QUARTIER NORD: ACTEURS ET OUTILS DE LA MUTATION URBAINE Olga Bagnoli Sous la supervision de Benoît Moritz Faculté d’Architecture ULB La Cambre Horta 2019/2020
Mots clés: Bruxelles - Urbanisme - Plan Manhattan - rénovation urbaine - urbanisme régional 2
QUARTIER NORD: ACTEURS ET OUTILS DE LA MUTATION URBAINE Olga Bagnoli Sous la supervision de Benoît Moritz Faculté d’Architecture ULB La Cambre Horta 2019/2020 3
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SOMMAIRE AVANT-PROPOS
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INTRODUCTION
CONSTRUCTION 1920: Un quartier modelé par le rail et les prémices de la Tabula Rasa de Victor Bourgeois 1960: Le Plan Manhattan et la cicatrice urbaine 1990: Le renouveau immobilier 2000: Les politiques publiques
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03 RÉNOVATION
Contexte Périmètre Acteurs
COMPARAISON
d’aménagement Quartier de gare: Lyon Part-Dieu Quartier d’affaires: Euralille
CONCLUSION
Quartier sur dalle: Bordeaux
BIBLIOGRAPHIE
Mériadeck
REMERCIEMENTS
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AVANT-PROPOS
Le Quartier Nord a été au centre des préoccupations du master d'urbanisme durant toute cette année. L’ayant d’abord étudié au sein de l’atelier de projet dans le cadre du projet de reconstruction du CCN, j’ai ensuite eu l’occasion d’y travailler lors d’un stage au quatrième étage du CCN même. Au côtés de Sven Lenaerts, j’ai été plongée au cœur du milieu immobilier et de l’impact qu’il avait sur la mutation urbaine du quartier. Tout au long de l’année, j’ai été intriguée par ce quartier qui est passé de lieu porteur de tous les espoirs économiques et politiques de Bruxelles à une zone effacée de la mémoire collective, sauf pour les personnes qui y avaient élu domicile dans des périodes creuses. Je me suis aussi sentie très confuse face à la complexité du réseau d’acteurs et de degrés d’influence que certaines décisions pouvaient avoir sur le développement urbain. Ce quartier met en lumière un système enchevêtré de l’aménagement public du territoire qu’il est important de comprendre lorsque l’on essaie de décrire le Quartier Nord de la manière la plus précise possible. C’est pour cela que j’ai voulu approfondir les sujets débattus tout au long du master pour me concentrer sur les différentes phases du construction du Quartier Nord et les acteurs qui ont fait du quartier ce qu’il est aujourd’hui. 7
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INTRODUCTION
Le Quartier Nord est un sujet qui intrigue urbanistes, historiens, étudiants et chercheurs depuis de nombreuses années. Au cœur des problématiques qui marquent l’actualité depuis le début du vingtième siècle, il n’a cessé de faire couler de l’encre, le plus souvent dans des critiques des événements passés. Exemple le plus flagrant de la tristement célèbre bruxellisation, point crucial d'inégalités sociales, berceau des navetteurs, le Quartier Nord se situe dans un tourbillon complexe d’enjeux urbains, politiques, sociaux et économiques. Aujourd’hui, l’ambiance a changé et les nouveaux projets promettent une métamorphose radicale portée par des projets innovants. Une image qu’on redore grâce à des projets comme le ZIN, le nouveau CCN devant la gare du Nord ou la réouverture de la Senne. L’évidence d’une nouvelle phase de construction, représentée par un investissement des institutions publiques et la prolifération de projets immobiliers est claire. Cependant, vu les enjeux complexes liés au quartier, un simple rafraîchissement d'image semble insuffisant. Face à ces enjeux, les discours sont toujours trop simplistes: le quartier subit depuis cinquante ans l’échec d’un urbanisme moderniste des années soixante. Bien que le plan Manhattan
ait dévasté le quartier, le laissant entre friches et tours inhabitées, de nombreux événements ont marqué le lent processus de mutation du quartier. La création de la Région en 1989 ajoute un niveau de pouvoir au fédéral et gouvernemental déjà en place. De nouvelles institutions naissent de cette création et doivent imposer leur rôle dans un système déjà complexe. Des groupes de citoyens activistes sur les questions urbaines soulèvent et remettent en question la gouvernance et la gestion de l’aménagement de Bruxelles. La fluctuation du marché immobilier, principalement des bureaux est déterminant quant à l’horizon du quartier. Les cinquante ans qui ont suivi le déclin du plan Manhattan sont décisifs pour donner les clés de lecture nécessaires à la compréhension et à la déconstruction de la situation actuelle. Ces années, considérablement marquées par le développement des projets immobiliers privés, nous mènerons à considérer le sujet de la mutation urbaine du quartier au travers du prisme de l’immobilier. En effet, aujourd'hui, le quartier traverse une nouvelle période de mutation. Les colosses des années soixante sont entièrement remaniés: le projet ZIN, le CCN, le Manhattan Center. Ces projets se dévoilent au public comme novateurs: des associations d’architectes, des 9
revendications environnementales et programmatiques innovantes, un impact profond sur l’espace public. Les projets de promotion immobilière sont et ont toujours été le moteur de changement au Quartier Nord. On peut alors se poser la question de l’impact qu’ont eu ces cinquante ans de mutation sur l’urbanisme du quartier. Quel rôle ont eu les acteurs immobiliers privés dans cette mutation? Comment se positionnent les pouvoirs publics? Les changements radicaux qui ont lieu au sein des institutions publiques d’aménagement et d’urbanisme, accueillant en 1989 un nouveau niveau de pouvoir régional, ont-il apporté de nouveaux outils plus efficaces ou au contraire, ont-ils laissé la place à plus de confusion et de perte de responsabilité? Afin de répondre à ces questions, il faut d’abord se demander où se situent les limites du Quartier Nord. En effet, pour étudier un Quartier qui a subi autant de changement en cinquante ans, il est essentiel se poser la question de quel Quartier Nord parlons-nous et quel est le cadre d’étude. La notion du périmètre du Quartier Nord est complexe et évolue avec le temps. En effet, le tissu du quartier est nettement délimité par les programmes et des frontières physiques en zone administrative, quartiers résidentiels, espaces verts. Le Quartier Nord semble 10
être le résidu de tout ce qui n’est pas un quartier alentour. Au vu de la successions des époques de construction du quartier, les conceptions et définition de ses limites ont été vues différemment par les architectes et urbanistes et fixées inégalement par les plans et cadres réglementaire. Au fur et à mesure de ce travail, nous allons suivre la progression du périmètre d’étude en fonction des époques de construction pour arriver à un périmètre actuel. En effet, on peut se poser la question de quel est le cadre d’étude et de quel Quartier Nord parlons-nous. Au final, le Quartier Nord est aujourd’hui composé des différents plans et projets qui l’ont construit au fil du temps. C’est sur l’étude de cette construction que nous commencerons ce travail. En effet, il est divisé en trois parties. Une première partie analysera les différentes étapes des mutations fondamentales du quartier: sa naissance due à la présence des gares et au développement du chemin de fer, le plan Manhattan et son déclin, la reprise du marché immobilier et l’embellissement de l’espace public et pour finir la naissance des politiques publiques et les premières rénovations. Une deuxième partie amènera des exemples de quartiers qui sont par l’histoire, la construction où la gestion similaires au Quartier Nord mais
dont le développement a abouti à des résultats bien différents. Nous verrons la gare de Lyon Part-Dieu, la gare d’Euralille et le quartier de Bordeaux Mériadeck. Ces trois exemples, dont l’histoire de la construction trouve des points communs avec le Quartier Nord, sont tous sujet à une rénovation de grande ampleur et une vision pour 2030. Pour finir, la dernière partie abordera la dernière phase de construction du quartier que nous vivons aujourd’hui. Nous analyserons les héritages des époques passées et la situation projetée pour les prochaines années au travers des différents projets immobiliers en cours. Nous terminerons sur les acteurs qui se partagent les cartes décisionnelles quant à l’aménagement du territoire. Cette partie se terminera sur une conclusion de tout ce qui, à travers chaque époque, a mené le quartier à sa situation actuelle. Enfin, nous procéderons à une critique d’une mutation dont l’incohérence dévoile une gestion décousue et déconcentrée.
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CONSTRUCTION
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Avant 1950 Avant 1950
1950-1959
1950-1959
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1960-1969 1960-1969
Avant 1950
1970-1979
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2010-2019
1950-1959
1980-1989
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1970-1979 1960-1969 1970-1979
1980-1989
1980-1989
1990-1999 1990-1999
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Périmètre 2010-2019 2010-2019
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2020-2029
Année de construction des bâtiments avant 1970
1920: UN QUARTIER MODELÉ PAR LE RAIL ET LES PRÉMICES DE LA TABULA RASA DE VICTOR BOURGEOIS
Pour comprendre la structure et le développement du Quartier Nord il faut commencer par le développement du réseau ferroviaire de Bruxelles. Depuis l’indépendance de la Belgique en 1830, l’essor des chemins de fer a été fondamental pour l’évolution de l’urbanisation de Bruxelles. Le centre névralgique du développement se trouve à Malines, au croisement des axes qui relient Anvers à la France et Ostende à la Prusse.1 Avant que la première Gare du Nord ne soit inaugurée, la gare de l’Allée Verte accueillait, dès 1835, les premiers trains du continent européen. Cette gare a permis plus d’autonomie face aux PaysBas qui bloquaient hostilement le trafic fluvial et l’accès au marché allemand.2 La gare de l’Allée Verte fait rapidement de Bruxelles le centre ferroviaire principal pour la desserte nationale et ce, dès l’inauguration de la ligne qui relie Bruxelles à Gand, sans passer par Malines.3 Ce changement radical amène l’implantation de nombreuses infrastructures ferroviaires mais aussi d’activités économiques et industrielles variées.4 La première gare arrive très vite à saturation et la Gare du Nord ouvre ses portes en 1846 place Rogier. Le quartier connaît alors un véritable essor démographique et commercial, concentré autour de la gare et désormais appelé
“le faubourg de Cologne”, en référence à la ligne ferroviaire Bruxelles-Cologne.5 En plus de l’installation d’industries et d’entreprises, il accueille de plus en plus de logements jusqu’à ce que le développement du quartier se stabilise.6 On commence à évoquer la possibilité de rejoindre la récente Gare du Midi, par un axe nord-sud. Les difficultés techniques et politiques mènent à l’abandon du plan et à une ligne de contournement par l’ouest, via Anderlecht et Molenbeek.7 On voit alors apparaître un développement industriel remarquable le long de cette ligne représenté par exemple par les abattoirs d’Anderlecht ou Tour & Taxi mais aussi une paupérisation et insalubrité des quartiers qui l’entourent.8 La pression faite sur cette ligne de détournement réouvre dès 1911 les discussions sur la nécessité d’une ligne nord-sud plus directe. Bien qu’un accord soit passé en 1903 pour démarrer les travaux de la jonction, et d’y associer l’assainissement du quartier de la Putterie et la réalisation du Monts des Arts, les expropriations et les deux guerres ralentissent les projets.9 Ce n’est qu’en 1952 que les plans aboutissent à l’actuelle jonction et à la construction de la Gare Centrale. La Gare du Nord place Rogier est détruite et la dernière gare, conçue par 15
Paul et Jacques Saintenoy est implantée à l’emplacement que l’on connaît aujourd’hui, flanquée de sa tour de l’horloge. Démunie de sa façade vers le centre-ville, la gare est repoussée vers l’extérieur de la ville en rasant sur son passage une grande partie du quartier vivant qu’elle avait engendré.10 Les travaux commencent en 1936 et aboutissent en 1956, retardés par la deuxième guerre mondiale.11 Elle est surélevée pour se mettre à niveau avec les rails, annonçant une tendance de socles et de dalles dans tout le quartier. Les travaux de la jonction causent énormément de protestations autant de la part des habitants expropriés que par des pouvoirs locaux, peu convaincus par l’urgence et le besoin de ces grands travaux. En effet, avec les progrès techniques et l’électrification du réseau, les gares en impasse ne sont plus un problème et il n’est pas essentiel de les relier. De plus, les projets de réseaux souterrains pour le métro et le développement rapide de la circulation automobile rendaient dispensables ces travaux monumentaux.12 En plus d’avoir exproprié 12 000 habitants du centre, les travaux de la jonction ont radicalement modifié la structure du tissu urbain du centre de Bruxelles en supprimant les rues et l’activité économique et sociale qui s’y était développée.13 Les vastes percées 16
causées par les travaux de la jonction et l’implantation de la Gare Centrale (V. Horta, M. Brunfaut, 1930-1947) ont justifié l’arrivée d’une vague de bureaux centralisés autours de la Cité Administrative (M. Lambrichs, Groupe Alpha - e.a., 1958-1983). Ce projet colossal avait pour objectif de réunir tous les ministères dans un point avec une grande accessibilité et qui permettait de “régénérer un quartier de taudis”.14 D’autant plus que les bâtiments administratifs et les sociétés privées sont depuis longtemps concentrées dans le haut de la ville, autour du parc royal, qui est le lieu d’implantation historique pour le pouvoir politique et économique.15 Ces premiers pôles administratifs s’articulent donc autours du parc Royal, du Quartier Léopold et la petite ceinture en éradiquant le centre historique au profit d’un quartier administratif.16 Peu avant le début des travaux de la jonction, en 1929, Victor Bourgeois présente son plan pour le “Grand-Bruxelles”.17 Victor Bourgeois est un architecte belge né à Charleroi en 1897 et décédé en 1962. Après avoir fréquenté l’Académie des Beaux-Arts de Bruxelles, il conçoit les logements de la Cité Moderne de Berchem-Sainte-Agathe (1925). Ce projet lui vaut une renommée internationale. En 1927, il commence à enseigner à l’École
de la Cambre à peine fondée par Henri Vandevelde. Il préside le premier Congrès International d’Architecture Moderne (CIAM) qui a lieu en 1928 à La Sarraz et est chargé d’organiser la troisième édition à Bruxelles.18 Architecte de formation et gardant cette prédominance dans son enseignement, sa participation au CIAM l’oriente cependant vers l’urbanisme. Il réalise dès 1929 des projets théoriques qui abordent les problèmes de
AAM/ FONDATION CIVA STICHTING, Projet de « Nouveau Bruxelles » Bruxelles, quartier nord, 1930. Plan d’implantation. Architecte Victor Bourgeois (1897-1962).
l’aménagement.19 Son plan, “Le Grand-Bruxelles” s’organise autour de l’activité urbaine générée par les gares: une première, la Gare Centrale, implantée au nordouest du centre historique et une gare internationale, au nord de l’actuel Quartier Nord. Il implante son projet dans le Quartier Nord pour jouir de la proximité avec le centre en limitant les destructions du tissu historique.20 Son plan implique la démolition totale du Quartier Nord l’inscrivant d’ores et déjà comme une zone qui mérite d’être entièrement rasée, idée qui restera dans les esprits. Le projet de Victor Bourgeois s’étend sur un périmètre de deux kilomètres de long et sept cent cinquante mètres de large.21 Par ce projet, Victor Bourgeois détermine un périmètre très large du Quartier Nord. ancré par la gare centrale au delà de la petite ceinture, le «Grand-Bruxelles» garde une forte connexion avec le centre historique. Le projet s’étend jusqu’au sud du Domaine Royal en comprenant l’actuel quartier Masui et le port de Bruxelles. Limité par le chemin de fer à l’ouest, le nouveau quartier n’est pas en bordure du canal. A l’est, seule une ligne droite sépare le projet du tissu urbain de Saint-Josse. Le nouveau quartier est composé de blocs allongés de onze étages réunis deux par deux et séparés par 17
un espace vert.22 Initialement, le plan de Victor Bourgeois était inspiré des principes de Ludwig Hilberseimer, architecte et urbaniste allemand qui prônait la répartition verticale des logements, commerces et fonctions administratives.23 Le quartier que proposait l’architecte était majoritairement à vocation résidentielle. En 1930, il propose au CIAM son plan de “Nouveau-Bruxelles”. Pour ce projet, le Quartier Nord est affecté à la fonction administrative pour y développer un quartier d’affaires. La fonction résidentielle est relocalisée au nord du domaine royal, où il développe un quartier résidentiel métropolitain.24 Ce plan pose les prémices de ce deviendra le Plan Manhattan trente ans plus tard. Comme pour annoncer la réalisation imminente du plan, le Centre International Rogier est construit en 1958, à l’emplacement de l’ancienne Gare du Nord. Le projet est développé par les architectes Jacques Cuisinier (1915-2000) et Serge Lebrun, deux architectes bruxellois qui ont collaboré sur de nombreux projets emblématiques comme la tour Albert ou l’immeuble à appartements Brusilia.25 Première tour édifiée au Quartier Nord, le Centre International Rogier s’inscrit dans le mouvement moderniste qui saisit Bruxelles avec l’Expo 58. Elle devait marquer la porte 18
d’entrée vers la nouvelle Gare du Nord et redonner à la Place Rogier l’importance qu’elle avait lorsqu’elle liait la gare à la place de Brouckère.26 Le complexe multifonctionnel de 56 000 mètres carrés abrite le théâtre national, des commerces, restaurants, 151 appartements, des bureaux et des showrooms.27 Le CIR, plus souvent appelée la Tour Martini a été la première pierre des mutations du quartier et du bouleversement du plan qui suivra peu d’années après.
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Avant 1950
1970-1979
1990-1999
2010-2019
1950-1959
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2000-2009
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Périmètre 2010-2019
Avant 1950
1970-1979 1960-1969
1990-1999
Avant 1950 1950-1959
1970-1979 1980-1989
1990-1999 2000-2009
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1950-1959 1960-1969
1980-1989
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1960-1969
Année de construction des bâtiments avant 1980
1960: LE PLAN MANHATTAN ET LA CICATRICE URBAINE
Contexte Trente ans après le plan du NouveauBruxelles, les idées de Victor Bourgeois refont surface sous la forme du Plan Manhattan. Les années soixante marquent un changement de mentalité face à l’aménagement. Premièrement, en 1962 est adoptée la première loi organique sur l’aménagement du territoire et de l’urbanisme. Cette loi donne les instruments au pouvoir fédéral et local de mettre en place des politiques en regard de l’aménagement, en plaçant une hiérarchie de plans réglementaires, qui régulent les lois sur les bâtisses, les expropriations ou encore les lotissements. Cette loi instaure le modèle d’aménagement divisé entre le pouvoir global de l’état et le pouvoir local des communes qui restera en place jusqu’aux années nonante et qui laisse encore des héritages très présents aujourd’hui. Dans l’absence d’une politique pour l’agglomération bruxelloise, la gestion urbaine se fait soit à l’échelle locale, donnant énormément d’influence aux communes.28 L’absence de plan régional donne aussi beaucoup plus de liberté aux propriétaires privés de se saisir des décisions quant à l’aménagement de quartiers entiers, comme nous allons le voir dans ce chapitre.
