Livre des 40 ans de Proparco

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40 ANS D’ACTIONS POUR LE DÉVELOPPEMENT 40 YEARS OF ACTION FOR DEVELOPMENT


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Quarante ans d’actions pour le développement, 40 ans d’histoire(s). Dans ce livre anniversaire, nous mettons en avant 40 projets qui racontent une partie de l’histoire de Proparco. Sélectionnés pour avoir eu les honneurs de nos rapports annuels ou pour avoir marqué la mémoire de l’organisation, ils témoignent de la diversification, dans l’espace et dans le temps, du travail de Proparco. Au fil des années, ces projets ont évolué, notre regard aussi. S’il ne vise pas à faire un bilan des projets présentés, cet échantillon n’en constitue pas moins un bel outil de réflexion, en nous renvoyant l’image de ces projets à la lumière de leur devenir. Les raisons pour lesquelles nous leurs rendons hommage sont nombreuses. Ces projets confirment, par les remarquables impacts économiques, sociaux et environnementaux qu’ils ont générés, le rôle crucial du secteur privé dans le développement. Plusieurs d’entre eux ont durablement installé de nouvelles filières, d’autres comptent leurs bénéficiaires en centaines de milliers. Certains s’illustrent même parfois de façon plus inattendue : en témoigne la consécration de meilleur riz du monde pour l’entreprise Golden Rice. Ce livre ne fait néanmoins pas l’impasse sur les projets qui ont connu des difficultés. Des crises politiques, économiques ou sanitaires tiennent une part de responsabilité dans ces déboires. Ils découlent aussi de la troisième révolution industrielle qui, dans les pays en développement comme ailleurs, transforme nos économies, qui se tournent rapidement vers de nouveaux secteurs, créateurs des richesses de demain. On ne peut cependant limiter ces difficultés à des facteurs exogènes. En dépit de critères d’évaluation stricts et d’un accompagnement croissant des entreprises, le risque est inhérent à l’activité de Proparco. Notre organisation joue en effet pleinement son rôle lorsqu’elle investit dans des projets à risque, que des financeurs privés ne sont pas en mesure d’accompagner. Les succès présentés dans ce livre n’en sont donc que plus remarquables. Nous avons souhaité que ce livre soit aussi résolument tourné vers l’avenir en donnant la parole à cinq grandes personnalités. Toutes incarnent un des grands enjeux de notre temps. Leurs voix guident notre action et constituent de puissants outils de mobilisation pour permettre au secteur privé d’accentuer son impact sur le développement. La lutte contre les changements climatiques et pour l’égalité hommes-femmes, la priorité donnée à l’Afrique et aux pays fragiles, le rôle du secteur privé et de l’innovation financière pour le développement sont en effet au cœur même de l’ADN de Proparco. Ces 40 histoires et 5 tribunes confortent notre conviction que pour réaliser les objectifs de développement durable, il nous faut, plus que jamais, entreprendre en commun. Bonne lecture.


Forty years of actions supporting economic development; forty years of history.

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In this anniversary book, we highlight 40 projects that depict a portion of Proparco’s history. They were chosen because they have graced the pages of our annual reports, or have left a lasting mark on our organization. They bear witness to the diversification of our work over time and across regions. Our projects have evolved over the years, and so has the way we look at them. These descriptions aren’t intended to provide an assessment, but rather to use the knowledge we have of these projects’ outcomes to think about where we've been and where we want to go. There are many reasons why we have decided to pay homage to these projects. First, by their exceptional social, environmental, and economic impact, they illustrate the private sector’s crucial role in fostering development. Second, many of them resulted in the creation of new local industries, while others count hundreds of thousands of people among their beneficiaries. And third, some delivered results in the most surprising ways, such as the “World’s Best Rice” award won by the Golden Rice company. This book also includes some projects that ran into obstacles; political, economic, and sanitary crises usually played a part in these setbacks. Another factor was the third industrial revolution, which is transforming economies in the developed and developing world alike, and creating new industries that will be the sources of tomorrow’s wealth. But the obstacles were not always due entirely to external factors. Despite our strict evaluation criteria and the growing support we provide to businesses, risk remains inherent to our business. Our very raison d’être is to invest in risky projects that other financial institutions cannot or would not fund. Which makes the success stories described here even more remarkable. We wanted this book to be forward-looking as well, so we included five expert opinions written by thought leaders – each addressing one of the main challenges of our time. Their insight guides our work and is a powerful force for mobilizing stakeholders and boosting the private sector’s impact on development. Fighting climate change, promoting gender equality, focusing our efforts on Africa and fragile states, leveraging the role of the private sector, and encouraging financial innovation are all goals at the core of our corporate mission. These 40 stories and five opinion pieces underscore our conviction that, now more than ever, we must join forces if we are to make sustainable development a reality. Happy reading.


“1977-2017. Nous sommes fiers et heureux de fêter cette année les 40 ans de Proparco.” 40 ANS D’HISTOIRE qui ont permis à Proparco, créée par la Caisse centrale de coopération économique - future AFD - pour faire le pont entre secteur privé et développement, de devenir aujourd’hui l’une des principales institutions européennes de financement du développement.

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40 ANS D’ACTIONS menées dans 80 pays pour accompagner des acteurs privés dans leurs projets dès lors qu’ils contribuaient à la croissance, au développement local et à un monde plus sobre en carbone, plus juste et plus durable. 40 ANS DE PROJETS qui ont apporté la preuve que le secteur privé est un contributeur majeur du développement durable. Le secteur privé est en effet le premier créateur de croissance et d’emplois : aujourd’hui, les acteurs privés sont à l’origine de 90 % des emplois dans les pays en développement. Les acteurs privés proposent par ailleurs des solutions innovantes dans les domaines de l’accès à l’électricité, à la santé ou à l’éducation : ils sont très souvent le principal moteur d’innovation et de progrès technique dans les pays du Sud et par là même un accélérateur de développement durable. Enfin, les entreprises contribuent, en payant des impôts, aux recettes fiscales des États, essentielles à la mise en place de politiques publiques bénéfiques au développement.

constituent une feuille de route très ambitieuse. Ces objectifs internationaux ouvrent de nouvelles voies et engagent Proparco à mobiliser encore plus et mieux le secteur privé. C’est pourquoi à l’horizon 2020 et à la demande du Président de la République, Proparco s’engage à plus que doubler ses volumes de financements et à tripler les impacts de ses interventions en faveur de l’emploi, du climat, de l’accès aux services essentiels et de l’innovation. Les acteurs privés qui innovent, créent des emplois décents, adoptent les meilleurs standards environnementaux et sociaux, inventent de nouveaux modèles économiques responsables et dessinent l’économie d’un monde en commun sont nombreux. Proparco doit être en mesure d’en accompagner toujours davantage, en leur apportant ses financements et son expertise, mais également en mobilisant des ressources tierces pour démultiplier les impacts de ses interventions. Le groupe AFD pourra s’appuyer sur les acteurs privés du Nord, les entreprises et les investisseurs français en particulier, qui s'intéressent de plus en plus aux marchés et aux populations des pays du Sud et contribuent pleinement au développement de leurs partenaires. Rémy Rioux Grégory Clemente

Depuis quarante ans, Proparco a pour mission de soutenir ces acteurs privés responsables, de l’entrepreneur local au groupe “1977–2017. WE ARE PLEASED bancaire régional. Elle a toujours été à l’écoute de leurs besoins AND PROUD TO BE CELEBRATING et a su faire évoluer ses outils financiers et ses modes d’inter- PROPARCO’S 40TH ANNIVERSARY THIS YEAR.” vention pour les accompagner dans leurs projets et leur croissance, lorsque le marché local ne le pouvait pas. 40 years of history through which Proparco – created by the Caisse Centrale de Coopération Économique, which later became La mise en œuvre des Objectifs de développement durable the AFD – has served as the link between the private sector and (ODD), du programme d’actions d’Addis Abeba sur le finance- development, growing into one of Europe’s leading development ment du développement et des Accords de Paris sur le climat finance institutions.


– © Luca Laurenti

40 years of projects proving that the private sector can make a major contribution to sustainable development. The private sector is the leading creator of jobs and economic growth. Businesses account for 90% of jobs in the developing world, and are behind many of the innovative systems that improve access to electricity, healthcare, and education. They are often the main driver of technological progress in the Southern Hemisphere, thus helping to catalyze sustainable development. And through the taxes they pay, they provide necessary funds to governments for implementing development-oriented public policies. For the past 40 years, Proparco has been supporting responsible businesses ranging from local entrepreneurs all the way to regional banks. We have been carefully attuned to their changing needs over the past four decades, adapting our financing and operating methods accordingly. Our goal has consistently been to support businesses’ growth and expansion when local markets are unable to.

Looking ahead, an ambitious roadmap awaits with the implementation of the Sustainable Development Goals, the Addis Ababa Action Agenda for financing development, and the Paris Climate Agreement. These international objectives not only open new horizons, but they also require us to step up our efforts to encourage businesses to work with us. At the request of the French President, we have committed to more than doubling our financial commitments and tripling the impact of our actions for creating jobs, fostering innovation and climate awareness, and promoting access to essential services, all by 2020. Today many businesses strive to innovate, create decent jobs, adopt best-in-class environmental and social standards, invent new, responsible business models, and lay the foundations of an economy serving a global community. And those businesses are increasing in number. At Proparco, we intend to offer growing support to such businesses by providing financing solutions and expertise, as well as by drawing on third-party resources to amplify the impact of our work. AFD can call on businesses in advanced economies – especially French companies and investors – that are increasingly interested in markets and consumers in the developing world and that intend to fully contribute to their partners’ development. Rémy Rioux Grégory Clemente

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40 years of actions that now span 80 countries, with the aim of supporting private-sector businesses in projects that promote economic growth, spur local development, and fuel the transition to a low-carbon world that is more equitable and sustainable.


1977~2017

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40 ANS DE DÉVELOPPEMENT

1977~1987 Algérie, Algeria, Angola, Bénin, Benin, Burkina Faso, Burundi, Cameroun, Cameroon, Cap Vert, Cabo Verde, Comores, Comoros, Congo, Côte d’Ivoire, Ivory Coast, Djibouti, Gabon, Gambie, Gambia, Ghana, Guadeloupe, Guinée, Guinea, Guinée-Bissau, Guinea Bissau, Guinée équatoriale, Equatorial Guinea, Guyane, French Guiana, Haïti, Haiti, Liberia, Madagascar, Mali, Maurice, Mauritius, Mauritanie, Mauritania, Mexique, Mexico, Mozambique, Namibie, Namibia, Niger, Nouvelle-Calédonie, New Caledonia, Pérou, Peru, Petites Antilles, Lesser Antilles, Polynésie française, French Polynesia, République centrafricaine, Central African Republic, République démocratique du Congo, Democratic Republic of Congo, Réunion, Rwanda, Sainte-Lucie, Saint Lucia, Sao Tomé-et-Principe, Sao Tome and Principe, Sénégal, Senegal, Seychelles, Sierra Leone, Somalie, Somalia, Tchad, Chad, Tunisie, Tunisia, Togo, Vanuatu, Wallis-et-Futuna, Wallis and Futuna.

1987~1997

1997~2007

Afrique du Sud, South Africa, Botswana, Cambodge, Cambodia, Équateur, Ecuador, Éthiopie, Ethiopia, Kenya, Laos, Maroc, Morocco, Nigeria, Ouganda, Uganda, République dominicaine, Dominican Republic, Soudan, Sudan, Suriname, Tanzanie, Tanzania, Turquie, Turkey, Zambie, Zambia, Zimbabwe.

Afghanistan, Brésil, Brazil, Chine, China, Égypte, Egypt, Indonésie, Indonesia, Inde, India, Liban, Lebanon, Pakistan, Sri Lanka, Thaïlande, Thailand, Vietnam.


L’histoire de Proparco se lit aussi dans la géographie de ses interventions. Ses racines sont fermement implantées en Outre-mer et en Afrique où, jusqu’en 1998, Proparco compte 95 % de ses encours. Cet ancrage se renforce encore par l’ouverture de bureaux régionaux sur l’ensemble du continent. Sans pour autant renoncer à sa priorité africaine, Proparco s’ouvre ensuite au reste du monde. Après une incursion en Asie du Sud-Est en 1996, Proparco étend ses activités au reste de l’Asie, en Amérique Latine et au Moyen-Orient dans les années 2000. Aujourd’hui, Proparco intervient dans 80 pays.

1977~2017, 40 years of development. Proparco’s history is reflected in the geographical reach of our work. We have strong roots in the French Overseas Territories and in Africa, which still accounted for 95% of our outstanding amounts in 1998. We have also built up a network of regional offices across the African continent. But that doesn’t mean we don’t operate in other parts of the world as well – in 1996 we began work in Southeast Asia, and in the 2000s we expanded our efforts into the rest of Asia, Latin America and the Middle East. Today we operate in 80 countries around the world.

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2007~2017 Argentine, Argentina, Arménie, Armenia, Azerbaïdjan, Azerbaijan, Bangladesh, Birmanie, Burma, Bolivie, Bolivia, Chili, Chile, Colombie, Colombia, Costa Rica, Salvador, El Salvador, Géorgie, Georgia, Guatemala, Honduras, Irak, Iraq, Jamaïque, Jamaica, Jordanie, Jordan, Mongolie, Mongolia, Montenegro, Nicaragua, Panama, Paraguay, Syrie, Syria, Tadjikistan, Tajikistan, Territoires palestiniens, Palestine, Uruguay.


1977 1977

Création de la Société de promotion et de participation pour la coopération économique (Proparco) par la Caisse centrale de coopération économique (CCCE), devenue l’AFD en 1998. Dotée d’un capital social de 10 millions de francs (1,5 million d’euros), détenue à 100 % par la CCCE, elle est dédiée au financement du secteur privé dans la zone franc.

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Creation of the Société de Promotion et de Participation pour la Coopération Economique (Proparco) by the Caisse Centrale de Coopération Economique (CCCE), which became AFD in 1998. With a share capital of 10 million French francs (€1.5 million), 100% held by CCCE, its mandate was to finance the private sector in the franc zone.

1990

2004

Transformation en société financière, agréée par les autorités bancaires françaises. Proparco peut désormais intervenir en fonds propres, mais aussi en prêts et garanties, ainsi qu’à travers des prestations d’expertise et de conseil dans le montage des affaires.

Création de l’European Financing Partners (EFP) avec neuf autres IEFD et la Banque européenne d’investissement (BEI), un fonds commun dédié au financement du secteur privé dans les pays d’Afrique, Caraïbes et Pacifique (ACP).

Augmentation du capital social de 21 à 34 millions d’euros (140 à 225 millions de francs). Entrée d’actionnaires publics et privés, financiers et industriels, du Nord et du Sud : Fonds Aga Khan pour le développement économique (AKFED), BNP Paribas, Coface, GDF Suez et Natixis.

Creation of European Financing Partners (EFP) with nine other EDFIs and the European Investment Bank (EIB), a mutual fund dedicated to financing the private sector in African, Caribbean and Pacific (ACP) countries.

