In living memory and spirit of Jhonn Balance—Geff Rushton
Pierre Beloüin Jill Gasparina
FRAC Provence-Alpes-Côte d’Azur
L’homme orchestre (V.1, 1980s duo) 2002 Je suis l’homme orchestre pour la première fois : “ Desire [...] I can play everything I want ” sont les paroles de l’unique chanson, jouée en boucle. I am the one man orchestra for the first time: “ Desire […] I can play everything I want ” are the words of the single song, played in a loop.
6
7
8
9
Optical Sound 1999 Sept tourne-disques. Pendant que l’un d’eux diffuse de manière continue le LP Programme Radio que nous avons composé avec Rainier Lericolais et Christel Brunet (référence OS.000), les six autres se mettent en route aléatoirement et laissent entendre des soubresauts de 45 tours de variété, rayés à bon escient. Seven record players. While one of them continuously plays the LP Programme Radio that was composed with Rainier Lericolais and Christel Brunet (reference OS.000), the six other turntables are switched on randomly and we can hear the sudden jumps and clicks of purposely scratched 45s of light variety music.
10
11
12
13
Milky Women 1998
Str Crsh Pages 8, 12 et suivantes 29 septembre 2007, MAMCS de Strasbourg J’ai donné rendez-vous au public dans le parking souterrain du MAMCS. À l’heure prévue, cinq Austin Healey arrivent, moteurs vrombissants et crissements de pneus. Elles se garent en étoile, les chauffeurs accordent leurs autoradios sur la même fréquence hertzienne, ouvrent leurs portières et disparaissent au fond du parking. La session est alors entamée et se terminera à l’épuisement des batteries. Pages 8, 12 and following September 29, 2007, MAMCS, Strasbourg I made an appointment with the public in the underground parking lot of MAMCS. At the scheduled time, five Austin Healey’s arrive with roaring engines and screeching tyres. They park in the form of a star, the drivers tune their car radios to the same frequency, they then open their doors, exit and disappear at the far end of the parking lot. The session begins and ends when the batteries are flat.
14
15
16
17
18
19
20
21
22
23
24
25
I’ll Be Your Mirror 2005
26
27
Pin Up 1997
28
29
30
31
32
33
L’homme orchestre (V.2, Exotica 1960s Orchestra) 2005 Je suis l’homme orchestre pour la deuxième fois : soundtrack pour ascenseur exotique, muzak innocente, a priori seulement, orchestre de paillettes et de pacotille. I am the one man orchestra for the second time: soundtrack for an exotic elevator, innocent muzak, only a priori, an orchestra with sequins and cheap junk.
On Tour! Pierre Belouin est L’homme orchestre 05/2005 Le 36, Strasbourg, France, p. 35 12/2007 Ma-Asso & Michard Ardillier Concept Store, Bordeaux, France, p. 36 & 38 10/2006 Muzeum Artystow, Lodz, Pologne, p. 39
34
36
37
38
39
40
41
42
43
44
45
Persistence is all — Jill Gasparina
« The key to joy is disobedience There is no guilt and there is no shame » Coil, Batwings
47
Les flyers de Raymond Pettibon et le punk de SST records, les dessins de Daniel Johnston et la pop outsider, les performances de Mike Kelley et les lives de Sun Ra ou des Stooges, l’autoportrait Pop en Warhol / Sid Vicious / Sinatra / Elvis de Gavin Turk et la brit pop, les photographies de Cosey Fanni Tutti et la musique de Throbbing Gristle ou celles de Jeremy Deller sur Earl Brutus, les portraits de Brian Wilson par Peter Blake et la musique des Beach Boys, la reprise du slow Et si tu n’existais pas de Joe Dassin dans Ende de Claude Lévêque, les compositions de Kandinsky et l’harmonie musicale, les Tate Tracks à la Tate Modern à Londres, les Lyrics de Saâdane Afif, des expositions crossovers encore et encore et encore. La liste est ouverte. L’histoire d’amour entre la musique et les arts visuels semble sans fin. Le travail de Pierre Beloüin s’inscrit dans cette niche constituée par les artistes qui ont tout appris ou presque de l’expérience musicale 1. Mais ce n’est pas seulement parce que son avatar d’artiste le plus connu est L’homme orchestre, ni parce qu’il s’occupe depuis 10 ans maintenant du label Optical Sound (!), ni même parce qu’il est entré dans l’art par la musique, travaillant d’emblée à la frontière du visuel et du sonore. C’est surtout parce que son travail et ses activités sont ancrés dans la culture underground, historiquement liée d’ailleurs à la musique. Underground. Ce terme a été largement galvaudé, au point qu’on en oublie la réalité culturelle à laquelle il faisait référence, celle d’individus ou de collectifs artistiques exigeants, volontairement en marge de la dominante pop. Pierre Beloüin perpétue à sa manière cette histoire spécifique de l’art du XXe siècle. En connaisseur et fan, il multiplie les hommages. OS.002 regroupait déjà, en 2000, un ensemble de morceaux composés pour la Dreamachine. S’ajoutent à Gysin et Burroughs, au choix, le fétichisme 1950s, le psychobilly, l’érotisme 1970s, la musique industrielle et la coldwave, les séries B ou l’univers des freaks. Il y a donc les chicissimes et sportives Austin Healey de Str Crsh, l’exotica de L’homme orchestre V.2, les pin ups et Milky Women, sorties tout droit, avec leurs attributs, d’un film de Russ
