VERTICALITÉ 2.0 : HABITER L’ANTHROPOCÈNE MEMOIRE POUR L’OBTENTION DU DIPLÔME D’ARCHITECTE - ECOLE NATIONALE D’ARCHITECTURE DE RABAT
OMAR ZERHOUNI
PROMOTION 2016-17
Verticalité 2.0 : Habiter l’Anthropocène Mémoire pour l’obtention du diplôme d’architecte Présenté par Omar Zerhouni Encadré par PhD. Majid Mansour Co-encadré par M. Khalid Ouhmidou Jury :PhD. Chaoui Omrane M.Aziz Ouahabi Ecole Nationale d’Architecture de Rabat Promotion 2016-2017
Ce mémoire est avant tout le résultat d’une réussite collective, d’une chance qui m’a été donné et d’un jeune enfant à qui on a permis de réussir. Je suis avant tout reconnaissant pour cela, pour le destin. Ce travail n’aurait pu voir le jour sans l’aide précieuse et la présence inestimable d’une série de personne. Naturellement, c’est à elle que je le dédie. Je tiens à remercier Dr.Majid Mansour et M.Khalid Ouhmidou de m’avoir accordé leur temps précieux. Je tiens aussi à remercier Dr.Chaoui Omrane et M.Aziz Ouahabi pour leurs conseils et leurs attentions. Enfin, la joie de pouvoir enfin présenter ce travail ne saurait être complète si ce n’est partagée avec mes parents, Jaouad Zerhouni et Rachida Ouhmidou; mon frère, Othmane Zerhouni; Ma soeur, Zineb Zerhouni; et mes amis : Yasmine, Chaimae, Hind, Ilias et Nissam. Ce travail est autant le mien que celui de tous ces gens qui ont, de près ou de loin, participer à son élaboration.
SOMMAIRE Résumé.............................................7 Introduction.....................................8 Problèmatique.................................10 Outils méthodologiques ............13 Démarche méthodologique ..........17 I. l’urbanisme vertical : Approche multiple d’une discipline nouvelle....................................19 Définition et objet d’étude ....19 I.a. L’urbanisme vertical en architecture : un regard normatif et technicite ......................................21 I.b. L’urbanisme vertical et l’urbanisme horizontal : une transposition altérnative mais limitée ..........................................25 I.c. Habiter la verticalité : Approche social, économique et symbolique de l’urbanisme vertical ........................................29 b.a. Urbanisme volumétrique comme outil militaire ..............31 b.b. La verticalité est elle un crime ? ............................33
b.c. Le voisinage à la vertical : La taille compte .........................34 b.d. La ville verticale : Proximité spatiale - Distance sociale .....37 b.e. L’urbanisme vertical et densité : Quelle corrélation ? .................39 b.f. Urbanisme vertical : Quel est le juste prix ..............................43 b.g. L’urbanisme vertical face aux outils de gouvernance ............46 b.h. La verticalité des forts et la force de la verticalité ..............49 I.d. Conclusion ...............................51 II. L’Urbanisme vertical : Mémoire d’un objet éternel .....................................54 II.a. Préhistoire : L’Habitat troglodytique..............................56 II.b. Préhistoire : Civilisation du trypillia ........................................58 II.c. Protohistoire : Civilisation mésopotamienne ..........................60 II.d. Antiquité : Civlisation égyptienne ..................................62 II.e. Antiquité : Civiliastion grecque ....................................64 II.f. Antiquité : Civlisation romaine ..66 II.g. Antiquité : Civilisation chinoise ....................................68 II.h. Antiquité : Shibam ....................70 II.g. Moyen âge : Civilisation musulmane ...................................72
II.h. Moyen âge : Medinas musulmanes occidentales ...........74 II.i. Moyen âge : Ksour et kasbahs berbères ....................76 II.j. Moyen âge : Civilisation européenne ................................78 II.k. Renaissance : Civilisation italienne .......................................80 II.l. Civilisation précolombienne : Civilisation inca ...........................82 II.m. Civilisation précolombienne : Civilisation aztèque .......................84 II.n. Civilisation précolombienne : Civilisation Maya ....................86 II.o. Modernité : Age Industriel I ....88 II.p. Modernité : Age industriel II ...90 II.q. Civilisation post-industrielle : Société de consommation ........92 II.r. Et maintenant ? ..................94 II.s. Conclusion ............................96 III. Analyse du site : Casablanca .........................98 V. Bibliographie ......................
Résumé L’activité humaine influence l’écosystème mondial. Les géologues parlent d’anthropocène pour décrire ce nouvel âge de la terre. La ville, habitat de plus de la moitié de l’humanité, et cadre physique en pleine progression, est donc en première ligne concernant les changements climatiques et les enjeux environnementaux qui font notre contemporanéité. Les villes concentrent population et activités, responsables en grande partie de l’empreinte énergétique humaine.
On se rend compte alors que l’équation de la verticalité ne peut être calculée que par l’économie et l’environnement. On doit prendre en compte le bonheur de l’invidivu et des communautés au sein de la ville. Si la verticalisation n’est donc plus une option mais une nécessité, la manière de la concevoir reste à définir. Ce mémoine ne rentre pas dans le débat du pourquoi mais du comment verticaliser. Après une critique du modèle répandu - le gratte-ciel et l’IGH - le mémoire cherche des modèles et des concepts alternatifs qui permettent d’améliorer les constructions verticales. Afin d’assurer un habitat sain, économe et décent pour tous.
Le phénomène d’accélération de la croissance urbaine est facilement remarquable. Face à ce phénomène, le discours des architectes et des urbanistes prone une verticalisation de la ville, afin d’éviter un étalement urbain trop important et rentabiliser les infrastructures déjà présentes. Ce processus déjà amorcé consite en l’introduction et le remplacement des objets de petites hauteurs en des objets de grandes hauteurs, comme par exemple le gratte-ciel et les immeubles de grande hauteur. Cependant, ces objets nouveaux ont posé de nombreuses questions sociales, comme celle de la mixité sociale, la mixité programmatique, la définition des espaces publics ... 7
can’t be reduced to the environmental and economical aspect. It must take into consideration the wellbeing of individuals and communities living in the city.
Abstract Human activity influence the world’s ecosystem. Scientists talk about the anthropocene to describe a new era, where the human activity is seriously impacting the globale climate. Cities, where more than half of humanity lives, is directly concerned by the climate changes and the environmental aspects that builds our contemporaneity. Cities are a concentration of populations and activities, that are responsabile for a great part of human ecologic footprint The sharp increase of urban footprint is a phenomenon easy to notice. To face it, the common architectural and urbanistic speech encourages the verticalisation of the city. The aim is to avoid an uncontroled urban sprawl and to make profitable of the infrastructures already in-place. This process, that has already strated, consists in the introduction et replacement of small-height objects with higher models, such as skyscrapers and highrise buildings. However, those new models raised numerous issus in term of their social impact. Such as social diversity, programatic diversity, the sort of public spaces ... So, we realise that the equation of height 8
If verticalisation doesn’t seem an option anymore but a necessity, how to conceive it is still an issue. This work doesn’t go through the debate of why to verticalise but how to do so. To answer this question, this diploma goes through a critic of the spreat model skyscraper and highrise building - and looks for alternatives models through a historical and a benchmarking reaserch. The goal is to find new ways to make a better vertical housing.
ﻣﻠﺨﺺ يعتبر النشاط اإلنساني أول مؤثر على المناخ .لهذا السبب ،يتحدث العلماء على “األنتروبوسين” لنعت الحقبة الجيولوجية الحالية .و تلعب المدينة دورا هاما في التحوالت المناخية و الظواهر البيئية التي تتصف بها الفترة المعاصرة ،بكونها مسكنا ألكثر من نصف البشرية .تراكم المدينة األشخاص و األنشطة المسؤولة عن البصمة البيئية اإلنسانية من السهل مالحظة تسارع ظاهرة التحضر. لمواجهتها ،يحت المعماريون و المخططون المدنيون على ضرورة التطاول في البنيان .الهذف من ذلك هو تجنب الزحف الحضري و االستفادة من البنيات التحتية الموجودة .و تتمثل هذه العملية في بناء و تغيير البنايات ضعيفة العلو ببنايات أكثر علوا ،كناطحات السحاب و المباني المرتفعة لكن ،طرحت هذه النماذج الجديدة مجموعة من التساؤالت حول النتائج اإلجتماعية المرتقبة منها، مثال التنوع اإلجتماعي بالمدينة ،التنوع الوضائفي، و أيضا دور األماكن العمومية داخل المدينة نتيجة ذلك ،تم اإلدراك أن ال حل لمعادلة العلو بالمدينة يقتصر على العامل البيئي و اإلقتصادي، بل من الضروري اعتبار سعادة الفرد و الجماعة داخل المدينة 9
فإذا مابات التطاول مجرد خيار بل أصبح ضرورة، يبقى السؤال مطروحا حول طريقة تصوره و صناعته .هذه الدراسة ال تشارك في جدل أسباب التطاول في البنيان ،بل في حوار طريقة صناعة الحل من أجل هذا ،تقوم هذه الدراسة بنقد النموذج المنتشر و البحث عن نماذج بديلة عبر بحث تاريخي و معياري .و الهذف من ذلك هو إيجاد حلول لسكن عالي أفضل
Introduction La ville est un objet complexe. Elle est l’objet d’étude de plusieurs disciplines. Elle est aussi le terrain de rencontre de plusieurs acteurs, chacun porteur d’un enjeu différent. Ainsi, politiciens, habitants, architectes, promoteurs, industriels (etc …) sont tous des acteurs qui fabriquent le quotidien de la ville. Leur cohabitation la transforme, la structure, la construit. C’est probablement pour cela que la ville est le symbole de l’humanité. Elle est vue comme un espace technologique – au sens large du terme. Elle a été construite par l’homme, au milieu d’un environnement façonné par d’autres forces. Aujourd’hui, la croissance démographique de la ville s’est accéléré, l’homme est un être urbain. Cette concentration peut être une opportunité pour la ville, mais elle peut aussi devenir une menace. Une réflexion s’impose, sur les dimensions de la ville, sa complexité et son devenir. En tant qu’architecte, nous devons questionner sa forme et sa structure spatiale, à la lumière des réalités socioéconomiques qui la construisent mais aussi des consciences écologiques naissantes. Cette concentration a rendu la verticalisation nécessaire. Mais celle-ci a été réalisée de 10
manière caricaturale, se concentrant sur les intérêts économiques de l’opération. Or, la verticalité de la ville est une notion plus large, qui existe depuis des millénaires. La troisième dimension a été exploitée par différentes cultures et civilisations, sous différentes formes. Ces formes peuvent s’avérer être une source de références importantes pour répondre aux exigences environnementales et sociales de la ville d’aujourd’hui. Un retour critique sur les expériences passées est nécessaire pour construire une synthèse et des outils de travails permettant à la verticalité de jouer le rôle spatial qui est le sien. S’il fallait choisir un personnage pour représenter le monde d’aujourd’hui, ce serait probablement lui : Monsieur Delaville. Monsieur Delaville est jeune, la trentaine, est né et a grandi en ville. Si nous le croisons dans la rue, nous ne saurions probablement ni son travail, ni son statut social. Delaville est discret, aime s’habiller comme bon lui semble et fondre dans cette masse de gens qui comme lui, scionne les rues chaque jour. Il les rencontre, mais ne construit pas de relations profondes avec eux. Son agenda est faite de milliers de relations superficielles et éphémères, les mêmes qui construisent la ville. Sa ville est née durant l’antiquité, et a connu un essor important grâce à la révolution industrielle. Des usines s’y sont installées,
profitant du prix abordables des terrains. Des milliers d’hommes et de femmes venus de la compagne, mais aussi de d’autres régions et de d’autres pays, se sont installés là pour créer un grand meltingpot. D’ailleurs, c’est à la compagne que ses deux parents sont nés, mais ils ont grandi en ville. Ses grandsparents par contre sont nés et ont grandi à la compagne, avant de déménager en ville. Monsieur Delaville revient d’ailleurs souvent à la compagne, voir une partie de sa famille qui est restée là-bas. Il est bien content que la compagne aussi change. Des urbains se sont d’ailleurs installés et y ont investi leur argent. Des machines ont alors remplacé les laboureurs, la télévision capte bien, le téléphone aussi. M.Delacompagne, le cousin de M.Delaville, envoie ses enfants à l’école du village. Quand ils grandiront, ils iront étudier en ville. Mais pour l’instant, leur père est bien content que sa famille ne soit pas obligé d’y aller pour toutes les petites procédures administratives. Il sent que la différence entre la ville et la compagne s’estompe. Contrairement à ses parents, M.Delaville ne travaille pas à l’usine. Il travaille dans les services. Lorsqu’il était à l’école, il entendit parler de la désindustrialisation, et pris conscience que les choses sont en train de changer. Il le voit chaque jour, la ville croit. D’ailleurs, alors qu’il a grandi à quelques minutes du centre-ville, il vit aujourd’hui à une trentaine voir une quarantaine de minutes. Il prend sa voiture chaque jour pour aller au travail. Il y passe sa journée. Le soir, au retour,
il s’arrête dans un hypermarché pour faire ses courses, avant de rentrer chez lui. Il trouve cela fatiguant de faire quarante minutes de voitures chaque matin et chaque soir, mais c’est l’exigence du travail, martelé-t-il. M.Delaville a de la mélancolie. Il aimerait retrouver l’harmonie qui faisait la ville ancienne. Il tient son conseiller municipal et les architectes comme responsable de la situation. Pourtant, dans des rencontres politiques ou des conférences, il a entendu dire que le changement de la ville est inévitable et irréversible. Probablement doit il s’habituer à cette nouvelle ville, différente, et lui trouver du charme. Bien sûr, la ville doit être re-questionné. M.Delaville refuse la situation présente, mais sait qu’un retour vers le passé est impossible. Une réflexion sur la ville doit émergée. Une réflexion qui prend en compte les complexités, les enjeux, et les acteurs de la ville. Dans les magazines, M.Delaville voit le devenir potentiel de sa ville : Des tours gigantesques, entourés de verdures, ou juxtaposant les unes aux autres. Cela lui fait peur. Est cela le destin fatidique de la ville ? « Metropolis » était-il un film prémonitoire ? Est-ce le sens de la verticalité ? M.Delaville expérimente la verticalité chaque jour : Dans sa terrasse, dans son balcon, sur le pont enjambant la rivière …Il a aussi le souvenir du cabanon sur l’arbre qu’il a construit lorsqu’il était petit. Peut-on concevoir une ville qui renvoie vers la joie de ces souvenirs plutôt que la crainte des images de Honk Kong ? 11
Problèmatique Nous vivons sur un âge géologique façonné par l’humanité. L’homme peut directement influencer le climat et le milieu dans lequel il vit. Au vu de cet âge de l’humanité, les géologues proposent de baptiser notre époque d’Anthropocène. Il correspond à une ère de l’histoire de la terre qui débute lorsque les activités humaines ont eu un impact global significatif sur l’écosystème terrestre. La croissance urbaine est un fait avéré de notre époque. Au milieu des années 50, pour la première fois, l’homme vit en majorité en ville. Socialement et techniquement, le mode de vie urbain s’est même généralisé jusqu’à rendre obsolète l’ancienne distinction conceptuelle entre ville et campagne. Cette croissance monstrueuse a conduit la ville à s’étaler horizontalement. La technologie du transfert (que ce soit celle des moyens, des informations ou des personnes) ayant permis de libérer l’homme de certaines contraintes spatiales. Puis, lorsqu’il ne fut plus possible ou rentable de s’étendre horizontalement, La ville s’est étendu verticalement. La technologie de la résistance permettant de conquérir le vide et de découvrir les profondeurs de la ville. L’édification des villes se situe donc au 12
cœur de l’anthropocène. Energivore, étalée, polluante, les villes concentrent population et activités, responsables en grande partie de l’empreinte énergétique humaine. Elles représentent 70% des émissions de CO², et la moitié des émissions mondiales de gaz à effet de serre dépendent de la construction, des transports et de la gestion des déchets au niveau de la ville. Une critique de la pensée de la ville s’impose. Elle ne peut plus être vue comme la métaphore d’un monde idéal, d’une utopie, mais bien comme le défi concret de la sauvegarde de nos conditions d’existence. Un des enjeux majeurs qui se pose à la ville est la question de la densité et de la concentration de la population. L’accroissement de la population mondiale et sa concentration dans les villes conduit à une occupation excessive du sol par les constructions. Les villes faites de constructions de faibles hauteurs, de 4 à 5 niveaux, consomment trop de territoire naturel. Concevoir la ville dans l’ancienne dualité centre/périphérie aggrave encore plus la situation avec le coût des réseaux de transports et des réseaux divers qui croient hors de toute proportion. Ce cout n’est pas seulement financier mais aussi énergétique et environnemental. Aujourd’hui, dans un contexte écologique louant la densité, la rationalisation des déplacements et de la consommation d’énergie, et la préservation des ressources en terre agricole, la densification verticale est devenue la voie privilégiée du projet urbain.
Mais si, économiquement, faire la ville sur la ville présente des qualités certaines, elle pose des questions sociales importantes et des réflexions sur les modes de vie qu’elle implique. Les projets de verticalisation de la ville qui se font aujourd’hui transforment ces bâtiments de faibles hauteurs en édifices plus haut. C’est une mise à l’échelle qu’on opère sur le tissu urbain. Cependant, celle-ci rencontre de nombreuses difficultés, parmi lesquelles : Si le propriétaire du terrain n’a pas les moyens de faire les projets, la verticalisation de la ville reste au stade du plan d’aménagement. Et lorsque le projet est réalisé, la rentabilisation du cout conduit souvent au remplacement des populations par une population plus aisée. On assiste alors à une gentrification de la ville. Aussi, socialement, des familles qui cohabitaient à 10 ou 20 doivent cohabiter à 100. Ce processus complexifie alors la gestion des biens communs et peut conduire à une détérioration du paysage urbain. Si l’urbanisme vertical, comme mouvement particulier de « faire la ville sur la ville », concentre donc les espoirs d’une ville moins énergivore et moins « foncier-vore », c’est une réflexion nouvelle qui s’impose. La manière de concevoir la verticalisation doit être repensée Si la verticalisation est perçue aujourd’hui comme une nécessité, il faut se poser la question de la démarche conceptuelle.
Ce mémoire ne rentre pas dans le débat du pourquoi verticaliser mais du comment verticaliser. Les objets verticaux modernes ont été pensés comme une mise à l’échelle des objets architecturaux de faible hauteur. Mais, de transformation en transformation, la recherche des architectes conduira à une nouvelle conception de la verticalité. Cette conception ira en corrélation avec l’évolution de la vision urbaine. La verticalité dans l’architecture moderne correspond à une vision unitaire de l’objet architectural, qui par multiplication, fabrique une ville infinie fusionnant avec la nature. (Plan voisin). La verticalité dans l’architecture contemporaine correspond à une vision d’un objet complexe, fragmenté, composé par collage, superposition, juxtaposition, et liaison, fabriquant une ville tout aussi complexe et fragmenté, intégrant l’idée des strates. De nombreuses questions se posent : Comment la verticalité construit elle une forme différente de ville ? Quels sont les points forts et les points faibles du modèle architectural actuel ? Comment l’améliorer ? Comment peut-on concilier architecture verticale, et enjeux sociaux, économiques et environnementaux de la ville contemporaine ? Comment construire la ville haute sans pour autant répéter les erreurs observées avant, ou ailleurs ? Comment échapper aux syndromes de Babel, de « Metropolis » ou des “monades urbaines “ ? 13
Pour notre étude, nous prendront le cas de la ville de Casablanca. 5e agglomération d’Afrique et capitale économique du Maroc, Casablanca a du faire avec le revers de la médaille de la réussite économique. Elle n’a pu échapper au désordre urbain, la pollution, la production du cadre bâti en urgence. Pire, les statistiques prévoient que la plus grande métropole du Maroc, déjà 8 fois plus grande que la ville de Tanger, va doubler de population en l’espace de 15 ans. Que devons-nous faire ? Construire un deuxième Casablanca juxtaposant le premier ? La pression démographique et économique exercée sur la ville pousse à la recherche de nouvelles solutions conceptuelles et gestionnaires, qui ne peuvent faire fit de la qualité de vie, de la dimension environnementale et de l’équilibre sociale. Malgré les efforts fournis, Casablanca continue à être une ville plate. Un étalement horizontal qui engendre une absence d’espaces verts, une qualité d’espace publics médiocres et une multiplication des problèmes liées aux réseaux viaires. Comment la verticalisation de la ville peut elle aider à résoudre les besoins urbains ? Quelle forme doit-elle prendre ? Quel doit-être le parti pris de la verticalisation ?
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Outils méthodologiques En résumé, la méthode de la confrontation propose d’aborder le sujet de recherche architecturale à travers le prisme de trois dualités fondamentales : Destination/site, Objet/Texture, Site/Lieu. Pour se faire, elle utilise de nombreux outils analytiques, afin de croiser les différentes dimensions qui construisent la complexité du sujet. Les termes des dualités peuvent être analysés séparément, avant qu’une confrontation ait lieu. Transcendé vers sa dimension conceptuelle, la méthode de la confrontation en architecture propose d’établir distinctement deux projets – l’un du site, l’autre du programme – avant d’hiérarchiser et de confronter les deux. Une des grandes angoisses de l’architecte est la page blanche. Lorsque, au démarrage d’un projet, l’inspiration ne vient pas. C’est probablement là que la question de la démarche se pose avec plus d’insistance. La démarche est l’ensemble des étapes par lesquels passe un architecte pour concevoir son projet. Elle est au cœur du débat architectural contemporain, au fur et à mesure que le débat du style s’estompe. Chaque architecte forge la sienne, en faisant un retour critique sur ses projets et ses expériences.
La démarche pose une double question à l’architecte : comment faire le dessein du projet ? Et qu’est ce qui justifie les lignes primaires du projet ? Pour y répondre, les architectes ont recours à la construction rhétorique. Celleci utilise tout type d’arguments. Certains sont doctrinaux, ils font partie des convictions propres de l’architecte. - Par exemple, sur la question de l’intégration au site, certains architectes défendront qu’il faut respecter le style, les lignes, le vocabulaire déjà présent. D’autres défendront le besoin de nouveauté et d’originalité -. D’autres sont d’ordre scientificotechnique, c’est un ensemble de connaissances et savoirs que l’architecte acquière. – Le plus souvent ce sont des arguments qui concernent les aspects normatifs et légaux du projet, ainsi que le besoin de standardisation pour des raisons économiques-. Il existe aussi des arguments d’ordre intuitive, des impressions ou des ressentis propres à l’architecte. – Parfois, la solution parait comme évidente à l’architecte -. Et enfin, il y a des arguments contextuels et ponctuels, c’est-à-dire des choix que l’architecte prend pour satisfaire l’exigence particulière d’un projet. – Ces arguments concernent parfois l’aspect politique d’un projet, ou l’exigence particulière d’un client concernant le vocabulaire architectural à adopter. L’architecture n’est pas qu’une question de savoir scientifico-technique, mais aussi une question de conviction et de prise de position. Les ouvrages et les discours des architectes permettent de démontrer que 15
chaque démarche résulte en une architecture particulière, et que par conséquent, l’étude d’une œuvre architecturale est incomplète sans la compréhension et la prise en compte de la démarche. Le résultat plastique n’est pas suffisant pour juger d’une œuvre architecturale. Il existe probablement autant de démarches que d’architectes. Les classer et les regrouper n’est pas chose aisée. Cependant, pour se faire, nous proposons la méthode de la confrontation. Cette méthode analyse les arguments construisant la vision des architectes, sous le prisme de deux extrêmes. Il est de mise de grossir le trait, car chaque argument est souvent nuancé et il est plus question d’une tendance chez les architectes qu’un rejet de l’un ou l’autre des attitudes. L’analyse des ouvrages et des discours permet de faire ressortir trois dualités fondamentales : La dualité site/destination ; la dualité texture/ objet ; la dualité espace/lieu. Ces trois dualités sont présentes dans chaque projet, l’architecte est donc dans l’obligation de prendre posture au sein de la dualité.
1. Kari Jormakka, La recherche de la forme, Berlin : Birkhauser, 2008. 2. Sebastien Marot, L’art de la mémoire, le territoire et l’architecture, Paris : Editions de la Villette, 2010.
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Avant de détailler chacune des dualités, il est important de s’arrêter sur une absence. Celle de la forme. En effet, il serait possible de se concentrer sur les dualités formelles pour analyser un projet, et par la somme des analyses des projets d’un même architecte, de dessiner des conclusions concernant les démarches architecturales. Un travail dans ce sens a déjà été fait par Kari Jormakka dans
son livre ‘La Recherche de la forme’.1 Le travail de Jormakka s’intéresse principalement aux processus formel de l’architecture. Il en distingue quatre : Méthodes diagrammatiques (représentation par des croquis et schémas), Méthodes imitatives, Méthodes paramétriques (utilisant des variables caractéristiques), Méthodes de conception automatisées et numériques de l’avant-garde actuelle (Scaling, Datascapes, Folding, Morphing). Cependant, le livre ne s’intéresse que très peu au discours et à l’enchainement rhétorique qui justifie le recours à de telles démarches formelles. Or, l’analyse des discours architecturaux, même les plus formalistes comme ceux de Zaha Hadid ou de Franck Gehry, démontre une volonté de rattacher ces processus à des questions plus larges comme ceux du programme ou du lieu. La dualité site/destination correspond à la dualité suburbanisme et sur-urbanisme, théorisé par Sebastien Marot dans son livre « L’Art de la mémoire, le territoire et l’architecture»2. Le surubanisme correspond à la théorie dominante dans les projets urbains, dont la grande figure est Rem Koolhaas, faisant de la commande le point dominant du projet. C’est-à-dire une pensée du site comme production de la manipulation du programme. Au contraire, le suburbanisme définit un point de vue naissant consistant à inverser cette hiérarchie et de faire du site le point de départ du projet. Par suburbanisme, Sebastien Marot n’entends pas désigner un secteur particulier de l’urbanisme mais, littéralement, une subversion de cette discipline, un
renversement à la faveur duquel le site devient la matrice du projet tandis que le programme est utilisé comme un instrument d’exploration, de lecture, d’invention et, en somme, de représentation du site. Il faut noter que par le site ou le programme, la démarche de la confrontation n’entend pas juste les paramètres numériques ou normatifs composants ces deux notions. Il entend de façon générale tout ce qui concerne le sens de l’usage de l’édifice d’une part et le sens porté par le site d’autre part. Ceci nous introduit la deuxième dualité : entre espace et lieu. Dans son livre, De la forme au lieu, Pierre Von Meiss3 distingue ainsi entre espace et lieu : «Par «site», nous entendons le terrain d’intervention et ses alentours géographiques. Par «lieu» nous entendons un emplacement qui donne du sens parce qu’il sert de repère ou/et de support d’identification personnelle ou collective. Le discours sur le site comme lieu pourrait se faire sur un mode phénoménologique ou poétique. Nous avons choisi une approche plus pragmatique, parce que c’est l’action sur le site, qui s’inscrit dans le projet d’architecture avec son opportunité d’adopter ultérieurement du sens, voire de devenir lieu.» Nous pouvons simplifier le propos en disant que par site, nous pouvons entendre tous les éléments objectifs qui composent le réceptacle du projet, et par lieu l’ensemble des additions sémantiques qui donne plus de profondeur à
ce réceptacle. Cette dualité ne se réduit pas à l’entité physique qu’est le site. C’est une métonymie qui renvoie vers la distinction entre la composante physique et la composante sémantique de tout élément participant à une architecture, que ce soit le site, le programme, le matériau .... Nous pouvons toujours distinguer entre des éléments chiffrés (par exemple, la surface ou la norme) et des éléments de l’ordre de l’esprit (par exemple, le sens de la maison dans une culture particulière, ou la symbolique divine que peut avoir une espèce d’arbre dans une autre). La dualité site/Lieu peut être aussi rapprochée de la dualité objet/texture. Cette dualité traite de la différence d’approche d’un sujet à partir de son intérieur ou de son extérieur. En effet, deux démarches sont possibles : Soit on part des connexions qu’établit un objet avec son environnement, soit l’on prend parti des éléments internes de l’objet. Cette dualité a été étudiée par Colin Rowe dans son livre Collage City pour analyser des projets architecturaux. Mais la dualité garde sa pertinence prise au sens propre – à savoir une analyse spatiale d’un projet architectural – comme au sens figuré – l’objet prit au sens d’objet d’étude et non d’un objet physique. Il faut noter qu’indépendamment de la hiérarchie établie entre les éléments de la dualité, les outils analytiques utilisés pour approcher l’un ou l’autre des termes restent
3. Pierre Von Meiss, De la forme au lieu + De la techtonique, Lausannes : PPUR, 2012.
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valables. Par exemple, indépendamment qu’on prenne parti pour le site ou le programme, une analyse historique reste possible. Pour ce mémoire, nous utilisons différents outils analytiques. Chacun nous permet d’approcher l’objet de recherche à partir d’un angle différent, et de construire petit à petit une vision globale, restituant la complexité du thème abordée : Analyse bibliographique : Elle consiste à faire un état des lieux des ouvrages écrit traitant du sujet. On peut procéder soit par comparaison entre différents ouvrages, afin de confronter des discours différents, soit par superposition, afin de compléter l’information donnée par chaque référence. Analyse historico-régressive : L’analyse historico-régressive est une méthode emprunté aux sciences humaines, et plus particulièrement à Lefebvre. Elle vise l’intégration de la sociologie et l’histoire dans la perspective de la dialectique matérialiste. Elle a pour objectif de lire la double complexité horizontale (l’état de la question dans le présent et l’ensemble des interrelations dans le présent) et verticale (évolution dans l’histoire) d’un phénomène sociale. Elle consiste donc à reconstituer l’histoire en remontant le long de son cours pour la parcourir dans une relation génétique entre deux phénomènes. (Par exemple, la forme d’un hôpital et la notion de soin.) 18
Analyse spatiale : L’analyse spatiale est une approche géographique qui défend que l’espace est acteur actif du fonctionnement sociétal. Elle se concentre sur les localisations et les interactions spatiales, en prenant en compte les données statistiques physiques et humaines. Analyse sociologique : La démarche sociologique cherche à faire ressortir les représentations et les comportements humains, afin de comprendre un phénomène social. Elle repose sur des enquêtes, des sondages, une observation in situ, le récit de vie, l’analyse statistique. Analyse littéraire : L’analyse littéraire s’intéresse à l’image et la symbolique du sujet dans les œuvres littéraires et artistiques. La dimension esthétique de l’œuvre littéraire est un plus important pour comprendre l’esprit d’un objet d’étude. Analyse médiatique : L’analyse médiatique confronte le sujet à plusieurs média. Chaque medium par sa spécificité fait ressortir des dimensions particulières du sujet d’étude. Par exemple, la caricature comme medium agit différemment de la video ou de la photographie. La caricature fait ressortir les gros traits du sujet, alors que la video explore une dimension temporelle, dynamique et séquencée. Analyse référencée : Aussi appelé Benchmarking, cette méthode consiste à chercher des références de sujet similaire pour faire l’évaluation de son évolution.
Ces outils analytiques ne sont pas hermétiques entre eux. Certains outils font appel à d’autre afin d’atteindre les objectifs énoncés. Mais de manière générale, chaque outil permet d’atteindre une dimension particulière et essentielle du sujet. Les dualités qui construisent la méthode de la confrontation ne sont pas qu’une base analytique. Ils sont aussi la base d’une méthode conceptuelle. Celle-ci propose d’aborder distinctement le site et le programme, jusqu’à aboutir à deux projets – chacun ne s’intéressant qu’à un des deux termes – avant de les confronter. Dans tout projet architectural, ces deux termes existent et peuvent construire une prise de position conceptuelle. Selon la nature des arguments utilisés par l’architecte – comme cité au premier paragraphe – une hiérarchie est alors établie entre les deux termes et par conséquence entre les deux projets. L’un sert alors de base au projet, alors que l’autre vient le nourrir ou le paramétrer.
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Démarche méthodologique Le sujet du mémoire est « Habiter l’Anthropocène, conception d’une nouvelle verticalité. Etude sur Casablanca. ». Il se présente comme une redéfinition de la verticalité en tant qu’expérience spatiale, et se construit à partir d’un retour critique sur les expériences passés. Utilisant la méthode de la confrontation, le mémoire traverse deux grands moments : Un premier temps où Verticalité et la ville de Casablanca sont décortiquées séparément, un deuxième où une confrontation des conclusions s’opère. Le processus utilisé pour aboutir à un projet est tel : D’abord, on identifie la situation insatisfaisante. Dans notre cas, c’est le phénomène de verticalisation, engendré par l’accélération de la croissance urbaine. Ensuite, le mémoire fait un retour critique sur le modèle répandu, le gratte-ciel, afin d’en faire une critique. Que ce soit d’un point de vue architectural, économique, politique ou social. A travers une analyse bibliographique, le but est de faire ressortir les points forts et les points faibles du modèle répandu. De cette phase, le mémoire retient une liste d’objectifs conceptuels. Ensuite, on cherche à transformer et améliorer le modèle répandu en le confrontant à des modèles alternatifs, que le mémoire 20
puise dans une recherche historique et un benchmarking. Les exemples rencontrés sont classés et traduits en concepts pouvant servir à l’élaboration d’un projet. L’analyse du site est simultanée à l’analyse programmatique. Le site est porteur en lui des réalités défiant le programme, et mérite d’être analysé sans l’apriori programmatique, qui peut construire une volonté de faire fi de certaine vérité du site. C’est à dire que le site est en lui-même un porteur conceptuel, et non seulement un réceptacle vide de sens. Comme pour le programme, des conclusions conceptuelles concernant le site sont établis. Par la suite, les conclusions du site et du programme sont confrontés les uns aux autres. Cette confrontation est résolue par une hiérarchisation des résultats, sur la base du projet. C’est alors que le projet se dessine.
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I. Critique du modèle rÊpandu : Le gratte-ciel
Définition et objet d’étude : La verticalisation de la ville n’est pas un phénomène isolée, ni un phénomène qui vient ajouter une dimension inexistante auparavant à la ville. La ville verticale n’est pas non plus une ville ordinaire à laquelle nous achetons des points de verticalité. La dimension verticale a toujours existé, et sépare entre espace et surface. La méthode consistant donc à dissocier analytiquement entre ville et verticalité, en approchant la verticalité de manière abstraite nous paraît critiquable, dans la mesure où ses apports sur la spatialité sont restés superficielles. Il parait plus pertinent de considérer la ville verticale comme une forme à part entière de la ville, avec ses logiques et ses cohérences internes. L’urbanisme vertical renvoie à des pratiques urbanistiques qui structurent et développent l’axe vertical de la ville. Il se sert de trois types : Le volume vertical haut, le volume vertical suspendu, le volume vertical naturel. Les volumes hauts renvoient à des volumes importants posant sur une petite empreinte au sol. Par exemple, les grattes ciel. Les volumes suspendus se définissent comme des volumes sans empreinte au sol, avec une faible hauteur ou en plein air, à l’exemple d’un pont par exemple. Mais la structuration verticale peut
aussi être le résultat d’éléments naturels, notamment topographique. Par exemple, la médina de Tetouan, villes anciennes se développant sur les flancs des montagnes, a structuré et hiérarchisé ses édifices en fonction de l’altitude. Cette opération visait à répartir et contrôler le réseau d’eau, de manière à ce qu’il n’y ait pas d’empoisonnement. Les édifices publics étaient situés le plus haut. Il faut aussi noter que l’urbanisme vertical crée autant d’espace au-dessus de nous, qu’en dessous de nous. Le développement des sciences de la topographie, de l’archéologie, de l’hydrographie à partir du 18e siècle a beaucoup servi le génie urbain. Ces disciplines ont permis à l’urbanisme de se détacher du sol mais aussi de le creuser. Donc, d’habiter les hauteurs du ciel mais aussi les profondeurs de la terre. Et, si cela est moins poétique, la profondeur n’en fait pas moins partie de nos villes autant que la hauteur. La recherche sur la verticalité a deux moments distincts. D’un côté, l’objectif du mémoire est de concevoir un gratte-ciel. Il s’intéresse alors aux objets hauts. Mais pour construire des concepts alternatifs, Le champ des objets étudiés et utilisés est plus large que la simple tour. Il fait partie de notre quotidien. Il englobe le metro, les ponts et les tunnels ; les greniers et les sous-sols ; les maisons individuelles sur plusieurs étages, les immeubles et les tours de bureaux. L’urbanisme vertical intéresse différents secteurs économiques : Les fermes verticales, les toits-jardins et 23
les jardins verticaux font partie des formes émergentes d’agriculture et horticulture ; les silos industrielles et cheminées d’usines en construisent l’imaginaire. Il se situe aussi dans les minarets, cloches d’églises. La verticalité a toujours construit la ville et participé à son intensité. De l’obélisque égyptien au gratte-ciel, en passant par les météores grecs, les bâtiments de grande hauteur de Sanaa ou les monastères en Inde. L’urbanisme vertical est donc caractérisé par une diversité géographique et historique. Le bâtiment de grande hauteur n’est qu’un type d’urbanisme vertical. Il est effectivement celui qui concentre le plus les efforts de recherches architecturales et académiques, pour des questions de demande économique importante. Mais, en s’intéressant aux autres types d’espaces formant l’urbanisme vertical, nous pouvons nourrir et améliorer, voir redessiner, l’idée du bâtiment de grande hauteur. Surtout qu’aucun seuil n’est absolu ou universel dans la définition de la grande hauteur. L’environnement immédiat y est pour beaucoup dans la perception de la verticalité. (Kloft, 2002). Par exemple, dans un voisinnage fait de bâtiment d’un ou de deux niveaux, une structure en 5 niveau ressortirait comme un bâtiment de grande hauteur. Les seuils retenus dépendent en grande partie des objectifs recherchés. Par exemple, la base de donnée ‘Emporis’ qui s’intéresse à l’industrie immobili-re, un immeuble de grande hauteur est défini comme un immeuble de 35 et 100m 24
de hauteur. Pour les services de sécurité incendie, au Maroc, un bâtiment de grande hauteur est un bâtiment de plus de 60m. Dans les services d’urbanisme, le seuil significatif où l’ascenseur devient obligatoire - est de 5 niveaux. Dans cette étude, étant donné que l’intérêt prioritaire est l’exploration de la richesse de la dimension verticale et de son apport dans l’habitat, aucun de ces seuils n’est retenu. La dimension d’urbanisme verticale est étudiée dans tout ce qu’elle englobe comme objet. L’urbanisme vertical est encore un sujet peu traité. De grandes zones d’ombres restent à élucider. Il existe aussi une simplification de l’objet vertical aux tours et aux grattes ciel, que ce soit dans les écrits théoriques sur l’urbanisme vertical ou dans les écrits prospectives. Et même pour ces tours, alors que le début du 21e siècle a été identifié comme la décennie la plus prolifique en construction de gratte-ciel, la plupart de ces structures ne sont rien d’autres qu’une série de plateaux homogènes et identiques superposés l’un sur l’autre, dans des édifices monofonctionnels. Cette stagnation dans la réflexion et dans la production conduit à un préjugé péjoratif concernant les édifices verticaux. C’est donc une réflexion nouvelle qu’il faut conduire sur les typologies des édifices verticaux. Nous devons considérer les édifices verticaux, dans leur forte intensité et multiplicité, non pas comme des objets architecturaux
dominés par leur ingénierie, mais comme le dessein d’un urbanisme vertical. C’est-à-dire que nous devons prendre en considération les aspects qui sont cruciales dans l’urbanisme horizontal et étudier leur intégration et leur structuration suivant l’axe vertical de la ville. La ville développe ainsi son urbanité au sol et dans le ciel. La construction de cette réflexion sur la ville passe par une étude transversale intégrant plusieurs disciplines. Seul cette transversalité est à même de rendre compte de la complexité du sujet.
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I.a. Étymologie et aperçu historique : Le terme gratte-ciel renvoie vers des immeubles de grande hauteur. Le terme est apparu la première fois, pour décrire un immeuble, à Chicago, à la fin du XIXe siècle. C’est aux États-Unis que les gratte-ciels sont apparus. Suite à la guerre de sécession, la forte croissance économique encourage la construction d’immeuble plus grand, surtout à Chicago et New York. Grâce aux progrès en structures métalliques ignifugées, le développement de l’ascenseur par Otis et le développement de l’éclairage artificiel, il devenait techniquement réalisable et financièrement rentable de construire des immeubles plus haut, comme par exemple la Home Insurance Building, de 42m, construit à Chicago en 1884.
4. Sarah Bedford Landau et Carl W. Condit, Rise of the New York Skyscraper, 1865-1913, New Haven et Londres: Yale University Press, 1996. 5.Selon une étude du cabinet Emporis, http://www.24heures.ch/economie/LAsie-concentre-les-plus-hauts-chantiersau-monde/story/28644252 consulté le 17.04.2017
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Le développement des gratte-ciels est le résultat de plusieurs évolutions : économique, avec le développement des grandes sociétés américaines à la fin du XIXe siècle ; urbain, avec la rareté du foncier et donc l’augmentation des prix ; social, avec la transformation de la société et le développement des cols blancs. Par exemple, à New York, La population tripla entre 1840 et 1870 et les prix de l’immobilier augmentèrent de 90% entre 1860 et 1875.4 Durant le XXe siècle, le gratte-ciel continue à se développer aux États unis suivant
sa fonction commercial en intégrant les avancées technologiques et en s’adaptant aux transformations stylistique de chaque époque. Mais surtout, durant la période de l’aprèsguerre, la grande hauteur développe un nouvel usage, en servant à des projets d’habitation. En Europe, durant la période de l’après guerre, le reconstruction des villes a été l’occasion d’essayer une nouvelle approche du logement. Le besoin de construire vite, pour peu cher, favorise des approches radicales de l’habitation et conduit à des expériences comme celle de la cité radieuse du Corbusier. Celle-ci voit la tour d’habitation comme un village vertical. Les équipements qui font un quartier sont alors empilés les uns sur les autres pour libérer de l’espace au sol. Ainsi, le gratte ciel acquière un usage nouveau et différent du gratte ciel américain. A la fin du XXe siècle, la puissance financière et économique passe de l’occident à l’orient asiatique. Le développement des gratte-ciel s’y développe avec une grande ampleur. 9 des 10 chantiers les plus importants de gratteciel sont en Asie,5 plus particulièrement, en Chine, au Japon, et au Golf. La croissance démographique est particulièrement importante dans les pays de l’Asie de l’Est, et oblige les architectes et les urbanistes à une verticalisation extrême du paysage urbain. Les tours, qui étaient auparavant des objets isolés, s’inscrivent dorénavant dans des complexes urbains faits de cette verticalité, comme le quartier d’affaires de Pudong, à Shanghai.
