Proparco rapport d activite 2016 fr

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P A N O R A M A

RAPPORT D’ACTIVITÉ 2016



Présentation

UNE NOUVELLE STRATÉGIE D’ACTION AU CŒUR DES OBJECTIFS DU DÉVELOPPEMENT DURABLE

L’

Rémy Rioux,

Grégory Clemente,

Directeur général du groupe AFD, Président du CA de Proparco

Directeur général de Proparco

année 2016 a été déterminante pour Proparco : la mise en œuvre des Objectifs de développement durable (ODD), du programme d’actions d’Addis Abeba sur le financement du développement et des Accords de Paris sur le climat sont autant d’enjeux pour le groupe Agence Française de Développement, dont Proparco est la filiale dédiée au financement du secteur privé depuis maintenant 40 ans. Pour répondre à ces nouveaux défis, Proparco s’est dotée d’une nouvelle stratégie 2017-2020. 03

À l’horizon 2020, et à la demande du Président de la République, Proparco s’engage ainsi à doubler ses volumes d’engagements financiers pour atteindre 2 milliards d’euros par an et à tripler les impacts de ses interventions en faveur de l’emploi, du climat, de l’accès aux services essentiels et de l’innovation. Proparco s’est mise en marche dès l’année 2016 pour atteindre ces objectifs avec 1,3 milliard d’euros de financements autorisés dont 504 millions d’euros de financements octroyés aux projets climat (+74 % par rapport à 2015) et 509 millions d’euros pour le continent africain. Parallèlement, Proparco a investi 177 millions d’euros Rapport d’activité Proparco 2016

en fonds propres, quasi-fonds propres et prêts subordonnées pour renforcer et soutenir la croissance de sociétés privées actives dans les pays en développement et émergents. 2016 a également été marquée pour Proparco par la première accession à des fonds de l’Union européenne pour des projets d’électrification en énergie renouvelable hors réseaux en Afrique et par l’obtention d’une accréditation auprès du Fonds Vert. L’ensemble de ces résultats confirme que notre entreprise s’est résolument engagée dans une trajectoire de croissance qui lui permettra d’atteindre les objectifs ambitieux qu’elle s’est fixés pour 2020.


Dans les prochaines années, Proparco amplifiera encore, son action dans les secteurs clés du développement sur lesquels son expertise est forte (climat, infrastructures, santé, éducation, institutions financières), renforcera son rôle d’accompagnement auprès de ses clients - notamment à travers de l’assistance technique - , et soutiendra les acteurs portant des projets innovants à destination des populations vulnérables, notamment dans les pays fragiles. Pour ce faire, Proparco développera la mobilisation de ressources tierces pour démultiplier les impacts de ses interventions et poursuivra le déploiement de sa stratégie en prises de participation et instruments de quasi-fonds propres, qui répond à une demande forte de ses clients. Pour proposer à ses clients des volumes de financements accrus et des solutions adaptées, notamment à travers le cofinancement, Proparco approfondira les dispositifs de coopération existants avec les autres institutions de financements françaises, européennes et multilatérales.

Renforcer et soutenir la croissance de sociétés privées actives dans les pays en développement et émergents.

Enfin, Proparco continuera à travailler en synergie avec sa maison mère ; l’action de l’AFD étant essentielle pour mobiliser les partenaires publics et développer un écosystème favorable aux acteurs privés. L’additionnalité du groupe AFD vis-à-vis du secteur privé réside en effet dans sa capacité à accompagner toutes les dimensions des stratégies sectorielles, de l’appui aux politiques publiques jusqu’au financement des opérateurs tant publics que privés. Ce continuum public-privé est un marqueur fort du groupe sur lequel il est important de capitaliser.

Des objectifs opérationnels ambitieux sur la période 2017-2020

2

MILLIARDS D’EUROS SUR LE CLIMAT

LES MARQUEURS DE PROPARCO : L’EMPLOI, LE CLIMAT, L’ACCÈS AUX SERVICES ESSENTIELS, L’ACCOMPAGNEMENT TECHNIQUE ET L’INNOVATION Les impacts prioritairement visés à l’échéance 2020 par Proparco ciblent les secteurs clés d’un développement durable :

1 700 000 emplois directs et indirects • 15 000 000 tonnes de CO2 évitées • 12 000 000 personnes théoriques ayant accès à un bien ou service universel •1 80 entreprises accompagnées sur les sujets environnementaux •

et de gouvernance sur la période 2017-2020 • 45 projets innovants pour les populations vulnérables

2,7

MILLIARDS D’EUROS SUR L’AFRIQUE

1

MILLIARD D’EUROS DANS LES PAYS FRONTIÈRES

1

MILLIARD D’EUROS MOBILISÉ PAR PROPARCO

1,5

MILLIARD D’EUROS DE FINANCEMENTS HAUT DE BILAN

Rapport d’activité Proparco 2016

04


Stratégie

Notre ambition pour 2020 SDGs

EMPLOI 1,7 M d’emplois directs ou indirects

SDGs

soutenus par an

SDGs

SDGs

SDGs

SDGs

SDGs

SDGs

SDGs

SDGs

CLIMAT 15 Mt de CO2 évitées par an 2020 : 2 Md€ par an

PROPARCO X2 ENGAGEMENTS

CLIENTS X3 IMPACTS

SERVICES ÉDUCATION, SANTÉ, INFRASTRUCTURES ÉNERGÉTIQUES

12 M de personnes qui auront

potentiellement accès à un bien ou service essentiel par an

2015 : 1,05 Md€ par an

ACCOMPAGNEMENT DES ENTREPRISES

SDGs

180 entreprises a ccompagnées sur les sujets environnementaux et de gouvernance

INNOVATION 45 projets innovants p our les populations

vulnérables par an

AFRIQUE

2,7 Md€

DE FINANCEMENTS DÉDIÉS AU CONTINENT AFRICAIN CLIMAT

2 Md€

CONSACRÉS À DES PROJETS PARTICIPANT À LA LUTTE CONTRE LE CHANGEMENT CLIMATIQUE

05

EXPERTISE

INNOVATION

Amplifier notre action sur les secteurs clés du développement

Renforcer notre rôle d’accompagnement et d’expert auprès de nos clients

Soutenir des projets innovants à destination des populations vulnérables

RSE

180

CLIENTS ACCOMPAGNÉS POUR AMÉLIORER LEURS PERFORMANCES ENVIRONNEMENTALES ET SOCIALES, NOTAMMENT VIA NOTRE OFFRE D’ACCOMPAGNEMENT TECHNIQUE

RESSOURCES

CONSOLIDATION

Nos moyens 2017-2020

Mobiliser des ressources pour démultiplier les impacts

INNOVATION

120

PROJETS INNOVANTS FINANCÉS SUR LA PÉRIODE PAYS FRAGILES

1 Md€

DÉDIÉ AUX PAYS LES MOINS AVANCÉS, À FAIBLE REVENU, EN TRANSITION OU EN SORTIE DE CRISE

Rapport d’activité Proparco 2016

RESSOURCES TIERCES ADITIONNELLES

1 Md€ MOBILISÉ PAR PROPARCO FINANCEMENTS HAUT DE BILAN

1,5 Md€

SDGs


© Oriane Zerah

Sommaire

03 P R É S E N TAT I O N PROPARCO, UNE INSTITUTION FINANCIÈRE AU SERVICE DU SECTEUR PRIVÉ ET DU DÉVELOPPEMENT DURABLE

Stratégie 2017/2020

03

Carte projets

08

La RSE au cœur de la stratégie de Proparco

10

Impacts 2016

11

Les investissements de Proparco

12

40 ans

14

Rapport d’activité Proparco 2016

06


16 PROJETS SOUTENUS PAR

L’école hôtelière Chiaka Sidibé au Mali : l’avenir dans l’assiette

16

Les lumières de Kingo au Guatemala

24

Le microcrédit : une solution sous conditions

32

Le pouvoir économique des femmes stimulé par la microfinance

38

Le Sénégal veut s’émanciper du tout-pétrole

42

Pakistan : un vent d’espoir

48

Assurer, inclure et promouvoir : l’assurance en Afrique

52

© Sarah Caroline Müller

PROPARCO

56 NOS RÉSULTATS FINANCIERS

© Clement Tardif

Secteur Privé &

07

Rapport d’activité Proparco 2016

Développement

62

Contacts

63


PROPARCO, UNE INSTITUTION FINANCIÈRE AU SERVICE

du secteur privé et du développement durable

Mexico Amérique centrale et Caraïbes

Casablanca Afrique du Nord

P

roparco, filiale de l’Agence Française de Développement (AFD) dédiée au secteur privé, intervient depuis 40 ans pour promouvoir un développement durable en matière économique, sociale et environnementale. Au moyen de prêts, de prises de participation ou de garanties, Proparco participe au financement et à l’accompagnement d’entreprises et d’établissements financiers en Afrique, en Asie, en Amérique latine ou encore au Moyen-Orient. Son action se concentre sur les secteurs clés du développement : les infrastructures avec un focus sur les énergies renouvelables, l’agro-industrie, les institutions financières, la santé, l’éducation... Les interventions de Proparco visent à renforcer la contribution des acteurs privés à la réalisation des Objectifs de développement durable (ODD), adoptés par la communauté internationale en 2015. Dans ce but, Proparco finance des sociétés dont l’activité participe à la création d’emplois et de revenus décents, à la fourniture de biens et de

Abidjan Afrique de l’Ouest

services essentiels, ainsi qu’à la lutte contre le changement climatique. Pour réaliser sa mission, Proparco s’appuie sur une gouvernance plurielle. Aux côtés de l’AFD, son actionnaire majoritaire, elle réunit une diversité d’acteurs, publics et privés, français et européens, mais aussi africains et latino-américains. Proparco compte plus de 200 collaborateurs basés à Paris et dans ses 11 bureaux à travers le monde. Elle s’appuie également sur le réseau de 72 agences et bureaux de représentation de l’AFD à l’international. Au-delà des financements, le rôle de Proparco est de favoriser l’émergence d’acteurs économiques et financiers responsables dans les pays en développement et émergents. Elle accompagne ainsi ses clients vers de meilleures performances en matière environnementale, sociale et de gouvernance. Proparco figure parmi les principales institutions européennes de financement du développement, avec qui elle réalise de nombreuses opérations conjointes. Rapport d’activité Proparco 2016

São Paulo Amérique du Sud

38 PAYS

60

PROJETS SIGNÉS

08


Présentation

PARIS Siège

Istanbul Turquie et Moyen-Orient, Asie centrale, Caucase, Europe de l’Est et du Sud

New Delhi Asie du Sud

Lagos

Bangkok

Nigeria

Asie du Nord et du Sud-Est

Douala

Nairobi

Afrique centrale

Afrique de l’Est

Johannesbourg Afrique centrale et océan Indien

1 279 M€ AUTORISÉS EN 2016

504 M€ POUR DES PROJETS AYANT DES

IMPACTS POSITIFS SUR LE CLIMAT

09

Rapport d’activité Proparco 2016

509 M€ AUTORISÉS EN AFRIQUE


LA RSE AU CŒUR DE LA STRATÉGIE DE PROPARCO Au-delà de ses financements, Proparco propose à ses clients appui et conseil pour améliorer la gestion environnementale et sociale de leurs activités et leur gouvernance. Ainsi, en 2016, Proparco a accompagné 65 % de ses clients pour améliorer leurs pratiques environnementales et sociales.

Proparco nous a aidés à la mise en œuvre du plan d’action environnemental et social et a ainsi contribué à améliorer la gestion environnementale globale d’Aeria. Elle nous a permis de connaître nos faiblesses et d’identifier les voies d’amélioration… Responsable de projet Aeria

Maîtriser les risques E & S

Créer de la valeur

Mise en conformité avec les réglementations locales

Certification des entreprises (ISO 14001, OHSAS 18001, Forest Stewardship Council...)

Mise en conformité avec les standards internationaux E & S (Banque mondiale, Société financière internationale, Organisation internationale du Travail...)

Intégration du développement durable dans les politiques/stratégies des sociétés et dans leur gouvernance

Amélioration des performances environnementales et sociales (E & S) des clients

Consommation et production durables (chaîne de valeur...)

Limiter les risques de réputation, financiers et légaux

Avantages commerciaux

Rapport d’activité Proparco 2016

10


Impacts

IMPACTS 2016 Par devoir de redevabilité et souci de transparence, Proparco met en œuvre une démarche de mesure des résultats et des impacts de ses interventions. En 2017, ses financements et cofinancements auront des impacts sur de multiples dimensions du développement.

EMPLOI DIRECT & INDIRECT

142 000

EMPLOIS DIRECTS CRÉÉS OU MAINTENUS DANS LES BANQUES, ENTREPRISES ET INFRASTRUCTURES FINANCÉES

732 000

EMPLOIS INDIRECTS SERONT CRÉÉS OU MAINTENUS AUPRÈS DE LEURS FOURNISSEURS ET CLIENTS, DONT PLUS DE 350 000 PLANTEURS AGRICOLES

47 %

ACCESSIBILITE AUX BIENS ET SERVICES ESSENTIELS

CLIMAT ET ÉNERGIE

13,4

680 500

millions

PERSONNES THÉORIQUES BÉNÉFICIANT D’UN ACCÈS À UNE SOURCE D’ÉLECTRICITÉ

+2

millions

DE PERSONNES ACCÈDERONT À DES MICROCRÉDITS AVEC 192 M€ DE FINANCEMENTS ACCORDÉS

1 700

898

MÉGAWATTS (MW) DE CAPACITÉ D’ÉNERGIE INSTALLÉS, DONT 802 MW D’ORIGINE RENOUVELABLE

ACCOMPAGNEMENT DES ENTREPRISES

65 %

DE FEMMES EMPLOYÉES PAR LES BANQUES, ENTREPRISES, INFRASTRUCTURES ET FONDS FINANCÉS

LITS SUPPLÉMENTAIRES DANS DES STRUCTURES HOSPITALIÈRES

DES PROJETS ACCOMPAGNÉS POUR AMÉLIORER LEURS PERFORMANCES ENVIRONNEMENTALES ET SOCIALES

VALEUR AJOUTÉE

52 000

CONTRIBUTIONS AUX ÉTATS

406

millions d’euros

ÉTUDIANTS BÉNÉFICIERONT DE SERVICES DE QUALITÉ AU SEIN DES STRUCTURES FINANCÉES

140

millions d’euros

GÉNÉRÉS DANS LES PAYS D’INTERVENTION À TRAVERS LES SALAIRES ET LES BÉNÉFICES

11

TONNES ÉQUIVALENT CO2 PAR AN SERONT ÉVITÉES

DE CONTRIBUTION NETTE AUX REVENUS FISCAUX

Rapport d’activité Proparco 2016


LES INVESTISSEMENTS DE PROPARCO En cohérence avec les orientations stratégiques de l’AFD et les priorités de la politique française de coopération, l’objectif de Proparco est de favoriser l’émergence d’un secteur privé dynamique, innovant et responsable dans les pays en développement et émergents. Le secteur privé participe à la construction d’une croissance économique durable, à la création d’emplois, à la fourniture de biens et services essentiels et, plus largement, à la réduction de la pauvreté et la lutte contre le changement climatique.

