Le skate-urbanisme: vers l'émancipation de l'espace urbain au centre ville de Tunis

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MINISTÈRE DE L’ENSEIGNEMENT SUPÉRIEUR ET DE LA RECHERCHE SCIENTIFIQUE

Ce mémoire témoigne d’une réflexion axée sur le skate-urbanisme et autour des potentialités spatiales de la pratique du skateboard au centre ville de Tunis. Il s’intéresse à appréhender les différentes dimensions du skate et à étudier ses

En réclamant la ville, le skateboard présente un prolongement d’une résistance urbaine et d’une culture alternative émergente. Le skateurbanisme propose d’exploiter cette informalité urbaine pour la transformer en un moteur de réactivation qui émancipe la ville et réinvestit ses espaces résiduels. Pour y aboutir, nos interventions urbaines et architecturales

cherchent

à

réconcilier

le

skateboard avec l’espace urbain et l’introduire dans les scènes quotidiennes. À travers une conception hybride et alternative, le centre ville de Tunis transcende son caractère formel et administratif et se réinvente en piste glissable à grande échelle.

MOTS CLÉS: Skate-urbanisme, résistance urbaine, culture alternative, espaces résiduels, émancipation, conception hybride.

| LE SKATE-URBANISME: VERS L’ÉMANCIPATION DE L’ESPACE URBAIN AU CENTRE VILLE DE TUNIS |

incidences tangibles et intangibles sur l’urbain.

ONS BEN JANNET

RÉSUMÉ

UNIVERSITÉ DE CARTHAGE ÉCOLE NATIONALE D’ARCHITECTURE ET D’URBANISME

M É M OIRE D’ ARCHIT E CT URE ÉL ABOR É P AR : O n s B e n Ja n n e t

LE SKATEURBANISME NOVE M B R E 2021

D I R EC TR I C E D E MÉMOI R E: M me E m n a B o u r a o u i

VERS L’ÉMANCIPATION DE L’ESPACE URBAIN AU CENTRE VILLE DE TUNIS

NOVEMBRE 2021


MINISTÈRE DE L’ENSEIGNEMENT SUPÉRIEUR ET DE LA RECHERCHE SCIENTIFIQUE UNIVERSITÉ DE CARTHAGE ÉCOLE NATIONALE D’ARCHITECTURE ET D’URBANISME

MÉMO I RE D ’ARC H I TEC TURE ÉLABORÉ PAR: Ons Ben J annet

LE SKATEURBANISME N OV E MBR E 2 0 21

VERS L’ÉMANCIPATION DE L’ESPACE URBAIN AU CENTRE VILLE DE TUNIS D IRECT RICE D E MÉMOIRE: M m e Emna Bouraoui


W O R K SMART N O T H A R D


DÉDICACE Ce mémoire est dédié à tous ceux qui ont été là pour me pousser vers mon plein potentiel.

À ma mère BOUTHAINA , pour ses sacrifices, et pour avoir implanté son appétit pour l’excellence dans mes gènes. À ma

ma

grand-mère

lionne,

pour

son

RAFIAA , amour

incomparable et incommensurable. Contre

vents

et

marées,

tu

as

toujours été ma forteresse. À mon frère AHMED , pour être la personne la plus enquiquinante de

ma

vie

et

pourtant

la

plus

attentionnée. À mon petit cercle de famille, pour avoir célébré mes succès et mes échecs. À mon meilleur ami MALEK , pour

son

soutien

constant,

ses

conseils inestimables, et son amour inconditionnel.

HOMMAGE notre chère professeur M

me

à

NADA

DHIFI , vous resterez toujours dans la rétine de notre mémoire.


REMERCIEMENT Je

tiens

à

exprimer

ma

sincère gratitude à ma directrice de mémoire M me EMNA BOURAOUI pour sa patience, sa disponibilité et son suivi minutieux. Je vous suis à jamais reconnaissante pour ce jour de ma première année où vous m’avez ouvert des portes dont j’ignorais l’existence et pour votre

motto d’« allez jusqu’au bout » qui a résonné dans mon subconscient le long de mon cursus. J’aimerai

Un énorme merci à ma seconde

aussi

remercier

‘ my

squad’ :

SALAH

(aka

les membres de GIRAFFE CREW et

MAKROUNA),

CHIHEB,

SHERAZADE,

tous les skateurs que j’ai interrogé,

KATER

notamment ACHREF BETTAIEB (aka

NADA, RYM , SHEFI et MARAM , pour

BATTA) , GHAZI JEBALI (aka GSTONE) et

leur présence, leur motivation et

AHMED KRICHEN (aka KRITCHO) qui

nos moments de joie partagée.

m’ont encouragé et m’ont aidé par

famille,

GHAIDA,

ISRAA,

OMAYMA,

leurs paroles, leurs critiques et leurs conseils pour mieux comprendre la pratique du skate à Tunis. Finalement, remercier pour

leur

les

je

membres

présence,

tiens

à

du

jury

pour

leur

lecture attentive de ce mémoire, ainsi

que

pour

les

remarques

qu’ils m’adresseront lors de cette soutenance afin d’améliorer mon travail.


I N T R O D U C T I O N G É N É R A L E Ces

dernières

années,

le

centre-ville de Tunis a été un lieu de

rassemblement,

de

résistance.

Entre

de

lutte

et

protestations

politiques et manifestations artistiques informelles, le centre ville évoque les défis du quotidien à l’égard d’un système répressif et devient ainsi une vitrine urbaine de ces actes de résilience. Les

activités

semblant

insurgées

«indésirables»

et sont

indéniablement ancrées dans la ville. Elles occupent et/ou s’approprient les

espaces

urbains

de

manière

inattendue en apportant à ces lieux de nouvelles significations et des fonctions imprévues. Elles

contribuent

à

exprimer

la

volonté des citoyens de déborder de la marge qui leur est imposée et à mobiliser l’action sur les problèmes politiques, économiques et sociaux urgents. L’une des principales formes de

la

résistance

urbaine

est

la

culture underground; elle représente un

mouvement

refusant

de

se

contre-culturel conformer

aux

normes communes. Elle continue à lutter contre sa répression et pour sa reconnaissance dans la société F.1|

Illustration – Skateboarding day, Lac0, Juin 2021 (TRAVAIL PERSONNEL)

comme un moteur nécessaire à la diversité et à la dynamique sociale.


Ceci

explique

l’émergence

d’actes informels et autonomes qui visent du

à

détourner

paysage

la

monotonie

dominant.

Les

utilisations improvisées des espaces urbains

sont

ainsi

devenues

une

méthode d’intervention en matière d’urbanisme et même de stratégies de développement. Témoin

d’une

manifestation

explosive de sa culture alternative, le centre ville de Tunis présente aujourd’hui une grande galerie à ciel ouvert.

Ses rues deviennent la

toile urbaine de ses graffeurs, ses monuments abandonnés l’abri de ses urbexers, ses parcs le terrain de ses skateurs, ses places la scène de ses musiciens et ses parkings le microcosme de ses habitants. Cette émergence est au centre de ce mémoire, car elle vise à proclamer la ville à l’artiste et l’art au citoyen. En donnant une plus grande flexibilité aux systèmes rigides de planification

urbaine,

la

culture

alternative confère à la ville son attractivité et lui ancre une nouvelle identité. Ceci urbaines

a à

incité

les

politiques

reconnaître

cette

culture et l’inclure dans les scènes quotidiennes par l’hybridation des espaces urbains.


