Voir et agir
Liturgie
Sans terre, pas de pain
2013
Table des matières
Voir et agir Depuis 1969, Pain pour le prochain et Action de Carême organisent chaque année une campagne œcuménique durant le temps du carême jusqu’à Pâques. Depuis 1994, Etre partenaires, œuvre catholique chrétienne, y participe également. Cette campagne a pour but de sensibiliser le public suisse à la réalité des inégalités existant dans le monde : près de 900 millions de personnes souffrent de la faim ! Mais voir cette réalité ne suffit pas. C’est pourquoi la campagne propose aussi des pistes d’action, que ce soit le soutien à des projets au Sud, la participation à des actions ici en Suisse ou par des changements de son propre comportement. Durant le temps de carême, les trois organisations chrétiennes invitent ainsi à passer du voir à l’agir.
Av. du Grammont 9, 1007 Lausanne Tél. 021 614 77 17, Fax 021 617 51 75 ppp@bfa-ppp.ch, www.ppp.ch CCP 10-26487-1
Table des matières
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Editorial
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Entrer dans le thème
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Célébration œcuménique clé en main
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1er dimanche de carême
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2e dimanche de carême
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Texte d’introduction à la tenture Reproduction de la tenture
11 et 14 12–13
3e dimanche de carême
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4e dimanche de carême
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5e dimanche de carême
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Célébration œcuménique avec variante pour familles Prières et textes liturgiques
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Impressum L’équipe de préparation 2013 : Rossier Ramuz Anne-Claude, Pasteure réforme, EERV, Montreux Durussel Michel, Pasteur réformé, EERV, Aubonne Kabundi Kabengele Célestin, Cure catholique, Farvagny Toutoungi Nassouh, Prêtre catholique-chrétien, Bienne Coordination générale : Schmidt Martina, Pain pour le prochain, Lausanne Graphisme : ComMix SA, Wabern
Av. du Grammont 7, 1007 Lausanne Tél. 021 617 88 81, Fax 021 617 88 79 actiondecareme@fastenopfer.ch www.actiondecareme.ch, CCP 10-15955-7
© Pain pour le prochain / Action de Carême / Etre partenaires
ETRE PARTENAIRES c/o Nassouh Toutoungi Rue du Général-Dufour 105, 2502 Bienne Tél. 032 341 21 16 info@etre-partenaires.ch, www.etre-partenaires.ch CCP 25-10000-5 2
Label Œcumenica, décerné en 2009 par la Communauté de travail des Eglises chrétiennes de Suisse pour la qualité exemplaire de l’œcuménisme pratiqué par la campagne commune à Action de Carême, Pain pour le prochain et Etre partenaires
Editorial
Aujourd’hui, plus qu’hier, mais moins que demain ? La terre est objet de convoitise. Elle l’a été en tout temps. Et cela continue, aujourd’hui, plus qu’hier. L’avidité déborde de nos assiettes jusqu’à la terre où l’on investit parce qu’elle représente un placement lucratif. Depuis le commencement, la terre est entachée de sang humain. Des frères et des sœurs s’entretuent, pour avoir plus que l’autre, pour avoir une plus grande reconnaissance, par peur de manquer, par mimétisme, par égocentrisme… Alors que le Créateur avait jugé que « tout était bon », que cette terre était un paradis où il faisait bon cohabiter, se produit le drame entre Caïn et Abel qui finit par un meurtre. Depuis, Caïn erre sur la terre ; son stigmate rappelle que nous ne sommes que des locataires sur cette terre. L’être humain est venu de la terre ; à la terre il retournera.
Aujourd’hui, plus qu’hier, mais moins que demain ? Cela dépend de nous, de notre rapport à la terre, de notre courage à lever une voix prophétique contre cette injustice. Amenons ces réalités au cœur de la liturgie pour en repartir renforcé-e-s et transformer ensemble le visage du monde ! Cheminons ensemble vers un monde nouveau : accueillir, se repentir, écouter, confesser, partager, intercéder, communier, repartir – fortifiés – dans le monde. Sur la commune origine qui nous lie à la terre se tisse le fil de l’espérance : au début de la Bible, la terre éclot du chaos, à la fin, apparaît un ciel nouveau, une terre nouvelle ( Ap 21.1 ). Plus qu’une espérance lointaine, nous pouvons en graver quelques traces dans la vie des hommes, des femmes et des enfants d’aujourd’hui.
« Sans terre, pas de pain », la campagne œcuménique d’Action de Carême, Pain pour le prochain et Etre partenaires nous invite à confronter notre humanité à l’accès à la terre. Les populations à Madagascar, au Pérou ou au Sierra Leone sont privées des terres fertiles qui autrefois leur permettaient de produire leur alimentation. La terre se vend à prix fort ; elle se loue aux multinationales qui la convoitent. Martina Schmidt Jean-Claude Huot secrétaire romande secrétaire romand de Pain pour le prochain d’Action de Carême
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Entrer dans le thème
« Planète à vendre » ? Auteur : Martina Schmidt Pain pour le prochain
Voir La terre est notre mère nourricière. Sa matrice est fertile. Assez pour nourrir le monde. Pourtant, presque 1 milliard de personnes ne mangent pas à leur faim, 80% d’entre elles vivent en zone rurale, et la moitié sont des petits paysans et paysannes. Comment expliquer ce paradoxe ? La terre, bien commun indispensable à la survie, devient depuis quelques années un objet de spéculation et de placements financiers. Le film documentaire « Planète à vendre » a révélé l’émergence de cette nouvelle forme de colonialisme qui s’est accélérée depuis les crises de 20081.
Percevoir « Comment pouvez-vous acheter ou vendre le ciel, la chaleur de la terre ? L’idée nous paraît étrange. Si nous ne possédons pas la fraîcheur de l’air et le miroitement de l’eau, comment est-ce que vous pouvez les acheter ? Chaque parcelle de cette terre est sacrée pour mon peuple. » Qui ne connaît pas ce texte qui a fait le tour du monde ? Ce célèbre discours aurait été prononcé en 1854 par un chef de la tribu Duwamish, lorsque les Etats-Unis cherchaient à placer les populations autochtones dans des réserves pour élargir le territoire de la « civilisation » occidentale. Ces belles paroles rendent perceptibles un réservoir de spiritualité et un lien
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Agir fondamental à la terre qui sont aujourd’hui sacrifiés sur l’autel de l’esprit marchand. Comment vendre une terre à laquelle nous sommes intimement liés mais qui ne nous appartient pas ?
Lors du récent sommet des peuples à Rio +20, Simon Bodea, directeur général de Synergie paysanne ( Synpa ) au Bénin, une organisation partenaire de Pain pour le prochain, a raconté sa lutte contre ce phénomène néocolonial.
Et pourtant
Dans son pays, 45% des terres sont déjà vendus à des mains étrangères ou à des riches d’une caste politique corrompue. La population, elle, n’est pas au courant de ce qui se négocie dans l’ombre. La sensibilisation et la lutte pour la terre doit donc passer par l’information dont se chargent des organisations telles que Synpa.
Selon les chiffres de la Coalition internationale pour l’accès à la terre ( ILC )2 : • Entre 2000 et 2010, des contrats fonciers ont été négociés ou conclus pour une surface de 203 millions d’hectares. Dans certains pays, une surface supérieure aux terres cultivées jusqu’à présent et de vastes parts de la surface agricole utile ont été louées à des investisseurs étrangers. En République du Congo ( Brazzaville ) par exemple, les 670 000 hectares de terres déjà louées représentent 134% des terres labourées jusqu’à présent. • Depuis 2010, l’entreprise genevoise Addax Bioenergy a loué au Sierra Leone une surface de 14 000 hectares pour produire des agrocarburants à partir de canne à sucre. Il s’agit d’une zone le long du fleuve Rokel où 13 000 personnes vivent essentiellement de l’agriculture. Pain pour le prochain et Action de Carême dénoncent les risques de ce projet pour la sécurité alimentaire et l’environnement.
