La place des fibres végétales dans la construction

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LA PLACE DES

FIBRES VÉGÉTALES

DANS LA CONSTRUCTION

Mémoire du Diplôme Master École Nationale Supérieure d’Architecture de Bretagne Olwen GILBERT - Mars 2020 1


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Sommaire Introduction - Le pourquoi du mémoire I. Lorsqu’on parle de fibres végétales de quoi parle-t-on exactement ?.................. p.8 1. Fiches d’Identité des fibres végétales......................................................... p.10 2. Une partie des biosourcés .......................................................................... p.15 3. Des cultures induisant de nouvelles formes architecturale .......................p.16 4. Propriétés intrinsèques .............................................................................. p.20 II. Réalité constructive .............................................................................................. p.24 1. Plusieurs techniques ................................................................................... p.26 2. Préfabrication et économie de projet ....................................................... p.28 3. Nouveaux matériaux biosourcés préfabriqués .......................................... p. 30 4. Faire local ................................................................................................... p. 33 5. Moyens humains ........................................................................................ p. 37 6. Ecopertica, formation et recherche sur le liant terre ................................ p. 41 III. Évolution réglementaire ......................................................................................p. 44 1. Le cas particulier du chanvre ...................................................................... p. 46 2. Assurances et réglementation ................................................................... p. 47 3. Cadre législatif ............................................................................................ p. 48 4. Réglementation environnementale 2020 ................................................. p. 50 5. Évolution mondiale .................................................................................... p. 52 6. Un bilan énergétique à contextualiser ....................................................... p. 56 Conclusion Bibliographie ............................................................................................................ p. 64 Annexes .................................................................................................................... p. 66

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Introduction Plusieurs évènements que j’ai vécus enfant ont été le point de départ de ce mémoire. Une enfance conte-de-fée Le monde de mon enfance était enchanté. Il m’a emplit de contes et de légendes. Lors, je rêvais de batailles entre les fées et les elfes. Les trolls revenaient la nuit hanter le bois ou nous construisions leurs maisons, cabanes et minibalançoires. C’était toute une organisation et beaucoup de travail, en pleine nature. Nous bâtissions leurs maisons avec ce qu’on trouvait sur place : bois, pierre, terre, fibres végétales. Somme toute la pointe du low-tech aujourd’hui ! Bien sûr, ces matières étaient minuscules, c’était des bouts de bois tombés par terre, des cailloux, de l’herbe, des feuilles mortes et les ardoises importées du jardin. Ce monde était merveilleux. Nourrit de nos propres histoires, nous en étions des acteurs moteurs. La douche froide est arrivée au collège, quand le bitume à remplacé la boue de la cour du primaire.

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Je me suis rendue compte que construire et rénover en accord avec la nature, ce que les adultes faisaient lorsque j’étais à l’école, n’était pas la norme. Ma norme n’était pas celle de cette société, qui construisait alors de manière presque systématique les maisons en parpaing avec un enduit ciment recouvert d’une peinture beige à l’acétone. Mon enfance dans les Monts d’Arrée ma construite. Elle a forgé ma conscience environnementale. Elle m’a fait découvrir des maisons rondes qui se déplaçaient en fonction du soleil, des maisons en bois isolées avec de la paille, les bétons de chanvre, les laits de chaux… Mon enfance m’a conduit à l’architecture.


Vers un réenchantement du monde. Une question toute simple m’a hantée tout au long de mes recherches : pourquoi faire un mémoire sur les fibres végétales ? C’est Laetitia Fontaine qui, dans la préface du livre « Architecture en Fibres Végétales d’Aujourd’hui » de Dominique Gauzin Müller, m’a aidée à trouver la réponse. Elle parle du potentiel émotionnel des fibres végétales.

Sporogone

« Au delà de toutes réflexions écologiques, sociales, économiques ou culturelles, les fibres végétales et les autres matières premières, brutes ou peu transformées, recèlent un potentiel émotionnel extrêmement puissant. » Laetitia Fontaine C’est de manière inconsciente que je suis allée vers ces émotions. La société actuelle est tellement pleine de dureté. Les mots « rentabilité » et « efficacité » nous abrutissent sans cesse. Dans la rue il m’est arrivé d’entendre « c’est moche, ça n’aurait jamais dû être construit... ». Certains monuments, comme les cathédrales, les châteaux... ne sont pourtant jamais critiqués. Mais a-t-on demandé aux cathédrales d’être rentables ? Ma réponse est non. Simplement elles ont été construites pour révéler la spiritualité du monde et en cela elles possèdent un caractère émotionnel fort.

C’est cet émerveillement qui m’a attiré vers l’architecture et qui m’attire aujourd’hui vers les fibres végétales. J’aimerais participer au réenchantement du monde dans une société en perte de sens, de sensibilité, toujours plus rationnelle. De plus, la société dans laquelle nous évoluons a-t-elle un avenir lointain lorsque l’on pense à l’enjeu environnemental ?

Gymnase Panyaden International School

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Dans quel monde vivrons-nous dans 20 ans ? En 2041, j’aurais normalement 44 ans soit deux fois mon âge actuel. Ce qui de mon point de vue, paraît beaucoup… Pourtant, vingt ans de la vie d’une planète, ce n’est pas beaucoup. Mais les choses changent si vite. À quoi ressemblera le monde dans 21 ans ? Combien de degrés aura pris le réchauffement climatique ? L’objectif fixé par la COP 21 en 2015 de n’augmenter que de 2°C la température atmosphérique en 2100 me paraît bien optimiste aux vues du dernier rapport du GIEC. Pourtant, nous n’avons pas d’efforts à faire. Nous avons simplement besoin de changer d’habitudes. Notre activité quotidienne ne devrait pas être plus dure pour autant. Changer ne devrait pas être pénible sinon, le changement n’arrivera pas. La preuve en est faite avec les sacs plastiques et les sacs en papier en république tchèque. Jusqu’en 2018, les tchèques avaient une façon toute simple de prendre leur viennoiserie en supermarché. Ils prenaient un sac plastique très fin et transparent, plongeaient la main dedans, l’utilisaient comme un gant pour prendre un croissant et le retournait. Tout cela en moins d’une minute. Cette technique étaient utilisée pour énormément de produit (fruits et légumes, pain…). Ce qui représente un nombre considérable de plastique à usage

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unique. L’année dernière les sachets en papier sont arrivés et les sachets plastiques ont peu à peu disparus. Les tchèques ont simplement dû changer de technique et investir dans des pinces pour prendre les viennoiseries ! Changer de comportement n’est pas forcément pénible d’un point de vue technique. Les habitudes, elles, sont plus difficiles à combattre. C’est un travail mental qu’il faut effectuer. Un changement de mentalité. Cela peut s’avérer bénéfique à des milliers de personnes qui sont déjà tributaires du changement de climat.

Habiter la Terre J’ai appris cette année que le secteur résidentiel consomme 30 % de la consommation d’énergie finale en France, selon le rapport « Climat, Air, Énergie » de l’ADEME publié en 2018. Ce rapport ajoute que « les logements consomment davantage d’énergie que les industries et presque autant que le secteur des transports. Également contributeurs de 14,5% des émissions nationales de CO2 (principalement dues au chauffage), le secteur résidentiel constitue de fait un gisement important d’économies d’énergie et de réduction de gaz à effet de serre. »


Illustration de la couverture du Rapport «Climat, Air, Énergie» de l’ADEME, 2018

L’enjeu lié au logement s’avère alors considérable. La construction dans sa globalité semble poser de sérieux problèmes à l’environnement. Simplement la demande de logement ne cesse d’augmenter. Alors comment construire mieux ? Les fibres végétales possèdent sûrement une partie de la réponse. Le cycle de vie de ces matériaux paraît produire moins de gaz à effet de serre que ses homologues minéraux et synthétiques.

Mais qu’apporte véritablement les fibres végétales ? Quels changements induirait leur utilisation dans la construction ? Quels en sont les matériaux porteurs ? En quoi ces matières sont-elles représentatives d’un avenir possible de nos sociétés ? Affichage d’un arrêt de bus, le 24 janvier 2020, rue de St Malo, Rennes.

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1.

Lorsque l’on parle de fibres végétales, de quoi parle-t-on exactement ?

Les fibres végétales sont une pluralité de matériaux différents. Les plus connues sont la paille, le chanvre, le lin, le miscanthus et le bambou. Le bois entre également dans cette catégorie, mais à la différence des fibres citées précédemment, il est couramment utilisé dans le domaine de la construction. C’est une véritable industrie qui tourne autour du bois, tandis que les fibres végétales en général sont portées par des réseaux locaux d’artisans, d’agriculteurs, et d’entreprises de transformation. Le bois sera donc placée à part des autres fibres végétales dans ce mémoire. 8


Glossaire ÉCOLOGIE Le terme écologie (du grec oikos, demeure, et logos, science) a été proposé par Ernst Haeckel en 1866 pour désigner la science qui étudie les rapports entre les organismes et le milieu où ils vivent. Cette définition reste encore valable, mais elle demande à être approfondie et précisée, car elle est trop générale. Pour la situer par rapport aux autres sciences biologiques, il est commode de considérer les divers niveaux d'organisation de la matière vivante. L'écologie a pour objet essentiel l'étude des niveaux supérieurs d'organisation de la matière vivante, de la population monospécifique à l'écosystème.1 BIOMATÉRIAUX Le terme biomatériau, parfois utilisé dans des articles de revues, à été redéfinit très clairement par le Rapport sur les matériaux biosourcés, écrit et publié par le CESER Île-de-France en 2017. Il précise que : le terme de « biomatériau » qui fut utilisé autrefois est désormais abandonné car déjà adopté dans la sphère médicale pour désigner la notion de biocompatibilité.2 AGRORESSOURCES Le terme d’«agroressources» et le qualificatif « agrosourcés » s’appliquent pour leur part à des produits uniquement issus de la biomasse d’origine agricole. Les adjectifs agrosourcés et biosourcés qualifient, selon les cas, indépendamment les matériaux, la plasturgie, les composites.2 ECO-MATÉRIAUX Le terme éco-matériau, que l’on trouve parfois dans des articles de revues, correspond à un matériau de construction qui répond aux critères techniques habituellement exigés des matériaux de construction mais qui possède également des critères environnementaux ou socio-environnementaux, tout au long de son cycle de vie (c’est-à-dire de sa production à son élimination). Un éco-matériau est recyclable. Pour caractériser un éco-matériau, celui-ci doit répondre à plusieurs critères et principes du développement durable.3 ÉNERGIE GRISE Le concept d'énergie grise est apparu au cours des années 70. Il correspond à la somme de l'énergie dépensée de la phase de conception d'un produit à son recyclage, ou à sa destruction. La commercialisation ou les activités de service, l'usage du produit ou sa mise en œuvre font partie des critères retenus. 4 Pour qu'un isolant soit reconnu écologique, il doit provenir d'une source renouvelable et ne pas de causer de dommages à l'environnement lors de la récolte ou de l'extraction. De même, sa fabrication doit nécessiter peu d'énergie. Enfin, il doit être entièrement recyclable et, autant que possible, produit localement afin d'en limiter le transport. L'énergie grise, appelée aussi Analyse des Cycles de Vie (ou ACV), est devenue un critère de choix prédominant dans la construction.

1. https://www.universalis.fr/encyclopedie/ecologie/ 2. Rapport Matériaux Biosourcés, CESER Île-de-France, 2017, p. 7 3. http://www.reseau-ecohabitat.fr/ecomateriaux/ 4. https://www.futura-sciences.com/maison/definitions/maison-energie-grise-5782/

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1. Fiche d’identité Paille:

La paille est la tige (ou chaume) de certaines graminées, dites « céréales à paille » comme le blé, l’orge, l’avoine, le seigle, l’épeautre, le riz… Ces tiges sont coupées avec l’épi à la moisson.

PRODUCTION AGRICOLE : La production agricole dépend du type de céréales cultivées. La plupart de ces céréales poussent au printemps et sont récoltées l’été. Lors de leur croissance elles vont absorber du dioxyde de carbone mais leur récolte en produira également si elle est mécanisée (moissonneusebatteuse...). TRANSFORMATION : Sa transformation varie en fonction des espèces cultivées. UTILISATIONS : Souvent considérée comme un sous-produit ou déchet de l’agriculture, ses utilisations sont pourtant multiples. Elle peut servir de litière, d’alimentation animale (foin), de compost, de paillis (protection du sol), d’amendement organique, de biocombustible, de fibre pour l’industrie papetière… En tant que matériau de construction, elle est utilisée en mélange avec de la terre : torchis ou bauge. Elle est aussi utilisée en tant qu’isolant thermique en botte ou ballot, ainsi que pour confectionner les toits de chaume

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PRODUITS ET CO-PRODUITS : La paille est un co-produit de la culture de céréales.


Famille : Poaceae (graminées) Genre : Plante herbacée, monocothylédone Espèce : Miscanthus giganteus (espèce hybride naturelle et stérile, la plus cultivée en France)

Miscanthus: PRODUCTION AGRICOLE : La plantation des rhizomes s’effectue au printemps, la récolte entre mars et avril de l’année suivante, lorsque les cannes sont sèches à la fin de leur sénescence. Les rhizomes restent dans le sol et produiront par la suite de nouvelles cannes, chaque année. La productivité est très élevée (jusqu’à 20 tonnes par hectare et par an). Elle ne nécessite ni produit phytosanitaire ni fertilisation passé la première année. Un désherbage est nécessaire la première année pour éviter la concurrence des mauvaises herbes avant son implantation définitive. TRANSFORMATION : Le miscanthus ensilé est prêt à l’emploi : il se stocke en vrac sous hangar ou silo bâché et ne nécessite aucun séchage. Il est aussi possible de faucher et de botteler les cannes de miscanthus.

PRODUITS ET CO-PRODUITS : Tiges fibreuses Graines

UTILISATIONS : Le miscanthus peut servir de litière, de biocombustible (utilisé dans des chaudières à grilles mobiles), de paillis horticole, d’alimentation animale. Il est utilisé dans la composition de certains matériaux de construction comme les panneaux isolant, les bétons ainsi que plastiques biosourcés.

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Lin:

Famille : Linaceae Genre : Plante herbacée, Dicotylédone Espèce : Linum usitatissimum

PRODUCTION AGRICOLE : Ses semis s’effectuent à partir du mois d’avril. La floraison apparaît entre fin juillet et début août, la floraison est contrôlée par la durée du jour. Le lin affectionne les terres à tendance légèrement acide, profondes et très bien structurées. L’effet bénéfique du lin sur la structure du sol se traduit le plus souvent par une hausse moyenne de rendement de 5 % de la culture suivante. Il s’inscrit parfaitement dans un cycle de rotation des cultures, qui a lieu tout les sept ans. Dans l’assolement, culture étouffante, le lin peut avoir des effet bénéfique : allongement du délai de retour des autres cultures, limitation des maladies et des ravageurs qui se conservent dans le sol, rompt le cycle de certaines mauvaises herbes… TRANSFORMATION : 1. Fauchage 2. Rouissage 3. Disposition des fibres en andains 4. Retournement des andains et enroulement 5. Teillage, extraction des fibres UTILISATIONS DIVERSIFIÉES : - feutres et laines isolantes - garnitures des portières de voitures - vêtements, huile ...

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PRODUITS ET CO-PRODUITS : - fibres longues - étoupes - anas - graines -poussières


Famille : Cannabaceae Genre : Cannabis Espèce : Cannabis Sativa L. Vulgaris

Chanvre: PRODUCTION AGRICOLE : Les semis ont lieu entre le 1er mars et le 30 avril, la floraison arrive entre fin juillet et début août. Le chanvre s’inscrit parfaitement dans un cycle de rotation des cultures tout les sept ans. C’est une culture étouffante donc il participe au nettoyage du sol. Aération du sol sur sol tassés. Sa culture est globalement résistante aux ravageurs et aux maladies donc elle ne nécessite pas de pesticides.

