Oeil de mercure catalogue printemps 2013

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LIVRES ET MANUSCRITS Bernard Le Borgne Librairie L窶卩段l de Mercure

9 rue Maテョtre Albert Paris 5e


Librairie ancienne L’œil de Mercure BERNARD LE BORGNE EXPERT CNES 9, rue Maître Albert 75005 Paris Tel : 01 43 54 48 77 Email : oeildemercure@gmail.com

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Conditions de vente : Le port est en sus. Les ouvrages sont expédiés par colissimo. Tous nos ouvrages sont garantis collationnés complets, sauf mention contraire. Tous les documents présentés sont des originaux. En tant qu’expert agréé à la CNES (Chambre Nationale des Experts Spécialisés), nous garantissons l’authenticité de tous les documents présentés.

Illustration de couverture : N° 03 Ci-dessus : N° 32 Troisième de couverture : N° 64 Quatrième de couverture : N° 84


1. Sceau cylindre Sceau cylindre représentant le grand roi tenant par le cou un griffon ailé. Il est paré d'une tiare et d'une longue robe et tient un couteau (VIe-IVe siècle av. J.-C.).

Pierre beige. Tige en fer incrustée dans le percement. Iran, période achéménide, 539-330 av. J.-C. Haut : 2,3 cm.

Les sceaux cylindres apparaissent pour la première fois au milieu du IVème millénaire dans l'Iran du sud-ouest. Destinés à marquer une empreinte sur une plaque d'argile, ils cohabitent avec l'invention de l'écriture. Au fil des temps, leur fonction varie jusqu'à la disparition de l'écriture cunéiforme, ils servaient à sceller un cachet. La période achéménide (550-323 av. J.-C.) se caractérise par des représentations glorifiant la figure royale. Jointe : l'empreinte du sceau cylindre sur une plaquette d'argile. 600 €

2. Deux fragments de tapisserie copte Deux fragments de tapisserie copte (toile de lin et laine), IVe-Ve siècle de notre ère. Dimension à vue : 10 x 7 cm. Représentant deux personnages à la gestuelle expressive, sur un fond rouge, les cheveux teints en noir, ayant le cou enserré par un serpent de couleur verte. La scène est encadrée d'un listel à motif de vagues.

Une rare représentation de Jason et Médée entourés du serpent gardien de la toison d’or. Ces intéressants fragments sont à rapprocher du médaillon tissé qui se trouve dans les collections du musée de Cluny (cote : CL 22913), lin et laine, diamètre de 7 cm, reproduit in Guide du Musée national du Moyen Age, Termes de Cluny (éd. Réunion des Musées nationaux, Paris, 1993, p. 160 n°195). Le musée de Cluny signale la rareté de ce thème. 800 €

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3. Manuscrit sur vélin, XIIe siècle (circa 1180) Julianus, évêque de Tolède, Oraisons et psaumes rythmés. Contenu 230 x 165 mm, 49 ff. dont 1bl séparant deux parties. Texte en noir et minium pour les intertitres. Agrémenté de nombreuses initiales romanes alternativement rouges, bleues, vert amande dans le texte, et de belles initiales peintes en rouge, bleu et vert amande pour les têtes de chapitres. Ces initiales, souvent agrémentées d’un fin trait de plume, occupent de 3 à 9 lignes, et plus lorsqu’elles sont prolongées par des hastes. 32 lignes par page, sur deux colonnes, remplissant un espace de 150 x 100 mm. Le manuscrit est très large de marge et en bel état de conservation.

Le manuscrit est relié en cahiers de 8 feuillets. Cahier 1 (8) commençant par « desertum idumee cecus et morbidus possessor inhabitans ». Cahier 2 (8) Cahier 3 (8), dernier chapitre : « incipit oratio quam beati patres post recitata nomina in cotidiana oratione cantare solebant ». Cahier 4 (8) se termine par une mention « XV » en chiffres romains d’une écriture postérieure. Trois feuillets montés sur onglet dont un blanc. Sans manque. Cahier 5 (7) : Seconde partie : Psaumes chantés. Le premier feuillet est volant, il doit manquer le feuillet initial. Cahier 6 (complet). Plusieurs mentions manuscrites du XIIIe au XVe siècle au recto des premier et dernier feuillets. Ex-libris manuscrit « Ludovici Mériaux elnonensis anno 1823 ».

Reliure Reliure de type monastique en veau estampé à froid sur ais de bois, à motifs alternés d’écureuils, de fleurs de lys, et d’hommes sauvages, placés dans un double listel orné d’une roulette à thème de feuillage stylisé. Fermoirs de laitons estampés d’initiales gothiques (une accroche manquante). Dos à 4 nerfs, coiffes supérieure et inférieure suturées en cuir ; la garde intérieure du premier contreplat porte un fragment de musique notée en grégorien (reliure de la fin du XVe siècle ou du début du XVIe). Quelques défauts, reliure vierge de toute restauration.

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Situation du texte Ce très beau manuscrit du dernier tiers du XIIe siècle se compose de plusieurs textes. Le premier est de Julien, évêque de Tolède : Liber Prognosticorum. Il se poursuit par une suite d’oraisons à la vierge, aux saints, martyrs et pères de l’Eglise : Boniface, Cyprien, Cassiodore, Augustin, la Sainte Trinité, les Anges, l’assemblée de tous les saints, Marie, Jérôme, Ezéchiel, les Frères de la Congrégation, le Pape et les évêques, Effrem. La seconde partie est occupée par une harmonieuse suite de psaumes dits rythmés aux initiales peintes en alternance rouge, bleu et d’un très beau vert amande ; avec sur les derniers feuillets une plus grande amplitude des initiales qui se poursuivent en marge par des traits de plume gouachés du plus pur style roman. Ces psaumes sont une série de poésies rythmiques archaïques que nous n’avons pu localiser sous cette forme dans aucun ouvrage de référence. Seule une version altérée et fragmentaire se trouve citée dans les Analecta hymnica medii aevi.

Provenance Ce manuscrit provient de l'une des plus importantes abbayes du nord de la France, l'abbaye de Saint-Amand, connue également sous le nom de monastère d'Elnon. Ce monastère possédait l'un des plus prestigieux scriptorium de la chrétienté. Fondé au IVe siècle, dévasté au VIIe s. par une invasion normande, reconstruite, ravagée par les incendies ; son histoire est une succession de catastrophes et de renaissances. Sa très riche bibliothèque, saisie sous la Révolution française, fut accaparée par l'Etat français et pour partie déposée au monastère Saint-Martin-de-Tournai, lui-même détruit en 1797 et livré au pillage. Fort heureusement, une grande partie des manuscrits fut sauvée des destructions révolutionnaires et se trouve de nos jours conservée à la bibliothèque de Valencienne. Ce fond est actuellement numérisé sur le site de la ville de Valencienne ; c'est dans celui-ci que l’on peut admirer le manuscrit de la Cantilène de sainte Eulalie, second texte écrit en langue française, et premier texte connu de poésie française. .

Le XIIe siècle est en France, sous le règne de Louis VII (père de Philippe-Auguste), une période de renouveau intellectuel. La seconde croisade, la construction des châteaux forts, des monastères, les déboisements, changent radicalement le Royaume de France. La production monastique est foisonnante, ce qui se ressent dans l’élégance des copies qui nous sont parvenues.

Les manuscrits du XIIe siècle dans un tel état de conservation sont devenus de nos jours d’une extrême rareté sur le marché. Il est exceptionnel d’en voir apparaître un dans sa belle reliure monastique et dans un tel état de conservation.

30 000 €

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4. [INCUNABLE] Leonardus de UTINO Sermones aurei de sanctis. Cologne (?), Imprimeur de l'Albertus Magnus, Paradisus animae (GW 703) : Johann Schilling (Solidi), avant 1474.

In-folio, en peau de truie estampée à froid sur ais de bois, dos à 4 nerfs, deux fermoirs de laiton, tranches rougies (reliure allemande XVIIe s.). Quelques défauts intérieurs. Pattes des fermoirs renouvelées. 414 ff. non chiffrés et non signés, incomplet de 4 ff. de texte ([r]1 / [r]10, [k]1 / [k]10), et du dernier f. blanc [S]12. Caractères gothiques, 38 lignes à 2 colonnes par page. H 16127. BMC I 237. Edition attribuée par le BMC à Johann Schilling. Absence de signatures, l’espace destiné aux initiales a été peint au minium.

Rubrication manuscrite, petites initiales peintes en rouge, XVe-XVIe s. Notes manuscrites en latin du XVIe siècle, parfois rognées. Provenance : Ex-libris Seguin. Vente Andrieux, 1947 (n°119).

Le saccage de la ville de Mayence en 1462 par les hommes d'Adolphe de Nassau eut pour conséquence l'exode des ouvriers typographes qui travaillaient dans l'atelier de Gutenberg et de Pierre Schoeffer. C'est ainsi que fut implantée l'imprimerie, dit-on, dans la ville de Cologne. Schilling fait partie de ces prototypographes. Très archaïques, sans pagination ni réclame ni page de titre, ces premiers livres sont particulièrement impressionnants. Chaque initiale est peinte au minium, avec parfois des prolongations en hastes ou hampes, qui confèrent à la mise en page un charme particulier. Notre exemplaire a la particularité rare d'avoir l'ébauche au crayon d'une belle initiale « D » destinée originellement à être rehaussée. La reliure en peau de truie estampée à froid avec fermoirs, bien que postérieure, conserve une esthétique archaïque convenant parfaitement à l'ouvrage. 3 000 €

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5. [BIBLE INCUNABLE] Biblia latina Lyon, Jean Puvard et François Fradin, 23 XII 1497.

In-4, en plein veau brun estampé à froid sur ais du bois, restes de fermoirs. Mors très faibles. Texte en caractères gothiques à deux colonnes, de 432 ff. (17 ff. non ch. + 381 ch. + 33 ff. non ch.), sans le dernier feuillet blanc. Initiales gravées. Exemplaire réglé. Rubrication et petites initiales manuscrites rouges et bleues, XVe s. Exemplaire orné de 77 initiales peintes.

Provenance : - Ex-libris manuscrit « à Claude Molé », avec son emblème, corrigé en « Michelle Molé ». Claude Molé, fils aîné de Jean Molé (x 1493) et de Jeanne de Mesgrigny. Allié à la famille Hennequin, il est une des figures les plus influentes de l'administration française à la fin du XVe et au début du XVIe siècle. La bibliothèque Sainte Geneviève possède deux éditions incunables comportant un livre de raison de la famille Molé, particulièrement éclairant sur l'importance de cette dynastie de grands commis de l'Etat à la fin du XVe siècle à Paris. - Auguste Seguin, vente Giraud-Badin 1951 N°17. Notes manuscrites en latin et en grec.

Cette Bible incunable a été délicatement peinte par un artiste fortement influencé par la Renaissance italienne. Les thèmes animaliers – essentiellement des oiseaux pour lesquels il semble avoir un goût particulier – font songer au style du maître de Spencer VI, peintre actif à la fin du XVe siècle et dans les premières années du XVIe, utilisant une palette étendue et audacieuse : blanc nacré, sépia, bleu azur, vert émeraude, le peintre a su créer un véritable florilège coloré absolument inhabituel dans ce type d’ouvrage. S’amusant à intercaler des figures monstrueuses de dragons à de délicats thèmes floraux, il crée un effet de surprise constant tout au long de l’ouvrage. La position sociale de la famille Molé justifie sans doute l’intervention d’un tel artiste dans cet ouvrage qui est l’une des découvertes les plus agréables qu’il nous ait été donné de faire ces dernières années. L’impression de ravissement, de joyau exhumé du passé exprime assez bien ce que nous ressentons devant ce livre étrange et délicat. 18 000 €

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Deux rares et sans doute uniques vestiges de l’épopée du livre d’heures imprimé

6. Bois gravés de 1510 : deux matrices originales

Le livre d’heures imprimé Par rapport à nos voisins allemands et italiens, l’introduction de l’imprimerie en France est relativement tardive : 1472. Elle connaît néanmoins un essor spectaculaire dans les dernières années du XVe siècle. Le livre d’heures1 tient une part considérable dans cette expansion. Le premier livre d’heures imprimé est parisien et date de 1485, suivi rapidement d’un second en 1486. Ils sont l’œuvre des imprimeurs Du Pré et Vérard, qui seront suivis par l’ensemble de la librairie : entre 1485 et 1530, plus de 760 éditions seront ainsi mises sous presse. Chaque édition étant tirée entre 600 et 1000 exemplaires, ce sont peut-être 700 000 livres d’heures qui seront ainsi imprimés et distribués dans toute l’Europe. La concurrence entre officines, la demande croissante d’un public exigeant, vont solliciter le talent de tous les artisans disponibles dans la capitale : dessinateurs, cartonniers, sculpteurs, peintres, graveurs sur bois, imprimeurs, libraires travaillent ainsi de concert à cette matière en mutation constante. Utilisant en support soit le vélin soit le papier, choisissant la prolifération d’histoires marginales (danse des morts, sibylles, etc.) ou bien l’attrait de la couleur, les libraires qui ont pour noms Philippe Pigouchet, Simon Vostre, Jean Du Pré, Antoine Vérard, Thielman Kerver, les Hardouyn, vont se livrer à une concurrence sans merci. De cette époque foisonnante ne nous est parvenue qu’une infime part de ces productions. Certaines de ces éditions ne sont connues qu’à deux ou trois exemplaires. Combien d’entre elles ont complètement disparu ? 1

Le livre d’heures est un ouvrage à usage laïc qui regroupe les heures canoniales (du terme canon, qui désigne les lois ecclésiastiques) : matines, vers minuit ; laudes, 3h du matin ; prime, 6h ; tierce, 9h ; sexte, midi ; none, 15h ; vêpres, 18h ; complies, 21h.

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Quant au matériel lui-même, presses, bois gravés, formes, il ne reste rien. Et l’on ne pourrait citer aucune suite de matrices ayant servi à imprimer un livre d’heures. La découverte de ces deux matrices revêt ainsi une importance particulière par rapport à l’histoire du livre et de la diffusion des images au XVe siècle. La sureté de mains des artisans de l’époque s’exprime pleinement dans la conception de ces matrices : travaillant un bois dur (noyers, poiriers, buis), ils pratiquent une taille profonde et régulière et obtiennent par la maîtrise de leur art une finesse de grisé remarquable. La technique de la gravure sur bois, dite taille d’épargne, s’apparente beaucoup plus au travail de la sculpture qu’à celui du dessin. Les artisans au savoir-faire incomparable qui se consacraient à cette activité étaient d’ailleurs, comme le montrent les archives qui nous sont parvenues, les mieux payés de l’atelier ; contrairement à ce que nos esprits modernes seraient tentés de penser, le travail du dessinateur était considéré comme secondaire par rapport à l’élaboration de ces formes essentielles.

Les blocs matrices Quel était le statut de ces matrices à la fin du XVe siècle ? Elles sont avant tout propriété du libraire exploitant et source de revenus. Ainsi, chaque nouvelle image permet de prospecter une nouvelle clientèle. Changeant bloc à bloc ses mises en page, un libraire comme Simon Vostre renouvellera intégralement une édition en une dizaine d’années, substituant un bois, une série historiée, à d’autres matériaux plus modernes correspondant au goût de l’époque. Les matrices quant à elles, devenues caduques, sont alors mises au rebus. Certaines d’entre elles seront encore utilisées pour illustrer – à moindre coût – des publications populaires dans des villes telles que Troyes ou Rouen encore au XVIIe siècle. Passé ce siècle, elles disparaissent totalement.