Nos conditions et principes d’investissement

CIBLES

ADDITIONNALITÉ

EFFET D’ENTRAÎNEMENT

Proparco appuie des entreprises et institutions financières actives sur les secteurs clés du développement, aussi bien des acteurs locaux que des entreprises internationales (notamment françaises) implantées dans des pays en développement ou désireuses d’y établir des filiales.

Proparco intervient en complément de l’offre des banques commerciales locales et internationales, en évitant d’entrer en concurrence avec celles-ci. Ses interventions se concentrent sur des secteurs où son aide est la plus nécessaire et où sa valeur ajoutée est la plus forte.

Les financements de Proparco ont vocation à démontrer la viabilité économique et financière des acteurs privés dans des activités et/ou des régions considérées a priori comme peu attractives par les investisseurs. Ils ont, en ce sens, un effet d’entraînement.

EFFETS SUR LE DÉVELOPPEMENT

FIABILITÉ DU CLIENT

RENTABILITÉ DU PROJET

Avant toute décision de financement, Proparco procède à un examen approfondi des différents facteurs de risque liés au client et à son projet : risques de crédit, sociaux, environnementaux, etc.

La rentabilité d’un projet est essentielle pour assurer sa pérennité. Elle est également clé pour le modèle économique de Proparco et sa capacité à jouer un effet d’entraînement auprès d’autres acteurs financiers.

La contribution des sociétés qu’elle finance sur le développement local est au cœur de la démarche d’investissement de Proparco.

Rapport d’activité Proparco 2016

12


Investir

NOTRE MISSION Renforcer la contribution du secteur privé à la réalisation des Objectifs de développement durable (ODD)

N O T R E VA L E U R AJOUTÉE

NOS OUTILS Prêts

+ Expertise multisectorielle et géographique + Structuration de projets complexes + Implantation à l’international + Mobilisation de tiers (arrangement, syndication, gestion de facilités...) + Maîtrise des risques (financiers, environnementaux, sociaux...) + Solidité financière ( groupe AFD) + Mécanisme de cofinancement avec nos homologues (DEG, FMO, IFC, etc.)

Fonds propres et quasi-fonds propres Fonds d’investissement Garanties Accompagnement technique

NOS SECTEURS D’INTERVENTION Agriculture et agro-industrie Banques et marchés financiers Climat Éducation Industries

13

Infrastructures (énergies, télécoms, transports, eau et assainissement…) Microfinance Santé Tourisme

Rapport d’activité Proparco 2016


PROPARCO

1977/2017

Il y a 40 ans, en 1977, Proparco était une société entièrement détenue par la Caisse centrale de coopération économique (CCCE, ancienne AFD) au capital de 10 millions de francs (1,5 million d’euros). 40 ans après, elle a progressivement diversifié ses outils financiers, son périmètre géographique d’intervention et son actionnariat pour devenir l’une des principales institutions européennes de financement du développement (IEFD), forte d’un capital social de 693 millions d’euros.

En comparant l’établissement à une personne, on pourrait s’étonner de voir écrire sa biographie alors qu’elle serait encore adolescente. La commémoration des 40 ans offre une incitation à explorer la matrice où Proparco a été forgée, à renouer avec les idées des fondateurs et des premiers agents, à reconstituer les continuités nombreuses. La rapidité des transformations opérées est toutefois moins impressionnante que les perspectives de les voir se poursuivre, avec les changements d’échelle annoncés d’ici à 2020.

François Pacquement, Chargé de mission Histoire et Réflexion Stratégique à l'Agence Française de Développement



La cuisine, aux normes d’hygiène européennes et au matériel haut de gamme, est l’une des plus modernes de Bamako. Thomas Brissiaud, professeur de cuisine y veille, inflexible : « Une cuisine, c’est comme un hôpital. »

Rapport d’activité Proparco 2016

16


Formation professionnelle

REPORTAGE

L’ÉCOLE HÔTELIÈRE CHIAKA SIDIBÉ :

l’avenir dans l’assiette Reportage : © Sébastien Rieussec

LA PREMIÈRE ÉCOLE HÔTELIÈRE EN ALTERNANCE DU MALI,

17

L’ÉCOLE CHIAKA SIDIBÉ, A OUVERT SES PORTES EN 2015, À BAMAKO. AYANT POUR BUT DE DÉVELOPPER L’ENSEIGNEMENT HÔTELIER ET TOURISTIQUE DANS LE PAYS, ELLE EST NÉE DE LA RENCONTRE ENTRE UN CHEF D’ENTREPRISE VISIONNAIRE, MOSSADECK BALLY, PDG DU GROUPE HÔTELIER AZALAÏ, PROPARCO ET SES PARTENAIRES, QUI ONT FAIT LE PARI DE LA JEUNESSE ET DE L’AVENIR DU MALI.

Rapport d’activité Proparco 2016


V

aste pays d’Afrique de l’Ouest enclavé, s’étirant entre le Tropique et l’Équateur, le Mali compte 17,6 millions d’habitants et une croissance démographique de 3,6 % par an. Après des années d’expansion, le pays s’est enfoncé dans une crise politique et sécuritaire déclenchée par le coup d’État de 2012 et l’occupation de la moitié nord du pays par les rebelles touaregs et les groupes djihadistes ; crise qui a débouché sur l’intervention militaire internationale. Peu diversifiée et reposant essentiellement sur la culture du coton, l’économie malienne a beaucoup souffert de cette crise et le tourisme, qui s’était développé pendant la décennie 20002010, s’est effondré. Classé au 179e rang sur 188 pays de l’indice de développement humain du programme des Nations unies pour le développement (PNUD), le Mali est un pays fragile. Pourtant, les efforts de l’aide internationale, relancée dès 2013, les mesures envisagées par le gouvernement, la mobilisation de certains entrepreneurs et les initiatives en faveur d’un retour à la normale permettent d’espérer le retour du pays sur le chemin de la croissance et le développement de nouveaux projets comme celui de Chiaka Sibidé. Ainsi, et même s’il n’est pour l’heure plus question d’aller en pays Dogon ou à Tombouctou, le tourisme d’affaires a repris à Bamako. L’Organisation mondiale du tourisme (OMT) a d’ailleurs enregistré 168 000 visiteurs en 2014, un chiffre qui reflète les efforts du gouvernement pour mettre en place un environnement favorable à l’investissement.

d’un développement inclusif. « C’est un projet de cœur, vieux de 10 ans, qui a été relancé plusieurs fois », explique Aminata Soumah, DRH du groupe Azalaï et coordinatrice du projet. Selon elle, dans une Afrique de l’Ouest francophone qui devrait à nouveau arriver en tête de la croissance africaine pour la troisième année consécutive et où le secteur de l’hôtellerie cherche à mettre en place de nouveaux standards, ce projet d’école a toute sa place.

C’est un projet de cœur, vieux de 10 ans, qui a été relancé plusieurs fois. Aminata Soumah, DRH du groupe Azalaï

« Cette école est née du besoin de combler un manque, poursuit Mossadeck Bally, PDG du groupe hôtelier Azalaï. Nous n’arrivions pas à trouver des jeunes ayant une formation initiale en hôtellerie, alors nous avons souhaité prendre les choses en main, créer une école et former les jeunes nous-mêmes. » Une rencontre va alors tout accélérer : celle de Bernard Creff, finistérien et ancien directeur régional du groupe Accor ayant toujours la bougeotte et le goût des défis. Fort de son expérience de pionnier au Cambodge, où il a créé une école des métiers du tourisme et de l’hôtellerie à Siem Reap qui forme aujourd’hui plus de 40 élèves par an, Bernard Creff lance le projet malien début 2015. Très vite, il recrute l’ancien responsable de Campus France, Nicolas Huet, comme directeur. L’école, qui porte le nom d’un fidèle collaborateur de Mossadeck Bally décédé en 2010, ouvre ses portes en septembre 2015, dans les locaux de l’hôtel Azalaï Dunia. « Mossadeck Bally m’a embarqué dans cette belle histoire et nous avons monté l’école de Bamako en cinq mois à peine », raconte Bernard Creff.

Proparco, de retour après 15 ans Mais le PDG d’Azalaï n’en reste pas là. De retour au Mali après 15 ans d’absence, Proparco se rapproche du groupe, et ce, dans le cadre de son action prioritaire dans les pays fragiles d’Afrique subsaharienne et de sa politique de soutien au secteur privé. Pour la direction

5 mois pour ouvrir l’école La création de l’école hôtelière Chiaka Sidibé (EHCS) s’inscrit dans ce contexte partagé entre l’instabilité politique et l’espoir d’une reprise économique et Rapport d’activité Proparco 2016

18


La formation d’un an qui se veut d’élite, est organisée en alternance : une moitié de cours théoriques et une moitié de stages au sein d’établissements bamakois. Même lorsque les étudiants sont à l’école, chaque midi est un exercice pratique, avec un restaurant d’apprentissage ouvert au public.

16,4

MILLIONS D’EUROS PRÊTÉS PAR PROPARCO POUR RÉNOVER ET AGRANDIR L'HÔTEL SALAM, QUI ACCUEILLE L'ÉCOLE

11 mois DE FORMATION

+ de 40 ÉLÈVES FORMÉS EN 2 ANS


Chez N’Ice Cream, la chaîne de glaciers qui emploie les stagiaires en alternance et qui, depuis Dakar, s’est implantée aux quatre coins de l’Afrique. À Bamako depuis plus d’un an, le groupe s’est lancé dans la boulangeriepâtisserie, sous la houlette de Ryan Souleiman, l’un des fils du fondateur.

Pour intégrer l’EHCS, les candidats doivent passer des tests écrits de niveau BEPC et un entretien individuel. Les frais de scolarité sont de 250 000 FCFA, soit environ 380 euros pour l’année. Dès leurs premiers jours, les élèves reçus sont plongés dans le vif du sujet, maniant assiettes et couteaux à découper. Ils partent rapidement au Grand Hôtel mitoyen faire leurs premiers pas en salle et, à peine deux mois plus tard, sont engagés comme stagiaires dans les hôtels et restaurants de Bamako. de Proparco, en effet, il est évident que le développement de l’industrie hôtelière est indispensable pour accompagner le retour des investisseurs. Elle accorde donc un prêt de 16,4 millions d’euros destiné à la rénovation et à l’extension de l’hôtel Salam, fleuron du groupe Azalaï à Bamako ; prêt assorti d’une assistance technique sur trois ans destinée à consolider le business model de l'école et aider à mettre en place les programmes de formation de l'école.

Ils sont conscients qu’ils sont là pour apprendre un métier ; que c’est déterminant pour ne pas être au chômage. Thomas Brissiaud, professeur de cuisine

L’alternance, un modèle inédit au Mali Le modèle de l’alternance à 50 %, tel qu’il est proposé par l’école Chiaka Sidibé, est très innovant au Mali : les

formations existantes, tout particulièrement pour les métiers du tourisme, y sont la plupart du temps théoriques. Mais si la priorité absolue va à la pratique, les élèves suivent également des cours de français, d’anglais, d’informatique et de culture générale. Rapport d’activité Proparco 2016

Daniel Hougnon, propriétaire du Badala Hôtel, dont le magnifique restaurant surplombe le fleuve Niger, a tout de suite accepté le partenariat avec l’EHCS. Cet ancien du groupe Accor, fort de 50 ans d’expérience dans le secteur – dont la plupart en Afrique - accueille cinq stagiaires. Il a même embauché l’un d’eux, Luc Kassogué, issu de la dernière promotion. Initialement serveur, Luc se forme en cuisine sur ses jours de congés et rêve d’ouvrir son propre hôtel.

La bonne attitude Très exigeant avec ses jeunes recrues, Daniel Hougnon apprécie qu’elles soient vite opérationnelles, « passionnées par le métier, avec la bonne attitude ». Soulignant son besoin permanent de personnel compétent, il se dit prêt à les embaucher. Le groupe Azalaï envisage, pour sa part, de recruter 30 % d’élèves de chaque promotion. Pour celle de 2016-2017, l’école a passé un partenariat avec l’ONG SOS Villages Mali, afin de permettre l’intégration de 25 élèves venus de milieux ruraux. Et la formation « service en salle et commis 20


Formation professionnelle

de cuisine » s’est élargie à la spécialité « boulangerie-pâtisserie », très demandée à Bamako, ce qui a fait passer les effectifs de 40 à 60 élèves. « Nous disposons de onze mois pour former des professionnels », résume Nicolas Huet. À l’issue de leur formation, les étudiants répondent d’un niveau CAP et d’une employabilité maximale : « Sur la première promotion, tous ceux qui le voulaient ont trouvé un travail », renchérit le directeur Nicolas Huet. Un constat que partage Thomas Brissiaud, professeur de cuisine en tant que Volontaire du service international (VSI), ce jeune chef est impressionné par le niveau de motivation des élèves : « Ils donnent le meilleur d’eux-mêmes. Ils sont conscients qu’ils sont là pour apprendre un métier ; que c’est déterminant pour ne pas être au chômage. »

Du travail pour éviter le pire Aujourd’hui plus que jamais, les jeunes Maliens ont besoin

d’opportunités économiques et de solutions qui répondent à leurs aspirations. Même diplômés, ils sont le plus souvent victimes du chômage, confrontés à un cortège de formations universitaires inadaptées et à la crise générale des apprentissages. Un véritable fléau au Mali, dont les chiffres officiels (10,3 % de chômage en 2014) ne reflètent que partiellement la situation critique du pays où, selon le PNUD, au moins 50 % des 15-39 ans seraient affectés par le chômage ou le sous-emploi. Sur ce point, Mossadeck Bally est très clair : « Nous pensons que c’est de la responsabilité sociale de notre entreprise que de réinvestir dans cette formation ; de donner une chance à ces jeunes qui autrement, peut-être, iraient grossir les rangs des terroristes, ou seraient tentés par une aventure en traversant le désert et la Méditerranée, avec tous les risques que nous connaissons. »

Grâce à l’alternance, les jeunes femmes, comme cette étudiante, préparent leur autonomie en améliorant leurs connaissances, leurs compétences et leurs aptitudes professionnelles.

