Etude sociologique d'un quartier en mouvement : la maladrerie

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TD EN SCIENCES HUMAINES ET SOCIALES : Etude sociologique d’un quartier en mouvement

LA MALADRERIE

Encadrant : Nava MERON Etudiants : Ghita FARHAT et Olivier GARNIER

ENSA-PLV L1 S2 – 2016/2017



Remerciements La réalisation de ce travail de ce travail à été possible grâce à plusieurs personnes auxquelles nous voudrions témoigner notre reconnaissance :

Nous voudrions remercier notre encadrante Madame Nava Meron pour sa disponibilité et ses conseils qui ont alimenté nos réflexions.

Nous désirons remercier notre professeur de Sociologie Urbaine Madame Ioana Iosa qui nous a fourni les outils nécessaires à la réussite de cette étude.

Nous voulons exprimer notre gratitude à l’égard de la sympathique équipe des archives d’Aubervilliers, pour leur patience et leurs suggestions qui nous ont été d’une très grande aide.

Nous exprimons également notre gratitude aux habitants de la maladrerie qui ont bien voulu nous accorder un peu de leur temps pour l’interview.













OĂš : Maison de l’habitant Maladrerie Quand : Mercredi 05 avril 2017 Qui : Habitante du quartier tranche d’âge entre 50-60 ans.

-Depuis quand habitez-vous le quartier et comment ĂŞtes-vous arrivĂŠ dans ce quartier ? Depuis 2009‌Depuis 2009. (Silence) Parce que quand on avait fait le premier dĂŠmĂŠnagement, et tout ce qu’on avait avec nous, dans la maison, ils sont venus, ils ont tout cassĂŠ, ils ont cassĂŠ la porte, on avait rien trouvĂŠ dans la maison -Qu'est-ce qui vous a plu dans le quartier dès votre arrivĂŠe ? Est-ce toujours le cas ? Moi j’habitais Ă quatre chemins, j’ai grandi ici. Alors comme je suis d’Aubervilliers je reste Ă Aubervilliers (Rire). MalgrĂŠ tout c’est‌oui. -Pouvez-vous nous dĂŠcrire votre logement ? Logement‌c’est F3, 62đ?‘š2 , pas de terrasse. Il y a rien, je n’ai mĂŞme pas de balcon, j’ai une vue pourrie, tellement c’est mal construit. Quand je suis arrivĂŠe, c’Êtait pourri comme ici (Elle nous montre par la fenĂŞtre un endroit d’ÊlaborĂŠ de maladrerie en face de sa tranche) et j’ai ĂŠcrit au prĂŠfet. Tant qu’il n’amĂŠnage pas, moi je ne partirai pas, tant qu’il n’amĂŠnage pas, je ne paye pas. Donc ils ont amĂŠnagĂŠ, ils ont mis la peinture, ils ont enlevÊ‌ les gens ils faisaient ÂŤ babocu Âť (se dĂŠfĂŠquaient) chez nous. Les garçons ils montaient au troisième ĂŠtage, ils vendaient la merde (la drogue), ils m’ont dit... euh‌ mon nom est mĂŞme ĂŠcrit sur le mur‌si vous partez madame XXX vous n’êtes pas d’ici. ÂŤ Va tu n’es pas d’ici Âť. Mon nom ĂŠtait ĂŠcrit, je gare ma voiture ils arrachent, ils cassent tout. Je leur ai dit : ÂŤ Je partirai pas Âť (silence) jusque-lĂ et après comme c’Êtait devenu un peu mieux‌au dĂŠpart il n’y avait pas de français ici hein. Y avait un monsieur français qui ĂŠtait lĂ , qui ĂŠtait gardien Ă Renaudie (le centre culturel de la Maladrerie). Je le connais depuis quatre Chemins et il me dit ÂŤ c’est grave, allez-y, quittez ici Madame XXX, quittez ici Âť. J’ai dit ÂŤ Non moi je suis nĂŠe Ă Aubervilliers je reste Ă Aubervilliers, j’y vais pas Âť. Alors le monsieur un jour il sort, il va aller retirer son argent Ă la poste. Il y avait deux noirs, moi je suis noire. Il y avait deux noirs, qui le bloquent au mur et en mĂŞme temps il y avait mon mari qui passe en voiture, qui dit ÂŤqu’est qui y a lĂ Âť je lui dis ÂŤ bon je sais pas Âť On s’arrĂŞte et on regarde. On voulait arracher son‌ et un monsieur vieux et ils ĂŠtaient jeunes. Mon mari les a tapĂŠs, moi aussi je me suis jetĂŠe dessus (Rire). Donc on est arrivĂŠ on a pu arracher le monsieur de la main‌d’un‌d’un‌lion. Il ĂŠtait traumatisĂŠ. Pour aller prendre l’argent, il attend quelqu’un. Vous voyez ça c’est une vie ? -C’est les habitants qui font la loi, qui font la police ? Oui‌ce qui veut. Les enfants‌ ils n’habitent pas lĂ , ils ne sont pas ici. (Silence) Ce n’est pas des gens qui habitent ici, qui d’ailleurs pour venir vendre la merde (la drogue), ils n’habitent pas lĂ . Il y a un jeune d’ailleurs qui habite lĂ , qui ĂŠtait le chef. Moi je suis allĂŠ le voir il me dit ÂŤ Ah dĂŠgage la veille Âť J’ai dit ÂŤ Je dĂŠgage pas Âť (Rire) ÂŤ Je reste ici Âť. Donc on s’est battu, on se bat tous les jours .LĂ ils montent jusqu’à devant ma porte et ils commencent Ă vendre la merde. Mon mari me dit ÂŤ Ne dis rien Âť je dis ÂŤ attends moi je vais aller Ă Château rouge Âť j’achète le piment. Je suis venue j’ai pris un sceau d’eau j’ai ĂŠcrasĂŠ, ĂŠcrasĂŠ (Rire) parce qu’ils ont cherchĂŠ, ils ont trouvĂŠ. Ils ĂŠtaient lĂ , j’ai chauffĂŠ l’eau bien, Ils ĂŠtaient lĂ proup sur la tĂŞte. Depuis ce jour. Ils ont dit ÂŤ la vieille elle est folle Âť J’ai dit ÂŤ Je suis folle. Je suis nĂŠe Ă Aubervilliers, j’y vais pas Âť. VoilĂ comme ça ici on ne dort pas. On ne dort mĂŞme pas la nuit. Donc comme lĂ -bas ils ont arrangĂŠs (vers la partie rĂŠnovĂŠe de la maladrerie) ils peuvent plus aller faire lĂ -bas c’est ceux d’ici (la partie non rĂŠnovĂŠe) qui souffrent. Mais malgrĂŠ ça ils ont tout cassĂŠ, ils ne viennent pas, parce que si tu leur dis non, ils vont venir. Mais il faut te battre avec eux. Les gens ÂŤNon je ne me bat pas, ils vont me piquer Âť ils vont te piquer si la mort veut te trouver mĂŞme dans ton lit ils te trouvent. -Quels sont les changements que vous avez pu constater dans le quartier ? -Quels travaux ont ĂŠtĂŠ rĂŠalisĂŠs ? ĂŠtes-vous satisfaite de ces travaux ? Pourquoi ? Non rien, rien, rien. -Quels sont les bons et mauvais souvenirs que vous avez du quartier ? Le quartier, je pense que les gens qui sont ici ils ont trop peur. (Silence) Je ne sais pas, c’est des gens bien. C’est des gens bien qui ont trop peur des petits jeunes qui viennent de‌euh‌d’ailleurs. Mais au fur et Ă mesure ...quad ils te connaissent, (silence) ils ne font plus ça. Mais quand ils ne te connaissent pas ils te font peur pour que tu puisses partir et tous ceux qui sont venus ils partent. Dans la maison, il y a plein de squatteur, tu connais quelqu’un tu lui dis ÂŤ je cherche maison Âť tu lui donnes 5 euro 20 euro voilĂ . LĂ , on n’est combien de personne ? Ils nous ont envoyĂŠ un papier, on est huit personnes Ă payer le loyer, le reste il ne paye pas, c’est les gens qui squattent et c’est nous qui payons plus‌à plein peau. VoilĂ le mauvais.



