Autoportrait jm vesseron by Soyer Pierre

Jean-Marc VESSERON Autoportrait

OBJECTIF IMAGE

PRIX B E T O U X 2 0 1 6

Prix Gilbert Betoux 2016 Depuis 1986, Objectif Image décerne une « bourse à la création » qui a pris le nom de « Prix Gilbert Betoux », en hommage à notre président fondateur. Cette année le jury, composé de Sylvie HUGUES – Serge PICART et REZA, l’a décerné à Jean-Marc VESSERON. En 2012 il avait déjà obtenu le prix Betoux pour un travail réalisé à la cité Bada à Hô Chi Minh ville, au Vietnam. Cette année, il renouvelle mais avec une série tout à fait différente. Plus personnelle, puisqu’il se met en scène et joue avec notre regard, joue avec la lumière. Il se cache et apparait soudainement. Il se sert de son reflet pour jouer avec lui-même au jeu du Je, et construire ainsi un troublant autoportrait Les photographes ont de tout temps, de façon spontanée, ludique, comme dans la tradition picturale, pratiqué l’autoportrait. C’est donc avec cette série de onze photographies, onze autoportraits, qu’il a séduit le regard du jury.

Pierre Soyer

Expositions  

Maison des associations 8 rue Brillat Savarin PARIS 13 Du 01 au 30 octobre VILLENEUVE/LOT -« Salon National d’Auteurs » du 08 Novembre au 08 Décembre 2016. Galerie de Gajac

Rencontre Peux-tu nous résumer en quelques mots ton parcours photographique ? Je pratique la photographie depuis environ 40 ans. J’ai obtenu la médaille du paysage en 1981 à la Fédération Photographique de France. La mention de l’humain en coupe de France en 1982. En 2002 1ier prix à Réponses Photo « Autour du Nu Masculin ». Six prix individuels avec Objectif Image depuis 2011 Lauréat du prix du jury noir et blanc Lumière en 2015 et 2016.

Photographier a toujours été pour moi une passion qui me permet de m’évader. J’ai réalisé quatre expositions personnelles à Charleville Mézières en 2009, 2011, 2014 et 2016.

Je suis très attiré par l’humain et suis un adepte du grand angulaire. Dans un premier temps, je faisais des photos sans lien, désormais j’essaie de raconter une histoire. J’ai toujours pratiqué le noir & blanc et encore plus maintenant, c’est ma grande passion.

Comment est née cette série d’images ? Ma série « Autoportrait » est née par hasard en photographiant l’affiche de Robert Mappelthorpe devant le Grand Palais à Paris. En voyant mon autoportrait dans son propre autoportrait mythique, cela m’a donné l’idée de continuer en utilisant d’autres supports. J’ai donc continué à Arles, à Paris Photo, au Salon de la Photo, et dans d’autres lieux. Pour quelle raison cherches-tu des photos de tiers pour te mettre en scène ? C'est une mise en scène où je souhaitais plus suggérer que montrer. C'est aussi une façon de me dédoubler par mutilation de l'image.

Qu’entends-tu par mutilation ? Je mutile l'image en la transformant, en m'intégrant Je m'invite, je m'immisce par jeu en jouant avec les reflets.

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Tu habites Charleville-Mézières, le berceau de Rimbaud. Dans une lettre à Paul Demeny du 15 mai 1871 il s’exclame « je est un autre » cela t’a-t-il inspiré ? "je est un autre" ce n'est pas ce qui m'a inspiré mais ce titre conviendrait parfaitement à ma série.

Quels sont les photographes qui t’inspirent ? Je suis encore fasciné par les grands photographes comme Jean-Loup Sieff, Josef Koudelka, William Klein, Irving Penn…

Quels sont tes prochains projets ? Je travaille particulièrement sur un projet depuis plusieurs années qui est presque abouti et d'autres sont en cours. Mon travail s'articule sur des séries. Peut être un livre ! Propos recueillis par Pierre Soyer

Pour contacter Jean-Marc VESSERON : vesseron.jm@neuf.fr

Jean-Marc Vesseron, les dits de l’autoportrait. Par Michel Bénard. Lauréat de l’Académie française.

Le monde de la création eut toujours recours à l’autoportrait. Autoportrait ? Autosatisfaction ? Autodérision ? Eventuelle nécessité d’une expression narcissique, pudique, romantique ? Allez donc savoir ? L’autoportrait de tout temps, fût d’usage chez les artistes peintres en particulier. La photographie joue un peu moins de cette forme d’expression intimiste. Mais en ce qui concerne Jean-Marc Vesseron la notion thématique de l’autoportrait devient l’effacement même, l’absolue discrétion. Une forme volontaire d’absence, de repli d’entre deux, afin de peut-être mieux cerner le sujet. L’autoportrait est un écartèlement, une déchirure de soi. Ici, le « moi » dominant passe à l’arrière plan, il se fond, se fait silence en transparence, subtile évocation d’une âme en filigrane. Au travers de ses autoportraits Jean-Marc Vesseron se profile comme l’exacte représentation de l’anti-moi ! Jean-Marc Vesseron possède un sens aiguisé de la poésie de l’image en usant judicieusement de toute la puissance du clair-obscur. Où le noir et le blanc deviennent couleurs ! Le jeu des contrastes s’imposent à notre regard en toute préciosité, semblable à une caresse visuelle silencieuse. Ambiguïté déformante, l’autoportrait n’est-il pas la dramatique forme de l’unicité, mais peut-être aussi dans le cas de Jean-Marc Vesseron, une parade pour se faire oublier, de s’estomper du regard des autres. C’est aussi une manière anonyme de se confondre dans la foule, de se dédoubler aussi par mutilation de l’image, de révéler l’effet miroir. C’est encore une possibilité de côtoyer l’esthétique d’une plastique masculine, de saisir la pose extasiée d’une femme inconnue ou de révéler son intimité charnelle, investir le lieu de manière spectrale. S’introduire tel un ectoplasme entre l’ombre et la lumière. Devenir l’ôte d’un reflet, demeurer l’apparence suggérée, se faire pratiquement invisible entre la densité des noirs et l’intensité des blancs, tels sont les autoportraits de Jean-Marc Vesseron, ce qui permet à l’image de mieux encore se sublimer. Bien belle manière de conjuguer dans une fraction de seconde, le sujet et la lumière, tout en demeurant présent par l’intensité de l’absence !

Autoportrait

Série de onze photographies, présentées sous encadrement 40x50

www.objectif-image.fr

Conception : Pierre Soyer pierre-soyer@orange.fr