En Afrique, le nombre de gratte-ciels est faible. Cependant, certaines tours ont fait leur apparition dans les grandes métropoles. En Afrique du Sud, de nombreux gratte-ciel ont été édifiés et composent le paysage urbain de la capitale Johannesburg, surtout dans les années 1970, le plus haut étant le Carlton Centre (222 m) suivi par le Pearls Of Umhlanga à Umhlanga Rocks. Au Maroc, les premières opérations verticales ambitieuses ont vu le jour dans les années 50. La première tour de 16 étages et plus à avoir été construite est l’immeuble Liberté, d’une hauteur de 78 mètres et de 17 étages, conçue par l’architecte suisse Léonard René Morandi et achevée en 1950 à Casablanca. Elle était à l’époque le bâtiment le plus haut d’Afrique. Après une certaine stagnation, dans les années 2000, le pays va se réinscrire dans une ambition de verticalité, afin de profiter de l’image de marque et de la notoriété que véhicule ce genre de projet. De nombreuses tours vont faire leur apparition, dans les grandes villes comme Casablanca, Rabat ou Tanger. Par exemple, les twin center construit à Casablanca en 2004 par Ricardo Bofill, la tour Maroc Telecom à Rabat, ou les projets de tours prévus dans les grands projets d’aménagement urbain comme le Casablanca Finance City ou Casablanca-Marina.
des usages d’habitation. Cependant, cette intégration pose de nombreuses questions quant à l’adéquation de ce modèle aux besoins de l’habitat, et son avenir en tant que modèle architectural. Pour répondre à ces questions, une critique de ce modèle est nécessaire par rapport aux quatre grands axes qui influence la conception d’un édifice : l’aspect architectural, l’économie, l’environnement, et le sociopolitique.
En conclusion, le gratte-ciel est un phénomène international et mondial. Si au départ il répondait avant tout à un besoin économique et commercial, il a du bon gré mal gré intégrer 27
I.b. L’urbanisme vertical en architecture : Objet urbain contre monade anti-urbaine Architecturalement parlant, les gratte-ciels peuvent être divisés en deux grandes familles : Les gratte-ciels intégrés à la ville, et les gratteciels à l’extérieur de la ville. Cette différence est surtout notable dans les gratte-ciels du début du XXe siècle, jusqu’aux années 60, entre ceux d’Europe et ceux des États-Unis. Par la suite, le gratte-ciel devenant de plus en plus urbain, et l’urbanisme de dalle échouant à remplacer la ville, cette différence s’estompe et c’est une évolution du gratte-ciel américain qui s’impose alors mondialement. Le propos est le même, seul des différences dans la forme et dans le style existent. Louis Sullivan, architecte américain de la fin du XIXe siècle, est considéré comme le père du gratte-ciel américain. Sullivan est parmi les premiers architectes a avoir théorisé et systématisé l’approche conceptuelle du gratteciel. Sullivan va théoriser la composition du gratte-ciel. Son apport n’est pas technique, mais véritablement conceptuel. Il valorise le gratte-ciel par l’architecture et lui trouve une expression propre, en tenant compte de l’usage et du mode de construction du bâtiment, dans le contexte socio-économique. Sullivan traite la verticalité non pas comme un problème mais comme une valeur en soi. Le 28
gratte-ciel est fait d’un groupe de fonctions, qu’il s’agit d’exprimer à l’extérieur. Les éléments de ces groupes n’ont donc pas à être différents les uns des autres. Au contraire, ils doivent exprimer l’ordre et la rigueur. Il empreinte alors la composition à la colonne antique : La ligne verticale est divisée en trois partie. La base, rapport au sol, comprend accueil et commerces ; le fût cannelé, corps de l’édifice, figurant des étages courants de bureaux standardisés et superposés ; et le chapiteau, rapport au ciel, supportant un déploiement expressif d’ornements pour l’étage d’attique qui contenait des locaux techniques. Enfin, il a synthétisé le principe fonctionnel sous-jacent à cette composition —ou à d’autres compositions, adaptées à d’autres programmes et contextes - par une formulation verbale du rapport forme/ fonction : form ever follows function. Un demi-siècle et deux guerres mondiales plus tard, une deuxième évolution du gratte-ciel aura lieu, sous l’influence du Mouvement moderne européen. Cette évolution s’inscrit dans la continuité de la composition et de la pensée constructive que Sullivan avait imprimées aux gratte-ciel. Le Seagram Building, de Mies van der Rohe, Allemand qui avait migré en 1937, en est l’exemple le plus célébré. L’apport de Mies au thème des gratte-ciel est double. D’une part, Le Seagrame Building traduit le passage du gratte-ciel en colonne ou en pièce montée au gratte-ciel tubulaire ou monolithique. De l’autre, la plaza qui joue le rôle d’un parvis dans le Seagram accentue la
monumentalité de la tour mais lui permet aussi de s’intégrer à la ville, comme un point d’arrêt, un objet de contemplation. L’intégration d’une place au pied des gratteciels a pour but d’articuler les échelles. Dans les gratte-ciels de Mies, deux espaces extérieurs renvoient à différents points de vus et échelles de la ville qui coexistent. L’espace public, qui s’étend à l’infini à l’horizontal, communique avec un espace paysager sculpté par les limittes monumentales de la structure en acier et du verre. La place projeté dans le projet du Seagram building illustre ce principe d’intégration. Il unifie l’espace et la construction. L’effet de masse visuelle de la tour comme un corps monolithique est l’objectif de ce mur rideau. L’espace de la place sert aussi comme un espace de perception, qui permet d’apprécier la masse de la tour. Il compense le manque de recul des rues de New York. Mies en parle ainsi : « A New York, quand tu regarde la masse, tu ne peux pas voir les détails. Je pense que c’est la qualité de la Seagram tower. Je l’ai mis en arrière pour qu’on puisse les voir. A New York, tu as besoin de voir les plaques de rues pour savoir où tu es. Tu ne peux pas voir les édifices, seulement de loin. C’est la raison pour laquelle j’ai mis le bâtiment en arrière.»6 Mies accorde aussi un intérêt particulier au traitement architectural de la façade dont
il accentue l’expérience esthétique de sa structure. «Se dressant vers le ciel ». « Les gratte-ciel ne montrent leur audace constructive que lorsqu’ils sont en chantier : leur ossature en acier dressée vers le ciel produit alors une impression grandiose. Dès que les façades sont maçonnées cette impression est abolie. La pensée constructive, fondement indispensable de la création artistique, disparaît, généralement étouffée sous un fatras formel absurde et trivial. Dans le meilleur des cas, c’est l’importance des dimensions qui fait encore impression; et pourtant ces bâtiments auraient pu être autre chose que de simples manifestations de notre savoir-faire technique. Mais, pour cela, il faudrait cesser d’essayer de résoudre les problèmes nouveaux avec des formes traditionnelles, mais au contraire tenter de dégager des formes de l’essence profonde de notre nouvelle mission.»7 « La construction ne détermine pas seulement la forme, mais elle est la forme même. Lorsqu’une construction véritable rencontre un contenu véritable, il en résulte des œuvres véritables, des œuvres véritables et conformes à leur essence. Celles-ci sont nécessaires. Elles sont nécessaires en ellesmêmes et en tant qu’éléments d’un ordre véritable. On ne peut ordonner ce qui est déjà ordonné en soi. L’ordre dépasse l’organisation. L’organisation consiste à définir des fonctions. En revanche, l’ordre consiste à donner un sens. Si nous traitions chaque
6. 7. Mies van der Rohe, « Gratte-ciel » publié in F. Neumeyer, Mies van der Rohe. Réflexions sur l’art de bâtir, Paris : Le Moniteur, 1996 (1922).
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chose conformément à son essence, les choses s’organiseraient d’ellesmêmes selon l’ordre qui est le leur et c’est seulement à partir de ce moment qu’elles seraient entièrement ce qu’elles sont. Alors seulement elles atteindraient réellement à leur accomplissement. Le chaos dans lequel nous vivons céderait la place à l’ordre et le monde redeviendrait signifiant et beau. »8 En Europe, à cette époque, l’architecture du gratte-ciel se développe différemment de l’architecture américaine. Elle fait d’abord à un certain phénomène de censure au sein de la ville. La ville européenne est un paysage déjà construit auquel il faudrait insérer une tour. Contrairement à la ville américaine, qui était elle un paysage en construction. Les tours font face à des contraintes administratives plus importantes. Beaucoup de villes limitent la hauteur des constructions d’immeubles de grande hauteur pour préserver le paysage urbain traditionnel. C’est en périphérie que s’installe les tours et les gratte-ciels. A l’image de la cité radieuse du Corbusier.
8.Mies van der Rohe, Conférence à Chicago, date inconnue, publié dans F. Neumeyer, Mies van der Rohe. Réflexions sur l’art de bâtir, ibid, pp. 320-321. 9. LeCorbusier, Précisions sur un état présent de l’urbanisme et de l’architecture, Paris : Altamira, 1997. p.48 10. LeCorbusier, ibid, p.45 11. LeCorbusier, ibid, p.45
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Libérer de la contrainte de la ville, mais devant aussi se suffire à eux même. Les premières tours européennes sont pensées comme des villages verticaux. Ils comportent les équipements nécessaires au développement de la vie de quartier comme les écoles, la poste, un café ... Ils ne sont pas commandités par des sociétés ou des individus mais par l’état. La tour européenne de l’époque est
pensée comme un prototype de la solution aux maux de la ville, identifiée comme étant la congestion , surtout au niveau de la circulation. LeCorbusier, qui est une figure majeure de la pensée urbaine de l’époque, et qui influence la pensée urbaine des CIAM, écrit : “l’architecture c’est la circulation”9. “Je dessine maintenant le sol de la ville moderne. Une ligne : c’est tout le sol disponible (presque 100%) parmi la forêt légère des pilotis. Bâtie sur les pilotis, en l’air, la ville.”10 (page 45) ‘‘Urbanisme maintenant : Voici la rue de toujours, le “plancher des vaches” et voici les maisons de toujours, ancrées dans le sol. Envisagez le problème de la circulation moderne : vous êtes perdu. Mais voici des maisons modernes de fer ou de ciment armé, sur leurs poteaux montant du fond. Cinq, dix, vingt, cinquante planchers superposés. En haut, sont des jardins de promenade et d’hygiène. Mais en bas, sont les pilotis. Le 100% de la surface du sol est libre, en tout sens ! Plus que cela, devant chaque maison, au haut des pilotis, je projette des balcons : les balcons se joignent au devant et se fondent sur le côté avec leurs voisins; les balcons se joignent au devant et se fondent sur le côté avec leurs voisins, les balcons ont fait une seconde rue : la rue des piétons ou des voitures légères. Les poids lourds sont en bas. Les canalisations de la ville sont visibles, réparables, à portée d’oeil et de main.”11
C’est à partir de cette prise de position que se dessine la tour européenne. A l’inverse de la tour colonne de Sullivan, LeCorbusier inverse la logique des poids de la triade classique. La base est une série de pilotis. Ils permettent la fluidité de la circulation et la continuité du milieu naturel. Il permettent aussi de faire abstraction de la topographie du site. Le corps est une superposition d’étages répétitifs. Enfin, la terrasse est une place publique, ornée de sculpture, et qui abrite quelques équipements du villages. La différence entre les gratte-ciels américains, notamment ceux de Louis Sullivan, et les gratte-ciels européens, notamment ceux du Corbusier, est avant une histoire de contexte. Les conditions dans lesquels sont apparus et se sont développés ces deux modèles ont influencé leur architecture. Les deux témoignent de leurs villes. La ville américaine n’a pas l’histoire de la ville européenne. Le territoire américain a été planifié ex-nihilo par Thomas Jefferson comme une grille de 1acrex1acre, intégrant la nature. Les artères de la ville étaient déjà pensé pour les problèmes de l’époque. La société américaine est aussi une société fortement libérale. Le gratte-ciel est alors l’expression de la force individuelle au sein de la ville. Il est avant tout une mise à l’échelle de l’immeuble. Le développement de la ville européenne lui, est lié au développement industriel. L’évolution des bourgs médiévaux se confrontent aux exigences de l’ère moderne. Notamment celle de la voiture. Les petites ruelles étroites des
centres historiques ne sont pas assez larges pour les transports modernes. Le gratte-ciel se développe comme solution à cela, il est une autre image de la ville. Il est fortement antiurbain, un substitut à la ville. Par la suite, durant la deuxième moitié du XXe siècle, l’architecture des gratte-ciels va absorber ces différences et s’impose alors une vision plus ou moins unitaire. Malgré les différences purement stylistiques ou de formes, le corpus des gratte-ciels renvoient durant cette période à une même conceptualisation de l’objet architectural. Elle fut théoriser par Rem Koolhass, dans son livre New York Delirious. La théorie de Koolhass vient en complément de l’apport de Sullivan et Van der rohe. Sullivan théorise la composition de l’édifice comme expression esthétique. L’apport de Mies se mesure à l’intégration du gratte-ciel dans la trame urbaine. Koolhass, dans son livre “New York Delirious”, traite de la monumentalité systématique du gratte-ciel et du rapport qu’elle entretient avec l’intérieur de l’édifice. Koolhaas analyse et intervient sur le gratteciel à travers 2 concepts : la lobotomie et le schisme. Le concept de Lobotomie parle de la relation entre l’intérieur et extérieur. Cette relation était traditionnellement dans l’architecture occidentale une relation de transparence. Le dehors véhicule et communique le dedans. La façade “honnête” parle des activités qu’elle 31
dissimule. Or, dans le cas du gratte-ciel, du fait de l’augmentation des dimensions, un écart intentionnelle se produit entre volume intérieur et surface extérieure. Cet écart est exploité par les bâtisseurs de gratte-ciel pour entretenir l’automonumentalité de l’édifice. Il rompt par une peau opaque la relation entre intérieur et extérieur. Le bâtiment est lobotomiser, comme un corps, pour qu’un extérieur calme et monumentale, immobile, épargne au monde les folies et les agonies des perpétuelles modifications qui font un intérieur animé de la vie quotidienne. Une fois l’intérieur et l’extérieur séparées, l’intérieur est divisée en couche indépendante les unes des autres, comme des couches rocheuses d’un schiste. En niant toute dépendance entre les niveaux, le schisme vertical permet leur distribution arbitraire au sein d’un même édifice. Il s’agit là d’une stratégie essentielle pour le développement culturel du gratte-ciel : elle accepte l’instabilité de la composition définitive du gratte-ciel, tout en spécifiant au maximum, voire en surdéterminant, le cadre de chacune des affectations connues. Durant la fin du XXe siècle et début du XXIe siècle, la grande part des gratte-ciels continuent à abriter des programmes de bureaux, d’hôtels ou d’équipements culturels. Les deux concepts de lobotomie et de schisme sont très présents. Cependant, dans certaines tentatives récentes, l’intégration de nouvelles contraintes, notamment 32
écologiques, va influencer la conception de certaines tours. L’adaptation de la tour aux besoins de l’habitat va aussi fragiliser le principe d’automonumentalité. Le gratteciel intègre alors des éléments végétales, ou des espaces à l’air libre. Il n’est alors plus homogène et continu mais se présente plutôt comme des volumes se superposant les uns sur les autres. Ces volumes peuvent être de la même nature, ou des éléments distincts. La ville traditionnellement horizontale se plissent pour constituer le gratte-ciel. En conclusion, architecturalement parlant, le gratte-ciel a évolué depuis son apparition ai milieu du XIXe siècle. D’une mise à l’échelle de l’immeuble, il acquière une composition propre à lui à la fin et au début du XXe siècle. Puis, sa forme et ses éléments sont réfléchis pour mieux le mettre en valeur au sein de la ville, ou au contraire, lui permettre de se substituer à la ville. Durant les années 60 et 70, il dissocie forme et espace, jonglant ainsi entre son caractère monumental et le besoin fonctionnel de son espace. A la fin du XXe siècle et au début du XXIe siècle, de nouvelles tendances apparaissent. Elles essayent d’intégrer les nouvelles contraintes environnementales et sociales. Dans les gratte-ciels prévus pour l’habitat, le concept de lobotomie s’affaiblit pour renforcer le principe de schisme. C’est donc ainsi qu’à travers ce processus, nous sommes arrivés aujourd’hui au concept de gratte-ciel contemporain. La question reste si ce concept est performant d’un point de vue environnementale, économique et sociale.
I.c. L’urbanisme vertical et l’environnement : des potentiels et des démarches en évolution. Les écrits d’architectes consultés, s’intéressant à l’urbanisme vertical, se sont concentrés sur la dimension durable des tours. Ces ouvrages sont en grande partie des ouvrages prospectifs, qui aboutissent à des projets théoriques ou destinés à être construit. Cependant, leur approche reste normative et technicoscientifique. Ils sont encore empreints de la méthode moderne quant à aborder la ville verticale. Les ouvrages consultés construisent un discours rhétorique basé sur les calculs et formules mathématiques. Ces ouvrages sont intéressants dans ce qu’ils apportent comme savoir sur les méthodes de construction des immeubles de grande hauteur, et la démonstration de l’intérêt économique – au sens de ce qui peut être numérisé et compté – de l’opération de la verticalisation. Cependant, ils finissent par réduire la verticalité au gratteciel isolée, empilant les étages pour substituer la surface non construire au sol. Le livre “Vertical city”12 de Phillippe Samyn est représentatif de cette littérature. Samyn défend que c’est le rapport au soleil qui construit l’échelle, la forme et l’architecture des villes verticales. “Ce sujet (La ville verticale) est vaste et concerne toutes les sciences et les arts, mais il “tourne” d’abord autour du soleil
qui détermine le climat et l’environnement auxquels la construction fait écho. La condition de sa jouissance est en effet d’autant plus contraignante pour la ville que ses constructions sont hautes. Il détermine avec le mouvement de la planète sur son axe et sur l’écliptique, la direction et la vitesse du vent, dont l’impact sur la construction est aussi d’autant plus grand que cette dernière est plus haute. De tous temps, l’abri était dessiné pour nous permettre de jouir de nos cinq sens et simultanément de la trajectoire du soleil au fil des jours et des saisons, tout comme de profiter de ses apports énergétiques, chaleur et lumière. Cette évidence fut souvent oubliée ce dernier siècle, le mauvais usage des sciences et des techniques conduisant aux innombrables constructions indifférentes au soleil -, qui nous entourent. La primauté du soleil, craintes environnementales aidant, est maintenant lentement, beaucoup trop lentement, restaurée. Elle est particulièrement centrale pour notre sujet.”13 L’influence du soleil sur la conception de la ville verticale se traduit par une série de coefficients et de rapports, qui dessinent l’édifice : La règle L/H qui traduit le rapport entre la hauteur d’un édifice et la distance horizontale qui le sépare d’un autre édifice, la densité nette, la densité
12.Phillippe Samyn, La ville verticale, Format Kindle, Bruxelles : Academie royale de Belgique, 2014. 13.Phillippe Samyn, ibid.
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brute Le C.O.S, et la règle L/B. La combinaison de ces règles définissent les volumes et les surfaces construits. La densité nette ne prend en compte que la surface nécessaire pour le logement. La densité brute prend en compte les surfaces nécessaires à l’ensemble des activités. Elle est décroissante en fonction de la croissance de la population de manière exponentielle, et en cloche en fonction de la densité nette. Samyn étudie ces rapports pour douze trames théoriques, en fixant le rapport L/H à 2 pour les besoins d’aération, en faisant varier la hauteur, L’idée de trames en urbanisme n’est pas nouvelles. Dès l’antiquité, les villes romaines sont construites sur le principe de trames orthogonales s’adaptant à la topographie. (Figure 1) Pour la densité nette, les courbes en fonction du nombre de niveaux (Figure 2) sont globalement en cloche, sauf pour le cas XI et XII utilisant des plans carré ou circulaire qui passe par un maximum à 4 niveau avant de tendre vers zéro. En ce qui concerne le Coefficient d’occupation du sol, il est naturellement décroissant au fur et à mesure que le nombre d’étage augmente. De manière hyperbolique, le COS décroît plus rapidement pour le cas X et XI. (Figure 3) De cette première analyse, Samyn élimine les autres propositions et continue son étude 34
statistique uniquement sur les cas XI et XII. L’étude de la règle L/B est déterminante pour la question de l’ensoleillement sur un plan horizontal. L correspond à la distance entre deux bâtiments et B au diamètre de l’édifice. “Elle régit le laps de temps acceptable pendant lequel un point donné d’un bâtiment est dans l’ombre d’un autre. Il correspond à l’angle formé par les 2 rayons émis vers le point donné en frôlant tangentiellement la silhouette de la tour. Cet angle est de 15° par heure - la terre fait 360° en 24h -, ce qui donne une valeur L/B de 3,8 pour une heure acceptable (Figure 4) et 1,87 pour deux heures d’ombre acceptable, dans le cas de la tram de tour à base carrée. (Figure 5) Dans le cas des tours à plans circulaires, le distance L est moins importante que le cas précèdent, elle est uniquement de 3,3B pour une heure acceptable (Figure 6) et 1,37 pour deux heures d’ombre acceptable (Figure 7). Samyn retient donc le schéma XII pour la construction de sa petite ville théorique. Concernant les réseaux qui relie ces villes, il faut noter que les petites villes traditionnelles de 5 niveaux, à échelle moyenne, étaient les plus économes jusqu’ici. Mais l’étalement urbain a rompu ce léger équilibre et a fait de ces villes monocentriques des trous budgétaires. La charge des réseaux augmentant de manière disproportionnée. L’analyse statistique et
calculée montre l’intérêt de la verticalisation, avec des conduits en diagonale.
et véritable avant garde de l’architecture durable (sustainable architecture).
Les conclusions de Samyn sont synthétisés dans un modèle de petite ville faites de tours connectés, situés dans les anciennes friches industrielles. (Figure 8)
Dans son approche de l’espace vertical, Yeang construit ce qu’il appelle le ‘Vertical urban design’. Le Vertical urban design proposes de construire les édifices hauts comme des espaces qui rendent flous la distinction entre l’environnement naturel et la forme construite. Il intègre les caractéristiques écologiques afin de rendre la forme construire harmonieuse avec son environnement. (Figure 9)
Bien que l’analyse de Samyn soit intéressante dans ce qu’elle apporte comme information et construction scientifique et technique, elle est réductrice par rapport aux dimensions de l’habitat. Elle n’est pas étudiée de manière à prendre en considération les usages et les pratiques sociales. Samyn défend que “les réseaux sociaux et la vie de quartier, qui se tissent horizontalement dans la rue, le voisinage et le quartier de la ville basse, peuvent aussi se développer autour de “la rue verticale” de la tour. Cette dernière doit pour cela être baignée de soleil et de lumière naturelle, offrir des vues et des perspectives, être ponctuée de placettes.” Cependant, les grands ensembles construits montrent que cette synthèse ne se vérifie pas dans la réalité. La notion d’échelle est importante dans la construction des rapports sociaux, et des facteurs psychologiques et sociologiques ne peuvent être ignorés pour construire la sociabilité et l’urbanité de ces projets architecturaux. D’autres démarches architecturales vont essayer de sortir de la démarche purement numérique. C’est particulièrement illustré par le travail de Ken Yeang, qui est l’un des pionnier
Le travail de Yeang prend en considération les caractéristiques environnementales du site dans lequel ils sont construits. Yeang utilise des stratégies énergétiques bien connu, à savoir chauffer la maison grave à la lumière naturelle et utiliser principalement l’éclairage naturel, la collecte des eaux pluviales pour les systèmes de rafraîchissement, et l’utilisation des vents pour maximiser la ventilation. Son travail est aussi caractérisé par une utilisation excessive des jardins suspendus et des terrasses dans les formes construites. L’introduction de ces écosystèmes artificiels dans la forme construites a trois objectifs : Un objectif esthétique et plastique, la création d’une continuité et d’un lien entre l’horizontalité et la verticalité, et l’amélioration des conditions environnementales. Dans de nombreuses conceptions, les terrasses végétales fusionnent avec les parcs 35
et jardins horizontaux entourant le bâtiment. Cette continuité permet une interaction harmonieuse entre l’environnement construit et naturelle. La forme construite vit et participe à l’écosystème. L’apport de Yeang est donc de sortir de la considération traditionnelle d’une verticalité contrastant avec l’horizontalité de la ville, et de la construire comme un urbanisme horizontal. Il la théorise comme la transposition et la connexion de la dimension horizontale dans la dimension verticale par l’intégration des aspects que le design urbain considère conventionnellement crucial dans le plan horizontal, pour faire de l’édifice vertical une pièce urbaine dans le ciel plutôt qu’au sol. Ces aspects du design urbain, comme la création des places, création des espaces publics, la liaison entre les différents édifices, la création de communautés, pourvoir les systèmes d’accessibilité publique et privée, doivent être reconsidérés verticalement. La création des places, par exemple, présente de nouvelles opportunités, présente de nouvelles opportunités, souvent ignorées dans le dessin de plusieurs bâtiments de grande hauteur. En repensant la typologie verticale à travers “le design urbain vertical”, de nouvelles considérations émergent, dans une nouvelles théories de la verticalité. La réflexion de Yeang se présente aussi comme une réflexion low-tech puisque sa conception ne requière pas de nouvelles technologies de 36
construction et d’ingénierie. Elle se présente plutôt comme la réutilisation des technologies existantes en privilégiant les systèmes propres, les systèmes ingénieux peu énergivore, neutre en carbone, et des systèmes constructifs pouvant être désassemblés, utilisant des matériaux recyclable. Le travail de Yeang se veut aussi universel. Pour lui, les préoccupations traditionnelles et régionalistes concernant l’origine des bâtiments de grande hauteur, et les tentatives d’ “orientalisation” par l’utilisation de motifs locaux, ne devrait pas exister. “Il peut y avoir des préoccupations traditionnelles, et régionalistes, par certains dans l’extrême orient que les édifices de grande hauteur est essentiellement une importation occidentale et donc doit être ‘culturalisé’ - qu’il doit être rendu local avec des motifs et fonctionnalités culturelles. Ils ne devraient pas avoir d’aversion à l’utilisation de formes construites car ils ne sont pas ‘fait maison’. Si nous adoptons ce point de vue, nous pouvons tout aussi ne pas utiliser la médecine moderne et la chirurgie juste car elles sont importés. Il faut affirmé que nous devrions utiliser ce qui fonctionnent le mieux pour notre condition urbaine et villes sans considération s’ils sont importés ou non, partant du fait qu’ils sont la meilleure solution au problèmes urbains et que
les concepteurs adaptent ces solutions au lieu de les copier aveuglement. Une conception plus localisé est une approche du régionalisme critique qui enchaîne (ties dans la version originale) la configuration construite et ses performance énergétique au climat local, dans une conception passive.”14 Si la complexité qu’apporte le modèle de Yeang par rapport aux modèles technicoscientifique est intéressante dans l’élaboration de la verticalité, c’est l’aspect universaliste qui dérange. Ce n’est pas tant dans les motifs ou les formes kitch qui doivent être appliqués sur les tours, mais plutôt sur la manière d’habiter ces édifices. Aussi, il est intéressant de flouer les distinctions entre l’horizontalité et la verticalité, dans ce que Christopher Harker (2014) appelle un rendu topologique de la verticalité en place et lieu de la nature topographique de la verticalité. Cependant, il n’est possible de reconstruire une notion de voisinage à la verticale qu’en prenant en compte la manière avec laquelle les communautés habitent les espaces verticaux, qui est dans bien des égards différentes de la manières dont ils habitent l’horizontal. Comme affirmé par Andrew Harris (Harris, 2014), “Il est important de reconnaître que les modèles dominants de la ville volumétrique (three dimensional city),
complété d’images globales, formes construites et désires, ne se diffuse pas et n’émerge pas de manière directe. Les tentatives d’empreint, de mime ou d’émulation des idées verticales créent une mutations et génèrent des conséquences inattendues. Les premiers grattes-ciel du XXe siècle, complété des rêves qui les accompagnent et du futurisme technologique, traverse une série de métamorphoses lorsqu’elle passe de Chicago et New York, à travers Berlin, à Moscou, avec une plus grande accentuation de l’aspect humain sur la spéculation foncière, et l’utilisation d’une iconographie politique plutôt que des images du monde marchant. Les tours d’habitation de grande hauteur traversent un jeu fait de différences et répétitions, plutôt qu’une simple convergence, au fur et à mesure que leurs systèmes, règles, matériaux, technologies et institutions de gestion s’y inscrivent. Les modèles contemporains de quartiers verticaux asiatiques privilégient différents groupes sociaux et motivations politiques par rapport à leur formulation originale.”15 Il semble donc primordiale de croiser la méthode de Yeang avec les analyses sur la manière d’habiter et de représenter la verticalité, plutôt qu’une considération technique, ou normatif. Ces deux approches ne sont pas contradictoires, mais plutôt complémentaire.
14. Traduit de : Ken Yeang, a vertical theory of urban design, Novembre 2012. http://www. buildingfutures.org.uk/printarticle. php?articleid=18&themename=Tall%20 Buildings. Publié en ligne. Consulté le 10/01/2017. 15. Traduit de : Andrew Harris, Vertical urbanisms: Opening up geographies of the threedimensional city, 2014. Publié en ligne. phg.sagepub.com
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I.d. Verticalité et environnement : densité et verticalité, quelles corrélations ? Le rapport à l’environnement ne s’est pas réduit à des sujets conceptuels et architecturaux. Pour les environnementaliste, les gratte-ciels et les immeubles sont un sujet d’étude de deux notions numériques : la densité et les îlots de chaleurs. Il convient de s’arrêter sur la notion de densité, souvent abordé implicitement par les ouvrages et analyses précités. La densification est souvent cité parallèlement, voir de manière synonyme, à la verticalisation. Dans son modèle, Samyn choisit de garder les deux modèles XI et XII car ils sont les moins denses et permettent d’occuper le moins de sol. Le choix lui semble évident, il ne le justifie pas. Quelle valorisation donner à la densité ? Comment l’appréhender ? Et à quel rapport entretient elle avec la verticalité ? Numériquement, la densité est un rapport entre une quantité de matière et une surface. En urbanisme, on peut distinguer deux types de densité : la densité du contenant, qui concerne la densité du bâti par rapport à la surface au sol, et la densité du contenu, qui concerne la densité de la population par rapport à un espace donné. Selon que l’on parle de l’un ou de l’autre, nous traitons de deux réalités différentes, qui n’ont pas forcement de corrélation. Le modèle de Samyn défend d’ailleurs qu’à densité humaine égale, il est à 38
densité bâti moindre. Concernant la densité bâti, la formule retenue est celle du C.O.S (SHoB ou SHoN sur surface d’étude) Pour la densité de population, la formule retenue est celle des habitants sur la surface d’étude. Mais cette densité numérique s’avère très abstraite pour décrire la forme bâtie. Elle ne correspond pas forcement aux formes les plus verticales. (Figure 10) Sa capacité dépend de d’autres indices et facteurs complémentaires : échelle d’étude, coefficient d’emprise au sol, dénombrement des corps, relations topologiques : Pour une même densité bâti, les formes urbaines peuvent varier. A l’échelle de Manhattan, grâce à la présence de Central Park, la densité calculée sera aussi faible que la densité calculée d’une petite ville ordinaire de quelques niveaux, voir d’une banlieue résidentielle. Pourtant, il est évident que les deux formes urbaines représentent deux réalités de la ville très contrastées. Il faudra alors faire un zoom sur l’échelle de l’îlot pour que l’information soit complétée. Aussi, un immeuble de quatre étages est aussi dense qu’un autre de huit étages mais avec deux fois moins de surface, sans que les réalités physiques et les implications conceptuelles soient les même. Enfin, sans le dénombrement des objets participant pris en compte lors du compte de la densité et la relation topologique entre eux, la densité ne peut traduire la capacité d’aménagement du site. Une barre occupant la moitié d’un lot laisse autant de
surface qu’un lotissement à parcelles égales construites chacune à 50%, mais l’un peut recevoir un parc alors que l’autre non. La même complexité de lecture caractérise la densité humaine. Afin qu’elle soit pertinente dans la description des réalités sociales, il convient de décrire la nature de l’activité qu’exerce la population étudiée au sein de cet espace : habiter ou travailler. La densité humaine des villes dortoirs peut être supérieur aux densité humaine d’un centre ville, sans que cette donnée n’informe sur l’intensité de l’activité dans les deux tissus. Ce n’est donc qu’en croisant et en complétant une série d’information que la densité devient pertinente, et permet de décrire une réalité urbaine. Il est aussi pertinent de noter que, comme pour la forme urbaine, la densité ne peut être aborder que d’une manière statistique. Les simples observations d’un usager de l’espace permettent d’affirmer l’existence d’une dimension perceptive de la densité, celle ci même qui construit le ressentis et la dimension sensorielle. En parcourant la médina, nous avons le sentiment d’être dans un tissu dense. Mais en général, les recueil sur la médina sont positive, font état d’une sensation de protection et d’enveloppement. Dans un tissu pavillonnaire, nous pouvons être statistiquement à la même densité que la médina, mais nous avons le sentiment d’être dans un tissu moins dense, sans que cela soit
plus agréable. En parcourant un site industriel, nous pouvons avoir le sentiment d’un site déserté et dangereux, alors qu’à même densité, dans un parc, nous aimons le silence et le calme. Ces mêmes ressentis peuvent être observés qu’il s’agisse de densité perçue sociale - relative à la présence humaine - ou de densité perçue non sociale - relative au cadre physique. (Figure 12) Il existe plusieurs facteurs qui peuvent expliquer le sentiment de forte ou faible densité, et si cela est agréable ou non. Concernant la densité perçue sociale, les études en sociologie et en psychologie environnemental, notamment ceux de Eduard T.Hall, ont démontré un rapport entre le ressenti de la densité et la notion d’espace personnel. L’espace personnel est défini comme :” une zone aux contours invisibles entourant un individu à l’intérieur de laquelle nul intrus ne doit pénétrer.” Cette zone dépend des situations dans laquelle se trouve l’individu, ses caractéristiques personnelles (age, sexe, statut, posture) de la motivation de la présence de chacun, mais aussi d’une culture sociale. Cette bulle s’adapte aussi au lieu dans laquelle se trouve l’individu. Altman (Altman, 1975) définit l’intimité non pas comme l’absence des personnes, mais comme un contrôle sélectif de l’accès à quelqu’un ou à un groupe de personnes. Il considère alors que l’espace personnel et la territorialité sont deux mécanismes que l’on met en oeuvre pour 39
atteindre le degré d’intimité recherché. C’est donc l’intrusion de d’autres personnes, non désirées, au delà d’une distance qu’on estime optimal qui crée un gène et le sentiment désagréable d’une forte densité.
personnelles antérieures. Les références culturelles : Selon la culturelle dont ils viennent, et leur manière d’habiter l’espace, les usagers peuvent avoir une perception différente de la densité.
De la même manière qu’un individu se sent agressé par un autre lors d’une intrusion dans son espace personnel, il peut se sentir agressé par un lieu ou un espace.
En conclusion, l’analyse faite de la densité établie un rapport ambigu avec la forme urbaine. La densité a besoin d’être croisée avec une série de d’autres indices pour pouvoir décrire la forme urbaine. Mais aussi, l’acte de densification en tant que tel n’a pas de corrélation directe avec la perception d’un espace. C’est plutôt la manière avec laquelle il est fait qui construit notre rapport avec l’espace. La tour, par la superposition des étages, est indéniablement un objet plus dense. Cependant, avec les règles de prospects, elle peut s’avérer moins dense en surface qu’un tissus classique. Ce sol libéré est une opportunité pour la ville mais peut rompre l’impression urbaine. Il y a donc un seuil optimal entre densité surfacique, densité de la population, et verticalité.
Comme décrit précédemment, deux contextes peuvent avoir une même densité statistique mais ne pas véhiculer le même sentiment chez l’usager. Ici culmine une différence entre la dimension quantitative de la densité et la dimension qualitative. Une série de facteur peuvent définir la perception de la densité, certains sont spatiales et d’autres dépendent de l’interaction individu/espace : La configuration spatiale : Une même densité peut se traduire par plusieurs dispositions ou organisations des corps. Chaque disposition peut créer un sentiment différent de densité. L’aménagement : Selon que l’environnement immédiat est composé d’un superbe espace vert, aux arbres matures et à l’entretien impeccable, ou d’un échangeur autoroutier, ou encore d’un parc de stationnement au sol doublé d’une pelouse rachitique, on comprend vite que la perception de cette densité est vraisemblablement différente. Le temps d’exposition : Certains chercheurs (Stockols, 1972) ont montré que la perception de la densité dépend des expériences 40
I.e. Verticalité et environnement : les îlots de chaleurs urbains Autre notion importante dans l’étude de l’impact environnemental des immeubles et des tours : les îlots de chaleur. Les îlots de chaleur urbains correspondent à des zones où des pics des températures sont localisés, particulièrement des températures maximales diurnes et nocturnes,
enregistrées en milieu urbain par rapport aux zones rurales ou forestières voisines ou par rapport aux températures moyennes régionales. Selon Environnement Canada, la différence de température peut varier de 5°C à 10°C de plus que la moyenne. Elle est la manifestation d’un microclimat généré par les milieux urbains. Au sein d’une même ville et sur de très courtes distances (moins de 500 mètres), des variations importantes de températures peuvent être enregistrées. Ce phénomène de réchauffement local du climat est étroitement lié à la forme urbaine (figure) et engendre de nombreux impacts négatifs sur l’environnement et la santé. Par exemple, elle peut causer un stress thermique, aggraver la pollution atmosphérique, augmenter la consommation en eau et en énergie, puisque ces pics de chaleur encourage l’utilisation de la climatisation en intérieur. Ces îlots de chaleurs résulte de plusieurs facteurs, certaines naturels et d’autres liés à l’activité humaine. Parmi lesquels des facteurs spécifiques aux milieux urbains, tels que l’absence d’arbres et de végétation, la présence de larges surfaces non réfléchissantes qui absorbent et stockent l’énergie solaire et l’émission de rejets énergétiques multiples (Colombert, 2008). Le modèle physique expliquant ces chaleurs est le stockage de la chaleur par les matériaux traditionnels des milieux urbains (l’asphalte par exemple) et leur retransmission le soir. Elle est plus marquée le soir. Mais elle est aussi
créée par la réflexion de la chaleur ou par une mauvaise ventilation. En plus des matériaux, plusieurs paramètres de la morphologie urbaine participent à la création de ces îlots de chaleurs. La multiplication des édifices, la distance qui les sépare, leur volume et leur forme ont un impact sur la circulation, le parcours et l’intensité de la ventilation. Or, comment la modélisation scientifique le suggère, une bonne aération et une bonne ventilation permettent d’atténuer les îlots de chaleur. L’orientation des rues influence aussi la quantité de chaleurs absorbée par les matériaux. (Colombert, 2008). Ainsi, les îlots de chaleur sont plus présents dans les espaces bâtis de manière dense comme les centres urbains insuffisamment aérés. La circulation automobile, influencé par la forme urbaine, a aussi un apport non négligeable en terme de chaleur et de pollution d’air. D’autre part, le processus d’urbanisation et d’étalement urbain se fait souvent au détriment des espaces végétales autours et à l’intérieur de la ville. Ce processus conduit à une détérioration thermique. La densification et la minéralisation de la ville réduisent l’espace dédié aux milieux naturels (Giguère, 2009 : 6). Cette diminution de la végétation en zone urbaine cause la diminution du nombre de « processus naturels rafraîchissants, comme l’évaporation de l’eau contenue dans les sols et l’évapotranspiration de la végétation » ou encore l’ombrage au sol, tous des moyens efficaces pour atténuer le réchauffement urbain 41
(Giguère, 2009 : 6-7). De plus, à la différence des couverts végétaux, les zones minéralisées sont souvent recouvertes de matériaux imperméables qui perturbent l’écoulement naturel des eaux de pluie et ne remplissent pas les fonctions de filtration et d’absorption de l’eau tels que les sols naturels (Giguère, 2009 : 6). De la même manière que la forme urbaine est une des causes principales de ces îlots de chaleurs, la transformation de cette forme urbaine est une des solutions les plus importantes à envisager pour les réduire. Cela passe par deux mesures importantes : - Une végétalisation de la forme urbaine : Accroître la couverture végétale des villes par le verdissement et la protection des espaces naturels est déterminant dans la lutte aux îlots de chaleur. Ces mesures de verdissement doivent être entrepris dans tous les espaces composants la forme urbaine tels que le long des axes routiers, sur les terrains publics (terrains municipaux, parcs, cours d’école, etc.) et sur les terrains privés (cours résidentielles, pourtours des bâtiments commerciaux, les stationnements, etc.) (Giguère, 2009 : 21; CRE de Montréal, 2010 : 6). Elle peut aussi être entrepris sur les toits et les façades des bâtiments. En effet, les toits végétaux, en plus d’être propice à des usages divers et variés, sont de bons isolants thermiques, ils permettent de réduire la chaleur intérieure des bâtiments et des habitations grâce à l’évapotranspiration et contribuent à apporter un gain de fraîcheur 42
à l’air ambiant extérieur (Giguère, 2009 : 22 ; Labrecque et Vergriete, 2008, volet 3 : 11). D’autre part, ils contribuent aussi à la rétention des eaux de pluie, l’atténuation du bruit, l’augmentation de la longévité des membranes des toitures, la création de biodiversités et l’amélioration de la qualité de l’air par la diminution des contaminants (Desjarlais et al. 2010). La pollution atmosphérique étant aussi une des causes de ces îlots de chaleur, il est important que la forme urbaine décourage l’utilisation de la voiture et encourage l’utilisation des mobilités douces. A travers un réseau de transport en commun performant et une densification réfléchie permettent la réduction du parc automobile. L’aménagement de pistes cyclables et de parcours piétons est une mesure importante pour la gestion de la forme urbaine. Enfin, pour réduire les îlots de chaleur, agir directement sur les infrastructures et les matériaux est primordiale. Il faut favoriser des matériau à forte albédo, c’est à dire à grande capacité réfléchissante, afin de réduire la quantité de matière emmagasinée par les façades. De nombreux matériaux permettraient d’améliorer la capacité de réflexion de la ville. Ces solutions peuvent être utilisées dans tous les revêtements de surface : Voies de circulation, parkings, surfaces verticales, toitures ... Ces solutions comportent les membranes réfléchissantes, les enduits réfléchissants ou tout simplement, le gravier
blanc.
la pratique qui en accompagnent l’usage.