-Pouvez-vous nous décrire une journée type ? Je me réveille je vais au travail, c’est tout. C’est tout. -Vous n’utilisez pas les équipements du quartier ? Non, non, non…Mais moi je n’ai même pas le temps. C’est mon mari qui allait là-bas avant (la médiathèque). -Trouvez-vous le quartier bien équipé ? Répond-il à vos besoins et quels équipements utilisez-vous ? La personne a compris bien « occupé » peut être. Il est bien équipé…par exemple ça va…ce n’est pas le quartier qui est un problème…c’est les gens qui viennent emmerder les gens qui a dans le quartier qui a un problème. Le quartier c’est bien. -Vous pensez qu’il y a assez de commerces… ? *On a repris la question précédente. Non y a pas de commerce, parce que nous on va à quatre chemins pour faire les courses, ou Drancy. Y a pas de commerce ici, y a pas. -Est-ce que le quartier est bien desservi ? Comment ça affecte votre mobilité ? Oui, oui on a le métro à côté. Si on veut le tramway on va à l’autre côté il y a le tramway. Le Bus. Ça va. -Sortez-vous souvent du quartier ? Où allez-vous ? Oui (Rire) beaucoup (Rire) le weekend. Parce que j’ai mais copines qui habitent à Gorgone, donc le Vendredi soir, je prends la voiture, j’y vais (Rire) ça change un peu. -Vous avez une voiture ? Est-ce qu’il y a assez de place de parking ? Non y a pas, y a pas de place de parking. Ils ont brulé plusieurs fois, ils ont brulé (les voitures). Une dame qui est de l’autres coté, elle m’a laissé sa place de l’autre côté. Donc je gare ma voiture de l’autre côté chez eux ça va. Je n’ai jamais eu de souci. -Que pensez-vous de la qualité de vie dans votre quartier ? Diriez-vous qu'il y fait bon vivre ? Oui, le quartier est bien…le quartier y a rien dans le quartier. C’est les gens qui emmerdent. Sans ça le quartier est bien. Souvent les gens ils disent « ton quartier n’est pas bon ». Non. Le quartier n’a rien à voir c’est les gens qui créent les problèmes. -Y a-t-il une vie de quartier à la maladrerie ? Non, ils n’ont jamais fait. Ils faisaient ça avant, quand j’étais arrivé en 2009. 2010 ils ont fait après ça c’est arrête. Parce que j’ai ap pris que les femmes et les hommes quand ils ont commencé à se fréquenter ils devenaient des maitresses. Voilà c’est ce que j’ai appris, mais je n’ai pas vu. - Vous ne pensez pas que ce soit une question d’argent ? D’argent je ne crois pas. Parce que un jour le maire… parce que moi j’ai écrit un jour, ils n’ont qu’à arranger un peu Aubervilliers parce que c’est un beau quartier, et si on le laisse comme ça. On dit « oui c’est les étrangers qu’ils s’en aillent » mais ça fait partie de Paris. Ce n’est pas un pays étranger. Donc, ils n’ont qu’à faire un effort. Et quand on voit le 19 ème .Entre le 19ème et le 18ème avant c’était pourri, mais aujourd’hui quand tu arrives tu as envie d’habiter. C’est tellement propre que t’as envie de rester là-bas, et pourquoi on ne fait pas ça ici ? - Comment qualifieriez-vous vos relations avec votre voisinage ? Euh…oui…Là tout le monde m’appelle la veille (Rire). Même tu vois un enfant il dit « Ah la vieille elle est folle » (Rire). Je ne fais pas des histoires. Mais quand tu me cherches tu me trouves. C’est tout.



-Que pensez-vous de l'architecture du quartier ? C’est nul, c’est nul (Rire). Parce que quand ton voisin il fait pipi tu entends. Oui…oui…tu entends. Mais tous ce qui se passe chez ton voisin, tu entends. C’est mal construit, c’est mal fait. Mais il y a du charme. Parce que c’était pour les peintres. Ce n’était pas pour nous. C’était pour les artistes qui allaient faire les arts à la Villette, c’était pour eux. Donc ça leur ressemble. -Pensez-vous que ce type d'architecture possédant des espaces communs et des équipements à usage commun favorise la cohésion sociale ou au contraire crée-t-elle des conflits entre habitant ? Je ne sais pas. Parce que comme je ne fréquente pas là-bas, je ne peux pas vous dire. Euh…je n’y vais pas. -Que pouvez-vous nous dire sur la détérioration du quartier et des bâtiments ? Ils n’ont qu’à renouveler. Ils n’ont qu’à ranger un peu. Parce que quand il y a des touristes qui viennent. Parce que…il y a un coin là…comment il s’appelle…Renaudie. Quand tu arrives tu vois le coin en bas, c’est très joli. Il faut qu’ils arrangent pour que les gens ils viennent voir Aubervilliers, il y a des gens qui vivent là quand même. -Pouvez-vous citer dès qualité ou des défauts du quartier ? Ah des qualités… y a trop de gens qui viennent d’ailleurs pour venir casser et qui entraine les enfants pour faire n’importe quoi. Ça c’est mauvais, parce que tu vois les enfants, les enfants de 10 ans, les enfants de 12 an s à 20h, 21h, 23h sont dehors. Ce n’est pas bon. Ils deviennent quoi demain. Parce que c’est les enfants qui sont l’avenir de demain, ils sont dehors. Ça je n’apprécie pas. -Si vous deviez vous souvenir que d'une chose (une relation, un événement...) dans ce quartier, qu'est-ce que ce serait ? Ah oui parce que quand moi j’étais arrivé là, ils ont dit ils ont égorgé quelqu’un (Rire). Oui…parce que le matin il y avait plein de policier. J’ai demandé « Il y a quoi ? » et ils ont dit « Y a eu un règlement de compte, ils ont égorgé quelqu’un » et puis on avait la porte comme ça, il y avait un trou, ils ont dit ils ont tirés la balle réelle. C’est la seule chose…Et je vois souvent, les chinoises qui se font agressées beaucoup chez nous. Pas seulement chinoise, quand ils voient une femme qui est toute seule, ils t arrachent le sac. Comme le quartier il est bizarre il court. Il rentre, on ne peut pas le trouver. -Pour finir, si vous pouviez changer ou ajouter quelque chose au quartier que changeriez-vous ? Ce que je changerai…je veux qu’on l’arrange un peu, pour que ce soit propre et qu’ils ferment tous les passages et qu’ils laissent un seul passage. Comme ça ceux qui habitent ici, savent qui sort qui rentre. Parce que là vous entrez ici vous vous perdez, vous entrez là-bas vous allez vous perdre. C’est tellement bizarre. C’est la seule chose. Ça, ça, c’est un beau quartier.



