Cahier liturgique - Campagne oecuménique 2016

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Voir et Agir

Liturgie

Prendre ses responsabilitÊs – renforcer la justice

2016


Table des matières

Voir et Agir Depuis 1969, Pain pour le prochain et Action de Carême organisent chaque année une campagne œcuménique durant le temps de carême jusqu’à Pâques. Depuis 1994, Etre partenaires, œuvre catholique chrétienne, y participe également. Cette campagne a pour but de sensibiliser le public suisse à la réalité des inégalités existant dans le monde : près de 900 millions de personnes souffrent de la faim ! Mais voir cette réalité ne suffit pas. C’est pourquoi la campagne propose aussi des pistes d’action, que ce soit le soutien à des projets au Sud, la participation à des actions ici en Suisse ou par le changement de son propre comportement. Durant le temps de carême, les trois organisations chrétiennes invitent ainsi à passer du voir à l’agir.

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Table des matières

Editorial 3 Célébration œcuménique pour familles 4–6 Célébration œcuménique pour adultes Célébration pour les jeunes

c/o Nassouh Toutoungi Rue de la Chapelle 5, 2300 La Chaux-de-Fonds, Tél 032 968 44 13 info@etre-partenaires.ch, www.etre-partenaires.ch CCP 25-10000-5 2

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Reproduction de la tenture de carême 12–13 Pistes homilétiques des 5 dimanches 1. Le meilleur des prémices de la récolte

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2. Examinez toute chose, gardez ce qui est bon

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3. Travailler son authenticité

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4. Prenons notre responsabilité aux quatre coins du globe

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5. Des lois au service de la vie

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Méditation sur l’affiche de l’initiative des multinationales responsables

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Portrait des œuvres

Av. du Grammont 7, 1007 Lausanne Tél. 021 617 88 81, Fax 021 617 88 79 actiondecareme@fastenopfer.ch www.actiondecareme.ch CCP 10-15955-7

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Méditation sur la tenture de carême 11 et 14

Prières et textes liturgiques

Av. du Grammont 9, 1007 Lausanne Tél. 021 614 77 17, Fax 021 617 51 75 ppp@bfa-ppp.ch, www.ppp.ch CCP 10-26487-1

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Impressum L’équipe de préparation en Suisse romande : Nassouh Toutoungi, Prêtre catholique-chrétien, La Chaux-de-Fonds Michel Durussel, Pasteur réformé, EERV, Aubonne et animateur cantonal Terre Nouvelle Martina Schmidt, Secrétaire romande de Pain pour le prochain, Pasteure Jan Tschannen, Pasteur, Pain pour le prochain L’équipe de préparation en Suisse alémanique : Rita Gemperle, Jan Tschannen, Mitarbeit Sigfried Arends, Andrea-Maria Inauen-Weber, Elisabeth Kienast-Bayer, Lenz Kirchhofer, Ingrid Krucker, Verena Sollberger, Josef Wirth, Coordination générale : Martina Schmidt, Pain pour le prochain, Lausanne Graphisme : ComMix SA, Wabern Impression : PCL Presses centrales SA, Renens VD © Pain pour le prochain / Action de Carême / Etre partenaires, automne 2015 Label Œcumenica, décerné en 2009 par la Communauté de travail des Eglises chrétiennes de Suisse pour la qualité exemplaire de l’œcuménisme pratiqué par la campagne commune à Action de Carême, Pain pour le prochain et Etre partenaires


Editorial

De gauche à droite : Nassouh Toutoungi, Michel Durussel, Martina Schmidt, Jan Tschannen.

« Tout ce qui brille, n’est pas or… » Chaque année, des milliers de tonnes d’or sont importés en Suisse. Très peu d’informations filtrent sur les conditions dans lesquelles « cette manne » qui génère des bénéfices astronomiques est produite. Deux tiers de l’or fin du commerce mondial est raffiné en Suisse, plaque tournante entre l’Ouest et l’Est : l’or raffiné dans notre pays est ensuite exporté vers l’Asie. En 2013, les raffineries suisses ont exporté des métaux précieux à hauteur de 120 milliards de francs. Une grande partie de l’or extrait des rivières et des mines se retrouve à Basel World, la « grande messe de la bijouterie ». La face sombre de ce brillant commerce est l’atteinte grave à la santé des travailleurs et travailleuses, le travail des enfants et la pollution de l’environnement. Car « tout ce qui brille n’est pas or…  ». Jusqu’à présent, les raffineries et les entreprises suisses recyclaient « l’or sale » en toute impunité. Grâce à la campagne œcuménique, Pain pour le prochain, Action de carême et Etre partenaires lèvent le voile sur les violations des droits humains et les atteintes portées à la Création dans ce secteur économique.

Les célébrations réunies dans ce cahier nous invitent à adopter un regard critique et à agir en conséquence : « Examinez toute chose, gardez ce qui est bon ! » (1 Thess 5,21). Elles nous font nous interroger sur nos vrais besoins, matériels et spirituels, et ceux des autres. A partir de la foi chrétienne, elles posent « la loupe » sur les entreprises trop gourmandes qui bafouent les droits humains et l’environnement. Laissons-nous emmener au cœur de la liturgie, pour découvrir où la passion du Christ se vit aujourd’hui, dans les lieux d’extraction de matières premières, avec l’espérance qu’au bout du chemin brille toujours la lumière de Pâques. Au nom du groupe de travail, nous souhaitons à votre paroisse et à votre région de vivre, tout au long du carême, d’intenses moments liturgiques, riches en communion et solidarité avec les victimes du manque de responsabilité dont l’industrie extractive fait preuve !

Martina Schmidt Pain pour le prochain

Dorothée Thévenaz Gygax Action de Carême 3


Célébration œcuménique pour familles

De l’or et de l’éclat Tout ce qui brille est-il de l’or ? Les conditions de vie d’Oumarou, un garçon affecté par l’extraction aurifère, sont loin d’être brillantes ou reluisantes. Au contraire des dix commandements dans l’Arche de l’Alliance qui, eux, nous aident à devenir des « personnes en or ». Auteurs : Birke Horváth-Müller, Matthias Wenk, Josef Wirth Paroisse œcuménique de Halden, Saint-Gall

Matériel nécessaire : – Lingots d’or de différentes tailles : barres de glaise recouvertes d’un film ou d’un spray doré, – Pièces de cinq centimes en quantité suffisante, – Plateau de marchand ambulant ou stand de marché , – Papier doré et Bible (recouverte du papier), – Sirop d’or (sirop de mangue ou jus de raisin blanc) et petits gobelets. Avant la célébration A l’entrée de l’église, un « employé de banque » distribue des pièces de cinq centimes (surtout aux enfants). Les enfants et les adultes peuvent ainsi acheter les lingots d’or à un bon prix auprès d’un marchand ambulant ou au stand du marché. Un gros lingot d’or se trouve déjà posé sur l’autel.

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L ’histoire d’Oumarou se trouve aussi dans le CLIC, numéro de janvier 2016. Une photo peut être téléchargée sur le site www.voir-et-agir.ch

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Déroulement Accueil liturgique et salutation Chant Alléluia 21-16 Avec toi, Seigneur, tous ensemble / CNA 547 Dieu qui nous appelles à vivre Prière O Seigneur, Nous valons de l’or à tes yeux. Tu fais tout ce que tu peux pour nous. Nous souhaitons te donner une réponse : Nous souhaitons devenir des personnes en or, qui portent la Bonne Nouvelle. Et s’engagent pour le bien de la planète. Donne-nous-en la force et accompagne-nous aujourd’hui et à jamais ! Introduction au sujet Avant la célébration, vous avez pu acquérir des lingots d’or. Pensez-vous avoir fait une bonne affaire ? Ces lingots ont-ils une grande valeur ? Sont-ils vraiment en or ? L’un d’entre vous a-t-il essayé de gratter la surface d’un des lingots ? Les enfants frottent la surface des lingots et découvrent que sous l’or se cache de la glaise. Nous avions acheté de l’or, mais nous nous retrouvons avec de la glaise entre les mains. Une belle escroquerie ! Nous pensions avoir fait une bonne affaire et

un bon investissement. Force est de constater que nous nous sommes laissés aveugler par l’éclat de l’or. L’expression consacrée s’est en l’occurrence vérifiée : « Tout ce qui brille n’est pas or ». Ce qui se dissimule sous des dehors précieux peut au fond s’avérer n’être d’aucune valeur. Or, cette supercherie est sans commune mesure avec une autre tromperie bien plus importante. En effet, les centres commerciaux nous proposent des produits fantastiques à acheter : baskets, ballons de foot, téléphones portables, jeans, tee-shirts et tout un tas d’autres choses, mais malheureusement, là non plus, tout ce qui brille n’est pas or. Ceux qui fabriquent ces produits sont souvent sous-payés, et, pour ce salaire de misère, doivent travailler douze heures par jour et sept jours sur sept. On retrouve des situations tout aussi injustes dans l’exploitation minière de l’or. Les grandes mines dont est extrait ce métal précieux obligent des populations entières à quitter leurs terres. C’est ce que raconte Oumarou Maïga (noms changé), un garçon burkinabé de neuf ans1. Histoire de la mine d’or « Un jour, deux hommes sont venus dans notre village et ont déclaré que l’eau de la source était empoisonnée. Depuis, je prends une charrette tirée par un âne et me rends au village voisin chaque jour après l’école. Ce n’est que trois heures plus tard, après une longue attente, que je peux rentrer chez moi. Avant, on n’avait pas de tels problèmes. A Bissa, j’allais chercher l’eau à la source du village, mais depuis qu’une mine d’or y a été ouverte, on nous en a chassé. Aujourd’hui, je vis