Status changed to a financial company approved by the French banking authorities, enabling Proparco to operate via equity, but also via loans and guarantees, as well as through consultancy and advisory services for the arrangement of deals. Share capital increase from €21 million to €34 million (140 million to 225 million French francs). Entry of public and private shareholders, financiers and industries from the North and South: Aga Khan Fund for Economic Development (AKFED), BNP Paribas, Coface, GDF Suez and Natixis.

1992 Création de l’association des Institutions européennes de financement du développement (IEFD), dont Proparco devient membre. Creation of the association of European Development Finance Institutions (EDFI). Proparco becomes a member.


2009 Extension du champ géographique d’intervention de Proparco à l’ensemble des pays éligibles à l’aide au développement. Lancement de la revue Secteur Privé & Développement. Création du Fonds d’investissement et de soutien pour les entreprises en Afrique (Fisea), détenu par l’AFD et conseillé par Proparco. Extension of Proparco’s geographical area of operations to all countries eligible for development assistance. Launch of the magazine Private Sector & Development. Creation of the Investment and Support Fund for Businesses in Africa (FISEA), held by AFD and advised by Proparco.

Création de l’Interact Climate Change Facility avec l’AFD, la BEI et dix autres IEFD : un fonds commun dédié au financement d’opérations du secteur privé du Sud dans les énergies renouvelables et l’efficacité énergétique en ligne avec la stratégie « climat » du groupe AFD initiée au milieu des années 2000. Creation of the Interact Climate Change Facility with AFD, EIB and ten other EDFIs: a mutual fund dedicated to financing private sector operations in the South in renewable energies and energy efficiency in line with the AFD group “climate” strategy, started in the mid 2000’s.

Adoption au CA de décembre de la nouvelle stratégie 2017-2020 de Proparco : doublement des financements pour atteindre 2 milliards d’euros par an en 2020 afin de tripler les impacts sur le développement (création d’emplois, lutte contre le réchauffement climatique, accès à des biens et services essentiels, accompagnement E&S des entreprises, soutien à l’innovation). At the Annual Committee in December Proparco’s new 20172020 strategy was adopted. By doubling its funding in order to reach 2 billion euros by 2020, Proparco aims to triple its impact on development (job creation, fight against global warming, access to essential goods and services, helping businesses with E&S practices, promoting innovation).

2017

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2011

2016


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SECTEUR PRIVÉ Financer les entreprises responsables : le vrai levier du développement africain Par Lionel Zinsou – P. 14 FINANCE Baisser les barrières à l’entrée : clé de l’innovation financière Par Ahmed Abdelkefi – P. 17

CLIMAT Lutter contre le réchauffement climatique par la coopération entre les bailleurs Par Alain Grandjean – P. 21

PAYS FRAGILES Le secteur privé dans les pays fragiles : quel est le rôle des DFI ? Par Paul Collier – P. 28

FINANCE Lowering barriers to entry is key to financial innovation By Ahmed Abdelkefi – P.19 CLIMATE Tackling global warming through international cooperation among funding providers By Alain Grandjean – P.23 EMPLOYMENT & GENDER Boosting growth and development by promoting female employment By Essma Ben Hamida – P.27 FRAGILE COUNTRIES The Private Sector in Fragile Countries: what role for the DFIs? By Paul Collier – P.30

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EMPLOI ET GENRE Soutenir l’emploi des femmes pour booster la croissance et le développement Par Essma Ben Hamida – P. 25

PRIVATE SECTOR Financing sustainable companies: the real drive of African development  By Lionel Zinsou – P.15


FINANCER LES ENTREPRISES RESPONSABLES : LE VRAI LEVIER DU DÉVELOPPEMENT AFRICAIN Par Lionel Zinsou, économiste franco-béninois, co-président de la fondation AfricaFrance.

– © Luca Laurenti

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L’histoire contemporaine de l’Afrique aura été marquée par deux révolutions financières récentes. La plus puissante est en cours. Elle devrait faire du continent un leader de la croissance mondiale pour plusieurs décennies. Elle est la combinaison d’une nouvelle demande : celle d’un secteur privé enfin structuré ; et d’une nouvelle offre : celle d’un secteur financier qui commence à trouver ses instruments et ses procédés. Proparco aura été l’enfant de la première révolution et le pionnier de la seconde.

Lionel Zinsou, économiste franco-béninois, co-président de la fondation AfricaFrance. Ancien banquier d'affaires puis PDG du fonds d’investissement européen PAI Partners, il a également été Premier ministre du Bénin de juin 2015 à avril 2016.

INVENTER LE SECTEUR PRIVÉ ET COMMENCER À FINANCER LE CONTINENT À l’origine, c'était pour la jeune Afrique indépendante une situation intenable : ses flux financiers nets étaient négatifs. Elle aura exporté plus de capitaux qu’elle n’en aura importé, et ce jusqu’aux années 1990. Historiquement, on ne sait pas financer le développement d’un continent en le vidant de ses moyens de financement. L’apport des institutions financières de développement, au premier rang desquelles le groupe AFD, aura été de se substituer aux financements privés insuffisants, puis d’organiser la stabilisation financière par le couple ajustement structurel et désendettement sélectif. Appuyé par une croissance substantielle de l’épargne extérieure des émigrés et une meilleure gouvernance politique et économique, le renversement des flux financiers nets s’est produit à la fin du XXème siècle. Dans le même temps, les privatisations d’actifs publics à travers toute l’Afrique ont fait naître et croître un secteur privé africain domestique et moderne. Sans cette première révolution il n’y aurait eu ni offre ni demande de capitaux pour le développement productif. Le cas le plus emblématique d’un secteur privé fort et bien financé aura été l’envol des télécommunications dans tout le continent. LA NOUVELLE COALITION DU DÉVELOPPEMENT RESPONSABLE L’acte II se joue aujourd’hui. Le continent est globalement mieux financé mais un déséquilibre unique dans l’histoire s’est créé : les acteurs souverains sont surendettés et les acteurs privés drama-


« LA NOUVELLE RÉVOLUTION FINANCIÈRE QUI SE DÉROULE SOUS NOS YEUX EST D’APPORTER LA DETTE, ET DONC AUSSI LA BASE DE FONDS PROPRES NÉCESSAIRES À UN SECTEUR PRIVÉ CRÉATIF, INNOVANT, PRODUCTIF ET RENTABLE, AUJOURD’HUI CAPABLE D’OFFRIR DES SERVICES ET DES MARCHANDISES COMPÉTITIFS. »

gouvernance et en normalisation sociale et environnementale. Il reste, par le plaidoyer et par l’exemple, à entraîner les États, poursuivre les progrès juridiques et judiciaires, trouver aussi le tempo et le professionnalisme de la bonne exécution des politiques publiques. Une nouvelle génération de politiques, miroir de la nouvelle génération d’entrepreneurs africains, est déjà à pied d’œuvre. Ce sont les nouveaux révolutionnaires. Cette grande coalition entre public et privé, entre épargne extérieure et renaissance de l’épargne domestique, entre garants de la rentabilité et garants de l’intérêt général, était déjà le modèle de Proparco. Avec 40 ans d’avance…

FINANCING SUSTAINABLE COMPANIES: THE REAL DRIVE OF AFRICAN DEVELOPMENT By Lionel Zinsou, French-Beninese economist, co-president of the AfricaFrance foundation. Two landmark financial revolutions have shaped contemporary African history. The more powerful of the two is taking place right now. It is set to make the continent a global leader of economic growth for the coming decades. It results from a combination of new demand spurred by a private sector that is now properly structured; and new supply proffered by a financial sector that is gradually acquiring its own instruments and processes. Proparco was born of the first revolution, and it shall be at the helm of the second. CREATING A PRIVATE SECTOR AND BEGINNING TO FINANCE THE CONTINENT To start with, a newly independent Africa found itself in an untenable position: its net financial flows were negative. Africa exported more capital than it imported, and went on doing so until the 1990s. Historically, there is no known way to finance the development of a continent whilst simultaneously depriving it of its means of financing. The contribution of development finance institutions (DFIs), first amongst which the AFD Group, consisted in replacing insufficient private financing, and then establishing financial stabilization using the combined power of structural adjustment and selective deleveraging. Supported by substantial growth in foreign savings by emigrants as well as improved political and economic governance, a reversal of net financial flows occurred in the late 20th century. Concurrently, privatizations of public

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tiquement sous-endettés. Rapportés au PIB, les actifs financiers dont dispose l’Afrique sont quatre fois inférieurs à la moyenne mondiale. La nouvelle révolution financière qui se déroule sous nos yeux est d’apporter la dette, et donc aussi la base de fonds propres nécessaires à un secteur privé créatif, innovant, productif et rentable, aujourd’hui capable d’offrir des services et des marchandises compétitifs, mais aussi capable de produire certains biens publics défaillants : dans l’éducation, la santé, la sécurité, la connectivité, etc. Toute la finance est engagée dans cette révolution : les gestionnaires d’actifs qui activent enfin les ressources d’épargne longue domestiques ; le private equity et les marchés financiers, qui ont inventé un vrai marché continu du capital ; les banques primaires enfin concurrentielles ; les institutions de micro-finance, qui assurent le fonds de roulement du considérable secteur productif informel et la solvabilisation des masses populaires. Mais rien ne sera plus stabilisateur et intégrateur que le basculement des institutions financières de développement vers une proportion beaucoup plus élevée de leur financement destinée au secteur privé. Elles peuvent en effet syndiquer et garantir des crédits au secteur productif en faisant levier d’une liquidité internationale surabondante. La Conférence d’Addis Abeba sur le financement du développement et l’adoption par les Nations unies des Objectifs de développement durable ont créé en 2015 le corps de doctrine qui reconnaît le secteur privé comme premier contributeur à l’emploi et donc à la réduction de la pauvreté. Ce nouveau "consensus d’Addis" est aussi fort qu’en son temps le consensus de Washington. Ce nouvel agenda pour le financement durable de l’Afrique est la nouvelle feuille de route de tous les acteurs et, au premier rang, des institutions financières de développement, appelées à "coaliser" les autres financiers. Elles ont aussi la faculté de faire progresser leurs nouveaux clients privés en


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“THE NEW FINANCIAL REVOLUTION UNFOLDING BEFORE OUR EYES CONSISTS IN BRINGING DEBT, AND THUS THE CORE CAPITAL REQUIRED FOR A CREATIVE, INNOVATIVE, PRODUCTIVE, AND PROFITABLE PRIVATE SECTOR, WHICH IS NOW ABLE TO PROVIDE COMPETITIVE SERVICES AND GOODS.”

assets throughout Africa led to the rise and growth of a modern, domestic African private sector. Without this first revolution neither supply nor demand for capital for productive development would have materialized. The most emblematic case of a strong and well-funded private sector has been the soaring telecoms sector across the continent.

that are finally becoming competitive; micro-finance institutions that provide the working capital of the vast productive informal sector and ensure the creditworthiness of the community at large. But nothing will do more for stabilization and integration than the shift of the DFIs towards a much higher proportion of their funding directed towards the private sector. They can syndicate and guarantee credits to the productive sector by leveraging THE NEW COALITION OF SUSTAINABLE DEVELOPMENT excessive international liquidity. The International Conference Act II is playing out today. The continent is better funded overall, on Financing for Development held in Addis Ababa, and the UN's adoption of the Sustainable Development Goals in 2015 created but a historically unique imbalance has emerged: sovereign a body of doctrine that recognizes the private sector as the main actors are over-indebted whilst private actors are dramatically under-leveraged. Africa has financial assets-to-GDP ratios that contributor to employment and hence, to the reduction of poverty. are four times lower than the world average. The new financial This new "Addis consensus" is as compelling as the Washington revolution unfolding before our eyes consists in bringing debt, consensus in its day. This new agenda for sustainable financing and thus the core capital required for a creative, innovative, in Africa is the new roadmap for all stakeholders, first amongst productive, and profitable private sector, which is now able to which development finance institutions that are called upon to provide competitive services and goods but also certain public "coalesce" other financial entities. They also provide the ability to goods that states have failed to provide adequately such as assist their new private clients in matters of governance as well education, healthcare, security, connectivity... as social and environmental standardization. It remains to win The entire financial sector is part of this revolution: asset man- over the states themselves – through advocacy and by example, agers who are at last activating long-term domestic savings to advance legal and judicial progress, to find the tempo and resources; private equity and financial markets that have professionalism to bring about the proper execution of public invented a genuine continuous capital market; primary banks policies. A new generation of politicians – mirroring the new generation of African entrepreneurs – is already hard at work. They are the new revolutionaries. This great coalition between public and private sectors, between external savings and the revival of domestic savings, between the proponents of profitability and those of the general interest, was in fact already Proparco's model... 40 years ahead of its time. Lionel Zinsou, French-Beninese economist, co-president of the AfricaFrance foundation. Former business banker, he then acted as CEO of the European investment fund PAI Partners. He was also Benin’s Prime Minister from June 2015 to April 2016.


BAISSER LES BARRIÈRES À L’ENTRÉE : CLÉ DE L’INNOVATION FINANCIÈRE Par Ahmed Abdelkefi, économiste tunisien spécialisé dans le secteur financier, cofondateur de Tuninvest-Africinvest.

– © Luca Laurenti

Le leasing a beaucoup apporté à l’économie tunisienne. Pour la première fois, une PME pouvait obtenir un crédit en moins d’un mois. Du jamais vu, les demandes affluaient ! Nos taux étaient supérieurs à ceux des crédits classiques, les durées moins longues, mais les clients les acceptaient parce qu’ils gagnaient du temps. De plus, nous ne demandions pas de garanties réelles, lourdes à mettre en place. Très vite nous avons atteint les limites de nos capacités et c’est à ce moment que Proparco nous a soutenus à travers plusieurs prêts. Par la suite nous nous sommes introduits en bourse pour lever des fonds propres et accéder au marché obligataire, une première pour une entité privée tunisienne. Aujourd’hui, plusieurs sociétés de leasing se livrent

Ahmed Abdelkefi est économiste et homme d'affaires tunisien, spécialisé dans le secteur financier. Pionnier dans le secteur, il crée la première société de leasing, Tunisie Leasing, en 1984, et participe à la création de Tuninvest-Africinvest, première société tunisienne spécialisée dans le capital-investissement.

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Au cours des trois dernières décennies, il m’a été donné d’introduire en Tunisie un certain nombre de nouvelles activités financières ou plus exactement d’acclimater des produits ou des techniques qui existaient déjà ailleurs. La première expérience de ce type a été le leasing, que nous avons introduit en 1984 sans attendre l’intervention du législateur. L’activité de leasing avait démarré depuis plusieurs années en Europe, ses caractéristiques étaient bien connues et aucune ne contrevenait au code des obligations et contrats. Nous pouvions donc la mettre en place dans le cadre du droit commun. Nous avons entrepris de le faire avec un contrat "innomé", suffisamment protecteur de nos intérêts essentiels et attractif pour nos clients. Le succès a été immédiat ! S’il s’agit d’une innovation, alors le mérite revient aux autorités publiques, le ministère des Finances et la Banque centrale de Tunisie, qui nous ont laissé faire.