Interview L’interview se déroule au domicile de l’habitant, et plus précisément sur sa terrasse. L’interrogé est une femme retraité marié, elle sera nommée Madame X ou Mme x. Lors de notre rencontre, Madame X s’est montré très coopérative et nous a prévenu qu’elle nous parlerait beaucoup des terrasses, car c’est un sujet qui lui tient à cœur. Nous nous désignerons par la lettre N (pour Nous). « N : Depuis quand vivez-vous ici ? Mme X : Alors la première question, depuis quand je vis ici ? 79, c’est-à-dire j’suis rentré dans le… quand ça se construisait. J’suis même venu voir quand c’était en construction, et j’ai eu le privilège de choisir mon logement… parce qu’à l’époque on pouvait dire oui, et on pouvait dire non, si c’était pas euh, bon appart, bon étage, fin pas comme maintenant…. Donc j’ai pu faire ça en 79. N : Et ouais, du coup, bah vous êtes arrivée avant que le quartier soit construit… Mme X : Ouais ! Tout ça c’était pas construit, c’est resté grand comme chantier… plusieurs années. Ça a commencé par la [dit-elle en désignant une tranche près du lac] et puis c’est arrivé jusque-là [elle nous désigne la grande pelouse], et puis après c’était à nouveau ailleurs. N : Très bien… Euh ; et du coup bah Mme X : C’est un vieux vieux vieux quartier, c’était la maladrerie… et des, des des des des, des bâtiments , de fortune, les gens habitaient pauvrement… des gens qui sentaient le moisi tellement c’était humide et froid. Donc ça a été une rénovation particulière, et donc il y a eu des financements particuliers. C’est pour ça qu’il y a eu aussi les ateliers d’artistes, et puis euh, et puis… cette… cette architecture qui n’était pas commune à l’époque. Voilà. N : Du coup, pourquoi vous avez choisi de venir habiter, euh Mme X : Ici ? N : Ici oui ? Mme X : D’abord je travaillais à la ville, j’avais déjà fait, 1, 2, 3… logements HLM, et euh… et quand j’ai vu qu’il y avait un projet comme ça qui m’a beaucoup plu, j’ai demandé à… à changer. J’étais donc déjà locataire de l’office. Je venais pas de l’extérieur, en me disant ah lala je vais habiter ici [rire]. J’me suis dit ah lala c’est quand même une chance que je puisse habiter ici maintenant que j’ai fait toutes les tours et les… voilà donc. N : Vous pouvez nous décrire un peu votre logement ? Mme X : Ah bah on peut visiter si vous voulez, mais on peut vous dire en deux minutes, c’est un duplex, un F4… A l’époque on était quatre, on était deux grands enfants, enfin deux enfants, et deux adultes. Euh… Donc en bas y’a la cuisine, la salle qui donne sur la grande terrasse. Il y a le soleil qui se lève d’un côté, qui se couche de l’autre. Ça j’étais venu voir en chantier du temps où je venais ici ; des fois même quand je passe j’ai encore l’émotion de… de le voir construit comme je le pensais. Ensuite les chambres, la salle de bain, tout ça c’est en haut. Y’a aussi deux terrasses, une plus petite et une plus grande, sur lesquelles donnent toutes les chambres… Enfin je vous emmènerais voir quand même… si ça vous intéresse… j’ai fait mon ménage… Parce que j’suis rentrée avant-hier. Bon ! N : Du coup vu que vous êtes là depuis le début du quartier bah… Mme X : Je connais toute son histoire. Tout de suite on a été plusieurs à, à considérer que c’était un beau quartier. Mais y’avait pas de plantes, y’avait rien. On est arrivé y’avait de la terre au milieu, et puis euh, et puis le chantier d’en face et… fallait vraiment euh… imaginer et puis on connaissait l’architecte, il y a des architectes dans la cité qui avaient le contact et puis elle… elle, l’architecte venait voir comment ça se passait et… et si les gens… ils voulaient que ça réussisse… [silence] On venait nous visiter de tous les pays, c’est vrai ! On venait visiter de, de, je m’en rappelle, des japonais qui sont venu en grand troupeau pour venir voir ce que ça… Souvent des écoles d’architecture qui viennent. Moins maintenant, mais euh… j’ai toujours accueillis bien quoi. Parce qu’on milite, mais on milite pour ce genre de chose. On se dit que… au moment où on parle d’écologie, de verdure, de ville qui s’étouffe, on pense que ce genre de choses, quand elles sont bien faites, elles peuvent permettre de euh… de, d’intervenir favorablement pour ça. La terre elle retient l’eau quand, euh, y’a des gros orages. Elle se gonfle d’eau et elle coule plutôt que de couler dans le caniveau, ça crée des micos-climats… Des micros-climats. On a des animaux qui viennent, moi j’ai eu des nids de merles, en ce moment non, parce que ça fait bien dix ans qu’il n’y a en plus, je sais pas pourquoi, qui faisaient leurs petits ici tranquilles et voilà. Et on a créé tout de suite une association pour se défendre parce que tout de suite on a été euh… donc on a attaqué les terrasses, ça veut dire qu’il y a des terrasses où on a immédiatement, on a enlevé la terre on a mis des dalles et elles ont jamais retrouvé ce qui doit être cette cité-là, c’est pas hein… et ça continue. Et ça continue là, on est en…. En en, querelle encore plus grande parce qu’au bout de 30 ans, de 35 ans on pensait avoir été un peu compris sur ce qu’on dit mais euh, non, je crois que… Bon… Qu’est-ce que vous voulez savoir d’autre ?



N : Du coup, en termes de travaux, vous avez vu quoi se passer ici ? Mme X : euh dans mon logement non, que des travaux de maintenance quand il y avait des choses qui n’allaient pas comme l’électricité et tout ça… Mais dans notre escalier on a eu la réfection des halls, et euh… ça a changé beaucoup de choses, le hall étant devenu propre et les escaliers aussi… on a pu aussi intervenir auprès des gens qui se comportaient pas très bien et on a obtenu que ça… que ça se corrige et que ce soit plus simple. N : On va faire ça maintenant sinon on va oublier. Est-ce que vous pourriez nous délimiter un peu le quartier sur la carte ou bien c’est trop petit encore, je sais pas… Mme X : C’est marqué la maladrerie hein ! N : Non délimiter les quartiers par rapport à vos propres limites. Selon ce que vous voulez. [Note de la rédaction : la discussion qui suit s’applique sur une carte, cependant notre interlocuteur n’a pas voulu dessiner dessus, elle nous a juste désigné du bout du doigt] Mme X : ouais c’est petit… Bah vous savez la maladrerie c’est au bord de la RN2, donc là, qui va à Roissy, qui va partout où on veut aller en France, dans le nord. Il y a le fort d’Aubervilliers, ce terrain qui est un peu particulier qui a toujours été particulier. C’est un ancien fort où il y a des jardins ouvriers qui sont là, où y’a le cirque Zingaro. Alors à un moment dans la maladrerie vous demandez si le quartier est bien équipé. N : ouais Mme X : Je vais là-dessus si vous voulez… N : Euh si vous voulez… Mme X : Euh… le quartier lui-même est bien équipé. On a une bibliothèque enfantine, on a une bibliothèque adulte. On a le, l’espace Renaudie… Renaudie vous savez qui c’est ? Sa femme c’est Gailhoustet. C’est elle qui a été la, la, l’architecte, qui est toujours l’architecte. Qui n’est pas morte, je crois qu’il y avait des articles sur elle tout à fait récent à l’occasion d’un classement de… Euh et ben vous avez des écoles, ici là. Vous avez une garderie d’enfant. Vous avez une euh, une euh maison de l’enfance juste en bas là. Bon le cimetière on va le laisser hein, on en a tous besoin bien sur [rires]. Euh alors tout ça, ça s’est construit après [Le quartier au nord du cimetière sur la carte] mais c’est construit c’est bien. On sait que le métro qui va arriver au fort il passera dans la cité. J’espère qu’il va passer profond mais pas tout détruire. Il y a un foyer de personnes âgées. C’est-à-dire vous avez un tout petit espace comme ça. On a veillé a ce qu’il y ait plein de choses qui puissent servir aux gens du quartier. Euh… J’en ai oublié hein parce que j’oublie des choses maintenant… N : et du coup vous vous en servez de ces équipements ? Mme X : Oui, de la bibliothèque beaucoup. Moi mes enfants étaient grands pour la maison de l’enfance donc non. Pour la, les petits ; encore moins. Pas encore pour aller manger chez les vieux quand on voudra hein ! Mais peut-être [rires]… La salle Renaudie, à chaque fois qu’il y a des choses importantes elles se font là pour le quartier, alors on y va. [silence] N : D’accord Mme X : Et puis et puis on est situé, on est très bien situé. En métro on est à 12 minutes de l’opéra, donc on peut aller à paris comme on veut. Vraiment ! Si on veut marcher à pied et qu’on aime le foot on est à 20 minutes du grand stade, de France. On est euh en prenant l’autobus… en ¼ d’heure au square… pas au square, au parc de la Courneuve, grand espace vert qui est ici aussi. C’est-à-dire qu’on est pas malheureux. Les gens ils disent on est fermé on est fermé… NON, si on se donne la peine de prendre un ticket de métro ou d’autobus et qu’on a envie d’aller ailleurs, on peut très bien aller ailleurs. Voilà N : Donc le quartier est bien desservi. Mme X : Oui, moi vous n’allez avoir que des bonnes choses. Maintenant je peux vous dire ce que pensent sans doute des gens. Je le suppose… Parce qu’il y a des gens qui s’en vont, ils n’ont pas aimé du tout, ils n’ont pas aimé les chambres triangulaires, ils n’ont pas aimé la terre, ils n’ont pas aimé la population qui est venue, ils n’ont pas aimé… euh… voilà et ils s’en vont s’ils ont les moyens de s’en aller, ils s’en vont. S’ils ont les moyens de s’acheter quelque chose ils s’en vont plus facilement. Sinon ils demandent à partir mais c’est difficile parce que le parc HLM est très serré. Voilà. Y’a des gens qui n’appréciaient pas la terre, ils ont fait de leur terrasse des décharges, ils mettent tout ; n’importe quoi et… et on les comprend, c’est leur façon de vivre… et puis que des fois c’est comme ça… Même si on le les… Voilà N : Euh, vous sortez souvent du quartier du coup ? Mme X : Bah moi je sors oui. Je sors, je prends le métro parce que je vais, je prends des cours à l’université du jeune âge bien sûr mais… Oui, OUI. Quand je vais au parc je sors. Pourquoi je ne sortirais pas comme d’une autre cité ? A chaque coup on demande ça : est-ce que vous vous promenez dans la maladrerie ? Qu’est-ce que c’est que cette question-là ? C’est, c’est pas vous qui l’avez posé mais euh, y’en a hein… Parce qu’on est beaucoup étudié, on est beaucoup questionné. Non vous demandez aux gens ce qu’ils veulent, c’est pour les leurrer complètement… Mais ça fait plaisir mais [Rires] j’ai vécu le quartier, j’ai vécu comment ça se passe les grands projets sur lesquels on fait rêver