D’autre part, un grand changement est marqué par l’arrivée du modernisme à Bruxelles et par l’émergence d’un marché immobilier de bureaux dû à la tertiarisation et l’internationalisation de Bruxelles.29 La présence d’investisseurs internationaux démultiplie la naissance de bâtiments modernes qui se propagent le long de la jonction nord-midi, souvent au dépens du tissu urbain bruxellois. C’est dans ces années que se forme l’actuel Central Business District (CBD), qui s’étend du Quartier Midi, au Quartier Léopold, jusqu’au Quartier Nord. Une fois la jonction nord-midi aboutie et une partie du centre transformé en quartier administratif, l’Expo 58 marque le point d’honneur dans le changement radical d’urbanisation à Bruxelles. Le “tout à l’automobile” gouverne les pensées et les visions pour le futur de la capitale reléguant la conservation patrimoniale au deuxième plan.30 Ensuite, l’internationalisation de la capitale due à l’installation d’institutions comme le siège politique de l’OTAN ou le siège provisoire des institutions européennes, ouvre la voie pour un marché au delà des frontières nationales.31 Portés par les pouvoirs publics, les promoteurs immobiliers développent un plan d’aménagement du Quartier Nord en centre d’affaires. Celui-ci, détaché de 21
sa relation au centre ville, se trouve dans une situation fragile. La jonction nordmidi a divisé et isolé le quartier Brabant et causé le reculement de la Gare du Nord cinq-cent mètres derrière la place Rogier. En outre, le viaduc Léopold II (1958) marque la rupture physique entre le Quartier Nord et le pentagone.32 Ces grands changements causent le départ d’une part de la population qui dispose des moyens financiers, sociaux ou culturels. Il ne reste alors que les plus âgés, précarisés et les nouveaux venus, qui trouvent dans le quartier des logements disponibles et à un coût très bas. Petit à petit, les médias évoquent la nécessité de repenser entièrement le quartier et ouvrent la voie au Plan Manhattan. Acteurs Le Plan Manhattan est principalement porté par une constellation d’acteurs et sociétés privées menées par la figure de Charly de Pauw de la CDP Compagnie de Promotion. Charly de Pauw est né en 1920 à Bruxelles et mort en 1984. Après avoir été marchand d’extincteurs, il se lance en 1958 dans la promotion immobilière, se spécialisant dans les parkings et les complexes administratifs. Après avoir développé de nombreux parkings dans 22
le centre de Bruxelles, il développe son entreprise à Anvers, Liège, Amsterdam, Berlin, Paris et bien d’autres villes.33 La Compagnie de Promotion, initialement Terres et Domaines puis Consortium des Parkings, devient rapidement une des sociétés les plus influentes dans le domaine de la promotion immobilière à Bruxelles. La CDP est derrière de nombreux projets comme le Parking 58 (1986) ou la tour Philips (Groupe Structures, 1967-1969). Pour chacun de ces projets il est soutenu par un proche collaborateur et homme politique influent, Paul Vanden Boeynants. Homme politique du Parti Social-Chrétien (PSC), le surnommé VDB a été premier ministre à deux reprises et échevin de la Ville de Bruxelles. Il a entre autre été l’organisateur de l’Expo 58.34 A l’époque de la réalisation du plan Manhattan, Paul Vanden Boeynants est échevin des travaux publics. Il devient premier ministre de 1966 à 1968. Porté par ces deux figures puissantes et charismatiques, le projet est d’autant plus fort qu’il est épaulé par un grand nombre d’acteurs politiques de toutes idéologies dans les trois communes: la Ville de Bruxelles, Schaerbeek et Saint-Josse-TenNoode. A la tête de ces communes on retrouve pour la Ville de Bruxelles, Lucien Cooremans (1899-1985), représentant
du PLP, Parti de la Liberté et du Progrès, ancien parti libéral. A Schaerbeek, deux Bourgmestres se sont succédés à la fin des années soixante. Gaston Williot (1905-1990), bourgmestre libéral et simultanément rédacteur en chef du journal La Dernière Heure, élu en 1963 jusqu’en 1970 et Roger Nols du Front Démocratique Francophone, puis du Front National. A Saint-Josse-Ten-Noode, Guy Cudell (19171999) est à la tête de la commune depuis 1953. Bourgmestre socialiste, il a été une figure emblématique, principalement pour ses politiques d’hospitalité et de relation proche avec les habitants.35 C’est d’ailleurs le seul des trois bourgmestre qui a contraint les promoteurs privés de maintenir la quantité de logements initialement prévue par les architectes. Les deux autres ont toléré une plus grande quantité de bureaux, au détriment de la fonction résidentielle. Aujourd’hui, on retrouve encore ces logements le long de la rue du Progrès.36 Guy Cudell a d’ailleurs été à l’initiative du premier plan d’aménagement du territoire à l’échelle de l’agglomération, le “plan de secteur”, commencé en 1973 et signé en 1976 par Paul Vanden Boeynants. Le projet est dessiné par le Groupe Structures, bureau d’architecture considéré comme un des plus influents à Bruxelles dans les années soixante. Fondé en 1949
par Raymond Stenier (1921-2014), Louis Van Hove (1920-), Jacques Boseret-Mali (1917-2003) et Jacques Vandermeeren (1920-2004). Le succès du Groupe se trouvait dans leur ambition de rationaliser et rendre plus efficace le processus de construction de projets d’architecture par la standardisation et préfabrication. On leur doit de nombreux projets à Bruxelles autres que le plan Manhattan comme la tour Philips, aussi aux côtés de Charlie de Pauw et le centre Monnaie (1970-1980), le complexe de logement du rempart des moines (1964-1966), l’hôtel Sheraton (19681973)sur la place Rogier ou la cité moderne du Heysel (1960-1972). Leur participation à de nombreux projets spéculatifs et contestés les a souvent associés à l’image des architectes impitoyables au service de la finance et des politiques.37 Du côté de l’opinion publique, les médias défendent le projet et le plan ne se heurte qu’à très peu de réfractaires. Les voix de contestations étant divisées et peu identifiables, elles sont faciles à discréditer.38 C’est à la même époque qu’émergent les groupes d’action et de collectifs de réflexion sur l’urbanisme bruxellois comme les Archives d’Architecture Moderne (AAM) en 1969, l’Atelier de Recherche et d’Actions Urbaines (ARAU) en 1968 et l’Inter-environnement 23
Production de la ville Politique/Administratif Nouveau Bruxelles Victor Bourgeois
Louis Van Hove
Raymond Stenier
Paul Vanden Boeynants
Groupe Structures
Premier ministre du Gouvernement fédéral
Guy Cudell (PS)
SJTN
Jacques Boseret-Mali
Ville pour trois millions d’habitants Le Corbusier
Roger Nols (FDF)
Plan Manhattan
Schaerbeek
PPA III
Lucien Cooremans (PLP)
PPA II
VdB
PPA I
Permis
QN
Communal
Fédéral
Construction
ARAU
Compagnie de Promotion
S.A.MC
Charly de Pauw
S.A. DELEC
AAM
S.A. B&P
S.A. LOTIMO
IEB
Social
Economique/finance Constellation d’acteurs - Projet Manhattan
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Bruxelles, en 1974. Une figure emblématique de ce mouvement contestataire est celle de Maurice Culot (1939- ). Fondateur des AAM et membre fondateur de l’ARAU, il s’appuie principalement sur les pratiques du contre-projet pour sensibiliser, débattre les projets sujet à des controverses. Cet outil a été utilisé en premier en 1969 pour le projet du Carrefour de l’Europe qui avait été sollicité par le même Charlie de Pauw.39 Cependant, aucune voix militante à la hauteur de ses adversaires ne s’élève contre le plan. En 1967, le projet est accepté, façonné dans le cadre juridique d’un Plan Particulier d’Aménagement (PPA).40 Les objectifs Le plan, élaboré par le groupe Structures est largement inspiré du projet de Le Corbusier de la ville contemporaine de trois millions d’habitants. Avec ce projet théorique pensé en 1922, Le Corbusier vise quatre objectifs: la densification des villes, la décongestion des centres urbains pour des raisons d’hygiène et de cadre de vie, l’augmentation et l’intensification des moyens de transport, et l’augmentation de la végétation. Par le biais d’un plan cartésien, fondé sur le principe de tabula rasa, l’architecte divise la ville. Une centralité de tours
concentre les fonctions administratives et résidentielles. En périphérie, on retrouve des zones industrielles et des cités-jardins. Le centre s’élève au dessus de l’air vicié et insalubre pour offrir aux résidents des villes un cadre de vie tout aussi qualitatif que dans les campagnes. L’implantation des tours dégage une grande surface dédiée à la végétation. Les circulations sont augmentées et séparées de l’espace public grâce à des autoroutes urbaines en souterrain. Ce qui nous intéresse est le caractère de ce plan. Sur base d’un terrain non contextualisé, Le Corbusier dresse une ville hypothétique pour donner les bases de l’urbanisme moderne. Lui-même dans son livre Urbanisme écrit “Je me suis donné un terrain idéal. Le but n’était pas de vaincre des états de choses préexistantes mais d’arriver en construisant un édifice théorique rigoureux, à formuler des principes fondamentaux d’urbanisme. [...] Envisager là dans la suite le cas d’espèce, c’est-à-dire n’importe quel cas: Paris, Londres, Berlin, New-York, c’est être maître. [...] Car c’est livrer une formidable bataille que de vouloir urbaniser une grande ville contemporaine. Or, voyez-vous se livrer une bataille sans connaissance précise des objectifs à atteindre? Nous en sommes exactement là.” C’est donc en se basant sur les 25
Plan Manhattan, implantations et circulation, sur IrisMonument (1967)
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Projet pour le World Trade Center, sur IrisMonument (1967)
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Vue aérienne du quartier Manhattan en direction de la gare du Nord, avec le World Trade Center dessiné en rose, sur IrisMonuments (1967)
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Boulevard Roi Albert II, vue aérienne du World Trade Center et de la tour TBR en 1980 , sur IrisMonument
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principes de Le Corbusier que le Plan Manhattan implique de raser le Quartier Nord, autrement dit cinquante-trois hectares de logements, commerces et industries implantées dans le quartier et le long de la Senne, dans ce quartier annoncé comme insalubre et vétuste par les porteurs du projet et comme populaire et vivant par ses réfractaires. Le périmètre du plan Manhattan est plus restreint que celui du projet de Victor Bourgeois. En effet, le projet est centralisé autour de la gare du Nord. A partir de là sont tracés deux axes, le boulevard Simon Bolivar et le boulevard Émile Jacqmain prolongé, actuel boulevard Albert II. C’est autour de ces deux axes que s’articulent les îlots du projet et le périmètre général. De nouveau, les limites du projets s’étendent au delà de la petite ceinture, par un bâtiment qui marque la continuité vers le centre et probablement vers les autres projets d’affaire des architectes et du même promoteur, c’està-dire le centre Monnaie et la tour Philips. A l’ouest, l’allée verte marque la frontière nette, en excluant le canal du projet. A l’est, le plan est délimité par les rails de la récente jonction nord-midi. L’objectif du plan est de créer un centre d’affaire international, au croisement des autoroutes nord-sud, qui 30
relient Amsterdam à la Méditerranée en passant par Paris et est-ouest qui relient la Turquie et l’Atlantique.41 Un projet colossal, qui se veut le plus ambitieux en Europeoccidentale: quatre-vingt immeubles dont la hauteur varie de dix-huit mètres à cent soixante deux. Les immeubles hauts sont construits sur un socle de treize mètres de haut, sur lequel s’étend une dalle piétonne et sous laquelle se passe le trafic routier.42 Cela découle du principe fondamental du projet qui est de séparer la circulation piétonne de l’automobile, cette dernière étant reliée à un important réseau d’autoroutes urbaines. Le groupe Structures prévoit, sur les trois communes, 684.000 mètres carrés de bureaux et infrastructures hôtelières, 554.000 mètres carrés de parkings et entrepôts, 375.000 mètres carrés de commerces et 405.000 mètres carrés de logements. Le projet est défendu comme un vecteur d’emploi et d’économie et une opération de modernisation et d’assainissement du quartier. Cette logique a été appliquée peu avant au quartier de la nouvelle gare centrale et aux quartiers traversés par la jonction nord-midi. Elle continue donc à justifier des projets immobiliers de centres administratifs entourés de spéculation, rentabilité et gonflement de capital.
Les outils d’exécution du plan Pour mettre en place ce plan, trois outils principaux ont été utilisés: Plan particulier d’aménagement (PPA) Premièrement, il fallait libérer les cinquante-trois hectares de terrain. Racheter chaque parcelle une par une représente un prix et une durée beaucoup trop conséquente pour les promoteurs. La mise en place de PPA sur les trois communes assure la libération du terrain par les pouvoirs publics. Les PPA, outils communaux développés dans la loi organique de 1962, sont des plans réglementaires qui déterminent les alignements, gabarits, densités et affectations. Ils ont pour objectif de limiter les libertés des propriétaires immobiliers dans un but d’une gestion urbaine communale. Sarah Levy écrit dans sa thèse La planification sans le plan: “[La réglementation] permet aux autorités publiques d’imposer des restrictions pour assurer le bon aménagement des lieux, elle accorde, dans le même temps, des droits de construire aux acteurs qui s’inscrivent dans son cadre”.43 En effet, une fois que les acteurs privés s’impliquent dans le développement du PPA, ce dernier leur garantit un cadre
stable dans lequel développer le projet. Les PPA garantissent aussi que ce seront les communes qui délivreront les permis pour tous projets inscrits au sein d’un des plans. Dans le cas des PPA du Quartier Nord, les revendications citoyennes faites lors de l’enquête publique sont rejetées car “les oppositions et remarques concernent toutes des intérêts particuliers. Or, en matière d’urbanisation et d’expropriation pour cause d’utilité publique, l’intérêt privé doit céder le pas à l’intérêt général”.44 Les trois PPA sont établis chacun sur leur commune mais pensés comme un grand plan unique qui permet le développement et la réalisation du plan du Groupe Structures. Expropriation: Ces PPA donnent donc aux pouvoirs publics l’autorité d’exproprier tous les terrains repris dans le plan sous le signe de l’autorité publique et surtout de l’urgence, droit découlant également de la loi organique de 1962. L’urgence a d’ailleurs été l’excuse pour justifier l’absence totale de suivi pour les personnes expropriées. En effet, les plans ont été approuvés sans aucune garantie ou clause de relogement et très peu des expulsés ont été relogés, suivis, voire même compensés. Lors des 31
discussions pour la mise en place du plan, l’obligation de construire des logements sociaux avant le début des expropriations avait été évoquée mais aucune garantie n’a jamais été apportée. D’ailleurs les projets faits pour les logements sociaux Harmonie et ceux du Foyer Laekenois prévus chaussée d’Anvers tardent à être construits alors que les expropriations ont commencé sans attendre et cela, dès 1965.45 Les logements sociaux seront eux finis entre 1972 et 1974. Emphytéose: Le rachat des terrains aurait été hors de prix pour les investisseurs. La mise en place des expropriations par les pouvoirs publics les a rendus propriétaires. Ils ont ensuite cédés ces terrains par emphytéoses aux promoteurs. Le choix de ce contrat a engendré de nombreux débats quant aux bénéfices pour les communes. L’emphytéose est un contrat de droit réel immobilier qui confère au locataire le droit de jouir du bien comme un plein propriétaire, pendant une durée de 27 à 99 ans, moyennant un canon.46 Dans ce cas-ci, les terrains en question ont été mis en emphytéose moyennant un canon extrêmement bas. A terme de ces 99 ans, le terrain et tout ce qui s’y trouve, revient au tréfoncier, donc au 32
plein propriétaire. Aujourd’hui, certains de ces terrains sont encore sous ces contrats. Déclin du plan Après la construction des deux premières tours WTC (Groupe Structures, A. et J. Polak, R. Stapels, C. Emery, 1969-1974), de la tour RTT (H. Guchez, 1976), du Centre Communication Nord (Groupe Structures, 1974-1982) et du Manhattan Center, le plan connait un déclin fulgurant. La première tour du World Trade Center ne trouve pas d’occupant et doit être hypothéquée. Les pouvoirs publics en louent une partie pour sauver le projet. Cette décision est perçue par les citoyens et les médias comme l’aide des autorités publiques pour sauver une société privée de la faillite. Le plan ne fait rapidement plus l’unanimité. D’abord, les revendications citoyennes contre le Plan Manhattan s’élèvent de manière plus concrète. Le Groupe d’Action du Quartier Nord rend la lutte visible grâce à des manifestations et des actions plus radicales pour l’aide au relogement. En 1972, l’Atelier de Recherche et d’Action Urbaine (ARAU) accepte enfin de rédiger un article qui révise le plan et propose des scénarios alternatifs. Albert Martens (1940- ), cofondateur du groupe d’action du Quartier Nord, rédige en 1974 Le Plan Manhattan
ou que crèvent les expulsés. D’autres médias commencent à présenter une vision plus critique du projet. Simultanément, la capitale entière est victime d’une baisse d’investissements immobiliers due à la crise pétrolière de 1973. De plus, la surproduction de bureaux pendant les Golden Sixties cause une vacance générale et le marché de bureaux perd de sa rentabilité, rendant l’intérêt du Plan Manhattan complètement obsolète. L’arrêt de la construction a laissé le quartier dans un état d’abandon jonché de friches urbaines, laissant la population non expropriée ou relogée en proie à la démultiplication des problèmes sociaux.47 Par ailleurs, l’échec du plan et les friches qui ont longtemps jonché le Quartier Nord sont la preuve la plus irréfutable de l’absence d’urgence dans les expropriations. Au final, le plan n’a pu être déjoué mais les auteurs ont été fortement dépréciés et le Plan Manhattan est devenu un des exemples les plus marquants de la Bruxellisation, c’est-à-dire de la destruction urbaine au détriment du patrimoine social, culturel, économique et bâti, dans un but de rentabilité économique.48 “Le Quartier (Nord) fut montré du doigt comme le symbole des excès d’un urbanisme capitaliste dans lequel les autorités ont joué un rôle coupable.” 49
De plus, l’abandon du plan ne s’est pas fait uniquement au détriment de l’immobilier et des logements. L’espace public, tracé dans le plan comme des autoroutes urbaines recouvertes d’une dalle piétonne a été laissé en suspens. Seuls les grands axes routiers ont été creusés puis délaissés à une circulation trop faible pour l’ambition de l’époque. Dès lors, on peut conclure que le projet Manhattan était un plan audacieux, que les politiques communales ont permis de mettre en action très rapidement, prouvant l’efficacité d’action de cellesci. Armées de PPA et menées par des personnalités puissantes et emblématiques, les communes se sont assurées un rôle central dans l’aménagement du territoire. Le plan Manhattan a d’ailleurs prouvé que ce pouvoir allait au delà de limites communales, s’étendant dans l’agglomération bruxelloise. Cependant, les promesses non tenues d’un quartier moderne qui embellirait Bruxelles, apporterait emploi, logements et salubrité ont porté même plus qu’au déclin, au reniement du plan. En 1983, CDP s’ôte de toute responsabilité et revient sur les résultats du plan:
“- Donc la démolition des vieilles maisons et la construction de ceci, qui n’est 33
pas terminé vous a permis de fournir un certain nombre d’emplois. - Très important! Maintenant moi je dois dire que je n’ai rien à voir avec les expropriations, moi je ne suis venu qu’à la demande de la ville. [...] Ceci (en montrant la maquette du plan Manhattan) est le grand projet qu’ont fait l’état et les villes, dans lequel nous ne sommes pour rien. - Oui parce qu’on vous a parfois reproché certaines choses. - Monsieur, celui qui fait la vaisselle il casse bien des tasses.”50 La distance entre les intentions promises et la solution proposée, entre les intérêts privés des acteurs du projets et les résultats obtenus mettent en exergue la faiblesse du plan et des ses contracteurs, qui est aujourd’hui plutôt qualifié de “collusion politico‐financière dont n’ont pas encore été blanchis ni M. Paul Vanden Boeynants, ministre d’État, ni M. Charles De Pauw”.51 On peut toutefois octroyer au plan l’audace d’un master plan complet qui ne serait plus imaginable dans le contexte politique et institutionnel d’aujourd’hui. On peut maintenant voir les différences flagrantes entre le plan Manhattan et le plan de Le Corbusier. En effet le plan Manhattan est comme une mise en application littérale du projet de 34
ville pour trois millions d’habitants, tout en évinçant certains principes essentiels. En effet, pour se pourvoir d’un terrain neutre et rétablir la géométrie qui caractérise l’urbanisme de Le Corbusier, le plan Manhattan a débuté sur une tabula rasa du quartier en traçant les grand axes et en s’articulant autour de la gare. Cependant, ce terrain rasé, n’en est pas moins pourvu de préexistant et de contexte. Ainsi le développement du centre administratif, la densification et les autoroutes urbaines répondaient à l’époque à un idéal de ville en devenir qui jamais ne répondra aux besoins de la capitale. De plus, dans la théorie, la densification de la ville dégage une surface verte qui ramène la végétation dont la ville fait défaut, par rapport aux campagnes. Dans le plan Manhattan, les tours se posent sur des socles qui occupent l’intégralité de la parcelle. L’espace public dédié aux piétons s’élève treize mètres au dessus du sol et est ponctué de verdure de plaisance, de jardins et pelouses qui tracent des sentiers piétons, loin du poumon vert pensé par l’architecte suisse. On peut conclure en disant que le plan Manhattan, dont les décisions et l’élaboration ont été faites en urgence a résulté n’être qu’une bataille infondée, dont les porteurs n’ont pas eu l’ambition de
porter jusqu’au bout. Le Corbusier termine son introduction du projet par ceci.“La Bête, la Grande Ville est bien plus forte que cela, elle ne fait que s’éveiller. Qu’inventerat-on demain?”52 Cette conclusion prend tout son sens dans une situation comme celle que l’on connaît au tournant du plan Manhattan. Ce premier plan, audacieux et excessif aurait dû être abouti pour en voir les qualités. Il n’en résulte que des bribes sur lesquelles devront se reconstruire les prochaines vagues d’urbanisation du quartier.