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Ces deux bois sculptés représentant l’Adoration des Mages et la scène dite de la Visitation sont réalisés sur une plaque de noyer et portent le monogramme « I.V. » dans la partie inférieure. Ils ont été réalisés dans les toutes premières années du XVIe siècle. En effet, notre matrice dérive d’une image-source qui se trouve dans les Heures à l’usage de Rome imprimées par Pigouchet pour Simon Vostre2 vers 1502. La composition représentant l’Adoration des Mages est l’une des plus célèbres publications du libraire Simon Vostre et a été l’objet de nombreuses études : on en a tour à tour attribué la paternité au Maître des Triomphes de Pétrarque, ou encore à Jean Pichore3. L’atelier Pigouchet quant à lui, employait de nombreux artistes venus de divers horizons, et notamment les cartonniers de la tapisserie de la Dame à la Licorne, dont on retrouve l’empreinte en marge de livres publiés par le libraire Simon Vostre ; c’est dire la polyvalence de ces artistes capables de passer d’un mode d’expression à un autre avec une déconcertante facilité. Nicole Reynaud, commentant cette gravure dans son article consacré à Jean Pichore 4, précise qu’une courte succession d’images proches ou dérivées de ce modèle voient le jour dans les premières années du XVIe siècle, soit à Paris soit en province. La similitude entre l’image publiée par Simon Vostre et notre matrice nous autorise à penser que notre matrice est une reprise de cette image-source à quelques années d’intervalle, soit dans la première décennie du XVIe. Exécutée avec une sûreté de main impressionnante, la matrice présente à la fois une grande proximité avec le modèle de 1502 et de légères dissemblances dans les détails : le drapé de la vierge est simplifié, les éléments de bas-reliefs sont remplacés par un grisé. Quant au second bois, le fond boisé a été remplacé par un ciel étoilé.

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Reproduite in Catalogue of Early French Books in the library of C. Fairfax Murray, compiled by Hugh WM. Davies, London, The Holland Press, 1961, n° 257 p. 274. Voir également : Lacombes, No. 116 ; Brunet (Supplément) I. 608, art. 3 « Almanach de 1502 à 1530 ». 3 Cf. Nicole Reynaud, in Les manuscrits à peintures en France, 1440-1520, F. Avril et N. Reynaud, Paris, Bibliothèque Nationale Flammarion, 1993, n° 157 p. 284. 4 « …tout un groupe de gravure, les unes identiques à celles-ci, les autres d’un style très voisin, apparaissent vers le même temps dans les livres d’heures édités par Simon Vostre à partir des environs de 1502 et plusieurs jeux s’en répandent ensuite, notamment dans les éditions de Gillet Hardouin autour de 1510. » Nicole Reynaud, ibidem.

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Le monogramme « I.V. » : situation de l’artiste Les deux matrices portent en pied le monogramme « I.V. », le I étant enchâssé dans le V. Ce monogramme se retrouve sur deux gravures les heures à l’usage de Châlons faites à Paris pour Simon Vostre (s.d. vers 1514). Ces heures, décrites sous le n° 260 dans le Catalogue of Fairfax Murray 5, sont publiées à l’aide d’un matériel typographique provenant de l’atelier Pigouchet, ainsi que, pour partie, des officines Pichore et R. de Laistre en 1503. Le libraire Simon Vostre ne possédait probablement pas d’imprimerie mais faisait réaliser ses livres par divers libraires. L’atelier Pigouchet produit lui-même ses propres livres, les artistes qui travaillent pour lui travaillent également à la réalisation de tapisseries, vitraux, triptyques. Ce sont eux qui notamment élaborent les cartons de la tapisserie de la Dame à la Licorne, ou encore ce diptyque gravé, d’une esthétique très proche de celle que l’on retrouve dans les illustrations de livres d’heures, détenu par The Cloisters à New-York (cf. illustration). Jean Pichore, quant à lui, est avant tout peintre en manuscrit, l’un des plus prestigieux de son époque. Le fait de voir associé à ces noms celui de notre graveur sur bois confirme que celui-ci exerçait son art dans ces milieux polyvalents des premières années du XVIe siècle. On ne saurait trop insister sur l’importance et l’extrême rareté de ces deux pièces, qui éclairent d’une lumière nouvelle l’histoire de l’art et du livre illustré.

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Op. cit., p. 283.

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7. [HEURES] Heures à l'usage de Rome Les presentes heures sont a lusaige de Rome tout au long sans riens requerir : ont este nounellement imprimees a Paris. Pour Germain Hardouyn libraire demourant entre les deux portes du Palais a lenseigne saincte marguerite. Et ce vendent audict lieu. Paris, pour Germain Hardouyn [calendrier pour 1524-1537]. 1 grand in-8 (191 x 120 mm) de 84 ff. (A-K8, L4) imprimés sur vélin, reliure flamande du XVIIe en plein veau moucheté, dos muet à trois nerfs agrémenté de filets et fleurons, fermoirs en laiton, tranches rougies. Ces heures à l'usage de Rome ont été imprimées à Paris pour Germain Hardouyn. Ce livre d'heures a un cycle particulièrement abondant dont voici le détail : - En page de titre : la marque d'imprimeur de Germain Hardouyn. - Recto : une petite vignette en ouverture de la prière en français « dhostie tres salutaire des humains la seulle esperance ». - En vis-à-vis : l'homme anatomique, avec en encadrement les caractères des passions (colérique, sanguin, flegmatique, mélancolique). - Une vignette à pleine page : le martyre de saint Jean Porte Latine. - Vignettes rondes : saint Luc, saint Mathieu, saint Marc. - Dans une composition pleine page : l'arrestation de Jésus, avec Malchus au sol ; l'Annonciation faite à Marie ; la Visitation ; l'apparition de la Vierge ; la crucifixion ; la Pentecôte ; la nativité ; l'annonce faite aux bergers ; l'arrivée des Rois Mages ; la présentation au temple ; la fuite en Egypte ; la dormition de la Vierge ; David envoie Urie en mission ; en vis-à-vis : Bethsabée surprise au bain ; la résurrection de Lazare. - Vignette rectangulaire : la Sainte Trinité. - En médaillon : la Vierge et l'enfant Jésus ; saint Michel terrassant le dragon ; saint Jean-Baptiste ; saint Pierre et Paul ; saint Etienne ; saint Laurent ; le martyre de saint Sébastien ; saint Nicolas et les petits enfants ; saint Antoine en prière ; saint Roch ; sainte Anne ; sainte Marie-Madeleine ; sainte Catherine ; sainte Barbe ; sainte Geneviève ; la Vierge à l'enfant. Soit : 2 compositions à mi-page ; 16 à pleine page ; et vingt médaillons.

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Chaque page est en outre encadrée des trois côtés. Une composition peinte sur fond d'or liquide, chargée d'acanthes et de fleurs au naturel (lys, pâquerettes, trèfles, tulipes, roses) et fruits qui donnent à l'ensemble du manuscrit un aspect luxueux et très coloré. Enfin, toutes les initiales, petites et grandes, ont été soigneusement rehaussées aux gouaches rouges et bleues et à l'or. L'exemplaire est grand de marge et rougi sur tranches.

Germain Hardouyn se présente comme peintre en livres, ce qui laisse entendre qu'il est à l'origine des peintures qui ornent ce très beau livre d'heures. On peut constater en effet la très grande liberté que prend l'artiste par rapport au support imprimé pour décorer ces exemplaires de luxe. La comparaison d'une de nos compositions avec un autre exemplaire de ce même ouvrage révèle un traitement radicalement différent de l'image : personnages ajoutés, décors chargés de détails nouveaux (une fenêtre, un récit historié), allant jusqu'à changer la disposition globale de la mise en page, choisissant ici un ovale et là une mise en page rectangulaire. Notre exemplaire est à ce titre particulièrement travaillé et d'une application dans les détails absolument remarquable. 28 000 €

7 Bis. [TAPUSCRIT] DESJARDINS Marcel Les livres d’heures imprimés en France au XVème et XVIème siècle : essai d’iconographie. S.l.n.d. (1940-1947). 4 vol. in-4 sous classeur spécial en demi-percaline à coins beige, pièce de titre et de tomaison, 3 volumes de texte et 1 volume d’atlas, composés d’un corps de texte tapé à la machine enrichi de nombreuses reproductions photographiques (graphiques, plans et tableaux comparatifs). Ce tapuscrit définitif a été composé en vue d’une édition (choix des polices de caractères et indications d’imprimeur). Ce très érudit travail sur les livres d’heures imprimés effectué entre 1940 et 1947 n’a jamais vu le jour. La Bibliothèque Nationale de France possède (département des manuscrits) un double de ce travail qui a été déposé, comme l’indique une lettre dans notre exemplaire, en 1955. Ce travail considérable et d’une lecture captivante mériterait encore de nos jours une publication. Il ne nous a pas été possible de connaître la raison pour laquelle cette l’édition de cet ouvrage a été interrompue, mais les lettres incluses dans le manuscrit, provenant d’Italie, de la Pierrepont Morgan Library, de la BNF ou autre, nous informent de l’attention portée par ces différents organismes à l’avancée de ce travail. 1 100 €

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8. TREITZSAURWEIN (Max) Der Weiss Kunig. Eine Erzehlung von den Thaten Kaiser Maximilian des Ersten. Joseph Kurzböck, 1775. In-folio, 217 figures sur bois, cartonnage d’attente, quelques défauts. (8), 307 pp., (1). Première édition de cette histoire de l’Empereur Maximilien Ier, composée par lui-même, et son secrétaire Marx Treitzsaurwein, illustrée de 217 gravures sur bois pleine page hors texte, gravées par Hans Burgkmair, Beck Schäufelein et Springinklee. Les illustrations de cet ouvrage ont été faites sous la direction de l’empereur, et les matrices de 1516, de nos jours conservées à l’Albertina Museum de Vienne, ne furent utilisées pour la première fois qu’en 1775 ; ce qui constitue un cas unique dans l’histoire de l’édition. Cet ouvrage est considéré comme l’un des chef-d’œuvres de la gravure sur bois allemande du XVIe s. On y voit notamment l’empereur Maximilien Ier pratiquant toutes les activités nobles du temps, dressent ainsi un témoignage irremplaçable sur la société germanique du XVIe siècle : atelier de peinture, travail de la taille des pierres, métiers de charpente, de lutherie, arts de la table, frappe des monnaies, fabrique des armes et armures, scènes de chasse, de pêche à la nasse ou à la canne se succèdent au fil des pages. Une part conséquente est consacrée à l’art militaire, aux armures, à l’art naval, mais aussi aux mœurs de la Cour et aux usages de la ville. Chaque gravure est imprimée sur un papier spécial non ébarbé interfolié dans l’ouvrage, d’un format légèrement différent de celui du texte. L’encrage profond est à souligner. Exemplaire complet et en premier tirage de ce livre fameux. 10 000 €

9. COMMINES (Philippe de) Les Mémoires. Dernière édition. A Leide, chez les Elzeviers, 1648.

Petit in-12, en plein maroquin rouge, dos à 4 nerfs orné de fleurons, pièce de titre de maroquin, filet en encadrement des plats, tranche dorée, frontispice gravé (reliure ancienne). Willem, n° 634. Edition recherchée, admirablement exécutée par Bonaventure et Abraham Elzevier. C'est la première de celles sorties des presses de ces imprimeurs. Exemplaire grand de marges. Petites taches d'encre en marge de quelques feuillets. Légère déchirure à une coiffe.

250 €

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10. [Aux armes de la Comtesse de Verrue] (...) La Continuation du Mercure françois, ou, suitte de l'histoire de l'Auguste Regence de la Royne Marie de Medicis, sous son fils le Tres-Chrestien Roy de France & de Navarre, Loys XIII. A Paris, Chez Etienne Richer, 1615. Fort in-8, en plein veau brun, dos plat orné aux petits fers séparé en quatre caissons par une frise et orné des meubles (lion passant et fusée) de la Comtesse de Verrue ; double pièce de titre (l'une indiquant le tire, l'autre les années concernées) de maroquin rouge, tranches marbrées, plats armoriés, double filet en encadrement des plats. Un mors faible, une coiffe abîmée. Exemplaire portant les grandes armes sur les plats de la Comtesse de Verrue. Folioté 504. Edition originale de cette première continuation du Mercure français, couvrant les années 1610 à 1612. Aux armes de la Comtesse Jeanne-Baptiste d'Albert de Luynes, fille du duc de Luynes. Vers 1700, alors à Paris, elle s'entoure de gens d'esprits, des amis des lettres et de la philosophie épicurienne ; on la nomme la Dame de volupté. Ayant également le goût des choses sérieuses, sa fortune lui permet de se composer une des plus belles bibliothèques du temps ; le Catalogue de ses livres a été publié par Gabriel Martin en 1737. 1 000 €

11. Le MIRE Aubert Sanctorum galliae belgicae imagines et elogia : Quibus religionis ortus progressusq. In Belgio ostenditur. Opera Auberti Miraei Canon et Scholastici Antuerpiensis. Antuerpiae Apud Theodorum Gallaeum. 1619. In-8, en plein vélin de l’époque à lacets. Recueil de gravures, 106 feuillets interfoliés : 1 feuillet blanc (table manuscrite), un titre gravé, avec au verso une gravure collée représentant saint François-Xavier dans sa cabane au Japon par Morel, une suite de gravures sur cuivre des principaux saints de Belgique, augmenté de plusieurs gravures surnuméraires hors texte (montées sur onglet ou contrecollées) : saint Thomas de Villanueva (béatifié en 1621), sainte Clothilde, une très intéressante vue naïve représentant au naturel Notre-Dame-du-Repos à Derlick composée par An Baillet ; une gravure de saint Bernard terrassant le dragon, et B. Foelix. Fort rare recueil des saints de Belgique, représentés avec leurs attributs et mis en situation dans un contexte narratif. Ces estampes sont accompagnées pour certaines de longues notices calligraphiées d’une écriture contemporaine, ajoutant de nombreux détails biographiques parfois datés et situés géographiquement. Cet ouvrage provient de la bibliothèque de Saint-Martin de Tournai dont il porte l’ex-libris manuscrit, puis de différents possesseurs du XVIIe siècle au XIXe siècle, de Brecht (1683) à Ludovic Meriaux (1823). Cette belle et rare suite d’estampes se présente ici dans sa reliure contemporaine en vélin à recouvrement à lacets. 1 800 €

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12. (…) L’adieu du plaideur à son argent. S.l., 1626. In-8, en plein maroquin bleu nuit, dentelle intérieure, doré sur tranches, reliure signée Niédré, ex-libris gravé E. Délicourt et P. Villeboeuf. Chiffré 91 au lieu de 19. Très rare plaquette délicieusement satirique attaquant la corruption des tribunaux. Ce texte est une source d’inspiration possible de Molière. Dans une irréprochable reliure en plein maroquin à long grain de Niédré.

600 €

13. URFE (Honoré d') L'Astrée de Messire Honoré d'Urfé Gentilhomme ordinaire de la Chambre du Roy, Capitaine de cinquante hommes d'armes de ses Ordonnances, Comte de Chasteau-neuf, Baron de Chasteau-morand, &c. Ou par plusieurs histoires & sous personnes de Bergeres & d'autres, sont deduis les divers effects de l'honneste Amitié. A Paris, Chez Mathurin Henault, 1624-1647. 5 vol. in-8, en plein veau marbré, dos à 5 nerfs orné de fleurons dans les caissons, pièces de titre et de tomaison de maroquin rouge et brun. Quelques usures aux coiffes et épidermures. Quelques cahiers roussis. Tome I : folioté 389 + (3) (tables). Tome II : (3), folioté 432. Tome III : titre gravé, (6), 1 portrait, numéroté 975 pp. Tome IV : 1 portrait, 1 titre gravé, 1 titre, avec au verso 1 portrait gravé, (5), recto 1 figure, numéroté 1386 pp., (2) tables, 12 gravures. Tome V : 1 titre gravé, (5), recto 1 portrait, (8), 1 gravure, 953 pp., (1), (2bl), 12 gravures.