49
Meyer ou d’une peinture de Mel Ramos. Et lorsque dans Awan~ Siguawini~Spemki~~~ (2006), il explore la ville d’Alma (Canada) et ses environs, pour en livrer des vignettes photographiques et sonores, on ne peut pas s’empêcher de penser à David Lynch passant au crible visuel et psychologique la démente ville de Twin Peaks et ses habitants non moins déments. Mais par-delà le principe de la référence, Burroughs, Gysin ou Coil, qu’il cite beaucoup, représentent tous autre chose que de bons écrivains, performers ou musiciens. Chacun dans leur domaine, ils approchent de quelque chose de l’ordre de la sainteté underground, la radicalité absolue. Pour s’en convaincre, il faut avoir vu Burroughs à la télévision française répondre dépité aux questions étrangement sentimentales de Frédéric Mitterand, assez tendu pour l’occasion dans son rôle de passeur mainstream de la littérature. Dès ses premiers mots — « Je ne vous connais pas très bien monsieur Burroughs » — on comprend que ces deux mondes-là ne pourront pas même se croiser. Le panthéon de Pierre Beloüin n’a donc rien de pop, au sens où le pop renverrait à la culture de masse. S’il édite par exemple des badges d’artistes (déjà près de 40 modèles avec Gianni Motti, Mathieu Mercier, Olaf Breuning, Jonathan Monk, Claude Closky…), il n’opère pas pour autant l’entrée de l’art dans la pop culture, comme l’a écrit David Sanson 2, mais son exact contraire, une sortie vers le monde de l’art, la transformation de petits objets traditionnellement pop en multiples édités à 100 exemplaires et souvent vite épuisés. Avec ces objets rares pour lesquels on ne peut justement pas parler de diffusion de masse, il s’inscrit plutôt dans la continuité de Current 93 ou de Coil, qui ont largement produit ce type de goodies à forte valeur ajoutée artistique — on se souviendra notamment du coffret à absinthe en bois, contenant une bouteille, deux verres et un morceau exclusif de Peter Christopherson / Coil (Animal are you). L’exposition est justement placée sous le signe de Coil : sa courte phrase de titre est en effet tirée d’un néon (une sculpture ?) disposé dans le salon de Threshold House, la maison du groupe qu’on peut apercevoir dans un documentaire anglais de 2001, Hello Culture. Et c’est aussi le titre d’un live du groupe, en 2000. « Persistence is all »,
50
sentence à la fois définitive et mystérieuse, ne signifie peut-être rien d’autre que la nécessité d’être tenace et exigeant, ou plus directement encore, de résister au suicide programmé des objets dans la culture commerciale. Coil a maintenu son degré d’exigence extrême en produisant un son toujours difficile et en cultivant un intérêt esthé tique et spirituel pour l’occulte et l’ésotérique (littéralement, ce qui n’est pas compréhensible par tous). Dans Scatology (1984), le groupe reprend ainsi Tainted Love, chanson 1960s interprétée par Gloria Jones avant d’être transformée en tube mondial par Marc Almond de Soft Cell en 1981. On peut entendre dans leur cover torturée et sombre le désir un peu sadique de détruire un hit, de le faire sortir du champ de la culture de masse. C’est peine perdue puisque son devenir-produit semble inéluctable, entre les reprises plus tardives de Marilyn Manson ou des Pussycat Dolls, et les jingles pour la Star Academy. Mais la puissance de manifeste de cette reprise difficile et culte n’en a pas diminué pour autant. Persistant dans les vertus de la difficulté, Pierre Beloüin reconnaît qu’il peut écouter un tube de musique commerciale (Britney Spears) mais pas davantage. Et que certaines de ses œuvres sont presque cryptées. L’installation Awan~Siguawini~~Spemki~~~ (2006) porte ainsi un titre en indien abénaki (Air-Au printemps-Paradis) que peu de visiteurs sont susceptibles de comprendre, tandis que son (anti-) journal personnel, rédigé pendant la préparation de l’exposition et intégré au catalogue, brouille volontairement sa lecture puisque sa rédaction est confiée à P.n.Ledoux. L’homme orchestre V.2 délivre, dans la même idée, une muzak qui ne déploie, dit-il, sa complexité qu’après la première écoute. Cette stratégie rappelle Claude Lévêque qui désamorce systématiquement le lyrisme innocent de ses pièces : le strass de City Strass s’avère être un amas de chaînes bruyantes, le colorfield rouge intense de Mon Combat est en fait un assemblage de caisses de Kronenbourg, la beauté lunaire du Grand Sommeil révèle rapidement sa dimension totalement morbide. «Pourquoi est-ce que le packaging comptait tant pour nous ? Parce que ce travail était sacré. […] L’Église catholique sert-elle son vin de messe dans des pots de terre moisis ? 3 »
Tony Wilson
51
