Mardi 9 juillet 2013
Bercy rêve de voir les assureurs prêter 90milliards d’euros aux PME t Les compagnies d’assurances pourront faire crédit aux entreprises, jusqu’à 5 % de leur bilan
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ne nouvelle réforme pour soutenir le crédit aux PME et aux entreprises de taille intermédiaire (ETI), afin de stimuler la croissance en France.AlorsquelaBanquepubliqued’investissement (BPI), pierre angulaire du soutien financier aux PME françaises, se déploie sur le territoire, le ministre de l’économie, Pierre Moscovici, précisera, mercredi 10 juillet, sa grande refonte du code des assurances. Elle vise à libérer des dizaines de milliards d’euros supplémentaires de financements à
moyenterme pour les PME et les ETI. L’évolution d’une réglementation jugée trop rigide face à la récession permettra aux assureurs de faire des prêts directs aux entreprises, jusqu’à 5 % de leurs bilans. Les compagnies d’assurancespourront investirdans des fonds de financementde l’économie axés sur les PME. Bercyestimeà90milliardsd’euroslamanne nouvelle de financements, un chiffre que les professionnels de l’assurance modèrent. Il s’agit, soulignent-ils, d’un plafond qui ne devrait pas être utilisé en totalité. Le volume
de crédits supplémentaires lié à cette réforme – qui nécessitera un décret – serait difficilement chiffrable. Pour Bernard Spitz, le président de la Fédération française des sociétés d’assurances, «cette réforme est un très bon exemple d’une collaboration intelligente entre l’Etat et les assureurs,etcelacontrasteaveccertainespratiques récentes». En 2012, souligneM. Spitz,le soutienfinancierdesassureursaux entreprises a atteint 1000milliards d’euros. p LIRE PAGE 3
469 milliards d’euros Grandes entreprises
4,2 milliards
PME
(investissements nouveaux)
Investissements des assureurs dans les entreprises françaises, en 2012
«FRENCH BASHING» AUXRENCONTRES ÉCONOMIQUES D’AIX-ENPROVENCE LIRE PAGE 4
« APPLIS » CINQ ANS QUI ONT CHANGÉ NOTRE MONDE
Au Japon, les demandes de relance de réacteurs nucléaires se multiplient
t Le 11 juillet 2008,
Apple lançait son magasin d’applications pour smartphone
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BNP PARIBAS CARDIF ENTRE SUR LE MARCHÉ CHINOIS DE L’ASSURANCE
Les « applis » ont révolutionné l’Internet mobile et rebattu les cartes des géants du Web
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t Tous les secteurs doivent s’adapter à cette nouvelle donne
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j CAC 40 3 792 PTS – 1,02 % j DOW JONES 15 135 PTS + 0,98 % J EURO-DOLLAR 1,2833 j PÉTROLE 108,10 $ LE BARIL J TAUX FRANÇAIS À 10 ANS 2,27 %
Plus de 50 milliards d’applications ont été téléchargées sur l’App Store.
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GDA/AP
PLEIN CADRE
PERSPECTIVES | par P h i li ppe Es cand e
Masayoshi Son, l’atypique et ambitieux patron de Softbank
Internet, du bureau à la main
Le groupe japonais a reçu le feu vert des autorités américaines pour le rachat de Sprint, troisième opérateur de télécommunications aux Etats-Unis. Avec cette opération de plus de 20milliards dollars, M.Son confirme que rien ne l’effraie, au grand dam, parfois, des analystes ou des actionnaires. LIRE PAGES 2 ET 4
MANAGEMENT Salariés surveillés
En 2012, près de 5500 systèmes de géolocalisation ont été déclarés par des entreprises aux autorités. Certains sont utilisés par les employeurs pour surveiller leurs salariés. Mais les juges ne l’entendent pas de cette oreille. LIRE PAGE 9
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’il fallait graver une épitaphe sur la tombe de Steve Jobs, il faudrait inscrire : « Cet homme a changé la société en mettant l’Internet au creux de toutes les mains. » Un exploit aussi grand que celui, promu par Bill Gates, de mettre un ordinateur sur chaque bureau. Car la distance est grande du bureau à la main. Comme celle qui sépare l’extérieur qui nous entourede l’intérieurde soi. En 2008, Apple inventait l’objet et son usage. Un smartphone et son magasin d’applications, le fameux App Store. Il n’était pas le premier, loin de là. Dès les années 2000, les spécialistesse creusaient la tête, se demandantquel serait le service qui ferait, enfin, démarrer l’Internet mobile. La plupart pariaient sur la vidéo. Erreur, c’est le mariage d’un bel objet alliéà unservice pratiqueet fiable qui a déclenché le raz-demarée: il faudraitunevie entière pour visiter les quelque 850 000 applications qui existent et qui ont été téléchargées près de 50 milliards de fois. Ce succès considérable est le
résultat de trois facteurs. D’abord, la facilité d’accès au service demandé. On touche du doigt l’application de la SNCF et l’on accède immédiatement à la recherche des horaires. Ensuite le formatage pour le petit écran, qui rend la navigation simple et la lisibilité immédiate. Enfin, l’exploitation de la première caractéristique d’un téléphone mobile qui est justement de se déplacer sans cesse et de pouvoir être localisé, notamment depuis que les téléphones intègrent le système de géolocalisation, le GPS. D’un effleurement, je visualise la station Vélib’ou la station d’essence la plus proche. L’application a rendu le mobile intelligent et a permis la deuxième révolution de l’Internet. Celui-ci est désormais accessible de n’importe où dans n’importe quelle condition. C’est pour cela que certains augures ont prédit la mort du Web traditionnel,qui s’appuiesurces navigateurs devenus d’un coup bien vieillotsavec leurs adressescompliquées et le détour inévitable par le moteur de recherche. C’est commele passage de la carteroutière au GPS, intellectuellement
Cahier du « Monde » N˚ 21296 daté Mardi 9 juillet 2013 - Ne peut être vendu séparément
moins satisfaisant mais tellement plus pratique ! Le Web ne va pas mourir, mais sa place ne sera plus centrale, comme il existe encore des téléphones fixes, des journaux papiers et des disques musicaux. Car, au passage, l’invention de Steve Jobs a eu un effet économique majeur, il a donné un modèle d’affaires au Web, contribuant à l’émergence de nouveaux métiers, au prix de l’enfermement du consommateur dans un lieu unique. Après le mobile, la troisième révolution sera celle de l’Internet des objets qui reliera sur la Toile nos frigidaires, nos voitures, les appareils, ceux qui suivent notre santé ou traquent nos comportements.Un mouvement qui nous éloignera encore plus de la liberté joyeuse des débuts de la Toile, mais dont l’efficacité sera d’autant plus grande qu’elle sera moins visible. A chaque étape s’efface progressivement de nos écrans radars un Internet qui s’insinue, toujours plus profond, dans nos existences. Du bureau à la main, de la main au cœur. p DOSSIER PAGES 6-7
MONDE E L S N A D UN MOIS LE MONDE MENSUEL N° DE JUILLET À RETROUVER EN KIOSQUE
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plein cadre
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Masayoshi Son, le gourou des affaires japonais
L’AGENDA Mardi 9 j uillet Budget Le premier ministre, Jean-Marc Ayrault, présente les investissements d’avenir du gouvernement. Colloque A Lyon, Interpol organise un forum intitulé « Technologie contre le crime organisé ». Justice Début du procès de Francesco Schettino, le capitaine du paquebot Costa-Concordia, dont l’épave gît toujours devant le port du Giglio, en Italie. Chimie Audience du tribunal de commerce de Lyon concernant l’étude des offres de reprise du groupe chimique Kem One. Bruxelles Réunion des ministres des finances de l’UE. Environnement Présentation du projet du Conseil économique, social et environnemental sur la transition énergétique dans les transports. Jeu vidéo Début de l’exposition au Théâtre de la GaîtéLyrique, à Paris, des jeux conçus par les lauréats du concours étudiants Hits Playtime, organisé par Le Monde. Ces derniers seront visibles jusqu’au 21 juillet.
Le président de Softbank, qui s’apprête à racheter l’opérateur américain Sprint, veut faire de son groupe «le numéro un mondial dans tous les domaines» Tokyo Correspondant
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l ne faut jamais abandonner. Sinon, la croissance s’arrête. » ; « Il est important de penser à un projet de vie, car on ne vit qu’une fois. » Ces affirmations aux allures de mantras foisonnent sur la page Twitter de Masayoshi Son, le président du géant japonais de la téléphonie mobile Softbank, qui s’apprête à mettre la main sur l’opérateur américain Sprint, au terme de longues tractations. Fort de 1,9 million de followers (« suiveurs ») sur le réseau social – treize fois plus que Shinzo Abe, le populaire premier ministre japonais –, l’homme d’affaires nippon se sert de ce site pour diffuser sa philosophie, détailler ses projets et vanter ses succès. Il lui arrive de reprendre les idées de ses followers, comme celle de créer en 2010 une application permettant de faire des dons pour l’aide aux victimes du séisme d’Haïti. Une fois le logiciel au point, M. Son n’oublie pas de le signaler par un « souvenez-vous de ce que je vous promettais, eh bien, c’est fait », en japonais voire en anglais. Le 26 juin, c’est également par un minimessage de moins de 140 signes qu’il a annoncé le résultat du vote de l’assemblée générale des actionnaires de Sprint, appelée à se prononcer sur le rachat par Softbank. Approuvée à 80 %, l’acquisition, pour un montant de 21,6 milliards de dollars (16,8 milliards d’euros), qui a été avalisée le 5 juillet par la commission américaine des communications, fait du nouvel ensemble le numéro 3 de la téléphonie mondiale en termes de revenus. Qu’importequel’opérationinquiètecertains experts – Standard & Poor’s a d’ailleursannoncé, lundi 8 juillet, dégrader la note de Softbank en catégorie spéculative à cause du rachat de l’américain, qui va lourdement endetter le groupe japonais. Rien ne semble arrêter M. Son. Troisième homme le plus riche du Japon avec, selon le magazine Forbes, une fortune de 9,1milliards de dollars, il n’a qu’une obsession: que son groupe «grossisse pendant plus de trois cents ans » et devienne « le numéro 1 mondial dans tous les domaines». Pour cela, le dirigeant hyperactif, quelque peu démago mais passionné, ne semble reculer devant rien, n’hésitant pas à interpeller les dirigeants nippons pour leur expliquer comment relancer l’économie. Il agit comme si garder une longueur d’avance,à l’imagede l’ancienpatrond’Apple Steve Jobs, dont il était proche et qu’il révère, était une seconde nature. M. Son voit le jour dans une famille coréenneduJaponen 1957à Tosu, unepetite ville du départementde Saga,sur l’île du Kyushu (Sud-Ouest). Le petit Son Jeong-ui – c’est son nom coréen– n’est encore qu’un écolier quand son père lui déclare: « Comme tu es un Coréen du Japon, tu dois en faire plus que les autres si tu veux réussir.» Il n’a sans doute jamais oublié cette invitation à l’excellence. Marié en 1977 et père de deuxenfants, il obtient la nationalité japonaise en 1990. Mais ne perd pas pour autant cette ambition qui le caractérise. Le roman Ryoma ga yuku (Ryoma avance), de Ryotaro Shiba (1923-1996), semble avoir beaucoup impressionné le jeune Son.L’œuvreraconte l’histoirede Sakamoto Ryoma (1836-1867), rônin (samouraï sans seigneur) ayant joué un rôle déterminant dans le renversement du shogunat d’Edo en 1868 et dans l’entrée du Japon dans l’ère Meiji (1868-1912).
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assionnéparles affaires, il est encore au lycée quand il décide de rencontrer l’un de ses modèles, Den Fujita (1926-2004), le fondateur de McDonald’sJapan. Aprèsplusieurs tentatives infructueuses, le tête-à-tête a lieu. « Je vais aller aux Etats-Unis, annonce le jeune Son. Que me conseillez-vous de faire ? » M. Fujita lui recommande d’apprendre l’anglais et tout ce qui touche à l’informatique. Il s’exécute, file en Californie, où il termine son lycée avant d’intégrer l’universitéde Berkeleypour y apprendrel’économie et l’informatique. A 19 ans, il fixe « son plan de vie pour cinquante ans », à savoir : « Durant ma ving-
Mercredi 10 juillet Industrie Présentation des chiffres de la production industrielle française pour le mois de mai2013. OPA Début de l’offre publique d’achat de Hologram Industries, société française spécialisée dans les dispositifs de sécurité, sous réserve de validation par l’Autorité des marchés financiers. L’OPA devrait durer jusqu’au 3 août. Vente Sotheby’s organise à Londres une vente aux enchères consacrée aux écrits de grands noms de la littérature du siècle dernier, comme William Faulkner, Joseph Conrad ou Samuel Beckett. Jeudi 11 juillet Pesticides Le tribunal des affaires de Sécurité sociale de Saint-Brieuc (Côtes-d’Armor) rend son délibéré dans l’affaire d’un salarié qui affirme avoir été intoxiqué par des pesticides utilisés par son employeur, Nutréa-Triskalia, pour traiter des céréales. Vendredi 12 juillet Musique Début du festival de rock Les Francofolies, à La Rochelle, qui se tient jusqu’au 16 juillet. Dimanche 14 juillet Festivités Fête nationale française, avec des soldats maliens en vedette du défilé militaire traditionnel des Champs-Elysées, à Paris. Discours Traditionnelle « interview d’été » de la chancelière Angela Merkel sur la première chaîne de télévision publique ARD, à dix semaines des élections législatives. L undi 15 juillet Portugal La « troïka » (Union européenne, Banque centrale européenne et Fonds monétaire international) est attendue à Lisbonne pour examiner les comptes du pays, et surtout valider une réforme de l’Etat destinée à réduire les dépenses publiques de 4,7 milliards d’euros. Mardi 16 juillet Résultats Goldman Sachs, Rio Tinto, Coca-Cola, Accor, L’Oréal (second trimestre 2013). Mercredi 17 juillet Start-up Opération « Adopt a CTO » (Adoptez un responsable technique) au Camping, lieu parisien dédié aux entreprises du numérique. A partir de 19 heures, les responsables de start-up pourront entendre des développeurs informatiques en recherche d’emploi se présenter devant eux. Immobilier Présentation au conseil des ministres de la première ordonnance du gouvernement visant à accélérer la construction de logements en France.
NAOKI MAEDA /THE YOMIURI SHIMBUN /AFP
11 août 1957 Naissance à Tosu (île de Kyushu, Japon). 1974 Part étudier aux Etats-Unis. 1977 Diplômé d’économie et d’informatique de l’université de Berkeley. Il se marie et revient au Japon. 1981 Crée Softbank. 2006 Acquisition de Vodafone Japan. 2011 Après le séisme du 11 mars, il fait un don personnel de 10 milliards de yens (77 millions d’euros) pour les victimes. 2013 Softbank rachète 78 % de l’américain Sprint pour 21,6 milliards de dollars (16,8 milliards d’euros).
taine, je crée une société et la fais connaître. Durant la trentaine, j’accumule 100 milliards de yens [770 millions d’euros]. Pendant la quarantaine, je lutte à fond et, après avoir créé une grande entreprise durant la cinquantaine,passé 60 ans, je forme mon successeur. » De retour au Japon à la fin des années 1970, il crée Softbank avec le produit de la vente au groupe japonais Sharp, pour un million de dollars, d’une machine de traduction automatique mise au point quandil était étudiant.Softbankcommence par la vente de logiciels avant de se spécialiser dans l’édition en ligne. Formé à l’école américaine, il se pose, à l’instar de son ami Tadashi Yanai, diri-
geantd’Uniqlo et premièrefortune nippone, comme trublion d’un monde des affaires japonais habitué au consensus. En2001,alors que le Japon « avaitl’Internet le plus lent et le plus cher du monde », il lance une offre ADSL en coopération avec Yahoo Japan, « quatre fois moins chère que celle existante et avec une vitesse de connexion dix fois supérieure ». Le succès bouleverse le marché et incite les autres opérateurs, à commencer par le numéro un nippon NTT DoCoMo, à développerdes réseaux de fibre optique. Puis Masayoshi Son lance Softbank dans la téléphonie mobile avec le rachat en 2006de la branchejaponaisedu britannique Vodafone pour 1 750 milliards de yens. Là aussi, les analystes se sont inquiétés de l’ampleur de l’opération et de la dette qu’elle générait. Ayant convaincu Steve Jobs de lui confier la commercialisationde l’iPhone au Japon, au détriment de NTT DoCoMo, il profite du succès de l’appareil pour ravir d’importantes parts de marché à ses concurrents. La téléphonie mobile n’est pas sa seule ambition.Après la catastrophede Fukushima en mars 2011 dans l’Archipel, il choisit de s’engager contre le nucléaire, au Japon et dans le monde. « Il y a eu 233 incidents nucléaires dans les dix ans avant la catastrophe de Fukushima, expliquait-il le 10 mai 2012 lors d’une intervention publique. Cela montre que non seulement les séismes et les tsunamis, mais également des erreurs humaines provoquent des incidents graves.» Un constat qui l’a décidé à lancer Softbank dans de nouvelles aventures, celles des méga-centrales solaires. « Le plus excitant, affirmait-il le 27 juin sur Twitter, c’est de grimper la côte, quelle que soit la difficulté.» p Philippe Mesmer
APRÈS LA CATASTROPHE DE FUKUSHIMA EN MARS 2011, IL CHOISIT DE S’ENGAGER CONTRE LE NUCLÉAIRE
Jeudi 18 juillet Grèce Visite à Athènes du ministre allemand des finances, Wolfgang Schäuble. Résultats Carrefour, Hermès International, Biomérieux, Ericsson, Nokia, SAP, Verizon, Google, AMD (second trimestre 2013). Rachat Assemblée générale des actionnaires de Dell au sujet de l’offre de rachat émise par Michael Dell. Samedi 20 juillet Finance Réunion des banquiers centraux et des ministres des finances des pays du G20, à Moscou.