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une concurrence sans merci et font toutes appel à l’épargne publique. Ceci a eu le notable mérite de faire baisser le coût du financement mieux que n’importe quelle réglementation. Pour autant, le problème crucial de l’accès des PME au financement reste entier, tant au Maghreb que dans les pays d’Afrique subsaharienne où nous intervenons. Les entités publiques ou semi publiques créées ici et là accumulent les impayés et les banques privées continuent de privilégier le financement de l’État et des grandes entreprises. Selon moi, il serait possible d’obtenir des résultats significatifs en renonçant définitivement aux entités publiques de distribution du crédit, malheureusement inefficaces. En même temps, il faudrait infléchir le comportement des banques privées en abaissant la barrière à l’entrée du secteur, de façon à stimuler la concurrence et permettre à ceux qui veulent fonctionner autrement d’arriver sur le marché.

« LE LEASING A BEAUCOUP APPORTÉ À L’ÉCONOMIE TUNISIENNE. POUR LA PREMIÈRE FOIS, UNE PME POUVAIT OBTENIR UN CRÉDIT EN MOINS D’UN MOIS. DU JAMAIS VU, LES DEMANDES AFFLUAIENT ! NOS TAUX ÉTAIENT SUPÉRIEURS À CEUX DES CRÉDITS CLASSIQUES, LES DURÉES MOINS LONGUES, MAIS LES CLIENTS   LES ACCEPTAIENT PARCE QU’ILS GAGNAIENT   DU TEMPS. »

Une autre expérience d’acclimatation a vu le jour au début des années 90, d’abord en Tunisie puis au Maghreb et en Afrique subsaharienne. Il ne s’agissait pas d’un nouveau produit mais de nouvelles techniques, dans le domaine des fonds propres, par la création de Tuninvest, devenue depuis Africinvest. Le renforcement en fonds propres des entreprises a toujours été une problématique des pouvoirs publics. Au début des années 80, des banques de développement ont été créées dans ce but, en association avec des pays du Golfe, avec des moyens colossaux par rapport à la taille de la Tunisie de l’époque. De brillantes personnalités ont été désignées à la tête de ces entités mais l’expérience a échoué. Au bout de vingt ans, elles se sont toutes reconverties en banques commerciales. Au même moment, les méthodes de travail du capital investissement se sont développées en Europe et les spécificités du métier apparaissaient de plus en plus clairement. Tuninvest a pris le parti d’appliquer ces standards, en créant des fonds à durée limitée et des sociétés de gestion appartenant aux équipes, tout en veillant à aligner les intérêts des uns et des autres et à prévenir les conflits d’intérêts. Auparavant, nous ne voulions pas vendre une bonne participation et nous ne pouvions pas en vendre une mauvaise, et de fait il n’y avait aucune rotation possible des capitaux. Désormais, toute participation est destinée à être cédée. Ainsi, les capitaux tournent tous les cinq à sept ans et stimulent d’autant l’investissement global du pays et la création d’emplois. Un autre aspect prenait une grande importance : il était désormais possible de mesurer rigoureusement le succès ou l’insuccès avec le taux de rendement des capitaux investis, calculé sur les bornes d’entrée et de sortie des projets et non plus sur la base d’hypothèses plus ou moins réalistes. Ceci réglait du même coup la répartition des résultats entre les investisseurs et les équipes. Les bonus qui en ont découlé ont souvent été substantiels mais aucune dérive n’a été observée. Sans ce mécanisme, nous n’aurions certainement pas atteint les rendements à deux chiffres affichés par Africinvest. Ces deux expériences, et quelques autres, m’ont profondément convaincu qu’un secteur financier à la fois robuste et agile est un ingrédient indispensable à la croissance, au développement et à la création d’emplois. Pour bâtir un tel secteur, il est notamment important de baisser la barrière à l’entrée, de manière à créer une vraie concurrence susceptible de réduire le poids des habitudes et de permettre aux nouveaux produits et nouvelles techniques d’arriver sur le marché. Surtout en ce moment d’accélération de l’économie digitale et d’apparition des "fintechs". Cependant, pour que la concurrence s’exerce réellement, il est indispensable que les pouvoirs publics se concentrent sur la régulation et le contrôle, et abandonnent la solution illusoire de la gestion directe des établissements financiers en charge de distribuer le crédit et de promouvoir les opérations en capital.


LOWERING BARRIERS TO ENTRY IS KEY TO FINANCIAL INNOVATION By Ahmed Abdelkefi, Tunisian economist specialized in the financial sector, co-founder of Tuninvest-Africinvest.

Finance leases were a boon to our local economy. Small businesses could get a loan faster than ever before – in under a month. We were flooded with requests! Our interest rates were higher than those on conventional loans and the terms were shorter, but customers were happy to sign up because it saved them time. And we didn’t ask them to pledge any property as collateral; such pledges were complicated to set up. We quickly reached the limit of our lending capacity, so we turned to Proparco which provided support by granting us several loans.

Ahmed Abdelkefi is a Tunisian economist and businessman, specialized in the financial sector. A pioneer in the sector, he created the first leasing company, Tunisia Leasing, in 1984. He also took part in the creation of Tuninvest-Africinvest, the first Tunisian company specialized in private equity.

We then carried out an IPO to raise capital and access the bond market – a first for a private-sector Tunisian business. Today lots of leasing companies compete ruthlessly in the country, and they have all gone public. The upshot is that this has lowered borrowing costs in Tunisia much more than any regulation has. But small businesses still find it hard to get financing in North Africa and in the Sub-Saharan African countries where we operate. The various state-owned and semi-state-owned entities in these regions are racking up late loan payments, while private-sector banks still prefer to grant financing to the government and large corporations. I don’t think we’ll see any significant progress until we stop the practice of letting state-owned entities grant loans, which is unfortunately inefficient. At the same time, we need to change banks’ behavior by lowering the barriers to entry in the industry. That would spur competition and let companies with different business models enter the market. The industry went through another phase of adaptation in the early 1990s, initially in Tunisia and then in the rest of North Africa and in Sub-Saharan Africa. This time it wasn’t a new financial service but new approaches in private equity, implemented by a new firm called Tuninvest, which later became Africinvest. Policy-makers had long struggled with how to make it easier for companies to raise capital. They teamed up with Persian Gulf states to set up development banks for this purpose in the early 1980s. These banks’ funds were gigantic as compared to Tunisia’s modest needs at that time, and they were run by some of the brightest people in the region. But they failed. Within 20 years they had all been converted into commercial banks. Meanwhile,

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Over the past three decades, I’ve been introducing new financial businesses in Tunisia or more specifically, to adapt existing financial services and approaches to the Tunisian market. The first such service was finance leases, which we introduced in 1984, without waiting for the government to pass legislation. Finance leases had already been around in Europe for several years. Their conditions were well known and didn’t infringe the Tunisian Code of Obligations and Contracts; we could therefore set them up in the country under common law. We began issuing finance leases as “unnamed” contracts that protected our main interests and were attractive for our customers. They were an immediate hit! They were an innovation in our country, and the credit goes to the government, the Finance Ministry, and the Central Bank for letting us implement our idea.


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“FINANCE LEASES WERE A BOON TO OUR LOCAL ECONOMY. SMALL BUSINESSES COULD GET A LOAN FASTER THAN EVER BEFORE – IN UNDER A MONTH. WE WERE FLOODED WITH REQUESTS! OUR INTEREST RATES WERE HIGHER THAN THOSE ON CONVENTIONAL LOANS AND THE TERMS WERE SHORTER, BUT CUSTOMERS WERE HAPPY TO SIGN UP BECAUSE IT SAVED THEM TIME.”

private equity was expanding in Europe and the key features of that business were becoming increasingly well understood. Tuninvest decided to adopt those standards and create fixedterm private equity funds and manager-owned investment firms, while making sure that all interests were aligned and that conflicts of interest were avoided. Before, we didn’t want to sell a good equity investment and we couldn’t sell a bad one, which meant that it was impossible to rotate our portfolios. But now, because all investments are destined to be sold, capital can be rotated every five to seven years and help stimulate job creation and overall investment in the country. Another factor had also become very important – the ability to measure the success or failure of investments based on a return on invested capital figure that was no longer calculated using sometimes-unrealistic assumptions, but actual entry and exit valuations. That also had the advantage of enabling gains to be distributed equitably between investors and fund managers. The resulting bonuses were often sizable, but no abuses were found. Without this mechanism Africinvest never could have achieved the double-digit returns it has posted.

Based on my experience with these two innovations, along with a few others, I’m convinced that an agile, robust finance industry is essential for economic growth, local development, and job creation. But to create such an industry, we need to lower the barriers to entry so that there is genuine competition among the various players. That competition can help break long-standing habits and open the door to new financial services and approaches in our countries – especially now with the acceleration in the digital economy and the emergence of fintech. But for such competition to exist, policy-makers need to focus on regulation and oversight and stop trying to directly manage the financial institutions that grant loans and promote capital transactions, which is an illusory solution.


LUTTER CONTRE LE RÉCHAUFFEMENT CLIMATIQUE PAR LA COOPÉRATION ENTRE LES BAILLEURS Par Alain Grandjean, économiste, fondateur et associé de Carbone 4.

– © Luca Laurenti

LE RÔLE DE CATALYSE DU SECTEUR PUBLIC Cela nécessite des investissements massifs, estimés par le rapport New Climate Economy à 6 trillions de dollars par an à l’échelle mondiale, au cours des quinze prochaines années, soit guère plus que les 89 milliards qui seraient de toute façon dépensés si l’on ne changeait rien. Ces montants sont accessibles, mais l’argent public et celui des institutions multilatérales ne suffiront pas pour atteindre ces objectifs, et l’implication du secteur privé est plus que jamais d’actualité.

Alain Grandjean est économiste spécialiste de la lutte contre le changement climatique et membre du Conseil économique pour le développement durable auprès du ministre de la Transition écologique et solidaire. Il est le fondateur et associé de Carbone 4, cabinet de conseil et d'études sur le carbone.

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Conformément à l’accord de Paris, nous devons réduire rapidement les émissions mondiales de gaz à effet de serre (GES) pour atteindre la neutralité carbone avant la fin du siècle. Il s’agit d’un défi colossal, tant par l’ampleur des actions à entreprendre que par leur vitesse d’exécution. On connaît dans ses grandes lignes le chemin pour y parvenir. Il se compose d’un effort drastique d’efficacité énergétique qui représente la moitié des émissions évitées à terme, ainsi que d’une décarbonation de la production d’électricité, d’une électrification croissante des usages et d’une restauration des puits de carbone naturels que sont les forêts et la biomasse. Cette trajectoire "2 °C " présente de nombreux avantages sur d’autres fronts, notamment sanitaire, en réduisant les pollutions atmosphériques. Elle conduit à inventer une nouvelle forme de développement économique, nécessaire pour les pays pauvres et les plus défavorisés d’entre nous, alors que l’inaction, au contraire, entraînera de graves difficultés économiques et sociales dues aux dommages climatiques.


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« SEULE LA COOPÉRATION ENTRE LES ACTEURS PERMETTRA UN CHANGEMENT D’ÉCHELLE   AU NIVEAU DES ENGAGEMENT PRIS LORS   DE LA COP21. RENFORCER LE MÉCANISME   DES GREEN OU DES CLIMATE BONDS, ET CELUI DES FONDS COMMUNS D’INVESTISSEMENT DESTINÉS À DES PROJETS “CLIMAT” EST UNE VOIE PARTICULIÈREMENT PROMETTEUSE. »

Les acteurs publics doivent jouer leur rôle de garant de l’intérêt général en créant des incitations économiques adaptées ( prix au carbone, réglementations et normes  ), comme le rappellent dans leur rapport les économistes Nicholas Stern et Joseph Stiglitz. Les budgets publics doivent à la fois être réorientés vers des projets climat, mais aussi encourager des flux de capitaux privés vers des projets durables. Cela peut se faire en contribuant aux financements des phases amont des projets, en garantissant une partie des risques, en permettant un effet de levier aux financements privés, en émettant des green bonds souverains, comme l’a fait la France début 2017 et, bien sûr, en participant au Fonds vert pour le climat. L’ampleur des financements nécessaires implique un changement d’échelle et une coopération entre les bailleurs, tant financière que du point de vue de leurs pratiques. Les banques et les agences de développement ont, de ce point de vue, un rôle clé, car elles peuvent de plus en plus intégrer les enjeux climatiques, tant en termes d’atténuation de GES que d’adaptation au changement climatique, malheureusement en partie inéluctable. C’est ainsi que Proparco s’est fixé pour objectif de consacrer deux milliards d’euros de financements à la lutte contre le changement climatique, d’ici à 2020, et à la réduction des émissions de CO2 de ses projets de 15 millions de tonnes chaque année, à partir de 2020.

FAVORISER LE MIX ÉNERGÉTIQUE ET LES ÉNERGIES PROPRES La recherche de solutions bas-carbone vise à favoriser l’accès à l’électricité et à diversifier le mix énergétique en exploitant le potentiel solaire, éolien ou hydro-électrique, voire en recyclant les eaux usagées et, plus généralement, les déchets. C’est le sens des projets Khi Solar One et Azito, menés par Proparco en Afrique du Sud et en Côte d’Ivoire, qui ont permis la construction de centrales thermiques à concentration. Le succès de ces initiatives dépend de la compréhension qu’ont les secteurs privés international et local du bien-fondé de la démarche d’adaptation au changement climatique et de la création de solutions adaptées aux géographies locales. L’African Renewable Energy Scale Up Facility, financée par l’Union européenne et initiée en mars 2017, permettra à Proparco de mobiliser 12 millions d’euros en faveur de l’off-grid, l’électrification hors réseau ( kits solaires ou mini-réseaux ) adaptée notamment aux zones rurales et péri-urbaines. ENCOURAGER LES SYNERGIES ENTRE BAILLEURS Seule la coopération entre les acteurs permettra un changement d’échelle au niveau des engagements pris lors de la COP21. Renforcer le mécanisme des green ou des climate bonds, et celui des fonds communs d’investissement destinés


à des projets « climat » est une voie particulièrement prometteuse. C’est le sens du Interact Climate Change Facility ( ICCF ), qui se replace dans la lignée du Fonds vert pour le climat. L’ICCF, créé en 2011, finance des opérations du secteur privé en faveur des énergies renouvelables ( éolien, solaire, hydroélectrique…)  et de l’efficacité énergétique. C’est le sens également du projet de création, en Asie du Sud-Est, d’un fonds de capital dédié à investir dans des petits projets d’infrastructures d’énergie propre et renouvelable. Toutes ces initiatives montrent qu’il est possible de mobiliser de manière complémentaire différentes sources de financement pour cette cause qui s’impose à nous de manière de plus en plus impérieuse, la lutte contre le changement climatique.

By Alain Grandjean, economist, founder and associate of Carbon 4. The Paris Agreement calls upon us to reduce global greenhouse gas (GHG) emissions swiftly in order to achieve carbon neutrality by the end of the current century. This represents a daunting challenge in terms of both the scope and the pace of the actions required. But roughly speaking, we have our work cut out for us. Meeting that challenge involves a drastic push for energy efficiency, which will ultimately account for half of the emissions avoided, along with a drive to decarbonize power generation, the electrification of a broader range of activities and the restoration of natural carbon sinks like forests and biomass. This “2-degree trajectory” offers a number of other advantages as well, particularly with regard to health, in that it will reduce atmospheric pollution. It will also compel us to devise a new form

of economic development – a necessity for poor countries and the least fortunate members of our society. In contrast, inaction will lead to serious economic and social trouble as a result of climate damage. THE PUBLIC SECTOR’S ROLE AS CATALYST Such an approach requires massive investment, an estimated US$6 trillion per annum worldwide over the next 15 years according to the 2016 New Climate Economy Report. Then again, that’s only slightly more than the US$89 trillion that would be spent in any case if no changes were made. That money is reachable, but funding from governments and multilateral institutions alone won’t be adequate to the task. Today more than ever, private-sector involvement is crucial. Public-sector bodies have to fulfil their function of safeguarding the general interest by offering effective incentives through carbon pricing, regulations and standards, as the economists Nicholas Stern and Joseph Stiglitz stress in their report.