Célébration œcuménique pour familles

dans le nouveau village qui s’est construit, mais je n’y suis pas heureux. Depuis le déménagement, je pleure beaucoup. Dans l’ancien village, on se portait mieux. On a perdu beaucoup de terres à cause de la mine. Les champs qui nous restent nous servent à cultiver du millet, du maïs et du sésame, mais en quantité insuffisante. Pendant deux mois, nous ne faisons qu’un repas par jour. » Cette histoire tragique illustre les souffrances occasionnées par l’extraction aurifère. En effet, les grands groupes miniers chassent les populations de leurs terres pour y installer des mines d’or. Les conditions de vie des personnes affectées par la mine sont loin d’être reluisantes. Ici aussi, tout ce qui brille n’est pas or. Méditation Peut-être nous laissons-nous aveugler? Peut-être achetons-nous certains produits sans rien savoir des conditions déplorables dans lesquelles ils sont fabriqués ? Sans le vouloir, nous portons une part de responsabilité. Avant de réfléchir à ce que nous pouvons faire pour lutter contre ces injustices, portons nos doléances devant Dieu en chantant : Chant Alléluia 43-11 Paralysés par les nombreuses peurs / CNA 415 Changez vos coeurs Introduction à l’épisode de la Bible Nous avons pu constater que tout ce qui brille n’est pas or. Non seulement il se peut que les objets en question soient superficiellement recouverts d’or, mais même lorsqu’il s’agit d’or massif, il se peut que des gens soient obligés de vivre dans de mauvaises conditions pour extraire le précieux minerais. C’est tout le contraire dans l’histoire de Moïse et des dix commandements. Evoquant un coffre en or et son précieux contenu, cet épisode est

Assez, c’est combien ? Marché au Sénégal © Action de Carême.

tiré de l’Ancien Testament, plus précisément de l’Exode. Qu’est-ce qui brille dans cette histoire ? Qu’est-ce qui est fait d’or ? Lecture Moïse descend du Mont Sinaï avec les Tables de la loi. Son visage rayonne d’un nouvel éclat, car il a rencontré Dieu. Dieu écrit de nouveau les dix commandements. Moïse remet les Tables de la loi au peuple d’Israël qui s’en réjouit, c’est pourquoi de vrais artistes confectionnent un magnifique coffre en bois d’acacia pour les deux Tables et l’ornent, à l’extérieur comme à l’intérieur, d’or. Tels des anges, deux chérubins en or trônent sur le couvercle. Le coffre ainsi que les deux Tables de la loi sont posés dans la sainte tente. On les appelle désormais « l’Arche de l’Alliance » rappelant au peuple d’Israël son alliance avec Dieu (d’après Ex 34,29-35 et Ex 37,1-9).

Prédication courte Où et comment est-il question de ce qui brille et de ce qui est en or dans cet épisode ? Le visage de Moïse rayonne : il a rencontré Dieu et se retrouve rempli de l’éclat divin. Moïse rayonne et ce sentiment envahit également les autres, les remplissant de joie. Ils se réjouissent de recevoir les Tables et le Décalogue qui décrit le chemin vers le

bonheur et vers un bon vivre-ensemble. Ces commandements sont pour eux un précieux trésor, raison pour laquelle les tables de la Loi se retrouvent enchâssées dans un coffre en or. En l’occurrence, il n’y a pas que l’extérieur du coffre qui soit en or, ce métal précieux, car ce qui est d’une valeur inestimable, c’est surtout ce qu’il y a à l’intérieur. Le Décalogue se trouve ici aussi (montrer la Bible). Pour montrer que nous aussi nous estimons les dix commandements, entourons cette Bible d’or et posons-la à côté des lingots qui, eux, ne sont précieux qu’en apparence. L’épisode de l’Arche de l’Alliance et du Décalogue doit nous encourager à militer pour le bon vivre-ensemble de l’humanité. Ainsi, nous pourrons faire en sorte que l’éclat, des objets et de nos relations, ne soit pas seulement superficiel, mais qu’il soit authentique et équitable. Alors nous pourrons enfin dire : tout ce qui brille est vrai. Nous pouvons apporter notre pierre à l’édifice en militant en faveur de ceux qui sont exploités. Lorsque nous achetons des vêtements, des portables, des articles de sport, de la nourriture ou des bijoux en or, nous pouvons nous poser la question des conditions dans lesquelles ces objets ont été fabriqués. Nous pouvons

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Célébration œcuménique pour familles

Vital – Pain dans le désert © Peter Hauser

également payer plus cher pour ces objets afin que ceux qui les produisent touchent un salaire décent. Nous pouvons par ailleurs émettre un signal en signant l’Initiative pour des multinationales responsables, qui oblige les multinationales disposant d’un siège en Suisse à respecter les droits humains. En nous engageant de la sorte, nous « brillons » davantage devant Dieu. Nous pourrons alors dire : oui, nous sommes des « gens en or » qui portons en nous l’esprit du Seigneur et dont le visage rayonne, comme celui de Moïse, de par l’éclat divin. Ainsi nous pourrons dire de nous-mêmes : ce qui brille en moi c’est vraiment de l’or. Musique Prière d’intercession O notre Dieu ! Nous pouvons et devons devenir des gens en or et militer dans l’intérêt d’autant de personnes que possible. C’est pourquoi nous te demandons : Ouvre-nous, Chrétiens et Chrétiennes, grand les yeux et les oreilles pour que nous puissions nous rendre compte que tout ce qui brille n’est pas or. Donne-nous la force et le courage de nous engager pour plus de justice.

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Veille à ce que les Eglises accompagnent ceux et celles qui souffrent de situations abusives et permet-leur de lever la voix lorsqu’elles découvrent des injustices. Prépare les dirigeants économiques et politiques à faire disparaître toute exploitation et toute injustice. Donne la possibilité au plus grand nombre de participer à la richesse collective de la planète. Donne aux pauvres et aux opprimés l’occasion de vivre à tes côtés et mène-les vers un avenir plus heureux et plus radieux. Fais de nous des femmes et des hommes en or et donne-nous la possibilité de contribuer à rendre le monde plus juste et meilleur. O Dieu, accepte toutes nos demandes : donne-nous la possibilité de rayonner et de transformer le monde, aujourd’hui et à jamais. Chant Alléluia 46-09 Laisserons-nous à notre table / CNA 697 Laisserons-nous à notre table Rituel Nous souhaitons tous et toutes contribuer à ce qu’il y ait moins d’escroqueries en tous genres. Pour nous renforcer mutuellement, pour

approfondir nos communautés et pour signifier que, par notre action en faveur des droits humains, nous voulons devenir des gens en or, nous partageons ce sirop d’or. Formons un grand cercle et tenons de la main gauche un gobelet, tandis que notre main droite est posée sur l’épaule gauche de notre voisin ou voisine. Ensemble, disons le Notre Père avant de déguster ce sirop. Chant Alléluia 62-86 Toi, lève-toi / CNA 770 Vers toi, Seigneur Bénédiction Que le souffle de Dieu bénisse Cette terre, ainsi que toute vie et toute action qu’elle porte. Que le souffle de Dieu bénisse Tout pays et toute nation, Ainsi que toute vie et toute action qu’ils contiennent. Que le souffle de Dieu bénisse La communauté des croyants Ainsi que toute vie et toute action qu’ils effectuent. Ainsi que Dieu nous bénisse, le Père, le Fils et le Saint-Esprit.


Célébration œcuménique pour adultes

« N’ayez-pas peur de manquer ! » Mt 6, 25-34 La consommation effrénée est le résultat de la peur de manquer qui guette l’individu. L’envie des uns met en danger les besoins des autres. Cette célébration est une invitation à partager le souci pour le bien-être de tous. Méditer la parole « Recherchez d’abord le Royaume et la justice de Dieu, et tout cela vous sera donné en plus » (Mt 6,33).