LE RENDEZ-VOUS Pourles vacances,ClubMed s’offreuneOPA agitée Vendredi 12 juillet es gentils organisateurs de l’offre publique d’achat (OPA) sur le Club Med, fleuron français du tourisme, ont coché la date du 12 juillet sur leur agenda. Sauf imprévu, ce jour-là devrait être lancée cette opération amicale menée par le fonds d’investissement français Axa Private Equity et le conglomérat chinois Fosun, ses deux actionnaires principaux. Le duo avait annoncé le 27 mai son intention de s’offrir l’intégralité du Club pour 541 millions. Trop peu, se sont écriés les actionnaires minoritaires. Le 25 juin, l’attelage franco-chinois s’est donc résolu à améliorer son offre de 3 %. L’opération devrait donc lui coûter 556 millions. Le conseil d’administration du groupe a voté ensuite à l’unanimité son soutien à l’OPA. Depuis quelques années, le Club Med tire la langue, peinant à dégager des bénéfices. Sortir de la Bourse lui permettrait, selon son PDG, Henri Giscard d’Estaing, de traverser sereinement la crise économique en Europe, son principal marché. Et peut-être aussi d’implanter davantage ses « G.O. » en Chine? p Julien Dupont-Calbo
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Les assureurs à la rescousse du crédit aux PME Bercy va autoriser les compagnies d’assurances à prêter aux entreprises jusqu’à 90 milliards d’euros
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leins feuxsur le financement de l’économie, des petites et moyennes entreprises (PME) et desentreprisesdetailleintermédiaire (ETI) que le gouvernement veutdévelopper,àlafaçondel’Allemagne, pour retrouver de la croissance. Dans une France en panne – leproduitintérieurbrut(PIB)pourrait reculer de 0,1 % en 2013, selon l’Insee –, le ministre de l’économie, Pierre Moscovici, profitera du forum financier Paris Europlace, organisé mercredi 10 et jeudi 11 juillet à Paris, pour préciser les détails de sa « grande» réforme du Code des assurances. M. Moscovici annoncera que le nouveautextepermettraauxcompagnies d’assurances de prêter jusqu’à 5 % de leur bilan aux entreprises, sous la forme de crédits à moyen terme d’une durée de cinq à sept ans. Cela pourrait représenter, selon Bercy, une manne de
Livret A : délicat de descendre sous 1,5 %, selon M. Jouyet Selon Jean-Pierre Jouyet, directeur général de la Caisse des dépôts, « si l’on raisonne de façon mécanique », le taux de rémunération du livret A, actuellement fixé à 1,75 %, « devrait descendre entre 1 % et 1,25 % ». «Politiquement, on peut considérer qu’il ne faudrait pas baisser le taux au-dessous des 1,50 % », déclare-t-il dans un entretien au Journal du dimanche, en rappelant que c’est « à l’Etat et à la Banque de France d’en décider ». Le gouverneur de la Banque de France (BdF), Christian Noyer, a estimé en juin qu’il y aurait « probablement un nouveau mouvement » à la baisse sur le taux du Livret A cet été. Le taux du livret d’épargne pourrait être revu à la baisse début août si l’inflation restait modérée, selon la formule de calcul prévue par la loi. – (AFP.)
financements potentielle de 90milliards d’euros pour les grossesPME et les ETI. De quoi doperun secteur qui fait les frais des restrictions de crédits bancaires dictées parlesnouvellesrèglesdefonctionnement des banques (Bâle 3). Mais ce, à la condition que la demande des entreprises, actuellement faible sur fond de déprime économique, suive…
Mobiliser tous azimuts Les assureurs, s’ils se montrent enthousiastes,sont plus prudents: le chiffre de 5 % de leur bilan est un plafond qui ne sera sans doute pas atteint… Il faut rester mesuré, arguent-ils. Les assureurs ne sont pas assis sur un tas d’or inutilisé, maisgèrent leursactifs selonl’intérêt et les possibilités de la réglementation. De nouveaux arbitrages seront donc faits en matière de gestion des actifs, notamment de l’assurance-vie (1 400 milliards d’euros d’encours total). Concrètement, les assureurs pourront prêter directement aux entreprises ou investir dans des prêtsauxentreprisesparl’intermédiaire de fonds dédiés, des « fonds de prêts à l’économie » dont la transparence devra être totale. Leurs capacités de prêts seront plafonnées, pour soutenir le crédit sans nuire aux banques. Les crédits accordés devront être approuvés par l’Autorité de contrôle prudentiel (ACP), qui a la tutelle des banques et des assurances. Cette évolution réglementaire vise à assouplir une réglementation contraignante. Aujourd’hui, les assureurs ne peuvent prêter aux entreprises que si celles-ci sont cotées en Bourse. Ils ne peuvent acquérir des parts de fonds finançant les entreprises seulement si ces parts sont négociées sur les marchés financiers. L’initiative de Bercy s’inscrit dans une démarche visant à mobiliser tous azimuts, pour amortir le
Une épargne abondante mais mal allouée ENCOURS DE L’ASSURANCE-VIE, EN MILLIARDS D’EUROS
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2008 2009 2010 2011 2012
CRÉDITS AUX PME, EN MILLIARDS D’EUROS, À LA FIN MARS
185,2 187,5 192,8
215,5 204,3 212,2
2008 2009 2010 2011 2012 2013 SOURCES : FFSA ; BANQUE DE FRANCE
choc de la crise économique et au-delà, stimuler le redémarrage del’économiefrançaise: en mobilisant tous les acteurs (banques, assureurs, fonds etc.) et en allant chercher l’épargne là où elle se trouve. D’un point de vue macroéconomique, la France dispose, de fait, d’une épargne très abondante, mais dont l’allocation est inopportune en ces temps de récession. Il y a, du point de vue du gouvernement, trop d’argent investi dans l’épargne de précaution (essentiellement, sur le Livret A et l’assurance-vie) et pas assez dans le financement des entreprises et des PME. Or, celles-ci représentent un réser-
Pierre Moscovici, ministre de l’économie et des finances, le 24 juin. LIONEL BONAVENTURE/AFP
voir de créations d’emplois et de croissance. Quant aux aspects microécomiques, la réforme de Bercy tombe à pic. Pour satisfaire aux nouvelles exigences des régulateurs, les banques doivent alléger leurs bilans et leurs risques, notamment pris auprès des entreprises. Quant aux assureurs, eux aussi soumis à de nouvelles règles, ils doivent s’allégerenactionsd’entreprisesetdiversifier leurs placements. Le financement direct ou indirect des entreprises constitue une option idéale. « Cette réforme est un très bon exempled’unecollaborationintelligente entre l’Etat et les assureurs, et cela contraste avec certaines prati-
ques récentes, déclare Bernard Spitz, le président de la Fédération française des sociétés d’assurances(FFSA). Les PME sontdemandeuses de formes d’interventions nouvelles. Longtemps le Trésor a enfermé les assureurs dans une vision trop rigide des choses.» M. Spitz rappelle qu’au total, 1 000 milliards d’euros sont déjà investis par les assureurs dans les entreprises, dont la moitié dans des sociétés françaises. Et que le soutien des assureurs, via des fonds, aux PME et aux ETI a atteint 42 milliards d’euros en 2012. La réforme présentée mercredi par Bercy s’inscrit dans une série de mesures toutes tournées vers le
financement des PME et des ETI. Ainsi, la Banque de France est en train de mettre en place un nouveauproduitfinancier,quipermettra aux banques d’utiliser certaines créances qu’elles détiennent sur des entreprises en les regroupant et s’en servant comme garantie pour se refinancer… Une bonne façon (réglementaire) de soutenir le crédit aux entreprises et d’inciter les banquiers à en faire plus. De son côté, au niveau européen, la Banque européenne d’investissement réfléchit à des initiatives – qui pourraient passer par la mutualisation de créances – pour encourager le crédit aux PME. p Anne Michel
BNP Paribas Cardif fait son entrée Bruxellesveutdisposerdupouvoirde démantelerouderecapitaliserlesbanques sur le marché chinois de l’assurance-vie M.Barnier, commissaire chargé des services financiers, présentera un projet de création d’une autorité communautaire de résolution des crises bancaires Bruxelles Bureau européen
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a mise en place de l’union bancaire promet une nouvelle passe d’armes explosive entre la Commission européenne et l’Allemagne: Michel Barnier, le commissaire chargé des services financiers, devrait présenter, mercredi 10juillet à Bruxelles,une proposition destinée à gérer les crises bancaires au niveau européen. Contre l’avis de Berlin, il va proposer de confier à la Commission, et à une future « agence communautaire», le pouvoir de démanteler ou de recapitaliser un établissement en difficulté. L’idée est, au passage, de mettre surpiedd’icidix ansunfondseuropéen de sauvetage de quelque 60 milliards d’euros, financé par un prélèvement sur les banques. Forte de 150 à 300 fonctionnaires, l’autorité de résolution doit, à terme, travailler main dans la main avec le futur dispositif de supervision du secteur qui sera placé, à partir de l’automne 2014, sous l’égide de la Banque centrale européenne (BCE). PourBruxelles,ilest indispensable d’aller vers une autorité la plus intégrée possible, capable de surmonterles divergencesentreautorités nationales. Divergences qui ont, depuis le déclenchement de la crise, compliqué le sauvetage de banques comme Dexia, ou Fortis, en suscitant de fortes tensions entre les Etats concernés.
« Ce dont nous avons besoin, c’est d’un dispositif communautaire, qui permette de décider dans l’urgence, en un week-end », dit une source bruxelloise. Dans ce but, un « conseil de résolution », entre autres composé au sein de la future agence, de représentants de la BCE et des pays concernés, serait chargé de préparer des recommandations, afin de permettre à Bruxelles de trancher en dernier ressort.
Berlin menace d’une plainte Mais l’Allemagne ne l’entend pas de cette oreille. Elle menace de porter plainte devant la Cour de justice de l’Union européenne, pour contester le projet préparé à Bruxelles. Pour la chancelière Angela Merkel, il n’est pas question d’accepter de déléguer autant de pouvoirs à la Commission, sans maintenir en première ligne les autorités nationales. Car, avant la mise en place du fonds européen prévue par M.Barnier, c’est le Mécanisme européen de stabilité (MES) – le fonds de secours de la zone euro mis en place au plus fort de la crise des dettes – qui risque d’être sollicité pour aider une banque en difficulté, en complémentdes fonds nationaux. « Tant que la gestion des crises bancaires nécessitera l’engagement de fonds publics nationaux, il n’ya aucune raison de voir un organe européen prendre les décisions qui engagent de l’argent alle-
mand», dit un haut fonctionnaire berlinois. Avant d’aller de l’avant, Wolfgang Schäuble, le ministre allemanddesfinances,exigeunemodification des traités européens. Mais cette demande paraît difficile à exaucer dans un avenir proche. Auprès de Mme Merkel, on réfléchit plutôt, d’après nos informations, à une voie moyenne, en réformant le traité à l’origine du MES, afin d’adosser l’autorité de résolution sur le fonds de secours de la zone euro. Cetteoptionpermettraitau gouvernement allemand, et au Bundestag, de contrôler les décisions de la future autorité, puisque les décisionssont prises à l’unanimité danscette enceinteintergouvernementale. L’enjeu est d’importance, alors que les Européens ont du mal à tourner la page de la crise, en dépit du calme relatif des marchés depuis l’été 2012. « Ce qui rend la discussion si difficile, c’est qu’à un moment ou un autre, on retombe sur la question de la mutualisation des fonds européens », dit un expert européen. Mme Merkel est d’autant moins encline à transiger qu’elle prépare sa campagne électorale pour les élections législatives de septembre. La Commission, elle, veut voir sonprojet adopté par les Etats, et le Parlement européen, avant les élections européennes de mai2014. p Philippe Ricard
La filiale de la première banque française rachète à ING ses 50% dans une coentreprise avec Bank of Beijing, une banque régionale chinoise
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ienvenue aux équipes de BNP Paribas Cardif », flashait, lundi 8 juillet, le grand écran plasma dans le hall de la tour de Bank of Beijing, située dans l’équivalent du quartier de la Défense à Pékin. Les dirigeants de l’assureur, filiale de BNP Paribas, étaient de passage pour signer un partenariatavec labanquerégionale chinoise, à travers une prise de participation de 50 % d’une coentreprise consacrée à l’assurancevie. Cette part appartenait jusquelà au néerlandais ING. Le prix de la transaction n’a pas été précisé. Cet accord va permettre à BNP Paribas Cardif, déjà très présent en Asie avec un chiffre d’affaires local de 3,8 milliards d’euros, en croissance de 25 % en 2012, de faire son entrée sur le marché chinois. Enfin ! « C’est un grand moment. Cela fait dix ans que je travaille sur ce projet», se réjouit Eric Lombard, PDG de BNP Paribas Cardif. L’enjeu est de taille pour le Français, sachant que le pays à la taille d’un continent est en route pour devenir le deuxième marché de l’assurance-vie d’ici à 2020. Mais si le gâteau est gros, la part dévolue aux étrangers est mince : seulement5% desprimes collectéeschaque année. Pour BNP Paribas Cardif, la longue marche a débuté en 2003, avec l’ouverture d’un bureau de représentation. Deux ans plus tard, selon les règles du jeu très strictes en Chine, il aurait pu prétendre à acheter un acteur local ou créer sa
propre entité. Mais l’un ou l’autre se sont révélés compliqués. La Chine octroie au compte-gouttes les licences permettant d’opérer en solo sur son marché, et les vendeurs ou partenaire sont rares. BNP Paribas Cardif cherchait une allianceavec une banque pour qu’elle distribue ses contrats d’épargneou d’assuranceemprunteur à ses guichets, comme elle le fait en Europe avec BNP Paribas mais aussi en Inde ou en Corée du Sud avec d’autres réseaux bancaires. En Chine, seules cinq banques sont autorisées à créer des filiales d’assurance-vie dans l’empire du Milieu. Et la Banque de Nankin, le partenaire chinois dont BNP Paribas détient près de 15 %, ne figure pas parmi ces heureux élus.
Développement L’heure de BNP Paribas Cardif, elle, est venue avec les déboires d’ING, contraint par la Commissioneuropéennede céderdesactifs pour compenser l’aide publique dontle groupea bénéficiédurantla crise financière. Le bancassureur néerlandais avait réussi à s’allier avec Bank of Beijing, l’une des principales banques commerciales régionales chinoises créée en 1996 par la fusion de 90coopératives. « Bank of Beijing est l’un des grands succès du système bancaire chinois », souligne M. Lombard. La banque née à Pékin, qui compte 200 agences et 10 millions de clients, s’étend sur une partie de la façade maritime orientale de la
Chine. Elle a misé son développement sur des alliances avec des groupes étrangers, comme l’espagnol Santander dans le domaine du crédit à la consommation. ING, qui détient 13,7 % de Bank of Beijing, avait établi la coentreprise d’assurance en 2002. Elle emploie désormais 750 personnes. « Le contrat phare en Chine est un produit mixte, entre épargne et protection qui offre des garanties en cas de coup dur. Nous comptons également développer notre offre d’assurance emprunteur », poursuit M. Lombard. L’exemple d’Axa est encourageant. L’assureur a réalisé un coup de maître en obtenant, en 2010, les faveurs d’ICBC (Industrial and Commercial Bank of China), l’un des géants bancaires du pays. Aujourd’hui, Henri de Castries, le PDG d’Axa, se frotte les mains de cet accord. « Nous avons potentiellement le partenaire le plus puissant », a-t-il indiqué en mai. En octobre 2010, Axa – allié depuis 1999 à un groupe minier chinois – a ouvert le tour de table de leur coentreprise à la banque qui a pris la part du lion, avec 60 % du capital.La part du français est alors descendue à 27,5 %. En échange, ICBC distribue dans ses 16 000 agences des produits d’assurance de la coentreprise. L’effet s’est fait sentir : cette dernière qui se plaçait au 38e rang du marché en termes de primes collectées a grimpé au premier trimestre au 12e rang. p Isabelle Chaperon
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économie & entreprise
Mardi 9 juillet 2013
Innover tout en économisant, l’«équation compliquée» de France 2 Dotée d’un budget en baisse, la chaîne publique présente une grille de rentrée très remaniée
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omment faire mieux avec moins ? Cette question se pose, désormais, par les responsables des programmes de France Télévisions alors que le groupeaudiovisuelpublicestengagé dans un sévère plan d’économies, avec un plan de départs volontaires de 650 équivalents temps plein, et d’importantes réductions des coûts de grille. C’est dans ce contexte, et après France 5 et France 3, la semaine dernière, que France 2, première chaîne publique française, devait présenter, lundi 8 juillet, ses grandes orientationspourlarentrée.Lanouvelle grille résulte d’«une équation compliquée à résoudre», de l’aveu mêmede Philippe Vilamitjana,son directeur de l’antenne et des programmes: « Cette rentrée doit marquer un profond renouvellement de l’offredeFrance2quiveutmieuxcoller à son époque, dans un contexte de fragmentation et d’érosion des audiences,avecunecontraintebudgétaire: économiser plus de 10 millions d’euros par rapport à 2011.»
