Dossier de presse collin expo archives

Page 1

DOSSIER DE PRESSE « Ma petite Jeannie chérie » Bernard Collin à sa fille Correspondance Bernard et Magali COLLIN 1914-1915

Exposition du 1er au 16 septembre 2017 Archives municipales de Sète Lieu d’exposition : Médiathèque François Mitterrand


D O S S I ER D E P R ES S E

C

ette exposition inédite présentée par le service des archives municipales de Sète retrace les échanges épistolaires de Bernard et Magali Collin pendant la première

guerre mondiale. Ce couple d’exception échangera plus de 600 lettres pendant une année avant que Bernard ne meure au front au cours de la bataille de l’Artois en 1915. A travers leurs échanges, tout est dit : leur amour, leur philosophie de la vie, leur analyse de la guerre, leurs pensées intelligentes et sensibles sur la vie des femmes pendant le conflit mais aussi les réflexions d’un homme cultivé, sensible, intelligent et profondément humain. Bernard Collin, mobilisé à l’âge de 33 ans, travaillait comme biologiste à la Station Zoologique de Cette. Dans ses écrits, malgré la situation dramatique, le jeune homme livrera pêle-mêle analyses politique, sociologique et humaniste d’antimilitariste, et des récits empreints d’humour des situations plus ou moins absurdes qu’il vit. L’exposition présente de nombreux originaux (lettres, photographies, dessins, cartes postales), des journaux de l’époque, documents d’archives et un diaporama. Un travail de collecte remarquable pour raconter une histoire qui l’est tout autant : cet amour profond entre un homme et une femme au début du 20e siècle, un sentiment très fort qui les maintiendra dans un état de force incroyable malgré toutes les souffrances qu’ils endurent et qui les entourent.


« Ma petite Jeannie chérie »

Présentation de Bernard Collin et de sa famille Avant d’être mobilisé en 1914 à l’âge de 33 ans, Joseph Bernard Collin travaillait à la Station Zoologique de Cette. Né et élevé à Selongey (Côte d’Or), il était néanmoins sétois d’adoption et c’est dans cette ville qu’il aurait voulu poursuivre sa vie scientifique et familiale. Bernard et Magali se marient le 5 novembre 1909 à Montpellier. A cette époque Bernard, âgé de 27 ans, est préparateur à la station zoologique de Cette et Magali Cuisinier, âgée de 24 ans, est préparateur à l’institut botanique de Montpellier. Mobilisé dès le début de la guerre, il est envoyé dans la région Nord Pas de Calais où il restera jusqu’à sa mort à Souchez en septembre 1915. Bien qu’antimilitariste et peu enclin à la vie de caserne, son sens du devoir et ses qualités humaines l’ont poussé à s’engager dès le début du conflit franco-allemand. Sous-officier au 21ème régiment d’infanterie, il sera un excellent camarade apprécié de tous ses supérieurs et de ses hommes. Il meurt au combat alors qu’il entraînait sa troupe au cours de la bataille de l’Artois à l’automne 1915. A partir d’août 1914 jusqu’à la mort de Bernard, le 27 septembre 1915, le couple s’écrira quasiment tous les jours. Ce sont plus de 600 lettres qu’ils vont échanger, de très belles lettres intelligentes et sensibles. Bernard envoyait aussi de temps en temps des lettres et des dessins à sa fille Jeannie née en août 1911. Magali parlait très souvent de leur fille et détaillait au quotidien l’évolution physique et psychologique de l’enfant. Elle lui envoyait aussi des transcriptions des petits messages que la fillette destinait à son père. L’exposition met en lumière l’amour paternel de Bernard Collin pour sa fille Jeannie. Il est constamment imprégné de l’amour profond qu’il porte à sa femme Magali et sa fille.


D O S S I ER D E P R ES S E

A la mort de Bernard, Magali et Jeannie resteront jusqu’à la fin de la guerre à la Station Zoologique de Sète. Magali y hébergera de nombreux enfants : deux cousins de Jeannie qui avaient subi des bombardements à Paris, le fils d’un anarchiste, les enfants de pacifistes qui se trouvaient en prison, la fille d’une veuve et une réfugiée du nord de la France. Elles ont ensuite déménagé à Montpellier où Magali a pu gagner sa vie. Elle mourra d’un cancer en 1931. En 1932, Jeannie épousera Arthur Geddes, le fils de Anna et de Patrick Geddes, fondateur du Collège des Ecossais à Montpellier. Jeannie et Arthur vivront à Edimbourg en Ecosse où ils auront 4 enfants. Les deux familles se connaissaient depuis les années 1880, période où Patrick Geddes s’était lié d’amitié avec le grandpère de Jeannie, Elisée Reclus (géographe et anarchiste) et d’autres membres de la famille Reclus.


