Voir et Agir
Liturgie
Moins pour nous, assez pour tous
2015
Table des matières
Voir et agir Depuis 1969, Pain pour le prochain et Action de Carême organisent chaque année une campagne œcuménique durant le temps de carême jusqu’à Pâques. Depuis 1994, Etre partenaires, œuvre catholique chrétienne, y participe également. Cette campagne a pour but de sensibiliser le public suisse à la réalité des inégalités existant dans le monde : près de 900 millions de personnes souffrent de la faim ! Mais voir cette réalité ne suffit pas. C’est pourquoi la campagne propose aussi des pistes d’action, que ce soit le soutien à des projets au Sud, la participation à des actions ici en Suisse ou par le changement de son propre comportement. Durant le temps de carême, les trois organisations chrétiennes invitent ainsi à passer du voir à l’agir.
Voir et Agir sur Facebook facebook.com / voiretagir
Av. du Grammont 9, 1007 Lausanne Tél. 021 614 77 17, Fax 021 617 51 75 ppp@bfa-ppp.ch, www.ppp.ch CCP 10-26487-1
Av. du Grammont 7, 1007 Lausanne Tél. 021 617 88 81, Fax 021 617 88 79 actiondecareme@fastenopfer.ch www.actiondecareme.ch CCP 10-15955-7
Table des matières Editorial
3
Célébration œcuménique pour familles
4
Célébration œcuménique pour adultes
7
Célébration pour les jeunes
10
Présentation de la tenture
11 et 14
Reproduction de la tenture
12
1er dimanche de carême
15
2e dimanche de carême
16
3e dimanche de carême – pistes de réflexion sur la tenture
17
4e dimanche de carême – pistes de réflexion sur la tenture
18
5e dimanche de carême – pistes de réflexion sur la tenture
19
Prières, textes liturgiques, chants
20
Portrait des œuvres
24
Impressum L’équipe de préparation en Suisse romande : Kabundi Célestin, Curé catholique, Lausanne Schmidt Martina, Secrétaire romande de Pain pour le prochain, pasteure Durussel Michel, pasteur réformé, Aubonne et animateur cantonal Terre Nouvelle, EERV Toutoungi Nassouh, Prêtre catholique-chrétien, Bienne L’équipe de préparation en Suisse alémanique : Von Siebenthal Patrick, Pasteur à Büren ander Aare Arends Siegfried, Pain pour le prochain, pasteur Gemperle Rita, Formation et accompagnement en paroisse, Action de Carême, Lucerne Sollberger Schwarzenbach Verena, Pasteure, Lucerne Wirth Josef, Pasteur, Saint-Gall Kirchhofer Lenz, Pasteur, Argovie Coordination générale : Schmidt Martina, Pain pour le prochain, Lausanne Graphisme : ComMix SA, Wabern
c/o Nassouh Toutoungi Rue du Général-Dufour 105, 2502 Bienne Tél. 032 341 21 16 info@etre-partenaires.ch, www.etre-partenaires.ch CCP 25-10000-5 2
© Pain pour le prochain / Action de Carême / Etre partenaires, automne 2014 Label Œcumenica, décerné en 2009 par la Communauté de travail des Eglises chrétiennes de Suisse pour la qualité exemplaire de l’œcuménisme pratiqué par la campagne commune à Action de Carême, Pain pour le prochain et Etre partenaires
Editorial
« Ecoutez peuple ! » Sh’ma Israël… Cette exhortation résonne aujourd’hui comme une urgence. Déjà dans Deutéronome, elle est répétée ensuite sans relâche au long des textes bibliques. Le prophète Jérémie en offre une version plus amère que nous vous proposons en « mode majeur » : en la transformant comme un chemin d’espérance. Cette colère du prophète, qui n’est autre qu’un signe d’amour de Dieu pour son peuple, est l’expression d’une inquiétude impérieuse devant le désordre que son peuple impose à la terre. L’enjeu est majeur et parle magnifiquement à notre temps : il est urgent d’ordonner le chaos. La campagne œcuménique cette année propose de prendre conscience de nos attitudes de consommation. Elle veut donner à voir des situations de désordre dans la Création et la répartition des richesses. Ainsi, les conséquences de la production agro-industrielle sur le climat, avec pour exemple la culture du soja au Brésil qui sert de fourrage pour les poulets partout dans le monde, y compris chez nous. Ainsi, l’attitude répandue dans l’économie de tirer profit au maximum et à court terme de nos biens naturels : la terre est lessivée par les produits phytosanitaires, épuisée par des rendements outranciers. On déplace les êtres humains comme des pions, on les prive des terres qu’ils cultivent, on accélère les phénomènes de sécheresse et d’inondations et les familles ne peuvent tout simplement plus se nourrir. En face de ces réalités, le peuple de Dieu est appelé avec force à « écouter la voix du Seigneur », à retrouver la tonalité de l’harmonie voulue par Dieu dans sa Création bienveillante. A garder notre esprit ouvert et notre capacité de discernement. La célébration liturgique prend alors une place essentielle, comme une halte rafraîchissante pour retrouver une vraie source d’orientation dans nos pensées et nos vies.
L’équipe de préparation en Suisse romande (De gauche à droite) : Célestin Kabundi, Martina Schmidt, Michel Durussel, Nassouh Toutoungi. © Pain pour le prochain
« Donne-nous aujourd’hui notre pain de ce jour ». Aujourd’hui, ce n’est pas le manque qui menace notre société, c’est d’étouffer sous trop de matériel, de nourriture, de vêtements. Le slogan de la campagne, « moins pour nous, assez pour tous » rejoint l’enseignement de la manne dans le désert : à quoi sert d’amasser ? Dieu donne. L’avidité comme règle de consommation entraîne de lourdes conséquences pour l’autre moitié de la planète dans un système économique mondial qui est interconnecté. Ne sommes-nous pas appelés à vivre autrement ?
Christelle Devanthéry Action de Carême
Martina Schmidt Pain pour le prochain
3
Célébration œcuménique pour familles
La manne dans le désert Le sujet de la « surconsommation » est abordé à l’aide du récit de la manne dans le désert. Même dans le désert, Dieu prend soin de son peuple en lui donnant suffisamment de nourriture. Il n’est donc pas nécessaire d’amasser et de stocker les aliments. Les participants à la célébration vivent cette expérience en ramassant symboliquement de la manne.
Auteurs : Lenz Kirchhofer, pasteur, Argovie et Verena Sollberger Schwarzenbach, pasteure, Lucerne
Salutations liturgiques Chant Alléluia 47/05 Confie à Dieu ta route et CNA 525 Rude est le chemin
Introduction au thème de la campagne
nous contentons pas d’un jeu de vêtements. Non, nous en avons bien plus, pour avoir le choix et ne pas devoir porter toujours les mêmes habits… A quel moment a-t-on dépassé le stade des provisions raisonnables pour sombrer dans la surabondance ? Quelles quantités sont réellement nécessaires pour vivre ? Qu’est-ce qui est « suffisant » ? D’ailleurs, un peu moins (pour nous) n’est-il pas synonyme de plus (pour tous) ? Ces questions sont abordées dans la nouvelle campagne de Pain pour le prochain, Action de Carême et Etre partenaires : « Moins pour nous, assez pour tous. »
Prière du jour Seigneur, Dieu de la création, nous te rendons grâce pour ton monde, que tu as créé si plein de diversité, de merveilles et de splendeur. Nous te louons, origine de tout être, et te rendons grâce pour ce monde, auquel ta main a donné vie : pour les animaux, les oiseaux et toutes les fleurs, pour les montagnes et les plaines, les mers et les forêts, pour les trésors de la nature, que tu offres en abondance. Nous te rendons grâce pour la vie que tu nous as donnée, à nous et à nos êtres chers. Nous te rendons grâce pour les nombreuses personnes et cultures de notre pays. Aide nous à prendre grand soin de tes dons. Sois auprès de nous dans cette célébration, lorsque nous souhaitons y réfléchir. (d’après une prière d’Afrique du Sud)
Dans le Notre père, nous demandons à Dieu de nous donner « notre pain quotidien ». A quelle quantité correspond ce « pain quotidien » ? Juste assez pour un jour, ou plus ? Lorsque nous faisons nos courses, c’est généralement pour plusieurs jours. Nous aimons avoir des provisions. Juste au cas où des invités viendraient à l’improviste ou que le magasin serait fermé ou qu’on ne pourrait pas faire des courses pour quelque raison que ce soit… Nous ne
Le pain indispensable à la vie. Pain cuit dans le désert. © Peter Hauser
4
Célébration œcuménique pour familles
Chant Alléluia 12/04 Le Tout-Puissant est mon berger et CNA 556 Il est l’Agneau et le Pasteur
Action « ramasser de la manne » En général, notre nourriture ne tombe pas du ciel. Pourtant, c’est exactement ce qui va se passer dans notre célébration. Des petits chocolats, bonbons, sucres de raisin, etc. – presque de la manne ! – sont jetés dans l’église à partir d’un canon à confettis ou d’une galerie. Les enfants (et les adultes !) sont invités à s’avancer pour regarder ce qui est « tombé du ciel » et à se servir. Lorsque tout le monde a regagné sa place, on range les restes. Petite discussion : Avez-vous tous pris quelque chose ? Quelqu’un est-il resté les mains vides ? Combien de douceurs avez-vous ramassées ? Evidemment, lorsqu’il « pleut » de si bonnes choses, nous voulons tous en amasser le plus possible. C’est comme un jeu, un petit concours : qui réussira à glaner le plus de douceurs ? C’est dans la nature de l’être humain ! Peut-être avez-vous aussi partagé ce que vous avez ramassé avec ceux qui n’étaient pas aussi rapides ou qui n’ont pas osé venir vers l’avant ? Le récit que nous allons maintenant entendre parle aussi du pain qui tombe du ciel, de la nourriture donnée par Dieu. Et également de l’attitude que nous devons adopter par rapport aux aliments.