« Multi-plateforme 4 », plasticien, chef de label, curateur, Pierre Beloüin joue sur tous les fronts de la résistance underground. Sa posture de label manager est elle aussi militante : « Concernant le label, je n’ai plus besoin de rentabilité (ou très peu) et j’ai une entière liberté de choix d’action et d’édition. Je supporterais mal d’être dans un seul créneau musical » explique-t-il. Et il ajoute : « Seules mon énergie et mon envie motivent les sorties, et pas le marché. » Pour l’artiste, sortir du système commercial est paradoxalement un gage de liberté de choix et d’action, grâce à une échelle de production et de distribution réduite. Il est en cela l’héritier des pratiques dématérialisées des 1960s et de la contre-culture DIY. Il existe d’autres types d’engagements et d’autres postures devant l’industrialisation de la culture : l’adhésion volontaire mais schizophrène à la culture commerciale serait une option critique différente, tout aussi recevable, et largement pratiquée depuis Andy Warhol et Dan Graham. Mais le choix de Pierre Beloüin lui permet de soutenir une scène et même d’opérer à l’occasion un travail presque patrimonial, sans être nostalgique pour autant. Pour Echo Location (OS.010), il propose ainsi à différents groupes de la scène coldwave française de reprendre, re-jouer, re-mixer ou réinterpréter un titre extrait de leur propre discographie, au lieu de compiler simplement leurs anciens morceaux. Le travail et les postures multiples de Pierre Beloüin sont finalement peu dissociables : très exigeant, l’ensemble est aussi porteur d’une authentique convivialité. Il faut entendre ce terme dans un sens différent de celui qu’a promu l’esthétique relationnelle dans les années 1990, les pratiques festives. Si la constellation de Pierre Beloüin, pour reprendre le nom du label canadien, est relationnelle et participative, c’est parce que l’entrée dans son univers conditionne la découverte d’un ensemble dense de collaborateurs réguliers dans le domaine musical et graphique et d’une histoire commune. La série Previously on Optical Sound rend un hommage visuel à cette scène presque organique, qui regroupe les mêmes sensibilités, le même souci de l’objet, et le même sens aigu de la collaboration. Elle vient prolonger l’expérience du travail collectif. L’hommage reste crypté d’ailleurs, puisqu’il faut enquêter pour mettre un nom sur un visage et une référence du catalogue. On pense alors à d’autres projets collectifs, aux collaborations fidèles de Claude Lévêque et Gérôme Nox,
52
au label Factory qui recensait dans son catalogue toutes les productions collectives, des affiches à la fameuse Haçienda (FAC51). Ou à Rune Grammofon, label norvégien exigeant qui produit avec amour des objets soignés (« pas de plastique, jamais ») en collaboration avec le designer, artiste et musicien Kim Hiorthoy. Icosajack, la sculpture-nœud minimale et absolument pas lounge, conçue par Cocktail Designers, pourra donc sembler relativement aride et mutique à première vue. La diffusion aléatoire des 23 références du catalogue (330 titres pour 23 éditions) rend impossible de choisir le titre que l’on écoute. Et il n’est pas question de s’asseoir pour écouter la musique tout en se détendant. Olivier Vadrot (Cocktail Designers) a justement conçu cet objet en totale opposition au principe des audiolabs. Cet anti-Ipod à « la connectique exacerbée, mise en scène 5 », vise pourtant à reproduire quelque chose qui soit proche des conditions du live : « en se rassemblant autour de l’objet dans une relative proximité, on reproduit un peu le principe du concert » ajoute-t-il. Une dizaine d’auditeurs autour d’un « objet-diffuseur », un groupe de gens réunis autour d’un feu : Icosajack, conçue initialement comme un objet in situ pour le très traditionnel cadre du Musée des beauxarts de Courtrai, avec peintures flamandes et parquets, abolit dans son principe même toute forme d’isolement. Et Pierre Beloüin, plus qu’un homme orchestre est, à son image, une machine à relier les gens par le son. 1. « Tout ce que je sais d’important sur l’art de la performance, je l’ai appris de ces deux concerts. » Mike Kelley, à propos de deux concerts, l’un de Sun Ra (1973), l’autre d’Iggy Pop and the Stooges (1974), Mike Kelley, « Some Aesthetic High Points » in Mike Kelley, Phaidon, Londres, 1999, p. 119 2. « Inviter un artiste à concevoir des badges, c’est faire entrer l’art dans le champ de la pop culture, le faire passer par un produit de consommation courante et de grande circulation, le rendre à la fois futile et remarquable », David Sanson in catalogue L’homme orchestre, Polart, Strasbourg, 2005 3. « Avant-propos », Tony Wilson in Matthew Robertson, Factory Records, une anthologie graphique, Thames & Hudson, Londres, 2006, p. 9 4. Cette expression d’Annick Rivoire a été reprise à son compte par Pierre Beloüin, Annick Rivoire, « À son image » in Libération, octobre 1998 5. Mail à l’auteur, décembre 2007
53