tout le monde et euh… après une décision politique venue d’ailleurs… change tout ! En ce moment y’a une grosse… euh une grosse… comment on dit… sur ce que vous voulez, sur euh le force que vous voulez, dans votre rénovation ce que vous voulez. On veut des choses, fin moi qui maintiennent les terrasses hors, ce qu’ils ne sont pas en train de faire. Ils veulent bétonner un certain nombre de choses, laisser 10 cm de hauteur alors que c’est 40 qui peut permettre de faire pousser. Euh, quand y’a des fuites faut les réparer bien évidement, parce qu’ils font croire que notre association euh s’en fout des fuites des gens parce que… parce que… tout est faux là-dedans… Qu’est-ce que je disais ? [Rires] J’avais une idée mais elle va me revenir. N : Euh selon vous, quels évènements ont marqué le quartier de la maladrerie ? Mme X : Et bien c’est surtout la vie collective de certains, pas de tous hein, mais il y a énormément d’associations là, qui euh a des moments ont fait des choses très bien : des fêtes, des échanges de plantes, des fêtes de la musique. Y’a eu des très belles fêtes de la musique autour du bassin, avec euh, bah des gens qui faisaient de la musique. Apres ça a changé parce que les musiciens n’étaient plus trop là et puis parce que on se soucis un peu moins de tout ça dans la ville. Euh… Et puis reste vivante l’association de défense de terrasses. Les locataires, l’association des locataires. Mais là aussi faut pas… C’est des groupes, c’est pas les gens… Les gens ils sont aussi indifférents que dans n’importe quelle autre cité, malheureusement, et euh… on se demande même si il y avait un… un… Vous allez m’aider pour trouver le mot parce que le mot m’échappe… Quand on dit par oui ou par non à une question ? C’est beaucoup utilisé maintenant quand on sait plus trop quoi faire on dit aux gens bah décidez… ça s’appelle quoi ?... TROUVEZ LE MOT !!! N : un referendum ? Mme X : Un referendum, voilà, et euh on n’est pas sûr que les gens disent pas d’aller nous tout, parce que la terre c’est sale… Voilà. Donc ceux qui défendent les terrasses, c’est ceux qui ont conscience que c’est nouveau, que c’est original, que c’est écologique, que c’est… tous les mots qui sont dans la bouche de tout le monde mais qui demandent des efforts particuliers. C’est vrai qu’entretenir la maladrerie c’est plus cher ; c’est plus compliqué, et si une cité comme ça avait été construit dans un quartier riche pour des gens riches on n’en serait pas là. Hors c’est du logement social, ça se veut encore comme ça et voilà. C’est tout je me rappelle plus de ce que je voulais dire mais ça va revenir. N : Du coup vous avez des bons et des mauvais souvenirs dans le quartier, vous pouvez nous en citer quelques un ? Mme X : Les mauvais souvenirs moi je les ai tous, alors d’abord quand on a commencé à dele… à dé… les terrasses… A chaque fois qu’on demande à des techniciens de réparer quelque chose, un jour les enfants avaient cassé toutes les vitres d’une salle commune, parce qu’on les avait incité à le faire. Ils adorent casser les gamins. Ceux dont je vous parle ils avaient 10 ans à l’époque maintenant ils en ont 35 et ils font autre chose de leur vie… Mais y’a des débordements, y’a des… voilà. Et que donc ils ont bétonné voilà. On remplace toujours les vitres par des choses en béton ; c’est plus solide à casser, voilà. Donc ça c’est des mauvais, des choses face auxquelles on se sentait impuissant… Et ça, la guerre qu’on est obligé de mener contre le, notre bailleurs qui veut sous couverte de consultation, même de nous… nous faire croire que ce qu’ils veulent faire c’est bien. Hors on a des propositions qui sont pas seulement celles des locataires comme moi qui connaissent pas trop grand-chose en architecture… Mais d’architectes, de l’architecte en chef du projet, de Gailhoustet, qu’on peut faire autrement et moins cher ; mais on sait pas pourquoi, c’est pas suivi… On sait pas. Moi je pense qu’ils sont un peu borné parce que l’administration c’est toujours un peu borné. N : On peut faire mieux et moins cher en termes de réhabilitation ? Mme X : Oui, on pourrait, mais ils ont confié ça a des… je crois, je crois que la demande auprès des entreprises, parce qu’ils ont mis plusieurs entreprises en concurrence, c’était rendre les terrasses… De colmater les fuites. Ca alors on est d’accord, parce que ces terrasses la sont vides [Elle montre le toit terrasse surplombant sa terrasse], y’a pas de terre, elles fuient aussi donc euh faut les réparer, c’est pas la terre qui… Qu’est-ce que je disais là ? N : c’est pas la terre qui pose problème Mme X : Voilà donc c’est pas une guerre qui est commode. Alors là on a demandé une réunion au maire pour qu’elle tranche vraiment. Tous les maires qui ont précédé, Ralite, Pascal Beaudet, Myriam del Caluire, on considère que c’est bien. Tout le monde considère que c’est bien. Parce c’est difficile de faire autrement, quand on arrive ici et qu’on voit qu’on peut bien vivre… Euh, qu’est-ce que j’ai dit là ? [Rires] C’est le soleil, c’est les vacances [Rires] Voilà c’est un mauvais souvenir ça, mais ça passera sans doute. Mais ce qu’on veut c’est qu’il y ai une centaine de terrasse qui vont être modifié de cette façon-là. On a bien vu qu’ils n’enlèvent pas les dalles des grands espaces qu’ils avaient dallé en début ; parce qu’on voulait qu’ils remettent la terre, qu’ils remettent les choses comme elles doivent être. Mais ça non. On est trop pauvre sans doute… Alors qu’est-ce que vous voulez d’autre ? N : Euh Mme X : Vous allez vous en souvenir de tout ça ? N : Bah on a enregistré Mme X : Très bien ! Très bien ! [Rires]