PRODUITS ET CO-PRODUITS : - Le chènevis (la graine) - Les fibres - La chènevotte (écorce) - Les poudres

TRANSFORMATION : 1. Fauchage des tiges matures 2. Rouissage sur champs : fanage et retournement des tiges fauchées. L’alternance de rosée, de pluie et d’ensoleillement provoque un rouissage qui contribue à éliminer les pectines de la plante qui sont préjudiciables à la conservation de la fibre. Les fibres deviendront imputrescibles, sans protéines donc n’attireront pas les rongeurs ni les mites. 3. Transformation de la tige par défibrage : séparation mécanique de la fibre et de la chènevotte UTILISATIONS DIVERSIFIÉES : - Huile oléagineuse, extraite des graines - Papier haut de gamme, issu des fibres - La chènevotte peut être employée en enduit isolant

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Bambou:

Famille : Poaceae (graminées) Genre : Plante monocothylédone Espèce : Phyllostachys viridiglaucescens (bambou géant)

PRODUCTION AGRICOLE : Compte tenu de la floraison aléatoire du bambou, la culture moderne se fait par bouturage d’un morceau de rhizome. La plantation se fait entre mars et avril après les dernières gelées ou entre août et septembre. Il faut faire attention aux racines et rhizomes qui sont envahissants. Il se cultive sans apports d’intrants, pesticides ni fongicides. Originaire de Chine, le bambou géant, pousse de 4 à 7 mètres/an. Ses tiges peuvent atteindre 8 à 13 mètres de haut et 5 à 10 cm de diamètre. Le bambou renouvelle ses chaumes en moins de cinq ans. Ce sont ses chaumes qui sont employés la plupart du temps dans le domaine de la construction. Il est aussi plus résistant, solide, souple et léger que l’acier et le bois. TRANSFORMATION : La transformation du bambou est aujourd’hui peut renseignée. Elle dépend de chaque entreprise de transformation. L’échelle de production varie donc énormément en fonction des entreprises locales ou nationales. UTILISATIONS : Plante ornementale, clôture, brise vue, alimentation animale. Sa fibre employée dans l’industrie textile et papetière ainsi qu’en voilerie. Son âge d’or se situe au 19ème siècle.

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En tant que matériau de construction : parquets, mobilier, charpentes, associé avec de la terre crue pour la construction de murs et de cloisons. PRODUITS ET CO-PRODUITS : Turions, jeunes pousses Chaume, tiges fibreuses Feuillage


2. Une partie des Biosourcés

Les fibres végétales entre dans la grande catégorie des matériaux biosourcés. Ces matériaux ont été présentés en 2012 par un arrêté législatif qui les définit comme étant « une matière issue de la biomasse végétale ou animale pouvant être utilisée comme matière première dans des produits de construction et de décoration, de mobilier fixe et comme matériau de construction dans un bâtiment. »5 La biomasse étant « une matière d'origine biologique, à l'exception des matières de formation géologique ou fossile »5. Leur vie doit s’inscrire dans un cycle durable, prenant en compte l’obtention de la matière première et son recyclage final. La nature de ces matériaux est multiple. Outre les fibres végétales, ses représentants principaux sont la ouate de cellulose, les textiles recyclés, la laine de mouton, le liège… Les applications de ces matériaux sont tout aussi diverses : structure, isolants, mortier, peinture, colles etc. L’utilisation de matériaux biosourcés concourt significativement au stockage de carbone atmosphérique et à la préservation des ressources naturelles. C’est pourquoi elle est encouragée par les pouvoirs publics lors de la construction ou de la rénovation des bâtiments. C’est en ce sens que le Ministère de la Cohésion des territoires souhaite promouvoir ces matières biosourcées. Selon lui « ces matériaux répondent aux enjeux du développement durable » et « participent également au développement économique des territoires, car ils sont issus de matériaux de proximité »6.

5. Arrêté du 19 décembre 2012 relatif au contenu et aux conditions d’attribution du label «bâtiment biosourcé » 6. https://www.cohesion-territoires.gouv.fr/materiaux-de-construction-biosources-et-geosources

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3. Des cultures induisant de nouvelles formes architecturales

En orange, le térritoire d’influence du lin, s’étendant sur plusieurs évéché et même au delà du départment du Finistère.

Depuis leur apparition, les fibres végétales ont toujours participé au développement économique de leur territoires. Ces fibres textiles, comme le lin et le chanvre, étaient cultivées dans les terres Bretonnes. Le lin à fait la richesse d’une partie du Finistère actuel, située dans le Léon, le nord de la Cornouailles et l’ouest du Trégor (cf. carte). Ses fibres naturelles supportaient parfaitement les sols acides, comme on en trouve couramment sur ce territoire. Une fois que les fibres étaient extraites de la plante, elle étaient tissées. Une nouvelle typologie de maison s’est alors répandue en lien avec cette culture. Les maisons à avancée, appelées apoteiz en breton, appartiennent au patrimoine vernaculaire. Elles se distinguent par un avantcorps servant à abriter la table et les bancs, le mobilier ou un escalier de distribution extérieur. Ce type de logis fut réutilisé par toutes les couches sociales.7 Édifiées dès le XVIIème siècle, 7. https://journals.openedition.org/insitu/3467

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Différentes typologies de maisons à apoteiz


les maisons à avancée regroupent plusieurs modèles : avant-corps à pignon ou en bâtière, avec ou sans étage ou parfois pourvu d’un escalier extérieur. Mise en scène par le courant régionaliste, l’avancée finira par devenir le stéréotype de la maison bretonne et donnera naissance au style « néo-breton ».7 Maison Cornec, Saint Rivoal, maison à avancée.

Dans certaines maisons à avancée, on a retrouvé des métiers à tisser Anglais. On pense aujourd’hui que le métier à tisser était placés entre la fenêtre et la cheminée de manière à être éclairé même lorsque le jour faiblit en hiver, une fois la récolte réalisée.

Plan type d’une maison à avancée.

Les toiles produites dans l’arrière pays voyageaient ensuite vers les villes portuaires, comme celles de Landerneau ou Morlaix, qui pourtant paraissent loin de la mer. Les voiliers devaient remonter les rivières pour y accéder. C’était une manière pour les villes de se protéger des envahisseurs venus de la mer.8

Affiche publicitaire vendant une maison néo-bretonne 7. https://journals.openedition.org/insitu/3467 8. https://www.baiedemorlaix.bzh/fr/s-inspirer/morlaix-vibrez-avec-cette-cite-singuliere-de-bretagne/

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3. Des cultures induisant de nouvelles formes architecturales

Ecorché de la Maison à Pondalez situé au 9 Grand Rue à Morlaix

Le commerce de toiles de lin était florissant dans la ville de Morlaix. Une autre typologie d’habitat s’est créée en lien avec ce commerce : les maisons à Pondalez. Elle est décrite dans l’ouvrage « Demeures remarquables de Bretagne », de Daniel Leloup. Il explique que : « du XVème au XVIIème siècle, Morlaix écrit l’une des pages les plus originales de l’histoire patrimoniale européenne en inventant un nouveau concept d’habitat, la maison à pondalez, véritable manoir urbain destiné à accueillir les marchands étrangers venant acheter les toiles locales dénommées « crées ». Ce modèle a connu de nombreuses vicissitudes au cours des siècles mais a partiellement échappé aux grandes mutation urbaines de la ville. »9 De nombreux nobles à cette époque, ruinés par la guerre de Cent Ans, abandonnent momentanément leurs privilèges et deviennent marchands de toiles. Ils quittent dans le même temps leur manoirs pour s’installer en ville et créent cet habitat spécifique, construit pour impressionner les marchands étrangers.

Gravure de l’escalier, Maison de la Duchesse Anne.

L’entrée de la maison à pondalez est généralement plutôt basse de plafond et ouverte sur la rue. Elle s’ouvre sur une salle assez étroite mais impressionnante par sa hauteur qui peut atteindre une quinzaine de mètres9, et s’élève jusqu’à la toiture. Elle s’inspire directement des salles manoriales avec sa grande cheminée, qui servait principalement à cuisiner. S’ensuit une troisième pièce basse qui donne généralement accès à une cour. L’espace d’entrée permet aussi d’accéder à un escalier en vis qui distribuera deux pièces à chaque étage se trouvant au dessus des pièces basses du rez-de-chaussée. Le terme pondalez vient d’une transformation des mots « pont » et « allée ». L’escalier ne pouvait distribuer qu’une pièce directement, il fallait construire un étroit « pont » en bois pour accéder à l’autre chambre tout en libérant la salle manoriale sur toute sa hauteur. Certaines maisons à pondalez existent encore à Morlaix, au 9 Grand Rue et à la maison dite de la Duchesse Anne. L’effet manorial impressionne toujours.

9. Demeures remarquables de Bretagne, Daniel Leloup, ed. Skol Vreizh, 2015, p. 17 à p. 28

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Rive gauche de la Penfeld, Brest, croquis annoté P. Arvor.

LE CHANVRE ET LES CORDERIES Le chanvre était lui aussi cultivé sur les sols breton. Il était également filé et tissé pour produire des voiles comme le lin. Sa seconde fonction était d’équiper les cordages des bateaux. Pour se faire, le pouvoir français va mettre en place des corderies dans les ports militaire au XVIIème siècle. C’est ainsi qu’à Brest, l’arsenal est métamorphosé par l’arrivée d’une

série de bâtiments étirés, se déployant le long de la Penfeld. La longueur importante de ces bâtiments était nécessaire car, lorsque les cordes sont coupées après avoir été tressées, elle se détendent et perdent un tiers de leur longueur originelle.11

Les Ateliers de Corderie à Brest, les bâtiments de l’ancien bagne se situent au dessus, à l’arrière plan.

10. Les villes de Bretagne au XVIIIème siècle, Claude Nières, ed. Presses universitaires de Rennes, 2004, p. 36-37 11. https://dossiersinventaire.maregionsud.fr/gertrude-diffusion/dossier/corderie/a835d688-016c-4110-8f5d-b94ed55907cd#top

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4. Propriétés intrinsèques Le choix des matériaux lors de la conception d’un projet se répercute sur l’ensemble de celui-ci. C’est encore plus évident lorsque l’on s’oriente vers des performances thermiques et environnementales élevées. Il est indispensable d’avoir une approche globale de l’évaluation de la qualité des matériaux en prenant en compte l’intégralité de leurs performances et leurs incidences à long terme. Les vertus des fibres végétales y trouvent toute leur expression. En plus du fait d’être produit localement, de séquestrer du CO2 et de posséder un caractère sain lors de leurs mises en œuvre, les fibres végétales possèdent d’autres propriétés dignes d’intérêt.

DURABILITÉ On retrouve de nombreux exemple de mise en œuvre des fibres végétales tout au long de l’histoire. L’utilisation de la paille et de la chaux formant un remplissage pour les maisons à pans de bois comme celles qui se trouves à Rennes, sont utilisées encore aujourd’hui. Or, certaines maisons comme cet ancien hôtel situé 10, rue Vasselot à Rennes date de la première moitié du XVème siècle.12 Cela prouve bien la durabilité des fibres végétales. Sachant que la plupart des bétons actuels perdent une partie de leurs propriétés au bout de 100 à 150 ans, pourquoi le mettre en œuvre systématiquement ? MOINS D’ALLERGÈNES Les isolations d’origines végétales, en béton de chanvre, en laine de lin ou encore en bottes de paille, comportent moins d’allergènes que d’autres isolants minéraux ou synthétiques comme la laine de verre ou le polystyrène expansé. Ce point est particulièrement intéressant pour nos lieux de vies ou les lieux accueillants des publics sensibles comme les crèches, les écoles et les maisons de retraites. De plus la surveillance de la qualité de l’air est désormais obligatoire dans ces lieux.13

Ancien hôtel, situé au 10 rue Vasselot à Rennes.

12. Rennes, Une capitale en pans-de-bois, Daniel Leloup, ed. Skol Vreizh, p.22 13. Magazine AMC n°277, Avril 2019, Dossier Construction Biosourcée, p. 55.

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RÉGULATION HYGROTHERMIQUE La plupart des fibres sont perméables à la vapeur d’eau, et de ce fait sont d’excellents régulateurs hygrothermiques. Dans une habitation, la gestion de l’hygrothermie ambiante est très importante. Un air trop sec est malsain pour la peau, les muqueuses et les voies respiratoires. Un air trop humide est néfaste pour la santé mais également pour la pérennité des constructions (condensation et dégradation des performances isolantes des matériaux). L’hygrothermie est la capacité d’un matériaux à réguler la vapeur d’eau présente d’ans l’habitat.14 L’intérêt d’utiliser des fibres végétales c’est que la régulation hygrothermique est naturelle. Elle ne sont pas nocives pour la santé de leurs occupants et elles ne consomment pas d’énergie. DÉPHASAGE Les fibres végétales possèdent également un déphasage long, qui est équivalent voir dépasse celui des isolants conventionnels. Le déphasage est la différence de phase entre deux phénomènes alternatifs de même fréquence.15 Le déphasage d’un matériau de construction est donc le temps nécessaire au froid ou à la chaleur pour traverser un isolant. Par exemple si l’air ambiant à extérieur d’une maison est élevé mais que celle-ci est isolée en chanvre, alors le temps que l’air chaud pénètre la

maison, la température extérieure aura baissée. Le déphasage est dans ce cas, le temps qu’il faut à la chaleur pour pénétrer à l’intérieur de l’habitat. Une isolation satisfaisante permet souvent de ne pas utiliser de climatisation, particulièrement coûteuse en termes d’énergie et donc en matière d’environnement. C’est aussi un facteur important à prendre en compte en matière de confort pour les usagers puisque la température intérieure reste équivalente tout au long de la journée. L’INERTIE C’est l’inertie des fibres végétales qui participe à ce déphasage. L’inertie est directement lié à l’épaisseur d’un matériaux. En effet, 20 cm de laine de verre est inefficace pour le confort d’été de l’exemple précédent. Il faudrait mettre 85 cm de laine de verre pour éviter le réchauffement solaire dans la maison. De ce point de vue les 60 cm nécessaires pour mettre en place une isolation en paille porteuse sembles tout à fait raisonnables.16 CAPACITÉ ACOUSTIQUE Les capacités acoustiques des isolants végétaux valent celles des isolants couramment employés (isolants minéraux ou issus de la pétrochimie).17 Chacun sait que ce sont les parois poreuses et hétérogènes qui possède la meilleure isolation phonique. Cette caractéristique correspond parfaitement aux isolants végétaux.

14. https://www.biofib.com/performances-confort-hygrometrique/ 15. L’Encyclopédie Larousse en ligne : https://www.larousse.fr/dictionnaires/francais/d%C3%A9phasage/23764 16. https://www.picbleu.fr/page/tableau-comparatif-du-dephasage-des-isolants-thermiques 17. Annexe : Tableau comparatif mené par le CSTC de Bruxelles.

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LIANTS PRÉFÉRABLES Toutes ces propriétés ne peuvent-être valables que si les fibres végétales sont utilisées en tant que granulats avec les liants appropriés. Ces liants doivent être perspirants, c’est-à-dire qu’ils sont capable d’avoir un échange avec l’air ambiant. Il est important de ne pas ajouter aux granulats végétaux des liants qui les rendraient imperméable à l’eau, comme c’est le cas du ciment par exemple. Ce n’est pas le cas du plâtre, de la chaux, de la terre. Il est donc préférable d’utiliser ces derniers pour ne pas perdre la perméabilité à la vapeur d’eau de ces fibres. VULNÉRABLES AUX INTEMPÉRIES Les liants employés dans la mise en œuvre des fibres végétales servent souvent à protéger les fibres des intempéries. La perméabilité à la vapeur d’eau étant un atout considérable, l’eau peut également les détruire si elles sont exposées directement. Une bonne couverture et une assise imperméable est nécessaire pour certains projets. Certains liants comme la chaux, appliquée en enduit, peuvent également protéger un béton de chanvre des assauts hygrométriques extérieurs. Les fibres végétales étant souvent utilisées en tant qu’élément de remplissage dans un structure, elles peuvent aussi être protégées par un bardage en bois qui laissera les échanges hygrométriques s’effectuer.

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MATÉRIAUX NON-PORTEURS L’un des inconvénients des fibres végétales souvent mis en avant est le fait qu’elles ne sont pas porteuses structurellement. C’est aujourd’hui une habitude de construire l’ossature d’une maison en maçonnerie porteuse, utilisant des parpaings en ciment ou de la brique en terre cuite, qui sera ensuite isolée par l’extérieur avec une laine minérale la plupart du temps. Cette laine sera ensuite recouverte d’un élément de façade : enduit en ciment, plaquette de parement en pierre naturelle… L’intérêt des fibres végétales étant les échanges entre l’intérieur et l’extérieur d’une construction, les murs en maçonnerie ne sont pas recommandés. En effet, si l’isolation végétale est prise entre deux matériaux imperméables, qui ne permettent pas les échanges hygrométriques alors son utilisation n’a que peu d’intérêts. La solution la plus couramment utilisée est l’emploi d’une ossature en bois (matériaux perspirant) en tant que structure, associée à un remplissage en fibres végétales. Cette structure est souvent monté à partir d’un assemblage poteaux-poutres, qui permet de dégager au maximum les espaces de vie. Les cloisons séparatives des pièces peuvent s’insérer dans la trame des poteaux, comme s’en détacher pour les laisser libre. La paille peut également se placer dans des caissons structurels… De nombreuses techniques existent, elles font toutes preuves de bons sens et d’inventivité et bien d’autres solutions restent encore à trouver.