PROBLÉMATIQUE Le

centre-ville

de

Tunis

représente pour ses artistes urbains le

cœur

battant

underground

d’une

florissante

scène

dont

les

racines se ramifient et s’étendent. Bien

qu’elle

soit

considérée

comme déviante pour certains, ses manifestations artistiques sont une forme

d’intervention

urbaine

qui

suscite une dynamique excentrique au sein de la ville à travers son occupation de l’espace. Étant

une

intrinsèquement skateboard

activité

urbaine,

connait

le

aujourd’hui

l’expansion de son royaume dans les villes européennes grâce au skateurbanisme. C’est

une

politique

urbaine

F.2|

Illustration – Skateboarding Session, Lac0, Juin 2021 (TRAVAIL PERSONNEL)

qui

vise à intégrer les sports urbains, notamment le skateboard, dans la ville et les inclure dans la planification urbaine

d’une

responsable.

façon Le

durable

et

skate-urbanisme

Dans

ce

cadre,

le

centre

ville de Tunis, un espace formel et administratif,

grouille

d’une

large

permet de discerner et d’articuler la

communauté d’artistes urbains et de

manière dont la structure dominante

jeunes skateurs. Habitant au centre

de la ville peut être appropriée et

ville ou venant des périphéries, ils se

détournée.

rassemblent, scrutent, parcourent et

Étant

le

terrain

idéal

pour

l’expérimentation et l’innovation des skateurs, la ville offre une multitude de

possibilités

pour

réinvestir

et

détournent la ville en reconfigurant ses éléments. Quoique l’hypercentre soit le foyer de la diversité sociale et de la

réapproprier l’espace urbain. En effet,

compréhension

Bordeaux, Barcelone et Copenhague

espaces semblent être monotones,

sont devenues des pistes glissables à

passifs et catégoriques, divisant ainsi

grande échelle.

les gens au lieu de les unir.

interculturelle,

ses


Son environnement témoigne d’une négligence et d’une incertitude vis à vis à ses espaces résiduels. Ces derniers

sont

perçus

comme

un

fardeau pour la ville et sont donc réutilisés comme des décharges ou des parkings.

Ainsi, on propose l’approche du

skate-urbanisme

comme

une

réponse urbaine et architecturale qui favorise la culture alternative et émancipe le centre ville de Tunis de son caractère administratif et terne.

Dans quelle mesure les actions de résistance urbaine peuventelles aboutir à une transformation substantielle des paysages urbains? Comment la pratique du skateboard peut-elle muter d’une transgression urbaine à un moteur actif pour réinvestir l’espace urbain? Quels sont les facteurs spatiaux motivants qui font du centreville de Tunis un environnement interpellé par sa communauté underground émergente? En s’appuyant sur le Skate-urbanisme, quel type d’espaces à concevoir au centre ville de Tunis pour célébrer la culture alternative et revigorer les espaces résiduels?


MÉTHODOLOGIE Ce mémoire d’architecture interroge la manière dont on habite le centre ville de Tunis à travers son «informel urbain», notamment à travers sa culture alternative émergente. Cette prise de position est renforcée par la notion du skate-urbanisme; une approche qui vise, par le biais du skateboard, à reconquérir de la ville et à l’émanciper de sa mono-fonctionnalité, son exclusivité et sa formalité. Pour concrétiser cette volonté, on propose de structurer notre mémoire en 4 chapitres:

Afin de nous familiariser avec le monde informel de la culture alternative, étant une forme de résistance urbaine, le premier chapitre reposera sur la lecture d’ouvrages traitant ce sujet et sur l’étude référentielle de projets. On s’intéressera, d’abord, à définir les différentes dimensions de la culture alternative et sa relation à l’espace public. On étudiera, par la suite, l’art urbain et le sport urbain comme manifestations artistiques de cette culture. Finalement, on examinera la manière dont ces derniers réapproprient l’espace urbain. À la lumière de ce chapitre, le skateboard semble comme une forme de la culture alternative et une «urbanité ludique».

Le deuxième chapitre a pour but de consolider nos connaissances sur les pratiques spatiales définies par le skateboard et la manière dont elles forgent une nouvelle identité à l’espace urbain. Le chapitre se basera sur: La lecture des ouvrages axés sur cette pratique, notamment ceux de Raphaël Zarka et Iain Borden et sur une analyse référentielle de projets dédiés au skateboard. On définira, d’abord, les dimensions spatiales, historiques et hétérotopiques du skateboard. Ensuite, on présentera la politique du skate-urbanisme en opposition à l’architecture hostile. On établira, par la suite, une analogie avec le mouvement anticonformiste

situationniste.

traditionnelles des skateparks.

Finalement,

on

critiquera

les

conceptions


Afin de dégager les potentialités et contraintes du site, le troisième chapitre présentera l’analyse du contexte dans lequel s’inscrira le projet. Il reposera sur l’errance, le vécu personnel, la méthodologie adoptée au cours du 1er semestre, les discussions spontanées avec les artistes urbains et l’enquête sociale avec les habitants et les skateurs. On analysera, en permier lieu, la morphogenèse de l’hypercentre et la distinction de ses cultures alternatives. On identifiera, en deuxième lieu, les caractéristiques urbaines et ambiantales du secteur urbain de Jean Jaurès. En dernier lieu, on s’intéressera au quartier du «Houmet Wra L’Barrière» et à Kahwet Ellouh, étant des symboles de résistance urbaine.

On va révéler, dans le dernier chapitre, la concrétisation des théories précédemment étudiées. On va alors établir les lignes directrices de notre réflexion et mettre en évidence les stratégies d’intervention qui porteront sur 2 échelles urbaines (le secteur de Jean Jaurès) et architecturales (Kahwet Ellouh). Le projet s’appuyera sur: Les concepts clés dictés dans les chapitres précédents, les potentialités du contexte dans lequel il s’inscrira et l’innovation et la technicité des projets de références. Le projet vise à matérialiser l’approche du skate-urbanisme dans le contexte du centre-ville de Tunis. On tentera de forger une nouvelle identité au lieu à travers sa culture émergente.


SOMMAIRE DÉDICACE REMERCIEMENT

01

4 5

LA RÉSISTANCE URBAINE  15

Introduction

16

1. La culture alternative:

17

1.1. Entre déviance, résistance 17

et reconnaissance:

1.2. Les sous-cultures et l’espace 18

public:

INTRODUCTION GÉNÉRALE 6 PROBLÉMATIQUE 8

02

LE SKATEURBANISME 33 34

Introduction 1.

Le

skateboard:

au-delà

l’objet 1.1.

de 35

Un

mobilité

jouet,

un

ou

un

sport,

une

instrument 35

urbain?

1.2. L’évolution de la pratique: 2.

Art

urbain:

L’espace

urbain

38

comme support d’expression et

1.3. Hétérotopies et modalités

de critique:

urbaines:

20

2.1. Les fresques murales:

20

2.2. Les spectacles de rue:

23

2. Le skate-urbanisme:

41 46

2.1. De l’architecture hostile au 3.

Sport

urbain:

L’espace

skate-urbanisme:

46

urbain comme catalyseur de la

2.2.

dynamique sociale:

26

«Situationisme»:

3.1. La ville parcourue:

26

2.3. Le dilemme des skateparks:

3.2. La ville athlétique:

29

63

Conclusion

32

Conclusion

Skate-urbanisme

et 54

74


03

MISE EN CONTEXTE

75 L’HYPERCENTRE DE TUNIS: UN MICROCOSME À «RECON’SKATER» Introduction 76 1. L’hypercentre:

77

3. «Houmet Wra l’Barrière»: l’informel

1.1. La morphogenèse:

77

urbain au cœur du quartier

1.2.

au

3.1. Le paradoxe de la rue de

79

Lénine:

La

scène

underground

centre ville de Tunis:

101 103

3.2. Kahwet ellouh / Whatever 2. Le secteur de Jean Jaurès: Errance

Saloon: le fameux symbole de

et repérage

résistance urbaine:

92

104

2.1. Analyse urbaine: Hégémonie 93

du tertiaire: 2.2.

