans, son mandat est de cofinancer des projets à forte composante environnementale, dans les pays en développement. Il intervient dans six domaines de l’environnement mondial : biodiversité, changement climatique, eaux internationales, dégradation des terres, polluants organiques persistants, couche d’ozone stratosphérique. Son pilotage est assuré par cinq ministères (économie et finances, affaires étrangères, développement durable, recherche, agriculture) et l’Agence Française de Développement (AFD). Son secrétariat et sa gestion financière sont confiés à l’AFD. Depuis 1994, 258 projets ont été financés pour un montant de 299 millions d’euros, dont 68 % sont situés en Afrique et en Méditerranée.

www.ffem.fr

DIRECTION DU DÉVELOPPEMENT DURABLE (DDD) DIVISION TRANSPORTS ET ÉNERGIE DURABLES (TED)

Exécution : Planet 7 – Décembre 2014

FFEM


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