Nassouh Toutoungi, prêtre catholique-chrétien, La Chaux-de-Fonds

Jan Tschannen, pasteur réformé, Pain pour le prochain, Berne

Déroulement

lons mieux que les oiseaux du ciel. Nous t’en prions : que ton Esprit Saint change nos regards sur ce qui nous est vraiment nécessaire pour vivre selon ta volonté; que nous apprenions à aller au-delà de nos préoccupations et de nos soucis pour être sensibles aux besoins des personnes qui vivent près de nous, mais aussi qui sont plus éloignées. Car nous vivons tous et toutes sur cette terre, cadeau de ta Création, aux ressources limitées. Aide-nous à pratiquer la justice qui vient de toi face à la répartition des ressources, par Jésus, le Christ, notre Seigneur et frère. Amen.

Accueillir Jésus dit : « Observez les oiseaux dans le ciel : ils ignorent les semailles et les moissons, ils ne songent pas à faire des réserves de nourriture, et pourtant votre Père dans les cieux veille à les nourrir. Ne valez-vous pas mieux ? » (Mt 6,26) Psaume 139 avec le refrain « Seigneur, écoute-moi ! Délivre-moi du mal. » (CNA 52, p. 209) ou « Seigneur, sois au milieu de nous ! » (Alléluia 63-01). Ce psaume convient particulièrement à notre thème car il nous rappelle une attitude fondamentale de la vie chrétienne : la confiance en un Dieu qui est là, présent, et qui pourvoit à nos besoins. Prière de conversion Dieu de miséricorde, tu sais mieux que nous-mêmes ce dont nous avons besoin. Ton Fils nous l’a dit : nous va-

Chanter Le monde ancien s’en est allé Alléluia 31-34/CNA 543 Ouvre mes yeux, Seigneur Alléluia 46-10/CNA 699 Ecouter Lecture de Mt 6,25-34

Regarder mes besoins Qu’y a-t-il à la source de nos besoins ? De quoi ai-je besoin dans ma vie ? Avoir des besoins nous rappelle simplement que nous sommes dépendants des fruits de la Création. Nous ne pouvons pas nous nourrir autrement, mais nous dépendons aussi de nos prochains, en tant qu’êtres destinés à interagir les uns avec les autres. Satisfaire nos propres besoins est le plus important pour vivre, pour survire. Mais comme l’autre fait aussi partie de mes besoins, je dois trouver un équilibre pour satisfaire mes propres besoins sans remettre en question ceux de l’autre. A l’instar de « Ma liberté s’arrête où commence celle des autres », célèbre phrase attribuée à Jean-Paul Sartre, il y a un problème quand mes besoins prennent une place démesurée et que je ne vois plus qu’eux. C’est ainsi que naît le souci, la mauvaise préoccupation dont parle l’Evangile du jour. Relativiser la peur « d’être à court » Au fond, ce qui me préoccupe, c’est ma peur d’être à court, de ne pas avoir assez. Et nous nous laissons happer par cette peur. Notre système économique exploite cette peur pour nous pousser à la consommation. 7


Célébration œcuménique pour adultes

Il me donne l’illusion que si je n’ai pas telle ou telle chose, je ne peux pas être heureux. Il me fait croire que je rate quelque chose, que je vais manquer de quelque chose. De cette façon, il crée une barrière sociale entre les riches et les pauvres : les personnes qui ont les moyens de céder à leurs envies et celles qui ne le peuvent pas. Dans ce système, je confonds les besoins et les envies. J’oublie qu’il n’y a pas que « mes » besoins en tant qu’individu, mais qu’il y a « nos » besoins en tant qu’humanité solidaire. Discerner les vrais besoins Dans cette perspective, la vision de mes besoins s’en trouve boulevesée : mon besoin de boire et de manger ne va pas sans la préoccupation que tous et toutes aient de quoi manger et calmer leur soif. Mon besoin de logement ne va pas sans la préoccupation que tous et toutes aient un toit. On ne peut pas séparer le besoin de l’individu de ceux de la somme des individus, c’est-à-dire : la société. Les entreprises multinationales sont prises dans le même genre de spirale infernale que les individus : au lieu de juste répondre aux besoins des consommateurs et consommatrices de manière raisonnable, elles courent le risque de n’avoir plus qu’une seule préoccupation : de vouloir satisfaire leur envie de grandir, d’augmenter à tout prix le rendement pour enrichir les actionnaires, ceci en détruisant la nature et en exploitant les êtres humains. On constate que certaines d’entre elles violent les droits humains pour assouvir leur soif de profit, par exemple lorsque les populations locales sont déplacées de leurs terrains pour en exploiter les ressources minières, sans qu’une compensation décente leur soit donnée. Si les conventions internationales l’exigent

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clairement, ces règles peuvent, en effet, être facilement contournées. Or, la Campagne œcuménique de Carême demande que les entreprises multinationales soient tenues pour responsables lorsque les droits des populations locales ne sont pas respectés, et des atteintes à l’environnement par des entreprises suisses sont commises. Les envies de quelques-uns remettent en question les besoins d’un plus grand nombre de personnes. S’ouvrir aux autres S’ouvrir aux autres ne veut pas dire se perdre ou nier ses propres besoins. Au contraire, si je suis ouvert aux besoins et me soucie de l’autre, je m’intègre socialement. Cela permet de satisfaire mon besoin de reconnaissance et de participation, j’entends les besoins des autres, mais les miens aussi sont entendus. C’est ainsi qu’à partir du besoin commun, un besoin communautaire peut se développer : un besoin qui ne sert pas uniquement un individu mais la somme de tous les individus, soit la société entière. En proposant de signer « l’Initiative pour les multinationales responsables », les organisations qui la soutiennent s’adressent à nous en tant que citoyens et citoyennes. Nous pouvons soutenir cette initiative par notre engagement pour instaurer des règles de justice. C’est une manière parmi d’autres de collaborer avec Dieu pour réaliser son Royaume. Nous pouvons aussi faire preuve de responsabilité en privilégiant l’or issu du commerce équitable, certifié Max Havelaar. Chacune de ces actions est un petit pas vers une justice véritable. En nous sensibilisant aux besoins des autres, nous accomplissons la volonté de Dieu et nous lui faisons confiance pour nos besoins de chaque jour : « cherchez d’abord le Royaume de Dieu et sa justice, et toute chose vous sera donnée en plus » (Mt 6,33).

Chant Dieu qui appelle à vivre Alléluia 35-20 /CNA 547 Intercéder Dieu du ciel et de la terre, nous, les humains, aspirons au ciel. Nous aspirons à toi. Par Jésus-Christ, tu viens à notre rencontre depuis le ciel et, grâce au Christ, tu prends nos demandes et nos préoccupations avec toi au ciel. Nous te demandons: pour les personnes qui n’ont pas assez pour vivre : que le ciel s’ouvre pour eux sur la terre. Pour ceux et celles qui contemplent les cieux leur paraissant incroyablement loin, ceux qui ont abandonné l’espoir et la prière : laissetoi découvrir à nouveau par ceux et celles qui t’ont perdu. Pour les gens qui ne se comprennent pas : qu’ils retrouvent un nouveau langage sous ton ciel. Pour ceux et celles qui veulent se dépasser eux-mêmes et qui tombent de haut. Pour tous ceux qui dépassent leurs limites et craquent sous la surcharge : qu’ils apprennent à accepter leurs limites et profiter de la vie. Pour ceux et celles qui mettent leur confiance en tes promesses et qui offrent un bout du ciel à d’autres. Dieu du ciel et de la terre, grâce à nos prières, nous nous tenons fermement sur le sol de notre vie et du monde. Nous comptons sur toi et mettons notre espoir dans ton oreille attentive et dans ta main qui nous bénit. Amen Chant Laisserons-nous à notre table Alléluia 46-09/CNA 697