Analyse

séquentielle

et

patterns ambiants: Hétérogénéité du vécu:

95

4. La parole habitante: Le vécu comme déclencheur du projet 4.1.

Entretiens

108 semi-directifs

aléatoires:

108

4.2. Enquête ciblée:

112

Conclusion

114


04

LE PR O JE T :

115

VERS L’ÉMANCIPATION DE L’ESPACE URBAIN AU SECTEUR DE JEAN JAURÈS Introduction

116

1. Les intentions:

117

1.1. Profils d’usagers cibles: 1.2.

Stratégie

urbaine: 1.3.

Stratégie

architecturale:

117

d’intervention 117 d’intervention 122

CONCLUSION GÉNÉRALE 128 BIBLIOGRAPHIE 131 ICONOGRAPHIE 135 TABLE DE MATIÈRES 139 ANNEXE A 144 ANNEXE B 148 ANNEXE C 152 ANNEXE D 156 G L O S S AIRE 160


CHAPITRE I

LA RÉSISTANCE URBAINE 1.1. Entre déviance, résistance et reconnaissance 1.2. Les subcultures et l’espace public

2. Art urbain: l’espace urbain comme support d’expression et de critique

2. 1. Les fresques murales 2.2. Les spectacles de rue

3. Sport urbain: L’espace urbain comme catalyseur de la dynamique sociale

3.1. La vi l l e p a rc o uru e 3.2. La ville athlétique

© Y ehia M old a n

1. La culture alternative:


RÉSISTANCE URBAINE

INTRODUCTION

INTROD UC T I ON Entre ce que les politiciens urbains imposent et ce que les citoyens désirent, il existe une relation de tiraillement entre des besoins non satisfaits et /ou des solutions temporaires. Afin de réclamer leur espace urbain, les habitants cherchent à mobiliser l’action par des activités informelles et créatives. On va s’intéresser à ces mouvements artistiques utilisés comme des outils politiques de dialogue, de résistance et de changement

Urban i ste Fran ç ai s

GRÉGOIRE SAINTREMY

social.

«Alors habiter devient un art, un art collectif. Voir, marcher, écouter, toucher, rêver devient sculpter, dessiner, inventer l’environnement

(1)

»

Ce chapitre est une initiation au monde informel de la culture alternative, notamment au streetart et sport urbain, et une contextualisation de la pratique du skateboard au cœur de la résistance urbaine.

(1)  SAINT-REMY, Grégoire, «Ségrégations urbaines et résistance civile» , revue écologie et politique, Vol1, N°23, édition Cairn, 2003, p119.

16

C H APITR E I


CULTURE ALTERNATIVE

RÉSISTANCE URBAINE

1. LA C ULT UR E AL T ER N AT I V E: Les cultures contre-culturelles, connues sous d’autres noms comme cultures alternatives, cultures underground, sous-cultures, etc... ont toujours exprimé une opposition directe à la normativité et aux stéréotypes et ont offert en retour une perception alternative à la réalité mondaine (2 ) . Occultés et révoqués par l’omniprésence de la culture mainstream , certains ont trouvé leur véritable vocation et ont incarné leur identité dans les mouvements underground. Cette culture revendiquée a donc développé ses propres codes, rituels, valeurs, manifestations, conventions et médias . Son anticonformisme a valu à la culture underground une réputation assez ambiguë auprès des gens. Certains la considèrent comme une source de délinquance, d’autres se concentrent sur l’aspect de sa résistance et d’autres encore insistent sur l’importance de sa reconnaissance.

1. 1 . E n t re d év i a n ce, r ési stan ce et r econn ai ssance : Subversive,

révoltée

et

insurgée, la culture alternative s’est révélée être un véritable troublefête sur les scènes urbaines. Cette réputation de délinquance pourrait

être

le

résultat

d’une

esthétique extrême adoptée par les styles punk, skinhead, gothique et

autres.

Associé

à

l’usage

occasionnel de drogues sur ces scènes, cela a automatiquement ancré la criminalité dans l’image de la sous-culture ( 3 ) . Comme elle refuse l’ordinaire et

critique

le

formel,

cherche

F.3|

Photo – Graffiti d’un punk anarchiste (BANKSY)

l’exceptionnel et évoque l’obscène, ses membres ont développé des comportements antisociaux. Les communautés clandestines se replient sur elles-mêmes et écartent tout intrus. Cela a déclenché un conflit constant avec la culture dominante et par conséquent un mouvement de résistance à ce monopole. Outre sa lutte incessante pour redresser les torts causés à son image, la culture alternative tente de préserver son authenticité et son unicité, à l’abri de la fadeur du mainstream. (2)  HEBDIGE, Dick, «Sous-culture: Le sens du style», Routledge, London, 1979, p2. (3)  Ibidem, p93.

C H AP I T R E I

17


RÉSISTANCE URBAINE

CULTURE ALTERNATIVE

Dick Hebridge , un sociologue britannique, affirme que l’identité et la résistance s’expriment à travers le développement d’un style distinctif qui, par une opération de re-signification et de «bricolage», utilise les biens de l’industrie culturelle pour communiquer et exprimer son propre conflit (4 ) . Craignant

d’être

institutionnalisée,

la

cultur e

underground exprime sa résistance en se distinguant, en dépassant les

limites

et

l’extravagance.

en

tendant

Ceci

est

à

travers

la

des

moyens

mainstream

vers donc

réappropriation et

leur

réaffectation à sa manière. Par la

ces

actes

culture

de

résistance,

alternative

souhait e

F.4|

Photo – «Respecter l’existence ou anticiper la résistance» (BANKSY)

retrouver sa place dans les scènes de la vie quotidienne sans pour autant perdre son identité. En se manifestant par l’art dans l’espace public, ce underground cherche à remonter à la surface et à s’exprimer sans être opprimé (5 ) . Quoique cette culture soit transgressive envers les normes et les perceptions dominantes, elle suscite une dynamique entre les individus et favorise la mixité et la diversité. D’où ce besoin d’être accepté, inclus et reconnu. Odieux,

excentrique

et

ambigu,

l’underground

oscille

entre

une

opposition stricte à la massification et à la standardisation, une recherche de l’authenticité et de la distinction et un souci de reconnaissance avant son extinction.

1.2. Le s s ou s - c u l t u r es et l ’espace pu bl i c: La ville, est considérée par les artistes urbains comme une grande galerie à ciel ouvert, elle est alors à la fois support d’expression et motif d’expérimentations. Les jeunes métamorphosent les lieux, inventant ainsi une nouvelle hétérotopie à l’échelle de la ville et détournant la manière dont on l’habite. Ils sont stimulés par ce sentiment que l’espace est incomplet, accaparé, distendu et qu’il se retrouve dans la vie quotidienne sans aucun apport culturel ou social. Cependant, comme l’a décrit Dick Hebridge , la présence subversive des jeunes dans l’espace public a toujours été perçue comme «une interférence

parasitaire, une nuisance» ( 6 ) . Ains i, naturellement, leurs activités n’ont pas été accueillies, célébrées ou tolérées par la scène urbaine dominante. Elles ont été plutôt rejetées, méprisées et recluses dans les coins des rues. (4)  Ibidem, p18. (5)  Ibidem, p76. (6)  Ibidem; p90.

18

C H APITR E I


CULTURE ALTERNATIVE

RÉSISTANCE URBAINE

En effet, cela n’a fait qu’accentuer la «réputation périlleuse» des souscultures et a finalement encouragé le public à les repousser davantage.

William Foote Whyte théorise, dans son œuvre «Street Corner Society» , que les jeunes sont généralement chassés des espaces créés ou contrôlés par les adultes, voire les centres commerciaux, les maisons de jeunes, les écoles, les clubs de danse, etc. Cela oblige, en effet, les activités sous-culturelles à rechercher une visibilité dans l’espace urbain; dans les coins de rue, sur les sur faces des murs, aux abords des trottoirs et aux limites des places (7 ) .