Musique Lecture « La manne dans le désert » (Ex. 16) D’après Regine Schindler, Mit Gott unterwegs, p.66.1 Lire l’extrait avec l’introduction suivante : « Cela fait déjà six semaines que les Israélites ont fui l’Egypte, menés par Moïse et Aaron. Ils sont fatigués. Mais c’est la faim qui les tiraille le plus… » Musique Réflexion Les Israélites ont reçu leur « pain quotidien » de Dieu. Jour après jour, la manne les attendait devant leurs tentes. Comment ont-ils réagi en apprenant qu’ils n’avaient le droit de ramasser qu’une ration de manne pour un jour ? Ne craignaient-ils pas d’avoir à nouveau faim sur la route ? On pourrait tout à fait comprendre qu’ils prennent des provisions pour le lendemain en guise de sécurité… ah, voici Ruben, qui était parmi eux, nous pouvons donc le lui demander directement ! Ruben apparaît. Ruben, tu y étais, raconte-nous donc ce qui s’est passé avec la manne. Ruben : Ah oui, c’était incroyable, cette manne ! Nous l’avons prise comme un cadeau du ciel. Du pain tombant du ciel en quelque sorte. Un merveilleux signe que Dieu ne nous a pas oubliés, qu’il prend soin de nous. Cette manne se trouvait devant notre tente, et nous n’avions le droit de
nous servir que pour une seule journée ! Je dois avouer que je ne m’y suis pas tenu, le premier jour. D’autres probablement non plus. Je voulais jouer la carte de la sécurité et être prévoyant, car nous avions souffert suffisamment longtemps de la faim. Et voilà que la manne était répandue sur le sol devant moi en abondance. Comment aurais-je pu laisser tout ça par terre ? Non, par peur de manquer, j’ai ramassé tout ce que j’ai pu et l’ai caché dans ma tente. Mais il s’est produit ce que Moïse avait annoncé : ce qui était amassé en trop a pourri et a commencé à sentir mauvais. C’est ainsi que nous avons appris à nous fier à la promesse de Dieu : en effet, le lendemain, nous avons retrouvé de la manne fraîche ! Nul besoin de faire des réserves, d’amasser, de nous inquiéter d’un éventuel manque car il nous offrait suffisamment à nous tous, jour après jour. La surabondance est inutile. Le « pain quotidien » est suffisant. Merci, Ruben ! Aujourd’hui, nous devrions nous inspirer de ce que vous avez appris en traversant le désert, à savoir qu’on peut souvent faire plus avec moins. Imagine-toi Ruben, qu’au Brésil, par exemple, on cultive d’énormes champs de graines de soja afin de nourrir nos poulets, nos porcs et nos bœufs, ici en Suisse. Et pour cultiver ces champs, on doit d’abord défricher des forêts ou des savanes. Le résultat en est que les familles de petits paysans n’ont plus suffisamment de terres à cultiver.
Le texte se trouve à la p.20 du cahier et sur www.voir-et-agir.ch/liturgie
1
5
Célébration œcuménique pour familles
Marché au Sénégal. © Action de Carême
Les animaux en Suisse engloutissent littéralement leurs moyens de subsistance. Si, comme vous à l’époque dans le désert, nous apprenions à vivre avec moins (tout en ayant suffisamment !), les populations du Sud auraient, elles aussi, assez pour vivre. En somme, « moins pour nous, assez pour tous ». Musique/chant Chant Alléluia 49/51 Seigneur, donne-nous ce pain et CNA 344 Pour que nos cœurs Prière d’intercession/Notre Père Toi, notre Dieu, Tu nous nourris et tu subviens à nos besoins. Tu nous donnes ce dont nous avons besoin pour vivre, Comme autrefois aux Israélites dans le désert. Comme eux, laisse-nous avoir confiance en ta sollicitude source de vie ! Nous t’en prions, écoute-nous ! Toi, notre Dieu, nous savons que les êtres humains n’ont pas tous assez pour vivre. 6
Et nous savons que les aliments pour nourrir nos poules et nos porcs privent les populations du Sud de leurs moyens de subsistance. Nous avons plus qu’assez. D’autres ont surtout trop peu. Prépare-nous à renoncer sans craindre de manquer ! Nous t’en prions, écoute-nous ! Toi, notre Dieu, Ouvre-nous les yeux pour nous permettre de voir ce dont nous avons vraiment besoin pour vivre. Et laisse nous découvrir que moins pour nous est en effet souvent synonyme de plus pour tous, surtout pour ceux et celles qui sont dans la détresse. Nous t’en prions, écoute-nous !
Messages Les Israélites trouvent de la manne fraîche jour après jour. Ainsi, ils n’ont plus jamais faim lors de leur traversée du désert car ils ont toujours assez pour vivre. Dieu prend soin d’eux. Le sixième jour de la semaine, ils ont le droit de récolter assez de manne pour deux jours en guise de provisions pour le Sabbat, jour de repos, car il n’y a pas
de manne ce jour-là. Pour que vous puissiez tous et toutes prendre des forces pour ce dimanche, jour de repos, vous avez tous et toutes encore droit à un peu de « manne » en plus ! Chaque famille/chaque enfant reçoit un petit sachet contenant par ex. du sucre de raisin. Grâce à nos dons pour les projets des œuvres d’entraide, nous pouvons contribuer à ce que la « manne » soit répartie de manière équitable sur cette terre (év. présenter les projets). Chant Alléluia 62/82 Bénis-nous, Seigneur et CNA 575 Peuple de Dieu, n’aie pas honte Bénédiction Que le Dieu trinitaire, le Père, le Fils et le Saint Esprit, vous bénisse et vous garde. Qu’il vous garde dans sa sagesse et sa miséricorde et qu’il vous donne toujours sa paix. Amen Musique de sortie
Célébration œcuménique pour adultes
« Ecoutez, peuple ouvert d’esprit et capable de discernement ! » Jérémie 5.20-29
Dans une période de répit pour le Proche-Orient à la suite de la chute de l’empire assyrien, le prophète Jérémie annonce au nom du Seigneur l’arrivée d’une armée irrésistible qui va déferler du Nord sur Juda et sur Jérusalem. Cette invasion est présentée comme un châtiment infligé par le Seigneur à son peuple en raison de ses méfaits répétés. Mais en contrepoint à l’annonce du malheur, résonne la louange d’un Dieu créateur qui a fixé un cadre initial que les forces du chaos ne peuvent pas dépasser. Auteurs : Michel Durussel et Martina Schmidt
Réflexions autour du texte Contexte Jérémie 5.20-29 fait partie d’un ensemble que l’on appelle communément « Poème sur l’ennemi du Nord » (Jér 4.6 à 6.30). Dans ce passage, il dénonce le comportement coupable du peuple venant d’une méconnaissance et d’un manque de respect de Dieu (crainte) : il n’écoute pas, c’est pourquoi le poème s’ouvre avec l’appel « écoutez » (v. 21) comme dans la très ancienne confession de foi du Judaïsme « Ecoute Israël » (Dt 6.14). C’est un peuple sans intelligence (en hébreu « sans cœur », v. 21) : il ne reconnaît pas les dispositions bienveillantes du créateur (v. 24) ; en son sein, des gens sans foi ni loi font fi du droit des plus faibles (orphelins, pauvres) pour ne songer qu’à l’accumulation de biens, à la prospérité, à la « réussite » (v. 27s). La justice et le droit voulus par Dieu au travers des prescriptions de la Loi sont ignorés.