I.f. Verticalité et habitat : critique du modèle social induit par les IGH et les gratte-ciels
Beaucoup de ces études portent sur les immeubles en particulier, mais certains résultat peuvent être généralisés, pondérés, voir inversés par rapport aux autres objets de l’urbanisme vertical.
Afin d’examiner la dimension de l’habitat dans la recherche sur l’urbanisme verticale, il est important de se tourner vers les sciences humaines en générale, et la géographie urbaine en particulier. Ces travaux restent peu nombreux, en comparaison avec ceux menés sur les aspects horizontaux de l’urbanisme (Graham et Hewitt, 2013). Graham et Hewitt soutiennent qu’un urbanisme volumétrique est requis, qui analysent la manière avec laquelle les extensions verticales et horizontales, les imaginaires, les matérialités et les pratiques interagissent et se construisent mutuellement. Ils détaillent la relation entre images verticales et l’horizontalité de la forme urbaine, les enclaves verticales et les surfaces résiduelles de la ville, et le lien étroit entre la surveillance et les creux urbains. Les sciences humaines se sont intéressés à différents aspects de l’urbanisme vertical. Ce chapitre s’intéresse à 5 aspects particuliers : l’aspect sécuritaire, qui fait des objets verticaux des objets de surveillance et de contrôle urbain, ainsi que le lien de la verticalité avec les pratiques criminelles ; l’aspect social, qui concernent les liens sociaux qui se créent à travers la gestion et l’usage des biens ; l’aspect symbolique, englobant la symbolique qui a conduit à produire certains objets verticaux, et
f.a Urbanisme volumétrique comme outil militaire Les travaux en géographie urbaine sur la dimension verticale en urbanisme ont commencé par l’étude de la relation entre l’urbanisme et le contrôle des populations. Les travaux d’Eyal Weizman sont centrales dans cette branche, et inspireront d’ailleurs de nombreux travaux de la géographie urbaine. Weizman étudie le territoire Israélo-palestinien et la manière avec laquelle Israël construit ce territoire afin d’appliquer sa politique expansionniste. Que ce soit à travers les tunnels de Gaza ou l’espace aérien militarisé des territoires occupés, Weizman décrit les mécanismes de control et les transformations sur les territoires palestiniens en un artefact servant des buts militaires. Le développement de cette stratégie est influencé par le développement de certaines sciences - notamment l’archéologie -, et l’évolution générale des faits historiques et des mouvements politiques en Israël selon les guerres et les armistices. Weizman souligne comment Israël a changé sa 43
politique civile générale durant les années 70, afin de réorganiser l’espace et le mouvement de colonisation. Elle est passée d’un intérêt pour les plaines fertiles à un intérêt pour les collines et les montagnes, qui lui permettent de diviser et de dominer les territoires palestiniens denses. Cette politique a été accompagné d’une infrastructure de tunnels et de voies divisant et séparant les communautés, tout en permettant un contrôle et une intervention militaire rapide. Cette stratégie de transformation a commencé avec le plan de Drobless. Ce plan a défini durant les années 70 les positions possibles pour les nouvelles colonies. Prenant appui sur la topographie de la Cijordanie, Drobless propose un système d’artère en volumétrie pour connecter le centre d’Israël à la Cisjordanie et ses alentours. Ces routes traversent le long des vallées ; pour leur sécurité, les nouveaux édifices des colonies sont placés dans les parties hautes des collines. Il propose aussi des colonies aux sommets des montagnes entourant les larges cités palestiniennes et autours des voies les connectant les unes aux autres. Les grandes altitudes offrent trois avantages stratégiques : Une force tactique plus importante, une protection, et une visibilité plus large. Ce principe est aussi vieux que l’histoire de la guerre elle même. Les châteaux forts - et les ribates dans le monde arabe - opéraient à travers le renforcement des forces données par la nature - c’est à dire 44
en profitant de la topographie naturelle. Ces séries de forteresses montagnardes étaient des instruments militaires pour la domination du territoires dans les royaumes et empires. Les colonies juives en Cisjordanie n’en sont pas très différentes. Ceux-ci ne sont pas juste des lieux de résidence, mais créent aussi un réseau à grande échelle de “fortification civile” qui fait partie du plan de défense, générant une surveillance territoriale grâce aux civils. Un simple acte de domesticité, une simple maison familiale à la façade simple et banale se conforme aux objectifs de contrôle territoriale. De plus, la forme des colonies montagnardes est construite conformément à un système géométrique qui unit l’efficience de la vision à l’ordre spatial, produisant des “forteresses panoptique”, produisant des outils pour différentes fins : Le contrôle des villages arabes par une vue de dessus ; Stratégique - par le contrôle des voies d’accès ; Protection par une visibilité claire de l’entourage immédiat. Les colonies peuvent être considérés comme des technologies urbaines pour le contrôle, la surveillance et l’exercice du pouvoir. Ce système des colonies est complété par un réseau de routes se superposant au dessus du sol et au dessous, afin de séparer les communautés israéliennes et palestiniennes, connectant les colonies au coeur d’Israël, permettant le déplacement rapide des communautés et de l’armée israéliennes à l’intérieur des territoires, sans être vu.
Ce n’est pas la seule relecture du territoire que le contexte israélo-palestinien permet de faire concernant la dimension verticale. Ce dispositif en temps calme est accompagné d’un dispositif impressionnant de transformation en temps de guerre. Ainsi, comme l’explique Weizman, l’armée israélienne se déplaçant à Gaza n’utilise pas les artères et les réseaux déjà existant mais exposé à la visibilité aérienne ou publique. L’armée crée et fabrique ses cheminements au fur et à mesure de son déplacement, en perçant les murs et les planchers du tissus denses. Le mouvement n’est plus dépendant de l’ordre spatial, il est générateur d’un nouvel ordre. Le travail de Weizman sur l’espace fracturé et le terrain complexe du conflit israélopalestinien a fournit un tableau important pour le développement de la critique sur l’urbanisme volumétrique et verticale. Weizman décortique un espace tridimensionnel par excelle, complété par des vues panoramiques, des routes aériennes, des souverainetés spatiales, des tunnels de résistants qui créent des motifs de ségrégation. (Hewitt, 2014) Sa méthode sera aussi reprise dans de nombreuses recherches. Graham et Hewitt débutent leur article ‘On the politics of urban verticality’ en appelant à appliquer la méthode de Weizman sur l’urbanisme critique. C’est le cas aussi de Stuart Elden,qui reprend aussi des citations des travaux de Weizman. (Hewitt, 2014)
Cependant, Hewitt critique ces études urbaines pour un manque d’engagement et de liens avec la vie quotidienne et la manière avec laquelle ces coupures urbaines sont vus et vécus. (Hewitt, 2014)
f.b La verticalité est elle un crime ? La relation entre sécurité et verticalité ne s’arrête pas à l’exercice du pouvoir. De nombreuses études ont été menées sur la corrélation entre criminalité et forme urbaine. Ces études partent de l’hypothèse que certains dessins favorisent ou défavorisent le crime. Les études d’Oscar Newman sont références dans ce domaine. Newman soutient l’hypothèse que le dessin des unités urbaines, surtout celle à grande échelle, et leur environnement immédiat sont relié aux taux de criminalité. De plus, par son statut d’architecte, il est spécifique et les recommandations qui résultent de son travail peuvent servir de paramètres aux projets architecturaux. Les études de Newman démontrent que le critère le plus significatif dans la corrélation entre crime et forme urbaine est la hauteur (Height) des bâtiments dans les projets. Plus les bâtiments sont hauts, plus le taux de criminalité est grand. Cette corrélation devient significatif à partir du sixième étage : Pour les projets avec des bâtiments de 6 étages ou moins, la taille du projet n’engendre pas de 45
changement significatif. Le deuxième critère est la largeur des édifices dans de grands projets résidentielles. Newman illustre ce constat par la comparaison entre deux quartiers, où il arrive à isoler le paramètre de la hauteur pour supposer son implication. Il existe deux projets d’habitation dans le quartier de Brownsville, à Brooklyn, New York : Le projet ‘Brownsville projet” et le projet ‘Von Dyke’. Les projets se situent l’un en face de l’autre. (Donc même situation par rapport aux artères). Les deux logent à peu près 6000 personnes pour une densité d’à peu près 700 habitants à l’hectare. Les statistiques sociales comme la taille des ménages, les salaires, les ethnies, le pourcentage des familles en difficulté social et financière, la distribution des age sont significativement les mêmes pour les deux projets. La différence se situe principalement dans la forme urbaine : Les édifices du ‘Brownsville projet” font tous entre 3 et 6 étages, occupant 23% du sol. Dans le projet de ‘Van Dyke”, le projet occupent seulement 16.6% du sol, et par conséquence, les bâtiments de projet ‘Van Dyke’ sont plus haut. 87% des bâtiments du projet ont entre 13 et 14 étages. Mais le projet connaît plus de crime, 60% de délits en plus, et 264% de vols. La question étant pourquoi ? La verticalité est elle la cause directe ou indirecte ? Newman soutient que la verticalité des bâtiments, accompagnée de l’absence d’un staff assurant la sécurité, crée ce qu’il appelle 46
‘Un espace public intérieur’ (Interior public spaces). N’importe qui peut ouvrir la porte et prendre l’ascenseur ou l’escalier. Et le caractère d’intériorité leur permet d’échapper à la surveillance sociale, comme les rues le sont. Cette observation est soutenue par le fait que le taux de crime se déroulant à l’intérieur du projet est supérieur au taux de crime se déroulant à l’intérieur des couloirs et des halls. De plus, les exigences en terme de sécurité incendie requière un certain nombre de sortie de secours. Ces configurations sont en vérité propice à la création d’une sorte de labyrinthe qui rend difficile la poursuite d’un délinquant à l’intérieur de ce projet. Newman s’intéresse à l’échelle du projet mais aussi à sa configuration, qui est d’ailleurs ce qui fait une bonne ou une mauvaise verticalité. Par exemple, la question de circuler verticalement. Il illustre cela par un bâtiment où il n’y aurait pas d’ascenseur. Deux configurations sont possibles. Un immeuble avec des appartements s’ouvrant sur un hall fermé ou un immeuble avec des escaliers intégrés au niveau des appartements. C’est à dire de favoriser une circulation collective horizontale ou de favoriser une circulation collective verticale. Le système de circulation verticale s’avère plus sûr. La raison est que l’unité de circulation impliquant moins d’utilisateur, les habitants sont capables d’identifier les personnes utilisant l’espacer comme étant un résident ou un étranger. Ce type de reconnaissance est impossible dans le cas de long couloirs. elle encourage alors à un sentiment d’appropriation plus important et
donc donne aux usagers un plus fort sentiment de légitimité à questionner un étranger utilisant ces escaliers. Ce sentiment peut être même encouragé par des limites claires entre l’espace public et l’espace semi-public. Newman distingue donc deux listes : l’une décrit un projet sur, et l’autre décrit un projet dangereux. Les projets dangereux sont des projets de grande hauteur, de plus de 7 étages, en barre ou cruciforme, qui logent de 150 à 500 familles ; Le site mélange 4 à 6 immeubles, sans trafic intérieur, positionné librement, sans composition, et le sol n’est pas aménagé, ouvert sur la rue. (De manière basique, Newman décrit là les projets de grands ensembles.) Au contraire, les projets surs sont présentés à travers des recommandations plutôt que des descriptions. Le principe général étant qu’une hiérarchie claire doit être créée entre les zones publics, semi-publics, semi-privées et privées, et que les frontières entre ces espaces doivent être séparés de frontière symbolique forte. Ainsi, quelqu’un qui s’introduit au sein de cet espace doit être capable de lire cette frontière, et les habitants peuvent surveiller cette frontière ; l’espace oblige l’intrus à déclarer ses intentions et donnent le courage aux habitants d’aborder l’intrus. Autre point soulevé par la théorie de l’espace défendable concernent l’importance de l’utilisation des usagers de l’espace extérieur comme un lien entre le dessin et le crime ou la crainte du crime. Le postulat est plus ou moins le même que pour le contrôle : Plus le bâtiment
est grand, moins les habitants utilisent les espaces extérieurs aux appartements, et en conséquence, plus le crime et la peur du crime est importante. Enfin, le variable intervenant à considérer dans l’effet indirecte de la verticalité et de la taille des bâtiments est dans la collection des loyers. Ce critère est lié comme outil de mesure de la capacité à gérer et à prévoir des services aux habitants. La capacité à gérer crée aussi un lien entre l’échelle du bâtiment et le taux de criminalité : Plus le bâtiment est grand, plus le bâtiment est difficile est à gérer et, par conséquent, plus le taux de criminalité est grand. Newman défend la théorie de la première vitre brisé. Une dégradation de l’environnement physique encourage à plus de dégradation, qui à leur tour encourage le crime. La question de rendre un espace plus sure est donc relative non pas à la verticalité, mais à la manière de la concevoir. C’est une question de création des communautés et des liens sociaux, d’échelle d’unité. Par excellence, elle montre que la dimension de l’habitat est fondamental dans la construction de la verticalité. La verticalité suppose une prise de position sur les modes de vie des habitants.
f.c. Le voisinage à la vertical : La taille compte ! La question de la sécurité n’est pas la seule 47
à intéresser les recherches sur l’urbanisme verticale et la société, et plus précisément la vie dans les immeubles. De nombreuses études vont aborder les conséquences de la vie en immeuble sur les indicateurs sociaux. Notamment, le degré de satisfaction, l’implication de la vie en immeuble sur les maladies mentales, sur l’éducation des enfants, sur le taux de suicide, le degré d’interaction sociale ... Dans son article “The Consequences of Living in High-Rise Buildings’’, Robert Grifford (Grifford, 2007) fait un bilan des études faites sur le sujet, que ce soit d’un point de vue méthodologique ou d’un point de vue des résultats. Il faut rappeler que les résultats De manière générale, la conclusion à retenir est que la vie dans les grattes-ciel est moins satisfaisante que dans les autres formes d’habitat. En particulier, Grifford suggère que la satisfaction des usagers dépends particulièrement de leur statut social, et économique. Les usagers sont plus heureux en étant célibataire ou jeune couple sans enfant, s’ils ne planifient pas d’y résider longtemps et qu’ils ont de grandes compétences sociales. Le mode de vie des habitants doit donc convenir au gratte-ciel. Les amoureux de jardinage ne seront pas heureux dans un gratte-ciel, à moins d’y contenir une terrasse jardin ou un balcon à jardiner. L’argent aide aussi à se sentir satisfait : Elle donne les moyens de choisir, de vivre dans un environnement de meilleure qualité, d’avoir une meilleure vue, et d’avoir un 48
second logement dans les périphéries ou dans la compagne. Certaines études suggèrent que les personnes âgées et les jeunes célibataires préfèrent les grattes-ciel et en tendance générale, les autres catégories sont heureux en gratte-ciel si asociales. Autre critique apportée à la vie dans les grattes ciel, celle de causer des maladies nerveuses comme le stress et la surtension. Ces maladies peuvent être causées par l’insatisfaction, la non-correspondance entre les besoins et les préférences et les typologies d’appartements des grattes-ciel. Ceux ci présentent des surfaces trop petite et trop peu d’intimité pour les résidants. En plus de ces causes, les études suggèrent que la tension résulte du “crowding”. Ce concept renvoie à une perception négative de la densité humaine. Même si la corrélation entre les chiffres et la perception n’est pas systématique, les grattes-ciel conduisent à des densités humaines importantes qui crée un sentiment d’étouffement. Cette perception varie en fonction du sexe de la personne : les femmes le ressentent moins que les hommes. Ce sentiment est quand meme plus réduit dans les étages supérieures des grattes-ciels, probablement car les vues sont plus larges. Si les tours se trouvent dans un environnement urbain dense, cet avantage peut être perdu. En plus des problèmes mentaux, les études résumées par Grifford indiquent que la vie dans des grattes-ciel peut conduire à des problèmes de comportements, notamment chez les enfants. Toutes ces études montrent
que les enfants qui vivent dans un gratte ciel montrent plus de signes de problèmes comportementaux que les enfants qui vivent dans d’autres environnements. Celles-ci incluent les études qui intègrent le paramètre socio-économique. Ceci serait le résultat d’une combinaison étrange entre restriction d’activité en intérieur et trop peu de supervision de l’activité à l’extérieur. Il est donc difficile de soutenir que les gratteciels sont propices à l’éducation d’un enfant. La littérature sur le sujet incluent beaucoup d’études qui montrent un pourcentage important d’insatisfaction des parents sur la convenance des gratte-ciels pour les enfants. Des études montrent que les enfants dans les étages inférieurs, soumis aux bruits de trafics, apprennent plus lentement que les enfants des étages supérieurs. Autre problème comportemental rencontré chez les habitants des grattes ciel est le manque d’entraide. Le sens de l’entraide est moins importants dans les gratte-ciel. Le caractère sociofuge de la plupart des gratte-ciel (C’est à dire dont l’aménagement encourage ou permet l’isolement) soutient l’anonymat et la dépersonnalisation des voisins. Le gratte-ciel présente alors les avantages (une plus grande intimité de l’unité et de liberté de l’interaction sociale indésirée) et les inconvénients (Moins de relations sociales intimes et d’empathie pour les autres) qu’une grande ville. Par rapport à leurs relations sociales, Les habitants des gratte-ciel rencontrent plus de
personnes, connaissent plus de gens, mais ont moins d’amitié en pourcentage, par rapport aux habitants d’immeubles moins hauts. Les interactions sociales sont plus difficiles à réguler pour les résidents. Cela peut conduire à un désistement social, ce qui conduit à une perte du sentiment de communauté et de l’entraide sociale. Selon une étude de Gunsberg & Churchman (Ginsberg & Churchman, 1985) sur les gratteciel en Israël, montre que la structure des gratte-ciel est telle qu’il est peu probable que quelqu’un rencontre les habitants d’un autre étage que le sien. Par conséquent, l’individu vit dans un environnement rempli de monde, mais en pratique, est limité à la rencontre des habitants de son étage pour la création de interaction capable de créer une relation plus intime, comme demander de la nourriture ou parler pendant que les enfants parlent. Ce qui est intéressant dans l’étude de Gungsberg & Churchman, c’est leur tentative de séparer les deux aspects du gratte-ciel dans leur étude. C’est à dire de classifier les réponses des habitants selon qu’elles concernent l’altitude ou le partage de propriété. Les avantages associés spécifiquement à la hauteur sont d’ordre naturel, à savoir de l’air frais, de la luminosité, une vue et de la tranquillité. (Jephcott, 1971 ; Adams and Conway, 1975 ; Cooper-Marcus and Hogue, 1976) Les inconvénients retenues sont la dépendance à l’ascenseur, la restriction des 49
enfants, et de l’inquiétude sur les dangers qu’encours un enfant (tomber de la fenêtre par exemple). Les résultats différent grandement selon l’age des questionnés. Les enfants (moins de 6 ans) sont le groupe qui réagit le plus de manière négative. Le fait est que l’étude a lieu dans un contexte favorable au jeu des enfants à l’extérieur même sans surveillance montre que la solution de conception ne se situe pas uniquement dans le contrepoids de la verticalité par des espaces verts horizontaux. Néanmoins, les autres inconvénients associés aux gratte-ciel ne sont pas des facteurs critiques. Des variables conceptuels, comme le nombre de famille par ascenseur émerge comme une voie de recherche. En conclusion, les critiques des études de psychologie environnementale par rapport à la vie dans les gratte-ciels et les immeubles hauts ont été nombreuses. Certaines de ces critiques concernent l’immeuble en lui même, mais souvent, ces critiques doivent être modérées par des facteurs non-architecturaux. Les critères du statut socio-économique, la situation de l’édifice, le comportement parental, le sexe, l’age, sont tout aussi important. Des conclusions irréfutables sont donc difficile à dessiner concernant la verticalité en tant que telle, car il est difficile d’isoler ces paramètres. Cependant, il est clair que les études menées et les résultats obtenus montrent une insatisfaction vis à vis de la conception 50
des gratte-ciels. Architecturalement parlant, il semble que la structure des gratte-ciels favorisent l’isolement social. Un saut social trop important est fait entre la maison en tant qu’habitat de la famille et l’immeuble en tant qu’habitat d’une première communauté. Une certaine résilience des comportements sociaux propres aux communautés (demander de l’aide, demander de la nourriture, création de relation d’amitié intime) est retrouvée entre les habitants du même étage. Mais celle ci reste aussi dépendante de l’échelle de l’immeuble en terme de largeur. A l’échelle de l’édifice, la recherche conceptuelle est donc à mener au niveau de l’aptitude du bâtiment à recréer une communauté en offrant des espaces propices aux relations sociales et en prenant en considération des échelles sociales réalistes.
f.d. La ville verticale : Proximité spatiale - Distance sociale Les critiques s’intéressant à l’individu s’accompagnent aussi de critique sur le rôle social des structures verticales. Au delà de leur dimension supposée écologique, et la rentabilité en terme d’énergie et de foncier, les gratte-ciels ont aussi cristallisé les espoirs des discours politiques en matière de mixité sociale. Dans le contexte de discuter et combattre les inégalités sociales, le confinement spatiale et la distanciation entre différents groupes de populations a nourri les
craintes de distances socio-économiques, d’exclusions, de marginalisations, de faible intégration, et de la reproduction d’hierarchies. La ségrégation spatiale est donc utilisée négativement dans les discours politiques et académique. (Balampanidis & Bourlessas, 2015). Les politiques de la ville ont aspiré à créer de la mixité sociale dans les quartiers, en vue de résoudre des problèmes comme la pauvreté, l’intégration insuffisante ou le manque de sens de la communauté. La vie en immeuble de différentes hauteur a semblé être la voie privilégiée pour assurer cela. Seulement, dans leur étude sur le cas d’Athènes, Balampanidis & Bourlessas affirme qu’une corrélation entre proximité sociale et entraide n’est pas systématique ou linéaire. La différentiation sociale verticale étudiée a révélé des résultats ambigus et contradictoire de la coexistence multiethnique. Elle démontre que, dans le cas d’Athènes, les niveaux bas de ségrégation et la proximité spatiale ne résultent pas nécessairement dans plus de justice ou d’équité sociale. Au sein du grand métissage socio-éthnique, des différenciations moins visibles mais tout aussi cruciales peuvent exister. Le spectrum des relations peut varier entre des tensions conflictuelles ou des contacts plus harmonieux. La qualité et le dégrée de ces interactions dépendent de configuration spatiale et d’un long processus qui prend place dans les espaces multiples du quotidien.
Par conséquent, le caractère hétérogène de la population vivante dans les immeubles hauts, dans les gratte-ciels n’est pas forcement positif pour le développement de la ville et des relations communautaires. Dans son livre, Trevor Boddy (Boddy, 1992) souligne aussi les contre-relations sociales naissant de l’infrastructure aérienne de la ville. Selon Boddy, les chemins piétons aériens créés dans la deuxième moitié du XXe siècle sont là pour assurer à la classe moyenne un realm scellé et un apartheids spatial virtuel loin des groupes sociaux marginalisés, restant dans les rues d’en bas. Citant cette référence, Hewitt cite l’exemple des voies aériennes de Mumbai, qui permettent de contourner la ville. Ces routes sont surtout là pour permettre d’aspirer les piétons et donc de permettre des passages moins encombrés pour les voitures privées des élites. (Harris, 2013). Ce phénomène lié à la structure spatiale de la ville est un outil qui permet de privatiser la vie et l’espace publics. (Banarjee, 2001) Selon Banarjee, le sens d’un artefact public est déclinant au fur et à mesure que se développe des espaces publics “privatisés”. Ces espaces qui constituent des additions dans la structure viaire de la ville, créant des raccourcis et un semblant d’espace public - à l’exemple des malls par exemple ou des passages - viennent rajouter une couche de ségrégation à la ville. L’accès n’y étant pas un droit mais un privilège. Ce concept est appelé la cité analogue (Analogue City) par 51
Boddy et renvoie aux connections proliférant en Amérique du Nord durant les années 80, connectant les structures touristiques comme les hôtels, les stations de métro, les blocs de bureaux, les centres commerciaux et les pôles de loisirs. Ces réseaux ont permis aux classes moyennes de se protéger de la pauvreté, de la délinquance et de la marginalité.
I.g. Verticalité et économie : Quel est le juste prix ? A la lumière des critiques émises par les sciences humaines quant à l’habitabilité des structures verticales, la situation se résume donc à la confrontation entre deux argumentaires. L’un, technicite, est portée par les architectes et les ingénieurs, et fait l’éloge de la rentabilité et des conditions physiques des structures verticales. L’autre, est portée par les sciences humaines, dresse un portrait peu élogieux de la qualité de vie offerte par ces structures. D’où la question qui se pose : La verticalité, telle que conçue aujourd’hui, en vaut elle le jeu ? Après tout, si les économies faites grâce aux tours sont si importantes, l’état et les maîtres d’ouvrages pourraient payer des cures de dépressions à tous leurs habitants. Il est donc important de s’intéresser à la dimension économique globale des structures verticaux, notamment les gratte-ciels. Comme expliqué dans les regards technicites des architectes, les structures verticales sont loués pour leur faible emprise au sol. Celle ci leur permet de dédoubler les surfaces 52
disponibles. Cass Gilbert, l’architecte du Woolworth Building (1913), le plus grand bâtiment de New York à l’époque, qualifiait les gratte-ciel de « machines à faire payer la terre ». Le gratte-ciel est l’expression verticale de la valeur du sol – c’est la raison pour laquelle les villes où les prix de l’immobilier s’envolent sont historiquement les lieux à la plus forte concentration de tours : New York et Chicago, Hong Kong et Shanghai. Donc, à premier regard, le gratte ciel ne se justifie qu’en centreville, où le foncier est rare, et où la pression fait flamber le prix. D’autant plus qu’en se limitant uniquement au coût de production - sans prendre en compte les dépenses indirectes, à savoir l’infrastructure, les routes ... - deux tours de 50m coûtent moins cher qu’une tour de 100m. Les contraintes techniques en contreventement, résistance des matériaux et portance sont plus importante au m² au fur et à mesure que l’on s’élève. Bien sûr, il est évident que par rapport au prix du terrain, plus on monte, plus on gagne de l’argent. Un immeuble de 50 étages offrent plus de surface locative qu’un immeuble de 10 étages sur la même surface. Seulement, c’est bien là le seul indice économique qui augmente en fonction de la hauteur. Contrairement à la rentabilité du terrain, le coût du m² construit augmente en fonction de la hauteur. Selon une étude du crédit suisse, le coût des structures, des façades et des services techniques grimpe avec les étages. La structure porteuse représentant plus d’un cinquième de l’ensemble. Plus la hauteur
augmente, plus les étages inférieurs portent de poids, d’où la nécessité de murs et de structures d’une stabilité accrue. L’intensité du vent, soixante fois plus élevée à 500 mètres d’altitude, nécessite des constructions plus résistantes. Et il est à noter que, concernant des pays où les techniques de construction ne sont pas très développées, la volonté de construire très haut oblige à faire appel à des entreprises étrangères spécialisées, ce qui correspond à une importante augmentation du coût du m² construit. Pour avoir une idée sur l’augmentation du coût de revient en fonction de la hauteur : Au Maroc, un immeuble haut standing est estimé à 3800 DH/m², alors que la tour Maroc telecom pourrait être estimée à 16000 DH/m².x
ratio dépend aussi fortement des usages et des fonctions attribuées au bâtiment. Pour les tours de bureaux, la proportion entre surface vitrée et surface par niveau est inférieure à 0,5. Pour les hôtels ou des appartements, le nombre de fenêtres doit toutefois être nettement plus élevé. (Crédit suisse, 2005) En plus des dépenses liées à la structure et la façade, les gratte-ciel posent des défis particuliers aux autres corps d’état technique. Les aspects hydrauliques sont plus coûteuses au fur et à mesure que l’immeuble est plus haut. Et la hauteur multiplie le nombre d’ascenseurs pour assurer une circulation rapide et fluide au sein du bâtiment.
Cette différence importante s’explique par l’équipement onéreux à apporter aux grandes structures (plus d’ascenseurs, plus de système de sécurité, un dispositif anti-incendie plus important). L’exposition au vent et aux intempéries rend le système structurel des gratte-ciels plus complexes. Cela se traduit par des façades beaucoup plus développés d’un point de vue technique, afin d’assurer un rôle important dans l’éclairage et la climatisation de l’édifice. Les gratte-ciels doivent utilisées des fenêtres en vitrage spécial, voir unique et fait sur mesure, pour s’adapter aux formes architecturales complexes.
Pour répondre aux différentes usages d’une tour, plusieurs mécanismes sont mis en place. Différents ascenseurs sont mis en place, certains ne desservent qu’un seul bloc d’étages et d’autres, complètent la desserte. Le coeur du bâtiment est généralement le réceptacle des différentes gaines de circulation, de dispositifs de sécurité (comme les montecharge pour sapeurs-pompiers,) et des gaines techniques, qui sont regroupés dans un noyau vertical. Tous ces services consomment de la surface et donc réduisent la rentabilité de la tour. La proportion entre surface locative et surface totale de l’édifice est réduite à 70%, alors qu’elle est de 90% dans les bâtiments peu élevés.
Un équilibre fragile est donc à trouver entre surface utile de façade, et surface éclairée. Ce
Certains antagonismes peuvent aussi apparaître entre la rentabilité financière et 53
les contraintes de sécurité incendie. Afin de rentabiliser le moindre m², Les machineries d’ascenseur et cage d’ascenseur sont logées au coeur de l’édifice. Ceci représente un danger lors de l’évacuation puisqu’ils risquent d’être bloqués lors d’un incendie. Les attentats du 11 Septembre ont démontré la faiblesse du système de tour monolithique. Le coût de reviens des structures verticales dépends aussi de la conception architecturale. Le rapport entre surface/périmètre qui correspondrait au rapport façade/Surface utile est plus petit pour des plans en triangle ou en Y et est plus important pour des plans circulaire ou carrée. Les plans complexes augmentent ce ratio et donc les coûts. Si le prix du m² carrée est plus important, et que la surface construite est multipliée, le calcul est vite fait. Une tour nécessite un budget énormément plus important, donc une immobilisation du capitale. Cette immobilisation rend plus compliqué le montage financier et réduit la rentabilité d’un projet de gratte-ciels. D’autant plus que la réalisation d’un gratte-ciel nécessite plusieurs années. Par conséquent, la construction des gratteciels se fait surtout pendant des périodes de grande croissance économique, voir de boom financier. Son achèvement, vu la durée des travaux, correspond souvent à la fin du cycle de développement et se fait donc en période de marasme économique. La rentabilité des tours gagneraient donc à impliquer un montage 54
financier progressif, avec une construction échelonnée dans le temps. L’équation de rentabilité des structures verticales impliquent donc trois variables : Le prix et la rentabilité du foncier, le coût de construction et la demande et le prix que sont prêt à mettre les futurs acheteurs. Le prix que sont prêt à dépenser les consommateurs dépend de plusieurs critères, et reste un inconnu. La rentabilité du terrain est croissante en fonction de la hauteur, pendant que le coût de reviens du m² est croissant en fonction de la hauteur. En croisant ces données, il apparaît que la rentabilité en fonction de la hauteur est en U. Selon le crédit suisse, la rentabilité maximale est atteinte entre 50 et 80 étages. (150 à 200m) (Figure 13 et 14)- Mais gageons que pour des pays où le foncier est plus accessible et où la différence entre le coût de la construction des tours et des immeubles est plus significatif, comme le Maroc, la rentabilité se situe encore plus bas - Ce qui est en contradiction avec la tendance des pays à construire toujours plus haut. Bien sûr, conclure que la construction verticale n’est pas rentable serait paradoxale, tant la tendance à la verticalisation est forte. L’accélération du phénomène même des tours est un gage de rentabilité. En 2014, 97 gratteciel de plus de 200 mètres de haut ont vu le jour dans le monde. (Crédit suisse, 2015) Où se situe la valeur des grands immeubles et autres tours et gratte-ciel ?
Selon Adrian Smith, la construction des gratte-ciels n’est rentable que dans une vision globale et urbaine. En effet, la construction du gratte-ciel n’est pas rentable dans sa valeur réelle mais dans la valeur spéculative qu’elle crée. Une croissance dans la valeur des biens avoisinant la tour est notée, comme cela s’est produit avec le secteur de Pudong à Shanghai, ou à Londres. La valeur spéculative est profitable à la tour elle même, et les concepteurs en sont bien conscient. Créer l’unicité de l’objet architectural lui permet de marquer un peu plus son environnement, et donc de créer une volonté politique des marques d’associer leur image à celle de ces tours. La dimension symbolique justifie la course effrénée à celui qui construira la plus grande tour. C’est ce qui explique qu’un grand nombre des tours construites sert de quartier général à des entreprises. Par exemple, les tours Petronas à Kuala Lumpur symbolise la puissance financière de la compagnie pétrolière éponyme. Pour les immeubles résidentiels, C’est le luxe de se rapprocher du ciel et d’offrir des points de vues improbables qui crée une valeur spéculative et encourage les locataires à payer plus. Il faut rappeler néanmoins que ceci conduit à une gentrification du ciel et une paupérisation du sol,. En témoigne les gratte-ciels entourés par les bidonvilles dans les pays en voies de développement.
I.h. Verticalité et économie : face aux outils de gouvernance
La rentabilité des tours dépend grandement de la valeur spéculative qu’ils créent. Cette valeur est liée aux conditions dans laquelle ils sont dressées et de l’unicité qu’ils offrent. Des tours entourées de d’autres tours deviennent moins significatives et créent donc moins de valeur spéculative. A partir de ce point de vue, les villes ont du œuvrer pour la création d’outils de gestion de la hauteur des villes, et de protéger certains monuments. Les villes ont donc mis en place la notion de skyline - ou silhouette - de la ville, pour gérer la hauteur des villes. L’idée est double : faire ressortir des éléments architectoniques particuliers de la ville, qui jouent ainsi un rôle de repère urbain ; et construire l’identité de la ville avec un objectif très tourné vers le marketing urbain. (Figure 15) Le sens traditionnel donnée à la silhouette est la ligne qui sépare la terre du ciel, ou la ligne “où la terre et le ciel se rencontrent.” (Kostof 1991:279). Elle est le fruit du paysage naturel construisant la ville (montagnes, lacs, mers) et des artefacts humains. Elle traduit la complexité de la ville et sa construction dans le temps. La skyline, dans sa traduction des phénomènes urbain, construit l’image macrourbaine de la ville, celle qui sera accessible au grand public. Elle résume les conditions d’une ville, que ce soit des modes de vies s’y développant, la taille, ou des moyens de transport qui s’y développe. De la skyline dépend la première impression qu’on retiens 55
d’une ville. Elle traduit aussi la hiérarchie des objets construisant la ville, mettant au premier plan les éléments dominants et au second plan, les objets isotopiques. (Ivana Lukic, 2011) Face aux enjeux de la skyline, l’administration met en place une série d’outil pour la gestion de la silhouette urbaine. Ces outils sont de l’ordre de la régulation esthétique, de la régulation de la hauteur, et de la protection des panoramas patrimoniaux. C’est au début du siècle qu’un début de réglementation apparaît. Kevin Lynch proposait de prendre des mesures concernant les formes à l’échelle urbaine. (Stamps et al. 2005) La réglementation esthétique vise à maintenir un caractère identifiable à la ville et une cohérence. La réglementation de la hauteur vise à maintenir la hiérarchie entre les éléments de la ville. A Casablanca, par exemple, les bâtiments ne doivent pas être plus haut que le minaret Hassan II, lui permettant ainsi de dominer le paysage. Enfin, la protection des panorama patrimoniaux permet d’inscrire des angles de vues au patrimoine nationale. Les projets architecturaux doivent justifier la neutralité vis à vis de ces angles de vues. Le gratte-ciel et les structures à faible empâtement ne sont donc pas la poule aux oeufs d’or. La hauteur seule ne peut garantir le profit. Leur rentabilité dépend surtout du contexte dans lequel ils évoluent. Comme l’a rappelé Samyn, pour une petite ville de 300000 habitants, une ville de hauteur moyenne de quelques étages est plus rentable qu’une structure verticale. Pour que 56
la rentabilité devienne significative, la tour doit être construite en centre ville, dans les quelques opportunités foncière qui s’y offre. Ici, elle pourra profiter de l’infrastructure déjà existante et du prix du terrain qui la justifie. Le gratte-ciel le leur rendra bien, en créant de la valeur spéculative par son rayonnement au sein de la ville. L’équilibre entre rentabilisation du foncier, coût de construction, valeur réelle et valeur spéculative est fragile et complexe. De manière générale, quelques objets verticaux parsemés semblent plus rentable qu’un ensemble de tours concentrés dans une même zone. La multiplication de quartier verticaux dans les pays asiatiques s’expliquent alors par une argumentation par le négatif. Le manque de terrain pousse les gens à habiter dans des conditions qui ne sont pas tout à fait satisfaisant pour eux.