Hebridge examine que la manière dont l’espace est occupé et manipulé est similaire à l’occupation, la dé-naturalisation et la réinscription des artefacts culturels par la sous-culture avec une nouvelle signification ( 8 ) . De ce fait, ces communautés marginalisées territorialisent les espaces vacants, abandonnés, indéterminés, oubliés, fragmentés, incomplètes, disloqués et dysfonctionnels à l’hégémonie de la ville. Ils les réapproprient, réaffectent et réinventent en projets DIY (9 ) qui accueillent leurs événements et embrassent leur culture.

Joe Austin souligne la qualité d’autonomisation de ces activités sousculturelles au sein de l’espace urbain dans son essai «Knowing Their Place» . Il explique comment la pratique du graffiti «a émergé autour et à travers

l’appropriation d’espaces et de lieux conçus à d’autres fins (1 0 ) » et a permis aux graffeurs de «revendiquer une place pour eux-mêmes au sein d’un ordre

public qui rend souvent les jeunes, en particulier les jeunes de couleur, au mieux ‘‘invisibles’’ et plus généralement ‘‘étrangers’’

(1 1 )

»

Les espaces, qu’ils soient saisis de manière spectaculaire, appropriés temporairement

ou

désignés

officiellement,

permettent

l’expression,

l’expérimentation et le développement de l’identité sous-culturelle.

On propos e d’examiner, dans les deux volets à suivre, la manière dont l’art urbain et le sport urbain exploitent la ville et la dynamisent, en citant quelques manifestations spatiales de ces 2 mouvements artistiques.

(7)  FOOTE WHYTE, William, «Street Corner Society» , Université de Chicago, 1943. (8)  HEBDIGE, Dick, « Sous-culture: Le sens du style », Routledge, London, 1979, p18. (9)  Do It Yourself ou DIY: Mouvement culturel anti-consumériste appellant à l’autogestion, l’autonomie et l’indépendance de la culture dominante. Le DIY s’oppose à la marchandisation et la ultra consommation des arts en offrant l’alternative d’un art populaire, non lucrative et accessible à tous. (10)  Austin, Joe, «Knowing their place: Local Knowledge, Social Prestige, and the Writing Formation in New York City», Université de Winsconsin, 1998, p241. (11) Ibidem.

C H AP I T R E I

19


RÉSISTANCE URBAINE

ART URBAIN

2 . ART UR B AI N : L’E S P AC E U R B AI N C OM ME SU PPOR T D ’E X PR E SSI ON ET DE C R I T I QU E: «L’art urbain permet de reconsidérer notre regard sur l’art et la ville. Ses caractéristiques en font un art multiforme qui fascine, interroge et dérange parfois (1 2 ) .» En ré clamant l’espace urbain, l’art urbain ou le «street art» fut un art éphémère qui s’adresse à un large public. Sa trace demeure dans les mémoires de l’histoire à travers les dessins, les photographies et les fragments prélevés ( 13 ) . Cet art se veut à la fois comme un mouvement artistique et un mode d’expression et de critique. On en retrouve sur les murs, les trottoirs, les rues, dans les parcs, sur les bancs, ou sur les monuments. À ne pas confondre avec l’art public qui comprend des initiatives artistiques disposées dans l’espace public et sponsorisées par des institutions publiques, l’art urbain est spontané et informel. Le street art a connu sa naissance dans les années 60 aux États-Unis, en tant que Tags et Graffiti, puis il s’est propagé en Europe dans les années 80 où il a témoigné des mutations et a généré des nouveaux styles (1 4 ) . Il regroupe aujourd’hui toutes les formes d’art réalisées dans l’espace public, et englobe diverses techniques telles que les fresques murales (le graffiti, le pochoir, la mosaïque, le sticker ou le collage) et les spectacles de rue (les performances de danse, de musique, de théâtre, ou les installations). Cependant, ces formes artistiques restent jusqu’aujourd’hui des sujets d’oppression et d’interdiction légale. Les artistes subissent encore de l’hostilité policière, même si c’est de plus en plus moins qu’avant mais ça reste encore récurrent. Les artistes urbains sont devenus des fantômes dans la nuit, s’emparant de la ville lorsque le monde est endormi, défiant les lois et se moquant de ceux qui les ont créées.

2.1. Le s f res q u es m u r a les: On va présenter dans cette partie les différentes formes de fresques murales, notamment le graffiti, le pochoir et la mosaïque, étant les techniques les plus primitives. En effet, on peut même les qualifier comme descendantes de l’art pariétal ( 1 5 ) . Ensuite, on va aborder quelques projets qui ont utilisé ces techniques pour faire revivre l’urbain ou l’architecture. (12)  «Étude nationale sur l’art urbain»: une étude commandée en novembre 2018 par le ministère de la Culture à l’association le M.U.R et publié en 2019 sur le site officiel du ministère, p8. (13)  Ibidem, p7. (14) Ibidem. (15)  https://www.telerama.fr/sortir/aux-origines-du-street-art-1-le-graffiti-new-yorkais-1942-1983,134951.php (consulté le 05/09/2021)

20

C H APITR E I


ART URBAIN

RÉSISTANCE URBAINE

2.1.1. Les différentes techniques: · Le Graffiti: Loin de sa forme primitive et toujours pratiquée qu’étaient les «tags», le graffiti s’est amplifié en termes de techniques, de messages, d’outils et de support. Les tags sont un marquage de territoire, une signature et une trace d’identité mais aussi un acte de vandalisme et de destruction (1 6 ) . Les

graffitis

diffusent

généralement

F.5|

des

Photo – «Kilroy était ici» (WIKIPEDIA)

messages

symboliques

s’opposant ou célébrant une situation sociale, politique ou culturelle. ·

Le pochoir: Le graffiti au pochoir est une forme de

graffiti qui utilise des pochoirs en papier, carton ou autre support pour créer une image ou un texte reproductible (1 7 ) . Comme le pochoir reste uniforme tout au long de son utilisation, il est plus facile pour un artiste de reproduire son œuvre, F.6|

surtout quand ça soit compliquée. L’artiste

Photo – «Kissing Coppers» (BANKSY)

est donc beaucoup moins longtemps en situation de risque. En termes de messages, les pochoiristes comme BANKSY mettent en scène des situations politiques, poétiques et satiriques partout dans le monde. · La mosaïque: C’est un motif recouvrant une surface et

composé

de

petits

morceaux

de

pierre, de verre ou de céramique colorés, maintenus en place par du mortier. Le Street Art, malgré son enclin à l’exécution

en

urgence,

accueille

des

plusieurs artistes qui ont choisi l’art de la mosaïque pour exprimer leur vision.

EMEMEM

est

un

artiste

lyonnais

anonyme, «un poète des trottoirs et un

F.7|

Photo – «One Love», Lyon, France, 2017 (EMEMEM)

fils du bitume» (18) . Son tr avail consiste à combler les nids de poule et les murs fissurés des rues de la ville avec de magnifiques motifs en mosaïque.

(16)  REBEIXLE, Mélanie, «Le graffiti dans sa relation à l’architecture », Mémoire inscrit dans l’École Nationale Supérieure d’Architecture de Toulouse, France, 2013, p13. (17)  RIOUT, Denys, « Le livre du graffiti », Paris, Alternatives, 1985, p115. (18)  https://www.ememem-flacking.net/accueil (consulté le 07/09/2021)

C H AP I T R E I

21


RÉSISTANCE URBAINE

ART URBAIN

2.1.2. Les fresques au service de l’urbain: ·

WYNWOOD ART DISTRICT DE

MIAMI: Il fut un temps où le Wynwood Art District de Miami était un quartier délabré avec l'un des taux de criminalité les plus élevés du pays. Quelques douzaines de peintures murales plus tard, la zone s'est métamorphosée en un quartier dynamique, avec les galeries, les restaurants et les bars en F.8|

Photo – Le quartier de Wynwood (SITE OFFICIEL DE WYNWOOD WALLS)

vogue. Les célèbres "Wynwood Walls", un "musée" de street art en plein air gratuit ont déclenché un mouvement de revitalisation du quartier (19) . Les murs présentent les œuvres originales de plus de 50 artistes de rue célèbres de 16 pays, tous invités

F.9|

·

Photo – Une fresque à Wynwood (SITE OFFICIEL DE WYNWOOD WALLS)

exclusivement

à

décorer

7400m² de toile en béton

(20)

plus

de

.