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Avant 1950
1970-1979
1990-1999
2010-2019
Avant 1950 1950-1959
1970-1979 1980-1989
1990-1999 2000-2009
2010-2019 2020-2029
Avant 1950
1970-1979 1950-1959 1960-1969
1990-1999 1980-1989
2010-2019 2000-2009
2020-2029
Avant 1950 1950-1959
1970-1979 1980-1989 1960-1969
1990-1999 2000-2009
2010-2019 2020-2029
1950-1959 1960-1969
1980-1989
2000-2009
2020-2029
1960-1969
Année de construction des bâtiments avant 2000
Périmètre
1990: LE RENOUVEAU IMMOBILIER
Contexte L’aménagement des années nonante est marqué par la régionalisation de Bruxelles. En 1989, le niveau de pouvoir de la Région Bruxelles-Capitale est donc ajouté au fédéral, pouvoir centralisateur et au communal, pouvoir local. Ce changement dans l’organisation institutionnelle du pays modifie profondément la manière de concevoir l’aménagement du territoire. Le Quartier Nord que l’on entend à ce moment là est similaire à celui du Plan Manhattan. En effet, le plan laisse encore des traces et les projets qui naissent découlent directement des PPA encore en vigueur. Ce périmètre n’inclut pas de zones habitées et renforce l’introversion du quartier administratif. Ceci sera en partie induit par les réformes qu’entraine la régionalisation de Bruxelles. Charles Picqué, premier MinistrePrésident du gouvernement de la Région Bruxelles-Capitale, initie dès 1990 un projet pour un Plan Régional de Développement (PRD). Il est mis en vigueur en 1995 et comprend des dispositions indicatives et réglementaires dont plusieurs points auront un impact important sur le Quartier Nord.53 Premièrement, le pouvoir régional met en place une politique de revitalisation
des quartiers et de rénovation urbaine. En 1993 est publiée L’ordonnance organique de revitalisation des quartiers. Un des outils instaurés est le Contrat de Quartier (CQD). Les CQD sont des plans d’actions financés par la Région et exécutés par les communes dans un budget et un temps limité.54 Ils permettent aux communes de développer des solutions locales et rapides dans des quartiers précaires pour des problématiques liées aux espaces publics, aux projets immobiliers et aux projets socioéconomiques.55 Par cet outil, elles ont gardé un contrôle sur l’aménagement à un niveau local. Dans les années nonante, plusieurs contrats de quartier durable ont pris place sur la commune de Schaerbeek et de la Ville de Bruxelles, érigeant des logements et équipements dans les quartiers autours du Quartier Nord. Celui-ci n’a pas été inscrite dans les premier programmes de revitalisation car la politique de revitalisation urbaine est principalement concentrée sur la protection du logement et des quartiers habités face à l’expansion du parc immobilier de bureaux.56 Ensuite, le PRD introduit une réforme quant à l’aménagement de l’espace public. On aperçoit des préoccupations quant à l’embellissement et à l’amélioration du cadre de vie portées par les opérations régionales. Cela se 37
voit notamment au travers du Manuel des espaces publics bruxellois commandité par Charles Picqué et publié en 1995. Celui ci présente le bon aménagement des espaces publics de la région en matière de revêtement, plantation, mobilier et luminaires. Il ne s’occupe que de “l’art urbain”.57 Ainsi, on aperçoit un avant et un après dans l’aménagement des espaces publics bruxellois. Avant 1989, l’aménagement consistait à mettre en place des projets d’infrastructures à grande échelle, concernant la mobilité routière et ferroviaire, comme la jonction et les viaducs. Après, arrivent des projets plus locaux qui ont pour préoccupation l’embellissement de la ville et l’amélioration du cadre de vie, qui passe notamment par la réduction de la voiture.58 En 1989, le projet des Étangs nord, mené par Philippe Debloose est développé par l’atelier d’architecture ARC, comme pour annoncer les changements imminents. Le master plan prend place sur le territoire entre Tour et Taxi, le canal et le plan Manhattan, en élargissant le périmètre considéré comme le Quartier Nord. Le nouveau quartier instaure comme fonction principale des logements mais aussi des commerces, de la petite industrie des bureaux et hôtels. Cela pose le problème des logements présents dans le quartier. D’une part, le projet critique 38
le manque criant de logements et d’autre part, déplore la qualité des logements construits pour reloger les expulsés du plan Manhattan. Au moyen d’une architecture classique, les architectes redessinent rues, ilôts et espaces publics. Afin de redonner aux quartier un côté attrayant et un cadre de vie qualitatif, les axes sont aménagés autours de canaux et étangs. Cette réflexion sur l’intégration rejoint les initiatives de Charles Picqué d’améliorer le cadre de vie via l’embellissement des espaces publics. De plus, en élargissant le périmètre du Quartier Nord, cela redonne de l’importance aux axes le traversant parallèlement au boulevard Albert II. De cette manière, le quartier acquiert plus de liens vers le centre ville, dans l’intention de le désenclaver. Le projet sera fortement critiqué et finalement abandonné.59 Nous en retiendrons l’effort mis dans l’aménagement de l’espace public et l’importance d’un périmètre dont le centre de gravité est glissé de plus en plus vers le canal. Un projet réalisé qui marquera le changement de mentalité au regard de l’aménagement de l’espace public et celui du boulevard Albert II. Il est aménagé par le paysagiste Jacques Wirtz (1924-2018) en 1995. Ce paysagiste belge a notamment participé au pavillon belge de l’Expo 70 d’Osaka ou au Jardin du carrousel dans
ARC, plan d’implantation, dans LOZE, P., Le projet pour le quartier nord et ses alentours, dans A+ Architecture, n°110, janvier février mars 1991, Bruxelles, P. 43
le Jardin des Tuileries à Paris. Dans le Quartier Nord, il aménage le talus central de ce boulevard monumental en 30 270 mètres carrés d’espace vert. Des sentiers bordés de chênes traversent en diagonale les longues pelouses. Des places circulaires s’ouvrent là où les chemins se croisent.60 C’est autour du boulevard Albert II et non par hasard que se concentre la plus grande partie des bâtiments construits dans les années nonante: North Plaza (Jaspers Eyers, 1993), North Gate (Jaspers Eyers, AAG, 1990), Hendrik Conscience (Jaspers Eyers, 1998), Graaf
de Ferraris (Jaspers Eyers, 1997). En effet, la régionalisation de Bruxelles entraîne également un besoin renaissant de bureaux.61 Cette centralisation d’administrations est une stratégie idéale pour recouvrir ce qui semble être un trou béant dans le tissu bruxellois. Tous les bâtiments le long du boulevard sont occupés par l’administration flamande. La Région Bruxelles-Capitale décide de s’installer au dessus de la gare du Nord, dans une extension du CCN construite en 1992 à cet effet.62 Le Quartier Nord devient alors un quartier principalement 39
d‘administrations publiques. Au niveau de l’immobilier du Quartier nord, suite aux friches créées par le ralentissement du développement immobilier des années septante et quatrevingt, les années nonante marquent un tournant. D’une part, les tours recommencent à émerger des parcelles désertées. Le premier projet qui retient notre attention parmi ceux construits dans cette décennie est celui des Tours Pleiad, aujourd’hui appelées Tours Proximus. Il est important de noter que ces tours se situent sur la commune de Saint-Josse-Ten-Noode, seule commune dont le Bourgmestre Guy Cudell n’a pas changé depuis le plan Manhattan. En effet, ces tours entrent dans la continuité du plan Manhattan en s’élevant sur 102 mètres au croisement entre le boulevard Simon Bolivar et le boulevard Albert II. Cependant, bien que l’emplacement et les gabarits soient ceux définis par le plan Manhattan, nombreux de ses concepts directeurs ne sont pas repris par ce projet. Les Tours Pleiad sont construites en 1992 par les architectes Atelier CRV, nouveau nom du Groupe Structures, repris par Jacques Cremer, Jean van Pottelsberghe et Léo Ravenstein. Elles ont été remaniées deux ans plus tard par Michel Jaspers pour le rachat de Belgacom. 40
C’est lors des retouches que les tours ont été parées de la passerelle et de l’antenne qui caractérisent le bâtiment aujourd’hui.63 A l’inverse des tours prévues par le PPA du Groupe Structures, le bâtiment ne s’implante pas sur un socle de treize mètres de haut comme les WTC I, II et III, qui devaient accueillir la dalle piétonne. Le bâtiment est ancré dans le sol et quelques halls d’entrée ou volumes qui unissent les rez-de-chaussée rappellent les socles des années soixante. Ce bâtiment affirme donc la rupture nette que marquent les années nonante par rapport au plan Manhattan. L’esthétique est maintenue, en développant des tours administratives autour de la gare mais les principes d’aménagement urbains sont reniés. On voit donc clairement que l’objectif n’est pas de continuer le plan précédent, vu le renouveau économique naissant dans le quartier mais de remettre les parcelles en proie aux opérations immobilières privées et ponctuelles. Le rôle de l’architecte L’essor du marché immobilier de bureaux des années soixante a contribué à l’uniformisation du style architectural des bâtiments de bureaux. On a vu apparaître la construction en blanc, c’est-à-dire “une construction initiée sans qu’aucune vente
ou location préalable n’ait été conclue avec un futur occupant ou utilisateur. Le bâtiment est construit de manière spéculative, en espérant trouver ensuite un ou plusieurs locataires ou acheteurs”.64 Cette technique est utilisée pour accélérer le processus de conception et de construction des projets de grande envergure. Les projets du Quartier Nord entre autres, sont construits sur un modèle qui ne se base pas sur la relation entre le maître d’ouvrage et l’architecte mais sur un modèle de rentabilité économique entre le promoteur et le concepteur basé sur une recette de bureau universellement applicable.65 Il en résulte un paysage urbain monotone et qui présente très peu de qualités architecturales en plus de dégager une froideur qui se reflète sur l’habitabilité du quartier. Cette monotonie architecturale est d’autant plus perceptible qu’il y a la surreprésentation de certains architectes dans le quartier. On en déduit qu’ils sont convoités pour leur expérience dans ce type d’architecture plus que pour la qualité des projets proposés, ce qui ne fait qu’augmenter cette monotonie avec très peu de chances de diversité. On pense notamment au bureau Jaspers-Eyers, bureau responsable de la majeure partie des projets des années nonante. Michel Jaspers (1935-
Bâtiments conçus par Michel Japsers
) est un architecte belge et une figure représentative du post-modernisme en Belgique. Il fonde son bureau en 1960 et est rejoint par John Eyers en 2001. Le bureau Jaspers Eyers est donc ouvertement reconnu pour son efficacité et son expérience dans la rentabilité foncière des projets immobiliers. On peut faire un parallèle entre Michel Jaspers et John Portman (1953-2017), architecte américain. Originaire d’Atlanta, ses projets dans la ville se sont démultipliés jusqu’à redéfinir presque entièrement le profil de la ville. Parmis ses projets les plus célèbres, 41
on compte l’hôtel Atlanta Marriott Marquis (1985) ou encore le Hyatt Regency Atlanta (1967). Il a été de nombreuses fois critiqué pour son implication dans la promotion immobilière, allant à l’encontre de la recherche de qualité architecturale pour certains. Pourtant John Portman défendait la figure de l’architecte complet qui peut porter son projet des détails du design et du mobilier jusqu’au développement immobilier. De la même manière, le bureau Jaspers-Eyers s’est démarqué en faisant presque de la prospection immobilière. En effet, le bureau conçoit des projets qu’on pourrait qualifier d’audacieux, comme la banque KBC (1994) le long du canal ou des programmes plus risqués comme l’Espace Jacqmotte (2001) dans les Marolles, qui réunit logements, bureaux et commerces. Aujourd’hui, le bureau repris par le fils de Michel Jaspers, Jean-Michel Jaspers, suit le même modèle de développement. Auteurs de la majeure partie des projets du Quartier Nord, les architectes redéfinissent le paysage urbain grâce à des méthodes et des connaissances fines de la promotion et prospection immobilière. Les ressemblances se voient même dans le détail architectural: “Tous les immeubles sont axés autour du principe de l’atrium. Ils vivent ainsi fermés sur euxmêmes et ne doivent pas s’entourer de 42
jardins qui les dissocieraient du paysage environnant”.66 En reprenant un langage et une symbolique architecturale propre à Portman, Jaspers-Eyers se positionne comme un acteur complet et presque évident pour des projets comme ceux que l’on voit au Quartier Nord. Les charges d’urbanisme C’est dans ces années que sont introduites les charges d’urbanisme, telles qu’on les connaît aujourd’hui. L’introduction des charges d’urbanisme favorise le développement des logements en parallèle à l’explosion des bureaux qui reprend dans les années nonante. Les charges d’urbanisme sont soit des obligations architecturales soit le paiement d’une contribution pour compenser les coûts et besoins en infrastructures publiques liées au projet proposé. Les obligations architecturales sont généralement dédiées à la réalisation de logements sociaux, d’espaces verts, de parkings, ou d’équipements scolaires, culturels, sportifs, sociaux, de santé. Quant aux charges supplémentaires, elles sont versées à la commune dans laquelle s’implante le projet mais elles ne sont pas forcément réinjectées dans l’environnement proche du projet ni à son intégration dans le
quartier. Dans les années nonante, pour cinq mètres carrés de surface de bureaux, les promoteurs doivent financer un mètre carré de surface habitable. C’est donc un outil d’indemnisation pour les inconvénients causés par la réalisation des grands projets à vocation administrative. On voit l’apparition d’un outil “de réparation” qui marque la volonté de compenser les dommages causés ailleurs. C’est via les charges d’urbanisme des bâtiments du boulevard Albert II que sont développés la plupart des logements le long de la chaussée d’Anvers. Par exemple, les logements du Foyer Laekenois dans la chaussée d’Anvers sont construits en même temps que le North Gate à la demande de la commune. Le manque criant de logements dans le quartier pousse les communes à introduire des “mini-PPA”, qui prévalent sur le PPA de 1967 et qui permettent de baisser la valeur du foncier en diminuant la hauteur des gabarits possible. On voit alors de nombreux logements se développer dans les îlots entre la chaussée d’Anvers et la rue du frontispice. Ces investissements sont aussi utilisés pour des équipements publics et socio-culturels comme l’église Nicolaï, une maison de quartier et une salle polyvalente.67 Dans un effort “d’humanisation du quartier”, les charges sont aussi à l’origine des statues
sur le boulevard Albert II.68 Excepté les projets d’embellissement du boulevard Albert II, très peu d’opérations ont été faites pour améliorer l’espace public et le “tout-à-l’automobile” pèse encore sur le quartier. Pour conclure, une nouvelle série d’acteurs entre dans la danse. La Région doit intégrer sa place entre le pouvoir de l’état et les instances locales, historiquement très actives et efficaces dans l’aménagement du territoire. Les différents projets montrent un rejet du plan Manhattan. Cependant, on ne voit pas l’émergence d’un plan général qui place des objectifs pour le quartier. On peut dire que l’aménagement du Quartier Nord s’inscrit dans un urbanisme de projet plutôt qu’un urbanisme de plan, c’est-à-dire que les autorités publiques ne mettent pas en place un master plan mais l’aménagement se fait par des projets indépendants et ponctuels.69
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Avant 1950
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Avant 1950
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1970-1979
1990-1999
2010-2019
Année de construction des bâtiments jusqu’à aujourd’hui
Périmètre
2000: LES POLITIQUES PUBLIQUES D’AMÉNAGEMENT
Les années 2000 marquent un tournant important pour l’aménagement du Quartier Nord. Premièrement, le limites comment à progresser, en incluant certains quartiers résidentiels, comme le quartier Gaucheret ou une partie des logements près de la chaussée d’Anvers, et s’étend prés des abords du canal. Ces années sont marquées par une prise de recul et une volonté de “finir” le quartier. Cela se produit à différents niveaux. Premièrement, la tour Zénith vient clôturer la perspective du boulevard Albert II, qui jusqu’alors terminait abruptement sur une friche, occupée par le ballon Belgacom. La tour est uniquement dédiée aux bureaux et s’élève sur vingt-deux étages et 30 000 m². Conçue par SCAU, bureau d’architecture français, notamment auteurs du stade de France et CERAU, bureau d’architecture bruxellois, l’intention est de prolonger l’espace vert entre le parc Gaucheret et le boulevard Albert II au travers du bâtiment, via des jardins suspendus. Bien que la tour soit plus transparente que celles environnantes, le résultat montre plutôt une énième tour monofonctionnelle et imperméable. La tour appartient au groupe Codic Belgium, qui intègre la tour Zénith au sein du développement de tout le quartier Gaucheret, ZIR n°2 de la Région. Le
développement de la tour Zénith a généré 3, 3 millions d’euros de charges d’urbanisme qui permettent le développement du parc et de la voirie qui l’entoure.70 En tout, ce sont 55 000 mètres carrés “d’Espace Gaucheret” qui seront développés par le groupe Codic Belgium. Pour encadrer ce projet, un PPAS entre en vigueur en juin 2006, sous l’égide de Bernard Clerfayt (1961- ), Bourgmestre de Schaerbeek. Le PPAS comprend les îlots allant de la place Solvay à l’avenue Philippe Thomas et la prolongation du boulevard Albert II. Il prévoit un parc en continuité du boulevard Albert II, longé par une tour de bureaux, deux complexes de logements et articulé autour d’un complexe public qui joue un rôle social.71 Les logements sont signés A2RC pour les cent-six logements Boreas et Assar architectes pour les quarante-neuf logements Eos. Ce plan d’aménagement marque un changement de mentalité dans la manière de construire le Quartier Nord. Premièrement, on marque la limite du quartier d’affaires et la transition avec les zones résidentielles est le maître mot du développement. Deuxièmement, c’est la première fois que la réflexion sur l’espace public, outre l’embellissement du quartier, se préoccupe de l’usage des habitants. En effet, le parc est développé via une 45
procédure participative par Bruxellesenvironnement. Ce processus permet d’une part de conserver des activités qu’on trouvait sur le site alors que celui-ci était en friche (terrain de foot, aire de jeux), et d’autre part de développer le projet en plusieurs phases pour suivre le long processus des chantiers environnants et l’arrivée progressive de nouveaux habitants.72 Pour finir, le projet, le PPAS et les différents contrats de quartier qui émergent dans cette zone visent le même objectif, le renforcement du logement et de l’unité des îlots.73 Cependant le projet, dont toute la partie résidentielle et de services publics a été un franc succès, se heurte à la surproduction de bureaux des trente dernières années. En effet, on observe un haut taux de vacance de bureaux déjà existants, qui n’a pas empêché la construction de nouveaux projets. En 2015, la tour Zénith peine encore à trouver des occupants pour tous les étages.74 Ainsi, au Quartier Nord dans les années 2000, on construit des bâtiments dont l’offre est déjà obsolète. Cependant, toute la réhabilitation du quartier Gaucheret symbolise l’intérêt nouveau porté à la fonction résidentielle dans le Quartier Nord et le début de la rénovation urbaine dont il sera sujet. Cela se voit aussi dans la réhabilitation de 46
nombreux logements près de la chaussée d’Anvers. A partir de 2004, les trois îlots de la rue du faubourg, du frontispice et Simons sont entièrement réhabilités de logements sociaux. MDW développe une barre de logements passifs en 2004 derrière les deux H du bâtiment Engie et la même année A2M rénove entièrement l’école fondamentale de l’Héliport et les logements qui l’entourent.75 Au même moment, les premiers bâtiments de bureaux sont rénovés, comme le Botanic building (H. Montois, 1965) et la Tour Martini. La Tour Martini dont nous avons déjà parlé est la tour qui a remplacé la gare du Nord sur la place Rogier. La tour mixte qui comprend des logements, commerces, théâtre, showroom et des bureaux est détruite en 2002 sous la pression d’une copropriété dysfonctionnelle qui mène à l’abandon. En 2005, la tour est remplacée par une tour monofonctionnelle de 137 mètres de haut. Projet de Philippe Samyn et Michel Jaspers, il prend plusieurs formes depuis 1998. Le premier permis introduit conservait le socle et le théâtre. Trois permis plus tard, la tour est intégralement démolie, toute fonction autre que du bureau est évincée et la façade s’est rationalisée et uniformisée.76 Pour compenser l’absence de fonction résidentielle, quatre-vingts logements sont
COLLECTION PRIVEE BRUXELLES-BRUXELLONS, Centre Rogier Tour Martini 1961-2001, sur Bruxelles-Bruxellons
DE KINDER, G., Rogier Tower, sur Modulo
construits deux îlots plus loin. Dans sa carte blanche, sur le journal Le Soir, Christophe Mercier, architecte fondateur du bureau Suede36 met en lumière un problème qui apparaît très clairement pendant ces années.