Immeuble rue Myrha, Paris, Agence North by Northwest. Construit en 2014, cet immeuble est isolé avec un enduit chanvre-chaux s’insérant entre une ossature secondaire en bois, elle-même fixée à une ossature primaire en acier. L’enduit a été projeté sur un coffrage perdu en fermacell.

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2. Réalité constructive

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1. Mise en œuvre La mise en œuvre de ces matériaux dépend de plusieurs critères. Les techniques employées vont dépendre des chantiers. C’est ce que m’a expliqué Pierre Le Signor, compagnon maçon depuis 1988 par rapport à ces chantiers chanvre. Pierre Le Signor pratique son métier de maçon de manière complète, de la construction neuve à la restauration-réhabilitation du patrimoine ancien. Il emploi régulièrement le chanvre depuis 2010, suite à un chantier qu’il a sous-traité à une autre entreprise connaissant parfaitement les bétons de chanvre. C’est à cette occasion qu’il s’est formé, sur le tas. Il a ensuite eu l’opportunité d’avoir un gros chantier de projection et il a investit dans une machine.17

Malaxage à la bétonière d’un enduit chaux-chanvre.

PLUSIEURS TECHNIQUES Il m’a expliqué que plusieurs solutions sont possibles pour mettre en œuvre un béton de chanvre sur un chantier. Ces possibles sont liés au contexte du chantier lui même et surtout à un critère important : la place. Il existe trois techniques différentes pour mettre en œuvre un béton de chanvre en enduit intérieur. Dans un premier cas, l’enduit est effectué à la main. Le chanvre est mélangé à la chaux dans la bétonnière, on réalise ensuite un dégrossi, une couche d’accroche, puis c’est la pose de l’enduit isolant de 5-6 cm d’épaisseur. Ensuite il faut ajouter la couche de finition. L’ensemble atteint environ 8 cm d’épaisseur. Ce qui est relativement peu épais. La mise en œuvre manuelle ne nécessitant pas beaucoup de recul, cet enduit peut être réalisé dans n’importe quel contexte bâti. Néanmoins il nécessite plus de temps et de moyens humains que ses homologues, il souvent de ce fait plus onéreux.

Pose de l’enduit entre des montants et latis en bois

Talochage de l’enduit de finition

17. Annexe 1 : Entretient avec un compagnon maçon : Pierre Le Signor

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La deuxième solution est de réaliser un enduit projeté mécaniquement. Cette technique est très rapide. Le mélange chanvre-chaux s’effectue directement dans la projeteuse, il est ensuite projeté sur la paroi à enduire à l’aide d’un tube que l’on déplace de manière à couvrir toute la surface. Cette solution très rapide nécessite une très grande préparation préalable car le tube projetant l’enduit est assez peu précis et difficile à manipuler. L’utilisation d’une projeteuse n’est pas forcément rentable pour une toute petite surface.

Enduit projeté mécaniquement

Enfin, il est possible de réaliser un doublage en chanvre. Celui-ci se sert de briques chauxchanvre préfabriquées. Il implique 2cm de vide entre l’existant et la brique, puis la pose des 9 cm de briques elles-même et enfin 2,5cm d’enduit de finition. L’ensemble fait environ 13,5 cm d’épaisseur. Cette solution utilisant des briques préfabriquées issues de l’industrie est très rapide mais prend une plus grande surface intérieure que ses homologues. Chaque issue possède ses avantages et ses inconvénients en matière d’épaisseur, de surface enduite, de rapidité, de moyens humains, et bien sûr de coût. Néanmoins il montre la richesse de ce granulat et sa très grande souplesse d’utilisation, proposant trois solutions à une seule problématique.17

Briques de chaux-chanvre avec leur lame d’air.

17. Annexe 1 : Entretient avec un compagnon maçon : Pierre Le Signor

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2. Préfabrication et économie de projet On le sait depuis longtemps, en matière de coût la préfabrication est une solution intéressante. Elle serait un moyen de gagner en rentabilité et en efficacité. Ces deux critères ont un impact direct sur le coût budgétaire. L’agence d’Architecture CAN-ia, basée à Nantes, a monté plusieurs projets utilisant des briques de chanvrechaux préfabriquées. L’un de leurs projets est une base logistique de collecte de déchets pour l’agglomération des Sables d’Olonnes. Le projet réalisé dans un planning serré, bénéficie d’une structure bois et fait appel à différents matériaux biosourcés. L’enveloppe des bureaux est isolée par des panneaux en béton de chanvre à ossature bois, préfabriqué par le charpentier et transporté sur le site. Ce choix a permis de tenir les délais et d’assurer un chantier sec. Associé à une couche isolante en fibres de bois haute densité, placée à l’extérieur avec un enduit chaux-sable, le béton de chanvre offre avec ses 24 cm d’épaisseur, un confort hygrothermique de qualité pour les occupants des bureaux. L’enveloppe de l’atelier de maintenance intègre un isolant à base de chanvre, coton et lin, certifié Acermi.18 L’économie de projet fait de la préfabrication un atout majeur pour les fibres végétales. L’ingénieur et architecte Quentin Pichon, qui a réalisé ce projet va en ce sens. Il explique dans un article d’AMC, publié en avril 201919, que : « En matière de coût, une ossature bois associée à des panneaux en béton de chanvre et un enduit à la chaux est à peine plus onéreux qu’un parpaing doublé de polystyrène avec une finition en crépi. Dans trois de nos opérations, nous avons estimé le surcoût à 3 %. L’inertie du chanvre réduit en revanche les besoins de climatisation et, en coût global, les charges de fonctionnement qu’il induit sont largement optimisées par rapport aux procédés courants. »

Cadres en bois usinés

Remplissage de l’enduit chaux-chanvre entre les boisseaux

Murs préfabriqués une fois posés

18. Magazine AMC n°277, Avril 2019, Dossier Construction Biosourcée, p. 59 19. Magazine AMC n°277, Avril 2019, Dossier Construction Biosourcée, p. 60

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Base logistique des Taffenaux, vue depuis l’entrée

En prenant en compte le budget nécessaire au projet, non pas lors de sa livraison, mais sur la globalité de sa durée de vie, les bétons de chanvre sont concurrentiels. La préfabrication permet, outre un gain de temps sur le chantier, de faire baisser encore plus les coûts de production ce qui rend les fibres végétales parfaitement compétitives face à des matériaux employés traditionnellement. L’entrée vue depuis l’intérieur

Le projet vue depuis le sud.

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3. Nouveaux matériaux biosourcés préfabriqués

Outre les plaques de béton chaux-chanvre préfabriquées, d’autres recherches sont effectuées dans l’industrie pour développer les matériaux biosourcés. Ces matériaux directement prêts à l’emploi sur le chantier pourraient ainsi participer à la généralisation des matières organiques dans la construction. Les produits transformés et préfabriqués biosourcés ouvrent des perspectives pour accélérer les chantiers. De plus en plus nombreux, ils sont en pleine croissance. 8%,c’est la part de marché des isolants biosourcés sur le marché de l’isolation en 2015 (source étude ADEME/Nomadéis). Ce chiffre est charnière car il signifie que l’isolation biosourcées n’est plus aujourd’hui un phénomène atypique mais il montre aussi toute l’ampleur du chemin qu’il reste encore à parcourir. Si ce chiffre est en soit un motif de satisfaction, ce secteur aux développements nombreux souhaite accroître sa dynamique engagée. Issus de la biomasse végétale, animale et des recyclés de ces familles, les matériaux produits sont à la croisée des chemins de mondes aussi différents que ceux de l’agriculture, de l’industrie et du bâtiment. D’après l’entreprise Karibati, experte en matériaux biosourcés : « le marché tend de plus en plus à mobiliser les matériaux biosourcés en complémentarité avec les matériaux conventionnels plutôt qu’à exacerber les concurrences individuelles. »20 Les principaux atouts de ces matériaux sont une fois de plus le stockage de carbone lors

20. http://www.karibati.fr/materiaux-biosources/interets-potentiels/

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Brique de chanvre préfabriquée

de leur production agricole, leurs propriétés renouvelables et les faibles besoins en énergie indispensable à leur élaboration. Ces facteurs mis bout à bout pourraient participer à faire baisser notre production de gaz à effet de serre et donc à limiter le réchauffement climatique. Ils représentent un important bassin d’emplois et sont aujourd’hui largement normés et certifiés. Ces matériaux biosourcés se déclinent sous une multitude de formes, de produits et de sousproduits. Ces produits sont partiellement ou entièrement composés de matière végétales ou animales. Tous ces produits transformés sont susceptibles de contenir d’autres substances comme des retardateurs de flammes, des colles et des résines. L’usage de produits naturels comme les huiles essentielles ou les résines biologiques reste pourtant privilégié par leur concepteurs. Néanmoins, une partie d’entre eux n’est pas produite localement, leur transport induit alors des gaz à effet de serre. Pourtant, ils obtiennent le label biosourcé ce qui les places souvent au rang de matériaux écologiques de première qualité. Souvent présentés comme LA solution environnementale, il est important de regarder au-delà du label biosourcé.


C’est en ce sens que se dirige une partie du rapport « Matériaux biosourcés » du CESER d’Île-deFrance, publié en 2017. Il a pour volonté première de promouvoir les matériaux biosourcés et en particulier le chanvre. Cependant il met en garde ses lecteurs qui sont les futurs utilisateurs des matériaux biosourcés en ces termes : « Attention, toutefois, aux idées reçues : les matériaux biosourcés ne sont pas nécessairement 100 % naturels et sans impact pour l’environnement. Ils peuvent parfois être transformés, contenir des additifs chimiques en proportions variables ou avoir été transportés sur de longues distances. » Pourtant une fois le label posé sur un matériau biosourcé, ces utilisateurs ne se posent plus la question de sa provenance ni de l’énergie utilisée pour sa conception… Alors, la labellisation « matériau biosourcé » n’est-elle pas à double tranchant ?

Bloc porteur en béton de miscanthus, porté par l’entreprise Ciments Calicia

Les dalles « Organic de Knauf » présentées dans le magazine n° 39 d’EK21, sont un exemple de produits labellisés qui posent questions. Elles sont produites « à partir de bois d’épicéa, de chaux et de ciment blanc ». Cependant, la chaux et le ciment ne sont-ils pas des matières particulièrement énergivores ? Ne faut-il pas les chauffer respectivement à 1200°C et 1450°C pour pourvoir les utiliser ensuite ? Toute ces questions restent sans réponse sur le site Knauf.fr qui présente ses dalles22. Enfin, l’emploi de la chaux et du ciment estil véritablement nécessaire ? A-t-on toujours besoin d’employer des matériaux issus de l’industrie ? L’emploi de ces matériaux est-ce une manière de se rassurer ? Après tout, le ciment et la chaux ont été auscultés à la loupe. Les caractéristiques physiques et techniques de ces deux liants sont parfaitement connues, au moins depuis le milieu du XXème siècle. L’emploi de ces matériaux est peut-être issu d’un réflexe, de quelqu’un qui, souhaitant appliquer certaines caractéristiques physiques à un nouveau matériaux, a immédiatement trouvé une solution avec des matériaux « classiques ». La labellisation pose parfaois question. En quoi les dalles « Organic de Knauf », qui emploient du ciment, sont-elles renouvelables ? Le ciment n’estil pas une matière issue d’une transformation industrielle non-renouvelable ?

Dalles acoustiques «Organic de Knauf» 21. Magazine EK, n°39, Juin 2014, p. 116 22. https://www.knauf.fr/solutions/produit/dalle-acoustique-en-laine-bois-organic

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3. Nouveaux matériaux biosourcés préfabriqués

L’industrie n’est pourtant pas une énorme bête noire qu’il faudrait éradiquer. Il faut faire avec elle. C’est un acteur essentiel de notre société et si nous voulons changer de modèle, il faut forcément l’impliquer. Tout n’est pas mauvais dans l’industrie. La rentabilité et l’efficacité de production en font sa plus grande force. Sa puissance monétaire en est une autre. Et cette force la rend en mesure de pousser le système à changer. Son impact sur la société est tellement grand et puissant. On ne peut pas aller contre, il faut aller avec et accompagner. Faire face à la crise écologique ne se résume pas au combat low-tech / high-tech. C’est surtout faire avec l’ensemble des acteurs en faisant en sorte que l’industrie ne retombe pas dans ses vieux travers et que de nouveaux acteurs émergents soient entendus.

des labels ainsi qu’à privilégier les acteurs locaux. C’est accompagner la recherche industrielle vers d’autres matériaux et de nouvelles techniques. Mais n’oublions pas que cette recherche est déjà engagée chez les grands groupes industriels comme Lafarge. L’entreprise possède dès à présent sa plaquette explicative sur les enduits en béton de chanvre et elle n’est pas la seule à aller vers le domaine végétal.

Le rapport du CESER d’Île-de-France23 continue en ce sens en précisant par la suite que : « Dans une démarche de construction durable, il est préférable d’utiliser des matériaux biosourcés locaux et le moins transformés possible, sous réserve qu’ils répondent aux caractéristiques pour lesquelles ils sont mis en œuvre. »

Nous n’allons pas tomber dans un piège si nous restons vigilent, si nous gardons les yeux grands ouverts sur les productions nouvelles. Il faut rester vigilent face à l’attrait de la nouveauté qui va miraculeusement nous sauver. Car la solutions miracle n’existe pas.

Si l’on souhaite aller au bout du concept d’énergie grise, c’est tout une démarche qu’il faut mettre en place. C’est pousser chaque personne à évoluer dans ses manières de vivre et de penser. C’est peut-être aussi apprendre aux gens à aller au-delà

Cette déclinaison produits préfabriqués et biosourcés, n’est peut-être pas véritablement nécessaire dans une démarche environnementale qui se veut peu dépensière en ressources et en énergie. Mais peut-être que la multitude de produits nouveaux et innovants est nécessaire pour faire parler d’elle dans notre société, telle qu’elle fonctionne actuellement.

Les matériaux biosourcés ne sont pas une mode, émergeant d’une société qui vit dans l’angoisse de la catastrophe écologique, exacerbée par les médias. Ils sont une solution parmi d’autres. Un engrenage de l’immense machinerie qu’est la société.