I.i. La verticalité des forts et la force de la verticalité Face aux critiques auquel fait face l’urbanisme vertical, notamment sur l’aspect de qualité de vie, une dimension reste néanmoins forte et ancrée dans l’esprit de la verticalité : Le symbole et le spirituel. Parler d’urbanisme vertical évoque tout de suite les cathédrales, les minarets, les pyramides ou les temples. L’architecture verticale a toujours accompagnée les ambitions spirituelles et cosmologique. La mise en situation des lieux religieux a structuré la perception de l’espace vertical. (Le paradis se situe en haut, l’enfer
en bas) L’urbanisme verticale n’abandonne pas le thème de la spiritualité et du symbole. Les gratte-ciels du début du XXe siècle permettent d’établir l’image et l’iconographie du capitalisme corporate. (Hewitt, 2013) C’est ainsi que Sharon Zukin (Zukin, 1991) distingue entre le paysage des puissants, se manifestant par la verticale, et le paysage vernaculaire, qui exprime le paysage résistant et subordonné. Il est donc évident que les structures verticales , surtout les structures hautes, participent à la création de l’identité territoriale et à l’évocation d’un sentiment de fierté et de sublimation. Joye and Dewitt (Joye & Dewitt, 2016) résume cela par l’expression Awe-évocation. le “awe” serait l’une des premières réponses émotionnelles envers une structure architecturale exceptionnellement grande. Souvent associé aux émotions de fascination, d’émerveillement, ou de plaisir (Scherer, 2005), awe diffère de ceux-ci par le fait d’être provoqué exclusivement par la grandeur et la vasteté. La vasteté est donc le provocateur principal du awe. Elle peut être provoquée par la taille du bâtiment, mais aussi par des échelles sociales, comme la grandeur d’une foule, la complexité dans le détail, dans le nombre, ou dans le temps. La vasteté n’est donc pas un seuil mais plutôt une référence relative propre à chaque individu. C’est la remise en question de cette référence qui fait ressentir à l’individu la vasteté de l’objet. En plus de la vasteté, le
besoin et le devoir de s’adapter à l’objet - pour le percevoir ou pour interagir - agit comme un stimuli du awe. En raison de cette grandeur atypique, le stimulus évocateur peut défier les références mentales d’un individu, et conduire à un besoin d’ajuster ou de transformer la situation. Par exemple, la vue des 828 mètres de Burj Khalifa peut défier la notion individuelle de ce qui est possible en terme des capacités de l’humanité, provoquant un besoin de renouvellement mental. Depuis un article pionnier de Keltner & Haidt, où ils analysent les effets de cette évocation du awe dans les structures verticales, (Keltner & Haidt, 2003), plusieurs études de la psychologie environnemental ont déterré des effets méconnus de l’expérience du awe. Il a été démontré, par exemple, que l’expérience du awe peut rendre un individu plus spirituel (Saroglou, Buxant & Tilquin, 2008), induire des sentiments de l’unité avec les autres et le reste du monde (Shiota, Keltner, & Mossman, 2007), accroître la perception de la disponibilité du monde (Rudd, Vohs & Aaker, 2012) et conduire à une tendance à attribuer un sens à des événements aléatoires. (Valdesolo & Graham, 2014). Différentes études ont aussi confirmé que des épisodes d’exposition à l’évocation de la vasteté peut rendre les individus plus prosocial et généreux (Piff, Dietz, Feinberg, Stancato, & Keltner, 2015; Joye & Bolderdijk, 2015). Cela serait du à une tendance à l’abandon de sois (Selfdiminishig) du awe. (Piff 57
et al., 2015) En plus des tendances spirituelle, la capacité des structures verticales à provoquer ce type d’émotion influence le comportement moteur des personnes qui sont exposés à sa vue. L’évocation du Awe encourage l’immobilité et le ralentissement des personnes. A travers l’histoire, de nombreux bâtisseurs des monuments historiques étaient conscient et ont exploité le potentiel de cet effet immobilisant. Que ce soit dans les monuments religieux, notamment chrétien, ou dans des bâtiments d’ordre politique, notamment dans l’architecture fasciste ou communiste. Les monuments Nazi par exemple étaient dessinés de manière à créer un sentiment de petitesse et d’abandon, afin d’affaiblir et de sublimer toute résistance contre l’idéologie nazi. Cela se manifestait par la longueur et la vasteté des couloirs du parlement allemand (Berlin, Albert Speer). Ce sentiment, accompagné du caractère glissant du sol en marbre poli, rendait difficile aux visiteurs et dignitaires d’aller vide (Boyd Whyte, 1998). A travers ces études, le caractère hautement symbolique de l’architecture vertical apparaît. Au delà de la question idéologique qui échapperait au débat, ce caractère symbolique est évocateur de dimension spirituelle et de comportement positif. Les objets verticaux ont servi à l’affirmation des idées et conceptions du monde, et donc, d’expression à l’humanité. Des 58
pratiques
urbaines
démontrent
la
capacité d’appropriation de ce phénomène: les protestations politiques ou le street art. De nombreuses protestations des organismes consistent à occuper les gratte-ciels. Et de nombreux artistes de la rue privilégient les gratte-ciel et les murs hauts pour recevoir leur graffiti et autre appropriation de l’objet public. Pour Bradley Garrett, cette aliénation de l’objet vertical est une manière pour la population de s’élever : “Les gens sont surmenés, saturés, s’ennuient et apathiques. Ils sont frustrés du gouvernement, des corporations, des bancs et de leurs travaux. (Notre) exploration les sort de cette horizontalité capitaliste banale, même pour quelques instants, et les élèvent dans l’artefact urbain vertical, où l’impossible devient possible” (Figure 16)
59
I.d. Conclusion Du à l’accélération de la croissance démographique et urbaine, la ville explose. La progression verticale fut la voie privilégiée pour résoudre ce problème. Des quartiers verticaux furent créer dans plusieurs villes, partout dans le monde. C’est donc un phénomène contemporain mondiale. Le modèle qui s’est répandu est celui des immeubles de grande hauteur et des gratte-ciels, objet ultime de cette recherche de verticalisation. Architecturalement parlant, le gratte-ciel a beaucoup évolué depuis sa création. Dans un premier temps, il intègre la composition fonctionnelle avec Sullivan, puis intègre une place urbaine qui lui permet de s’inscrire dans la logique de la ville avec Koolhass. Par la suite, l’évolution des usages dissocie intérieur et extérieur du gratte-ciel, à travers le concept de lobotomie et de schisme. Enfin, dernièrement, de nouvelles expérimentations apparaissent qui reviennent sur la lobotomie de l’édifice et renforce le concept de schisme. D’un point de vue environnemental, dans leur intérêt pour l’objet vertical, les architectes ont eu un regard technicite. Ils se sont concentrés sur les aspects technico-numériques de l’objet. Leur discours étaient construit autour des arguments d’ensoleillement et densité. Peu de travaux théoriques d’architectes se sont intéressés à la dimension de l’habitat dans les structures verticales. 60
Les avantages retenues pour les gratte-ciels est la libération du sol pour des activités vitales comme l’agriculture, un rapport avantageux en terme d’ensoleillement et d’aération, une rentabilisation importante des infrastructures, une condensation des services qui permet d’ouvrir plus d’opportunités économiques. Grâce au sciences humaines, une multitude d’aspects concernant la vie quotidienne dans les structures verticales ont pu apparaître. Ces aspects concernent différents domaines : - Dimension de surveillance : les objets verticaux ont servi à faciliter le contrôle et la surveillance des populations. L’occupation des points hauts est un principe vieux comme la guerre concernant la stratégie défensive. - Dimension sécuritaire : Les travaux de Defensible City ont démontré une corrélation entre les structures verticales et la criminalité. Cette corrélation dépend en grande partie de l’aménagement de l’immeuble. L’immeuble doit recréer des échelles sociales réalistes, afin de permettre le renforcement du sentiment d’identité et donc d’encourager les habitants à défier les intrus. - Dimension psychologique : Des critiques rudes ont été mené contre les gratte-ciels sur l’aspect social. La grandeur du gratte-ciel crée des populations asociales, peu enclin à aider les autres, stressés et peu satisfaite de leur environnement de vie. Ces résultats sont particulièrement visibles et alarmants
concernant les enfants, dont l’aménagement des gratte-ciels dont l’étroitesse des appartements et le manque d’espace ne permet pas l’épanouissement. - Dimension sociale : La mixité socio-éthnique résultant de l’habitat dans les immeubles ne se traduit pas toujours positivement. Des confrontations peuvent éclater entre les habitants. D’autres espaces verticaux comme les passages piétons crée des espaces publics “privatisés” qui contribuent à la ségrégation sociale. Mais celle-ci ne doit pas toujours être vu comme étant négative. En conséquence, sur l’habitabilité des IGH et des gratte-ciels, le problème réside dans la rupture de l’échelle sociale qui se produit. Le modèle socio-spatial induit par le gratte-ciel est le même que celui d’un immeuble de 3 ou 4 échelle, malgré le changement d’échelle. Or, si dans le cas des petites hauteurs, cela permet de créer une petite communauté, dans le cas des IGH et des gratte-ciels, cela crée l’asociabilité et l’indifférence. Économiquement parlant, présenté comme l’avantage principale des structures verticales, notamment des gratte-ciels, pour leur faible empreinte au sol, le fonction de rentabilité est en vérité une fonction en U. Un seuil de rentabilité maximal est obtenu entre 50 et 80 étages (150 à 200 mètres à peu près.) L’importance des travaux fait aussi que de nombreux gratteciels sont programmés en période de faste économique, mais n’aboutissent qu’en période
de crise, à cause d’un montage financier compliqué. Une valeur spéculative influence aussi la vente des appartements dans les gratte-ciels. Plus un logement se situe en hauteur et a la vue dégagée, plus sa valeur spéculative est grande. De plus, la valeur spéculative de la tour est naturellement plus importante quand elle est unique plutôt que noyé dans un complexe de tour. Dimension symbolique et politique : les structures verticales ont une présence symbolique importante au sein de la ville. Ils évoquent un sentiment spirituel et d’abandon de sois. L’expérience esthétique de la verticalité peut être positif pour l’individu. Mais les tours sont aussi souvent la traduction du pouvoir. Elle traduise qui a la puissance financière, économique et politique au sein de la ville. En conclusion, le développement des structures verticales s’est fait en dépit des dimensions d’habitat et a conduit a des conditions peu enviables. Il est important de prendre en considération les critiques faites à l’encontre de ces structures afin d’en améliorer la conception. Les questions qui se posent sont : comment ? Quel conception de la verticalité peut elle répondre aux préoccupations soulignées dans ce chapitre ? Quel rôle pour les structures verticales ? Quel vocation ? 61
I. Phase 1 : Critique du modèle répandu _ Conclusion conceptuelle A partir de cette critique du modèle répandue, le gratte-ciel et l’IGH, une liste d’objectifs et de directives conceptuels est établie. Elle décrit certains aspects à reprendre et d’autres à améliorer dans ce modèle :
3. Créer un rapport à la nature au sein du bâtiment
4.Diminuer les îlots de chaleur, par la nature des espaces projetés et des matériaux choisis 1. Dans la continuité des enseignements architecturaux, intégrer une échelle intermédiaire pour s’inscrire dans la logique urbaine 5.Retrouver une échelle sociale favorable aux interactions sociales, capable d’assurer le confort et la sécurité des habitants
2. Composer les édifices de manière à respecter la stratification de la ville 6.Augmenter la valeur spéculative du modèle architectural par la rareté 62
II. Modèles et concepts alternatifs 64
• La ville creusée : Ce modèle est caractérisé par l’utilisation des espaces en sous-sol pour absorber une partie de l’extension de la ville.
II. Analyses des modèles alternatives : Présentation : Afin de répondre aux critiques relevées dans le chapitre 1, il est nécessaire de nourrir le modèle répandu par de nouveaux concepts. Ceuxci sont issus d’une recherche historique sur l’habitat des civilisations anciennes (Annexe 1) et de références relevées des productions contemporaines (Annexe 2). Quatre modèles différents ressortent de ces analyses • La ville oblique : Correspond à un modèle où la ville se développe suivant un axe incliné. • La ville en strate : Fait référence à un modèle ou la ville sur différents niveaux, en repensant chaque niveau selon ses propres contraintes, différemment de la ville par extrusion. • La ville allongée : renvoie à une ville se développant suivant l’axe horizontal, mais où l’axe Z absorbe une partie de l’extension horizontal, la réduisant.
Chaque modèle est analysé par rapport à 4 caractéristiques : •
La répartition programmatique : Logique d’hiérarchisation et répartition des différents programmes de la ville par rapport à l’axe Z.
• Le rapport espace public/Espace privé : Dans un premier temps, identifier les différentes formes d’espace public et d’espace privé et ensuite les espaces de transitions entre eux. • Le rapport unité/Ensemble : Analyse des limites et de la lecture entre l’unité d’habitation comme espace social et l’unité structurel comme espace physique. Ces modèles ont permis d’identifier 4 concepts alternatifs, qui peuvent servir à dessiner un nouveau modèle de verticalité : • Le concept d’extraction et d’inception • Le concept de gonflement • Le concept de stratification • Le concept d’absorption
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logique de répartition des programmes dans la ville oblique : Une logique symbolique, et une logique technique.
La ville oblique : La ville oblique s’est beaucoup développée dans des régions aux topographies particulières, comme les régions montagnardes. (Exemple, civilisation Inca) Mais aussi parfois, dans des régions plates, où le projet architecturales créent cette topographie pour se démarquer, ou pour en faire une force. (Exemple, The Moutain, BIG). Ce modèle correspond à une ville qui se développe suivant un axe incliné, s’organisant suivant l’axe Z et le plan horizontale. Répartition programmatique : De par la superficie que recouvre ces modèles de villes, elles font cohabiter plusieurs programmes. Ces programmes sont de l’ordre quotidien, profane, sacrée ... Dans la ville oblique, deux éléments président à la 66
La logique symbolique veut que les programmes sacrés soient sur la partie haute de la ville, pour dominer le paysage. Mais aussi, pour une question d’écoulement des eaux de sources, cette logique est renforcée. C’est par exemple le cas de l’ancienne Medina de Tetouan, où la répartition programmatiques est dictée par le réseau de distribution des eaux. Pour éviter une contamination, l’eau passe d’abord pour les grands édifices publics, qui se trouvent en haut de la ville, puis par les grandes maisons, ensuite par les maisons populaires, et enfin par les tanneries et les espaces de productions. Cependant, les projets contemporains qui ont repris ce principe de ville oblique dans des topographies plates ont eu une autre approche. Le besoin était d’abord de créer et rentabiliser cette topographie artificielle qu’ils projetaient. La couche superficielle est alors occupée par les maisons, qui gardent leur organisation en terrasse. La partie profonde du projet est occupée par des programmes divers, d’espaces publics ou logistiques, comme des parkings, des bibliothèques. Rapport espace privée/Espace public : La ville oblique agit comme une forme inclinée. On y retrouve les mêmes espaces publics que dans une ville plate : Place publique, la
rue, la ruelle. Les espaces privées sont pour la plupart des maisons. Mais là encore, dans le cas d’une montagne artificielle projettée, de nouveaux espaces publics sont conçus, comme des équipements publics et des parkings. Ceux-ci sont situés au-dessous des espaces privée.
Cependant, dans les deux cas, on retrouve une organisation en terrasse, qui lie le niveau du toit d’une unité à celle de l’entrée d’une autre unité. Le toit devient alors le jardin terrasse de la deuxième unité. C’est par ce procédé que sont liés les unités les unes aux autres.
La ville oblique, par rapport à la ville plate, permet de varier les impressions données par ses espaces publics. Les places, qui se développe tout au long de son axe oblique, permettent différentes vues et perceptions de la ville.
Dans le cas d’une ville oblique qui se développe sur une topographie naturelle, on retrouve aussi un compartimentage similaire de la ville plate. Ce compartimentage permet de développer des échelles sociales appropriées. Par exemple, dans les villes arabes, on passe de la grande rue, à la ruelle, à l’impasse. L’impasse est un premier seuil de voisinage, qui lie 5 à 7 familles par un espace commun, où les enfants peuvent jouer ensemble et où les femmes sortent pour réaliser quelques taches ménagères. Bien que directement ouvert sur la ruelle, il n’a pas socialement le même sens d’intimité et de contrôle. La ruelle est un espace propre au quartier, où les étrangers peuvent être questionnés sur le motif de leurs visites. Enfin, la grande rue est à l’échelle de la ville. Habitants, commerçants, étrangers, tous circulent et l’utilisent.
La force de la ville oblique est qu’elle permet une autonomie de chacune de ses unités, par la connexion directe de la maison aux espaces publics. On peut accéder directement de sa maison à l’extérieur, sans passer par un seuil commun. C’est un avantage considérable pour les habitants, qui même s’ils cohabitent dans une même structure, ont un plus grand sentiment de liberté. Rapport unité/Ensemble Dans le cas d’une ville oblique qui se développe suivant une topographie naturelle, la ville se présente comme un ensemble de structures indépendantes juxtaposées les unes collées aux autres. Mais dans le cas d’une topographie construite, la ville est une structure commune compartimentée en module organisés en cascade.
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Répartition programmatique :
La ville en strate : La ville en strate s’est développée dans de nombreuses régions du monde, notamment dans le monde arabe. Parfois grâce à la topographie, mais aussi grâce à des réglementations qui permettent une imbrication des formes urbaines. Elle fait référence à un modèle ou la ville se développe sur différents niveaux, en repensant chaque niveau selon ses propres contraintes, différemment de la ville par extrusion. Les différentes strates de la ville peuvent être juxtaposés, séparés par une dalle, comme dans le cas du quartier de la défense. Mais elles peuvent être aussi imbriquées. Ce modèle est très présent dans les utopies urbaines du XXe siècle, qui y voyaient une manière de réorganiser la ville et de résoudre ses problèmes de congestion de la circulation et d’activités. 68
La répartition programmatique de la ville en strate varie selon la temporalité du projet. Avant l’apparition de l’ascenseur, les étages inférieurs étaient plus valorisés que les étages supérieurs. Le passage des flux se faisaient au sol. Par conséquent, les étages inférieurs étaient souvent ceux des édifices publics et des commerces, les parties supérieurs pour l’habitat, avec un appauvrissement de la population au fur et à mesure qu’on monte. Après l’invention d’Otis, la prédominance de la rue a été préservée. La rue est toujours connectée aux strates commerciales. Mais la logique sociale de la verticale a changé. Les espaces en hauteur sont valorisés, de par la vue et le calme qu’ils offrent. Mais aussi, les strates inférieurs étaient celle du visible, alors que les strates supérieurs étaient celle de l’invisible. C’est l’image que peut donner la séparation de la circulation homme/Femme dans les médinas. Dans ce modèle de ville, où les terrasses sont collées les unes aux autres, les femmes pouvaient se déplacer d’une maison à une autre par le haut, sans être vues. Les hommes eux se déplacent par la strate inférieure. Ce principe de séparation des circulations est aussi présent dans les utopies du XXe siècle, qui imaginaient des ponts reliant différentes unités urbaines, pour permettre de séparer la circulation piétonne de la circulation automobile.
Rapport espace privée/Espace public :
Rapport unité/Ensemble
Selon que la ville en strate soit par superposition ou par juxtaposition, la logique des espaces publics et de leur connexions aux espaces privées varient.
Plusieurs rapports entre unités et ensembles sont possibles dans le modèle de ville en strate. D’un point de vue structurel, les différentes strates peuvent avoir une structure porteuse commune. A ce moment là, c’est à travers les différents niveaux de circulations que les strates sont séparés. Mais elles peuvent aussi avoir une structure indépendantes les unes aux autres, grâce au système de boite dans la boite. Ce deuxième cas permet une autonomie totale des strates l’une vis à vis de l’autre.
Dans le cas de la superposition, le réseau d’espace public peut être modélisés comme un réseau classique qui se plissent sur différents niveaux pour permettre d’atteindre les différentes strates de la ville. Ce qui est intéressant à noter est que la logique des strates n’a pas à être similaire. Une strate qui s’organise de manière orthogonale, suivant l’orientation du cadran solaire, peut se superposer à une strate se développant de manière linéaire le long d’un fleuve. Dans leur fonctionnement, les strates peuvent être complémentaires ou autonomes. Dans le cas de l’imbrication, avec des unités de petites hauteurs, le réseau viaire carrossable reste le plus souvent sur la strate inférieur. Chaque unité est connectée directement au réseau. Parfois, l’unité a une plus petite emprise au sol que sur la strate supérieure, où elle déborde sur une unité voisine ou sur le réseau de circulation. C’est le cas des sabats dans les médinas par exemple, qui permettent de profiter des espaces au dessus de la rue, d’offrir plus d’espaces aux maisons, tout en créant des jeux de lumières et d’ombres.
Une unité d’habitation peut aussi exister dans une seule strate ou dans plusieurs strates à la fois. Dans le cas des utopies, chaque strate était imaginée comme une strate autonome. Les maisons appartenaient alors à une seule strate, qui était l’équivalent d’un quartier. Mais dans les exemples contemporains (Ex. Gurgeaon71), selon le modèle de développement, les différentes strates peuvent être de différentes natures, la maison peut alors avoir la partie close dans une strate, et la partie de loisirs dans une autre. La relation entre les strates est alors renforcée.
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Répartition programmatique :
La ville allongée : La ville allongée s’est développé dans différentes régions du monde, différentes conditions climatiques et différentes techniques de construction. Jusqu’à nos jours, c’est une forme urbaine très présente au sein des villes. Elle renvoie à une ville se développant suivant l’axe horizontal, mais où l’axe Z absorbe une partie de l’extension horizontal, réduisant ainsi l’étalement urbain. Plusieurs typologies urbaines s’inscrivent dans ce modèle de ville : Les maisons de ville, les hôtels particuliers, les palais urbains, les maisons bruxelloises ... D’une certaine manière, tous les modèles d’habitations ont des aspects qui s’inspire de la ville allongée. Comme le fait ressortir l’évolution historique (annexe 1), dès le néolithique, l’homme a construit une maison à deux niveaux, en différenciant le haut et le bas. 70
La ville allongée s’est beaucoup développée avant l’avènement de l’ascenseur. Par la suite, elle fut remplacée par le modèle d’immeubles. Dans ce sens, la répartition des programmes au sein de la ville allongée est similaire à celle de la ville en strate. Les niveaux sur rues étaient souvent réservés au commerces ou aux ateliers. Et les niveaux supérieurs étaient réservés aux logements. Dans le cas des maisons bruxelloises, le rez-de-chaussée était réservé aux espaces de réception et donne sur un jardin, d’une cuisine au sous-sol, alors que les 2 ou 3 niveaux supérieurs accueillent les chambres. Un des principales avantages de ce modèle est sa capacité à se transformer avec le temps. Il peut passer d’une habitation monofamiliale a une habitation accueillant plusieurs familles. C’est le cas des maisons de villes au Maroc. Ces maisons, de 3 à 4 niveaux, peuvent être occupées par la même famille, avec une partition générationelle par étage. Le chef de famille occupe souvent le premier étage. Ses parents, dont il s’occupe, occupe l’étage inférieur. Le fils aîné, quand il grandit, occupe le niveau supérieur. Rapport espace privée/Espace public : Le réseau d’espace public de la ville allongée est assez similaire au réseau de la ville plate. Il se développe sur un seul niveau, et
comporte des places, des rues principales et des rues secondaires. Cependant, contrairement à la ville plate qui est faite d’unités superposés, inscrites dans une plus grande structure qu’est l’immeuble, la ville allongée permet une autonomie de la maison. Dans le modèle d’immeuble, le passage de l’espace public à l’espace privée se fait par l’intermédiaire. Alors que dans le cas de la ville allongée, il se fait directement. Cette prise d’autonomie permet une plus grande liberté, une plus grande sécurité de l’unité, et une plus grande efficacité de gestion puisqu’elle répartit plus clairement les taches et les responsabilités.
exemple. Ce système permet d’avoir une ville richement décorée, mais aux lignes continues et harmonieuses.
Rapport unité/Ensemble Il y a peu de différence entre le rapport unité/ ensemble dans le modèle de ville allongée et la ville plate. La différence principale est l’autonomie de chaque structure par rapport à sa voisine et la hauteur de chaque unité. Cette proximité s’explique par le fait que l’immeuble, qui est la forme principale de la ville plate, est une aliénation du modèle de maisons urbaines. La ville allongée est une série de structure autonomes juxtaposés les unes aux autres. Ces structures peuvent avoir les mêmes dimensions, ce qui donnent une plus grande harmonie à l’ensemble, mais avec des façades décorées différemment. C’est le cas des quartiers gothiques en Europe par 71
Répartition programmatique :
La ville creusée : L’homme a creusé le sol depuis le néolithique, avec les villes troglodytes. A l’époque, creuser des grottes et se protéger grâce au sol disponible était une manière de construire plus rapidement son logement. Mais, la ville creusée s’est surtout développée à partir de la fin du XIXe. Avec le développement du génie civil et des sciences de la terre, les capacités de développement souterrain sont devenus plus importants. Le sous-sol a surtout servi au développement des réseaux divers de la ville, mais plusieurs grandes métropoles se sont dotés de véritables villes souterraines, comme Paris, Londres, Toronto ou Tokyo. Ce modèle est aussi en pleine exploration conceptuelle, pour trouver la manière avec laquelle les espaces souterrains, déjà existant ou à creuser, peuvent permettre d’absorber une partie des besoins de la ville. 72
La ville creusée est avant tout pensée autours de la contrainte de la lumière. C’est celle-ci qui détermine la répartition des fonctions. Dans le cas des villages troglodytes, elle se traduit par un grand patio, qui organise autours de lui les fonctions. D’abord, se trouve les fonctions nobles (chambres et salon) et ensuite les espaces qui ont besoins de moins de lumières (cuisines, salle de bain). Cependant, la ville creusée à partir du XXe siècle correspond en grande partie à des projets d’infrastructures. Ces projets de métros séquencent la ville et l’organisme en réseau de points linéaires, autours desquels s’organisent des activités, souvent commerciales (magasins, centres commerciales) ou logistiques (parking multimodale) Lorsque la ville creusée est pensée sur plusieurs niveaux, on remarque que la logique de la ville en superstructure est inversée. Les commerces se situent alors dans les premiers niveaux au dessous du sol, et plus on va en profondeur, plus les espaces deviennent intimes ou privés. Rapport espace privée/Espace public : Pour la ville creusée troglodytes, l’espace public principal est le grand patio qui permet d’éclairer le village. Il est l’équivalent d’une grande place dans une ville plate. Cet espace est connectée aux circulations verticales
qui permettent de passer du niveau de la circulation au niveau de la ville creusée, et aux rues qui le traversent. Ces rues peuvent reliées plusieurs points de connexion à la partie supérieure, où être entièrement en plein air. Selon ces configurations, les espaces privées sont soit dans une logique linéaire, comme dans une ville plate, soit dans une logique polynucléaire, autours des patios qui assurent leurs éclairages. Selon la profondeur creusée, on peut trouver un à plusieurs niveaux superposés. Dans ce cas, l’escalier menant du niveau du sol au niveau du patio joue le rôle de rue principale, donnant sur des corridors, qui jouent le rôle de rues secondaires, et qui mènent aux unités. Les unités sont donc autonomes, avec un passage directe de l’espace privée à l’espace public, sans avoir à traverser un espace semi-public ou intermédiaire.
possible de retrouver les différents modèles précités mais organisés autours du patio. La ville creusée est complétée dans sa description par les modèles précités (Allongé, en strate, oblique). Ses différents niveaux et son rapport unité/Ensemble peut varier et être similaire au rapport de la ville oblique, avec une structuration en terrasse ; à la ville en strate, imbriqué ou superposé; ou à la ville allongée, avec une absorption. La principale différence que la ville creusée développe avec les autres modèles est sa nature introvertie, de protection, par rapport à la nature extravertie que développe la plus part des modèles de la ville en surface.
Rapport unité/Ensemble Les unités dans la ville creusée dépendent du rapport au ciel. Si le réseau viaire est entièrement ouvert au ciel, on peut trouver le même rapport que pour la ville plate. Mais s’il n’est ouvert sur le ciel que par point, pour le rapport entre l’unité et l’ensemble, le patio central joue le rôle d’unificateur et d’espace commun à différentes unités. Les unités sont organisés autour de ce patio. Elles ont une structure indépendante et autonome. Si plusieurs niveaux sont creusés, il est 73
dimensions communes, des lignes continues mais des motifs différenciés permettent d’allier harmonie et complexité.
Le concept de vertebre: Comme dans les structures tectoniques, ce concept renvoie vers l’acte d’absorber par la verticalité une partie de l’extension horizontale. Cette absorption se fait à l’échelle de la maison et non à l’échelle de l’îlot ou du quartier. Il construit le principe qu’il est préférable d’avoir une maison indépendante de 100 m² sur 3 niveaux qu’un appartement de 100m² dans un immeuble. L’autonomie et l’indépendante sont des valeurs spéculatives importantes pour un logement. Plastiquement, le concept de pli conduit à des maisons plus élancés, avec un empâtement au sol plus faible. Soit la maison de plusieurs niveaux est répétée avec un modèle parcellaire similaire, ou bien elle s’inscrit dans un complexe résidentiel plus grand, utilisant plus de typologie et différentes hauteurs. Des 74
La ville actuelle est formée par la superposition de maisons. Mais ce système crée une dépendance des résidences aux espaces semi-collectifs. Ce qui rend la gestion compliquée car partagée entre plusieurs groupes. Le système actuel a été élaboré pour rendre commun l’escalier, qui intègre la structure, et ainsi économiser de l’espace. Mais les nouvelles méthodes de construction d’un escalier, qui peut être un élément décoratif, ont changé les paramètres de l’équation. L’intégration de l’escalier à la maison consomme de l’espace, mais il peut être optimisé et intégré aux espaces. Le pli fait appel à une typologie de maison sur plusieurs niveaux, de un niveau à 4 niveaux. La distribution se fait autours d’un escalier. Le niveau d’accès est réservé aux espaces de réception, et les autres niveaux aux chambres et espaces intimes de la maison. En général, le deuxième niveau est pour la chambre parentale. Si le complexe résidentielle est pensée dans son ensemble, des terrasses jardin à chaque niveau peuvent remplacer le jardin traditionnellement accompagnant ces structures, et permettre ainsi de densifier le modèle. Une complémentarité entre l’absorption et l’extraction permet aussi avec des systèmes mécanisés minimes de densifier le modèle tout en réduisant l’échelle sociale de gestion.
Modèle répandu : Ville par superposition
Modèle alternatif : Les tours humaines
Forme du modèle à 3 étages
dependance
Indépendance
Forme du modèle à 4 étages : Echelle de la ville actuelle
1 escalier pour 3 maisons Rigide
Autonome :1 Escalier par maison Modulable : Plusieurs configurations possibles
Forme du modèle à 4 étages : Echelle conseillée pour la ville de demain
Rupture d’échelle : 1 escalier et 1 ascenseur pour 5 palier, 5 maisons = moins rapide, moins efficace
Econome : 1 escalier et 1 ascenseur pour 1 palier de 3 maisons = plus rapide, plus efficace
Capacité à évoluer
Figé: Association et dissociation compliquée
Evolutif : Association et dissociation facile, par décloisonnement
Comparaison entre le modèle répandu et par application du concept d’allongement
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du gratte ciel et la plus petite communauté qu’est la maison.
Le concept de squelette : Ce concept définit la capacité d’une partie d’être autonome d’un tout, tout en lui étant rattaché d’un point de vue structural. Il est primordiale pour retrouver une échelle sociale correcte. Cette capacité est matérialisée par des chiffres concrets : Combien de personnes habitent dans une unité extractable ? Combien de personnes ont la charge de la gérer ? Quel espace matérialise le passage d’une échelle à une autre. La capacité de lire une partie autonome d’un tout a aussi un caractère plastique. L’habitant doit être capable de lire l’autonomie d’une partie que ce soit dans son fonctionnement mais aussi visuellement. Que ce soit donc dans le plan ou en volumétrie, le concept d’inception agit pour mettre une échelle intérmédiaire entre la grande communauté 76
Dans le modèle actuel, l’étage est censé joué ce rôle. Mais l’étage n’est pas réellement isolable. L’escalier doit rester traversant pour laisser passer les habitants des autres étages. C’est pour ça que dans des complexes résidentielles denses, 3 ou 4 appartements proches se mettent d’accord pour fermer un couloir. Cet acte de fermeture permet d’augmenter le sentiment d’intimité et de sécurité en réduisant la possibilité d’utilisation d’un espace commun à un nombre limité de familles. Le concept d’inception est la sublimation de cette pratique courante et populaire et son inscription dans la conception du projet. Une des manières d’assurer l’inception est d’imaginer un gratte-ciel comme un ensemble de boites imbriquées les unes aux autres. Chaque boite aurait une échelle de 6 niveaux, de 50 familles au maximum. La circulation interne à chaque boite doit être dissociée de la circulation permettant d’atteindre les boites supérieurs. Ces transformations peuvent être complétées par des espaces communs à chaque boite pour créer un plus grand sentiment d’appartenance. A travers cette transformation du schéma classique de distribution des IGH et des gratte-ciels, l’objectif est d’atteindre plus de sécurité, de diminuer les inconvénients psychologiques et sociales de la vie en IGH et de permettre un mode de vie plus sociable.
Modèle répandu
Concept de squelette
Comparaison entre le modèle répandu et par application du concept d’inception
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modèle actuel, la stratification est faite au niveau de la parcelle, par superposition. Mais cette méthode s’avère inefficace puisqu’elle est à la base de la rupture sociale. Un développé de la ville montre que le gratte-ciel ne développe pas une stratification à l’échelle urbaine. Il est un composant similaire à un immeuble de petite hauteur. C’est un point à l’échelle de la ville. Or, l’objectif du concept de neurone est de faire de la structure verticale une section de la ville.
Le concept de neurone: Le concept de neurone correspond à imaginer la ville comme un réseau de neurone dans l’espace où une série de tensions et de flux venant des 3 volumes se rencontrent. Comme il existe des morceaux de ville à altitude “a”, il en existe d’autres à des altitudes plus élevées ou plus faibles. Pour que cela se concrétise, il faut que chaque plateau soit autonome et inscrit dans le schéma de circulation de la ville. Les différentes “branches” peuvent être de la même nature ou de nature différentes. Par exemple, il peut y avoir certains réservés à l’habitat, d’autres à des espaces verts. Ils peuvent aussi promouvoir différents usages et modes de transport. Le concept de neurone est central à la différence entre un modèle de ville par extrusion et un modèle différent. Dans le 78
Pour atteindre cette objectif, il faut que la rue verticale, celle qui mène aux différents niveaux, joue le rôle d’une rue secondaire passante entre deux rues principales de circulation. Dans le modèle actuel, elle est similaire à un cul-de-sac. Pour cela, l’idéal est que le développement des structures verticales profitent surtout des zones à la topographie accidentée (Falaises, Gouffres) ou se fassent simultanément au développement d’une infrastructure aérienne de la ville (Des ponts enjambant la ville, transport par câble), et de développer des moyens de transport innovant (Montgolfière). Les structures habitables s’accrochent alors sur la rue verticale, qui mènent des stations de ces infrastructures, aux rues carrossables. De cette manière, les différentes unités bénéficient de leur autonomie et se développe à une échelle raisonnable pour les relations sociales.
Comparaison entre le modèle rÊpandu et par application du concept de neurone
79
Le concept de peau urbaine: Ce concept prône l’imagination de la ville comme un ensemble de strates et de couches qui s’enveloppent les unes sur les autres. Il permet de réfléchir la congestion des différentes composantes d’une ville, mais aussi l’évolution de la ville dans le temps : Le concept d’enveloppement permet l’addition d’objets nouveaux sur des objets anciens. Plastiquement, le concept d’enveloppement est souvent traduit par un contraste entre différents éléments : L’amplitude d’un parc traversé par la linéarité des chemins de fer, l’ultratechnologie d’une enveloppe posée sur d’anciens hangars, la verdure d’un jardin couvrant les installations d’une unité industrielle. Il met en image les différents composants de la ville et de l’édifice, à travers un jeu de surimpression et de collage. 80
Dans la ville par extrusion, qui est actuellement le modèle répandu, les différents éléments de la ville sont juxtaposés en plan. Généralement, ils n’ont aucune interaction en volume. Sur une projection en deux dimension, les urbanistes tracent des lignes et définissent des zones pour chaque activité. Cette méthode technicite porte en elle des aberrations, puisque plusieurs zones utiles sont négligées ou abandonnées. Et la complémentarité entre certaines activités est ignorée. A contrario, comme dans certaines villes anciennes, l’enveloppement permet d’optimiser la forme urbaine, en s’appropriant les espaces techniques et en donnant de la profondeur à son usage. L’enveloppement fait appel à deux structures distinctes, l’une inclue dans l’autre. Pour être efficace, le mieux est d’associer l’enveloppement à la transprogrammation. C’est à dire d’inclure dans le programme des usages et des activités volontairement étrangers : une piste de ski sur le toit, un terrain dans une bibliothèque, une cafétéria dans une salle d’art. Chaque programme fait appel à des typologies propres. La confrontation de ces typologies permet de créer des événements et de surprendre l’usager. L’enveloppement voit l’édifice comme une monade ; c’est à dire comme la fusion et l’équilibre entre plusieurs éléments complexes et parfois contradictoires.
Modèle répandu
Modèle par application du concept de peau urbaine
Comparaison entre le modèle répandu et par application du concept d’enveloppement
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Conclusion Afin de répondre aux objectifs conceptuels fixés, le mémoire a cherché des modèles alternatifs permettant de dessiner des concepts alternatifs. Quatre modèles alternatifs ont été élaborés : • La ville oblique : Correspond à une ville qui se développe en cascade de terrasse • La ville en strate : Illustre une ville qui se développe en imbrication et superposition de différentes strates • La ville allongée : Représente une ville où la verticale absorbe une partie de l’extension horizontale des maisons • La ville creusée : Conçoit l’extension de la ville dans ses espaces souterrains L’analyse de ces modèles a permis de mettre en lumière des caractéristiques essentielles d’un habitat performant, s’organisant autours de l’axe verticale : • Concernant la répartition programmatique, interne ou externe, tous les modèles montrent une prédominance des points d’accès à l’infrastructure pour définir la répartition programmatique. Le sens (haut et bas) détermine la nature des programmes. Ce n’est qu’une fois que cette prédominance est effacée par la généralisation de la connexion à la circulation, comme dans le modèle de la ville oblique, que d’autres critères peuvent 82
émerger. En général, l’intensité des usages et activités est inversement proportionnelle à la distance de connexion aux points d’infrastructure : En d’autre terme, plus on est proche d’une infrastructure, plus l’activité est intense. • Les modèles étudiés cherchent tous à pousser vers des résidences plus autonomes. Cela passe par une connexion directe entre les espaces privées et les espaces publics, sans passer par des espaces semi-privées. Les espaces semi-privées créent des vides de gestion, alors que favoriser la résidentialisation de l’espace permet de simplifier l’équation de la gestion, de renforcer le sentiment d’appartenance et de responsabilité. • Bien que parfois inscrit dans des structures physiques complexes et partagées, la maison en tant qu’unité sociale doit pousser vers sa propre autonomie. Cela passe par une autonomie de l’accès, et des espaces extérieurs qui lui sont propres. Suivant ces premiers constats, quatre concepts ont été élaborés. Ces concepts peuvent être directement utilisés pour l’élaboration du modèle conceptuel utilisé. • Concept d’inception/extraction : Ce concept définit la capacité d’une partie d’être autonome d’un tout, tout en lui étant rattaché d’un point de vue structural. C’est aussi la caractéristique d’avoir un immeuble à l’intérieur d’un autre. Il est
primordiale pour retrouver une échelle sociale correcte. Cette capacité est matérialisée par des chiffres concrets : Combien de personnes habitent dans une unité extractable ? Combien de personnes ont la charge de la gérer ? Quel espace matérialise le passage d’une échelle à une autre. • Concept d’enveloppement : Ce concept prône l’imagination de la ville comme un ensemble de strates et de couches qui s’enveloppent les unes sur les autres. Il permet de réfléchir la congestion des différentes composantes d’une ville, mais aussi l’évolution de la ville dans le temps : Le concept d’enveloppement permet l’addition d’objets nouveaux sur des objets anciens.
• Concept d’absorption : Ce concept renvoie vers l’acte d’absorber par la verticalité une partie de l’extension horizontale. Cette absorption se fait à l’échelle de la maison et non à l’échelle de l’îlot ou du quartier. Il construit le principe qu’il est préférable d’avoir une maison indépendante de 100 m² sur 3 niveaux qu’un appartement de 100m² dans un immeuble. L’autonomie et l’indépendante sont des valeurs spéculatives importantes pour un logement.
• Concept de neurone : Le concept de neurone correspond à imaginer la ville comme un réseau de neurones où une série de tension venant des 3 volumes se rencontrent. Comme il existe des morceaux de ville à altitude “a”, il en existe d’autres à des altitudes plus élevées ou plus faibles. Pour que cela se concrétise, il faut que chaque plateau soit autonome et inscrit dans le schéma de circulation de la ville. Les différentes “branches” peuvent être de la même nature ou de nature différentes. Par exemple, il peut y avoir certains réservés à l’habitat, d’autres à des espaces verts. Ils peuvent aussi promouvoir différents usages et modes de transport. 83
Conclusion générale et nouveau modèle En conclusion, l’accélération de la croissance urbaine a promu la verticalisation de la ville comme seule solution viable. Afin d’éviter un étalement urbain trop important et de rentabiliser l’infrastructure déjà présente. Ce processus déjà entamé s’est traduit par l’introduction et le remplacement des unités de petite hauteur en des immeubles de grandes hauteurs et de gratte-ciel. Dans ce sens, le gratte-ciel est la forme ultime de ce modèle. Cette nouvelle typologie est apparu à la fin du XIXe siècle, suite aux évolutions constructives sur l’acier. Mais ce n’est qu’au début du XXe siècle qu’il sera théorisé avec la pensée de Sullivan concernant sa composition. Pour Sullivan, la composition d’un gratte-ciel doit répondre à l’image d’une colonne. D’une part, cela lui permet une meilleure intégration urbaine. D’autre part, elle lui permet une rationalisation qui le rend plus économique. Par la suite, toujours selon des considérations d’intégration dans la forme urbaine et d’expression technico-économique, le gratte-ciel va évoluer. de “La forme suit la fonction” qui résume la pensée de Sullivan, il s’insère dans “La forme suit la structure” de Mies Van Der Rohe, ou du remplacement de la ville du Corbusier. Avant de devenir un objet urbain alien, une île a part, un monde intérieur durant la deuxième moitié du XXe siècle. L’évolution continue des techniques de construction lui ont permis d’atteindre une échelle urbaine et 84
de s’isoler de son environnement. Dans ce sens, le gratte-ciel aura exprimé tout au long de son existence la sublimation de contraintes techniques. Rarement il n’aura été pensé selon les usages et les manières d’habiter. Au contraire, architectes et urbanistes se sont attendus à ce que les habitants fassent preuves de résilience et arrive par eux même à trouver un nouvel équilibre dans ces nouvelles structures. C’est pour cela que le gratte-ciel et l’immeuble de grande hauteur ont soulevé de nombreuses critiques sur leur résultat social. Tels que conçus aujourd’hui, ces modèles génèrent des communautés asociales, égocentriques, peu altruistes. Ils encouragent aussi la criminalité et la délinquance, et ne donnent pas aux individus et aux communautés les espaces nécessaires à leur épanouissement. Aussi, le gratte-ciel généralisé et infini n’atteint pas les objectifs de densification et d’économies qui le défendrait. Il existe des seuils de rentabilité et des modes de valorisation qui font que le gratte-ciel est par définition une opération ponctuelle. Ce n’est réellement que dans son imaginaire de puissance et d’exploit que le gratte-ciel est performant. C’est donc par surélévation progressive du niveau moyen que la ville doit croître. Avec des gratte-ciels ponctuels, situés dans des sites particuliers, qui ont un potentiel concret par la verticalité. Pour être vivable, le gratte-ciel doit abandonner le fantasme de la verticalité infinie pour se résoudre à
une verticalité raisonnée et habitée. Cette verticalité doit être à même de dessiner une échelle intermédiaire sociale, pour que les gens puissent recréer du lien. Elle doit aussi se construire dans le temps, pour permettre de simplifier un montage financier bien trop coûteux pour le modèle actuel. Pour répondre à ces objectifs, quatre concepts ont été élaborés. Le concept d’inception, le concept d’enveloppement, de neurone et d’absorption. Ensemble, ces quatre concepts dessinent un modèle nouveau pour la verticalité. Deux typologies ont été élaborées : une typologie de gratteciel et une typologie non gratte-ciel. Concernant la typologie de gratte ciel, contrairement au modèle actuel, qui agit comme une très grande maison, ce modèle agit comme une ville inclinée. Pour cela, il doit être situé dans la connexion entre deux infrastructures à la verticalité différentes. Ces nouveaux gratte-ciel sont donc ponctuels au sein de la ville et accompagne nécessairement une proposition nouvelle en terme de mobilité urbaine. Il profite ainsi du potentiel de flux généré par cette situation. De cette manière, les ascenseurs et les escaliers urbains deviennent une rue verticale, à la quelle viennent se brancher différentes unités urbaines. Le développement de cette typologie, et les hauteurs y correspondant, est lié donc avant tout au capacité en terme d’infrastructure de mobilité de la ville. Il faut intégrer et favoriser
des infrastructures qui font appel à l’axe Z. Comme par exemple les transports aériens, ou les transports par câble. Et développer de nouveaux modes de transports (par montgolfière ou ballon, ou par tube). Ces infrastructures créent les situations positifs pour le développement de l’habitat vertical. Un habitat vertical tenu entre deux infrastructures, l’une au sol et l’autre suspendu par câble, est une ville inclinée, efficace et efficiente. Concernant la typologie non-gratte ciel, chaque unité urbaine fait un maximum de 6 niveaux. Cette échelle permet une plus grande sécurité et semble être le seuil optimal entre grande hauteur et échelle sociale. Les unités s’imbriquent entre elle pour créer des communautés avec une échelle sociale correcte, avec des espaces verts et extérieurs. Le nouveau modèle peut atteindre le double de la densité du modèle répandu actuel, avec plus d’espace vert. Le modèle d’habitat hors gratte-ciel développé est aussi pensé dans le temps, pour permettre, avec un minimum de rajout technique, une densification intelligente et respectueuse socialement parlant. Dans une première phase, il atteint les 100 log/ha. Puis dans une deuxième, par l’ajout d’un seul ascenseur, qui correspond à une nouvelle strate urbaine, il atteint les 200 log/ha. Une troisième phase lui permet d’atteindre les 300 log/ha.