de bureaux monofonctionnelle (une mixité que le nouveau projet fait disparaître).”77
“Conçue comme une ville dans la ville, elle allie plusieurs fonctions urbaines: bureaux, logements, commerces, centre d’exposition, salle de fête, deux grandes salles pour le Théâtre national. C’est donc un exemple positif d’intégration urbaine, pas une tour
On bannit le patrimoine d’après guerre sans réflexion patrimoniale, pour ériger des projets privés sans ambition urbanistiques ou richesse architecturale. C’est ce que déplore le collectif Disturb, dont Christophe Mercier fait partie. Réunis face à la démolition de la Tour Martini, ce collectif d’architectes, urbanistes et historiens déplore le manque d’une politique publique pour l’architecture, 47
l’absence de contrôle sur les constructions et démolition de la capitale et, pour finir, le monopole du marché par certains bureaux d’architecture.78 On retrouve la critique déjà évoquée du monopole d’architecture de Michel Jaspers dans le Quartier Nord. Une solution aux problèmes énoncés par le collectif est amorcée avec la création du poste de bouwmeester-architecte en 2009, par Charles Picqué, à nouveau
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Production de la ville Politique/Administratif Communauté flammande North Gate
AATL
Baudouin Building
Michel Jaspers
PRAS (2001)
Graaf de Ferraris
Groupe Structures
Permis
Charles Picqué (PS)
PRD (1995)
Jacques Wirtz
IBGE
Albert II Espace public CRV
Schaerbeek
CERAU
Tour Zénith SCAU ASSAR Architectes
Tours Pleiad
Région Bruxelles-Capitale 1989
Bernard Clerfayt (DéFi)
Permis
ZIR
Gaucheret
PPAS
Logements
CQD Guy Cudell (PS)
A2RC
Olivier Bastin
Bouwmeester Architecte 2008
SJTN
Permis
QN
Communal
Régional
Communautaire
CONIX Belgium
Belgacom
Collectif DISTURB
Social
Economique/finance
Constellation d’acteurs - Années 90/ 2000
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Ministre-Président depuis 2004. L’institution démarre lors du premier mandat d’Olivier Bastin (1958- ), architecte et scénographe, entre autre fondateur du bureau d’architecture L’Escaut. Son mandat repose sur la croyance que de meilleures procédures peuvent conduire à de meilleurs projets. Il met alors en place un processus de concours, largement défendu par Disturb, pour les projets publics et un suivi des réalisation des projets architecturaux. C’est le premier signe de la part des institutions régionales de la volonté d’assurer une qualité et cohérence architecturale à Bruxelles, bien que timide et encore imparfaite.79
Conclusion Comme nous l’avons vu, quatre grandes périodes se succèdent: la première prépare, la deuxième planifie mais n’aboutit pas, la troisième rejette et la quatrième termine. Si à chaque période, la majorité de l’effort est mis dans la critique et le démantèlement des opérations précédentes, il est évident que aucun résultat ni plan d’ensemble ne peut être atteint ou même visé. Dans les années nonante, on continue des projets de type modernistes sans reprendre les objectif 50
du plan Manhattan. Dans les années 2000, on essaie de “finir” le quartier par des opérations d’aménagement d’espace public et des projets immobiliers qui ne répondent pas aux besoins ni au contexte. Ceux qui se sont donnés pour rôle de porter les changements dans le quartier sont indistinct et les outils qu’ils emploient peu définis. Au cours des différentes phases, on peut retirer trois types d’acteurs: les personnalités politiques communales ou régionales qui ont été à l’origine de politiques d’aménagement, de réglementations et de plans, les promoteurs privés, qui ont financé et porté les projets immobiliers et parfois d’aménagement qui y étaient affiliés et les architectes. Au fur et à mesure, on aperçoit une dynamique qui ressort de manière évidente. Il y a pour chaque époque et chaque situation politique une association d’acteurs privés évidente. Dans les années soixante, CDP triomphait sur Bruxelles soutenu et accompagné par le Groupe Structures. Dans les années nonante, les promoteurs sont plus variés mais on voit apparaître les grandes sociétés immobilières qui sont encore actives aujourd’hui: Batipromo (compagnie immobilière du fils de CDP, Patrick de Pauw), Axa Real Estate, ou encore Befimmo. Pour chacune de ces
sociétés, Michel Jaspers est l’architecte de prédilection. De ces collaborations découlent des caractéristiques très particulières: la monofonctionnalité, les grands propriétaires fonciers, la monotonie architecturale et la spéculation immobilière. Ces caractéristiques du quartier et de sa structure bâtie rendent son équilibre très précaire et sujet à des fluctuations incertaines. On peut alors dire que le Quartier Nord ne présente aucune résilience et explique la difficulté qu’il a à résorber les problèmes qu’ont causé les aménagements depuis les années soixante. De plus, ce système basé sur des acteurs majoritairement privés dans un environnement fermé bloque le développement du quartier hors des aménagements basés sur la spéculation immobilière et les réflexions économiques de rentabilité qui en découlent. Ensuite, on observe à travers ces cinquante ans de mutation urbaine que l’on répare encore les erreurs du premier plan par des interventions ponctuelles et qui ne présentent jamais l’audace et l’ambition d’un nouveau plan à l’échelle du Quartier Nord. Les acteurs publics régionaux n’ont pas les outils ni l’expérience ou l’audace pour répondre aux problématiques. D’un autre côté, les communes, plus expérimentées
Réalisation du Plan Manhattan Projet du plan réalisés
Projet réalisés suite au déclin du plan
et efficaces dans le quartier ont perdu du terrain et du pouvoir pour les questions d’aménagement à l’échelle du Quartier Nord. Les interventions inadéquates perpétuent donc les problématiques soulevées par le plan des années soixante sans même adresser les problèmes plus récents que le quartier rencontre. Cela se remarque en observant le plan des réalisation du plan Manhattan. En bleu, on voit les projets qui ont finalement été réalisés. En jaune, on retrouve les 51
1930
1967
1990
2000
Evolution du périmètre du Quartier Nord depuis 1930 aux années 2000
projets qui ont été réalisés dans les quarante années qui ont suivi le déclin du plan en respectant le plan initial. En effet, tous les projets représentés, ont continué le dessin du plan Manhattan en suivant les lignes directrices mais s’en sont éloignés par l’architecture et les détails. On voit alors l’impact que le plan Manhattan continue à avoir dans les mentalités et au travers des PPAS encore actifs. Nous verrons cette question plus en détail dans la dernière partie. Pour finir, il est important d’observer l’évolution de la conception du Quartier Nord qui s’est opérée à travers les 52
période. En effet, avant le plan Manhattan, le Quartier Nord était une grande zone régie par le rail et l’industrie, dans un tissu mixte et dense. Dans les années soixante, le plan Manhattan fixe un cadre beaucoup plus restreint pour mettre en place un plan masse concentré autour de la gare. Suite au déclin du plan et la reprise de l’activité économique, le périmètre reste similaire. Dans la réalité des actions, tous les projets naissent dans le sillon du plan Manhattan, au sein du fraîchement nommé «Espace Nord». Cependant, dans les esprits, les projets et les discussion, le Quartier Nord s’agrandit et s’étend jusqu’au canal et Tour
et Taxi. Ceux-ci finiront par bénéficier d’une attention particulière et seront traités comme des sites indépendants mais ce périmètre élargit attire l’attention sur le besoin de logements et le manque de qualité de l’espace public. La zone administrative semblant introvertie et un peu vouée à elle-même, le périmètre élargi annonce une attention particulière qui sera portée à la fonction résidentielle et aux marges du quartier. C’est seulement dans les années 2000 que le point de focus change et le périmètre s’étend aux zones habitées, aussi bien du côté du quartier Gaucheret que de la chaussée d’Anvers. Pour conclure, à la fin des années 2000, le territoire considéré comme le Quartier Nord est bien plus complexe et plus vaste que seul le centre administratif. Ayant été remodelé au gré des projets immobiliers, des intentions du secteur public et des investissements, il est important d’effectuer cette analyse du périmètre actuel, que nous verrons dans la troisième partie. Nous allons voir maintenant trois exemples de projets d’urbanisme dans des quartiers semblable au cas d’étude et comment ces plans ont évolué jusqu’à aujourd’hui: la gare de Lyon Part-Dieu, Euralille et le quartier Bordeaux Mériadeck. 53
NOTES
1 DEMEY, T., Une ville modelée par le rail, dans Bruxelles entre en gare, éd. Les Cahiers de la Fonderie, n°24, Bruxelles, 1998, p. 13 2 MAHIEU, M., VAN DER HALLEN, P., Rails, ville et industrie: Traces du développement économique de Bruxelles, dans Bruxelles Patrimoines, n°15-16, Bruxelles, septembre 2015, P.23 3 DEMEY, T., Une ville modelée par le rail, dans Bruxelles entre en gare, éd. Les Cahiers de la Fonderie, n°24, Bruxelles, 1998, p. 13 4 Ibid, P.24 5 MASATSUGU, N., Région Bruxelles Capitale: Art et architecture publics, éd. Mardaga, Liège, 1999, P.120 6 INTER-ENVIRONNEMENT BRUXELLES, Le Quartier Nord: entre “progrès” ferroviaire et spéculation immobilière, sur IEB, <https://www.ieb.be/Les-traumatismes-du-quartier-Nord>, février 2011 7 MAHIEU, M., VAN DER HALLEN, P., Rails, ville et industrie: Traces du développement économique de Bruxelles, dans Bruxelles Patrimoines, n°15-16, Bruxelles, septembre 2015, P.26 8 Ibid 9 DEMEY, T., Une ville modelée par le rail, dans Bruxelles entre en gare, éd. Les Cahiers de la Fonderie, n°24, Bruxelles, 1998, p. 16 10 WILLEMYNS, G., Une gare qui a perdu le nord, dans Bruxelles entre en gare, éd. Les Cahiers de la Fonderie, n°24, Bruxelles, 1998, p. 44 11 Gare du Nord, Rue du Progrès 80, sur IrisMonument: Inventaire du patrimoine architectural de la RégionBruxelles-Capitale, <http://www.irismonument.be/fr.Schaerbeek.Rue_du_Progres.80.html>, consulté en avril 2020 12 DEMEY, T., Une ville modelée par le rail, dans Bruxelles entre en gare, éd. Les Cahiers de la Fonderie, n°24, Bruxelles, 1998, p. 18 13 MAHIEU, M., VAN DER HALLEN, P., Rails, ville et industrie: Traces du développement économique de Bruxelles, dans Bruxelles Patrimoines, n°15-16, Bruxelles, septembre 2015, P.29 14 BRAL, G.J., La Cité administrative de l’Etat, coll. Bruxelles, ville d’art et d’histoire, n°44, éd. Direction des monuments et des sites, Bruxelles, 2007, P.9 15 DESSOUROUX, C., Cinquante ans de production immobilière de bureaux à Bruxelles, sur Brussels Studies, Collection générale, n° 35, <http://journals.openedition.org/brussels/744>, Bruxelles, février 2010, P.4 16 DEMEY, T., Une ville modelée par le rail, dans Bruxelles entre en gare, éd. Les Cahiers de la Fonderie, n°24, Bruxelles, 1998, p. 18 17 CULOT, M., 1910-2010, 100 ans d’urbanisme à Bruxelles, Une capitale en quête d’identité, éd. AAM, Bruxelles, 2013, P. 79 18 Victor Bourgeois, Catalogue des collections des archives d’architecture moderne, Tome I, AAM Editions, Bruxelles, 1986, P. 100-101 19 Victor Bourgeois, Nouvelle biographie nationale, Volume 2, Académie Royale des sciences, des lettres et des beaux-arts de Belgique, Bruxelles, 1990, P. 46-49 20 CULOT, M., 1910-2010, 100 ans d’urbanisme à Bruxelles, Une capitale en quête d’identité, éd. AAM,Bruxelles, 2013, P. 79 21 TERLINDEN, B., L’invention de la cité-territoire. Politique du logement et aménagement du territoire en Belgique, dans Le logement social en Europe : genèse, développement et actualité, éd. CAUE du Rhône, Lyon, 2005 22 CULOT, M., 1910-2010, 100 ans d’urbanisme à Bruxelles, Une capitale en quête d’identité, éd. AAM,Bruxelles, 2013, P. 79 23 TERLINDEN, B., L’invention de la cité-territoire. Politique du logement et aménagement du territoire en Belgique, dans Le logement social en Europe : genèse, développement et actualité, éd. CAUE du Rhône, Lyon, 2005
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24 CULOT, M., 1910-2010, 100 ans d’urbanisme à Bruxelles, Une capitale en quête d’identité, éd. AAM,Bruxelles, 2013, P. 89 25 Centre international Rogier, Place Charles Rogier 10-15, sur IrisMonument: Inventaire du patrimoine architectural de la Région-Bruxelles-Capitale, <http://www.irismonument.be/fr.Saint-Josse-ten-Noode.Place_Charles_Rogier.10.html>, consulté en avril 2020 26 WILLEMYNS, G., Une gare qui a perdu le nord, dans Bruxelles entre en gare, éd. Les Cahiers de la Fonderie, n°24, Bruxelles, 1998, p. 47 27 BERNARD, J., La Terrasse Martini, souvenir moderniste, sur DH les sports, <https://www.dhnet.be/regions/ bruxelles/la-terrasse-martini-souvenir-moderniste-5be87ecbcd70e3d2f6a590c3>, Bruxelles, novembre 2018 28 LEVY, S., La planification sans le plan: règles et régulation de l’aménagement du territoire bruxellois, thèse de doctorat au sein de l’Université Libre de Bruxelles, faculté d’architecture et de la Vrije Universiteit Brussels, department of geography, faculty of sciences, Bruxelles, avril 2015, P. 38 29 DESSOUROUX, C., Cinquante ans de production immobilière de bureaux à Bruxelles, sur Brussels Studies, Collection générale, n° 35, <http://journals.openedition.org/brussels/744>, Bruxelles, février 2010 30 CULOT, M., 1910-2010, 100 ans d’urbanisme à Bruxelles, Une capitale en quête d’identité, éd. AAM, 2013, P. 161 31 DESSOUROUX, C., Cinquante ans de production immobilière de bureaux à Bruxelles, sur Brussels Studies, Collection générale, n° 35, <http://journals.openedition.org/brussels/744>, Bruxelles, février 2010 32 MARTENS, A. Dix ans d’expropriations et d’expulsions au Quartier Nord à Bruxelles (1965‐1975) : quels héritages ?, Brussels Studies, Collection générale, n° 29, <http://journals.openedition.org/brussels/685> , Bruxelles, octobre 2009, P.4 33 TIMMERMANS, G., Main basse sur Bruxelles, Argent, pouvoir et béton, éd. EPO, Bruxelles, 1991, p.81 34 COMHAIRE, G., Activisme urbain et politiques architecturales à Bruxelles : le tournant générationnel, dans L’Information géographique, vol. 76(3), Bruxelles, 2012, P.23 35 MASSIN, M.H., Le Bourgmestre a dit, production RTBF, Arte Belgique, CBA, Nota Bene, Bruxelles, 1997 36 BRAEKEN, J., CHARRUDAS, P., DE KUYPER, E. - e.a., Bruxelles, 175 ans d’une capitale, éd. Mardaga, Bruxelles, 2005 37 STERKEN, S., Architecture and the logic of productivity. Three public housing projects by Groupe Structures in Brussels (1950-1965), University College for Arts and Sciences, department of architecture Sint-Lucas, Bruxelles, s.d. 38 MARTENS, A. Dix ans d’expropriations et d’expulsions au Quartier Nord à Bruxelles (1965‐1975) : quels héritages ?, Brussels Studies, Collection générale, n° 29, <http://journals.openedition.org/brussels/685> , Bruxelles, octobre 2009, P. 6 39 LEVY, S., La planification sans le plan: règles et régulation de l’aménagement du territoire bruxellois, thèse de doctorat au sein de l’Université Libre de Bruxelles, faculté d’architecture et de la Vrije Universiteit Brussels, department of geography, faculty of sciences, Bruxelles, avril 2015, P.70 40 LAGROU, E., Bruxelles-Nord: repenser la Gare du Nord, dans Gares-Villes. Eurostation: 10 ans d’activités, éd. Eurostation, Bruxelles, 2003, P. 64 41 MARTENS, A., PURNÔDE, N., Le plan Manhattan ou que crèvent les expulsés?, éd. Albert Martens, Bruxelles, 1974, P. 40 42 MARTENS, A., PURNÔDE, N., Le plan Manhattan ou que crèvent les expulsés?, éd. Albert Martens, Bruxelles, 1974, P. 38 43 LEVY, S., La planification sans le plan: règles et régulation de l’aménagement du territoire bruxellois, thèse de doctorat au sein de l’Université Libre de Bruxelles, faculté d’architecture et de la Vrije Universiteit Brussels, department of geography, faculty of sciences, Bruxelles, avril 2015, P.74
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44 Bulletin communal de Schaerbeek, séance du 18 novembre 1966 45 MARTENS, A., PURNÔDE, N., Le plan Manhattan ou que crèvent les expulsés?, éd. Albert Martens, Bruxelles, 1974, P. 107 46 Définition de empythéose, sur Dictionnaire du droit privé, <https://www.dictionnaire-juridique.com/definition/ emphyteose.php>, consulté en juin 2020 47 LAGROU, E., Bruxelles-Nord: repenser la Gare du Nord, dans Gares-Villes. Eurostation: 10 ans d’activités, éd. Eurostation, Bruxelles, 2003, P. 67 48 MARTENS, A. Dix ans d’expropriations et d’expulsions au Quartier Nord à Bruxelles (1965‐1975) : quels héritages ?, Brussels Studies, Collection générale, n° 29, <http://journals.openedition.org/brussels/685> , Bruxelles, octobre 2009, P.10-12 49 LAGROU, E., Bruxelles-Nord: repenser la Gare du Nord, dans Gares-Villes. Eurostation: 10 ans d’activités, éd. Eurostation, Bruxelles, 2003, P. 62 50 LEBRUN, C, MANUEL, P, Charlie de Pauw: promoteur, Les archives audiovisuelles SONUMA, Bruxelles, 1983 51 MARTENS, A., PURNÔDE, N., Le plan Manhattan ou que crèvent les expulsés?, éd. Albert Martens, Bruxelles, 1974, P. 47 52 LE CORBUSIER, Urbanisme, coll. l’esprit nouveau, éd. Vincent, Fréal et compagnie, Paris, 1966, P. 158 53 PICQUE, C., Pour Bruxelles, entre périls et espoirs, éd. Racines, Bruxelles, 1999, P. 83 54 Ibid P. 107 55 Un contrat de quartier, c’est quoi?, sur BXL La Ville De Stad, <https://www.bruxelles.be/un-contrat-de-quartiercest-quoi>, consulté en juillet 2020 56 PICQUE, C., Pour Bruxelles, entre périls et espoirs, éd. Racines, Bruxelles, 1999, P. 84 57 DEMANET, M., MAJOT, J-P., Manuel des espaces publics bruxellois, éd. Iris, Bruxelles, 1995 58 MORITZ, B., Concevoir et aménager les espaces publics à Bruxelles, sur Brussels Studies, Collection générale, n° 50, <http://journals.openedition.org/brussels/1036>, Bruxelles, juin 2011, P.1 59 LOZE, P., Le projet pour le quartier nord et ses alentours, dans A+ Architecture, n°110, janvier février mars 1991, Bruxelles, P. 43-45 60 Boulevard du Roi Albert II, sur Wirtz International Landscape Architects, <https://wirtznv.com/fr/projecten/ boulevard-du-roi-albert-ii/>, consulté en mai 2020 61 LAGROU, E., Bruxelles-Nord: repenser la Gare du Nord, dans Gares-Villes. Eurostation: 10 ans d’activités, éd. Eurostation, Bruxelles, 2003, P. 67 62 Gare du Nord, Rue du Progrès 80, sur IrisMonument: Inventaire du patrimoine architectural de la RégionBruxelles-Capitale, <http://www.irismonument.be/fr.Schaerbeek.Rue_du_Progres.80.html>, consulté en avril 2020 63 VAN OVERSTRAETEN, M., Les flèches de Belgacom, sur La Libre.be, <https://www.lalibre.be/economie/ entreprises-startup/les-fleches-de-belgacom-51b87eefe4b0de6db9a8e978>, Bruxelles, juillet 2003 64 Définition blanc/gris, sur BNP Paribas Real Estate, <https://www.bnppre.fr/glossaire/blanc-gris.html>, consulté en avril 2020 65 STERKEN, S., Bruxelles, ville de bureaux: le Berlaymont et la transformation du Quartier Léopold, dans Bruxelles Patrimoines, n°15-16, Bruxelles, septembre 2015, P. 115 66 PIRAUX, S., Michel Jaspers a donné une banque à la Flandre, sur Le Soir Plus, <https://plus.lesoir.be/art/micheljaspers-a-donne-une-banque-a-la-flandre_t-19950302-Z096J2.html>, Bruxelles, mars 1995 67 LAGROU, E., Bruxelles-Nord: repenser la Gare du Nord, dans Gares-Villes. Eurostation: 10 ans d’activités, éd. Eurostation, Bruxelles, 2003, P. 67