N : Euh du coup vous pouvez nous décrire une journée type ? C’est-à-dire qu’est-ce que vous faites habituellement dans une journée ? Mme X : Non mais ça c’est personnel, et en quoi ça peut vous… N : Vous n’êtes pas obligés d’y répondre Mme X : Non, non, moi j’suis retraité, j’ai travaillé dans la ville toute ma carrière, je la connais, je connais euh, quand j’ai travaillé en haut niveau ; j’ai travaillé avec Radite quand il était ministre. Que je sais comment la ville fonctionne, que des fois il y a des choix financiers qui peuvent être faits et qui semblent difficiles… Je pense que euh, que la ville en ce moment questionne beaucoup les gens pour savoir que faire mais bon… les moyens suivront pas forcement, et la compréhension de quand on questionne quelqu’un pour avoir un avis, ils pensent, ils pensent comme tout politique que ça va être satisfait. Non pas forcement donc euh, il faut intégrer d’autres, bah d’autres choses. Il faut être formé politiquement. Faut se dire, moi les gens s’ils avaient du travail, tous, s’ils avaient des ressources, s’ils étaient pas obligés de passer par les aides de tout le monde, ça aiderait à vivre. Une cité comme celle-là, c’est pas seulement les murs qui comptent, c’est la vie des gens, leurs possibilité de vivre, d’être éduqué, de voilà quoi… Hors quand on habite une cité, pas seulement une cité mais une ville comme ici, dire qu’on habite Aubervilliers et dans le 9-3 c’est une tare qui dure hein… Vous n’habitez pas dans un quartier comme ça ? N : Non Mme X : Non… Même euh, moi j’ai un petit fils, grand maintenant, qui a fait ses études en lycée jusqu’ici, maintenant il est allé en école de commerce, mais jamais il n’a donné l’adresse d’ici. En plus il avait un nom arabe donc… Voilà et moi je trouvais ça terrible d’être obligé de passer par ça. Et que même des gens qui avaient bien vécu ici, le cachaient pour pas être marqué. Donc y’a tout ça qui pèse, en plus y’a l’immigration qui fait que… les gens sont différents, que les gens ont d’autres façon de faire et si on les comprend pas, si on ne voit que des jeunes qui se révoltent qui font des trafics… Si on ne voit que ça on peut fuir. Mais non, mais non j’ai pas envie moi. J’ai pas envie du tout. Parce que les causes elles sont, plus profondes et ailleurs. Et là on va voir avec les élections si, si y’a des gens qui vont comprendre. C’est de plus en plus compliqué. C’est de plus en plus... dangereux. Très dangereux même. Voilà N : Vous avez beaucoup de relations avec le voisinage? Mme X : Le voisinage ! Eh bien, mes voisins de palier, y'en a des nouveaux qui viennent d'arriver. C'est des gens qui viennent je crois de l'Inde, ou d'in... Parce qu'ils ont un nom qui fait trois, quatres lignes. Faudrait regarder sur les boites. D'abord regardez les noms N : Oui on a vu sur euh, sur les boites aux lettres... Mme X : Il faut regarder ça tout de suite. Tout de suite, pour voir que c'est mélé, c'est mélangé... [Silence] On a des relations très bonnes. On va pas les uns chez les autres parce que les gens n'aiment pas qu'on aille chez eux... c'est faux. Euh... [Silence] On les connait, on se dit bonjour, on se dit il va faire beau, il va pas faire beau, il fait froid il fait bon. Euh... Moi je suis allé à Djerba la semaine dernière. Et il y a des gens qui habitent, qui ont vécu ici, là... Ce sont des tunisiens, ils connaissent Djerba. On en parle. On dit voilà et... C'est des bonnes relations. Mais je me demande si ailleurs c'est comme ça. N : Ailleurs dans d'autres tranches? Mme X : Dans la cité, c'est pas une question de tranche... c'est une question où on crée un climat où on se respecte, ou si il y a un jeune qui fait l'andouille, y'a trois-quatre locataires qui vont dire à la famille : voilà ils ont fait du bruit jusqu'a 3h du matin, y'a des gens qui travaillent. Si on se parle on y arrive. Si on se parle pas, si on s'insulte, si on se crache dessus, on y arrive pas, c'est tout... C'est tout... Il y a des études là-dessus, ça existe, c'est pas... des inventions. Bon alors qu'est-ce que... N : Euh [Rires] Mme X : Donc euh, donc ils sont bons nos relations. Elles sont bonnes. Je suis vraiment pas le type même, mais il en faut un quand même des gens qui voient les choses plutôt bien. N : Oui y'en a des deux cotés Mme X : Oui il y en a des deux côtés, mais bon, vous verrez la différence comme ça. N : Mais euh... Du coup vous avez plus de relations avec des gens qui sont dans la maladrerie ou à l'extérieur? Mme X : Et bien euh... J'ai eu longtemps des amis, qui habitaient les autres cités de la mala... de la ville ; qui travaillaient aussi à la ville, donc euh... il y avait une communauté de... de la vie, de penser, de... Mais ils sont morts ces genslà... Ça arrive hein, c'est de nos âges... Donc euh pas beaucoup d'amis sauf, sur les gens de la maladrerie. Une vie de l'association des jardins à tous les étages, de la CNL, de, de, de de, des gens de la bibliothèque et des jardiniers. On



aime beaucoup les jardiniers dans notre cité. On trouve qu'ils travaillent bien. Là je vais descendre une feuille de mes rosiers car ils ont des petites taches, je vais leurs demander : qu'est-ce que je vais pouvoir faire. Je suis tout ce qui pousse, tout ce qu'ils plantent ; ils nous donnent des conseils si on les demande. Voilà. Ils doivent en avoir assez parce que dans le bassin en dessous des fois on trouve des choses épouvantables... Ça c'est des mauvais souvenirs, on a trouvé une voiture, on a trouvé... j'vous dis en 35 ans ou en plus, j'm’en rappelle plus. N : Une voiture dans le bassin? Mme X : Oui ! Elle était plongée comme ça, mais bon elle a été retirée tout de suite, mais il y a quand même un imbécile qui a trouvé drôle de faire ça. Des vélos, des cadis, c'est ça. Une fois qu'on a enlevé ça, ça va. Mais ça arrive... Et puis les mômes ils jettent des cailloux, ils veulent pécher les poissons... Euh... Bien sur. Bah oui c'est pas le paradis hein! y'a des mômes. Mais moi depuis que je suis ici j'ai, j'ai vu des générations de mômes, puisque ça fait longtemps. Donc ils sont chiants quand ils sont petits et qu'on les laisse faire. ensuite ils grandissent, ils sont un peu chiant encore, ils font des graffitis partout... Ça c'est contre balancé maintenant par des actions de malabyrinthe, par exemple, et puis peut être qu'ils commencent à mieux comprendre là où ils vivent. Souvent ils viennent aussi de l'extérieur. Enfin souvent, on dit ça nous, a c'est des gens de l'extérieur, c'est pas euh. La maladrerie a eu, a toujours une très mauvaise presse, très. Très. Par ceux qui n'y habitent pas souvent. Il est plus facile de "attention c'est dangereux, attention c'est malfamé, ne traversez pas par-là" alors si il y a un chemin qui est... On se perd, on se perd, des fois j'arrive plus à me retrouver. Mais c'est beau. C'est beau. N : Du coup toute cette architecture qui est un peu labyrinthique et tout ça, ça crée plus de conflits ou ça crée plus une cohésion sociale? Mme X : Ça crée rien du tout. J'ai vu moi des grandes cités construite à Aubervilliers, avec des intentions d'architectes avec de longs couloirs, pour que les gens puissent se parler, pour avoir des petits endroits comme ça… C’est pas ça qui fait la convivialité. Ça aide quand on a, quand on échange nos plantes, quand on… Mais euh… Surtout quand la population change beaucoup. Il faut, il faudrait tout reprendre à chaque fois… [Silence] Non moi de temps en temps je ramasse les papiers autour du bassin, je dis aux mômes si vous les ramassez pas qu’est ce, le vent qu’est-ce qu’il va faire ? il va les amener dans l’eau ! Ca pourri l’eau, alors ramassez les ! Bon ils disent oui une fois et ils continuent après. Mais c’est de la négligence… N : Oui c’est des enfants. Mme X : C’est aussi des habitudes de vie, et ça vient de plus loin que de…. En Tunisie si on voit les choses, en dehors de la zone touristique, les choses sont un peu jetées. C’est comme ça… Apres faut leur dire : Non c’est… C’est mieux, y’a moins de travail pour les autres, mais… Faudrait euh, faut se faire comprendre sans… sans rien quoi. Faut se faire comprendre… en écoutant. N : Du coup vous avez pu constater beaucoup de détériorations aussi bien par les gens que par le temps, du quartier? Mme X : Ah bah le temps, si vous regardez, il a des… Il y a plein de choses en béton qui ont craqué, qui laissent apparaitre, le… Le, la, la… N : Les fers ? Mme X : Le fer, les ferrailles, qui rouillent donc on sait pas ce que ça va devenir tout ça. Si ils avaient eu l’argent ou s’ils avaient voulu ou si ils avaient pu, euh, faire un ravalement… L’architecte ne voulait pas, elle voulait laisser en béton, mais elle pensait que ça allait être couvert de, de végétation. Ça n’a pas été le cas tout de suite. Mais si c’était ravalé, vous verrez là où c’est ravalé c’est-à-dire chez les… Vous avez visité les… N : Un peu ouais… Mme X : Ouais ? Ça change, une autre allure, ça serait beau. Donc il y a ça, y’a qu’ils ont dû changer vite vite vite les fenêtres, parce c’est par la que fuyait beaucoup l’eau. Elles étaient en bois, elles étaient… La maintenant ils ont mis du plastique mais ça, ça y’a déjà 20 ans que ça a été fait… Voilà. Les dégradations c’est quand les terrasses sont pas réparées, et ça pour les gens c’est insupportable… quand ça coule en dessous. Moi ça coule pas en dessous… Mais c’est une chance peut-être. C’est que ça a été bien fait, que… Bref… N : Euh, et vous pouvez nous citer des qualités ou des défauts du quartier, comme vous préférez ? Mme X : Vous en avez besoin vraiment de ça ? N : Pas forcement, comme vous voulez… [Rires] Mme X : Les qualités c’est que c’est bien situé en région parisienne quand même… J’vous ai dis on est loin de rien, malgré qu’on… que on nous mette dans le 9-3 comme étant perdu… Les qualités de cette architecture-là, oui, c’est, c’est exceptionnel. Maintenant, euh, les défauts, c’est les défauts de manque d’argent et d’entretien de, du bailleur. C’est les défauts qu’les gens n’ont pas d’argent pour vivre eux-mêmes, que les enfants sont laissés… pas souvent à