Alors que Dieu avait mis des limites infranchissables aux forces du chaos illustrées par la figure mythique de la mer (v. 22), les limites du mal sont dépassées (v. 28). Ne faut-il pas que le Seigneur intervienne pour rétablir la situation (v. 30) ? Les paroles du prophète sont sans concession, mais son message de feu ne sera pas écouté. Juda n’échappera pas à la catastrophe et devra passer par l’épreuve de l’Exil. Lien avec le thème de la campagne Aujourd’hui, ce n’est pas un « ennemi du Nord » qui menace nos vies, mais bien une catastrophe écologique et sociale. Comme à l’époque, nous pouvons incriminer le non-respect du Créateur et de sa création, ainsi qu’un ordre économique qui permet des enrichissements éhontés à une élite et qui laisse les plus faibles sur le carreau. « Moins pour nous, assez pour tous », la campagne appelle à changer d’orientation. Les oracles de Jérémie ont donc de quoi nous interpeller : comment exprimer l’urgence d’un changement nécessaire et de la conversion de façon à ce que cet appel soit entendu et porte des fruits ?
Pistes liturgiques Changer de ton(alité) Les paroles de malheur du prophète ne font pas plaisir à entendre. Rejeté par tous et en particulier par les dirigeants religieux et politiques, Jérémie va de déconvenue en deconvenue et se répand en « jérémiades ». Pour éviter le rejet épidermique de l’appel à changer de comportement que Jérémie a connu, nous avons fait le pari de changer sa tonalité et de « transposer » son ton dénonciateur (ton mineur, sombre) en un ton prometteur (ton majeur, plus lumineux). Vous trouverez l’oracle accusateur de Jérémie réécrit en tonalité plus enjouée. Car, comme dans la musique avec les changements d’harmonie, les passages joyeux de la Bible se démarquent des passages graves et vice-versa. Comme la nuit n’existe pas sans la lumière, on trouve derrière l’expression de la colère de Dieu et l’annonce du malheur sur Juda une harmonie initiale : les dispositions bienveillantes du créateur envers les siens et qui méritent le respect. Dieu nous a tant donné et il appelle à le respecter et à faire droit aux plus démunis, non seulement en paroles,
7
Célébration œcuménique pour adultes
mais dans notre comportement de tous les jours, dans notre façon de consommer.
En mode alternatif : Psaume 1 Heureux l’homme ; Psaume 24 Au Seigneur la terre et ses richesses
Animation liturgique Nous proposons dans un premier temps de lire le texte dans sa version originale.1 Après un moment de silence ou un morceau de musique en mineur, le texte sera lu dans sa forme transposée.2 Après un nouveau silence ou un morceau de musique en majeur, les participant-e-s sont invités à dire comment ces deux lectures ont résonné pour eux, avec un temps d’échange en demandant : Quel est le langage qui a le plus de chances de faire changer les choses dans notre vie et dans le monde ? Un conseil pratique : il est important que les lecteurs et lectrices lisent ces deux versions en cherchant à faire résonner la mélodie du texte.3
Chant Alléluia 24 La terre au Seigneur appartient
Déroulement Accueillir et saluer Au gré de l’officiant-e Invoquer Tout donné, cf. p. 21. Chant Alléluia 41-12 Je chanterai ta gloire et ta puissance Louer En mode mineur : Psaume 82 Dieu est garant de la justice En mode majeur et mineur : Psaume 104.1-12, 31-35
Traduction de la TOB légèrement revue par Monique Dorsaz. 2 Voir p. 21 du présent cahier. 3 Dans un groupe de réflexion ou de prière, il est possible de faire ces exercices de lecture selon la méthode de la lectio divina qui permettra de faire ressortir les mots et les expressions fortes des deux textes et de les mettre en parallèle. 1
8
Se repentir et accueillir le pardon La charité , cf. p. 21. Chant Alléluia 13-05 Si mon peuple s’humilie ou 22-03 Aux lois de Dieu, prêtons l’oreille Ecouter
Prédication Introduction Pour exprimer la colère, l’hébreu utilise le mot « af », un mot qui désigne les narines. La colère est imagée comme un souffle violent qui sort du nez, à l’instar d’un taureau qui laisse sortir de son mufle un souffle puissant. Quand on est en colère, on sent sa respiration s’accélérer, on souffle vigoureusement pour évacuer le stress qui s’accumule à l’intérieur. Ne vaut-il pas mieux que cette énergie sorte plutôt que de rester en dedans ? En tout cas Dieu ne se gêne pas pour exprimer sa colère. Le passage de Jérémie respire cette colère de Dieu. Dieu est furieux parce que son peuple ne l’écoute plus. Il se demande s’il ne doit pas le punir pour ce manque d’attention, pour cette absence de la crainte de Dieu : « Ne dois-je pas me venger d’une nation de cette espèce ? », conclut-il (v. 29). Développement Etre en colère est mal vu. Nous préférons l’harmonie, nous rêvons d’un monde parfait, sans conflit. La colère est « mauvaise conseillère », selon l’adage populaire. Ce « souffle orageux » éveille de la peur, il brouille les
esprits et peut conduire à des excès destructeurs. Or la colère peut se révéler positive quand elle ne cherche pas à détruire, mais à rétablir une relation qui se détériore. Elle exprime le désir d’une relation juste ; de même qu’il n’y a pas de jour sans nuit, la colère apparaît comme l’autre face de l’amour. S’il n’y a plus de colère, c’est l’indifférence à l’autre. C’est le néant, l’absence de relation et de vie. Qui n’a pas déjà vécu la situation où, après un orage dans nos relations humaines, la vie rejaillit de plus belle ? Dans le texte que vous venez d’entendre, le prophète se fait porte-parole de la sainte colère du Dieu de l’univers : il aime son peuple mais ne peut plus tolérer sa mauvaise conduite. Non seulement, le peuple s’écarte de ses lois et ne voit plus que c’est Dieu qui lui offre un magnifique cadre de vie sur terre, mais en plus, il laisse les mains libres aux « oiseleurs d’hommes », ces gens qui ne respectent aucun droit et qui profitent de la faiblesse des pauvres. Nous avons fait l’exercice de la lecture en mode mineur et majeur pour laisser émerger du texte son message caché : parce que je vous aime, j’ai mis le sable comme limite de la mer et ses vagues ne vous submergeront pas. (v. 22). Parce que vous me respectez, je vous donne la pluie au bon moment, celle d’automne et celle de printemps, et je vous garde les semaines fixées pour la moisson (v. 24). Derrière le caractère accusateur des paroles de Jérémie, il y a l’invitation à se rappeler de l’essentiel : Dieu était là aux origines. C’est grâce à lui que nous vivons. C’est lui qui a mis les limites infranchissables au chaos...
Célébration œcuménique pour adultes
« En Haïti, mur de pierres sèches pour prévenir l’érosion ». © Action de Carême.
Lien avec le thème de la campagne C’est de cela que nous devons nous souvenir quand les relations avec notre environnement, avec son Créateur et entre ses créatures se détériorent. La campagne œcuménique de Pain pour le prochain, Action de carême et Etre partenaires veut éveiller notre conscience au respect de la création et au partage des ressources. Les conséquences, sur le climat, de la production agro-industrielle de fourrage pour engraisser les poulets sont désastreuses. Les monocultures de soja et l’utilisation des produits phytosanitaires détruisent le sol ; les pauvres n’ont plus de terres pour produire leur propre alimentation. Dans les pays du Sud le dérèglement du climat se fait le plus sentir avec des sécheresses, inondations et épuisements des sols qui détruisent la plupart des récoltes. La production agro-alimentaire à grand échelle contribue à hauteur de 40 % au changement climatique. C’est énorme et cela nous interroge sur nos habitudes de consommation : quand nous
achetons des poulets qui ont un bilan écologique catastrophique, nous sommes pris dans le filet que les « oiseleurs d’hommes » ont réussi à installer dans nos vies. Confesser Le sel et la boîte à sel, cf. p. 22. Chant Alléluia 36-04 Dieu fait de nous en Jésus-Christ Intercéder Fais que je voie, cf. p. 22. Chant Alléluia 36-29 Seigneur, fais de nous des ouvriers de paix ou 45-01 Ta volonté, Seigneur mon Dieu Communier A l’heure où monte, cf. p. 23. Chant Alléluia 49-51 Seigneur, tu nous donnes ce pain
Notre Père Introduction La prière est un levier capable de réorienter notre conscience vers la crainte de Dieu et le souci des plus faibles. Elle invite à une disposition intérieure et collective qui restaure la relation rompue ou détériorée. Nous pouvons faire le lien avec le message tiré de Jérémie 5 en pensant à notre soif de consommation qui épuise la planète quand nous demandons à Notre Père « délivre-nous du mal ». Notre Père … Partager La collecte sera destinée aux projets en lien avec la campagne œcuménique. Chant Alléluia 62-82 Bénis-nous, Seigneur Repartir Que ta vie soit un chant, cf. p. 23. Bénédiction Au gré de l’officiant-e
9
Célébration pour jeunes ou paroisses sur l’affiche de campagne
Le chant du coq Le récit du reniement de Pierre permet d’aborder le thème de la « responsabilité ». Le culte peut être préparé au catéchisme avec les jeunes et célébré avec toute la paroisse.