Tome I : Précédé d'un mémoire calligraphié sur Honoré d'Urfé, de 6 feuillets placés en exergue du tome premier. Les 8 derniers feuillets du volume (p. 384 à la fin de la table) sont manuscrits, d'une écriture ancienne et lisible. Tome II : la page de titre a été calligraphiée de la même main que celle qui a écrit la préface et a été placée en substitution du titre du tome 2. Tome III : a son frontispice, sans défaut notoire. Tome IV : a son frontispice, sans défaut. Tome V : idem. Edition composite comme c'est presque toujours le cas, en reliure uniforme, de cet immense classique de la littérature française, qui ouvre la voix au genre romanesque. L'intrigue complexe et chargée de symboles se déroule dans le Forez au Ve siècle sous le règne de Mérovée et Chilpéric. A la fois roman à clé et récit ésotérique, l'Astrée est avant tout un roman d'amour et d'aventure. La genèse de l'histoire n'a jamais été clairement établie. Probablement composée au XVIe siècle, sa première partie ne fut imprimée qu'en 1607. Les derniers segments (4e et 5e parties) furent publiés après la mort de l'auteur, en 1627 et 1628 par Balthazar Baro. La première édition collective complète date de 1630 et 1633. Notre édition est composite, mais complète de ses parties. Soit un ensemble d'impressions produites sur plus de vingt ans d'écart (entre 1623 et 1647). Les très belles gravures qui illustrent les parties de l'ouvrage sont pleine page en recto du texte des dernières parties de chaque volume. 2 200 €

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14. [MANUSCRIT - ALCHIMIE] VAN HELMONT Les œuvres de Jean-Baptiste van Helmont, écrites par son fils François-Mercure van Helmont. Très fort volume in-folio, de 528 folios (1056 pp.) assemblés et liés en 44 cahiers, reliés dans un cartonnage d’attente en carton et renforts de vélin, portant en pièce de titre manuscrite « les euvre de jean-batisti van helmont » (sic).

Manuscrit inédit en Français des œuvres de Jean-Baptiste van Helmont, écrites par son fils FrançoisMercure à fin d’édition, précédé d’une préface dans laquelle François-Mercure présente la genèse de son œuvre et les raisons qui l’ont amené à la rendre publique. Dans un style enlevé et imagé, d’une écrite très lisible, celui-ci nous livre une biographie inédite de son père ainsi qu’un dialogue imaginaire avec une assemblée de sages initiés fomentant un plan visant à détruire le manuscrit de son père, projetant même d’attenter à la vie du jeune Mercure. Par ce subterfuge, l’auteur présente ainsi ces écrits comme étant susceptibles de bouleverser l’ordre philosophique établi, la pratique de la médecine, et la connaissance physico-chimique du monde. Après cette prouesse littéraire, chargée de visions, d’images et de références alchimiques – il se décrit sur un trône de soleil et d’étoiles, un savant adepte d’Elie Artiste s’oppose à la publication, etc. –, l’auteur s’efface devant les écrits de son père qui expose sur plus de mille pages ses doctrines et théories universelles. S’attaquant aux erreurs des « escholes », il propose d’établir un nouveau système hiérarchisant les forces et composantes de l’univers selon un ordre nouveau ; selon lui, Gallien, Paracelse et Lulle sont dans l’erreur. Se disant détenteur du testament d’Aristote, il propose la création d’un ordre parfait – repensant mouvements du soleil, figures du ciel, nature de la terre, de l’eau et de l’air, etc. – et se positionne contre l’usage de l’astrologie. Le manuscrit rassemble également les propos physiques et les découvertes chimiques de Jean-Baptiste van Helmont, notamment sur les gaz (dont le vocable apparaît ici pour la première fois) et ce qu’il nomme le « blas ». La dénomination alchimique de l’ordre des choses est constante dans le manuscrit, dont certains passages sont manifestement codés : planètes, métaux, couleurs et fusion des états sont autant de concepts utilisés par van Helmont afin de crypter son propos.

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Jean-Baptiste van Helmont (1577-1644), alchimiste, médecin, et savant belge, eut toute sa vie maille à partir avec l’Inquisition. Il devint l’un des plus fervents adeptes de l’Ecole Chimiatrique. Perçu par ses contemporains à la fois comme illuminé et savant consciencieux, et, dit le docteur Hoefer, « de beaucoup supérieur à Paracelse qu’il avait pris en quelques sortes pour modèle. […] Il eut l’immortelle gloire de révéler scientifiquement l’existence de corps invisibles, impalpables, quoique matériels, jusqu’alors vaguement entrevus, des gaz, en un mot ; c’est même ce nom qu’il a donné à ces corps ». Ses découvertes scientifiques sont aussi nombreuses qu’importantes (suc gastrique, gaz carbonique) ; sa place dans l’histoire de l’alchimie est tout aussi notable. C’est son fils, François-Mercure van Helmont, lui-même alchimiste, qui publiera en latin ses principaux ouvrages. François-Mercure (1618-1699), co-auteur de la Kabbalah denudata avec Knorr de Rosenroth, ami de Leibniz (qui rédigea son épitaphe), de Locke, d’Henry More, d’Anna Conway, fut lui-même inquiété par l’Inquisition et passa sa vie à fuir la censure et le bûcher. Les œuvres de Jean-Baptiste van Helmont ne furent traduites en français qu’en 1670 par Jean Le Conte. La comparaison de ce manuscrit avec le texte imprimé en français montre que ce manuscrit est inédit et diffère de la version imprimée, tant dans la forme que dans l’esprit. Il est plus que probable, compte-tenu de la teneur de celui-ci, qu’aucun imprimeur n’ait pris le risque de le donner en l’état. Ce manuscrit représentait sans doute en son temps un danger considérable, tant pour l’auteur que pour l’imprimeur. De plus, l’utilisation d’une langue vernaculaire (le Français), en permettant son accessibilité au plus grand nombre, ne pouvait qu’attirer les foudres de la censure et de l’Eglise. On peut imaginer que François-Mercure van Helmont n’ait tout simplement pas réussi à convaincre un imprimeur de se lancer dans cette aventure, bien que les travaux fussent particulièrement avancés. En effet, ce manuscrit est d’une grande facilité de lecture, disposé en cahiers liés entre eux avec un système de réclame permettant de les classer ; autant d’indices qui laissent supposer un travail d’édition largement entamé. Cet ouvrage est l’un des plus importants manuscrits inédits de teneur alchimique actuellement recensés dans le domaine privé. Il permet de mieux comprendre la démarche scientifique et innovante de Jean-Baptiste van Helmont, et est un émouvant témoignage de la lutte continuelle que devaient mener ces médecins, alchimistes et penseurs sans cesse confrontés aux censures des instances politiques et ecclésiastiques. L’ombre de Galilée hante bien sûr tous les esprits, dissuadant de nombreuses publications. 18 000 €

15. BALZAC (Guez de) Lettres choisies du Sieur de Balzac. Seconde édition. Paris, Chez Augustin Courbé, 1650. 2 vol. in-8, en plein veau de l'époque, dos à 4 nerfs orné de fleurons aux pointillés, filets, titre et tomaison frappés, doubles filets en encadrements des plats. Seconde édition de cette correspondance de Guez de Balzac. L'une des plus précieuses sources documentaires sur les académies et la vie mondaine et intellectuelle du tournant du XVIIe siècle. Séduisant exemplaire en reliure du temps. 600 €

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16. [GOUACHE SUR VELIN] Louis XIV enfant (représentation inédite) Dim : 26 x 21 cm. Gouache sur vélin tendue sur panneau de bois. Première moitié du XVIIe s.

La miniature représente un jeune monarque, au teint replet, aux cheveux clairs et bouclés. Il est vêtu de la robe fleurdelisée surmontée du col d’hermine. Il porte autour du cou le collier de l’ordre de Saint Michel. Sur une table basse, à sa gauche, sont disposés la couronne royale, le sceptre et la main de justice. Le jeune souverain tient à la main une écuelle d’étain à l’aide d’un linge blanc. La scène se déroule dans un hospice. En arrière-plan, trois personnages : deux sont alités sur des couches à baldaquins, le troisième se tient debout dans une allée à l’aide de deux cannes. Les personnages portent tous des bonnets bruns, celui de gauche lit un ouvrage. En fond de scène, masqué par les tentures des lits, on distingue des fenêtres cintrées et grillagées. Le visage du jeune roi est empreint de douceur, un léger sourire se dessinant sur ses lèvres. L’étude de l’iconographie des jeunes rois de France ne laisse aucun doute quant à l’identité du monarque ici représenté : il s’agit du jeune Louis XIV, accédant au trône en 1643, et sacré à Reims en 1654. L’iconographie de Louis XIV enfant est assez restreinte, on peut citer les portraits faits par Claude Deruet et Philippe de Champaigne. Cette composition est à ce titre d’un grand intérêt. La représentation est manifestement allégorique et non pas faite au naturel : elle vente la piété du jeune souverain, son abnégation et l’attention qu’il compte porter aux indigents du royaume. L’image du roi guérisseur est ici renforcée par celle du roi charitable envers les malades. L’endroit représenté, spacieux, avec un seul malade par couche, pourrait être l’Hôtel-Dieu de Paris, auquel le pouvoir royal accordait une attention particulière. Une importante et émouvante pièce historique. 15 000 €

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17. [MANUSCRIT] LA ROCHEFOUCAULD (François de) Manuscrit clandestin des mémoires de La Rochefoucauld, conçu avant impression. (Circa 1660 ?) 1 vol. in-folio, en plein veau de l'époque, dos à 6 nerfs orné de fleurons, traces d'usure (coiffe supérieure et mors abîmés). Manuscrit sur papier de 301 feuillets, composé de différents mémoires séparés, qui virent le jour en 1662 sous le titre « Mémoires de M. D. L. R. », à l'adresse fictive de Cologne, Pierre van Dyck (en réalité Bruxelles Foppels). D'une composition semblable mais disposés dans un ordre différent, ces mémoires proposent de nombreuses variantes par rapport à l'imprimé, dont une omission : « les mémoires de M.D.L.R. contenant les brigues pour le gouvernement à la mort de Louis XIII ». Cette absence permet de dater ce manuscrit au plus tard de la fin de l'année 1661.

Les mémoires de La Rochefoucauld circulèrent de façon subreptice durant quelques années et donnèrent lieu à une génération de copies clandestines. La version imprimée des Mémoires fut quant à elle entreprise contre le désir de l'auteur, de manière toute aussi clandestine. On sait l'importance historique majeure de ces mémoires pour la connaissance des événements de la Fronde. Le Duc, blessé aux yeux, aveuglé et sanglant, quitte la scène et l'activité partisane en ayant tout perdu. Le château de Verteuil, rasé par ordre de la Cour, est en ruine. Pour La Rochefoucauld, l’avenir est plus qu’incertain : il est probablement aveugle et n'a que 40 ans. C'est après cette petite mort que le Duc de La Rochefoucauld lèguera à la postérité ses quelques 500 maximes. Un très beau document dans sa reliure du temps, portant un ex-libris manuscrit deux fois répété « de Latresne », que l'on peut rattacher à Lecomte de Latresne, frondeur et président du Parlement de Bordeaux, acquis à la cause de la révolte des Princes. 2 200 €

18. LA ROCHEFOUCAULD (François de) Mémoires de M. D. L. R. ou la Minorité de Louis Louis XIV. Corrigez sur trois copies differentes, & augmentez de plusieurs choses, fort considerables, qui manquent dans les autres editions ; Avec une Préface nouvelle, qui sert d’Indice & de Sommaire. A Villefranche, Chez Petit David, 1699. In-12, en plein maroquin citron, dos à 5 nerfs, pièce de titre de maroquin vert, doré sur tranche (reliure XIXe). Ex-libris armorié de La Rochefoucauld, cachet du château de La Roche Guyon sur la page de titre et, ex-libris « James Hartmann ». (12), 428 pp., (1). Bel exemplaire en maroquin citron des mémoires de La Rochefoucauld, provenant du château de La Roche Guyon. Plat supérieur légèrement martelé. 500 €

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19. VIALART (Charles, dit de Saint Paul) Histoire du ministère d'Armand Jean du Plessis Cardinal de Richelieu. Amsterdam, Abraham Wolfganck, 1664.

3 vol. in-12, en pleine basane d'époque, dos à 5 nerfs orné de fleurons, légèrement frotté, tranches rougies. Portrait de Richelieu en frontispice.

Ouvrage condamné au feu par arrêt du Parlement, imprimé en format Elzevier en reliure d'époque.

300 €

20. RICHELIEU (Cardinal de) Testament politique d'Armand du Plessis, Cardinal de Richelieu. Amsterdam, 1688. In-12, en pleine basane d'époque, dos à 4 nerfs orné de fleurons, tranches mouchetées. Légères traces d'usures. Nouvelle édition de ce traité politique, le seul écrit théorique du Cardinal de Richelieu. 150 €

21. DESLYONS (Jean) Traitez singuliers et nouveaux contre le paganisme du Roy-boit. A messieurs les theologaux de toutes les Eglises de France. Par Jean Deslyons Docteur de Sorbonne, Doyen & Theologal de l'Eglise Cathedrale de Senlis. Ouvrage utile aux Curez, aux Predicateurs, & au Peuple. A Paris, Chez la Veuve C. Savreux, 1670.

In-12, en plein veau de l'époque, dos à 5 nerfs orné de fleurons, tranches mouchetées. Ex-libris « dethan ». (2bl), (28), 346 pp., (2bl).