21

Rapport d’activité Proparco 2016

50

%

DES 15-39 ANS SONT

TOUCHÉS PAR LE CHÔMAGE OU LE SOUS-EMPLOI AU MALI SELON LE PNUD



Formation professionnelle

Gratifiant pour tous Ayant aussi fait le choix de la parité, l’école compte désormais une majorité d’étudiantes : là encore, c’est une petite révolution culturelle, alors que l’autonomisation des femmes est une question centrale au Mali, et que, dans le secteur de l’hôtellerie-restauration, elles restent sous-représentées, tant dans les fonctions dirigeantes qu’opérationnelles. Pour elles, plus encore que pour leurs collègues masculins, la formation est un atout capital : en suivant le cursus de l’EHCS et grâce à l’alternance, les jeunes femmes améliorent leurs connaissances, leurs compétences et leurs aptitudes professionnelles. Dans ce projet, les hommes et les femmes travaillent ensemble, ce qui instaure une forme de dynamique paritaire bénéfique pour les deux parties.

Mais le succès de l’école, dépasse la sphère des gastronomes. L’engouement est semblable auprès des employeurs qui réclament des élèves avant même

© Ibrahim Diarrassouba

Désormais, l’école Chiaka Sidibé a ses fidèles. Très populaire à Bamako, le restaurant d’application permet aux fins gourmets de la capitale de venir goûter les plats préparés par les élèves et le pain déjà renommé que fabrique l’école, et ce pour 10 000 FCFA, soit 15 euros. Un moyen pour l’établissement de faire connaître ses savoir-faire tout en rentrant dans ses frais.

Le fondateur des hôtels Azalaï est issu d’une famille de commerçants où « entreprendre est une seconde nature ». Aujourd’hui, Mossadeck Bally veut continuer d’augmenter la taille des promotions de l’école hôtelière pour former davantage de jeunes.

que ces derniers aient terminé leur formation. « Devant le succès de notre première promotion et les retours très positifs des entreprises partenaires, nous avons décidé d’augmenter la taille de la promotion 2017, d’ouvrir deux nouvelles classes en 2018 et de recruter davantage de personnes pour former 100 élèves par an. Nous formons donc plus de jeunes et faisons appel à davantage d’entreprises africaines et de partenaires », annonce Mossadeck Bally.

D’ici quelques années, nous espérons répliquer ce modèle ailleurs en Afrique. Aminata Soumah, 23

DRH du groupe Azalaï

Aujourd’hui, M. Bally a décidé d’essaimer le concept dans la région, sentant qu’il y avait des débouchés et une vraie volonté des professionnels d’améliorer le secteur. L’EHCS recherche donc d’autres

Rapport d’activité Proparco 2016

investisseurs pour se pérenniser. Elle aspire à devenir une « structure autonome, solide et reconnue dans la sous-région », explique la directrice des ressources humaines, Aminata Soumah. L’objectif est d’élargir l’offre de formation, de construire des nouvelles salles de cours pour couvrir tous les métiers de l’hôtellerie : l’accueil/ réception, puis le service en chambre, et à terme la formation des managers. Le cursus qualifiant devrait aussi pouvoir être validé comme formation diplômante par l’État. « D’ici quelques années, nous espérons répliquer ce modèle ailleurs en Afrique et nous engager dans de nouvelles initiatives semblables à celle de Chiaka Sibidé », ajoute-t-elle. Un projet ambitieux qui répond à un réel besoin puisque l’on estime que le nombre d’offres non pourvues en restauration est en hausse chaque année dans les pays d’Afrique subsaharienne.


Les innovations combinant énergies solaire et numérique se multiplient dans les pays où le réseau électrique traditionnel reste peu développé. Un boom qui s’explique par des solutions agiles dites « pay as-you-go » (l’usager ne paie que la quantité d’énergie qu’il consomme au jour le jour) et la montée en puissance d’applications qui démocratisent l’accès à l’énergie.

LES LUMIÈRES DE KINGO REPORTAGE

© JJ Estrada

Au Guatemala


Énergie

UN GUATÉMALTÈQUE SUR DIX N’A PAS ACCÈS AU RÉSEAU NATIONAL D’ÉLECTRICITÉ. SOIT UN MILLION CINQ CENT MILLE PERSONNES QUI S’ÉCLAIRENT À LA BOUGIE ET SUBISSENT CHAQUE SOIR L’INCONFORT ET L’INSÉCURITÉ DE MAISONS ET DE RUES PLONGÉES DANS LA PÉNOMBRE. JUSQU’À L’ARRIVÉE DE KINGO.

C’est la façon la plus rapide et la moins coûteuse de développer l’accès à l’électricité pour les populations rurales. Juan Fermin Rodriguez, Directeur et cofondateur de Kingo Energy

E

n Amérique centrale, une partie significative de la population n’est toujours pas alimentée en électricité. En dépit des progrès importants réalisés entre 1990 et 2010, en particulier dans les pays où le taux d’électrification était le plus faible, comme au Guatemala, au Honduras ou au Nicaragua, plusieurs millions de personnes sont encore privées de connexion à un réseau électrique. Au Guatemala, par exemple, on compte plus de 300 000 foyers non raccordés qui s’éclairent à la bougie, au kérosène ou grâce à un groupe électrogène. Si ces solutions de fortune sont légion, une innovation gagne du terrain au cœur des zones les plus reculées du pays : Kingo, un boîtier qui peut être installé et raccordé en une vingtaine de minutes et qui permet de fournir de l’électricité par simple raccordement 25

à un panneau solaire. Cette production dite autonome – « off the grid » en anglais - est totalement déconnectée du réseau électrique national, et donc indépendante des infrastructures centralisées, dont la majorité provient de l’hydroélectricité. « C’est la façon la plus rapide et la moins coûteuse de développer l’accès à l’électricité pour les populations rurales », explique Juan Fermin Rodriguez, directeur et cofondateur de Kingo Energy, la jeune entreprise guatémaltèque qui conçoit et distribue ces boîtiers éponymes de couleur orange.

Des solutions « off the grid » sinon rien Il est vrai que la question du coût est également essentielle dans ce pays marqué par une très grande pauvreté et de très grandes inégalités : la moitié de la population vit sous le seuil de pauvreté et 13 % des habitants vivent en Rapport d’activité Proparco 2016

situation de pauvreté extrême – une proportion encore plus importante au sein des populations mayas, qui représentent 40 % de la population et qui vivent dans des régions isolées où leur activité est principalement agricole. C’est d’ailleurs là, dans les départements parmi les plus pauvres du pays, dans l’Alta Verapaz et le Petén, que les solutions autonomes ont commencé à se déployer ; là où les taux de couverture du réseau électrique conventionnel étaient les plus faibles (44 % et 66 % respectivement pour ces deux régions). « En moins de deux ans, nous avons équipé plus de 15 000 foyers au Guatemala, annonce le directeur de Kingo Energy. Cela a permis aux familles d’améliorer leurs conditions de vie, la sécurité de leur foyer, mais aussi de réduire le temps des activités domestiques et de favoriser les études des enfants. » Et il est vrai que


les produits d’éclairage « off the grid » cumulent les avantages : moins chers, plus efficaces, plus lumineux, ils sont aussi moins dangereux et moins polluants que les lampes à kérosène ou les bougies. Qui plus est, ce mode de consommation ne nécessite aucune adaptation culturelle de la part des utilisateurs : ils paient déjà leur recharge de téléphone au forfait.

© Juan José Estrada

Un panneau solaire sur le toit Le principe de cette offre écologique ? Pour commencer, un panneau solaire individuel est installé sur le toit de la maison moyennant la signature d’un contrat sans engagement de durée et assorti du paiement des unités de temps (heure, jour, semaine, mois), le tout à la manière des recharges de téléphone portable. Une fois le kit installé et les codes prépayés entrés par le client, l’accès à l’électricité est débloqué. Notons que le déblocage se fait de manière indépendante d’une couverture GSM, ce qui rend le système accessible même dans les zones les plus reculées. Ce système « pay-as-you-go » n’implique ni l’achat du matériel par le client, ni le paiement de l’installation du dispositif

et qui intègre une garantie et un service après-vente perpétuel assuré par les équipes de Kingo sur simple appel.

L'arrivée de la « fée électricité » au cœur des zones rurales a permis d'améliorer les conditions de vie, la sécurité du foyer et favorise les études des enfants.

Ensuite, les clients ont le choix entre deux offres : soit le kit de base Kingo 15, qui permet d’alimenter trois ampoules (cinq heures d’éclairage par jour) et de recharger un téléphone portable par jour pour un tarif quotidien de 60 centavos (70 centimes d’euros) ou de 110 QTZ par mois (13 euros) ; soit l’offre supérieure Kingo 100, qui assure suffisamment de puissance pour éclairer la pièce principale de la maison pendant cinq heures, recharger trois téléphones portables et alimenter deux Rapport d’activité Proparco 2016

équipements électriques (ventilateur, télévision, ordinateur, radio, etc.). À l’avenir, le paiement du forfait pourra se faire par téléphone portable en utilisant, par exemple, les services financiers de sociétés intermédiaires. Pour le moment, toutefois, l’insuffisante bancarisation de la population ne le permet pas, et c’est donc dans les petites épiceries de première nécessité, ou directement auprès des représentants de Kingo, qui reçoivent une commission de 6 %, que les personnes viennent acheter leurs cartes de recharge.

« Ça a changé ma vie » Elena Laj Yuja de Gua et son mari Jorge se sont installés il y a deux ans dans le village de Caserío El Limón dans la province du Petén, à deux heures de Flores. L’arrivée de Kingo a changé la vie de cette mère de 4 enfants. « Avant, il fallait se lever plus tôt, entre 4 heures et 5 heures du matin, et s’éclairer à la bougie pour préparer les repas de la 26


Énergie

20 minutes

Kingo : le kit qui change la vie

C’EST LE TEMPS QU’IL FAUT POUR INSTALLER UN KIT KINGO. CELUI-CI EST « SIMPLEMENT » RELIÉ À UN PANNEAU SOLAIRE INSTALLÉ SUR LE TOIT DES FOYERS RACCORDÉS.

Cette petite boîte permet aux habitants les plus pauvres du Guatemala d’accéder à l’électricité. Pour quelques euros par mois, payés au forfait, avec des solutions de paiement flexibles, ils peuvent éclairer leur maison le soir, tenir les animaux à distance et permettre à leurs enfants de faire leurs devoirs. Ici, l’essentiel en 5 points.

4 ans

C’EST LE NOMBRE D’ANNÉES D’EXISTENCE DE CE PROJET, NÉ EN 2013 GRÂCE À JUAN FERMIN RODRIGUEZ ET JUAN JOSÉ ESTRADA.

70

centimes €/jour

100 % guatémaltèque LA SOLUTION KINGO EST NÉE À GUATEMALA CITY. MÊME SI ELLE S’INSPIRE DE SOLUTIONS NÉES

C’EST LE PRIX DU PREMIER FORFAIT PROPOSÉ PAR KINGO. AVEC ÇA, ON PEUT ALIMENTER 3 AMPOULES, ÉCLAIRER SA MAISON 5 HEURES PAR JOUR ET RECHARGER SON PORTABLE. EN MOYENNE, LES UTILISATEURS PAIENT 15 DOLLARS PAR MOIS.

AVANT ET AILLEURS – NOTAMMENT EN AFRIQUE – ELLE EST BIEN UNE OFFRE LOCALE PORTÉE PAR SES DEUX JEUNES CRÉATEURS GUATÉMALTÈQUES.

100 $

POUR PRODUIRE ET INSTALLER UN KIT KINGO, IL FAUT COMPTER 100 USD. LE CLIENT NE PAIE NI L’ACHAT DU MATÉRIEL, NI SON INSTALLATION, NI SON SERVICE APRÈS-VENTE.

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Rapport d’activité Proparco 2016


© Sarah Caroline Müller

Ces kits Kingo comprennent des panneaux solaires connectés à des batteries permettant de stocker l’électricité. Grâce à eux, les clients peuvent s’éclairer et alimenter un ensemble d’appareils domestiques de basse consommation.

Rapport d’activité Proparco 2016

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Énergie

© Christelle Thomas

Elena Laj Yuja de Gua et son mari Jorge se sont installés il y a deux ans dans le village de Caserío El Limón dans la province du Petén, à deux heures de Flores. La mise en place de solutions innovantes pour l’accès à l’électricité constitue une condition fondamentale du développement social et économique de ces familles.

Jamais je n’aurais imaginé que Kingo viendrait ici. À présent, nous sommes quinze familles à utiliser l’électricité. Tout le monde veut la lumière !

journée. À présent, il est possible de s’organiser différemment, de se lever plus tard, de passer plus de temps avec la famille, de remplir mes tâches pour l’association des femmes du village et surtout, cela permet aux enfants d’étudier une heure par jour. Jamais je n’avais imaginé que Kingo viendrait ici. À présent, nous sommes quinze familles à utiliser l’électricité. Tout le monde Elena Laj Yuja de Gua, habitante de Caserío El Limón veut la lumière ! » Désormais, avec son forfait Kingo 15, Elena peut éclairer sa maison plus de cinq heures par que les enfants jouent encore. Avec la jour, recharger son portable et orgalumière, c’est différent, les animaux niser les devoirs des enfants, sécuriser ne viennent plus et les enfants peuvent la maison et, tout cela, en faisant 25 % jouer ou étudier quand il le faut. » d’économies chaque mois. « Avant, je devais acheter des bougies et j’en Autant dire que de tels témoignages utilisais trois ou quatre par jour. Il y motivent les équipes de Kingo Energy avait forcément un risque d’incenà développer l’accès à leur solution die. Sans compter le danger, une fois dans les provinces reculées. Elles préla nuit tombée, d’avoir des vipères voient d’ailleurs d’équiper 2 millions qui serpentent dans la maison alors de foyers d’ici à 2020 et de développer 29

Rapport d’activité Proparco 2016

l’offre commerciale dans d’autres pays. Pour les dirigeants de l’entreprise, en effet, le marché ne s’arrête pas aux frontières du Petén. Après une levée de fonds de 5 MUSD plus une dette convertible d'environ 4 MUSD, de la part de FMO, ils entendent lever huit autres millions lors d'une seconde levée de fonds qui permettrait de lancer les opérations au niveau régional : en Colombie, au Honduras, au Nicaragua, mais aussi au Mexique.