Auteurs : Patrick von Siebenthal, pasteur à Büren an der Aare et Siegfried Arends, Pain pour le prochain
Lien avec le thème de la campagne La campagne œcuménique est semblable au coq et nous rappelle une injustice quotidienne : la trahison de la volonté de Dieu que tous et toutes aient assez pour vivre. Présentation (év. par les jeunes) de l’affiche et du thème de la campagne ou film1 sur la consommation de viande (env. 6 min.).
Réflexion biblique En réalité, nous ne souhaitons pas faire de mal. Pourtant, nous contribuons aux injustices à cause de nos habitudes alimentaires et de consommation. Lorsque le coq chante, nous fermons généralement les yeux sur notre trahison. Pierre apprend à la fin que l’amour de Dieu est plus fort que toute injustice et trahison. Dans le Notre Père, nous prions « … et délivre-nous du mal » : nous demandons à être délivrés de ce qui est « mauvais » et de ce qui détruit la vie et la nature. Nous demandons de l’aide à Dieu, mais nous pouvons et devons contribuer à ce qu’il y ait assez pour tous.
Chant Reprise des deux chants précédents
Notre Père (év. chanté)
Le coq chante
Jeux de rôles 2
Agir
Ecouter trois fois le chant du coq (téléchargé en format mp3)
« Monstre de viande » / « Fini les grillades ? » Dans quelle situation le coq chantet-il aujourd’hui ? Que pouvons-nous faire ? Quel serait le bon comportement ? Devons-nous renoncer à la viande et nous contenter d’une alimentation végétarienne ?
Que puis-je faire concrètement ? Présenter quelques possibilités d’action : a. Signer la pétition sur le climat. Cf. calendrier de Carême 2015 ou www.voir-et-agir.ch/calendrier (politique) b. Faire un don aux projets des œuvres d’entraide (diaconal) c. Faire attention à mes habitudes alimentaires (individuel) d. Entreprendre une action pour récolter des fonds ? (collectif) Avant que le coq ne chante trois fois, inviter les participant-e-s à prendre un engagement, soit en groupe, soit à titre individuel. Noter ces promesses d’action sur des petites cartes de visite : « Je m’engage à … pendant la période avant Pâques ».
Introduction Bref rappel de l’histoire du reniement de Pierre. Dans cette célébration, nous voulons nous en inspirer pour réfléchir à la question : où ce coq chante-t-il aujourd’hui ? Chant Alléluia 49/25 Dieu, je t’en supplie et CNA 761 Ecoute la voix du Seigneur
Pistes de réflexion Le chant du coq rappelle une injustice ou une trahison : où est-ce que je vis quelque chose de semblable ? Les jeunes réfléchissent à deux ou à trois à des exemples dans leur environnement et ailleurs dans le monde (ou les présentent lors de la célébration).
Variante 1 : Les jeunes jouent la conclusion des deux scènes « Monstre de viande » et « Fini les grillades ? » qu’ils ont répétées avant la célébration. Variante 2 : Les jeunes jouent les scènes sans la conclusion et laissent les participants jouer la suite de la scène. Chant Reprise des deux chants précédents
A télécharger sur www.voir-et-agir.ch/filmviande 2 Textes disponibles sur www.voir-et-agir.ch/liturgie 1
10
Chant Reprise des deux chants précédents
Bénédiction
La tenture de carême
Pour que tous puissent vivre La surconsommation dans le Nord accélère les changements climatiques. La tenture révèle les répercussions des changements climatiques au Nigéria et dans d’autres pays du Sud. Sous le titre « Préserver la Création de Dieu – pour que tous puissent vivre », la tenture nous invite à réfléchir à notre responsabilité face à la Création. L’objectif est de faire en sorte qu’il y ait assez pour tous et pour toutes.
La Création Auteure : Rita Gemperle, Action de Carême
La Création nous est donnée et prêtée par Dieu. Or, cette création est menacée et les changements climatiques nous mettent face aux conséquences négatives de notre consommation effrénée sur la nature et sur la coexistence sur cette terre. Le langage visuel et symbolique des trois grandes scènes de la tenture nous encourage à réfléchir à notre responsabilité face à la Création et présente des possibilités d’inverser la tendance.
La partie supérieure et claire de la tenture illustre la création. Les actes de création de Dieu sont symbolisés et montrés sous diverses facettes dans la colombe, qui manifeste l’esprit source de vie. La main tendue du Créateur donne la vie. L’os dans le parchemin illustre la vision du prophète Ezéchiel : Dieu crée la vie, même à partir de la mort (Ez. 37). Le parchemin lui-même commence dans l’infini et se déroule jusqu’à notre temps présent. L’artiste explique cette représentation en évoquant le 1er chapitre de l’Evangile de Jean « Au commencement était le Verbe, et le Verbe était tourné vers Dieu et le Verbe était Dieu. (…) Tout fut par lui, et rien de ce qui fut, ne fut sans lui. » La volonté de création de Dieu – exprimée également dans la représentation en relief du soleil, de la lune, des plantes, des animaux et des êtres humains – donne vie à la Création (Gen 1).
).
La Création menacée Comment l’être humain traite-t-il cette Création ? L’artiste illustre la destruction de l’environnement et le changement climatique en s’inspirant de son expérience au Nigéria : l’érosion du sol et les champs desséchés ainsi que les fleuves en crue à cause des tempêtes, qui menacent les habitations des gens. L’eau polluée par le pétrole brut qui tue les poissons et rend impossible toute agriculture. Les partenaires d’Action de Carême et de Pain pour le prochain dans les pays où les projets sont menés sont également confrontés à de telles conséquences des changements climatiques. Dans les yeux de l’enfant, qui revêt les traits du fils de l’artiste âgé de six ans, on peut lire un appel au secours. En arrière-fond, les cheminées d’usine montrent le danger de pollution de l’air menaçant l’humanité toute entière. L’artiste veut nous encourager à changer d’attitude. Lorsque les êtres humains ne respectent pas l’ordre de la Création et pillent la nature par appât du gain et consommation excessive, ils courent à leur perte. Il est donc nécessaire d’adopter un style de vie plus responsable et d’avoir une attitude plus respectueuse du climat face à la nourriture et à d’autres biens de consommation.
11
Tenture « Préserver la création de Dieu pour que tous puissent vivre » de Tony Nwachukwu © MVG Medienproduktion, 2009.
12
13
La tenture de carême
Respect de la Création Si l’on veut inverser la tendance, il s’agit en premier lieu d’écouter l’esprit créateur de Dieu. La tête de la colombe, symbole de l’Esprit, est donc tournée vers la bougie au milieu de la famille humaine rassemblée. Les représentants de tous les continents se sont réunis autour de la lumière : une européenne, un latino-américain, un asiatique, un arabe, une africaine et un jeune africain qui représentent la génération future. Ils sont entourés d’un jardin vert qui évoque le premier jardin, l’Eden.
Le cierge pascal illumine leurs visages. Animés par l’esprit du Christ, ils reconnaissent que toute vie est un don à chérir et à préserver. Nous, les observateurs et observatrices, sommes invité-e-s à nous asseoir à la table et à nous engager ensemble avec beaucoup d’autres personnes, à adopter une attitude respectueuse du climat, durable et équitable face à la nourriture et à d’autres biens de consommation. A droite de l’image, l’usine entourée de vert et de bleu
14
© MVG Medienproduktion, 2009, voir p.12
vifs et les quatre proverbes africains tissés dans les cheveux de l’Africaine évoquent également cet objectif de pérennité. L’animal stylisé (au-dessus de la tête de l’enfant), dont les pattes sont faites de plantes, symbolise le dicton africain « La viande n’existe pas sans plantes ». Il nous exhorte à consommer (la viande) de manière durable. Nous sommes appelés à agir pour que devienne réalité le slogan de cette campagne : « Moins pour nous, assez pour tous ».
Matériel lié à la tenture de carême La tenture est disponible sous forme de tissu imprimé en petit et en grand format, d’impression A4 et de sets de transparents. Un cahier de méditation avec des textes de Monique Janvier sert d’accompagnement spirituel aux images de la tenture. L’image entière ainsi que ses différentes scènes et des explications des symboles peuvent être téléchargés sur www.voir-et-agir.ch/tenture
© Hüsch/MISEREOR
Toutes ces personnes tiennent quelque chose dans leurs mains qui correspond à l’une des journées de la création : un bol d’eau vive dans laquelle nage un cabillaud, un épi de blé, un calao à bec rouge tropical menacé d’extinction, une lampe à huile symbolisant les ressources énergétiques, une griffe du diable africaine avec des fleurs roses, une plante utilisée à des fins thérapeutiques et un mouton de Cobourg, une vieille race que l’on élève à nouveau. Ils se sont réunis autour du globe comme on s’assied autour d’une table. Ils sont tous responsables de prendre soin des ressources de la Création.