Abaisser le coût de la grille Hors information et sport (qui dépendent de directions séparées), l’enveloppe allouée aux programmes de France 2 était de 522 millions d’euros en 2011. En 2012, elle était descendue à 512 millions, mais pas moins de 27 soirées étaient dédiées au sport (Jeux olympiques de Londres) ou à l’information (élections présidentielle et législative). Pour 2013, elle n’est plus que de 509 millions d’euros. Et la baisse va se poursuivre : 506 millions d’euros sont prévus pour 2014. Renouveler les contenus Parfois taxée d’immobilisme, la chaîne publique suit désormais une ligne selon laquelle arrêter des émissions n’est plus un tabou. « Soit les émissions se renouvellent et gar-
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Venue de France Inter, l’humoriste Sophia Aram animera un talk-show d’actualité en « access prime-time », une tranche horaire stratégique. AMMAR ABD RABDO/ABACAPRESS
dent un lien avec le public, soit elles s’arrêtent», dit M. Vilamitjana. Il a reçu ces derniers mois Philippe Lefait, Nagui ou Béatrice Schönberg pour leur annoncer l’arrêt des émissions qu’ils présentent, respectivement « Des mots de minuit », « Taratata » ou « Histoires en série ». L’offremusicaleestlaplusremaniée : aux trois émissions existantes, dont « Taratata », se substitue une « marque » unique, « Alcaline », déclinée en trois rendez-vous quotidien, hebdomadaire et mensuel, avec un live au Trianon. Plusieurs prime time événementiels culturels sont aussi prévus. En parallèle des arrêts d’émission, les programmes de flux (ceux diffusés une fois) font l’objet de renégociations. Des émissions sont aussi allongées, notamment l’après-midi, et les programmes de
stock (destinés à être rediffusés) seront davantage exploités. Fidéliser l’audience Côté fiction, la chaîne mise désormais sur les séries longues, comme « Détectives »,« CandiceRenoir» ou « La Brigade », avec Clovis Cornillac, qui fidélisent les téléspectateurs et sont moins onéreuses. France 2 se lance aussi dans la fiction d’avant-20 heures avec deux séries: « Parents mode d’emploi », l’histoire d’« un couple quadra d’aujourd’hui », et « Y a pas d’âge », de Jérôme Commandeur, qui mettra à l’écran « quatre colocataires seniors contraints de vivre avec un cinquième plus jeune ». Vivifier l’« access prime time »
France 2 souffre sur la tranche stratégique de l’« access prime time » (17 h 30 - 20 heures). Outre les fic-
tions courtes, la chaîne va miser surune thématiqueàsuccès, lacuisine, avec l’émission « Dans la peau d’un chef » que présentera Christophe Michalak à 17 h30. Puis Sophia Aram, venue de France Inter, animera un talkshow qui reviendra sur l’actualité dujour «avechumeuret humour». C’estun paripour la chaîne,et pour l’humoriste, qui sera opposée à Antoine de Caunes (Canal+), Cyril Hanouna (D8) et Anne-Sophie Lapix (France 5). « Ce sera un vrai spectacle, avec plein de rubriques, des live… », décrit M. Vilamitjana. Entre ce talk et la fiction courte, France 2 calera un nouvel écran publicitaire, à 19 h 15, puis conservera un jeu, mais les contrats n’excéderont pas trois mois, afin de donner à la direction plus de souplesse et de réactivité. p Alexis Delcambre
Racheté par le japonais Softbank, Sprint va disposer de nouveaux moyens face à AT&T et Verizon
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’heure est aux changements dans le paysage américain des télécommunications. Le rachat, approuvé vendredi 5 juillet par la Federal Communications Commission (FCC), l’autorité de régulation américaine, de l’opérateur Sprint Nextel par le géant japonaisSoftbankdevrait durablement bouleverser ce marché et modifier les rapports de forces entre les géants du secteur. La transaction, qui voit 78 % du capital de Sprint passer entre les mains du japonais pour 21,6 milliards de dollars (16,8 milliards d’euros),devrait permettreau troisième opérateur mobile américain, dans le rouge depuis le rachat de Nextel en 2004, de sortir la tête de l’eau. Elle lui donnera aussi les moyens de rivaliser sérieusement avec les deux leaders du secteur, AT&T et Verizon. Car, sur les 21,6 milliards de dollars d’argent frais mis sur la table par Softbank, 5 milliards devraient servir à recapitaliser Sprint. En outre, la nouvelle entité constituée par les deux groupes devient le troisième opérateur mondial, avec la force de frappe financière que cela implique. Car Softbank est bien décidé à faire de Sprint un géant du mobile en investissant massivement dans sa nouvelle filiale. Dans un entretien, paru lundi 8 juillet dans le quotidien japonais Nikkei, MasayoshiSon, l’emblématique patron du groupe nippon, a indiqué vouloir dépenser 16 milliards de dollars en deux ans en équipements.
M.Moscovici a répondu, aux Rencontres d’Aix-en-Provence, au «french bashing» ambiant Aix-en-Provence Envoyée spéciale
Nouvelledonnesur le marchéaméricaindu mobile Analyse
«Quand je me regarde, je me désole. Quand je me compare, je me console»
Sprint, troisième opérateur américain RÉPARTITION DES ABONNÉS AU MOBILE, AUX ÉTATS-UNIS EN 2012, EN %
Verizon
AT&T
30
32,5
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7,5 6
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T-Mobile USA TracFone
Sprint
Autres SOURCE: IHS OPERATOR MULTIPLAY INTELLIGENCE
Le but : rattraper le retard de Sprint dans la téléphonie mobile de quatrième génération (4G) – la norme LTE outre-Atlantique –, sur laquelle AT & T et Verizon sont très avancés. « Sprint était en retard sur ce marché, car il avait opté pour la technologie Wimax, un haut débit mobile, de moins bonne qualité que la 4G LTE », explique Dexter Thillien, du cabinet IHS iSuppli.
« Aller voir ailleurs » Selon le cabinet d’études Chetan Sharma, au premier trimestre 2013, le revenu issu de l’Internet mobile n’a cessé de croître grâce à la4G, atteignant21milliardsde dollars fin mars. Une somme qui devrait plus que quadrupler d’ici à la fin de l’année pour atteindre 91 milliards de dollars, soit un peu moins de la moitié du revenu des
opérateurs, le reste étant toujours assuré par la voix et les SMS. Avec l’argent frais de Softbank, poursuit M. Thillien, Sprint, qui a racheté la totalité du petit opérateur Clearwire, spécialiste du Wimax, va pouvoir convertir tout le spectre de fréquences dont il dispose en 4G et ainsi séduire plus de clients. « Sprint et Clearwire disposent de fréquences intéressantes: le 2,5 gigahertz, qui permet un débit très important », relève M.Thillien. Avec la montée en puissance de Sprint, la suprématie d’AT&T et de Verizon est menacée. La mise aux enchères de nouvelles fréquences (à 600 mégahertz) va ainsi être plus disputée. Avec le soutien de Softbank, Sprint va pouvoir se doter des smartphones les plus récents – il vient juste de récupérer l’iPhone d’Apple – et les vendre à
un prix attractif. Pour répliquer, AT&T et Verizon vont probablement devoir racheter des plus petits opérateurs locaux afin de couvrir toujours plus de population. Notamment dans les régions rurales. Mais, insiste un expert du secteur, « ils sont tellement gros que leurs marges de manœuvre sont assez limitées finalement. Ils sont constamment sous l’œil des autorités de régulation». « Leur seule option, ce serait d’aller voir ailleurs, en Europe par exemple, où les valorisations des opérateurssont trèsbasses »,reconnaît M. Thillien. Des rumeurs indiquaient récemment la volonté d’AT&T de mettre la main sur l’espagnol Telefonica. De son côté, Verizon aimerait bien récupérer les parts dont dispose le britannique Vodafone dans Verizon Wireless, sa branche mobile. Autre effet probable de l’émergence d’un troisième géant sur le mobile américain : le rachat de T-Mobile, quatrième acteur du secteur, par Dish Networks. Le câblo-opérateur, qui voulait ravir Sprint à Softbank mais avait finalement renoncé, chercherait toujours un partenaire dans le mobile. L’allemand Deutsche Telekom, propriétaire de T-Mobile, serait, selon certaines rumeurs de marché, vendeur. Dish pourrait aussi tenter de racheterdesopérateurslocauxafin de se renforcer face aux trois nouveaux géants. Selon les experts, les mouvements de marché ne sont pas près de se terminer. p Sarah Belouezzane
n croyait le « french bashing » – cette pratique de dénigrement de la France – réservée à quelques Anglosaxons goguenards à l’évocation des 35 heures et des « grandes vacances». Aux rencontres économiques d’Aix-en-Provence, samedi6 etdimanche 7 juillet, l’Hexagone en a pris pour son grade, par des Français et en français. Des petites phrases ou des critiques plus franches,qui témoignentde la sinistrose ambiante mais aussi de l’agacement grandissant vis-à-vis des pouvoirs publics, jugés incapables,quinquennataprèsquinquennat, de faire bouger les lignes. Lapremièresalvea eulieu samedi, à 8 h 15, dans un amphi plein à craquer de Sciences Po-Aix, à quelques mètres du cours Mirabeau. En sept minutes, « top chrono », Christophe de Margerie, PDG de Total, Laurent Berger, secrétaire général de la CFDT, George Plassat, patron de Carrefour, Augustin de Romanet, à la tête d’Aéroports de Paris (ADP), devaient s’exprimer sur le thème: « Y a-t-il une spécificité française ? » Leur réponse ? Oui : la France a une particularité, elle va particulièrement mal. Extraits: « On est les deux pieds dans la glaise, et on regarde nos chaussures» (Laurent Berger). « On est dans un pays étatiste, élitiste. Où on s’en remet au système (…), où règne un mépris de l’intelligence manuelle » (George Plassat). « En France, le vrai problème c’est l’Etat (…). On s’occupe de l’Etat, de ce qu’il vanous apporter. On en est encore à papa-maman»(ChristophedeMargerie). «La France est un pays où on n’aime pas l’argent ni le contre pouvoir… où l’on pense que quand l’assietteduvoisin se remplit,la vôtre se vide» (Augustin de Romanet). Même si Laurent Berger souligne l’urgence de « redonner de l’espoir » et de lutter contre la tentation de noircir le tableau, le ton n’est pas très encourageant. Preuve que le « déni » français n’est plus d’actualité. Ce déni que le magazine The Economist avait fus-
tigé dans son édition du 31 mars 2012, en caricaturant en « une » la campagne présidentielle par une version du Déjeuner sur l’herbe d’Edouard Manet avec les visages de François Hollande et Nicolas Sarkozy. La présence, à Aix, de Sophie Pedder, journaliste à l’hebdomadaire britannique, pour animerlesdiscussionsa-t-elleinfluencé les débatteurs? Pas vraiment.
« Moqueries » L’idée d’une France surendettée, sclérosée et déclassée, n’est plus le monopoledes«déclinistes».Lelendemain, Pierre-André de Chalendar, PDG de Saint-Gobain, confirme: «Depuis un an, on est passé du déni au zigzag. » Une référence expliciteàunepolitiquedugouvernement,quiseraitmouvanteetdéstabilisante. Applaudissements. Pierre Moscovici, qui doit intervenir plus tard, est aux premiers rangs. Ses lèvres se pincent. Quand son tour vient à la tribune, quelques minutes plus tard, il assure «comprendrelesdoutes» maissentant les « moqueries », appelle à reconnaître la « noblesse » de la tâche politique. Huées dans la salle. Au fond de l’amphithéâtre, on entend un « out, out » (dehors). Le ministre contre-attaquera plus tard lors d’une conférence de presse improvisée en plein cagnard sur le parvis de la faculté de droit. « Il n’y a pas de “zigzag” pas de déni, mais une trajectoire courageuse», insiste-t-il jugeant, au passage, l’attaque de M. de Chalendar « inélégante». «Soyons fiers de la France, plutôt que de céder à nos démons nationaux ! » Pour mener les réformes tantattendues,illuifautl’adhésion descitoyens,unespritcollectif.Aussi, face au « french bashing », le ministre choisit la « positive attitude», comme le fit, en son temps, le premier ministreJean-PierreRaffarin. Au fond, par rapport à d’autres paysd’Europe,laFrancene vapassi mal, assure aussi M. Moscovici avant de citer Talleyrand, légèrement réadapté : « Quand je me regarde, je me désole. Quand je me compare, je me console.» p Claire Gatinois
Pour EADS, l’espionnage est «un peu comme un viol»
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ous sommes une cible de choix» de l’espionnage économique, a reconnu Günter Butschek, directeur des opérations d’Airbus dans un entretien au quotidien allemand Welt am Sonntag, dimanche 7juillet. Selon lui, EADS, maison mère de l’avionneur européen, n’a pas attendu pour se protéger des récentes révélations d’Edward Snowden, ex-consultant, aujourd’hui en fuite, de l’Agence américaine de sécurité nationale sur l’existence de Prism, le programme de surveillance des communications mondiales par les EtatsUnis. « Presque une réunion de la direction d’Airbus sur deux discute sécurité informatique», dit-il. « C’est normal d’être attaqué pour un groupe d’aéronautique et de défense », reconnaît-on chez EADS. Au fil des années, avec la montée en puissance d’Airbus face à l’américain Boeing, la lutte contre l’intelligence économique a pris de l’ampleur. Selon nos informations, le service chargé d’organiser la défense du groupe contre l’espionnage, baptisé Informations technologiques, dispose d’un budget d’environ 100 millions d’euros par an. Ces dernières années, « nous
avons été assez souvent attaqués », admet Marwan Lahoud, directeur général délégué d’EADS. « L’essentiel des attaques que nous détectons vient de quelqu’un qui usurpe l’identité d’un cadre du groupe» pour voler des informations, précise-t-il. Désormais, les tentatives d’espionnage empruntent le plus souvent les réseaux informatiques. A maintes reprises « nous avons mesuré des flux de données aux points d’entrée du groupe», pointe M.Lahoud. Pour y faire face, EADS a « restructuré [ses] réseaux pour avoir moins de points d’entrées». Mais, surtout, EADS adopte des mesures « à l’ancienne». Lors des discussions de fusion avec le groupe britannique de défense BAe, à l’automne 2012, « il n’y avait rien sur les réseaux», note le directeur général délégué. Il en « avait été de même lors de la création d’EADS», en 2000. Chez EADS, on ressent cet espionnage industriel « un peu comme un viol. Il y a un côté psychologique important, car on entre dans nos secrets». A la différence d’autres sociétés, elles aussi victimes de ces intrusions, EADS a choisi de ne pas se taire. p
Guy Dutheil
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économie & entreprise
Mardi 9 juillet 2013
Les électriciens japonais misent sur la relance du nucléaire
CONJONTURE
Grande-Bretagne: plusforte haussedes CDIdepuisdeuxans
Alors que l’Archipel s’est doté, lundi 8juillet, de nouvelles normes de sécurité, le gouvernement espère que les Japonais retrouveront confiance dans cette énergie, après le drame de Fukushima Tokyo Correspondance
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eux ans et quatre mois aprèsledébutdelacatastrophe de Fukushima, l’Archipel s’est officiellement doté, lundi 8 juillet, de nouvelles normes de sécuritédans le nucléairepourtenter de rassurer sur une énergie qui générait 28 % de son électricité avant le séisme et le tsunami survenus le 11 mars 2011. Rédigées par l’Autorité de régulationdunucléaire(ARN) – structure indépendante mise en place en septembre 2012 pour remplacer les agences précédentes ayant failli à prévenir le drame de Fukushima –, les nouvelles normes doivent éviter la récurrence des problèmes à l’origine de la pire catastrophe nucléaire depuis Tchernobyl : négligence, confiance exagérée,obsessiondu profit au détriment de la sécurité. Des nouvelles règles – formulées en dépit des réticences des entreprises craignant l’impact financier de leur mise en œuvre– quiprévoient,entreautres: unrenforcement des mesures antisismiquesetde protectioncontre les tsunamis ; des moyens pour éviter tout risque d’interruption du refroidissement des réacteurs ; ou encore la protection des cœurs des réacteursface aux risquesterroriste et de chute d’avion. Le redémarrage des 48 réacteurs à l’arrêt (sur les 50 en service avant le 11 mars 2011, seuls deux fonctionnentaujourd’hui) estsoumis à l’autorisation de l’ARN. Les compagnies doivent également obtenir l’accord des collectivités locales et du gouvernement. Le premier ministre, Shinzo Abe, s’est déjà prononcé en faveur de la relance des réacteurs. Lundi – au lendemain d’une nouvelle manifestation antinucléaire à Tokyo et malgré un rejet de cette énergie par 58 % de la population selon une enquête du quotidien Asahi –, quatre entreprises ont postulé pour relancer cinq centrales, soit dix réacteurs. L’ARN, qui a chargé trois équipes de 80 personnes d’étudier leurs
La Banque de France a rehaussé de 0,1 point, lundi 8 juillet, sa prévision de croissance pour la France au deuxième trimestre, la portant à 0,2 %. – (AFP.)