Outre les indicateurs traditionnels de performance et d’impact, Kingo mesure l’indice de bonheur apporté aux utilisateurs.

40 000 utilisateurs DEPUIS SON LANCEMENT EN 2015, LA SOLUTION KINGO ENERGY A ÉTÉ ADOPTÉE PAR 40 000 UTILISATEURS. ELLE POURRAIT TOUCHER 2 MILLIONS DE NOUVEAUX UTILISATEURS

© Sarah Caroline Müller

D’ICI À 2020.


Énergie

DE L’ART DE REBONDIR

Altruisme et rentabilité Selon les projections de l’Agence internationale de l’énergie pour les pays d’Afrique, « en 2040, deux tiers des systèmes autonomes et des miniréseaux des zones rurales seront alimentés par le solaire photovoltaïque, les petites centrales hydroélectriques ou l’éolien ». Ainsi, depuis plusieurs années, de nombreuses start-up se sont lancées dans l’aventure énergétique africaine. Elles se concentrent pour partie sur les projets solaires hors réseau et commencent à récolter les fruits de leurs investissements. Pour Juan Fermín Rodríguez, qui a quitté sa carrière chez Procter & Gamble et qui a tout misé sur sa start-up, il est indispensable que Kingo remplisse ses engagements tout en étant rentable. « Je crois fermement que notre approche est la bonne et que nous pourrons à la fois être profitables et servir le bien public. » Sans doute une approche léguée par une éducation altruiste d’un père travaillant déjà pour des projets de coopération dans des zones rurales du pays ? « Ce qui compte pour nous, c’est que nos services, nos logiciels, les matières premières de nos équipements soient de plus en plus performants et permettent d’offrir davantage de services à nos utilisateurs. Avec l’arrivée sur le marché de nouveaux composants, nous allons pouvoir créer des batteries plus petites et de plus longue durée, donc atteindre des zones encore plus reculées et devenir une solution accessible à encore plus de personnes. »

Rien ne se fera sans capitaux privés Est-ce que ces progrès technologiques permettront de couvrir l’ensemble de la région en énergie propre ? Pas si 31

simple… À l’échelle mondiale, et dix ans après l’émergence des premières solutions innovantes dans le domaine, aucun modèle économique – que ce soit le « pay-as-you go », le « rent-toown » ou le « perpetual lease » comme Kingo – n’est encore parvenu à dominer le marché, lequel suit pourtant des trajectoires équivalentes au marché de la téléphonie portable, selon l’Agence internationale de l’énergie (AIE). Ces perspectives permettent à Kingo d’envisager un retour sur investissement à portée de main. « Notre connaissance du marché et notre adaptabilité nous permettent d’investir de façon rentable tout en réduisant les écarts de pauvreté. Toutefois, les besoins financiers étant tels, il est essentiel d’être accompagnés par des partenaires financiers tels que Proparco et le FMO qui acceptent de prendre des risques que les banques locales ne sont pas en mesure de prendre », souligne le directeur de Kingo Energy. Et de fait, au Guatemala, seul un investissement massif permettra de faire la différence. Alors qu’une minorité détient les richesses du pays (en 2014, 260 personnes concentraient 57 % du PIB, soit 30 milliards de dollars), rien n’est possible sans capitaux privés ni aide des institutions financières, dans un pays qui tente de limiter l’endettement public. Ce sont ces deux leviers qui permettraient, éventuellement, de réduire l’écart qui sépare les communautés rurales des habitants des villes, tant en matière d’offre d’énergie que d’opportunités économiques. Rapport d’activité Proparco 2016

Pour Juan Fermín Rodríguez, les choses démarrent en 2010 lorsqu’il quitte Procter & Gamble pour cofonder une première entreprise, Quetsol, sur le modèle « pay-to-own ». Lancée avec le soutien des institutions de microfinance locales, Quetsol fait alors le pari de fournir aux foyers guatémaltèques les plus précaires l’accès à l’électricité à moindre coût pour remplacer la bougie et le générateur. Si elle est bien inspirée, cette première initiative échoue, la question du remboursement de l'emprunt et la solvabilité des clients, ainsi que les coûts unitaires du panneau et de la batterie faisant barrage à un business model pérenne. Réactif et « agile », comme on aime à qualifier les entrepreneurs capables de réinventer leur modèle rapidement, Juan Fermin rebondit vite. Avec son associé « JJ », Juan José Estrada, il développe une offre sur le mode opératoire des télécoms et met à disposition des services d’électricité solaire dont les coûts d’installation sont désormais supportés par sa nouvelle société, Kingo Energy. Cette nouvelle solution est rendue possible grâce à deux choses : une levée de fonds auprès de plusieurs investisseurs, dont le FMO et Proparco, et la baisse de 80 % du coût des installations solaires depuis 2008, ce dernier point rendant l’option compétitive avec les énergies fossiles.


Rapport d’activité Proparco 2016

32


Microfinance

REPORTAGE

LE MICROCRÉDIT : UNE SOLUTION sous conditions

EN PROPOSANT DES SERVICES FINANCIERS AUX PLUS DÉMUNIS, LES INSTITUTIONS DE MICROFINANCE ŒUVRENT À SOUTENIR LES MICRO-ENTREPRISES ET À AMÉLIORER LES CONDITIONS DE VIE DE LEURS CLIENTS. COUPS DE POUCE POUR CRÉER

Reportage : © Sam Jam

UNE PETITE ENTREPRISE, POUR ACCÉDER À L’ÉPARGNE OU

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À UNE ASSURANCE OU POUR FAIRE FACE AUX ALÉAS DE LA VIE… LE POTENTIEL DE CROISSANCE DE LA MICROFINANCE EST À LA MESURE DE L’EXCLUSION FINANCIÈRE QUI PERSISTE DANS DE NOMBREUX PAYS EN DÉVELOPPEMENT. À PREMIÈRE VUE, UNE PORTE DE SORTIE IDÉALE DE LA PAUVRETÉ.

Rapport d’activité Proparco 2016


17,6 % DES ADULTES CAMBODGIENS, EN 2016, ONT CONTRACTÉ UN PRÊT DANS LES 12 DERNIERS MOIS SELON LE CREDIT BUREAU.

2,4 M D’EMPRUNTEURS, SUR LE MARCHÉ DE LA MICROFINANCE AU CAMBODGE SELON LA CMA.

L

a microfinance répond à un objectif de viabilité financière ; elle est donc en partie régie par des logiques commerciales. On observe d’ailleurs une forte concurrence entre les acteurs sur certains marchés dynamiques, avec pour conséquence favorable la diminution des taux d’intérêt, mais aussi l’émergence de pratiques pouvant s’exercer aux dépens des clients. En effet, le secteur a connu une croissance fulgurante dans de nombreux pays, corrélée à un surenchérissement de l’offre et à une surchauffe qui accroissent les risques de surendettement et desservent le secteur lui-même. Le Pérou, la Bosnie, le Nicaragua, l’Andhra Pradesh en Inde et la Bolivie, entre autres, ont traversé d’importantes crises de cet ordre. Du fait de la concurrence entre institutions de microfinance et de la multiplication des prêts, certains crédits étaient parfois utilisés pour en rembourser d’autres. Un cercle vicieux bien connu et qui semble désormais menacer également le Cambodge.

Au Cambodge, les experts sonnent l’alarme

LES DEUX PRINCIPALES CAUSES DE SURENDETTEMENT SONT : LA MULTIPLICATION DE PRÊTS PAR UN SEUL ET MÊME CLIENT AUPRÈS DE PLUSIEURS IMF ET LE REFINANCEMENT DE (MULTIPLES) PETITS PRÊTS PAR UN SEUL PRÊT DE MONTANT PLUS IMPORTANT.

Au Cambodge, seuls 22 % des habitants de plus de 15 ans détiennent un compte dans une institution financière formelle (banque ou IMF). Un niveau relativement bas par rapport à celui de la Thaïlande voisine qui affichait déjà un taux de 78 % en 2014*. Avec ses 15 millions d’habitants, le royaume bénéficie d’un cadre réglementaire avancé, et donc d’un bon niveau de transparence, ainsi que d’une infrastructure de marché de bonne qualité : centrale des risques, association professionnelle de microfinance (CMA)... Cet environnement favorable a permis l’essor de nombreux acteurs et rendu le secteur très concurrentiel. Mais aujourd’hui, des experts sonnent l’alarme sur les risques de saturation dans certaines Rapport d’activité Proparco 2016

provinces, sur la forte hausse de la taille moyenne des microcrédits ainsi que sur la présence d’acteurs informels aux pratiques peu responsables : taux d’intérêt usuriers, mauvaise analyse de la capacité de remboursement des clients, etc.

Le royaume bénéficie d’un cadre réglementaire professionnel, mais aujourd'hui des experts sonnent l'alarme sur les risques de saturation. La réglementation se durcit Le 13 mars 2017, la Banque centrale du Cambodge a publié une nouvelle réglementation plafonnant les taux d’intérêt pratiqués par toutes les IMF à partir du 1er avril 2017. Cette nouvelle réglementation représente un défi supplémentaire pour les IMF cambodgiennes régulées, en particulier pour celles qui opèrent en zone rurale et qui offrent des crédits de très faibles montants dont les coûts opérationnels sont élevés. Expert en microfinance et consultant au Cambodge, Daniel Rozas propose un outil de prévision de la saturation de la microfinance auquel il a donné le joli nom de MIMOSA. * Selon l’étude Findex de la Banque mondiale

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Microfinance

Créée en 2000 sous forme de société anonyme, Amret est la première institution de microfinance au Cambodge. En participant aux actions de soutien à la croissance économique du pays, Proparco appuie la création et le développement de microactivité.

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MIMOSA ET LES BONNES PRATIQUES Depuis les années 1990, le nombre d’IMF a cru de manière exponentielle dans le monde, sans que cela ne se traduise forcément par un renforcement des régulations en termes de responsabilité, de solidité ou de transparence de leurs activités. Face aux risques de surchauffe déjà observés dans certains pays, comme en 2008 au Maroc, en Bosnie et au Nicaragua ou en 2010 en Inde, des experts se mobilisent pour alerter les acteurs du secteur. MIMOSA (Microfinance Index of Market Outreach and Saturation) propose des études pays basées sur des indicateurs de mesure portant sur le niveau de saturation, de régulation, de concurrence, mais aussi de maturité des IMF, de transparence et de risque. Des études ont déjà été menées au Cambodge, Kirghizistan, Bolivie, Maroc, Pérou, Azerbaïdjan et Sénégal.

Rapport d’activité Proparco 2016


ENTRETIEN AVEC

Daniel ROZAS Cofondateur de MIMOSA, Daniel Rozas intervient comme consultant auprès de diverses institutions, parmi lesquelles la plateforme européenne de la microfinance (European Microfinance Platform, E-MFP),

Dessin : Luca Laurenti

comme expert en microfinance ou auprès de la Cambodian Microfinance Association (CMA) au travers d’une mission de prévention sur le surendettement et la définition de principes communs aux IMF. Diplômé d’un MBA de l’Université de Maryland, il a auparavant travaillé, entre 2001 et 2008, pour la compagnie américaine de crédits hypothécaires Fannie Mae.

Le Cambodge est face à un tournant Présente dans le secteur de la microfinance au Cambodge depuis dix ans, Proparco contribue au projet de définition de lignes directrices (Lenders Guidelines) adoptées par les IMF visant à renforcer la coopération entre les acteurs et à réduire le risque de surendettement. Ce projet lancé en 2016, financé conjointement par Incofin Investment Management, un fonds d'investissement belge spécialisé dans la microfinance, et les institutions de financement du développement belge (BIO) et néerlandaise (FMO) est la première tentative, dans le secteur, d’élaboration de directives communes centrées sur le problème du surendettement, par la définition de modalités de prêts spécifiques et de protection des clients. L’initiative est destinée à soutenir l’Association cambodgienne de Microfinance (CMA) dans la définition et la mise en œuvre de ces directives.

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Microfinance

En microfinance, le Cambodge fait figure d’exception. Pourquoi ? Le Cambodge est un cas particulièrement intéressant. Si l’on remonte aux années 2000, il n’y avait à l’époque aucun secteur financier. La microfinance a été le principal vecteur de développement du secteur financier local, et non les banques. Toutes les IMF étaient à l’origine des ONG, actives en zone rurale via divers projets de développement, dont des microcrédits. Une particularité du Cambodge provient du fait que les IMF se sont d’abord développées dans les zones rurales et non dans les zones urbaines. La microfinance a permis de construire un pont entre le secteur rural et le secteur financier. De plus, c’est aussi un secteur où les institutions étrangères, les investisseurs sociaux étrangers et les banques de développement comme Proparco, ont joué un rôle essentiel et ce depuis le début des années 1990. Au Cambodge, les ressources financières du secteur étaient originellement presque entièrement issues de l’aide au développement. C’était encore le cas il y a 5 ou 6 ans. Les ONG de microfinance sont progressivement devenues des IMF et pour certaines des banques, financées par des organisations étrangères. C’est un cas unique.

Vous dites que le décret du 13 mars 2017 crée beaucoup d’incertitude. Que voulez-vous dire ? Le décret découle d’une confusion entre les taux d’intérêt pratiqués par les IMF informelles, perçus comme usuriers, et ceux appliqués par les IMF régulées. Il pourrait avoir un impact important sur les institutions. Si les taux d’intérêt sont maintenus à un niveau aussi bas et qu’il n’y a pas de flexibilité possible, il deviendra très difficile pour certaines IMF de continuer leurs activités. Elles devront prêter à un taux d’intérêt qui ne couvre pas leurs coûts opérationnels. Si on diminue trop fortement et 37

soudainement les taux d’intérêt, certains produits ne pourront plus être proposés. Les clients des zones rurales risquent d’être les premiers affectés du fait des coûts élevés liés à l’accès aux zones les plus reculées.