Alain Grandjean is a French economist specializing in the fight against climate change and a member of the Economic Counsel for Sustainable Development affiliated to the French ministry for the Ecological and Inclusive Transition. He is an associate and the founder of Carbone 4, a research and consulting firm focused on carbon.

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TACKLING GLOBAL WARMING THROUGH INTERNATIONAL COOPERATION AMONG FUNDING PROVIDERS


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“THE CHANGE OF SCALE NEEDED TO MEET THE COP21 COMMITMENTS SIMPLY WON’T HAPPEN WITHOUT GREATER COOPERATION. STRENGTHENING THE GREEN, OR CLIMATE, BOND MECHANISM AND MUTUAL INVESTMENT FUNDS DEDICATED TO "CLIMATE" PROJECTS IS PART OF A PARTICULARLY PROMISING WAY FORWARD.”

Public spending should be redirected towards climate investment, while at the same time encouraging private capital flows into sustainable projects. For example, governments can contribute to early-stage project finance, by providing guarantees for part of the attendant risks, by leveraging private-sector funding, by issuing sovereign green bonds as France did in early 2017 and, of course, by participating in the Green Climate Fund. The sheer scope of the financing required points to the need for a change of scale, as well as greater financial and practical cooperation among funding providers. Banks and development agencies have a key role to play in the process. They are increasingly in a position to address climate issues through both GHG emissions mitigation and the partially and regrettably unavoidable adaptation to climate change. Proparco, in any case, has committed to devoting €2 billion between now and 2020 to the fight against climate change and to reducing CO2 emissions from its investment projects by 15 million tonnes per year from 2020 onwards. PROMOTING A DIVERSIFIED ENERGY MIX AND CLEAN ENERGY The pursuit of low-carbon alternatives is a way of boosting access to electricity and diversifying the energy mix by harnessing the potential of solar, wind and hydro power, or even by recycling waste water and other forms of waste. That was the rationale behind Proparco’s Khi Solar One project in South Africa and its Azito project in the Ivory Coast, which have led to the construction of concentrating thermal power plants. The success of such initiatives hinges on the extent to which international and local private-sector organizations grasp the value of adapting

to climate change and developing solutions that address local geographic constraints. Financed by the European Union and initiated in March 2017, the African Renewable Energy Scale Up facility will allow Proparco to raise €12 million for off-grid power systems (using solar kits and mini-grids) that are particularly well-suited to rural areas and the urban hinterland. ENCOURAGING SYNERGY AMONG FUNDING PROVIDERS The change of scale needed to meet the COP21 commitments simply won’t happen without greater cooperation. Strengthening the green, or climate, bond mechanism and mutual investment funds dedicated to “climate” projects is part of a particularly promising step in that direction. A prime example is the Interact Climate Change Facility (ICCF), which is very much in the same vein as the Green Climate Fund. Established in 2011, the ICCF finances renewable energy (e.g., wind, solar and hydro power) and energy efficiency projects in the private sector. Another example is the project of creating a private equity fund dedicated to investing in small-scale clean and renewable energy infrastructure projects in South East Asia. All these initiatives show that it is possible to marshal different, yet complementary, sources of funding to serve a cause that has become an increasingly pressing obligation for us: the fight against climate change.


SOUTENIR L’EMPLOI DES FEMMES POUR BOOSTER LA CROISSANCE ET LE DÉVELOPPEMENT Par Essma Ben Hamida, entrepreneuse tunisienne, cofondatrice de l’institution de microfinance Enda Tamweel.

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Partout à travers le monde et plus spécialement en Afrique et dans la région arabe, la question de l’emploi des femmes est un sujet clé. Les femmes représentent en effet des agents économiques dynamiques et puissants, mais leur potentiel économique est partout sous-employé. De trop nombreux freins existent encore pour leur permettre de faire la différence : les contraintes – culturelles ou sociétales, voire religieuses – perdurent. Beaucoup de femmes ont la capacité de générer des revenus pour améliorer les conditions de vie de leur famille. Une formation de base pour libérer leur potentiel en entrepreneuriat et éventuellement pour renforcer leurs connaissances d’un métier, ainsi que l’accès au financement, peuvent apporter le déclic indispensable. C’est en faisant ce constat en 1995 que Enda inter-arabe a débuté son activité de micro-crédit dans les quartiers populaires de Tunis en donnant la priorité aux femmes. A l’époque, le micro-crédit n’existait pas en Tunisie, même si, bien entendu, il y avait des modules « crédit » dans des projets de développement à durée limitée.

Nous avons pu constater cette véritable révolution dans le plus grand quartier populaire de Tunis, « Cité Ettadhamen », où Enda a lancé le micro-crédit en 1995. Je peux affirmer sans hésitation

– © Luca Laurenti

Les femmes sont toujours très actives au sein de leur foyer, réussissant souvent mieux dans les études que les hommes (63% de bachelières en 2017 en Tunisie), mais leur potentiel demeure sous-estimé et sous-exploité. L’accès aux services financiers grâce au micro-crédit a permis aux femmes à faible revenu de devenir de vraies entrepreneuses. Cantonnées chez elles depuis toujours, elles sont aujourd’hui devenues visibles et, le chômage des hommes aidant, beaucoup sont les chefs économiques de leur foyer.


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« JE PEUX AFFIRMER SANS HÉSITATION   QUE L'ACCÈS AU CRÉDIT   ET L'ACCOMPAGNEMENT À LA MICRO-ENTREPRISE ONT LARGEMENT CONTRIBUÉ À L’EXPLOSION ENTREPRENEURIALE FÉMININE   QUI TOUCHE AUJOURD'HUI TOUTES LES RÉGIONS DÉFAVORISÉES DE TUNISIE,   AUSSI BIEN URBAINES QUE RURALES. »

que l'accès au crédit et l'accompagnement à la micro-entreprise ont largement contribué à l’explosion entrepreneuriale féminine qui touche aujourd'hui toutes les régions défavorisées de Tunisie, aussi bien urbaines que rurales, où Enda est active ( 80 agences ). Aujourd’hui, les femmes tunisiennes ont confiance en elles et sont devenues des acteurs économiques visibles qui créent des richesses et des emplois. La mise en place de politiques d’emploi adaptées et concrètes ont jusqu'ici ciblé en priorité le secteur formel et les hommes, au mépris des réalités économiques dominées par l’informalité. Une grande partie de l’activité des femmes dans les pays arabes est, en effet, dite "invisible" : faiblement valorisée et peu ou pas rémunérée. Promouvoir la création d’emplois décents et productifs nécessite l’élaboration de politiques intégrées et notamment le soutien à l’entrepreneuriat au féminin.

Essma Ben Hamida est une entrepreneuse tunisienne et la co-fondatrice de l’institution de microfinance Enda Tamweel. Pionnière de ce secteur en Tunisie, Enda Tamweel propose depuis 1995 des services et lignes de crédit aux micro-entrepreneurs et compte aujourd’hui 79 agences réparties sur l’ensemble du pays. En vingtdeux ans, Enda Tamweel a servi plus de 670 000 clients, dont 70 % de femmes.

Les réalisations de Enda depuis 1995 – l’ONG au départ puis la société anonyme, Enda Tamweel, depuis 2016 – démontrent combien l’appui aux entreprises féminines peut être efficace. En 22 ans, Enda a octroyé 2,5 millions de micro-crédits pour un montant de quelque 2,5 milliards de dinars ( un milliard d'euros ) à 650 000 micro-entrepreneurs dont les deux-tiers sont des femmes. Ces microcrédits ont permis la création d’innombrables micro-entreprises, l’amélioration des conditions de logement, le maintien d’enfants à l’école ou l’envoi de ceux-ci à l’université. Et certaines familles en sont à la deuxième, voire la troisième génération de micro-entrepreneurs. L’autonomisation des femmes est une question cruciale pour tous les pays. Il est primordial aujourd'hui de renforcer cette autonomisation en développant les compétences des femmes et en les accompagnant dans la gestion de leurs projets mais aussi dans le domaine de la citoyenneté et la participation à la vie politique et communautaire. En Tunisie, comme dans beaucoup de pays, le chemin est encore long avant que la société toute entière ne reconnaisse le potentiel économique et social des femmes. Mais c’est en continuant à soutenir des projets comme celui d’Enda Tamweel, qu’avec les bailleurs internationaux nous avançons dans la bonne direction.


BOOSTING GROWTH AND DEVELOPMENT BY PROMOTING FEMALE EMPLOYMENT By Essma Ben Hamida, Tunisian entrepreneur, co-founder of the microfinance institution Enda Tamweel.

And at a time of high male unemployment, many of them have emerged as breadwinners. We have observed this authentic revolution in Ettadhamen, the largest working-class district in Tunis, where Enda first introduced microcredit in 1995. I can confidently assert that access to credit and support for microenterprise have been major contributors to the boom in female entrepreneurship that has by now spread to every disadvantaged urban and rural areas in the country where Enda is active through its 80 branches. Today, Tunisian women have gain confidence. They have become high-profile economic agents that generate wealth and jobs.

in Tunisia, Enda Tamweel offers since 1995 services and micro credit lines to micro-entrepreneurs and counts more than 79 agencies across the country today. In 22 years, Enda Tamweel has served over 670,000 clients, of which 70% were women.

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Female employment is a key issue around the world, and par- Public policies designed to meet concrete employment needs ticularly so in Africa and the Arab countries. Women are dynamic, have primarily focused on the formal sector and men, without any regard for economic realities and the widespread inforpowerful economic agents, but their economic potential is largely mal sector in the country’s economy. A large part of the work underemployed. Those of them who hope to make a difference performed by women in Arab countries remains unrecorded or still have to clear far too many hurdles, often contending with deep-seated cultural, social, even religious constraints. Yet a lot “invisible”. What they do brings them little or no recognition – and of women are able to generate income and thereby offer their little or no pay. Promoting the creation of decent, productive jobs families better living conditions. Basic training to consolidate their will therefore require integrated policies which support female entrepreneurship. skills in a given trade, along with access to financing, could be enough to tip the scales in their favour and unleash their entrepreneurial potential. Enda’s experience since 1995 – initially as an NGO, and since 2016 That hunch was what led Enda Inter-Arabe in 1995 to start pro- as a limited liability company called Enda Tamweel – shows how viding microcredit in the working-class neighbourhoods of Tunis, effective support for women’s businesses can be. Over the past with women as priority recipients. At the time, microcredit was 22 years, Enda has granted 2.5 million microloans totalling an non-existent in Tunisia, even though short-term development estimated 2.5 billion dinars (or €1 million) to 650,000 micro-enprogrammes of course included credit modules. trepreneurs - two thirds of them being women. Those loans have successfully allowed a large number of microenterprises set ups, housing conditions improvement, as well as keeping children in Tunisian girls and women are consistently active in the household school and sending some of them to university. In fact, some and often do better in school than their brothers – they made up families already boast a second or even third generation of 63% of the country’s secondary school graduates in 2017 – but micro-entrepreneurs. their potential is still undervalued and underexploited. Access to financial services through microcredit has enabled quite a few low-income women to become genuine entrepreneurs. Long Empowering women is a crucial challenge around the world. It is confined to the home, women are now increasingly conspicuous. essential today to take the empowerment drive further, not only by developing the skills of women and assisting them with project management, but also by supporting their role as citizens who take active part in political and community affairs. In Tunisia as in many other countries, society as a whole is still a long way from recognizing the economic and social potential of women. But it is Essma Ben Hamida is a Tunisian entrepreneur and the co-founder by continuing to support projects like Enda Tamweel that interof the microfinance institution Enda Tamweel. Pioneer in this sector national funding providers will help us progress in that direction.


LE SECTEUR PRIVÉ DANS LES PAYS FRAGILES : QUEL EST LE RÔLE DES DFI ?

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Par Paul Collier, professeur d’Economie et directeur du Centre d’étude des économies africaines à l’université d’Oxford.

Les pays fragiles assureront l’avenir de l’aide au développement, et ce pour plusieurs raisons. D’abord, les pays pauvres dont le contexte politique est stable bénéficient désormais d’un accès élargi aux marchés financiers, ce qui rend l’aide moins vitale. Ensuite, la pauvreté est de plus en plus concentrée dans les pays fragiles. D’après l’OCDE, 43 % de la population subsistant avec 1,25 dollar par jour en 2015 vivait dans l’un des 50 États dits instables, chiffre qui pourrait augmenter très fortement d’ici 2030. Enfin, la déficience du service public dans ces pays les expose à la survenue de crises sanitaires susceptibles de franchir les frontières, générant ainsi des maux publics mondiaux comme dans le cas de la crise de l’Ebola. À l’évidence, une partie de l’aide apportée aux pays fragiles sera destinée à faire face aux urgences humanitaires. Pour gérer efficacement une crise, il faut être rapide, ce qui nécessite la disponibilité immédiate de capitaux importants dès la survenue d’une catastrophe. Il convient pour cela de redéfinir le financement de telles urgences, pour passer du système existant – fondé sur les appels lancés au coup par coup par la communauté internationale – à une approche reposant sur une assurance couvrant des risques précis. Pour ce faire, les organismes donateurs pourraient recourir au vaste marché mondial de l’assurance commerciale, ce qui constituerait un moyen peu onéreux et prévisible de parer aux urgences. Des changements de ce type contribueront, bien entendu, à améliorer les mesures d’urgence qui sont la réponse inévitable

Sir Paul Collier est professeur d’économie britannique et directeur du Centre d’étude des économies africaines à l’Université d’Oxford. Il est également professeur invité au Centre d’études et de recherches sur le développement international (Cerdi) de l’Université d’Auvergne et à l’Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne. Il a dirigé le groupe de recherche sur le développement à la Banque mondiale de 1998 à 2003.