A Rio, Simon Bodea a appelé à créer, avec les populations du Sud qui luttent pour leur accès à la terre, une alliance mondiale contre l’accaparement des terres. Dommage que cet appel n’ait pas été entendu par les gouvernements du monde réunis dans des salles feutrées. Action de Carême, Pain pour le prochain et Etre partenaires, avec vous partenaires des Eglises, nous voulons tisser cette alliance afin que le droit à l’alimentation soit respecté. 1
Film « Planète à vendre » par Alexis Marant ; 2010 www.alliancesud.ch/fr/documentation/ projets/histoire-vivante/planete-a-vendre
Land Rights and the Rush for Land, Findings of the Global Commercial Pressures on Land Research Project, Coalition internationale pour l’accès à la terre ( ILC ), Janvier 2012. 2
Célébration œcuménique clé en main avec prédication
« Heureux les doux, ils hériteront la terre » Mt 5.4
Auteurs : Anne-Claude Rossier Ramuz et Michel Durussel
L’être humain est intimement lié à la terre, elle lui donne son cadre de vie, le nourrit et l’accueille en son sein quand il meurt. Or ce lien vital au sol est profondément perturbé : au lieu de se savoir hôtes de la terre, les humains tendent à se l’accaparer dans une logique de profit destructrice et meurtrière ; le recours aux béatitudes nous aide à repenser la place de l’humain dans son rapport à la terre et à l’ensemble de la création. Pour cette célébration œcuménique, nous ancrons notre réflexion sur le texte de Genèse 2 à 4 ; sur ce fondement, nous proposons un parcours liturgique et une prédication clé en main centrée sur la béatitude de Matthieu 5.4.
l’être humain ( Adam ) tiré du mot ( Adamah ) qu’il a façonné avec la poussière du sol ( ’éphar ) dans un jardin ( Gan ) pour en prendre soin. • Tentés par le serpent venu des champs ( Sadeh ), Adam et Eve transgressent l’interdit posé par Dieu, provoquant une rupture dans leurs relations entre eux, avec Dieu
et avec leur environnement ; désormais ils tireront avec peine leur nourriture du sol ( Adamah ). Le couple est chassé du jardin ( Gan ). • A la génération suivante, le conflit entre Caïn et Abel se noue autour de l’usage du sol, entre berger et cultivateur ; le meurtre d’Abel est commis aux champs ( Sadeh ). Le sol ( Adamah ) souffre de la violence des hommes et devient inhospitalier. Une vie d’errance sur terre ( Eretz ) commence pour Caïn, à distance de Dieu qui lui donne cependant un signe protecteur. Ce rapide survol des premiers chapitres de la Genèse fait bien apparaître le rôle fondamental de la terre dans la destinée des humains2. 1
Près de 50 mentions avec les dénominations différentes.
Réflexion sur Genèse 2.4a–4.16 Dans les histoires d’Adam et Eve et de Caïn et Abel, la terre joue un rôle de premier plan. Elle est citée à de multiples reprises, avec d’intéressantes variations dans la façon d’y faire référence. Ces multiples mentions de la terre font ressortir sa place prépondérante dans ce récit des origines. Elle est au cœur de la relation entre Dieu et les humains. Relisons rapidement ce récit « du point de vue de la terre » : • Après avoir créé la terre ( Eretz ) comme fondement, Dieu établit
De combien de terre l’homme a-t-il besoin ? ( Photo : Jeffrey-EEA, Ecumenical Advocacy Alliance )
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Célébration œcuménique clé en main avec prédication
Transition vers l’Evangile et lien avec le thème de la campagne Devant les ravages écologiques, sociaux, humains que provoquent la concentration des terres entre les mains de quelques grands propriétaires ou leur accaparement par de puissants acteurs économiques privés ou étatiques, nous avons à retrouver la pertinence des textes de la Genèse où la terre apparaît comme un vis-à-vis essentiel pour l’être humain. Quand celui-ci cède à son désir de puissance, de « devenir comme des dieux », il rend la terre ingrate et amère. Dans les crises alimentaires et environnementales que nous connaissons, notre humanité doit retrouver un autre rapport au sol nourricier que celui de l’accaparement et de la puissance. La compréhension d’une terre « don de Dieu », dont les humains sont les intendants ou les hôtes, mais pas les propriétaires tout-puissants, construit une attitude plus respectueuse de la création. A celles et ceux qui se veulent ses disciples, le message libérateur du Christ donne des clés pour nous ouvrir à cette nouvelle attitude. La béatitude tirée du sermon sur la montagne : « Heureux les doux, ils hériteront la terre » nous paraît l’un de ces précieux sésames.
Déroulement Accueillir Au gré de l’officiant Invoquer Comment t’accueillerons-nous sur notre terre agitée ? Comment t’accueillerons-nous au cœur de nos vies ? Comment ferons-nous place à la bienveillance, Seigneur, alors que notre monde est toujours gros de violences ? 6
Comment ferons-nous place à l’espérance, alors que les riches continuent d’être trop puissants, et que les faibles continuent d’être trop pauvres pour survivre ? Comment ferons-nous place à la foi, nous qui perdons peu à peu nos repères dans le monde tourbillonnant des modes illusoires et des enthousiasmes trop vite déçus ? Comment abriterons-nous encore l’amitié ? Et les gestes de la simplicité qui font tant de bien ? Comment protégerons-nous les droits si fragiles du prochain ? Comment ferons-nous fleurir encore l’amour gratuit de l’autre ? Comment, Seigneur ? Nous rouvrirons les portes de nos maisons, Nous élargirons les entrées de nos villes, Nous ranimerons le courage fatigué de nos espérances ! Et nous nous souviendrons des plus pauvres au nom de Jésus. Liturgiciel, Jean-Michel Sordet, 2008 Chant Alléluia 21-06 Louer Psaume 37.1-113 Chant Alléluia 47–14 Se repentir et accueillir le pardon Trop longtemps, longtemps, des mains liées à la chaîne trop longtemps prient des mains enchaînées sans pouvoir embrasser quelqu’un avec ardeur, sans pouvoir tenir quelqu’un avec tendresse.
Ô Seigneur, viens et fais sauter cette chaîne, libère-moi de cette chaîne si lourde. Dans le désert sillonné par le vent, je répandrai une poignée de semence, avec cette main saignante je donnerai soin et je moissonnerai. Les épis, mûris dans la sueur, je te les offrirai, sur l’autel de la terre, je m’offrirai moi aussi. Ô Seigneur, viens et fais sauter cette chaîne, libère-moi de cette chaîne si lourde. Même si par ce lourd travail mon corps brûle et sera déchiré, même si je dois mourir, avec ces mains-là je veux trouver la liberté. Quel matin merveilleux le cri des fleurs ! Enfin l’obscurité passe, le matin éclaire le monde. Ô Seigneur, viens et fais sauter cette chaîne, libère-moi de cette chaîne si lourde. Prière khmer Liturgiciel, Jean-Michel Sordet, 2008 Chant Alléluia 46-08 Ecouter Genèse 3.1-12, Genèse 4.1-16, Matthieu 5.1-4 ( à choix ) Chant Alléluia 49-60 ou 49-52
Pierre Gisel, « La création », Ed. Labor et fides, Genève, 1980, p. 40.
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La Béatitude de Matthieu 5.4 reprend le verset 11 de ce Psaume.
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Célébration œcuménique clé en main avec prédication
Apporter un message Les tout premiers récits de la Genèse nous présentent l’être humain comme un être d’envie. Dès l’origine, l’humain est confronté à une envie constitutive d’en savoir plus, d’en avoir plus. Il y a en lui une boulimie naturelle, qui le pousse à transgresser l’interdit posé par Dieu et qui va jusqu’au meurtre par jalousie de celui ou celle qui lui paraît avoir une meilleure place. Aujourd’hui, au niveau mondial, la terre devient l’enjeu d’une lutte de pouvoir conduisant à des catastrophes écologiques et humaines. Nous pourrions parler d’une véritable « boulimie de terres » lorsque les grands propriétaires terriens s’approprient d’énormes surfaces cultivables, ou lorsque de puissantes sociétés accaparent des terres agricoles bradées par des gouvernements en manque de fonds, et qui privent ainsi leurs concitoyens de leurs moyens de subsistance. En mettant en lumière ce qui se joue autour de la terre dans l’actualité géopolitique mondiale, les œuvres d’entraide dénoncent cette logique socio-économique d’appropriation et d’accaparement. Face à ces enjeux économiques et politiques mondiaux, nous nous sentons impuissant-e-s et démuni-e-s. Nous avons bien peu de prise sur ces phénomènes qui détruisent peu à peu notre terre et appauvrissent une grande partie de la population mondiale. Or, en faisant résonner le cri : « Sans terre, pas de pain », Pain pour le prochain, Action de Carême et Etre partenaires nous amènent aussi à réfléchir sur notre propre rapport au monde, à cette terre qui nous est donnée par Dieu ; ils nous interpellent sur notre responsabilité à l’égard des hommes et des femmes qui