Commerce Les exportations allemandes baissent
L’excédent commercial allemand a de nouveau reculé en mai sur un mois en données brutes, à 13,1 milliards d’euros, en raison d’une baisse des exportations plus marquée que celle des importations, a indiqué, lundi 8 juillet, l’Office fédéral des statistiques. – (AFP.)
Finance La Grèce proche d’un accord avec l’Union européenne et le FMI pour un nouveau prêt
Tomoya Ichimura (à gauche), un des responsables de l’ARN, reçoit d’Osamu Sakai, vice-président d’Hokkaido Electric Power Company, les doléances de l’entreprise, lundi 8 juillet, à Tokyo. KOJI SASAHARA/AP
dossiers, ne devrait pas rendre ses conclusions avant six mois. « Les opérateurs de centrale doivent adopter une véritable culture de la sûreté, soulignait, jeudi 4 juillet, le président de l’ARN, Shinichi Tanaka, et non se contenter du minimum requis pour respecter les nouvelles normes », qui sont «parmiles plus exigeantesdu monde».
Des problèmes persistent Une source non japonaise de cette industrie estime qu’« aujourd’hui,les compagniesnipponesont un niveau de conscience élevé de la sûreté ». Mais des problèmes persistent. La compagnie d’électricité de Tokyo (Tepco) est soupçonnée delimiterau maximumses dépenses pour le démantèlement de la centrale de Fukushima, au détriment notamment de la santé des travailleurs. Dans ce contexte, son projet annoncé le 2 juillet de relancer deux réacteursdans le département de Niigata (nord) s’est heurté à une vive opposition locale.
Les nouvelles normes obligent à revoir le modèle économique du nucléaire car le démantèlement de réacteurs n’ayant pas atteint la limite des 40 années d’utilisation est devenu possible. C’est le cas du numérodeux de la centrale de Tsuruga (département de Fukui, centre) construit sur une faille active. Une telle opération est estimée à 90 milliards de yens (695 millions d’euros) et devrait générer 540 000 tonnes de déchets radioactifs. D’où une réflexion sur lestockagedesdéchetsetsurl’accélération de la mise en route du site de retraitement de Rokkasho (nord), construit en 1993 mais qui n’a jamais fonctionné. Par ailleurs, une commission, qui travaille depuis le 25 juin sur de nouvelles règles comptables pourle nucléaire,envisageraitd’inclure le coût du démantèlement dans le prix de l’électricité. De quoi rendre moins attractif le coût du kilowatt-heure d’origine nucléaire, même si les industriels maintiennent que « le sur-
coût engendré par les normes reste inférieur à celui provoqué par le non-redémarrage des 48 réacteurs». Dans l’attente, la nouvelle donne offre des opportunités à des groupes comme Areva. L’entreprise française va fournir à HitachiGeneral Electric des systèmes de ventilation filtrée qui « neutralisent » les émissions radioactives dans les réacteurs à eau bouillante. Elle va également vendre au Japon des recombineurs d’hydrogène pour éviter les explosions en cas d’accident. Le 7 juin, le dirigeant d’Areva, Luc Oursel, qui accompagnait le président François Hollande en visite au Japon, a signé un accord avec les sociétés Atox et Japan Nuclear Fuel Ltd pour développer des savoir-faire dans le démantèlementet l’assainissementdes zones contaminées. La construction au Japon d’un site de production de MOX, combustible contenant du plutonium, est aussi prévue. p Philippe Mesmer
Pour 70% des acheteurs, il s’agit de leur première voiture. Rien n’est trop beau pour les soigner
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ne glace ? Un thé ? Un jus de fruit ? En Chine, pour se rafraîchir et supporter l’écrasantechaleur de l’été, quoi de mieux que de se rendre dans… une concession automobile ! Ici, le client est roi. Tout est fait pour recevoir dans les meilleures conditions les quelque 10 millions de nouveaux conducteurs que compte chaque année le pays. « Près de 70 % des acquéreurs de voiture sont des primo-accédants, il faut donc les soigner, car cet achat correspond à un très important sacrifice pour eux », décrypte ChristopheMusy,le directeurcommercial de PSA Peugeot Citroën en Chine, en faisant visiter un des lieux de vente emblématique de la marque aux chevrons à Wuhan : « La toute première concession Citroën de Chine et la plus importante du réseau avec plus de 5500 ventes par an. » Comme dans n’importe quelle concession européenne, le site, très aéré, présente les différents véhicules de la marque. Chaque visiteur n’achète pas une voiture, mais « la tradition est de laisser sa
Le nombre d’emplois à durée indéterminée (CDI) a augmenté à un rythme sans précédent depuis plus de deux ans, en juin, en Grande-Bretagne, selon une étude du cabinet d’audit KPMG et de la Recruitment & Employment Confederation, publiée lundi 8 juillet. L’indice mesurant les CDI s’est inscrit à 57,6 en juin, au plus haut depuis avril 2011. Les données montrent aussi que les salaires des CDI ont augmenté à leur rythme le plus soutenu depuis près de deux ans, tandis que la hausse pour les contrats à durée déterminée est la plus forte depuis plus de cinq ans. Un autre rapport, du cabinet d’audit BDO, montre que la confiance des entreprises britanniques n’a jamais été aussi élevée depuis mai2012. – (Reuters.) p
La Banque de France relève sa prévision de croissance
En Chine, les constructeurs occidentaux d’automobiles font tout pour choyer les clients dans les concessions Wuhan et Shanghai Envoyé spécial
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carte quand on vient dans ce lieu. Nous disposons donc d’une importante base de données de clients potentiels. Et, contrairement à l’Europe, quand nous les démarchons, près d’un quart achète ! ». Avant devenir sur le lieu de vente, « beaucoup d’acheteurs ont fait d’importantesrecherchessur Internet, ajoute Mathieu Vennin, le responsable des 768 concessions des marques au lion et aux chevrons. Dès lors, en concession, il s’agit de négocier la voiture et ses options». Le vendeur et son client peuvent s’asseoir pendant des heures dans le salon installé au cœur de la concession pour négocier. Le cendrier, plein de mégots de cigarettes, témoigne de la durée des échanges. « Nous disposons de bureaux privatifs, mais ils sont rarement utilisés. Négocier devant tout le monde est valorisant », indique Arnaud Ribault, le patron de la marque DS, dans une concession flambant neuve à Shanghaï. La voiture négociée, il faut passer à la caisse. L’essentiel des véhicules est acheté cash. « Dans l’intérieur des terres, on paie toujours au comptant, tandis que, dans le sud du pays, dans des marchés plus matures, les Chinois achètent de
plus en plus souvent des véhicules à crédit », reprend M. Ribault. L’heureux acheteur rejoint ensuite les bureaux de l’immatriculation et de l’assurance, également proposées par la concession. « Le guichet unique est très répandu en Chine. En une journée, vous pouvez tout régler et repartir avec votre voiture », reprend M. Vennin.
Prise en charge raffinée Comme en Europe, les concessions chinoises proposent aussi l’après-vente. « Au lieu de venir une fois tous les 15 000 kilomètres pour faire réviser leur voiture, ils viennent tous les 7 500, cela les rassure. On a compté qu’ils revenaient en moyenne entre quatre et cinq fois par an chez nous ! » Derrière les caisses s’étend une vaste salle. La dizaine de personnes confortablement installées dans des fauteuils a les yeux rivés sur une télévisionqui propose une série quelconque. De temps en temps, elles jettent un œil sur les ateliers de réparation, derrière la longue baie vitrée. « L’automobile de la famille est tellement importante que les clients n’hésitent pas à rester le
temps de la réparation. Nous offrons des tickets-restaurant pour ceux qui doivent rester de longues heures, indique M. Vennin. C’est l’une des rares absences du travail autorisées par leur employeur.» Le nec plus ultra reste la salle de cinéma proposée par les dernières concessions rénovées de Peugeot. En revanche, la marque au lion ne propose pas le massage, offert par certains de ses concurrents… Si ces pratiques ne seront jamais dupliquées en Europe, « de nombreux standards d’accueil et de service développés en Chine sont en train d’être transférés en Europe », assure un cadre de PSA. Plus on monte en gamme, plus la prise en charge est raffinée. En Chine, les rois de l’accueil en concession sont, pour les constructeurs haut de gamme, Audi – qui va jusqu’à offrir des espaces parking privatisés dans les aéroports – et, pour les généralistes, Nissan, selon la dernière étude du cabinet JD Power, publiée le 2 juillet. Citroën, troisième de ce classement, et Peugeot, cinquième,progressent mais peuvent encore mieux faire. Une autre glace ? p Philippe Jacqué
La Grèce a affirmé, dimanche 7 juillet, être proche d’un accord avec l’Union européenne et le Fonds monétaire international (FMI) sur la réduction du nombre d’emplois publics, ouvrant la voie au versement d’une nouvelle tranche de prêt de 8,1 milliards d’euros. Pour rester sous perfusion, Athènes s’est engagée à supprimer 4 000 emplois publics d’ici à la fin de 2013. – (AFP.)
400 000
dollars
Soit 311 800 euros, c’est le montant qu’aurait perçu l’ancien secrétaire américain au Trésor, Timothy Geithner, pour trois conférences données ces derniers mois, selon des informations du Financial Times, lundi 8 juillet. Ces émoluments en font l’un des conférenciers les mieux payés du monde, à l’égal de l’ex-président américain, Bill Clinton, et de l’ancien premier ministre britannique, Tony Blair.
Textile Accord entre distributeurs et syndicats pour l’inspection des usines au Bangladesh
Soixante-dix chaînes de distribution, dont Carrefour et le britannique Tesco, se sont engagées, lundi 8 juillet, auprès des syndicats bangladais à inspecter les usines de textile du pays et à effectuer les travaux de sécurisation. – (AFP.)
Energie GDF Suez s’allie avec le portugais EDP dans l’éolien en mer
GDF Suez a choisi de s’allier à EDP Renovaveis, filiale du groupe portugais EDP pour répondre au deuxième appel d’offres français dans l’éolien en mer, rapporte, lundi 8 juillet, le journal LesEchos.
Osram, filiale de Siemens, entre en Bourse
L’allemand Siemens s’est séparé de son activité d’éclairage avec l’entrée à la Bourse de Francfort, lundi 8 juillet, de sa filiale Osram.
Agroalimentaire Danone baisse ses prix en Chine
Danone a annoncé, lundi 8 juillet, une baisse comprise entre 5 % et 20 % des prix de sa gamme de nourriture infantile à la marque Dumex en Chine. Le groupe français, comme ses concurrents, fait l’objet d’une enquête des autorités chinoises sur une possible entente sur les prix sur ce marché très lucratif.
Automobile Fiat monte au capital de Chrysler
Fiat a annoncé, lundi 8 juillet, l’achat d’une tranche de 3,3 % du capital de Chrysler pour 254,7 millions de dollars (198,5millions d’euros). Le groupe italien détient 68,49% du constructeur américain.
« L’automobile, c’est un hybride entre le téléphone… et le chien» Carlos Ghosn, le PDG de Renault et Nissan, s’exprimant, samedi 6 juillet, aux Rencontres économiques d’Aix-en-Provence, sur l’avenir de la consommation automobile dans le monde et son attrait dans les pays émergents. « On n’achète pas un chien pour ses performances», a poursuivi M. Ghosn.
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Mardi 9 juillet 2013
Nouvel outil àtout faire, facile àutiliser, le smartphone est désormais solidement ancré dans notre quotidien… cinq ansseulement après le lancement du premiermagasin d’applications d’Apple.Un succès fulgurant qui n’a pas fini dechambouler l’univers numérique
Comment les «applis» ont conquis le monde T apez « anniversaire» dans votre magasin d’applications mobiles préféré, et vous aurez l’embarras du choix. Une « appli » pour ne plus jamais oublier de fêter vos proches, une deuxième pour connaître leur signe astral, une troisième pour apprendre aux enfants à organiser le fameux goûter déguisé avec les copains… Grâce à son smartphone, impossible d’oublier une date importante, comme le 11 juillet 2008, qui a bouleversé l’univers du numérique, voire plus. Ce jour-là, Apple lance son App Store, diminutif d’«Applications Store», qui constitue aujourd’hui la plusgrossepartiedel’iTunes,le« jukebox» numérique d’Apple, qui vend aussi de la musique, des films ou des séries. Il permet désormais au détenteur d’iPhone et d’iPad de piocher parmi plus de 850 000 applications, ces petits programmes qui se téléchargentfacilementpourapparaîtreensuite sous la forme d’un bouton carré sur l’écran de son appareil. Il y a des « applis » pour tout : sur Voyages-SNCF, on achète son billet de train en un clic, sur la RATP, on repèresa lignedemétro,et grâce à taxis-G7, on réserve son taxi. Ce n’est pas le fondateur d’Apple, Steve Jobs (1955-2011), qui a inventé le mécanisme, qui existait dès le début des années 2000. Mais c’est bien le magasin frappé de la pomme, ergonomique, facile d’accès et surtout lié à une Carte bleue, qui a permis leur envol. Dès le lancement, le succès est fulgurant.En troisjours,Apple comptabilisait déjà plus 10 millions de téléchargements. La barre des cent millions est franchie en septembre 2008. La même année, Google se lance à la poursuite d’Apple avec l’Android Market, rebaptisé depuis Google Play. En quelques mois, les « apps » deviennent un phénomène planétaire, au point de ringardiser la Toile, ou presque. Wired, la célèbre revue américaine consacrée aux nouvelles technologies, proclame même la mort du Web en 2010 ! Pourquoi en effet surfer sur la Toile, vaquer de site en site, faire des recherches sur Google, quand tout est accessible à partir d’un seul bouton, en quelques glissements de doigt ? Cinq ans après, le Web n’est toujours pas mort. Mais les applications continuent de rebattre les cartes, bousculant des géants comme Facebook ou Microsoft. Elles ont su se rendre indispensables dans la vie quotidienne des individus. Et comme le Web à ses origines, elles ont fait émerger des activités innovantes.