The flyers of Raymond Pettibon and the punk of SST Records, the drawings by Daniel Johnston and the pop outsider, the performances of Mike Kelley and the lives of Sun Ra or The Stooges, Pop self-portraits as Warhol / Sid Vicious / Sinatra / Elvis by Gavin Turk and Brit Pop, the photographs of Cosey Fanni Tutti and the music of Throbbing Gristle or those by Jeremy Deller of Earl Brutus, the portraits of Brian Wilson by Peter Blake and the music of The Beach Boys, the cover version of the slow Et si tu n’existais pas by Joe Dassin in the exhibition Ende by Claude Lévêque, Kandinsky’s compositions and musical harmony, the Tate Tracks at London’s Tate Modern, the Lyrics of Saâdane Afif, crossover exhibitions again, again and again. The list is open. The love affair between music and the visual arts seems endless. The work of Pierre Beloüin fits into this niche formed by artists who have learned everything, or almost, through musical experience. 1 It is not only because the best known incarnation of the artist is his L’homme orchestre (one man orchestra), nor because he has maintained for over 10 years the label Optical Sound (!), nor because he entered the world of art through music, working from the outset on the frontier of the visual and audible. Above all, it is because his work and activities are rooted in underground culture, historically linked in any case, to music. Underground. The term has been widely overused, to the point that we forget the cultural realities to which it refers, to individuals or demanding art collectives, placing themselves voluntarily on the sidelines of the dominant pop scene. Pierre Beloüin continues in his own manner to perpetuate the history of this specific art of the twentieth century. As a connoisseur and fan, he multiplies his tributes. In 2000 he had already consolidated on OS.002, a selection of works composed for the Dreamachine. In addition to Gysin and Burroughs, there is 1950s fetishism, Psychobilly, 1970s eroticism, industrial music and Coldwave, B Series, or the universe of freaks. There is also the sportive and super-stylish Austin Healey of Str Crsh, the exotica of L’homme orchestre V.2, the pin ups and Milky Women, complete with all the attributes of a film by Russ Meyer or the paintings by Mel Ramos. And then with Awan~Siguawini~~Spemki~~~ (2006), he explored the city of Alma (Canada) and its surroundings, delivering photographic and sonic vignettes. We cannot help but think of David Lynch and the visual and psychological screening of the mad city of Twin Peaks and its inhabitants, that are just as demented. But beyond the principle of reference, Burroughs, Gysin or Coil, that he often cites, they all represent more than just good writers, performers and musicians. Each one in
55
their own field approaches something of the order of an underground saintliness, an absolute radicalism. To be convinced, see Burroughs on French television and his vexed responses to the strangely sentimental questions by Frédéric Mitterand, who was tense and up-tight for the occasion in his role as pusher of mainstream literature. With his very first words—“ I do not know you very well Mr. Burroughs ”—it is clear that these two worlds could never even intersect. The pantheon of Pierre Beloüin has nothing to do with pop, in the sense that pop would refer to mass culture. If he produces, for example, badges by artists (already more than 40 models by Gianni Motti, Mathieu Mercier, Olaf Breuning, Jonathan Monk, Claude Closky…), his method is not to put art into pop culture, as was written by David Sanson, 2 but the exact opposite, a departure outside the world of art, the transformation of small objects which are traditionally ‘ pop ’ produced in multiple copies of 100 and often quickly sold out. These rare objects, we can’t simply speak of them in terms of mass distribution, they are rather a continuation of Current 93 or Coil, who often produced these types of goodies with extra artistic value—we will remember, in particular, the wooden box of absinthe, containing a bottle, two glasses and an exclusive piece by Peter Christopherson / Coil (Animal Are You). The exhibition is precisely marked under the symbol of Coil: its short title taken from a neon sign (a sculpture?) situated in the living room of Threshold House, the home of the group, which can be seen in the English documentary, Hello Culture, 2001. It is also the title of a live by Coil, 2000. “ Persistence is all, ” a sentence which is at the same time precise and mysterious, might not mean anything more than the need to be tenacious and demanding, or still more directly, to resist the planned suicide of objects in commercial culture. Coil have maintained a level of extreme exigence by producing a sound which is always difficult while cultivating an aesthetic for the spiritually occult and esoteric (literally, which is not understood by all). In Scatology (1984), the group did a cover of Tainted Love, the 1960s song performed by Gloria Jones that had been transformed into a world wide hit by Marc Almond and Soft Cell in 1981. One can hear in Coil’s dark and tortured cover version a little sadistic desire to destroy the hit, to take it out of the scope of mass culture. Almost a waste of time since the future-product seemed inescapable, between the covers that came later by Marilyn Manson and the Pussycat Dolls, or the jingles for Star Academy. But the power of this early manifesto, of this difficult cult remake has hardly decreased at all. Persistent in the virtue of difficulty, Pierre recognizes that he can listen to a commercial hit (Britney Spears) but no more. Some of his works are almost encrypted. The installation Awan~Siguawini~~Spemki~~~ also carries an Abenaki Indian title (Air-In Springtime-Paradise) that few visitors are likely to understand, while his personal (‘ anti ’)