habitent cette terre avec nous, car nous savons bien que nos énormes besoins énergétiques, notre manière de vivre et de consommer contribuent pour une bonne part à ces injustices et à ces inégalités croissantes. Par les réflexions et les actions qu’elle suggère, la campagne œcuménique nous propose d’échapper tant à l’indifférence qu’aux sentiments mêlés d’impuissance et de culpabilité que nous pouvons ressentir. En relayant le slogan « Sans terre, pas de pain » dans nos communautés chrétiennes, en méditant sur ces récits et ces textes bibliques qui fondent notre foi, nous pouvons nous laisser mobiliser par l’espérance qui court de la Genèse à l’Evangile. Les Béatitudes, notamment celles qui évoquent les pauvres et les doux, nous invitent à chercher, en nousmêmes d’abord, un rapport différent à notre terre, à notre prochain, à nos frères et sœurs, ainsi qu’à Dieu. Elles nous lancent un appel et une promesse : nous pouvons résister à cette boulimie qui nous dévore et nous pousse à vouloir tout prendre, tout accaparer. Il n’y a pas de fatalité dans cette logique d’accaparement. Lorsque Jésus proclame : « Heureux les doux, ils hériteront la terre », il appelle et il promet. Il appelle à trouver une autre issue à la rivalité que l’accaparement et le meurtre. Lorsque Jésus déclare « heureux » les « doux », il ne promeut ni un trait de caractère ni une condition sociale. Cet appel, on le trouve déjà dans la parole que Dieu adresse à Caïn. Alors que ce dernier est rempli de rage de voir que son sacrifice n’a pas été agréé, alors qu’il s’estime lésé, repoussé et rejeté, il s’entend dire qu’il peut résister à ce qui l’envahit. Dieu est là pour lui aussi. Il invite Caïn à prendre sa place autrement que dans la violence, il lui promet qu’une autre issue est pos-
sible : « Pourquoi t’irrites-tu ? Et pourquoi ton visage est-il abattu ? Si tu agis bien, ne le relèveras-tu pas ? Si tu n’agis pas bien, le péché, tapi à ta porte, te désire. Mais toi, domine-le ! ( Gn 4.6 ). Pour se mettre à l’école des « doux », de ceux et celles qui n’ont pas d’autre choix que la confiance, il y a, paradoxalement, un combat à mener, une ascèse radicale à vivre. C’est ce que laisse entendre cette parole adressée par Jésus aux foules s’enquérant de l’avènement du Royaume : « Depuis les jours de Jean-Baptiste jusqu’à présent, le Royaume des Cieux est assailli avec violence. Ce sont les violents qui l’arrachent » ( Matthieu 11.12 ). Si certain-e-s voient dans les « violents » les ennemis de Jésus s’acharnant contre sa prédication et sa personne, d’autres pensent qu’il est question ici du zèle à déployer pour atteindre le Royaume des Cieux, de cette « violence des pacifiques » dont parle Frère Roger dans l’un de ses livres. Pour notre part, nous voyons dans cette parole une mise en travail du Royaume des Cieux au sein de notre réalité humaine marquée par la violence. Les « violents », ce ne sont pas seulement les autres, les ennemis. La violence et l’envie sont aussi notre fait. La croix nous le signifie. Or Dieu demeure avec nous jusque sur la croix. Dieu demeure avec nous lorsque nous risquons de céder à l’envie ou à la violence. Sur la croix et dans le tombeau vide, Dieu est là pour nous, affirmant que la violence n’est pas la seule issue. Le Royaume des Cieux, la terre promise, n’est pas l’apanage d’une élite non-violente et les Béatitudes nous mettent en demeure d’y travailler. Le Royaume des Cieux, la terre promise est mise en travail entre nos mains enclines à la violence. Au travers de l’Evangile, nous sommes appelé-e-s à devenir
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Célébration œcuménique clé en main avec prédication
disciples du Christ et donc à nous savoir précédés : en Jésus-Christ, Dieu nous ouvre le chemin, un chemin possible. En Jésus-Christ, Dieu nous fait également une promesse, il nous redonne une place, il nous fait les héritiers de cette terre promise, non à conquérir mais à honorer et à partager. Les « doux » des Béatitudes seraient alors ceux et celles qui peuvent répondre à la question posée à Caïn : « Où est ton frère ? », ceux et celles qui se savent responsables des conditions de vie de leurs frères et sœurs humains, où qu’ils vivent sur la terre ; ceux et celles qui savent que la terre est à habiter ensemble, les un-e-s avec les autres et non les un-e-s contre les autres, que ses ressources sont à préserver et à partager afin que tous et toutes aient part au pain. Dans l’espérance de cette terre promise, il devient possible de faire entendre autour de nous cette voix qui crie afin que tous et toutes aient part à la terre que nous habitons ensemble, afin que tous et toutes puissent en tirer équitablement leur pain. Concrètement, cette espérance peut se traduire par des choix de vie favorisant le développement durable et l’écologie, par une consommation mesurée et réfléchie en fonction de ses impacts sur l’environnement, sur les travailleurs du Nord comme du Sud, par le soutien financier de projets d’entraide et de développement, par des liens communautaires et ecclésiaux s’exprimant dans la liturgie et la prière. C’est ainsi que le cri de la campagne de carême « Sans terre, pas de pain » ne restera pas lettre morte. C’est ainsi que le pain que nous rompons dans nos Eglises sera signe de cette terre nouvelle vers laquelle nous sommes déjà en marche, terre promise non à quelques-un-e-s, mais à tous les peuples.
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La terre, don de Dieu ( Photo : Jeffrey-EEA )
C’est ainsi qu’à travers la communion des chrétiens et chrétiennes du monde entier, ce cri se fera aussi prière et Eucharistie. Amen. Il est suggéré d’entrer dans la liturgie eucharistique directement après la prédication et un interlude.
Communier Prière du Rév. Charles Hedley ( voir Prières et textes liturgiques p. 22 ) Chant Alléluia 24-13 Intercéder Où es-tu Seigneur ? C’est le temps de l’exode, le temps de l’épreuve, le temps du désert. La vie est dure aujourd’hui, les certitudes sont ébranlées, les idéologies battues en brèche, les repères estompés. Chaque jour apporte son lot de souffrances. Une entreprise licencie, un agriculteur fait faillite, un jeune ne veut pas s’installer : le risque est trop grand.
Ton peuple est mis à nu, Seigneur, il saigne, vois-tu sa misère ? Vas-tu le laisser seul au désert ? Fais naître de nouveaux prophètes, des hommes et des femmes. Redis-nous encore par eux : « Je vous rassemblerai de tous les pays et je vous ramènerai sur votre terre. Vous serez mon peuple et je serai votre Dieu. » Prière d’un agriculteur breton, paru dans Prier de mai 1994 Liturgiciel, Jean-Michel Sordet, 2008 Chant Alléluia 33-04 ou 46-07 Partager Au gré de l’officiant en relation avec la destination de l’offrande. Chant Alléluia 49-51 Repartir Au gré de l’officiant Chant Alléluia 62-72
Pistes homilétiques
1er dimanche de carême
Faisons confiance au Seigneur Luc 4.1-13 : la tentation de Jésus au désert
Auteur : Célestin Kabundi
Dans notre monde, les inégalités sont scandaleuses. Ceci s’explique par une recherche égoïste et effrénée de la richesse et du pouvoir chez les humains. L’accumulation de milliards pour quelques-uns contraste avec la pauvreté et la misère des autres. La tentation serait parfois de refuser de nous poser des questions existentielles qui nous engageraient de façon collective et personnelle, pour la simple raison que cela se passe loin, que ce ne sont pas nos « oignons ». Le carême, c’est ce temps privilégié qui nous est offert pour un retour en nous-mêmes, de poser un regard sur notre terre. La disparité de la répartition des biens fonciers doit nous interpeller. « Sans terre, pas de pain » sera notre réflexion durant ces semaines nous préparant à Pâques. Pour ce premier dimanche, nous voilà à l’écoute de l’évangile de Luc. Nous lisons le récit de la tentation de Jésus au désert en lien avec son baptême. Que fait Jésus au désert pendant 40 jours ? La péricope raconte qu’il prie, médite les Ecritures et s’impose un jeûne total. Selon Luc, c’est à la fin de son séjour de 40 jours qu’il fut tenté par le démon. De cette hauteur symbolique
de sa rencontre avec Dieu, le démon lui lance trois tentations, les mêmes qui reviendront aussi sur la croix ( cf Mt 27.40, 42, 44 ) : – soucis de la nourriture terrestre : comme fils de Dieu appelé à user des miracles comme magicien ( v. 3 ) – soucis du pouvoir et tentation du Seigneur : se jeter en bas ( v. 6 ) – adoration des faux dieux, adoration de la puissance de la mort ( v. 9–11 ). Il s’agit d’un dialogue entre deux voix, celle de Satan le tentateur et celle de Dieu le créateur. Derrière ces deux voix, il y a deux esprits. L’esprit de Dieu qui est descendu sur Jésus lors de son baptême sous l’aspect d’une colombe, et qui maintenant le conduit au désert ( Luc 4.1–2 ), et l’esprit du mensonge qui cherche à tromper par des mirages et des illusions. Là où l’humanité cède à la tentation, c’est le Christ qui résiste. Il fortifie le cœur de l’Homme et soutient ceux et celles qui l’implorent.
Lien avec le thème de la campagne Revenons sur la première tentation. S’appuyant sur la parole de Dieu, Jésus résiste : « l’homme ne vivra pas de pain seulement, mais de toute parole… »
Jésus sait que l’homme et la femme ont besoin de pain, compris comme tout bien de base nécessaire à la vie. Mais ils ne doivent pas l’obtenir en opposition à la volonté de celui de qui nous tenons tout. Il est le créateur du ciel et de la terre et connaît nos besoins. D’une part, ce récit nous fait prendre conscience de notre identité comme enfants de Dieu à la suite de Jésus, et d’autre part nous invite à lui faire confiance. Avec Jésus, nous apprenons comment résister aux tentations, éprouver notre capacité de résister, de lutter et donc de grandir. Dans ce combat, Dieu ne nous laisse pas seuls. Jésus y est passé en vainqueur par sa Pâque. Elle est aussi la nôtre puisque le Christ nous donne la force de traverser avec lui toutes les difficultés de la route. N’ayons pas peur de nous engager pour défendre les êtres humains contre les injustices que d’autres leur infligent.
Pistes liturgiques Insister sur la place et l’importance de la prière et la parole de Dieu dans notre vie.