Curieux et rare traité vilipendant la célébration de la galette des rois, qui, comme la célébration de la fête des fous et autres traditions populaires, était farouchement combattue par les autorités de l'Eglise. 250 €

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22. MANESSON MALLET (Allain) Les Travaux de Mars ou la Fortification nouvelle tant reguliere, qu'irreguliere. Divisee en trois parties. [...] Dedié au Roy. Par Allain Menesson Mallet. Paris, 1671-1672. 3 vol. in-8, en plein veau de l'époque, dos à 5 nerfs orné de fleurons. Mors faibles, coiffes usagées. Ex-libris armorié « Andr. Alex Mormandeau ». T. I : (1bl), (12), 249 pp., (3), (1bl). T. II : (1bl), (12), 274 pp., (2), (1bl). T. III : (1bl), (8), 271 pp., (1bl) Un des très beaux livres illustrés du XVIIe siècle concernant l'art de la guerre. Allain Manesson Mallet, ingénieur militaire, y traite tous les aspects de son art : fortifications, logements, instruments de siège, fabrique de l'armement, manœuvres diverses, topographie, etc. Le premier volume explique la manière de lever les plans ; le second donne les mérites respectifs des diverses méthodes de fortifications ; et le dernier, les stratégies d'attaque et de défense, ainsi que la connaissance des matériaux. L'abondante iconographie gravée sur cuivre, d'une remarquable qualité d'exécution, en grande partie agrémentée de sujets annexes dessinés en marge, fait de ce bel ouvrage un recueil indispensable à la connaissance de l'art de la guerre au Grand siècle. 2 500 €

23. POULLAIN DE LA BARRE (François) De l'égalité des deux sexes, discours physique et moral, Où l'on voit l'importance de se défaire des Préjugés. A Paris, Chez Jean Du Puis, 1673. In-8, en plein veau moucheté de l'époque, dos à 5 nerfs orné de fleurons, tranches mouchetées ; légères traces d'usure. 1 (8), 243 pp., (3). Edition originale de ce rare et étonnant ouvrage, premier écrit à prendre la défense des femmes et à prôner leur égalité en droit avec les hommes. L'argument du livre est profondément cartésien : il s'agit, suivant la démarche des Méditations Métaphysiques, de se libérer des préjugés qu'ont les hommes au sujet d'une prétendue infériorité féminine, afin de parvenir à cette certitude indubitable de l'égalité des hommes et des femmes. La première partie de l'ouvrage s'efforce de déconstruire les préjugés de la doxa ; la deuxième partie affirme que les préjugés des vulgaires prennent source dans le jugement des hommes savants, qui ne sont eux-mêmes pas exempts de préjugés. L'argument principal, cartésien encore, est alors celui-ci : « l'esprit n'a point de sexe » (le cogito cartésien est en-deçà de la distinction homme/femme), l'esprit féminin a un égal droit à la vérité et est tout également capable d'atteindre la connaissance. Quant au corps de la femme, ayant été créé par Dieu, sa différence ne constitue en rien une imperfection, il possède simplement des caractéristiques qui font sa spécificité, sa perfection, d'un genre différent. Par conséquent, les femmes sont tout aussi aptes que les hommes à exercer les fonctions de corps et surtout d'esprit réservées aux hommes. Au terme de l'argumentation, nous savons désormais cela de façon « claire et distincte ». L'ouvrage de François Poullain de la Barre s'inscrit dans la suite de la « Querelle des Femmes » ; on se souvient que les Femmes savantes paraissent en 1672, et que le mouvement des précieuses autour de Mme de Scudéry occupe les esprits. C'est dans ce contexte que Poullain décide de rentrer en guerre contre le préjugé de supériorité masculine. En ce sens, il fait figure de précurseur de la pensée féministe, et est reconnu comme tel par Simone de Beauvoir qui le cite en épigraphe du Deuxième Sexe. Toutes les éditions de Poullain de la Barre sont d’une grande rareté, mais la première véritable originale est absolument introuvable. 2 500 €

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24. VIAU (Théophile de) Oeuvres de Theophile, Divisées en trois Parties. Première partie, contenant l'immortalité de l'Ame, avec plusieurs pieces. La seconde, les Tragedies ; Et la troisiéme, les Pieces qu'il a faites pendant sa prison. Dediées aux beaux Esprits de ce temps. Derniere edition. A Lyon, Chez Antoine Cellier fils, 1676. In-12, en pleine basane brune, dos plat orné de fleurons (reliure pastiche ancienne). Quelques mentions manuscrites anciennes sur la plage de titre. Trou de vers marginal affectant les vingt premiers feuillets. (3), 238 pp., (4), 249 pp. Edition lyonnaise XVIIe des œuvres complètes, incluant dans la troisième partie « le recueil de toutes les pièces faites par Théophile pendant sa prison jusqu'à sa mort ». Une des dernières éditions XVIIe des œuvres complètes de Théophile de Viau tirées à petit nombre. Les écrits de Théophile, chef de file de la pensée libertine, sont rares. Placé au Panthéon des poètes par Théophile Gautier et Stéphane Mallarmé, Théophile de Viau a conservé jusqu'à ce jour une place à part dans la littérature clandestine du XVIIe siècle. 450 €

25. (CHEVREAU Urbain) La suite et le mariage du Cid, Tragicomédie. A Caen, Chez Eleazar Mangeant, 1682.

In-8, en demi-basane brune, pièce de titre de maroquin. Légèrement frotté, orné d'une lyre sur le dos. 60 pp.

Edition caennaise fort rare de cette Suite du Cid publiée initialement en 1638, ayant échappé à la sagacité d'Emile Picot, qui cite sous le N°1389 une édition caennaise parue à la même date mais chez Jacques Godes avec une pagination différente.

300 €

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26. LOCKE (John) Essai philosophique concernant l'entendement humain, ou l'on montre quelle est l'etendue de nos connoissances certaines, et la maniere dont nous y parvenons. Traduite de l'Anglois de Mr. Locke, Par Pierre Coste, Sur la Quatrieme Edition, revûë, corrigée, & augmentée par l'Auteur. A Amsterdam, Chez Henri Schelte, 1700. In-4, en pleine-basane, dos à 5 nerfs ornée de fleurons, veau usagé, pièce de titre manquante. Edition originale de la traduction de l'Essai sur l'entendement humain par Pierre Coste, huguenot réfugié en Angleterre après la révocation de l'Edit de Nantes. Publié dix ans après l'originale anglaise, la traduction de Coste permet l'introduction de la pensée empiriste de Locke en Europe. On sait l'importance que la pensée de Locke aura aussi bien dans les théories de la connaissance que dans la pensée politique française. 350 €

27. LOCKE (John) Du Gouvernement civil, Où l'on traite de l'origine, des fondements, de la nature, et des fins des sociétés politiques. Traduit de l'Anglois de M. Locke. Nouvelle édition revue et corrigée. A Bruxelles, 1754. In-12, en plein veau blond, triple filet en encadrement des plats, dos plat orné de fleurons, pièce de titre de maroquin brune, tranches mouchetées. (1bl), XII pp., 358 pp., (1), (1bl). Edition clandestine de ce fameux texte fondateur de la notion de contrat social, dans la lignée de Hobbes et précédant Rousseau. Selon Locke, l'instauration d'un gouvernement civil intervient pour sauvegarder les droits naturels des hommes, selon une logique que l'on peut qualifier de libérale. Bel exemplaire. 200 €

28. MAROT (Clément) Les oeuvres de Clement Marot de Cahors, Valet de chambre du roi. Revûes & augmentées de nouveau. A La Haye, Chez Adrian Moetjens, 1700. 2 vol. in-8 étroits, en demi-veau glacé, dos à 4 nerfs orné de fleurons, pièces de titre et de tomaison de maroquin vert, daté en queue, tranches jaspées. Reliure XIXe signée CLOSS. Léger manque sur une pièce de tomaison, sinon bel exemplaire. T. I : (1bl), XVI pp., 318 pp., (2bl). T. II : (1bl), 414 pp. + table (5ff.), (1bl). Agréable édition augmentée dans une reliure signée. 150 €

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29. CICERON Traité de la divination, Traduit du latin de Ciceron, Par Mr. l'Abbé Regnier Desmarais, Secretaire perpetuel de l'Academie Françoise. Nouvelle Edition augmentée d'un Discours d'Isocrate traduit du Grec par le même. A Amsterdam, 1711. In-12, en pleine basane, dos orné à 5 nerfs, tranches rougies. (11), 283 pp., (2). Nouvelle édition augmentée de ce traité philosophique, un des derniers composés par Cicéron, sur la pertinence de l’art divinatoire. 100 €

30. BURNET (Gilbert) Histoire des dernières révolutions d'Angleterre. A La Haye, 1725. 2 vol. in-4, en plein veau marbré, dos à 5 nerfs orné de fleurons, pièces de titre et de tomaison de maroquin rouge et brune, tranches rougies. Ex-libris « F. Lesage ». T. I : (1bl), (3), 356 pp. ; 6 portraits gravés. T. II : (1bl), (1), pp.357-866 (pagination continue), (23), (1bl) ; 8 portraits gravés. Bel exemplaire de ce classique de l'histoire de l'Angleterre, élégamment illustré de très beaux portraits gravés hors texte en médaillon. Ex-libris « F. Lesage ». 400 €

31. VERTOT (René Aubert de) Histoire des Chevaliers Hospitaliers de S. Jean de Jerusalem, appellex depuis Chevaliers de Rhodes, et Aujourd hui Chevalier de Malthe. Paris Rollin, Quillau, Desaint 1726. 4 vol. in-4, en plein veau d'époque, dos à 6 nerfs orné de fleurons, pièce de titre de maroquin. Coiffes abîmées, mors faibles. Tome I : (3bl), (7) (titre, portrait, préface et approbation), (4) (Renvois et explication des chiffres relatifs aux plans de Malte), (1) (Renvois et explication des chiffres qui désignent les tours, batteries et redoutes [...]), 4 cartes dépliantes, 696 pp., (3bl). Portrait de Vertot en frontispice, 4 cartes dépliantes, 26 portraits (frontispice inclus). Tome II : (2bl), titre, 719 pp., 20 portraits, un plan de Rhodes. Tome III : (3bl), titre, 552 pp., un plan dépliant (ville de Malte), 5 portraits. Tome IV : (3bl), titre, 240 pp., (1), 408 pp., 221 pp., XX pp., 20 portraits. Edition originale de l’un des plus beaux livres sur l'Ordre de Malte, abondamment illustrée d'une très belle galerie de portraits des différents commandeurs de l'ordre, et de grandes cartes dépliantes de l'île de Malte, de ses fortifications et de ses châteaux. Comme dans tous les exemplaires, les portraits ont une numérotation désordonnée. 2 700 €

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32. [Un nouveau système du monde] VIVIERS (Emmanuel de) Calendrier perpétuel plus exact que tous ceux qui ont paru jusqu’à présent. Dans lequel on trouvera les Epactes corrigées par des observations très exactes de lunaisons qu’on a remarquées dans le Ciel depuis plusieurs années, souvent différentes de celles que l’on trouve dans les tables Astronomiques. Troisième édition, Enrichie d’une augmentation du Lever & du Coucher du Soleil & de la Lune sur l’Horizon du Languedoc. (…) D’une métôde pour trouver l’âge de la Lunes par les mêmes Epactes, Et de l’ordre qu’il faut observer pour réciter chaque jour l’office des Saints nouveaux. (…) Toulouse, Hénault, 1728. (77 pp.) Contenu de la première partie : - un calendrier sur douze mois ; - trois roues dépliantes plusieurs rempliées avec parties mobiles.

fois

SUIVI DE : Extrait du Mercure de France, dédié au Roy, du mois d’août 1728. Réponse à la critique du Calendrier du P. Emmanuel de Viviers Capucin, aux Auteurs des Mémoires de Trevoux. (12 pp.) SUIVI DE : Recueil des mémoires de M. Emmanuel de Viviers, capucin. Paris, Ganeau, 1728. (4 pp.) In-12, reliure en en parchemin blanc (vélin de réemploi d’une missive du XVIe siècle). Une étonnante publication du très confus capucin de Toulouse Emmanuel de Viviers, tendant en moins de 80 pages à démontrer un nouveau système universel de calcul du temps, des éclipses, du lever du Soleil et de la Lune, des fêtes mobiles, et autres extravagances. Un bon tiers de l’ouvrage est occupé par divers privilèges et lettres de recommandation, en réponse aux viles attaques dont il est l’objet. L’extravagant capucin, en tentant de démontrer son système, utilise le procédé de la gravure à parties mobiles du plus bel effet, comme en témoignent ces grandes roues mobiles au fonctionnement ésotérique et mystérieux. Un bel ouvrage, aussi rare qu’étrange. 1 200 €

33. BOCACE (Jean) Contes et nouvelles de Bocace Florentin. Traduction, Accomodée au goût de ce temps, troisième edition. Dont les figures sont nouvellement gravées par les meilleurs Maîtres, sur les desseins de Mr. Romain de Hooge. A Cologne, Chez Jacques Gaillard, 1732. 2 vol petits in-8, en plein veau, dos à 5 nerfs. Dos abîmé avec manques et restaurations. T. I : faux-titre, titre, (4), 366 pp., (5), (1bl). T. II : titre, 427 pp., (6), (1bl). Edition illustrée de gravures sur cuivre par Romain de Hooge en introduction de chacune des nouvelles, soit 100 gravures, souvent gaillardes, parfois fantastiques, et toujours surprenantes. Modeste exemplaire de ce livre spectaculaire. 350 €

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34. CAYLUS (Comte de) Le Bordel ou le Jean-Foutre puni. Comédie. A Ancône, chez Jean Chouard, 1747. In-16, en plein veau marbré, dos à nerfs ornés, usagé. (1bl), 118pp. Edition (très) clandestine de cette piécette du Comte de Caylus. Dans sa préface, l'auteur prétend hardiment avoir produit là un traité de morale à l'usage des jeunes gens (!), et poursuivant son propos, explique que dans un souci de naturel, il a voulu adapter le style de langage à chacun de ses personnages : « On sait qu'un domestique, qu'une fille livrée à une honteuse débauche, ne se piquent pas de pureté de langage et qu'on ne doit pas mettre dans la bouche des paroles aussi choisies, que dans celle des personnes qui ont reçu plus d'éducation »... Exemplaire modeste. 350 €

35. CAYLUS (Comte de) Memoires de l'académie des colporteurs. S.l., 1748. In-8 en demi-chagrin brun, dos à 5 nerfs orné dans les caissons, tranches jaspées. 1 frontispice et 8 planches gravés par Cochin et Gravelot. VIII-319 pp. Une fort intéressante production du facétieux Comte de Caylus, expert s'il en fut en écrits séditieux, badins ou pornographiques. C'est avec délice que l'auteur décrit ces milieux marginaux, nous donnant ainsi une occasion rare de pénétrer dans les arrière-boutiques et d'en visiter les seconds rayons. 450 €

36. (LE CAMUS, Antoine) Abdeker, ou l'Art de conserver la beauté. L'an de l'Hégyre 1168 (1748). 2 tomes en 1 vol in-12, en pleine basane brune, dos plat orné de fleurons (reliure de l'époque), tranches marbrées. Reliure usagée, un mors faible. (1), 240, (2), 231. Deux titres gravés, un frontispice, par Humblot, gravés par Pasquier. Edition originale de ce rare et très amusant traité de cosmétique, le premier du genre, dans lequel l'auteur choisit la forme romanesque afin de donner les recettes de beauté et onguents divers destinés au beau sexe.

250 €

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37. DIDEROT & D’ALEMBERT ENCYCLOPEDIE, ou Dictionnaire raisonné des Sciences, des Arts et des Métiers. Par une société de Gens de Lettres. Mis en ordre & publié par M. Diderot, de l'Académie Royale des Sciences et des Belles-Lettres de Prusse ; &, quant à la Partie Mathématique, par M. d'Alembert, de l'Académie Royale des Sciences de Paris, de celle de Prusse, & de la Société Royale de Londres. [1751-1780]. 35 volumes in-folio (avec les Tables), en plein veau marbré, dos à nerfs orné de fleurons et roulette en queue, pièces de titre et de tomaison de maroquin rouge, tranches rouge. Texte : complet des 23 volumes de texte et des deux volumes de Tables qui manquent à grand nombre d’exemplaires, car tirés à vingt ans d’écart. Planches : 12 volumes dont le dernier de Supplément, comportant 3124 planches (sur 3129), complète de ses tableaux dépliants ainsi que du grand tableau récapitulatif plusieurs fois remplié. Condition : état d’ensemble satisfaisant malgré quelques défauts fréquents sur cet ouvrage ; quelques coiffes et mors ont souffert, quelques travaux de vers marginaux, quelques mouillures et rousseurs (liste détaillée sur demande des défauts signalés). La grande Encyclopédie est une incomparable source iconographique sur le XVIIIe siècle et une référence universelle en ce qui concerne l’histoire des idées. Réalisée sur quasiment trente années – si l’on inclut la rédaction des tables –, elle regroupa les deux cents rédacteurs les plus importants du siècle (Diderot, D’Alembert, Voltaire, Rousseau, Turgot, La Condamine, Buffon, etc.). Un agréable exemplaire en reliure de l’époque malgré quelques défauts, l’ouvrage phare du XVIIIe siècle français. 30 000 €

38. ALEMBERT (Jean Le Rond d') Elémens de Musique théorique et pratique, suivant les Principes de M. Rameau. Chez David l'ainé, Le Breton, Durand, Paris, 1752.