L‘artiste La tenture a été créée par l‘artiste nigérian Tony Nwachukwu. Né en 1959 à Endugu, il vit aujourd’hui à Oweei/Nigéria. Il est marié et père de quatre enfants. Nwachukwu travaille beaucoup avec des techniques de batik et crée notamment des vêtements liturgiques. Il a aussi produit des chemins de croix pour plusieurs Eglises en Autriche et en Allemagne du Sud. Il est également intéressé par les sciences naturelles et conseille ses compatriotes sur les possibilités présentées par l’énergie solaire.
Pistes homilétiques
1er dimanche de carême
Rendons à la Création sa valeur Gn 9.8-17
Auteur : Nassouh Toutoungi
Contexte Notre passage se situe juste après que Noé soit descendu de l’arche (Gn 8.15) et a fait un sacrifice au Seigneur (Gn 8.20). Nous sommes proprement au moment de l’Alliance, c’est-à-dire que Dieu dit ce à quoi il s’engage. La promesse de fidélité – « Je ne maudirai plus jamais le sol à cause de l’homme » (v. 21) – nous appelle à nous engager, nous aussi.
Pistes homilétiques La théologie qui veut que la Création montre le Créateur de manière quasiment absolue a beaucoup desservi la Création elle-même : il est arrivé que la Création soit plutôt vue comme quelque chose à maîtriser et à dompter, un aspect qui n’est pas absent du texte biblique. Il suffit de penser au fameux « Soumettez la terre » (Gn 1.28) que Dieu prononce à Adam et Eve. Le problème est qu’une telle théologie risque de faire de la Création une non-valeur : si celle-ci n’est qu’un
doigt pointé vers le Créateur, on peut en faire ce qu’on veut. Dans une telle perspective, la Création n’est pas bonne à être maintenue et respectée parce qu’elle est « Création » ; elle est uniquement intéressante parce qu’elle est source de profit par l’exploitation de ses ressources. La surconsommation est un symptôme éclatant de cette exploitation outrancière de la nature. Peut-on renverser cette manière de penser ? Est-il possible de rendre à toute la Création, non seulement à l’homme, sa valeur légitime ? Oui, en se rappelant de l’Alliance que Dieu conclut avec Noé : la chose extraordinaire avec le texte biblique, c’est que tous les protagonistes apprennent quelque chose, et Dieu aussi ! Il apprend à être Dieu vis-à-vis de sa Création : il voit que les êtres humains sont capables du meilleur comme du pire. Or, Dieu apprend à faire confiance en la capacité de changement (de conversion) qui existe en l’être humain. L’arc-en-ciel, le beau spectacle que la nature offre de génération en génération, devient le signe de l’Alliance entre Dieu et tout être vivant (v. 12). Nous sommes appelés à nous souvenir de cette Alliance chaque fois que nous voyons l’arc-en-ciel, indice permanent que Dieu a souci de sa Création entière, et qu’en tant que partenaires de Dieu, nous sommes invités à partager son souci.
Le comportement irresponsable et violent des humains a failli conduire à la disparition de la vie sur terre par la colère de Dieu. Or Dieu a voulu sauver non seulement l’humanité, mais aussi tous les êtres vivants. Dieu s’engage. Et nous, à quoi nous engageons-nous ? Nous avons une responsabilité vis-à-vis de la Création. Nous avons le droit d’en disposer mais en lui garantissant cette valeur propre.
Lien avec la campagne Un des signes patents de nos attitudes de surconsommation est que nous jetons à la poubelle des aliments qui sont encore bons à consommer. Les Suisses jettent en moyenne par année 30 kilos de nourriture, dont 15 sont encore consommables, 6 sont périmés et 3 représentent les restes de repas. Gérer avec plus de respect ces biens de la Création permettrait de réduire la surconsommation, un des facteurs importants qui nuit au climat.
15
Pistes homilétiques
2e dimanche de carême
La transfiguration : « Moins pour nous, assez pour tous » Texte de la prédication : Mt 17.1-9 : « Ecoutez-le »
Auteur : Célestin Kabundi
Par Sa parole, Dieu s’adresse à nous et nous fait sortir de notre train-train quotidien. Il nous invite à sortir de nos habitudes et à nous laisser transformer. C’est le message du récit de la transfiguration que nous méditons aujourd’hui. Le thème de notre campagne exhorte à une transfiguration profonde, une conversion de mentalité vis-à-vis du réchauffement climatique et de la surconsommation.
Présentation et pistes homilétiques Bouleversés par l’annonce de sa passion, trois disciples sont amenés par Jésus à l’écart. Là, il leur dévoile la gloire de Dieu qui habite en lui et qui pourra un jour se manifester en eux, à condition d’être véritablement des disciples. Deux moments-clés : suivre et contempler. En acceptant d’être emmenés à l’écart ils vivent l’expérience fondatrice : a. « son visage apparût tout autre, ses vêtements devinrent d’une blancheur éclatante » (Lc 9.29). Il leur donne de contempler sa
16
relation filiale à son Père, lui vrai Dieu et vrai Homme. b. Moïse et Elie parlent avec lui. c. Le Père révèle l’identité du Fils de Dieu. d. Une recommandation : « Ecoutez-le ».
La transfiguration : lieu de connaissance et révélation Le Père manifeste aux hommes la communion profonde qui le lie au Fils et atteste que Jésus est obéissant en tout. Cette obéissance est l’expression de l’amour qui les unit. Cette parole fait allusion aussi à la victoire de la résurrection et dit comment vivre pour plaire au Père : elle invite à l’écouter et nous comporter comme Jésus. La voix ne dit pas : regardez-le, contemplez-le, mais « écoutez-le ». Dieu révélé dans le Verbe fait chair, n’est pas venu pour être vu, mais pour se donner à entendre. C’est lui qui nous apprend comment être disciple : être disciple, c’est écouter le Fils. Ce que les disciples ont vécu, nous sommes appelés à le vivre aussi.
Questionnements spirituels Comme Pierre, nous préférons parfois nous installer dans nos habitudes en dressant nos tentes, en préservant nos acquis. Mais la voix du Père nous invite au changement face à nos habitudes de consommation : sortir de soi pour se mettre en route sur le chemin
de Dieu, le chemin de l’amour. Ainsi, ces tentes, il faut les installer non pas en lieu fixe, mais les construire dans le monde où nous sommes appelés à être témoins de la foi, de l’espérance et de l’amour. Jésus annonce une Bonne Nouvelle, celle d’un Dieu qui vient à la rencontre des hommes et des femmes, qui leur offre son amour et sa vie afin que leur vie en soit ellemême transformée. Jésus s’en remet à nous et à notre responsabilité pour montrer des signes de sa présence. Quelle est donc ma relation « familiale » avec le Seigneur ? De quelle nature est mon engagement à son service ? Et comment je l’écoute pour être au service de mes frères et sœurs, en vue de construire un monde transfiguré par la gloire de Dieu et la pureté de sa justice ?
Pistes liturgiques L’homélie fait prendre conscience de notre responsabilité : la vitalité et le rayonnement de nos communautés dépendent de notre enracinement spirituel. Il n’est pas question de renoncer à tout, mais de revoir notre mode de vie. Comment consommer et nous comporter vis-à-vis de cette terre que nous avons reçue de Dieu ? Un exercice est proposé : revisiter nos garde-robes et voir ce que nous ne portons pas depuis longtemps ; faire un tour dans nos garde-manger, nos congélateurs, nos frigos…
Pistes homilétiques
3e dimanche de carême 1
Des limites salutaires Prédication basée sur la tenture. Texte de la prédication : Psaume 104, 8+9/ partie supérieure de la tenture
tiste nigérian Tony Nwachukwu a dessiné l’histoire de la Création sur les ailes d’une colombe : toute créature de Dieu respire son esprit.