Nouvel outil à tout faire, le smartphone est devenu pour certains une extension de soi-même. « C’est le seul objet à s’être retrouvé dans nos poches avec le trousseau de clé et le portefeuille», rappelle Frédéric Potter, le fondateur de Netatmo, qui conçoit des objets télécommandés grâce à une application. « Difficile d’imaginer la vie sans “applis”», admet Sébastien Bizeul, enseignant, qui a répondu à l’appel à témoignages du Monde.fr. Emma D., étudiante à Paris, précise : « Les applications m’ont rendu la vie plus facile. C’est un vrai gain de temps. Je sais par exemple avant d’arriver à la gare sur quelle voie se trouve mon train. » Pour l’instant, les usages restent essentiellement ludiques : les jeux et les réseaux sociaux sont les plus utilisés. En témoignent les « cartons » d’AngryBirds – un jeu de lancer d’oiseaux – conçu par le suédois Rovio, de Draw Something – une sorte de Pictionnary en ligne mondialisé – ou de Zynga Poker, signés par l’américain Zynga.En ce moment, c’est au tour de Candy Crush, un Tetris amélioré inventé par King.com, de tenir la corde. En réalité, plus aucun secteur ne peut aujourd’hui échapper aux applications. « Tous les grands groupes savent qu’ils ne doivent pas rater la vague. De toute façon, l’investissement n’est pas énorme pour eux. En moyenne, une application classique coûte entre 20 000 et 150 000 euros », affirme Romain Goyet, le cofondateur d’Applidium, une société qui développe
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milliards d’applications téléchargées Le 16 mai, Apple a passé la barre des 50 milliards d’applications téléchargées. Google suit de près, avec plus de 48 milliards de téléchargements sur Google Play. Derrière, la concurrence est à la traîne. Microsoft dépasse à peine les 160000 applications disponibles et BlackBerry les 120000, contre plus de 850 000 chez Apple et bientôt 1 million chez Google. En 2012, le marché mondial des applications représentait plus de 30 milliards de dollars (23,3 millions d’euros), selon le cabinet d’étude ABI Research.
des applications pour Canal+, la RATP ou Intersport. Les commerçants – VentePrivée.com réalise 26 % de ses transactions sur mobile – ou les banques n’ont plus le choix. Le mobile est un passage obligé. « Les établissements bancaires qui ne proposent pas d’applications dignes de ce nom prennent aujourd’hui un risque majeur », avertit Eric Delannoy, vice-président du cabinet de conseil Weave. Pour les banquiers, il est indispensable de rester en contact avec des clients qui poussent de moins en moins la porte des agences. Chez Boursorama Banque, 30 % à 40 % du trafic est ainsi réalisé grâce au mobile. A la Banque postale, 20% des connexions aux services de gestion de compte se font à partir d’un téléphone portable. Mais ces services sont encore perfectibles. « Il est trop souvent impossible de contacter son conseilleravec son appli.Très rares sont celles qui permettent de déclarer la perte ou le vol de sa carte bancaire en un clic et une majorité ne donnent même pas les conseils de base pour bien la sécuriser », énumère Steffen Binder, cofondateur de la société Myprivatebanking Research. Mais les applications promettent de bouleverser des secteurs d’activité bien établis et de remettre en cause les positions de certains acteurs. Ainsi, les mastodontesde la cartede paiement,Visa et Mastercard, pourraient finir par être fragilisés par le recours croissant à Paypal. Cette filiale d’eBay permet d’effectuer des paiements sur Internet et sur mobile en entrant un simple identifiant. Au Royaume-Uni, le client de Pizza Express,détenteur d’un compte PayPal, n’a plus besoin d’utiliser sa Carte bleue. Une fois son repas terminé, il saisit son téléphone, lance l’application du restaurant, inscrit le code de son repas indiqué sur le ticket de caisse, puis son identifiant Paypal et le tour est joué… Exit la carte de paiement, et donc les commissions des émetteurs de cartes traditionnels. « Fin 2010, nous avons enregistré 750 millions de dollars [584 millions d’euros] de transactions sur mobile. Cette année, ce chiffre atteindra 20 milliards de dollars », note Gimena Diaz, ladirectrice généralede PayPal en France. Dans le tourisme, des acteurs 100 % Web comme TripAdvisor font trembler desinstitutions du guide de voyages,comme Le Guide du routard ou Le Guide vert Michelin. Surfant depuis des années sur les avis de consommateurs, la société de
«C’est la standardisation des services numériques»
Daniel Kaplan, délégué général de la Fondation Internet nouvelle génération DÉLÉGUÉ GÉNÉRAL de la Fondation Internet nouvelle génération (Fing) et membre du Conseil national du numérique, Daniel Kaplan suit de près les évolutions du numérique depuis les années 1990.
L’avènement des App stores pour smartphone marque-t-il une rupture dans le numérique ?
Y
Oui. En 2008, tout le monde se creusait la tête pour savoir comment faire décoller l’Internet mobile, qui est alors considéré comme un sous-Web. Grâce aux applications, ce qui est complexe devient ludique. Les magasins d’applications apparaissent en même temps que l’iPhone et la 3G, ainsi qu’un modèle économique viable. Même si ce dernier est plus favorable à Apple et Google qu’aux éditeurs d’applications,
tout le monde a eu alors intérêt à développer le marché.
Les applications ont-elles modifié les usages numériques ?
Avec elles, le smartphone est devenu une interface générale, la fenêtre qui nous connecte aux gens et bientôt aux objets. Mais on ne fera pas tout sur un téléphone… et l’on redécouvrira bientôt des vertus à l’ordinateur, notamment dans le monde professionnel. Contrairement au PC, le mobile est un outil avec lequel on communique et on consomme plus que l’on ne produit. Cela va un peu à l’encontre des idéaux du Web…
L’une des idées du Web, c’est le brouillage des frontières entre consommateurs et producteurs. Ce mélange est beaucoup moins présent sur les applications. Une « app», c’est prêt à être utilisé. De
fait, c’est une standardisation des services numériques. Avant Apple et Google, développer une application était un enfer, il fallait l’adapter pour chaque modèle de téléphone. On voit ce que chacun a gagné en termes de simplicité d’usage. Mais il ne faut pas négliger les effets négatifs. Il règne par exemple une véritable opacité sur l’utilisation et la circulation des données personnelles. Surtout, les applications ont des conséquences sur l’innovation. C’est-à-dire ?
Elles communiquent très peu entre elles. On s’éloigne du bouillonnement du Web, de ses aspects collaboratifs, qui permettent d’inventer de nouvelles pratiques. Mais les choses peuvent changer avec l’arrivée de la plateforme libre Firefox OS, et d’un
langage informatique, le HTML5, qui permet de créer des applications directement sur le Web, contournant ainsi les App stores. Pourquoi éviter les magasins de Google et Apple ?
Parce que le système est trop concentré autour de ces géants. Leurs critères de validation d’une application sont assez sévères, surtout chez Apple. Ce dernier bloque, par exemple, les applications qui concurrencent ses services. Cela a des conséquences industrielles, comme par exemple la déconfiture de Nokia, de Microsoft ou de BlackBerry. On risque de graver ainsi dans le marbre la domination de certains acteurs. Comme Facebook, qui est installé d’office sur les smartphones, est devenu synonyme de réseau social. p
Propos recueillis par J. D.-C.
« C’EST LE SEUL OBJET À S’ÊTRE RETROUVÉ DANS NOS POCHES AVEC LE TROUSSEAU DE CLÉS ET LE PORTEFEUILLE » Frédéric Potter Fondateur de Netatmo
Boston propose déjà une vingtaine de « City Guides », des applications consacrées à une ville, comme Paris ou Londres. On y trouve les visites à ne pas manquer, les bons plans restauration ou logement, unecarte dulieu, etc. Le tout étant disponible sans connexion Internet. Plus de 60 millions de personnes utilisentchaquemoislesapplicationsTripAdvisor. « Grâce à la géolocalisation, qui nous permet d’identifier l’endroit où se trouve l’utilisateur, nous pouvons suivre la personne même quand elle est en mouvement. Notre boussole numérique guide facilement les touristes vers la destination de leur choix, et les accompagne dans leur visite», se félicite Adam Medros, vice-président de TripAdvisor. Grâce à la simplicité « apps », la « domotique» (le contrôleélectronique à distance des équipements de la maison), connaît unenouvelle jeunesse.« Nous commercialisons une box sur laquelle tous les objets motorisés de la maison sont connectés. A partir de là, on peut être alerté sur une fuite d’eau, être informé de la présence de quelqu’un par un capteur vidéo, ou ouvrir la porte à distance», indique Emmanuel Joumard, à la tête de la division automatisation de Somfy. L’entreprise a déjà vendu quelques dizaines de milliers d’équipements. D’autres proposent d’affiner le pilotage énergétique. « On vous alerte sur les heures creuses et pleines en fonction de la programmation de votre machine à laver. On vous dit combien vous coûte votre lampe de chevet », explique Olivier Ledoux, qui a lancé LifeDomus. Cette facilité d’usage donne un nouvel élan à des entreprises qui se développaient jusqu’ici lentement. Inauguré en décembre 2011, Autolib’ a réellement décollé depuis que les usagers peuvent réserver leur voiture et leur place de stationnement sur leur application mobile. « En deux mois, nous avons doublé le nombre de réservations. Chaque semaine, 55 000 clients réservent une voiture, dont 80 % avec leur mobile, indique Morald Chibout, directeur général d’Autolib’. Avant,il fallaitappeler, aller surle siteInternet ou sur une borne dans la rue. » Pour proposer l’application utile et pratique, il faut réussir à travailler avec de nouveaux partenaires. Une révolution culturelle chez Ingenico. Le leader mondial des terminaux de paiement souhaite proposeraux petitscommerçantsson propre magasin d’applications, qui leur offrirait « des services de caisse enregistreuse, de promotion, de carte de fidélité, d’inventaire… », énumère Jean-Marc Thienpont, chargé de la stratégie mobile chez Ingenico. Mais il est impossible de concevoir ce « bouquet applicatif » sans s’appuyer sur des développeurs extérieurs, spécialisés dans les solutions mobiles. « On ne peut pas tout faire», reconnaît-il. Chez les géants mondiaux du numérique, la terre a déjà tremblé. En cinq ans, Apple a écarté des firmes historiques de la téléphonie mobile. Nokia, qui fut pendant des années le numéro un du secteur, mais qui a raté le virage des smartphones, n’est plus que l’ombre de lui-même. Même déconfiture pour BlackBerryqui, pionnier du mail sur téléphone mobile, n’a pas su faire évoluer ses services. Même Google, qui régnait en maître sur la Toile, a failli rater le train. « Quand ils ontlancé Android Market,ilsont été trèscritiqués sur la qualité technique. La réalité, c’est qu’ils ne cherchaient pas vraiment à le développer », indique Carolina Milanesi, analyste chez Gartner. Se lancer dans les magasins d’applications était en effet une démarche contre nature pour Google. Pourquoi pousser l’internaute hors du Web, et donc du moteur de recherchequi y génère l’essentiel de ses recettes ? Google a décidé de passer outre, et aujourd’hui, son Google Play est présent
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Les Européens privilégient les applications jeux et météo
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Jeux
15
7
France
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Encyclopédie, documentation
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Météo
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Actualités
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Sport
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TV/Vidéo
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Réseaux sociaux
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Musique
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6
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Lecteur de codes-barres
Achats en ligne
Moyenne de l’Europe à 5 (France, Espagne, Italie, Allemagne, Royaume-Uni)
TAUX DE PÉNÉTRATION DES SMARTPHONES EN FRANCE
PART DES SMARTPHONES DANS LE TOTAL DES TÉLÉPHONES MOBILES ACHETÉS EN FRANCE
53 %
62 % décembre 2011
71 % décembre 2012
Le développement d’Android s’accélère PART DE MARCHÉ DES SYSTÈMES D’EXPLOITATION SUR LES VENTES TRIMESTRIELLES DANS LE MONDE, EN % 75
60
TOP 10 DES A P au 30 juin 20 PLICATIONS 13 LES PL US TÉ LÉCHA SUR L’A RCHÉE RÉPARTITION DES PAGES VUES EN EUROPE PP STO S EN F RE RANC PAR SUPPORT, EN % E, 1 Moi, m SUR L oche e E GOO t M m 2,6 Tablette in 3,5 é ion 3,3 GLE PL chant 6,8 8,1 : AY (AN Game Rush DROID Mobile loft (je 5,6 4,6 Moi, m 6,7 ) u) o c h 2 e 5,2 e Freebo t M m inion R échan x Com t: pagno Game ush Ma Fre n/ loft (je e 24 u) Freebo box x (TV) Faceb o 3 VS. Ra Faceb ok ook cing 2 Macie (résea k Dreja u socia k Labs l) (jeu) Candy C r u 4 s Sprink h King.c le om Lim Saga Fire Fig : Water Spla ited (je s h ux) h t ing ing Fu Medio n ! c PC r e AB ( 68,1 86,5 89,6 90,2 92,3 S k y p e jeu) 5 Candy Skype (comm King.c Crush Saga unicat om Lim ion) ited (je u) Hair S a 6 Secre 677g.c lon - Kids G t pass ames o m (jeu a g Hidde es : ) n Pocke Objects t Gem Shaza s, Inc. (jeu) Shaza m 7 Tour d m e Limite Entertainme Amau France 201 d (Mus nt ry Spo 3 ique) rt Organ isation F a cebo (Sport ) Carbe 8 Faceb ok Messeng o ook er Fuel M France (résea edia S u social) e rvice (conso Roy. Pays- Italie Allemagne France mmat Pet Re ion) -Uni Bas s King.c cue Saga 9 Can Yo om (je u Esca u) Kaarel p Kirsipu e u (jeu) 4 imag Google 10 Lotum es 1 Mot M GmbH Google aps (jeu) , Inc. ( localis ation) PARTDE MARCHÉ DES MOBILES Subwa Nom d y e SELON LE SYSTÈME D’EXPLOITATION Kiloo ( Surfers Editeu l’applicatio r de l’a jeu) n EN 2012 DANS LE MONDE,EN % pplica tion (c atégor ie) Android
Les Français naviguent peu sur Internet depuis leur mobile
PRINCIPAUX USAGES DES TÉLÉPHONES MOBILES, EN %
20
7
74,4
Android
iOS (Apple)
Symbian (Nokia) Microsoft Autres
BlackBerry Bada (Samsung)
68,8 %
50 40
18,8
30
18,2
20
Autres
10
2,1
0
Microsoft T1 2010
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T3 2011
T1 2012
T3 2012
T1 2013
INFOGRAPHIE LE MONDE
sur un très grand nombre de smartphones, en particulier les Samsung. Sa part de marché est désormais supérieure à iTunes. Mais ses recettes dans le mobile en général – publicité plus applications –, s’élèvent à 8 milliards de dollars en 2012. A peine 1/6e de son chiffre d’affaires. Sur le mobile, la guerre dépasse largement l’affrontement entre Google et
iOS (Apple)
4,5
2,5
BlackBerry Symbian (Nokia)
3,3
SOURCES : FORRESTER ; COMSCORE ; GARTNER ; IDC ; DISTIMO
Apple. « Les applications les plus populaires, comme Twitter ou surtout Facebook, avec Facebook Home [une interface à télécharger sur l’iPhone qui remplace celle d’Apple] rêvent de contourner les boutiques des deux géants », assure Mme Milanesi. Les dernières pépites du Net – comme l’« appli » photo Instagram (racheté par Facebook) ou Vine, sa déclinaison vidéo –
sont des applications nées sur le mobile. Les pionniers d’un nouveau monde. p
Sandrine Cassini, Julien Dupont-Calbo et Frédéric Cazenave
n Sur Lemonde.fr
Retrouvez les témoignages sur l’utilisation des applications mobiles dans l’article « L’assistanat moderne, c’est le smartphone ».
Apple, un univers impitoyable LA MÉSAVENTURE a fait le tour de la planète « tech ». Le 5 avril, AppGratis a été expulsée séance tenante d’App Store, le magasin d’applications d’Apple. Motif de cette décision brutale : AppGratis, qui vend aux autres « applis » de la visibilité sur App Store et promet ainsi de belles places dans le palmarès des applications les plus téléchargées, ne respectait pas la réglementation imposée par Apple. Un retournement peu compréhensible dans la mesure où la start-up française, qui avait levé, en janvier, 10 millions d’euros auprès d’Orange et de Publicis, n’avait jusque-là reçu aucun avertissement de la firme à la pomme. En interdisant l’accès à son iTunes, Apple lui a donné un coup d’arrêt brutal. Pourtant, trois mois après, AppGratis n’est pas mort. Son PDG, Simon Dawlat, s’est terré dans le silence. L’application est désormais disponible sur Google Play, mais n’a été téléchargée qu’un million de fois, loin, très loin, des 12millions de clients qu’elle avait sur l’iPhone.
Le cas n’est pas isolé. « Il y a deux ans et demi, 6 000 applications ont été retirées en même temps », se souvient Paul Amsellem, de Mobile Network Group, une société de marketing mobile qui a développé AppCity, un outil comparable à AppGratis.
Des règles plus contraignantes Pour qu’une application soit distribuée par App Store, elle doit respecter les règles fixées par Apple en matière de technologie (certains standards sont requis) et de contenus (les applications « adultes» sont bannies). Avec l’explosion du marché, ces règles sont devenues plus contraignantes. «La politique d’Apple sur la sécurité, par exemple, est justifiée. Le système d’exploitation d’Apple est beaucoup plus protégé que celui de Google», note Basile Carle, analyste à l’Idate, un institut spécialisé dans les technologies. Mais au-delà du bien-être de l’utilisateur, Apple veut protéger ses intérêts. Principale difficulté pour les éditeurs,
détecter les règles non écrites. « Il y a une zone blanche, une zone noire et une zone grise, qui fluctuent», explique M. Amsellem. « Apple nous disait depuis deux ans qu’il prendrait des mesures sur ce type d’outil. Ils ont fini par faire un exemple sur AppGratis. » Officiellement, il s’agissait de protéger le classement des applications les plus téléchargées en bannissant ces outils de promotion. Depuis, Apple a révisé son jugement… et lancé son propre outil de mise en avant. Les récriminations des éditeurs sont nombreuses. Ils se plaignent qu’Apple conserve les données collectées sur leurs propres clients. Et les 30 % prélevés par le géant américain sur leurs transactions les rendent fous. En face, Google Play, moins regardant, peut donner l’image d’un paradis. L’Autorité de la concurrence française a lancé une enquête exploratoire sur le marché des magasins d’applications. Le Conseil supérieur de l’audiovisuel, pour sa part, rêve de réguler ces boutiques. p Sa. C.