Grand in-8, en plein veau marbré de l'époque. 4 fers spéciaux à motif de lyre frappé aux angles des plats supérieur et inférieur. Dos à 5 nerfs orné de fleurons, pièce de titre. 10 planches dépliantes : partitions, portées musicales et tables. Quelques traces d'usure. XV, 171 pp., (1) (errata), 10 planches dépliantes. Edition originale de ce texte majeur sur les théories musicales de Rameau, reprises et synthétisées par D'Alembert, dans une reliure très décorative. 800 €

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39. [RELIURE] Heures latines et françoises pour les principales fêtes de l’année à l’usage de Rome. A Paris, 1754. In-8, plein maroquin rouge, reliure de l’époque dite à la tulipe mosaïquée sur les plats d’une tulipe stylisée entourée de 4 fleurs mosaïquées, dos orné au petit fer mosaïqué chargé de fleurs au naturel. (5), 656 pp., (2). Intéressant exemple de reliure parisienne d’inspiration flamande dite à la tulipe. 650 €

40. [BACON (François)] DELEYRE (Paul) Analyse de la philosophie du chancelier François Bacon. A Amsterdam, et se trouve à Paris, 1755.

2 vol in-12, en plein veau marbré de l'époque, dos à 5 nerfs orné de fleurons, pièces de titre et de maroquin rouge, tranches rougies. Tome I : (1bl), (1), 411 pp., (1). Tome II : (1bl), (1), 347 pp., (1).

L'auteur de cette analyse, Paul Deleyre, était le bibliothécaire de l'infant du Duc de Parmes, dont le précepteur n'était autre que Condillac. On adjoint parfois à cette analyse de la philosophie de Bacon, une vie de Bacon par le même Deleyre. Bel exemplaire. 150 €

41. [BACON (François)] MALLET (David) La vie de François Bacon, Baron de Vérulam Vicomte de Saint-Alban, et chancelier d'Angleterre ; suivie des Maximes de cet illustre auteur, traduction de l'Anglais par M. Bertin. A Londres, et se trouve à Paris, 1788. In-12, en plein veau marbré, tranches marbrées, dos plat orné de fleurons. 268 pp. Charmant exemplaire de ce fameux texte narrant la vie de Bacon, initialement paru en 1740 en Angleterre sous la plume de David Mallet, et en 1742 dans la traduction française de Bertin. 100 €

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42. MIRABEAU (Victor de RIQUETI, marquis de) L'Ami des Hommes, ou Traité de la Population. Première [Seconde Troisième] partie. Avignon, 1756. In-4 en plein veau, dos à 5 nerfs orné de fleurons, pièce de titre de maroquin vert, tranches rougies. Mouillure marginale en bas de volume. VI, 156, (1) p. de table; 218, (1) de table ; 158 [i.e. 216], (3) pp. de table et errata, titres inclus. Véritable édition originale de L'Ami des hommes de Mirabeau, publié initialement en un seul volume à Avignon. Un des textes fondateurs de l'économie politique moderne et texte de référence de l'école physiocratique. Un exemplaire de première émission comportant l'erreur de pagination « 158 » au lieu de « 216 ». 1 000 €

43. BAUDEAU (M. l’Abbé) Eclaircissements demandés à M. N**, Sur ses Principes Economiques, & sur ses projets de législation ; Au nom des Propriétaires fonciers & des Cultivateurs François. Par M. l’Abbé Baudeau. S.l., 1775. In-8, en plein veau marbré, pièce de titre en maroquin rouge, dos orné de fleurons, tranches rougies. Un mors abimé, dos usagé. Un premier texte a été ôté de la reliure. Très rare tiré à part des nouvelles Ephémérides du citoyen (tome 5). L’abbé Baudeau fut rédacteur de la célèbre revue économique de 1765 à 1767, et de 1775 à 1776. Ses contributions au débat économiques furent déterminantes. Ses principes voisinent ceux de Quesnay, il se fait le défenseur de la propriété personnelle, de la liberté de travail, de la propriété mobilière, de la liberté d’échanges et de la propriété foncière. 1 200 €

44. [Madame de POMPADOUR] NAVAU (JeanBaptiste) Le Financier citoyen. S.l., 1757. 2 vol. in-12, en plein veau blond, dos plats ornés de fleurons, pièces de titre de maroquin rouge et de tomaison miel, triple listel en encadrement des plats. XXII, 429 pp. et (8), 314 pp. Le Financier citoyen de Jean-Baptiste Navau est important dans le sens où il propose un exposé synthétique des travaux des principaux ministres des finances depuis le début du XVIIe siècle. Les seconde et troisième parties de l’ouvrage concernent l’examen des opérations ressortissant du Ministère des finances avec des propositions de réformes, et enfin, un examen des fermes, des considérations sur les terres, le commerce, la consommation. Précieux exemplaire AUX ARMES DE LA MARQUISE DE POMPADOUR. On sait que la marquise de Pompadour s’intéressait particulièrement à la nouvelle science politique et que Quesnay tira chez elle, en sa présence et, dit-on, en présence du Roi, le fameux Tableau économique, qui marque l’acte de naissance de la science économique. Brillante intellectuelle et défenseur de l’Encyclopédie, elle possédait dans sa bibliothèque les textes des représentants des différentes écoles. Très bel exemplaire de ce texte synthétisant l’histoire de la pensée économique en France, ayant appartenu à la plus importante figure féminine du XVIIIe siècle français, figurant sous le n° 253 de la dispersion de la bibliothèque de la Marquise de Pompadour en 1765. 6 000 €

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45. JOMBERT (Charles-Antoine) Methode pour apprendre le dessein, Ou l'on donne les Regles générales de ce grand Art, & des préceptes pour en acquérir la connoissance, & s'y perfectionner en peu de tems : ENRICHIE de cent Planches représentants différentes parties du Corps Humain d'après RAPHAEL & les autres grands Maîtres, plusieurs Figures Académiques dessinées d'après nature par M. COCHIN, les proportions & les mesures des plus beaux Antiques qui se voient en Italie, & quelques études d'Animaux & de Paysage. A Paris, De l'Imprimerie de l'Auteur, 1760. In-4, en plein veau marbré, dos à 5 nerfs orné de fleurons, tranches rougies. 100 planches (certaines dépliantes). Restaurations anciennes. VII pp., 159 pp., 100 planches (complet). L'édition la plus complète de ce traité de Jombert, abondamment illustré de gravures spectaculaires, anatomie (d'après Raphaël), paysages, représentations d'une chambre claire, marines, marbres à l'antique, têtes d'expression (gravées par Cochin), études de mains, oreilles, yeux, etc. L'un des traités de dessin les plus rares et les plus beaux du XVIIIe siècle. 1 200 €

46. (DEZALLIER D'ARGENVILLE, Antoine Joseph) Abrégé de la vie des plus fameux peintres, avec leurs portraits gravés en Taille-douce, les indications de leurs principaux ouvrages, Quelques Réflexions sur leurs caractères, et la manière de connoître les desseins et les tableaux des grands maîtres. Par M*** des Sociétés Royales des Sciences de Londres & de Montpellier. A Paris, Chez De Bure l'Aîné, 1762. 4 vol. in-8, en plein veau porphyre encadré d'un listel doré torsadé sur les deux plats ; dos à 5 nerfs richement orné à motif de fleurons, petits fers, bandes et poinçons, pièces de titre et de tomaison de maroquin vert ; la tomaison enrichie d'un jeu de fleurons et petits fers en encadrement des chiffres. Tranches jaspées. Ex-libris armorié « G. Montefiore » avec devise. Quelques indications à la plume sur la page de garde indiquent le nom de l'auteur (de la main de De Bure ?). Cette édition, la plus complète car augmentée de près d'un tiers, est illustrée de beaux portraits de peintres placés dans des médaillons en trompe-l’œil parfois surprenants : peaux de lions écorchés, coquillages, peaux d'écureuils, etc. Gravés par Aubert, Fessard, Tilliard, etc. Un ouvrage élégant et raffiné dans une impeccable reliure en veau porphyre. Quelques rares rousseurs. 1 200 €

47. (GAYOT DE PITAVAL, François) Faits des causes célèbres et intéressantes, augmentés de quelques causes. A Amsterdam, chez Chastelain, 1767. In-12, en plein veau, dos plat orné de fleurons, pièce de titre de maroquin rouge. XCII, 408 pp. Une intéressante compilation des causes les plus célèbres : Martin Guerre, la Marquise de Brinvilliers, la Belle ferronnière, Mlle de Kerbabu, etc. Les petites causes : « le poète Rousseau », « soufflet à une jolie femme », « chanoine trop petit », etc. Précédé d'un curieux traité concernant l'application des peines, tortures et autres brodequins. 150 €

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48. [LIVRE ILLUSTRE] (MEUSNIER DE QUERLON, Anne Gabriel) Les Grâces. A Paris, Laurent Prault, 1769. Grand in-8, en plein maroquin rouge à grain long, dos à 5 nerfs orné de fleurons et filets, fin listel en coiffe de queue et de tête, triple filet en encadrement des plats, dorure sur les coupes. Dentelle intérieure aux petits fers, tranches dorées. Reliure en plein maroquin signée Chambolle-Duru, datée 1889. Illustré d’une planche par François Boucher gravée par Simonet, et 5 gravures de Launay, Longueil, Massard (2) et Simonet d’après Moreau le Jeune. Quelques légères mouillures. Un des très beaux illustrés XVIIIe dans une irréprochable reliure en plein maroquin de Chambolle-Duru. 500 €

49. HESSELN (Robert de) Dictionnaire universel de la France. Contenant la description géographique et historique des Provinces, Villes, Bourgs et Lieux remarquables du Royaume ; l'état de sa population actuelle, de son clergé, de ses troupes, de sa marine, de ses finances, de ses tribunaux, et des autres parties du gouvernement : Ensemble l'Abrégé de l'Histoire de France, divisée sous les trois races de nos Rois ; des détails circonstanciés sur les productions du sol, l'industrie et le commerce des habitans ; sur les dignités et les grandes charges de l'Etat ; sur les offices de judicature et emplois militaires ; ainsi que sur ceux de toutes les autres branches de l'administration. Avec un grand nombre de tables qui rassemblent, sous un même coup d'œil, les divers districts ou arrondissements du gouvernement ecclésiastique, civil et militaire. Paris, Desaint, 1771. 6 vol. in-12, en plein veau porphyre, tranches jaspées, dos à 5 nerfs orné de fleurons, pièces de titre et de tomaison de maroquin rouge. XVI-664 pp. ; (4)-680 pp. ; (4)-675-(1) pp. ; (4)-714 pp. ; (4)-659-(1) pp. ; (4)-645-(3) pp. Riche dictionnaire sur la France du XVIIIe siècle, d'un point de vue statistique, topographique, toponymique, etc. Cet ouvrage recèle de trouvailles de toutes sortes sur nos anciennes communes, lieux-dits, manifestations, états de la population, etc. Rare, en bel état. 550 €

50. ROBERTSON (William) L'Histoire du regne de l'empereur Charles-Quint, précédée d'un Tableau des progès de la Société en Europe, depuis la destruction de l'Empire Romain jusqu'au commencement du seizieme siecle. Chez Saillant & Nyon, Paris, 1771.

6 vol. in-12, en plein veau porphyre, double filet en encadrement des plats, dos plat orné de fleurons. Agréable série élégamment reliée de la première traduction française de l'œuvre majeure de Robertson, qui connut en son temps un immense succès. 280 €

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51. (DUBUAT-NANCAY, Louis Gabriel) Eléments de la politique, ou Recherche des vrais principes de l'économie sociale. A Londres, 1773. 6 tomes en 3 volumes in-8, en plein veau marbré, dos à 5 nerfs orné de fleurons, pièces de titre et de tomaison, double filet en encadrement des plats. Dans cet ouvrage, imprimé sans nom d'auteur, avec la mention fictive « A Londres », Dubuat-Nançay aborde l'épineux problème de la réforme des institutions, des devoirs et droits de la noblesse par rapport aux autres ordres. Proposant une réforme territoriale, l'auteur s'intéresse à la nécessaire éducation des citoyens et prône d'emblée dans son livre I la reconnaissance de l'égalité « des hommes entre eux, soient qu'ils ayent une origine commune, soit qu'ils ne l'ayent point ». L'audace d'un tel propos justifiait à l'évidence l'usage de l'anonymat. Dubuat-Nançay est l'auteur d'un ouvrage critique de l'administration des finances de la France de M. Necker. Agréable exemplaire. 1 200 €

52. NECKER (Jacques) Sur la législation et le commerce des grains. Paris, 1775. 2 tomes en 1 vol. in-8, en plein veau marbré, listel doré en encadrement des plats, dos plat orné de fleurons, pièce de titre de maroquin rouge, tranches rougies. Bel exemplaire. (1bl), (2), 236 pp., 184 pp., (1), (1bl). Edition originale du texte qui valut à Necker son poste de ministre des finances. S'opposant aux doctrines physiocratiques, il préconise un contrôle accru de la Monarchie. Ce texte célèbre fut l'objet de violentes attaques du parti physiocratique, dont Morellet, Luchet et Rossi. Très plaisant exemplaire. 800 €

53. DEMACHY (Jacques-François) L’art du distillateur liquoriste ; contenant le bruleur d’eaux-de-vie, le fabriquant de liqueurs, le débitant, ou le cafetier-limonnadier. Par M. Demachy, de l’Académie des Curieux de la Nature, de celles de Berlin & de Rouen, & Maître Apothicaire de Paris. S.l., 1775. In-folio broché non ébarbé, couverture supérieure de papier bleu manquante. X, 153 pp. - 16 planches dépliantes gravées sur cuivre, dessinées par Goussier et gravées par Benard. Édition originale rare du plus complet traité du XVIIIe siècle concernant l'art de la distillation, augmentée en fin de volume d'une longue liste de recettes des liqueurs. Bien complet de la grande planche dépliante représentant l'intérieur de la boutique du limonadier, dans laquelle est décrit et représenté l'agencement des premiers cafés parisiens, avec la description des services à chocolat, punch, moussoir en buis, et autres "petits seaux remplis d'eau et de glace qui entourent la taupette". 800 €

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54. VOLTAIRE (François-Marie AROUET, dit) La Bible enfin expliquée par plusieurs Aumôniers de S. M. L. R. D. P. Londres, 1776. In-8 en plein veau marbré d'époque, dos plat orné, double pièce de titre « Œuvres de Voltaire » et « La Bible ». Mors supérieur faible, coiffe inférieure usagée. Faux-titre, titre, 316 pp., (1bl) (faux-titre), 318 pp. Bengesco 1861,1, Catalogue général de la Bibliothèque Nationale, Tome 214-2, N°4344. Edition originale clandestine de ce brûlot, synthétisant les recherches et questionnements malicieux de Voltaire ; démontrant par l'absurde les invraisemblances des récits bibliques, il signe là l'un de ses ouvrages les plus corrosifs et haïs par l'Eglise catholique. Une édition originale rare. 1 200 €

55. LA FONTAINE (jean) [Les contes de La Fontaine, exemplaire de l'imprimeur.] Contes et nouvelles en vers, de La Fontaine. A Amsterdam, 1776. In-8 en demi-basane d'époque, dos plat orné de fleurons, pièce de titre de maroquin rouge, coiffes abîmées avec manques. Intéressant exemplaire de cette édition clandestine, portant les corrections de l'éditeur, les gravures sur cuivres étant ici avant toutes lettres. Exemplaire modeste. 300 €

56. POULAIN DE NOGENT (Mademoiselle) Lettres de Madame la Comtesse de la Rivière à Madame la Baronne de Neufpont, son amie ; Contenant les principaux événements de sa vie, de celle de ses enfants, & de quelques-uns de ses parents ; avec beaucoup de Nouvelles & d'Anecdotes du Regne de Louis XIV, depuis l'année 1686 jusqu'à l'année 1712. A Paris, chez Froullé, 1776.