– © Luca Laurenti

« DANS LES PAYS FRAGILES, LES PIONNIERS DÉVELOPPENT DE NOUVEAUX MARCHÉS, PLUTÔT QUE DE NOUVELLES TECHNOLOGIES. PARADOXALEMENT, COMPTE TENU DU NIVEAU   DE SOUS-DÉVELOPPEMENT EXTRÊME   DES PAYS FRAGILES, LEURS ÉCONOMIES   ONT ENCORE PLUS BESOIN D’ENTREPRISES PIONNIÈRES QUE LES PAYS DÉVELOPPÉS. »

les entreprises à s’y implanter. Une fois que des entreprises réputées se seront installées dans l’un de ces pays, la croissance économique qui en résultera contribuera à une réduction de la fragilité qui générera à son tour d’importants bénéfices collectifs, tant pour le pays lui-même que pour la communauté internationale. Mais ceux-ci doivent être financés par des fonds publics, faute de quoi il y aura trop peu d’entreprises candidates. Comme il y a si peu d’entreprises saines dans les pays fragiles, celles qui s’y implantent sont souvent les premières de leur secteur. Elles font ainsi figure de pionnières. Dans les pays développés, être pionnier, c’est souvent explorer les nouvelles technologies. Le bénéfice collectif de cette démarche étant largement reconnu en politique publique, on a recours à différents mécanismes de financement public pour aider ces entreprises. Dans les pays fragiles, les pionniers développent de nouveaux marchés, plutôt que de nouvelles technologies. Paradoxalement, compte tenu du niveau de sous-développement extrême des pays fragiles, leurs économies ont encore plus besoin d’entreprises pionnières que les pays développés. Toutefois, les mécanismes d’aide publique manquent, alors que leur utilisation serait légitime et tout à fait salutaire. En s’engageant la première sur un marché, une entreprise facilite l’implantation ultérieure d’autres entreprises. Par exemple, la première d’un secteur donné doit former les travailleurs à des compétences nouvelles, tandis que les suivantes peuvent débaucher ces travailleurs qualifiés et limiter ainsi leurs coûts. C’est positif pour le pays, mais un handicap pour l’entreprise pionnière qu’il convient donc de dédommager avec des aides publiques. Pendant des décennies, de vastes budgets alloués à l’aide au développement ont été consacrés à la formation de fonctionnaires, mais aucun équivalent n’a été mis en place pour indemniser les efforts de formation assurés par des entreprises pionnières. Plus que les organismes d’aide, les institutions de financement du développement (DFI) sont les établissements publics les mieux à même d’assister les entreprises pionnières dans les pays fragiles : elles travaillent régulièrement avec ces dernières, et leurs investissements sont soumis à la discipline du marché. De ce fait, elles peuvent déployer des aides pour financer des bénéfices collectifs précis comme ceux cités ci-dessus, tout en laissant aux entreprises le soin d’assumer comme il se doit le risque commercial. Les organismes d’aide n’ayant pas ces compétences, les entreprises pourraient être tentées d’abuser des fonds mis à leur disposition. Comme pour tout investissement commercial, les DFI s’exposent à des risques et peuvent accuser des pertes. En contrepartie, lorsqu’un investissement s’avère rentable, elles doivent pouvoir en profiter, ce qui implique qu’elles acquièrent une participation au capital plutôt que de se borner à accorder un prêt. Par ailleurs, du fait que les DFI disposent d’un capital relativement limité, elles ont tout intérêt à redoubler d’efforts pour le faire fructifier. En conséquence, une fois qu’une entreprise est solidement établie sur son marché, la DFI devrait revendre sa participation à des sociétés de gestion classiques (fonds de pension par exemple),

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à une situation de fragilité. Toutefois, la mission principale de l’aide au profit des pays fragiles est clairement de favoriser leur croissance économique : plus un pays est prospère, moins il est fragile. Or, le monde de l’entreprise est le principal moteur de cette croissance. C’est là que l'on trouve les compétences organisationnelles requises pour transformer la productivité de la main-d’œuvre grâce aux notions d’échelle et de spécialisation. Hélas, la fragilité de certains pays décourage les entreprises de s’y implanter. D’une part, la taille de leur marché reste limitée à cause d’une pauvreté généralisée. D’autre part, l’État contrôle rarement tout son territoire, de sorte que les entreprises sont confrontées à une incertitude existentielle. Souvent, tant l’investissement public dans des infrastructures économiques que la capacité de l’État à assurer des services économiques essentiels (cadre juridique, éducation, etc.) sont à tel point en deçà des standards modernes que les entreprises doivent supporter des coûts anormalement élevés. Ces pays sont d’ordinaire très exposés aux chocs économiques et politiques et n’ont pas les moyens généralement mis en œuvre par d’autres pays pour y faire face, si bien que les entreprises sont exposées à différents risques non commerciaux. Cela engendre un phénomène difficile à combattre : pénalisée par un nombre insuffisant d’entreprises, l’économie stagne dans une pauvreté qui contribue à entretenir la fragilité du pays. Sachant que les pays fragiles auront du mal à se sortir de cette ornière, il est clairement nécessaire de recourir à l’aide internationale au développement. Dans ce genre de cas, cependant, il faut se garder de déployer l’aide en faveur des pays fragiles comme on le ferait dans des contextes plus classiques, puisqu’il s’agit en priorité d’inciter


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qui ne souhaitent généralement pas constituer les équipes spécialisées nécessaires pour évaluer les projets nouveaux. Mais à mesure que les DFI se bâtissent une réputation pour leurs compétences dans ce genre de décisions, leur entrée au capital d’entreprises peut suffire pour rassurer d’autres sociétés de gestion d’actifs sur la viabilité d’un projet donné. Les DFI sont certes nombreuses, mais comme il s’agit d’organismes publics dont la mission est de promouvoir les économies de pays pauvres, elles ne sont pas en concurrence. En revanche, grâce à leur contribution collective, elles sont en train de créer une nouvelle classe d’actifs dans les pays à faible revenu. Leur coopération à cette fin sera essentielle : il faudrait par exemple standardiser les instruments qu’elles utilisent pour supporter les risques non commerciaux auxquels les investisseurs pionniers sont exposés, afin que les entreprises et les sociétés de gestion d’actifs les comprennent plus facilement. Les DFI jouent un rôle important pour les pays fragiles puisqu’elles pourraient créer de nouveaux marchés. Leur intervention n’est pas requise pour financer des investissements sur les marchés déjà bien établis où il est possible de faire appel au secteur financier privé. Dès lors, la concurrence des DFI risque de ralentir le développement de ces financements, ce qui serait néfaste pour le marché. Enfin, les DFI n’ont pas vocation à faire des bénéfices qui seraient transférés par la suite aux organismes d’aide. Leur tâche consiste à déployer des ressources, et non à les produire. Elles ont pour seule mission de permettre aux entreprises de s’implanter dans les pays qui ont le plus besoin d’elles.

THE PRIVATE SECTOR IN FRAGILE COUNTRIES: WHAT ROLE FOR THE DFIS? By Paul Collier, economics professor and director of the Centre for the Study of African Economies at Oxford University. Fragile states are the future of aid. Partly, this is because those poor countries that are politically stable are increasingly gaining access to capital markets, making aid less important. Partly, it is because poverty is becoming increasingly concentrated in fragile states. According to the OECD, in 2015, 43% of people who live off US$1.25 a day live in the 50 countries on the unstable states list.

By 2030, these countries are forecast to be home to a substantial majority of the world’s poorest people. Partly, it is because the weakness of public services in these societies exposes them to health shocks that can spread across borders, so generating international public “bads”, as the Ebola crisis demonstrated. Evidently, some of the aid to fragile states will be to respond to humanitarian emergencies. Successful response to crisis depends upon speed, and so substantial finance needs to be available as soon as disaster strikes. An implication is that finance for such emergencies needs to be redesigned from its past reliance upon ad hoc international appeals to an approach based on insurance against specified risks. Potentially, donor agencies could use the vast global commercial insurance market to buy cover for these risks, making the cost of responding to emergencies a predictable and modest charge on budgets. While such changes will be helpful in improving the emergency responses that inevitably follow from fragility, the major task of aid in fragile states is clearly to help their economies grow: with rising prosperity, societies gradually become less fragile. The main engines of economic growth are firms; they have the organizational knowledge to transform the productivity of the workforce through scale and specialization. But the condition of fragility discourages firms from operating in those countries. Due to widespread poverty, markets are small. Typically, a fragile state is not in secure control of its territory, so firms face an existential uncertainty. Often the capacity of the state to invest in economic infrastructure and to provide critical economic services, such as the rule of law and education, fall far short of modern standards, so firms face unusually high costs. Often such societies are highly exposed to economic and political shocks, yet lack the cushions commonly found in other societies. Hence, firms are exposed to a range of non-commercial risks. This gives rise to a syndrome from which it is difficult to escape: lacking firms, the economy remains very poor; but being very poor, the society remains fragile. Since fragile societies will struggle to lift themselves out of this syndrome, there is a clear need for international assistance to break it.

Sir Paul Collier is a British economics professor and the director of the Centre for the Study of African Economies at Oxford University. He is also a guest lecturer at the Centre for Study and Research on International Development (CERDI) of the University of Auvergne and at Paris 1 Panthéon-Sorbonne University. He directed the Research Group on Development at the World Bank from 1998 to 2003.


“IN FRAGILE STATES THE PIONEERS   ARE EXPLORING NEW MARKETS RATHER   NEW TECHNOLOGY. PARADOXICALLY,   BECAUSE THE ECONOMIES OF FRAGILE STATES   ARE SO UNDERDEVELOPED, THEY NEED PIONEERING FIRMS EVEN MORE THAN   THE DEVELOPED COUNTRIES.”

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However, to break this syndrome aid has to be deployed in fragile countries very differently from in more conventional settings. The priority for development assistance should be to induce firms to enter the market. As reputable firms operate in the country, the resulting economic growth will reduce fragility, generating major public benefits both for the society itself and for the international community. This public benefit should be paid for by public money: otherwise, too few firms will come to the country. Because there are so few proper firms in fragile states, those firms that come will often be the first in the sector: they become pioneers. In advanced economies, the pioneering firms are typically exploring new technology. The public benefit of pioneering is widely recognized in public policy; through various mechanisms public money is used to assist them. In fragile states the pioneers are exploring new markets rather new technology. Paradoxically, because the economies of fragile states are so underdeveloped, they need pioneering firms even more than the developed countries. Yet mechanisms for public support have been missing, so offering this support is a legitimate and important use of aid. By pioneering a market, a firm makes it easier for other firms to follow. For example, the first firm in a sector will need to train workers in unfamiliar skills; subsequent firms can poach these ready-trained workers and so face lower costs. This is a benefit to the country, but a disadvantage for the pioneering firm, and so again it needs to be compensated using public money. For decades, large aid budgets have been devoted to training civil

servants, but there has been no equivalent aid for the training done by pioneering firms. The right public vehicles for aid to pioneering firms in fragile states are the DFIs rather than the aid agencies. The DFIs routinely work with firms, and their investments are subject to the discipline of the market. In consequence, they can deploy aid to pay for identified public benefits, such as those discussed above, while leaving commercial risk with firms where it properly belongs. The aid agencies lack these skills, and so firms would be tempted to abuse access to public money. As with all commercial investors, DFIs are in the risk business, and so some of their investments will fail. To offset this, when an investment succeeds they need to be able to capture the upside, and this implies that they should acquire an equity interest in companies rather than rely only on debt. Since the DFIs have relatively little capital, they need to work it hard. Hence, once a firm is established in its market, the DFI should sell its holding to conventional asset managers, such as pension funds. These funds are generally unwilling to establish the specialist teams able to evaluate new projects. But as DFIs build a reputation for skill in such decisions, participation by a DFI may itself become sufficient to reassure other asset managers that a project is viable. There are many DFIs, but since all are public agencies whose mandates are to promote the economies of poor countries, they are not in competition with each other. Rather, collectively they are pioneering an asset class of investments in low-income countries. For this they need to cooperate. For example, their instruments for bearing the non-commercial risks that pioneer investors face could usefully be standardized, making it easier both for firms and asset managers to understand them. DFIs have an important role in fragile states: in effect, they should be creating new markets. They are not needed to finance investments in markets that are already well established. These could be financed by the private financial sector, and competition from DFIs could slow the development of such finance and so be market-destroying. Finally, DFIs are not there to make profits that can be transferred to aid agencies. They should be deploying aid money, not providing it. Their unique role is to enable firms to go to countries where they are most needed.


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40 ANS DE PROJETS – P. 34-95

LES DIRECTEURS GÉNÉRAUX DE PROPARCO – P. 98

40 YEARS OF ANNUAL REPORTS – P.96 PROPARCO’S CHIEF EXECUTIVE OFFICERS – P.98

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40 ANS DE RAPPORTS ANNUELS – P. 96

40 YEARS OF PROJECT – P.34-95


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Cameroun / Cameroon


FRUITS ET LÉGUMES /

– © J. M. Gravellini

FRUITS AND VEGETABLES / In 1988, Proparco acquired a stake in Société des Plantations Nouvelles du Penja (SPNP) when it was bought out by the Compagnie Fruitière Group. In these past three decades, the highly productive farms near Mount Cameroon have continually demonstrated the fertility of the volcanic soil in the area, where one of the world’s most prized peppers comes from. Compagnie Fruitière’s banana plantations today employ over 6,000 people and have been awarded the Fair Trade Label. The company is the leading fruit producer in the Africa, Caribbean and Pacific region, with more than 500,000 tonnes of fruits and vegetables harvested every year in West Africa alone.

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En 1988, Proparco prenait une participation dans la Société des plantations nouvelles du Penja (SPNP) lors de son rachat par le groupe Compagnie fruitière. Trente ans plus tard, la production des différentes exploitations de cette région proche du mont Cameroun n’a cessé de confirmer le riche potentiel de ses terres volcaniques, également connues pour produire l’un des meilleurs poivres au monde. Aujourd’hui certifiées « commerce équitable », les plantations de bananes de la Compagnie fruitière emploient plus de 6 000 personnes. L’entreprise est le premier producteur de fruits de la zone Afrique, Caraïbes, Pacifique, avec plus de 500 000 tonnes de fruits et légumes récoltés chaque année en Afrique de l’Ouest.


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Côte d’Ivoire / Ivory Coast

THON /

TUNA / In 1991, Proparco invested over €2 million in Société des Conserves de Côte d’Ivoire (SCODI), one of the companies that have made the Ivory Coast a major producer and worldwide exporter of canned tuna fish. And though the sector was hurt by the crisis of 2002, it continues to play a key role in the local economy.

– © Proparco

En 1991, Proparco investissait plus de 2 millions d’euros dans la Société des conserves de Côte d’Ivoire (Scodi), l’une des entreprises dont la croissance a contribué à faire du pays l’un des principaux producteurs et exportateurs de thon en conserve au monde. La crise de 2002 a mis à mal ce secteur qui joue toujours néanmoins un rôle important dans l’économie ivoirienne.


Polynésie française / French Polynesia

LIAISON AÉRIENNE / Certaines destinations ont le pouvoir de stimuler notre imagination, à l’image de New York, Papeete et Sydney, desservies par Air Tahiti Nui depuis 2005. En participant au financement d’un nouvel avion en 2005 pour que cette ligne voie le jour, faisant suite à un premier prêt accordé en 1991 à la compagnie, Proparco a soutenu le développement du tourisme en Polynésie. Un secteur sur lequel reposent plusieurs dizaines de milliers d’emplois. AIR LINK / Some destinations have the power to strike your imagination, for instance, New York, Papeete and Sydney – all of them served by Air Tahiti Nui since 2005. By helping to finance a new aircraft so that the new route could be opened, 14 years after an initial investment in the company, Proparco has supported Polynesia’s tourist trade, which offers tens of thousands of jobs.

– © Luca Laurenti

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Guatemala

OFF-GRID /

OFF-GRID / Over one billion people in the world today have no access to the power grid. That’s 114 million more than in 2000. In Guatemala, for example, over 300,000 households are dependent for their lighting on candles, kerosene lamps or dieselpowered generators. The off-grid alternatives of the kind offered by Kingo not only do less harm to health and the environment than conventional solutions, they are also cheaper. Supported by Proparco, these new business models can bring about substantial improvement in the quality of life, above all for geographically isolated populations.