LaChinerésiste auxsirènesaméricaines Shanghaï Correspondance
Qihoo 360, Baidu, China Mobile, UCWeb ou encore 91 Mobile. Voilà les noms des magasins d’applications en vogue dans l’empire du Milieu, proposant une kyrielle d’applications, surtout des jeux gratuits. S’il est un pays qui résiste à la domination des plates-formes Apple et Google, c’est bien la Chine. Les géants américains du Web s’y sont d’ailleurs lancés avec prudence. Apple n’a ouvert son magasin d’applications libellé en yuans qu’en novembre2011. Amazon, qui a créé sa librairie en ligne pour Kindle en chinois en décembre2012, a lancé à son tour une plate-forme de téléchargement d’applications payantes et gratuites au début du mois de mai2013. Quant à Google, il ne propose pour l’heure que de télécharger des applications gratuites. L’hésitation de Google illustre la complexité du marché des applications en Chine. En froid avec les autorités de Pékin depuis sa fronde contre la censure sur la navigation Internet, mais dominant dans les mobiles (son système d’exploitation Android équipe 51,4% du marché chinois au premier trimestre 2013, selon Kantar World Panel), l’américain ne parvient pas à devenir le distributeur d’applications de référence dans le pays. Les Chinois préfèrent s’en remettre à une multitude d’applications locales, changer de lubie régulièrement et surtout garder leur portefeuille en poche. C’est une spécificité de l’usager local. «Les Chinois ne sont pas prêts à payer pour des applications ou du contenu», résume Yin Jingxue, d’Analysys International, un cabinet d’étude des tendances de l’Internet chinois.
Apple en a fait d’ailleurs l’expérience au printemps 2013, lorsque le site 7659.com a proposé gratuitement quantité d’applications payantes disponibles dans son magasin… Là n’est pas la seule barrière. Les étrangers sont également confrontés à un consommateur préférant une application du cru, qu’il juge mieux adaptée à ses besoins spécifiques. «Les produits proposés en Chine doivent être localisés», dit Mme Yin. Plutôt que d’utiliser Google Map comme le reste du monde, les Chinois s’orientent en utilisant les applications de géolocalisation de Baidu ou de Gaode, qu’ils jugent mieux renseignées sur les restaurants, les boutiques et autres services autour de chez eux.
Premier débouché mondial Pénétrer le lucratif marché des applications de messagerie en ligne et de réseaux sociaux est également une gageure. Il convient en effet d’intégrer les mécanismes de censure imposés par Pékin. Ce qui permet aux services chinois de prospérer. Après le succès de Weibo proposé par Sina, un équivalent local de Twitter, c’est désormais WeChat, la plate-forme de discussion du géant de l’Internet local Tencent, qui prend le dessus en Chine. L’entreprise, basée à Shenzhen, a annoncé en mars que WeChat disposait de 194millions d’usagers actifs en Chine. Depuis l’automne 2011, l’empire du Milieu est devenu le premier débouché mondial pour les fabricants de smartphones. Le pays comptait 420 millions d’usagers de l’Internet mobile fin 2012, selon le Centre d’information chinois sur le réseau Internet, le bureau d’analyse étatique. Un gros gâteau qui se partage… entre Chinois. p
Harold Thibault
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Mardi 9 juillet 2013
Nousnevoulonspasqu’uneéconomiedelacroissance
«Le Monde» publie un texte de Hugo de Gentile, élève de l’EM Lyon, sélectionnépar le Cercle des économistes dans le cadre de l’opération«Inventez 2020, la parole aux étudiants», organisée du 5 au 7juillet à Aix-en-Provence
L
e Cercle des économistes a invité cent étudiants de 18 à 28 ans à participer aux 13es Rencontres économiques d’Aix-en-Provence qui se sont déroulées du 5 au 7 juillet. Ils ont été sélectionnés parmi les centaines d’étudiants de toute formation, de tout niveau, de toute région, qui ont participé à l’initiative « Inventez 2020, la parole aux étudiants», lancée par le Cercle. Il leur était proposé de rédiger un texte de réflexion prospective de 15 000 signes maximum sur leur vision du monde en 2020. Voici celui de Hugo de Gentile, étudiant à l’EM Lyon.
«
Dans quel monde voudrions-nous vivre en 2020? De but en blanc, et tous en chœur, nous dirions : un monde plus compréhensible, moins verrouillé, plus souriant. Oui, plus souriant. Nous sommes unanimes: le commandant de bord a perdu de vue la finalité de notre voyage. La croissance? Non, justement, le bonheur. Et le commandant de bord, qui est-il ? Qui tient les rênes ? A dire vrai, nous n’en savons rien. Mais formuler notre malaise, c’est déjà trouver des réponses. Je souhaite avant toute chose décrire notre perception du monde actuel et nos insatisfactions. Neuf propositions de réponses viendront en seconde partie de texte. Au fil du temps, nous avons cherché un moyen de maximiser le bonheur individuel et collectif. Nous en sommes arrivés à un système de production, de consommation, et d’échanges perçu comme le moins pire de tous : le capitalisme. Financier, qui plus est. Pourtant, si la recherche du bonheur nous a conduits à préférer ce système économique, en aucun cas sa conséquence directe(la recherchede lacroissance)n’embrasse en totalité sa cause première (la recherche du bonheur). Rationnellement, donc, ce serait une erreur de confondre les deux: il n’y a pas de réciprocité dans cette relation de causalité. Pourtant, l’améliorationde nosconditionsde vieest longtemps allée de pair avec la croissance économique, si bien que nous avons fait l’amalgame. Mais nous entrons dans une phase de renversement,duenotammentaurééquilibrageprogressifdes rapportsdeforcegéoéconomiques,àl’intérieurdelaquellesebattre pour des dixièmes de point de croissance peut engendrer une perte significative de bien-être social. Nous ne sommes peutêtre pas si Homo economicus que cela. Aujourd’hui,nous devons d’un côté estimer les efforts fournis par rapport au gain de bien-être (peut-on faire mieux? Peut-on être plus productif, plus compétitif?) et de l’autre, sortir de cet amalgame afin de revenir à des réflexions plus basiques pour fonderun nouveaumodèleou,plussagement, ajuster le modèle actuel. Parce que l’économie contraint, de nos jours, la politique et régit une part importantede nosrelationssociales,vous,économistes, êtes dotés d’immenses pouvoirs. Vous êtes les théoriciens et analystes d’un modèle quasi omnipotent. Voltaire disait: “Un grand pouvoir implique de grandes responsabilités.” Cela fait sens sans trop de difficultés. Continuer d’agir uniquement en scientifiques serait donc une grave erreur morale car les pouvoirs qui vous sont conférés sont ceux de “bonheuristes” (je m’autorise le néologisme). Vous vous devez donc d’être à la fois scientifiques et philosophes. Les populations, et les nouvelles générations en particulier, n’attendent donc plus uniquementdes économistesl’analysedes tenants et aboutissants de l’économie afin d’en comprendre les soubresauts et d’en initier les ajustements. Nous attendons aussi de vous la conception des modèles économiques à venir, dont la finalité doit être la maximisation du bonheur social. C’est un rôle qui, je pense, n’est pas pleinement assumé à ce jour, y compris au sein du Cercle des économistes.
« JAMAIS UNE GÉNÉRATION N’AURA ÉTÉ AUSSI CONSCIENTE DU MONDE QUI L’ENTOURE »
En effet, quel est le but des Rencontres économiquesd’Aix-en-Provence?Historiquement, la réponse est “stimuler le débat économique”. On pourrait ainsi penser quela finalitéest scientifique,que ces Rencontres ne sont qu’un grand remueméninges autour d’un sujet cloisonné : l’économie. Ce serait faux. La question posée ici aux 18-28 ans est “Dans quel monde aimeriezvous vivre ?” En d’autres termes, vous nous demandez de décrire l’espoir que nous avons d’être heureux dans la société de demain. Le sujet sous-jacentde ces Rencontreséconomiquesest donc bien ce projet de recherche du bonheur collectif. Et pourtant, il n’est fait mention ni du bonheur,ni du“bien-êtresocial”, ni de laqualité de vie dans les 23 sessions des Rencontres. Alors que tous les regards sont tournés vers vous sur ces sujets. Au risque de paraître primaires, nous, les “djeuns”, voulons sourire ! Nous voulons être heureux! Nous voulons une économie du bonheur et non pas seulement une économie de la croissance! Nous voulonsunmodèledurableafin desesentiren sécurité. Rechercher la croissance ? Si et seulement si cela a un impact positif sur notre qualité de vie : nous ne voulons pas perdre de vue ce qui nous rend réellement heureux, ou au contraire ce qui nous rend malheureux. Le fait que notre bonheur se mesure mal n’est pas une excuse selon nous.
C
ette idée qu’une confusion est faite par notre société entre croissance et bonheur est férocement ancrée dansl’inconscientde lajeunessefrançaise. Nous ne comprenons pas la finalité du travail que l’on nous propose. De notre point de vue, tout cela est irrationnel: le travail pour la croissance, la croissance à l’infini, lacompétitivitétêtebaissée.Non,croissance et bonheur ne sont définitivement pas synonymes. Bref, nous, génération Y: – sommes heureux d’avoir accès aux nouvelles technologies; – sommes heureux d’avoir un smartphone, une console de jeux, un ordinateur portable, de quoi manger, une éducation quasi gratuite et sommes conscients d’être une génération pourrie-gâtée, bien loin du mythe de l’orange de nos parents ou grands-parents; – ne comprenons pas qu’il faille prendre des somnifères et mettre des boules Quies pour dormir, boire des bols de café pour rester éveillé, faire deux heures de transportparjoursicen’estpluspourpouvoirtravailler,êtrestresséen permanence, prendre des antidépresseurs et frôler cha-
que jour la crise de nerfs afin d’avoir accès à ces douceurs technologiques. En d’autres termes, nous pensons que les priorités sont actuellement mal hiérarchisées. Nous avons conscience d’avoir atteint le sommet de la pyramide de Maslow [besoins]. Mais les éléments des échelons inférieurs tombant en ruine (logement, santé, sécurité, etc.), la situation nous paraît parfois absurde. Nous sommes décontenancés lorsque nous rencontrons des jeunes de pays en développement souriant comme jamais nous n’avons souri. Nous nous disons que les choses ne sont peut-être pas faites dans le bon ordre ici. Ou peut-être la satisfaction matérielle ne compense-t-elle pas ce sentiment d’une liberté bafouée, cette impression que nous avonsde marchersur des cheminstout tracés qui nous apportentbeaucoup d’insatisfaction au bout du compte. Nous sommes fatigués de tourner en rond au dernier étage de cette pyramide. Nous y sommes enfermés, bloqués. Au moindre dérapage, nous nous imaginons dégringoler tous les échelons en même temps. Emploi, argent, voiture, logement, famille parfois. L’exclusion guette. Nous nous sentons donc condamnés à vivre à toute vitesse, contre notre gré. Nous sentons le vent du boulet et comprenons que dans notre société, il n’y a pas de demimesure, il faut courir de toutes ses forces. Nous rêvons d’échapper à tout cela car nousnous sentons tout sauf libres. Au Bangladesh, au Gabon, nous ne trouvons peutêtre pas le confort auquel nous étionshabitués, mais travailler dans des ONG et voir ces souriresréchauffentsi bien le cœur que nous abandonnons volontiers tous ces biens matériels. Au Brésil, en Australie, le travailse fait de façonsi souriante,si détendue et l’environnement est si agréable que même des semaines de cinquante heures ne viendraient pas à bout de notre bonne humeur. Aux Etats-Unis, nous sommes satisfaits de l’argent que nous gagnons et nous savons que le marché de l’emploi connaît un roulement important. Bien sûr, ces perceptions sont idéalisées et chacune decesdestinationsoffresonlotdedésavantages, mais c’est le sentiment que nous en avons.C’estcequipermet,parcontraste,de mettre en lumière les choses que nous souhaiterions voir évoluer d’ici à 2020. L’unedescaractéristiqueslesplusimportantes de notre génération est notre connexion au monde. Cela a un impact substantiel sur nos attentes. Sans parler d’intelligence, jamais une génération n’aura été aussi consciente du monde qui l’entoure. C’est aussi ce qui engendre une certaine incompréhension: être conscient, c’est aussi savoir qu’on ne sait pas.
Nous sommes témoins de la diversité du monde, et nous comparons les modes de viegrâce à descontenusde qualité: photos, vidéos, articles, témoignages… C’est en se comparant à certains pays en voie de développement que nous prenons conscience de notre chance. De notre superficialité parfois.
« NOUS NOUS SENTONS CONDAMNÉS À VIVRE À TOUTE VITESSE, CONTRE NOTRE GRÉ »
U
ne partie grandissante de la jeunesse s’intéresse ainsi au monde associatif,humanitaire,àl’entrepreneuriat social. Il ne s’agit pas de cas isolés, mais bien d’une tendance : beaucoup de jeunes veulent donner du sens à leur vie professionnelle.Acetitre,l’économiesociale et solidaire est attirante. Le Prix Nobel de la paix Muhammad Yunus est devenu un mentor, une icône pour un grand nombre d’entre nous. Son concept de “social business”, censé nous conduire “vers un nouveau capitalisme”, séduit (pas de perte, zéro dividende). Résoudre des problèmes sociaux tout en ayant un résultat financier modérément bénéficiaire nous semble conciliable. La dépendance de la plupart des associations et ONG aux dons nous est insupportable : nous affectionnons les modèles stables, durables. Première proposition : créer un statut légal d’entreprise conforme à la définition quedonneM.Yunusdu “socialbusiness”de type I : “Une entreprise rentable, ne distribuant pas de dividende et dont le but est social, éthique ou environnemental.” Cela a été fait aux Etats-Unis. Deuxième proposition: créer une Bourse de “social business” en France, gérée publiquement, afin de donner la visibilité nécessaire à ces entreprises, et leur faciliter l’accès aux fonds. Troisième proposition: lancer, en complément des deux propositions précédentes, des “social impact bonds”, des instruments financiers d’une intelligence remarquable, qui ne présentent que des avantages pour l’Etat : le privé se penche sur les problèmes sociaux, éthiques, environnementaux, et il est récompensé financièrement en cas de succès. Cefaisant, les entreprises du “socialbusiness” devraient en théorie supplanter à long terme les entreprises classiques car, bien que se développant plus lentement, elles réinvestissent la totalité des sommes perçuessoitdansl’améliorationdelaqualitéduproduitouduservice,soitdanslabaisse des prix proposés aux clients. Les actionnaires,quantà eux,veillentà ceque l’entreprise soit correctement gérée. » p
n Sur Lemonde.fr
Retrouvez le texte intégral, incluant les six autres propositions de Hugo de Gentile, sur Lemonde.fr, onglet « Idées », puis « Points de vue ».
management 9
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Mardi 9 juillet 2013
Les pièges de la géolocalisation en entreprise
Boîtiers GPS, badges… Tout système installé à l’insu du salarié, pour surveiller l’activité ou le temps de travail, peut coûter très cher à l’employeur
L
e 16mai, la cour d’appel d’Orléans a examiné un conflit peu banal opposant une entreprise de nettoyage et l’un de ses ex-salariés. Licencié en raison de son manque d’assiduité au travail, l’employé avait porté l’affaire devant les Prud’hommes, dénonçant les méthodes peu orthodoxes utilisées par sa direction pour surveiller sesfaits et gestes.Afin devérifiers’il se rendait bien sur les sites dont il avait la charge, la société avait installé un dispositif de géolocalisation dans son véhicule. Mal lui en a pris : estimant que cet outil n’avait pas vocation à prouver la faute du salarié, la cour d’appel a considéré que le licenciement était infondé, confirmant ainsi la décisiondesPrud’hommes.Débouté,l’employeur s’est vu, en outre, condamné à 4000 euros de dommages et intérêts. Amesurequelesdispositifsdegéolocalisation se généralisentau sein des entreprises, ce genre d’affaire se multiplie devant lestribunaux.BoîtiersGPS, badgeset applicationssursmartphonepermettentdésormais de localiser à tout moment les salariés. Des outils dont les employeurs se montrent friands. Constatant « l’essor sans précédent » des systèmes de surveillance des salariés dans son rapport annuel présenté en mars, la Commission nationale de l’informatique et des libertés (CNIL) révèle avoir enregistré près de 5 500 déclarationsconcernantdesdispositifsdegéolocalisation en entreprise en 2012. Un chiffre en augmentation de 22,3 % par rapport à 2011. Cet engouement ne va pas sans poser de problème. Si les systèmes de géolocalisation sont généralement présentés par les employeurs comme un moyen d’assurer la sécurité des salariés en déplacement, «ces outils sont parfois détournés à des fins
salariéslibres de leurs déplacements,comme les VRP ou les visiteurs médicaux. Par ailleurs,il est interditd’utiliserunsystème de géolocalisation pour contrôler le temps de travail, sauf lorsque ce suivi ne peut pas être réalisé par d’autres moyens.