3 vol. petits in-8, en plein veau, dos plat orné de fleurons, 2 pièces de titre manquantes, tranches rougies, mors faibles. Edition originale de ce roman épistolaire au style alerte mêlant les nouvelles anecdotes de la Cour à une histoire d'amour et de passion, échangées entre deux amies sur une période de trente années. 100 €

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57. [MANUSCRIT] (…) Contes moraux. s.l., 1777. 4 vol. in-8 en plein veau marbré, dos à 5 nerfs orné de fleurons, pièce de titre et de tomaison en maroquin rouge et vert, tranches rougies. Ex-libris héraldique « Villeperdrix ». T. I : (1), 412 pp. + 1 f. (table), (3) T. II : (1), 429 pp., (1), 1 f. (table), (1) T. III : (1), 420 pp., 1 f. (table) T. IV : (1), 156 pp., 1 f. (table) Titres peints à l'aquarelle. Ensemble de 37 contes manuscrits réunis sous le titre global de "Contes moraux" à la date de 1777, regroupant un ensemble de contes, histoires orientales, contes de fées préromantiques ou philosophiques. Si certains de ces textes ont été publiés de manière anonyme dans des ensembles tels que le Mercure de France, le Cabinet des Fées, ou la Récréation de la Toilette, la plupart d'entre eux semblent inédits. Il nous a été possible de lever l'identité d'au moins un auteur : M. de La Dixmérie. Il est possible que ce curieux et charmant ensemble soit le fait d'un des rédacteurs du Mercure de France qui aurait eu accès à un certain nombre de manuscrits originaux. Notre ouvrage est quant à lui d'une présentation agréable et soignée, avec des jeux de plumes rehaussés d'aquarelle pour chacun des cartouches annonçant une nouvelle. Les textes sont encadrés d'un trait de plume. L'ensemble est attrayant et délicieusement écrit. Une exceptionnelle réunion de contes manuscrits XVIIIe. 1 200 €

58. (JOUFFRAU DE LAGERIE, Abbé) Le Joujou des Demoiselle. Nouvelle édition augmentée. S.l.n.d. (1780).

In-8, en pleine basane fauve, dos plat orné (reliure de l'époque). Dorure estompée, accrocs au mors et à la coiffe supérieure, charnières fragiles, coins usés ; quelques rousseurs. Contient un titre frontispice et une planche gravée par Le Mire d'après Eisen, poème libertin dans un texte entièrement gravé et orné de 55 vignettes grivoises (sur 57). Un classique du second rayon, chaque page étant gravée afin de ne laisser aucun indice concernant l'identité de l'imprimeur. Les gravures (charmantes) ont été manifestement réalisées à la hâte, certaines placées de guingois, témoignant de la furtivité de l'édition. 250 €

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59. BONNE (Rigobert) Atlas de toutes les parties connues du globe terrestre, dressé Pour l'Histoire Philosophique et Politique des établissements et du Commerce des Européens dans les deux Indes. S.l.n.d. (ca. 1780). In-4, en demi-veau de l'époque. Texte en partie non coupé à toute marge.

49 cartes, importants tableaux statistiques, certains plusieurs fois repliés, commerce des grandes nations européennes avec le Nouveau monde : commerce de l'Amérique Septentrionale ; tableau du commerce de la Grande-Bretagne avec ses colonies du continent de l'Amérique depuis 1667 jusqu'en 1673 ; état de la pêche à la morue faite par les Français 1773 ; tableau des exportations de la Jamaïque pendant l'année 1774, etc. 1 200 €

60. CREBILLON (Jolyot de) Oeuvres complètes de Crébillon, nouvelle édition, augmentée et ornée de belles gravures. Paris, 1785.

3 vol. in-8, en plein veau porphyre, plats ornés d'une guirlande en encadrement, dos plat orné aux petits fers à motif de soleil stylisé, pièces de titre et de tomaison de maroquin vert mosaïquée de maroquin rouge pour la numérotation. Doré sur les trois tranches, dentelle intérieure. Un léger éclat sur la coiffe supérieure du tome 1. 1 portrait et 9 figures par Marillier. Exemplaire très bien relié de ce magnifique illustré XVIIIe s. (Cohen 99 : « gravures d'une grande beauté ») Un exemplaire de choix dans une reliure particulièrement élégante. 800 €

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61. (...) Académie universelle des jeux, Contenant les Regles des Jeux de Cartes permis ; celles du Billard, du Mail, du Trictac, du Revertier, &c. &c. Avec des Instructions faciles pour apprendre à les bien jouer. NOUVELLE EDITION. Augmentée du Jeu des Echecx, par Philidor ; du Jeu de Whist, par Edmond Hoyle, traduit de l'Anglois ; du jeu de Tre-sette ; du Jeu de Domino, &c. &c. A Amsterdam, 1786. 2 vol. in-12, en demi-veau, dos plat orné de fleurons (lampe à l'antique), pièces de titre et de tomaison de de maroquin rouge, tranches mouchetées. Plaisante édition augmentée, illustrée de gravures dépliantes hors texte des principaux jeux en usage à la fin du XVIIIe siècle, dont le jeu des échecs par Philidore, le jeu de whist, mais aussi le jeu du toc, du hoc, des dames rabattues, du tournecase, du revertier, du tric-trac, du briscan, du coucou, du cul-bas, du gillet, le jeu de sixte, de la tontine, de l’ambiguë, de la comète, de l'impériale, etc. Amusant, rare et instructif. 200 €

62. (AUBUSSON, P.A. D'.) Modele d'un nouveau ressort d'économie politique, ou projet d'une nouvelle espece de banque, qu'on pourra nommer banque rurale, offerte aux observations du public. SUIVI DE : Profession de foi politique d'un bon françois ; SUIVI DE : Considération sur la dette du gouvernement, et sur les moyens de la payer. SUIVI DE : Adresse à Messieurs de l'ordre de la noblesse. Paris, Chez Laurens junior & Cressonnier, 1789. Quatre textes reliés en 1 vol. in-8, en plein veau marbré de l'époque, dos plat orné de fers à motif d'urnes, lyres et filets, double pièce de titre (« modele de banque rurale » et « profession de foi ») de maroquin vert, tranches marbrées. (2), 99 pp., 87 pp., 32 pp., 12 pp., (1). Kress S.5207-10 ; Goldsmiths 13757, 13852, 13854, 14025 ; INED 124-125 ; Martin & Walter 731-33 et 739. Réunion de quatre opuscules en première édition dans une très belle reliure décorée à l'état de neuf. Pierre-Armand Vicomte d'Aubusson était membre de la Société royale d'agriculture de la Généralité de Limoges. Le projet d'établissement d'une banque rurale prône l'établissement d'une institution bancaire différente de tout ce qui a été jusqu'à présent conçu, c'est-à-dire uniquement dévolue à la restauration de l'agriculture : « et toujours propre à la maintenir dans un état de prospérité ». Autrement dit, une possibilité à chaque propriétaire terrien « d'emprunter à son gré tous les six mois l'argent du public, au plus modique intérêt possible ». 800 €

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63. FABRE D'EGLANTINE (P.F.N.) Quatre pièces : - Le Philinte de Molière, ou La suite du Misanthrope, comédie en cinq actes et en vers. (Paris, 1793) suivi de : Le Convalescent de qualité, ou l'aristocrate, comédie en deux actes et en vers. (Avignon, 1791) - Les Précepteurs, comédie en cinq actes et en vers, ouvrage posthume. (Paris, an VIII) - L'intrigue épistolaire, comédie en cinq actes et en vers. (Paris, 1792) 4 textes en 3 vol in-8, en demi-basane rouge, pièce de titre de maroquin bordeaux. L'ouvrage posthume des « Précepteurs » porte la signature « Fabre d'Eglantine Fils ». Philippe-François-Nazaire Fabre d'Eglantine (Carcassonne 1755 - Paris 16 germinal an II), littérateur et poète, ne rencontre la gloire qu'en 1790 avec son Philinte de Molière. En 1792, l'Intrigue épistolaire et Le Convalescent de qualité parachèvent sa gloire. Aspiré par la Révolution, il devient l'ami de Camille Desmoulins, Lacroix et Danton et entame la carrière politique que l'on sait. Décapité sous le chef d'inculpation de royaliste et faussaire, il marche à la mort avec courage en jetant à la foule les manuscrits de ses poèmes, car c'est en tant que littérateur que Fabre d'Eglantine désire passer à la postérité. Une rare réunion des principaux titres du célèbre révolutionnaire. 300 €

64. Liber amicorum à secret In-8 à l’italienne, en satin de soie verte, tranches dorées (reliure d’époque). 81 pages numérotées à la plume. Orné sur les premiers contreplats de compositions découpées à système, monogrammées et datées "CFIT 17" et "MCO 93". Un charmant album composé de pensées, poèmes, aquarelles et collages en allemand et en français, tenu de 1793 à 1807 par une jeune fille. On y voit une composition allégorique monogrammée MC entourée de symboles révolutionnaires, légendée en français : « fait pars un Republiquain français prisonnier de guerre à Colberg le 6 septembre 1794 ». Plus loin, la mention suivante : « Masson de Nancy département Meurthe officier au service de la République française dans le 71e régiment d’infinterie (sic), prisonnier de guerre à Colberg le 14 septembre 1794. Masson s. lieut. » ; et en-dessous, d’une écriture plus affirmée : « Masson, capitaine menbre de la Légion d’honneur, 108e régiment le 14 septembre 1807, renouvelle son assurance d’amitié à la famille Tenk ». On devine qu’une idylle s’est nouée entre la jeune allemande et le jeune prisonnier. En effet, plusieurs rébus et messages cryptés font allusion à une histoire d’amour entre les deux jeunes gens. Un bouquet de fleurs habilement découpé en fines lamelles laisse apercevoir, lorsque l’on tire une ficelle, la figure de la République française prisonnière sur un rocher. D’autres images à système font subtilement référence à cette rencontre, tel ce cœur prisonnier que dévoile un système sur le dernier contreplat. 1 200 €

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65. CONDILLAC (Etienne Bonnot de) Œuvres philosophiques de Condillac. Paris, Dupart, 1795 - An III. 6 vol. in-12 en demi-veau à coins, reliure de l'époque, dos à 4 nerfs orné d'arabesques. Mors faibles et coiffes usagées. Tranches rougies. Contient : Les opérations de l’âme, Du langage et de la méthode, Traité des sensations, Traité des animaux, écrits relatifs à l’Ethique de Spinoza. Agréable édition, rare, des œuvres philosophiques de Condillac, en format « livre de poche ». 200 €

66. BEAUMARCHAIS (Pierre-Augustin Caron de) Œuvres complètes. Paris, 1809. 7 vol. in-8, en plein veau porphyre, dentelle en encadrement des plats, dos plat orné de corbeilles de fruits et d'un treillis aux petits fers, pièces de titre et de tomaison de maroquin vert, tranches jaspées. Portrait frontispice-(4)-557, (1)-(4)-615, (1)-(4)-XVI-512, (4)-622, (4)-447, (1)-(4)-XVI-399, (4)-312-LX pages et 25 planches. 25 gravures au trait représentant la mise en scène de ces pièces. Rares rousseurs éparses. Contient : I-II : Théâtre ; III-IV : Mémoires ; V : Epoques ; VI-VII : Correspondance. Un très bel exemplaire en veau porphyre de la première édition collective des œuvres de Beaumarchais, publiées sous la direction de Gudin, son secrétaire, illustrées d'intéressantes gravures témoignant des premières mises en scène du Barbier de Séville, les Deux Amis, Eugénie, Le Mariage de Figaro, la Mère coupable, Tarare. 1 200 €

67. MAUDET DE PENHOUET (Armand-Louis-Bon, comte de) Bretagne : la fouille de la Table des Marchands et de la Roche-aux-fées. 1814. Ensemble de 5 lavis originaux 27,5 x 21cm légendés au crayon, représentant la première campagne de fouilles organisée en Bretagne sous son autorité en 1811. Au cours de ces investigations, il fut procédé à la fouille de la Table des Marchands, de la très célèbre Roche-aux-Fées, des monuments funéraires de Limerzel (Morbihan), et du grand tumulus de Tumiac, dit le Grand-Mont. Ces documents originaux exceptionnels montrent les mégalithes des constructions funéraires tels qu'ils étaient à l'époque. Ces premières fouilles faites en dépit du bon sens furent en fait extrêmement destructrices, mais correspondaient bien à l'esprit de l'époque et aux préoccupations du temps. C'est en effet dans les mêmes années que furent entreprises en Egypte les fouilles de la Vallée des Rois. Les travaux de Maudet de Penhouet donnèrent lieu à une publication : les Recherches historiques sur la Bretagne, illustrée de gravures d'après ces originaux. 1 200 €

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68. [PLACARD] Les chauffeurs : « Relation circonstanciée de l’Arrêt rendu par la Cour de d’assises de Versailles, qui condamne à la peine de mort, les nommés MORINET, PECHARD et MORIN, atteints et convaincus de meurtre et de vols à main-armée au presbytère du Curé de Guillerval, près d’Etampes. Moyens employés par ces scélérats (…), détails des persécutions que ces monstres ont fait endurer à leur victime, cruautés commises par ces brigands qui ont chauffé les pieds de ce respectable vieillard âgé de 77 ans. Un rare placard (43 x 28 cm), illustré d’une gravure sur bois représentant le forfait des brigands brulant les pieds du curé de Guillerval, afin de lui faire avouer où celui-ci a caché son magot. Le document, recto-verso, dans lequel sont racontés par le détail le déroulement du procès et les aveux des misérables, se termine par l’acte d’accusation : peine de mort par décapitation des trois accusés. Le document se conclut par une complainte intitulée « Les remords des chauffeurs assassins du curé de Guillerval, sur l’air du Maréchal de Saxe ». 250 €

69. CHATEAUBRIAND (M. le Vicomte de) Mélanges de Politique. Paris, 1816-1817. 2 vol. in-8, en plein veau raciné de l'époque, dos plat orné d'un semi de lys au naturel, pièces de titre et de tomaison de vieux rose, tranches rouges mouchetées. Première édition de ce recueil en partie originale, contenant : De Bonaparte et des Bourbons, De la Monarchie selon la Charte, nombre de pages inédites, et une nouvelle Préface. Le tome I est daté 1817. Exemplaire agréablement relié, et frais (quelques épidermures à un tome). 600 €

70. CHATEAUBRIAND (M. le Vicomte de) Œuvres complètes. Furne, Paris, 1834. 4 vol. grands in-8, en demi-maroquin aubergine, dos plat orné de 4 faux nerfs agrémenté de fleurons, filets et compositions aux petits fers dans les caissons. Pièces de titre et de tomaison frappées aux petits fers. Les 4 faux nerfs sont sertis d'une composition aux petits fers. Belle reliure romantique décorative des œuvres de Chateaubriand. Mouillures, exemplaires non coupé. Une reliure romantique des plus décoratives, non coupée, des œuvres de Chateaubriand. 600 €

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71. [RELIURE] Album romantique

Album in-folio oblong en plein maroquin aubergine, dos à faux nerfs orné de motifs romantiques dans les caissons et sur les faux nerfs, double encadrement composé d’un ensemble de listels et fleurons d’angle délimitant un large rectangle sur les plats, décoré aux petits fers à motif de lys stylisés et de feuillages, avec en son centre une peinture sous verre enchâssée représentant un paysage bucolique italien : paysans et paysannes discutant au bord d’un fleuve, avec sur l’autre rive l’ébauche d’un temple romain. La composition est encadrée d’une frise dorée à l’or décorée de motifs floraux. Plat inférieur orné d’un double encadrement de même nature que celui du premier plat, l’endroit dévolu à la peinture du plat supérieur étant occupé par un superbe travail en à froid à motifs antiques. Doré sur tranche. Les fermoirs de type cathédrale sont en or massif (poinçon), articulés par un ingénieux système de ressorts permettant d’avoir une amplitude de fermeture suivant l’évolution de l’épaisseur de l’album. Ce spectaculaire album donné à une demoiselle de Montigny en 1880 est demeuré vierge. Magnifique reliure romantique. 5 000 €

