PORTRAIT
Marie Bévillon, le grain de sel féminin de La Sablaise Finalement, Marie Bévillon est tombée dans la marmite. Son goût du défi et sa passion de la cuisine l’ont rattrapée, jusqu’à la hisser à la barre de l’entreprise La Sablaise. Elle y apporte son grain de sel et sa créativité, au service de la fine fleur du savoir-faire sablais.
A
vec une mère, un frère et
son mari, Antoine Martineau, qui l’a
l’entreprise, pour laquelle il exprime
une sœur pharmaciens,
fait revenir à ses premiers amours.
une vraie sensibilité. De mon côté, je booste le développement des
Marie Bévillon aurait pu
vendre des antidotes. Mais son
L’histoire de la soupe
produits comme le lancement d’une
remède à elle, ce sont les sauces,
« Aux Sables-d’Olonne, le père
gamme bio. J’aime l’échange avec
les marinades, les soupes de
d’Antoine dirigeait la crêperie
l’équipe pour le choix des recettes,
poissons, avec lesquelles l’entreprise
« L’Aiglon » depuis 1983. Il y servait
j’adore le partage à l’occasion des
La Sablaise a du peps à revendre.
une délicieuse soupe qui plaisait
dégustations, et surtout le travail
Maquereaux aux oranges confites et
beaucoup. » Tant et si bien qu’un
avec des produits naturels : il
gingembre ; mousse de langoustines
laboratoire a dû sortir de terre pour
faut que je puisse faire goûter les
aux tomates séchées et au porto...
en assurer la production : en 1990, la
produits à mes enfants en toute
Elle reste aujourd’hui la seule petite
sarl PSMA La Sablaise était née, sous
tranquillité. »
conserverie artisanale à faire rayonner
l’impulsion des fils Antoine et Jérôme
l’excellence et l’originalité du savoir-
Martineau. Vingt-quatre ans plus tard,
Ne demandez pas à Marie si c’est
faire sablais... depuis plus de 20 ans.
entre les rillettes et les mousses de
compliqué d’être une femme chef
poissons artisanales, la soupe du père
d’entreprise. « J’étais un vrai garçon
Martineau est toujours au catalogue.
manqué jusqu’à l’âge de 20 ans !
Marie Bévillon et la cuisine ? « C’est
Avec 20 employés à son bord, la
Alors me défendre, je connais. Et
une longue histoire ! À l’âge de
conserverie a trouvé de nouvelles
puis à la maison, le modèle familial
neuf ans, la pâtisserie était déjà
attaches au cœur du parc Actilonne. Et
m’a sans doute confortée dans mes
mon dada. Chez ma grand-mère aux
pris un nouvel élan... avec une jeune
choix avec un père très présent et
Sables-d’Olonne, j’ai été élevée aux
capitaine.
une mère investie dans son travail. »
De la cuisine au marketing...
Pour Marie, le vrai défi est ailleurs.
turbots, aux soles meunières et au Capitaine à bord
Travailler avec des produits nobles
poisson et surtout l’amour du bon
« Moi et Antoine avons tous les deux
par exemple. « Nous devons être
produit. Plus tard quand j’ai choisi
été rattrapés par notre passion :
la dernière entreprise française à
mon métier, la cuisine n’était pas
la cuisine et la photographie.
produire de la marinade d’anchois
encore une filière d’excellence. On
Après plusieurs années de mission
pêchés sur les côtes françaises...
m’a plutôt confortée dans la voie
commerciale, j’ai pris les rênes de
Toutes les autres sont parties au
du commerce. » Marie fonce. Une
l’entreprise en 2012 et Antoine a pu
Maroc ! Mais je me refuse à voir
maîtrise de gestion entrepreneuriale
se lancer dans la photo. » Si l’énergie
partir un savoir-faire, c’est mon
en poche, elle enchaîne les
et la créativité de Marie Bévillon
côté un peu zinzin. Il faut croire que
expériences en marketing, jusqu’à
sont à la barre, Antoine garde un œil
j’aime les challenges ! ».
gérer une équipe de 80 personnes
attentif sur la « marmite ». « C’est
pour une société nantaise. Puis c’est
lui qui gère l’image de marque de
Saint-Pierre. J’ai appris la cuisine du
54 | Les Sables Magazine | n°16 |