eux-mêmes, de moins en moins moi je trouve. Mais il y toujours des nouveaux arrivants qui amènent leurs nouveautés, et euh… leur pauvreté, leur façon de vivre… Ça oui. Oui. C’est plus général que seulement la cité. La cité elle est en Seine Saint Denis, mais elle est en France, et elle est dans le monde, et y’a toutes les vagues de de, qui vont modifier plein de choses… obligatoirement. Dont on n’est pas responsable, fin, on est responsables sur le fond quand même. N : Si vous ne deviez vous souvenir que d’une seule chose dans le quartier, qu’est-ce que ce serait ? Mme X : C’est mon arrivée ici. C’est mon arrivée ici. Quand j’ai vérifié que le soleil rentrait bien d’un côté et sortait bien de l’autre, comme je l’avais vu sur les plans, sur tout ça. Le plaisir qui y a eu des arrivées… Parce que tous ceux qui ont choisi, ils ont choisi. Alors là il y avait un architecte… Un, un avocat, que l’on connaissait bien. Ailleurs y’avait aussi des gens qui travaillaient aussi à la ville. Apres tout le monde s’est aidé pour euh, pour euh faire les cuisines, pour faire euh… Tout le monde a aimé là où ils étaient, donc euh, il s’est créé… Apres tous ces gens-là, ou sont partis, ou sont morts… mais l’arrivée ça a été une fête. Apres on s’est rendu compte que, que c’était pas une fete pour tout le monde, qu’on nous a pas bien… aidé. Que quand on faisait visiter un logement on disait : oui mais vous avez de la terre, hein ça… Au lieu de leur dire, bah euh, ce sont des logements particuliers, qui favorisent et qui aident à mieux vivre… Non, on… On dénigrait… Le fils dénigrait lui-même ce qu’il avait fait. Il y avait eu des changement, il y avait eu… Voilà c’est tout. C’est une affaire d’homme… N : D’accord, et enfin, pour finir… Mme X : [Rires] Pour finir ! N : Si vous deviez changer quelque chose dans le quartier, qu’est-ce que ce serait ? Mme X : Bah je ferais une belle grande rénovation, de la cité. Parce qu’ils ont changé à l’intérieur… heureusement, parce que sinon c’était… Une vraie rénovation en maintenant le, le caractère particulier et voulu par ceux qui l’ont construit. Voilà, il faut le défendre… Qu’est-ce que vous voulez que je dise ? Qu’est-ce que vous voulez que je change ? Que les gens se repèrent mieux ? Oui c’est vrai qu’au début les médecins ne trouvaient pas les routes, ne trouvaient pas… Personne ne trouvait rien, c’est compliqué. Donc si quelqu’un d’intelligent… Mais ce qu’on nous a proposé sur le temps c’était des totems, avec des gens qui donnaient des… Chacun y allait de son affabulation… quand on dit euh, même les architectes… c’est très étrange… Voilà. Mais faut pas oublié qu’il y a des gens qui vivent, et après qui font euh… Qui utilisent bien l’architecture ou qui l’utilise pas bien… Ah oui je commençais à vous parler d’un grand bâtiment avec des grandes voies comme ça, ça a été catastrophique… C’est pas vrai que les architectes imaginent que ça va, faire. Ça va faire ceux qui sont prêt, ceux qui sont venus, qui ont aimé ça… C’est c’est, ce n’est pas ceux qui… N : Donc l’échec d’un projet il n’est pas seulement… Mme X : Seulement dans l’architecture ? Bien sûr que non ! Là où il est situé, là où on va euh… là où il va être soutenu par ceux qui l’ont construit. Là, dès qu’ils ont vu que y’a des choses qui fuyaient, que traiter 80 locaux de vide ordure, plutôt que 3 dans les grandes tours ; ils ont dit, on a fait une grave erreur. Ça n’a pas été aimé, la suite. Et puis après, bah après c’est la technique. La technique euh, elle massacre beaucoup l’envie des architectes… Parce qu’on leur demande pas ça. On leur demande pas, on leur dit pas. On a un projet qu’il faut maintenir dans, dans, dans dans l’envie qu’elle a de ça et puis euh… Si on lui demande de réparer les dégâts sur les vitres, ils bétonnent… Si, si… Voilà… On les associe pas à la suite. Ni le personnel, ni rien, là, là c’est comme ça que ça s’est passé. Un mépris même, même encore maintenant, c’est quand même un manque d’imagination je trouve… C’est tout… Et puis de moyen, si on avait fait ça ailleurs, ce serait devenu autre chose… Malheureusement… Enfin heureusement pour le… bâtiment, pour euh, l’architecte… Voilà. Mais y’en a d’autres qui vont diront autre chose hein ! [Silence] Mais faut jamais oublier l’époque où l’on est, le lieu où l’on est, l’histoire et puis et puis, la pauvreté des gens ! Et puis… Parce que sinon un architecte ça peut avoir des excellentes idées mais… il faut tenir compte de tout. Voilà, c’est tout. Ça vous va ? N : Oui oui, merci beaucoup. Mme X : Mais je vous dis je suis une cliente tellement convaincu que peut-être c’est pas juste ce que je dis… Ca fait rien c’est ce que je pense, ce que je défendrais. N : Merci ! Mme X : Et bah de rien »



Interview annexes Ces interviews n’ont pas été retranscrites mots pour mots. Il s’agit de la retranscription de discussions que nous avons pu avoir avec des habitants de la maladrerie, et qui nous ont apporter un premier regard du quartier.