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72. [MALO (Charles)] Voyage pittoresque de Paris au Havre sur les rives de la Seine. Paris, Janet, 1828. In-16, en plein maroquin à grain long tabac, mosaïqué de fleurons rouges et verts, plats supérieur et inférieur décorés d’un double listel, petits fers en coin délimitant un espace chargé d’une composition aux petits fers encadré de fleurettes mosaïquées. Dos à 5 faux nerfs, orné d’un triple filet doré, caissons ornés de fleurons mosaïqués alternativement rouges et verts. Belle dentelle intérieure de maroquin tabac, ornée d’un quintuple listel doré. Couverture de papier beurré rose conservée. Doré sur tranches. Edition originale de ce livre ravissant, illustré sur le titre d’un bateau à vapeur rehaussé à l’aquarelle, et de dix exquises aquateintes finement terminées à l’aquarelle, représentant les rives, sites et vues de bords de Seine, de Paris au Havre. Exemplaire délicieusement relié dans un état parfait état de conservation. 1 500 €

73. (…) Isographie des hommes célèbres, ou collection de fac-similé de lettres autographes et de signatures, exécutée et imprimée par Th. Delarue, lithographe, sous les auspices de MM. Bérard, De Chateaugiron, Duchesne, Trémisot et Bertier. S.l., 1843. 4 volumes in-4, plus 1 volume de table. Demi-chagrin vert à nerfs. Couverture rigide. Tiré sur papier vélin non ébarbé. Le 5e volume de 38 pages constitue la table des matières des auteurs dont les fac-similés se trouvent répartis sur les 4 volumes. Ouvrage intégralement lithographié, y compris la préface, regroupant 865 facsimilés et signatures de personnages célèbres. Comme le précise l’éditeur-lithographe, le choix des exemples d’écriture, ainsi que la fidélité des reprographies, est une « première » dans l’histoire du livre. Il est vrai que cet ouvrage est encore de nos jours un usuel indispensable aux collectionneurs d’autographes ; mais le livre est aussi d’une lecture captivante pour le profane qui, au travers de la multiplicité des écritures, découvre une autre vision de l’histoire. 600 €

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74. Curiosités Réunion de vingt textes de curiosités, « variétés curieuses et amusantes des lettres, des sciences et des arts », parue à Paris Delahays & Paulin, de 1845 à 1861, reliée en demi-chagrin tabac, et noir pour le tome XX. Cette très amusante et rare série de curiosités et bizarreries, initialement annoncée en deux volumes, a été ici augmentée de dix volumes supplémentaires extraits de divers auteurs sur le même thème des curiosités et bizarreries. L’amateur a tomé cet ensemble de 1 à 20 selon un ordre qui lui était propre et dont voici le détail : T. I : Curiosités des traditions, des mœurs et légendes (Ludovic Lalanne) T. II : Croyances populaires au Moyen Âge (P.L. Jacob) T. III : Curiosités historiques T. IV : Curiosités de l’histoire de France (P.L. Jacob) T. V : Procès célèbres de l’histoire de France (P.L. Jacob) T. VI : Curiosités judiciaires (Waréé) T. VII : Curiosités des inventions et découvertes T. VIII : Curiosités de l’histoire de l’art (P.L. Jacob) T. IX : Curiosité de l’archéologie et des beaux-arts T.X : Curiosités anecdotiques T. XI : Curiosités philologiques, géographiques, ethnologiques T. XII : Curiosités biographiques T. XIII : Curiosités littéraires (L. Lalanne) T. XIV : Curiosités militaires T. XV : Curiosités théologiques T. XVI : Curiosités théâtrales (Fournel) T. XVII : Curiosités d’économie politique (Louvet) T. XVIII : Curiosités de l’histoire du vieux Paris (P.L. Jacob) T. XIX : Paris anecdoctes (Privat d’Anglemont) T. X : Curiosités bibliographiques (L. Lalanne) Une très rare petite bibliothèque portative pour briller en société à moindre frais. 650 €

75. LALAISSE, Benoist La Galerie armoricaine. Costumes et vues pittoresques de la Bretagne. 2 volumes. Nantes, Charpentier Père et Fils, 1848. 2 volumes in-folio, reliure éditeur en demi-basane verte, dos orné aux petits fers, blason hermine en centre des dos, « Charpentier Editeur » en queue, manque de carton (4 cm) au coin du plat supérieur du tome 2, mouillures et rousseurs éparses. Complet de ses 130 lithographies rehaussées. Edition complète de cette célèbre publication régionaliste, incomparable source d'images, reflétant la diversité des costumes, coiffes et vêtements spéciaux de la Bretagne du XIXe siècle. Hippolyte Lalaisse, peintre-lithographe, a parcouru la région de Bretagne durant plusieurs années afin de collecter sur le vif ces documents exceptionnels. Foires, pardons, vendanges, fêtes, mariages, activités de la vie quotidienne sont ainsi mis en situation pour mieux rendre la diversité de ces tenues d'apparat ou de travail. 1 200 €

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76. BEAU (R. J.) Le copiste electro-chimique, Procédé de R. J. Beau. Brevet d'Invention et de Perfectionnement. A Paris, chez l'inventeur et les Principaux Papetiers (s.d.) (1852). Une boîte-valise en plein-maroquin aubergine à long grain, orné aux petits fers et en à froid, frappé en son centre d'un super-libros aux petits fers « Le copiste electro-chimique ». Le couvercle forme un soufflet intérieur. La boîte contient deux forts registres estampés et imprimés d'après le procédé R. J. Beau, qui constituent la matière première permettant de reproduire tout document : réserve de papier, papier à lettre. La boîte est complète de ses divers compartiments, contenant une éponge dans un réceptacle de fer blanc, un petit caisson destiné à recevoir l'encre électro-chimique. Le registre, dans son beau cartonnage estampé, est à l'état de neuf, on découvre sur le contre-plat sur une feuille de papier posé, l'instruction pour l'usage du Copiste électro-chimique, détaillant en huit actions la marche à suivre pour réaliser la duplication d'un document. Un ensemble dans un merveilleux état de conservation de cet ancêtre Second Empire de la reprographie à usage privé. 1 500 €

77. [FOU LITTERAIRE] CAUMONT (Aldrick) Langue universelle de l’humanité ou Télégraphie parlée par le nombre agissant réduisant à l’unité des idiomes du Globe compris instantanément d’un pôle à l’autre et à toutes distances aux moyens de phrases de huit langues français, anglais, allemand, italien, espagnol, latin, grec, hébreu (catégories morales) du Dictionnaire numérique, concordant, méthodiques et raisonné (en préparation) de toutes les idées les plus utiles, les plus pratiques et les plus progressives dans le monde physique, le monde intellectuel et le monde moral, et notamment sur les points suivants : commerce, navigation, chemins de fer et télégraphe électrique : précédé d’un grammataire numérique et alphabétique et un vocabulaire de mots, par Aldrick Caumont. Paris, Bruxelles, 1867. In-folio broché, couverture orange, imprimé sur papier fin. Au verso du titre, un long prospectus d’un dictionnaire universel de droit maritime sous presses qui formera 40 volumes in-8 (!), fauxtitre, ouvrages du même auteur… sous presses, épître en hébreu, introduction et explication du nombre agissant sur les langues associées, 23 p. (110 sections), (1) (bl), suite du prospectus d’un dictionnaire universel de droit maritime et sur le dernier plat, fin du prospectus d’un dictionnaire universel de droit maritime (!). Le maniement de la langue universelle de l’humanité est assez simple. S’il vous prend le désir de dire à l’un de vos correspondants : section 28 « Tu lâches ta bouche au mal ; et par ta langue tu trames la fraude ! », il vous suffit de vous reporter à la sous-section française, anglaise, allemande, italienne, espagnole, latine, grecque ou hébraïque, et le tour est joué ! Les propos choisis sont parfois légèrement énigmatiques ; exemple du propos n° 87 : « Ils ont un venin semblable au venin du serpent, et ils sont comme l’aspic sourd qui bouche son oreille » ! Indispensable à tout voyageur de commerce moderne. 500 €

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78. [CARICATURE] Statuette en plâtre intitulée « Le Séducteur » Statuette en plâtre dans la veine des compositions de Granville intitulée « Le Séducteur » sur le socle, représentant un gros porc débraillé entreprenant vigoureusement une jeune chatte révulsée tentant de se dégager. Cette statuette très expressive et fort évocatrice porte le cachet « DELAFOSSE Editeur à Paris ». Très belle patine.

800 €

79. [COMMUNE DE PARIS] Registre manuscrit tenu par un membre de la Garde nationale, 1870. 1 fort registre in-4 en pleine percaline grise, portant une étiquette sur le premier plat : « 26ème Bataillon de la Garde nationale de la Seine, Livre d'Ordres de l'Etat Major Général. » Quelques manques. Titre calligraphié en rouge et noir, daté 1870. Le registre, non paginé, débute par la mention « Quartier général du 3ème secteur Gl de Montfort à Paris rue d'Argonne n°17 - A partir de demain 15 septembre 1870, conformément aux ordres du Gouvernement de Paris, le 3eme secteur rendra le grand état de siège à raison de 200 hommes par bastion ». Le premier ordre du commandement de l'état-major général porte la cote « Ordre 239 » daté du 12 septembre 1870. Le dernier est daté du 28 janvier 1871, sous la cote « Ordre 944 » : « La nuit dernière des officiers de la Garde nationale ont tenté de réunir leurs troupes et de prendre des dispositions militaires en dehors de tout commandement. » Le registre, écrit d'une plume régulière et méticuleuse, reprend l'intégralité des ordres transmis au 26ème bataillon, en précisant à chaque fois le nom du signataire, la cote et la date de l'ordre. La vie quotidienne de la Garde nationale, qui emploie alors 200 000 hommes, est consignée dans ses moindres détails. Entre les escarmouches et faits de guerre divers, les cas d'indisciplines s'avèrent nombreux et problématiques : abus de pouvoir et d'autorité, rixes, ivrognerie, actes d'incivilité ou de rébellion, sont extrêmement fréquents. L'on perçoit une volonté du gouvernement de tenir fermement ses troupes disparates.

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Le document fourmille de renseignements passionnants, donnant le nom, parfois l'adresse des gardes nationaux. A partir du mois de novembre 1870, la situation se dégrade sévèrement. Les révocations et dégradations d'officiers deviennent monnaie courante. Des pages entières recensent les démissions d'officiers dans tous les secteurs. Au mois d'octobre 1870, l'ordre 509 annonce la révocation de neuf chefs de bataillons, dont Gustave Flourens, figure emblématique de la Commune de Paris, fusillé en avril 1871, qui est l'organisateur de l'émeute du 31 octobre 1870. Au fil des emprisonnements, dégradations et sanctions diverses, les ordres se succèdent à une cadence soutenue. Les démissions d'officiers sont extrêmement nombreuses, panachées de révocations. Ainsi, le 9 octobre 1870, dix officiers sont révoqués de leur grade ; sont également cassés dans la même journée quatre capitaines. Si les faits de guerre sont assez peu nombreux, il est évident que le travail de l'État-major se concentre en très large majorité sur les problèmes de discipline. Certains ordres sont imprimés et collés à même les pages du registre.

Le 29 novembre, la révolte se précise : quatre compagnies refusent de rendre leurs cartouches et tentent de s'insurger. Ces événements isolés deviennent assez rapidement récurrents. Les chefs et meneurs sont alors arrêtés et enfermés. La violence gagne les bataillons qui s'opposent aux tirailleurs de Belleville : « la haine entre ces deux bataillons est telle qu'ils ont établi dans la tranchée une espèce de barricade qu'ils s'interdisent mutuellement de franchir. La présence de monsieur Flourens dans ce bataillon a amené de nouvelles difficultés, les officiers ne voulant pas le reconnaître pour chef. » Des comités se forment.

Le 12 décembre 1870, l'organisation de la Garde nationale est totalement bouleversée. Les décrets se succèdent mais ne peuvent endiguer la révolte. Le principe d'élection à l'intérieur même de la Garde nationale bouleverse la hiérarchie. L'indiscipline se généralise, ordre n°759 : « Le chef de bataillon du 200ème, ivre ! La moitié des hommes au moins, ivres !! Impossibilité d'assurer le service avancé, obligation de faire relever leurs postes. Dans ces conditions la Garde nationale est une fatigue et un danger de plus. » Le 10 janvier 1871, le commandement supérieur prend acte des nombreuses plaintes « au sujet des retards éprouvés dans la perception de leur solde par les hommes des compagnies de guerre ». Le rationnement et la faim font des ravages dans le moral des troupes. Le 23 janvier 1871, les insurgés attaquent la prison de Mazas et délivrent plusieurs prévenus parmi lesquels M. Flourens : « ces mêmes hommes ont tenté d'occuper la mairie du 20ème arrondissement et d'y installer l'insurrection. Votre commandant en chef compte sur votre patriotisme pour réprimer cette coupable sédition. Il y va du salut de la cité. » Le dernier ordre, en date du 28 janvier 1871, rend compte de l'insurrection : « La nuit dernière des officiers de la Garde nationale ont tenté de réunir leurs troupes et de prendre des dispositions militaires en dehors de tout commandement. »

Ce passionnant registre, inédit, donne ainsi de manière synthétique un témoignage sur la Garde nationale durant le siège et des premières révoltes annonçant la Commune de Paris. 3 000 €

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80. (...) Charivari (1871). 1 vol. in-folio, du 6 mars 1871 au 30 décembre 1871, relié en demibasane de l'époque. Une coiffe abîmée. Un semestre rare du Charivari, illustré par quelques-unes des plus fameuses lithographies d'Honoré Daumier, dont le squelette célébrant la paix, le décret de la Commune lessivant les quittances de loyer, la statue de Voltaire applaudissant à la destruction de la guillotine, etc. Les autres lithographies illustrant le volume sont signées de Cham, Hadol, Grévin, et Draner. 500 €

81. (...) La Galerie Contemporaine, littéraire, artistique. Ludovic Baschet, 1876-1877-1878. 5 volumes de La Galerie Contemporaine, littéraire, artistique reliés en demi-chagrin rouge orné de fleurons; légère différence de fers pour le tome 5. Quelques rousseurs éparses sans gravité, reliure en bon état. Un important ensemble de cette célèbre revue, publiée de 1876 à 1878, illustrée de photographies collées hors-texte d'après le procédé photoglyptique. La Galerie Contemporaine proposa une série de portraits pris sur le vif, faisant appel aux plus grands photographes de l'époque, dont Carjat et Nadar. Les éditeurs voulaient ainsi offrir au public un panorama instantané des célébrités contemporaines. Chaque volume comporte en outre une section consacrée aux BeauxArts, illustrée de reproduction de tableaux et sculptures, ainsi qu'un portrait du peintre ; Manet, Courbet, Gustave Doré, Delacroix y côtoient les personnalités de second plan, qui à l'époque composaient le Parnasse contemporain. Les textes accompagnant les grands portraits sont pour la plupart rédigés par leurs proches. Le très beaux textes de Théodore De Banville accompagnant le portrait de Charles Baudelaire par Carjat en est un bel exemple. Les portraits pleine page contenus dans cet exemplaire sont les suivants : Augier, baron Taylor, Barrière T., Baudelaire Ch., Bernard Claude, Blanc L., Bouffé, Bracquemond F., Broz G., Claretie, Coppée, Daudet, David F., De Banville, De Broglie, De Girardin E., De Goncourt, De Lesseps, Denfert-Rochereau, Duc d’Aumale, Duc Decazes, Dumas fils, Dumas père, Erckmann-Chatrian, Fabre F., Feuillet O., Figuier L., Gambetta, Garnier C., George Sand, Gondinet, Gounod, Grevin, Grévy J., Halévy, Hugo V., Janin, Karr A., Lamber Juliette, Legouvé E., Lemaitre F., Littré, Mac-Mahon, Martin Henri, Michelet, Monnier H., Nelaton, Pape-Carpentier, Paul de Kock, Pereire Isaac, Pie IX, Planté F., Raspail, Renan, Ricord, Rossini, Sainte-Beuve, Sarcey F., Simon Jules, Thiers, Thomas A., Velpeau, Verdi, Viollet-Le-Duc, Zola. 2 800 €