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III. Analyse du site 86
III. Analyse du site : Présentation : Après l’analyse du modèle répandue et sa transformation par des modèles alternatifs, la prochaine étape est d’analyser le site du projet. L’analyse du site traverse deux étapes. Dans un premier temps, elle est faite à l’échelle de la ville, sur différents thèmes : Population, architecture, infrastructure, occupation du sol ... Cette analyse permet de choisir un site pertinent, qui répond aux besoins de la ville et qui représente une problématique spatiale particulière. La deuxième étape concerne l’analyse du site à son échelle. L’objectif est de comprendre sa configuration, ses caractéristiques naturelles et ses caractéristiques fonctionnelles, afin de dégager des pistes conceptuelles.
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hivers doux et des étés modérément chauds.
III. Casablanca Casablanca, capitale économique : Casablanca est la capitale économique du Maroc, et de la région du Grand Casablanca - Settat. Sur le plan africain, elle est la 5e agglomération d’Afrique. Économiquement, elle représente un tiers des établissements industriels du pays, concentre 55 % des unités productives, et près de 60 % de la maind’œuvre industrielle. Casablanca réalise 50 % de la valeur ajoutée du Maroc, et attire 48 % des investissements. Elle représente 39 % de la population active du Maroc, 35 % de la consommation électrique nationale et absorbe 1,231 million de tonnes de ciment. Les ports de Casablanca et Mohammédia assurent 55 % des échanges extérieurs, et son aéroport accueille 51% des passagers. C’est par le volet économique que se démarque Casablanca. Cet aspect traduit une richesse et une position enviable au niveau national. Situé au centre du Maroc, elle est au coeur du bassin regroupant Rabat, Kenitra, Settat et El Jadida. elle domine les plaines de la Chaouia. Cellesci sont une force agricole importante du pays. Sa location en bordure de l’océan atlantique rend son climat assez agréable, avec des 88
Pourtant, Casablanca n’a pas toujours été la grande métropole qu’elle est aujourd’hui. Ce n’est qu’au début du XXe siècle que la ville prend de l’importance sur l’échiquier national. Construite sur les ruines de la ville d’Anfa, détruite par les portugais au XVe siècle, Casablanca est devenu le port principal du Maroc sous protectorat français. La construction du port en 1907 conduit à une intense activité commerciale. La ville devient alors un pôle d’affluence important pour les commerçants venus de tout bord, et ainsi se crée un meltingpot. Depuis, Casablanca n’a cessé d’être le lévrier du Maroc contemporain. Seul véritable mégapole du Maroc, avec près de 4 millions d’habitants (10% de la population totale du Maroc). Elle fait, avec 786 km², 3.5 fois la taille de Rabat la capitale administrative, ou presque 3.5 fois Marrakech, la deuxième ville la plus peuplée du Maroc, et 3.5 fois Tanger, le deuxième pôle économique émergent. Casablanca est donc une ville hors échelle au niveau du Maroc. Et pourtant, les prévisions s’attendent à ce que la population croit encore d’un million d’ici 2030. Cette croissance va poser des défis sérieux à l’infrastructure casablancaise, en terme de capacité, de coût et de gestion. C’est donc dans l’urgence que Casablanca doit trouver une solution pour sa croissance.
2 millions d’habitants 1 million d’habitants 500000 d’habitants
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Casablanca, le défi démographique et social : Selon l’annuaire de 2011, La population de la ville de Casablanca s’était établie à environ 3.284.000 habitants. Elle a légérement progressé sur les 4 dernières années, puisqu’elle était de 3.220.000 personnes en 2011. Ce faible rythme croissance contraste avec une croissance démographique plus prononcé de la région du grand Casablanca, qui est progresse de plus de 300 000 personnes au cours des 10 années de la période intercensitaire 2004-2014, soit une croissance annuelle de plus de 30 000 personnes par an. Ceci s’explique par une croissance démographique moyenne fort contrastées sur le plan spatial. La population de la ville de Casablanca n’a ainsi progressé que de 0,8 % par an. Certains arrondissements centraux anciens ont même vu leur population diminuer : Sidi Belyout (- 1.5 %), El Fida (- 1.6%), Mers sultan (- 1.3 %)… contre une augmentation importante de la population des pôles urbains périphériques (Mohammedia, Tit Mellil, Mediouna et Nouaceur réunies) à plus de 5 % par an tout comme celle des communes rurales (+ 5,8 % par an). La croissance a même dépassé 7% par an dans les arrondissements péri-centraux de Casablanca (Sidi Moumen, 90
Hay Hassani, Aïn Chock,…), à Tit Mellil (+ 7,3 %) et dans le milieu rural voisin : Beni Yakhlef (7,1 %), Sidi Moumen(+ 7,9 %), Dar Bouazza (+ 9,8%), Lahraouiyine (+ 12,6 %), Bouskoura (+ 15 %). Cette donnée témoigne du déplacement de la pression démographique sur la périphérie et les petits centres satellite de Casablanca. Cette pression pousse vers un étalement de la ville et une croissance démesurée. En plus de la croissance démographie, le nombre de ménages progresse plus rapidement que la population dans son ensemble, notamment à partir de 1994. Plusieurs facteurs sociaux expliquent cette forte hausse : l’augmentation de l’espérance de vie, l’arrivée à l’âge de former un ménage de générations toujours plus nombreuses et, à une propension croissante des adultes à former des ménages indépendants. Cette croissance maintient une hausse demande en logements neufs. En suivant ces caractéristiques démographiques, les besoins en logements qui découlent sont importants. Il faut compter entre 24000 à 28000 logements par an. L’objectif est de satisfaire le besoin découlant de la croissance du nombre de ménage, mais aussi de résorber le parc de logements précaires et des ménages en surpeuplement forcé. Au total, il faut entre 750000 à 1 million de logements neufs d’ici 2030.
Casablanca, territoire de nombreux désequilibre spatiaux: Concernant les répartitions socio-économiques dans le territoire, la ville de Casablanca fait face à de nombreux défis pour trouver un équilibre entre les 16 arrondissements qui la composent. D’abord, spatialement, on retrouve une répartition déséquilibrée des activités. La ville est clairement découpée par son infrastructure en grande zone aux réalités socio-économiques différentes. Autours du port, on retrouve une vaste zone d’immeubles qui joue le rôle de centre d’affaire, et qui se développe suivant une logique radioconcentrique. A l’ouest des chemins de fer, elle est entourée par une vaste zone de Villa, qui deviennent de plus en plus luxueuse au fur et à mesure qu’on se rapproche de la corniche de loisirs. A l’est, le territoire est majoritairement occupé par le tissu industriel et les résidences de type néo-médinal. Ce sont de petites maisons inscrit dans une trame de 8mx8 en autoconstruction. Seule une zone d’immeuble ressort de cette logique au niveau de la gare ferroviaire de Ain Sbaa. Et une zone d’habitat néo-médinal et d’habitat économique en périphérie ouest de la ville.
on remarque une concentration des pôles importants au niveau du premier cercle. Avec la présence de la place administrative, de la mosquée Hassan II, et du Twin center, qui se trouve tous à l’intérieur de la zone dessinée par boulevard Zerktouni. Même le grand théâtre de Casablanca, qui est récent, se situe dans cette zone. Seul le technoparc se situe au sud de la ville. Ce déséquilibre se ressent aussi au niveau des espaces publics et d’espace vert. On remarque une rareté en terme de grands parcs, et ce, dans tous les territoires. Casablanca ne dispose que de 5 parcs à l’échelle de grande zone : Le parc de la ligue arabe, au centre de la ville; Le parc Sindibad, à l’ouest; Le parc de l’Hermitage, pour la partie des Houbous; Le jardin Alisco au sud; et le parc de Ain Sbaa, pour l’Est. Le total est faible. Le Grand Casablanca compte moins de 1 m² d’espace vert public par habitant, contre une norme de 10 m² prescrit par l’OMS. Il faut donc renforcer les espaces verts au sein de la ville, et éviter un étalement trop important, qui fragilise la ceinture verte et la forêt de Bouskoura en périurbain. La qualité de la vie dans une grande métropole et la perception de la densité dépendra très largement de l’offre d’espaces verts.
Au niveau des grands équipements urbains, 91
Casablanca, territoire de nombreux déséquilibres socio-économique: Les déséquilibres territoriales se ressentent aussi au niveau socio-économique. D’abord, à un niveau démographique, avec une densité très disparate entre les différents arrondissements urbains. Ensuite, au niveau économique, avec une fourchette de valeur très large qui varie selon les différentes zones de la ville. Concernant la densité de population, les arrondissements les plus denses sont El Fida (52000 Hab/km²) et Ben Msick (54000 Hab/ km²), et Hay Mohammadi (40000 Hab/km²) qui se trouvent au centre de la ville, dans la première couronne périphérique du centre d’affaire, Sidi Maarouf, (25000 Hab/km²). A ce titre, la commune des Roches noires surprend et doit bénéficier d’une attention particulière La commune des Roches noires est voisine au trois communes les plus denses, et au territoire le plus active, tout en ayant une des plus faibles densités d’habitat. Avec moins de 15000 Hab/km², elle peut être au coeur d’une politique qui encourage les activités économiques mais aussi les populations à se déplacer un peu plus à l’est. 92
Au niveau des communes périphériques, ce sont justement les communes voisines de BenMsick-Elfida qui semble absorber cette énergie provenant du centre. Sidi Othmane (22000 Hab/km²), Moulay Rachid (26000 Hab/ km²) et Sbata (28000 hab/km²). Les zones à l’Est ont aussi un potentiel de densification important mais qui prendra plus de temps, et qui devra être accompagné par la transformation du mode d’habitat : Ain Sbaa (11000 Hab/km²), Bernoussi (15000 Hab/km²) et Sidi Moumen (10500 Hab/km²). Les zones de l’ouest sont très peu denses, du fait du mode d’habitat qui s’y développent (les villas) : Anfa (6500 hab/ km²) et Hay Hassani (9500 Hab/km²). Ces disparités territoriales se retrouvent aussi au niveau de l’économie de l’immobilier. Les valeurs de terrains varient grandement selon les grandes zones décrites précédemment. Au centre-ouest, les terrains sont beaucoup plus cher (13000-27000DH/m² pour Maarif, 15000-35000DH/m² à Anfa) que leur voisin de l’Est (Moins de 15000DH/m² pour toutes les communes de la première couronne). Les terrains de la périphérie de l’Ouest peuvent aussi être plus riches que des terrains du centre-Est, avec jusqu’à 16000DH/m² pour Hay Hassani. Les terrains de la périphérie de l’Est sont les moins valorisés avec toutes les communes à moins de 10000DH/m². Les communes du centre-Est semblent donc avoir un potentiel de valeur spéculatif non concrétisé.
ville, dans ce qui était à l’époque la périphérie de la ville, et qui seront destinés à loger les musulmans et les éloigner du centre ville, achève la construction du fantasme d’une ville française au Maroc.
Casablanca, Aperçu historique et structure spatiale : En 1907, Casablanca se réduisait à sa médina. La décision de construire un port change la donne et amorce la longue transformation de la ville en mégapole. Le port, construit en face de la Médina, devient le centre d’une évolution urbaine, logiquement radioconcentrique. La logique radioconcentrique est présente dès le premier plan d’urbanisme, établi par Henri Prost. Arrivé en 1912, Prost imagine un développement autour d’un demi-cercle (actuel boulevard Moulay Youssef) traversé par des voies radiales. La voie centrale, qui longe la médina, relie entre le port au nord et un grand parc urbain (actuel parc de la ligue arabe). Cet axe permet de diviser la ville en deux partie, et de concentrer l’effort d’aménagement sur la partie centre-est de la ville, en raison de la présence des propriétés foncières françaises sur cette partie de la ville. La construction des chemins de fer et de la gare des voyageurs, achève de quadriller cette partie de la ville, et permet d’isoler le centre-est de la ville, réservé aux habitations européennes par rapport à la partie est où se développent les unités industrielles. La construction des Habous au Sud-Est de la
Cette politique d’aménagement radioconcentrique va se prolonger jusqu’aux années 50. En effet, l’après-guerre change la donne socio-économique, et consacre la pensée moderne en terme d’aménagement urbain. Une tension née des mouvements nationalistes redistribue les cartes entre procolonialistes et libéraux français. C’est dans ce contexte qu’est nommé Ecochard, architecte de formation, urbaniste en Syrie et au Liban, proche collaborateur du Corbusier. Alors que Labonne, résident général, veut “nourrir, vêtir et loger” les populations marocaines. Ecochard va se consacrer alors aux projets de logement de masse, et à la résorption des bidonvilles. Ces projets qui sont souvent un questionnement du logement traditionnel, conduise à un étalement important de la ville. Son projet urbain consiste à imaginer une connurbation entre Casablanca et Fedala, construite le long du littorale et limitée au sud par une rocade urbaine, linéarise le processus de création de la ville. A partir des années 60, Casablanca se développe selon ces deux directions, mais on assiste aussi à un regain d’intérêt du côté Ouest de la ville. 93
Casablanca, topographie géographique et urbaine: Casablanca se développe sur les plaines de la Chaouia, seul quelques plateaux viennent dominer la ville. Cette situation sera un avantage pour le développement de l’agriculture et pour l’assainissement de la ville, mais est considérée comme un malheur pour la promotion de la ville. Comme le remarquait déjà Prost, “Le panorama de Casablanca, lorsqu’on arrive sur la mer, est assez désespérant, c’est une ligne horizontale sans aucun effet et, si cinq ou six grandes verticales venaient s’ériger sur le paysage, il y a lieu d’espérer que l’aspect de Casablanca serait beaucoup plus satisfaisant qu’actuellement.” La topographie va jouer un double rôle dans le développement de la ville. D’abord, elle conduit à une rupture dans la continuité urbaine, du fait de la concentration de maisons de la classe bourgeoise durant les années 40 et 50 sur les deux grands plateaux de la ville (le plateau de Ain Diab et le plateau de Mers Sultan), qui dominent le panorama de la ville. Alors que le centre de la ville se développe en contre-bas, autour du port. Ensuite, l’extrême horizontalité de la ville promeut un fantasme de verticalité chez les 94
architectes de la ville. Casablanca se rêve en New York d’Afrique. Cette volonté se traduit par une série de projet. Les premiers projets émergent dans les années 20, avec un projet de 150 mètres de hauteur. Mais les projets se concrétisent à une échelle plus raisonnable. D’abord, à la fin des années 40, par l’aménagement de l’avenue Pasteur (l’actuelle avenue des FAR), ensuite par la construction de haut immeubles comme l’immeuble de la BMCI ou le 17 étages. Cette politique de tours hétérotopiques contrastant avec une horizontalité isotopique se perpétue sur toute l’évolution de la ville. Durant les années 60 et 70, la construction du boulevard des FAR laissent apparaître de grands immeubles modernes. Les années 80 sont marqués par la construction de la mosquée Hassan II, dont le minaret est le plus haut du monde. Durant les années 90, dans une optique de promotion de la ville, sont construites les deux tours du Twin Center, par Ricardo Bofil. A la fin des années 2000, le projet d’une marina, premier quartier de tours, est dévoilé. Peu après, est révélé le projet de Casablanca Finance City qui transforme l’ancien aéroport d’Anfa en quartier financier et d’affaire. Un véritable réseau de tours se dessinent à travers Casablanca. Elles jouent le rôle de repère urbain mais aussi de promoteurs de la ville.
particulières de la journée. (au niveau du boulevard Zerktouni et de la rocade urbaine)
Casablanca, mobilité:
Infrastructure
et
Le développement de Casablanca ne s’est pas réellement traduit par une politique de transport à l’envergure de la métropole. Ce n’est qu’en 2015 que la ville se dote d’un plan mobilité. Celui ci vient répondre aux difficultés auxquelles fait face Casablanca, en promouvant le transport en commun. Casablanca a le premier parc automobile du Maroc (Parc de 300000 véhicules en 2001 contre 1300000 véhicules en 2014.) L’augmentation du traffic rend les conditions de circulation difficiles aux heures de pointe, menaçant Casablanca d’un véritable engorgement. En conséquence, l’accès des citoyens aux services et aux activités économiques est considérablement réduit et les effets néfastes de la circulation (accidents, pollution) progressent. Le zonage de Casablanca encourage aussi cette concentration de la voiture. Le centre d’affaire et de décisions se situe au centre de la ville, alors que l’habitat se développe en périphérie et l’industrie à l’Est. Cet aménagement crée un flux important, et se traduit par des points noirs entre le centre ville et la proche périphérie, dans des heures
Afin d’adresser le problème, le plan de mobilité de Casablanca prévoit la création de 5 lignes de tramway et une ligne de métro aérien. Les stratégies de développement mis en place veulent favoriser la multimodalité, et à terme, l’usage de plusieurs modes de transport dans la ville. L’aménagement de gares multimodales, et de parking relais est un élément important de cette stratégie, permettant de passer d’un moyen de transport à un autre et d’assurer un certain dynamisme et une continuité. Quelques observations peuvent être émises vis à vis de ce plan de mobilité. Le plan se limite à la périphérie urbaine actuelle et ne semble pas jouer le rôle d’un catalyseur d’urbanisation dans les zones périurbaines. Contrairement au réseau ferroviaire qui développe de nouvelles gares à l’extérieur de la ville et qui encourage ainsi un développement de la ville hors de ses frontières. Le plan de mobilité semble consacrer une densification du tissus existant et dans les friches ponctuelles de la forme urbaine actuelle. Par rapport au sujet, le plan de mobilité peut servir d’appuie au projet. Le propos semble aller dans le sens de l’importance de densifier Casablanca. Et les flux générés par les infrastructures, capitalisés dans un bâtiment multimodale peuvent servir à la construction d’une verticale dynamique. 95
Choix du site: du gouffre aux berges Au vu de l’analyse effectuée sur la ville de Casablanca, le site choisi se situe au niveau de la gare de Casa-voyageur, sur les terrains appartenant à l’ONCF, en plus des parties souterraine des bords du gouffre séparant la partie centrale de la ville et la partie est. Ce gouffre représente un foncier important pour la ville et une possibilité de lier entre centre, première couronne périphérique des Habous, et Est de la ville. Quatre verbes expliquent le choix du site : Lier : De par sa position centrale - le site se situe exactement au centre géométrique de Casablanca - le site a un atout formidable de lien entre les différentes parties de la ville. Il fait le lien entre la zone d’affaire et d’immeuble du centre, et une zone de l’est en pleine transformation. Il fait aussi le lien entre quatre commune urbaine complémentaire, qui agissent comme un microcosme. De par sa position dans les roches noirs, il peut absorber une partie de la surdensité des zones voisines et une partie de la demande en tertiaire émanant de la congestion du centre des affaires. L’infrastructure présente sur le site, qui joue aujourd’hui un rôle néfaste, contient un potentiel foncier important pour la ville. 96
Se connecter : Le site se situe au coeur du grand projet de mobilité de Casablanca. La gare Casavoyageur est amenée à devenir une véritable gare multimodale qui accompagne la transition entre les différents modes de transport : train, voiture, métro, vélo ... En plus de la ligne de transport urbain par câble dont le projet fait le dessein pour lier Casablanca à sa périphérie proche de Tit-Mellil, et qui offre au site un potentiel vertical important. Propager : En étant le lien entre centre et Est de la ville, le projet veut agir comme un plug. Une petite pièce qui anime la zone de l’est et apporte l’énergie nécessaire pour que le mouvement continue à se propager sur toute la partie Est. La zone Est de la ville, avec ses futurs friches industrielles et la pression tertiaire et résidentielle représente une opportunité future importante pour la ville de Casablanca. Le site est caractérisé par une topographie accidentée, fruit de l’infrastructure. Celle-ci crée un fossé qui coupe la ville en deux. C’est une rupture d’urbanité. De ce fait, le projet dessine l’image poétique d’une transformation : Transformer ce fossée qui divise la ville, en berges. Que le chemin de fer cesse d’être un creux et qu’il devienne plutôt une sorte de rivière, que le projet enjambe, aménage, et conçoit pour apporter de nouveaux usages et de nouvelles activités à la ville, pour coudre la ville et retrouver de l’urbanité.
Caractéristique du site: une ligne directrice Le site se présente comme une séquence, qui se déroule le long des rails. Elle commence par la jonction entre le pont des abattoirs et la rue Amir Abdelkader, et se termine par le petit jardin des Houbous. En terme d’épaisseur, le site se divise en deux. Entre le pont et le Boulevard Ibn Tachfine, il englobe la totalité des terrains de l’ONCF, c’est à dire de la gare à l’avenue Amir Abdelkader. Du boulevard Ibn Tachfine au jardin des Houbous, il se définit par 20m d’épaisseur à partir des rails, en englobant aussi le terrain des anciennes casernes de l’armée, qui se trouve sur la rive nord. Le site se caractérise avant tout par sa topographie complexe. Le pont des abattoirs est marqué par ce passage sous-pont qui constitue une rupture d’urbanité. C’est un petit passage de 4m de largeur, délimité par le mur de la passerelle à droite et le mur de clôture du site de réparation des trains à gauche. Aucune activité ne s’y déroule. Une sale odeur s’en dégage. On se sent en danger. La séquence des terrains de l’ONCF est caractérisé par la différence d’altitude entre la rue Amir Abdelkader et le boulevard Bahmad, d’à peu
près 5m. Le projet de la nouvelle gare TGV joue à traverser et relier ces deux niveaux. Les quais sont à la même altitude, de 21.5m, et donnent sur la cité des cheminots qui est elle surélevée de 5m sur la rive sud et nord. Enfin, la dernière séquence est caractérisée par le gouffre de 10m de hauteur que constitue le chemin de fer. Ce gouffre dessinent un potentiel foncier important, puisque c’est une véritable façade lumineuse qui est aujourd’hui enterrée et oubliée. Ce sont presque 50000m² de planchers éclairés qui sont délaissés. Ces sols peuvent être utilisés pour de nombreuses activités, commerciales et de loisirs. Au niveau des activités, le site contient la cité des cheminots. Ce sont des barres et des ilots de 6 niveaux; D’anciennes casernes abandonnées de 2 niveaux, des ateliers et des industries faibles de 2 niveaux, et les ateliers de maintenance de l’ONCF. Il intégre aussi la gare ONCF qui est maintenue telle que projetté par le projet de la nouvelle gare TGV. Sa rive nord donne sur des immeubles R+6, et sa rive sud donne sur des unités industrielles légères, des hangars, des petits ateliers de 3 niveaux. Le site des anciennes casernes, qui a été cédé à un groupe de promotion immobilière, est en chantier et projette des barres de logements en R+8.
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0
Verticalité 2.0 : Habiter l’Anthropocène Rapport du site à la ville de Casablanca Plan de topographie Casablanca, 2017 1 2
4km
Bernoussi 39% 15%
Ain Sebaa
10%
29%
7%
39%
16%
Casa-Anfa
9%
Sidi Belyout
41% 14%
26%
8%
Hay Mohammadi
41% 13%
9%
28%
10%
Sidi Moumen
40% 7%
27%
14%
11%
Roches noires Mers Sultan
18% 41%
9%
28%
9% 12%
15%
42%
Maarif
36%
5%
13% 9%
42% 14%
8%
26%
11%
27%
8%
Mly Rachid
El Fida
41% 8%
29%
26%
10%
13% 35% 8%
28%
10%
Sidi Othmane
B. Msick
7%
15%
10% 9%
16%
29%
30%
14%
39%
10%
11%
39%
39%
Hay Hassani
17%
29%
27%
9%
9%
Sbata
7%
37% 16%
Ain Chock 39%
10%
30%
7%
16%
9%
28%
8%
Verticalité 2.0 : Habiter l’Anthropocène Rapport du site à la ville de Casablanca Plan de répartition de la population par arrondissement et par age Casablanca, 2017 0 1 2 4km
Bernoussi Ain Sebaa Casa-Anfa
80938 83937
72853 75371
Sidi Belyout Hay Mohammadi 106443 111094 45250
50046
Maarif
Roches noires Mers Sultan
95512
74819
142704 145973
Mly Rachid
El Fida
91951 94797
B. Msick
Hay Hassani
76195 80046
50439 52988 71015
84442
Sidi Moumen
Sidi Othmane
80726 82326
86445
102779 104302
90518
Sbata 160221 163056
Ain Chock 61197 61630
124405 129091
10000
50000
Verticalité 2.0 : Habiter l’Anthropocène Rapport du site à la ville de Casablanca Plan de répartition de la population par arrondissement et par sexe Casablanca, 2017 0 1 2 4km
Bernoussi 15522 Hab/Ha
Ain Sebaa Casa-Anfa
10798 Hab/Ha
Sidi Belyout Hay Mohammadi
6553 Hab/Ha
Sidi Moumen
22693 Hab/Ha
Roches noires Maarif 15703 Hab/Ha
40409 Hab/Ha
11474 Hab/Ha
Mers Sultan
14824Hab/Ha
41584 Hab/Ha
El Fida
Mly Rachid
52324 Hab/Ha
B. Msick
Hay Hassani
Sidi Othmane
25367 Hab/Ha
22186 Hab/Ha
54053 Hab/Ha
9384 Hab/Ha
Sbata Ain Chock
27788 Hab/Ha
7688 Hab/Ha
5405 Hab/Ha =10%
0
54053 Hab/Ha =100%
Verticalité 2.0 : Habiter l’Anthropocène Rapport du site à la ville de Casablanca Plan de densité Hab/Ha par arrondisssement Casablanca, 2017 1 2
4km
Bernoussi 11.000 DH 386.8 m²/Log
Ain Sebaa 11.000 DH
Casa-Anfa 15.000 DH - 35.000 DH
3.1 Piè/mai
210 m²/Log
Sidi Belyout 11.000 DH 22.000 DH
231.9 m²/Log
Hay Mohammadi
2.4 Piè/mai
Maarif
13.000 DH - 27.000 DH
231.9 m²/Log 3.1 Piè/mai
210 m²/Log
Roches noires Mers Sultan 11.000 DH 10.000 DH - 16.000 DH 2.4 Piè/mai
2.6 Piè/mai
3.0 Piè/mai
El Fida
9.000 DH - 12.500 DH 141.9 m²/Log
Mly Rachid
7.500 DH - 9.000 DH
B. Msick
Sidi Othmane 7.000 DH - 9.500 DH
95.3 m²/Log 2.8 Piè/mai
95.3 m²/Log
89.1 m²/Log
2.7 Piè/mai
2.4 Piè/mai
259.9 m²/Log
386.8 m²/Log
2.5 Piè/mai
7.500 DH
7.500 DH - 16.000 DH
11.000 DH
210 m²/Log
141.9 m²/Log
2.4 Piè/mai
Hay Hassani
Sidi Moumen
11.000 DH
231.9 m²/Log
3.3 Piè/mai
2.9 Piè/mai
Sbata
3.1 Piè/mai
Ain Chock 9.100 DH - 19.000 DH
7.500 DH - 9.000 DH 89.1 m²/Log 2.8 Piè/mai
239.5 m²/Log 3.6 Piè/mai
0
Verticalité 2.0 : Habiter l’Anthropocène Rapport du site à la ville de Casablanca Plan de economie de l’immobilier par arrondissement Casablanca, 2017 1 2
4km
Verticalité 2.0 : Habiter l’Anthropocène
0
1
2
4km
Avant 1907 1907-1929 1929-1942 1942-1952 1952-1986 Après 1986
0
Verticalité 2.0 : Habiter l’Anthropocène Rapport du site à la ville de Casablanca Evolution historique de Casablanca Casablanca, 2017 1 2
4km
Voie circulaire Autoroute urbaine Voie radiale
0
Verticalité 2.0 : Habiter l’Anthropocène Rapport du site à la ville de Casablanca Plan de structure viaire Casablanca, 2017 1 2
4km
0
Verticalité 2.0 : Habiter l’Anthropocène Rapport du site à la ville de Casablanca Plan de densité de circulation Casablanca, 2017 1 2
4km
Parc Plage Equipement sportif Places Medina Habitat délabré Bidonville Casernes Immeubles Immeubles en barre Logement économique Villas Tram sanitaire Petits ateliers Industrie Equipement Casa Anfa_ancien aéroport
0
Verticalité 2.0 : Habiter l’Anthropocène Rapport du site à la ville de Casablanca Plan d’occupation du sol de Casablanca Casablanca, 2017 1 2
4km
une partie du gouffre afin de créer un lien spatiale plus fort entre l’est et l’ouest de la ville.
Analyse du conceptuelles
site:
des
pistes
L’analyse du site, de son rapport à la ville et de ses caractéristiques ont dégagé les pistes conceptuelles suivantes : • Le projet du site est imaginée comme un parcours vert le long de la ligne des chemins de fer. Un premier équipement, une hall de marché, connecte le pont et la ville. • Un grand parc de 10Ha est projeté sur la partie Nord. En comparaison, le Parc Murdoch fait 5Ha, et le parc Hermitage 15 Ha. Le but est d’apporter une réponse au besoin d’espace vert et d’espace de loisirs, notamment dans la partie Est de la ville. • La surface du site est de presque 30Ha. La densité de la commune est actuellement de 15000Hab/km² (150Hab/ha). L’objectif est d’arriver à une densité de 22000Hab/ km². Le programme prévoit donc de densifier avec des modèles d’au moins 200 log/ha, évolutif pour permettre le double et le triple sur différentes phases. • Une place à l’échelle du quartier couvre 108
• Une gare multimodale est projeté au niveau de la station du TUC projetée. Elle fait le lien entre le train, la ligne 2 du tram, la ligne téléphérique, un parking pour les voitures et un parc à vélo. • 30000 m² de plateaux bureaux modulables, pour apporter une nouvelle activité à la zone et absorber une partie de la demande en tertiaire. • 1 km linéaire de piste cyclable et piétonne, accompagné de locaux commerciaux. Ils font le lien entre la première couronne et les houbous. Et, intégré dans le parcours urbain, font partie de la triangulation Est/Houbous/Centreville. • 1 objet architectural monumental au lieu des cités de l’ONCF. Les quais de la gare doivent être considérés comme une entrée de ville. A ce titre, en arrivant dans une métropole comme Casablanca, un paysage fort, séduisant et moderne doit accueillir.
109
IV. Projet 110
IV. Projet : Présentation : La dernière étape consiste à confronter les pistes conceptuelles issues de l’analyse du site, aux résultats de la recherche théorique sur la verticalité. Le quartier des berges se présente comme un grand parcours paysager de 2km de long. Il débute par une hall de marché donnant sur le parc des berges, de 10Ha. Le parc recouvre les quais et bâtiments de maintenance de l’ONCF. Il offre ainsi un lien urbain fort entre Est de la ville et son centre ville. Le parcours se poursuit ensuite à travers un quartier résidentiel en R+6. Ce quartier est amené à grandir et à se densifier avec le temps. On arrive ensuite sur le parvis de la nouvelle gare. Celui-ci donne sur les tours des résidences perchées. Ce sont des structures de 100m de hauteur qui se composent par l’imbrication et la superposition de structure de 6 niveaux. Cette tour abrite aussi un musée, une bibliothèque municipale. Elle contient 6 étages souterrains dédiés à des laboratoires de recherches et des plateaux bureaux. En traversant la bâtiment, on peut passer de la tour aux berges creusées. Ces passages
creusés abritent des circuits aménagés pour les balades à vélo, et des circuits piétons. Ils abritent aussi des magasins, des restaurants et des loisirs. Une placepont fait aussi le lien entre la rive sud et la rive nord, plus longue. Le parcours finit par le jardin des Houbous, qui est réaménagé pour l’occasion. Le projet accentue le caractère linéaire du parti d’aménagement. Il se présente comme des rubans qui se déploie, qui enveloppe l’infrastructure existante. Et ce afin d’apporter de nouveaux usages et un nouveau public, afin de connecter la ville. A travers l’enveloppement, le projet fusionne toits et places. Il génère une topographie qui lui est propre, et qui se justifie par l’efficience urbaine : Elle apporte l’énergie nécessaire pour offrir vue panoramique, parcs de loisirs, et espaces publics là où se tassait un no-man’s land technique. Enfin, par cette proposition, le projet veut penser la relation entre l’architecture et le contexte local, considéré non seulement à travers l’environnement naturel où se trouve le bâtiment, mais aussi l’économie locale et l’infrastructure qu’englobe la ville.
111
Illustrations 112
En haut à gauche : Figure 1 - Les douze modèles de trames étudiées par Samyn En bas à gauche : Figure 2 - Densité en fonction du nombre de niveaux En haut à droite : Figure 3 - COS en fonction du nombre de niveau En bas à droite : Figure 4 - Distance à respecter pour un bon ensoleillement
113
En haut à gauche : Figure 5 ombragée pour des tours de carrée, 2h d’ombre acceptée En bas à gauche : Figure 6 ombragée pour des tours de circulaire, 1h accepté En haut à droite : Figure 7 ombragée pour des tours de circulaire, 2h acceptée En bas à droite : Figure 8 proposée par Samyn
114
Angle base Angle base Angle base Projet
Figure 9 : Travaux de Yeang. Yeang prone la transportation des thèmes propre à l’urbanisme horizontal vers l’urbanisme vertical.
115
400
Habitat haussemanien**
230
Centreville traditionnel
120
70
à gauche : Figure 10 - Classement des formes urbaines selon leur densité en Hab/ha. * Il est compliqué de calculer la densité de la Medina. Dans une étude faite sur le nombre d’habitant, on retrouve une densité de 1500Habitant/ha. Dans un échantillon pris à la Medina de Fes, j’ai compté une densité de 130 patio/ha. **Cependant, pour l’habitat haussemanien, les chiffres sont gonflés par les anciennes chambres de bonne devenues des logements. En haut à droite : Figure 11 - Les couts de construction d’un gratte-ciel par lot En bas à droite : Figure 12 - Coût de construction d’un gratte-ciel. On remarque que le seuil de rentabilité est entre 50 et 80 étages.
116
Maison en bande
40
Medina*
Habitat social
Habitat intermediaire
Maison de ville
20 Ilot pavillonnaire
Pavillonnaire diffus
5
CASABLANCA
MOSCOU
SEATTLE
LONDRES
MIAMI
SYDNEY
NEW YORK
PEKIN
SINGAPOUR
TAIPEI
Figure 13 : Quelques exemples de skyline dans le monde. Les gratteciels participent à construire l’image de marque d’une ville. Dans certains cas, c’est le niveau général de la ville qui est élevé et aucun bâtiment n’en ressort. Cette méthode diminue de la valeur speculative du gratte-ciel
117
Figure 14 : Illustrations de l’appropriation de l’altitude et de la verticalité pour des raisons politiques. la verticalité a une signification symbolique forte, et elle est souvent utilisée pour véhiculer des revendications, et créer des rapports de force.
118
Lieux religieux Bâtiments administratifs
Grandes demeures
Logements populaires
Bâtiments de productions
Bureaux Couche de logements
Parking/Infrastructure
Équipements
Figure 15 : Schéma de répartition programmatique dans une ville oblique
119
Équipements
Logements
Locaux commerciaux + infrastructure
Figure 16 : Schéma de répartition programmatique dans une ville en strate
120
Chambres
Espaces de réception
Espaces de service
Figure 17 : Schéma de répartition programmatique dans une ville allongée
121
Logements populaires Grands équipements Logements Grandes demeures
Espaces commerciaux + infrastructures Espaces sécurisés
Figure 18 : Schéma de répartition programmatique dans une ville creusée
122
123
Annexes 124
125
Annexe 1 : Analyse historique L’urbanisme vertical : Memoire d’un objet éternel La participation de l’axe Z dans la construction de l’espace ne date pas d’aujourd’hui. A partir du moment où se dresse un mur, se dessine une relation entre deux plans orthogonaux. L’homme a toujours cherché à construire plus haut, comme une manifestation de son humanité. Deux visions se confrontent dans la lecture du développement verticale de la construction. L’une voit en lui l’expression de l’évolution des technologies de la construction et du transport, qui ont permis à l’homme de s’affranchir des forces de l’apesanteur et des contraintes du transport, lui permettant l’accès aux matériaux, techniques et savoirs nécessaire à l’édification d’une architecture toujours plus élancée, et plus haute. De la tour de Babel à la Burj Khalifa du désert, des pyramides égyptiennes, les cathédrales gothiques, sont l’expression de la démesure de l’homme, de l’homme qui s’inscrit dans l’histoire, par son audace et son unicité.L’autre voit en la verticalité l’expression d’une civilisation, d’une manière de vivre, la 126
traduction de l’adaptation de l’homme à son environnement. C’est le cas de l’architecture banale et quotidienne qui n’hésite pas à utiliser la verticalité, comme dans les greniers montagnards, les silos à blé, les maisons à patio, ou les immeubles bruxellois. Certainement, la réalité du développement de la construction verticale se situe entre ces deux tendances. De la volonté ou du besoin culturelle de construire plus haut qui fait émerger des solutions techniques et technologiques pour le réaliser, et d’un développement technologique et scientifique annexe qui encourage à imaginer des structures plus hautes. Ce chapitre explore l’évolution de la dimension verticale au sein de la ville, que ce soit dans l’architecture quotidienne des maisons et des villes, ou dans l’architecture monumentale. Il se concentre sur l’aire géographique large autours du bassin méditéranéen, avec quelques parenthèses sur des civilisations plus exotiques comme la civilisation chinoise, ou la civilisation azthèque. Dans le chapitre précemment, des observations et des réserves ont été retenues sur l’habitat vertical, notamment lorsqu’il s’exprime à travers des tours. L’exploration de l’évolution historique doit permettre d’élargir le vocabulaire de l’habitat vertical, de l’inscrire dans un temps plus long et de mettre la lumière sur des formes et des relations qui peuvent le renforcer.