© Action de Carême

Célébration œcuménique pour adultes

En prenant soin de la communauté pour que tous soient satisfaits

Agape En partageant le pain et le vin, nous lions nos propres besoins avec ceux d’une communauté. C’est pourquoi nous proposons de conclure cette célébration par une agape. Selon les circonstances et la disposition des lieux (église ou salle paroissiale), cette agape peut consister en un partage en toute simplicité du pain et du vin ou en un repas, par exemple dans le cadre d’une journée soupe de Carême. Bénédiction de la nourriture Dieu, source de vie. Nous demandons ta bénédiction sur cette nourriture que tu nous invites à partager à la même table. Ce repas nous relie les uns aux autres, ainsi qu’aux personnes qui l’ont préparé. Nous te remercions pour tout cela, ainsi que pour tout ce qui nous fait vivre. Fais que nous n’oubliions pas que toute personne est invitée à cette table, sans exception. Tout un chacun a le droit de boire et de manger, tout un chacun a le droit de

recevoir ce dont il a besoin pour vivre. Que dans notre quotidien, nous participions à cette vision. A travers cette nourriture, bénis-nous, pour que nous soyons capables d’inclure le souci du bien commun dans notre souci du pain quotidien. Chant Alléluia 24-03/CNA 337 Nous qui mangeons le pain Notre Père Partage de la nourriture Pendant le partage du repas, il peut avoir un morceau de musique. Si l’agape est prolongé par un repas, on peut inviter les participant-e-s à échanger. Action de grâce Dieu de bonté, nous avons été rassemblés au nom de Jésus, nous avons mangé et bu ensemble. Notre besoin de nourriture, de communauté et de se sentir entouré-e a été comblé. Nous t’en remercions. Donne-nous, à partir de cette expérience, d’être ouverts aux besoins

des autres et d’avancer ensemble dans ce souci du bien commun. Chant Alléluia 36-04/CNA 543 Dieu fait de nous en Jésus-Christ Envoyer « Ne vous inquiétez pas du lendemain, car le lendemain prendra soin de lui-même. A chaque jour suffit sa peine. » (Mt 6,34) Mais prenez soin de vos proches ici et ailleurs pour que le Royaume de Dieu puisse s’établir. En effet, ce n’est pas un esprit de timidité que Dieu nous a donné, mais un esprit de force, d’amour et de sagesse (2 Tm, 1-7). Bénir Que le Seigneur te bénisse et te garde ! Que le Seigneur fasse briller son visage sur toi et qu’il t’accorde sa grâce ! Que le Seigneur se tourne vers toi et te donne la paix ! (Nb 6,24-26)

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Célébration pour jeunes

For all or for nobody La parabole du grand banquet (Lc 14,15-24) est l’occasion de parler de la problématique des « droits des ’nobodys’ (les laissés-pour-compte) ». La version complète est disponible sur le site : www.voir-et-agir.ch/celebrations

Chanson « Another day in paradise » par Phil Collins (orchestre, guitare ou enregistrement), rise up 156

Détendre l’atmosphère

Jan Tschannen (photo), Formation et théologie, Pain pour le prochain à Berne Fabio Carrisi, Pasteur protestant auprès des jeunes à Baden

et dressé une liste d’invités à cette fin ? Sur quels critères les as-tu choisis ? Qui était censé venir ? Et qui ne devait pas venir du tout ? Dans le cadre de cette célébration, nous voulons parler de ce que cela implique de ne pas être invité, en d’autres termes : ne pas être de la fête. Inspirés par une parabole biblique, nous voulons militer pour que les « nobodys » figurent sur la liste. Chanson « If Everyone Cared » par Nickelback (orchestre, guitare ou enregistrement) Prier Rencontrer Dieu ( cf. site )

Introduction

Raconter

La célébration avec les jeunes est divisée en quatre séquences : une prière, une prise de contact, un approfondissement et une mise en application concrète. Le but est de passer d’une séquence à l’autre assez rapidement sans que, ni les jeunes et ni les intervenants ne se sentent bousculés. L’objectif est de les laisser ressentir, réfléchir et fixer les connaissances plus longuement. Les séquences peuvent être modifiées à cette fin.

Jean D. était habitué à faire la fête car au fond, c’était lui l’organisateur incontestable des soirées de sa ville et de sa région. Lorsque Jean D. appelait, tout le monde accourait. Il était propriétaire du HighHeel, du Minor et de l’Extra, tous des endroits très branchés. Au moment de préparer son anniversaire, il invita tout le gratin de la place. Erimbolo, la star du football, ne pouvait pas venir car il avait été sélectionné par la Nati et devait se préparer. Mila, la sympathique chanteuse et talentueuse actrice, devait rentrer dans un rôle et ne pouvait pas venir non plus… ( cf. site )

Déroulement Se recueillir Au gré des officiants Accueillir Questions à poser aux jeunes : qui d’entre vous a déjà organisé une soirée

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Tous ensembles Quelqu’un sait-il quelle parabole biblique est ainsi transposée dans les temps moderne ? (aide et solution)

Former les groupes Les jeunes se déterminent spontanément s’ils sont plutôt visuels, communicatifs ou créatifs, ce qui permet de former trois groupes. Ils peuvent à tout moment changer de groupe.

Approfondir Présenter, lier et sensibiliser Les conclusions des trois groupes sont présentées pour amorcer une discussion. Les intervenants doivent sensibiliser à la problématique de la privation de droits et faire le lien avec le contenu des séquences « se recueillir » et « détendre l’atmosphère ». Objectif : permettre aux « nobodys » de jouir de leurs droits, les inscrire dans la liste d’invités… Mettre en œuvre concrètement Motiver, former des groupes, distribuer des listes de signatures et des argumentaires déjà prêts, signer soi-même si l’on est majeur et sortir dans la rue. Conclure A la fin, la fête bat son plein. Tout le monde se regroupe une dernière fois pour déterminer qui a pu faire signer combien de « nobodys ». Tous ensembles, on échange ses expériences, on compte les signatures et la soirée peut commencer. But ultime : Voilà ce qu’on a réussi à faire et c’est génial ! La fête peut avoir lieu au prochain cours.


Méditation sur la tenture de carême

Le gardien de mon frère ?

Verena Sollberger Schwarzenbach, Pasteure protestante, Lucerne

Seul au monde, le regard plein de questions et d’inquiétude, l’enfant dérive sur un bidon au gré du courant. La tête de mort figurant sur le bidon et les squelettes de poissons dans l’eau sont autant d’indices de la dangerosité de la substance présente dans l’eau et qui l’empoisonne. On distingue, au loin, le panache de fumée issu des cheminées d’une usine. Le sol est brun, pas un seul brin d’herbe n’y pousse. Les cases se situant sur la rive menacent de glisser dans le fleuve à tout moment. Ici, la vie humaine n’a plus sa place et l’enfant dans le fleuve n’a, dans ce monde, plus aucun avenir : il n’y a plus personne pour se charger de lui, pour s’occuper de lui, pour se soucier de lui. Alors que Dieu s’enquérait du sort d’Abel, son frère, Caïn lui répondit en demandant « Suis-je le gardien de mon frère ? » Caïn savait pertinemment ce qui était advenu d’Abel puisqu’il l’avait lui-même tué. De jalousie et de rage. « Suis-je le gardien de mon frère ? »

C’est peut-être la question que se posent tous ceux et toutes celles qui, dans leurs activités, ne se préoccupent pas ou peu du bien-être des gens et de la nature.

subsistance ne revêtent aucune importance. Ils acceptent que tout aille à vau-l’eau, très littéralement, du fait de leurs activités économiques.

Ce qui compte ? La croissance économique et la réussite. Pour eux, les gens et leur base de

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Tenture « Préserver la création de Dieu pour que tous puissent vivre » de Tony Nwachukwu © MVG Medienproduktion, 2009.

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Méditation sur la tenture de carême

(suite de la page 11)

La partie droite de l’image présente une tout autre atmosphère. L’enfant qui, à gauche, dérivait seul au fil de la rivière, est désormais accueilli dans une communauté composée d’individus qui ont l’air heureux et satisfaits. Peut-être parce qu’ils agissent en tant que gardiennes et gardiens non seulement les uns des autres, mais aussi de leur environnement et de la nature. Peut-être ressentent-ils le fait qu’ils ne sont pas seuls, mais qu’ils font partie d’une communauté, une communauté à laquelle l’agneau, la tige de céréale, l’oiseau, le poisson, l’eau, la fleur épanouie tout comme les trésors de cette terre appartiennent, au même titre qu’eux ? La terre, cette grande tablée qui les réunit tous, les porte et eux protègent la communauté, la terre et ses trésors. « Suis-je le gardien de mon frère ? » La réponse est évidente : oui, bien sûr !

Dans l’image de droite, l’usine au loin n’est pas un corps étranger, mais fait partie intégrante de la vie. La nature y a l’air intacte : le fleuve grouille de poissons, des animaux paissent juste à côté, l’herbe est verte et l’air pur. On peut y vivre. Ici, la croissance n’est pas seulement économique. L’optimisation des profits et des bénéfices ne constitue pas le critère primordial car ce qui semble compter c’est aussi le bien-être des gens qui vivent et travaillent ici, tout comme l’environnement. Quiconque travaille ainsi, le fait au service de la vie. Lorsque les entreprises deviennent « les gardiennes et gardiens de leurs frères et de leurs sœurs », alors plus rien ne va à vau-l’eau et le fleuve devient synonyme de vie.

Matériel lié à la tenture de carême La tenture est disponible sous forme de tissu imprimé, en grand et petit format, d’impression A4 et de transparents pour projection de détails.