BIEN RÉEL, CE RISQUE DE « FLICAGE » SUSCITE LA GROGNE CROISSANTE DES SALARIÉS
JULES LE BARAZER
de surveillance », constate Me Sylvain Champloix, avocat et correspondant « informatique et libertés » à Dijon. Bien réel, ce risque de « flicage» suscite la grogne croissante des salariés. De plus en plus de conflits opposant entreprises et employés et impliquant des dispositifs de géolocalisation défilent devant les tribunaux. Quasimentinexistantsen 2007, une trentaine des contentieux de ce genre ont été présentés en cour d’appel en 2012. Système de géolocalisation installé à l’insu du salarié et détourné à des fins de surveillance,donnéesstockéesde manière
COMMENT DIRIGENT-ILS ?
illicite… Si les motifs de conflit varient, la justice, généralement, donne tort à l’employeur. En effet, de façon à éviter les dérives, ces outils sont sévèrement encadrés. La CNIL veilleau grain.Mais la réglementation demeure méconnue. «Les employeurs ignorent en particulier qu’ils ne peuvent pas utiliser ces outils dans le cadre d’une procédure prud’homale », estime Me Champloix. En clair, se servir d’un système de géolocalisation pour contrôler l’activité d’un salarié n’est que très rarement autorisé. L’employeur n’a pas le droit de l’utiliser pour surveiller les
LE COIN DU COACH
Chrono Flex, le pari gagnant de l’autonomie Profiter et de la coordination de l’été pour La société nantaise s’est redressée en redistribuant le pouvoir vous détendre vraiment
E
n 2009, Chrono Flex « se prend une baffe », raconte son PDG, Alexandre Gérard. Après des années de croissance soutenue, ce spécialiste du dépannage de flexibles hydrauliques sur engins de chantier perd un tiers de son chiffre d’affaires en un an. C’est la chute : de 21 à 14,2 millions d’euros ! En quête de solutions, son patron rencontre Jean-François Zobrist, ex-PDG de la fonderie Favi, où les échelons hiérarchiques ont été supprimés. Il décide d’abandonner le mode de management traditionnel « commande et contrôle», au profit d’une organisation fondée sur la confiance et l’autonomie : « Les techniciens de terrain savent ce dont ils ont besoin pour être efficaces », martèle-t-il. En janvier 2012, il réunit ses 220 salariés pour annoncer la refonte de l’organisation. Il leur demande dans la foulée de décider un redécoupage administratif plus réactif. Les salariés créent treize « zones », contre quatre « régions » auparavant. Les postes de managers intermédiaires disparaissent, comme celui de directeur régional. Désormais,les équipes de terrain élisent des « capitaines » pour les coordonner, et non les diriger, et faire le lien avec le siège qui passe « à leur service ».
Plus de bureaux individuels Chaque équipe décide par consensus des plannings, des objectifs, de l’achat de fournitures et contrôle ses camions. « Même le recrutement leur a été confié : ils font les entretiens et décident de prolonger ou non à la fin de la période d’essai», dit Aude Le Normand, directrice des ressources humaines de Chrono Flex. Les salariésimaginentaussiunnouveaumodederémunération, dont la part variable est fondée sur les résultats de l’entreprise, de l’équipe et du salarié.Pourrenforcerlesentimentd’égalitéetfavoriser l’initiative, la direction gomme les signes de pouvoir. Plus de bureaux individuels ni de places de parkings attribuées. On ne parle plus «d’organigramme» mais de «trombinoscope». Pour prouver symboliquementsa confiance, le PDG part faire le tour du monde durant un an.IlconfielesclésdeChronoFlexàJérômeJambut, le directeur général. M. Gérard profite de son voyage pour étudier de nouveaux marchés. « Une entreprise libérée, c’est également des dirigeants délivrés de la perte de temps que représente le contrôle, et qui peuvent donc se consacrer à être visionnaire », souligne
1995 Création de Chrono Flex 2009 Le chiffre d’affaires de l’entreprise chute d’un tiers 2012 Chrono Flex est « libéré » et redresse son chiffre d’affaires à hauteur de 17,2 millions d’euros 2013 Les 220 salariés décident d’un nouveau mode de rémunération
Isaac Getz, professeur de leadership à l’ESCP Europeet auteur de Liberté & Cie. Alexandre Gérard estime que cette nouvelle organisation a été efficace: en 2012, sur un marché en pleinedécroissance,Chrono Flex a relevé son chiffre d’affaires à 17,2 millions d’euros. La réactivité a été améliorée : « Les équipes de terrain prennent une décision en deux jours, contre cinq semaines auparavant pour remonter les strates hiérarchiques», expliqueMatthieu Wendling, responsable du réseau. Le taux d’absentéisme est passé de 13,2% à 9,2% et le turnover a chuté de 25% à 16 %. Mais ce changement ne s’est pas fait sans heurts. Certains techniciens n’ont parfois pas envie de ces nouvelles responsabilités. « Une petite minorité de salariés a un profil d’exécutant et est plus à l’aise quand on dit ce qu’il faut faire », note M. Getz. Le plus dur a été pour les ex-managersintermédiaires,privésdeleurpouvoir de décision. « Au début, ça m’a angoissé, se souvient M. Wendling, j’avais tendance à inciter les équipes à faire tel ou tel choix. J’ai dû apprendreàfaireconfiance.»Déstabilisés,troiscollaborateurs,dont deux ex-directeurs régionaux,ont quitté le navire. Ce système est-il pour autant synonyme de disparition des managers ? Pas tout à fait. « Entreprise libérée ne veut pas dire anarchie, selon M. Wendling. Mon job a changé. Mon rôle est plus celui d’un coach : je guide les équipes, leur pose les bonnes questions et je les forme pour qu’ils se responsabilisent. » Car si le contrôle permanent a disparu, la liberté s’inscrit dans des cadres portés par l’équipe de dirigeants : le budget, les valeurs et les orientations stratégiques. p Léonor Lumineau
Cinq ans de prison Qui plus est, l’employeur souhaitant se servir d’un système de géolocalisation est contraint à toute une série de démarches: « Outre une déclaration préalable auprès de la CNIL, il doit en informer personnellement chaque salarié, ainsi que les représentants du personnel », indique Me Champloix. Le stockage des données est aussi sévèrement encadré: «Celles-ci ne peuvent êtreconservéesquependantuneduréelimitée, et le salarié doit pouvoir y avoir accès s’il le souhaite», poursuit l’avocat. L’employeur qui ne respecterait pas ces obligationss’exposeà degravessanctions: la collecte illicite de données est passible de cinq ans de prison et de 300 000 euros d’amende. Me Champloix note toutefois une prise de conscience croissante du côté des entreprises: «Depuis deux ou trois ans, les employeurs sont plus au fait de la réglementation», estime-t-il. Une zone grise subsiste : les dispositifs de géolocalisation sur smartphone. « Il est difficile pour la CNIL d’édicter des normes à ce sujet, tellement les technologiesévoluent vite»,estimeMe Champloix.Silesentreprises sont encore peu nombreuses à utiliser ce genre d’outil, de tels systèmes sont bien souvent installés par les salariés euxmêmes. Or, « quand on a activé la fonction de géolocalisation sur Facebook ou Foursquare, l’employeur peut savoir où l’on est », souligne Me Champloix. Big Brother ne se cache pas toujours où on le croit. p Catherine Quignon
QUESTION DE DROIT SOCIAL
Par Francis Kessler, maître de conférences à l’université Paris-I-Panthéon-Sorbonne
Quelle complémentaire santé pour les entreprises?
A
u pays de Descartes où l’on milite pour l’observable, ce qui concourt à l’intelligence émotionnelle est de moins en moins suspect. Accéder au bien-être par la consciencede soi commenceà se frayer un chemin. Ce dernier vient de prendre un nouveau tournant avec l’intérêt porté par la psychiatrie et les neurosciences à des techniques orientales, hier jugées fantaisistes. Pensées et émotions favorisent un état mental qui prémunirait contre le stress. A l’heure où les Français plongent dans la mélancolie, il est temps de retrouver le moral en prenant du recul: la prise de conscience de l’instant permet de soigner ses tourments.A contrario,avoir« le nez dans le guidon»conduit à renverserson café,à se tromper de dossier, à fermer la mauvaise application et autres « sorties de route». Le remède miracle aux esprits pressés et stressés porte désormais un nom : la méditation de pleine conscience (mindfullness). Pourquoi pleine ? Parce que c’est l’attention portée à l’expérience vécue et éprouvée, sans filtre (le principe veut que l’on accepte ce qui vient), sans jugement (on ne décide pas si c’est bien ou mal, désirableou non), sans attente(on ne cherche pas quelque chose de précis) et sans s’accrocher à ce qui se passe. « S’arrêter et observer, les yeux fermés, ce qui se passe en soi (sa propre respiration, ses sensations corporelles, le flot incessant de ses pensées) et autour de soi (sons, odeurs…). C’est tout. C’est simple », résume le psychiatre Christophe André, adepte de cette pratique et auteur de Méditer jour après jour aux éditions L’Iconoclaste (2011). Simple ? Pour des esprits exercés à tout « mentaliser » et pour lesquels un bavardage actif de l’esprit pousse à chercher sans relâche une solution, à maîtriser les émotions et à produire une réflexion approfondie, la démarche est exigeante. L’objectif de la médiation de pleine conscience n’est pasde faire le videdans sa tête ni de faire taire notre bavardage, mais de ne pas se laisser entraîner par lui, en l’observant au lieu de s’y identifier. La position « idéale » étant celle de l’observateur.Profitezde l’étépourdonnerà vos émotions négatives une chance d’exister et de s’exprimer en observant leur impact sur votre corps et vos comportements. Mais attention: interdiction de juger et d’évaluer… On se détend! p Sophie Péters
U
ne couverture complémentaire santé pour tous les salariés, c’est ce que prévoit l’accord national « pour un nouveau modèleéconomique et social au service de la compétitivité des entreprises et de la sécurisation de l’emploi et des parcours professionnels des salariés » du 11 janvier 2013. D’ici au 1er janvier 2016, les entreprises devront donc la mettre en place, soit par accord de branche, soit par accord d’entreprise ou, à défaut, par décision unilatérale de l’employeur. Cette idée, fort généreuse et créditée comme élément de sécurité accompagnant la flexibilisation négociée du marché du travail, a débouchésur de grandesincertitudes.L’accordnationalinterprofessionel (ANI) prévoyait, en effet, un principe de libre choix de l’organisme assureur de santé, mutuelle, institution de prévoyance ou entreprise d’assurance, par l’entreprise. Les projets législatifs ont finalement préféré laisser aux partenaires sociaux d’une brancheprofessionnellela possibilité qu’ils avaient de désignerun opérateur unique.Une clause dite « de désignation » et une dite « de migration » obligeant, peu ou prou, toutes les entreprises de la branche à rejoindre l’assureur choisi par les partenaires sociaux. Bien qu’instaurant un monopole sur un marché donné de protection sociale complémentaire, qui peut s’avérer d’une taille non négligeable pour les grandes branches, les clauses de désignation et de migration ont été acceptées par la Cour de justice de l’Union européenne, dès lors
qu’il était démontré que ladite couverture complémentaire répondait à « un haut degré de solidarité», lui-mêmefonction du respect de certains critères.
Pagaille monstrueuse En revanche, le Conseil constitutionnel a censuré le projetde consécrationlégislative des clauses de désignation au nom de la liberté d’entreprendreetde la liberté contractuelle du… chef d’entreprise. Ce faisant, les juges constitutionnels ont limité le droit des organisations professionnelles à déterminer les conditions de travail figurant au 8e alinéa du préambule de la Constitution. Et ils ont semé une pagaille monstrueuse dans la gestion des contrats collectifs d’assurance complémentaire tant pour la santé que pour la couverture des autres risques. Ne connaissant plus la populationà couvriretsescaractéristiques,l’assureurdevraaugmenter ses tarifs pour combler l’absence de certitude quant à ceux qui le rejoindront. Les grands perdants de cettedécision duConseilconstitutionnel sont d’ores et déjà connus: les employeurs et les salariés des petites et moyennes entreprises. Ils ne pourront plus bénéficier de la « dispersion des risques », c’est-à-dire de la solidarité de la branche: les tarifs d’assurance pourront être élevés. De même, les entreprises qui ont un nombre important de salariés âgés pourraient être considérées comme « inassurables». Etrange résultat pour une loi dénommée « de sécurisation de l’emploi ». p
10/LE MONDE/MARDI 9 JUILLET 2013
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Médecins du Monde, association médicale laïque de solidarité internationale, s'engage depuis plus de 30 ans à soigner les populations les plus vulnérables ici et là-bas, à témoigner des entraves constatées quant à l’accès aux soins, à obtenir des améliorations durables des politiques de santé pour tous. Association indépendante de 65 M d’€ comptant près de 4 000 acteurs bénévoles, volontaires et salariés, nous agissons au-delà du soin en dénonçant les atteintes à la dignité et aux droits humains. Depuis des années, nous sommes au rendez-vous des grands débats qui traversent les sociétés comme les migrations, l'organisation de la solidarité dans l'accès aux soins et à la prévention ou la prise en compte des demandes de soins des populations marginalisées ici ou là-bas. Au travers de programmes innovants basés sur de fortes valeurs de solidarité, nous avons démontré notre savoir-faire en matière de santé publique et pris le risque d’accompagner le changement social à l’international avec des acteurs de la société civile et des systèmes de santé. Nous recrutons notre Directeur Général qui sera en charge, en liaison étroite avec le Conseil d’administration, d’accompagner le développement et les évolutions de notre association et de faire progresser notre mission sociale tant en France qu’à l’international, tout en consolidant notre indépendance financière dans le respect de nos valeurs et de notre éthique.
bon fonctionnement de l’association en cohérence avec les orientations stratégiques données par le CA • Vous veillez à la gestion des risques et la sécurité des acteurs de l’association sur le terrain, en lien avec les directions et responsables associatifs concernés • Vous garantissez la cohésion entre les équipes des directions et les responsables des différentes instances associatives • Vous assurez en lien étroit avec le Président un rôle de représentation externe de l’association. PROFIL RECHERCHÉ • Formation supérieure Bac +5 ou équivalent, au moins 10 ans d’expérience professionnelle • Formation médicale ou connaissances dans le domaine de la santé publique souhaitées • Expérience réussie de management au niveau direction • Pratique du monde de l’action humanitaire médicale laïque • Très bonne connaissance des contextes internationaux, de l’action sociale et du milieu associatif • Compétences éprouvées de représentation et de communication • Fortes qualités humaines et d’écoute • Adhésion aux valeurs, aux engagements et au modèle associatif de Médecins du Monde • Français et anglais courants, espagnol ou autre langue appréciée.
Entrée en fonction : 1er février 2014 ou à convenir. Directives pour constitution dossier : sylvia.deraemy@unige.ch Inscription en ligne obligatoire avant le 31 juillet 2013 sur http://www.unige.ch/academ + envoi du dossier de candidature au Doyen de la Faculté de médecine, Université de Genève - CMU 1, rue Michel-Servet - CH-1211 Genève 4 Dans une perspective de parité, l’Université encourage les candidatures féminines.
la
MISSION Sous la responsabilité du Conseil d’administration • Vous dirigez, coordonnez, évaluez et garantissez la cohésion d’une équipe de 8 directeurs avec lesquels vous animez les équipes du siège et de terrain • Vous êtes responsable de la mise en œuvre opérationnelle des stratégies décidées par le Conseil d’administration et des moyens nécessaires à sa réalisation • Vous êtes force de proposition et contribuez à l’élaboration de ces stratégies avec le Conseil d’administration, les différentes instances associatives et votre équipe de direction • Vous prenez toute décision nécessaire au
Sous l’autorité hiérarchique du Directeur Général Adjoint en charge de la formation tout au long de la vie, économie et emploi et sous l’autorité fonctionrégion Rhône-Alpes nelle du Directeur Général Adjoint recherche en charge du développement des territoires, vous serez chargé de conseiller les élus dans la définition des politiques d’enseignement supérieur, de recherche, innovations, technologies et de formations sanitaires et sociales. Vous aurez la responsabilité de leur mise en œuvre en terme de suivi, de rendu compte et d’évaluation. Vous proposerez les stratégies et modalités d’intervention en cohérence avec l’ensemble des politiques régionales (économie, emploi, formation…). Vous devrez piloter la déclinaison des politiques définies en dispositifs opérationnels, veiller à leur faisabilité et au respect des cadres techniques, administratifs, juridiques et financiers. Vous définirez et assurerez la mise en place des procédures d’études et d’instruction. (H/F) Vous participerez à l’élaboration du budget et contribuerez aux projets collectifs de l’équipe de direction régionale.
Un Directeur de l’enseignement supérieur, de la recherche, des formations sanitaires et sociales
Vous assurerez le management des équipes dans une logique de transversalité entre les services. Vous veillerez à l’articulation avec les directions transversales ou ressources (finances, affaires juridiques, communication, international). Enfin vous animerez le travail avec les partenaires de la Région. Cette offre s’adresse à un fonctionnaire territorial (administrateur ou ingénieur), ou d’autres fonctions publiques : • De formation supérieure administrative ou technique ou enseignant – chercheur • Expérience significative d’animation d’équipe démontrée dans un environnement complexe marqué par la diversité des acteurs et des enjeux. • Doté d’une très bonne culture générale, il pourra s’appuyer sur une solide pratique de la conduite de projets et de la gestion des problématiques d’organisation, • Bonne connaissance des secteurs d’intervention de la direction, en particulier des acteurs de l’enseignement supérieur et de la recherche. • Capacité de négociation, qualités d’écoute et de dialogue. • Aptitude au travail avec les élus. Grande disponibilité.