Société contemporaine Révolution numérique et écologique Construction en matériaux composites -
Société industrielle age II Période moderne Construction en matériaux composites Société industrielle Renaissance européenne Début de la période moderne Construction en pierre/marbre Société souveraineté Civilisation musulmane Période du moyen-âge Matériaux selon l’aire géologique Société commerciale
Civilisation grecque Période antique Construction en pierre et marbre Manifestation de la philosophie
Civilisation mésopotamienne Période de la protohistoire Construction en brique cuite Manifestation administrative Habitat troglodytique Période de la préhistoire Construction en pierre taillée Homme ceuilleur-chasseur
Société post-industrielle Période moderne Construction en matériaux composites Société de consommation Société industrielle age I Période moderne Construction en matériaux composites Société industrielle Civilisation du moyen age européen Période du moyen-âge Construction en pierre Société féodale Civilisation romaine Période antique/Moyen-âge Construction en pierre Développement de l’architecture civile
Civilisation égyptienne Période antique Construction en briques Début de l’histoire Civilisation néolithique Période néolithique Construction en briques Société agricole
127
128
II.a. Préhistoire troglodytique
:
L’habitat
Selon les théories scientifiques, l’homme aurait construit à la verticale dès son entrée dans l’exodarwinisme et l’invention de l’outil. A l’age paléolithique (age de pierre), l’homme développe les premiers outils, qui lui permettent notamment de chasser, de ceuillir, et de tailler la pierre. Les groupements humains sont alors des nomades. Afin de trouver refuge dans son environnement, l’homme habite les caves d’ours, puis creuse ces propres habitats dans la rôche. C’est l’habitat troglodyique. Durant le néolithique, l’habitat troglodytique va connaitre un développement important. Durant cette période, l’homme commence à se sédentariser. Il profite alors des conditions géographiques favorables, comme les sites aux roches tendres de calcaire, ou de grès) pour y aménager des caves. En plus des creux existants, il développe des habitats enterrés. L’habitat troglodyique voyage donc et s’adapte à son environnement. La pierre se transforme en terre et tourbe dans les régions aux reliefs plus doux comme en Irlande. Le début des manifestations culturelles se manifeste aussi dans l’aménagement de l’habitat troglodytique. Outre la fonction d’habitat, l’occupation devient cultuelle, funéraire, défensive et économique (stockage). Cette forme d’architecture demande de l’habileté et se trouve particulièrement adaptée aux milieux pauvres en bois d’où une assez
grande densité d’habitats troglodytiques en milieu aride ou dépourvus de forêts en raison de la fraîcheur du climat ou encore de la surexploitation de leur écosystème. Des sites encore existants, en France notamment, permettent de mettre en évidence les différentes phases du passage d’une habitation troglodyte à un habitation indépendante hors sol. “Il y eut tout d’abord des grottes naturelles qui servirent simplement d’abris aux premières populations. Puis on aménagea certaines grottes en y ajoutant un mur de façade en tuffeau percé de deux ouvertures (la porte et la fenêtre), voire, parfois, en y installant une cheminée : ce sont les « caves demeurantes ». Au stade suivant, on adossa une maison au rocher en érigeant trois murs (deux pignons et une façade) en avancée : la « cave demeurante » devient soit une pièce annexe de l’habitation, soit une cave à vin. Étape ultime, la maison se détache complétement du rocher et seule la cave reste troglodyte” L’habitat troglodytique ne sera pas abandonné complétement. Bien que la majorité des villes et groupements humains vont s’en éloigner, certaines formes d’habitat troglodytique vont demeurer jusqu’aujourd’hui, servant notamment de greniers collectifs. Des architectes contemporains vont aussi explorer cette forme d’habitat dans le cadre de l’habitat écologique ou économe en énergie. (L’inertie de la terre permettant de diminuer le besoin énergétique) 129
130
II.b. Préhistoire : Civilisation du trypillia Durant le néolithique, l’homme découvre les techniques de l’agriculture. Cette découverte est un fait majeur de l’humanité puisqu’elle conduit aux plus profondes mutations de l’humanité. L’agriculture permet pour la première fois à l’homme de produire sa nourriture, avec des excedents de production. L’économie va se développer, et avec elle, les conflits entre groupements humains. L’agriculture permet aussi aux groupements humains de se sédentariser, autour des terrains fertiles (par exemple, le croissant fertil du moyen-orient ou en Europe occidentale). Les historiens estiment que c’est durant le néolithique que vont se développer les premières grandes villes, 5000 AJC, avec la culture de Cucuteni-Trypillia en Ukraine, Roumanie et Moldavie, ces villes pouvaient atteindre plus de 15000 habitants et s’étendre sur plusieurs kilomètre carrés, elles étaient très planifiées et organisées en plan elliptique concentriques. Les maisons se développaient en périphérie du territoire agricole, pour le protéger. Elles jouaient le rôle de muraille. En plus de ces maisons, la défense est renforcée par un fossé de 4 mètres et profond de 2,5 mètres entourant la cité, tel celui retrouvé dans la ville de Nebelivka, en Ukraine.
montagnardes, les villes gardent ne sont néanmoins pas sur un seul niveau. Les maisons de la culture Cucuteni sont sur deux niveaux, construitent avec une charpente en bois taillée à l’aide de haches en pierre. le rez-de-chaussée était réservé pour les tâches ménagères et l’étage, presqu’entièrement isolé de l’extérieur, pour le repos. De nombreux bâtiments collectifs de très grande dimension occupaient également ces villes. Ils ne sont pas plus haut que les maisons, mais sont beaucoup plus larges. Le temple retrouvé dans Nebelivka, est un bâtiment rectangulaire de bois et d’argile à deux étages mesurant 60 mètres par 20, entouré d’une galerie extérieure en bois. Le partage de technologie avec les maisons et la hauteur similaire suggère que cette culture n’avait pas encore développé des techniques lui permettant de construire plus haut. Il faut noter aussi que la civilisation trypilia a développé un art de la céramique, qu’elle utilise surtout à des fins culturelles. Elle en développe un art, et le fait participer dans la construction des maisons. Les murs était construits en recouvrant des branchages avec de l’argile mélangé à du son, selon une technique qu’on rencontre encore de nos jours dans les steppes ukrainiennes
C’est là une autre forme de verticalité qui va se développer. Certes moins haute que les groupements troglodytiques des régions 131
132
II.c. Protohistoire mésopotamienne
:
Civilisation
Après le néolithique et le développement de l’agriculture, les groupements humains continuent à vivre dans des sociétés basées sur l’agriculture, au sein des grandes plaines fertiles. Ce n’est donc pas un hasard si, durant cette périodes, les civilisations qui ont laissé le plus de trace se soient développées autour du croissant fertile de la mésopotamie (actuel Irak). Le développement de l’agriculture permettera le développement de métiers annexes, concernant la ferronerie, l’outillage mais aussi la guerre. C’est aussi durant cette période qu’apparaîtra l’écriture, faisant basculer le monde dans l’histoire. Tous ces inventions vont conduire au développement de l’administration. Le développement religieux et administratif vont de paire dans la région, puisque les rois qui gouvernent les cités-états le font au nom des dieux. Uruk est la ville qui symbolise ce développement. Elle en est le centre et le symbole. Elle passe pour être la plus ancienne agglomération à avoir atteint le stade urbain dans la seconde moitié du IVe millénaire av. J.‑C, devenant un important centre religieux et administratif. Au IIIe millénaire, elle compte 50000 habitants et s’étend sur 400ha. Le développement des villes durant cette période est marquée par les institutions qui commencent à apparaître. Contrairement aux civilisations précedantes, les maisons n’ont
pas un rôle défensif, et on assiste donc à une densification de l’habitat autours des lieux commerciaux et administratifs - qui sont aussi des sites religieux. la ville est marquée par une délimitation précise, qui prend la forme d’un fossé, d’un palissage ou un mur d’enceinte parfois monumental. On assiste aussi à l’apparition d’un espace collectif (l’espace public étant une notion ambigue qui n’apparait vraiment qu’à l’age grec.) Les maisons sont en brique crue et elles sont accolées les unes aux autres. Les toits en terrasse sont utilisés pour passer d’une maison à l’autre car il n’y a pas de rues. Les murs sont recouverts de peintures dont certaines semblent évoquer des scènes mythiques : Vautours attaquant des hommes sans tête, taureaux, etc. Les morts sont parfois enterrés sous les maisons et leurs crânes déposés dans les demeures. Mais l’architecture mésopotamienne sera connue surtout pour ces monuments religieux. Pour honorer leurs dieux, les mésopotamiens de l’age protohistorique construisent de nombreux temples et ziggurats. Une ziggurat est un bâtiment massif construit sur une vaste terrasse (kiggallu) servant de fondation, et composé de plusieurs (trois à sept) terrasses pleines de plan carré ou rectangulaire empilées et en retrait les unes par rapport aux autres, formant des niveaux (rikbu), le dernier étage étant supposé supporter un temple. On y accède par un escalier. Elles sont au coeur des villes et jouent le rôle d’un centre sacré protecteur. 133
134
II.d. Antiquité : Civilisation égyptienne A partir de la mésopotamie, de nombreuses grandes civilisations vont se succéder dans l’histoire de l’humanité. La civilisation égyptienne en est certaine l’une des plus marquante. La structure sociétale de l’Egypte antique ne semble pas très différente de la structure mésopotamienne. Se développant principalement autour des berges fertiles du Nil, la société égyptienne est gouvernée par un pharaon. L’administration y est déjà présente, avec une classification sociale marquée. La civilisation égyptienne a laissé des traces architecturales monumentales. Les plus connues sont les pyramides. La Grande pyramide de Khéops est sans nul doute la pyramide la plus célèbre. C’est une pyramide de base carrée qui atteint 137 m de hauteur. (initialement de 146 m). Elle fut construite 4 siècles avant JC, sous la IVe dynastie, au centre d’un vaste complexe funéraire se situant à Gizeh. Les pyamides seraient, selon les égyptologues, l’évolution des mastabas, qui furent les tombeaux des égyptiens. Les raisons du passage des mastabas aux pyramides ne sont pas clairement établies, mais on évoque généralement le souhait d’atteindre des hauteurs de plus en plus considérables pour manifester l’importance et la puissance du pharaon défunt.
technologique de la civilisation égyptienne, mais aussi de la capacité administrative à regrouper les moyens humains et matériels pour de telles réalisation. Une autre merveille de la civilisation égyptienne est le grand phare d’Alexandrie, qui a atteint une hauteur de 135m, avec une base carrée de 30m et une hauteur à la première terrasse de 70m. Le développement de la ville égyptienne fut moins marqué par le développement technologique ou administratif de la vie égyptienne. La rue fait son apparition dans le paysage urbain, conduisant à l’apparition des portes. Les terrasses deviennent alors des lieux privatisés (bien qu’elles soient toutes connectées du fait de la mitoyennetée des maisons. On y accède par un escalier accolé à la maison. D’autres escaliers semblent mener vers des stocks creusés dans la terre, probablement pour profiter de la fraîcheur et de l’inertie thermique. Le volume central est plus haut que le reste de la maison, permettant de petites ouvertures éclairant la maison sans apport calorifique. La plupart des maisons étaient en brique, et comportait un ou deux étages. En Orient, la terrasse, où le soir on va prendre le frais, est un luxe accessible à tous. Dans les grandes villes, à Thèbes, par exemple, les maisons avaient plusieurs étages; dans ce cas, le rez-de-chaussée était construit plus solidement, en pierres de taille.
En plus des pyramides, les égyptiens développeront d’autres constructions de taille importante. Cela témoigne du développement 135
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II.e. Antiquité : Civilisation grecque La civilisation grécque se développe durant les derniers siècles AJC. Elle se développe tout autour de la méditérannée, autours de sols grecs peu fertiles. En effet, 80% du territoire de la Grèce sont des montagnes. Cela rend les communications difficiles et explique, durant l’Antiquité la présence d’une multitude de petits royaumes ou de cités organisées en petits États indépendants souvent rivaux. La Grèce antique sera le théâtre de nombreuses institutions et innovations dans l’histoire du monde. C’est en Grèce que se développe la philosophie, en 800 AJV. La discipline philosophique sera centrale dans le requestionnement des fondements du monde. Une définition et une réflexion sont apportée à de nombreux sujets qui font le quotidien de la ville, parmi lesquels, la cité et sa politique. La société connaitra aussi des transformations avec l’affaiblissement de la classe formée par les propriétaires agraires au profit de la classe des commerçants. Cet affaiblissement conduira au développement de la démocratie et de la notion de société civile. Par si situation géographique, l’architecture et la cité grecque sont très marquée par l’axe Z. Ce n’est pas tant dans la construction elle même mais dans l’organisation de la ville, et le choix des sites d’édification des monuments. L’architecture grecque édifie les acropoles, et en fait la manifestation la plus aboutie de sa civilisation. Elle édifie aussi les théâtres dans les flans de montagnes.
L’acropole désigne initialement une citadelle construite sur la partie la plus élevée et la mieux défendue d’une cité de la Grèce antique, servant de refuge ultime aux populations lors des attaques. Il a un rôle militaire et religieux, puisqu’il contient les temples dédiés aux dieux (qui servaient aussi de réserves). L’acropole d’Athènes se situe à 156m d’altitude, et le temple de Zeus s’y érigeant mesure 10m d’hauteur. Il est construit en marbre et en pierre polie. La difficultée d’extraire ces matériaux explique peut être la régression en terme de hauteur entre la civilisation grecque et égyptienne. En terme d’architecture civique, une complexification du mode de vie et une séparation des fonctions va apparaître. D’abord, une séparation horizontale apparaît dans le plan de la maison, Certaines pièces donnant sur la rue sont complétement coupées du reste de la maison. Il s’agit vraisemblablement d’espaces professionnels. L’extérieur et l’intérieur sont séparés par une cour, qui est aussi bien une pièce intime qu’une pièce de travaille. Apparaît aussi l’andrôn, qui est l’équivalent de l’espace d’apparat. Seuls les maisons les plus aisées contiennent des étages, qui sont réservées aux femmes. La structuration verticale des premiers ages est retrouvée au niveau horizontal. La nouvelle structuration verticale concerne une séparation des sexes. (Mais celle ci s’est faite tardivement, vers le IIIe siècle).
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II.f. Antiquité : Civilisation romaine La civilisation romaine se développe du Ier au Ve siècle. Elle parvient à dominer l’ensemble du monde méditerranéen et de l’Europe de l’Ouest par la conquête militaire et par l’assimilation des élites locales. Sa domination a laissé d’importantes traces archéologiques et architecturales. La civilisation romaine influence toute l’architecture latine, de l’afrique du nord et de l’orient occidentale - à travers la culture byzantine. C’est durant cette époque que sera écrit le premier traité sur l’architecture, De arquitectura, de Vitruve. L’architecture de la civilisation romaine fut tourné vers la dimension civile. Le monde contemporain leur doit beaucoup : C’est à Rome que se développe les aqueducs, qui permettent l’acheminement de l’eau depuis les sources se trouvant dans les montagnes vers les villes. Ce réseau est soit aérien ou souterrain, et construit parfois sur plusieurs étages. Mais aussi les stades, comme le colisée de Rome, où se déroule les combats de gladiateurs, qui peut acceuillir jusqu’à 60000 spectateurs, construit sur plusieurs étages et qui atteint 50m de hauteur. Et les thermes, dont les chambres chaudes fonctionnent grâce au principe de l’hypocauste, un système déjà connu d’autres civilisations mais perfectionné par les Romains qui en ont fait un usage intensif. Le sol des salles chauffées est surélevé (suspensura) grâce à des piliers de brique et de béton. L’air qui circule dans l’espace ainsi créé est chauffé par un grand
foyer (praefurnium) situé à l’extérieur de la pièce. Des passages sont aménagés dans les murs afin de libérer l’air chaud et les fumées, assurant une bonne ventilation des pièces chauffées. Au niveau de la ville, les habitations des classes supérieurs (propriétaires terriens, grands commerçants ou dignitaires) sont de grandes maisons urbaines, construite sur la base du plan grec, avec quelques évolutions. Mais sous la pression démographique, de nouvelles formes d’habitations plurifamiliale vont apparaître à Rome, comme les Insula, qui seraient les ancêstres de nos immeubles contemporains. Le sens du mot insula a connu plusieurs évolutions avant de désigner l’« immeuble d’habitation ». De l’étymologie « île » (au milieu de l’eau), on passe à la notion de « parcelle de terrain isolée par des rues » (vici) puis au sens plus précis de « propriété foncière avec des habitations collectives ». Une insula est donc un immeuble d’habitation collectif, apparu tôt dans l’urbanisme de Rome et qui s’y est largement développé. ils apparaissent à la fin du IIe siècle av. J.-C., inspirées par les hautes maisons de Carthage, qui atteignaient six à septs niveaux. Elles deviennent caractéristiques du centre urbain de Rome au début de l’Empire. Les étages inférieurs sont habités par les classes aisées, alors que les niveaux les plus haut sont habités par les classes moins aisées. 139
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II.g. Antiquité exo-bassin : Civilisation chinoise La civilisation chinoise, d’hier ou d’aujourd’hui, a toujours été un monde en soi. Plus veille civilisation encore présente aujourd’hui, elle se développe différement des cultures occidentales et proche-orientales. La civilisation chinoise se développe dans un territoire relativement montagneux. (40% du territoire se trouve au-dessus de 2.000 mètres d’altitue). Les plaines fertiles se trouvent à l’est, où se développent la grande majorité de la population et de l’agriculture intensive. En antiquité, la société est gouvernée par une famille royale qui occupe le sommet d’une hiérarchie sociale clanique, avec des chefs de lignée qui perpétuent le culte familial. Religieusement, le confucianisme, contrairement aux religions occidentales, ne présente pas d’opposition entre divin et humain. La réalité pour la culture chinoise est un mélange de perçu et d’invisible. Le confucianisme est élevé au rang d’idéologie officielle d’état sous la dynastie des Han par l’empereur Han Wudi, qui règne de 149 à 87 av. J.-C., et continue à être révéré à travers les dynasties suivantes. La philosophie confucéenne attache une grande importance à l’éthique et aux relations humaines, et représente l’un des principaux piliers de la culture chinoise Contrairement à l’occident, l’aspect religieux a grandement conditionné l’architecture chinoise sans dsitinction entre architecture templière
et architecture civile. Le confucianisme determine le plan sur l’axe central et tout ce qui est signe de hiérarchie : la surélévation éventuelle, les dimensions, le décor et les ornements. Le pouvoir se base sur le confucianisme pour déterminer les codes de construction en fonction du statut, ou du rang de chaque édifice ou de chaque partie de l’édifice. Les maisons traditionnelles avec cour sont aussi fortement influencées par le code de conduite hiérarchique du confucianisme qui marque une stricte distinction entre l’intérieur et l’extérieur, le supérieur et l’inférieur, l’homme et la femme. L’organisation de la ville se fait aussi selon les codes du confucianisme, et notamment « Pour concevoir une capitale, il faudra qu’elle repose sur un terrain carré mesurant neuf li de côté (environ 4,5 kilomètres), avec trois portes de chaque côté de ses remparts. Il devra y avoir neuf rues et neuf avenues, suffisamment larges pour que neuf charrettes de chevaux, côte à côte, puissent y passer. Le palais se situera au cœur de la ville, avec le temple ancestral sur la gauche, le temple des dieux sur la droite, les bureaux à l’avant, et la place du marché à l’arrière » La verticalité dans l’architecture et l’urbanisme chinois antique s’inscrit dans une conception globale de l’univers, qui unifie le coté spirituel et matériel. Elle s’inscrit dans une hiérarchie du supérieur et d’inférieur. 141
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II.h. Antiquité : Shibam Shibam se présente comme un bastillon dans cette évolution historique. S’inscrivant dans la continuité d’un modèle de la protohistoire, Shibam développe ce qui est décrit comme le premier urbanisme construit par des maisons hautes. Située sur un éperon rocheux, la ville est enclose dans une enceinte rectangulaire d’environ 330 m par 250 m. La très ancienne ville de Shibam (Est), dont la toute première occupation humaine remonte à l’époque préislamique. La techniques de ses maisons, souvent reconstruit sur la base du même plan, est une construction en briques de terre crue de plusieurs étages (jusqu’à 8, atteignant 30 mètres) séparés par un dédale de ruelles étroites. Shibam fut construite sur les restes de la capitale de Shabwa, après sa destruction en 300 après JC. Les tours sont construites sur la base d’un plan carré. Les maisons les plus veilles datent de 1600 Après JC. Elles furent construites sur les plans des anciennes maisons après la destruction de la ville par une innodation. Certains vestiges témoignent néanmoins de la ville ancienne, notamment la mosquée construite en 904 et un chateau construit en 1220.
rivales, tout comme leur prestige économique et politique. L’aspect défensif de Shibam, caractérisé par la densité de l’habitat avec ses maisons à étages multiples et presque sans fenêtres au niveau de la rue, offre un témoignage exceptionnel de la forte concurrence qui régnait entre les familles rivales de la région. Shibam était un arrêt important pour les caravaniers sur la route des épices. Ce commerce va faire de Shibam une ville prospère, mais menacée dans un environnement marqué par les conflits armées entre tribus. Elle devient alors une enclave pour des familles rivales cherchant le préstige, le pouvoir politique, et la protection des bedouin. L’empilement de maison, souvent appartenant à la même famille, devient le mode opératoire. Cette solution réduit la vulnérabilité des attacques, tout en exhibant la richesse des résidents. Les étages inférieures de Shibam servaient comme greniers.
La densité du tissu urbain de Shibam où se massent des maisons-tours contiguës à l’intérieur des murs d’enceinte est l’expression d’une réponse urbaine au besoin de refuge et de protection manifesté par les familles 143
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II.g. Moyen musulmane
âge
:
Civilisation
La civilisation musulmane semble quelque peu exceptionnel dans l’histoire du bassin méditéranéen. D’abord, elle ne naît pas autour des plaines fertiles mais dans le désert, ce qui explique une structure résolument portée par le commerce et une présence importante des nomades dans la structure sociale, ce qui justifie un nombre important de villes. Ensuite, elle est gouvernée par un Emir - celui qui ordonne - ou un sultan - celui qui a le pouvoir. Contrairement à l’idée de l’empreur - celui qui a l’emprise. Ces éléments de l’architecture musulmane peuvent expliquer la quasi-absence de monuments ou d’architecture monumentale dans cette civilisation. Le seul espace sacré est la Kaaba, qui est construite antérieurement. Contrairement à l’architecture romaine, elle ne développe pas d’édifices destinés à des programmes particuliers. Apart la mosquée, qui elle même peut être dans la maison d’un individu quelconque, l’architecture musulmane se développe dans des milieux permettant plusieurs activités. Les minarets des mosquées ne sont pas des éléments indispensables (contrairement aux clochés), ils sont nés des ribats (tour de guet) et n’ont acquis ce caractère symbolique que tardivement. La ville musulmane est construite par cette aministration et ce contexte particuliers. Il faut noter que la propriété dans la ville musulman
n’est pas basée sur un titre foncier mais sur l’exploitation de la terre. Quiconque utilise une terre inutilisée auparavant peut en revendiquer la propriété. Le système économique encourage aussi la propriété individuelle sur la propriété collective. Ceci explique les rues étroites et tortueuses des medinas musulmanes, l’absence d’une planification et la concentration sur l’usage et le schéma. Contrairement à la ville greco-romaine, la ville ne semble pas se développer à partir d’une vue d’oiseau mais comme la superposition de niveaux, où l’on reconsidère les évenements particuliers à chaque étage. Il n’est pas étrange de voir des chambres de maisons couvrir entièrement la rue, ou reposer en partie sur le toît de leur voisin. La notion de parcellaire étant inexistante dans ce type de ville. Autre aspect intéressant, il semblerait que la médina ait développé une véritable ville sur la ville. la mitoyenneté et la continuité de la forme urbaine permettaient aux femmes de communiquer et de se déplacer de terrasse en terrasse. La maison musulmane se développe de manière introvertie, complétement retournée autour d’un patio à l’air libre. Elle comporte souvent plusieurs étages. Contrairement à la maison grecque, les pièces dans les maisons musulmanes ne semblent pas spécialisées. La verticalité sert alors d’axe de nomadisme saisonnier. Les pièces se ressemblant, les habitants y emménagent et démenagent au gré des saisons. 145
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II.h. Moyen âge : médinas musulmanes occidentales Les médinas des civilisations musulmanes d’occident, comme le Maroc, l’Andalousie, ou l’Afrique (Actuelle Tunisie) se développent comme une variation régionale de la ville musulmanne. Arrivée en occident en 670 après une vingtaine d’année d’hésitation, l’Islam s’installe d’abord dans l’actuelle Tunisie, à Kairaouan. La région est déjà urbanisée par les romains. Cette base servira à certaines villes musulmanes. Mais d’autres vont être créées exnihilo, comme la ville de Fes. Elles présentent donc des structures sociales plus complexes que les villes musulmanes d’orient, avec la coexistance de plusieurs éthnies, parfois forcées, berbères, andalous et arabes. Au Maroc, la première médina a être fondée est la médina de Fes, par le sultan Idriss Ier. Elle est construite près d’un cour d’eau, tel qu’il est coutume à l’époque, sur deux berges séparées. Cette position stratégique permet au site de contrôler le débouché du couloir de Taza, passage obligé entre les plaines atlantiques à l’ouest et le reste du Maghreb, voire l’Orient à l’est. La première berge, Al andalous, acceuille les familles juives venues d’Espagne. La deuxième, al Aliya, s’installent des familles venues d’Afriquia.
tortueuses et relativement étroites. Les rues principales sont commerçantes, donnent accès aux espaces et aux monuments collectifs comme les mosquées, les hammams et les souks. Des ruelles adjacentes parcourent la ville à partir des rues principales. Ces ruelles mènent aux impasses dont l’entrée est marquée par un sabbat. Dans la Medina, il n’existe pas de distinction entre espace public et espace privée. C’est l’usage qui décide de la nature de l’espace. De ce fait, la verticalité - ou du moins le dessin de chaque plan horizontal) n’est pas soumis au dictat de la propriété, il se dessine selon les opportunités de chaque cas. Il est assez habituel de voir dans les medinas des pièces au dessus des rues. D’un point de vue général, le système économique des villes musulmanes est fait de manière à favoriser la propriété privée. L’espace des rues est minimisée. Il n’est pas rare qu’un appartement soit au-dessus d’une maison privée, sans pour autant créer un espace collectif. En effet, la coutume veut que dans ce cas là, c’est par négociation que les deux groupes concernées négocient les termes d’utilisation et d’accès à l’espace supérieur. Parfois, des escaliers donnent directement de l’espace public vers l’espace privée. Cette manière de gérer la superposition des unités permet de minimiser les coûts de gestion publics.
Le tissu urbain traditionnel d’une médina se définit par une forte densité et des rues 147
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II.i. Moyen âge : Ksours et Kasbahs berbères L’urbanisme et l’architecture musulmane vont cottoyer dans les régions de l’Afrique du nord l’urbanisme et architecture berbères. Pour autant, le peu de similitude entre les deux formes d’habitat ne laisse présager une généalogie entre ces deux formes d’habitats. Les berbères ont dans de nombreux cas refusé de prêter allégeance au sultan arabe, ou ont gardé leur structure sociale propre. Suivant une coutume séculaire, les tribus berbères constituaient de petites républiques avec un chef élu ou qui s’est emparé du pouvoir par la force. Suivant cet état socio-politique, complété par le développement géographique dans des régions souvent arides, la culture berbère développe une architecture massive, faites de Ksours et de kasbahs. Les ksour, pluriel de ksar, sont des villages fortifiés qui regroupent, derrière leurs remparts, un ensemble compact d’habitations à étages et de greniers, les igoudar. les maisons s’élevaient au point de pouvoir dominer les remparts afin de mieux surveiller les alentours. De plus, comme la majorité des oasiens exercent un élevage à l’étable, la construction en hauteur offrait la possibilité de mieux ventiler les maisons et migrer verticalement entre les étages selon les saisons.
fortifiée contenant également des greniers collectifs. Le type de la casbah, dont le modèle s’étend dans tout le sud du Maghreb, correspond à la structure de la famille patriarcale: Elle peut accueillir jusqu’à plusieurs générations d’une même famille, avec en plus les animaux et les récoltes. L’aspect extérieur de la maison est celui d’une sorte de château fort avec aux angles des tours finement crénelées, des espaces communs et une pièce commune pour chaque sous groupe familial. La construction des kasbahs obéit à plusieurs règles architecturales. Sur des fondations de pierre, d’épaisses murailles, flanquées de quatre tours d’angle ornées de merlon en épis, délimitent la construction. Les murs sont en pisé, mélange de terre et de paille selon un procédé ancien qui isole de la chaleur et du froid. Les ksours et kasbahs sont donc une des premières manifestations de l’habitats verticales. Se développant en raison des conditions environnementales de ces régions arides, ils favorisent des structures tribales, construits sur les liens familiaux.
La casbah est une citadelle, une demeure 149
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II.j. Moyen européenne
âge
:
Civilisation
L’éclatement de l’empire romaine laisse une Europe divisée, avec des confrontations armées. Les rois ont vu leur pouvoir renforcé par la chute de l’empire. On assite à une expansion importante du christianisme, qui était déjà devenu seul religion de l’empire romaine. La religion chrétienne jouera un rôle important pour rassurer et motiver les populations. Le système féodale se met en place, avec une classe de noble proche du roi, et une classe de seigneurs et de chevaliers, qui combattent pour son compte, en échange du droit d’exploiter ses terres. L’architecture au moyen âge va évoluer dans ces deux thématiques de la guerre et la religion : D’une part, les seigneurs vont construire des chateaux forts pour se protéger contre les invasions barbares, de l’autre, les bâtisseurs des cathédrales vont chercher à construire des édifices capables d’exprimer l’ascension et la foi. Cette architecture aboutira à l’architecture gothique, après avoir traverser l’architecture romane. La ville du moyen-age est commerçante. Face aux invasions barbares, les riches propriétaires se sont réfugiés dans leur villa rurale. La ville renaitra surtout grace au commerce et l’artisanat. Elle s’organise autour de l’église et des places de marchés. La ville étant encerclée par une muraille et un fossé la protégeant, tout espace à l’intérieur de l’enceinte est bon
à construite. Le résultat est une ville faite de maisons étroites, de 4 à 5 étages. Les boutiques et les ateliers sont situés au bas des maisons qui sont ouvertes sur la rue, les ouvriers travaillent devant les passants, les travailleurs d’un même métier sont rassemblés dans la même rue, comme les tailleurs, les barbiers, les bouchers, les tonneliers, les fourreurs, les tisserands, etc... Le paysage urbain est dominé par le chateau et l’église. Les chateaux sont la résidence des nobles. Ils servent à les loger ainsi que les chevaliers et les populations à leur service durant les sièges. A leur angle, des tours et des donjons pouvant atteindre jusqu’à 35m de hauteur, avec des murs épais de 2m. Là encore, la verticalité joue un rôle défensif important. Elle permet de dominer le territoire avoisinnant la ville. L’architecture gothique est résolument une architecture verticale. Si la recherche architecturale de la romanité semble avoir été celle de couvrir le plus grand espace possible, l’architecture gothique cherche à construite un espace élancé, capable d’exprimer l’ascension de l’homme face à la foi. Il est marqué par l’utilisation de l’arc d’ogive, qui permet au bâtiment de gagner en hauteur et d’évider le mur, de baigner l’espace dans la lumière.
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II.k. Renaissance italienne
:
Civilisation
Après la chute de Constantinople au mains des ottomans, de nombreux commerçants et savants chrétiens d’orient rejoignent l’Italie. Ce mouvement vient s’ajouter à un mouvement de modernisation déjà en place, et qui vise à requestionner les institutions des pouvoirs aristocratique et théologique. Forte de la découverte du nouveau monde, de l’apparition des nouvelles routes commerçantes lui permettant d’éviter les territoires musulmans, donc de les affaiblir, l’Europe entre dans la période de la Renaissance. La ville renaissante va d’abord reposer sur la même structure du pouvoir que l’époque médiévale. Après le désordre spatial des villes médiévales, les rois, le pape et les princes mécènes veulent embellir la ville pour y laisser leur empreinte. C’est l’heure des beaux ordonnancements, des perspectives et des symétries. De grandes artères sont là pour permettre une circulation rapide, ponctuées par des places donnant sur les édifices importants de la ville. L’élaboration des règles de la perspective conique par Brunelleschi est un tournant pour la représentation de l’espace. Pour la première fois, un dessein de l’espace est possible et l’idée de projet spatial prend forme. La ville idéale de la renaissance est d’abord une construction de l’esprit, une recherche sur plans, comme chez Leonardo da Vinci, ou bien une représentation picturale, comme celle de Francesco di Giorgio Martini. Pour les uns, il
s’agit d’une ville qui répond à des exigences d’ensemble, de pureté et harmonie des formes, d’équilibre des perspectives et des volumes. Pour d’autres, le projet repose sur la rationalité des fonctions (commerce, transport, santé, protection…), les regroupements des habitants suivant leur statut, la disposition équilibrée des lieux de pouvoir dans l’enceinte de la cité. Ces éléments furent pris en compte pour redessiner et améliorer les villes existantes, et en projeter de nouvelles. Au niveau architectural, le débat de la renaissance est un débat stylistique et esthétique. Sur la base des fouilles archéologiques des sites romanoarchitecturales, elle interpréte et théorise l’architecture. L’architecture renaissante italienne va d’ailleurs abondonner l’arc d’ogive gothique, malgré les progrès qu’il a permi, le considérant moins noble que l’architecture greco-romaine. En plus des cathédrales qui concentrent le financement public, les hotels particuliers, les palais, et les maisons de la grande bourgeoisie sont le terrain de jeu des architectes de la renaissance. C’est à cet époque que s’élabore la théorie de la tripartition classique, qui rédige les principes de l’ordonnancement d’une façade. Selon cette théorie, le bâtiment se compose de trois partie distincte : une base, un corps et un couronnement. La verticale est donc plus mis en scène durant la renaissance, qu’un axe structurant de la vie quotidienne. 153
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II.l. Civilisation précolombienne : Civilisation inca La colonisation des amériques à partir du XVIe siècle a permis la découverte de certaines civilisations isotériques, comme la civilisation Inca. Se développant dans l’actuel Pérou, le long de l’Océan Pacifique et de la cordillère des Andes, la civilisation inca contrôlait une large région qui s’étend aujourd’hui entre la Colombie, l’Argentine, le Chili, l’Equateur, le Pérou et la Bolivie. L’une des grandes singularités de cet empire fut d’avoir intégré, dans une organisation étatique originale, la multiplicité socioculturelle des populations hétérogènes qui le composaient. À 2438 mètres d’altitude, les ruines du Macchu picchu, la ville principale de la civilisation inca, sont à cheval sur la crête entre deux sommets : le Huayna Picchu, signifiant « jeune montagne » et le Machu Picchu, signifiant « vieille montagne ». Afin de concilier activités économiques et organisation sociale, le Machu Picchu est divisé en deux grands secteurs : la zone agricole formée par un ensemble de terrasses de cultures qui se trouve au sud ; et la zone urbaine qui est celle, on le suppose, dans laquelle vivaient ses occupants et où se déroulaient les principales activités civiles et religieuses. Cette zone urbaine comprenait le quartier sacré, le quartier populaire et le quartier des nobles et des ecclésiastiques. Un mur de 400 mètres de long sépare la ville de la zone agricole, ce qui est similaire à l’organisation des villes dans l’ère antique.
La civilisation inca se développant au sein de région montagnarde, la structuration de la ville a naturellement intégré l’axe vertical. Le trait le plus frappant est l’adaptation des bâtiments à la topographie, rendue possible par la modification systématique de la montagne. Les pentes furent travaillées en terrasses, suivant des techniques utilisées ailleurs, comme dans les vallées de Yucay et de Pisac, près de Cuzco. Ces constructions permettaient de retenir la terre nécessaire pour les cultures et de servir de soubassement aux temples et autres édifices. Un plan rigoureux divise la cité en deux parties, la haute ville, occupant le sommet de la montagne comporte les zones sacrées et les classes supérieurs ; et la basse ville, implantée sur les flancs, qui comporte les zones résidentielles, séparées par une large place des zones agricoles des zones résidentielles. Les Incas sont d’excellents architectes. Ils ont pu construit un nombre important de constructions monumentales, souvent de forme pyramidale pour mieux résister aux séismes. La forme trapézoïdale souvent donnée aux portes et fenêtres des temples permet à l’édifice de résister beaucoup mieux aux tremblements de terre, très fréquents dans ces régions. Les maisons sont en deux niveaux.
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II.m. Civilisation précolombienne : Civilisation azteque Autre civilisation découverte avec la colonisation des Amériques, la civilisation aztèque. Elle s’est sédentarisés dans le plateau central du Mexique, sr une île du lac Texcoco, vers le début du XIVe siècle. Comme dans les autres civilisations mésoaméricaines, l’organisation socio-politique aztèque était structurée principalement sur trois niveaux : la famille, le calpulli (clan ou paroisse) et l’altepetl (cité-état). Malgré sa destruction systématique par les Espagnols, l’architecture et l’urbanisme aztèques sont les mieux connus pour la capitale Tenochtitlan. Selon les chercheurs, les autres villes étaient construits sur le même paln. Le centre de la ville était occupé par un des édifices religieux (temps, collèges religieux, palais ...) entouré par une enceinte. Le caractère inédit de la verticalité dans l’architecture aztèque vient de la temporalité qu’ils intégrent à leur architecture religieuse. ils avaient la forme d’une pyramide tronquée. Mais contrairement aux pyramides de l’ancien monde, il semble que ces temps se composaient de plusieurs bâtiments emboîtés. Chaque génération construisait un nouvel édifice par dessus le précédent. Au sommet de la pyramide se trouvait un petit sanctuaire précédé d’une plate-forme pour les sacrifices.
était assez étalée horizontalement, et dominée verticalement par le temple centrale. Construite à l’image du cosmos, elle était divisée en quatre grandes sections dont le centre était un grand centre. Chaque section comportait plusieurs quartiers ou groupes de maisons, les calpulli. Ce territoire de base avait un chef, un temple, une maison des guerriers et constituait la propriété collective de plusieurs familles. La grande supérficie des villes azteque, à l’image de Tenochtitlan qui faisait plus de 1000 ha, s’explique aussi par la structure des maisons et le nombre important d’édifice public. Au nord de sa place centrale, 78 monuments ou bâtiments publics formaient le centre religieux (Templo Mayor). Il comptait une pyramide avec deux sanctuaires ainsi que d’autres temples (de Quetzalcoatl, de Tezcatlipoca, de Ciuacoatl, de Coacalco), mais aussi un collège religieux (calmecac), le Mecatlan (école de musique), des arsenaux, un terrain de jeu de paume. Les maisons y était sur un seul niveau, avec un jardin et un bain de vapeur. Seules les maisons des dignitaires comportaient deux étages. Les maisons n’avaient pas de fenêtres sur l’extérieur et s’ouvraient sur une cour intérieure. Les maisons modestes étaient coiffées de toits en chaume, les plus riches possédaient un toit en tuiles.
La ville aztèque, décrite par les conquistadors, 157
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II.n. Civilisation précolombienne : Civilisation maya La civilisation maya est, avec les aztèques et les incas, l’une des civilisations les plus développés découvertes lors des expeditions au nouveau monde. Elle occupait à l’époque précolombienne les territoires correspondant actuellement à une partie du sud du Mexique, au Belize, au Guatemala, au Honduras et au Salvador. La société maya est divisée en classes : nobles, religieux, militaires, artisans, commerçants, paysans (la majorité) et l’équivalent des serfs. Elle est dirigée par des chefs héréditaires qui délèguent leur autorité sur les communautés villageoises à des chefs locaux. La terre, propriété de chaque village, est distribuée en parcelles aux différentes familles. La structure sociale est basé sur une structure patrilinéaire, une division sexuelle du travail et une répartition par secteurs d’activité. Les agriculteurs, la majeure partie de la population, se divisaient en paysans, serviteurs et esclaves. L’élite, de son côté, se répartissait en guerriers, prêtres, administrateurs et dirigeants. La ville maya ressemble dans sa structure à la ville aztèque. Au cœur de la cité maya se trouvent de larges places où se concentrent les bâtiments officiels, temples, acropole royale, stade, etc. Une attention particulière est portée à l’orientation des temples et des observatoires afin de respecter la cosmogonie maya. Dans un deuxième cercle autour de ce centre rituel se concentrent les demeures des nobles, les
temples mineurs. Enfin, en dehors de ce centre urbain se déploient les modestes maisons du peuple. L’architecture classique maya peut se résumer en une division de l’espace en deux : un espace public monumental, urbanisé et un espace privé relégué au second plan. La forme la plus emblématique de l’architecture maya est la pyramide à degrés. Le peuple maya aurait adopté l’architecture verticale pour se rapprocher de ses dieux. L’utilisation massive d’escaliers est évidente dans les premiers temps du classique. On recycle d’anciens monuments. L’usage mésoaméricain de construire des pyramides « en gigogne », c’est-à-dire d’amplifier la pyramide précédente en lui ajoutant un niveau est un exemple parmi d’autres de recyclage architectural. Dans les templs et les palais mayas, la plus grande partie de l’espace est occupée par d’énormes estrades où siége le souverain. Cette disposition convient à des cérémonies de la cour royale comme le montrent les vases peints. Le public choisi se tient devant l’estrade ; on peut voir des estrades avec plusieurs personnes assises, et d’autres autour d’eux ; mais on peut penser qu’elles servaient aussi pour se reposer et même y dormir.
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II.o. Modernité : Age industriel I L’accumulation des richesses en Europe, grâce à des méthodes de gestions plus raisonnées, permet au commerce européen de dominer le monde. On assiste aussi au développement de nouvelles techniques qui permettent une production de masse, et des techniques de transports - notamment le train - qui permettent de créer des réseaux de circulation des biens et des personnes. Socialement, la société européenne passe d’une structure féodale agraire, à une structure capitaliste industrielle. La bourgeoisie domine la société, alors que la classe prolétaire et ouvrière travaille dans les nouvelles usines. C’est l’ensemble de ces éléments qui décrivent la révolution industrielle. Au niveau urbain, la révolution industrielle conduit à la création de nouveaux centres et la transformation des anciens bourgs. des transformations importantes sont apportés à la ville afin de servir les intérêts de l’économie et de l’industrie. L’apparition de moyens de transports recquière des réflexions adaptées pour gérer les différents flux qui jaillonnent la ville. Dans la continuité des efforts entrepris depuis la renaissance, de grandes artères sont tracés, et des extensions de la ville sont programmés. Le développement des sciences relatifs au génie urbain comme la topographie, l’hydrologie, l’amélioration des matériaux, a permis de coloniser les profondeurs du sol urbains. Durant la deuxième moitié du XIXe siècle, les grandes villes se dotent du système de métro. La
ville se développe alors sens dessusdessous. Plusieurs réflexions urbaines proposent des systèmes de ville sur la ville, avec des rues détachées du sol. Le paysage urbain est dominé par les cheminées des unités industrielles qui se développent autour de la ville, des silots de stockage, et par les gares. Les élements symboliques qui construisaient la ville sont concurrencés par les symboles de l’industrie. Les transformations et le confort de la ville (grandes pièces, électricité, chauffage…) attirent les grands fortunés. Les classes bourgeoise (grands propriétaires, professions libérales, industriels) vivent dans les immeubles modernes ou des hôtels particuliers. Les ouvriers eux se concentrent autour des grandes villes, en périphérie, dans des logements exigus sans grand confort. Face à la volonté de tout un chacun de vivre proche du centre ville, certaines typlogies vont apparaître pour assurer une maison décente avec petit empatement au sol et jardin. C’est le cas des maisons bruxelloises. Inspirée par la maison urbaine médiévale mitoyenne, elle est étroite et ouverte sur la rue, avec une cage d’escalier latérale, d’une cuisine de cave, d’un rez-de-chaussée surélevé comportant deux ou trois pièces en enfilade, donnant sur un jardin emmuré, invisible de l’extérieur. Deux étages supérieurs, traditionnellement de deux pièces et de vastes greniers, complètent sa structure.
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II.p. Modernité : Age industriel II A la fin du XIXe siècle, le capitalisme qui a fondé la révolution industrielle s’est transformée en un impérialisme colonisateur. Les grandes puissances mondiales, industrialisées, se disputent la domination du monde. C’est une course aux nouveaux marchés qui démarrent. En contrepartie, la classe prolétaire devient plus exigeante et mieux organisée. Elle exige de meilleures conditions d’habitat, et l’accès au confort moderne. La ville est le théâtre de cette lutte de classe. La société européenne est depuis la moitié du XIXe siècle une société urbaine, du fait de l’exode rurale et de l’extension programmé ou non des villes. De nombreuses réflexions vont naître pour penser l’habitat de masse. Elles se divisent en deux grandes catégories : les projets culturalistes - comme les citées jardins, qui développent des villages en réseau avec une structure pavillonnaire ; et les projets progressistes - comme la cité radieuse - qui se base sur les techniques nouvelles pour construire son discours. L’apparition du gratteciel aux Etats Unis à la fin du XIXe siècle va jouer un rôle important dans ces projets. Aux Etats Unis, du fait de la chereté et de la rareté des terrains en ville, de fait aussi de la puissance économique des entreprises économiques, et du fait d’un système social libéral, le gratte-ciel s’impose comme un objet urbain, qui a toute sa place au sein de la ville. Manhattan, à New York, représente
cet élan vers les tours de plus en plus verticale, meilleur remède pour rentabiliser les terrains. L’invention de l’ascenseur inverse même la logique sociale de la verticalité. Les étages supérieures, donnant sur des vues exceptionnelles, valent plus que les étages inférieurs. Architecturalement, ces gratte-ciels connaissent deux phases distinctes. Durant la première phase, ils adoptent un style similaire aux bâtiments de plus faible hauteur, utilisant la pierre en façade et des fenêtres verticales. C’est le cas de l’Empire state building à New York. En Europe, les projets de tours jouent un rôle inverse. Ils sont vus comme un outil permettant de libérer l’individu de la ville, oppréssante et étouffante. La verticalité se développe pour libérer le sol aux loisirs et à l’oisiveté. Les projets de villages verticaux ou de phalanstère imaginent des tours contenant tous les équipements nécessaires au développement de la vie urbaine (commerces, écoles, administration.) Ces tours se développent en périphérie de la ville. Dans les pays colonisées, certains programmes d’habitations de masse vont utiliser des immeubles, alors que la tradition dans ces pays étaient encore aux maisons en plein pied. C’est le cas par exemple au Maroc, mais aussi en Chine et en Amerique du Sud.