CUYPERSPASSAGE / BENTHEM

CROUWEL ARCHITECTS Le tunnel est habillé sur un côté par près de 80 000 tuiles bleu Delft: un véritable spectacle néerlandais à un endroit central d'Amsterdam. Depuis fin 2015, il est utilisé par un

grand

nombre

de

cyclistes,

et de pié tons 24/24. Ce "couloir de circulation lente" rappelle les anciennes cuisines des maisons du canal d’Amsterdam et donne au tunnel l’impression d’être une salle urbaine. ( 21)

F.10|

Photos – Fresque de Cuyperspassage mosaïque de céramique (ARCHDAILY)

en

(19)  h t t p s : / / w w w . m i a m i a n d b e a c h e s . c o m / t h i n g s - t o - d o / a r t - a n d - c u l t u r e / e x p l o r e - t h e - w y n w o o d - w a l l s - i n - m i a m i ( c o n s u l t é l e 07/ 09/ 2021) (20) Ibidem. (21)  https://www.benthemcrouwel.com/projects/cuyperspassage (consulté le 07/09/2021)

22

C H APITR E I


ART URBAIN

RÉSISTANCE URBAINE

2.1.3. Les fresques au service de l’architecture: · KALASATAMA ELECTRICITY SUBSTATION AND SUVILAHTI GRAFFITI FENCE / VIRKKUNEN & CO ARCHITECTS L'art de rue est un phénomène populaire dans la région et il a permis au bâtiment d'assurer une fonction publique, ce qui atypique pour une sous-station F.11|

électrique.

Ainsi,

une

barrière graffiti a été intégrée au

Photo – La clôture de Graffiti (ARCHDAILY)

projet (22) . De nouvelles œuvres sont constamment créées sur les œuvres existantes et grâce à cette activité, le bâtiment est en perpétuel changement.

2. 2 . L es s p ec t a c les de r ue: Alors que les fresques se font sur des surfaces, les spectacles de rue utilisent plutôt l’espace en 3 dimensions pour rehausser, interagir et interférer avec l’environnement urbain. Les spectacles de rue se manifestent comme des performances ou des installations réalisées dans l’urbain en gratuité et sans sponsoring. Ces activités sont généralement éphémères, purement ludiques et exécutées sans autorisation et d’une manière arbitraire. Ces manifestations traitent généralement des sujets sociaux, politiques ou environnementaux, mais peuvent aussi servir uniquement pour le plaisir. 2.2.1. Les street performances: Les street performances ou aussi le «Busking», sont toute activité de divertissement et d’animation pratiquées dans l’espace public. Elles comprennent les acrobaties, la comédie, la danse, le chant, la jonglerie, la magie, le mime, les spectacles musicaux, les marionnettes, la récitation de poésie, le théâtre de rue, etc... (2 3 ) Ces

manifestations

urbaines

sont

plus

accessibles,

immédiats,

conviviaux et interactifs par rapport aux spectacles institutionnels. Ils offrent une opportunité aux artistes pour s’exprimer, sollicitent les sens des passants et suscitent leur curiosité. On va aborder des projets qui encouragent et promeuvent ces pratiques dans l’espace urbain. Ces projets ont contribué à dynamiser le lieu dans lequel ils sont installés et ont suscité un sentiment de communauté et de connexion entre les personnes. (22)  https://www.virkkunenco.fi/project/kalasatama-electrical-substation (consulté le 07/09/2021) (23)  OSTROWETSKY Sylvia et CHAUDOIR Philippe, «L’espace festif et son public. Intervention culturelle en espace public en villes nouvelles et villes moyennes» , Les Annales de la Recherche Urbaine, Vol. 70, N° 1, 1996, pp. 78–88

C H AP I T R E I

23


RÉSISTANCE URBAINE

ART URBAIN

·

PRAIRIE

LOGIC

/

EL

DORADO-21 L’œuvre est située sur un toit planté d’un demi-acre, 4 étages au-dessus de Main Street, dans le centre-ville de Kansas City. Prairie Logic est conçu comme un lieu de contemplation. Selon son occupation, F.12|

·

elle sert soit de lieu de solitude, soit

Photo – Un spectacle de musique à Prairie Logic (EL DORADO)

d’espace de spectacle (24) .

‘THE FLOW’ - A MULTIPURPOSE

PAVILION

/

DEPARTMENT

OF

ARCHITECTURE L’intention du projet est de fournir une

architecture

qui

déclenche

diverses scénarios et accueille de multiples activités comme un pavillon polyvalent adapté à la communauté.

F.13|

Photo – Un spectacle de breakdance en plein air (ARCHDAILY)

F.14|

Photo – Un spectacle de musique en plein air (ARCHDAILY)

Les gens peuvent s’asseoir sur différents niveaux pour se détendre et profiter de la vue. Ce gradin peut devenir un petit amphithéâtre pour des mini-concerts, des théâtres, des spectacles de danse, etc (25) . La vocation du pavillon hybride est toujours en mutation en fonction de ses usagers et leurs besoins. 2.2.2. Les installations: L’art

de

l’installation,

dont

la

genèse

remonte

au

Ready-made

révolutionnaire de Marcel Duchamp, a connu son apogée dans les années 1970 ( 26) . L’installation peut être temporaire ou permanente et incorpore un large éventail de matériaux et d’éléments mondains et naturels. Les artistes s’inspirent généralement du vécu quotidien, soit pour le critiquer, pour l’accentuer ou l’hyperboliser. De nombreuses installations sont spécifiques à un site de sorte qu’elles sont conçues pour n’exister que dans l’espace pour lequel elles ont été créées, faisant appel aux qualités évidentes d’un support immersif tridimensionnel. (24)  https://eldo.us/prairie-logic#view (consulté le 09/09/2021) (25)  https://departmentofarchitecture.co.th/portfolio/the-flow-a-multipurpose-pavilion/ (consulté le 09/09/2021) (26)  HEBDIGE, Dick, « Sous-culture: Le sens du style », Routledge, London, 1979, p18.

24

C H APITR E I


ART URBAIN

RÉSISTANCE URBAINE

BORDALO , portugais,

un

vient

artiste

urbain

d’achever

son

œuvre «Our Gift To Mother Nature» où

il

traite

le

problème

de

pollution et de la déchetterie L’artiste pièce

a

étonnante

sculpté par

(2 7 )

la .

cette l’usage

astucieux des déchets et des objets trouvés. Bordalo a réapproprié ces F.15|

Photo – «Our Gift To Mother Nature», Lisbonne, 2013 (BORDALO)

éléments

omniprésents

pour

les

métamorphoser en ce cadeau.

Au-delà de leur caractère esthétique et provocateur, les installations sont revendiquées par les architectes pour servir un usage plus fonctionnel. En effet, de nombreux architectes ont investi dans des projets d’installation, que ce soit pour animer la ville en tant qu’élément signalétique ou pour créer des sous-espaces et par conséquent des évènements qui fédèrent les citoyens. ·

WAL(L)TZ INSTALLATION / T

SAKHI ARCHITECTS WAL(L)TZ est une installation éphémère

et

interact ive

qui

fait écho à la société libanaise encombrée

de

murs

physiques,

disséminés dans son infrastructure urbaine et ses espaces publics (2 8 ) .