23. Production, transformation et utilisation des matériaux biosourcés pour la construction : quelles actions de la Région Ile-de-France? CESER Île-de-France, 2017

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4. Faire sur place

Terrasse du chalet en porte-a-faux

Une autre solution impliquant des coûts de construction plus faible serait de construire a partir du lieu sur lequel s’implante le projet. Quand cela est possible bien sûr. Cela implique de changer la manière d’aborder le projet. Il n’est plus un assemblage à monter à partir d’éléments issus d’un catalogue mais comme un ensemble issu d’éléments préexistants sur le site du projet. Ce changement implique de ne plus être uniquement dans la réalisation d’une idée, d’un concept mais dans la réalité du concret et du physique. L’idée est de choisir les matériaux d’un projet à partir des matières en place. Cela peut entièrement remettre en question le projet. C’est cette démarche non-linéaire, induite par l’utilisation du bois, qu’explique Pierre Lajus lors d’un entretien réalisé pour le magazine EK en 201424 : « À l’école de Beaux-arts d’avant mai 68, on passait d’une esquisse à un avant-projet, puis à un projet et, plus rarement, à un « projet de construction ». Pour mes premières réalisations

Contexte du chalet à Barège de Pierre Lajus

en agence, j’ai tout naturellement suivi cette démarche linéaire. Mais en étudiant [pour un chalet situé à] Barèges, j’ai compris qu’il fallait avoir à l’esprit, dès l’esquisse, les hypothèses constructives et même les détails d’assemblages, qui étaient réservés à l’école aux études finales. J’ai saisi alors que ces allers-retours successifs, imprégnés par les conseils et corrections du constructeur déjà présent dans l’équipe, déterminaient l’écriture finale du projet. Ensuite, j’ai gardé cette méthode itérative même lorsque je devais construire avec d’autres matériaux que le bois. »

24. Magazine EK, n°39, Juin-Juillet 2014, « Roland Scheitzer et Pierre Lajus, Regards croisés de deux visionnaires » p. 45

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4. Faire sur place

C’est allers-retour incessants entre le projet et son contexte peuvent être riches d’inventivité et porteurs de création. On trouve plusieurs exemples réalisés qui se sont constitués de cette manière. Cette démarche a déjà été employée par l’Atelier de la comète. Cet Atelier se définit comme étant un « Bureau mobile d’architectes, paysagistes et scénographes basé à Rennes » présent pour aider chaque personne dans ses projets « d’exploration spatiale »25. Architectes de proximité, ils se déplacent de projet en projet avec un camion transformé en bureau mobile, de manière à aller à la rencontre des gens. Un de leur projet est en lien direct avec son contexte. Il se situe dans le Finistère dans la commune de Dinéault. Ce projet de salle polyvalente « Ty Provost » est situé dans un camping bordé par une forêt. Lors de la visite du site, le propriétaire présente une cabane qu’il à construite en douglas, a partir du bois de sa forêt. C’est a ce moment là que les deux architectes décident d’employer ce bois pour le projet. Il font appel à un charpentier qui possède une scierie mobile, il va donc débiter le bois sur place avant de le mettre a sécher pendant une année puis l’assembler. L’ensemble aura été économe en énergie, puisque ce bois n’aura pas été transporté, il n’aura pas été traité non plus… En terme de circuit court on peut difficilement faire mieux. De plus, l’ensemble revient à 5 fois moins cher que s’il avait fallu utiliser du bois venu d’ailleurs.25

Salle polyvalente «Ty Provost»

Le bardage bois issu du site garde un aspect assez brut après la mise en oeuvre

25. ENSAB - Conférence Adrien ALANOU & Emmanuel METRARD – 13.03.19, Retransmise sur Vimeo, à partir de 1h08

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La Boiserie, projet de l’agence De-So Architectes à été réalisé en 2012 à Mazan

Cette solution est complètement applicable aux fibres végétales. En campagne, il n’est pas rare de construire des maisons entourés de champs de céréales. Une habitation isolée en paille devient alors une évidence, lorsqu’il faut simplement contacter son voisin agriculteur. Économe en énergie, elle est souvent peu onéreuse, si l’on s’entend avec son voisin ! Cela devient plus compliqué lorsque l’on réalise des projets là où la ressource est plus rare, comme c’est le cas en ville. L’envergure du projet peut également complexifier la démarche comme pour les établissements recevant du public mais ce n’est pas toujours le cas. Une salle polyvalente, à d’ailleurs été réalisé par l’agence De-So Architectes en association avec le bureau d’étude Gaujard technologies scop. La Boiserie est l’un des premiers équipements culturels et associatifs de France construits avec des matériaux locaux biosourcés dont les propriétés constructives étaient jusqu’alors

inexploitées. Ce projet construit en 2012 est situé à Mazan dans le Vaucluse. Il a été porté par de nombreux acteurs. En tête se trouve Olivier Gaujard, directeur du bureau d’étude. Il explique la conception du projet lors d’un entretien réalisé pour le magazine EK26 : « Dans un premier temps, nous avons proposé un bâtiment en bois, bien que ce système constructif ne soit pas encore très courant en Provence. Au même moment, la réglementation sur la paille était en cours de finalisation et il est apparu intéressant de l’utiliser pour isoler les murs avec un enduit plâtre extérieur. La commune de Mazan abrite en effet la plus grande carrière de gypse à ciel ouvert d’Europe. Séduite par l’idée, la maîtrise d’ouvrage nous a fait confiance. » En allant au bout de leur démarche, l’agence d’architecture et le bureau d’étude ont proposé d’utiliser du bois local, dans une démarche environnementale ainsi que dans un souci d’intégration au site. Olivier Gaujard continue

26. Magazine EK n°39, Juin-Juillet 2014, Dossier Matières en lumière, p. 76.

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4. Faire sur place ainsi : « Le bois du Mont Ventoux, bien qu’il présente de bonnes qualités structurelles, est essentiellement destiné à la papeterie de Tarascon, mais l’occasion était trop belle. Nous avons proposé d’utiliser le cèdre de l’Atlas, caractéristique de cet écosystème, mais jusqu’ici inexploité pour la construction, amendant la conception du projet afin de rentabiliser au mieux chaque arbre abattu. Nous avons donc pris contact avec l’Office National des forêts qui a réservé pour cette opération trois parcelles où ont été choisis, outre le cèdre de bardage et de l’aménagement du hall, le pin noir de la structure et le pin à crochet du revêtent de la salle de spectacle. »26 Un nombre très importants d’acteurs (élus, techniciens territoriaux, maîtrise d’œuvre, bureau d’études, entreprises et professionnels de la forêt) s’est mobilisé autour de cette démarche, emprunte du site. Les matériaux employés, en plus du fait d’être locaux, gardent leurs propriétés biosourcés. Ainsi le bois et la paille agissent comme régulateurs hygrothermiques et le plâtre joue son rôle de protecteur des assauts climatiques extérieurs. Cette idée de faire avec et à partir du site engendre donc des possibles créateurs digne d’intérêt. Elle est également portée par la volonté humaine dans une logique de réaliser un projet en accord avec le site et peu énergivore. L’idéal serait de créer à partir de matériaux locaux, avec le moins possible d’énergie mécanique. Se pose alors la problématique des moyens humains.

Protection solaire à l’entrée

L’entrée vue depuis l’intérieur

Le bardage bois à l’intérieur de la salle principale. Intérêts esthétiques et acoustiques.

26. Magazine EK n°39, Juin-Juillet 2014, Dossier Matières en lumière, p. 76.

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5. Moyens humains La problématique des moyens humains nécessaire à la mise en œuvre des fibres végétales reste un critère important à prendre en compte puisque dans notre société contemporaine c’est l’humain qui coûte cher. Le problème principal est de payer du personnel compétant avec tout les frais annexe que cela engendre. La logique de notre société actuelle préfère utiliser plus de matière première que de moyens humains à la mise en œuvre. Cette logique va à l’inverse du réchauffement climatique. Le restaurant « Los Manantiales », construit par Felix Candela après la seconde guerre mondiale est un témoin de cet évolution. Les paraboles qui constituent ce restaurant ont besoin de très peu de béton, elle sont très fines mais elles impliquent d’important moyens humains lors de la mise en œuvre. Toute la finesse qui fait l’élégance de ce café ne serait pas privilégiée en matière de coût et de rendement aujourd’hui. Ce qui coûtait au sortir de la guerre était les matériaux plus que le maçon. Ce n’est plus le cas maintenant. C’est d’ailleurs ce qui a posé problème lors de la restauration du restaurant.

Nombreux férraillages et coffrages durant le chantier

Le restaurant Los Manantiales achevée en 1958

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5. Moyens humains

C’est cette problématique humaine, ajouté à celle de la rapidité et de l’efficacité toujours plus importante qui conduit à l’utilisation d’une projeteuse et de briques préfabriquées lors d’un chantier chanvre. Une solution pourtant se dessine dans l’univers parallèle de l’autoconstruction par lequel je suis passée enfant, celle des chantiers participatifs. Ces chantiers privilégient l’humain à l’investissement mécanique. Lorsque l’on construit soit même sa maison ou une partie, il n’est pas rare de faire appel à des amis, de la famille ou encore des relations connaissant les enduits en chanvre. La simplicité de mise en œuvre des bétons de chanvre en tant qu’enduit isolant est à la portée de chacun. Il faut tout de même une certaine rigueur comme sur n’importe quel chantier.

CHANTIERS PARTICIPATIFS Il m’est arrivé de mettre en œuvre un enduit de ce type chez mes parents en 2014. Le chantier s’est déroulé sans encombre. Il a demandé plusieurs jours de préparation préalable. En effet, l’enduit était appliqué entre deux tasseaux en bois qu’il a fallu poser et couvrir de scotch pour les protéger lors de la pose de l’enduit. Une fois que l’enduit à séché, les scotchs ont été retirés laissant apparaître les tasseaux en bois. C’était l’esthétique désirée. En faisant appel aux amis, il n’a fallu qu’une seule journée pour appliquer tous les enduits manuellement. Le mélange chanvre-chaux était réalisé à l’aide d’une bétonnière, située dans le jardin et transporté à l’aide d’une brouette jusqu’au chantier lui-même. L’ensemble de la mise en œuvre impliquant des moyens humains

La pose de l’enduit par un ami de la famille. Le latis en bois pour que l’enduit acroche n’a pas encore été recouvert en haut à droite.

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Premier dégrossi de l’enduit à la règle, avant le talochage.

conséquent, elle ne nécessitait que très peu de moyen mécanique et de ce fait l’énergie employée était minimale. C’est ce qui la rend particulièrement intéressante d’un point de vue environnemental. La ressource énergétique étant le constituant principal du réchauffement climatique. C’est cette ressource employée que met en avant l’énergie grise d’une construction. Elle prend en compte : la production de la matière première, le transport de celle-ci jusqu’au chantier, le transport des ouvriers vers le chantier, la mise en œuvre des matériaux et leur recyclage final. La mise en œuvre est un point clé sur lequel il est possible d’agir pour faire baisser l’énergie grise d’une construction et donc son coût environnemental. Si l’on considère les chantiers participatifs comme une solution pour limiter le réchauffement climatique quel serait la place de l’architecte et celle du maçon, dans ces chantiers ? Car les

L’enduit est appliqué manuellement en posant de petits boudins les uns sur les autres, de bas en haut

chantiers participatifs en auto-construction se réalisent sans ces deux acteurs, qui sont pourtant des piliers de la construction. La nouvelle place du maçon serait peut-être celle de formateur et plus forcément d’exécuteur. L’architecte serait alors en position de chef d’orchestre, capable de coordonner les différents acteurs intervenants sur le chantier, du charpentier expert aux bénévoles inexpérimentés. Au delà du fait de dessiner et conceptualiser un projet, il faudrait également être particulièrement pédagogue. Capable d’exprimer ses idées de façon claire, à chacun, peu importe sa culture technique. C’est sûrement une possibilité future. 39


5. Moyens humains

Instalation assez instable pour réliser cet enduit terre

Pierre Le Signor, maçon, explique justement que pour les chantiers participatifs, il est important d’avoir un professionnel capable d’encadrer un groupe et de lui donner un bon rythme. Ce qui n’est pas forcément aisé sur un chantier. Un bon formateur c’est un professionnel pédagogue qui garde un pied dans le monde professionel.17 Les chantiers participatifs se répandent aussi via certains site internet. Ils proposent de mettre en relation des particuliers qui souhaitent construire leur projet avec de futurs bénévoles, qui sont généralement eux-même des particuliers. Néanmoins cela pose parfois problème car les compétences professionnelles des participants peuvent être très faibles, la qualité du travail n’est garantie en rien et la sécurité des participants est parfois mise en jeu. Cela pose aussi la question de qui est responsable en cas de malfaçon ? à qui imputer une éventuelle responsabilité ?

connaissances des matériaux et des mises en œuvres. Il sollicite également des compétences logistique : le matériel nécessaire à chacun, la protection des personnes, la gestion des déchets sur le chantier… Enfin, il demande des compétences administratives comme le recourt à des assurances pour protéger chaque acteur du chantier. Avec la meilleure volonté du monde, on ne s’improvise pas si facilement spécialiste de tel ou tel matériau ou technique. Des formations sur les chantiers concernant les particuliers mais surtout les professionnels sont délivrées dès aujourd’hui par certaines associations comme Construire en chanvre, tout comme par certaines entreprises comme c’est le cas d’Ecopertica.

Le chantier participatif en tant qu’entité requiert une connaissance importante du chantier et de ce qu’il implique. Il nécessite des compétences techniques comme la 17. Annexe 1 : Entretient avec un compagnon maçon : Pierre Le Signor

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6. Ecopertica, formation et recherche sur le liant terre Cette coopérative, installée dans le Perche, n’effectue pas uniquement des formations pour des chantiers, elle sensibilise également sur l’emploi de la terre crue en tant que liant. En effet, si l’on poursuit la démarche portée par l’énergie grise, il faut utiliser le moins possible d’énergie à la production des matériaux. L’idée est donc de privilégier des liants peu consommateurs d’énergie. C’est l’un des intérêts principaux de la terre. De plus, c’est un matériaux très largement disponible aujourd’hui, puisque de manière courante on en décaisse et déblaie pour construire des routes, les fondations des habitations… C’est un matériaux qui n’est pas valorisé, c’est un quasi déchet. Une vidéo réalisée sous l’égide de Rebat Bio27, un outil pour la promotion de la Réhabilitation Énergétique du bâti ancien avec des matériaux biosourcés, présente l’intérêt de l’utilisation de la terre crue en tant que liant, via le projet porté par Eco-pertica. Rebat Bio est un projet porté par Envirobat Centre, la Direction régionale de l’environnement, de l’aménagement et du logement (DREAL) CentreVal de Loire, le Parc naturel régional (PNR) de la Brenne et le Conseil d’architecture, d’urbanisme et de l’environnement (CAUE) du Loir et Cher. Il est financé par la Région Centre-Val de Loire et et le Programme d’Action pour le qualité de la Construction et laTransition Énergétique (PACTE) ainsi que par l’Agence De l’Environnement et la Maîtrise de l’Énergie (ADEME).

Buse de la projeteuse

Cette vidéo présente donc l’intérêt de l’utilisation de la terre crue. Arthur Héllouin de Menibus, qui gère principalement la partie recherche & développement de la filière terre crue pour Ecopertica est le porte parole de cette vidéo. Il explique les différents intérêts inhérents à l’utilisation de la terre crue28 : « Dans une démarche d’économie circulaire et de réduction de l’impact carbone je dirais qu’utiliser les terres sans les déplacer est quelque chose de très cohérent. Un autre avantage de la terre, c’est que c’est un matériau réparable à l’infini puisqu’il durcit par séchage et non pas par prise hydraulique comme un ciment, par exemple. On peut donc le réutiliser. » Bien que la terre ne soit pas comprise dans les matériaux biosourcés puisqu’elle ne se renouvelle pas suffisamment rapidement pour entrer dans cette catégorie elle est réutilisable si elle reste crue. Elle entre par contre dans une nouvelle catégorie de matériaux : les matériaux géosourcés, issus du temps long géologique, par opposition au temps court organique.

27. https://www.ecopertica.com/#lg=1&slide=6 28. Annexe 2 : Retranscription Vidéo Rébat Bio Projection Terre Chanvre V2

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6. Ecopertica, formation et recherche sur le liant terre Les propriétés de la terre sont changées lorsqu’elle est chauffée, un processus qui est employé pour sa transformation en terre cuite. Ce n’est pas le cas de la terre crue. La terre étant crue, elle ne demande pas d’énergie pour sa fabrication comme c’est le cas d’autres liants comme le plâtre, la chaux ou le ciment. Elle se stabilise par un séchage à l’air. Il n’y a pas de gaz à effet de serre émit lors de sa fabrication ni lors de sa mise en œuvre. C’est un avantage nonnégligeable pour le futur. L’utilisation plus généralisée de la terre n’est donc pas à écarter des solutions pour le futur. C’est pour cela que cette coopérative, d’intérêt collectif, développe avec les artisans locaux la projection terre-chanvre. Elle accompagne les particuliers à la conception bioclimatique en utilisant des matériaux écologique et locaux. L’expérience de cette entreprise est conséquente avec plus de 250 chantiers qui ont fait l’objet d’un accompagnement. Elle produit et vent également du chanvre pour les chantiers et met à disposition des terres argileuses locales pour la construction en terre crue. La projection Terre-Chanvre permet d’effectuer des chantiers plus rapides que les chantiers réalisés manuellement, par banchage. Cette rapidité d’exécution permet une fois de plus de baisser le coût immédiat des projets. De plus, la chènevotte arrivant sèche sur le mur, puisqu’elle se mélange à la terre dans l’air avant de s’y déposer, le séchage du mur dans sa globalité est plus rapide. Un autre avantage de la projection terre-chanvre énoncé par Athur Héllouin de Menibus est qu’il n’y a pas de retrait lors du séchage « ce qui permet de garantir une bonne cohésion entre les éléments d’ossature en bois et le mélange ».