Proposer cette prière : Seigneur Jésus, au début de ce temps de grâce, nous voici en marche avec toi sur ce chemin qui passe par la croix. Tu connais nos faiblesses et nos fragilités. Envoie-nous ton Esprit afin que nous tenions forts dans notre foi. Donne-nous soif et faim de ta parole de vie. Aux croix qui sont les nôtres, que nous nous mettions à ta suite. Amen. 9
Pistes homilétiques
2e dimanche de carême
Appelé-e-s, nous aussi, à la transfiguration Luc 9.28-36 Auteur : Célestin Kabundi
Les Apôtres qui avaient tout quitté pour suivre Jésus, viennent d’être sérieusement bouleversés et désillusionnés dans leur certitude. Jésus leur a révélé un secret inattendu : le fils de l’Homme devait être livré et souffrir, puis mourir ! ( Lc 9.22ss ). Face à cette réalité, et paradoxalement, il doit les convaincre du contraire en démontrant que la vie humaine, quelles que soient ses limites, est destinée à la béatitude. Jésus a pris avec lui ses amis intimes, Pierre, Jacques et Jean, et sur une haute montagne, il a laissé transparaître dans son corps la lumière de sa divinité. Ceux-ci sont dépassés par ce qu’ils voient : a. « son visage apparut tout autre, ses vêtements devinrent d’une blancheur éclatante » ( Lc 9.29 ). Il leur donne de contempler sa relation filiale à son Père, lui le vrai Dieu et vrai Homme. b. Deux personnes s’entretiennent avec lui. c. Le Père révèle l’identité du Fils. d. Une recommandation : c’est mon fils bien-aimé, écoutez-le. Quelle signification de cette rencontre pour les apôtres ? Cette rencontre veut préparer les disciples à ce qui va suivre : ils voient 10
aujourd’hui son visage transfiguré ; dans quelques jours, ils le verront défiguré. Ils sont invités à lui faire confiance quoi qu’il arrive. L’intensité de cette rencontre est tellement bouleversante que Pierre reste sans mot. Il propose à Jésus de dresser trois tentes, une pour lui, une pour Moïse et une pour Elie. Mais la voix du Père se fait entendre et l’invite à un autre regard : ces tentes, il faut les construire dans le monde, dans les cœurs endurcis des humains, dans la vie ordinaire. Il faut prendre pied. Mais que veut dire descendre de la montagne ?
Et pour nous ? Comme pour les trois disciples, c’est la foi en Christ qui fait de nous des chrétiens et chrétiennes appelé-e-s à nous charger de notre croix et nous mettre à sa suite.
Quel rapport avec la campagne et la tenture ? Par notre baptême, nous sommes les enfants de Dieu, alors ajustons notre vie à celle du ressuscité. Il nous révèlera notre identité de chrétien-ne. Etre chrétien-ne, c’est être témoin vivant de Dieu par ses actes. Être chrétien-ne, c’est choisir d’avoir à faire chaque jour des choix dont personne ne pourra nous dispenser.
Être chrétien-ne, c’est être créateur et créatrice plutôt que d’être un surveillant des bonnes mœurs. Etre chrétien-ne, c’est aimer Dieu et son prochain comme le Christ nous l’a enseigné. Nous ne pouvons pas vraiment aimer Dieu, ni nos frères et sœurs, sans lutter partout pour que l’amour soit plus fort que la haine, la violence, l’injustice, l’égoïsme, sous toutes leurs formes. Un chemin exaltant, mais un chemin de lutte. Un chemin de croix. Et si Jésus nous choisissait pour monter avec lui sur la montagne, est-ce que nous consentirions à le suivre ? Sommes-nous prêts à descendre de la montagne, jusqu’à prendre des risques dans notre vie ?
Pistes liturgiques • La prière pénitentielle pourra prendre en compte toutes les défigurations dont tant les hommes que la création sont l’objet : injustices sociales, maltraitances et irrespects divers. • Un rite autour du vêtement et des tissus pourrait rejoindre la thématique du vêtement de Jésus transfiguré. Pourquoi ne pas demander à tous les acteurs et actrices liturgiques de s’habiller de blanc pour la célébration ? • Une prière commune pourra tourner autour de la tunique transfigurée de Jésus, en montrant tout le large et infini réseau de métiers qui contribuent à fabriquer un vêtement.
Tenture de carême
Combien avez-vous de pains ? Auteur : Claudia Kolletzki, Misereor Adaptation : Rita Gemperle Traduction : Nadja Benes
Il s’agit d’une question terre à terre que Jésus pose à ses amis. Une foule de femmes, d’hommes et d’enfants l’entoure depuis des heures pour l’écouter. Maintenant, ils ont faim. Combien avez-vous de pains ? Nous connaissons bien l’histoire de la multiplication des pains car c’est l’un des textes fondamentaux des Evangiles. Une simple question tire les gens de leur léthargie et les force à prendre position, à agir. Tous les êtres humains connaissent le sentiment de la faim. Pour nous, en Europe, cela se manifeste généralement par un tiraillement dans l’estomac qui nous signale qu’il est temps de manger. Nous ouvrons alors le frigo et en tirons de quoi nous nourrir. Un milliard de personnes de par le monde ne sont pas en mesure de le faire car elles n’ont ni frigo, ni argent pour acheter les denrées alimentaires les plus essentielles. Elles n’ont pas simplement faim, elles ont la faim au ventre. Le nombre de personnes victimes de la faim est en augmentation dans le monde entier. C’est un scandale car on produit suffisamment d’aliments pour tous et, en dépit de l’explosion démographique, personne ne devrait souffrir d’un manque de nourriture.
L’artiste Ejti Stih oppose à ce manque la promesse de l’abondance de Dieu, dont plus personne n’est exclu.
Quatre tables et une croix Les scènes de l’image, structurées de manière absolument symétrique et liées entre elles par une croix d’un jaune lumineux en signe de la souffrance et de la résurrection du Christ, évoquent les textes bibliques de la multiplication des pains ( Marc 6 ), de l’homme riche et du pauvre Lazare ( Luc 16 ), de la sainte cène ( Luc 22 ) et de la promesse de l’abondance de la vie dans les versets de Jean 10.10. L’image montre quatre groupes très différents de personnes réunies autour de quatre tables. Que se passe-t-il à chaque table ? On parle et on mange, on discute et on prend des décisions, on exclut et on fait de vaines promesses, on accorde sa confiance et on prend des responsabilités. Il rompit le pain –En haut à droite, on trouve les pauvres et les blessés de toutes les nations qui ont été conviés par Jésus au dernier repas : les handicapés et les malades, les enfants et leurs mères, les marginalisés qui placent leurs espoirs en lui.
La fraction du pain est un signe de reconnaissance du christianisme depuis les tout premiers débuts. Le repas commun est le moment où nous partageons le pain quotidien, nos souffrances et l’espérance en Christ, le « pain de la vie ». Comme l’Eucharistie est un repas d’amour, ainsi le lavement des pieds est un service d’amour qui inverse la répartition des rôles dominante. Un pauvre du nom de Lazare – En bas à gauche, on voit les puissants de ce monde, les militaires, les représentants d’un système économique mondial qui n’est pas orienté vers les besoins de l’être humain mais vers la maximisation du profit. Ils festoient en prenant de grands airs. Les affamés se cassent les dents sur leur cupidité. La table qui rassemble devient un obstacle séparant les pauvres et les riches. Les nombreuses mains anonymes brandies en l’air implorent – elles symbolisent toutes Lazare, l’homme, la femme, l’enfant qui demandent, aujourd’hui encore, d’avoir au moins droit aux miettes qui tombent des tables des riches. La faim et la privation d’un côté, la surabondance et le gaspillage de l’autre : ces deux réalités se côtoient dans de nombreux pays. Le fossé social se creusant entre la petite minorité qui amasse des richesses insensées et la vaste majorité qui n’a pas droit au minimum pour vivre, entraîne inéluctablement des conflits violents entre des peuples tout entiers.
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Tenture de carême
J’ai pitié de cette foule – En haut à gauche, l’image montre que le partage d’une petite quantité de nourriture permet de rassasier un grand nombre de personnes. L’enfant affamé devant les deux poissons incarne l’espérance qu’ont les plus faibles d’un avenir digne d’être vécu. Jésus Christ voit la détresse humaine. L’artiste dépeint la scène avec les yeux pleins d’amour de Jésus afin de le mettre en évidence : IL regarde les affamés et prend pitié d’eux – ce qui est souligné de manière visuelle par le reflet lumineux qui tombe sur la table et l’enfant. J’ai pitié de cette foule ( Marc 6.34 ) – c’est ainsi que Jésus décrit sa mission, qui l’a mené vers les hommes et les femmes. Il commence à distribuer le Combien avez-vous de pains ? pain et encourage ainsi les autres à Une question terre à terre aux nomfaire de même. breuses facettes : sais-tu ce que tu Goûter la vie – En bas à droite, on voit possèdes réellement ? Connais-tu tes capacités ? Imagines-tu seulement ce des enfants assis sur la table en balançant leurs jambes. Dans la scène que tu peux en faire ? As-tu déjà essayé une fois ? Es-tu animé d’une de gauche, cette même table repréfaim de justice et d’une soif de solisentait encore un énorme obstacle. darité ? Leurs mains tiennent des bols remplis : ils mangent et boivent, goûtent, savourent. La table est redevenue une table autour de laquelle on se retrouve pour partager un repas. Personne n’est réduit à la mendicité pour pouvoir manger. Les épis qui caressent les pieds des enfants sont prometteurs d’une vie abondante ( Jean 10.10 ). Cette scène fait écho à l’image de la cène : la nouvelle communion autour de la table est le critère à l’aune duquel on reconnaît tout culte authentique qui s’oppose à la logique de la confrontation et au maintien des rôles du « pauvre » ou du « riche ». Un « bon repas » n’est possible que si les autres ont aussi la possibilité de bien manger !