Auteure : Verena Sollberger Schwarzenbach, pasteure, Lucerne
Les trois prédications basées sur la tenture peuvent être tenues séparément ou en série, avec libre choix de l’ordre. Qu’y a-t-il de plus beau que de se reposer le soir après une journée de travail bien fait ? Etre satisfait de ce qui a bien réussi. Apparemment, cela ne vaut pas seulement pour nous, mais aussi pour Dieu : « Dieu vit tout ce qu’il avait fait. Voilà, c’était très bon ! ». C’est avec ces mots que se termine le récit de la création dans le livre de la Genèse (Genèse 1.31). Dieu est fort content de son œuvre. C’est de façon impressionnante que la partie supérieure de la tenture nous montre cette satisfaction de Dieu. Dans sa création, tout suit un certain ordre. Les animaux, les hommes et les femmes, la nature coexistent paisiblement. Toutes les créatures sont en relation les unes avec les autres et dépendent les unes des autres. Chacun et chacune dispose de ce qu’il lui faut pour vivre. L’esprit de Dieu, créateur de vie, souffle sur tout ce qui a été créé. C’est ainsi que l’ar-
Le psaume 104 chante la grande sagesse du Créateur et décrit de manière poétique ce monde que Dieu a créé avec précision et pertinence. Les versets 8 et 9 proclament : « Des montagnes se sont élevées, des vallées se sont abaissées au lieu que tu leur avais fixé. Tu as posé une limite que les eaux ne doivent point franchir ». Ce n’est pas seulement aux montagnes et aux vallées que Dieu a assigné une place ; il a aussi donné un « lieu » aux êtres humains. Il nous a donnés des limites à ne pas franchir afin de ne pas menacer l’ordre et l’équilibre de sa Création. Or, ces limites que Dieu nous a données pour protéger la vie sont toujours à nouveau ignorées. L’intégrité de la création est mise en danger au profit d’intérêts égoïstes et de la maximisation des profits. Sur la tenture, les cheminées d’usines transpercent symboliquement les ailes de la colombe et empoisonnent avec leur fumée les moyens de subsistance des êtres humains, des animaux et de la nature. Au Nigéria, la patrie de l’artiste, l’empoisonnement des sols et des rivières par l’industrie du pétrole est une terrible réalité. L’enfant sur le tonneau de pétrole navigue vers un avenir incertain sur cette rivière polluée de pétrole.
Là où les limites posées sont dépassées, où le profit est la valeur suprême (partie gauche de la tenture), la vie et la Création sont gravement menacées. La vie perd de son éclat, de sa couleur. Là où les êtres humains respectent les limites données (partie droite de la tenture), pensent au bien-être de tous, la vie remplie de l’esprit de Dieu, s’épanouit. L’artiste nous le montre de façon impressionnante : avec son bec, la colombe pointe en direction du cierge pascal qui illumine les visages des personnes réunies autour de la table. Dieu nous pose des limites. Des limites salutaires. Cela s’applique aussi à notre comportement en tant que consommateurs et consommatrices. L’avidité constante des uns prive les autres de ce qui leur est nécessaire pour vivre. Le thème de la campagne œcuménique de cette année « Moins pour nous, assez pour tous » est éloquent : la modération des uns entraîne une vie pleine de possibilités pour les autres. Moins pour nous ne signifie pas que nous devons mener une vie sans joie, austère et basée sur le renoncement. Il s’agit de nous aider à retrouver la voie de la modération ou de la « sobriété heureuse » (Pierre Rabbi). Dieu ouvre sa main et nous nourrit de bonnes choses selon le psalmiste. Si nous nous fions à ces mots, il y a assez pour nous – et assez pour tous.
Vous trouverez des propositions alternatives selon l’ordre des textes bibliques proposés par Missel, sur le site www.voir-et-agir.ch/tenture
1
17
Pistes homilétiques
4e dimanche de carême
Force et gloire de la bouche des enfants Texte de la prédication : Psaume 8 / partie gauche de la tenture du petit garçon sur le tonneau toxique nous lancent un appel au secours.
Auteur : Patrick von Siebenthal, pasteur, Büren an der Aare
Prédication basée sur la tenture « Qu’est-ce que l’homme ? », demande le psalmiste surpris et fasciné par ces cieux immenses. Il s’interroge sur la petitesse de l’être humain : « Qu’est-ce que l’homme pour que tu penses à lui ? » (Psaume 8.5). Les êtres humains règnent sur les animaux (v. 7-9) en tant que représentants de Dieu. C’est une affirmation forte : Dieu a placé « les œuvres de ses doigts » (v. 4) dans les mains des hommes. Le psalmiste s’étonne de cette confiance que Dieu a en l’humanité. La tenture montre de façon dramatique ce qu’est devenu ce monde dont le psalmiste s’émerveille dans le psaume 8 : destruction de l’environnement et changements climatiques, exploitation de la création de Dieu. L’homme entre sur le terrain de la création de Dieu, comme le suggèrent les trois cheminées d’usine au bord gauche de la tenture. Les yeux 18
Qu’est-ce que l’homme ? Détruit-il la terre ou réussira-t-il à la conserver pour les générations futures ? Aimons-nous et respectons-nous la merveilleuse et excellente création de Dieu ou bien oublions-nous la tâche qui nous a été confiée, la responsabilité qui nous a été donnée ? D’un côté, quand les êtres humains veulent atteindre les étoiles, ils se surestiment. D’un autre côté, quand ils pensent que leur destin est écrit (uniquement) dans les étoiles, ils se sous-estiment. Les êtres humains peuvent être fiers de ce qu’ils ont réussi, découvert et créé au cours de leur histoire. Or, afin que ces acquis restent une bénédiction pour les générations futures, cette fierté ne doit pas dégénérer en arrogance ou en folie des grandeurs. L’artiste nigérian Tony Nwachukwu nous montre la voie : en peignant des usines entourées d’eau fraiche et en défendant l’énergie solaire dans son pays, il mise sur des technologies durables. Il propose un style de vie en accord avec la Création, où il y a équilibre entre les aspects économiques, écologiques et sociaux. Un des quatre dictons africains qui ornent les cheveux de la femme africaine dans la partie inférieure de la tenture dit : « un chasseur ne tire pas sur un oiseau qui est assis sur sa tête ».
A la folie des grandeurs humaine, le psaume 8 oppose le nom magnifique et majestueux de Dieu (v. 2 et 10) de même que – et c’est là pour moi une des affirmations les plus incroyables de la Bible – la puissance des tout petits et des nourrissons : « De la bouche des enfants et des nourrissons tu as créé une force contre tes adversaires afin que l’inimitié et la vengeance se taisent » (v. 3)1. Personne ne saurait ignorer le cri des petits enfants car il nous oblige à décider si nous voulons y réagir ou non. A l’instar du psaume 8 évoquant des enfants qui, dans une situation difficile, nous forcent à prendre une décision sur leur vie, leur avenir, l’artiste nigérian peint deux fois le même enfant qui nous lance un regard de défi. Il nous demande de vaincre « l’inimitié » entre l’homme et la nature ! La splendeur du nom de Dieu se révèle être une force dans la bouche des plus faibles. C’est par le biais des enfants que Dieu se rappelle à nous : pensez à nous, et donc à la vie, à l’avenir de ce monde, à la bonne création de Dieu. « Qu’est-ce que l’être humain ? » Le psaume ne répond pas à cette question. A nous d’y trouver une réponse aujourd’hui. 1 Traduction littérale de « Bibel in gerechter Sprache, cf. www.bibel-in-gerechter-Sprache.de
Pistes homilétiques
5e dimanche de carême
Prendre ou recevoir ? Prédication basée sur la tenture. Texte de la prédication : Gen. 2.4b-9a et 15 / partie droite de la tenture pense qu’à mes propres besoins, à mon propre bien-être. Au contraire, lorsqu’on me donne quelque chose, qu’on me fait un cadeau, je reçois. Je reçois quelque chose en don, en cadeau. Auteur : Josef Wirth, pasteur, St. Gall
Nous le savons tous et toutes : lorsque nous faisons nos emplettes au supermarché, nous prenons ce qu’il nous faut, mais aussi souvent ce dont nous n’avons pas besoin. Mais tel ou tel produit se trouve juste devant nous et nous fait de l’œil. Les choses sont différentes dans le petit magasin du coin. Là, il faut demander pour avoir tel ou tel produit. Il nous est remis, ce qui nous rappelle que nous ne sommes pas en premier lieu des personnes qui prennent mais des personnes qui reçoivent. Ce simple exemple de notre quotidien nous renvoie à nos attitudes profondes par rapport à la création et l’être humain. Je peux prendre quelque chose moi-même, ou je peux l’accepter en don, en cadeau. La mentalité du self-service au supermarché favorise une certaine attitude par rapport à la vie : je prends ce qu’il me faut. Je prends facilement plus que ce qu’il me faut, parce que j’en ai envie ou parce que je veux avoir des réserves à la maison. Ainsi je suis tenté d’accumuler et de consommer plus que ce qu’il me faut. Souvent, je ne