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II.q. Civilisation post-industrielle : Société de consommation Durant la deuxième moitié et fin du XXe siècle, le monde occidental fait face à des crises importantes qui bouleversent les paradigmes de la société industrielle. D’abord les crises économiques et énergétiques ébranlent les convictions sur le caractère pérenne de l’activité industrielle. La critique de la modernité conduit à la dissolution de la référence à la raison comme totalité, et un questionnement sur le sens de l’oeuvre individuelle et collective. Lefebvre décrit la société occenditale de société de consommation. C’est à dire une société où ce que l’on possède définit ce que l’on est. La crise industrielle conduit les villes et pays, surtout en Europe, à rediriger l’activité économique vers la finance et les services. Les villes se dotent alors de projet urbain qui doivent participer à créer leur rayonnement, à centraliser le pouvoir et la décision. C’est le cas par exemple du projet Euralille, conçu par Koolhaas. Dans ce contexte la verticalité participe à ce mouvement de marketing urbain. En Europe, en Asie, ou en Afrique, les tours se construisent pour marquer un stade de développement. L’acceleration importante de la croissance urbaine rend à cette époque nécessaire le développement de l’habitat vertical. En Asie, ce modèle d’urbanisme se répond très vite, de par la forte demande en logement,
la forte croissance démographique, et la puissance économique de certains pays. Aux Etats unis, la jeune tradition du pays consistait à vivre dans des quartiers pavillonnaires en banlieu (New York etant un épipénomène), les projets d’habitations verticales étaient destinées aux populations à faible revenu. En Europe, l’échec des tours d’habitations crée une volonté d’habiter dans le pavillonnaire. Les quartiers de tours vont se paupériser. La postmodernité a aussi conduit à une fragmentation de la société. On tend vers une plus grande flexibilité identitaire. Sous la bannière du droit d’être absolument soi-même, tous les modes de vie deviennent socialement légitimes. Cela se traduit en architecture par la multplication des programmes inédits et destinés aux loisirs. La verticalité joue un rôle important dans ce système, puisqu’elle permet à ces programmes de se superposer et de se cottoyer. Le projet de Manhattan Delerious de Koolhaas est représentant de cette transformation. Les tours passent d’un objet au programme unique, à un objet urbain complexe. Le débat architectural correspond à une critique de la modernité. Les fondements théoriques de la modernité - le recours à la nouveauté comme fondement de l’architecture - sont remis en question. De manière générale, les architectes invitent l’architecture à développer une plus grande complexité. Les gratte-ciels adoptent un style propre, fait de métal et de verre. 165
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II.r. Et maintenant ? Il est difficile de théoriser ou de dessiner des conclusions sur les époques qui ne sont pas encore révolues. Néanmoins, plusieurs observations peuvent être faites. De manière générale, la condition postmoderne s’est accentuée. Le débat sur l’identité et la confrontation entre nation/monde sont de plus en plus présent, porté par une économie globale et une révolution numérique qui réduit les distances. La chute de l’URSS a éclaté les blocks, et le souci des états est porté sur le contrôle des populations de moins en moins controlables. Les crises écologiques ont conduit à de nouvelles consciences, qui affaiblissent les principes de la société de consommation. Certains chercheurs économiques y voient une opportunité de reconstruire l’économie sur le savoir, avec une économie à coût zéro (Rifkin). La ville contemporaine se cherche. De nombreux concepts sont apparus à la fin du XXe siècle et au début du XXIe, comme le concept de ville écologique ou de ville intélligente. Ces concepts sont encore en élaboration, afin de chercher un équilibre entre technicité et participation des populations dans ce processus équilibre.
du phénomène vertical s’est néanmoins déplacée de l’Europe vers l’Asie. La recherche architecturale continue à concretiser la recherche de complexité et d’illustrer les conditions de confrontation qui fondent le monde contemporain. Des objets unitaires du XXe siècle, les architectes conçoient des objets fragmentés. Le débat de style s’est essouflé laissant place à un débat de méthode et d’opérateurs à mettre en place pour concevoir les villes d’aujourd’hui. La verticalité intégre de manière épisodique de nouvelles dimensions : La dimension horizontale (The interlace, OMA), la dimension collective (Réinventer Paris, Jacques Ferrier), la dimension environnementale (Les tours végétales, Eduard François ou la dimension temporelle (Caixa Forum, Herzog and De Meuron). De plus, si les objets verticaux à leur naissance se contentait de construire un seul type de milieu, la verticalité est aujourd’hui faite de la pluralité des milieux, intégrant aussi bien la nature suspendue que le white cube. (Gurgaon 66, Eduard François). Cette metamorphose est à mettre au compte de la programmation multiple qui construit de plus en plus les objets verticaux. En résumé, si l’objet verticale moderne trouve son idéale dans l’unicité, la veritcalité contemporaine se construit dans le collage et la multiplicité.
Au niveau de la participation de la verticalité dans l’habitat, les tendances de la deuxième moitié du XXe siècle se confirme. L’épicentre 167
Annexe 2 : Benchmarking En plus de l’évolution historique, un benchmarking est nécessaire pour enrichir les références verticales. Ce benchmarking permet de mettre la lumière sur des exemples contemporain qui ont eu une approche différente de la structuration verticale. Que ce soit par leur forme, par les programmes qui s’y intégrent ou par leurs démarches conceptuelles, ces projets architecturaux sont précieux pour trouver des concepts alternatifs. Ces édifices ne sont pas forcement très hauts, mais leurs démarches utilisent l’axe vertical dans la construction de l’objet architectural. Dans ce chapitre annexe, 9 exemples de projets architecturaux sont exposés. Ils montrent la diversité des interventions sur l’axe Z dans le contexte contemporain : • • • • • • • • • 168
a) The interlace, OMA/Ole Scheeren, 2013 b)The mountain, Bjarke Ingels, 2008 c)Habitat 67, Moshe Safdie, 1967 d)ARC, Bjarke Ingels, 2010 e)Slussen, Bjarke Ingels, 2007 f)Gurgeaon 71, Edouard Francois, 2013 g)ECAV Fresnoy, Bernard Tschumi, 1997 h)La tour vivante, SOA Architectes i)Singapore’s underground science Center
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The interlace, OMA/OleScheeren,2013 Description du projet :
Intérêt du rapport à la verticalité :
The Interlace est un projet résidentiel, conçu par l’association OMA et OleScheeren, à Singapore. Il est situé dans un site de huit hectares, sur un plateau surélevé, ceinturé par Alexandra Road et l’autoroute Ayer Rajah, sur les plaines de l’Est de Singapore. Le site compléte la ceinture verte de la ville.
The Interlace rompt avec la typologie répandue de singapore, à savoir les tours d’appartements isolés. Il explore une approche différente de la vie dans les tropiques : Un réseau dense d’espaces communautaires interconnectés intégré à l’environnement naturel. 31 blocs d’appartements, de six étages et d’une longueur identique sont superposés dans un arrangement hexagonal. Ils forment alors huits patios ouverts et perméables. Les blocs forment alors un village vertical avec une cascade de jardins et des toits-terrasses privés et publics.
Son programme comporte 1040 appartements, répartis sur 170000 m², et de nombreux espaces publics, avec des statuts différents. Ole Scheeren déclare : “Le design de ce projet s’adresse aux problèmatiques des espaces partagés et des besoins sociaux dans la société contemporaine et répond simultanement aux problèmes du vivre ensemble et de l’individualité en offrant de multiples espaces intérieur/extérieur, spécifique au contexte tropical.”
Tout en maintenant l’intimité des appartements à travers l’espace genereux des blocs d’appartements et les vues panoramiques, le dessin inclue aussi des espaces communs pour des activités partagées. En inversant la logique de juxtaposition des blocs par une superposition de blocs plus petites, The interlace permet aux habitants de se retrouver plus facilement, et de recréer une échelle intermédiaire entre l’individu et la grande communauté. L’échelle de six niveau s’avère plus humaine, et plus appropriée pour une verticalité résidentielle.
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The mountain, Bjarke Ingels,2008 Description du projet :
Intérêt du rapport à la verticalité :
The Mountain Dwellings est un quartier résidentiel conçu par le groupe danois Bjarke Ingels. Il est situé à Orestad, au Denmark.
L’intérêt de The moutain réside dans la périquation que fait le projet entre espace résidentiel, espace dédié aux équipements publics, les espaces de bureaux et les parkings. Contrairement aux grattes-ciel traditionnels qui font une ségrégation par couche, The mountain joue sur la complémentarité du programme. Il dispose les logements au sud, les bureaux au nord, et les espaces publics et parking - qui ont besoin d’un éclairage artificiel - au coeur de la pyramide.
Le projet est pensé pour offrir les qualités de la ville et la tranquilité de la vie suburbaine. Le programme est fait de 2/3 parking and 1/3 de résidentiels. Conceptuellement, le parking est le socle sur lequel est disposé un arrangement en cascade des unités résidentielles. Plutôt que de faire deux bâtiments séparés juxtaposés l’un à l’autre, les architectes les fuisonnent en une relation symbiotique. Les zones de parking ont besoin d’être connecté à la rue, et les maisons recquièrrent de la lumière, de l’air frais et la vue. Par cette solution, tous les appartements ont une terrasse jardin faisant face au soleil, des vues, et un parking qui arrive jusqu’au dixième étage.
La disposition en cascade, en plus de permettre un profil assez doux par rapport à la topographie plat du Denmark, permet d’offrir à chaque appartement une terrasse généreuse. D’une impression d’immeuble, on passe à une impression de maisons individuelles sur une colinne. Aussi, par le jeu de superposition entre le parking et les maisons, il permet de gagner de la surface traditionnellement réservée à la circulation, tout en ayant sa voiture à proximité.
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Habitat 67, Moshe Salfadie,1967 Description du projet :
Intérêt du rapport à la verticalité :
Habitat 67, est un projet conçu par l’architecte israelo-canadien Moshe Safdie pour le pavillon canadien de l’exposition universelle de 1967. Il était d’abord pensé comme une solution experimentalle pour le logement dans des environnements urbains denses. Safdie y explore les possibilités d’unités préfabriquées qui jouent le rôle de module, afin de réduire les couts de fabrication et permettre une nouvelle typologie résidentielle.
Habitat 67 est une réference intérressante pour construire la verticalité. Et ce, pour sa forme mais aussi pour son système constructif.
Habitat 67 est constitué de 354 modules préfabriqués, imbriqués dans diverses combinaisons et connectés par des cables. Les appartements varient en forme et en taille, de 1 à 4 boxes de 55 m² chacun. Chaque appartement est atteint par une série de rues pietonnes et de ponts, reliés à trois ascenseurs pour les niveaux supérieurs.
Habitat 67 s’inscrit dans la pensée metaboliste. Ce mouvement des années 60 voyait en la ville du futur, habitée par une société de masse, la particularité de s’étendre sur une large échelle, d’être flexible et d’avoir une structure extensible rendant possible un processus de croissance organique. La forme d’Habitat 67 est un bon exemple de cette possibilité de croissance organique et continue de la ville, suivant un schéma fractale. Habitat 67 repose sur l’imbrication de 5 modules répétitifs. Ils sont produits en usine. Ce système constructif est intéressant pour la rapidité de construction et l’économie qu’il offre. Les 5 modèles, de tailles différentes, permettaient aussi de projetter différentes échelles familiales et donc d’imaginer une certaine mixité sociale. En multipliant les configurations géométriques, le projet rompt avec la forme orthogonale traditionnel de l’IGH. Cette méthode permet aussi de donner à chaque appartement une terrasse jardin, beaucoup de lumière naturelle, et une bonne aération. Le projet présente alors un bon équilibre entre l’habitat de masse et l’habitat de la banlieue. 175
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ARC, Bjarke Ingels,2010 Description du projet :
Intérêt du rapport à la verticalité :
ARC, Amager ressource center, est un transformateur de déchet en energie, située à Copenhague, Denmark.
L’ARC est remarquable de par son rapport à l’espace public et la réponse apportée à la question des espaces utilitaires qui font la ville contemporaine.
Amager Bakke, est un transformateur de déchet en energie qui doit générer 97% de la ville en electricité. Il agit comme un ecosystème industriel qui transforme les déchets en énergie. Cependant, les architectes voulaient que le transformatteur soit plus qu’une simple icone d’industrie. Le transformateur, situé au milieu de la ville, près de la Marina, bénéficie d’un site remarquable. Il lui donne la possibilité de devenir une destination pour le public. C’est pour cela que les architectes y ont projetté un espace public, qui convertit la toiture du transformateur en une piste de ski.
Le rapport entre la ville et ses espaces de productions s’est intensifié avec le temps. Ces espaces, qui se trouvaient antérieurement aux périphéries de la ville, se retrouve par extension urbaine au coeur et au centre urbain. Et les espaces techniques (transformateurs électriques, transformateurs de déchets ...) qui doivent symboliquement être de l’ordre de l’invisible, doivent intégrer des éléments qui les rendent de plus en plus présent. La dissociation entre enveloppe et intérieur, qu’utilise Bjarke Ingels, permet de transformer cet espace technique en un espace util et public. A travers le recouvrement, c’est une possibilité importante pour la ville de récupérer les espaces de rupture que constituent parfois les technologies urbaines.
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Slussen, Bjarke Ingels,2007 Description du projet :
Intérêt du rapport à la verticalité :
Slussen est le noeud viaire le plus important de Stockholm, Suede. Il connecte le quartier historique de Stockholm avec sa proche banlieu, Stockholm avec l’autoroute, et contient le gare de train, gare routière, Metro, Marina et des rues piétonnes.
Slussen démontre la perspicacité des opérations de verticalisation en terme d’aménagement urbain.
Son espace public est aussi encerclé par l’infrastructure. Ce qui rend l’accès au front de mer impossible pour les passants. Les architectes proposent alors d’inverser la logique, en encerclant la circulation par des espaces publics. Cela résulte à donner plus d’espaces aux piéttons et à la mobilité douce, avec un accès au front de mer. L’infrastructure est enveloppée sous ces espaces.
Le rapport à l’infrastructure est une question primoridiale dans l’aménagement de la ville contemporaine, tant ceux ci peuvent être de vrais gouffres au sein de la ville. Par l’opération d’enveloppement, des espaces publics peuvent reconquérir ces limittes et recoudre la ville. Slussen est un bon exemple de l’intérêt de fusionner et de complexifier les espaces qui font la ville, et de la penser en trois dimensions comme la superposition et l’imbrication des strates qui font la ville, plutôt qu’en deux dimension comme la juxtaposition de diverses trames et réseaux.
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Gurgaon 71, Edouard Francois,2013 Description du projet :
Intérêt du rapport à la verticalité :
The Gurgaon 71 est un projet résidentiel conçu par la maison Edouard François. Situé à Gurgaon, Inde, ces appartements luxueux ont de larges espaces intérieurs, incluant des doubles hauteurs, et permettant des vues de 360° sur les paysages avoisinants.
Gurgaon71 fait partie de cette nouvelle génération de gratte-ciel qui explore les concepts de superpositions et plurarité de milieux. Contrairement aux gratte-ciels du XXe siècle, Gurgaon71 n’est pas conçu comme un objet monolithique, homogène ou harmonieux, mais comme la superposition et le collage de deux objets.
Ce projet représente la rencontre entre le luxe français et les traditions indiennes. Les chambres sont orientés selon les principes du Vastu, une ancienne doctrine qui explique comment les lois de la nature affectent les constructions humaines. Un espace dans chaque appartement est réservé aux divinités altars. Trois circulations séparées pour les habitants, les visiteurs et les services. La spécificité de Gurgaon71 est le concept de “nuage vert”. Il est conçu comme la superposition d’un volume d’appartement et d’un volume de terrasses végétales. Chaque appartement de la partie inférieure a une terrasse dans la partie supérieure. Des ascenseurs privatifs permettent un acces directe de l’appartement à la terrasse. Chaque terrase est un salon en plein air, avec une cuisine avec une hauteur suffisante pour planter de la végétation.
Par rapport au concept de schisme et de lobotomie, on peut dire que cette nouvelle génération de gratte-ciel abandonne peu à peu le concept de lobotomie, qui n’est pas assez adapté aux usages d’habitation, avec une certaine sublimation du concept de schisme. Le concept de “nuage vert”, avec une terrasse par appartement permettent à chaque appartement, peu importe le niveau où ils sont situés, de bénéficier d’une extension et de vues panoramiques.
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ECAV, Bernard Tschumi,1997 Description du projet :
Intérêt du rapport à la verticalité :
Ouvert en octobre 1997, Le Fresnoy est un établissement de formation artistique audiovisuelle de haut niveau. Conçu par l’architecte Bernard Tschumi, il est caractérisé par la suspension d’un toit technologique, audessus de bâtiment datant de 1920. Le projet est une succession de boite à l’intérieur de boite. D’abord, une façade contemporaine encadre l’ensemble des édifices. L’espace entre les deux toits contient les espaces pour les installations et les projections de films, connecté à une série dramatique de couloirs.
ECAV est l’un des premiers projets à explorer la superposition et le gonflement. Cette spécificité est accentuée par le caractère patrimonial du projet, puisque ce fut une manière d’éviter la destruction de ces bâtiments, tout en étant économiquement réalisable, contrairement à l’opération de rénovation qui aurait couté trop cher.
A l’intérieur de la boite principale, sont contenus les espaces de service, les espaces administratifs, en plus d’espace de projection, des studios sonores et la bibliothèque, un cinéma, un restaurant, et des appartements pour les professeurs et les étudiants.
Le toit agit comme le dénominateur commun du projet. C’est un projet surréaliste qui agit comme un parapluie. Le but selon l’architecte est d’accelerer la possibilité d’évenements par la combinaison de diverses élements, en juxtaposant la grande toiture, l’école et le laboratoire de recherche, ainsi que les anciens bâtiments,. Le tout est paradoxale : précis et rationnel dans le concept, varié et poétique dans sa richesse spatiale. L’aspect de stratification historique est intéressant à constater dans ce projet. Contrairement à la table rase, la méthode de la boite sur la boite permet de laisser visible l’évolution de la ville. En plus de cela, ces espaces intérmédiaires servent comme des régulateurs thermiques, qui peuvent améliorer la performance énergétique du bâtiment
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La tour vivante, SOA Architectes,2008 Description du projet :
Intérêt du rapport à la verticalité :
La tour vivante est un concept proposé par l’agence SOA Architectes, à Rennes. Cette tour de 112m se caractérise par l’intégration de fermes verticales le long de la façade.
L’intérêt de la tour vivante consiste en l’insértion des lieux de productions agricoles hors sol de manière transversale au sein d’un bâtiment contenant des logements et des bureaux.
La superposition inhabituelle de logements, de bureaux et de serres d’agriculture citadine, permet enfin d’envisager de nouvelles relations fonctionnelles et énergétiques entre culture agricole, espaces tertiaires, logements et commerces induisant de très fortes économies d’énergies.
La question posée ici est le devenir de l’agriculture dans un contexte de croissance démographique continue. L’intégration de l’agriculture comme activité urbaine - puisque la gestion de l’agriculture se fait dorénavant dans la ville et que de plus en plus d’urbain s’intéresse à l’agriculture - pourrait conduire à voir se développer des tours intégrant ou dédiés à l’agriculture. Selon les études qui ont été faites (Despommier, 1999) une tour de 30 étages dédiée à l’agriculture pourraient alimenter 10000 personnes, avec un rendement 4 à 5 fois supérieurs au rendement actuel. Des capteurs situés dans le plafond de chaque étage pourraient même recueillir l’évapotranspiration des plantes pour produire de l’eau pure. Ces tours peuvent même promouvoir une agriculture indoor, qui n’a besoin ni de soleil ni de sol.
La tour vivante se veut un écosystème autonome. Il permet de densifier la ville tout en lui apportant une plus grande autonomie vis-àvis des plaines agricoles, réduisant du même coup les transports.
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Singapore’s science center Description du projet :
Intérêt du rapport à la verticalité :
Le centre souterrain de Singapore est un projet en cours de développement. Il serait situé sous le parc de Kent Ridge à l’ouest de la ville, et pourrait recevoir jusqu’à 42000 chercheurs, scientifiques et autres professionnels. Le centre se composera de 40 cavernes interconnectées, contenant des laboratoires de recherches. Il sera un pillier pour le développement biomédical et l’industrie pour le prolongement de l’espérance de vie. Il se composera de plus de 200000 m² de planchers, répartis sur 30 étages
Le centre scientifique de Singapore explore une toute autre direction de développement de la ville, mais toujours suivant l’axe Z. Le développement des sous-sols de la ville est une possibilité intéressante, surtout pour des espaces qui ne nécessitent pas des rayons de soleils.
Ce développement souterrain vise à trouver de l’espace pour le développement de la ville. Singapore, qui abrite 5.4 million d’habitant, a dejà construit des tours d’appartements atteignants 70 niveaux, et colonisé la mer pour plus de sol constructible. Mais en tant qu’une des villes les plus peuplée, et avec une projection de croissance d’1.5 million de personne pour les 15 prochaines années, Les options de Singapore doivent être créatives.
Le développement souterrain de la ville est une piste plausible, et sur certains points, souhaitables. Sur un point écologiques, des édifices creusés dans le sol sont plus performants d’un point de vue énérgétique, grâce à l’inertie thermique du sol. D’un point de vue d’usage, le développement de la ville dans ses espaces souterrains permets aussi de diminuer l’échelle des superstructures, et donc de faire une ville visible à échelle humaine, sur une ville profonde qui absorbe une partie du développement vertical de la ville.
L’objectif pour Singapore est, à terme, d’arriver à la création d’une ville interconnectée sous le sol, avec des centres commerciaux, des pôles multimodaux, des espaces publics, des circuits pietons et des lignes cyclables.
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Annexe 3 : Normes du réglement d’incendie concernant les IGH Les normes d’incendie au Maroc sont approuvés par décrêt. Ils fixent les normes de sécurités minimales à respecter pour la bonne circulation et évacuation en cas d’incendie. Un chapitre est consacré aux immeubles de grandes hauteurs, que ce soit pour l’utilisation logement ou pour les bureaux. Ci-dessous les termes décrits : 1. Généralités 1.1 Définition Constitue un immeuble de grande hauteur tout corps de bâtiment dont le plancher bas du dernier niveau est situé, par rapport au niveau (PBDN) du sol le plus haut utilisable pour les engins de secours: à plus de 50 m pour les immeubles à usage d’habitation ou à plus de 28 m pour les autres immeubles. 1.2 Classification des IGH GHA : Immeubles à usage d’habitation GHO : Immeubles à usage d’hôtel GHR : Immeubles à usage d’enseignement 188
GHS : Immeubles à usage de dépôt d’archives GHU : Immeubles à usage sanitaire GHW : Immeubles à usage de bureaux GHZ : Immeubles à usage principal d’habitation dont la hauteur du (PBDN) est supérieure à 28 mètres et inférieure ou égale à 50 mètres et comportant des locaux autres que ceux à usage d’habitation GHTC : immeubles à usage de tour de contrôle ITGH : immeuble de très grande hauteur. Constitue un immeuble de très grande hauteur tout corps de bâtiment dont le plancher bas du dernier niveau est situé à plus de 200 mètres par rapport au niveau du sol le plus haut utilisable pour les engins des services publics de secours et de lutte contre l’incendie. 1.3 Les principes de sécurité La construction d’un immeuble de grande hauteur n’est permise qu’à des emplacements situés à 3 km au plus d’un centre principal des services publics de secours et de lutte contre l’incendie. Les immeubles de grande hauteur ne peuvent contenir, des établissements dangereux, incommodes et insalubres ausens du dahir du 1914 tel qu’il a été modifié et complété. Il est interdit d’y entreposer ou d’y manipuler des matières inflammables du premier groupe. Ne sont admis dans ces immeubles que des modes d’occupation ou d’utilisation n’impliquant pas la présence,dans chaque compartiment, d’un nombre de personnes correspondant à une occupation moyenne
de plus d’une personne par dix mètres carrés hors œuvre. Pour assurer la sauvegarde des occupants et du voisinage, la construction des immeubles de grande hauteur doit permettre de respecter les principes de sécurité ci-après : 1. Pour permettre de vaincre le feu avant qu’il n’ait atteint une dangereuse extension : L’immeuble est divisé, en compartiments dont les parois ne doivent pas permettre le passage du feu de l’un à l’autre en moins de deux heures (CF2h). Les matériaux combustibles se trouvant dans chaque compartiment sont limités ; Les matériaux susceptibles de propager rapidement le feu sont prohibés. 2. L’évacuation des occupants est assurée au moyen de deux escaliers au moins par compartiment. L’accès des ascenseurs est interdit dans les compartiments atteints ou menacés par l’incendie. 3. L’immeuble doit comporter : Une ou plusieurs sources autonomes d’électricité destinées à remédier, le cas échéant, aux défaillances de celle utilisée en service normal. Un système d’alarme efficace ainsi que des moyens de lutte à la disposition des services publics de secours et de lutte contre l’incendie et, s’il y a lieu, à la disposition des occupants ; 4. En cas de sinistre dans une partie de l’immeuble, les ascenseurs et montecharge doivent continuer à fonctionner pour le service des étages et compartiments
non atteints ou menacés par le feu. 5. Des dispositions appropriées doivent empêcher le passage des fumées du compartiment sinistré aux autres parties de l’immeuble. 6. Les communications d’un compartiment à un autre ou avec les escaliers doivent être assurées par des dispositifs étanches aux fumées en position de fermeture et permettant l’élimination rapide des fumées introduites. 7. Pour éviter la propagation d’un incendie extérieur à un immeuble de grande hauteur, celui-ci doit être isolé par un volume de protection. 2. Dispositions générales 2.1 Voies d’accès pour les véhicules de lutte contre l’incendie : Les sorties des immeubles sur les niveaux accessibles aux engins des services publics de secours et de lutte contre l’incendie ne peuvent se trouver à plus de 30 mètres d’une voie ouverte à la circulation à ses deux extrémités et permettant la circulation et le stationnement de ces engins. Sur ces voies, un cheminement répondant aux caractéristiques minimales suivantes est réservé en permanence aux sapeurs-pompiers : - hauteur libre : 3,50 mètres ; - largeur de la chaussée, bandes réservées au stationnement exclues : 3,50 mètres ; - force portante de 160 kilonewtons calculée pour un véhicule avec un maximum de 90 189
kilonewtons par essieu, ceux-ci étant distants de 3,60 mètres au minimum ; - Résistance au poinçonnement : 80 N/cm² sur une surface minimale de 0,20 m² - Rayon intérieur minimal R : 11 mètres ; - Surlargeur S = 15/R dans les virages de rayon intérieur inférieur à 50 mètres (S et R : surlargeur et rayon intérieur, étant exprimés en mètres) ; - Pente inférieure à 15 %. 2.2 Le compartimentage : Les compartiments ont la hauteur d’un niveau, une longueur n’excédant pas 75 mètres et une surface au plus égale à 2500 mètres carrés ; Les compartiments peuvent comprendre deux niveaux si la surface totale n’excède pas 2500 mètres carrés ; ils peuvent comprendre trois niveaux pour une surface totale de 2 500 mètres carrés quand l’un d’eux situé au niveau d’accès des engins des services publics de secours et de lutte contre l’incendie. Les parois de ces compartiments, y compris les dispositifs tels que sas ou portes permettant l’accès aux escaliers, aux ascenseurs et monte-charge et entre compartiments, doivent être coupe-feu de degré deux heures ; Les surfaces indiquées des compartiments doivent être mesurées hors œuvre, à l’exception des balcons dépassant le plan général des façades. 2. 3 Isolement Tout IGH doit être isolé des constructions voisines, soit par un mur ou une façade CF° 2h s’élevant sur toute sa hauteur, soit par un 190
volume de protection (libre de tout élément combustible) de 8 m de rayon à partir de chaque façade. Les constructions situées en tout ou partie dans ce volume de protection doivent respecter les contraintes suivantes: hauteur H < 8 m ; structures SF° 2 h et indépendantes de celles de l’IGH ; enveloppe extérieure PF° 2 h (de façon à ne pas menacer l’IGH en cas d’incendie de ces constructions) ; ne pas abriter d’installations classées pour les risques d’incendie et/ou d’explosion. 2.4 Structures La stabilité au feu des éléments des structures doit être égale à 2 h au moins (poteaux, planchers, poutres, etc.), Les parois séparant l’immeuble d’un parc de stationnement doivent être de degré coupe-feu quatre heures au moins et ne comporter aucune communication directe ou indirecte. Au cas où les locaux voisins de l’immeuble présenteraient un danger d’explosion, les mesures d’isolement et les éléments de la structure de l’immeuble de grande hauteur voisins de ces locaux doivent être déterminés en conséquence. 2.5. Locaux à risques : 2.5.1 Parc de stationnement couvert : Un parc de stationnement situé sous l’immeuble de grande hauteur répond : - Aux dispositions techniques, non contradictoires ni atténuantes, fixées au règlement de sécurité des établissements recevant du public (PS); Les locaux techniques non liés à l’exploitation
du parc de stationnement ne peuvent pas communiquer avec l’intérieur du parc ; La détection automatique d’incendie est généralisée à l’ensemble du parc. La sensibilisation d’un détecteur dans le parc entraîne uniquement et sans temporisation. Les commandes manuelles de désenfumage sont regroupées à l’intérieur du poste central de sécurité incendie ; Les planchers et les parois verticales séparant le parc de stationnement du reste de l’immeuble de grande hauteur sont coupe-feu de degré deux heures; Un système d’extinction automatique de type sprinkleur, conforme aux dispositions du règlement de sécurité des établissements recevant du public, est mis en place ; Chaque compartiment du parc comporte une circulation horizontale commune ; Les parois séparant la circulation horizontale commune de la zone réservée au stationnement et à la circulation sont coupe-feu de degré deux heures. L’accès à une circulation horizontale commune depuis le parc est réalisé au moyen d’un dispositif d’intercommunication coupe-feu de degré deux heures muni de blocs-portes pare-flammes de degré une heure, équipés de ferme portes ou à fermeture automatique asservie à la détection automatique d’incendie; Les robinets d’incendie armés et les orifices des colonnes sèches ou en charge sont placés dans ces circulations, à proximité des dispositifs d’accès au parc, et ne constituent pas un obstacle pour les personnes ; 2.5.2 Grandes cuisines collectives
Ces cuisines ne peuvent être alimentées que par l’électricité, la vapeur ou le gaz (obligatoirement en terrasse dans ce cas). Elles doivent être enfermées dans un local aux parois CF° 1 h avec portes CF° 1/2 h, ainsi que leurs locaux satellites (offices, réserves, resserres, lingeries, blanchisseries, etc.). Dans tous les cas, l’extraction de l’air vicié doit être obligatoirement mécanique et, de plus, secourue si elle participe au désenfumage de ce local. 4.2.5.3 Chaufferies intérieures Elles ne sont autorisées que dans les conditions suivantes: situées à la terrasse supérieure; alimentées en gaz par une conduite extérieure à l’IGH ; aménagées de façon que leurs accès ne se fassent qu’à l’air libre; construites de façon à limiter les effets d’une éventuelle explosion. 2.5.4 Chaufferies extérieures Les autres chaufferies situées à l’extérieur, mais contiguës à l’IGH doivent : avoir une enveloppe CF° 4 h ; résister à une pression de 104 Pa ; ne comporter aucune communication avec l’immeuble, sauf pour les conduits de chauff age qui doivent présenter un degré coupe-feu de traversée de 4 h. 2.5.5 Locaux des transformateurs Ces locaux doivent avoir des parois CF° 2 h et des portes CF° 1 h. Ils doivent être ventilés 191
directement sur l’extérieur et, si la ventilation est mécanique, elle doit être alimentée par la source de sécurité. 2.5.6 Locaux à fort potentiel calorifique Le potentiel calorifique des éléments mobiliers devant toujours être inférieur, en moyenne par compartiment, à 400 MJ/m² (soit 25 kg de bois par m²), des dispositions spéciales aggravantes sont prévues si ce potentiel est dépassé dans certains locaux. Le potentiel calorifique peut être porté de 400 à 600 MJ/ m² si le compartiment considéré est défendu en totalité par une installation fixe d’extinction automatique à eau de type sprinklers. Les contraintes sont les suivantes : Locaux à potentiel calorifique compris entre 400 et 600 MJ/m² : ces locaux doivent avoir des parois CF° 1 h; le potentiel peut être porté à 1 000 MJ/m² si ces locaux sont protégés par des sprinklers. Locaux à potentiel calorifique supérieur à 600 MJ/m² : a) la surface du local est inférieure à 200 m² et son volume inférieur à 500 m3 ; b) les parois sont: CF° 3 h si le pot entiel calorifique est compris entre 600 et 800 MJ/ m², CF° 4 h si ce potentiel est compris entre 800 et 1 200 MJ/m² , CF° 6 h pour un potentiel compris entre 1 200 et 1 600 MJ/m² c) les éléments de la structure principale de l’IGH contigus ou inclus dans ce local ont le même degré de stabilité au feu; d) les sas d’accès et/ou d’intercommunication sont CF° 2 h ; e) le local est défendu par une installation fixe 192
d’extinction automatique à eau. 2.5.7 Réserves de linge Pharmacies d’étage et laboratoires Ces locaux, rencontrés notamment dans les GHU et les GHO, doivent être délimités par des parois CF° 2 h et des portes CF° 1 h. 2.6 Façades Règle du C + D : les panneaux de façade doivent satis faire à la règle du C+D > 1,20 m. Réaction au feu des parements extérieurs: Le classement doit être M0, sauf pour les stores (M1), les menuiseries plastiques (M2), les menuiseries en bois (M3). Potentiel calorifique: le potentiel calorifique des façades (menuiseries exclues) doit être inférieur à 25 MJ (1,5 kg de bois) par m². 2.6.1 Le comportement au feu des façades Les façades doivent être conformes à trois dispositions: la nature des materiaux ; le potentiel calorifique des façades (< 25 MJ/ m², menuiseries exclues) ; la règle du « C + D » dont la valeur doit être supérieure à 1,20 m pour les panneaux des façades vitrées (l’éventuelle saillie étant obligatoirement CF 1 h). Des exigences de renforcement du comportement au feu sont formulées pour certains types de façades (parties concaves, angles rentrants...), des dérogations étant possibles s’il existe, dans la totalité de l’immeuble, une installation fixe d’extinction automatique à eau.
2.6.2 Renforcement du comportement au feu de certains types de façades 1 . Le tracé général des façades ne doit pas favoriser la transmission du feu, notamment par rayonnement ou par effet de tirage, aux compartiments voisins ou supérieurs. En conséquence le projet qui comporte des façades concaves ou des angles rentrants doit faire l’objet d’un examen spécial, afin de déterminer si le parti retenu ne présente pas de risques de propagation supérieurs à ceux résultant des solutions décrites au paragraphe 2 ci-dessous. 2. a) Lorsque deux plans consécutifs de la façade d’un même immeuble de grande hauteur, ou des façades d’un immeuble de grande hauteur et d’une autre construction en contiguïté, forment entre eux un dièdre rentrant inférieur à 100°, les parties de façades situées à moins de 4 m de l’arête du dièdre doivent être PF 1 h au moins. Lorsque deux plans consécutifs de la façade d’un même immeuble de grande hauteur, ou des façades d’un immeuble de grande hauteur et d’une autre construction en contiguïté, forment entre eux un dièdre rentrant égal ou supérieur à 100° mais inférieur à 135°, les parties de façades situées à moins de 2 m de l’arête du dièdre doivent être PF 1 h au moins. En outre, si, dans les deux cas ci-dessus, les plans de façades appartiennent sur un même niveau à deux compartiments du même immeuble de grande hauteur ou à un immeuble de grande hauteur et à une autre construction, la distance entre les parties de ces façades qui ne sont pas PF 1h doit être supérieure à 8 m.
b) Lorsque deux plans de façades appartiennent sur un même niveau à deux immeubles de grande hauteur, à deux compartiments d’un même immeuble de grande hauteur ou à un immeuble de grande hauteur et à une autre construction, et forment un dièdre rentrant égal ou supérieur à 135°, mais inférieur ou égal à 180°, les parties de façades situées à moins d’un mètre de l’arête du dièdre doivent être PF h. c) En aggravation des dispositions ci-dessus, et dans tous les cas lorsque les plans consécutifs de façades forment deux dièdres rentrants successifs dont les arêtes sont distantes de moins de 6 m, les parties de façades situées entre ces arêtes doivent être PF 1 h. d) Les dispositions prévues aux paragraphes a et b ci-dessus s’appliquent jusqu’à une hauteur de 8 m au-dessus du couronnement du corps de bâtiment le plus bas, à partir du prolongement de l’arête du dièdre. Les dispositions prévues aux paragraphes a, b et c ci-dessus ne s’appliquent pas aux décrochements de façades en retrait ou en avancée de moins d’un mètre, à condition qu’ils ne se cumulent pas, et dans le cas du paragraphe c seulement, que les dièdres soient supérieurs à 135° et ne se suivent pas à moins de 4 m. Le renforcement du comportement au feu n’est pas exigible si les façades formant des dièdres rentrants ferment des volumes partiels de compartiments répondant aux conditions ci-après : ces volumes sont délimités par des parois CF 1 h au moins et par des blocs-portes PF 1/2 h au moins équipés de ferme-porte ; 193
leur potentiel calorifique moyen au m² est inférieur à la moitié des valeurs limites prévues pour les compartiments (sanitaires, etc.). » 2.7 Couvertures L’utilisation comme matériaux superficiels de couverture d’éléments légers combustibles susceptibles de s’arracher enflammés en cas d’incendie est interdite. Les immeubles doivent être protégés contre les effets de la foudre. 2.8 Gaines techniques 2.8. 1 Les gaines ver ticales non recoupées: Les cages d’escalier, les gaines d’ascenseur et de monte-charge, les gaines techniques verticales dont le recoupement au droit des planchers est rendu impossible par leur destination, ne comportent que des dispositifs de communication, des rappes ou des portes de visite coupe-feu de degré deux heures maintenus verrouillés, sauf dans les cas visés à l’alinéa suivant. Le degré coupe-feu deux heures exigé cidessus peut être obtenu pour les gaines techniques par l’addition des degrés coupe-feu de la trappe ou porte de visite et du bloc-porte du local d’accès à ces dispositifs. Ce local ne comporte aucune matière combustible, à l’exception des blocs-portes, et ses parois ont un degré coupe-feu au moins égal à celui de sa porte d’accès. Ces gaines, à l’exception des gaines d’ascenseur et de monte-charge, sont désenfumées automatiquement et protégées tous les cinq niveaux par une installation fixe d’extinction automatique de type sprinkleur 194
conforme aux dispositions du règlement de sécurité des établissements recevant du public. Les gaines de monte-courrier ou de transport mécanisé de documents ou d’autres objets sont équipées, dans leur partie verticale, de détecteurs automatiques d’incendie disposés au moins tous les trois niveaux. L’installation de conduits de vide-ordures est interdite dans un immeuble de grande hauteur. 2.8.2 Les gaines techniques verticales recoupées: Toutes les gaines techniques verticales sont coupe-feu de degré deux heures et doivent être recoupées au droit de chaque plancher par des séparations coupe-feu de degré deux heures ne laissant aucun vide entre les conduits. Les trappes et portes de visite de ces gaines sont coupe-feu de degré une demi-heure et maintenues verrouillées. Leur surface par gaine et par niveau est limitée à 0,80 m² pour les gaines contenant les conduits aérauliques de chauffage ou de ventilation et à 1,40 m² pour les gaines contenant les conduits d’évacuation ou d’alimentation en eau, des câbles, canalisations ou tableaux électriques Au-delà de ces surfaces, les trappes ou portes de visite sont coupe-feu de degré une heure. 2.8.3 Les gaines d’allure horizontales Les portes et trappes de visite des gaines d’allure horizontale sont d’un degré coupe-feu égal à la moitié de celui de la gaine.