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La question entraîne aussi une remise en cause de notre comportement de consommation. Jésus utilise une formulation directe et précise qui sollicite une prise de décision : « que faistu face à la pauvreté ( proche ou lointaine ) devant ta porte ? » La table partagée est un symbole fort de la solidarité avec les pauvres. L’engagement en faveur d’une action déterminée pour faire avancer le royaume de Dieu promet, au-delà de la participation équitable aux dons de la création, une vie dans la plénitude. La transformation commence par une question. La nouvelle tenture de carême peut déclencher cette quête et accompagner l’engagement en faveur d’un monde uni.
Photo : Borowski/Misereor
L’artiste Ejti Stih est une artiste de renommée internationale de Santa Cruz de la Tierra en Bolivie. Née en 1957 en Slovénie, où elle a grandi, elle vit et travaille en Bolivie depuis 1982. Elle enseigne la peinture et le dessin et est une illustratrice en vue de livres, de magazines, de journaux quotidiens et d’affiches. Elle a également créé les costumes et les décors de plus de 45 représentations de théâtre et d’opéra. www.ejtistih.com
Matériels liés à la tenture de carême La tenture de carême est disponible en petit et en grand format sous forme d’impression sur une tenture en lin, et sous forme de set de transparents. Les images de la tenture de carême peuvent être téléchargées sur www.droitalimentation.ch/tenture Un cahier de méditation avec des textes de Pierre Stutz servant d’accompagnement spirituel aux images de la tenture de carême est disponible pour Fr. 10.–/50 pièces.
Pistes homilétiques
3e dimanche de carême
Revenons vers le Seigneur de tout notre cœur. Luc 13.1-9 : urgent appel à la conversion Auteur : Célestin Kabundi
Un fait divers est rapporté à Jésus : Pilate a fait massacrer des résistants. A l’époque, la mort, les maladies, infirmités et accidents étaient considérés généralement comme le châtiment d’une faute : « tu es pécheur depuis ta naissance, et tu voudrais nous faire la leçon! », crient les pharisiens à l’oreille de l’aveugle de naissance ( Jean 9.34 ). A l’inverse, la richesse et la santé étaient évaluées comme signes de bénédiction de Dieu. Dans un tel contexte, l’opinion publique s’offusque de voir des crimes restés impunis, alors qu’ils auraient dû être immédiatement sanctionnés par Dieu lui-même. Jésus se démarque de jugements aussi simplistes et rompt clairement le lien établi « maladie-péché-malédiction. » Pour lui, Dieu est « Père » qui ne se plaît pas d’envoyer malheur, maladie ou fléau sur ses créatures dans le seul but de punir une faute commise. Il n’est pas un Dieu gendarme, distributeur des contraventions, ou un excellent « papa gâteau ». Pour Jésus tous les êtres humains sont pécheurs, ce qui les rend complices au malheur global présent dans le monde.
Tous et toutes sont appelé-e-s à la conversion : « si vous ne vous convertissez pas, vous mourrez aussi comme eux » ( Luc 9.3 et 5 ). Car même si notre Dieu est patient, il est aussi exigeant. Il allie force et tendresse, justice et miséricorde, l’amour des êtres et l’opposition au mal. Il nous laisse des délais et nous offre des rappels, pour que nous puissions rectifier notre conduite et porter du fruit.
Rapport avec le thème de la campagne et la tenture Aujourd’hui l’humanité produit de la nourriture capable de nourrir 12 milliards d’êtres humains. Mais un milliard de la population mondiale a faim. Quel paradoxe ! Ceux et celles qui meurent de faim sont-elles puni-e-s par Dieu ? Quelles sont les causes de ces inégalités ? Pourquoi les paysans et paysannes, qui sont censé-e-s nourrir la planète, ne parviennent-ils pas à se nourrir eux-mêmes ? Ne cherchons pas les causes de cette misère humaine du côté de Dieu. « L’être humain est intimement lié à la terre, elle lui donne son cadre de vie, le nourrit et l’accueille en son sein quand il meurt. Or ce lien vital au sol est profondément perturbé : au lieu de se savoir hôtes de la terre, les humains tendent à se l’accaparer dans une logique de profit destructrice et meurtrière ». Ils achètent des
terres lointaines sans pitié pour les populations locales, poussés seulement par l’appât du gain et leurs intérêts propres. Quelle est notre attitude comme chrétiens et chrétiennes ? Ne devons-nous pas relever la tête comme Jésus nous le demande ? Il faut voir, regarder, mais aussi écouter les cris de souffrance. Et puis, faire œuvre de libération, en nous laissant d’abord libérer nous-mêmes des chaînes de nos esclavages intérieurs, et puis réfléchir sur les actions que nous pouvons entreprendre ( « des fruits » ) pour réduire la malnutrition et la faim dans le monde.
Pistes liturgiques – Prévoir un rite pénitentiel développé avec par exemple une aspersion ( comme à la vigile pascale ). Si la célébration a lieu avec peu de monde, prévoir un bassin et inviter les participant-e-s à se déplacer et tremper la main en signe de pénitence. – Prévoir un bon chant de l’assemblée, connu de tous et toutes pour renforcer le sentiment de communion. – Marquer notre solidarité, par les offrandes, avec ceux et celles qui souffrent. Au lieu de faire circuler les paniers pour la quête, que les personnes s’avancent comme à la communion.
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Pistes homilétiques
4e dimanche de carême
Laissons-nous réconcilier avec le Seigneur ! Auteur : Célestin Kabundi
Luc 15.1 – 3.11 – 32 : la parabole de l’enfant prodigue ( Jésus et les pécheurs )
La liturgie de ce 4e dimanche de carême, appelé le dimanche de la joie ( laetare ), nous donne une fois de plus l’occasion de méditer sur la miséricorde infinie de Dieu notre Père pour chacun et chacune de ses enfants. Sur terre, notre vocation c’est l’amour. Par ce récit, Jésus veut ouvrir nos cœurs et nous rendre capables de recevoir les fruits de l’amour de Dieu.
Loin de Dieu nous ne pouvons nullement vivre. Il est notre créateur et nous connaît mieux que nous-mêmes. Ce qu’il souhaite pour nous, c’est la vie. C’est pour cette raison qu’il nous a donné son fils, qui passera par la passion et la mort. De ce Vendredi saint il revient à jamais à la Vie.
Présentation et pistes homilétiques On distingue trois scènes représentées par les trois acteurs principaux du récit : – les égarements du prodigue fils cadet : départ, dissipation des biens, faillite, asservissement. Puis retour, réconciliation et fête – attitude du père : accueil chaleureux et joyeux, et fête du père – le fils aîné : les plaintes du frère aîné qui induisent la conclusion morale. Ce récit nous confronte aux difficultés de la demande de pardon. Dans nos familles, sur nos lieux de travail, dans notre contexte scolaire, dans notre monde, la réconciliation n’est par toujours facile. Ne sommes-nous pas parfois aussi le fils ou la fille cadette, et le fils ou la fille aînée ? Il y a des moments où on est fort, fidèle à la parole de Dieu, mais il y a aussi des moments où nous lui tournons le dos. Nous réclamons notre liberté, notre volonté de vivre loin de son regard. 16
Demandons-nous ? Qu’en est-il de notre rapport à Dieu ? Saisissons-nous quelque chose de son cœur miséricordieux ? Son amour tellement incroyable, si intensément présent, a-t-il prise sur nous au plus profond de notre être ? Dieu nous précède dans son amour, et sa miséricorde peut utiliser n’importe quelle voie afin de nous manifester son cœur de Père et nous ramener vers lui. Nous avons aussi cette possibilité de retourner vers Dieu. Quel bonheur de s’entendre dire : « Mon fils, tu es toujours avec moi et tout ce que j’ai t’appartient » ! En effet, le carême est un temps privilégié pour retrouver le chemin de pénitence et expérimenter la joie d’être pardonné. Faire l’expérience du pardon rend capable de pardonner.
Lien avec la campagne et la tenture A voir la misère du monde, les injustices qui se commettent, la mort des innocents, il nous est trop souvent difficile de pardonner aux pécheurs, aux affameurs des peuples, aux profiteurs de tout genre, mais peut-on
résoudre le problème de la violence par la condamnation éternelle et la rupture de la relation ? Le pardon peut ouvrir au dialogue et amener à un changement. Par Jésus, nous apprenons que Dieu souhaite plutôt la repentance du pécheur que sa mort.
Pistes liturgiques Dans le rite pénitentiel, faire alterner par deux ou trois voix, la place du fils cadet et celle du fils aîné.