Pour connaître le détail de cette offre et la date de dépôt de candidatures, consultez notre site Internet : www.rhonealpes.fr
carrières Nations Unies
Postes de directeur aux Nations Unies (D-2)
Justifiez-vous de talents de tout premier ordre de gestionnaire et de meneur d'hommes ? Êtes-vous capables de créer et gérer des équipes et d’instaurer de bonnes conditions de travail ? Le Département de l’appui aux missions (DAM) de l’ONU à New NewYork York accepte des candidatures pour les postes de direction ci-après : • Directeur, Division du soutien logistique, (D-2) • Directeur, Division du personnel des missions, (D-2)
INTÉRESSÉ(E) ? Merci d’adresser votre candidature par courriel à : thierry.brigaud@medecinsdumonde.net sous référence DG/TB/01. Nous remercions par avance toutes les personnes qui feront acte de candidature, seuls les candidats sélectionnés seront contactés. Aucune candidature ne sera traitée par téléphone.
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UTT Université de technologie de Troyes
L’UTT, grande école d’ingénieurs, cherche son (sa)
Directeur(trice) des Relations Internationales Master ou plus, avec expérience significative dans le domaine des relations internationales
Vos missions : Vous participez à la définition et à l’élaboration d’un plan stratégique des relations internationales pour les 10 ans à venir, en liaison avec les objectifs de l’établissement. Vous mettez en œuvre la politique de coopération européenne et internationale de l’établissement, en lien et en appui aux programmes d’enseignement et de recherche. Vous proposez et établissez le budget dédié. Vous êtes membre du comité de direction. Activités : < Assister et conseiller le comité de direction sur la stratégie de coopération internationale < Organiser la concertation et la réflexion sur le développement de nouveaux programmes < d'enseignement et sur les actions à mener en vue d’optimiser les programmes existants < Réunir et animer le comité stratégique de coordination des relations internationales < Impulser et organiser une veille sur les dispositifs européens et internationaux existants < dans le domaine de la recherche et de l’enseignement, diffuser l’information sur la < coopération internationale < Entretenir et renforcer les réseaux professionnels < Coordonner les actions menées par l’UTT en matière de relations internationales pour < le groupe des Universités de Technologie (UTSEUS…) < Développer et coordonner les manifestations internationales : colloques, séminaires, < accueil de délégations… < Instruire et suivre les dossiers de candidature et d’évaluation des actions spécifiques < de coopération Vous maîtrisez l’organisation de la recherche et de l’enseignement supérieur français ainsi que des principaux systèmes internationaux et communautaires. Vous avez une excellente maîtrise du management interculturel et de la conduite de négociations à l’international. Vous maîtrisez parfaitement le français et l'anglais à l'oral comme à l'écrit, la connaissance d'une autre langue serait un plus. L’activité demande une grande disponibilité et requiert des déplacements fréquents en France et à l’étranger.
Merci d’adresser votre candidature à M me Eva Zanczak, Direction des Ressources Humaines, par courriel exclusivement à eva.zanczak@utt.fr
www.utt.fr/fr/universite/ressources-humaines.html
Formation : Maîtrise ou diplôme équivalent dans un domaine correspondant au poste recherché. Expérience professionnelle : Quinze années minimum d’expérience à des niveaux de responsabilité de plus en plus élevés dans les domaines de compétence requis. Expérience avérée de la gestion et de l’encadrement de haut niveau indispensable. Les femmes sont fortement encouragées à présenter leur candidature. Pour tout complément d’information veuillez consulter : http://careers.un.org/postesapourvoir
f N° 1 sur les Cadres de la Fonction Publique 195 000 lecteurs issus de la Fonction Publique lisent Le Monde* Retrouvez toutes nos offres sur www.lemonde.fr *Source AudiPresse Premium 2012.
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LE MONDE/MARDI 9 JUILLET 2013/11
L’AGENCE DE DEVELOPPEMENT ECONOMIQUE : SYNERGIA, établissement public industriel et commercial recrute
• Professeur-e ordinaire en analyse des politiques publiques et en politiques publiques comparées
Directeur du développement économique de l’agglomération Caen la mer h/f
• Professeur-e associé-e en droit public avec une spécialisation en institutions et droit européens
Photo : Studio Rougereau
Compétente en matière de développement économique et dotée de son Agence de développement économique, Synergia, la Communauté d’agglomération Caen la mer souhaite renforcer son action. En 2012-2013, une étude stratégique et prospective est venue préciser les enjeux identifiés dans son projet d’Agglomération, en 2010. Elle a notamment souligné la nécessité de mettre en synergie les compétences présentes sur le territoire de l’Agglomération. Il a donc été décidé de regrouper les équipes et de redéfinir les métiers assurés par Caen la mer et Synergia, tout en renforçant la coordination stratégique et politique de l’ensemble par la Communauté d’Agglomération. Les principaux enjeux sont de donner davantage de cohérence à la politique économique, de renforcer les outils existants et de s’appuyer sur les atouts de l’Agglomération, pour mieux les développer. Sous l’autorité du conseil d’administration de Synergia et du directeur général des services de la Communauté d’agglomération Caen la mer, vous prendrez en charge le pôle de développement économique regroupant les services de Synergia, agence de développement économique de l’Agglomération et la direction du développement économique de l’Agglomération. Ce pôle regroupe les domaines suivants : • la prospection exogène et le développement endogène • la recherche dynamique de fonds européens • la veille stratégique et l’observation du territoire de l’Agglomération •l’accompagnement des partenaires • le développement de l’économie sociale et solidaire ainsi que la gestion administrative et financière correspondante. Dans ce cadre, vous impulserez et mettrez en œuvre les politiques stratégiques décidées par les élus dans les domaines concernés : • Vous veillerez à l’adéquation entre les missions confiées et les moyens correspondants (19 agents et un budget global de 18.5 M. Euros) ainsi qu’à l’aspect qualitatif et quantitatif des services rendus aux entreprises et aux acteurs du développement économique • Vous serez chargé(e) de coordonner les projets, de superviser la gestion et l’organisation des équipements ou services placés sous votre autorité, en pleine concertation avec l’ensemble des services de la Communauté d’Agglomération Caen la mer • Vous assumerez simultanément la fonction directeur(trice) de l’établissement public industriel et commercial SYNERGIA et de directeur(trice) du développement économique de l’Agglomération Caen la mer. De formation supérieure, vous justifiez d’une expérience confirmée dans le champ du développement économique et, si possible, au sein d’une structure privée et/ou d’une administration territoriale. Vous possédez une excellente connaissance des domaines d’activités concernés et vous disposez d’une excellente pratique de la langue anglaise (écrite et parlée). Vous développez une grande capacité de management, d’organisation, de conduite de projets, d’analyse. Doté de réelles qualités relationnelles, de capacités d’écoute et d’autonomie, vous faites preuve de réactivité et de disponibilité. Organisé et autonome, vous savez travailler en équipe, vous êtes dynamique et avez le goût de l’innovation.
• Professeur-e associé-e en économie publique avec une spécialisation en économie des contrats et en théorie des choix publics Entrée en fonction : 01.08.14 (ou à convenir) Taux d’activité : 100% Lieu de travail : Lausanne (IDHEAP – Quartier Unil-Mouline)
Les candidatures comprenant lettre manuscrite et C.V doivent être adressées avant le 31 juillet 2013 à Monsieur le Président, Direction des ressources humaines, 8 rue du colonel Rémy, BP 26182, 14061 Caen Cedex 4.
Profil souhaité : • Doctorat • Capacité d’enseigner en français et en anglais et, à terme, en allemand • Expérience confirmée dans la conduite de projets de recherche et bonne intégration dans les réseaux de recherche internationaux • Expérience confirmée dans l’acquisition et la direction de mandats pour des institutions ou des organisations publiques Description des postes: www.idheap.ch/job. Des renseignements peuvent être obtenus auprès du Prof. Martial Pasquier, directeur de l’IDHEAP (martial.pasquier@idheap.unil.ch / 021 557 40 80). Le dépôt des candidatures se fait exclusivement par voie électronique au travers de la plateforme : http://eval.idheap.ch Délai pour le dépôt des candidatures : 9 septembre 2013
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un Directeur Général des Services (h/f) Collaborateur direct du Président, vous contribuez à la définition des orientations stratégiques du département. Vous impulsez une dynamique dans la conduite des projets départementaux tout en poursuivant la politique engagée d’une gestion équilibrée des finances. Vous coordonnez et pilotez de manière efficiente les équipes et assurez la cohésion entre les services. De formation supérieure, vous avez capitalisé une expérience professionnelle significative sur un poste similaire. Apte à fédérer et mobiliser une équipe, vous maîtrisez les techniques de management, ressources humaines et financières. Vous bénéficiez d’une expérience confirmée de travail avec des élus. Merci d’adresser votre dossier de candidature, comportant lettre de motivation manuscrite, CV détaillé + photo, sous la référence 1482 D à Madame Katia LARROQUETTE, Cabinet Hommes et Entreprises, 38 rue Jean Mermoz, 75008 Paris.
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La Communauté d’agglomération Caen la mer compte aujourd’hui 35 communes pour construire et partager projets et actions au service de ses 242 000 habitants. Un peu plus de 700 agents contribuent à son développement.
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Mardi 9 juillet 2013
L’ÉCLAIRAGE | CHRONIQUE pa r J e a n - P i e r r e P e t i t
Il n’y a pas de crise des émergents
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Jean-Pierre Petit
est économiste et président de la société de conseil Les Cahiers verts de l’économie
es tensions récentes sur les différents compartiments de marchés des pays émergents (actions, obligations, dettes souveraines…) ont suscité des questions sur un éventuel risque spécifique à ces pays. Il est vrai que le différentiel de croissance entre les pays émergents et les pays « avancés » s’est réduit en 2012 et 2013 par rapport à ce que nous avions connu depuis une dizaine d’années. Il devrait s’établir à environ 3,5points en 2012-2013 (environ 1% de croissance dans les pays avancés et 4,5 % dans le monde émergent) contre 4,5 points durant la décennie 2000 (1,5 % et 6,1 % respectivement). Pourtant, avec le recul, cette performance relative est encore tout à fait satisfaisante. L’écart était aussi de 1,5 point durant la décennie 1990 et de 0,7 point dans la décennie 1980. C’est donc la décennie 2000 qui apparaît a posteriori exceptionnelle. Plusieurs éléments avaient alors favorisé cette performance inédite. D’abord la dynamique propre de la Chine (10,4 % de croissance annuelle), à la fois pour elle-même et pour ses partenaires: la forte croissance de l’ouverture de la Chine a favorisé aussi d’autres zones émergentes comme l’Afrique ou le Brésil.
LES INDÉGIVRABLES | pa r X a v i e r G orce
La hausse continue des prix des matières premières, due notamment à la demande chinoise et au sous-investissement antérieur, a aussi favorisé, dans le monde émergent, les régions exportatrices nettes de ces matières premières, comme le Moyen-Orient, le Brésil, la Russie et une grande partie de l’Afrique subsaharienne. La détérioration des termes de l’échange qu’ont connue les pays émergents importateurs nets de ces matières, en particulier la Chine et l’Inde, a pu être compensée par les gains de productivité. Cette décennie glorieuse a été aussi due à l’amélioration considérable des conditions de financement dans le monde entre 2002 et 2008: baisse des taux réels, baisse des spreads souverains, montée des Bourses, afflux considérables de capitaux extérieurs. Enfin, si paradoxal que cela puisse paraître, la grande crise asiatique et émergente de 1997-1998 a eu pour conséquence une amélioration considérable des politiques macrofinancières, ce qui leur a permis d’améliorer leurs fondamentaux durant la décennie 2000: forte réduction des déficits courants (au point de devenir excédentaires) et de la dette extérieure, baisse de l’inflation, meilleure politique de
change, assainissement des finances publiques par la mise en œuvre de réformes structurelles. La bonne tenue de la demande domestique dans les pays riches entre 2003 et 2007, alimentée notamment par des bulles immobilières et parfois par une hausse des déficits publics structurels, constituait également un élément favorable. La surperformance des pays émergents entre 2009 et 2011, alors que les pays avancés entraient en crise, s’est aussi expliquée par des actions de relance (en particulier en Chine) permises par l’amélioration antérieure des fondamentaux.
transmission: tarissement des flux de capitaux internationaux, difficulté à servir la dette en dollars, baisse des prix des matières premières à la suite de la chute de la demande asiatique, conduisant notamment aux défauts russe (1998) et brésilien (1999). La situation est très différente aujourd’hui. Pourquoi? Parce que la robustesse des fondamentaux macrofinanciers des émergents, si elle a un peu décliné récemment, n’est pas, en moyenne, fortement remise en cause. La balance courante moyenne des pays émergents reste excédentaire, même si l’excédent est tombé de 4,9 % en 2006 à 1,4 % en 2012. La balance courante hors pays exportateurs nets de pétrole est, quant à elle, négative depuis 2008, mais, à – 0,9 % du PIB en 2012, elle est largement au-dessus des niveaux moyens des années 1990. Parallèlement, le niveau de la dette extérieure brute (qu’on la rapporte au produit intérieur brut ou aux exportations) a diminué en moyenne jusqu’à la grande crise. Depuis, il s’est stabilisé. Même si l’on exclut les pays du Golfe, le ratio dette extérieure brute/PIB est à peine au-dessus de 20 %, contre plus de 40% à la fin des années 1990. De leur côté, les réserves de change ont progressé de façon plus rapide que la dette externe, même si l’on exclut les pays du Golfe et la Chine. Autres déséquilibres facteurs de tensions, l’inflation, qui se situait encore en moyenne à plus de 100 % au milieu des années 1990, est d’environ 4 % aujourd’hui, et les déficits des finances publiques se sont également réduits. Il est donc difficile d’envisager une crise des pays émergents comme celle de 1997-2098. p
Robustesse des fondamentaux Mais aujourd’hui, tous ces éléments ne sont plus réunis. Il est donc difficile d’imaginer la poursuite d’une dynamique aussi forte. Fautil pour autant conclure que de nouvelles crises généralisées vont frapper les pays émergents, comme en 1997-1998 ? C’est peu probable. En 1997-1998, l’Asie de l’Est avait un problème général de compétitivité, dû notamment à un mauvais système de change (ancrage à un dollar en hausse depuis 1995), des déficits extérieurs massifs (financés par des capitaux peu stables et libellés quasi exclusivement en monnaie étrangère), une explosion du crédit privé (à l’origine de bulles diverses) et des systèmes bancaires fragiles. Toute l’Asie de l’Est fut touchée, même si la Chine résista mieux. Les marchés financiers jouèrent complètement la contagion en se basant sur la similitude des modèles de développement et le fort degré d’intégration économique et commerciale entre ces pays. Les autres zones émergentes furent affectées, par différents mécanismes de
0123 COMPRENDRE LE MONDE EN S’AMUSANT POUR
LES GRANDS 350 JEUX
MA VIE EN BOÎTE | CHRONIQUE par Annie Kahn
Surface corruptrice
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ans les bureaux cloisonnés, le nombre de mètres carrés alloués signe le pouvoir de l’occupant. Mais pas seulement, comme l’ont démontré Andy Yap, professeur à la Sloan School of Management du Massachusetts Institute of Technology, et Dana Carley, professeur de l’université de Berkeley (Californie), dans un article à paraître dans la revue spécialisée Psychological Science. Les environnements spacieux nuisent à l’intégrité de ceux qui les habitent. Non seulement, le pouvoir corromprait, comme certains le pensent, sans faire néanmoins l’unanimité. Mais, en outre, le pouvoir donne accès à de grands espaces de travail, qui, en eux-mêmes, influencent – et dans le mauvais sens – la moralité de leurs occupants. La gestuelle d’un individu qui écoute son interlocuteur, affalé sur une chaise ou un fauteuil, étirant ses jambes sans aucun respect pour celui ou celle dont il barre ainsi le chemin, illustre d’ailleurs ce phénomène. En occupant plus d’espace, il se sent ainsi plus puissant. Et agit comme tel. Pour prouver le lien de cause à effet, entre mètres carrés et intégrité, les chercheurs se sont livrés à trois expériences, auprès d’une centaine de personnes. Dans la première, les cobayes se
POUR
LES JUNIORS 350 JEUX
voyaient imposer de prendre une pose spécifique, repliée, bras croisés, ou, au contraire, relâchée. Et, ils ont été confrontés, sans le savoir, à une situation où ils pouvaient ou non tricher : rendre ou non la monnaie à l’expérimentateur qui les avait payés plus que prévu. Résultat : ceux qui étaient dans des positions relax ont davantage triché que les autres.
Bureau et tricherie Dans la deuxième expérience, les cobayes n’avaient plus une posture contrainte, mais disposaient de bureaux de taille plus ou moins grande. Le résultat a été le même. Plus le bureau était grand, plus son habitant trichait. La troisième expérience était menée au volant d’une voiture. L’hypothèse fut confirmée. Ceux qui étaient installés dans des véhicules plus confortables ont été plus nombreux à stationner n’importe comment. La démonstration de M. Yap et de Mme Carley est troublante. Pour éviter que des délinquants en puissance ne cèdent à la tentation, mieux vaut donc ne pas leur en laisser la place. Sans en conclure que serrer les gens comme des sardines garantisse leur intégrité ! p kahn@lemonde.fr
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