Conseil à un particulier pour un chantier de rénovation

Projection mécanique d’un enduit terre-chanvre

28. Annexe 2 : Retranscription Vidéo Rébat Bio Projection Terre Chanvre V2

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Pour permettre à la terre de se généraliser sur les chantiers et dans les projets, il faut également qu’elle fasse l’objet de normes et de certifications. La tâche n’est pas aisée puisqu’il existe une multitudes de terres différentes en fonctions des lieux sur lesquels se situent les chantiers. C’est dans cet objectif que Ecopertica mène de la recherche participative qui implique des chercheurs, des artisans et des agriculteurs. Elle étudie l’effet de la variabilité des mélanges sur les performances pour permettre d’avoir des valeurs certifiées et faire vérifier la performance des mélanges. Arthur Héllouin de Menibus en explique les aboutissements actuels28 : « On a déjà des valeurs certifiées sur la conductivité thermique, le terre-chanvre isole autant qu’un chaux-chanvre. On a une réaction au feu certifiée, classé B-S1-D0, le meilleur classement qu’on puisse avoir sur des matériaux avec des fibres végétales. On a des caractérisations de l’absorbions phonique du matériaux ce qui nous permet d’utiliser le terre-chanvre en correction phonique dans des salles des fêtes ou dans des cantines. Et on a une analyse de cycle de vie qui est en voie d’être finalisée donc on aura bientôt une FDES (document normalisé qui présente les résultats de l’Analyse de Cycle de Vie d’un produit ainsi que des informations sanitaires dans la perspective du calcul de la performance environnementale et sanitaire du bâtiment pour son éco-conception). [Ce qui nous permettra d’avoir] une étude pour évaluer quel est l’effet de prendre de la terre locale ou de la terre qui vient de 20 km, quel est l’effet d’avoir une chènevotte qui vient de juste à côté ou en filière longue de 300 km ? Pour pouvoir ensuite donner aux artisans des éléments pour pouvoir dire « c’est acceptable d’un point de vue environnemental » ou ça ne l’est pas. »

Recherches sur différents mélanges terre-chanvre

Aspect fini d’un enduit terre

Les missions d’Ecopertica sont nombreuses et variées. L’emploi de techniques mécanisées permet de faire baisser le coût des projets, ce qui rend ces projets plus accessibles. Les coûts plus faibles sont aussi rendus possibles puisque l’entreprise construit à partir des éléments présents sur le site, comme la terre, et emploie des matériaux locaux, comme le chanvre. L’utilisation de la terre en tant que liant peu énergivore est particulièrement justifié dans un contexte environnemental qui pousse à diminuer notre production de gaz à effet de serre. La formation aux bonnes pratiques en matière de fibres végétales est également un élément important pour permettre au fibres végétales de se développer dans les projets. La recherche participative, portée par la coopérative, permet également de démocratiser l’emploi des fibres végétales. Ces certifications permettraient à la législation d’évoluer en faveur de cette généralisation.

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3. Évolution réglementaire Premiers chocs pétrolier 1973 1979

Sommet de la Terre à Rio 1992

Entrée en vigueur du protocole de Kyoto (réduction des GES) 2005

1990 Création de l’ADEME (Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie)

Frise chronologique réalisé à partir de nombreuses recherches. Le but étant d’avoir une vision d’ensemble sur la législation en matière d’environnement

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2007 Grenelle de l’Environnement


COP 21, Copenhague 2009 Crise banquière et financière 2008

Accord de Paris 2015 Réglementation thermique 2012

2012 Règles professionnelles chanvre et chaume 2013 2011 Label Bepos Règles Effinergie professionnelles paille établies

Réglementation environnementale 2020

2015 Loi sur la Transition Énergétique et la Croissance Verte 2017 Loi NOTRe (Nouvelle Organi- Label E+Csation Territoriale de la République)

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1. Le cas particulier du chanvre

La culture du chanvre est lié à celle de l’Homme depuis bien longtemps. Cette culture dont les premières traces dates du Néolithique a longtemps été de très grande importance pour l’homme. Nous avons toujours eu besoin des fibres. Pourtant leur utilisation n’a cessé de diminuer après le XVIIIème siècle. Un important lobby des fibres synthétiques au États Unis a, par exemple, fait pression pour légiférer sur l’utilisation du chanvre, insistant sur ses propriétés psychotropes. Un amalgame s’est produit alors entre le Cannabis Sativa L. Vulgaris et le Cannabis Indica. La première espèce que l’on appelle communément « chanvre » aujourd’hui ne possède pas d’agent psychotrope. Les deux espèces ont pourtant été interdites aux États Unis pour cette raison. Ils ont ensuite fait pression sur les pays de l’OTAN pour étendre leur législation aux États qui en faisaient partie. La France est une exception à la règle. Elle est restée l’un des pays Européen n’interdisant pas sa culture, tout comme l’ex-URSS.29 C’est l’industrie papetière qui a préservé la culture du chanvre. Elle en avait besoin pour produire du papier de très grande qualité.30 C’est grâce à cette réglementation différente que la France est aujourd’hui leader européen de production de chanvre. Près de 70 000 tonnes de chènevottes sont produite en France chaque années. Pourtant seulement 8 % ont été utilisées pour l’isolation en 2015. Pourquoi l’utilisation dans le domaine de la construction est-il si faible ? Culture de chanvre sativa

29. Le chanvre industriel, production et utilisations, P. Bouloc, ed. Collectif France Agricole, 2006, p.39 30. Le chanvre en France, Henri-Alain Ségalen, ed. du Rouergue, 2005, p. 16

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2. Assurances et réglementations Les réglementations en matière de matériaux et de mise en œuvre ont sûrement une partie de la réponse. En effet, lorsqu’un bâtiment est construit aujourd’hui, il doit être assuré. Ces assurances (décennales…) s’appuient sur les réglementation en vigueur concernant les matériaux utilisés et leur mise en œuvre. Ces réglementations proviennent des DTU (Documents Techniques Unifiés) pour la plupart qui ont été approuvés par le CSTB (Centre Scientifique et Technique du Bâtiment). Simplement les fibres végétales ne possèdent pas de DTU spécifique comme d’autres matériaux plus couramment utilisé comme le ciment, le plâtre ou encore l’acier. L’utilisation des fibres végétales dans certains bâtiments comme des établissements recevant du public nécessite alors une ou plusieurs dérogations. La plus couramment employée est appelé ATEX (Appréciation Technique d’Expérimentation). Celle-ci engendre nécessairement un coût supplémentaire et demande du temps. Comme l’explique le dossier sur les matériaux biosourcés d’AMC n°277 31 : « Les bureaux de contrôle imposent le respect de solutions types, sans quoi le maître d’ouvrage doit prendre en charge une demande d’appréciation technique d’expérimentation auprès du CSTB pour mener à bien son opération. […] Pour du collectif dépassant R+2, des prescriptions incendies complémentaires (IT 249) ont écarté les isolants biosourcés. Le bureau de contrôle demande de respecter à la lettre les quelques exemples disponibles ; dans le cas contraire il refuse l’ouvrage, obligeant à mener un essai Lepir II (60000 euros, cinq à six mois supplémentaires, valable uniquement sur le cas traité) avec le CSTB, qui travaille par ailleurs à rendre ces règles en façades moins limitatives.

Cet immeuble rue Myrha, porté par l’atelier North by Northwest est une opération réussie. Elle est la preuve de l’assurabilité des fibres végétales

C’est pourquoi il est nécessaire de donner un cadre législatif aux fibres végétales. Des règles professionnelles ont donc été rédigées pour la paille, le chanvre et le chaume, en grande partie portée par les association qui les soutiennent comme l’association nationale des couvreurs chaumiers, Construire en chanvre et le réseau français de la construction paille. Celles qui sont utilisées aujourd’hui date de 2011 et 2012 et sont mises à jour régulièrement. De plus en plus de lois vont dans le sens de l’utilisation des fibres végétales, portée par l’urgence environnementale.

31. Magazine AMC n°277, Avril 2019, Dossier Construction Biosourcée, p. 55

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3. Cadre législatif Depuis les premiers chocs pétroliers, la conscience environnementale s’est accrue conduisant les États à signer des accords ainsi qu’à légiférer. À l’issue du Grenelle de l’environnement de 2007, deux plans d’action ont été lancés, l’un sur les matériaux biosourcés, l’autre spécifique à la filière bois. Les objectifs principaux étaient de comprendre les freins au développement de ces filières et de produire un plan pour leur développement.32 Avec la crise de 2008, les choses se sont accélérées pour les matériaux biosourcés et notamment les fibres végétales. Des règles professionnelles ont été établies au même moment que la réglementation thermique de 2012. La mise en place du label « Bâtiment biosourcé » par les pouvoirs publics la même année, allait dans le même sens en valorisant l’utilisation des matériaux et produits de construction biosourcés. En 2013, c’est le label Bepos qui est initié, incitant les constructions neuves à produire autant voir plus d’énergie qu’elles n’en consomment33. Ce label a pour objectif de mettre en valeur les bâtiments qui consomment peu d’énergie nonrenouvelables et qui produisent localement une quantité importante d’énergie renouvelable. Il est attribué en fonction d’un calcul simple :

Consommation d’énergie non-renouvelable – Production locale d’énergie sortant du projet ≤ Écart autorisé Les champs d’applications de ce label sont le secteur résidentiel individuel ou collectif principalement mais il s’ouvre également au secteur non-résidentiel en France métropolitaine. Il est entré en application en décembre 2017 pour tous les projets qui en font la demande.33

déplacement des utilisateurs du bâtiment (écomobilité)33. L’obtention de ce label est de ce fait difficile pour des matériaux issus de filières agricoles locales ne bénéficient pas d’agréments normalisés comme ce pourrait être le cas pour la paille.

Pour obtenir le label, il est nécessaire au préalable de posséder l’évaluation de l’énergie grise des matériaux employés ainsi que d’évaluer la consommation d’énergie engendrée par le

Suite à l’accord de Paris en 2015, l’État et les acteurs du bâtiment ce sont engagés vers une transition en matière d’écologie. La France place le secteur du bâtiment au cœur de sa stratégie

32. Guide des matériaux biosourcés, Fédération Française du Bâtiment, 2015, p. 3 33. Règles techniques label BEPOS Version 5, EFFINERGIE, 12 décembre 2017, p. 1-7

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pour relever le défi du changement climatique. La loi sur la transition énergétique et pour la croissance verte doit permettre la mise en place d’un standard environnemental ambitieux pour les bâtiments neufs. Initiée en même temps que la loi Notre, elle possède les mêmes ambitions. De la promotion à l’utilisation des matériaux biosourcés lors de la construction et la rénovation, à la responsabilisation des régions en matière de développement durable. Les régions deviennent des exemples moteurs de cette transition.34 Pour poursuivre l’ambition de produire des bâtiments à énergie positive et bas carbone, se met en place le label Énergie + et Carbone - (E+C-) en 2017. Ce label volontaire est dédié à la valorisation de deux objectifs 35 : • La généralisation des bâtiments à énergie positive. • Le déploiement de bâtiments à faible empreinte carbone tout au long de leur cycle de vie, depuis la conception jusqu’à la démolition. Le concept d’énergie grise est ici mis à profit. Le label E+C- reprend dans les grandes lignes le cadre du label Bepos. Ce qui est étonnant c’est qu’il est initié alors même que le label Bepos vient d’être mis en application. Cette concordance de calendrier est en partie due au temps nécessaire pour mettre en place un cadre législatif correct. Mais pourquoi créer un nouveau label alors même qu’il en existe déjà un qui reprend les mêmes critères que l’ancien ? La réponse se trouve peut-être dans le calendrier électoral. En effet, Emmanuel Macron a pris l’exercice du pouvoir cette même année 2017. Mais n’est-ce pas une perte de temps de créer un nouveau label alors même qu’il en existe déjà un qui reprend les mêmes critères ? Ne pouvait-on pas uniquement améliorer l’ancien label ? Faut-il que l’écologie entre dans le calendrier électoral et soit un critère d’élection ? Les réformes en matière d’environnement ne devraient-elles pas être uniquement une réponse à une crise dans

laquelle nous nous trouvons ? Pour y répondre, prenons un exemple dans le domaine éducatif. Le système éducatif Finlandais est l’un des meilleurs systèmes européens d’après le classement PISA. Pourquoi ? En Finlande, depuis les années 70, l’éducation scolaire n’est plus un enjeu politique. Après les élections, quand les gouvernements changent, on ne change pas le système éducatif36. La transition est tellement lente pour passer d’un système à l’autre qu’il est mis a part des décisions politiques. Ne pourrait-on pas envisager alors un organisme indépendant des gouvernements en faveur de l’écologie ? Les changements législatifs prennent tellement de temps à se mettre en place. Ce serait une manière de ne pas avoir d’aberrations comme la création d’un label au moment ou son prédécesseur entre en application ! Il devient urgent d’agir alors pourquoi ne pas modifier en partie le système ?

34. Production, transformation et utilisation des matériaux biosourcés pour la construction , CESER Île-de-France, 2017, p.23 35. Réglement d’usage de la marque collective E+C-, Ministère de l’Environnement, de l’Énergie et de la Mer, 2017, p. 3 36. Film documentaire : Demain, Cyril Dion et Mélanie Laurant, 2015, référence à partir de 1h44

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4. Réglementation environnementale 2020 EXIGENCES RÉGLEMENTAIRES DE CONSOMMATION ÉNERGÉTIQUE DES BÂTIMENTS NEUFS

Tableau issu du rapport de l’ADEME 2015, p. 58

N’oublions pas que tous ces labels et toutes ces lois ont été mis en place pour préparer la réglementation environnementale de 2020. Celle-ci fait écho à l’article 4-b de la loi du 3 août 2009 dite « loi Grenelle 1 » qui prévoit que « toutes les constructions neuves faisant l’objet d’une demande de permis de construire déposée à compter de la fin 2020 présentent, sauf exception, une consommation d’énergie primaire inférieure à la quantité d’énergie renouvelable produite dans ces constructions ». Dans l’optique de participer pleinement aux réflexions qui marqueront une étape pour la construction neuve en France, Philippe Pelletier, président du Plan Bâtiment Durable, a créé dès 2011 un groupe de travail dédié à la réflexion sur le bâtiment responsable à l’horizon 2020La réglementation 2020 vue par l’entreprise Trecobat. 2050, nommé RBR 2020. Il propose trois axes sur lesquels vont s’appuyer la réglementation environnementale 2020 : • Sortir du cadre de la seule efficacité énergétique pour embrasser un champ de critères plus large (territoire, environnement, confort…) • Rapprocher obligation et désir • Viser un public large, c’est-à-dire tous les acteurs concernés par le cycle de vie des bâtiments (pouvoirs publics, investisseurs, maîtres d’ouvrage, maître d’œuvre, exploitants, utilisateurs).37 37. https://rbr20202050.wordpress.com/

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CONSOMMATION UNITAIRE PAR m² DES RÉSIDENCES PRINCIPALES

Tableau issu du rapport de l’ADEME 2018, p. 135

Pour l’instant on ne sait que peu de chose encore sur cette réglementation environnementale qui paraîtra normalement en juillet 2020 pour une mise en application en 2021. Néanmoins si elle suit les propositions faites par la RBR et les organismes gérants les labels… les bâtiments construits en 2021 devraient être des bâtiments : • à énergie positive, aux émissions de gaz à effet de serre réduites tant au moment de la construction que lors de l’exploitation. • prenant en compte des critères renforcés relatifs au bien-être des occupants (confort d’été, qualité de l’air intérieur, isolation phonique). • constitué d’une enveloppe performante, la moins déperditive possible, conjugué à des systèmes actifs de haute performance. • faisant le calcul de la part des énergies renouvelables, en phase avec le mode de calcul européen. Il serait également préférable de produire des indicateurs environnementaux lié à l’Analyse du Cycle de Vie du bâtiment et de remettre à l’occupant des moyens nécessaires à la bonne gestion de la performance et du confort grâce à des outils clairs et simples de sa consommation d’énergie.38 38. https://www.lemoniteur.fr/article/reglementation-batiment-responsable-2020-les-industriels-de-l-efficacite-energetiqueposent-leurs-bases.914259, publié le 17/11/2015

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5. Évolution mondiale

GREEN DEAL ENVIRONNEMENTAL, 2050 EN EUROPE En complément des réformes en matière d’environnement en France s’applique les réformes Européennes. En effet, en décembre 2019 la commission européenne à présenté un Green Deal, un pacte vert, qui a pour objectif premier de rendre l’Europe neutre en émissions de gaz à effet de serre en 2050. Ce pacte particulièrement ambitieux a été suivi par les États, il est issu d’une dynamique engagée par la commission européenne et il est porté par l’opinion publique. Selon Thierry Breton, commissaire Européen aux marchés intérieurs : « Nous sommes le premier continent de la planète à s’être fixé cet objectif ».39

« NOUS SOMMES LE PREMIER CONTINENT DE LA PLANÈTE À S’ÊTRE FIXÉ CET OBJECTIF ». Thierry Breton, commissaire Européen aux marchés intérieurs

Mais va-t-on réussir à tenir cet engagement ? Pour se faire deux propositions ont été initiées par la commission européenne : la mise en place d’une taxe sur les plastiques non-recyclés et la mise en place de mécanismes d’ajustement carbones aux frontières, qui feraient en sorte que les produits importés en Europe, qui ne respecteraient pas les normes environnementales et notamment en ce qui concerne les émissions de gaz à effet de serre, seraient taxés de façon à pouvoir compenser la production européenne. Ces deux réformes suffiront-elles à financer ce programme de neutralité en gaz à effet de serre ?