Prière Seigneur, donne-moi la force de ton Esprit Saint afin qu’elle nous aide à ouvrir nos cœurs à la miséricorde de Dieu. Qu’elle nous aide à voir dans les autres, tes enfants, ma sœur, mon frère en Jésus. Quelle que soit mon histoire, quel que soit mon passé, quel que soit mon vécu, le Père m’attend avec amour. Il garde ses bras grand ouverts et m’offre son pardon. Oui, je le sais, je peux revenir à lui en tout temps, de tout mon cœur. Mais parfois, j’ai besoin d’être éclairé, d’être guéri, d’être pardonné, d’être sauvé, d’être aimé. Merci Seigneur Jésus.
Pistes homilétiques
5e dimanche de carême
En chaque personne qui souffre de l’injustice, c’est Jésus qui appelle à l’aide Auteur : Célestin Kabundi
Jean 8.1–11 : le récit de la femme adultère
Présentation et pistes homilétiques
Il n’aime pas le péché, mais il aime les pécheurs. Pour lui, la loi ne doit pas servir à exclure une personne, mais à l’accueillir dans la miséricorde et l’aider à changer d’attitude.
En ce 5e dimanche du carême, nous nous trouvons dans le même registre d’un Dieu amour et de bonté. A travers la parabole de la femme adultère, Jésus nous relate combien il est beau pour Dieu de pardonner plutôt que de donner la mort à un pécheur.
Attitude des accusateurs de la femme Ils sont agressifs et pressés pour en finir avec cette pécheresse, eux les justes. Ils sont déterminés à la lapider, mais il faut trouver un responsable : ils attendent que Jésus se positionne clairement. Son dilemme : s’il condamne la femme, il se met en opposition avec Rome qui avait déjà aboli cette loi, et s’il défend cette femme, il est en contradiction avec la loi de Moïse qui l’y autorise.
Attitude de Jésus Il trace des traits par terre, se redresse et dit : « Celui d’entre vous qui est sans péché, qu’il soit le premier à lui jeter la pierre. » Est-ce pour dire que Jésus aime le péché et acquiesce à ce que la femme venait de faire ? Certainement pas. Notre Seigneur n’a jamais encouragé personne à continuer de vivre dans le péché.
Lien avec la campagne et la tenture Nous sommes à quelques « jets de pierre » de Pâques. La célébration de ce dimanche doit être source de méditation. Nous montons vers Pâques avec ce que nous avons pu réaliser à la suite du Christ. Comment nous sommes-nous positionné-e-s par rapport à l’accaparement des terres par une minorité de riches qui exploite et spolie leurs frères et sœurs ? La vraie question n’est donc pas : est-ce que je fais partie du « bon » groupe ? Mais plutôt : comment être cohérent dans ma vie et comment mettre en œuvre mon appartenance à Jésus ? Nous sommes appelé-e-s à ne pas épier les autres mais à nous regarder nous-mêmes, et travailler pour que le règne de Dieu arrive. Car en toute personne en difficulté, les chrétiens et chrétiennes doivent entendre Jésus appeler à l’aide.
Pistes liturgiques • Demander pardon pour nos jugements négatifs sur les autres. • Faire ressortir dans l’homélie combien Jésus rend leur dignité aux
personnes persécutées et opprimées, comme à cette femme : – combien il privilège le pardon et l’amour – combien il appelle à la réconci liation, à la paix, à la vraie justice – combien il fortifie et donne la vie. Jésus libère le coupable des filets du mal en lui manifestant un surcroît de miséricorde ; et il l’invite à reprendre le bon chemin : « Va et désormais ne pèche plus ». Sur la croix, le Christ a tué la haine ; il propose désormais à tous et toutes - coupables et victimes - le pardon, la guérison et la réconciliation dans la force de son amour.
Pourquoi j’aime Jésus ? Je l’aime car il est le plus grand de l’histoire Jésus, n’a eu aucun domestique, pourtant ils l’ont appelé Maître. N’a eu aucun diplôme, pourtant ils l’ont appelé professeur. N’avait aucun médicament, pourtant ils l’ont appelé guérisseur. Il n’a eu aucune armée, pourtant les rois l’ont craint. Il n’a gagné aucune bataille militaire, pourtant il a conquis le monde. Il n’a commis aucun crime, pourtant ils l’ont crucifié. Il a été enterré dans un tombeau, pourtant il vit aujourd’hui. Je me sens honoré de servir ce Dieu qui nous aime ! 17
Célébration œcuménique avec variante pour familles
A qui appartient la terre ? 1 Roi 21.1-29 Le Roi Achab désire posséder la terre, pour son plaisir, terre qu’un autre a reçu en héritage. Sa convoitise face à l’objet de ses désirs tourne au drame. Une histoire d’une impressionante actualité.
Auteur : Nassouh Toutoungi
Réflexion autour du texte Contexte Les livres des Rois clôturent la vaste fresque de l’histoire deutéronomiste qui débute avec le don de la Loi par Dieu au peuple d’Israël. Ces livres, appelés historiques, constituent une unité de par leur caractère religieux commun : ils ont pour sujet principal les rapports d’Israël avec Dieu, surtout son infidélité à la parole de Dieu, dont les prophètes sont les serviteurs. Les livres des Rois sont une chronique plus ou moins détaillée des règnes successifs. Chaque règne est jugé, rarement de façon positive, par exemple : « Achab fils d’Omri fit ce qui déplaît au Seigneur et fut pire que ses devanciers. » ( 1 Roi 16.30 ) Pistes homilétiques Une thématique ancienne et toujours actuelle1 Ambroise, évêque de Milan, montrait déjà de façon poignante la pertinence de l’accaparement des terres des faibles par des puissants. Le texte est tiré de « Richesse et pauvreté ou Naboth le pauvre » : « Quel est, en effet, le riche qui ne convoite point chaque jour les biens d’autrui ? ( … ) Il 18
n’y a pas que Naboth le pauvre qui ait été mis à mort ; chaque jour Naboth est opprimé, chaque jour le pauvre est tué ( … ). Jusqu’où étendrez-vous, ô riches, vos passions insensées ? Est-ce que vous habitez seuls la terre ? Pourquoi chassez-vous celui qui, comme vous, a part à la nature ? Pourquoi voulez-vous être les possesseurs absolus ? La terre a été établie pour tous les pauvres et pour tous les riches en commun. Pourquoi donc, ô riches, vous appropriez-vous seuls le droit de la posséder ? Elle ne connaît pas de riches, la nature qui nous enfante tous pauvres. Elle nous met au jour, et nus, et manquant de nourriture, de boisson, de vêtement ; la terre reçoit nus ceux qu’elle crée ; elle renferme dans un tombeau les confins des possessions. »
alliance avec le peuple d’Israël, il lui transmet la terre. Cette vigne a été donnée aux ancêtres de Naboth, et il compte la transmettre plus loin. Au fond, il ne se sent pas propriétaire absolu de cette terre. Il ne considère pas en avoir « le droit d’us et d’abus »2. Naboth se conçoit comme le maillon d’une chaîne de possesseurs de cette vigne et se voit comme un transmetteur. Il en est le gardien temporaire, et pas le maître tout-puissant. Car le propriétaire de cette terre, au final, c’est Dieu. Cette forme de transmission de terres, de génération en génération, est pratiquée partout dans le monde. Mais elle est de plus en plus soumise et influencée par la loi du marché et l’appât du gain.
Au Brésil, le lobby agricole, grand promoteur de la production d’agrocarburants, influence la politique nationale en sa faveur. Plusieurs projets soutenus par le gouvernement visent à intégrer les petites exploitations paysannes dans la culture d’agrocarburants. Or les paysans sont liés aux entreprises productrices d’agrocarburants par des contrats abusifs fixant des quantités minimales annuelles de production qui sont difficilement atteignables. Ils ne peuvent se mesurer seuls à ces grands groupes industriels, alors ils se constituent en associations pour défendre leurs intérêts. Le parallèle avec Naboth et Achab est évident : à l’image de Naboth, les petits paysans ont besoin de la terre pour subsister. Sans elle, ils tombent dans la précarité et la faim, car ils n’ont pas d’autre ressources.3
Deux points à relever : la permanence de la dépossession du pauvre par le riche, et l’égalité foncière entre tous les êtres humains face à la mort.
Approfondissement et lien avec le thème de la campagne Qui possède la terre ? La raison invoquée par Naboth de ne pas vendre la vigne est éminemment religieuse. La terre n’est pas d’abord une source de revenu financier, mais elle donne la vie parce qu’elle nourrit. Naboth part du principe que c’est Dieu qui donne la terre ; à travers son
Ce texte peut être lu en introduction à la prédication pour montrer la permanence de la thématique dans l’histoire.
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Célébration œcuménique avec variante pour familles
Dans quel but possède-t-on la terre ? On peut aussi penser que le roi d’Israël n’avait pas un besoin absolu et nécessaire de posséder cette vigne pour ( sur ) vivre . Il souhaite en faire un jardin potager parce qu’elle se situe près de son palais ( 1 Rois 21.2 ). Pour le confort du riche, le pauvre doit faire place nette, lui laisser la place. La notion de justice est ici importante. Est-ce que la terre est utilisée pour permettre à un groupe de personnes de vivre, ou est-ce qu’elle sert les intérêts personnels de quelques nantis ?