Ce qui est inconscient et ne pose pas problème au début peut vite tourner au vrai problème. Lorsque je prends plus que ce qu’il me faut, je fais preuve de manque de respect par rapport à la Création. Nous voyons les conséquences de cette exploitation à gauche sur la tenture : un monde pollué et menacé. C’est une exploitation tant contre la nature que contre l’être humain. Dans notre avidité, nous importons toujours plus d’aliments de pays dans lesquels un grand nombre de personnes souffrent de faim. Le texte du livre de la Genèse nous invite à adopter une autre attitude : Dieu place l’homme et la femme dans le jardin d’Eden afin qu’ils le cultivent et le conservent. Nous sommes donc invités à recevoir de Dieu les dons de la Création, à les cultiver et à les préserver. Ils sont pour nous comme un prêt qui doit être particulièrement bien soigné. Cette attitude est représentée en bas à droite sur la tenture. Six personnes tiennent soigneusement des cadeaux dans leurs mains. Ce sont des choses qui doivent être particulièrement protégées car elles sont menacées de destruction. Ces six personnes de différents continents, avec leurs dons dans la main, représentent chacune
un jour de la Création. Elles sont réunies autour d’une table et leurs yeux fixent le cierge pascal au milieu : la communauté naît là où des êtres humains reçoivent avec gratitude et veillent au bien-être de tous, collaborent avec Dieu et s’inspirent de Jésus et de son rêve d’un monde juste. Le texte biblique et la tenture nous invitent à examiner notre propre attitude : y a-t-il un risque que je prenne plus que ce qu’il me faut, exploitant ainsi la Création et d’autres personnes ? Suis-je prêt à adopter une attitude dans laquelle je reçois avec reconnaissance ? Cet examen peut entraîner des conséquences très concrètes : lorsque je fais mes achats, par exemple, je réfléchis à deux fois si j’ai vraiment besoin de cet article. Ou alors je ne prends pas le produit le moins cher mais celui dont je sais qu’il a été produit de manière équitable. Cette attitude nous permet d’apporter notre contribution à un monde plus juste et à la réalisation du thème de la campagne œcuménique d’Action de Carême, de Pain pour le prochain et d’Etre partenaires : « Moins pour nous, assez pour tous »
19
Prières et textes liturgiques
Propositions de textes liturgiques En relation avec la célébration œcuménique pour famille (p. 4 à 6) Prières et textes liturgiques Récit biblique de la célébration pour familles « La manne dans le désert », d’après le livre de l’Exode, chapitre 16 Ils sont en route depuis six semaines déjà. Mais c’est la faim qui les tiraille le plus. « Nous as-tu emmenés dans le désert pour nous faire mourir de faim ? Eh, Moïse, écoute ! Donnenous à manger ! » entend-on toujours à nouveau crier depuis la procession. « En Egypte, nous avions au moins suffisamment à manger. A quoi nous sert la liberté si nos enfants meurent de faim ? Ecoute, Moïse, écoute ! C’est de ta faute ! ». Certains entonnent même le pénible chant du sable du désert. A nouveau, Moïse se bouche les oreilles. A nouveau, il entend la voix de Dieu. Alors il fait signe à Aaron : « Tu sais mieux parler que moi. Explique au peuple ce que Dieu m’a dit ». « Dieu a entendu vos plaintes », commence Aaron. Le silence se fait. Tous les hommes forment un grand cercle autour de Moïse et d’Aaron, l’oreille tendue. « Chaque soir, une nuée d’oiseaux se posera près de notre camp. Vous pourrez attraper les cailles, vous pourrez les griller et les manger. Vous aurez donc de la viande. Et chaque matin, vous recevrez autant de pain que vous le souhaitez. »
20
Ce soir-là, une délicieuse odeur de viande se répand dans le camp. Mirjam frappe doucement sur son tambourin. D’autres femmes répondent depuis leurs tentes en fredonnant de vieilles chansons. Les enfants dorment déjà. Tôt le matin, tous sortent le nez de leur tente, curieux. Où est le pain que Dieu leur a promis ? Une nappe de rosée blanche recouvre le sable du désert. Les femmes caressent la masse blanche. Il s’agit de graines blanches très fines qui sentent le miel. Les femmes en remplissent des bols. « Ce sont des graines », disent les uns. « Ce sont des granules provenant de la pulpe du Tamaris », estiment d’autres. Mais tous sont convaincus d’une chose : il s’agit du pain que Dieu nous envoie.
jour-là, vous ne devrez pas sortir, voyager ou travailler. Dieu vous offre ce septième jour comme jour de repos. » C’est ainsi que chaque septième jour devint un jour de fête pour les Israélites : c’est un jour pendant lequel on ne travaille ni ne prend la route. On prie, on chante, on rit et on danse. Tiré de « Mit Gott unterwegs, Die Bibel für Kinder und Erwachsene neu erzählt », de Regine Schindler et Stepan Zavrel, Bohem Press, Zurich, p. 66 (texte traduit par Nadja Benes).
Ce matin-là, on mange à sa faim dans chaque tente. On remercie Dieu dans chaque tente. On donne aux graines le nom de « manne ». Et Moïse dit : « Chaque jour, vous recevrez de la nouvelle manne. Vous pouvez compter dessus. Vous ne devez ramasser les graines que pour un seul jour, pour votre pain quotidien. Si vous faites des provisions, elles pourriront et sentiront vite mauvais. Mais chaque sixième jour, vous aurez le droit de ramasser le double de manne. Elle ne se gâtera pas. En effet, le septième jour sera le jour de repos, un jour férié pour Dieu. Ce
Célébration des dons de la Création – cérémonie Maya. © T. Goethe
Prières et textes liturgiques
En relation avec la célébration œcuménique pour adultes (p. 7 à 9) Transposition du texte de Jérémie 5.20-29 en mode majeur 1 Proclamez ceci à Jacob, faite-le entendre en Juda. [21] Ecoutez donc ceci, peuple ouvert d’esprit et capable de discernement2 : Ils ont des yeux et voient ce qui se passe, des oreilles qui entendent. [22] Heureux suis-je car vous avez crainte devant moi ! – oracle du SEIGNEUR. O comme vous me craignez, moi, qui ai mis le sable comme limite à la mer, frontière définitive qu’elle ne dépassera pas ! Elle bouillonne mais reste impuissante, ses vagues peuvent mugir, elles ne la dépasseront pas. [23] Ce peuple a un cœur docile et conciliant : ils cherchent toujours à être au plus près de moi. [24] Ils se disent dans leur cœur : « Ayons de la crainte devant le SEIGNEUR notre Dieu, lui qui nous donne la pluie au bon moment, celle d’automne et celle de printemps, et qui nous garde les semaines fixées pour la moisson. »
[25] Ce sont vos engagements pour la justice, qui préservent cet ordre de la Création, vos bonnes actions qui permettent le déploiement de ces bienfaits. [26] Car dans mon peuple, se trouvent des fidèles respectant les lois qui en mobilisent d’autres ; ils vont à la rencontre des gens et nouent des réseaux d’hommes et de femmes qui s’engagent pour la bonne cause.
O Dieu, que te demander que tu n’aies déjà donné ? L’acte de ta création est don L’air, l’eau et la terre, la lumière et même la vie. Et tu offres ta bénédiction en sus. Dès l’origine, tu as tout donné ! Emerveillons-nous de ton don. Pratiquons-le à notre tour. Et tu seras avec nous pour nous inspirer.
[27] Tel un panier plein de pain, leurs maisons sont pleines de chaleur humaine : c’est ainsi qu’ils deviennent grands et riches en humanité,
Tiré de Mamia Woungly-Massaga, L’ardeur d’une vie, de Lucette Woungly-Massaga, édition Ouverture
[28] ils partagent avec d’autres et leur lumière jaillit. Ils dépassent le record de la bonté, ils respectent le droit, le droit de l’orphelin ; et ils réussissent. Ils prennent en main la cause des pauvres. [29] Ne dois-je pas les féliciter ? – oracle du SEIGNEUR. Ne dois-je pas me réjouir d’une telle nation ?
Nous nous sommes basés sur la traduction de la TOB légèrement revue par Monique Dorsaz. Transposition en mode majeur par Martina Schmidt. 2 Le texte hébreu utilise à plusieurs reprises le terme « cœur » qui désigne la capacité de « penser », « comprendre », « faire des projets ». 1
Invoquer : Tout donné
Se repentir et accueillir le pardon : La charité Il n’y a qu’une « vertu » en ce monde : LA CHARITE. Et la charité, c’est quoi ? De la colère… Uniquement de la colère. La charité consiste à s’indigner ! La charité c’est pas de chialer sur la misère du monde : c’est de la combattre. La charité n’est pas humble, mais elle est belliqueuse ! La charité c’est de l’amour. En amour, faut pas s’aplatir, C’est inopérant et négatif. La carpette ? Jamais ! Dieu a en horreur les serpillières ! San Antonio, tiré de Une Bonne Nouvelle, ça se partage, Prières, méditations, petits contes et récits, Service protestant de mission, Défap
21
Prières et textes liturgiques
Confesser : Le sel et la boîte à sel
Intercéder : Fais que je voie
Les disciples de Jésus, C’est comme le sel. Le sel, c’est salé, Ça a un goût spécial, Ça se mélange à la soupe, Ça lui donne du goût.