56
diary, drafted during the preparation of the exhibition and integrated into the catalogue, deliberately blurs the borders since its authorship was entrusted to P.n.Ledoux. L’homme orchestre V.2 delivers, with the same idea, a muzak that doesn’t reveal all its complexity until after the first listen. These strategies recall Claude Lévêque who systematically defuses the innocent lyricism of his pieces: the fake gems of City Strass (Strass City) turn out to be a pile of noisy chains, the intense red colorfield of Mon Combat (My Battle) is in fact an assemblage of boxes of Kronenbourg beer, the lunar beauty of Grand Sommeil (Big Sleep) quickly reveals its totally morbid dimension. “ Why is packaging so important for us? Because this work is sacred. […] Does the Catholic Church pour its wine into mouldy earthenware pots? ” 3
Tony Wilson
“ Multi-platform, ” 4 artist, curator, head of a label, Pierre Beloüin plays on all fronts of the underground resistance. His position as label manager is also militant: “ Concerning the label, I no longer need to be profitable (or just a little) and I have complete freedom of the choice of action and of publishing. I can’t bear to be stuck in a single niche of music. ” And he adds: “ Only my energy and desire motivates what I put out, not the market. ” For this artist, removing himself from the commercial system is paradoxically a pledge for freedom of choice and action using a reduced scale of production and distribution. Beloüin has inherited the customs of the dematerialized 1960s and DIY counterculture. There are other types of commitments and other positions to take in face of the industrialization of culture : voluntary adherence, yet schizophrenic to the commercial culture would be a critically different option, but also admissible and widely practiced since Andy Warhol and Dan Graham. But the choice by Pierre Beloüin allows him to support a scene and also do work which is practically for the national heritage without falling into nostalgia. For Echo Location (OS.010), he proposes different groups from the French Coldwave scene to re-play, re-mix or re-interpret an extract from their own discography, instead of simply compiling the original tracks. In the end the work and multiple positions of Pierre Beloüin cannot be separated: extremely exigent, the whole bears an authentic friendliness. We must interpret this term with a different meaning from the one that promoted relational aesthetics in the years 1990, the jovial practice. If Pierre Beloüin’s constellation, using the name of the Canadian label, is relational and participatory, entering into his universe conditions us for the discovery of a dense set of regular collaborators in both music and graphics with a common history. The series Previously on Optical Sound pays a visual homage to this scene almost organically, it brings together the same sensibilities, the same concern in objects, and the same sense of collaboration. It extends the experience of a collective
57
work. But the tribute remains encrypted, because you need to put a name to a face through a reference in another catalogue like a detective. We think of other group projects, loyal collaborations between Claude Lévêque and Gérôme Nox, or the Factory label, which listed in its catalogue every collective production, from the posters to the famous Haçienda (FAC51). Or Rune Grammofon, the excellent Norwegian label that produced objects with love and care (“ plastic, no never ”), in collaboration with the designer, artist and musician Kim Hiorthoy. Icosajack, the minimal knotted-sculpture which is absolutely not lounge, conceived by Cocktail Designers can appear relatively arid and mute at first sight. The random dispersal of 23 references from the catalogue (330 titles for 23 editions) makes it impossible to choose the title you are listening to. And there is no question of sitting down to listen to the music and relaxing. Olivier Vadrot (Cocktail Designers) has precisely designed this object in total opposition to the principle of the audiolabs. This anti-Ipod with “ exaggerated connectivity, made visible, ” 5 intends to reproduce something close to a live: “ gathering around the object in relative closeness, reproduces something of the principle of a concert ” he added. A dozen listeners circle the “ object-broadcaster, ” like a group of people gathered around a fire: Icosajack designed originally as an object in situ for the very traditional décor of the Museum of Beaux-Arts in Courtrai, with Flemish paintings and parquet floors, abolishes by its very nature any form of isolation. And Pierre Beloüin, more than a one man orchestra, in the image of Icosajack, is a machine that links people through sound.