39. France Culture - « Technologie, Croissance, défense : l’Europe peut-elle faire face ? » Diffusé le 18 février 2020, L’invité des matins – Thierry Breton, commissaire Européen aux marchés intérieurs. À partir de 27’’04’’’

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Miloš Zeman

Zuzana Čaputová

UNE EUROPE MULTIPLE Les efforts sont présent et visibles en France. Mais le pacte vert va être difficile à mettre en place, aussi parce que la France n’est pas le seul pays en Europe. D’autres pays sont dirigés par des présidents encore moins « vert » que le notre. Par exemple, c’est un président Climatosceptique et Eurosceptique, Miloš Zeman, qui dirige la République Tchèque depuis 2013. Le Groupe de Visegràd, dont la République Tchèque fait partie, avec la Hongrie, la Pologne et la République Slovaque s’est récemment illustré en tant qu’allié de Donald Trump en Europe, niant la crise environnementale et ses conséquences.40 Mais la riposte s’organise dès à présent. La République Slovaque est dirigée par une jeune présidente, Zuzana Čaputová, issue du parti pro-européen progressiste depuis 2019. Son prédécesseur, Andrej Kiska, était également progressiste et plus impliqué en matière d’environnement que ses semblables du groupe Visegràd.

Carte représentant le groupe de Visegràd

Le secrétaire d’Etat américain Mike Pompeo (au centre) devant une statue de Ronald Reagan, le 11 février à Budapest.

40. https://www.lemonde.fr/international/article/2019/02/12/le-groupe-de-visegrad-allie-de-donald-trump-eneurope_5422389_3210.html

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5. Évolution mondiale Un nouveau pacte s’est d’ailleurs créé en 2019 : l’Alliance des Villes Libres, composée des maires des capitales du Groupe de Visegràd (Prague, Budapest, Varsovie et Bratislava). Ces maires sont de fervents défenseurs de la démocratie libérale, de la tolérance et sont pro-européens. Cette alliance est destinée à contrecarrer les tendances populistes de leurs gouvernements respectifs.41 Elle est le symbole d’une riposte qui pourrait légiférer dans le bon sens en matière de climat. Car ne l’oublions pas, l’affaire climatique concerne chacun, en tout lieu. Seulement quand il faut lutter chaque jour pour vivre, l’urgence climatique n’a que peu d’importance. Ne l’oublions pas, le niveau de vie à Prague est deux fois plus bas qu’en France et à l’extérieur de la capitale, il faut encore le diviser par deux. L’urgence climatique ne devrait pas être l’affaire des plus riches car tout le monde est concerné. Simplement les plus pauvres ont des soucis de premières nécessités à régler avant cela. L’Europe est multiple. Elle est constituée de pays très différents les uns des autres avec des niveaux de vies, des visions très différentes. Par exemple, pour les Bretons, la République tchèque est en Europe de l’Est mais pour les Tchèques, elle se situe en Europe Centrale. La vision que l’on se fait de l’Europe dépend du point de vue que l’on a. Néanmoins, même si certains pays, comme la République Tchèque, ont des préoccupations bien plus immédiates que celles du réchauffement climatique, ils ne pourront pas aller à l’encontre du Pacte Vert si l’Europe décide de l’appliquer sévèrement. Ils n’auront pas la puissance suffisante pour aller à l’encontre de l’Europe. Cela leur poserait pourtant de sérieux problèmes. Ne dit-on pas que la République Tchèque est l’atelier de l’Allemagne ? C’est en tout cas un atelier

Les maires de Prague, Varsovie, Budapest et Bratislava forment l’« alliance des villes libres »

Atelier de soudure

automobile européen puisqu’il fabrique des pièces pour Volkswagen, PSA, Hyundai et bien sûr Skoda. C’est un pays européen qui fonctionne encore principalement grâce à son industrie, ce n’est pas un pays de services comme la France et c’est ce qui lui donnera sûrement beaucoup de difficulté pour atteindre les objectifs du Pacte vert. Enfin, si nous parvenons à atteindre la neutralité carbone, est-ce que ce sera suffisant pour inverser la balance du réchauffement climatique ?

41. https://www.lemonde.fr/international/article/2019/12/17/en-europe-centrale-une-alliance-des-villes-libres-contre-lepopulisme_6023113_3210.html

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Pays ayant ratifié ou signé les Accords de Paris en date du 4 novembre 2019

Car l’Europe n’est pas l’unique entité mondiale, il faut également prendre en compte les ÉtatsUnis et la Chine qui aujourd’hui sont les poids lourds de ce monde en matière de population, de puissance militaire, économique et industrielle. Ce sont également les premiers producteurs mondiaux de gaz à effet de serre. 20 % d’entre eux sont produits par la Chine. Les États Unis sont les deuxièmes producteurs mondiaux avec 17 % des gaz à effet de serre produits mondialement.42 Pourtant les États Unis, première puissance mondiale, ont quitté l’accord de Paris sous la présidence de Donald Trump. Ce départ sera effectif le 5 novembre prochain, juste après les élections présidentielles. La Chine elle, s’est engagée à respecter l’accord de Paris bien que sa puissance énergétique repose principalement sur les usines de charbons, hautement émettrices de CO2.

Malgré ces combats entre puissances mondiales, les nouvelles lois et arrêtés qui se mettent en place depuis quelques années vont dans le sens de la crise environnementale. Nous avons assisté à un changement complet en matière de réglementation ces dernières années. La réglementation en France est passée d’une législation rendant difficile l’emploi des fibres végétales dans de nombreuses catégories de bâtiments (Établissement Recevant du Public, immeuble de plus de quatre étages…) à la mise en place de règles professionnelles incitant l’utilisation des fibres végétales et des matériaux biosourcés en général. C’est tout de même une réponse positive aux changements environnementaux qui s’est établie au fur et à mesure des années.

42. Report of the Conference of the Parties on its twenty-first session, held in Paris from 30 November to 13 December 2015, p. 30-34

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6. Un bilan énergétique à contextualiser. Il est important de replacer le domaine de la construction vis-à-vis de ces homologues. En effet, le domaine de la construction et le secteur résidentiel ne sont pas les uniques émetteurs de gaz à effet de serre. L’industrie en général et le secteur des transports y contribuent également en grande partie. Bien que des efforts sont fournis dans tout les domaines. L’industrie a par exemple baissée de 38 % ses émissions de gaz à effet de serre depuis 1990.43 Le domaine de la construction et le domaine résidentiel ne sont donc pas les seuls responsables de l’importante consommation d’énergie nécessaire en France, même s’il ne faut pas se dédouaner pour autant. Enfin, si l’on regarde plus précisément le rapport Climat, Air Énergie de l’ADEME publié en 201844 nous pouvons voir que les émissions de CO2 sont en baisse depuis ces dernières années. Cela est sûrement dû au fait que le chauffage est principalement issu de l’électricité et du gaz. L’électricité issue du nucléaire étant plus faiblement émettrice de gaz à effet de serre

que le fioul, par exemple. Les logements neufs ne sont d’ailleurs plus équipés en chauffage central au fioul. L’isolation des logements n’a cessé de s’améliorer toutes ses années. La consommation électrique n’a cessé de baisser de manière générale. Néanmoins une partie de cette consommation a explosé depuis 2000, c’est l’électricité spécifique, lié aux appareils numériques comme l’explique le rapport : « D’après les chiffres 2015 du Ceren, le premier poste de consommation énergétique des logements est le chauffage (près de 60% de la consommation finale d’énergie des résidences principales), suivi par les appareils électriques (21%), l’eau chaude sanitaire (13%), et enfin la cuisson (7%). La consommation unitaire d’énergie par logement pour le chauffage a diminué de plus de 35% depuis 2000 alors qu’elle a augmenté de 10% pour les usages électriques spécifiques, et ce en dépit de l’importante augmentation du prix de l’électricité (multiplication par un facteur 2 depuis 1990). Ce phénomène s’explique en partie

ÉMISSIONS UNITAIRES DE CO2 DES RÉSIDENCES PRINCIPALES PAR USAGE

43. Climat, Air, Énergie , rédigée par l’ADEME et Enerdata, ed. ADEME, 2018, p. 7 44. Climat, Air, Énergie , rédigée par l’ADEME et Enerdata, ed. ADEME, 2018, p. 133

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ÉVOLUTION DU PARC DE RÉSIDENCES PRINCIPALES SELON L’ÉNERGIE DE CHAUFFAGE PRINCIPAL

ÉVOLUTION DES CONSOMMATIONS FINALES DU SECTEUR RÉSIDENTIEL PAR LOGEMENT ET SELON L’USAGE

Tableau issu du rapport de l’ADEME 2018, p. 137

par la progression du taux d’équipement en appareils électroménagers et en équipements multimédia, et plus récemment par la multitude d’équipements mobiles fonctionnant sur batterie. » détaille le rapport.

à l’environnement. Le problème est que nous ne connaissons pas l’impact environnemental exact de ces appareils, nécessaires pour la plupart d’entre eux, qui sont en même temps extrêmement fragiles.

L’avènement du numérique apporte avec lui une surconsommation électrique, qui est de ce fait une surconsommation énergétique préjudiciable 44. Climat, Air, Énergie , rédigée par l’ADEME et Enerdata, ed. ADEME, 2018, p. 133

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6. Un bilan énergétique à contextualiser.

Le quartier de Villejean à Rennes, lors de sa construction

D’autres facteurs moindre sont pourtant tout aussi préjudiciables. Placés bout à bout, ils représentent un vaste champs d’actions. Le chauffage collectif souvent débattu, en est un exemple. Il permet de partager des frais d’investissement et de maintenance mais aussi de réaliser des économies sur le prix du combustible, puisque son volume est plus important. Mais surtout il permet aux logements de bénéficier d’une source de chaleur issue d’un réseau important qui peut être produite par une source calorique industrielle, un gisement géothermique, une usine d’incinération ou tout autre moyen de production de chaleur de masse. À Rennes, dans le quartier de Villejean, de nombreux immeubles construits au même moment (1960-1970) bénéficient du chauffage collectif issu de l’usine de déchet situé un peu plus loin. Seulement, les appartements n’ont pas été équipés de régulateurs de température pour le chauffage au sol lors de leur construction. Ces régulateurs étant particulièrement onéreux, la

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plupart des logements n’en possèdent toujours pas. Cela produit des phénomènes incongrus puisqu’il arrive qu’il fasse trop chaud dans les logements en hiver, ce qui pousse les habitants à ouvrir leur fenêtres et chauffer l’extérieur. Ne pas changer la situation coûte moins cher au propriétaires que l’inverse. Mais cela reste une situation aberrante d’un point de vue environnemental. L’INFORMATION Ce qui pose question vis-à-vis de ces installations et appareils que l’on pourrait limiter ou revoir c’est le manque d’information. Car si les usagers étaient avertis de l’empreinte carbone complète de leur appareil électronique, ils réfléchiraient sûrement à deux fois avant de l’acheter s’il n’est pas indispensable. Un message clair comme celui inscrit sur les paquets de tabacs serait particulièrement efficace. De plus si la réparation de ces appareil était plus avantageuse en matière de coût immédiat que de racheter un autre appareil alors ils seraient réparés. Personne n’est pour le gaspillage incessant.


Slogan contre le tabagisme

Mais des logiques anormales existes. Assurer ses appareils électroniques permet par exemple au propriétaire d’un appareil rayé de le casser complètement pour en avoir un autre neuf gratuitement (il paye juste son assurance tout les mois). Ces assurances ne devraient pas se pérenniser. On ne peut pas continuer sans cesse d’épuiser la ressource sans acquis de conscience. L’information est un moyen à ne pas négliger si l’on veut changer de société. Informer sur les bonnes pratiques, informer sur l’énergie grise des matériaux, comme on informe sur les dangers du tabac ou les risques de contamination de la grippe. On ne peut plus envisager de changer nos modes de fonctionnement de manière lente parce qu’il n’y a plus le temps. Il faut donc prévenir les gens comme ont les prévient vis-à-vis des déchets plastiques qui cause une grande partie de la mortalité des tortues de mer, et empoisonne les eaux potables de micro-particules. Il faut informer car si les gens sont informés alors ils pourront inverser la tendance et aller dans le bon sens. L’opinion publique à un pouvoir non négligeable sur les lois et les États. De plus, quand les gens sont informés, ils se mobilisent lorsque l’État défaille.

Affiche lors d’une campagne contre le tabagisme

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Conclusion INTÉRÊTS DES FIBRES VÉGÉTALES Il existe une multitude de solutions pour inverser la tendance actuelle en matière de climat. Dans le domaine résidentiel et dans celui de la construction, les fibres végétales sont un atout majeur en développement. Leurs longues histoires, leurs propriétés intrinsèques (durabilité, régulation hygrothermique, déphasage, inertie, confort thermique et acoustique...) en font des acteurs clé. La plupart du temps employées en tant que matériaux de remplissage isolant, en association avec une ossature bois ou des liants perspirants comme la terre ou la chaux, elles gardent leurs propriétés, un facteur nonnégligeable dans une logique de consommation énergétique minimale voire positive. Leur atout est aussi de préserver au maximum la ressource environnementale puisqu’elle nécessitent peu d’énergie tout au long de leur cycle de vie. La ressource énergétique pourrait être encore diminuée si les chantiers participatifs venaient

Isolation d’une toiture en botte de paille, chantier participatif

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à se développer puisqu’ils ne nécessitent pas une importante mécanisation. La généralisation des fibres végétales n’est pourtant pas encore effective. Leur méconnaissance est sûrement en partie responsable de cela. Mais la profusion des produits transformés biosourcés, utilisant des fibres végétales, et directement prêts à l’emploi pourrait participer à leur généralisation. La préfabrication et la mécanisation sur les chantiers entraînant un gain de temps, elles entraînent avec elles une baisse des coût de production et de ce fait elles rendent accessibles les fibres végétales à tous. Bien que le coût des projets est à mettre en perspective de manière globale, non pas comme un produit fini à sa livraison mais comme un produit ayant une durée de vie longue avec des dépenses énergétique et d’entretien plus faibles sur le long terme. Mais les fibres végétales ne sont qu’une partie des solutions possibles pour changer les choses en matière de climat.


UN PAS EN ARRIÈRE ? Bien sûr nous ne devons pas, et de toute manière nous ne pouvons pas, revenir en arrière. Le temps d’avant l’anthropocène était loin d’être idéal. Il ne faut pas idéaliser le passé mais penser l’avenir. L’avenir c’est toutes les solutions qui s’offrent à nous pour continuer d’exister de la meilleure manière possible. Le pétrole à amené avec lui une série de facilitées dans notre quotidien. Cette chose toute bête qu’est l’emballage de quatre gâteaux sec dans une boite en carton, c’est magique. De cette façon, on est pas obligé d’engloutir le paquet entier de gâteaux avant qu’ils deviennent mou. On ouvre un sachet et trois jours plus tard on ouvre le deuxième. C’est merveilleux. Mais comment garder ce confort des gâteaux secs et dur sans utiliser du plastique ? La réponse est loin d’être évidente ! Pourtant l’idéal serait de faire sans le plastique. Mais comment faisait-on avant ? Comment changer ? C’est cette question qui doit pousser l’intelligence humaine à trouver des solutions ! Dans tous les domaines.