« Ma petite Jeannie chérie » Correspondance de Bernard et Magali Collin (Extraits)

BERNARD Langres 12 Août 1914 Voici que j’entends de ma fenêtre, par des bouchers d’artillerie qui reviennent de la ville avec leur convoi de viande pour les 3000 hommes de cette arme qui sont casernés ici, une nouvelle, ou plutôt une rumeur qui, si elle se trouvait confirmée, serait bien intéressante : “Berlin en révolution” ... {...] Mais que sait-on de ce qui se passe, de ce qui peut ou ne peut pas être, d’après les nouvelles “officielles” ou les autres ? Les journaux ont dit qu’au moment de la déclaration de guerre, on annonçait à Berlin : “Paris en révolution” {...] Je viens de rester une bonne heure dans la nuit, ne pouvant plus écrire, ne voulant pas non plus bouger pour aller requérir n’importe où les allumettes qui me manquaient, préférant rêver sur ma chaise, délicieusement seul et calme, attendant la rentrée de quelqu’un pour mettre la lampe en train. Cette halte m’a permis de suivre tout ce que vous pouviez faire à cette heure : la fin du souper, vos conversations sur la guerre ou sur les absents, sur les nouvelles ; le coucher de Jeannie dont tu m’écris des détails si vivants, les caresses de ses petits bras tout autour de ton cou. Dis-lui que je suis bien heureux qu’elle soit sage, “pousse” aux heures voulues et soit en tout temps ta petite compagne et une aide précieuse pour Tata. Qu’il me semble que j’aurais de choses à te dire, quand la vraie vie reprendra une fois ce cauchemar fini (deux mois, trois mois, six mois ?) Mais je suis si peu apte à penser à quoi que ce soit maintenant ! Je pense à tous ceux qui ne sont plus ; à tous ceux et celles qu’ils laissent, aux blessés qui agonisent ou souffrent et pour qui souffrent tous ceux dont le coeur est serré d’angoisse, trop pour que rien autre puisse encore intéresser. Ton Bernard. Ecris, chérie, tous les jours si tu peux ; que dans la quantité, il arrive toujours quelque chose jusqu’ici. A toi.


D O S S I ER D E P R ES S E Correspondance de Bernard et Magali Collin (Extraits)

MAGALI Viarmes 17 Août 1914 Cher ami, après une semaine d’angoisse à ton sujet, tu t’imagineras facilement avec quelle joie j’ai reçu ta lettre du 10 aujourd’hui au moment où j’allais envoyer à ta mère un télégramme pour lui demander si elle avait eu des nouvelles. {...] Si tu veux faire plaisir aux enfants, envoie leur à chacun des cartes, car Jeannie réclame toujours une carte de papa “pour elle”. Jeannie est dans une phase exquise. Elle a l’air tout à fait bien : Anna trouve qu’elle a l’allure rebondie et fraîche des reines-claudes que nous mangeons en ce moment, et prétend qu’un de ces jours elle va se craqueler comme elles. {...] Elle me charge toujours d’une foule de commissions pour quand je t’écrirai : qu’elle ne veut plus manger ses ongles (ce à quoi elle s’applique d’ailleurs, mais avec un succès relatif...) et que maman fait des mouchoirs pour les messieurs malades ! Dire qu’elle aura trois ans samedi, je crois et il me semble que tu n’auras pas attendu qu’elle les ait pour avoir de la tendresse pour elle. Je suis contente de te sentir remonté moralement, et avec des camarades en compagnie de qui tu peux causer d’une façon intéressante. Tout ce que tu nous dis nous intéresse. Ici aussi, et avec tout ceux avec lesquels nous avons l’occasion de parler nous avons l’impression que cette guerre ne ressemble pas du tout aux précédentes, et qu’une grande partie de ceux qui y vont lutte pour une idée, et espère que la défaite de l’Allemagne sera le commencement d’une ère plus pacifique. Cela aide à supporter l’idée de toutes ces jeunes vies qui vont s’éteindre, de tous les deuils, et de toutes les misères qu’entraîne la guerre. {...] Je t’embrasse de toute mon âme et songe bien à toi. Magali