1. “ Everything that I know that’s important about art or performance, I learned from these two concerts. ” Mike Kelley, on two concerts, one of Sun Ra (1973), another of Iggy Pop and The Stooges (1974), “ Some Aesthetic High Points ” in Mike Kelley, Phaidon, London, 1999, p. 119 2. “ To invite an artist to design badges, puts art in the field of pop culture, to pass through a common consumer object and mass distribution, making it both futile and remarkable, ” David Sanson in the catalogue L’homme orchestre, Polart, Strasbourg, 2005 3. “ Foreword, ” Tony Wilson in Matthew Robertson, Factory Records, A Graphic Anthology, Thames & Hudson, London, 2006, p. 9 4. This expression by Annick Rivoire was taken by Pierre Beloüin, Annick Rivoire, “ In His Own Image ” in Liberation, October 1998 5. Mail to the author, December 2007
58
Awan~Siguawini~~Spemki~~~ 2006 Lors de ma résidence à Alma, au Canada, je prélève quotidiennement images et sons. Ces enregistrements sont envoyés par internet à des musiciens et les photos quotidiennes à P.n.Ledoux. Ce dernier rédige à ma place mon journal personnel. Au même moment, les premiers composent les bandes-son des images. La pièce se constitue au final de huit photographies accompagnées de leur bande-son et d’un livre. En abénaki, la langue des Indiens de la région d’Alma, le titre signifie Air-Au printemps-Paradis. During my residence in Alma, Canada, I recorded sounds and took photographs daily. These sounds were sent via the internet to the musicians and the photos to P.n.Ledoux who wrote my personal diary. Simultaneously the musicians composed the soundtracks for the images. The final piece is constituted by eight large photographs accompanied by their soundtrack and a book. In Abenaki, the language of the Indians from the area of Alma, the title means Air-In Springtime-Paradise.
60
61
62
63
64
65
66
67
68
69
70
71
Icosajack : V/A (OS.024) 2007, avec / with Cocktail Designers Référencée OS.024, Icosajack est une sculpture jukebox qui diffuse l’intégralité du catalogue Optical Sound au 11 juillet 2007. Une référence de plus au catalogue qui est en même temps toutes les références du catalogue. Reference OS.024, Icosajack is a jukebox sculpture that plays the entire catalogue of Optical Sound as of July 11, 2007. Another reference in the catalogue which is at the same time every reference in the catalogue.
72
73
74
75
76
Previously on Optical Sound 2007, avec / with Olivier Huz Nous avons commandé un autoportrait à chaque musicien édité par Optical Sound. La somme de ces photomatons anonymes est un catalogue non-exhaustif et impraticable du label, un catalogue de références, de produits. We commissioned a self-portrait of every musician on Optical Sound. The sum of these anonymous photo booth pictures is a non-exhaustive and impractical catalogue for the label, a catalogue of references, of products.