Comment faisions-nous avant ? Je pourrais poser cette question à mes grand-parents qui ont connu l’ère avant-plastique. Pour ma part, j’ai grandi dans l’idée, pleine d’ignorance, que les générations à venir trouveraient LA solution à tous les problèmes causés par l’Homme. Seulement cette idée est un mythe. La solution unique n’existe pas. Il existe une multitude de solutions. C’est ce qu’explique François Jarrige et Alexis Vrignon dans leur livre intitulé « Face à la Puissance, Une histoire des énergies alternatives à l’âge industriel ». Longtemps, l’histoire de l’énergie a été ramenée à l’essor de la puissance, rendue possible par le progrès technique. L’architecture a également été baignée de cet idée de progrès technique rendant tout possible, notamment avec l’essor du ciment et du béton. Ces matériaux puissants structurellement et extrêmement malléables. L’idée du progrès technique est lié à un processus linéaire qui verrait les sociétés humaines maîtriser toujours plus leur environnement pour en extraire des ressources indispensables à leur fonctionnement. 61


Aujourd’hui, nous ne pouvons plus penser comme cela. La croyance dans l’abondance matérielle comme énergétique, se heurte aux limites planétaires. Lors d’un entretien réalisé pour une émission de France Culture45, François Jarrige explique que la transition énergétique est un terme apparu récemment, dans les années 1970. Il est lié au chocs pétroliers. Dans les années 70 est apparu l’idée qu’il fallait engager une transition vis-àvis du système pétrolier sur lequel a reposé la puissance des nations européennes pendant un siècle et demi. « Le paradoxe c’est qu’on n’assiste pas à une transition on assiste à une addition d’énergies. Le terme est trompeur. Le terme donne l’impression qu’on va changer le monde, qu’on va passer d’un état à l’autre, en réalité ce n’est pas ce qu’il se passe. Historiquement, il n’y a pas eu de transition énergétique, il y a eu des additions énergétiques. On a pas abandonné les sources d’énergies anciennes, on a accumulé une série de sources d’énergie. C’est ce qu’il s’est passé. On a pas abandonné la biomasse, on a ajouté à la biomasse des énergies fossiles. Toute l’histoire des derniers 250 ans c’est l’accumulation successive de nouvelles sources d’énergie qui s’additionnent aux autres. » Les fibres végétales ne sont donc pas LA solution miracle qui nous permettra de résoudre nos problèmes climatiques mais elles sont une partie de cette solution. Chacune d’elles correspond à un contexte de projet, de moyens, d’aptitudes. Les fibres végétales sont capables d’engendrer tellement de possibles différents. Mais il faudra rester attentifs par rapport à ces changements. Pour qu’ils continuent d’aller dans la même direction. Celle de la préservation des ressources planétaires.

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Champs de lin en fleur

François Jarrige ajoute d’ailleurs que nous ne devons pas oublier « qu’on n’a jamais consommé autant de charbon dans la monde qu’aujourd’hui. On n’a jamais consommé autant de pétrole. Alors qu’on est soi-disant entré depuis trente ans dans une ère de transition qui doit nous émanciper du charbon et du pétrole. Il faut donc comprendre ces enjeux pour éviter de toujours reprendre la même myopie sur ces sujets. » Porter l’idée d’une transition écologique c’est aussi repenser nos sociétés. C’est repenser le paradigme qui les constitues. Cette représentation du monde qui repose sur un courant de pensée dominant. Changer de paradigme implique des bouleversements sans précédent. Mais les changements actuels restent assez lents vis-à-vis de l’urgence climatique. Alors ils ne sont peut-être pas un bouleversement mais un changement de direction de la part de nos société. La révolution française n’est pas en train de se rejouer devant nous en matière de climat. Les changements s’effectuent pas couches et ajouts successifs. Par petites touches. Ses petites touches sont à chaque fois issues de pensées humaines. Elles viennent de l’imagination, de la création humaine.


« Je crois qu’on est plus sauvé par l’imagination que par l’intelligence. Enfin, c’est très difficile de changer les choses concrètement tant qu’on est pas dirigeant ou chef d’une grosse entreprise… Mais c’est aussi essentiel de changer le regard que l’on porte sur les choses. » Edouard Baer

Mais peut-être que l’imagination et l’intelligence ne s’opposent pas. Elles ne forment qu’un tout. Changer le regard que l’on porte sur les choses n’est qu’une manière de faire marcher notre imagination et de ce fait il permet de trouver des solutions à nos problèmes environnementaux. L’architecture n’en est qu’une émergence. C’est un petit bourgeon de l’ensemble des branches porteuses de solution de l’arbre mondial. Jeanne Gang, architecte américaine, fait justement une analogie entre un bâtiment et un nid : « Et si un bâtiment ressemblait plus à un nid ? Si c’était le cas, il serait constitué de matériaux locaux et abondants. Il serait spécifique à son site et à son climat. Il utiliserait le minimum d’énergie tout en maintenant du confort. Il durerait juste assez longtemps et ensuite disparaîtrait sans laisser de trace. Il serait juste ce qu’il a besoin d’être. » De nombreux architectes et hommes de chantiers, comme par exemple Jean Prouvé, ont d’ailleurs soutenu cette idée d’une architecture qui doit disparaître sans laisser de traces et laisser la nature intacte, une fois qu’elle n’est plus utilisée. L’architecture éphémère est très attrayante mais construire pour durer 200 ou 300 ans est peut-être aussi une piste à explorer. L’impact sur la ressource est faible si l’on pense à la durée de vie. Les solutions possibles et les philosophies et visions de l’architecture ne sont certainement pas à opposer les unes aux autres. Elles doivent plutôt s’accumuler pour apporter une réponse appropriée à chaque questionnement.

Rosée dans les Monts d’Arrée

Le changement est là. Devant nous. Il faut simplement le pousser un peu pour que les choses accélères. On ne peut pas rester les bras croisés à attendre que quelque chose se passe. Il faut bouger, être actif. C’est en cela que j’ai écris ce mémoire. UN DERNIER MOT J’espère que ce mémoire a pu faire un tour d’horizon non pas uniquement de ce que sont les fibres végétales mais de toute la complexité qui les régit. Elles sont une clé, une solution parmi d’autres, pour répondre aux perspectives environnementales actuelles. Elles ne sont plus un matériau à part, elles font partie intégrante du système tel qu’il est aujourd’hui. Elles sont aussi porteuses d’imaginaire et de potentiel créatif. En plus de leurs atouts environnementaux, elles pourrons sans aucun doute, contribuer à la beauté du monde.

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Bibliographie OUVRAGES : Henri-Alain Ségalen, Le Chanvre en France, Culture, Récolte, Application, Éditions du Rouergue, 2005 Daniel Leloup, Demeures remarquables de Bretagne, Rennes, Une capitale en pans-de-bois, Editions Skol Vreizh, 2017 Daniel Leloup, Demeures remarquables de Bretagne, Les maisons à pondalez du siècle d’Or, Éditions Skol Vreizh, 2015 Dominique Gauzin-Müller, Architecture en fibres végétales d’aujourd’hui, Éditions Museo, 2019 Claude Nières, Les Villes de Bretagne au XVIIIème siècle, Editions Presses Universitaires de Rennes, 2004 Pierre Bouloc, Le chanvre industriel, production et utilisations, editions Collectif France Agricole, 2006 Nadia Hoyet, Matériaux et architecture durable : fabrication et transformations, propriétés physiques et architecturales, approche environnementale, Éditions Malakoff - Dunod, 2017 Association Construire en chanvre, Règles professionnelles d’éxécution, Éditions Paris : Société d’éditions du bâtiment et des travaux publics, 2007 Patrice Lamballe, Aurélie Vogel; Guide Pratique, Transformation du Bambou, Editions de Gret, 2014

RAPPORTS ET ÉTUDES : ADEME, Enerdata, Climat, Air, Énergie , ADEME, 2018 ADEME, Climat, Air, Énergie , ADEME, 2015 ADEME, Guide pratique, Isoler son logement, Mars 2016 Anne-Marie Nuyttens, Production, transformation et utilisation des matériaux biosourcés pour la construction : quelles actions de la Région Ile-de-France ? , CESER Île-de-France, 2017 Association Construire en Chanvre, Rapport sur la filière Chanvre Construction, 2019 Chambre d’Agriculture des Ardennes, Cultiver le Chanvre en Agriculture Biologique, 2015 Effinergie, Règles techniques label BEPOS Version 5, 12 décembre 2017 Fédération Française du Bâtiment , Guide des matériaux biosourcés, 2015 Légifrance, Arrêté du 19 décembre 2012 relatif au contenu et aux conditions d’attribution du label «bâtiment biosourcé », 2012 Marie-Pierre Boutin, Cyril Flamin, Samuel Quinton, Ghislain Gosse (INRA Lille), Etude des caractéristiques environnementales de chanvre par l’ananlyse de son cycle de vie, Ministère de l’Agriculture et de la Pêche, Septembre 2006 Ministère de l’Environnement, de l’Énergie et de la Mer, Réglement d’usage de la marque collective E+C-, 2017 Sofiane Amziane, Florence Collet, Bio-aggregates Based Building Materials, Éditions RILEM, 2017 Stéphane Théophile, Julia Sacher, Le lin dans la construction, État des lieux de la filière en Hauts-de-France, Centre de ressources QECB, CD2E, Codem Picardie, Février 2017

MÉMOIRES : Juliette Le Tallec, L’émergence des matériaux biosourcés dans le bâtiment, Mémoire de master ENSA Nantes, 2016-2017 Cyriack Toublant, Le Chanvre, Un matériaux d’avenir ?, Mémoire de master ENSAP Bordeaux, Mai 2017

ARTICLES : Frédéric Mialet, Dossier Construction Biosourcée, AMC n°277, Avril 2019 Astrid Boisselet, Délphine Bailly, Ariane Wilson, Dossier Matières en lumière, EK n°39, Juin-Juillet 2014 Cécile Lepot, Bioressources dans le bâtiment, EK n°39, Juin-Juillet 2014 Dominique Gauzin-Müller, Roland Scheitzer et Pierre Lajus, Regards croisés de deux visionnaires, EK n°39, Juin-Juillet 2014 Jean-Pierre Ménard, Acier, Bois et Béton de Chanvre pour un immeuble HLM, CTB n°334, Juin - Juillet 2014 Alain Sartre, Un autre béton est possible, CTB n°377, Avril 2019 Sylvain Moreteau, Dossier Isoler avec les produits de la nature, La maison écologique n°79, Fev. - Mars 2014 Julie Nicolas, Ecomatériaux, Les béton végétaux prennent racine, Le Moniteur n°5906, Janvier 2017 Xiral, Matériauthèque - Agromatériaux, AMC n°189, Juin - Juillet 2009

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CONFÉRENCES

Adrien ALANOU & Emmanuel METRARD - 13.03.19, ENSAB (Retransmise sur Vimeo) Loïc DAUBAS - 12.12.19, Le XXIème siècle sera-t-il biosourcé ?, ENSAB

SITES INTERNETS :

Ministère de la Cohésion des territoires et des Relations avec les collectivités territoriales : www.cohesion-territoires.gouv.fr L’Encyclopédie Larousse en ligne : www.larousse.fr L’ENcyclopédie Universalis : www.universalis.fr Karibati : www.karibati.fr Le Moniteur : www.lemoniteur.fr Réseau Éco-habitat : www.reseau-ecohabitat.fr Futura Sciences : www.futura-sciences.com In Situ, Revue des Patrimoines : journals.openedition.org/insitu Office de tourisme Morlaix : www.baiedemorlaix.bzh Inventaire général du Patrimoine culturel Région Provence-Alpes-Côte d’Azur : dossiersinventaire.maregionsud.fr Biofib Isolation : www.biofib.com Picbleu : www.picbleu.fr Knauf : www.knauf.fr Ecopertica : www.ecopertica.com RBR 2020 : rbr20202050.wordpress.com Le Monde : www.lemonde.fr Association Construire en chanvre : www.construire-en-chanvre.fr Végétal-e : vegetal-e.com Chambre d’Agriculture de l’Aube : www.aube.chambre-agriculture.fr Magazine Semence : www.semencemag.fr Novabiom : www.novabiom.com Réglementation thermique 2020 : rt-2020.com

CRÉDITS PHOTOGRAPHIQUES

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Annexe 1 : Entretien avec un compagnon maçon : Pierre Le Signor Depuis est-ce que tu exerces en tant que maçon ? Depuis 1988. Comment définirais-tu ta pratique ? Je pratique le métier de maçon de manière complète, de la construction neuve à la restauration/réhabilitation du patrimoine ancien. J’ai appris ce métier de manière complète. J’ai plutôt pratiqué par choix le côté traditionnel du métier en restauration du patrimoine bâti - éco construction. Comment est-ce que tu est venu à l’éco-construction ? Je suis venu à l’éco-construction par le biais de mes parents qui ont achetés un ensemble de maisons en 1988. A ce moment là, ils sont entrés dans l’association Tiez Breizh pour rénover leurs maisons en accords avec leurs environnements… Et c’est au même moment que je terminais mon apprentissage donc forcément ça m’a touché. J’ai toujours eu une certaine sensibilité pour la rénovation. Très tôt j’ai connus les compagnons le Berre (charpente) qui venait faire des travaux pour les maisons… J’ai grandi là dedans tout simplement. Depuis quand est-ce que tu utilises du chanvre ? J’utilise de manière régulière le matériau chanvre depuis 2010. Quel sont ses atouts et ses défauts pour toi ? Il a comme principale fonction de réguler l’hygrométrie d’un lieu, associé à la chaux. La chènevotte (qui est le sous produit utilisé dans la construction, tout comme la fibre pour l’isolation) est hygroscopique. Elle a donc une porosité très ouverte, ce qui en fait un excellent matériau pour isoler thermiquement les parois opaques. Les limites du chanvre sont les limites d’une fibre. Il peut pourrir à l’humidité et perdre ses bénéfices. Et puis c’est un matériau de remplissage et pas un matériaux porteur même si en association à une structure bois il devient d’une certaine manière porteur. Est-ce que tu emplois du chanvre régulièrement ? Je l’ai proposé de manière récurrente chez les clients. Donc oui en complément d’isolation de murs en pierre. De quelle manière tu l’utilises ? Selon les chantiers : -manuellement pour de très petites surfaces -projeté machine -montage de cloisons en briques préfabriquées. Utilises-tu beaucoup les briques préfabriquées ? Oui surtout dans les endroits où la contrainte d’accessibilité est évidente ainsi que pour la rapidité de mise en oeuvre de l’enduit de finition en revêtement. Les temps de séchage sont nuls. Quel est l’intérêt d’une projeteuse ? C’est la facilité et la rapidité d’exécution qui est intense avec une projeteuse. Cela demande une bonne préparation en amont. Ces chantiers s’effectuent pour des bâtiments neuf ou en réhabilitation ? Les deux Quand tu utilises le chanvre sur un chantier, est-ce que c’est une demande de tes clients ou une proposition de ta part ? Ce peut être dans les deux sens. Je le propose si c’est évident pour moi et s’il y a suffisamment de place pour cela.