« Ma petite Jeannie chérie » Correspondance de Bernard et Magali Collin (Extraits)

BERNARD Près de Notre Dame de Lorette 13 Mars 1915 Ma chérie {...] Tu sais qu’un recul momentanée à Notre Dame de Lorette (petite chapelle entre Aix-Noulette et les bois de Bouvigny-Boyeffles) a été la cause de notre rappel sur la ligne. Un bataillon de chasseurs endormi s’est laissé, il y a 8 jours, surprendre dans les tranchées et en partie massacré dans ses abris mêmes. Comme quoi il ne fait pas bon s’endormir en 1ère ligne, si fatigué que l’on puisse être par plusieurs nuits consécutives, la défaillance de quelques-uns pouvant amener la mort de tous, et la perte de positions qui ne sont reprises ensuite sans nouvelles hécatombes. {...] Pour une raison que j’ignore (défaut de munition ou ordre ?) les vis-à-vis ne ripostaient pas. De sorte que nous n’eûmes qu’un seul tué, d’une balle au crâne et qui s’affaissa juste dans mes bras ; j’ai encore sur ma capote, au moment où je t’écris, les traces de sa cervelle ! C’était un bien brave type, “le grand Clément” - 32 ans, cultivateur à Bourbonne les Bains (Haute Marne) et un des camarades que j’aimais le mieux dans la section, pour sa franchise et sa bonté, toujours prêt à rendre service à tous et pour n’importe quoi. Il était debout en face de moi assis et veillait à ma place tandis que je profitais d’un rayon de soleil vers midi et venais de m’assoupir. Sans doute son képi dépassait le bord de la tranchée et une partie de la tête aussi et il ne se méfiait pas, tout étant fort calme. {...] Je me réveille ou plutôt j’ouvre les yeux sur un cri d’angoisse étouffé poussé par le caporal de l’escouade, son ami intime et voisin porte à porte à Bourbonne, qui était contre moi. Le grand Clément était assis sur mes genoux, la tête entre mes bras. Je compris bien tout de suite ce qui venait d’arriver : quelqu’un avait le crâne enfoncé ; mais instinctivement je regardais à droite, puis à gauche et ne vis rien ... ensuite seulement mon regard se rabattit sur celui qui gisait là, sur moi et je vis du trou béant jaillir le sang en ondées rythmiques, (derniers battements du coeur ?). Il n’avait naturellement pas fait un mouvement ; il était mort d’une mort douce, tout comme Franou (1ère Section) l’autre jour à St Eloi. Un trou minuscule existait près la visière de son képi, c’était l’entrée ; l’arrière était en loques, écharpé et un morceau de crâne avait sauté à 30 mètres de là. Adieu, mon aimée, la lettre doit partir de suite ; à demain.


Informations pratiques Archives municipales – Sète Plan Joseph Soulet – 34200 SETE Tél. 04 99 04 76 40 Fax. 04 67 74 20 83 Mail : archives@ville-sete.fr

Médiathèque Mitterrand Boulevard Danielle Casanova 34200 Sète tèl : 04.67.46.05.06

Exposition présentée par

Françoise Lopez, directrice des archives de Sète Contacts : Françoise Lopez - Archives municipales de Sète 04 99 04 76 38 lopez@ville-sete.fr Valérie Pascaud - Médiathèque François Mitterrand 04 67 46 39 07 v.pascaud@thau-agglo.fr

L’exposition est ouverte aux horaires de la Médiathèque du 1er au 16 septembre 2017 Lundi Fermé Mardi 10h-12h30 14h-18h Mercredi 10h-18h00 Jeudi 10h-12h30 14h-18h Vendredi 14h-19h Samedi 10h-18h Dimanche Fermé


Turn static files into dynamic content formats.

Create a flipbook
Issuu converts static files into: digital portfolios, online yearbooks, online catalogs, digital photo albums and more. Sign up and create your flipbook.