Se repentir Psaume 79, versets 2.9-10.11-12.1314.15-16.18-20 On peut faire lire alternativement par deux lecteurs les parties du psaume. A la fin de chaque section, l’assemblée est invitée à dire la phrase : Regarde ta vigne, Seigneur, viens sauver ton peuple ( Version chantée : CNA Psaume 79 ( 80 ) n°2) ou Ô Dieu, viens à notre aide, hâte-toi de nous secourir ! ( Antienne chantée de Alléluia 64–23 ). Le célébrant peut terminer par la prière suivante :
Déroulement
Au creux de moi l’inquiétude se fait quête Si tu ne viens te dire, comment apprendre l’alphabet de toi ?
Seigneur Jésus, alors qu’il n’était plus qu’un troupeau dispersé, une vigne ravagée et dévastée, ton peuple criait vers ton Père, Berger d’Israël, et il le sauvait. Aujourd’hui, ton Eglise crie vers toi. Dans la détresse, c’est en toi seul que nous mettons notre confiance. Convertis-nous à toi, fais luire sur nous ta face, et nous serons sauvés, pour les siècles des siècles. Amen.
Francine Carrillo Tiré de « Traces vives. Paroles liturgiques pour aujourd’hui » Genève, Editions Labor et Fides, 1997, 3e édition 2006, p. 39.
Gaston Fontaine Tiré de « Collectes psalmiques pour la liturgie des heures » Montréal, Éditions Bellarmin, 1986, p. 112
Chants Alléluia 43-02 Vers toi j’élève mon âme CNA 427 Quand je viens vers toi
Chants Alléluia 80 ( notamment strophe 5 ) CNA 217 Pain de Dieu pour notre marche
Accueillir Je te parle pour te dire le monde qui meurt, mais tu es silence et ma parole est terre Je te cherche pour habiter la solitude de l’autre, mais tu es absence et ma présence est chair
Ecouter 1 Roi 21.1b-29
Chants Alléluia 22-08 Comme un souffle fragile CNA 421 Le grain de blé Confesser Je crois que Dieu veut établir sur le monde entier son règne de justice, d’amour et de paix. Je ne crois pas que la guerre et la faim soient inévitables, et la paix inaccessible. Je crois qu’en Jésus-Christ le Royaume de Dieu s’approche, manifestant l’amour de Dieu pour nous, il nous appel à nous aimer les uns les autres. Je veux croire à l’ action modeste, au service des autres, à l’amour aux mains nues. Je crois que le Saint-Esprit donne vie à nos corps mortels et nous donne part à l’éternité de Dieu. J’ose croire au rêve de Dieu pour nous : un ciel nouveau, une terre nouvelle que l’amour habite. Confession de foi proposée par l’Eglise Réformée de l’Oratoire du Louvre Tiré du site : www.oratoiredulouvre.fr/confessionde-foi.html Intercéder sur 1 Co 2.6-16 Seigneur du ciel et de la terre, Père des doux, des tout-petits, des sans ressources, ô donne-nous ta sagesse cachée, ce souffle libre qui sonde toutes choses jusqu’aux profondeurs de ton mystère !
Termes du droit romain qui atteste qu’un propriétaire peut faire ce qu’il veut de sa propriété, même la détruire s’il le souhaite. 3 Pour plus d‘informations : collection Repères, 2/2008, p. 18, édité par Pain pour le prochain et Action de Carême. 2
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Célébration œcuménique avec variante pour familles
Donne-nous l’intelligence de l’invisible, ce souffle vivifiant qui fait monter la joie au cœur des humains en quête de toi ! Donne-nous la compréhension de l’incompréhensible, ce souffle puissant qui balaie toute argumentation pour enseigner la sagesse d’en-haut ! Seigneur du ciel et de la terre, Père des doux, des tout-petits, des sans ressources, ô donne ton souffle à notre prière : viens toi-même intercéder en nous pour les personnes que nous te nommons dans le secret de nos cœurs… Viens toi-même intercéder en nous pour les peuples déchirés qui occupent nos pensées… Lytta Basset Tiré de « Traces vives. Paroles liturgiques pour aujourd’hui » Genève, Editions Labor et Fides, 1997, 3e édition 2006, p. 117. Chants Alléluia 45-01 Ta volonté, Seigneur mon Dieu CNA 699 Ouvre mes yeux Communier A l’heure où monte le prix de l’eau sur la terre, où se réduit l’espace et grandit la misère, où personne ne peut payer le prix du silence et de l’air, à l’heure où la relation humaine est objet de calcul et de haine,
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à l’heure où meurt ce qui est gratuit, il est vraiment urgent de rappeler ta vie donnée, Seigneur, de proclamer la force de ta paix sans violence et le pouvoir de l’amour vécu jusqu’à la mort. C’est pourquoi nous travaillons à soulager et à secourir, et nous chantons déjà, Seigneur, en attendant le monde où la mort ne sera plus qu’un vieil outil cassé, où demain n’aura plus cette couleur de cendre, où l’avenir sera comme les yeux des enfants. Suzanne Schell Tiré de « Traces vives. Paroles liturgiques pour aujourd’hui » Genève, Editions Labor et Fides, 1997, 3e édition 2006, p. 89. Chants Alléluia 44-10 Je te suivrai, Jésus CNA 425 Peuple de l’Alliance Ou : Chaque lieu sur cette terre est pour mon peuple bien sacré ( Thuma Mina n°238, voir pp. 238 ) Repartir Que la paix de Dieu te remplisse et te protège ! Que le Seigneur te bénisse ! Que le Seigneur te bénisse et te garde ! Qu’il fasse briller sa lumière sur toi et qu’il te guérisse ! Dans les pleurs et les rires, dans la joie et la douleur, que le Seigneur te bénisse ! Sinfonia Oecumenica. Célébrations avec les Eglises du monde, Gütersloher Verlagshaus, 2004, Gütersloh ( 3ème édition ), p. 715
A qui appartient la terre nourricière ? ( Photo : Jeffrey-EEA )
Participation des enfants à la célébration Cette histoire peut être lue aux enfants ou jouée par eux. Il serait judicieux que cela se fasse parallèlement à la célébration pour les adultes ( de préférence pendant le message ). Pour les enfants les plus grands, on peut aussi les sensibiliser à la thématique de la campagne en se servant du document catéchétique de la campagne. Pour les enfants plus petits, on peut envisager de les faire dessiner ce qu’ils ont saisi de l’histoire, et d’intégrer les dessins à la fin de la célébration. Les plus grands pourraient formuler les intercessions.
Célébration œcuménique avec variante pour familles
Histoire à raconter aux enfants Le roi Achab se promène dans le jardin de son palais. Son palais est bien plus grand que toutes les maisons dans le voisinage. Il aurait beaucoup de raisons d’être content. Mais il jette un coup d’œil au-dessus du mur qui sépare son jardin du terrain voisin. Des vignes y ont été plantées. « Ce serait bien si ce terrain m’appartenait aussi », pense-t-il. « Je pourrais faire de cette vigne un joli jardin et y planter des choux. » Cette idée lui a plu. Mais cette vigne ne lui appartient pas. « Je dois l’avoir ! » se dit Achab.