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Un doublage de chanvre c’est : 2cm de vide 9cm de brique 2,5cm d’enduit de finition

Un enduit projeté ou manuel c’est : 5 à 6 cm sur le mur direct pour la couche isolante. 1 à 1,5cm de dégrossi 0,5 à 0,8 cm de finition


Est-ce que la réglementation en matière de chanvre a pu entraver ta pratique un moment donné ? Non parce que je l’adapte toujours. Comment est-ce que tu t’es formé sur le chanvre ? Est-ce que tu as suivi des formations de CENC ? Oui est non. En fait, j’ai sous-traité un gros chantier et j’ai appris sur place avec l’entreprise qui projetait. J’ai eu l’opportunité ensuite d’avoir un gros chantier de projection et j’ai investis dans une machine. J’avais déjà les bases. Ensuite, le bon sens, les bons produits et roule. Quel est ton intérêt pour l’éco-construction? Pour moi il y a du sens à la réhabilitation puisque c’est prolonger la durée vie des bâtiments. Le Patrimoine bâti est une ressource importante d’énergie grise. Si l’on veut ménager la planète, il faut restaurer. Le stock bâti consomme moins que le flux. L’extraction de matériaux. Si une réhabilitation est bien faite alors c’est reparti pour 300 ans d’utilisation? Au Sénégal, les bâtiments de l’Etat qui dates des année ‘50 et ‘60 sont bien conçus, avec des brises vues, des pare-soleil… C’est dans les années ‘80, après les chocs pétroliers qu’il y a eu un point de bascule. Où tout est devenu une pompe à fric. Les bâtiments ont commencés à être réalisés n’importe comment. Et encore aujourd’hui, c’est l’étalage. On construit des bâtiments avec des grandes surfaces vitrée qui coûte un fric fou à entretenir. Le truc c’est que l’humain voit toujours le profit à court terme. Pourtant il faut avoir conscience que la conservation et la prolongation de la durée de vie des bâtiments c’est bien plus intelligent. La bêtise humaine c’est que le monde ne veut pas rémunérer au juste prix les gens qui construisent. Au Sénégal, les gens ne sont pas formés. Il n’y a pas eu d’investissement politique pour la formation que ce soit d’ouvriers comme d’architecte. Parce que après c’est à chacun son métier. On ne s’improvise pas maçon comme on ne s’improvise pas architecte, des erreurs seraient commises des deux côtés. Est-ce que utiliser du chanvre n’était pas plus onéreux que d’employer un autre matériaux, sachant que sa mise en oeuvre demande beaucoup de mains d’oeuvre ? J’ai déjà mis en oeuvre un enduit en terre avec des fibres végétales, fibres de lin et de chanvre à la demande de particuliers. Ils voulaient rénover un enduit plâtre. C’était un enduit Agrilus, déjà préparé qui ne venait pas d’une filière locale du coup. Je ne l’ai fait qu’une fois. Aussi parce que ça coûtait super cher, le mélange tout fait. Il vaut mieux développer la filière locale. à ce moment là c’est toute une autre manière d’aborder le chantier. Les coûts de production et les charges d’investissement dans un chantier écologique sont très différentes. Parce que la notion de temps et de déplacement est très différente. Ce qui fausse la notion de coût, c’est le pétrole. Parce qu’avant lui, quand le mode de déplacement était animal, l’homme avait une intelligence lié à l’absence de pétrole. Il faisait tout de manière locale parce que ce n’était pas possible autrement et il faisait en sorte que les projets durent longtemps. Quel est le coût d’un projet écolo qui va durer 200 ans et celui d’un projet plus classique qui va durer 20 ans? Il faudrait envisager un groupement de personnes des scientifiques… qui évalueront le coût réel de tous les scénarios. Est-ce que tu utilises d’autres matériaux biosourcés ? (paille, roseaux...) Je n’ai pas fait d’autres enduits terre que celui précédemment cité parce que je trouve que les enduits chaux sont plus clairs. Déjà qu’on est en Bretagne et qu’on manque de lumière, on ne va pas assombrir encore plus les maisons. Bon, pour mes chantiers j’ai surtout employé des matériaux géosourcés : pierres, sable... Ça m’est arrivé une fois d’employer des canisses en bambou en coffrage perdu pour un chantier. Je l’ai utilisé plutôt que de mettre une parois en OSB à l’intérieur. Les 30 cm de béton de chanvre était projeté par dessus la canisse depuis l’extérieur. C’était en 2012 pour un chantier à Brest. Qu’est-ce que tu penses des nouveaux matériaux biosourcés préfabriqués ? Est-ce que tu les emplois ? Comme Argilus par exemple ? C’est très bien fait, ils vendent ça en big bag ou en sac de 15-20kg. Après, c’est presque plus cher que la chaux. après c’est normal, ils ajoutent des fibres un peu de sable, le mélange est bien fait et en plus ils travaillent sur les terres. Ils y a tout un travail de récupération des terre, un criblage qui est fait et ils jouent sur les teintes, des ocres, des rouges…

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Mais bon, les industriels ont récupéré les part de compétence des artisans. Ils ont subtilisé la part de savoirfaire des hommes de métiers. Leur plus value qui résidait dans des techniques low-tech avec des matériaux de base. Bon bien sûr, un moment donné il faut toujours quelqu’un qui met en oeuvre mais ce n’est pas la même chose. On est sûr une uniformisation des savoirs-faire. Dans nos métiers il ne faut pas avoir d’a priori. Parce que c’est ce qui peut enfermer. Si tu arrives en sachant tout dès le départ c’est fini. Après, si tu t’opposent constamment, tu finis seul. Il faut trouver le juste compromis entre tout ça. Chez certains matériaux industriel, tu as de très bon produits. Il faut tout utiliser. Parce que si tu manques de temps sur un chantier ou que ça ne se passe pas comme il faut, tu peux vite te retrouver dans le pétrin. Il faut faire en sorte d’être visible. Il faut pouvoir s’en sortir avec tout. Et garder toujours un mix de possibilitées. Après, tu adaptes ta cible. Ensuite il faut savoir qu’aucun travail n’est compliqué. C’est qui est compliqué c’est de travailler avec les gens que tu as en face de toi. Faire les choses avec les gens implique de ne pas être sur un postulat. C’est important d’être ouvert à la diversité. Il faut être poreaux. Qu’est-ce que tu penses alors des chantiers participatifs ? C’est un truc super. Ça a de nombreux intérêts. C’est qui est important c’est le cadre. Il faut un bon cadre et un bon professionnel. Les chantiers participatifs permettent de mettre en commun des personnes sur un cadre précis, dans un contexte réel, ce qui permet de mettre tout le monde au même niveau. Les chantiers ça permet aussi de tester les limites des gens. De voir comment le collectif est capable de gérer pour aller ensemble vers le même but. La prise directe avec le réel c’est ce que je trouve le plus intéressant. Après, on a besoin aussi d’un rythme, sinon on avance pas. Le rythme s’impose au regard des gens que tu as avec toi. Il faut… une bonne granulométrie, comme pour le sable pour créer une bonne dynamique de groupe. Il ne faut pas que des bourrins mais pas non plus que des intellectuels. Il faut différentes personnalités pour avoir un bon chantier. Mais les chantiers participatifs permettent aussi de mutualiser et de diminuer les charges et les frais des particuliers. Ce n’est pas négligeable. Moi ça fait 20 ans que je fais de la formation professionnelle dans un cadre donné. Alors j’en ai de l’expérience. Je pense que ces chantiers particpipatifs doivent aussi être menés par des gens qui sont dans une économie de marché. C’est l’intérêt des SIC par exemple. Ils font de la formation tout en gardant un pied dans la réalité du terrain, d’une boîte d’artisans. Sachant que : - La production de ciment émet 5 à 8% des émissions de CO2 mondiales. - L’Europe extrait 50% des matériaux de construction utilisés dans le monde. Comment est-ce que tu envisages l’avenir dans la construction ? L’avenir c’est retourner vers des pratiques artisanales. Parce que le gisement de carbone il est dans le stock déjà bâti. Ce sera redonner de la valeur ajoutée au professionnels et payer les gens de métiers. L’avenir est dans la transformation du bâti existant. Il réutilise et répare l’existant avec des matériau premiers. Par exemple avant il n’était pas rare d’employer du bois de charpente pour des églises ou des chapelles qui avait déjà été utilisés, dans la construction navale par exemple. À l’avenir, on réutilisera forcément des matériaux premiers comme ça. On retravaillera avec des pratiques de métier. Réutiliser des matériaux premier c’est aussi faire tout un travail de déconstruction. De toute manière, si le système s’effondre, toute l’industrie s’effondre alors on sera obligé de travailler avec des matériaux locaux peu transformés. Les milieux les plus résilients seront les bâtiments anciens. Ce qui surgira de tout ça sera un système d’entraide et de solidarité. Parce que le monde de toute façon est un mouvement de balancier. Quand le matériel décroît, croît les relations avec les autres. Maintenant de tout façon, il faut ménager le territoire.

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Annexe 2 : Retranscription radiophonique - France Culture :

Environnement, croissance intégalités : les défis de la transition énergétique L’invité des matins : François Jarrige, historien - Diffusé le 13/02/2020 Les choix énergétiques (électricité, pétrole...) ne sont pas uniquement une question de technique ou de technologie, c’est aussi tout simplement un choix de société. À chaque époque l’énergie c’est le rapport qu'entretient une société avec son milieu physique. C’est tout ce qu’elle extrait d’un milieu pour produire des choses. Chaque choix de société implique un système énergétique différent. Ce n’est pas la même chose d’avoir une société qui repose sur les moulins à vents comme la région du Nord de la France du début du 19è siècle et une société qui dépends d’un système énergétique hyper-centralisé avec quelques centrales nucléaires. C’était un débat déjà très vif dans les années 70 lorsque les écologistes s’opposaient au système nucléaire, ils ne s'opposent pas au système technique, ils s'opposent à un mode d’organisation politique centralisé impliquant un état fort, impliquant un rapport à l’énergie qui repose sur la délégation à des acteurs économiques tout puissants. Donc le débat sur l’énergie en réalité est ramené dans le débat contemporain à une question d’innovation, de substitution d’un convertisseur à l’autre alors qu’en réalité ce débat sur l’innovation rend invisible le fait que chaque système énergétique c’est d’abord un système social. Le travail des historiens c’est de mettre à distance les discours contemporains parce que l’idée d’une transition énergétique et l’idée d’une crise énergétique n’a cessé d’accompagner l’industrialisation du monde. Les début de l’industrialisation du monde sont liés à une crise énergétique. La fin du 18è siècle c’est un moment de massive crise énergétique avec la déforestation, avec la saturation des cours d’eaux… Il s’agit de trouver des substituts aux anciennes sources d’énergie qui apparaissent insuffisantes. D’où le développement de la vapeur qui va paraître comme la solution miraculeuse. Ce processus s’opère de façon régulières à toute une série d’époque. Qu’est-ce que c’est la transition énergétique ? Terme apparu récemment, dans les années 70, qui est lié au choc pétroliers avec toutes les interrogations environnementales sur la crise du vieux système pétrolier et charbonier sur lequel a reposé la puissance des nations européennes pendant un siècle et demi. Dans les années 70 est apparu l’idée qu’il fallait engager une transition, le paradoxe c’est qu’on assiste pas à une transition on assiste à une addition d’énergies. Le terme est trompeur. Le terme donne l'impression qu’on va changer le monde, qu’on va passer d’un état à l’autre, en réalité ce n’est pas ce qu’il se passe. Historiquement, il n’y a pas eu de transition énergétique, il y a eu des additions énergétiques. On a pas abandonnée les sources d’énergies anciennes, on a accumulé une série de sources d’énergie. C’est ce qu’il s’est passé. On a pas abandonné la biomasse, on a ajouté à la biomasse des énergies fossiles. Toutes l’histoires de dernières 250 ans c’est l’accumulation successives de nouvelles sources d’énergie qui s’additionnent aux autres. N’oublions pas qu’on a jamais consommé autant de charbon dans la monde qu’aujourd’hui. On a jamais consommé autant de pétrole. Alors qu’on est soi-disant entré depuis trentes ans dans une ère de transition qui doit nous émanciper du charbon et du pétrole. Il faut comprendre ces enjeux pour éviter de toujours reprendre la même myopie sur ces sujets.

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Annexe 3 :

Vidéo réalisée par Rebat Bio : Projection Terre et Chanvre V2, présentation des missions de l’entreprise Ecopertica, par des questions posée à Arthur Héllouin de Ménibus. Pourquoi choisir la terre pour faire un doublage isolant ? C’est un matériaux très largement disponible aujourd’hui, puisque qu’on sort de la terre pour faire des voies ferrées, des autoroutes, des terrassement de bâtiments… C’est un matériaux qui aujourd’hui n’est pas valorisé. Il y a des camions qu’on met sur la route pour transporter de la terre que nous pouvons utiliser pour la construction. Dans une démarche d’économie circulaire et de réduction de l’impact carbone je dirais qu’utiliser les terres sans les déplacer est quelque chose de très cohérent. Un autre avantage de la terre, c’est que c’est un matériau réparable à l’infini puisqu’il durcit par séchage et non pas par prise hydraulique comme un ciment, par exemple. Donc on peut le réutiliser. La terre crue a un autre avantage par rapport au liant chaux ou au liant ciment, c’est qu’il n’y a pas besoin de cuisson et donc il n’y a pas de carbone émit pour sa fabrication. Pourquoi utiliser la technique de la projection ? Les mélanges chaux-chanvre ou terre-chanvre peuvent être mis en œuvre soit de manière manuelle, en faisant un banchage : on prépare une ossature bois, qui va être positionnée contre le mur qu’on va isoler et on va mettre une banche de bois devant et remplir le mélange qui est préparé à la bétonnière à l’extérieur.On vient damer ce mélange et puis on montre progressivement dans l’ossature. Le banchage ça marche très bien, ça fait des mélanges isolants mais c’est très long à la mise en œuvre. Donc la projection par rapport au banchage permet d’aller plus vite sur le chantier et donc de baisser le coût de mise en œuvre. Ça permet aussi d’accélérer le séchage puisque la chènevotte arrive sèche sur le mur et donc sa permet sur un chantier de s’organiser de manière plus simple puisqu’on va pouvoir enduire beaucoup plus rapidement. Un autre avantage du terre-chanvre projeté par rapport au banché c’est qu’on a pas de retrait ce qui facilite l’application des enduits et ce qui permet de garantir une bonne cohésion entre des éléments d’ossature bois et le mélange. Et du point de vue de l’étanchéité à l’air ? Un avantage du terre-chanvre ou du chaux-chanvre c’est qu’on vient finir avec une finition enduite qui vient assurer l’étanchéité à l’air. Quand on voit les autres modes constructifs qui utilisent des membranes, des parevapeur ou des freins vapeur, qui sont efficaces, l’inconvéniant c’est qu’on ne peut pas, une fois que le parement est posé, faire un contrôle visuel de cette membrane. C’est compliqué. Avec un enduit on l’a sous les yeux, on peut contrôler si l’étanchéité à l’air est assuré. Les matériaux La terre adaptée pour le terre-chanvre, c’est une terre qui est plutôt collante puisqu’on va venir alléger pour isoler. C’est bien sûr une terre qui n’est pas polluée. Troisième point, c’est une terre avec peut de cailloux, pour qu’elle soit facile à a travailler. Processus de fabrication du mélange : 1. Identification de la terre locale, pour savoir si on peut faire le chantier avec cette terre là. 2. Mélange avec de l’eau 3. Malaxage 4. Tamisage, pour enlever les éléments grossiers 5. Utiliser pour la projection. Par contre si on est sur un chantier ou il n’y a pas de terre, on va voir autour. Trouver une briqueterie locale. Ou Ecopertica peut fournir de la terre pour des chantiers près de chez-nous, avec de la terre criblée : elle est déjà préparée et beaucoup plus facile à malaxer. Elle ne nécessitera pas d’être tamisée. Ce qui est important pour nous c’est de travailler en filière locale donc avec une chènevotte produite localement. Selon la machine qu’on a pour projeter, on va tolérer différents granulométries. Le dosage du mélange correspond au rapport entre la terre et l’eau utilisée. Si la terre est très cohésive on pourra mettre un peu plus d’eau, donc à la fin on aura un mélange plus léger sur le mur. C’est une adéquation entre la fonction de ce qu’on veut faire : beaucoup d’isolation thermique, isol phonique… et les matériaux du

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départ. Le rapport dépend du besoin et du type de terre. [...] (Reprend à 4’’ 39’’’) Un maçon qui voudrait faire du terre-chanvre projeté à plusieurs solutions. Soit il a déjà une machine à projeter du chaux-chanvre et sa machine peut mettre de la terre, a ce moment il se forme à la construction en terre. Soit il n’a pas de machine il peut en acheter une toute faite, soit nous intervenons à leur côtés avec le machine. Pour leur permettre d’avoir accès à ce type de projection. Le chanvre se situe dans le canal central, le mortier est dans le gros tuyeau et de l’air comprimé se situe dans le plus petit tuyau. Le mélange se fait dans l’air et sur le mur. Une isolation performante vaut 30 cm d’épaisseur. Lorsqu’on projète dans une ossature bois, on peut entrer en une seule passe les 30 cm, en travaillant avec un système de lattis qui permettent de mainteanir le mélange le temps du séchage. Comment garantir les performances du mélange ? Grâce au programme de recherche participative qui implique des chercheurs, des artisans et des agriculteurs pour étudier l’effet de la variabilité des mélanges sur les performances et ensuite d’avoir une ou deux valeurs certifiées qui nous permettent de faire vérifier la performance des mélanges. On a déjà des valeurs certifiées sur la conductivité thermique, ça isole autant qu’un chaux-chanvre. On a une réaction au feu certifiée, classé B-S1-D0, meilleur classement qu’on puisse avoir sur des matériaux avec des fibres végétales. On a des caractérisation de l’absorbion phonique du matériaux ce qui nous permet d’utiliser le terre-chanvre en correction phonique dans des salles des fêtes, dans des cantines. Et on a une analyse de cycle de vie qui est en voie d’être finalisée donc on aura bientôt une FDES. Et surtout une étude qui nous permet d’évaluer quel est l’effet de prendre de la terre locale ou de la terre qui vient de 20 km, quel est l’effet d’avoir une chènevotte qui vient de juste à côté ou en filière longue de 300 km ? Pour pouvoir ensuite donner aux artisans des éléments pour pouvoir dire c’est acceptable d’un point de vue environnemental ou ça ne l’est pas.

Annexe 4 : Tableau comparatif des performances acoustiques d’isolants types,

réalisé par Sophie Mersch, Centre Scientifique et Technique de la Construction, Formation accoustique : Les matériaux utilisés en isolation acoustique, Bruxelles, avril 2013.

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