Carnet de méditations Des textes signés Luzia Sutter Rehmann compilés dans le carnet de méditations accompagnent spirituellement les images de la tenture. La théologienne et professeure de Nouveau Testament à l’Université de Bâle cite des références bibliques surprenantes qui donnent de nouvelles clés de réflexion. Sous le titre « Cherchez d’abord la justice ! », les textes nous emmènent sur les traces de formes de responsabilité, de droit et de justice, tant sur le plan personnel qu’universel.

L’artiste

©Hüsch/MISEREOR

La tenture a été créée par l’artiste nigérian Tony Nwachukwu. Né en 1959 à Endugu, il vit aujourd’hui à Oweei/Nigéria. Il est marié et père de quatre enfants. Nwachukwu travaille beaucoup avec des techniques de batik et créé notamment des vêtements liturgiques. Il a aussi produit des chemins de croix pour plusieurs Eglises en Autriche et en Allemagne du Sud. Il est également intéressé par les sciences naturelles et conseille ses compatriotes sur les possibilités présentées par l’énergie solaire.

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Pistes homilétiques

1er dimanche de carême

Le meilleur des prémices de la récolte Texte de la prédication : Dt 26,1–11

Ingrid Krucker-Manser, Responsable de paroisse à Oberuzwil et à Bichwil SG

« Chasch mer eifach s’Erschtbeschte gäh ! » – C’est ce que l’on dit en Suisse allemand autour d’une bonne table, par exemple, lorsque quelqu’un remplit notre assiette et que l’on veut dire : peu m’importe le morceau de pain ou de fromage, donne-moi le premier venu, « s’Erschtbescht », littéralement : le meilleur sur lequel tu tombes en premier. C’est aussi ce qu’évoque le Deutéronome, sauf qu’en l’occurrence, il est question du meilleur des prémices de la récolte, qui est pris, apporté au temple et donné au prêtre. L’homme donne avant même de posséder. Ceci vient du sentiment profondément ancré qu’au fond, rien ne m’appartient. Tout m’est donné. Tout m’est prêté. Dans le texte de la lecture, c’est la terre que nous confie le Seigneur. Nous n’avons aucune prétention sur cette terre. Nous ne l’avons pas acquise par un fait que nous aurions accompli. C’est pourquoi les agriculteurs ne sont que des locataires, des métayers.

A notre époque et dans nos sociétés, il n’y a pas que les terres arables qui nous sont confiées et prêtées car en Suisse, nous vivons sur un terreau économique fertile sur lequel foisonnent tout un tas de petites entreprises diverses et variées, tout comme de grandes multinationales : elles aussi s’épanouissent pleinement sur ces terres qui nous sont mises à disposition. La Suisse est le deuxième pays pour le commerce des matières premières. En outre, plus de la moitié de l’or échangé dans le monde passe par la Suisse. Par ailleurs, bien que nous n’en cultivions pas du tout, notre pays compte parmi les plus grands exportateurs de café de la planète. Enfin, près d’un tiers des travailleurs suisses sont employés par des multinationales. Dans ce contexte mondial, que veut dire le passage suivant : « Et maintenant, voici que j’apporte les prémices des fruits du sol que tu m’as donné ? » L’attitude fondamentale de gratitude, qui constitue le fil rouge au long du texte de la Bible, en constitue la clé : Cette gratitude nous fait reconnaître que le fait de posséder et de profiter s’accompagne d’une bonne dose de responsabilité. Posséder et profiter ne doit pas seulement servir l’intérêt individuel, mais doit tendre vers un objectif supérieur. L’agriculteur qui se prosterne devant Dieu admet ainsi qu’il y a quelque chose qui le transcende lui et son profit personnel : Grâce à mon travail et à mes biens,

je sers Dieu et, par la même, la vie et le bien-être de tous. En éthique, on parle de l’obligation sociale qu’induit la propriété : tout ce que je possède, que ce soit mes terres, mon argent, mais aussi ma sécurité, mon éducation, mes amis, ou encore mes capacités physiques, est assorti d’une responsabilité envers l’intérêt général. Pour les entreprises dont l’empreinte est globale, cette responsabilité ne s’arrête pas aux frontières, mais couvre aussi toute personne et toute ressource qu’affectent leurs activités. La gratitude apporte la joie : « Et pour tout le bonheur que le Seigneur ton Dieu t’a donné, à toi et à ta maison, tu seras dans la joie ». C’est ce que dit le verset 11 du texte que nous lisons aujourd’hui, évoquant, là aussi, une dimension sociale. Cette joie n’est rien d’égoïste puisque tous devraient se réjouir, y compris les Lévites, qui travaillent au temple et ne possèdent aucune terre, tout comme les étrangers en ton sein. En effet, le profit et la joie doivent bénéficier à tous. Nous devrions être reconnaissants de ce qui nous est offert, nous réjouir de ce que nous possédons qui nous permet de réaliser tout un tas de choses. Nous devrions employer ces deux choses, le don et le gain, de manière responsable et les partager au profit du plus grand nombre. Ce n’est qu’ainsi que nous parviendrons à apporter à Dieu aujourd’hui les prémices des fruits du sol. 15


Pistes homilétiques à partir de l’affiche de campagne

2e dimanche de carême

Examinez toute chose, gardez ce qui est bon ! Texte de la prédication : 1 Thess 5,21

Michel Durussel Pasteur réformé, Aubonne

Par cette injonction, Paul exhorte les chrétiens de Thessalonique à avoir un regard critique sur les manifestations de l’Esprit au sein de la communauté ; certes celles-ci sont bonnes, il ne faut ni les « éteindre », ni les « mépriser », mais en gardant les yeux bien ouverts pour discerner les paroles véritablement inspirées. La campagne œcuménique adopte ce regard critique en mettant sous la loupe le magnifique collier qui figure sur son affiche grand public. (photo en page 22)

Joseph reçoit du Pharaon un collier d’or 1 Au cours de son existence, Joseph a connu beaucoup de hauts et de bas. Alors qu’il croupissait en prison, son don d’interpréter les songes lui a permis d’expliquer ce que Pharaon a entrevu dans les brumes de la nuit : sept années de famine succédant à sept années d’abondance. Les conseils avisés de Joseph permettront de préparer l’Egypte à ce changement 1

oir Genèse 41,39-43. On trouve une V distinction analogue dans Daniel 5,29

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climatique drastique. Pharaon est impressionné par la prescience et la sagesse de Joseph qui ne peuvent être que d’origine divine ; il fait de lui l’homme fort du pays et l’honore en lui passant au doigt son anneau royal, en le faisant habiller de vêtements raffinés et en lui mettant un collier d’or autour du cou. Ce collier d’or en soi est une bonne chose : il est marque de valeur et de mérite ; on peut faire le parallèle avec les médailles que remportent les sportifs de nos jours. A l’époque des patriarches comme aujourd’hui, l’or joue un rôle symbolique important dont toute société a besoin pour fonctionner. Il y a dérive quand ce symbole devient le moyen de faire sentir sa puissance ou son prestige ou qu’il prend le pas sur la cause qu’il est censé mettre en valeur. Joseph, lui, garde comme priorité, non pas le goût du pouvoir, mais les relations qu’il soigne : il fonde une famille2, il renoue avec ses frères, il reste un facilitateur pour que l’histoire du salut continue à s’écrire au travers de la destinée d’Israël.

revers de la médaille3 . Dans la suite du Christ qui n’en reste pas aux apparences4, l’apôtre Paul incite ses correspondants de Thessalonique à « examiner toute chose, à retenir ce qui est bon et à se garder du mauvais ». Cette injonction encourage les chrétiens de tous les temps à avoir un regard avisé sur le monde qui les entoure. C’est dans cet esprit que la campagne œcuménique nous invite à « examiner » de plus près l’industrie extractive de métaux précieux ; elle nous engage à « retenir ce qui est bon », l’or comme une richesse de la création mise à la disposition des humains ; elle nous pousse à « nous garder du mauvais » en luttant pour que l’exploitation de cette richesse ne se fasse pas au détriment des populations locales et de l’environnement5. Signer « l’Initiative pour des multinationales responsables » va dans ce sens.