F.16|

Il est conçu pour surmonter les

Photo – WAL(L)TZ Installation, Dubai, 2019 (T SAKHI)

barrières et encourager les spectateurs à se connecter et à interagir les uns avec les autres à travers et malgré le mur. Les architectes insistent à solliciter les visiteurs pour dépasser leur attitude passive d’observation et l’amener à vivre l’installation. Elles affirment que «Le visiteur, devenu performeur, se retrouve à prendre part à une

protestation chorégraphiée, une «valse» réinterprétée...» (2 9 )

(27)  https://www.bordaloii.com/provocative (consulté le 09/09/2021) (28)  https://www.tsakhi.com/walltz (consulté le 11/09/2021) (29) Ibidem.

C H AP I T R E I

25


SPORT URBAIN

RÉSISTANCE URBAINE

3. SPORT URBAIN: L’ESPACE URBAIN COMME CATALYS E UR D E LA DY NAMI QU E SOC I AL E: Le sport est à la fois une activi té physique et un événement qui contribue à l’attractivité et au dynamisme de la ville. Il est aussi une trace physique et spatiale d’une communauté créat ive, tissant nos espaces urbains. La ville est le médium avec lequel les artistes urbains et les sportifs interagisse nt et s’en nourrissent. À l’image des graffeurs, les sportifs de rue apprécient les possibilités urbaines de s’exprimer en toute quiétude, mais aussi de reconquérir les lieux défavorisés (3 0 ) . Les pratiquants identifient le potentiel créatif d’un lieu et l’extériorisent à travers leur expression. Au lieu de voir la ville comme statique et abstraite, les pratiquants de sports de rue la ressentent et la capturent à travers leurs expériences sensibles.

3.1. La v i ll e p a r c ou r u e: Les sportifs extrêmes se réapproprient la ville en y réintroduisant de l’activité, de la liberté et du ludique. Ils témoignent d’une volonté de réinjection du sensible, de l’imaginaire et du corps pour mieux savourer l’univers urbain. Ainsi, ils se sont adaptés pour créer de la ville leur utopie urbaine. La ville est alors réclamée comme un terrain vaste de réinterprétation et d’exploitation à satiété. Les pratiques de sport extrême, voire le parkour et la glisse urbaine, interrogent la manière dont on ‘habite’ la ville et proposent une perception alternative et ‘hyperactive’ de notre occupation de l’espace. Malgré ce que ces «urbanités ludiques» (3 1 ) apportent à la ville, les politiques urbaines maintiennent majoritairement une attitude hostile envers ces sports et s’engagent à élaborer des restrictions sévères et oppressives. 3.1.1. Le parkour: Le parkour ou encore «l’art du déplacement» est une activit é physique, à mi-chemin entre sport extrême

et

mobilité

urbaine.

Il

consiste à se déplacer en milieu urbain, et

agile,

d’une et

en

manière

rapide

franchissant

les

obstacles avec le plus d’efficacit é possible.

Les

pratiquants

dénommés «traceurs»

(32)

F.17|

Photo – Parkour Park à Paris (HAGS+XMOVE)

sont

.

(30)  RIFFAUD Thomas, RECOURS Robin & GIBOUT Christophe: «Sports et arts de rue: être citadins autrement!» , Loisir et Société, 2015, p4. (31)  LEBRETON Florian, HÉAS Stéphane, «Urbanité ludique et cultures sportives: analyse de quatre pratiques physiques de l’espace parisien» . Loisir et Société, Taylor and Francis, 2010, N°33 Vol.2, pp.195-219. (32)  https://www.legifrance.gouv.fr/jorf/id/JORFTEXT000029375059 (consulté le 12/09/2021)

26

C H APITR E I


SPORT URBAIN

RÉSISTANCE URBAINE

Outre ses bienfaits pour la santé, le parkour valorise l’espace urbain et améliore l’attractivité de la ville en créant une dynamique sociale et communautaire. 3.1.2. La glisse urbaine: Regroupant

toute

discipline

de

déplacement

à

roues,

voire

le

skateboard, le BMX, le roller et la trottinette, la glisse urbaine transforme la ville d’un champ imm obile à un ensemble d’éléments réimaginés et réinventés. Pratiquée au sein de la ville ou dans les espaces dédiés comme les skateparks, la glisse urbaine y introduit des moments urbains de convivialité, de sensibilité et d’expression. Grâce à leur regard décalé et imagination ingénieuse, les pratiquants de glisse réussissent à apercevoir l’inaperçu pour réinterroger les présupposés et revendiquer l’espace urbain. ·

LE SKATEBOARD Composé d’une planche à roues, le

skateboard est une pratique de la ville et dans la ville. Il sert à la fois à se déplacer et à réaliser des manœuvres (tricks). C’est la pratique la plus courante dans le monde de glisse et prend ses racines du surf (3 3 ) . Cette activité connait aujourd’hui plus de variantes hybrides, voire le longboard et le cruise, où on effectue des trajectoires souples et rapides. Le skateboard, une alliance entre mobilité et lucidité, conteste dans son déambulation F.18|

·

Photo – Détourner le mobilier urbain (THRASHER MAGAZINE)

urbaine l’existant et révèle l’informel.

LE BMX C’est la contraction de Bicycle-Moto-

Cross. Ils sont des vélos hybrides, à petite taille, compactes et équipés de roues épais. Les pratiquants de ce sport sont nommés pilotes, bicrosseurs, riders (3 4 ) . Le

BMX

comporte

des

différentes

disciplines: le race, le dirt), le street, et le flatland ( 3 5 )

F.19|

Photo – Un bicrosseur (PINTEREST)

(33)  ZARKA, Raphaël, « Chronologie lacunaire du skateboard: une journée sans vague », éditions B42, Paris, France, 2009, p14. (34)  https://businessmirror.com.ph/2017/07/22/a-short-history-of-bmx-racing/ (consulté le 12/09/2021) (35) Ibidem.

C H AP I T R E I

27


RÉSISTANCE URBAINE

SPORT URBAIN

·

LE ROLLER Comme le skateboard prend

ses origines du surf, le roller hérite ses caractéristique du patinage sur glace (3 6 ) . Le différents

roller styles;

comprend le

des

roller-quad,

l’agressive et la vitesse. F.20|

·

Photo – Roller (PINTEREST)

LA TROTTINETTE Parfois appelée kick-scooter,

elle est de plus en plus présent e dans les skateparks ou en ville. Apparue dans les années 30 comme un jouet bricolé pour enfants, son design inspira ensuite la conception du skateboard ( 3 7 ) . Sans doute par son hybridité entre skate et BMX, il semble plus facile de réaliser des acrobaties au guidon de cet dispositif. La trottinette s’est propagée dans nos villes aujourd’hui comme

F.21|

Photo – Trottinette rider (PINTEREST)

mode de transport doux, surtout le modèle électrique qui facilite le déplacement avec le moindre effort. Outre la disponibilité des rues et des éléments urbains, les skateparks accueillent ces différentes variantes de glisse urbaine et favorisent leur épanouissement et leur développement. ·

SKATEPARK SAN

VICENTE DEL RASPEIG / DANIEL YABAR L’endroit fortement par tout F.22|

Photo – Skatepark San Vicente Del Raspeig, 2020 (DANIEL YABAR)

la

est

fréquenté

différents au

riders

long

journée,

de

ils

partagent et échangent leurs connaissances et confèrent à l’espace une nouvelle identité ( 3 8 ) . (36)  (37)  2009, (38)

28

TRAUB Morris, «Roller Skating Through the Years», William-Frederick Press, New-York, 1944, p7. ZARKA, Raphaël, « Chronologie lacunaire du skateboard: une journée sans vague », éditions B42, Paris, France, p13. https://danielyabar.com/en/projects/san-vicente-del-raspeig-skatepark (consulté le 15/02/2021)

C H APITR E I


SPORT URBAIN

RÉSISTANCE URBAINE

3. 2 . L a v i ll e a t h l ét i qu e: La pratique du sport se superpose à la structure urbaine comme un espace alternatif; un microcosme festif qui s’insère dans les moments quotidiens pour démocratiser ces activités et les réconcilier avec l’espace public. Les sports informels les plus connus sont le street workout et le street ball. Outre leur capacité à dynamiser l’espace urbain, le street workout et le street ball cherchent à promouvoir l’activité sportive, l’introduire dans les pratiques quotidiennes et instaurer la sécurité dans les quartiers en difficulté. On va introduire dans cette partie ces 2 pratiques et leurs manifestations spatiales à travers des projets de référence. 3.2.1. Le Street Workout: Le Street Workout ou aussi les «Calisthenics» est un sport à mi-chemin entre la musculation et la gymnastique, pratiqué à l’origine sur du mobilier urbain. Au lieu de soulever des poids lourds au gym, le Street Workout fonctionne sur le principe d’utilisation du propre poids comme résistance (39 ) . ·

MOISSY-CRAMAYEL PARK / ECT Ouverte à tous et accessible librement, cette station de fitness est

installée au cœur du quartier de la Noé à l’île-de-France. Elle se compose de plusieurs modules interconnectés permettant l’exécution d’exercices et de figures variés favorisant la force, l’endurance, la souplesse, l’équilibre et l’agilité.