Première interview : M. X et son ami M. Y sur un chemin Nous étions en train de prendre des photos de la maladrerie quand soudain nous entendons : M. X : « C’est beau ici ? -Oui » répondons-nous, puis nous présentons rapidement l’exercice à nos interlocuteurs. « Nous : […] du coup, on s’intéresse à comment l’architecture joue sur la vie du quartier, vous vous aimez bien ici ? -M. X : Ah ouais c’est super ici ! Chacun a un appartement différent, y’a des gens qui aiment bien et d’autres non. Certains trouvent ça trop petit. Moi j’ai un grand appartement donc ça va. Après on peut se retrouver avec un poteau en plein milieu du salon, et ça ce n’est pas forcément très bien pensé. -Nous : L’architecture des lieux est-elle contraignante dans la vie de tous les jours ? -M. X : Ouais, des fois mon petit frère il court dans les couloirs, et comme c’est petit et que y’a des angles un peu partout, bah il se cogne. Par exemple aussi, là on est sur un lieu de passage, mais en dessous y’a des appartements, et ceux qui y habitent entendent tous nos pas… -M. Y : Et puis y’a beaucoup d’endroit où l’on peut voir chez les gens, et ça ne plait pas à tout le monde… En plus on se perd facilement si on ne connait pas, c’est comme un labyrinthe. Ça crée beaucoup de recoins sombres… -Nous : L’architecture du lieu favorise-t-elle la vie en communauté ou bien chacun vit de son côté ? Il y a des associations ? -M. X : là-bas y’a des gens qui font des dessins sur les murs, mais sinon y’a pas trop de vie, chacun vit sa vie. -M. Y : et là-bas y’en a qui font de la musique aussi je crois. » Pendant l’interview nous avons pu observer la pertinence des propose des deux amis. Par exemple, de nombreux appartements avaient leurs volets fermés pour éviter les vis-à-vis. Nous avons pu observer également l’exiguïté des couloirs et escaliers, les escaliers ne mesuraient qu’un mètre vingt de large et les couloirs étaient tous biscornus avec des angles aux arrêtes dangereuses. Cela permet de créer des volumes différents dans chaque appartement, mais crée des désagréments comme nous l’a décrit M. X. De plus, tout le lotissement est bruyant : chaque bruit résonne, ainsi des enfants jouant au ballon sur la grande pelouse s’entendaient de loin.



Interview 2 : M. Z. habite depuis 1990 dans le lotissement dans le local de l’association d’aide au devoir. « Nous : Bonjour, on a vu que vous étés une association. [Explication de l’exercice, M.Z. refuse d’être enregistré, nous prenons donc des notes]. Tout d’abord, quel est le but de votre association ? -M. Z : c’est une association d’aide au devoir qui existe depuis le début, depuis 81. On a beaucoup d’enfants de la sixième à la terminale qui viennent ici pour le soir, environ 150…. -Nous : tout à l’heure on a pu parler un peu avec un monsieur de l’association pour les seniors, il nous disait de faire attention à nos effets personnels car le quartier était dangereux, est-ce que vous pensez ça vous aussi ? -M. Z : Non, en fait il faut savoir qu’en 81, il y avait que des classes moyennes dans la maladrerie et certaines ont accéder à la propriété. C’était un peu le XVIème d’Aubervilliers ici, mais suite à différentes politiques, on a vu arriver des classes plus populaires. Là les populations de classes moyennes qui étaient locataires ont fui tandis ce que les propriétaires, et bah ils ne pouvaient pas, acheter c’est un investissement quand même ! Du coup ils ont pris peur des nouvelles populations, à majorité immigrée. Ils se sont barricadés derrière de grades grilles. Donc eux ils trouvent l’endroit particulièrement dangereux mais sinon c’est comme partout. -Nous : Vous ne trouvez donc pas que le quartier est dangereux du fait de son architecture ? -M. Z : Non, non, ça c’est ce que raconte la police et les médias. Vous savez ici les gens ne se volent pas entre eux, quand ils veulent voler, ils vont à paris. Si tu te fais prendre à voler après tu vas avoir des problèmes. Tout le monde se connait sans vraiment se connaitre, si tu fais quelque chose de mal tout le monde le sait… Et puis généralement ils respectent ce qui a été fait ici. Regardez, l’association n’a jamais eu de carreaux cassés ! -Nous : tout à l’heure on a pourtant vu des enfants casser les murets de brique -M Z : oui mais c’est autre chose. C’est des enfants, ils font des bêtises voilà. Après c’est vrai que les bâtiments créent des recoins sombres mais les gens ne sont pas méchant. Tout ça c’est des magouilles de politiques qui se sont développées à partir de 2005. [N.D.R : en 2005 il y a eu une vague d’émeute dans les banlieues françaises] Les gens ils respectent ce qu’on fait ici. Par exemple, avec les enfants, on a récupéré une parcelle de jardin que personne n’utilise et on y a fait un potager. Comme ça on a fait pousser des tomates et des courgettes. Les gens ils me disaient de mettre des grillages, moi je leur répondais que ça n’avait aucun intérêt. Résultat on a jamais eu de vol, les enfants sont garants de la sécurité de l’endroit. J’ai pu partir tout le mois d’aout et retrouver les plantations entretenues. Et après on a laissé les gens prendre ces légumes. Faut savoir qu’ici l’obésité est en train de se développer. C’est un peu la faute des grecs [N.D.R : des kebabs], pour 5 euros t’en as un et c’est affreusement gras, plus que Mac do ! En plus les gens préfèrent la quantité que la qualité ici. Sur le marché ils achètent des cartons de 10KG de poulet pour 11 euros, mais c’est poulets tout gras et pas bon. Le soir du coup ils mangent leur poulet à la façon de chez eux, on a ainsi des NOM DE PLATS tous les soirs…. -Nous : Y va-t-il un effet de communauté qui se crée ici ? -M Z : J’ai une anecdote là-dessus, l’autre jour je prends l’ascenseur pour monter chez moi avec quelqu’un, je lui dis bonjour et il se retourne pour me dire « on se connait ? ». Il n’y a pas de communauté, juste une solidarité. Portant à une époque on avait une vraie communauté et on s’organisait des grandes fêtes sur la pelouse. Mais la région a arrêté de donner des subventions et depuis on n’a plus jamais pu faire ça. -Nous : Est-ce que vous pensez que l’architecture du lieu a un rapport avec l’absence de communauté ? -M. Z : Non, comme je vous l’ai dit précédemment, tout ça c’est ce que disent les autorités. Mais après quand on vient d’ici, ou d’Aubervilliers en général on est mal vu. Un jour je suis allé dans le sud et on m’a demandé d’où je venais, quand j’ai dit Aubervilliers les gens m’ont demandé si c’était dangereux. Tout ça c’est la faute aux médias. Ils disent que les jeunes ne parlent pas le français, mais c’est faux. Ici tous les jeunes sont bilingues : ils parlent français et la langue du pays de leur parents. Mais cette langue ils la parle juste pour communiquer avec leurs parents qui parlent pas forcement bien français, voire pas du tout français. Et il faut savoir que l’accès à la culture pour les gens du quartier est difficile. Là-bas, il y a un théâtre, le théâtre la commune, et bien ils favorisent les parisiens aux gens qui viennent d’ici : il y a une navette qui va de paris au théâtre, par contre si les gens d’ici veulent y aller, il faut qu’ils y aillent à pied. En plus les places sont à 22 euros. Tout de suite ça crée un rempart. Et vous regarderez, le théâtre il s’appelle théâtre la commune, pas de la commune d’Aubervilliers. Juste histoire de dire, oui c’est à Aubervilliers mais c’est faits pour vous les parisiens ! -Nous : Avez-vous une autre anecdote en rapport avec le quartier, son aménagement et sa vie à nous mentionner ? -M. Z : Si vous vous baladez un peu, vous allez vite voir qu’il n’y a pas de poubelles dans la maladrerie. Je veux dire il y a les poubelles des immeubles, mais pas de petites poubelles de rues. Moi j’en ai demandé au moins dix fois à la mairie mais ils n’ont jamais voulu m’entendre. Un jour j’ai vu un petit jeter quelque chose par terre, tout de suite sa mère lui a dit « Tu fais quoi là ? On n’est pas en Afrique ! Ramasse ». Vous vous rendez compte ? Alors moi je suis allé dans les rues d’à côté et je suis allé volé une poubelle. Je l’ai accroché en face, regardez. Depuis les enfants ils jettent leurs papiers dedans. »





ENSAPLV : 2016/2017 TD : Etude d’un quartier en mouvement groupe 8 : Olivier Garnier et Ghita Farhat

Approche 3 : histoire sociale et urbaine de l’ilot Time line 1 : Evolution du quartier d’Aubervilliers 1933-

Plan du quartier de la maladrerie en 1920 Plan d’indication de l’état des bâtiments en 1970 Plan d’Aubervilliers en 1947 (zone rouge : zone industrielles)

En jaune : zones très insalubres En orange : zone insalubre

1924 : usine Griset s’installe devant l’entreprise Pratt sur un terrain utilisé dans le programme de relogement de la RHI*.