Lien avec la campagne

Cantiques Alléluia 46-06 (Jésus, c’est toi) ; 35-20 (Dieu qui nous appelle à vivre)

La campagne « Voir et agir » pose sa loupe sur le collier d’or et ce qu’il représente pour débusquer ce qui se cache derrière l’objet de prestige : le travail dans les mines, dangereux, violent, destructeur de l’environnement. Dans le livre de Job, on découvre un tableau saisissant de ce sombre 2

Voir Genèse 41,50-52

Lectures Genèse 41,42-43 ; Job 28,1-11; 1 Thessaloniciens 5,19-22

Voir Job 28.1-11. Ce passage montre l’ingéniosité développée par les humains pour traquer les richesses du sous-sol alors que la sagesse reste insaisissable. 4 Voir p.ex. Matthieu 23.27-28, Marc 12.41-44 5 A ce propos, nous vous recommandons le film Dirty gold war du cinéaste suisse Daniel Schweizer qui dénonce l’or sale et s’engage pour la production « d’or vert » (http://cine. ch/film/dirty-gold-war) 3


Pistes homilétiques

3e dimanche de carême

Travailler son authenticité Texte de la prédication : 1 Cor 10,1–13

Lenz Kirchhofer, Prêtre catholique-chrétien, Aarau

En allemand comme en français, l’expression « faites ce que je dis et pas ce que je fais » est d’usage courant : « ils prêchaient l’eau et buvaient du vin ». En tant que pasteur ce reproche me touche particulièrement car je ne voudrais pas qu’il puisse m’être fait. Tirée d’Allemagne, « Un conte d’hiver », l’épopée en vers de Heinrich Heine, dans laquelle il critique la classe dirigeante, mais aussi l’Eglise, cette expression me pousse à procéder à un examen de conscience. La crédibilité et l’authenticité sont un défi qui se pose à nous tous et toutes, autant à l’Eglise, qu’à l’Etat et à la société, mais aussi à titre purement individuel. Ma vie est-elle réellement conforme aux valeurs que je défends publiquement ? Or, si je n’arrive pas à être crédible et authentique, je dois me demander si j’ai placé la barre trop haute ou si je manque de détermination. Que puis-je faire pour rester crédible ? La question de la crédibilité, je la pose plus souvent à d’autres qu’à moimême. Je pose sur eux un regard

extérieur critique. Paul a souvent assumé ce rôle, notamment vis-à-vis des Corinthiens qui pensaient qu’une fois baptisés, leur comportement importait peu et qui participaient donc activement aux rites d’autres religions sans que cela ne les préoccupe. Paul, à contrario, y voyait un problème de crédibilité car, pour lui, ce type de comportement remettait en question l’authenticité de la foi chrétienne dont se prévalaient les Corinthiens. La question de la congruence entre paroles et actes est désormais posée par l’initiative pour des multinationales responsables, qui exige que les entreprises actives sur le plan international sises en Suisse, vérifient que leurs activités soient effectivement respectueuses des droits humains. Les œuvres ecclésiales mettent notamment en avant les conséquences délétères de l’extraction aurifère. En effet, l’exploitation des matières premières a pour effet de déplacer un nombre croissant de familles de leurs propres terres et de provoquer des catastrophes environnementales. Inoussa Ouédraogo raconte la situation de son pays, le Burkina Faso : « Les nouvelles routes construites par la compagnie minière passent en plein milieu de mes champs et empêchent le ruissellement naturel des eaux pluviales. D’un côté, j’ai du maïs tout sec et de l’autre du maïs les pieds dans l’eau. Jusqu’à aujourd’hui, ils ne m’ont jamais dédommagé. » L’expérience des personnes concernées démontre que

malgré les engagements qu’elles prennent en matière de droits humains, les entreprises en question ne les mettent pas en œuvre de manière crédible partout. Tout comme nous, ces dernières doivent renforcer leur propre crédibilité : il en va de leur propre intérêt, puisqu’au bout du compte, leur réussite est fonction de leur crédibilité. En guise d’avertissement, Paul écrit la phrase suivante aux Corinthiens : « Ainsi donc, que celui qui pense être debout, prenne garde de tomber. » (1 Co 10,12) L’idée est que notre système de valeur n’est pas la vie en soi. L’authenticité repose sur l’harmonie entre le verbe et le geste et requiert un effort constant. C’est pourquoi Paul écrit aux Corinthiens pour les y encourager : « Les tentations auxquelles vous avez été exposés ont été à la mesure de l’homme, Dieu est fidèle : il ne permettra pas que vous soyez tentés au-delà de vos forces. Avec la tentation, il vous donnera le moyen d’en sortir et la force de la supporter. » (1 Co 10,13) La crédibilité et l’authenticité ne sont pas des vertus innées. Il nous faut constamment les travailler, comme nous le ferions avec un instrument de musique. Ce n’est qu’en frappant les notes correctement, qu’elles sonnent bien ; ce n’est qu’en les accordant, que nait l’harmonie ; et ce n’est qu’en joignant l’acte à la parole, que nous serons réellement crédibles.

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Pistes homilétiques

4e dimanche de carême

Prenons notre responsabilité aux quatre coins du globe Texte de la prédication : Gn 2,10-14 Le contexte

Martina Schmidt, Secrétaire romande, Pain pour le prochain, Lausanne

Le texte Un fleuve sort du jardin qui se situe en Eden. Il irrigue le jardin et se partage en quatre bras, symbolisant l’harmonie et la fertilité. Aux quatre points cardinaux, toutes les parties du jardin sont irriguées et la végétation se développe à merveille. Outre cette biodiversité abondante, les rivières hébergent de l’or et des pierres précieuses (bdellium, onyx). La rivière Pishon entoure le pays de Hawila où se trouve l’or 1. Un vrai paradis terrestre qui évoque en nous un rêve d’enfant : « le pays des merveilles » ! La description du jardin est suivie du mandat donné au premier homme de cultiver le sol et de le préserver (Gn 2,15). Quand surgit la tentation de vouloir tout prendre, d’exploiter la richesse du sol pour s’enrichir égoïstement, elle bute sur ce mandat qui s’adresse à l’humanité entière au travers des premiers habitants du jardin.

Le récit du jardin d’Eden (Gn 2,4b-3,24) suit celui des sept jours de la Création. Alors que la région désignée par cette appellation n’est pas identifiée, sa signification est claire : la « jouissance ». Il fait bon vivre dans ce paradis terrestre. C’est jouissif et plaisant. Le plaisir du début culmine dans le cri de joie de l’homme qui clôt le chapitre deux, après que Dieu lui a associé une compagne. La belle harmonie initiale qui règne dans ce jardin verdoyant est suivie par le drame du paradis perdu (ch. 3). Le tournant intervient avec cette mise en garde : tu peux manger de tous les bons fruits pour ton plaisir, mais si tu manges de l’arbre de la connaissance de ce qui est bon ou mauvais, tu meurs (v 16). L’interdiction complète le mandat donné au verset 15 et renvoie à la liberté : dès l’origine, il y a un choix à opérer entre ce qui mène à la vie et ce qui mène à la mort. Ainsi, à la manière des mythes du Proche Orient ancien, le récit du jardin aborde les dimensions fondamentales de l’existence humaine : liberté, vie, mort, amour, bonheur, malheur. Il s’interroge sur l’homme et son rapport au monde et à autrui.

Lien avec le thème de la campagne Le lien avec la campagne œcuménique s’articule autour de la responsabilité, notamment celle des

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entreprises multinationales de respecter les droits humains et l’environnement. L’appel à la responsabilité exige des dirigeants d’entreprise qu’ils fassent preuve de diligence pour éviter que la main d’œuvre ne soit exploitée et le sol contaminé par les activités économiques de l’entreprise. L’extraction de l’or est un exemple parlant : l’usage massif du mercure porte atteinte à la santé et détruit l’environnement. L’or, ce symbole de richesse, fait partie de la mythologie des origines et l’on connait depuis l’antiquité son extraction par des mineurs artisanaux 2 . Elément du décor harmonieux du jardin, il représente à la fois une bénédiction et une tentation : s’en servir sans limites finit par détruire l’équilibre initialement prévu. Au même titre que l’interdiction de consommer de l’arbre défendu, un respect des limites s’impose. Le texte invite à ajuster notre rapport au monde et modérer nos envies face aux trésors que la nature offre à l’humanité entière. L’homme a été doté de liberté. Encore faut-il en faire usage à bon escient. Discernement et diligence sont de mise pour choisir entre le bien et le mal. Comme les quatre bras du fleuve, la responsabilité ne s’arrête pas devant notre porte, mais s’étend aux quatre coins du globe. L a localisation est incertaine. Il s’agit probablement du « champ d’or Pontique », le pays de Colchide, une province d’Asie (nord de l’actuelle Turquie). 2 Voir aussi Job, 28,6. 1


Pistes homilétiques

5e dimanche de carême

Des lois au service de la vie Texte de la prédication : Jn 8,1–11 Jésus se refuse à condamner cette femme, une réaction qui lui permet de mettre la vie en perspective et qui donne une chance à toutes les parties prenantes, coupables ou innocentes, de se regarder en face et de modifier leur comportement. Andrea-Maria Inauen Weber, Responsable de communauté Stüsslingen-Rohr