Vous participez en parallèle aussi à la définition des lignes directrices de bonnes pratiques auprès de la CMA. À quels besoins répond ce projet ? Quels sont vos objectifs ? La CMA a souhaité définir des principes pour prévenir le surendettement et garantir l’essor du marché dans un cadre durable. Elle a demandé à divers bailleurs de l’y aider, dont Proparco. Ce sont des principes restrictifs et autorégulants définissant le cadre d’activité des IMF et leurs obligations d’informations auprès de la centrale des risques locale (CBC). Cette dernière est notamment chargée de produire un rapport de suivi consultable par les bailleurs. Ce qui est assez exceptionnel, c’est que ces principes sont entièrement définis par les acteurs du marché eux-mêmes. La CMA espère que la Banque centrale adoptera ces lignes directrices dans le cadre d’une loi applicable à l’ensemble des acteurs du secteur financier. En pratique, ces principes obligeront les IMF à collecter plus d’informations sur leurs clients, à transmettre plus de données à la CBC, à limiter le nombre de prêts à une même personne et à mieux protéger les clients.

Quelles sont les bonnes pratiques dans le secteur ? Au Cambodge, les IMF sont désireuses de collaborer les unes avec les autres. Elles ont voulu, depuis de nombreuses années, créer un secteur responsable régulé par des principes communs. Elles ont pris l’habitude de répondre à la demande des bailleurs de fonds de se soumettre à des notations sociales, ce qui n’est pas le cas dans d’autres marchés. Cela crée un cadre normatif, pas seulement dans le domaine Rapport d’activité Proparco 2016

Il nous faut définir des réglementations, mais pas n’importe lesquelles et pas à n’importe quel prix.

financier mais aussi social. En particulier, certaines IMF se distinguent par leur volonté d’être socialement responsables vis-à-vis de leurs clients. Elles collaborent par exemple avec le groupe de travail sur la performance sociale (Social Performance Task Force, SPTF) et la campagne Smart Campaign, une initiative mondiale visant à protéger l’intégrité et le patrimoine des individus et des familles engagés dans des projets de microfinance. Elles font notamment en sorte de comprendre leurs clients et d’identifier précisément leurs besoins en fonction des contextes spécifiques. Cela crée aussi un cadre plus éthique. C’est également un domaine dans lequel le Cambodge est en avance sur d’autres pays.


LE POUVOIR ÉCONOMIQUE DES FEMMES STIMULÉ PAR LA MICROFINANCE

Reportage : © Oriane Zerah

REPORTAGE


Microfinance

EN COMPAGNIE DE CHANDNI, UNE JEUNE FEMME DEVENUE MICRO-ENTREPRENEURE GRÂCE À UN MICROCRÉDIT.

C

handni a 22 ans, elle est mariée depuis quatre ans. Elle vit avec son mari et leurs deux filles dans le village de Saidapur, situé à 40 minutes de la ville de Lucknow, la capitale de l’État de l’Uttar Pradesh située entre Delhi et Calcutta. Il y a deux ans et demi, peu après la naissance de leur premier enfant, la petite famille a dû faire face à des problèmes financiers. Le mari de Chandni qui travaillait dans les champs n’avait pas d’emploi régulier. Les revenus de ce dernier n’étaient pas suffisants pour subvenir à leurs besoins, qui devaient couvrir les frais de santé, de nourriture, de logement, et d’éducation. La même année, la visite d’un employé de Sonata, dont le rôle est de faire du porte–à-porte dans les villages afin de faire connaître le microcrédit, va changer la vie de la jeune femme de manière déterminante. À 19 ans, Chandni décide de contracter un prêt de 40 000 roupies (environ 585 euros) auprès de Sonata dans le but de monter sa propre affaire. Elle a en tête d’ouvrir une épicerie. Elle en parle à son mari et à sa famille. Tous l’encouragent à le faire.

Les groupes solidaires

Grâce à ce crédit ma vie a changé, elle est devenue meilleure. Je suis à présent plus forte. Chandni, 22 ans

Chandni rejoint alors un groupe de caution solidaire constitué d’autres femmes du village souhaitant bénéficier d’un crédit octroyé par Sonata. 39

96 % des femmes qui contractent un prêt chez Sonata le font par l’intermédiaire de groupes solidaires. Ils sont généralement composés de dix à vingt membres qui se connaissent et habitent dans la même zone géographique. Cette approche de crédit est basée sur la confiance et la solidarité des membres de chaque groupe. Les prêts sont en effet octroyés individuellement, mais chaque membre du groupe se porte garant des autres. Ce mécanisme utilise les liens sociaux existant entre les bénéficiaires afin de créer une forme de garantie sociale incitant les membres à rembourser leur emprunt. Ces groupes solidaires se sont inspirés des tontines qui sont très populaires en Afrique subsaharienne. Les tontines « sont des associations regroupant des membres d’un clan, d’une famille, des voisins ou des particuliers, qui décident de mettre en commun des biens ou des services au bénéfice de tout un chacun, et cela à tour de rôle », comme le définit l'économiste F. Boman. Chaque mois, tous les membres d’une tontine se réunissent, et placent une somme décidée à l’avance dans un pot commun. Chacun leur tour, ils empochent la totalité de l’argent collecté, et l’investissent dans un projet personnel. Le groupe auquel se joint Chandni comprend une dizaine de femmes. Elles se réunissent une fois par semaine afin de faire le point sur les projets des

Rapport d’activité Proparco 2016


Réunion hebdomadaire du groupe solidaire dont fait partie Chandni.

FAITS MARQUANTS Chandni a ouvert sa propre épicerie pour faire face aux difficultés financières de sa famille. Ce projet a été rendu possible grâce à un crédit de 40 000 roupies indiennes (environ 585 euros) contracté auprès de Sonata Finance Private Limited (Sonata), une institution de microfinance spécialisée dans les prêts de faibles montants, soutenue par Proparco. L’accès au microcrédit peut contribuer à l’émancipation et à l’autonomisation des femmes, et leur donne une responsabilité sociale en les insérant sur le marché du travail.

unes et des autres, et de collecter les remboursements.

L’accomplissement Dans les zones rurales et semi urbaines de l’Uttar Pradesh (UP), de nombreuses familles ont bénéficié d’un micro-crédit. L’UP est l’un des états les plus pauvres de l’Inde. Il compte 200 millions d’habitants (il est aussi peuplé que le Brésil). Sa croissance économique est de 6 % par an alors que celle de l’Inde est de 8 %.

Après avoir signé un contrat avec Sonata pour un prêt de 40 000 roupies d’une durée de deux ans, Chandni ouvre son épicerie. Le petit commerce prospère assez vite et lui permet de rembourser les échéances du crédit. La famille trouve enfin une stabilité financière. Chandni qui se départit rarement de son sourire est fière de ce qu’elle a accompli. Elle est confiante dans l’avenir. Rapport d’activité Proparco 2016

« Grâce à ce crédit ma vie a changé. Notre vie est devenue meilleure. Je suis devenue plus forte aussi. Une fois le prêt remboursé je souhaite en contracter un autre plus important pour agrandir le magasin, et l’enrichir de nouveaux produits. »

Engagement de Proparco Proparco est entré au capital de Sonata en novembre 2016 en investissant un montant d’environ 6,5 millions de dollars. Ce projet s’inscrit dans la stratégie de Proparco d’encourager 40


Microfinance

Chandni, fière et heureuse, aux commandes de son épicerie dont l’ouverture a été rendue possible grâce au prêt de microcrédit contracté auprès de Sonata.

le développement de la microfinance responsable dans les pays émergents et d’accompagner des institutions de microfinance engagées en faveur de la performance sociale. Au travers de ce projet, Proparco accompagne Sonata dans la mission qu’elle s’est donnée, à savoir : fournir aux femmes pauvres des services de microfinance de manière transparente, rapide et efficace. Afin de s'assurer qu'elle intervient auprès de la population cible, Sonata utilise des outils d'évaluation de la pauvreté qui mesurent les conditions de vie du foyer et leur patrimoine. Sonata intègre également à ses activités les principes de protection de la clientèle (qui ont été développés par l’initiative Smart Campaign). En particulier, Sonata démontre une bonne capacité à gérer la prévention du surendettement en s’écartant des zones à fort taux de pénétration. D’autre part, en dépit d’un cadre réglementaire assez contraignant, Sonata cherche à diversifier sa gamme de produits financiers (home improvement loans, mobile banking) afin de mieux répondre aux besoins de sa clientèle et de confirmer sa place sur un marché concurrentiel. En Inde, comme dans d’autres pays, le secteur de la microfinance, souvent très concurrentiel, est à la recherche d’un juste équilibre entre performance financière et performance sociale qui lui permettra d’assurer un développement responsable et durable. 41

Rapport d’activité Proparco 2016


À son apogée, la construction de la centrale Senergy nécessitera l'emploi de 200 à 250 employés. La préférence est donnée au recrutement dans les villages voisins. Autour du site, un plan de reboisement permettra de prévenir l’érosion et de protéger les panneaux photovoltaïques contre l’ensablement.


REPORTAGE

LE SÉNÉGAL VEUT S’ÉMANCIPER du tout-pétrole

FRAPPÉ DUREMENT PAR LA CRISE PÉTROLIÈRE EN 2008 ET CONTRAINT DANS Reportage : © Clément Tardif

SON DÉVELOPPEMENT PAR LES INSUFFISANCES DE SON SYSTÈME ÉNERGÉTIQUE, LE SÉNÉGAL SE LANCE DANS L’EXPLOITATION DE SON IMMENSE POTENTIEL D’ÉNERGIES RENOUVELABLES, À COMMENCER PAR LE SOLAIRE. DEPUIS DEUX ANS, LES PROJETS SE MULTIPLIENT, À L’INSTAR DE LA CENTRALE SENERGY, LA PREMIÈRE DU PAYS ET LA PLUS GRANDE EN AFRIQUE DE L’OUEST, FINANCÉE À 80 % PAR PROPARCO. L’OBJECTIF : PARTICIPER À LA SÉCURITÉ ÉNERGÉTIQUE DU SÉNÉGAL ET À SA TRANSITION VERS UN DÉVELOPPEMENT BAS CARBONE.


C

omme plusieurs pays africains, le d é ve l o p p e m e n t économique et social du Sénégal pâtit des sous-performances de son secteur de l’énergie. Avec une puissance installée de 843 MW en 2015 (à titre de comparaison, le Maroc dispose d’une puissance dix fois supérieure), le réseau national peine à répondre aux besoins grandissants des entreprises et des particuliers. Les raisons de cette faiblesse sont multiples, à commencer par un sous-investissement en capacité de production pendant plus d’une décennie et une forte dépendance du pays aux combustibles fossiles (les centrales thermiques assurent 90 % de la production). Le pire a été atteint en 2008-2011 : la crise pétrolière mondiale a plongé le Sénégal dans une crise énergétique profonde, qui s’est traduite par des délestages massifs et une grave crise sociale (« émeutes de l’électricité » en 2011). À cela s’ajoute un coût de l’électricité parmi les plus élevés en Afrique de l’Ouest (près de deux fois plus élevé qu’en Côte d’Ivoire), malgré le gel des tarifs en 2009 et les subventions importantes accordées jusqu’en 2014 par l’État à la compagnie nationale, la Senelec. Selon le FMI, le coût de ce soutien public au secteur représenterait plus de 2 % du Produit intérieur brut.

Pas de décollage sans une énergie fiable, abordable et durable C’est dans ce contexte que les autorités ont adopté, en 2012, une feuille de route ambitieuse pour le développement économique et social du pays. Ce plan, dit « Plan Sénégal Émergent » (PSE), accorde une place centrale à la sécurité énergétique. Les pouvoirs publics veulent augmenter les capacités nationales de production (10 à 15 % par an), tout en réduisant leur dépendance aux importations de combustibles fossiles polluants qui pèsent sur les finances

Dakar représente 0,3 % du territoire national, mais abrite un quart de la population sénégalaise. La presqu'île capitale concentre aussi l’essentiel de l’activité économique du pays. Ce boom exerce une pression grandissante sur les réseaux électriques.

publiques et celles des ménages. La part des produits pétroliers pourraient ainsi passer de 90 % à 45 % d’ici à la fin 2017 et être, en partie, compensée par le recours aux énergies renouvelables, notamment solaires, qui représenteraient alors 20 % de la puissance installée. Pour le ministre de l’Énergie et du Développement des énergies renouvelables, Thierno Alassane Sall, l’objectif est clair : « S’affranchir définitivement de la tyrannie d’un seul combustible comme ce fut le cas pendant de longues décennies avec le pétrole. » En phase avec l’initiative mondiale Sustainable Energy For All (SE4ALL, accès universel à l’énergie) lancée par les Nations unies en 2012, le président Macky Sall s’est également engagé à accélérer l’électrification des régions rurales. Pour cause, 90 % des urbains sont raccordés au réseau, mais, dans les campagnes, à peine plus d’un habitant sur quatre a accès à l’électricité – avec de grandes disparités entre Rapport d’activité Proparco 2016

S’affranchir définitivement de la tyrannie d’un seul combustible comme ce fut le cas pendant de longues décennies avec le pétrole. Thierno Alassane Sall,

Ministre de l’Énergie et du Développement des énergies renouvelables 44


Énergie

LE GROUPE AFD ET L’ÉNERGIE AU SÉNÉGAL Au cours des dix dernières années, l’Agence Française de Développement, maison mère de Proparco, a engagé près de 200 M€ en faveur du secteur de l’énergie au Sénégal. Ses interventions ont principalement visé le redressement financier et opérationnel de la Senelec. En 2008, 30 M€ ont ainsi été apportés pour recapitaliser la compagnie nationale, alors en situation de faillite. Trois ans plus tard, suite aux « émeutes de l’électricité », l’AFD a été le premier bailleur à mettre à disposition des autorités un prêt (60 M€) pour la réhabilitation du parc de production de la Senelec, qui a permis de récupérer une puissance additionnelle de 110 MW et de sécuriser 210 MW au total (près du quart de la puissance installée). En parallèle, une subvention de 1 M€ a été débloquée à destination du secteur de l’énergie, notamment pour les études et le renforcement de capacité auprès du Meder et de la Senelec via le travail de trois assistants techniques. L’Agence soutient également le financement des investissements des PME ouest africaines pour réduire leur facture énergétique (projets d’efficacité énergétique et énergies renouvelables) - principalement au Bénin, au Burkina Faso, en Côte d’Ivoire, au Sénégal et au Togo - à travers des lignes de crédit vertes d’un montant total de 30 M€ (www.sunref.org) mises à disposition des banques commerciales partenaires (Orabank et SGBS au Sénégal) et couplées à un programme d’assistance technique aux acteurs. Enfin, l’AFD intervient aussi en faveur de l’électrification rurale. En 2008, elle a accordé une subvention de 8M€ pour l’électrification de 18 000 foyers par kits solaires et l’extension du réseau.

les départements, certains restant en deçà des 5 %.