77
78
79
Tape Wall 2003
80
81
82
83
85
86
Index des œuvres reproduites
p. 7 L’homme orchestre (V.1, 1980s duo), 2002 Photographies contrecollées sur carton, 90 µ 175 cm chaque, bande-son § I Can Play Everything — Frz, Sébastien Roux & Blue Baboon p. 11 Optical Sound, 1999 Tourne-disques, haut-parleurs, alternateur électrique, étagères métalliques, disques préparés, 150 µ 210 cm § Programme Radio — Pierre Beloüin, Christel Brunet, Rainier Lericolais photo : Pierre Beloüin p. 15 Milky Women, 1998 45 photocopies couleur A3, colle à papier peint, 210 µ 270 cm photo : Pierre Beloüin p. 8, 12, 16 à 25 Str Crsh, 2007 Performance dans le parking du MAMCS, Strasbourg, festival Ososphère, 29 septembre 5 Austin Healey, bande-son diffusée par voie hertzienne, 45 minutes p. 24 : performance de Cocoon pour Str Crsh, interprétée par Lydwine van der Hulst § Bande-son collective originale de Cocoon, Black Sifichi et Norscq photos : bylepeut.com/pl p. 27 I’ll Be Your Mirror, 2005 Papier aluminium contrecollé Installation in situ, festival Ososphère, Strasbourg photo : Pierre Beloüin
87
p. 29 à 33 Pin Up, 1997 Photographies, dimensions variables p. 35 à 45 L’homme orchestre (V.2, Exotica 1960s Orchestra), 2005 Photographies contrecollées sur forex, 175 µ 90 cm environ chaque personnage, éclairage, bande-son, scène, 600 µ 300 cm § Face A, Face B — Yann Jaffiol p. 35 : vue de l’exposition au 36, Strasbourg photo : Pierre Beloüin p. 36 : vue de l’exposition, Ma-Asso & Michard Ardillier Concept Store, Bordeaux photo : David Sepeau p. 38 : concert de The Star & Key of the Indian Ocean pour le vernissage de l’exposition, Ma-Asso & Michard Ardillier Concept Store, Bordeaux photo : Pierre Beloüin p. 39 : vue de l’exposition au Muzeum Artystow, Lodz photo : Pierre Beloüin p. 46 et 48 L’homme orchestre (backstage), 2005 photos : Benjamin Foucault p. 61 à 71 Awan~Siguawini~~Spemki~~~, 2006 8 tirages numériques sur polyéthylène mat qualité archive, 127 µ 183 cm chaque, 10 lecteurs Cd, 10 casques, 10 bandes-son p. 61 : vue de l’exposition à Langage Plus, Alma photo : Pierre Beloüin p. 62 : vue de l’exposition au Bon Accueil, Rennes photo : Foto Sifichi
88
p. 64 Blue House § The Blue House — Ultra Milkmaids § Part 8 — Black Sifichi § Blue Haunted Blues — J.L. Norscq § Part 4 — Black Sifichi p. 65 Bouleaux § Xylochrome — Servovalve § Part 1 — Black Sifichi p. 66 Alcan § Entre-deux — N. Germain (el TiGeR CoMiCs GRoUP) § Part 6 — Black Sifichi p. 67 Arbre § Part 9 — Black Sifichi p. 68 Lac § Hypnordic — Wild Shores p. 69 Îlots § The Island — Sébastien Roux § Part 5 — Black Sifichi § Le dpi — Rainier Lericolais § Part 2 — Black Sifichi p. 70 Usine § L’usine papier — Cocoon § Part 7 — Black Sifichi
89
p. 71 Néons § Final street to nowhere — Eddie Ladoire § Part 3 — Black Sifichi p. 73 à 76 Icosajack : V/A (OS.024), 2007, avec Cocktail Designers Acier galvanisé blanc et aluminium poli, Ø 176 cm chaque étoile, medium peint, matériel informatique et électronique afficheur digital à LED, 121 µ 54 µ 80 cm, casques, câble audio Vues de l’exposition Sound of Music au BroelMuseum, Courtrai photos : Olivier Vadrot p. 78 Previously on Optical Sound, 2007, avec Olivier Huz 29 photomatons encadrés, 15 µ 21 cm Édition : 32 photomatons, 36 pages, 15 µ 21 cm, édition FRAC Provence-Alpes-Côte d’Azur, Marseille p. 81, 82 Tape Wall, 2003 23 cassettes audio, dimensions variables Vues de l’exposition à Bonlieu scène nationale, Annecy photos : Pierre Beloüin
90
Pierre Beloüin Né en 1973 à Toulon. Vit et travaille à Ollioules, Paris, Strasbourg. www.optical-sound.com
Expositions collectives * et personnelles (sélection)
2007
Previously on Optical Sound, les 10 ans d’Optical Sound, MAC, Marseille * L’homme orchestre V.2, Michard Ardillier Concept Store, Ma Asso, Bordeaux Awan~Siguawini~~Spemki~~~, Bon Accueil, Rennes Str Crsh, MAMCS, Strasbourg (festival Ososphère) Sound of Music, BroelMuseum, Courtrai (festival Happy New Ears) * L’homme orchestre V.2, City Sonics, Bruxelles / Mons Sonic Days, Fri-Art, Fribourg *