Nombreux sont ceux qui portent une bague en or, en signe d’alliance ou d’amitié. Or, ces symboles d’une relation particulièrement précieuse perdent de leur éclat dès lors que les sentiments amoureux ou l’affection qu’ils incarnent s’estompent et que ces relations se délitent. A première vue, le texte de l’Evangile se porte sur une telle relation puisqu’une femme, prise en flagrant délit d’adultère, est publiquement mise en accusation. En vertu de la législation alors en vigueur, elle doit être lapidée, mais l’adultère semble n’être qu’un prétexte pour les scribes d’éprouver Jésus. Quelqu’un s’exprimant au nom de Dieu ne peut ignorer les lois religieuses en vigueur. Pourtant, la lapidation qu’ils exigent contredit le message d’amour et de réconciliation dont Jésus est porteur. A bien y regarder, l’impression se dégage que ces « gardiens de la loi » exploitent le destin de cette femme à leurs propres fins et qu’ils essaient d’épingler Jésus en sapant sa crédibilité. Pourtant

Le Carême est une période qui nous invite aussi à analyser notre comportement et à en changer. Le texte de l’Evangile nous pose aussi une question : A quel point notre comportement envers autrui promeut-il la vie ? Qu’en est-il de nos lois ? Serventelles la vie ? Protègent-elles les gens ? Dans le cadre de la campagne œcuménique de cette année, Pain pour le prochain, Action de Carême et Etre partenaires posent ces questions en lien avec les multinationales en portant leur regard sur l’exploitation minière de l’or : D’où provient l’or utilisé pour nos bijoux ? Qui sont les grands gagnants et les grands perdants de ce type d’activités ? Quiconque observe bien les visages des personnes figurant sur les affiches de campagne peut y discerner leurs conditions de vie déplorables du fait de la mine : accaparement de leurs terres, déplacement, eau potable empoisonnée et salaires de misère ne sont que des exemples parmi tant d’autres. Florent Ouedraogo (nom modifié), un Burkinabé de 62 ans, raconte : « Pour creuser la mine d’or, ils ont construit un barrage qui a englouti mes terres. Ce sont cinq hectares que je ne peux plus

cultiver. Il ne me reste plus qu’un champ de 1,5 hectare, censé me permettre de nourrir mes dix enfants ». Des lois protégeant les personnes subissant le même sort que Florent Ouedraogo sont loin d’exister partout, d’où l’Initiative pour des multinationales responsables qui impose à toute entreprise sise en Suisse que ses activités respectent les droits humains partout dans le monde. Jésus s’est fait l’avocat des personnes vulnérables et, dans le cas d’espèce, a sauvé une femme dont le sort, la lapidation prévue par la loi, lui a tenu à cœur. Aujourd’hui, ce sont les souffrances des milliers de personnes subissant les conséquences délétères des mines d’or, mais aussi celles des travailleurs et travailleuses des ateliers textile et des plantations de cacao qui sautent aux yeux et il est tout bonnement indispensable de faire adopter des lois contraignantes mettant les multinationales à contribution, tout en empêchant l’exploitation des populations locales et les nuisances environnementales. Nos anneaux en or sont des signes de l’affection ou de l’amour que nous portons à autrui, mais ils devraient également être symboles de la justice et de l’attention que nous prêtons à ceux et celles qui souffrent de l’extraction aurifère. C’est ce que vous pouvez faire en vous engageant pour des lois au service de la vie.

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Méditation sur l’affiche de l’Initiative des multinationales responsables

Redescendez sur terre, s’il-vous-plait !

Matthias Jäggi, Pasteur protestant, Ostermundigen BE

Ces tours érigées toujours plus haut dans le ciel n’ont rien de nouveau. A l’époque babylonienne déjà un projet visionnaire prévoyait la construction d’une tour (Gn 11,1-9) dont le but était de gratter le ciel et d’atteindre, depuis son sommet, les nuages. Au sens figuré : devenir l’égal de Dieu. Résultat des courses ? Soudain, plus personne ne parlait la même langue. Chaos, confusion, aliénation. Quiconque souhaite aller toujours plus haut à tout prix finit par s’éloigner des autres, par perdre les pédales et par rompre les liens qui l’unissent à son environnement et à ses congénères.

A l’étage supérieur, la lumière est encore allumée. Dans la salle de conférence située à côté du bureau du PDG, la direction trinque à son nouveau projet de communication. « C’est génial de voir comment vous avez illustré notre ligne en matière de responsabilité sociale et environnementale » déclare le président du Conseil d’administration. Et d’ajouter : « Deux mains et un globe planétaire, ça va droit au cœur ».

Redescendre dans la rue

Cette illustration de façade correspond-elle vraiment aux pratiques qui se trament en coulisses ? Dans les grands centres économiques et financiers de ce monde, avec leurs tours de bureau érigées toujours plus haut dans le ciel, on perd parfois de vue la réalité. On dissimule le fait que des enfants sont exploités dans les plantations de cacao en Afrique de l’ouest ou que l’exploitation de matières premières en Amérique du sud détruit des pans entiers des pays. « On » ? Je devrais plutôt parler à la première personne car cela m’arrive aussi : j’aime le chocolat et j’utilise mon téléphone portable quotidiennement.

« Lui [Jésus Christ] qui était de condition divine n’a pas considéré comme une proie à saisir d’être l’égal de Dieu. Mais il s’est dépouillé, prenant la condition de serviteur, devenant semblable aux hommes, et, reconnu à son aspect comme un homme, il s’est abaissé devenant obéissant comme un homme. » (Ph 2,6–8)

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A l’étage supérieur, la lumière est encore allumée, mais un jour, la coupe de champagne aura été vidée et la lumière éteinte. Les dirigeants de l’entreprise prendront alors l’ascenseur pour redescendre et se retrouveront dans la rue, une rue bien vivante, ce qui m’amène à un tout autre épisode de la Bible :

C’est le mouvement dans lequel veut nous faire rentrer la foi chrétienne : redescendre dans la rue, dans la vie, auprès des gens qui travaillent dans

les plantations de cacao ou dans les mines d’or. Ne pas détourner les yeux, mais plutôt regarder la réalité bien en face. Se laisser émouvoir. Tisser des liens. Notre chemin vers Dieu est un chemin vers les autres. L’Initiative pour des multinationales responsables, ce n’est pas le paradis sur terre, mais elle a pour but de nous ramener les pieds sur terre puisque les dirigeants d’entreprise ne doivent plus seulement lorgner les résultats trimestriels et le cours de l’action, mais aussi assumer leur responsabilité envers les gens dans la rue et la nature à qui ils doivent leur réussite. Epilogue à venir : A l’étage supérieur, la lumière est encore allumée. Dans la salle de conférence située à côté du bureau du PDG, la direction trinque avec une délégation péruvienne pour célébrer un projet visant à restaurer la nature dans une ancienne mine d’or. Sur la façade, les deux mains et le globe rayonnent comme jamais.

L’affiche de l’initiative pour des multinationales responsables est disponible en deux versions sur le site web : www.voir-et-agir. ch/multinationales


Prières et textes liturgiques

Propositions de textes liturgiques Parabole juive Un homme dont la richesse avait endurci le cœur et qui se sentait malheureux, s’en vint trouver un Rabbi, dans l’espoir de retrouver la joie. Le rabbi lui dit  : Regarde par cette fenêtre et dis-moi ce que tu vois... - Je vois des hommes dans la rue qui vont et qui viennent... Alors le rabbi lui tendit un miroir et dis-moi ce que tu vois... L’homme reprit : - Je me vois moi-même ! - Et tu ne vois plus les autres ? Songe que la fenêtre et le miroir sont tous les deux faits avec la même matière première, le verre ; mais le miroir ayant été recouvert d’argent par derrière, tu n’y vois plus que toi-même, tandis que tu vois les autres à travers la vitre transparente de la fenêtre. Je déplore d’avoir à te comparer à ces deux espèces de verre. Pauvre, tu voyais les autres et tu en avais compassion. Couvert d’argent, tu ne vois que toi-même. Tirée de L’Etre et L’Avoir, Editions Ouvertures, Lyon, mai 2009.

Prière d’intercession Notre Père, délivre-nous du mal ! Oui, délivre-nous du mal, car c’est de toi que vient le salut. Mais aussi apprends-nous à déceler et à défaire le mal qui émerge et s’insinue dans notre monde.

Ouvre nos yeux sur toutes les situations où des êtres humains ne sont pas respectés dans leur dignité. Seigneur, ouvre nos yeux. Ouvre nos cœurs, car c’est l’amour qui décèle l’égale dignité de tous les membres de la famille humaine, créés à ton image. Fais de nous des citoyens du monde, des « frères universels », sans être déracinés, soucieux de ne pas confondre l’autre avec soi-même. Seigneur, ouvre nos cœurs. Ouvre nos lèvres pour dire tout haut et dénoncer les actes d’inhumanité, quels que soient leurs auteurs. Ouvre nos lèvres pour savoir consoler et redonner espoir à tous ceux qui souffrent de l’oubli, du mépris ou de l’oppression. Donne-nous de savoir accueillir la recherche de vérité des autres et de recueillir, de leur bouche, la part de vérité qu’ils ont à offrir

Seigneur, ouvre nos mains. De tout notre être, nous voici, Dieu, notre Père, pour qu’avec ta grâce le monde soit délivré du mal et de la mort. Amen Texte tiré du bulletin de la Maladière.