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57
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COMPARAISON
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QUARTIER DE GARE: LYON PART-DIEU
ARCHIVE LE PROGRES, La Part-Dieu le 18 mars 1977, sur Le Progrès
Lyon est une ville située dans le sud-ouest de la France, et la troisième commune la plus peuplée du pays. La Gare de Lyon Part-Dieu se situe à l’est du Rhône, dans le quartier du même nom. Ce site présente de nombreuses similarités avec le Quartier Nord. Auparavant terres agricoles, puis site d’une caserne de pompiers sur 24 hectares, le quartier a été entièrement démoli et reconstruit dans les années soixante. Le maire de l’époque, Louis Pradel (1906-1976) développe avec son urbaniste en chef, Charles Delfante (1926-2012) un plan d’aménagement. Le nouveau quartier spectaculaire développera le rayonnement régional de la ville. Le projet prévoit une série de tours, pour développer l’attrait tertiaire du quartier. Il sera desservi par des autoroutes urbaines surplombées par la circulation piétonne. En 1967, année du plan Manhattan, la maquette du nouveau quartier Part-Dieu est présentée. Le projet revu sans cesse à la baisse, la lenteur des chantiers et les nombreuses parties inachevées amènent critiques et déception sur ce grand projet dont les auteurs mêmes qui l’ont porté, se désolidarisent. L’unité du plan se perd et seuls se construisent les projets qui ont échappé au contrôle public au profit des groupes privés qui veulent rentabiliser leurs investissements. “La Part-Dieu est surtout le quartier le plus invivable et le plus moche de Lyon. Un
véritable cauchemar urbain: une succession de barres et de tours toutes plus affreuses les unes que les autres, une succession d’immenses autoroutes en plein centreville, un temple dédié au commerce et à la consommation, un quartier sans-queue-nitête scindé en deux par une voie ferrée, un paradis de la vidéo-surveillance…”80 Comme au Quartier Nord, le plan inachevé laisse un désert tertiaire, ou seules les voitures circulent confortablement. Des dalles piétonnes prévues, seules quelques-unes ont vu le jour. L’absence de réseau entre elles a rendu tout le concept impraticable, menant à la destruction de la plupart dans les années nonante. Avec de nombreuses complications, la gare finit par être construite dans les années quatrevingt, sous l’œil réprobateur des médias et des citoyens qui la trouvent déjà sousdimensionnée.81 Trente ans plus tard, la gare est en effet saturée, pourtant devenue la gare la plus importante du pays au niveau du flux de trains locaux, régionaux nationaux et européens. 120 000 voyageurs par jour utilisent la gare et les transports en commun,la Part-Dieu devient le deuxième pôle tertiaire de France après la Défense à Paris. Gérard Collomb (1947), devenu maire de Lyon en 2001, exprime son intention de reprendre le plan d’origine et de terminer le projet en corrigeant les erreurs qui ont été faites. En 2010, la 61
mission Part-Dieu, qui donnera naissance quatre ans plus tard à la Société Publique Locale (SPL) Lyon Part-Dieu est créée. Elle a pour objectif l’aménagement des 177 hectares en unissant au sein d’une société publique la ville de Lyon et la métropole du Grand-Lyon. Ces deux institutions, en étant actionnaires de la SPL agissent sous un budget donné et dont les finances sont maîtrisables par tous les participants. Cela garantit le développement d’un business plan unique qui assure la bonne réalisation financière et logistique du projet. Cette équipe pluridisciplinaire commence donc l’élaboration d’un projet, mené par l’AUC, bureau parisien d’urbanisme, notamment impliqué aux côtés de Jaspers Eyers et 51n4e dans le projet ZIN.82 Dès 2011, un plan guide est approuvé, par la société, les autorités et le maire et les différents projets voient doucement le jour. Le projet est phasé pour que le bon fonctionnement de la gare ne soit pas impacté et pour assurer le réajustement de chaque phase en accord avec la situation. La première phase (2010-2015) consistait dans la détermination des équipe et l’élaboration du projet. La deuxième (2017-2023) prévoit la démolition et aménagement de la gare et des galeries commerçantes, la construction des différents projets immobiliers tel que le To-Lyon de Dominique 62
Perrault, ou Silex 1 d’AIA architectes, et l’aménagement des espaces publics. La troisième phase (2023-2030) est encore à l’étude mais concernera la poursuite des aménagements d’espaces publics. Le plan de réaménagement de la Part-Dieu présente trois objectifs. Premièrement, la rénovation de la gare devrait doubler sa surface, ouvrir une nouvelle voie L et donner à la gare de nouveaux accès, le tout augmentant la capacité de la gare qui est prévue à 220 000 usagers en 2030.83 Ensuite, le défi que le maire souhaite relever est celui de renforcer la Part-Dieu comme deuxième pôle administratif de France derrière la Défense. Cela passe par plusieurs projets privés de tours et bâtiments de bureaux. Le plan guide insiste sur le travail d’un “socle ouvert” de commerces et services publics pour chacun de ces projets.84 Pour finir, l’enjeu le plus audacieux est celui de refaire du quartier de la gare un “quartier à vivre”. 2200 logements mixtes seront construits d’ici 2030, des équipements publics tels que crèches, bibliothèques seront introduits dans les “socles ouverts”, les espaces publics seront réaménagés. Les deux places devant la gare, la place Charles Béraudier et la place de Francfort seront repensées pour clarifier les circulations et améliorer les usages. Un
nouvel accès au métro et à un parking à vélo se fera au centre de la place Béraudier. Le boulevard Vivier-Merle sera réaménagé afin d’apaiser cette autoroute urbaine. Pour ce faire, le tunnel déjà présent sous le boulevard sera prolongé en assurant la desserte des automobiles, libérant la surface de tout trafic. Le boulevard ne sera dédié qu’aux piétons et cyclistes et aux transports en commun. Deux nouveaux arrêts seront aménagés en simplifiant l’accès et la lisibilité du nœud modal.85 Les financements de l’entièreté du projet viennent d’une part de groupes privés, et d’autre de financement publics dont la ville de Lyon, la Métropole, la région RhôneAlpes et l’État. La mise en place de la Société Publique Locale Lyon Part Dieu (SPL Part Dieu), détenue à 90% par la Métropole et 10% par la Ville de Lyon a centralisé toutes les opérations et réunit toutes les entités décisionnaires.86 Cette société permet une cohérence entre les différentes opérations et chantiers et donne la possibilité de rééquilibrer le projet en cours de route. C’est ce que demande le collectif citoyen Part-Dieu. En effet, le projet ne rencontre que peu de contestataires mais ce collectif revendique une révision du projet, sur base du manque d’espaces verts et de logements et en remettant en cause le processus
de concertation citoyenne.87 Cependant, même en considérant les failles du projet, le réaménagement Lyon Part-Dieu reste dans notre cas un projet exemplaire. Etant donnée la complexité d’un quartier de gare, mêlée aux contraintes d’un quartier d’affaire, la réponse donnée par la Ville de Lyon semble être un pas considérable par rapport au Quartier Nord bruxellois. En effet, une vision publique qui englobe les projets privés, les infrastructures publiques et la mobilité débloque les querelles entre acteurs en visant un objectif unique. On pourrait déplorer l’absence de politiques de relogement et le manque d’assurance de logements sociaux ou à loyer modéré mais le phasage du projet fait espérer une amélioration à ce niveau avant 2030. “Depuis 40, chaque équipe municipale tente de rattraper l’échec initial du projet Pradel/Delfante.”88 Le quartier a subi, depuis un échec, des modifications ponctuelles n’ayant fait qu’empirer la situation. L’objectif d’un projet comme celui de la Part-Dieu est de relancer une base nette, un plan assumé sur lequel reconstruire et donner les outils nécessaires à une réappropriation du quartier sur le long terme. Sur ce plan bien qu’imparfait, on peut alors plus facilement observer, modifier, ajouter sans repartir de rien, comme il a été fait à Lyon et Bruxelles. 63
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QUARTIER D’AFFAIRES: EURALILLE
KOOLHAAS, R., MAU, B., S, M, L, XL, éd. The Monacelli Press, New-York, 1995, P. 1172
Lille est une ville du Nord de la France, dans le Nord Pas-de-Calais. Le projet Euralille se situe à l’est du centre sur les terrains des anciens remparts de la ville. En 1986, le maire de Lille Pierre Mauroy (1928-2013) fonde la SPL Euralille qui à l’objectif de tirer profit de l‘arrivée du TGV en 1986, à Lille pour développer tout un projet d’aménagement entre les deux gares: l’ancienne, la gare de Lille-Flandres et la nouvelle gare de TGV, Euralille. Dirigée par l’urbaniste Jean-Paul Baietto (1940-1998), la SPL nomme Rem Koolhaas et OMA comme urbanistes du masterplan, parmi huit équipes prédéfinies. Au total, le projet développe 800 000 mètres carrés sur 120 000 hectares. Le projet d’OMA est très complexe mais peut se résumer à ses intentions fondamentales. L’autoroute qui traverse le site est déplacée en souterrain, parallèle au tunnel du TGV. Le triangle qui sépare l’ancienne gare de la nouvelle est bâti comme un gigantesque socle pour le reste du projet. L’inclinaison de celui-ci fait émerger d’un côté les bâtiments qui accueilleront bureaux, hôtels, commerces et services et creuse de l’autre le flanc du tunnel pour mettre le TGV à nu. Tous les bâtiments sont confiés à des architectes de renom. on connaît aujourd’hui la tour du Crédit Lyonnais de Christian de
Portzamparc, le World Trade Center de Claude Vasconi, le triangles des gares de Jean Nouvel ou encore le Grand Palais de OMA. La gare de TGV est inaugurée en 1994 et les travaux prennent fin juste avant les années 2000.89 Cependant, dès 1994, on envisage de continuer la partie derrière le Grand Palais, où se trouvait précédemment la foire de Lille mais qui est alors inoccupée. On commence donc à songer à un Euralille 2. Cette zone de vingt-deux hectares a été développée par Fabrice Dusapin et l’agence de paysagisme TER. Sur la même lancée, se développe en 2011 la Zone d’Aménagement Concerté (ZAC) Porte de Valenciennes. Cette partie est conçue par Michel Guthmann, François Leclerc et l’Agence TER. Elle prévoit de détruire 300 logements HLM pour construire 1000 logements, des bureaux et des commerces.90 En 2016, on ressent le besoin de remettre en question quelques éléments du premier projet. C’est alors qu’est créé Euralille 3000. Après avoir développé progressivement le quartier Euralille dans la globalité, Euralille 3000 revoit, modifie et améliore ponctuellement certaines parties de plan initial. Ainsi d’une part, on produit de nouveaux logements, bureaux et commerces, d’autre part on revoit les espaces publics afin de les rendre 65
Nos projets urbains, sur Euralille SPL
plus accessibles aux piétons et cyclistes. Aujourd’hui, Euralille est le troisième quartier d’affaire de France après la Défense et Part-Dieu que nous avons vu précédemment. Ce quartier, né d’un master plan complexe et ambitieux n’a cessé d’être revu et adapté même après la fin du projet et les multiples refontes de la SPL Euralille. Cet réécriture constante du plan initial qu’il soit adjacent ou superposé au projet permet de composer de manière cohérente des objectifs et lignes directrices principales. Ainsi, si les premiers objectifs 66
d’OMA était de créer un quartier à partir de rien, sans contexte et dont le seul but était “where it leads and not where it is”91, les volontés de Euralille II étaient de connecter les quartier environnants à la gare et de la ZAC Porte de Vincennes et d’augmenter drastiquement le nombre de logements sur le site. Même si leurs intentions sont opposés, les architectes et urbanistes suivent la même méthodologie et travaillent sur le précédent sans déconstruire tout ce qui a été fait.
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QUARTIER SUR DALLE: BORDEAUX MÉRIADECK
Le projet de 1964, sur Quartier Mériadeck à Bordeaux
Mériadeck est un quartier de Bordeaux, ville du sud-ouest de la France, située dans le département de la Gironde. Le quartier de Mériadeck se situe à l’ouest du centre et de la Garonne. Après la deuxième guerre mondiale, le quartier jugé malfamé, insalubre et vecteur d’épidémies est rasé. Le maire de Bordeaux, Jacques ChabanDelmas (1915-2000) commande un plan d’aménagement aux urbanistes Jean Royer (1903-1981) et Jacques Willerval (19241996). En 1970, le plan est finalisé et prévoit une quartier de 35 hectares, constitué de logements, un centre commercial, des commerces et un centre administratif. L’enjeu principal est celui d’élever tout le quartier sur une dalle, pour séparer la circulation piétonne de celle des voitures et intégrer au projet un immense parking souterrain. Ainsi, le site est traversé et entouré de grands boulevards alors qu’un étage au dessus du niveau du sol, s’étendent espaces publics, jardins et bâtiments. Largement inspiré du Plan Voisin de Le Corbusier, tous les bâtiments sont cruciformes et s’implantent sur une trame orthogonale sur la dalle. Le quartier terminé en 1993 accueille 1300 habitants, 240 000 mètres carrés de bureaux et 10 000 de commerces.92 Aujourd’hui, quarante ans après la construction, le quartier est principalement investi par
des administrations publiques: la Région, le Département, la Préfecture et la Communauté urbaine de Bordeaux.93 Les habitants sont globalement satisfaits du quartier qui présente de nombreux espaces verts et équipements publics.94 La dalle est cependant remise en question, en effet, les accès sont complexes, insuffisants et souvent sinistres. Les rues, surdimensionnées sont bordées de façades aveugles, qui entourent un parking. Depuis 2007, le quartier est inscrit au Patrimoine Mondial de l’UNESCO, avec une partie de la ville de Bordeaux. Dès lors, on évoque l’idée de réinvestir le quartier et des plans de réaménagements sont commencés. Après un concours, le projet est confié au bureau d’urbanisme Flinch. Le projet est principalement basé sur l’ouverture des rez-de-chaussée, aussi bien sur la rue que sur la dalle et sur l’accessibilité de celleci. Des pentes douces remplaceront les escaliers étriqués et le centre commercial fera peau neuve. Les espaces publics étant très qualitatifs et une force du quartier, la densification se fera dans la rénovation des bâtiments existants.95 Mériadeck est donc un quartier sur dalle qui met en place des intentions très proches de celles du plan Manhattan: une dalle piétonne, un quartier administratif et des logements et commerces. A l’inverse 69
du projet bruxellois, ce plan de plus petite envergure a majoritairement abouti. Bien qu’il ait parfois été revu à la baisse, les objectifs principaux ont été réalisés. Il a été victime de nombreuses critiques pendant et après sa conception mais on reconnaît aujourd’hui sa richesse et sa qualité architecturale.
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Conclusion Pour conclure, ces trois exemples présentent de nombreuses similarités avec le plan Manhattan. Premièrement, tous sont réalisés à la même époque: 1967 pour la Part-Dieu et le Quartier Nord, 1970 pour Mériadeck. Seul Euralille se développe un peu plus tard, en 1989. De plus, tous mettent un place un urbanisme de dalle, en séparant la circulation automobile des piétons. Dans le cas de la Part-Dieu et d’Euralille la circulation ferroviaire et de transports en commun est même séparée des tunnels automobiles qui se situent en souterrain. Deuxièmement, tous ces plans ont comme programme principal un quartier d’affaires. Tous avaient également des ambitions de rayonnement international et espéraient attirer des grandes entreprises. Aujourd’hui, ces quartier sont principalement investis par des administrations publiques, qui y ont souvent élu domicile pour éviter un taux de vacance trop élevé. On peut donc voir directement que ce modèle de quartier administratif et moderne des années septante présente des failles. Il peine à attirer la clientèle qu’il vise et à rayonner de manière internationale. Ensuite, les trois sites ont été planifiés selon projet
initial qui a été revisité, remodelé ou rénové dans les dernières années et tous ont un objectif 2030. On peut donc voir dans ces exemples une base que chaque nouveau plan a pu améliorer et peaufiner dans les quarante dernières années. Une grande différence que l’on observe entre ces exemples et le plan Manhattan est que bien que les plans soient très similaires et que les trois quartiers que nous avons développés sont aujourd’hui des quartiers “qui fonctionnent”, le plan Manhattan n’a jamais abouti. Même si le projet était controversé, peut-être que si les porteurs avaient eu la capacité de le pousser jusqu’à sa bonne réalisation, il aurait pu présenter les mêmes qualités que les autres. Surtout, comme on l’a vu, ce plan aurait pu évoluer au fil du temps et des différentes visions en matière d’urbanisme bruxellois. Pour finir, les trois plans sont portés par une la figure publique du Maire, personnalité politique influente. De plus, pour le cas d’Euralille et de la Part-Dieu, le projet est mis en place par une société d’aménagement public. Cette structure administrative offre une garantie financière et politique du bon déroulement des opérations ne les laissant pas en proie aux décisions de quelques individus.