La plus grande centrale solaire en Afrique de l’Ouest Pour réaliser cette nouvelle donne énergétique, les autorités font massivement appel aux producteurs privés indépendants : de nombreux contrats d’achat sont signés ou en négociation. Le projet Senergy, porté par le fonds d’investissement français Meridiam, le fonds souverain sénégalais (Fonsis ) et le constructeur Solairedirect (Engie), avec l’appui financier de Proparco (groupe Agence Française de Développement, AFD) représente, à date, le plus important projet de centrale photovoltaïque en Afrique de l’Ouest. Il a été lancé en 2011 par un entrepreneur américano-sénégalais, appuyé dès 2013 par le Fonsis, en raison de la dimension très capitalistique des projets solaires. Lequel est, à son tour, parvenu à associer le fonds Meridiam 45

(voir encadré) pour finaliser la structuration financière et technique du projet. Dans un pays sans antécédent en matière d’infrastructure solaire à taille industrielle, « de nombreuses questions réglementaires et techniques, parfois complexes et coûteuses, ont dû être résolues, explique Mathieu Peller, directeur du bureau Afrique de l’Ouest de Meridiam. La sécurisation du foncier sur un terrain où se superposent plusieurs systèmes de propriété et les mesures compensatoires en faveur des populations locales, la définition du contrat, le raccordement au réseau électrique, etc. » Implanté sur un ancien site agricole de 64 hectares, à proximité de Mekhé (130 km au nord de Dakar), la centrale Senergy comptera plus de 92 000 modules solaires d’une capacité totale de 29,5 MW. Elle permettra de fournir une électricité équivalente à la consommation annuelle d’une ville de plus de 200 000 habitants, à un coût Rapport d’activité Proparco 2016

plus compétitif que celui des centrales thermiques du pays, qui sera revendue à la Senelec grâce à un contrat de rachat établi sur 25 ans. Cette infrastructure bas carbone permettra également d’éviter l’émission de 34 000 tonnes d’équivalent CO2 par an. « Sur ce projet, Meridiam s’engage sur du long terme, ce qui a été un élément fort vis-à-vis de nos partenaires, explique Mathieu Peller. L’engagement de Proparco, depuis 2013, a également été essentiel pour convaincre la Senelec et les autorités de s’investir. Sa notoriété et ses exigences ont permis de crédibiliser notre consortium. Sans oublier qu’elle a apporté 80 % du financement (34,5 millions d’euros en prêt) à des termes compétitifs », ajoute Mathieu Peller.

Associer les populations en amont Meridiam est une société d’investissement dédiée au développement


Pour une économie mondiale aujourd’hui essoufflée, l’Afrique offre plutôt des opportunités de relance et de croissance partagée. Macky Sall,

d’infrastructures essentielles. « Notre objectif est d’avoir un impact positif sur le territoire où nous intervenons, de répondre aux besoins de développement des autorités et des populations locales, et ce, sur le long terme », explique Mathieu Peller. Cette question des retombées du projet a été au cœur des négociations menées depuis son lancement. « Le point central a concerné le processus d’acquisition des terres, détenues par 66 petits agriculteurs », explique Abdourahim Ba, directeur du cabinet Engineering & Environment Services, en charge des questions environnementales et sociales (E&S) du projet. « Les négociations ont débuté en 2013 avec les chefs des villages avoisinants qui ont convoqué toutes les parties concernées. Il s’agissait d’identifier le site idéal, les personnes impactées, d’organiser des réunions publiques d’information, de discuter avec chacun… jusqu’à obtenir l’accord de tous. »

Président de la République du Sénégal

Une entreprise à la loupe

MERIDIAM, DÉVELOPPEUR ET INVESTISSEUR SUR LE LONG TERME Créée en 2005, Meridiam SAS est une société française d’investissement, spécialisée dans le développement, le financement et la gestion de projets d’infrastructures publiques sur le long terme (25 ans). Elle intervient en amont des projets avec des partenaires techniques et financiers clés pour les accompagner jusqu’à l’étape de mise en exploitation. Meridiam reste la plupart du temps actionnaire majoritaire ou de référence du projet. Elle gère aujourd’hui 5 milliards d’euros d’actifs investis dans 49 projets à travers le monde, principalement en Europe et en Amérique du Nord. En 2015, elle a levé un fonds africain, MIAF, doté de 300 M€, lequel vise à réaliser une douzaine d’investissements (10 à 40 M€ chacun) dans des projets d’infrastructures sociales, de transports ou d’énergie propre. Senergy est son premier projet sur le continent, mais la société est déjà engagée à Madagascar, et répond à des appels d’offre dans toute l’Afrique subsaharienne. L’objectif : « Nous positionner sur le continent comme des partenaires et des fournisseurs de solutions éprouvées et compétitives, pour accompagner sur le long terme un développement durable sur tous les plans : économique, social et environnemental », explique Mathieu Peller, directeur du bureau Afrique de l'Ouest.

Rapport d’activité Proparco 2016

Au-delà des indemnisations accordées aux propriétaires, conformément à la législation sénégalaise et aux exigences d’un bailleur comme Proparco,  le projet Senergy prévoit plusieurs actions au bénéfice des communautés. Par exemple, de recruter la main-d’œuvre non qualifiée dans les villages voisins ou encore de privilégier le recours aux entrepreneurs locaux pour la construction (terrassement, etc.) et les activités E&S. Par ailleurs, « un plan de restauration des moyens de subsistance a été défini. Il prévoit notamment la mise à disposition d’un forage et l’acquisition de 12 à 25 hectares de terre pour permettre aux paysans de développer une activité agricole permanente, poursuit Abdourahim Ba. Au Sénégal, l’agriculture est essentiellement saisonnière, pendant la saison des pluies. Ce forage permettra de la pérenniser et de la diversifier ». En partenariat avec une banque locale, une mutuelle de microcrédit va également être mise à disposition des femmes et des jeunes pour leur permettre de développer leurs activités commerciales. Une maternité équipée sera aussi prochainement construite à Santhiou-Mékhé. Un comité de suivi, qui se réunit mensuellement, a été mis en place pour suivre ces engagements pris par le promoteur.

Monter le solaire en puissance, mais aussi les compétences La centrale Senergy est en service depuis juillet 2017, mais déjà, Meridiam et Proparco travaillent sur le développement d’une deuxième centrale solaire, en tous points similaire, à quelques kilomètres de la première. Ce nouveau projet n’est pas le seul. L’ambition des autorités sénégalaises en matière d’énergies renouvelables mobilise les bailleurs, bi et multilatéraux, et suscite l’intérêt des producteurs privés indépendants (PPI). « Actuellement six projets de centrales solaires sont en phase de développement ou de construction au Sénégal », 46


Énergie

Une fourniture d’électricité plus fiable devrait également avoir des effets positifs sur la productivité de la population et, à terme, créer des emplois et stimuler la croissance économique.

rapporte Papa Mademba Biteye, conseiller technique au ministère de l’Énergie et du Développement des énergies renouvelables (Meder). « D’ici à la fin 2017, ils apporteront une puissance additionnelle de 105 MW, complétée par 150 MW en 2018 grâce à la première ferme éolienne du Sénégal. » À ces 255 MW pourraient s’ajouter 100 MW, d’ici deux ans, dans le cadre de l’initiative « Scaling Solar » lancée par une filiale de la Banque mondiale pour soutenir les initiatives privées. Malgré tout, les financements manquent encore pour réaliser les aspirations « vertes » du Sénégal. « Les ressources financières se trouvent dans le privé, rappelle Mamadou Mbaye, directeur exécutif Énergie et Mines au Fonsis. Notre mission est d’utiliser les moyens alloués par l’État pour attirer les financements privés sur des projets “greenfield”, en déconstruisant l’appréhension des investisseurs sur la réalité des 47

risques financiers au Sénégal. Les assureurs, par exemple, réalisent 30 à 40 % des investissements en “equity” en Amérique du Nord, contre moins de 5 % en Afrique. Il est urgent de “sécuriser” les financements dédiées aux infrastructures bas carbone, pourquoi pas au moyen de garanties partielles apportées par des bailleurs ou par l’intermédiaire du Fonds vert mondial pour rehausser la notation du Sénégal ? » Dans ce même esprit, le président sénégalais a invité les partenaires publics et privés « à ne pas surestimer le risque de l’investissement sur le continent ». Et d'ajouter : « L’Afrique a fait des progrès significatifs en matière de bonne gouvernance et d’amélioration du climat des affaires. Le risque n’y est pas plus élevé qu’ailleurs. Et de toute évidence, pour une économie mondiale aujourd’hui essoufflée, l’Afrique ne présente pas des risques mais offre Rapport d’activité Proparco 2016

plutôt des opportunités de relance et de croissance partagée ». Au-delà de cette question des financements, l’avenir des énergies renouvelables au Sénégal implique aussi de soutenir le développement de politiques et de réglementations adaptées pour assurer la viabilité financière des projets (notamment en matière de rédaction des contrats d’achat, d’établissement de tarifs garantis pour les PPI et de vente, plafonnés et harmonisés pour les populations), mais aussi de renforcer localement les capacités des opérateurs et des services publics aux spécificités de la filière solaire. L’intégration de ces énergies intermittentes dans le réseau national constitue un sujet technique que personne au Sénégal ne néglige. En ce sens, un projet comme celui de Senergy contribue au transfert de savoirfaire entre les équipes de Meridiam et Solairedirect, filiale d'Engie, spécialisée dans l'énergie solaire et celles de la Senelec et du ministère.


Proparco investit 20 millions de dollars pour soutenir un nouveau parc éolien dans la province de Sindh, dans le cadre des efforts visant à contribuer à la production d’énergie renouvelable et à stimuler le développement économique au Pakistan.

REPORTAGE

Reprotage : © Oriane Zerah

PAKISTAN : UN VENT D’ESPOIR


Énergies renouvelables

PROPARCO INVESTIT 20 MILLIONS DE DOLLARS DANS UNE CENTRALE ÉOLIENNE AU PAKISTAN ET CONFIRME SON SOUTIEN AU DÉVELOPPEMENT DES ÉNERGIES RENOUVELABLES.

O

n estime aujourd’hui que le Pakistan fait face à une pénurie annuelle moyenne d’énergie d’environ 5 200 MW. Pour tenter de faire face à cette crise, le groupe Gul Ahmed Energy a développé un projet d’énergie éolienne, en partenariat avec Proparco. Une première centrale comprenant 20 éoliennes produisant chacune 2,5 MW pour un total de 50 MW a vu le jour en octobre 2016 dans le corridor de Jhimpir, au sud du pays, dans le Sindh, deuxième province la plus peuplée du pays. Selon Ubaid Amanullah, le directeur exécutif de Gul Ahmed Energy, la mise en service d'une centrale éolienne entraîne à la fois un bénéfice environnemental, car elle permet de réduire les émissions de gaz à effet de serre et l’empreinte carbone et un bénéfice économique, en donnant au pays une chance de réduire sa dépendance à l’importation coûteuse d’énergie fossile. D’après lui, il est encore trop tôt pour connaître le véritable impact de ces nouvelles formes d’énergies sur la population. Mais les débuts, quoique timides, sont prometteurs. « La première centrale éolienne a vu le jour en 2013, et la plupart des autres centrales ne se sont développées qu’en 2015-2016. Aujourd’hui, l’énergie éolienne n’est pas un substitut, c’est une source d’énergie secondaire. La 49

L’éolien est une solution énergétique bon marché et pertinente privilégiée par le gouvernement pakistanais pour diversifier son mix énergétique, fortement dépendant des énergies fossiles et polluantes.

Avec ce projet, nous faisons un premier pas dans la bonne direction. Et nous devons continuer. Ubaid Amanullah, Directeur exécutif de Gul Ahmed Energy Rapport d’activité Proparco 2016


Un jeune berger conduit son troupeau au pied d’une série d’éoliennes faisant partie de la Wind Farm de Gul Ahmed Energy, corridor de Jhimpir, État du Sindh, Pakistan.

centrale génère 50 MW, en additionnant ce nombre de MW avec celui produit par les autres centrales, on arrive à 600 MW. Ce qui n’est encore que 10 % de la quantité d’énergie dont aurait besoin le Pakistan. Mais ce projet est important car il marque le début de la production d’une nouvelle forme d’énergie, et c’est essentiel pour le Pakistan. Le pays est en train de réaliser combien il est important d’en venir aux énergies renouvelables. Avec ce projet, nous faisons un premier pas dans la bonne direction. Et nous devons continuer. »

2,5 %

20 millions d’USD et des consignes

DE LA CAPACITÉ TOTALE D’ÉLECTRICITÉ PRODUITE AU PAKISTAN PROVIENT DE L’ÉNERGIE DES ÉOLIENNES

+ de 500

CRÉATIONS D’EMPLOIS

AU COURS DE LA PHASE DE CONSTRUCTION ET 50 EMPLOIS SUR LE LONG TERME

RÉDUCTION DE L’EMPREINTE CARBONE DU PAYS :

environ

60 000

TONNES D’ÉQUIVALENT CO2 PAR AN.