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82. RACINET (Albert) Le costume historique. Cinq cents planches, trois cents en couleurs, or et argent, deux cents en camaieu. Types principaux du vêtement et de la parure, rapprochés de ceux de l'intérieur de l'habitation dans tous les temps et chez tous les peuples, avec nombreux détails sur le mobilier, les armes, les objets usuels, les moyens de transport, etc. Publié sous la direction de M. A. Racinet, avec des notices explicatives, une introduction générale, des tables et un glossaire. Paris, librairie de Fimin Didot, 1876. 6 volumes in-folio, reliure en demi-maroquin à coins de couleur framboise, dos à 5 nerfs, titre et tomaison frappés à l'or, fleurons, tranche de tête dorée, mors faibles. Contenant 500 planches dont 300 en couleurs, or et argent, et 200 en camaïeu. Compte tenu des douze années nécessaires à la réalisation de cet ouvrage monumental, le tome Ier a été tiré en dernier afin de présenter une vue synthétique de l’ensemble de l’ouvrage. L'avant-propos des éditeurs et l'introduction générale de M. Racinet rendent compte des innombrables difficultés auxquelles ils ont dû faire face. La table bibliographique, les références des fonds photographiques ou patrimoniaux consultés nous informent sur l’ampleur du travail d’investigation des rédacteurs. Racinet précise la démarche qui présida à l'édition : il s'agissait de proposer un ouvrage à destination des artistes, gens de théâtres, costumiers et modistes, puis, au fil du temps, s'apercevant de l'importance de cet inventaire par rapport aux faits historiques (Racinet n'emploie pas le terme ethnographie, pourtant il s'agit bien de cela), il décida avec son éditeur de s'adresser à un public plus large. L'utilisation de la chromo-lithographie, permettant de restituer de manière mécanique les coloris les plus éclatants, rendit possible de proposer en un seul ouvrage une vision globale des costumes et objets du quotidien de toutes les parties du monde, mais aussi un rappel historique de l'évolution des costumes à travers les âges. Chacune des parties est précédée d'une notice descriptive et des sources utilisées : la partie américaine cite Humbolt, Farrari, mais aussi Catlin, et les documents photographiques communiqués au Muséum de Paris. Les exemplaires de luxe du tirage de tête vendus en souscription sont de format in-folio (40 x 28,5 cm) – contrairement à l’édition réduite au format in-8, qui est beaucoup plus commune – et se rencontrent rarement en reliure uniforme. Composition des volumes : tome II : 1ère partie, l'Antiquité classique (planches 1 à 59), 2e partie, le monde en dehors de l'Europe (planches 60 à 100) ; tome III : 3e partie, le monde européen (planches 101 à 180 et 180 à 200) ; tome IV : France et Europe jusqu'au XVIIe s. (planches 201 à 300) ; tome V : France du XVIIe s. au XVIIIe s. (planches 301 à 400) ; tome VI : France du XVIIIe s. aux temps modernes (planches 401 à 410) et l'Europe des temps modernes par nationalités distinctes (planches 411 à 500). 3 000 €

83. (…) Le livre. Paris, 1880. 10 volumes grands in-8, demi-maroquin rouge à 5 nerfs orné de fers spéciaux. Très bel exemplaire dans une fraîche reliure en maroquin, ornée de fers spéciaux. « Le Livre » frappé dans chaque caisson, daté en queue de 1880 à 1889, têtes dorées. Une des plus intéressantes revues de bibliographie contenant une multitude de références, anecdotes, biographies, description de collection et d'amateur, de relieurs, d'imprimeurs, de lithographes, aquafortistes etc. dont Octave Uzanne était le rédacteur en chef. Elle parut en 120 livraisons du 10 janvier 1880 au 10 décembre 1889. Celles-ci se présentaient en deux parties : une première partie constituée d'une bibliographie rétrospective richement illustrée, une seconde partie constituée par une bibliographie moderne non illustrée. Chaque volume contient de volumineuses tables avec index. Tous les domaines touchants aux livres sont ici abordés : beaux-arts, belles-lettres, bibliographie-mélanges, économie politique et sociale, géographie, histoire, jurisprudence, philosophie, sciences médicales, sciences militaires, sciences naturelles, théologie, gazette bibliographique, correspondances, nécrologie, industrie du livre, périodiques, le livre devant les tribunaux. 1 200 €

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84. (F. J.) Lecture, écriture et orthographe usuelle Enseignées simultanément, Premiers exercices disposés en Livre-Tableau, Méthode de lecture basée sur le jeu des organes vocaux, ouvrage orné de 25 photographies Montrant la position extérieure des organes au moment de l’articulation, Par F. J. Paris, Procure générale des Frères, 1886. Grand in-plano (62 x 50 cm), contenant 34 planches montées sur 17 cartons imprimés recto-verso. Sur le premier contreplat, servant de préface, se trouve l’explication et l’historique de la méthode. La première partie, allant de la leçon 1 à la leçon 10, concerne l’étude des lettres de l’alphabet et des sons élémentaires, chacune illustrée de la photographie d’un petit enfant prononçant les syllabes décrites. Ces photographies de forme ovale occupent la partie supérieure de la planche et mesurent 12 x 9 cm. La deuxième partie, de la leçon 11 à la leçon 31, concerne les syllabes et articulations. L’étude des voyelles nasales est illustrée de 4 photographies du même petit enfant, la partie inférieure de la planche étant occupée par des exemples en caractères d’imprimerie dans une très grande police. Couverture bleue imprimée. Comme l’indique la préface de l’ouvrage, le livre-tableau, qui est une sorte de méthode globale s’appuyant sur des principes morphologiques (on serait tenté de dire orthophoniques), avait déjà vu le jour quelques années auparavant (1883), mais était illustré de gravures. L’auteur, Frère Joseph, précise que l’innovation de cette seconde édition est d’introduire la photographie « représentant l’aspect du visage au moment de l’articulation d’une lettre ». Ce cliché, frappant l’imagination de l’enfant, lui permet d’imiter le modèle et de prononcer ainsi parfaitement le son décrit. Les travaux du Père Joseph sont la mise en application de recherches concernant l’éducation des sourds-muets en direction des classes élémentaires. Cet ouvrage illustré par la photographie afin de saisir de façon instantanée le mouvement des lèvres présage de l’invention quelques années plus tard de la chronophotographie. C’est en effet dans les années 1880 qu’Etienne-Jules Marey et Georges Démeny entreprennent une série de travaux concernant l’éducation des sourds-muets. Georges Démeny met en œuvre ses recherches en photographiant de façon rapprochée un sujet – en l’occurrence lui-même – prononçant les mots « Je vous aime » et « Vive la France », qui, une fois projetés ou animés par mouvement rotatif, restituent le visage en mouvement. Il s’agit (en 1891) du premier véritable film jamais réalisé. Georges Démeny vendra son brevet à Gaumont qui en fera l’utilisation commerciale que l’on sait quelques années plus tard. Cet ouvrage est d’une grande rareté : un seul exemplaire est référencé au Musée national de l’éducation ; cet ouvrage semble manquer à toutes les grandes bibliothèques françaises et américaines. Publié cinq ans avant le dépôt de brevet de G. Démeny, est fort probablement le travail d’une collaboration entre le Père Joseph et G. Démeny qui avaient en commun un intérêt pour les procédés modernes d’éducation, soit à l’usage des jeunes enfants, soit à celui des sourds-muets. Une attribution de ces clichés à G. Démeny semble probable : même découpe en ovale des sujets que pour ses essais de la série « Je vous aime », avec mention autographe dans la plaque de repérage. 15 000 €

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85. VALLOTTON (Félix) Rare bois original, 11,5 x 11,5 cm, conçu et dessiné par Félix Vallotton pour les éditions Sagot.

350 €

86. Album photographique Art nouveau Un exubérant album photographique début de siècle art nouveau, grand in-folio en plein chagrin rouge, plat supérieur orné d’une plaque d’onyx verte chargée d’une composition art nouveau dans l’esprit des sculptures de Guimard, représentant une sylphide sur fond floral, en bronze argenté, ses ailes agrémentées de trois petites pierres de couleur. Quelques défauts : brisures dans la pierre, usure. Présenté dans son coffret du temps, intégralement décoré en cuivre repoussé style nouilles, serti de pierres semi-précieuses : œil de tigre, opaline. Présenté tel quel, vierge de toute restauration. Un album représentatif de la nouvelle esthétique fin de siècle, dans son coffret original. 1 200 €

87. ALAIN-FOURNIER (1886-1814) Dessin original sur papier quadrillé, 14,5 x 7,5 cm, représentant la ferme de Beruet. Ce dessin au crayon a été légendé par AlainFournier avec d’amusantes petites flèches afin de situer les lieux cités. La ferme représentée est celle des Beruet située en Sologne près de la chapelle d’Angillon. Ce lieu a été décrit par Marguerite Audoux dans son roman Maire-Claire. Marguerite Audoux, prix Fémina 1910, était une intime d’Alain-Fournier, une rencontre qui, d’ailleurs, allait influencer durablement son style. En 1910, il comprend qu’on puisse « écrire des contes qui ne soient pas des poèmes » ; une sorte d’esthétique du non-dit séduit l’auteur du Grand Meaulnes. Ce dessin, plusieurs fois cité, est reproduit dans le livre de Georges Reyer sur Marguerite Audoux (Grasset, 1942, p. 168), il est cité par J. Loize dans son livre Alain-Fournier : sa vie et le Grand Meaulnes, Paris, Hachette, 1968, pp. 290-291 ; et p. 19 de la préface à la réédition de Marie-Claire de Marguerite Audoux, Lauzanne, Ed. Rencontre, 1960. 1 200 €

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88. [DESSIN ORIGINAL] DECARIS (Albert) La Basilique du Sacré-Coeur 1918. 310 x 230 cm. Dessin à l'encre de Chine et au lavis, représentant la basilique du Sacré-Cœur vue de la rue Lamarck, avec en contre-plongée des bâtiments (une auberge ou un estaminet ?) à présent disparus. Un intéressant point de vue volontairement misérabiliste du jeune Albert Decaris. 250 €

89. HANSI Le Paradis Tricolore. Petites villes et villages de l'Alsace déjà délivrée. Un peu de texte et beaucoup d'images pour les petits enfants alliés par l'Oncle Hansi. Paris, Floury, 1918. Petit in-4, 37 pp., pleine toile de l'éditeur décorée de bandes blanches et rouges et de médaillons fleuris, étiquette collée sur le premier plat « Le Paradis tricolore par l’Oncle Hansi », tranches rougies. Bel exemplaire de ce grand classique portant un envoi autographe de l’auteur à Mademoiselle Cahuzel, « Bon souvenir » daté 1918. 250 €

90. THIBAUDEAU (Francis) La lettre d’imprimerie, Origine, développement, classification. Préface de Georges LECOMTE. 12 notices illustrées sur les arts du livre. A Paris, au Bureau de l’édition, s.d. (1921). 2 forts vol. in-8, en demi-maroquin bordeaux, dos plats ornés de caissons stylisés par des filets, frappées sur les caissons des lettres de l’alphabet de A jusqu’à Z. Une importante contribution à l’histoire de la typographie, illustrée in et hors texte de très nombreux exemples : gravures sur bois, sur cuivre, acier, chromolithographie, zincographie, exemples divers de gravures en couleur par tous procédés photomécaniques connus, gillotage ; curiosités : gravures sur albâtre, impressions gaufrées, braille, pochoir, notation musicale, lithographie enluminée, héliochromie. L’ouvrage est également illustré d’échantillons collés de différents types de lithographies et papiers. Un très agréable exemplaire portant un envoi de l’auteur. Couverture et dos conservés, dans une intéressante reliure parlante. 350 €

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91. ARTAUD (Antonin) A la grande nuit ou le bluff surréaliste. A Paris, Chez L'auteur, 1927. Plaquette in-8, 15 pp. Edition originale. Tirage unique sur alfa. Ce texte-manifeste d'Artaud, publié à très petit nombre et à compte d'auteur en juin 1927, est sa réponse à la brochure éditée par les surréalistes le mois précédent. Cette dernière, intitulée Au grand jour, faisait état de l'exclusion d'Antonin Artaud et de Philippe Soupault du groupe et du ralliement au Parti communiste. Artaud fait ici la critique du surréalisme, de ses échecs, avec la radicalité qui le caractérise : « Le Surréalisme est mort du sectarisme imbécile de ses adeptes. (...) Impuissant à choisir, à se déterminer soit en totalité pour le mensonge, soit en totalité pour la vérité (vrai mensonge du spirituel illusoire, fausse vérité du réel immédiat, mais destructible), le surréalisme pourchasse cet insondable, cet indéfinissable interstice de la réalité où appuyer son levier jadis puissant, aujourd'hui tombé en des mains de châtrés. » Très rare édition originale de ce texte fondateur dans la pensée d'Artaud et l'histoire du surréalisme.

1 000 €

92. BOFA (Gus) Malaises… J, Terquem, 1930. In-4, en demi-vélin à bande, dos chargé d’une bande de maroquin couvrant tout le dos, frappé en lettres d’or « Gus Bofa. Malaises… » (Reliure art déco). Couverture et dos conservés, tranche de tête dorée. Exemplaire enrichi d’un ENVOI AUTOGRAPHE signé de Gus BOFA et d’un beau et grand DESSIN ORIGINAL au crayon intitulé « Synthèse », représentant un oiseau en cage chantant l’arrivée du printemps (dessin inédit). 48 compositions en pleine-page reproduites en facsimilé et une eau-forte originale en deux tirages. Edition limitée à 583 exemplaires ; un des 529 exemplaires sur vélin du Marais (41/540), N°165. Dessins, eau-forte et préface de Gus Bofa. Bel exemplaire en reliure d’époque enrichi d’un dessin original de l’un des ouvrages les plus troublants du grand Gus Bofa.

1 500 €

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93. « That's one small step for [a] man, one giant leap for mankind »

Longue bande de papier de près de deux mètres : suite originale de dépêche AFP, donnant instant après instant l’arrivée du premier homme sur la Lune. C’est le 21 juillet 1969 à 2h56 que Neil Armstrong prononce sa fameuse phrase, ici légèrement interprétée, du fait de l’oubli par l’astronaute d’un article. En effet, on a longtemps supposé qu'Armstrong avait omis par erreur le mot « a » de sa célèbre citation, ce qui eut pour effet de rendre la phrase ambiguë, car « l’homme [man]» est synonyme d’ « humanité [mankind] ». Ambiguïté perceptible dans la dépêche, puisqu’elle nous parvient, en temps réel, sous la forme suivante : « C’est le pied gauche qu’Armstrong a posé le premier sur le sol lunaire. Armstrong s’écrit alors : « Un petit pas pour l’homme, un bond de géant pour lui » ». On peut lire un peu plus loin cette poétique remarque : « Que voit Armstrong autour de lui ? Il communique ses impressions : « C’est bien beau », dit-il, mais on ne sait pas exactement de quoi il parle. » Cet émouvant témoignage de cet instant ô combien historique est (en version française) le véritable compterendu original de l’événement.

1 000 €

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Nouveautés, précédents catalogues, listes thématiques, paiement sécurisé, compte personnalisé, etc.

(Nous continuerons bien évidemment l’édition de catalogues papier…) 55


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