FOCUS
Comment réussir à bien conjuguer entreprendre au féminin Caroline Boudergue, Directrice générale, Women in Africa
L’entrepreneuriat des femmes vitalise l’économie du continent. L’accompagner revient à soutenir la croissance et l’emploi. De nombreux obstacles freinent pourtant son essor. Si certains relèvent de facteurs sociaux ou culturels et prendront du temps pour être surmontés, d’autres peuvent l’être avec des solutions relativement simples à mettre en œuvre, mais qui nécessitent de la volonté, du travail et des moyens de financement.
UN ARTICLE DE CAROLINE BOUDERGUE Directrice générale, Women in Africa
Caroline Boudergue est la directrice générale de la plateforme internationale Women in Africa (WIA). Diplômée d’ESCP Europe, elle a commencé son parcours professionnel comme analyste financier chez Stern Stewart à Londres, avant d’intégrer la filière corporate banking du CIC aux États-Unis. Caroline Boudergue a rejoint le Women’s Forum en 2007 et se consacre depuis au potentiel que représentent les femmes dans l’entreprise et l’économie.
L
es femmes sont devenues la colonne vertébrale de l'économie africaine1. Elles jouent notamment un rôle essentiel dans la création d'entreprises. Malgré cet apport économique considérable, l'entrepreneuriat féminin s’apparente le plus souvent en Afrique à un parcours du combattant. L’accès au financement constitue un des freins majeurs à son développement, tandis que les normes culturelles, sociales et légales nécessaires à la création d'une entreprise contribuent à maintenir les femmes dans des situations de vulnérabilité. Soutenir les femmes du continent qui entreprennent, c’est donc s’engager en faveur de l’économie et de l’emploi. Et dans le contexte où la population africaine en âge de travailler devrait atteindre un milliard de
personnes en 20302, c’est une nécessité pour l’Afrique, comme pour l’Europe. Pour y parvenir de façon efficace, et nonobstant les spécificités locales, l’amélioration des conditions d’accès au financement demeure un pan nécessaire – mais pas suffisant – de la solution. Le financement doit ainsi s’accompagner de programmes de formation quasi personnalisés intégrant non seulement les « hard skills », en particulier les outils technologiques, mais aussi les « soft skills » (intelligence relationnelle, capacités de communication, aptitudes interpersonnelles, etc.). Les entrepreneuses africaines qui participent à un programme de mentorat, tout en étant intégrées au sein de réseaux locaux, régionaux ou internationaux, sont sans conteste mieux armées pour réussir.
Les entrepreneuses africaines qui participent à un programme de mentorat, tout en étant intégrées au sein de réseaux locaux, régionaux ou internationaux, sont sans conteste mieux armées pour réussir.
1 Roland Berger, WIA - Women entrepreneurship: a Path to Empowerment? 2018 - 24 % des femmes africaines se sont lancées dans l’aventure entrepreneuriale, dominant ainsi largement le classement mondial. Au-delà de ce chiffre, les estimations montrent que cet entrepreneuriat féminin contribue de l'ordre de 7 à 9 % au PIB du continent africain, soit un total de 150 à 200 milliards de dollars. 2 La population africaine en âge de travailler devrait passer de 705 millions de personnes en 2018 à près d’un milliard d’ici à 2030. Au rythme actuel de la croissance de la main-d’œuvre, l’Afrique doit créer chaque année environ 12 millions de nouveaux emplois pour contenir l’augmentation du chômage Source : « Perspectives économiques 2019 », Banque africaine du développement (BAD).
10