– © Sarah Caroline Müller, J.-J. Estrada

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Plus d’un milliard de personnes dans le monde n’ont pas accès au réseau électrique, soit 114 millions de plus qu’en 2000. Au Guatemala, par exemple, on compte plus de 300 000 foyers non raccordés qui s’éclairent à la bougie, au kérosène ou grâce à un groupe électrogène. Les solutions hors-réseau, comme celles proposées par Kingo, offrent une alternative non seulement moins nocive pour la santé et le climat, mais aussi moins onéreuse. Ces nouveaux modèles économiques, soutenus par Proparco, permettent une amélioration substantielle de la qualité de vie de populations souvent déjà très isolées.


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Multipays / Multi-country

FISEA /

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Créé en 2009, le Fonds d’investissement et de soutien aux entreprises en Afrique (Fisea), détenu par l’Agence Française de Développement (AFD) et conseillé par Proparco, vise à soutenir le développement économique et la réduction de la pauvreté en Afrique subsaharienne. Doté de 250 millions d'euros, Fisea est l’un des dispositifs majeurs de l’initiative française pour la croissance et l’emploi en Afrique, lancée par la présidence de la République en 2008. Fisea prend des participations dans des entreprises, des banques, des institutions de microfinance et des fonds d’investissement d’Afrique subsaharienne. Mécanisme complémentaire des outils du groupe AFD, le fonds a vocation à soutenir des projets à fort impact sur le développement et la création d’emplois. Une attention particulière est portée au développement des petites et moyennes entreprises (PME).

– ©I&p

FISEA / FISEA (the Investment and Support Fund for Businesses in Africa) is an investment fund held by Agence Française de Développement (AFD) and advised by Proparco that was set up in 2009 to support economic development and reduce poverty in sub-Saharan Africa. Launched by French President in 2008 and endowed with €250 million, FISEA is one of the key components of France’s initiative to promote growth and jobs in Africa. The fund makes equity investments in businesses, banks, microfinance institutions and investment funds operating in subSaharan Africa. Designed to supplement existing AFD tools, FISEA invests in projects with a major impact on development and job creation. Special emphasis is placed on supporting small and medium-sized enterprises.


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Inde / India

PAPIER /

PAPER / In 2011, Proparco, FMO and DEG invested together in JK Paper. This large Indian pulp and paper manufacturer holds itself to demanding environmental and social standards that include preservation of forest resources and a series of social, educational and health programmes directed at local populations. Europe’s development banks have helped the company increase output while making sparing use of energy, water and chemicals at its plants. Let’s hope that that will be food for thought in India, home to the world’s largest readership!

– © Olivia Réveillez

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En 2011, Proparco, le FMO et la DEG investissaient dans le développement de JK Paper. Ce grand fabricant indien de papier et de pâte à papier se distingue par des normes environnementales et sociales exigeantes, qui se traduisent par une exploitation respectueuse de la forêt et par une série de programmes sociaux, éducatifs et de santé en faveur des populations locales. Les banques de développement européennes ont permis à l’entreprise d’augmenter sa capacité de production tout en limitant les consommations d’énergie, d’eau et de produits chimiques de ses usines. De quoi continuer à nourrir la curiosité des Indiens… les plus grands lecteurs au monde !


Côte d’Ivoire / Ivory Coast

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AQUACULTURE /

– © Donald Abaka

C’est dans les années 1980 que la Société ivoirienne d’aquaculture lagunaire, soutenue par Proparco dès 1990, s’est lancée dans l’élevage du mâchoiron, une espèce noble de poisson consommée surtout pendant les fêtes, et du tilapia, une autre espèce consommée couramment. Face à l’appauvrissement des ressources naturelles, les emplois générés par l’aquaculture, sa contribution à la sécurité alimentaire et son mode de production respectueux de l’environnement ont conduit les autorités ivoiriennes à renouveler leurs efforts pour développer ce secteur. AQUACULTURE / In the 1980s, Société Ivoirienne d’Aquaculture Lagunaire, a company supported by Proparco since 1990, began farming sea catfish, a noble species consumed chiefly on festive occasions, and tilapia, a more commonly eaten fish. At a time of natural resource depletion, the Ivory Coast government has stepped up its efforts to develop aquaculture, a sector with a positive impact on food security, employment and the environment.


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Inde / India


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MICROFINANCE /

– © Oriane Zerah

Encourager le développement de la microfinance responsable dans les pays émergents et accompagner des institutions de microfinance engagées en faveur de la performance sociale : telle est la stratégie de Proparco, entrée notamment, en novembre 2016, au capital de Sonata, entreprise indienne spécialisée dans la fourniture aux femmes démunies de services de microfinance. Ce soutien leur permet d’améliorer leurs conditions de vie et celles de leur famille. MICROFINANCE / Encouraging the growth of responsible microfinance in emerging economies and assisting microfinance institutions committed to social performance is the strategy pursued by Proparco. In November 2016, for example, the institution acquired a stake in Sonata, an Indian microfinance lender to women living in poverty. The support they get enables them to improve their own and their families’ living conditions.


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Mauritanie / Mauritania

HÔTELLERIE /

– © Luca Laurenti

En Mauritanie, l’infrastructure hôtelière, notamment haut de gamme, constitue un puissant levier de développement économique, par sa capacité à accueillir la clientèle d’affaires et à accompagner l’activité touristique. La création d’emplois et le recours aux entreprises locales pour la rénovation et l’exploitation de l’hôtel Monotel Dar El Barka de Nouakchott, financé par Proparco en 1986, a permis de dynamiser l’économie locale. HOTEL ACCOMMODATION / The hotel industry, particularly at the high end, is a powerful driver of economic development in Mauritania, as it can accommodate business travellers and support the tourist trade. The Monotel Dar El Barka Hotel in Nouakchott was renovated in 1986 with financing from Proparco. Both the renovation process and the hotel’s operations created jobs and gave business to local companies, thereby revivifying the local economy.


Tunisie / Tunisia

ÉCOLE D’INGÉNIEURS /

– © Yosr Hmam

ENGINEERING SCHOOL /Advanced education, diplomas with international accreditation, good employment prospects: the founders of ESPRIT have ambitious goals. Fifteen years ago, this small engineering school trained 40 graduates a year. Since then, their ranks have swollen to nearly 5,000. There is also a startup incubator on the campus to help young entrepreneurs and unleash talent. And thanks to study grants for students from more modest backgrounds, the school helps narrow the social divide. Proparco has supported ESPRIT since 2012 with an equity investment and technical assistance.

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Un haut niveau d’éducation, un diplôme reconnu à l’international et de bonnes perspectives d’emploi : les fondateurs d’Esprit ont de grandes ambitions. En quinze ans, la petite école d'ingénieurs qui formait 40 étudiants par an en accueille aujourd'hui près de 5 000 chaque année. L’établissement dispose d’un incubateur intégré pour accompagner les entrepreneurs et libérer les talents. Grâce aux bourses allouées aux élèves des classes les moins aisées, ceux-ci peuvent s’exprimer… l’esprit libre. Proparco accompagne Esprit depuis 2012 via une prise de participation et un accompagnement technique.


Vietnam

INFRASTRUCTURES PORTUAIRES / Avec un taux de croissance supérieur à 5 % depuis plus de vingt ans, le Vietnam compte parmi les nouveaux pays exportateurs ou “tigres” asiatiques. Les ports, principaux points d’entrée et de sortie des marchandises, ont un rôle stratégique à jouer pour accompagner ce développement. La saturation des infrastructures portuaires d’Hô-Chi-Minh-Ville a conduit Proparco et d’autres bailleurs de fonds internationaux à financer, en 2009, un nouveau terminal adapté aux immenses capacités des plus grands porte-conteneurs et aux besoins, tout aussi importants, de ce pays émergent.

– © I. Ezzerelli

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PORT INFRASTRUCTURE / Vietnam has enjoyed annual GDP growth of greater than 5% for over 20 years, making it a leading exporter that has taken its place alongside the Asian “Tigers”. As the primary gateway for inbound and outbound shipping, the country’s ports play a strategic role in that process. Saturation of the port infrastructure in Ho Chi Minh City led Proparco and other international development finance institutions in 2009 to finance a new terminal able to handle the huge volumes of cargo transported by the largest container ships and geared to the equally considerable needs of this emerging market.


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Sénégal / Senegal

TÉLÉVISION / Canal Horizons est la première chaîne à destination des pays du Sud lancée par le groupe Canal + et la Société financière de radiodiffusion (Sofirad). Émettant vers le Sénégal dès 1991, date à laquelle Proparco a décidé de l’accompagner, puis vers la Tunisie l’année suivante, Canal Horizons a progressivement conquis toute l’Afrique. Elle a accompagné le développement de l’audiovisuel sur le continent en coproduisant des centaines de documentaires et de longs-métrages.

– © Luca Laurenti

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TELEVISION / Canal Horizons is the first TV channel for the Southern Hemisphere launched by the Canal+ Group together with Société Financière de Radiodiffusion (Sofirad). Serving Senegal since 1991, the year in which Proparco stepped in to provide support, and Tunisia since 1992, the network has gradually conquered all of Africa. Canal Horizons co-produces hundreds of documentaries and feature films, making it a key contributor to audiovisual growth across the continent.


Vietnam

SANTÉ / Depuis la fin des années 1990, la coopération francovietnamienne a encouragé le jumelage dans le secteur hospitalier, donnant naissance à une vingtaine de partenariats dans l’ensemble du Vietnam. Parmi ces projets figure l’Hôpital franco-vietnamien, premier hôpital privé ouvert en mars 2003. Ce projet de 40 millions de dollars a été financé par la Banque asiatique de développement, la Banque d’investissement et de développement du Vietnam (BIDV) et Proparco. L'établissement de 200 lits accueille chaque année environ 250 000 patients, témoignant de l’importance que revêt le secteur de la santé dans ce pays de 95 millions d’habitants.

– © FV HOSPITAL

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HEALTH / Since the late 1990s, France’s voluntary service abroad programme has encouraged hospital “twinning” with Vietnam that has given rise to some 20 partnerships across the country. One of them is FV Hospital, which opened in March 2003 as Vietnam’s first privately owned hospital. The US$40 million project was financed jointly by the Asian Development Bank, the Bank for Investment and Development of Vietnam and Proparco. With capacity for 220 lits, the hospital treats roughly 250,000 patients a year. This suggests the importance of healthcare in a country with a population of 95 million.


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Mali


– © Sébastien Rieussec

La première école hôtelière en alternance du Mali, l’école Chiaka Sidibé, a ouvert ses portes en 2015, à Bamako. Ayant pour but de développer l’enseignement hôtelier et touristique dans le pays, elle est née de la rencontre entre un chef d’entreprise visionnaire, Mossadeck Bally, PDG du groupe hôtelier Azalaï, et ses partenaires, dont Proparco. Ensemble, ils ont fait le pari de la jeunesse et de l’avenir du Mali. « Cette école comble un manque, explique Mossadeck Bally. Nous n’arrivions pas à trouver des jeunes ayant une formation initiale en hôtellerie, nous avons donc décidé de prendre les choses en main en créant une école et en formant les jeunes nous-mêmes. » Pari réussi. HOTEL SCHOOL / Chiaka Sidibé, Mali’s first workstudy hotel school, began operating in Bamako in 2015. With the aim of expanding hospitality training opportunities in the country, the school grew out of the encounter between Mossadeck Bally, the visionary CEO of the Azalaï Hotel Group, and its partners, including Proparco. All of them are betting on Mali’s youth and future. “The school grew out of the need to close a gap,” explains Mr Bally. “We realized we couldn’t find young people who already had basic hotel training, so we decided to tackle the problem on our own, found a school and train young people ourselves.” And it works.

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ÉCOLE HÔTELIÈRE /


Tunisie / Tunisia

ENDA TAMWEEL / Fondée en Tunisie en 1990 pour promouvoir les activités à caractère écologique puis la microfinance, Enda Tamweel a tout d’une entreprise pionnière. Par les produits estampillés Machia, destinés au secteur agricole, et Bidaya, destinés aux jeunes, et l’adoption des meilleures pratiques, elle a fait de la microfinance un formidable outil de développement pour les 670 000 Tunisiennes et Tunisiens qui en ont déjà bénéficié. Vecteur de résilience, Enda Tamweel a aidé les populations les plus vulnérables à résister aux soubresauts politiques et économiques du pays. L’entreprise est soutenue par Proparco via un prêt et un accompagnement technique depuis 2015.

– © Yosr Hmam

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ENDA TAMWEEL / Founded in Tunisia in 1990 to promote environmental activity and subsequently microfinance, Enda Tamweel can rightfully lay claim to pioneering status. Through products labelled Machia for the farming sector and Bidaya for young people, and through the adoption of best practices, it has turned microfinance into a powerful development tool for its 670,000 male and female beneficiaries in the country. Enda Tamweel strengthens resilience by helping the most vulnerable population groups hold their ground in a situation of political and economic turmoil. Since 2015, Proparco has supported the company with a loan and technical assistance.


Cameroun / Cameroon

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EAU MINÉRALE /

– © Luca Laurenti

Impossible au Cameroun d’ignorer Source Tangui, l’eau minérale naturelle commercialisée par la Société des eaux minérales du Cameroun depuis 1983, une entreprise que Proparco a soutenu dès ses débuts. Modernisation, certification internationale et diversification ont permis à celle-ci de se développer tout en conservant sa renommée. L’histoire retiendra également qu’elle fut la première société cotée à la Bourse de Douala. MINERAL WATER / No one in Cameroon can be unacquainted with Source Tangui, a natural mineral water marketed since 1983 by Société des Eaux Minérales du Cameroun. Supported from the start by Proparco, the company has kept growing and maintained its reputation through a combination of upgrading, international certification and diversification. It will also go down in history as the first company to be listed on the Douala Stock Exchange.


Kenya

THÉ / Depuis 2002, Proparco soutient le développement de la Kenya Tea Development Agency (KTDA). Cette coopérative de thé – la plus importante du Kenya –, est détenue par 600 000 petits planteurs gérant 66 usines de transformation, soit 60 % de la production de thé du pays. En 2015, Proparco a de nouveau accompagné KTDA dans un projet innovant de construction de sept petites centrales hydro-électriques alimentant sept usines ainsi que les communautés environnantes.

– © CIAT - International Center for Tropical Agriculture

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TEA / Proparco has supported the Kenya Tea Development Agency (KTDA) since 2002. Collectively owned by 600,000 smallholders, this tea cooperative – Kenya’s largest – operates 66 processing factories that account for 60% of national tea output. In 2015, Proparco stepped in again to support KTDA on an innovative project to build seven small run-of-river hydropower plants to supply electricity to seven tea factories and the neighbouring communities.


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Sénégal / Senegal

MÉCANIQUE / Avec plus de soixante-dix ans de présence au Sénégal, la Senemeca, spécialisée en mécanique et électromécanique, s’engage sur son savoir-faire technique et la qualité de ses produits. Cette dernière a d’ailleurs été reconnue par la certification ISO en 2005. Bénéficiaire d’un financement de Proparco en 1983, la Senemeca continue de répondre aux enjeux du développement durable, avec une conscience très vive de sa responsabilité sociale d’entreprise.