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NOTES
80 SA, La Part-Dieu ou “l’effet métropole”, dans Internationale Utopiste, n°3, Lyon, September 2012 81 Ibid 82 La Part-Dieu, une longue histoire, sur Lyon Part-Dieu, <https://www.lyon-partdieu.com/projet/reinvention/>, consulté en juin 2020 83 Opérations, sur Lyon Part-Dieu, <https://www.lyon-partdieu.com/se-deplacer/pole-dechanges-multimodal/>, consulté en juin 2020 84 ENJALBAL, B., La Part-Dieu en 2020: la skyline à tout prix, sur Rue89Lyon, <https://www.rue89lyon. fr/2016/02/29/la-part-dieu-en-2020-la-skyline-prix/>, Lyon, février 2016 85 Boulevard Vivier-Merle, sur Lyon Part-Dieu, <https://www.lyon-partdieu.com/operations/boulevard-vivier-merle/>, consulté en juin 2020 86 Lyon Part-Dieu, sur Lyon Part-Dieu, <https://www.lyon-partdieu.com/projet/reinvention/>, consulté en juin 2020 87 COLLECTIF PART-DIEU, Aménagement de la Part-Dieu à Lyon, une lettre du collectif Part-Dieu, sur Enviscope, <https://www.enviscope.com/amenagement-de-la-part-dieu-a-lyon-une-lettre-du-collectif-part-dieu/>, Lyon, janvier 2019 88 SA, La Part-Dieu ou “l’effet métropole”, dans Internationale Utopiste, n°3, Lyon, September 2012 89 KOOLHAAS, R., MAU, B., S, M, L, XL, éd. The Monacelli Press, New-York, 1995, P. 1158-1206 90 C’est d’actu, sur Euralille SPL La ville, <http://www.spl-euralille.fr/nos-projets-urbains/porte-de-valenciennes.html>, consulté en juin 2020 91 KOOLHAAS, R., MAU, B., S, M, L, XL, éd. The Monacelli Press, New-York, 1995, P. 1170 92 Mériadeck, sur Bordeaux2030, <http://www.bordeaux2030.fr/bordeaux-demain/meriadeck>, consulté en juin 2020 93 A’URBA, Etude de programmation urbaine sur le quartier de Mériadeck, éd. Ville de Bordeaux, Bordeaux, juin 2007 94 Mériadeck, sur Bordeaux2030, <http://www.bordeaux2030.fr/bordeaux-demain/meriadeck>, consulté en juin 2020 95 FLINT, Mériadeck, marché de définition, brochure explicative de projet, Bordeaux, mars 2010
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RENOVATION
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Récemment terminé
En Projet Départ des occupants
76 En Projet
En chantier
Récemment terminé
Scénario 0 : projets immobiliers
Espace vert en projet
CQD
CRU
PAD
Espace vert en projet
CQD
CONTEXTE
Le contexte actuel du Quartier Nord est caractérisé par un renouvellement de moyens et de détermination. A la tête du gouvernement bruxellois se trouve Rudi Vervoort, Ministre-Président depuis 2013. Au niveau communal, Philippe Close (1971est à la tête de la Ville de Bruxelles. Membre du Parti Socialiste, il occupe des fonctions à la Région, telles que président de l’office de tourisme, visit.brussels ou député au parlement bruxellois avant d’être élu bourgmestre de la Ville de Bruxelles en juin 2017.96 A Schaerbeek se sont succédés Bernard Clerfayt, jusqu’en en 2019 et Cécile Jodogne qui le remplace suite au départ de celui-ci pour occuper le poste de ministre bruxellois pour l’emploi et la formation professionnelle. Cécile Jodogne (1964- ), est membre du même parti que son prédécesseur, DéFi. Avant son rôle au sein de la commune, elle était secrétaire d’État au Parlement bruxellois.97 Pour finir, Emir Kir, membre du Parti-Socialiste est à la tête de la commune de Saint-Josse-TenNoode depuis 2012. Si l’on observe la carte des projets en cours ou en préparation au Quartier Nord, on remarque tout d’abord plusieurs contrats de quartier durable étalés sur les trois communes de Saint-Josse, Schaerbeek et la Ville de Bruxelles.98 On voit donc que vingt ans plus tard, les communes
ont encore la mainmise sur la rénovation urbaine au travers de cet outil. Les derniers contrats réalisés ont eu un effet bénéfique considérable sur le quartier, prouvant que le pouvoir communal, bien que moins vaste et ambitieux que le régional, a une maîtrise efficace de l’aménagement à son échelle. On peut par exemple citer le parc de la Senne, le centre Pôle-Nord ou le parc Reine Verte. Ensuite, on peut voir trois outils de la planification régionale: le CRU I, CRU II et le PAD MAX. Le contrat de rénovation urbaine (CRU) est un plan d’action qui peut couvrir un territoire sur plusieurs communes tant qu’il est inscrit dans la Zone de Revitalisation Urbaine (ZRU). Comme un contrat de quartier (CQD) à plus grande échelle, le CRU a un budget donné pour générer des actions de revitalisation urbaine dans le domaine immobilier, socio-économique ou d’espace public. Le CRU s’établit dans une durée de temps limitée mais à la différence des CQD, le CRU dispose de sept ans pour mettre en place ses objectifs. Les périmètres sont déterminés par perspective.brussels qui ensuite fait un appel à des bureaux d’études pour développer le cahier des charges, le programme, le rapport d’incidence et l’implication citoyenne. Cette vision à l’échelle du territoire de la Région a pour 77
objectif de désenclaver les quartiers fragilisés et de développer des projets au travers des fractures urbaines. Il existe actuellement six CRU. Deux d’entre eux comprennent une partie du Quartier Nord: le CRU I “Avenue du Port – Citroën – Allée Verte – Tour et Taxis” mené par l’équipe CityTools et Paola Vigano et le CRU II “Gare du Nord – Rue de Brabant – Boulevard Saint-Lazare” développé par le bureau ERU. Quant au Plan d’Aménagement Directeur (PAD), c’est un outil stratégique et réglementaire qui détermine les affectations et programmes des bâtiments, la trame générale des espaces publics, les caractéristiques des bâtiments et la mobilité et plan de stationnement.99 Il existe actuellement treize PAD en cours de réalisation. Depuis 2017, le PAD MAX est en cours d’élaboration sur notre périmètre d’étude mais n’est pas encore en vigueur. Ces trois plans montrent un tournant essentiel qui a pris place dans les années 2000. La Région a commencé à montrer un intérêt pour les franges et l’intérieur du Quartier Nord. Ce qui avant n’arrivait pas, seuls les quartiers habités étaient sujets au projets de rénovation urbaine. Aujourd’hui le Quartier Nord fait partie de la Zone de Rénovation Urbaine. Bien que cela ne se soit pas encore matérialisé en projets concrets, cette 78
preuve d’intention est déjà un grand pas dans la vision régionale. Pour le reste du cadre réglementaire, le Quartier Nord est un amalgame de différents PPAS consécutifs qui découlent du plan Manhattan ou de différents projets uniques. Cela renforce l’idée que l’urbanisme du Quartier Nord est principalement porté par le pouvoir communal. De plus, cela confirme également que l’on observe plutôt un urbanisme de projet qu’un urbanisme de plan. Au Quartier Nord, ce modèle a permis aux porteurs de projets d’échapper à la lenteur administrative de la mise en place d’un cadre réglementaire homogène dans un contexte si complexe. De plus, cela offre plus de flexibilité aux acteurs variés et aux degrés d’interaction entre eux.100 Nous allons donc voir maintenant les différents projets récemment construits, en projet ou en cours. Donc, dans une optique d’analyse de l’impact des projets immobiliers sur la mutation du quartier, nous allons en étudier quatre, qui représentent l’époque de développement actuelle: la Silver Tower, les Möbius Tower, le ZIN et le projet CCN. Silver Tower: La Silver Tower est un projet des architectes
DETIFFE, M., Silver Tower, sur Accarain-Bouillot
Accarain-Bouillot et Atelier de Genval.101 Il était originellement développé par AG Real Estate. Face au manque d’acquéreurs, AG RE refuse de construire à risque et revend le projet à Ghelamco pour vingt-huit millions d’euros.102 La Région bruxelloise qui cherchait justement à se relocaliser accepte l’offre d’installer ses deux-mille fonctionnaires dans une tour. Avec la fin des baux de leurs bureaux au City Center et au Centre Communication Nord, l’administration de la SPRB s’installe à SaintJosse-Ten-Noode entre la place Rogier et
la Gare du Nord. La tour, uniquement à vocation de bureaux, s’élève à 137 mètres, sur trente-et-un étages sans compter les huit étages de sous sol dont six de parking. La volume elliptique s’implante le long de la jonction nord-midi, face à la place SaintLazare.103 Les charges d’urbanisme de ce projet ont servi notamment à financer une partie du réaménagement du boulevard Saint-Lazare et un bâtiment de logement de mille mètres carrés.104 Le rez-dechaussée sera destiné à l’accueil et à une salle d’exposition tournée vers la rue du Brabant. Ce projet de 40 000 mètres carrés se revendique comme innovant et exemplaire. Le projet n’est pas vu de cette manière par les fonctionnaires de la SPRB. La tour se veut connectée et à la pointe de la technologie grâce à l’installation d’écrans LED, au développement d’une application et autres projets qui au total coûtent environ huit millions d’euros.105 Cette dépense semble loin des préoccupations qui devraient être au cœur des projets de tours du Quartier Nord. De plus, le fait que le projet soit commandé par la Région et approuvé par la commune de Saint-Josse montre un manque de fermeté de la part du secteur public pour s’opposer à des projets qu’on pourrait qualifier “d’old school” soit monofonctionnel, introverti et avec trop peu de réflexion urbanistique ou d’intégration au contexte. 79
ASSAR ARCHITECTES, Möbius Towers, sur Möbius
Möbius: Le projet Möbius est un ensemble de deux tours, Möbius I et Möbius II, implantées à la place de l’ancien bâtiment TBR, construit dans les années septante et détruit en 2017 après avoir été vide pendant plus de dix ans.106 Le projet est développé par Immobel qui a racheté le TBR en 2003107 et conçu par Assar Architects. Les deux tours de forme elliptique, s’élèvent sur dix-neuf étages pour la première et vingttrois pour la deuxième. Au total, 62 000 mètres carrés sont construits.108 Möbius 80
I a été acquise par l’assureur Allianz afin d’y installer son quartier général. Cet accord comprend aussi le rachat et développement de l’immeuble Allianz place de Brouckère dont les travaux menés par A2RC commenceront en automne 2020.109 Les deux tours sont uniquement à vocation de bureaux. Il y aura au rezde-chaussée une fonction commerciale de 433 mètres carrés.110 Un espace public devrait être aménagé entre et devant les deux tours qui sont implantées en retrait de l’avenue Albert II.111 Pendant la commission de concertation, un scénario de mixité a été exploré mais ensuite rejeté car le prix des logements serait trop élevé pour le peu de qualités qu’ils pourraient recevoir dû à l’implantation et les vis-àvis très proches. De plus le rapport de la commission déclare que “considérant que ce projet marque l’achèvement de la zone administrative au nord et permet l’achèvement du quartier dans une logique et une cohérence qui lui sont propres [...] et considérant que le projet tel que défini, à savoir deux tours de bureaux avec un rez-de-chaussée commercial, est conforme aux prescriptions du PRAS et est donc acceptable”.112 Le permis a donc reçu un avis unanime favorable alors que le quartier vise une grande mixité, une architecture
innovante, un traitement des rez-dechaussées qui développent une nouvelle vision urbanistique, l’implication du maître architecte et que ce projet déroge à toutes ces règles. On voit une fois de plus la prise de position du secteur public qui est contraire aux discours de volonté de changer fondamentalement les principes de construction du quartier. Avant le projet d’Assar Architects, deux projets avaient été réalisés en 2006 par Jaspers-Eyers mais leur “Brussels Tower” n’avait pas reçu l’approbation des pouvoirs publics. Initialement, Immobel souhaitait développer une flèche de 150 mètres de haut. Les autorités ont cependant évoqué un ancien PPAS qui limite la hauteur des projets à 104 mètres. Le deuxième projet conservait le squelette du bâtiment TBR, devenant moins élancé et plus modeste.113 La démolition d’une tour emblématique du plan Manhattan pour être remplacée par une autre, tout aussi monofonctionnelle et inadaptée est la preuve irréfutable de l’insuffisance des politiques architecturales en matière d’aménagement du Quartier Nord. Cela se reflète dans les représentations du projet que l’on retrouve dans les médias, où l’intégration du bâtiment dans l’espace public se fait par une sculpture et un auvent raffiné, rappelant les politiques d’embellissement de l’espace public des années nonante.
JASPERS EYERS, Zin in Brussels, sur Jaspers-Eyers
ZIN: Le projet ZIN revisite les tours WTC I et II. Le projet est mené par Befimmo, qui intègre la société anonyme WTC en 1998. Ils acquièrent alors le contrat d’emphytéose consenti à l’époque à la société Compagnie de Promotion de Charly de Pauw. En 2010, ils résilient ce contrat avant le terme des nonante-neuf ans, en devenant alors plein propriétaires.114 Pour la société immobilière, un des objectifs est de conserver la plus grande partie du bâtiment. Befimmo désigne 81
les architectes Jaspers & Eyers, habitués des grands projets dans le quartier. Un concours organisé par le BMA pointe la collaboration avec 51n4e et AUC. Nous parlerons de cette collaboration dans le prochain chapitre. Le projet proposé par l’équipe complète conserve les souterrains et les noyaux, ensuite ajoute un volume central qui relie les deux anciennes tours, complètement rhabillées. Au total, le projet prévoit 110 000 mètres carrés dont 75 000 pour le bureaux et coworking, 14 000 pour le logement et 16 000 pour un complexe hôtelier, des commerces de l’horeca et des loisirs. Les 70 000 mètres carrés de bureaux ont déjà été loués à l’administration flamande. Ceux-ci souhaitent concentrer leurs bureaux dans trois bâtiments: le ZIN, le Herman Teirlinck à Tour & Taxi et un troisième qui n’a pas encore été annoncé.115 Leur bail dans le futur ZIN durera dix-huit ans et logera 3900 fonctionnaires flamands venant du bâtiment Arenberg, le bâtiment Ellipse et le bâtiment Graaf de Ferraris.116 Les autres programmes s’agencent en alternance avec les bureaux en assurant “un bâtiment qui vit sept jours sur sept”.117 Le projet se pose sur quatre lignes directives principales. Le premier est la place du bâtiment dans son environnement urbain. Le projet prévoit un programme 82
mixte et un rez-de-chaussé ouvert sur la ville avec plusieurs accès. Le deuxième est la mise en place d’une nouvelle manière de vivre et de travailler en mettant en place des espaces de qualité, comme le nouveau volume qui relie les tours existantes par quatorze doubles étages qui font partie des bureaux. Ensuite, le troisième objectif est la construction circulaire du bâtiment. Nonante-cinq pourcents des matériaux qui n’auront pu être directement utilisés pour le projet seront recyclés. En plus, la structure du bâtiment sera la même pour tous les programmes, assurant une plus grande modularité si le bâtiment venait à changer d’affectation. Le dernier point est la conception durable du projet. Une façade intelligente, des panneaux solaires et un système de géothermie sont les principaux pilotes de cette durabilité. Ce dernier point a valu au projet d’être lauréat du prix be.exemplary 2019.118 Ce prix, décerné par urban.brussels, concerne tous les projets de la région, privés ou publics, répondant aux quatre critères suivants: “promouvoir une architecture et un urbanisme de qualité, encourager des projets à portée sociale, relever les défis environnementaux, inscrire les projets dans un cycle d’économie circulaire”.119 Le projet ZIN reçoit le permis d’urbanisme avec un avis favorable de la commission
de concertation en avril 2020.120 Il a reçu un accompagnement proche du maître architecte bruxellois qui décrit ce projet comme étant un exemple de partenariat public-privé. Pourtant, ce projet n’est pas bien reçu par les associations. Interenvironnement Bruxelles (IEB) dénonce le caractère superficiel du projet. “Cependant, en grattant un peu le vernis vert qui recouvre le projet, on retombe sur des pratiques anachroniques qui relèvent plus de l’argument marketing que d’une remise en question des grandes erreurs de l’urbanisme bruxellois”.121 déclare Thyl van Gyzeghem. Cette association fédère plus de quatre-vingt comités de quartiers sur des questions urbaines écologiques et sociales.122 C’est au travers d’un article que l’IEB remet en question les grands principes du projet. Ce projet qui défend une mixité sans précédent reste un développement massif de bureaux dans un quartier qui connaît un taux de vacance très haut, à une période où on constate dans le parc de bureaux de Bruxelles un réel déclin. De plus les quatorze pourcent de logements qui ne sont qu’une nette minorité dans le programme visent un public de haut standing et ne répondent pas aux besoins économiques et sociaux du quartier. L’intégration à la ville au travers du rez-de-
chaussée est aussi biaisée lorsque au cours du développement du projet il apparaît que la grande serre, espace vert obligatoire inscrit dans le PRAS, sera fermée au public à cause du sentiment d’insécurité qu’une ouverture totale pourrait procurer. Pour finir, la conception durable du bâtiment semble présenter les aspect attirants sans mentionner les points bas: les 90 000 tonnes de déchets de construction évacués par camion ou le système de récupération d’eau qui n’est pas relié aux logements.123 «Le ZIN reflète la façon dont nous développerons le Quartier Nord: un quartier multifonctionnel à taille humaine avec beaucoup d’attention pour l’architecture intrigante, des maisons durables et de haute qualité, beaucoup d’espace public et un lieu pour la nature. Nous allons créer ici un nouveau tissu urbain et le transformer en un quartier tourné vers l’avenir. Vivre, travailler, se détendre et aller à l’école».124 Ce projet largement défendu par les autorités publiques et les médias évite donc par une couverture de bâtiment exemplaire d’approcher les réelles problématiques du Quartier Nord et de tenter une architecture et un urbanisme audacieux qui retourne les tendances présentes depuis les années soixante. 83
Axonométrie du projet CCN à partir des documents de concours
CCN: Le Centre Communication Nord a été construit dans les années septante, de 1974 à 1982 par le groupe Structures.125 Ce mastodonte de béton qui cache entièrement la Gare du Nord de Saintenoy suit les directives du plan Manhattan en surélevant le bâtiment sur un socle qui se met à niveau avec la jonction nord-midi. Les dix étages du CCN étaient occupées par la SPRB jusqu’à la vente du bâtiment en 2016. Le bâtiment adjacent à la Gare du Nord était à soixante pourcent de la propriété d’AXA Real Estate, trente-cinq 84
de la Région et cinq de la SNCB. La Région trouvant le bâtiment financièrement difficile à maintenir et se voyant construire un nouveau siège (la Silver Tower, de l’autre côté de la jonction) a fait le choix de se débarrasser de sa part. Initialement, l’agence immobilière Ghelamco avait fait la meilleure offre. Cependant, un copropriétaire peut racheter la part vendue au prix du meilleur offrant si elle le désire. Axa a donc racheté les parts de la SPRB accompagnée de AG Real Estate et Aténor, se voyant donc propriétaire de nonante-cinq pourcent du bâtiment.126 En 2018, un concours a été organisé par
les propriétaires afin de développer un complexe immobilier comprenant des bureaux, logements et un nouveau rezde-chaussée pour la gare et des galeries commerciales. Huit équipes ont participé mais c’est celle composée de TVK, Multiple et Architectes Assoc qui a remporté le concours. Cette vente et le concours privé marquent l’échec des pouvoir publics et la perte de contrôle sur le développement urbain, dans un point aussi stratégique qu’une gare. Le projet propose la démolition du CCN et la construction de quatre tours parallèles à la gare, dégageant la perspective sur la façade avant de la gare du Nord. Le projet présente un programme mixte avec 75 000 mètres carrés de bureaux, 26 500 mètres carrés de logements et 9000 mètres carrés de commerces au rez-de-chaussée. Le hall du CCN et l’entrée de la gare se fera donc à ciel ouvert. Seule la dalle du CCN reste, en cachant les accès des transports en commun et une galerie commerçante. La vente du CCN qui obligeait une implication du BMA dans le projet n’aura pas été aussi fructueuse que prévu. En effet, le BMA décide de se retirer lorsque le consortium de promoteurs décident de faire un concours privé entre sept équipes choisies au préalable.127 Perspective joue un rôle de
conseiller mais n’obtient pas les résultats espérés des discussions. En effet, le projet ne présente pas assez d’équipements publics selon Pierre Lemaire, chargé de projet dans le département de stratégie territoriale, qui souhaite voir au moins dix pourcent de la surface dédiée aux activités pour le quartier.128 Avant ce projet, plusieurs rénovations avaient déjà été proposées, montrant l’intérêt particulier pour ce bâtiment de par sa position, son histoire et ses nombreuses problématiques. En 1995, le groupe Eurostation, propose un projet de rénovation de la Gare du Nord sous la forme d’un masterplan pensé par l’équipe Arsis et Space Synthax. Ce projet remet totalement en question la surélévation du CCN qui découle de la jonction nord-midi et du plan Manhattan. L’entrée se fait au niveau de la rue et les escaliers sur le parvis sont remplacés par un couloir central qui mène directement aux accès des voies. Les places latérales sont piétonnisées en ramenant le trafic des transports en commun devant la gare.129 Cette proposition déconstruit les principes mis en place dans les années soixante en assumant leur manque de cohérence dans un réseau inachevé. Ainsi, il n’y a plus d’intérêt à surélever tous les bâtiment lorsque les dalles piétonnes n’ont jamais 85
été finies, ni reliées. Aujourd’hui, tout ce qui reste des dalles sont des socles aveugles, des souterrains sordides comme la gare de bus de la gare et des surfaces qui sont devenues des toitures inoccupées, dédiées aux infrastructures techniques. Le projet n’a jamais abouti et cette critique n’a pas fait écho dans le projet actuel qui conserve la dalle dans le but de doubler la surface du rez-de-chaussée et d’enfouir la station de bus dans une gare encore plus étriquée qu’aujourd’hui. Un dernier projet dont nous ne pouvons pas encore parler en détail est le parc Maximilien, pour lequel l’appel à projet a été lancé, dans le cadre du CRU I. Ce projet représente un tournant fondamental du quartier. En effet, le Quartier nord est confronté à une problématique qui le différencie des autres pôles du Central Business District. L’histoire de la gare du Nord comme accueil de population précaires immigrées ne date pas des dernières problématiques européennes sur l’accueil des réfugiés. Depuis l’implantation de la première gare, l’activité industrielle et les grands chantiers ont attirés par vagues de nombreuses populations migrantes. Aujourd’hui dans le quartier, on retrouve une population majoritairement pauvre, connaissant un taux de chômage 86
élevé et une situation précaire. Une autre part de la population est présente dans le quartier sans être comptabilisée dans les statistiques et encore moins dans les politiques urbaines. Depuis 2015, l’office national des étrangers a été le point d’arrivée de la vague des transmigrants qui passent par la Belgique pour rejoindre le RoyaumeUni. Petit à petit, la file pour l’office s’est transformée en occupation du parc Maximilien. Depuis, le parc est resté ancré comme l’objectif à atteindre pour de nombreux réfugiés en mouvement. Les nombreuses tentatives d’établir un point d’accueil convenable, que ce soit dans le parc ou la gare ont été refrénée par les évacuations forcées par les ordres gouvernementaux. Alors que les tensions et les conflits sont tangibles et présents dans le Quartier, les réactions politiques sont vouées à l’intolérance en plus de l’indifférence à l’égard d’une recherche de solution. Comme l’ont été les premiers plans des années soixante, les solutions d’aménagement urbain sont tournées vers une certaine tranche d’acteurs. Bien que la première fois le plan ait été réalisé au dépens de tous les habitants expropriés, cette fois les habitants et usagers présentent une organisation beaucoup plus complexe. Les conflits pour les espaces
publics, les sentiments d’insécurité, d’insalubrité sont des facteurs qui déchirent les usagers actuels du quartier. Continuer à repenser le Quartier Nord et développer des visions qui ne comprennent pas le volet social comme base essentielle de la réflexion ne peut que aboutir à l’échec des opérations, comme il a déjà été le cas suite à l’avortement du Plan Manhattan. Le projet “Max-sur-Senne” et le CCN sont donc deux projets situés aux deux points cruciaux de concentration de la “crise des réfugiés”. Ces deux projets ne peuvent compter sur la suppression de l’existant pour faire disparaître les problématiques qui leur sont liées. En conclusion, les grands travaux d’expropriations des années soixante ont dégagé de grandes parcelles, de la taille d’un ilôt. Chacune de ces parcelles appartient donc à un propriétaire unique pour tout l’ilôt, qu’il soit public ou privé. Cela impacte fortement le quartier et son équilibre car un changement ou un nouveau projet se fait directement à l’échelle d’un îlot et entraîne des modifications majeures dans le tissu et le paysage du quartier. De la même manière, nombres de ces tours sont occupées par un seul locataire. En 2016, seuls quatre bâtiments sur trente-neuf sont occupés par plusieurs organismes.130 D’une part cela augmente l’impact d’un
déménagement ou emménagement dans le quartier, d’autre part, il est plus difficile de trouver des occupants pour une structure d’un telle envergure. Cela fragilise très fort l’immobilier et les risques de chute du marché. Aujourd’hui on présume le déménagement de BNP Paribas dans le nouveau siège situé rue Ravenstein, ce qui induit que le bâtiment entier sera laissé vacant. Doit-on attendre un nouveau chantier monumental pour rénover le projet de Jaspers-Eyers en nouvelle tour de bureaux? De la même manière, quel impact aura le déménagement des employés de la communauté flamande de l’Ellipse et du Graaf de Ferraris vers le ZIN? Chacun des projets que nous avons cité a un impact énorme sur les mutations du quartier et toutes les intentions architecturales se reflètent immédiatement sur l’urbanisme. En effet, un bâtiment comme le CCN intègre le plus grand nœud modal de la capitale. Le ZIN altère l’espace public du boulevard Simon Bolivar. L’importance d’intégrer ces réflexions dès la conception du projet est donc essentielle. Cependant, cela ne semble pas être une préoccupation des politiques publiques d’aménagement. Les projets, objets indépendants d’un réseau décousu, agissent dans leur propre environnement répondant à tel ou tel élément hétéroclite du paysage du 87
Quartier Nord. D’autre part, les préoccupations sociales qui rendent la situation pour les usagers, occupants et habitants du quartier de plus en plus hostile, sont très peu prises en compte dans les développements de quartier vers “[...] un quartier urbain vivant, multifonctionnel et cosmopolite”131, ni dans les politiques communales, régionales et fédérales. Des projets comme ZIN, défendant l’amélioration drastique du mode de vie et la mixité du quartier risquent d’exacerber les inégalités sociales déjà présentes. Pour finir, les quatre projets que nous avons présentés sont les exemples les plus flagrants d’une dualité de tendances qui se développent parallèlement dans le quartier. La Silver Tower et les tours Möbius représentent pleinement la Old school de par leur monofonctionnalité de bureaux, implantation avec trop peu de préoccupation pour le contexte et l’espace public environnant et aspect monotone et peu innovant. De l’autre côté le projet ZIN se veut pionnier de la nouvelle vague, la New school, qui prône la mixité, l’ouverture du socle, une étude programmatique qui active le bâtiment dans différentes temporalités, une vision durable de la construction et une collaboration souple avec le secteur public. Le projet du CCN se 88
situe entre les deux, avec un projet mixte et une réflexion sur l’intégration au contexte mais un choix programmatique peu adapté au quartier et une relation assez conflictuelle avec les pouvoirs publics. Ces tendances se remarquent indéniablement dans la représentation que font les bureaux d’architecture de leur projet. D’une part, des images de synthèse épurées, de tours qui reflètent le ciel, de l’autre des socles vivants, une vie de quartier animée. Cela pose alors la question de la différence fondamentale de ces deux tendances. Une fois qu’on analyse les projets, on réalise que les divergences fondamentales se font dans l’image, la représentation du projet au public. Fondamentalement, les projets restent des projets privés majoritairement tertiaires, visant un public aisé, et tournés sur eux mêmes. On peut donc dire que ces deux tendances ne sont pas une évolution de la situation, donc le passage de l’une à l’autre, mais bien une divergence qui évolue simultanément dans deux directions parallèles. Il semblerait que la tendance Old school représente une perte de contrôle du pouvoir public sur le développement immobilier et urbanistique. Cependant, comme nous l’avons vu précédemment, l’urbanisme de projet qui caractérise le quartier requiert que le secteur public ait un rôle et une
implication plus claire et ferme dans les projets privés. Initiative déjà entamée par le deuxième mandat du BMA, cette vision y gagnerait à être renforcée et appliquée à tous les secteurs régionaux ou communaux de la planification et aménagement du territoire. C’est ce que nous allons voir dans le dernier chapitre sur l’analyse des acteurs publics et leur implication dans les projets immobiliers.