F.23|

Photo – Moissy-Cramayel Street Workout Park (ECT)

F.24|

Photo – Moissy-Cramayel Street Workout Park (ECT)

2.2.2. Le Street Ball: Le Street Ball est l’ensemble des disciplines informelles des pratiques institutionnelles regroupant les sports de ballon, voire le football, le basketball, le volleyball, le handball etc.. C’est une activité collective qui opère en équipes opposantes et valorise la compétition positive entre eux (4 0 ) . Ils se caractérisent par la négligence de nombreuses règles des sports de (39)  https://fr.myprotein.com/thezone/entrainement/la-pratique-du-streetworkout/ (consulté le 15/09/2021) (40)  DESCAMPS Yann et VACHERON Ismaël, «Où le ghetto (se) joue» , Géographie et cultures, N°88, 2013, p3.

C H AP I T R E I

29


RÉSISTANCE URBAINE

SPORT URBAIN

ballon traditionnels,et ils privilégient plutôt les actions spectaculaires et spontanées. Les terrains de streetball les plus connus sont ceux de Venice Beach et Rucker Park datant des années 50 (4 1 ) . ·

TERRAIN DE BASKET PIGALLE DUPERRÉ / ILL-STUDIO Niché entre deux immeubles d'habitation à Paris et occupant un

ancien parking, le terrain de basket PIGALLE DUPERRÉ est devenu un point de repère pour son esthétique avant-gardiste et ses interventions créatives en constante évolution. Le terrain a donné naissance à une communauté. D'un parking, il s'est transformé en un lieu qui inspire les habitants et les réunit.

F.25|

Photo – Terrain de Pigalle Duperré (ILL-STUDIO)

F.26|

Photo – Terrain de Pigalle Duperré (ILL-STUDIO)

(41) Ibidem.

30

C H APITR E I


SYNTHÈSE

RÉSISTANCE URBAINE

S YNT HÈ S E CULTURE ALTERNATIVE = informelle et ambiguë

DÉVIANCE

RÉSISTANCE

RECONNAISSANCE

· Délinquance

· Distinction de

· Inclusion dans

· Transgression

l’ordinaire

les

et opposition

scènes

quotidiennes. La ville = support d’expérimentation réapproprié par les activités sous-culturelles Les espaces abandonnés = réinvestis et reconfigurés

ART URBAIN = éphémère et facile à exécuter

FRESQUES MURALES

SPECTACLES DE RUE

Critiquer et réimaginer la réalité Solliciter la curiosité Dynamiser les quartiers Donner de la visibilité à la communauté

SPORT URBAIN = ludique, hyperactif, collectif

SPORT EXTRÊME

STREET ATHLÉTISME

Reconfigurer l’urbain Générer un sentiment d’appartenance Dynamiser les quartiers Améliorer l’attractivité de la ville

C H AP I T R E I

31


RÉSISTANCE URBAINE

CONC LUS I O N ... [la culture urbaine] produit du mouvement dans des lieux que la société a voué à la disparition des regards, redonne vie et humanité au chaos des villes tout en créant de l’imaginaire là où est la norme. Sa complexité en est la force, la générosité son moteur. (4 2 ) Parmi les différentes variantes de résistance urbaine à une société consumériste et lucrative, la culture underground interroge la manière dont on habite l’espace urbain et vocalise les soucis des habitants. Comme la culture alternative connait une vague d’hostilité dans les espaces privatisés et traditionnels, elle s’est réclamée la ville comme suppor t d’expression et d’expérimentation. Les espaces délaissés, résiduels et fragmentés ont interpellé cette culture car ils sont le prolongement de sa nature marginale. À travers le streetart et le sport urbain, la culture underground s’impose au milieu des scènes quotidiennes. Outre leurs aspects protestataires,

ces

mouvements

génèrent

une

dynamique

spatiale et une mixité sociale dans la ville en la reconfigurant et en détournant ses éléments caractéristiques. Ce chapitre nous a donné un aperçu de projets architecturaux et urbains concrets qui explorent la culture alternative en tant qu’activateur d’espace. Il nous a également permis de situer la pratique du skateboard, qui sera le centre d’intérêt de ce mémoire, au sein de cette culture riche, complexe et résistante.

(42)  «Étude nationale sur l’art urbain»: une étude commandée en novembre 2018 par le ministère de la Culture à l’association le M.U.R et publié en 2019 sur le site officiel du ministère, p8.

32

C H APITR E I


CHAPITRE II

1. Le Sk ateboar d:

1.1. Un jouet, un sport, une mobilité ou un instrument urbain? 1.2. L’évolution de la pratique 1.3. Hétérotopies et modalités urbaines

2. Le Sk ate- u r ban i sme:

2.1. De l’architecture hostile au Skateurbanisme 2.2. Skate-urbanisme et «Situationnisme» 2.3. Le dilemme des skateparks

SKATE-URBANISME

“I F YOU R C I T Y DOES N’T HAV E A SKATE PAR K , IT IS ONE”


SKATE-URBANISME | LANDSKATE

INTRODUCTION

Plasticien Skateur Français.

RAPHAËL Z A R K A

INTROD UC T I ON «... Le skateboard est avant tout une pratique urbaine. Plus précisément c’est une pratique «de l’urbain», dans le sens où le terrain est véritablement la ville. Le skateur vit et pratique la ville différemment du passant ou même du flâneur ( 1 ) » La réalisation de ce chapitre se basera essentiellement sur la lecture des ouvrages de Raphaël Zarka (2 ) et Iain Borden (3 ) . Ces derniers sont les plus grandes sources dans la scène du skateboard vu qu’ils ont parfaitement réussi à analyser les multiples aspects de la pratique dans leurs écrits. Le skateboard est une expérience urbaine évolutive où le corps, la matière et l’espace se heurtent. En tant que chercheurs d’espaces publics interactifs et surfaces tactiles, les skateurs ont lentement commencé à façonner notre perception de l’espace public et de l’aménagement urbain.

(1)  ZARKA, Raphaël, «La conjonction interdite», éditions B42, Paris, France, 2007, p14. (2)  Raphaël Zarka (1977) est un plasticien, sculpteur, photographe et skateur français. (3)  Iain Borden (1962) est un architecte historien et ex-skateur américain.

34

C hapitre II


S K A T EB OA R D

SKATE-URBANISME | LANDSKATE

1. LE S K A T E BO AR D: AU -DEL À DE L ’ OB J ET On ne peut tout simplement pas limiter la définition du skateboard comme étant exclusivement un objet. Il s’agit d’une conception assez vague et vaste, influencée par la perception de son observateur. Historiquement, le skateboard est autant un jouet qu’une mobilité, mais, comme nous le verrons, il se libère rapidement de ces deux catégories pour s’enrichir de nouvelles potentialités: une activité sportive, un instrument urbain, un moteur artistique, etc, sans jamais être parfaitement et totalement l’un ou l’autre ( 4 ) .