moi le roi ici ! Cela aurait été tellement bien si j’avais pu planter mon jardin potager. » Il se couche dans son lit et se tourne contre le mur : il ne veut voir personne. Achab désire la vigne de Naboth. Cela le rend triste. Jésabel, sa femme, l’appelle pour manger, mais le roi Achab n’a pas faim. Il est couché dans son lit et boude. Jésabel vient le voir. « Mais qu’est-ce que tu as, Achab ? », lui demande-t-elle. Achab se plaint : « J’ai discuté avec Naboth. Je voulais lui acheter sa vigne. Mais il a dit non. – C’est toi le roi ici, non ? répond Jésabel. Tu peux faire ce que tu veux ! Ne t’en fais pas, je m’occupe de tout. Viens manger quelque chose. Tu l’auras, la vigne de Naboth. »
« Je te parle pour te dire le monde qui meurt, mais tu es silence et ma parole est terre. » Francine Carrillo, tiré de « Traces vives. Paroles liturgiques pour aujourd’hui »
« Il faut que je parle avec Naboth, le propriétaire de la vigne », pense le roi. Achab va le voir. « Salut Naboth ! » dit-il. « Ta vigne se trouve juste à côté de mon palais. Je veux l’avoir pour en faire un jardin potager. Vends-moi ta vigne, s’il te plaît. Je te donnerai beaucoup d’argent ou, si tu veux, je te donnerai une vigne bien mieux placée. » « Non, dit Naboth, je ne peux pas te la vendre. Cette vigne a toujours appartenu à notre famille. Je l’ai reçue de mon père. » La terre ne se vend pas comme ça en Israël. Dieu a donné à chaque famille un terrain. Il appartient à la famille pour toujours. Naboth écoute Dieu et refuse la proposition d’Achab. Achab rentre chez lui fâché. « Qu’estce qu’il s’imagine, ce Naboth ? C’est
Jésabel écrit des lettres aux anciens de la ville, c’est-à-dire à ceux qui la dirigent. Elle les écrit comme si c’est Achab qui les avait écrites. Quand les anciens reçoivent les lettres, ils sont surpris. Mais comme elles viennent directement du roi, ils ont tout de suite obéi. Ils préparent une grande fête. Tous doivent venir et jeûner. Naboth est aussi présent. Il est assis tout devant, près des gens importants de la ville. Jésabel a tout prévu. A côté de Naboth, il y a deux hommes. Soudain ils se lèvent et montrent Naboth du doigt en criant suffisamment fort pour que tout le monde entende : « Il a insulté Dieu et le roi ! Nous l’avons entendu juste maintenant ! » Ce n’est
pas vrai. Les hommes ont reçu de l’argent pour dire quelque chose de faux sur Naboth. Mais les autres ne le savent pas. Ils entendent ce que disent les deux témoins. C’est clair : si Naboth a parlé contre Dieu et le roi, il doit être tué. Ils ont entraîné Naboth hors de la ville et l’ont lapidé. Plus tard, un messager est arrivé vers Jésabel. « Tout s’est passé comme tu voulais : Naboth est mort. » Jésabel va tout de suite voir son mari. « Achab, Naboth est mort. Maintenant, tu peux avoir sa vigne. Elle t’appartient. » Achab se réjouit. Il a gagné. Il est roi et il a le pouvoir. Dieu n’est pas d’accord avec ce qu’a fait Achab. Il lui envoie un messager, un prophète, qui s’appelle Elie. Achab est dans le jardin quand Elie le trouve. Il lui dit ce que Dieu lui a transmis. « Achab, tu as péché. Dieu a tout vu. Tu as tué Naboth pour lui voler sa vigne. Dieu ne le permet pas. Tu seras tué, toi et toute ta famille. Aucun de tes enfants ne sera vivant pour être roi. Et Jésabel mourra aussi parce qu’elle a fait tué Naboth. » Achab reconnaît qu’il a mal agi. Il déchire ses vêtements. Autrefois, c’était une façon de montrer qu’on était très triste. Achab est triste parce qu’il a fait du mal à Naboth. Il n’est plus joyeux quand il arrive dans la vigne. « J’ai mal agi, pense-t-il, et je ne peux rien faire pour revenir en arrière. Je suis si triste ! » Achab est désolé. Dieu l’a vu. C’est pourquoi il lui envoie de nouveau Elie. « Roi Achab, dit Elie, j’ai une bonne nouvelle pour toi. Dieu a vu que tu étais désolé de ce que tu as fait. Il te pardonne. Tu ne mourras pas. » Achab est reconnaissant vis-à-vis de Dieu. Il lui a pardonné.
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Prières et textes liturgiques
Prières pour célébrer l’Eucharistie ( Célébration Clé en main ) Prière d’illumination Jésus, apprends-nous à veiller. Il n’est de si longue nuit qui ne connaisse l’aurore. Celui qui a faim ne peut pas attendre. Tu es le grain de blé jeté en terre. Il portera du fruit. Cent pour un. Liturgiciel, Jean-Michel Sordet, 2008 Confession de foi Je crois en Dieu qui est amour et qui a donné la terre à tous les êtres humains. Je crois en Jésus-Christ qui est venu pour notre guérison, et pour nous libérer de toutes les formes d’oppression. Je crois en l’Esprit de Dieu, qui est à l’oeuvre en tous ceux, toutes celles qui se tournent vers la vérité, et à travers eux. Je crois que tous, hommes et femmes, son pareillement humains, que l’ordre fondé sur la violence et l’injustice est un désordre. Je ne crois pas que la guerre et la faim soient inévitables et que la paix soit une utopie. Je crois à la beauté de ce qui est simple, à l’amour aux mains ouvertes, à la paix sur la terre. Je ne crois pas que la souffrance soit vaine, que la mort soit la fin, que Dieu ait voulu que le monde soit défiguré.
Mais j’ose croire au pouvoir de Dieu qui transforme et transfigure, accomplissement de la promesse de nouveaux cieux et d’une terre nouvelle où la justice et la paix s’épanouiront.
Unis aux anges et aux saints, avec les hommes qui marchent sur ta route et avancent vers la terre que tu ne cesses de promettre, Dieu nous te chantons.
Extraits de Séoul 1990 Liturgiciel, Jean-Michel Sordet, 2008
Grostéfan Liturgiciel, Jean-Michel Sordet, 2008
Préface Vraiment, Seigneur, nous sommes heureux de pouvoir te louer, du fond de notre coeur et nous émerveiller de ta présence et de ton amour. Tu es le Dieu qui sauve, le Dieu qui fait vivre, le Dieu qui met debout les hommes, tes fils. Il est venu pour nous, le temps du salut : tu prends à coeur notre cause. Nous nous tournons vers toi, persuadés que tu nous rejoins dans nos questions les plus profondes. Tant d’hommes vivent des conditions telles que tu as honte pour eux et honte pour nous. Le péché nous tient collés au sol et le mal, bien souvent, semble plus fort que le bien. Mais tu es là, avec nous, pour arracher nos chaînes. Tu mets ton esprit en nous et notre coeur se transforme. Nous sommes un peuple, un peuple de frères, des fils de ton amour.
Communier « Nous rompons ce pain pour tous les hommes, quelle que soit leur foi ou leur croyance ( … ), afin qu’un jour nous soyons unis. Nous rompons ce pain pour notre planète bleue, pour la richesse de sa production d’où nous tirons nourriture et vêtement. Nous voulons sauvegarder la création de tout notre cœur et de toute notre sagesse. Nous voulons préserver la bénédiction originelle de Dieu sur la création. Nous rompons ce pain pour ceux qui sont sans pain. Sans maison et sans pays. Nous voulons combattre avec passion pour la justice afin que ce monde soit accueillant pour tous les peuples. Nous rompons ce pain pour la vie brisée en nous, l’enfant blessé au fond de nous, nos amitiés perdues, notre méfiance à l’égard de nos prochains qui sont différents. Alors que nous avons tout pleinement en Christ. Amen. Rév. Charles Hedley, recteur de l’Eglise anglicane St-James de Londres Tiré du site www.protestantsdanslaville.org
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Prières et textes liturgiques
Autres prières Litanie Soleil de justice, pour dissiper nos iniquités et rayonner jusque dans l’établissement de nos économies et de nos lois, Rosée descendant des cieux, pour répandre ta douceur dans les déserts ravinés des corps blessés et des existences désolées de solitude, Prince de la paix, pour multiplier la joie dans les mains tendues des peuples innombrables voués aux interminables conflits, Maître de moisson, pour appeler les nombreux ouvriers à travailler avec toi dans les champs arides d’humanité et les transformer en terres à fruits où l’amour et la vérité se récoltent à pleines gerbes, Etoile radieuse du matin, pour luire au-dessus des abîmes de nos nuits sans issues, viens, oh viens, Seigneur Jésus ! Charles Singer Tiré de « Moissons », p. 157 Editions du Signe, 2008
L’agriculture autosuffisante respecte la dignité humaine ( Photo : S. Arends, Pain pour le prochain )
Prière De ta miséricorde, Seigneur, nous voudrions tant être les signes, saisis jusqu’aux entrailles par la détresse de nos semblables et les soulageant, selon nos capacités, des fardeaux accablant leur existence ! De ton pardon, Seigneur, nous voudrions tant être les signes, ouvrant nos mains pour laisser tomber à terre les armes de nos vengeances, ouvrant notre cœur pour laisser naître le dialogue alors même que nous sommes déchirés jusqu’au cœur par les offenses infligées !
De ta vie, Seigneur, nous voudrions tant être les signes, luttant pour les droits des petits, obstinés dans la persévérance, confiants malgré la souffrance, et portant la joyeuse espérance de la lort à jamais défaite ! Nous voudrions tant, Seigneur, être des signes de ton amour ! C’est pourquoi, Seigneur, que vienne ton Esprit en nos faiblesses tellement puissantes, insuffler sa divine énergie ! Charles Singer Tiré de « Moissons », p. 165 Editions du Signe, 2008
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« Ce n’est pas l’homme qui a tissé la trame de la vie : il en est seulement un fil. Tout ce qu’il fait à la trame, il le fait à lui-même. » ( Extrait du discours du chef indien Seattle, 1854 )
Pain pour le prochain – Pour un monde plus juste
Action de Carême – Prendre son destin en mains
Etre partenaires – La solidarité dans le monde
La fondation Pain pour le prochain est le Service des Eglises protestantes de Suisse pour le développement. Elle soutient des projets de développement dans le monde entier et fait le lien entre la lutte locale contre la faim et la pauvreté et l’engagement global pour un système économique, politique et social équitable. Par son travail d’information Pain pour le prochain rend possible une action transformatrice fondée sur les valeurs chrétiennes.
Action de Carême est l’œuvre d’entraide des catholiques en Suisse. En Afrique, en Asie et en Amérique latine, elle défend les droits humains et une vie dans la dignité. Elle appuie des communautés villageoises ou ecclésiales afin que leurs membres gagnent en autonomie. En Suisse, elle invite les citoyens et citoyennes à se soucier des conditions de vie au Sud et leur offre des possibilités concrètes d’actions.
L’oeuvre d’entraide catholique chrétienne Etre partenaires sensibilise à la mission et la coopération au développement. Elle soutient et accompagne des projets permettant le développement social et économique de personnes défavorisées. Cette aide contribue à l’autonomie de ces personnes, notamment par le dialogue avec les partenaires. Est ainsi posé un signe de solidarité vivante entre chrétiens de différents pays.
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