89
Périmètre 2000 et CQD
Périmètre CQD et cadre réglementaire
Avant 1950
1970-1979
1990-1999
2010-2019
Avant 1950
1970-1979
1990-1999
2010-2019
1950-1959
1980-1989
2000-2009
2020-2029
1950-1959
1980-1989
2000-2009
2020-2029
1960-1969
1960-1969
Périmètre cadre réglementaire et projets immobiliers
Avant 1950
1950-1959
1960-1969
90
1970-1979
1980-1989
1990-1999
2000-2009
Périmètre final
2010-2019
Avant 1950
1970-1979
1990-1999
2010-2019
2020-2029
1950-1959
1980-1989
2000-2009
2020-2029
Périmètre
Projet immobilier
1960-1969
PÉRIMÈTRE
Afin d’établir le périmètre du Quartier Nord dont on parle aujourd’hui, nous allons nous référer au dernier périmètre des années 2000 et le confronter avec la situation et le contexte actuel. Premièrement, le périmètre à la fin des années 2000 comprenait le quartier d’affaires, les logements Héliport et le quartier Gaucheret, en s’arrêtant à la place Rogier et à la petite ceinture. Lorsqu’on regarde les différents contrats de quartiers qui ont été établis dans la dernière décennie, on voit qu’ils sont majoritairement concentrés dans les parties résidentielles. Ainsi, le Quartier Nord s’est prolongé jusqu’au quartier Masui via Gaucheret et des projets comme le parc de la Senne. A l’opposé, il inclut finalement tous les logements entre la chaussée d’Anvers et de l’Avenue de l’Héliport. Le lien entre la zone administrative et les zones résidentielles est maintenant concret. Une intention très clair qui transparaît des contrats de quartiers est celle de relier le quartier de part et d’autre du chemin de fer. On peut donc dans une première étape, élargir le périmètre jusqu’à la rue de Brabant vers l’est, le pont des armateurs vers le Nord et la petite ceinture vers le sud. Ensuite, si l’on superpose à ce périmètre le cadre réglementaire, on
aperçoit que le PAD MAX s’étend jusqu’au abords du canal et que les CRU s’étendent de part et d’autre du canal et du chemin de fer. Dans la définition même du CRU, son rôle est de travailler au sein de fractures urbaines et donc de relier différents quartiers enclavés. Selon cette logique, pour déterminer la limite du quartier, nous devons longer ces fractures. Ainsi, le canal sépare nettement le Quartier Nord de Tour & Taxi. Selon cette réflexion, le périmètre d’observation de perspective que l’on retrouve sur le plan semble donc trop élargi en s’étalant sur les quartiers du centre ville et de Saint-Josse Ten Noode et de l’église Sainte-Anne. Pour finir, il est important de prendre en compte les projets immobiliers qui aspirent à être la nouvelle image du Quartier Nord. Ainsi, le développement de projets résidentiels le long du canal affirme l’appartenance de cette rive au Quartier Nord et la relation à Tour & Taxi via la passerelle Suzanne Daniels. De l’autre côté les projets de la Silver Tower, de Victoria Regina et du boulevard SaintLazare incluent cette partie du botanique et de la jonction nord-midi au Quartier Nord. On retrouve ainsi un Quartier Nord, étendu donc les liens avec les quartiers environnants sont très concrets et dont programmes et situations très diverses. 91
Production de la ville Politique/Administratif Paola Vigano
CRU I
Permis
CityTools ERU
TVK
Pascal Smet (one.brussels) Secrétaire d’Etat à l’urbanisme
be.exemplary
CRU II
Urbanisme & patrimoine
Urban
Suivi
CCN
Perspective
PAD MAX
Assar Architectes
Permis Réunion de projet
Möbius Towers
Emir Kir (PS)
Chambre de qualité
SJTN Atelier de Genval
Rudi Vervoort (PS) Ministre Président
Rénovation urbaine
Multiple
Architeces Assoc
Gouvernement RBC
Cécile Jodogne (DéFi)
51n4e + AUC
BMA
Kristiaan Borret
Concours
Schaerbeek
Accarain Bouillot
Silver Tower
ZIN
Philippe Close (PS)
Comission de concertation
Jaspers Eyers
SPRB
VdB
QN
Communal
Enquête publique
Régional
Immobel Befimmo
Ghelamco AG Real Estate AXA Aténor
Social
Economique/finance Constellation d’acteurs aujourd’hui
92
ACTEURS
“The same players responsible for half a century stagnation in the North Quarter present themselves today as key inciters for the future”.132 Afin d’étudier un quartier problématique comme le Quartier Nord, pris dans un tourbillon institutionnel aussi tumultueux que celui de la Région Bruxelles-Capitale, il est essentiel de comprendre le système d’acteurs et la manière dont on conçoit l’aménagement de notre capitale. Suite aux différentes analyses de situation et de faits, nous allons à présent émettre des hypothèses personnelles quant au rôle des différents acteurs dans un contexte aussi complexe que celui du Quartier Nord afin de terminer sur une conclusion du modèle d’aménagement mis en place en Région Bruxelles-Capitale. Les institutions régionales: entre division et divergence Au niveau régional, trois institutions occupent une place centrale dans la constellation d’acteurs présents dans le Quartier Nord: urban.brussels, perspective. brussels et le Bouwmeester-architecte. Nous connaissons déjà Perspective dans son rôle stratégique de développement d’outils planificateurs comme le PAD.
Perspective est un organisme d’intérêt public dont les différents départements s’occupent de connaissance et de développement territorial, de statistique et d’analyses socio-économiques.133 On peut voir dans la mise en place difficile des PAD dans la capitale, que l’organisme peine un peu à affirmer comme outil régional efficace. On le voit pour le PAD Loi qui se heurte aux associations de quartier ou via des plateformes comme “Bas les PAD”, formée par l’IEB. Ces derniers définissent les PAD comme des plans qui permettent de déroger à tout cadre réglementaire contraires à leurs objectifs. Ils implantent une “zone d’immunité contre tous les recours juridiques [...] et sont une prime à la spéculation immobilière”.134 De plus, les PAD ont l’ambition de définir gabarits, alignements et affectations, recoupant les missions des PPAS communaux. Cela implique que Perspective prenne la responsabilité de supplanter le pouvoir communal en abrogeant les plans qu’ils ont eux-même définis. En effet, les PAD ont valeur indicative mais peuvent être réglementaires et ne sont pas abrogeables. Ils peuvent donc révoquer tout plan préalable. Perspective joue aussi le rôle de conseiller dans le développement de projets stratégiques comme on a pu le voir avec le projet du CCN. Dans ce 93
cas là, l’organisme suit les démarches de conception programmatique en s’assurant d’un bon équilibre de logements conventionnés ou d’équipements publics. On peut cependant se demander si cela ne recoupe pas le rôle du BMA et si tel est le cas pourquoi diviser ces organisme publics. La deuxième institution est urban. brussels, une administration régionale qui dirige les politiques en matière d’urbanisme, patrimoine et la gestion des programmes de revitalisation urbaine, tels que le CRU dont nous avons parlé précédemment.135 C’est l’organisme qui délivre les permis des projets qui nécessitent une étude des incidences environnementales, ce qui est le cas pour la grande majorité des projets du Quartier Nord. C’est donc la première instance publique qui a un pouvoir décisionnel sur les projets. Celleci intervient cependant dans une phase avancée du projet. Par ailleurs, c’est urban.brussels qui est responsable du prix Be.exemplary dont nous avons déjà parlé. Ce prix représente les ambitions régionales en matière d’écologie, de construction et de développement durable. Ce que l’on peut voir sur le schéma des acteurs ci-contre, est que une unique institution est divisée et sous la tutelle de deux ministres différents. En effet, 94
le Ministre-Présidentdu gouvernement bruxellois, actuellement Rudi Vervoort (PS) est en charge de Perspective et de la partie Rénovation Urbaine de Urban et le secrétaire d’État en charge de l’urbanisme au même gouvernement, Pascal Smet (one. brussels) s’occupe de la partie Urbanisme et Patrimoine de Urban. Cela renforce l’aspect de division qui règne au sein des institutions bruxelloises. Pour finir, le bouwmeesterarchitecte et son équipe garantissent un suivi de projets publics et privés. Par l’accompagnement des maîtres d’ouvrage, le BMA défend la qualité architecturale des projets architecturaux et espaces publics.136 Comme nous l’avons vu dans la première partie, le premier mandat d’Olivier Bastin a apporté la mise en place de concours pour les projets publics régionaux, comme les espaces publics du rond-point Schuman ou du parvis de Saint-Gilles. Le deuxième BMA bruxellois est Kristiaan Borret (1966), désigné par le Ministre-Président, Rudi Vervoort. L’architecte urbaniste flamand a été bouwmeester d’Anvers pendant huit ans avant de faire de Bruxelles son terrain d’expertise. Lors de son premier mandat, Kristiaan Borret a mis en place plusieurs outils pour améliorer la transparence et la qualité des processus de construction de la ville. Premièrement, dans la
continuité du travail d’Olivier Bastin, Kristiaan Borret défend la procédure de concours et prolonge, dans une certaine mesure, ce système aux projets privés. Les maîtres d’ouvrage peuvent demander l’accompagnement du BMA s’ils le souhaitent, comme nous l’avons vu pour le projet ZIN. Depuis 2019, un avis BMA est requis pour l’obtention des permis mais uniquement sur les projets de plus de 5000 mètres carrés.137 Cet avis n’implique cependant pas une collaboration tout au long du projet, qui est uniquement réalisable sur demande du maître d’ouvrage, reléguant l’autorité publique au deuxième plan. Selon Kristiaan Borret, organiser des concours pour les projets privés permet de secouer le réseau fermé d’architectes impliqués dans les projets immobiliers de grande envergure. Ainsi, nous avons vu l’équipe Jaspers-Eyers accompagnée de 51n4e et l’AUC mais on peut aussi citer le concours pour la rénovation du siège de la Royale Belge (P; Dufau, R. Stapels, 19661967) à Boitsfort, qui a désigné l’équipe internationale Bovenbouw architecture et Caruso St-John.138 Ensuite, dès le début de son mandat, le deuxième BMA met en place la chambre de qualité. C’est une réunion de projet qui invite les différents acteurs, publics et privés, à débattre d’un projet en
cours afin d’améliorer la qualité du sujet et idéalement de faciliter l’accès au permis. Lieu de discussion pour les différentes institutions publiques à chaque niveau, pour les experts, les bureaux d’études et les investisseurs, il marque un réel pas en avant pour la concertation et le débat sur les projets bruxellois. Cependant, cet outil manque légèrement de transparence dans son fonctionnement et son contenu au regard du public. Aujourd’hui la chambre de qualité a été remplacée par la “réunion de projet”, organisée par l’autorité délivrante, sur requête du demandeur de permis. Le BMA est alors invité si le projet requiert son implication.139 Réélu pour un deuxième mandat en 2020, Kristiaan Borret met au centre de ses objectifs la construction durable et la circularité. On peut notamment le voir via des initiatives comme “Should I stay or should I go”, série d’événements, conférences et articles sur la démolition de bâtiments emblématiques bruxellois et des matériaux qui en découlent. On peut conclure en tirant trois points principaux concernant ces trois institutions publiques et en général sur la position du pouvoir régional en matière d’aménagement du territoire. Premièrement, la division des institutions suppose une répartition des rôles, des 95
missions et des expertises afin d’affiner l’intervention de chacun. Cependant, dans les cas que nous avons analysés dans cette troisième partie, on voit clairement que ces rôles ne sont pas bien définis et que souvent les missions se recoupent. On voit par exemple la notion de suivi et de conseil mené par les trois instances: le BMA, dont c’est un des rôles principaux qui ne l’exerce que sur demande du maître d’ouvrage, Perspective sur les questions d’aménagement du territoire mais aussi de programme et d’intégration et Urban qui peut conseiller et organiser des réunions préalables à la demande de permis. On remarque aussi la mission de définition du cadre réglementaire par Perspective qui se retrouve à faire des PAD en dédoublant le rôle des communes, tout en accentuant le manque d’encadrement de la spéculation immobilière. Deuxièmement, depuis sa création, la Région ne semble pas avoir une présence claire et définie dans la constellation d’acteurs. Selon Olivier Bastin, premier BMA “[...] la Région tente progressivement de gagner du terrain sur les communes, dans des conditions très complexes. Nous travaillons pourtant mieux avec les communes qu’avec la Région.”140 On peut réfléchir sur ce qui fait qu’en vingt ans d’existence, la Région n’a pas encore 96
réussi à affermir son rôle au sein du nuage institutionnel qui entoure la capitale. Nous avons donc déjà cité la division des organisme publics. Un “diviser pour mieux régner” qui n’a pas encore révélé son efficacité. Ensuite, elle ne présente pas, comme on a pu le voir dans les cas d’étude en France, une figure porteuse de projet, comme le maire ou l’aménageur public. Cela se remarque dans un manque de concentration des interventions et de concrétisation. Les différentes instances, portées par des figures diverses et des objectifs variés accentuent la dilution des interventions publiques. Comment peuton imaginer des interventions pertinentes et effectives lorsqu’il est inconcevable de réunir les instances autour d’un thème, d’un lieu? Nous reprendrons le cas du CCN, dont la vente marque une réelle perte de maîtrise de la part de l’administration publique régionale. On n’imaginerait que difficilement un projet comme celui de la gare de la Part-Dieu appliqué au CCN. Pourtant, le CCN se trouve aux abords d’une gare nationale, c’est un nœud de mobilité régional et inter-régional, un centre administratif, dans un quartier où il est nécessaire de revoir entièrement les espaces publics et qui va bientôt être soumis à l’arrivée d’un grand nombre de logements. Le CCN
et plus largement la gare et le Quartier Nord réunissent de grands propriétaires privés et de nombreux acteurs régionaux et communautaires. Tous ces faits font du projet CCN non seulement un cas idéal pour réunir tous les acteurs essentiels au développement de projets urbains et imaginer une nouvelle manière de penser la Région bruxelloise mais aussi un endroit stratégique et important à développer de manière intelligente, plutôt que d’être laissé aux mains d’un propriétaire privé, dans un cadre réglementaire maniable. Cette absence de concentration et convergence pourrait venir d’un manque d’ambition ou d’une trop grande complexité institutionnelle. Pour finir, ces deux premiers points sont accentués par la divergence entre les objectifs énoncés par chaque instance et entre les objectifs et les actions menées par la suite. Ainsi, la circularité et le développement durable défendus par le BMA ou Urban via le be.sustainable ne se reflètent pas dans la démolitionconstruction du CCN, le renouveau du Quartier Nord est mis à mal par le déménagement de la SPRB dans la Silver Tower. De plus, les objectifs politiques de renouveau à l’échelle du quartier sont démentis par un cadre réglementaire décousu et incohérent. Cela pose la
question de l’importance des messages qui sont présentés comme objectifs de la Région. “Un outil qui sépare ceux à qui le discours est destiné et qui le comprennent, et ceux à qui il est soit-disant destiné mais qui ne le comprennent pas totalement”.141 Comment peut-on séparer la part de marketing territorial de lignes directrices de l’aménagement du territoire régional? Nous allons maintenant étudier le rôle de l’architecte et son évolution depuis le modèle de Jaspers-Eyers dans les années nonante. L’architecte: nouvelle école ou vieilles méthodes dissimulées? Actif dans le Quartier Nord depuis les années quatre-vingt, le bureau d’architecture Jaspers-Eyers continue son activité encore aujourd’hui. Par exemple, il reconstruit le Baudouin Building dont l’architecte n’était autre que Michel Jaspers, à la fin des années quatre-vingt. Ce bâtiment, obsolète après à peine vingt ans d’utilisation est entièrement démoli pour reconstruire le Quatuor, quatre tours de bureaux sur un socle commercial. Cette démolition d’un bâtiment de bureaux de Jaspers pour la reconstruction d’un bâtiment de bureaux de Jaspers représente bien l’hypocrisie 97
qui entoure tout le système d’acteurs et l’absurdité qui est à l’origine de tout le quartier. Cependant, l’omniprésence de ce bureau d’architecture depuis presque quarante ans prouve le gage de qualité qu’offre le bureau aux clients. En effet, des projets d’une telle ampleur nécessitent une assurance financière et une garantie de faisabilité et d’efficacité. Jaspers Eyers a prouvé à plusieurs reprises être expérimenté et fiable jusqu’à en devenir une valeur sûre du Quartier Nord. De plus, leurs nombreux bâtiments à travers la région ont fait du style Jaspers Eyers une marque bruxelloise, que les promoteurs prisent. C’est cette marque qui a poussé Befimmo vers Jaspers Eyers plutôt que vers un bureau international.142 Comme nous l’avons vu précédemment, JaspersEyers s’occupe aussi du projet ZIN. Pour ce projet, le grand bureau ne travaille pas seul. Initialement, le propriétaire du projet, la société immobilière Befimmo, avait attribué le projet à Jaspers-Eyers, partenaires de longue date. Dans la volonté de remporter l’appel à projet de la communauté flamande pour le projet d’un nouveau siège, Befimmo souhaitait donner un côté plus attrayant au projet monofonctionnel de démolition reconstruction de Jaspers Eyers et s’est alors tourné vers le BMA. Suite à cette collaboration, Kristiaan Borret, maître 98
architecte, a vivement recommandé un concours public afin d’ajouter un architecte pour collaborer avec Jaspers-Eyers. C’est 51n4e et l’AUC qui ont été retenus pour former l’équipe finale. La conservation partielle du bâtiment et la mixité découlent de la nouvelle équipe. Cette collaboration est une tentative de varier le panel d’architectes qui réalisent les projets immobiliers privés de grande envergure lancée par le BMA, lors du mandat de Kristiaan Borret. Cependant, il est difficile de connaître l’impact réel de cette contribution. On sait que 51n4e est responsable de un pourcent de la mission et Jaspers-Eyers de 4,75 pourcent. On peut alors se demander comment est répartie cette mission. Jaspers-Eyers garantit l’efficacité et la bonne réalisation et 51n4e la qualité architecturale.143 Il semble que selon cette répartition, et vu que l’équipe a été formée après que les premiers plans soient déjà entièrement dessinés, la qualité architecturale est perçue comme une détail à ajouter à posteriori, “par-dessus”. Que ce soit dans la façade ou dans l’aménagement intérieur, cette manière de diviser le travail ne renvoie pas vers un besoin fondamental de modifier la manière de concevoir les projets de grande envergure au Quartier Nord. Cependant, le projet est reçu comme le pionnier d’une nouvelle époque.