– © Luca Laurenti

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MACHINERY AND ELECTRICAL EQUIPMENT / Senemeca, a machinery and electrical equipment manufacturer operating for over 70 years in Senegal, vouches for its advanced know-how and quality products. The latter in fact earned the firm ISO certification in 2005. A recipient of Proparco funding in 1983, Senemeca has continued to tackle sustainable development challenges with an acute awareness of its corporate social responsibility.


Tunisie / Tunisia

MÉDICAMENTS GÉNÉRIQUES /

– © Yosr Hmam

GENERIC DRUGS / Unimed, a company founded in 1989, has contributed significantly to the expansion of Tunisia’s pharmaceutical industry. Alongside the Abraaj investment fund, Proparco became a shareholder in 2011 in order to support an enterprise that has innovated in a number of ways. The bulk of the company’s business today consists of manufacturing generic drugs under its own label and drugs for international laboratories, more and more of which trust Unimed because it abides by good manufacturing practice. Diversification and increasing sales abroad have given the company a solid growth rate and a workforce that now exceeds 600 employees. Unimed also takes good care of them; in 2016, it won the National Social Progress Award.

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Fondée en 1989, Unimed a contribué au développement de l’industrie pharmaceutique en Tunisie. Désireuse de soutenir cette entreprise tunisienne innovante à plus d’un égard, Proparco a investi en 2011 dans son capital aux côtés du fonds d’investissement Abraaj. L’essentiel de l’activité d’Unimed porte aujourd’hui sur la production de médicaments génériques et la sous-traitance pour des groupes pharmaceutiques. Ceux-ci sont de plus en plus nombreux à lui faire confiance, en raison notamment de son respect des bonnes pratiques de fabrication. Diversification et internationalisation assurent aujourd’hui un solide taux de croissance à l’entreprise, qui compte déjà plus de 600 employés. Unimed soigne – aussi – ses collaborateurs : en 2016, elle a reçu le Prix national du progrès social.


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Kenya


TOILETTES / Dans les quartiers pauvres de la capitale kenyane, les toilettes “à domicile” sont rares : sacs en plastique et fosses à ciel ouvert servent aux besoins élémentaires. En réponse, la société Sanergy a développé des toilettes payantes à bas coût, dont elle a optimisé l’usage : les déchets organiques sont transformés en engrais et commercialisés auprès des paysans. Ce business model au service des plus démunis est soutenu par le fonds Novastar, dans lequel Proparco a investi en 2016.

–© Sanergy

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TOILETS / In the slum areas of Kenya’s capital, indoor flush toilets are a rarity. Most people have to make do with plastic bags and outdoor pit latrines. To remedy the situation, a company called Sanergy has provided low-cost paying toilets that are put to optimal use, given that the organic waste is converted into fertilizer and sold to farmers. This business model, premised on serving the poor, has the support of the Novastar venture capital firm, in which Proparco took a stake in 2016.


Pakistan

ÉNERGIES RENOUVELABLES /

RENEWABLE ENERGY / Pakistan suffers from an estimated annual energy shortfall of roughly 5,200 MW. To tackle this pressing problem, the Gul Ahmed Energy Group has developed a wind power project in partnership with Proparco that began operating in October 2016 in the Jhimpir corridor in the south of the country. Not only will the new facilities entail lower greenhouse gas emissions and a smaller carbon footprint, they will also help reduce Pakistan’s reliance on costly imported fossil fuels.

– © Oriane Zerah

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On estime aujourd’hui que le Pakistan fait face à une pénurie annuelle moyenne d’énergie d’environ 5 200 MW. C’est la raison pour laquelle Gul Ahmed Energy a développé, en partenariat avec Proparco, un projet de production d’énergie éolienne qui a vu le jour en octobre 2016 dans le corridor de Jhimpir, au sud du pays. La mise en service de ces centrales permet de réduire les émissions de gaz à effet de serre et l’empreinte carbone, mais aussi de donner au Pakistan une chance de réduire sa dépendance, coûteuse, aux énergies fossiles importées.


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Mozambique

ALUMINIUM /

ALUMINIUM / The challenge was daunting in 1998. An aluminium smelter of unprecedented size needed to be built in Mozambique, a country just emerging from a long civil war. Despite what appeared to be inadequate infrastructure and a lack of skilled manpower, the Mozal smelter - financed by Proparco - was completed faster and at lower cost than anticipated, and the economic benefits were as great as expected. In fact, no later than in 2001, an extension that doubled production capacity was added. Mozal alone boosted Mozambican GDP from 7% to 10% in the early 2000s. More than 15,000 workers were hired to build the smelter and close to 13,000 are employed directly or indirectly in operating it.

– © Agence Française de Développement

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En 1998, le défi était immense : construire une fonderie d’aluminium d’une taille sans égal au Mozambique, pays tout juste sorti d’une longue guerre civile. Malgré des infrastructures et une qualification de la main-d’œuvre a priori insuffisantes, la construction de Mozal - financée par Proparco - se révéla plus rapide et moins chère que prévu, et les bénéfices économiques conformes aux attentes. Au point qu’une extension doublant les capacités de la fonderie fut construite dès 2001. À elle seule, Mozal a permis d’augmenter la croissance du PIB mozambicain de 7 à 10 % au début des années 2000. Plus de 15 000 personnes ont été embauchées pour sa construction et près de 13 000, directement ou indirectement, pour son exploitation.


Sénégal / Senegal

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SANDALES /

– © Luca Laurenti

Au milieu des années 1970, afin de diversifier son économie, d’augmenter ses exportations et de créer des emplois, le Sénégal implantait sa première zone franche industrielle dans le sud du Sahara. L’entreprise de production de chaussures et de sandales destinées aux marchés africains et européens Safrisand s’y installait dix ans plus tard, avec l’aide de Proparco. Une initiative couronnée de succès. SANDALS / In the mid-1970s, Senegal established its first industrial free zone in the southern Sahara as a means to diversify its economy, boost exports and create jobs. With the help of Proparco, Safrisand, a manufacturer of shoes and sandals sold in Africa and Europe, began operating there – and successfully so.


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Cambodge / Cambodia


MEILLEUR RIZ DU MONDE / Avec son savoir-faire reconnu, ses technologies d’usinage sophistiquées et sa notoriété mondiale, Golden Rice incarne les ambitions commerciales cambodgiennes. Alors qu’au début des années 2000 une grande partie du riz cambodgien était exportée dans les pays voisins pour y être transformée, l’entreprise s’est lancée dans un programme visant à transformer le riz localement, à augmenter la production et à en accroître la qualité. Défi relevé avec brio puisque le riz Jasmin de Golden Rice est désormais régulièrement primé « meilleur riz au monde » grâce notamment aux financements et à l’accompagnement technique de Proparco depuis 2009, qui ont aussi permis l’obtention de certifications internationales.

– © Éric Beugnot

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THE WORLD’S BEST RICE / Through its recognized know-how, sophisticated milling technology and strong international brand image, Golden Rice epitomizes Cambodia’s bold business mindset today. The bulk of the country’s paddy rice output was shipped to neighbouring countries for processing in the early 2000s. At that point, the company launched a programme to process rice locally, increase production capacity and enhance product quality. That challenge was amply met. Golden Rice’s jasmine rice now regularly wins the World’s Best Rice award, thanks in part to financing and technical assistance from Proparco since 2009, which also enabled the company to obtain international certification.


Côte d’Ivoire / Ivory Coast

PRODUITS PHARMACEUTIQUES /

PHARMACEUTICALS / In 1990, Proparco invested in Pharmivoire, a pioneering company that aimed to produce locally the IV solutions that were previously imported. More than 15 years after it was created, Pharmivoire continued with its controlled expansion in order to guarantee the quality and safety of its products and to train its staff for jobs requiring advanced qualifications. The company today is still one of the few drug makers in West Africa, despite high demands.

– © Luca Laurenti

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En 1990, Proparco investissait dans Pharmivoire, une entreprise pionnière qui ambitionnait de produire localement des solutés pour perfusion intraveineuse, auparavant importés. Plus de quinze ans après sa création, Pharmivoire poursuit sa progression prudente, soucieuse de garantir la qualité et la sûreté de ses solutions, tout en formant son personnel à des métiers nécessitant de hautes qualifications. Elle demeure aujourd’hui l’une des rares entreprises de production pharmaceutique en Afrique de l’Ouest, malgré une demande très forte.


Multipays / Multi-country

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TRADE FINANCE /

– © Joseph Moura pour l’Agence Française de Développement

Depuis 1991, Proparco accompagne le groupe Ecobank pour financer le développement de ses infrastructures bancaires et technologiques en Afrique. Et c’est avec Ecobank que Proparco a signé sa première opération de Trade Finance en 2017. Cette garantie permettra de soutenir les échanges commerciaux entre les pays africains et européens, en augmentant la capacité de financement d’opérations d’import/ export de 4 filiales africaines du groupe EcoBank (Burkina Faso, Côte d’Ivoire, Guinée Conakry et Mali) auprès d’EBI S.A., filiale française d’Ecobank. TRADE FINANCE / Proparco has assisted Ecobank since 1991 with financing for its banking and technology infrastructure in Africa. It was also with Ecobank that in 2017 Proparco signed its first trade finance agreement. This guarantee will help boost trade between African and European countries by enhancing the ability of four Ecobank subsidiaries in Africa (in Burkina Faso, Ivory Coast, Guinea and Mali) to obtain financing for their import/export operations from EBI SA, Ecobank’s French subsidiary.


Tchad / Chad

En 1980, les troubles politiques au Tchad ont eu raison des activités de fabrication de charrues et de charrettes de la Somat. L’intervention de Proparco, en 1985, a permis la remise en état des bâtiments et des équipements de l’entreprise, via la création de la Société industrielle de matériel agricole (Simat). Cette dernière a ainsi pu proposer aux agriculteurs tchadiens du matériel à moindre coût. Aujourd’hui, ce sont des tracteurs qui sortent des usines, contribuant à améliorer la productivité et les conditions de travail des agriculteurs. FARM EQUIPMENT / Political turmoil in Chad halted Somat’s plough and cart production in 1980. Five years later, backing from Proparco enabled the company to refurbish its plant and equipment through the creation of Société Industrielle de Matériel Agricole (Simat), which was in a position to offer Chad’s farmers inexpensive farm equipment. Today, the company’s factories turn out tractors that mean higher agricultural productivity and improved working conditions for farmers.

– © Proparco

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MATÉRIEL AGRICOLE /


Multipays / Multi-country

SOCIÉTÉ GÉNÉRALE / Le partenariat avec la Société Générale a débuté dès 1998 avec le financement des programmes d’investissement des PME au Burkina Faso puis s’est étendu au Bénin, au Cameroun, en Guinée, au Maroc, au Mali, au Sénégal et enfin au Tchad pour s’étendre sur toute l’Afrique. Fin 2016, Proparco avait accordé au total 80 millions d’euros de prêts à ses différentes filiales africaines. Ces opérations contribuent à diversifier les sources de financement des filiales de la Société Générale et, grâce au soutien de Proparco, de proposer localement des financements étendus aux entreprises.

– © La société générale Burkina Faso

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SOCIÉTÉ GÉNÉRALE / Proparco’s partnership with Société Générale goes back to 1998, with programmes to invest in SMEs in Burkina Faso, and was subsequently extended to Benin, Cameroon, Guinea, Morocco, Mali, Senegal and finally Chad, ultimately covering all of Africa. As of late 2016, Proparco had granted loans totalling €80 million to the bank’s various African subsidiaries. Proparco’s support has enabled the subsidiaries to diversify their funding sources and offer more extensive financing to local businesses.


Kenya

ROSES / C’est dans la vallée des Roses, à proximité du lac Naivasha, au Kenya, que poussent les roses de Bigot Flowers. Implantée depuis quinze ans dans la région, cette entreprise familiale française est soutenue par Proparco depuis 2011 via, notamment, le financement d’un système de récupération des eaux de pluie. Aujourd’hui certifiées « commerce équitable », les productions de Bigot Flowers participent pleinement à l’essor de la filière horticole kenyane, secteur clé du pays qui emploie plus de 500 000 personnes.

– © Benoit Verdeaux

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ROSES / The roses cultivated by Bigot Flowers grow in the Valley of Roses near Kenya’s Lake Naivasha. Operating for 15 years in the region, this French family firm has been supported by Proparco since 2011, including financing for a rainwater harvesting system. Bigot Flowers, which has been awarded the Fairtrade label, is a major contributor to Kenya’s key horticulture industry, which provides employment to over 500,000 people.


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Jordanie / Jordan


EAU / La Jordanie figure parmi les cinq pays de la planète les plus touchés par la rareté de l’eau, les secteurs agricole et industriel, et les villes se disputant l’or bleu. Pour répondre à cette pénurie, il a été décidé d’intensifier l’exploitation de la ressource aquifère de Disi – l’une des plus importantes au monde –, restée jusqu’alors sous-exploitée. Grâce à un prêt octroyé par Proparco en 2009, les habitants d’Amman bénéficient aujourd’hui d’un bien meilleur accès à l’eau potable. WATER / Jordan is one of the five countries in the world most affected by water scarcity, with farms, industry and cities all vying for access to “blue gold”. To deal with the existing shortage, the authorities decided to make greater use of the hitherto underused Disi aquifer, whose resources are among the largest in the world. Thanks to a Proparco loan in 2009, the inhabitants of Amman now have access to better-quality drinking water.

– © I. Ezzerelli

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Inde / India

En Inde, l’un des principaux pays producteurs de céréales et de fruits et légumes au monde, les avancées les plus notoires sont parfois très discrètes. Il en est ainsi des systèmes de micro-irrigation qui diffusent l’eau en goutte-à-goutte au pied des cultures. Non seulement ils permettent d’accroître les rendements des petits producteurs de 30 à 50 %, mais ils réduisent aussi drastiquement leurs consommations d’engrais et d’eau. Jain irrigation, soutenu par Proparco depuis 2013, contribue ainsi à améliorer l’empreinte environnementale des activités agro-industrielles. IRRIGATION / In India, one of the world’s leading cereal, fruit and vegetable producers, some of the most effective advances occur without attracting much attention. A good example is micro-irrigation, which allows water to drip slowly to the roots of plants. Not only do such systems increase smallholders’ yields by 30% to 50%, but they also require dramatically less water and fertilizer. Supported by Proparco since 2013, Jain Irrigation thus helps reduce the environmental footprint of agribusiness.

– © Droits réservés

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IRRIGATION /


Madagascar

CREVETTICULTURE / Taille, qualité gustative… La réputation des crevettes tigres de Madagascar n’est plus à faire. En 1991, Proparco a participé à un programme d’investissement et de modernisation de la filière de pêche industrielle de crevettes et de crabes de Madagascar. Ceci a été fait en privilégiant un élevage de qualité répondant à des critères exigeants. SHRIMP FARMING / Size, flavour – Madagascar’s giant tiger shrimp already have a fantastic reputation. In 1991, Proparco took part in a programme to invest in and upgrade the industrial shrimp and crab fishing in Madagascar. This was done by giving priority to high quality standards.