Seigneur, fais que je voie l’Economie qui asservit l’Homme au lieu de se mettre à son service. La Terre que l’on épuise, ses ressources gaspillées au profit d’une minorité.
Cela existerait-il, Un sel qui aurait le goût de l’eau, Qu’on pourrait mélanger à la soupe, Sans que cela se sente ? Cela ne servirait à rien ! Du sel comme ça serait bon Pour la poubelle !
Seigneur, fais aussi que je voie le commerce équitable, l’épargne solidaire, la prise de conscience écologique, le refus de prendre le monde pour une marchandise.
Les disciples de Jésus, Nous les chrétiens, Nous sommes comme le sel De la terre, C’est Jésus qui le dit. Il ne faut pas avoir peur D’être différents A cause de Jésus, Pas avoir peur d’être mélangés Aux autres. On ne met pas la boîte à sel Fermée dans la soupe ! Peut-être que des chrétiens Entre leurs quatre murs C’est comme une boîte à sel… Eh bien, il faut ouvrir la boîte ! Ecole du Dimanche de Clamart, tiré de Une Bonne Nouvelle, ça se partage, Prières, méditations, petits contes et récits, Service protestant de mission, Défap
22
Seigneur, fais que je voie les murs que l’on construit sur les oliviers arrachés. Les attentats fanatiques qui répondent aux bombardements aveugles. Les enfants exploités, brisés, massacrés au milieu des bombes à fragmentation et des mines abandonnées. Toutes ces blessures qui mettront des générations à se refermer. Seigneur, fais aussi que je voie tous les mouvements pour la paix, tous les dialogues qui se nouent en dehors des dirigeants, tous ceux qui veulent sortir des cycles de racisme, de haine et de vengeance. Seigneur, fais que je voie les hommes de justice et de paix arrêtés, bâillonnés, torturés, exécutés.
Seigneur, fais aussi que je voie Amnesty International, Human Right Watch, ACAT, Reporters Sans Frontières… Seigneur, fais que je voie ceux qui meurent de faim, De manque de soins ou de manque d’espoir. Seigneur, fais aussi que je voie le Secours Catholique, Le CCFD, Médecins du Monde, Handicap International, Emmaüs… Seigneur, fais que je voie nos nations, nos sociétés, nos familles qui se referment sur elles-mêmes. Seigneur, fais aussi que je voie tous ceux qui autour de moi ont fait le pari de l’ouverture et de la main tendue. Seigneur, fais qu’en tant qu’homme j’accepte de voir tout cela. Seigneur, aide-moi en tant que chrétien à m’engager et agir. Au nom de l’Amour que tu nous as révélé. Jean-François Mourdon, tiré de Une Bonne Nouvelle, ça se partage, Prières, méditations, petits contes et récits, Service protestant de mission, Défap
Prières et textes liturgiques
Repartir : Que ta vie soit un chant Nous louons Dieu, rassemblés dans l’église. Quand chacun de nous retourne à ses affaires, il semble qu’on cesse de le louer.
Récolte du riz aux Phillippines. © Action de Carême.
Communier : A l’heure où monte A l’heure où monte le prix de l’eau sur la terre, où se réduit l’espace et grandit la misère, où personne ne peut payer le prix du silence et de l’air à l’heure où la relation humaine est objet de calcul et de haine, à l’heure où meurt ce qui est gratuit, il est vraiment urgent de rappeler ta vie donnée, Seigneur, de proclamer la force de ta paix sans violence et le pouvoir de l’amour vécu jusqu’à la mort c’est pourquoi nous travaillons à soulager et à secourir et nous chantons déjà, Seigneur, en attendant le monde où la mort ne sera plus qu’un vieil outil cassé, où demain n’aura plus cette couleur de cendre, où l’avenir sera comme les yeux des enfants Suzanne Schell, tiré de Traces vives, de Lytta Basset, Francine Carrillo, Suzanne Schell, Labor et Fides
Ne cesse pas de bien vivre et tu loueras Dieu par ta vie en chantant « Alléluia ! ». Donne du pain à qui a faim. Habille celui qui est nu. Accueille les sans-abri. Ce n’est pas seulement ta voix qui chante, mais ta main chante aussi quand tes actes se conforment à tes paroles. Si ta langue loue Dieu à certaines heures, ta vie doit le louer sans arrêt. Si tu ne chantes qu’avec ta voix, il y aura des silences. Que ta vie soit un chant que rien n’interrompt. Chante avec ta voix. Que ton cœur ne se taise pas. Ne laisse jamais ta vie se taire. Saint Augustin (commentaires des Psaumes 148, 149 et 146), tiré de Une Bonne Nouvelle, ça se partage, Prières, méditations, petits contes et récits, Service protestant de mission, Défap
Se repentir : Seigneur je me tiens devant toi Seigneur, je me tiens devant toi avec humilité Montre-toi patient avec moi quand tu me vois irrité-e devant ta Parole rugueuse, devant tes ordres qui me contrarient, devant ta colère dont je ne vois pas le sens !
Seigneur, montre-toi patient avec moi quand tu vois mon envie de fermer le Livre, quand je refuse tes questions Seigneur, montre-toi patient envers nous tous, franchis par ton Esprit les barrages que nous t’opposons et fais éclater les sens de notre histoire pour que nous puissions te chanter et dire notre joie avec les autres Suzanne Schell, tiré de Traces vives, de Lytta Basset, Francine Carrillo, Suzanne Schell, Labor et Fides
Accueillir le pardon : La foi, c’est… La foi en Christ fait de nous Des hommes nouveaux Et des femmes nouvelles Appelés dans la joie à se joindre A l’entreprise de Dieu en vue de créer Une terre nouvelle Où prévaudront la vérité, la justice Et la plénitude de la vie. La foi conçue dans ce sens n’est pas un opium, Mais bien plutôt un ferment Agissant conformément au dessein de Dieu De transformer le monde qu’il a créé En un royaume d’amour, de joie et de paix. Avoir la foi, c’est espérer Et agir dans l’espérance. Une foi conçue dans ce sens nous libère En vue du combat pour une vie partagée Dans la communauté. C’est là notre vocation d’Eglises et de chrétiens. Philip Potter, (ancien secrétaire général du COE) tiré de Une Bonne Nouvelle, ça se partage, Prières, méditations, petits contes et récits, Service protestant de mission, Défap
23
« Il y a assez de tout dans le monde pour satisfaire aux besoins de l’homme, mais pas assez pour assouvir son avidité. » Gandhi
Nous encourageons à agir
Devenir plus fort ensemble
Pain pour le prochain est l’organisation de développement des Eglises protestantes de Suisse. Nous encourageons les personnes au Nord à adopter un style de vie responsable. Par notre action en politique de développement nous nous engageons pour le droit à l’alimentation et pour une économie éthique. Au Sud, nous soutenons les populations pour qu’elles se libèrent de la pauvreté et de la faim, et qu’elles mènent une vie autodéterminée. Ensemble avec nos partenaires locaux, nous dénonçons les dysfonctionnements et renforçons le plaidoyer pour les droits des populations concernées.
Action de Carême est l’œuvre d’entraide des catholiques en Suisse. Nous nous engageons au Nord comme au Sud pour un monde plus juste ; un monde dans lequel hommes et femmes vivent dans la dignité sans souffrir de la faim et de la pauvreté. Nous collaborons avec des organisations locales dans 14 pays d’Afrique, d’Asie et d’Amérique latine. Nous nous engageons également en Suisse et sur le plan international pour mettre en place des structures équitables, en particulier dans le domaine des droits humains et dans l’économie.
Av. du Grammont 9 1007 Lausanne Tél. 021 614 77 17, Fax 021 617 51 75 ppp@bfa-ppp.ch www.ppp.ch CCP 10-26487-1
Av. du Grammont 7 1007 Lausanne Tél. 021 617 88 81, Fax 021 617 88 79 actiondecareme@fastenopfer.ch www.actiondecareme.ch CCP 10-15955-7
24
Etre partenaires – La solidarité dans le monde L’œuvre d’entraide catholique chrétienne Etre partenaires sensibilise à la mission et la coopération au développement. Elle soutient et accompagne des projets permettant le développement social et économique de personnes défavorisées. Cette aide contribue à l’autonomie de ces personnes, notamment par le dialogue avec les partenaires. Est ainsi posé un signe de solidarité vivante entre chrétiens de différents pays.
c/o Nassouh Toutoungi Rue du Général-Dufour 105 2502 Bienne Tél. 032 341 21 16 info@etre-partenaires.ch www.etre-partenaires.ch CCP 25-10000-5