2.9 Plafonds et plafonds suspendus Leurs éléments constitutifs et leurs revêtements doivent être M1 dans les locaux et M0 dans les circulations communes et les cuisines collectives. Les plafonds suspendus doivent, de plus, être SF° 1/4 h dans les couloirs. Les plénums doivent être recoupés tous les 25 m par des matériaux M0 et CF° 1/2 h, et ne contenir aucun matériau classé M3, M4 ou non classé. 2.10 Aménagements intérieurs Les potentiels calorifiques des différents éléments utilisés dans les aménagements intérieurs sont limités de façon précise, de manière à ce que l’incendie d’un compartiment ne puisse « théoriquement» plus être alimenté au bout de 2h de développement thermique correspondant à la courbe logarithmique internationale température-temps. 2.10.1 Limitation dans la construction Le potentiel calorifique des matériaux incorporés dans la construction doit être inférieur à 255 MJ (15 kg de bois) par mètre carré de surface dans oeuvre (on ne tient pas compte des revêtements de sol collés sur support M0). 2.10.3 Réaction au feu des matériaux Dans la construction, seuls les matériaux M0, M1 et M2 sont autorisés. Les matériaux M3 sont toutefois acceptés pour les blocs-portes, les parquets collés en bois et les revêtements de sol. Les papiers collés et les peintures appliqués
sur les parois verticales incombustibles peuvent être autorisés sans restriction. Dans les autres cas, les revêtements (essayés sur support M0) doivent être M0, M1 ou M2. De plus, le potentiel calorifique ne doit pas dépasser: - 21 MJ/m² (1,24 kg de bois/m²) pour les revêtements M1, - MJ/m² (0,12 kg de bois/m²) pour les revêtements M2. Ces limitations de potentiel calorifique ne s’appliquent pas aux locaux des compartiments protégés en totalité par une installation fixe d’extinction automatique à eau. Cas particuliers des escaliers, couloirs, halls et cuisines collectives : Dans ces cas sensibles, les revêtements des parois latérales doivent toujours être M0 afin de ne pouvoir générer le moindre risque fumigène lors de l’évacuation des occupants. 2.11 Dégagements Les dégagements comprennent les escaliers et leurs dispositifs d’accès, les ascenseurs et leurs paliers, les circulations horizontales mettant en communication ces différents dégagements ou deux compartiments. Les dégagements doivent avoir des largeurs offrant au moins deux unités de passage (1,40m) ; Les dégagements doivent être conformes, en outre, aux dispositions des règles de sécurité applicables aux établissements recevant du public, si elles ne sont pas atténuantes aux dispositions du règlement des IGH. 195
L’accès utilisable par les services publics de secours et de lutte contre l’incendie doit être signalé et balisé. Tous les locaux recevant plus de vingt personnes doivent être desservis par deux sorties distinctes de 5m l’une de l’autre. 2.11 .1 Escaliers Les escaliers desservant les étages, d’une part, et les niveaux inférieurs, d’autre part, doivent s’arrêter au niveau le plus élevé d’accès des piétons. Aucune communication ne doit exister entre les volumes de ces escaliers. A ce niveau, une sortie directe doit correspondre à chacun des escaliers de l’immeuble, sauf lorsque ces escaliers débouchent sur un hall s’ouvrant largement sur l’extérieur. A chaque niveau, les dispositifs d’accès aux escaliers sont reliés par une circulation horizontale commune. L’accès utilisable par les sapeurs-pompiers est signalé et balisé. La distance maximale, mesurée dans l’axe des circulations à partir de la porte d’un local situé en cul-de-sac jusqu’à l’embranchement de deux circulations menant chacune à un escalier, ne doit pas excéder 10 mètres. Les escaliers doivent être à plus de 10 mètres et à moins de 30 mètres l’un de l’autre. Ces escaliers sont à volées droites. Ces distances sont mesurées dans l’axe des circulations entre les dispositifs d’accès aux escaliers. Dans le cas de pluralité de cheminements l’un d’eux au moins doit être inférieur à 30 mètres. Dans le cas de circulations verticales réunies 196
dans un noyau central, les dispositifs d’accès aux escaliers, dans tous les compartiments, doivent se trouver sur deux faces opposées du noyau. Dans le cas d’escaliers extérieurs au corps du bâtiment, leurs parois, peuvent ne pas être coupe-feu de degré deux heures mais doivent les protéger des flammes, des fumées, ainsi que des intempéries. Si les conditions atmosphériques locales ne s’y opposent pas, ces escaliers peuvent être à l’air libre. Dans ce cas, un des côtés au minimum doit être entièrement ouvert sur l’extérieur, d’une largeur au moins égale à deux fois celle de la volée et se trouver à 2 mètres au moins des baies de l’immeuble. Afin de définir les dégagements des locaux de l’immeuble, l’effectif des personnes qui sont admises dans ces locaux est déterminé, par type d’activité, suivant les dispositions particulières des établissements recevant du public. Cependant, pour les locaux où sont exercées des activités réservées au personnel des entreprises installées dans l’immeuble et à leurs invités exceptionnels (à titre privé ou professionnel) lorsqu’ils sont accompagnés, il est admis que l’effectif puisse faire l’objet d’une déclaration du chef d’établissement. 2.11 .2 Dispositifs d’intercommunication : Les communications d’un compartiment à un autre et avec des escaliers doivent être assurées par des dispositifs CF de degré deux heures et pouvant être franchis par des personnes isolées, sans mettre en communication directe l’atmosphère des deux compartiments.
Un dispositif d’intercommunication entre deux compartiments relie deux circulations horizontales communes. Les dispositifs doivent, en outre, être étanches aux fumées en position de fermeture, permettre l’élimination rapide des fumées introduites pendant les passages à partir du compartiment sinistré et, même lorsqu’ils sont utilisés pour un passage continu et prolongé de personnes, empêcher l’envahissement par les fumées de la partie non sinistrée. Lors du fonctionnement du désenfumage, les dispositifs d’intercommunication entre compartiments sont toujours en surpression. Les portes des dispositifs peuvent ne comporter qu’une unité de passage. Cette dérogation n’est pas applicable aux dispositifs de sortie des escaliers situés au niveau d’accès des piétons. Les dispositifs d’intercommunication ont une surface de 3 m² au moins et de 8 m² au plus. Ils ne comportent que deux blocs-portes; le cheminement entre les deux blocs-portes est de 1,40 mètre de long au moins et est dépourvu de tout obstacle. Tout volet ou trappe d’accès aux gaines ou conduits sont interdits, à l’exception des colonnes sèches ou en charge, des volets des conduits de désenfumage et des canalisations électriques ou téléphoniques propres aux dispositifs. Les qualités de résistance au feu des blocs portes, nécessaires pour obtenir le degré coupe-feu imposé par le paragraphe 1 au dispositif de franchissement, doivent être adaptées au système de désenfumage choisi.
Elles sont définies par l’instruction technique relative au désenfumage dans les immeubles de grande hauteur. Lorsque les dispositifs d’intercommunication donnent accès aux escaliers, leurs portes : - s’ouvrent dans le sens de la sortie vers l’escalier ; - sont équipées d’un ferme-porte ; - portent une plaque signalétique mentionnant exclusivement « Porte coupe-feu. A maintenir fermée », en lettres blanches sur fond rouge. Cette plaque est fixée sur chaque porte, côté circulation horizontale, d’une part, côté intérieur du dispositif pour la porte donnant accès à l’escalier, d’autre part. Lorsque les dispositifs font communiquer deux compartiments à un même niveau, leurs portes sont : - soit maintenues fermées en position normale et équipées d’un ferme-porte ; - soit à fermeture automatique et les portes sont traitées en DAS communs ; Elles s’ouvrent vers l’intérieur du dispositif et portent la plaque signalétique décrite à l’alinéa ci-dessus sur la face extérieure de chaque porte du dispositif. Pour des impératifs d’exploitation, l’intercommunication entre deux compartiments situés sur un même niveau peut être réalisée par une baie. Cette dérogation est subordonnée au respect des dispositions suivantes : - la baie est équipée d’un dispositif à fermeture automatique coupe-feu de degré deux heures et traité en DAS commun. - si le dispositif ne peut être manoeuvrable à la main lorsqu’il est fermé, la baie est doublée, 197
à proximité immédiate, par un dispositif de franchissement ; - les deux compartiments reliés sont équipés d’un système d’extinction automatique de type sprinkleur conforme aux dispositions des articles MS du règlement de sécurité des établissements recevant du public ; - une plaque signalétique portant la mention : « Dispositif coupe-feu. Ne mettez pas d’obstacle à la fermeture », en lettres blanches sur fond rouge, est apposée bien en évidence, à proximité de la baie, dans chaque compartiment. Cette dérogation n’est admissible qu’au niveau d’accès aux piétons et aux deux niveaux voisins situés l’un au-dessus et l’autre au-dessous ; par contre, elle est admissible à tous les niveaux réservés aux parcs de stationnement. Remarque: Contrairement aux ERP, la largeur des escaliers est constante quel que soit le niveau desservi. En effet, seule la population du niveau sinistré évacue par les escaliers pour rejoindre un ou deux niveaux immédiatement inférieurs, alors que dans les ERP, en général, l’ensemble des occupants doit évacuer l’immeuble (sauf cas particulier du type U). 2.11.3 Circulations horizontales communes Les circulations horizontales communes sont encloisonnées par des parois verticales et horizontales coupe-feu de degré une heure ne comportant pas de volume de rangement ouvrant dans les circulations. Les blocs-portes de ces parois sont pare-flammes de degré une demi-heure et équipés de ferme-porte. Les 198
trappes de visite des plénums restituent un coupefeu de degré une heure et doivent être maintenues fermées. Les circulations horizontales communes doivent avoir une largeur de 1,40m au minimum. Une circulation horizontale privative est obligatoire dans une surface paysagère de plus de 300 m2 ; Les distances maximales à parcourir par les occupants en fonction des types d’IGH: 30 m en général; 20 m en GHA, GHO ; 35 m en GHU, GHW. 2.12 Désenfumage des circulations horizontales Le désenfumage, en cas d’incendie, revêt une importante considérable dans les IGH. Il y a lieu de distinguer le désenfumage normal et le désenfumage de secours. 2.12.1 Désenfumage normal Il intéresse les circulations horizontales communes qui sont encloisonnées. Le système de désenfumage doit être mis en route automatiquement, dans le compartiment sinistré, par asservissement à la détection automatique d’incendie située en plafond des couloirs. Le désenfumage des circulations horizontales communes est réalisé conformément à l’instruction technique relative au désenfumage dans les immeubles de grande hauteur. Les locaux d’une superficie supérieure à 300 m² sont désenfumés dans les conditions
prévues dans l’instruction technique n° 246. 2.12.2 Désenfumage de secours Afin de permettre l’évacuation des fumées et gaz chauds du compartiment sinistré lorsque le système de désenfumage mécanique ne fonctionne plus ou est devenu insuffisant, des ouvrants en façade sont prévus à chaque niveau dans les immeubles qui ne comportent pas de châssis mobiles susceptibles d’assurer la même fonction. Le désenfumage de secours présente les caractéristiques suivantes : - les ouvrants, au nombre d’au moins un par fraction de 300 m2de surface de compartiment, ont une surface unitaire d’un mètre carré minimum ; - chaque compartiment ou niveau comporte au moins quatre ouvrants judicieusement répartis qui ne peuvent donc tous se trouver sur la même façade ; - la commande d’ouverture des ouvrants est facilement accessible aux services publics de secours et de lutte contre l’incendie ; - l’ouverture des ouvrants s’effectue par un des moyens suivants : - une ou deux poignée(s) ; - un dispositif de commande manuelle (DCM). Chaque cage d’escalier comporte à sa partie supérieure un exutoire, d’une surface libre d’un mètre carré, permettant l’évacuation des fumées et s’ouvrant sur l’extérieur. Son ouverture est exclusivement télécommandée par une action manuelle à partir du poste central de sécurité incendie de l’immeuble.
La commande est uniquement réservée aux sapeurs-pompiers. Un contrôle de position de l’exutoire est installé dans le poste de sécurité incendie. 2.13 Ascenseurs et monte-charge Les ascenseurs et monte-charge, et d’une façon générale, tous les appareils élévateurs mettant en liaison deux ou plusieurs niveaux doivent être établis conformément aux normes en vigueur et aux dispositions des règles prescrites ci-dessus : En complément de ces dispositions, les déformations des guides et la température à l’intérieur des cages doivent être compatibles avec le fonctionnement sûr des ascenseurs et monte-charge pendant deux heures d’un feu évoluant selon le programme thermique normalisé. Pour ce faire, les parois des cages d’ascenseurs doivent être telles que soumises au programme thermique précité, la température de leur paroi intérieure n’excède pas 70 °C au bout de deux heures. Excepté pour les ascenseurs comportant le dispositif d’appel prioritaire, les cabines d’ascenseurs doivent être équipées d’un dispositif de commande accompagnée fonctionnant à l’aide d’une clé. Un nombre de clés suffisant et d’un modèle unique est tenu au poste central de sécurité à la disposition éventuelle du directeur de secours. Les ascenseurs ainsi que les monte-charge accompagnés doivent déboucher, dans tous les cas, sur des circulations horizontales communes et leur accès doivent être protégés 199
en cas d’incendie selon les dispositions des règles ci-dessous. 2.13. 1 Protection de la cage et des accès La cage de l’ascenseur et monte charge doit être CF° 2 h et ses dispositifs d’intercommunication avec les couloirs doivent être réalisés au moyen de portes CF° réalisant une durée totale CF° 2 h. Ces portes automatiques sont asservies à une double détection: ionique (couloirs) et thermique (au-dessus des portes). Une plaque signalétique bien visible rappelle la nécessité de laisser libre de tout obstacle le dégagement nécessaire au fonctionnement des portes coupe-feu à fermeture automatique. L’inscription est en lettres blanches sur fond rouge. Les dispositifs de fermeture des paliers de desserte quand ils existent et les portes d’ascenseurs et monte-charge ne doivent ni recouper ni rétrécir les circulations horizontales communes du compartiment. Les gaines d’ascenseur sont désenfumées par extraction dans les conditions prévues par l’instruction technique n° 246, relative au désenfumage dans les établissements recevant du public lorsque : - soit la puissance électrique totale installée en gaine est supérieure à 40 kVA ; - soit la gaine d’ascenseur abrite une machine contenant de l’huile, un réservoir d’huile ou des vérins. La commande du dispositif de désenfumage de la gaine d’ascenseur se produit automatiquement au moyen de détecteurs d’incendie disposés en partie inférieure 200
et supérieure de la gaine. La commande automatique est doublée par une commande manuelle. Une gaine peut abriter trois cages d’ascenseurs au maximum. 2.13.2 Dispositif non-stop Au moment du sinistre, les détecteurs situés en plafond des couloirs doivent interdire tout arrêt des cabines d’ascenseurs et de monte-charge au niveau sinistré, afin de ne pas risquer de véhiculer le moindre effluent du feu aux autres niveaux. 2.13.3 Dispositifs favorisant l’intervention des sapeurs-pompiers Les pompiers peuvent accéder directement à chaque niveau de chaque compartiment non sinistré au moyen d’au moins deux ascenseurs à dispositif d’appel prioritaire pompiers. Le cheminement emprunté par les pompiers pour atteindre les accès aux ascenseurs depuis les voies engins: -présente une largeur de deux unités de passage au moins - est d’une longueur ne dépassant pas 50 mètres. 4.2.14 Installations électriques de sécurité Ce sont les installations dont le maintien en service est indispensable pour assurer la sécurité des personnes en cas de sinistre ou en cas de défaillance des sources normales pour certains types d’IGH. Elles comprennent: Les équipements situés dans les compartiments dont le maintien en service est indispensable pendant toute la durée du sinistre, à savoir: les télécommunications de l’immeuble (téléphones, interphones, reliés au PC
sécurité) ; les ascenseurs nécessaires aux sapeurspompiers pour leur permettre de gagner le niveau N - 1 ou N - 2 au dessous du plan du feu situé, lui, au niveau N ; l’éclairage de balisage des circulations horizontales et verticales; le désenfumage mécanique des couloirs; les moyens hydrauliques: robinets d’incendie armés (RIA), suppresseurs des colonnes humides, réservoirs d’eau de 120 m3, pompes d’exhaure, etc. ; la ventilation mécanique des locaux des transformateurs si elle existe. Les équipements situés dans les compartiments dont le maintien en service n’est nécessaire qu’au début du sinistre: les détecteurs et leurs alarmes associées; les volets de désenfumage ; les significations de positionnement des volets de désenfumage précités et des portes coupefeu des ascenseurs interdisant tout accès aux cabines au niveau sinistré. Les installations nécessaires au démarrage des groupes électrogènes constituant les sources de remplacement en cas de défaillance des sources normales de démarrage de ces groupes. 2.15 Moyens de secours 2.15. 1 Système de sécurité incendie : §1- Les immeubles de grande hauteur sont équipés d’un système de sécurité incendie (SSI) de catégorie A (option IGH) comportant exclusivement des zones de détection automatique.
§2- Les dispositifs et équipements constituant le SSI répondent aux dispositions du règlement de sécurité des établissements recevant du public. §3- Les parois des cheminements et volumes techniques protégés contenant les canalisations et les matériels appartenant au système de sécurité incendie sont coupe-feu de degré deux heures. Toutefois, la paroi d’un cheminement technique protégé peut être coupe-feu de degré une heure si elle se trouve dans un volume technique protégé. Les éventuelles trappes d’accès des cheminements et les blocs-portes des volumes techniques protégés sont coupe-feu de degré une heure, munies d’un ferme-porte. §4- Les détecteurs d’incendie sont implantés : - dans les circulations horizontales communes; - dans les circulations horizontales privatives ; - dans les locaux ou volumes visés dans les dispositions du présent règlement de sécurité ; - dans tous les locaux à risques particuliers définis au règlement de sécurité des établissements recevant du public. § 5. La zone de diffusion d’alarme est limitée à un compartiment. § 6. La sensibilisation d’un détecteur entraîne automatiquement et sans temporisation le scénario de mise en sécurité pour le seul compartiment concerné. Ce scénario est adapté selon les cas suivants : 6.1. Détection dans une circulation horizontale commune : - déclenchement de l’alarme restreinte au poste central de sécurité incendie ; 201
- arrêt de la climatisation ou de la ventilation lorsqu’elle est propre au compartiment, ainsi que tout autre arrêt d’installation technique jugé nécessaire. a) Fonction évacuation : - alarme générale ; l’alarme sonore devant être audible dans le seul compartiment sinistré et de tout point de ce compartiment ; - déverrouillage des portes des sorties de secours situées au niveau d’évacuation des occupants sur l’extérieur ; - déverrouillage des portes destinées à l’accès des services publics de secours et de lutte contre l’incendie ; - déverrouillage des dispositifs de contrôle d’accès. b) Fonction compartimentage : - fermeture de l’ensemble des dispositifs actionnés de sécurité (clapets, portes, trappes à fermeture automatique des gaines de monte-courrier ou de transport mécanisé de documents ou autres objets...) ; - non arrêt des cabines d’ascenseurs et de monte-charges dans le compartiment concerné ; - départ immédiat de tout ascenseur ou montecharges stationnant dans le compartiment concerné. c) Fonction désenfumage : - mise en surpression des cages d’escalier encloisonnées ; - désenfumage ou mise en surpression des dispositifs d’intercommunication; - désenfumage des circulations horizontales communes concernées. Lorsqu’un compartiment comprend plusieurs 202
niveaux, la fonction désenfumage n’est activée qu’au niveau où la détection incendie a été sensibilisée. 6.2. Détection dans une circulation horizontale privative : Le scénario de mise en sécurité est identique à celui prévu au paragraphe 6.1 ci-avant, à l’exception de la fonction désenfumage. 6.3 Détection dans un local ou volume défini par les dispositions du présent règlement du sécurité : Déclenchement de l’alarme restreinte au poste central de sécurité incendie et des asservissements propres à ce local ou volume. § 7. La sensibilisation d’un détecteur dans un compartiment autre que celui au sein duquel le processus de mise en sécurité est actionné y entraîne : - s’il dispose d’un réseau de désenfumage différent, les automatismes définis aux paragraphes 6.1, 6.2 ou 6.3 selon le cas ; - s’il dispose du même réseau de désenfumage, les automatismes définis aux paragraphes 6.1 à l’exception du désenfumage, 6.2 ou 6.3 selon la localisation du détecteur d’incendie sensibilisé. 2.15.2 Système d’alerte Des téléphones ou interphones doivent être placés dans les circulations communes de chaque niveau, de façon à ce que l’on puisse transmettre l’alerte au PC sécurité qui préviendra ensuite les sapeurs-pompiers.
2.15.3 Moyens de lutte contre l’incendie § 1. Des extincteurs portatifs appropriés aux risques, conformes aux dispositions du règlement de sécurité des établissements recevant du public sont installés près des dispositifs d’accès aux escaliers et, le cas échéant, près des dispositifs d’intercommunication entre compartiments. Ils sont également placés à tous les niveaux des immeubles, à proximité des accès aux locaux présentant des dangers particuliers d’incendie. Des extincteurs de 6 litres à eau pulvérisée sont judicieusement répartis, avec un minimum d’un appareil par 200 m² et un minimum de deux appareils par compartiment et par niveau. § 2. Il y a à chaque niveau autant de robinets d’incendie armés DN 25/8 que d’escaliers. Les robinets d’incendie armés, conformes aux dispositions du règlement de sécurité des établissements recevant du public, sont toujours installés dans les circulations horizontales communes, à proximité et hors des dispositifs d’accès aux escaliers. Ils ne doivent jamais se trouver sur les paliers d’ascenseurs qui peuvent être isolés par des portes coupefeu au moment du sinistre. Ils sont disposés de telle façon que toute la surface des locaux puisse être efficacement atteinte par un jet de lance. Ces robinets d’incendie armés peuvent être alimentés par les colonnes en charge. La pression minimale au robinet d’arrêt du robinet d’incendie armé le plus défavorisé est de 4 bars en régime d’écoulement. § 3. Un système d’extinction automatique du type sprinkleur respectant les dispositions du règlement de sécurité des établissements
recevant du public est installé dans les compartiments et locaux visés par le présent règlement. L’alimentation d’un de ce système à partir des colonnes en charge peut être autorisée sous réserve que les débits et pressions soient conservés lors de leur fonctionnement. Toutefois, si le système d’extinction automatique de type sprinkleur couvre l’ensemble de l’immeuble, il dispose d’une alimentation indépendante. § 4. Les autres moyens de lutte utilisés en complément des moyens indiqués ci-dessus sont conformes aux prescriptions du règlement de sécurité des établissements recevant du public. 4.2.15.4 Les colonnes sèches : § 1. Les immeubles de hauteur inférieure ou égale à 50 mètres sont équipés sur toute leur hauteur de colonnes sèches. § 2. Il y a une colonne sèche de diamètre nominal 100 millimètres par escalier ; cette colonne sèche comporte : - deux raccords d’alimentation de 65 millimètres placés à proximité des accès utilisables par les services d’incendie et de secours et dont les zones respectives de desserte sont clairement indiquées ; - une prise simple de 65 millimètres et deux prises simples de 40 millimètres situées dans les dispositifs d’intercommunication à chaque niveau. 4.2.15.5 Les colonnes humides : § 1. Les immeubles d’une hauteur supérieure à 50 mètres sont équipés sur toute leur hauteur de colonnes en charge. 203
§ 2. Elles ne doivent pas être exposées au risque de gel, et sont situées dans chaque escalier. Toutefois, une colonne en charge peut être commune à un escalier desservant les niveaux en infrastructure et un escalier desservant les niveaux en superstructure s’ils sont superposés. Elles comportent une prise simple de 65 millimètres et deux prises simples de 40 millimètres situées dans les dispositifs d’intercommunication à chaque niveau. § 3. Leur dispositif d’alimentation (réservoirs en charge, surpresseurs, pompes, etc.) assure en permanence, à l’un quelconque des niveaux et dans chaque colonne, un débit de 1 000 litres par minute sous une pression comprise entre 7 et 9 bars. § 4. Les réservoirs ont une capacité telle que 120 m3 au moins soient exclusivement réservés au service d’incendie. Ils sont alimentés en permanence par les moyens propres à l’immeuble, avec un débit minimal de 1 000 litres par minute. § 5. Lorsque les réservoirs sont placés en partie basse d’un immeuble, chaque colonne en charge est alimentée de manière indépendante à partir du collecteur ou de la nourrice situé en aval des surpresseurs. § 6. Chaque colonne en charge comporte deux raccords d’alimentation de secours de 65 millimètres et placés à proximité des accès utilisables par les services publics de secours et de lutte contre l’incendie et dont les zones respectives de desserte sont clairement indiquées. 2.15.6 Equipements visant à favoriser 204
l’action des sapeurs pompiers : § 1. Tout immeuble de grande hauteur dispose d’un poste central de sécurité incendie (PCS) à usage exclusif des personnels chargés de la sécurité incendie. Le PCS : - est aménagé au niveau et à proximité de l’accès des services publics de secours et de lutte contre l’incendie ; - présente une surface d’au moins 50 m2, hors base de vie ; - est constitué de parois coupe-feu de degré une heure et de blocs-portes pare-flammes de degré une demi-heure - dispose des installations permettant notamment au service de sécurité incendie et d’assistance à personnes d’assurer ses missions de surveillance. Dans le cas où les accès et sorties de l’immeuble de grande hauteur sont tous verrouillés, un interphone permet aux services publics de secours et de lutte contre l’incendie de contacter les personnels du PCS depuis l’accès qui leur est habituellement réservé. § 2. Les dispositifs d’intercommunication avec les escaliers et les compartiments comportent: a) Le numéro de l’étage, inscrit sur la porte de l’escalier donnant accès à chaque niveau, côté escalier. b) Un plan du niveau qui indique notamment : - le repérage du dispositif d’accès où le plan est affiché ; - la distribution générale du niveau ; - l’emplacement des ouvrants de désenfumage et de leurs commandes d’ouverture ainsi que
des dispositifs d’évacuation d’eau ; - l’emplacement des moyens de secours, des vannes d’arrêt et du téléphone d’alerte. § 3. Le service de sécurité incendie et d’assistance à personnes doit pouvoir mettre à la disposition des services publics de secours et de lutte contre l’incendie, au moment du sinistre, le matériel et les documents suivants : - quatre appareils émetteurs-récepteurs radio au moins, pour l’ensemble de l’immeuble. Le fonctionnement de ces derniers est possible dans la totalité de l’immeuble de grande hauteur ; - les commandes d’ascenseur; - des plans détaillés de l’immeuble. 3 Les IGH - Dispositions Complémentaires: 3.1 Immeuble de grande hauteur abritant plusieurs classes d’activités : §1- Le classement d’un immeuble abritant des classes d’activités différentes est effectué en retenant l’usage principal de l’immeuble. Le ou les autre(s) usages sont précisés. Dans ce cas, les dispositions générales s’appliquent ainsi que les dispositions particulières à chaque classe d’immeuble dans chacune des parties concernées. §2- Ne sont pas considérés comme faisant partie de l’immeuble, les volumes situés en partie basse de cet immeuble qui répondent aux conditions d’indépendance et aux mesures de sécurité fixées dans le présent chapitre. §3- Ces volumes peuvent comporter des établissements recevant du public s’ils sont aménagés sur trois niveaux consécutifs, dont l’un est obligatoirement un niveau d’accès des
engins des services publics de secours et de lutte contre l’incendie. 3.2- Indépendance des volumes situés dans l’emprise d’un immeuble de grande hauteur 3.2.1- Isolement par rapport à l’IGH: § 1. Les parois et planchers séparant les volumes situés dans l’emprise d’un Immeuble de grande hauteur et un immeuble de grande hauteur sont coupe-feu de degré trois heures. Les éléments porteurs de l’immeuble de grande hauteur traversant ces volumes sont stables au feu de degré trois heures. § 2. Une seule communication est autorisée avec l’immeuble de grande hauteur, au moyen d’un dispositif d’intercommunication coupe-feu de degré trois heures, muni de deux blocsportes coupe-feu de degré une heure, équipés d’un ferme-porte. Le dispositif d’intercommunication est en surpression en cas d’incendie. Le système de détection incendie de l’immeuble de grande hauteur comprend un détecteur qui commande la fermeture des portes du dispositif d’intercommunication et sa mise en surpression, situé à l’intérieur du volume tiers, à proximité immédiate du dispositif d’intercommunication. § 3. Le C+D entre ces volumes et les parties de l’immeuble de grande hauteur qui les dominent est supérieur à 1,50 mètre et la toiture de ces volumes est réalisée en éléments de construction stables au feu et pare-flammes de degré deux heures jusqu’à une distance de 8 mètres mesurée horizontalement à partir de la façade de l’immeuble de grande hauteur. 205
3.2.2 - Isolement entre les établissements recevant du public situés à l’intérieur des volumes situés en partie basse de cet immeuble qui répondent aux conditions d’indépendance et aux mesures de sécurité fixées dans le présent réglement : § 1. Les parois séparant deux ou plusieurs établissements recevant du public contigus situés à l’intérieur des volumes sont coupe-feu de degré trois heures. § 2. Aucune communication directe ou indirecte n’est autorisée entre eux. § 3. Ils possèdent des installations techniques et des moyens de secours totalement indépendants de ceux de l’immeuble de grande hauteur. Ils sont entièrement protégés par un système d’extinction automatique de type sprinkleur. Chaque établissement est doté d’un système d’alarme. Un report d’informations peut être installé dans le poste central de sécurité incendie de l’immeuble de grande hauteur. 3.3. Mesures visant les locaux et les établissements recevant du public ou autres, non indépendants, situés dans un immeuble de grande hauteur : § 1. Sont visés dans ce chapitre les locaux abritant des activités associées au fonctionnement normal de l’immeuble de grande hauteur destinées ou réservées en priorité aux occupants ainsi que les établissements recevant du public. § 2. L’effectif des occupants est déterminé conformément aux dispositions du règlement 206
de sécurité des établissements recevant du public. Lorsque le maître d’ouvrage ou le propriétaire peut recourir à une déclaration d’effectif, celle-ci précise la capacité maximale d’accueil par compartiment. § 3. Les dispositions du règlement de sécurité contre les risques d’incendie et de panique dans les établissements recevant du public non contraires au présent règlement sont applicables aux locaux et établissements définis au paragraphe 1 cidessus lorsque les activités exercées dans ces locaux et établissements n’entraînent pas une densité d’effectif par compartiment supérieure à celle précisée le présent règlement. §4. Lorsque les activités exercées dans ces locaux et établissements entraînent une densité d’effectif par compartiment supérieure à celle précisée dans le présent règlement, leur implantation est réalisée : *soit sur trois niveaux successifs dont l’un est obligatoirement un niveau d’accès piétons, en respectant les conditions suivantes : - l’accès à ces locaux ou établissements est réalisable depuis deux points différents de la circulation horizontale commune, ces dégagements sont pris en compte dans le nombre de dégagements exigibles ; - leurs dégagements sont conçus selon les dispositions du règlement de sécurité des établissements recevant du public. Les unités de passages et les sorties nécessaires en complément de celles mentionnées au tiret précédent sont indépendantes et déboucher directement sur l’extérieur ; - un système d’extinction automatique du type
sprinkleur est mis en place dans la totalité des locaux; - une installation de robinets d’incendie armés est réalisée conformément aux dispositions du règlement de sécurité des établissements recevant du public. *soit à un autre niveau que ceux définis cidessus, en respectant les conditions suivantes: a) Lorsque l’effectif du compartiment où se trouvent ces locaux ou établissements est inférieur ou égal à 250 personnes : - leur surface hors oeuvre nette ne peut dépasser 500 m2 ; - la charge calorifique ne doit pas dépasser 480 MJ/m2 en moyenne dans les compartiments concernés ; - si des risques particuliers d’incendie existent, une installation d’extinction automatique de type sprinkleur est prescrite. b) Lorsque l’effectif du compartiment où se trouvent ces locaux ou établissements est supérieur à 250 personnes : - Le nombre des occupants ne doit pas excéder, même exceptionnellement, 500 personnes. - les niveaux où sont installés ces locaux ou établissements sont espacés les uns des autres par au moins dix niveaux ; - un escalier supplémentaire de deux unités de passage au moins et répondant aux dispositions du présent règlement, dessert chacun des niveaux où sont aménagés ces locaux ou établissements. Cet escalier peut cependant ne desservir que les deux niveaux situés immédiatement au-dessous du niveau visé. Si ces locaux ou établissements sont
aménagés aux deux niveaux les plus élevés de l’immeuble, ils peuvent atteindre une surface hors oeuvre nette de 1 000 m2 par compartiment. Le nombre maximum d’occupants reste fixé à 500 personnes. Dans ces mêmes locaux ou établissements, l’escalier supplémentaire prévu ci-dessus n’est pas exigé, s’il existe, au niveau intéressé, une terrasse non couverte de surface hors oeuvre nette au moins égale à celle de l’établissement ou du local considéré, permettant d’évacuer les occupants par les deux escaliers normaux de l’immeuble. 4 Les IGH - Dispositions particulières 4.1 Immeubles à usage d’habitation (GHA) 4.1.1 Encloisonnement : Chaque appartement est séparé des locaux voisins et des circulations horizontales communes par des éléments coupe-feu de degré une heure. Les blocs-portes des appartements donnant sur les circulations horizontales communes sont pare-flammes de degré une heure et équipés d’un ferme-porte. 4.1.2 Distance maximale d’évacuation : La distance séparant une porte d’appartement de l’entrée du dispositif d’accès à l’escalier le plus proche, mesurée dans l’axe des circulations, est au maximum de vingt mètres. 4.1.3 Locaux à fort potentiel calorifique Les caves et les celliers sont recoupés par zones de 500 m² délimitées par des parois CF° 2 h. Le désenfumage des couloirs internes à 207
ces zones n’est pas exigé. 4.1.4 Moyens de secours et éclairage de sécurité Les dispositifs sonores destinés à l’alarme sont également obligatoires dans chaque logement. Les RIA ne sont pas obligatoires. L’éclairage de sécurité n’est pas exigé à l’intérieur des logements.
installés au moins dans chaque chambre, dans les locaux recevant plus de dix-neuf personnes et dans les circulations horizontales communes. La sensibilisation d’un détecteur automatique d’incendie dans une chambre entraîne le seul déclenchement de l’alarme restreinte au poste central de sécurité incendie.
4.2 Immeubles à usage d’hôtel (GHO) 4.2.1 Encloisonnement : Chaque chambre d’hôtel et chaque local de service est séparé des locaux voisins et des circulations horizontales communes par des éléments coupe-feu de degré une heure. Les blocs-portes des chambres sont pare-flammes de degré une heure et munies de ferme-portes.
4.2.5 Plans et consignes : Dans les locaux occupés par le public et, en particulier, dans les chambres, un plan sommaire indique la ou les directions à prendre en cas d’évacuation du compartiment. Ce plan est accompagné de consignes simples sur la conduite à tenir en cas d’incendie ou de diffusion du signal d’alarme. Conduite à tenir en cas d’incendie En cas d’incendie dans votre chambre, Si vous ne pouvez maîtriser l’incendie : - gagnez l’escalier en refermant bien la porte de votre chambre et en suivant le balisage ; - prévenez la réception. En cas de diffusion du signal d’alarme, Si le couloir est praticable : - gagnez l’escalier en refermant bien la porte de votre chambre et en suivant le balisage. Si la fumée rend le couloir ou l’escalier impraticable : - restez dans votre chambre ; - manifestez votre présence en attendant l’arrivée des pompiers. Nota. - Une porte mouillée et fermée, rendue étanche par des moyens de fortune (linges humides), protège longtemps
4.2.2 Distance maximale d’évacuation : La distance séparant une porte d’appartement ou de chambre de l’entrée du dispositif d’accès à l’escalier le plus proche ou au compartiment voisin, mesurée dans l’axe des circulations horizontales communes, est au maximum de vingt mètres. 4.4.2.3 Accès des sapeurs pompiers : Pour accéder aux ascenseurs prioritaires, les pompiers doivent pouvoir utiliser une entrée signalée et distincte des accès réservés au public. 4.2.4 Moyens de secours Des détecteurs automatiques d’incendie sont également implantés dans les chambres. Les diffuseurs d’alarme sont 208
4.3 Immeubles à usage d’enseignement (GHR) 4.3.1 Densité d’occupation La densité peut atteindre 2 personnes pour 10m². Les locaux d’internat sont interdits dans les immeubles de grande hauteur de classe R. 4.3.2 Encloisonnement : Chaque compartiment doit être recoupé en cellules de 500 m² délimitées par des parois CF° 1 h et des portes PF° 1/2 h munies de ferme portes. 4.3.4 Distance maximale d’évacuation : La distance mesurée dans l’axe des circulations de tout poste de travail ou de repos à l’entrée du dispositif d’intercommunication avec l’escalier le plus proche est au maximum de 35 mètres. 4.3.5 Escaliers Un troisième escalier établi dans les mêmes conditions dessert, à partir du niveau d’accès des piétons, tous les compartiments dont l’effectif des occupants peut dépasser une personne par dix mètres carrés de surface hors oeuvre nette. Les portes des dispositifs d’intercommunication avec les escaliers ont toujours une largeur d’au moins deux unités de passage (1,40). 4.4 Immeubles à usage de dépôt d’archives (GHS) La plupart des immeubles de ce type ne sont pas soumis aux règles de sécurité concernant
les I.GH. Le cas échéant, des mesures concernant la protection et le désenfumage des escaliers ainsi que la détection sont prises. 4.5 Immeubles à usage bureau (GHW) 4.5.1 Recoupement intérieur À chaque niveau, le volume occupé par des bureaux privatifs doit être recoupé au minimum une fois par des parois CF° 1h et des portes PF° 1/2 h. Les cloisons des couloirs peuvent comporter des parties verrières PF° 1 h à partir de 1 m au-dessus du plancher. 4.5.2 Distance maximale d’évacuation : La distance, mesurée dans l’axe des circulations, de tout poste de travail à l’entrée du dispositif d’accès de l’escalier le plus proche doit être au maximum de 35 mètres 4.5.3 Alarme : Les dispositifs sonores sont installés dans les locaux recevant au moins vingt personnes et dans les circulations horizontales communes et privatives. 4.6 Immeubles à usage d’habitation avec d’autres locaux et d’autres activités (GHZ) : § 1. L’aménagement dans un bâtiment d’habitation, dont le plancher bas du dernier niveau est situé à plus de 28 mètres et au plus à 50 mètres, de locaux affectés à une ou plusieurs des activités autorisées par les dispositions du présent règlement, a pour effet de le placer dans la catégorie des immeubles de grande hauteur. Il est alors de la classe Z. 209
§ 2. Toutefois, le bâtiment n’est pas considéré comme immeuble de grande hauteur dans les cas suivants : a) Les locaux sont affectés à une activité professionnelle et font partie du même ensemble de pièces que celles où se déroule la vie familiale. b) Les locaux sont affectés à des activités professionnelles de bureaux, ou constituent un établissement recevant du public dépendant d’une même personne physique ou morale et répondent simultanément aux conditions suivantes : - ils forment un seul ensemble de locaux contigus, d’une surface de 200 m2 au plus, pouvant accueillir moins de vingt personnes à un même niveau ; - ils sont isolés des autres parties du bâtiment par des parois coupe-feu de degré une heure et des blocs-portes, pare-flammes de degré une demi-heure. c) Les locaux sont affectés à des activités professionnelles de bureaux, ou constituent des établissements recevant du public de 5e catégorie qui répondent à l’ensemble des conditions suivantes : - le plancher bas du niveau le plus haut occupé par ces locaux est toujours situé à huit mètres au plus au-dessus du niveau du sol extérieur accessible aux piétons ; - chaque niveau occupé par ces locaux a au moins une façade en bordure d’une voie répondant aux caractéristiques définies dans le règlement relatif à la protection des bâtiments d’habitation contre l’incendie ; - ces locaux et leurs dégagements sont isolés 210
de la partie du bâtiment réservée à l’habitation par des parois coupe-feu de degré deux heures, sans aucune intercommunication. d) De même, l’aménagement d’un établissement recevant du public du type N sur les deux niveaux les plus élevés d’un immeuble à usage d’habitation de moins de 50 mètres de hauteur, n’a pas pour effet de classer cet immeuble dans la classe GHZ, si l’établissement considéré ne communique pas directement avec le reste de l’immeuble, est desservi par au moins deux escaliers protégés, de deux unités de passage et ne peut recevoir plus de 500 personnes. 4.8 Immeubles de très grande hauteur (ITGH) : 4.8.1 Généralités : Les dispositions de ce chapitre s’appliquent en complément et en aggravation des dispositions prévues aux autres chapitres du présent règlement de sécurité. 4.8.2 Structure : Les éléments de construction primaires porteurs sont stables au feu de degré trois heures. 4.8.3 Escaliers : Les gaines d’escaliers sont recoupées tous les 100 mètres de hauteur environ pour former des volumes en superposition. Le passage entre deux volumes successifs précités est réalisé à un même niveau par un dispositif d’intercommunication commun aux deux volumes. Ce dispositif
d’intercommunication permet également d’accéder à la circulation horizontale commune. 4.8.4 Ascenseurs prioritaires pompiers : §1- Chaque niveau de l’ITGH dispose d’un compartiment desservi par au moins trois ascenseurs « pompiers ». Ils respectent les conditions suivantes : - deux ascenseurs sont capables de desservir le niveau le plus élevé de l’immeuble depuis le niveau d’accès des secours dans un temps maximal de 60 secondes ; - le troisième ascenseur, permettant d’emporter une charge de 2 500 kg, est capable de desservir le dernier niveau dans un temps maximum de 120 secondes. § 2. Lorsque l’immeuble dispose de plusieurs compartiments par niveaux, la desserte de chaque niveau s’effectue selon les dispositions suivantes : - au moins un compartiment répond aux dispositions du § 1; - les autres compartiments disposent chacun de deux ascenseurs « pompiers »; le premier ascenseur le desservant depuis le niveau d’accès des secours dans un temps maximum de 60 secondes, le second ascenseur, permettant d’emporter une charge de 2 500 kg, le desservant dans un temps maximum de 120 secondes.
secours et de lutte contre l’incendie d’organiser et de gérer leurs moyens mis en oeuvre en cas d’incendie. Ce local a une surface d’au moins 150 m2 et dispose d’un moyen de liaison direct avec le poste central de sécurité incendie ainsi que d’une liaison téléphonique urbaine fixe. Un local identique à celui, appelé local de sécurité incendie avancé, est installé à un niveau situé sensiblement aux deux tiers de la hauteur de l’immeuble de très grande hauteur. Quelle que soit son utilisation en dehors des situations de crise, il peut être activé sans délai ni contrainte particulière dès que le responsable des pompiers en effectue la demande. Le cheminement permettant aux intervenants de rejoindre ce local depuis les escaliers et les ascenseurs est balisé.
4.8.5 Local de gestion d’intervention.– Local de sécurité incendie avancé : Un local de gestion d’intervention, contigu au poste central de sécurité incendie, est installé afin de permettre aux services publics de 211
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