2006
Awan~Siguawini~~Spemki~~~, RIAM, Montévidéo, Marseille * Sous Station Lebon et galerie de la Marine, Nice * L’homme orchestre V.2, galerie Magda Danysz, Paris City Sonics – Transcultures, galerie du Dragon, Mons * Awan~Siguawini~~Spemki~~~, Langage Plus, Alma
2005
L’homme orchestre V.2, organisé par Polart, Lodz, Cracrovie et Katowice I’ll be your mirror, festival Ososphère, Strasbourg Pierre Beloüin est L’homme orchestre, Le 36, Strasbourg Radiotopie, avec Philippe Lepeut, galerie L’onde, Vélizy
2004
Flipper, Girl who came to dinner, festival 1001 nuits, Strasbourg * Festival MIA 2004, Bonlieu scène nationale, Annecy * Rencontres de la photo contemporaine franco-japonaise, galerie Fine Arts, Tokyo * Sudden Insight, 25mm, festival Ososphère, Strasbourg And the show goes on (Popisme 2), Espace arts plastiques, Vénissieux *
91
2003
Circulez !, Galerie des beaux-arts, Metz * MonTonSon, Castel Coucou, Forbach * Sound Art?, Florence Loewy Bookstore, Paris * Friends, les amis des mes amis, CRAC, Altkirch *
2002
Déjà dix ans, La Lune en parachute, Épinal * Tchépamoï, Bruno Henry, Grenoble *
2000
Sony’s Heart, Sony Centre, Berlin *
1999
Variables, La Lune en parachute, Épinal * Sur Meteor, Purple Institute, Paris *
1998
Déplacements, galerie Anton Weller, Paris * Glassbox Open, Insomnia, Glassbox, Paris * Ascension, Glassbox, Paris * Micro News, Audiernes Bar / Emmanuel Perrotin, Paris * Desktop, Icono / Web Bar, Paris *
1997
Ne me quitte pas, Glassbox, Paris * Version Originale, Musée d’art contemporain, Lyon *
Publications
2008
Sound of Music, FRAC Nord-Pas-de-Calais, Dunkerque Soundtracks for the Blind, rédacteur en chef du nº 9 de la revue Livraison, Strasbourg
2007
Previously on Optical Sound, FRAC Provence-Alpes-Côte d’Azur, Marseille « Buon Giorno John Giorno » in catalogue Cneai = neuf ans, CNEAI, Chatou
2006
Awan~Siguawini~~Spemki~~~, FRAC Alsace, Sélestat
2005
L’homme orchestre, Polart, Strasbourg Caravansaraï
2004
Popisme, Espace arts plastiques, Vénissieux
2003
It’s a Small World, CRAC, Altkirch
2000
Variables, Léonor Nuridsany, La lune en parachute, Épinal Sony’s Heart, catalogue Sony Centre, Berlin
93
Ce catalogue a été édité à l’occasion de l’exposition Persistence is all — FRAC Provence-Alpes-Côte d’Azur, Marseille, du 18 janvier au 19 avril 2008. Conception éditoriale et graphique : Claire Moreux & Olivier Huz, Lyon Traduction : Black Sifichi Relecture : Fabienne Clerin Remerciements : merci à tous et particulièrement à Claire et Olivier, Christel, mes proches… Hannelore, pour leur soutien et confiance persistante —, ainsi qu’à l’équipe du FRAC Provence-Alpes-Côte d’Azur. Éditeur : FRAC Provence-Alpes-Côte d’Azur 1 place Francis Chirat, 13002 Marseille +33 (0)4 91 91 27 55 — www.fracpaca.org Président : Alain Hayot Directeur : Pascal Neveux Diffusion librairies : www.r-diffusion.org Le Fonds régional d’art contemporain est financé par la région Provence-Alpes-Côte d’Azur et le ministère de la Culture et de la Communication / direction régionale des Affaires culturelles Provence-Alpes-Côte d’Azur. Il est membre de Platform, regroupement des fonds régionaux d’art contemporain et structures assimilées. © Pierre Beloüin et le FRAC Provence-Alpes-Côte d’Azur © Jill Gasparina pour le texte, Black Sifichi pour la traduction Les 23 premiers exemplaires numérotés de ce catalogue contiennent une édition originale signée de l’artiste. ISBN 978-2-9527796-4-7 Dépôt légal: janvier 2008 Imprimé sur les presses de l’imprimerie Chirat, Saint-Just-la-Pendue, janvier 2008.
94
Pierre Beloüin Persistence is all— L’homme orchestre (V.1, 1980s duo) Optical Sound Milky Women Str Crsh I’ll Be Your Mirror Pin Up L’homme orchestre (V.2, Exotica 1960s Orchestra) Awan~Siguawini~~Spemki~~~ Icosajack : V/A (OS.024) Previously on Optical Sound Tape Wall Texte de Jill Gasparina Text by Jill Gasparina
FRAC Provence-Alpes-Côte d’Azur ISBN ISBN 978-2-9527796-4-7 PRIX 15 ¤