On peut alors se demander si ce nouveau modus operandi découle de la réalisation qu’un changement est nécessaire dans la manière de produire les projets de grande envergure au Quartier Nord ou si il relève plus de l’image renvoyée par le projet. Ce modèle n’est pas un événement unique. Les deux bureaux travailleront ensemble sur le projet Victor, îlot mixte de bureaux et logements à la Gare du Midi. Sur le même modèle, Jaspers Eyers collabore avec Office KGDVS pour le quartier général d’ING, rue Belliard. Ainsi, on observe que le modèle se développe de plus en plus et ce dans tous les coins du Central Business District. D’un autre côté, Jaspers-Eyers se réserve encore une place dans tous les projets d’envergure comme le nouveau siège de BNP Paribas dans le centre. Initialement, le concours a été remporté par le bureau autrichien Baumschlager Eberle, qui a été par la suite associé, via le BMA à d’autres bureaux bruxellois, dont Jaspers-Eyers. Émergence d’une nouvelle vague d’architectes prêts à succéder à Jaspers-Eyers ou couverture idéale pour conserver le status quo? Cette question reste actuellement en suspens mais il faudra analyser de près ce modèle dans le prochaines années. Nous allons terminer cette troisième partie par des recommandations,
qui, au vu de la complexité du contexte politique, institutionnel et économique du Quartier Nord, ne constituent que des hypothèses destinées à susciter une réflexion. Elles découleront cependant directement des analyses que nous avons établies tout au long de ce travail. Premièrement, il faudrait suivre le modèle français et donner plus d’importance au sociétés d’aménagement publiques. Soit en se concentrant sur des projets ponctuels comme les exemples analysés plus haut, soit en donnant plus d’importance et de budget aux organisations publiques déjà mises en place telles que la Société d’Aménagement Urbain (SAU) ou CityDev. Cela permettrait d’une part de contrôler et maîtriser la spéculation immobilière et d’autre de faciliter l’implication publique du BMA et la transparence du développement urbain. Deuxièmement, il semble que le point le plus essentiel à améliorer serait la convergence. D’une part, géographique et de l’autre institutionnelle. Les Zones de Revitalisation Urbaines (ZRU) s’étendent sur des territoires si étendus qu’on ne perçoit plus quels sont les points qui sont prioritaires et sur lesquels la Région va se concentrer. Les budgets, projets et institutions sont alors rassemblés dans quelques points précis décidés 99
Production de la ville Politique/Administratif COMISSION RÉGULIÈRE
RBC
Détermine: - les objectifs régionaux - les points d’attention - les études à mener
Perspective Urban
Plans Permis
Architecte
BMA
Communes Projets
Concours
Communes Experts extérieurs Architectes & bureaux d’études Associations citoyennes
Perspective Urban BMA
Communal
QN
Comités de quartiers
Propriétaire Promoteur
CHAMBRE DE QUALITE OUVERTE
Enquête publique
Propriétaire Promoteur
Social
Régional
Suivi BMA requis pour tous les projets privés: - de plus de 5000 m² - Projets soumis au RIE - Inscrits dans une ZRU/ ZIR
Economique/finance Constellation d’acteurs projetée
100
par un conseil constitué des institutions d’aménagement du territoire, les ministres et les échevins de l’urbanisme et des experts architectes, urbanistes, géographes ou encore sociologues ou historiens. Pour les institutions, il est essentiel de repenser la structure qui les régit. Leur division et leurs missions semblent claires sur papier mais dans la réalité du terrain, leur rôle et leurs interventions sont floues. Un remaniement semble nécessaire. Par exemple, il semblerait judicieux de donner plus d’importance au BMA. D’une part, il faudrait que leur action soit plus étendue, pour les projets privés et les projets publics communaux et plus évidente. D’autre part, en tant que garant de la qualité de la Région et via des initiatives comme la chambre de qualité, il est le point de rencontre et de discussion entre toutes les institutions et cette fonction devrait être renforcée. Un premier travail de transparence a déjà été opéré. Il faudrait maintenant mettre en place une chambre de qualité plus ouverte et disponible pas uniquement pour les projets mais aussi pour le choix des ambitions régionales et la composition d’un discours régional unique. Pour finir, le BMA a toutes les cartes en main pour représenter cette figure porteuse du développement urbain comme elle l’a déjà dans d’autres villes ou
ce poste est plus ancien. Concrètement, cela peut se matérialiser sous trois formes. Premièrement, en rendant le suivi du BMA obligatoire en plus de l’avis final non seulement pour les projets de plus de 5000 mètres carrés, mais pour tous les projets inscrits dans une Zone de Rénovation Urbain ou une Zone d’Intérêt Régional, qui sont les points d’attention désignés par la Région et méritent une ample réflexion. Cela vaut aussi pour les projets qui nécessitent un rapport d’incidences sur l’environnement (RIE). Si ce facteur détermine que la Région délivre le permis, c’est la suite logique que l’organe conseiller de la qualité du projet le suivre en amont. Deuxièmement, il faut approfondir le concept de la chambre de qualité, en la rendant plus ouverte, plus évidente et plus officielle. Celle-ci doit se réunir plusieurs fois au fur et à mesure du projet avec tous les acteurs, y compris de la société civile et des riverains afin d’adapter le projet directement avec les autorités délivrantes. Ainsi, au lieu d’avoir un avis définitif qui ne peut être garanti par toutes les parties prenantes, on obtient des réunions qui permettent de tendre vers un projet qui aura dès le départ inclus la plus grande majorité des acteurs. En effet, une seule 101
réunion décisive met trop de poids sur les discussions, en rendant presque impossible d’avancer quoi que ce soit sans faire des promesses difficiles à tenir. Multiplier les réunions augmente leur rôle de conseil et de suivi. Ces réunions doivent être enregistrées et rapportées afin d’offrir une plus grande transparence et une trace de tout ce qui a été dit. Pour finir, des réunions régulières et aussi sujettes à un rapport doivent s’opérer entre les organes en charge de l’urbanisme et de l’architecture. Encadrées par des experts, ces réunions permettent de définir quels seront les points d’attention à développer sur une période donnée, les outils et ressources à mettre en place pour y parvenir et les études nécessaires au bon déroulement des opérations. Ces trois outils qui n’ont pas l’ambition d’ajouter des procédures dans un système déjà trop complexe, permettent d’améliorer deux points essentiels: la discussion et la convergence des opinions. Dans un environnement institutionnel si complexe, il faut démultiplier les lieux de discussion officiels qui réunissent plusieurs acteurs et des experts et conseillers extérieurs afin de se rapprocher d’un objectif partagé et de permettre d’engager les débats avant les délivrances de permis. 102
Via des chambres et des commissions internes et externes, et l’augmentation du nombre de projets impliqués, on peut espérer tendre à une meilleure entente entre les différents organes publics et un meilleur suivi du développement urbain bruxellois.
CONCLUSION
“The question is not only which qualities the northern quarter needs in the future. First and foremost, the question is who we entrust the question and what guarantee they provide”.144 Les lacunes du Quartier Nord et ce qu’il faudrait améliorer sont des évidences. Il en faut peu aux politiciens ou institutions régionales pour déclarer qu’il faut rendre le quartier plus mixte, vivant et agréable. Ces déclarations ne font que enfoncer une porte ouverte. C’est le contexte dans lequel ces améliorations devraient prendre place qui pose plus de problèmes. L’aménagement du territoire bruxellois, par la complexité de son contexte institutionnel, économique et politique, est particulièrement imbriqué et sous certains aspects bloqué. Revisiter l’aménagement d’un quartier comme le Quartier Nord, c’est soulever toute la structure qui compose notre système institutionnel. Intriqué entre propriétaires privés, ambitions régionales, interventions communales et histoire mouvementée, le Quartier a souvent été régi par le développement immobilier privé. Ce travail traverse alors l’héritage de la mutation du quartier depuis sa construction en passant par toutes les phases marquantes jusqu’à aujourd’hui. Au
travers des projets et des aménagements, il pose la question des acteurs qui ont contribué à chaque nouveau tournant. Quel rôle ont eu les acteurs immobiliers privés dans cette mutation? Comment se positionnent les pouvoirs publics? Quel est la place du pouvoir régional depuis 1989 et quels outils mobilise-il? Comme nous l’avons vu, sur cinquante ans se sont suivis de nombreux modèles de gestion et associations d’acteurs. L’association d’un Premier Ministre ambitieux, d’un promoteur expérimenté, d’architectes rationnels et de Bourgmestres conciliants donne lieu au plan Manhattan. Charles Picqué, à la tête de la Région naissante met en place de nouveaux outils de rénovation urbaine et d’aménagement d’espace publics. Au même moment, Michel Jaspers commence son ascension dans le quartier. Ce n’est que 10 ans plus tard que les institutions régionales prennent également place, au moment où les démolitions des monuments modernistes font monter des voix contestataires de la qualité architecturale de la capitale et surtout des choix en matière d’architecture faits par les autorités publiques. L’idée même du Quartier Nord, elle, évolue, se façonne et s’étire sans atteindre un périmètre fixe. 103
En France, les problématiques similaires, qui surviennent dans des quartiers de gare comme Euralille ou la Gare de Lyon Part-Dieu ou dans des plans modernistes des années soixante comme Bordeaux-Mériadeck nous apportent des éléments de réponse quant au solution amenées dans un autre modèle de gestion de l’aménagement urbain. Deux points ressortent très clairement. Premièrement, le pouvoir public est une figure claire et confiante dans son rôle. La figure du Maire porte le projet, les sociétés publiques en assurent le bon déroulement financièrement et qualitativement et les ressources sont nombreuses et mobilisées sur une durée de temps limité. Deuxièmement, les projets sont des plans à grande échelle, fruit d’une réflexion concertée et d’une ambition à la hauteur des problématiques présentes dans les quartiers cités. Ces deux points sont à nos yeux des manques cruciaux dans la gestion de l'aménagement du territoire à Bruxelles. Si l’on revient à Bruxelles, le Quartier Nord est aujourd’hui dans ce que l’on pourrait appeler une nouvelle phase. Le quartier est défini par la centralité administrative, entouré de zones résidentielles dont les statuts varient de la tour Up-site au foyer Laekenois, 104
relié par des espaces verts régis par les conflits d’usages. Un tissu complexe aux multitudes de facettes, qui ne peuvent être réunies par une seule image. Les projets de grande envergure se démultiplient, les plans réglementaires s’ajoutent au PPAS présents et les discours politiques sont plein d’ambitions et d’objectifs à long terme. Lorsque l’on regarde les projets de plus près on voit cependant une dissonance entre des projets dit innovants et d’autres qui continuent à apparaître sans grand bruit. On retient le projet ZIN, exemple favori de la collaboration entre promoteur privé et institution publiques, architecte classique et jeune bureau, programme familier et fonctions novatrices. Sous cette étiquette se cachent tout de même certaines failles qui laissent croire à une grande part de publicité, lorsque le projet maintient les mêmes principes qui ont fondé le quartier. D’un autre côté, on voit le projet Silver Tower qui représente le projet classique, monofonctionnel et introverti mais qui est commandité par la Région elle-même. Symbole même de la contradiction qui habite le quartier, le projet est validé et reçoit son permis sans encombres. Ces projets mettent en lumière les incohérences qui régissent les institutions publiques. Ils pointent le statut
encore trop indécis de la Région. En vingt ans, celle-ci n’a pas encore su affirmer son action en matière d’aménagement urbain. Cela se reflète sur l’incohérence des trois institutions, Perspective, Urban et le BMA, dont les missions sont divisées mais les interventions se recoupent parfois. La position floue de la Région se remarque aussi dans la divergence d’objectifs et d’opinion au sein même des organismes publics. Ces analyses poussent à penser que la structure des institutions régionales mériteraient plus ample réflexion. En effet, on peut peutêtre imaginer que la redéfinition des rôles et la concentration des interventions aux endroits jugés essentiels serait bénéfique pour la cohérence des décisions en matière d’aménagement urbain. Toutes ces réflexions sont des pistes qui ont l’ambition de mettre en lumière des incohérences au sein de la gestion déjà complexe de l’aménagement du territoire dans la Région Bruxelles-capitale. Elles mériteraient un approfondissement grâce à des expertises en matière de sciences politiques et économiques et une analyse précise du modèle d’aménagement à Bruxelles. De plus, ces réflexions sont construites sous l’hypothèse de ressources abondantes, de contraintes souples et
de majorités politiques impliquées. Il est évident pourtant que cette hypothèse est peu réaliste car le contexte bruxellois prend ses sources dans un environnement bien plus complexe que celui que nous avons dépeint. Ce contexte même nous permet de se poser la question de la pertinence du niveau régional dans la structure de pouvoir autour de l’aménagement du territoire urbain bruxellois et finalement cela est lié à la plus large question du niveau de décentralisation optimal des compétences en matière d’aménagement du territoire. Ces deux questions méritent une analyse poussée en soi, ce qui est au delà de l’objectif de ce mémoire.
105
NOTES
96 Philippe Close, sur BXL La Ville De Stad, <https://www.bruxelles.be/philippe-close>, consulté en juillet 2020 97 Portrait, sur Cécile Jodogne, <https://jodogne.be/portrait>, consulté en juillet 2020 98 Définition, sur Revitalisation urbaine.brussels, <https://quartiers.brussels/1/>, consulté en juin 2020 99 Plan d’Aménagement Directeur (PAD), sur Perspective.brussels, <https://perspective.brussels/fr/plans-reglements/ plans-strategiques-et-reglementaires-plan-damenagement-directeur-pad>, consulté en juin 2020 100 LEVY, S., La planification sans le plan: règles et régulation de l’aménagement du territoire bruxellois, thèse de doctorat au sein de l’Université Libre de Bruxelles, faculté d’architecture et de la Vrije Universiteit Brussels, department of geography, faculty of sciences, Bruxelles, avril 2015 P 217-222 101 Silver tower, construction d’une tour de bureaux, sur Accarain-Bouillot, <https://www.accarain-bouillot.com/ silvertower.html>, consulté en mai 2020 102 S.A, Le projet de la Silver Tower change de propriétaire lundi, dans L’Echo, <https://www.lecho.be/entreprises/ immobilier/le-projet-de-la-silver-tower-change-de-proprietaire-lundi/10049494.html>, Bruxelles, mai 2018 103 Silver tower, construction d’une tour de bureaux, sur Accarain-Bouillot, <https://www.accarain-bouillot.com/ silvertower.html>, consulté en mai 2020 104 Entretien par mail avec Pierre Lemaire, chargé de proejt au département de stratégie territoriale, perspective. brussels, 11 mai 2020 105 S.A, Un projet “mégalomaniaque” divise l’administration bruxelloise, dans BX1, <https://bx1.be/news/un-projetmegalomaniaque-divise-ladministration-bruxelloise-2/?theme=classic>, Bruxelles, février 2020 106 COULEE, P., Coup double pour Immobel et Allianz, dans L’Echo, <https://www.lecho.be/entreprises/immobilier/ coup-double-pour-immobel-et-allianz/9808320.html>, septembre 2016 107 FADOUL, K., L’arche du Quartier Nord, dans Le Soir.be, <https://www.lalibre.be/regions/l-arche-du-quartier-nord51b88d1fe4b0de6db9ad599e>, Bruxelles, janvier 2006 108 Möbius, sur Immobel, <https://www.immobel.be/fr/projects/21-mobius>, consulté en mai 2020 109 COULEE, P., Coup double pour Immobel et Allianz, dans L’Echo, <https://www.lecho.be/entreprises/immobilier/ coup-double-pour-immobel-et-allianz/9808320.html>, septembre 2016 110 Tour Möbius II, sur PSS-archi, <https://www.pss-archi.eu/immeubles/BE-21004-67784.html>, consulté en mai 2020 111 Möbius, sur Immobel, <https://www.immobel.be/fr/projects/21-mobius>, consulté en mai 2020 112 Avis de la commission de concertation A1080/2016, de la Ville de Bruxelles pour la demande du permis d’urbanisme mixte, 21 juin 2017 113 FADOUL, K., L’arche du Quartier Nord, dans Le Soir.be, <https://www.lalibre.be/regions/l-arche-du-quartier-nord51b88d1fe4b0de6db9ad599e>, Bruxelles, janvier 2006 114 Histoire de l’évolution de Befimmo, sur Befimmo.be, <https://www.befimmo.be/sites/default/files/historique_ befimmo_-_evolution_-_fr.pdf> 115 Entretien par mail avec Jean-Guy Pecher, team bouwmeester maître architecte, BMA.brussels, 13 mai 2020 116 Bruxelles, Quartier Nord: Befimmo remporte le marché public organisé par l’administration flamande. Les 70 000 m² de bureaux du projet ZIN déjà entièrement pré loués , communiqué de presse par Befimmo, Bruxelles 12 mars 2019
106
117 Kerremans, C., Op Cit. 118 Le projet ZIN de Befimmo, lauréat be.exemplary 2019, sur Befimmo.be, https://www.befimmo.be/fr/news/leprojet-zin-de-befimmo-laureat-beexemplary-2019>, consulté en mai 2020 119 Be exemplary, affiche 2019, sur be.exemplary, <http://beexemplary.brussels/wp-content/uploads/2020/05/ BE_EXEMPLARY_2019_DEF_060520.pdf>, consulté en mai 2020 120 BROUTOUT, B., DENUIT, B., Quartier Nord : la Région bruxelloise délivre le permis d’urbanisme pour le projet ZIN, sur BX1, <https://bx1.be/bruxelles-ville/quartier-nord-la-region-bruxelloise-delivre-le-permis-durbanisme-pour-le-projetzin/>, Bruxelles, avril 2020 121 GYZEGHEM, T., La nouvelle ZIN du quartier nord, dans IEB, <https://www.ieb.be/spip.php?page=impression&id_ article=43856>, Bruxelles, février 2020 122 La fédération, sur IEB, <https://www.ieb.be/-La-federation->, consulté en mai 2020 123 GYZEGHEM, T., La nouvelle ZIN du quartier nord, dans IEB, <https://www.ieb.be/spip.php?page=impression&id_ article=43856>, Bruxelles, février 2020 124 PASCAL SMET dans SA, Vergunning modernisering WTC torens is rond, sur Bruzz, <https://www.bruzz.be/ stedenbouw/vergunning-modernisering-wtc-torens-rond-2020-04-02>, Bruxelles, avril 2020 125 Gare du Nord, Rue du Progrès 80, sur IrisMonument: Inventaire du patrimoine architectural de la RégionBruxelles-Capitale, <http://www.irismonument.be/fr.Schaerbeek.Rue_du_Progres.80.html>, consulté en avril 2020 126 Entretien avec Francisco Guillan y Suarez, premier attaché au service du patrimoine immobilier, SPRB, 26 novembre 2019 127 Entretien par mail avec Frederik Serroen, team bouwmeester maître architecte, BMA.brussels, 25 juin 2020 128 129 LAGROU, E., Bruxelles-Nord: repenser la Gare du Nord, dans Gares-Villes. Eurostation: 10 ans d’activités, éd. Eurostation, Bruxelles, 2003, P. 78 130 DEMEUTER, P., DOORNAERT, A., HANSSENS, B., Vacance 2015 à Bruxelles: zoom sur le Quartier Nord, coll. Observatoire des bureaux, n°36, éd. Benjamin Cadranel et Arlette Verkruyssen, Bruxelles, 2016, P.5 131 DEBONT, M., La Région bruxelloise délivre le permis pour le projet ZIN : un pas important vers un Quartier Nord 2.0, dans Pascal Smet #Brusselsforpeople, <https://pascalsmet.prezly.com/la-region-bruxelloise-delivre-le-permis-pourle-projet-zin--un-pas-important-vers-un-quartier-nord-20>, Bruxelles, avril 2020 132 DUBOIS, M., Squatting the North Quarter, dans BOIE, G., Welcome in Jaspers Town, éd. KU Leuven, Louvain, 2019, P. 166-170 133 Qui sommes nous?, sur Perspective.brussels, <https://perspective.brussels/fr/qui-sommes-nous/propos>, consulté en juin 2020 134 SCOHIER, C., SAINT-REMY, G., STATHOPOULOS, A., PAD - Plan d’Aménagement Directeur, production InterEnvironnement Bruxelles, coll. Bruxelles en mouvement #2, Bruxelles, 2020 135 Qui sommes nous?, sur Urban.brussels, <http://urban.brussels/#qui-sommes-nous>, consulté en juin 2020 136 Bouwmeester, sur bouwmeestermaitrearchitecte, <http://bma.brussels/fr/accueil/approche/>, consulté en juillet 2020 137 Art. 11/1 du CoBAT, Code Bruxellois de l’aménagement du territoire, Moniteur Belge, Bruxelles, 2019 138 BOUWMEESTER ARCHITECTE, Royale Belge, Factsheet, Bruxelles, 2019 139 URBAN.BRUSSELS, La réforme du CoBAT, présentation à la destination des séances d’information pour le public, juin 2019, P. 11 140 BOUWMEESTER ARCHITECTE, Man of thoughts, éd. Public Space, Bruxelles, 2014
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Dossier de presse - Bruxelles, Quartier Nord: Befimmo remporte le marché public organisé par l’administration
flamande. Les 70 000 m² de bureaux du projet ZIN déjà entièrement pré loués , communiqué de presse par Befimmo, Bruxelles 12 mars 2019 Tous les documents dont la source n’est pas précisée sont de l’auteur.
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REMERCIEMENTS
Je tiens tout d’abord à remercier mon promoteur, Benoît Moritz, pour son accompagnement, son expertise et ses remarques tout au long de ce travail. Je voudrais ensuite remercier toutes les personnes au sein des administrations, organismes régionaux et experts qui m’ont aidé à éclaircir le sujet et ont participé de manière active à mes recherches. Parmi ceux-ci, j’aimerais remercier tout particulièrement Pierre Lemaire, de perspective.brussels, qui a pris le temps de me transmettre ses expériences et ses informations sur le sujet du Quartier Nord et de continuer à me suivre durant le projet de master et le travail de fin d’étude. Je finirai par remercier tous mes proches. Cédric, Jil pour leur suivi et soutien, ma famille pour avoir relu de nombreuses fois mon travail et m’avoir donné de précieux conseils, Gabriel pour la rivalité positive et mes amis pour m’avoir soutenue tout le long de cette année.
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