Confession de foi Je crois en Dieu, notre Père. Il nous appelle à une vie responsable et épanouie. Je crois en Jésus-Christ, notre Sauveur. En sa vie et en sa mort, la victoire contre la puissance des ténèbres et de la mort nous est assurée. Je crois au Saint-Esprit. Pas à pas, il nous accompagne, nous guide et nous éclaire sur notre chemin. Amen Jean-Jacques Maison, texte tiré du LiturgiCiel de l’Eglise évangélique réformée du canton de Vaud (EERV).

Seigneur, ouvre nos lèvres. Ouvre nos mains. Rends-les agiles et chaleureuses, dirigées vers tout être humain. Que, dans les aléas de la vie ordinaire, nous sachions donner un coup de main utile et le signe de l’amitié, jusqu’à la réconciliation

Confession de foi Je crois que Dieu peut et veut faire naître le bien à partir de tout, même du mal extrême. Aussi a-t-il besoin d’hommes pour lesquels « toutes choses concourent au bien ».

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Prières et textes liturgiques

Je crois que Dieu veut donner chaque fois que nous nous trouvons dans une situation difficile, la force de résistance dont nous avons besoin. Mais il ne la donne pas d’avance, afin que nous ne comptions pas sur nous-mêmes, mais sur lui seul. Dans cette certitude, toute peur de l’avenir devrait être surmontée.

Nous voulons prendre le temps de la halte, afin de trouver la force nécessaire, pour nous tenir debout, adultes et responsables, devant Dieu et devant les hommes, au nom de l’Evangile de Jésus-Christ. Antoine Nouis, La Galette et la cruche, Tome I, Ouverture, texte tiré du LiturgiCiel de l’EERV.

Prière d’intercession Seigneur Jésus, Notre foi hésite, Mais nous entendons que tu nous invites. Que notre vie croisse en qualité plutôt qu’en quantité. Aide-nous à faire confiance comme des enfants, et à être responsables comme des adultes.

Je crois que Dieu n’est pas une fatalité en dehors du temps, mais qu’il attend nos prières sincères et nos actions responsables et qu’il y répond. Credo de Dietrich Bonhoeffer, texte tiré du LiturgiCiel de l’EERV .

Veillez et priez Veillez et priez en tout temps, afin que vous ayez la force... de paraître debout devant le fils de l’homme. L’Evangile se présente à nous comme une urgence, et nous avons trop souvent tendance : à nous assoupir dans les habitudes de notre quotidien, à devenir paresseux dans notre quête de la vérité, à nous courber devant les fatalités de notre vie et de notre monde. Aujourd’hui, Nous voulons prendre le temps de la veille, de l’écoute attentive de l’Evangile. Nous voulons prendre le temps de la prière, du dialogue, du face à face avec Dieu.

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Affiche de campagne, cf. page 16, pistes homilétiques


Prières et textes liturgiques

Autour de nous, le monde est plein de souffrance, Mais il est plein aussi de graines d’amour, Aide-nous à les faire pousser. Fortifie-nous Seigneur, pour choisir les actions bonnes, les petites choses qui appartiennent à Ton royaume. Nous voulons le faire, pour appartenir à ton royaume. Viens au secours de notre faible volonté. Amen Collection François Paccaud, texte tiré du LiturgiCiel de l’EERV.

Prière d’intercession Dieu éternel, nous venons et nous te prions : - pour tous ceux, femmes, hommes et enfants, qui s’engagent pour la justice, la paix et la sauvegarde de la création : fortifie-les par la puissance de ton Esprit, donne-leur du courage et de la persévérance pour leur travail. - pour les politiciennes et les politiciens et pour tous les autres, qui ont une influence sur l’opinion publique : qu’ils réalisent leur responsabilité et s’opposent à des images d’ennemis trop simplistes et à une réduction du discours en noir et blanc. - pour ceux qui voudraient extirper toute trace de mal : ouvre-leur les yeux sur les conséquences de leurs actes. Aide-les à avoir confiance qu’auprès de toi

ce qui est juste et injuste ne reste pas oublié. - pour les membres de toutes les confessions et communautés de foi, spécialement pour leurs responsables : qu’ils s’opposent à l’usage abusif de la religion et s’engagent pour une meilleure compréhension. pour les victimes de la guerre et de la torture, de la faim et de la violence et pour tous ceux a qui personne ne pense : sois à leurs côtés par ton amour. Dieu éternel et ami des humains : Nous te faisons confiance que tu connais les moindres recoins de notre monde et que tu nous exauces. Amen. Collection François Paccaud, texte tiré du LiturgiCiel de l’EERV.

Prière Heureux es-tu si tu fermes la route à la violence et à l’instinct de dominer tes semblables. Alors s’ouvrira la porte de ton cœur à la force de la douceur et de la maîtrise de soi. Et tu auras la joie de voir la terre venir à toi. Heureux es-tu si tu ne crains pas de vibrer avec ton prochain affronté à la douleur, la solitude ou la misère. Alors s’ouvrira la porte de ton cœur aux larmes de la compassion et au geste qui relève. Et toi aussi, tu seras consolé. Claude Bernard, texte tiré de Une bonne nouvelle, ça se partage. Prières, méditations, petits contes et récits, Collectif, DEFAP, 2005.

Prière Le monde ne sera sauvé, s’il peut l’être, que par des insoumis. Sans eux, c’en est fait de notre civilisation, de notre culture, de ce que nous aimions et qui donnait à notre présence sur terre une justification secrète. Ils sont, ces insoumis, « le sel de la terre », et les responsables de Dieu André Gide, texte tiré du LiturgiCiel de l’EERV.

Les dons de la création se célèbrent – Cérémonie Maya © T.Goethe

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Portrait des œuvres

Nous sommes poussés par l’espoir, espoir que nous pouvons renforcer l’impact des paroles du Christ, que tous puissent vivre dans l’abondance. Car nous aspirons à une société plus juste et plus équitable 1 Evêque Jo Seoka, Afrique du Sud

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J o Seoka est président de la Bench Marks Foundation en Afrique du Sud (BMF) l’organisation partenaire de Pain pour le prochain. L’hôte de la campagne 2016 est un collaborateur de la BMF.

Nous encourageons à agir

Devenir plus fort ensemble

Pain pour le prochain est l’organisation de développement des Eglises protestantes de Suisse. Nous encourageons les personnes au Nord à adopter un style de vie responsable. Par notre action en politique de développement nous nous engageons pour le droit à l’alimentation et pour une économie éthique. Au Sud, nous soutenons les populations pour qu’elles se libèrent de la pauvreté et de la faim, et qu’elles mènent une vie autodéterminée. Ensemble avec nos partenaires locaux, nous dénonçons les dysfonctionnements et renforçons le plaidoyer pour les droits des populations concernées.

Action de Carême est l’œuvre d’entraide des catholiques en Suisse. Nous nous engageons au Nord comme au Sud pour un monde plus juste ; un monde dans lequel hommes et femmes vivent dans la dignité sans souffrir de la faim et de la pauvreté. Nous collaborons avec des organisations locales dans 14 pays d’Afrique, d’Asie et d’Amérique latine. Nous nous engageons également en Suisse et sur le plan international pour mettre en place des structures équitables, en particulier dans le domaine des droits humains et dans l’économie.

Av. du Grammont 9 1007 Lausanne Tél. 021 614 77 17, Fax 021 617 51 75 ppp@bfa-ppp.ch www.ppp.ch CCP 10-26487-1

Av. du Grammont 7 1007 Lausanne Tél. 021 617 88 81, Fax 021 617 88 79 actiondecareme@fastenopfer.ch www.actiondecareme.ch CCP 10-15955-7

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Etre partenaires – La solidarité dans le monde L’œuvre d’entraide catholique chrétienne Etre partenaires sensibilise à la mission et la coopération au développement. Elle soutient et accompagne des projets permettant le développement social et économique de personnes défavorisées. Cette aide contribue à l’autonomie de ces personnes, notamment par le dialogue avec les partenaires. Est ainsi posé un signe de solidarité vivante entre chrétiens de différents pays.

c/o Nassouh Toutoungi Rue de la Chapelle 5, 2300 La Chaux-de-Fonds, Tél 032 968 44 13 info@etre-partenaires.ch, www.etre-partenaires.ch CCP 25-10000-5


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