OBJECTIF : 10 % DE L’ÉLECTRICITÉ DU PAYS Dans un pays en pleine crise énergétique, l’éolien fait renaître l’espoir d’un quotidien normalisé. À ce jour, treize parcs sont opérationnels au Pakistan, et neuf autres sont en phase de construction. Au cours des prochaines années, de nombreux parcs devraient par ailleurs voir le jour, en particulier sur les sites de Jhimpir et de Gharo, tous deux situés dans l’État du Sindh, au sud du pays. Des projets qui font partie de l’initiative « Croissance verte et solidaire » de Proparco et du groupe AFD, lancé en 2015, qui favorise les activités responsables et projets permettant de lutter efficacement contre le changement climatique. Rapport d’activité Proparco 2016

Pour soutenir ce projet, Proparco a investi 20 millions de dollars dans le cadre de l’initiative du groupe AFD « Croissance verte et solidaire » qui inscrit le projet dans son engagement en faveur du développement des énergies renouvelables et dans sa lutte contre le changement climatique. Sur ce point, Ubaid Amanullah est formel : « Sans la contribution de Proparco, qui est l’un des principaux investisseurs, ce projet de centrales éoliennes n’aurait pas pu exister. Or, notre pays a besoin de projets comme celui-ci. » Mais au-delà du soutien financier – un prêt d’environ 19 millions de dollars pour un projet dont le coût total s’élève à 126 millions de dollars -, Proparco a aussi encouragé le recrutement d’une maind’œuvre locale. La phase de construction de la centrale a créé des emplois dans les secteurs du bâtiment et de la sécurité. Depuis que la centrale est opérationnelle, les postes de gardiens, et de manutentionnaires ont tous été pourvus par les habitants de Jhimpir. 50


Énergies renouvelables

Zehra Zaheer : « Plus je serai qualifiée, plus je serai respectée, et plus j’aurai de responsabilités. »

Portrait

ZEHRA ZAHEER, INGÉNIEURE ET PIONNIÈRE Zehra Zaheer a toujours été passionnée par l’ingénierie en électronique. Originaire de Karachi, elle a suivi des études à l’université d’ingénierie et de technologie NED de la capitale. Embauchée il y a un an environ au sein du groupe Gul Ahmed Wind Power Limited (GAWPL), elle fait partie de l’équipe d’ingénieurs qui travaille sur le projet de centrale éolienne située dans le corridor de Jhimpir, à 100 km à l’est de Karachi, dans la province pakistanaise du Sindh. « La plupart de mes camarades de classe féminines étudient mais, une fois l’université terminée, elles se marient, ont des enfants, et elles en restent là. Elles sont hautement qualifiées mais ne participent pas à la vie active car la famille s’y oppose. Dans mon milieu d’origine, jamais on ne demandera à la femme de subvenir aux besoins du foyer. C’est le rôle de l’homme. Alors, quand une femme décide de travailler, on lui demande toujours pourquoi. Moi, j’ai étudié l’ingénierie pendant quatre ans ; j’ai besoin de mettre en pratique ce que j’ai appris, d’expérimenter, de tester mes compétences… »

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Un choix pas anodin À 23 ans, Zehra Zaheer est la première ingénieure en électronique engagée par GAWPL. Courtisée à la sortie de l’université par de nombreuses compagnies, son choix s’est porté sans hésitation sur le groupe. « Ils ont sélectionné les dix meilleurs élèves de ma promotion, cinq hommes, cinq femmes, puis ils nous ont fait passer un test et un entretien. J’ai été choisie. Prendre une femme n’était pas un choix anodin : c’était important pour la compagnie Gul Ahmed d’avoir une femme dans l’équipe d’ingénieurs. C’est une façon pour elle de lutter contre la disparité des sexes dans ce métier. Au département juridique, les employés sont exclusivement des femmes, au département d’ingénierie, pour l’instant, il n’y a que moi. » Pas acceptable Zehra Zaheer travaille au siège, mais elle est quotidiennement en contact avec l’équipe sur le terrain. Elle se rend parfois sur le site pour des formations ou pour des réunions. Elle est responsable de l’analyse des données qui viennent de la centrale.

Rapport d’activité Proparco 2016

C’est elle également qui est en charge de rédiger les rapports, de résoudre les problèmes techniques, mais aussi de prendre des décisions concernant les projets à venir. « Notre directeur me soutient, il fait en sorte que je me sente à l’aise dans mon travail. Je n’aurais pas pu travailler pour eux s’il m’avait fallu rester sur le site, à Jhimpir, qui se situe à plus de 2 h 30 de route de Karachi (environ 130 km). Ce n’est pas acceptable dans notre société qu’une femme seule cohabite avec un groupe composé exclusivement d’hommes. Mais j’espère que mon cas servira d’exemple, et que d’autres femmes vont se joindre à l’équipe. » La jeune ingénieure a l’intention de reprendre ses études dans quelques années et de se spécialiser afin de devenir « technical manager ». Mais pour l’heure, Zehra Zaheer est fière de travailler sur le projet de centrale éolienne car pour elle, « les énergies renouvelables sont l’avenir du Pakistan. »


REPORTAGE

L’ASSURANCE EN AFRIQUE : un accélérateur économique

LE CARACTÈRE IMMATÉRIEL DE L’ASSURANCE MASQUE SON RÔLE DANS LE DÉVELOPPEMENT ÉCONOMIQUE. ELLE CONTRIBUE POURTANT À STIMULER LA CROISSANCE, À ACCROÎTRE LA RÉSILIENCE DES ÉCONOMIES LOCALES ELLE STIMULE L’ACTIVITÉ FINANCIÈRE. POUR RÉALISER LE POTENTIEL QUE REPRÉSENTE L’ASSURANCE EN AFRIQUE LES ACTEURS DU SECTEUR SONT AU DÉFI DE REPENSER LEURS PRODUITS ET LEURS CANAUX DE DISTRIBUTION EN ADÉQUATION AVEC LES CARACTÉRISTIQUES DES MARCHÉS LOCAUX.

© Rodrig Mbock

ET DES MÉNAGES, À FAVORISER LA REDISTRIBUTION. ET, GRÂCE AUX PRIMES D’ASSURANCES COLLECTÉES RÉINVESTIES,


Assurance

L’

assurance repose sur un principe simple : on donne une somme d'argent aujourd'hui pour couvrir un risque qui arrivera éventuellement demain. Pourtant, elle a toujours existé. Elle est aujourd’hui proposée par des organisations traditionnelles, des sociétés privées ou les pouvoirs publics. En Afrique, les outils classiques d’« auto-assurance », conçus pour transférer et gérer les risques collectivement, prennent souvent la forme d’une épargne communautaire supervisée par un « sage » ou régie par des rapports hiérarchiques et sociaux plus complexes. Partager les risques et les ressources pour aider des personnes en difficulté est courante en Afrique. Outre les tontines, des organismes à but non lucratif ou basés sur l’adhésion, comme les sociétés funéraires en Afrique du Sud ou les « iddirs » pour les petits agriculteurs en Éthiopie, ont développé des dispositifs de partage des risques pour les personnes sans accès à une assurance formelle.

Un bon accélérateur, côté économie Passer de ces systèmes d’assurance communautaires informels à des systèmes individuels formels a des impacts positifs sur le développement économique local : ils contribuent à la croissance et la stabilité des économies, ainsi qu’à la redistribution et la solidarité entre les individus (voir schéma ci-après). Cet effet accélérateur de l’activité peut être analysée de deux façons : premièrement, au travers du rôle principal de l’assurance associé au versement d’indemnités en cas de réalisation d’un risque et deuxièmement, via le rôle en tant qu’investisseur institutionnel lié aux provisions techniques accumulées pour le versement d’indemnités dans le futur. En effet, les primes d’assurances 53

L’assurance représente pour les économies locales et les ménages, un facteur de stabilité et de résilience face à des événements extrêmes.

Rapport d’activité Proparco 2016

collectées étant réinvesties dans l’économie locale sous forme d’obligations d’État, d’obligations d’entreprises et d’actions, elles transforment une épargne court terme en épargne long terme favorable au développement de l’économie locale. Ainsi, plusieurs recherches ont mis en évidence la corrélation entre le taux de pénétration de l’assurance et la croissance du PIB. En analysant la situation de 77 économies avancées ou émergentes entre 1994 et 2005, les travaux de Han et coll. (2010) ont montré qu’une pénétration totale de l’assurance en hausse de 1 % se traduisait par une augmentation de 4,8 % de la croissance économique (1,7 % si l’on ne retient que l’assurance-vie). En effet, un faible développement économique et une économie fragile peu transparente sont généralement associés à un taux de pénétration de l’assurance bas – les mécanismes informels et traditionnels d’auto-assurance étant difficilement quantifiables. En revanche, lorsque le PIB par tête atteint entre 3 000 et 5 000 dollars, le taux de pénétration de l’assurance augmente plus vite que le PIB jusqu’à ce que le marché arrive à maturité. Deux grands facteurs expliquent cette corrélation. Premièrement, une fois assuré, un individu peut prendre des décisions plus risquées que s’il devait les assumer seul, par exemple pour créer une société, construire une infrastructure ou une usine, développer une nouvelle technologie, etc. En effet, lorsque ces risques sont couverts par une assurance, les individus gagnent en sérénité et peuvent, plus facilement, prendre des décisions influant sur leur productivité et investir à long terme : par exemple, en commençant à utiliser des engrais, en scolarisant un enfant ou en prenant les mesures préventives pour se prémunir contre le paludisme. Deuxièmement, l’assurance a un impact sur la baisse des taux d’intérêt et l’allongement des maturités de crédit.


En protégeant des entreprises et des ménages contre la perte de biens, des dommages ou des difficultés à rembourser un emprunt, elle contribue à réduire le risque de crédit.

L’assurance, un facteur de stabilité et de solidarité entre les individus L’assurance représente également, pour les économies locales et les ménages, un facteur de stabilité et de résilience face à des événements extrêmes. Elle leur permet, par exemple, de se couvrir contre des catastrophes naturelles en transférant le risque à des compagnies d’assurance et aux marchés financiers. Enfin, l’assurance donne une tangibilité économique au concept de solidarité entre les individus et les générations, en permettant l’agrégation et la mutualisation des risques. L’assurance rétablit une forme d’égalité entre assurés : après avoir payé une prime, ce qui importe, c’est le risque auquel l’individu fait face et non pas ses revenus, son éducation ou son statut social. Ainsi, au niveau macroéconomique, le secteur de l’assurance contribue à la formation de revenu national par la création de valeur ajoutée. La mesure de la contribution demeure complexe et multifactorielle tant d’un point de vue qualitatif que quantitatif. Mais la demande intérieure croit, largement soutenue par la vitalité démographique de l'Afrique et par la montée en puissance des classes moyennes, estimées à 350 millions de personnes sur le continent. Cet article reprend en grande partie l’article du numéro 25 de la revue Secteur privé & Développement, revue éditée par Proparco. Ce numéro propose d’explorer les opportuni­tés et les contraintes de l’assurance en Afrique, en présentant les analyses de plusieurs parties prenantes du secteur (assureurs, chercheurs, bailleurs, etc.).

ACTIVA, LA CONFIANCE DANS L’IMPACT DE L’ASSURANCE Créé au Cameroun en 1998, Activa est devenu un acteur majeur de l’assurance (vie et non vie) en Afrique subsaharienne, présent aujourd’hui dans sept pays africains. Il y a vingt ans déjà, son fondateur et actuel PDG, Richard Lowe, pressentait le potentiel du marché. En 2014, son groupe a réalisé au Cameroun un chiffre d’affaires de 23 milliards de FCFA (environ 35 millions d’euros), devenant la deuxième compagnie d'assurance du pays. Pour Richard Lowe, le succès d’Activa s’ancre dans une ambition africaine et vise à ce que « les Africains soient capables, dans un secteur aussi concurrentiel, de travailler sur des standards internationaux sans aucun complexe ». Un succès soutenu par Proparco qui s’est engagé à investir 10 millions d’euros en fonds propres dans le groupe Activa, pour l’accompagner dans son développement en Afrique subsaharienne, y compris en RDC. Après s’être longtemps centré sur les entreprises internationales, Activa a compris l’importance de cibler les populations loin du champ des assurances, en particulier en zone rurale. Pour toucher cette population agricole - 70 % de la population au Cameroun vit de la terre (Swiss Re) -, le groupe propose un produit couvrant les risques de mortalité du bétail. Depuis peu, il développe les assurances agricoles,  pratiquement inexistantes sur tout le continent, pour faire face aux risques climatiques. Les plus pauvres constituent une cible particulière à laquelle Activa propose des services de micro-assurance. Pour Richard Lowe, « cela demande de créer des produits compatibles avec le pouvoir d’achat de ces populations à très faibles revenus ». Activa est ainsi devenu l’un des pionniers de la micro-assurance sur le marché camerounais. Activa Makala, une micro-assurance commercialisée par téléphone portable, via le service money d’Orange, a ainsi été lancée en décembre 2015 en partenariat avec l’opérateur de télécoms Orange. Contre 0,91 ou 1,52 euro par mois (600 francs CFA ou 1 000 francs CFA) selon le forfait choisi, l’assuré est couvert contre les accidents de la vie privée et de la vie professionnelle impactant ses sources de revenus. Avec ce service innovant, Activa espère atteindre 30 000 abonnés en 2016 et 2017 avant de doubler ses objectifs à partir de 2018.

Rapport d’activité Proparco 2016

54


Assurance

La micro-assurance en Afrique

Un potentiel considérable 647 M$

5,4 %

DE PRIME

DE LA POPULATION

DE MICRO-ASSURANCE

AFRICAINE

61,9

millions DE PERSONNES

EST COUVERTE

ASSURÉES

TUNISIE 2,2%

MAROC 1,3%

SÉNÉGAL 1,1 % GUINÉE 0,3 % SIERRA LEONE < 0,1 %

Vecteur de croissance Prise de risque facilitée. Impact positif sur les taux d’intérêt, l’offre de crédit et les modalités financières.

ÉGYPTE 0,3%

ALGÉRIE 2,2%

MAURITANIE 0,3%

MALI 0,8%

BURKINA FASO 2,8% BÉNIN 2,1 %

CÔTE D’IVOIRE 0,7%

SOUDAN 1,1 %

NIGERIA 1% CAMEROUN 1,8 %

TOGO 3,4%

CONGO 0,1%

RWANDA 1,2% RÉP. DÉM. CONGO 0,4%

ÉTHIOPIE 1,9 %

OUGANDA 6,7% KENYA 6%

BURUNDI 1,2 %

TANZANIE 3,9% GHANA 29,6%

ZAMBIE 22,2%

MALAWI 1,6%

ZIMBABWE 1,1%

NAMIBIE 15,1%

COMORES 8,5%

MADAGASCAR 0,2 %

SWAZILAND 21,4 %

aux de couverture T (en % de la population)

Source : revue n°25 Secteur Privé & Développement

55

Vecteur de stabilité Au niveau économique : protection des sources de revenu et renforcement de la résilience post-catastrophe. Au niveau financier : approche à long terme.

MOZAMBIQUE 0,3 %

BOTSWANA 2,8%

AFRIQUE DU SUD 64%

Pourquoi l'assurance est-elle un vecteur de développement économique ?