– © Olivia Réveillez

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République dominicaine / Dominican Republic

L’université catholique pontificale Madre y Maestra (PUCMM sous son acronyme espagnol) est non seulement le plus ancien établissement éducatif privé de République dominicaine, mais aussi l’une des meilleures universités du pays. Son statut d’établissement à but non lucratif lui impose d’être soutenue financièrement. L’Agence Française de Développement et Proparco l’accompagnent depuis le début des années 2000 et lui ont notamment permis de se doter d’une école d’architecture et d’une nouvelle bibliothèque, de construire et d’équiper sa faculté des sciences de la santé et d’agrandir sa faculté d’ingénierie, mais aussi de permettre à plus de 5000 étudiants dominicains et haïtiens défavorisés d'y accéder grâce à des bourses d'étude. EDUCATION / The Pontificia Universidad Católica Madre y Maestra (PUCMM) is not only the oldest private school in the Dominican Republic, it is also one of its top universities. As a non-profit institution, the school requires outside financing. Agence Française de Développement and Proparco have been supporting the PUCMM since the early 2000s. The money provided has been used to finance a school of architecture and a new library, build and equip the health sciences college and expand the engineering college. In addition, it has paid for study grants for more than 5,000 underprivileged Dominican and Haitian students.

– © F. Galbrun

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UNIVERSITÉ /


Burkina Faso

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PNEUMATIQUES /

– © Luca Laurenti

Créée en 1974 au Burkina Faso, la Société africaine de pneumatiques (devenue SAP Olympic) s’est hissée au premier rang des entreprises de fabrication de pneumatiques de l’Afrique de l’Ouest. Quelques années après sa création, Proparco lui a apporté son soutien en finançant la formation de ses employés. SAP Olympic emploie aujourd’hui plus de 200 personnes et conserve son fort ancrage local, qui s’illustre notamment par ses actions sociales auprès de jeunes handicapés. TYRES / Set up in 1974 in Burkina Faso, Société Africaine de Pneumatiques (since renamed SAP Olympic) has made its way to first place among West Africa’s tyre manufacturers. A few years after the company was founded, Proparco helped out by financing employee training. SAP Olympic today has a workforce of over 200 and has maintained strong local roots, as evidenced by its assistance to young people with disabilities.


Pérou / Peru

Depuis la Conférence de Lima sur le climat en 2014, le Pérou s’est engagé à porter à 60 % la part des énergies renouvelables dans sa production d’électricité d’ici à 2018. L’objectif ? Anticiper, par la création de parcs éoliens (Marcona, Tres Hermanas…) financés par Proparco, le FMO et la DEG en 2015, l’épuisement de ses réserves en gaz et limiter la vulnérabilité de ses centrales hydroélectriques aux conséquences du changement climatique. La production des parcs évitera l’émission de 428 000 tonnes d’équivalents CO2 par an et permettra d’amorcer une nouvelle dynamique dans la région. WIND POWER / Since it hosted the 2014 Climate Change Conference in Lima, Peru has committed to increasing its renewable energy target for 2018 to 60% of total electric power output. The goal is to prepare for depletion of the country’s gas reserves and make its hydroelectric plants less vulnerable to climate change. The means to achieve it is the construction of wind farms like Marcona and Tres Hermanas, financed by Proparco, FMO and DEG in 2015. Thanks to those facilities, 428,000 tonnes of CO2-equivalent emissions will be avoided a year and the region will be revitalized.

– © José Luis Franco

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ÉOLIEN /


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Mali

GRAINS /

GRAIN / Like its emblem – the ram – Les Grands Moulins du Mali (GMM) has vitality to spare. In 1980, Proparco acquired an equity stake in the flour-milling company to boost its growth. As Mali’s number-one miller, GMM has consistently given precedence to innovation, training and diversification, adapting in order to meet increasing local demand and fend off mounting competition in the region. With its focus on local wheat production, the company has demonstrated the key contribution of flour supply to the country’s development.

– © Luca Laurenti

À l’instar de leur emblème – le bélier – Les Grands Moulins du Mali (GMM) ont de l’énergie à revendre, et c’est dès 1980 que Proparco est entrée dans leur capital pour soutenir leur développement. Première minoterie du pays, misant aujourd’hui encore sur l’innovation, la formation et la diversification, GMM s’adapte pour répondre à une demande locale croissante et affronter une concurrence régionale en plein essor. Avec la production locale de blé en ligne de mire, le groupe confirme le rôle clé de la fourniture de farine dans le développement du pays.


Sénégal / Senegal

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SAIF / Avec un investissement de plus de 2 millions de francs français en 1985, Proparco a permis à la Société Agroindustrielle du Fleuve (SAIF) qui cultive des légumes sous abri et du riz de développer sa capacité à transformer ses produits localement et, par conséquent, d’accroître la valeur de cette production locale.

– © Proparco

RICE / With an investment of over 2 million French francs in 1985, Proparco helped Société Agroindustrielle du Fleuve (SAIF), an international under-cover vegetable grower and rice producer, increase its local processing capacity and thereby the value of local output.


Sénégal / Senegal

PHOTOVOLTAÏQUE /

PHOTOVOLTAICS / On the 29 of June 2017, the President of Senegal, Macky Sall, inaugurated a 30-MW solar power plant in Santhiou Mékhé, near Thiès, some 70 kilometres west of the capital city, Dakar. The 92,000 solar modules – made by Solairedirect and financed with a loan from Proparco – now deliver electric power to 200,000 homes. With this project, Senegal has confirmed its determination to break free of its high dependence on fossil fuels and meet its commitments under the December 2015 COP21 conference.

– © Mérdiam

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Le 29 juin 2017, le président de la République du Sénégal, Macky Sall, a inauguré la centrale solaire photovoltaïque, d’une capacité de 30 mégawatts, de Santhiou Mékhé, dans la région de Thiès, à 70 km à l’ouest de Dakar. Ses 92 000 panneaux, construits par Solairedirect et financés par un prêt de Proparco, alimentent désormais 200 000 foyers. Le Sénégal confirme ainsi sa volonté de s’émanciper d’une forte dépendance aux énergies fossiles et son souhait de concrétiser les engagements pris lors de la COP21, en décembre 2015.


— 85 —

– © Clément Tardif


– © Clément Tardif

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Sénégal / Senegal


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Afrique du Sud / South Africa

TOUR SOLAIRE /

SOLAR POWER TOWER / In Upington, South Africa, 4,500 heliostats – large mirrors that almost look like satellites – follow the sun from morning to night. By reflecting sunlight onto a huge tower, they convert solar energy into heat, which in turn produces steam that powers a turbine to generate electricity. The rainbow nation’s “sunflowers” thus produce the clean, renewable energy of tomorrow. This innovative project was financed in 2012 by Proparco and several other international funding providers.

– © I. Ezzerelli

À Upington, en Afrique du Sud, 4 500 héliostats, de grands miroirs aux faux airs de satellites, suivent la course du soleil du matin au soir. En réfléchissant les rayons vers une immense tour, ils convertissent l’énergie solaire en chaleur, qui elle-même produit de la vapeur et fait tourner une turbine génératrice d’électricité. Les « tournesols » de la nation arc-en-ciel produisent ainsi l’énergie propre et durable de demain. Ce projet innovant a été financé en 2012 par Proparco et plusieurs bailleurs internationaux.


Madagascar

AGRO-INDUSTRIE / Répondre aux attentes respectives des producteurs et des consommateurs en termes de prix équitables, de qualité, de respect de l’environnement… Les défis de la filière agro-industrielle sont nombreux et, si le chemin à emprunter est connu, les moyens financiers pour s’y engager manquent souvent dans les pays en développement. C’est dans l’optique d’aider les producteurs locaux à fournir des produits de qualité aux consommateurs que Proparco a investi en 1992 dans une usine malgache d’emballage de haricots frais et de mise en conserve de cornichons. De même, elle soutient des initiatives pour que le lait, les œufs ou les dattes produits à Madagascar, en Égypte et en Palestine continuent de faire vivre des producteurs engagés.

– © Proparco

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AGRIBUSINESS / Agribusiness faces a whole host of challenges, such as meeting the simultaneous expectations of producers and consumers for fairly priced, high-quality, environmentally friendly products. But whereas the way to go about it is well known, developing countries often lack the requisite financial resources. To help local producers offer consumers quality products, Proparco invested in 1992 in a factory in Madagascar that packages French beans and cans gherkins. The institution also supports initiatives aimed at ensuring that milk, eggs, dates and other produce from Madagascar, Egypt and Palestine, continue to provide income to committed producers.


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Maroc / Morocco

IMAGERIE MÉDICALE /

MEDICAL IMAGING / One of the tools used by Proparco involves investment fund financing for specific kinds of small businesses. In 2011, for example, an equity fund called PME Croissance, in which Proparco invested, acquired a stake in RIM Pharma, a Moroccan company manufacturing radiotracers used in radio-oncology PET scan imaging.

– © Proparco

Parmi les leviers d’action de Proparco figure le financement via des fonds d’investissement, dont peuvent bénéficier certaines PME. Au Maroc, le laboratoire pharmaceutique RIM Pharma, spécialisé dans la fabrication de traceurs radioactifs utilisés dans la technologie d’imagerie PET-Scan en radio-oncologie, a ainsi fait d'objet d'une prise de participation du fonds PME Croissance en 2011 dans lequel a investi Proparco.


Cameroun / Cameroon

USTENSILES DE CUISINE / Premières sociétés d’aluminium en Afrique, Alubassa et sa maison mère Alucam ont très tôt misé sur le potentiel, notamment hydroélectrique, du Cameroun. Dédiée à la fabrication d’articles ménagers en aluminium, Alubassa a réussi en un peu plus d’un demisiècle à placer ses produits dans un très grand nombre de cuisines camerounaises et d’Afrique centrale. Proparco a investi dès 1987 dans Alucam, aux côtés de la Caisse centrale de coopération économique.

– © Luca Laurenti

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COOKING UTENSILS / As Africa’s leading aluminium product makers, Alubassa and its parent company Alucam were quick to take advantage of Cameroon’s potential, particularly in hydropower. Alubassa, which manufactures aluminium household items, has succeeded in just over a half a century in equipping a large percentage of kitchens in Cameroon and the rest of Central Africa. Proparco’s first investment in Alucam, alongside Caisse Central de Coopération Economique, goes back to 1987.


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Jamaïque / Jamaica


CONTENEURS / Proparco et la Société interaméricaine d’investissement (IIC), membre du groupe BID, ont signé en 2016 un contrat de financement à long terme avec Kingston Freeport Terminal Limited (KFTL), une entreprise détenue par le groupe français CMA CGM. Ce financement fera du port de Kingston, situé à la sortie du canal de Panama, en Jamaïque, l’un des principaux terminaux à conteneurs des Caraïbes. Grâce au développement des exportations maritimes, il devrait aussi favoriser la création ou le maintien d’emplois directs et indirects, en dopant l’activité économique autour de la zone portuaire.

– ©I. Izzerelli

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CONTAINERS / In 2016, Proparco and the Inter-American Investment Corporation, a member of the IBD Group, signed a long-term financing agreement with Kingston Freeport Terminal Limited, a subsidiary of the French group CMA CGM. The funding will make Kingston Harbour, Jamaica, located a short distance from the Panama Canal, a leading container terminal in the Caribbean. With seaborne exports on the rise, the facility should also help create or maintain direct and indirect jobs by energizing business activity in and around the port.


Nouvelle-Calédonie / New Caledonia

En investissant, en 1981, dans une mission d’étude pour la réalisation et l’exploitation d’une ferme industrielle pilote de production de crevettes de mer en NouvelleCalédonie, Proparco a misé sur les atouts de l’archipel dans un secteur très compétitif. Climat idéal pour la pisciculture, infrastructures existantes, technologies et compétences disponibles… Tous les éléments étaient réunis pour que les crevettes calédoniennes se distinguent par leur qualité sur le marché mondial. Le défi a été relevé par Sodacal, qui exporte aujourd’hui 600 tonnes de crevettes par an. SHRIMP FARMING / When Proparco invested in 1981 in a fact-finding mission on establishing and operating a pilot large-scale shrimp farm in New Caledonia, the idea was to leverage the archipelago’s unique assets in what is a highly competitive industry. New Caledonia combines the ideal climate for aquaculture with extensive infrastructure and a skilled workforce – all the key ingredients for building a global reputation for top-quality shrimp production. That challenge was successfully met by Sodacal, which now exports 600 tonnes of shrimp a year.

– © Proparco

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PÉNÉICULTURE /


Multipays / Multi-country

BANQUE / Impossible aujourd’hui de parler de développement du secteur privé en Afrique sans évoquer le rôle des banques africaines, en général, et de l’une d’entre elles, en particulier, la Bank of Africa (BoA). BoA est aujourd’hui l’un des relais indispensables des financements sur le continent de Proparco, dont elle est le partenaire privilégié depuis 1989. Des financements dont les banques locales ont besoin pour proposer à leurs clients des prêts d’investissement à moyen et long termes, essentiels pour le développement des petites et moyennes entreprises locales. Les dizaines d’opérations réalisées ces dernières décennies avec de nombreuses banques sur l’ensemble du continent font de Proparco un acteur majeur du financement du secteur bancaire africain.

– © Luca Laurenti

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BANKING / It would be well-nigh impossible to discuss development of Africa’s private sector without mentioning the role of African banks in general, and more specifically that of Bank of Africa (BOA). BOA is one of Proparco’s essential financing associates across the continent today. The two institutions have been preferred partners since 1989. BOA provide funding so that local banks can lend their small and medium-sized business clients the money they need for mediumand long-term business expansion projects. Over these past few decades, the dozens of deals made by BOA with banks across Africa have turned Proparco into a major source of financing for Africa’s banking sector.


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1977~2017

40 ANS DE RAPPORTS ANNUELS 40 YEARS OF ANNUAL REPORTS


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MERCI AUX DIRECTEURS GÉNÉRAUX DE PROPARCO DEPUIS 40 ANS THANKS TO PROPARCO’S CHIEF EXECUTIVE OFFICERS OF THE LAST 40 YEARS / — 1977 - 1985

Jean-Pierre Dupressoir

— 1985 - 1992

François Colas

— 1992 - 1998

Pierre Arnaud

— 1998 - 2003

Gilles Peltier

— 2003 - 2006

Claude Périou

— 2006 - 2010

Luc Rigouzzo

— 2010 - 2012

Étienne Viard

— 2012 - 2016

Claude Périou

— 2017

Grégory Clemente

Coordination et rédaction Anne-Gaël Chapuis, Romain De Oliveira, Romain Esperon, Amandine John, Victoria Lickert, François Pacquement, Christelle Thomas

Conception et réalisation Dessins Entrecom – Luca Laurenti Ce livre est imprimé avec des encres végétales et non minérales. La certification PEFC du papier apporte la garantie que les bois utilisés pour la production de fibres papetières ne participent pas à la déforestation et respectent les fonctions environnementales, économiques et sociales de la forêt. Proparco, société financière SA au capital de 693 079 200 euros – 310 792 205 RCS Paris


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orĂŠ Hon e t n Sai anc - Fr rue 151, 1 Paris co.fr r 0 750 .propa w w w


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