1933 : pavage du chemin vicinal (devenue l’allée Jean Guesde )

1950 : le secteur de la maladrerie figure en tant que « ilot insalubre »

1957 : début de la construction de la cité Emile Dubois 21 septembre 1958 : inauguration de la cité Emile Dubois

Taudis 6 bis passage Baudier

Roulotte 7 passage poisson Maison insalubre 58 rue du pont blanc

Aout 1972 : création d’une ZAD* au bénéfice de la municipalité

1973 : la municipalité demande l’application de la loi Vivien*

1962-72 : dans le cadre des études de sol pour établir le POS*, il était confirmé qu’une intervention était nécessaire, non seulement pour résorber l’habitat insalubre mais aussi pour compléter l’équipement de la partie nord-est de la ville

1974 : arrêté d’insalubrité 1975 : convention d’exécution passé entre la commune d’Aubervilliers et la SODEDAT*, la société a reçu la mission de réaliser des opérations d’acquisition foncière, de libération des locaux bâtis, de mise en état des sols, et d’assurer la viabilité de l’aménagement des espaces libres. Cette opération doit être clôturée en juin 1999

1977 : démarrage des tranches 1 et 2

Lexique RHI : Résorption de l’habitat insalubre POS : Plan d’occupation des sols Loi Vivien : loi sur la résorption de l’habitat insalubre ZAD : Zone d’aménagement différée SODEDAT : actuellement appelée « séquano aménagement » est la société d’économie mixte (SEM) d’aménagement et de construction du département de Seine St Denis



ENSA PLV 2016/2017 TD étude d’un quartier en mouvement Groupe 8 Olivier Garnier Ghita Farhat

Time line : Tranche numéro 5 aussi appelée numéro 10 (pour l’extension) Time line : vie de quartier et activités culturelles Echelle : 1 an → 1.5 cm

Portes ouvertes des ateliers d’artistes 1981

Inauguration Espace Renaudie Chantier 1973

« Portant à une époque on avait une vraie communauté et on s’organisait des grandes fêtes sur la pelouse. Mais la région a arrêté de donner des subventions et depuis on n’a plus jamais pu faire ça… »

Chantier en 1983

« J’suis même venu voir quand c’était en construction, et j’ai eu le privilège de choisir mon logement… »

05/09/1979 : demande de permis de construire pour la construction de 75 logements (5ème tranche bâtiment 1) 9 à 15 rue de la Maladrerie et 2 à 8 rue Jules Guesde

19/09/1979 : accord permis de construire

28/02/1980 : déclaration d’ouverture du chantier de l’ensemble immobilier comprenant 75 logement 2 à 8 rue Jules Guesde

17/07/1981 : modification du permis de construire accordé le 19 septembre 79 pour les travaux de « édification d’un ensemble de 64 logements au lieu de 60 et des locaux artisanaux » du 9 à 15 rue de la maladrerie

1988 : démarrage des travaux de la 6ème tranche 53 logements, PLA (non encore financier , en juillet 88 (en continuité des travaux de la première partie du programme) 10ème tranche (la 10ème tranche est l’extension de la 5ème tranche) 10 logements PLA et centre loisir pour enfance

07/02/1989 : avis favorable du service d’urbanisme et de la planification 10/02/1989 : avis favorable des services techniquesdivision de la voirie, des réseaux et des espaces verts

18/09/1990 : déclaration d’achèvement des travaux

31/05/1989 : Avis favorable du service économique 01/06/1989 : avis favorable de la municipalité 12/06/1989 : permis de construire pour 10 logements (habitations) et une maison de l’enfance, encore une fois modification du permis de plan d’occupation des sols approuvé en date du 27/12/1979 modifié et révisé

12/05/1992 : certificat de conformité



ENSA PLV 2016/2017 TD étude d’un quartier en mouvement Groupe 8 Olivier Garnier Ghita Farhat

La Maladrerie une cité jardin : La maladrerie fait partie du mouvement des cités jardins. Ce concept est apparu au début du 20ème siècle et est défini Service de l’Inventaire et du patrimoine comme « lotissement concerté, où les habitations et la voirie s'intègrent aux espaces verts publics ou privés, et destiné généralement en France à un usage social ». Ce modèle a été repris et mis en place à Aubervilliers dans les années 70-80. La Maladrerie en est le principal témoin.

« On a attaqué les terrasses, ça veut dire qu’il y a des terrasses où l’on a immédiatement, on a enlevé la terre et mis des dalles »

La maladrerie a été dessinée par son architecte sur la base de triangle, rendant ainsi chaque appartement unique, et a intégré un maximum de terrasses qu’il désirait végétalisées. Les terrasses possèdent 40 centimètres de terre ce qui permet à de nombreuses plantes de pousser. Cependant les terrasses sont menacées…. Certaines personnes n’apprécient pas les terrasses à leur juste valeur et préfèrent que l’on retire la terre de ces terrasses. Certaines terrasses deviennent également des déchèteries ou juste des entrepôts d’objets. Une association de défense des terrasses « Jardin à tous les étages » a été créée et se bat pour la conservation des terrasses végétalisées. Cette association est soutenue par l’architecte.

« On est arrivé y’avait de la terre au milieu et puis le chantier »

Si la maladrerie possède beaucoup de verdure, ça n’a pas toujours été le cas. Les habitants y sont pour beaucoup, ils protègent les espaces verts, y plantent des fleurs et arbustes, avec l’aide des jardiniers de la mairie. Aujourd’hui la maladrerie possède des terrasses arborées comme des terrasses délaissées. Cependant on ne peut nier que les terrasses plantées ont un charme particulier.



Des squatteurs à la Maladrerie :

La maladrerie a été construite sur des anciens habitats insalubres. Aujourd’hui, la majorité des habitations construites sont occupés par des locataires de HLM. Comme chacun le sait, les places en logement HLM sont très convoitées… Depuis 1995, un phénomène étrange s’est cependant produit : les logements ont été vidés.

Les appartements vides ne le sont pas dans les faits. Ils n’ont juste plus de locataire officiel…. Ces appartements sont loués au rabais par certains délinquant habitant le quartier. Lors de notre première interview, notre interlocutrice nous avait parlé de problème avec des squatteurs. La mairie connait le problème, elle a fait une étude sur ce problème. Selon l’étude, les squatteurs ont été expulsés et les logements redonnés a l’ophlm.

. « Mais quand ils ne te connaissent pas ils te font peur pour que tu puisses partir et tous ceux qui sont venus ils partent. Dans la maison, il y a plein de squatteur, tu connais quelqu’un tu lui dis « je cherche maison » tu lui donnes 5 euro 20 euro voilà. Là, on n’est combien de personne ? Ils nous ont envoyé un papier, on est huit personnes à payer le loyer, le reste il ne paye pas, c’est les gens qui squattent et c’est nous qui payons plus… »

Nous ne pouvons vérifier la teneur des propos tenus par notre interlocutrice ni ceux tenus par l’étude sous l’égide de mairie…. Et donc vérifier que le problème a bien été réglé (l’interview datant d’après l’étude). Dans les deux cas, les faits sont avérés, depuis 1995, de nombreuses personnes ont fui leur logement, soit par réputation du quartier, soit par peur des nouvelles populations. Ces logements sont devenus vacants pendant un certain temps, durant lesquels ils ont été squattés.

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