Rapport d’activité Proparco 2016

Vecteur de redistribution Mise en commun et mutualisation des risques : l’assurance répartit les risques entre générations et individus.


NOS

RÉSULTATS FINANCIERS

Proparco, filiale du Groupe de l’Agence Française de Développement (AFD) dédiée au secteur privé depuis 40 ans poursuit sa trajectoire résolument engagée dans une stratégie d’actions ambitieuses en faveur du secteur privé.

L’

année 2016 est marquée par l’adoption par les bailleurs internationaux des Objectifs de développement durable (ODD) et du besoin de faire davantage appel au secteur privé pour les atteindre. Ce contexte est très favorable au développement de l’activité de Proparco. Proparco a revu en conséquence sa stratégie pour les années 2017-2020 entérinée par son Conseil d’administration le 16 décembre 2016 a ainsi acté une croissance rapide des volumes de financements (x2 par rapport à 2015) et une volonté de multiplier les impacts des financements octroyés, mesurés sur 5 indicateurs (x3 par rapport à 2015).

S’agissant des objectifs de volume (autorisations, signatures, versements), le constat est le suivant : - Dépassement des objectifs pour les autorisations et versements qui représentent respectivement 102 % et 106 % des objectifs ; -L es signatures atteignent 96 % de l’objectif ; - Proparco dépasse largement l’objectif de 30 % de projets « climat » pour atteindre 39 % des autorisations annuelles. Proparco poursuivra les objectifs définis dans le plan stratégique 2017-2020, principalement axés, autour de l’Afrique, sur les pays frontières, le « climat » et les secteurs à fort impact.

Rapport d’activité Proparco 2016

56


Résultats

RÉSUMÉ ÉVOLUTION DES RÉSULTATS

En millions d’euros

130,8

140

Produit net bancaire

130

Résultat net

120

110,0

104,7

110 100

97,1

90,7

90 80

75,1

70

60,4

60 50

40,9

39,3

34,5

40 30

32,9

21,6

20 10 0 2011

2012

2013

2014

2015

ÉVOLUTION DU BILAN 2011-2016

En millions d’euros

57

2011

2012

2013

2014

2015

2016

3 062

3 493

3 720

4 660

5 095

5 401

Rapport d’activité Proparco 2016

2016


LES SIGNATURES 2016

Au 31 décembre 2016, hors FISEA Prêt, autre titre et participation

923 m€ en 2016

420 M€ Signatures PMA et pays fragiles

SIGNATURES TOTALES PAR SECTEUR

SIGNATURES TOTALES PAR RÉGION

En % du total 35 %

Infrastructures

Signatures "Climat"

167 M€

En % du total 13 %

2 %

Multipays

Entreprises

36 % 14 %

Afrique subsaharienne

15 %

33 %

Asie

43 % 9 %

Fonds d’investissement

Etablissement financiers

SIGNATURES DE PRÊT PAR SECTEUR 38 %

En % du total 13 %

Entreprises

31 % 13 %

Afrique subsaharienne

17 %

39 %

Asie

49 %

Etablissement financiers

SIGNATURES DE PARTICIPATION PAR SECTEUR

En % du total 20 %

Infrastructures

14 %

Amérique latine et Caraïbes

20 %

SIGNATURES DE PARTICIPATION PAR RÉGION 11 %

Multipays

62 % 20 %

Afrique subsaharienne

Asie

Etablissement financiers

Fonds d’investissement

Méditerranée et Moyen-Orient

En % du total

Entreprises

46 %

Méditerranée et Moyen-Orient

SIGNATURES DE PRÊT PAR RÉGION

En % du total Infrastructures

Amérique latine et Caraïbes

7 %

Méditerranée et Moyen-Orient

Rapport d’activité Proparco 2016

58


Résultats

LE PORTEFEUILLE 2016

Au 31 décembre 2016, hors FISEA Prêt, autre titre et participation

PORTEFEUILLE TOTAL PAR SECTEUR

PORTEFEUILLE TOTAL PAR RÉGION

En % du total

En % du total

2 %

4 %

Fonds d’investissement

2 %

49 %

Etablissement financiers

Multipays

1 %

Europe

Outre-mer

35 %

16 %

Afrique subsaharienne

Asie

17 %

23 %

Entreprises

Amérique latine et Caraïbes

21 %

Méditerranée et Moyen-Orient

30 %

Infrastructures

PORTEFEUILLE DE PRÊT PAR SECTEUR

PORTEFEUILLE DE PRÊT PAR RÉGION

En % du total

En % du total

2 %

17 %

Entreprises

2 %

51 %

Secteur financier

Multipays

Outre-mer

35 %

16 %

Afrique subsaharienne

Asie

25 %

Amérique latine et Caraïbes

20 %

Méditerranée et Moyen-Orient

32 %

Infrastructures

PORTEFEUILLE DE PARTICIPATION PAR SECTEUR

En % du total

PORTEFEUILLE DE PARTICIPATION PAR RÉGION

En % du total

3%

43 %

Fonds d’investissement

8 %

26 %

Etablissement financiers

Multipays

8 %

Amérique latine et Caraïbes

19 %

Entreprises

36 %

Afrique subsaharienne

25 % 20 %

12 %

Infrastructures

59

Europe

Rapport d’activité Proparco 2016

Asie

Méditerranée et Moyen-Orient


BILAN ACTIF AU 31 DÉCEMBRE 2016

En milliers d’euros

Actif Caisse, banques centrales Créances sur les établissements de crédit

À vue À terme Opérations avec la clientèle Obligations et autres titres à revenus fixes Participations et autres titres détenus à long terme Immobilisations incorporelles Immobilisations corporelles Autres actifs Comptes de régularisation TOTAL ACTIF

31/12/2016

31/12/2015

7

1

2 678 829

2 672 539

110 435

147 473

2 568 395

2 525 066

2 018 050

1 806 900

34 877

37 230

649 201

554 894

0

0

1 017

778

2 242

10 854

16 347

11 923

5 400 573

5 095 119

31/12/2016

31/12/2015

4 029 295

3 852 733

0

0

4 029 295

3 852 733

404 119

325 329

BILAN PASSIF AU 31 DÉCEMBRE 2016

En milliers d’euros

Passif Dettes envers les établissements de crédit

À vue À terme Autres passifs Comptes de régularisation

4 956

5 776

66 861

62 074

Capitaux propres

895 341

849 208

Capital souscrit

724 898

724 898

Provisions

Réserve légale Report à nouveau Résultat de l’exercice TOTAL PASSIF

13 554

11 907

96 448

79 472

60 441

32 931

5 400 573

5 095 119

Rapport d’activité Proparco 2016

60


Résultats

COMPTE DE RÉSULTAT AU 31 DÉCEMBRE 2016 2015

En milliers d’euros

Compte de résultat

31/12/2016

31/12/2015

260 929

224 958

sur opérations avec les établissements de crédit

110 938

101 565

sur opérations avec la clientèle

148 542

121 012

1 449

2 381

-168 121

-141 278

-168 121

-141 278

Intérêts et produits assimilés

sur obligations et autres titres à revenus fixes Intérêts et charges assimilées

sur opérations avec les établissements de crédit Revenus des titres à revenu variable

12 308

8 619

Commissions (produits)

26 945

22 006

Commissions (charges)

-942

-605

Autres produits d’exploitation bancaire

0

0

Autres charges d’exploitation bancaire

-289

-3 714

PRODUIT NET BANCAIRE

Autres frais administratifs Dotation aux amortissements et aux provisions surimmobilisations incorporelles et corporelles Résultat brut d’exploitation Coût du risque

109 986 -42 068

-268

-286

85 657

67 632

-25 286

-23 346

Résultat d’exploitation

60 371

44 286

Gains ou pertes sur actifs immobilisés

29 763

4 291

Résultat courant avant impôt

90 134

48 577

Résultat exceptionnel

-2 978

-674

Produits exceptionnels Charges exceptionnelles Impôt sur les bénéfices RÉSULTAT NET

61

130 831 -44 906

Rapport d’activité Proparco 2016

27

56

-3 005

-730

-26 715

-14 971

60 441

32 931


La revue

SECTEUR PRIVÉ & DÉVELOPPEMENT La revue

Le blog

Unique en son genre, la revue Secteur Privé & Développement (SP&D) est une publication trimestrielle dont le but est d’analyser et de comprendre les mécanismes par lesquels le secteur privé peut contribuer au développement des pays du Sud. La revue SP&D confronte les idées d’auteurs aux horizons variés issus du secteur privé, du monde de la recherche, d’institutions de développement ou de la société civile. À chaque numéro, SP&D se focalise sur une thématique unique (le secteur portuaire, l’assurance en Afrique, le transport aérien, etc.) abordée à travers six à huit articles. Progressivement, Secteur Privé & Développement s’est ainsi imposée comme une publication de référence.

Dans la continuité de la revue, un blog a également vu le jour. Plus ouvert, celui-ci se veut être un espace dédié au débat : il accueille des contributions d’acteurs du secteur privé mettant en avant des solutions mises en œuvre pour dépasser les contraintes propres aux pays en développement. Les thématiques abordées sur le blog sont en partie celles des différents numéros de la revue Secteur Privé & Développement.

Numéro sur le social business : Le social business ouvre une nouvelle voie pour relever les défis du développement. À la croisée des logiques économique et d’intérêt public, ce concept suscite l’engouement au Nord comme au Sud.

Numéro sur le transport aérien : Soumis à de nombreux défis et contraintes (trajets onéreux, liaisons et zones desservies limitées, etc.), le développement du transport aérien en Afrique représente de véritables enjeux pour le continent. Rapport d’activité Proparco 2016

Numéro sur les assurances : Représentant seulement 1,5 % du marché mondial, l’Afrique suscite un vrai regain d’intérêt de la part des grands acteurs de l’assurance. Ce numéro explore ainsi les opportunités et contraintes du développement de l’assurance sur le continent africain. 62


PROPARCO 151, rue Saint Honoré 75001 Paris Tel : + 33 1 53 44 31 08 Fax : + 33 1 53 44 38 38 proparco@proparco.fr

AMÉRIQUE LATINE ET CABAÏBES Amérique centrale et Caraïbes MEXICO Torre Omega, piso 5 Campos Eliseos n°345, Col. Chapultepec Polanco 11560 México D.F., México Tél. : + 52 55 5281 1777 afdmexico@afd.fr Paul CENTENO LAPPAS

MÉDITERRANÉE ET MOYEN-ORIENT Afrique du Nord CASABLANCA 15, avenue Mers-Sultan 20130 Casablanca, Maroc Tél. :+ 212 522 29 53 97 Fax : + 212 522 29 53 98 afdcasablanca@afd.fr Yazid SAFiR

Moyen-Orient, Asie centrale et Caucase, Europe de l’Est et du Sud ISTANBUL Büyükdere Cad. Yapi Kredi Plaza C Blok, Levent, Istanbul Tél. : + 902 122 833 111 Jean-Gabriel DAYRE

Afrique australe et océan Indien JOHANNESBURG Ballywoods Office Park Ironwood House, 1st floor 29 Ballyclare Drive, Bryanston P.O.Box 130067, Bryanston 2021 South Africa Tél. : + 27 11 540 71 00 Fax : + 27 11 540 71 17 proparcojohannesbourg@afd.fr Denis SIREYJOL

Nigeria LAGOS C/o Consulate General of France 1, Oyinkan Abayomi Drive Ikoyi, Lagos, Nigeria Tél. : + 234 816 387 8459 afdlagos@afd.fr Olivier FOLLIN

Amérique du Sud SÃO PAULO Edificio Çiragan Office Alameda Ministro Rocha de Azevedo, 38 11° andar, conjunto 1103 01410-000, São Paulo, SP, Brasil Tél. : + 55 11 3149-7907 Fax : + 55 11 3142 – 9884 afdsaopaulo@afd.fr Benjamin GUERINI

ASIE Asie du Nord et du Sud-Est BANGKOK Exchange Tower, Unit 3501-02, 35th Floor 388 Sukhumvit Road, Klongtoey Bangkok 10110, Thailand Tél. : + 66 2 663 60 90 Fax : + 66 2 663 60 77 afdbangkok@afd.fr Melody SANG

Asie du Sud DELHI 19 À Rajdoot Marg, Chanakya Puri New Delhi – 11021, India Tél. : + 91 11 42 79 37 00 Fax : + 91 11 42 79 37 01 afdnewdelhi@afd.fr Philippe SERRES

63

AFRIQUE SUBSAHARIENNE Afrique de l’Ouest ABIDJAN Boulevard François Mitterrand 01 BP 1814 Abjdjan, Côte d’Ivoire Tél. : + 225 22 40 70 40 Fax : + 225 22 44 21 78 proparcoabidjan@proparco.fr Laurent FARGE

Afrique centrale DOUALA 96, rue Flatters Immeuble Flatters 2e étage, Suite 201 BP 2283 Doula, Cameroun Tél. : + 237 233 42 06 24 Fax. : + 237 233 42 06 25 proparcodouala@proparco.fr Thomas HUSSON

Afrique de l’Est NAIROBI Top Plaza, 4th floor Kindaruma Road, Off Ngong Road P.O. Box 45955 00100 Nairobi, Kenya Tél. : + 254 20 271 12 34 Fax : + 254 20 259 29 08 afdnairobi@afd.fr Damien BRAUD

Rapport d’activité Proparco 2016

Coordination et Rédaction Anne-Gaël Chapuis, Christelle Thomas Karim Bourtel, Nicole Chevranski, Victoria Lickert, Christelle Thomas, Oriane Zerah

Conception et réalisation Dessins © Luca Laurenti

Crédits photographiques P. 14-15 : © ThinkstockPhotos, © Proparco, © Flickr, © Yosr Hmam, © Izkander Ezzerelli, © PhalinnOoi, © samjamphoto, © Joseluis Franco, © Joseluis Franco, © Clement Tardif, © Picasa, © Izkander Ezzerelli, © Sujeewa de Silva, © CIAT International Center for Tropical Agriculture), © Dominique Chavez, © Oriane Zerah, © Enko Riviera Ce rapport est imprimé avec des encres végétales et non minérales. La certification PEFC du papier apporte la garantie que les bois utilisés pour la production de fibres papetières ne participent pas à la déforestation et respectent les fonctions environnementales, économiques et sociales de la forêt. Proparco, société financière SA au capital de 693 079 200 euros – 310 792 205 RCS Paris Dépôt légal : juillet 2017


RAPPORT D’ACTIVITÉ 2016


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