1. 1 . U n j ou et , u n s port, u ne mobi l i té ou u n i nstr ument u rb a i n ? 1.1.1. Un jouet: comprendre pour apprendre: Au moment de son émergence dans les années 50, le skateboard était considéré comme un jeu réservé aux enfants ( 5 ) . Cependant,

cette

acti vité

est

restée ainsi pour certains, comme l’exemple

des

patinettes

et

des

trottinettes. Le

skateboard

est

pratiqué

en

skateparks à taille réduite, dans des parcs polyvalents ou dans la rue. L’e nfant est confronté à un jouet qui ne nécessite aucune assistance externe,

un

mystère

à

résoudre

uniquement par son usager et un casse-tête

créé

pour

lui

et

par

lui. Il découvre le jeu à sa façon,

F.27|

Photo – Jeune skateur à Paris (SEÁN MCGIRR)

selon ses propres règles et sans l’interférence de ses parents, il apprend à s’y adapter indépendamment. Cela le rend d’autant plus intriguant que l’enfant forme une relation d’appartenance avec la planche. Dans ce cadre, Raphaël Zarka (Op.cit) a cherché à décrire le skateboard en tâchant de définir sa place parmi la diversité des jeux et des manières de jouer. Il le qualifie comme « le monde de la prouesse enfantine codifiée et

structurée de manière à toujours laisser libre cours à une certaine anarchie enfantine ( 6 ) ». (4)  LOMBARD, Kara-Jane, « Skateboarding: subcultures, sites and shifts », Routledge, New York, États-Unis, 2016, p2 (5)  Ibidem, p28. (6)  ZARKA, Raphaël, « La conjonction interdite », éditions B42, Paris, France, 2007, p25.

C hapitre I I

35


SK ATE BO AR D

SKATE-URBANISME | LANDSKATE

1.1.2.

Un

sport:

entre

vertige,

compétition et institutionnalisation: Le

skateboard

représent e

une activité sportive qui procure du plaisir aux participants et du divertissement aux spectateurs. Pour les adeptes de l’adrénaline, de la vitesse et du risque, c’est un moyen de manifester leurs aptitudes physiques, de nourrir leurs ambitions F.28|

et de défier leurs compétences. Les

grandes

Photo – Une compétition nationale en USA (IMAGO)

entreprises

sportives; telles que Vans, Nike et Adidas, ont toujours eu ce rituel de soutenir la pratique et ont organisé de multiples compétitions au fil des années. Le but étant, à la fois, de diffuser la culture du skateboard et de bénéficier des profits de l’événement ( 7 ) . Classifié

comme

sport

extrême,

il

témoigne

d’une

vague

d’institutionnalisation après son inscription dans les jeux olympiques en 2020. Ceci implique une vision athlétique selon laquelle le skateboard doit être considéré comme un sport avec des entraînements, des scores et des coachs. Néanmoins, olympique ou non, cette activité se pratique dans les skateparks, comme un sport extrême suscitant toutes les valeurs de compétition positive. Le skateboard est un jeu sportif qui évoque à la fois: – La rigidité de la compétition en tant que valeur définie par des normes et des règlements. – La spontanéité du vertige en tant que sensation d’inconfort et de frisson maîtrisé. 1.1.3. Une mobilité: «Plus rapide que la marche, plus souple que le vélo» ( 8) Les skateurs ont toujours ét é attirés à ce que la ville offre comme expérience urbaine, mais pour en profiter

pleinement,

ils

doivent

être plus conscients de son aspect environnemental. De ce fait, dans certaines villes comme Bordeaux et Barcelone, les

F.29|

Photo – Dog, Skate and Bike, New York, USA (FLICKR)

jeunes ont eu recours à des mobilités éco-responsables, tels que le vélo et le skateboard. (7)  ZARKA, Raphaël, « Chronologie lacunaire du skateboard: une journée sans vague », éditions B42, Paris, France, 2009, pp27-30. (8)  FANG, Kevin, « Faster than Walking, More Flexible than Biking: Skateboarding as a Real Mobility Mode », Transfers Magazine, 2018.

36

C hapitre II


S K A T EB OA R D

SKATE-URBANISME | LANDSKATE

Même si le vélo semble être le moyen de transport durable le plus utilisé par les gens, les skateboards sont de plus en plus populaires parmi les jeunes, comptant environ 1000 navetteurs en skateboard en Californie ( 9 ) . En effet, les personnes semblent le préférer pour sa légèreté, sa souplesse d’adaptation à tous les environnements et sa facilité de manœuvre. Ceux qui parcourent la ville à la recherche de vitesse et de mobilité fluide, sont connus sous le nom de « cruisers ». Dans ce cadre, Kevin Fang , chercheur dans le domaine des transports,

a

consacré

l’un

des

axes de ses études au skateboard. Il a trouvé que cette mobilité en fait un remède idéal à ce que les urbanistes appellent le « problème

du dernier kilomètre ». Il s’agit des formes de transport F.30|

Photo – Le problème du dernier kilométre, Iran (MATHIAS ZWIK)

disponibles pour couvrir ce dern ier kilomètre pour reliant les principaux

centres aux stations de transport public. On peut le parcourir alors par vélo, taxi ou skateboard ( 1 0 ) . Aussi attractif que puisse paraître ce mode de transport, il fait toujours l’objet de persécutions légales. Certains décideurs politiques considèrent encore le skateboard com me une forme de vandalisme et donc l’interdisent dans plusieurs villes, comme à Bordeaux, la Californie et Washington (11 ) , pour des raisons «sécuritaires». 1.1.4.

Un

instrument

urbain:

activer l’espace public: Comme

nous

précédemment

l’avons

mentionné,

de

nombreux skateurs font de la ville leur terrain. Pour certains, elle n’est perçue mais

que

pour

comme d’autres,

une elle

route, est

le

terrain ultime de la création et de l’expression de soi. Cette pratique est connue sous le nom du « skateboard récréatif », notamment parce qu’elle cherche

F.31|

Photo – Street Skateurs, Tehran, Iran (MATHIAS ZWIK)

à recréer l’espace urbain. Les skateurs voient des potentiels dans les commodités urbaines que l’usager ordinaire ne peut pas visualiser. Sur la base de ces possibilités potentielles, l’espace urbain renaît. (9)  FANG Kevin, « Skateboarding for transportation », Springer, 2017, p3 (10)  FANG Kevin, « Skateboarding for transportation », Springer, 2017, p4 (11) https://ggwash.org/view/68633/skateboarding-is-good-for-cities.-so-why-is-it-a-crime-in-dc

C hapitre I I

37


SK ATE BO AR D

SKATE-URBANISME | LANDSKATE

Un parking est aussi bien un lieu de stationnement qu’un lieu de patinage, un banc sert autant à se reposer qu’à «grinder», etc... De ce fait, le skateboard réévalue le milieu urbain, réanime l’abandonné et redynamise

Psychologue A m é ri c ai n

JAMES GIBSON

le quotidien.

«Le skateboard reconfigure effectivement le monde dans lequel il se déroule, non pas en le démolissant et en le reconstruisant physiquement, mais en révélant des possibilités jusqu’alors non perçues ( 1 2 ) »

Ainsi, le skateboard se rebelle contre l’usage passif de l’espace public et sa simple contemplation au lieu de son exploitation. Cela fait de cette pratique un activateur urbain. Comme la main de Midas qui transforme tout ce qu’elle touche en or, le skateboard transforme tout élément glissable en vie.

Les

deux derniers aspects du skateboard seront évidemment les

intérêts de ce mémoire vu la relation étroite de la pratique avec la ville et la manière dont les skateurs s’approprient ses éléments urbains, qu’ils soient à la recherche de mobilité durable ou d’espaces réinventés.

1.2. L’é v ol u t i on d e l a p r ati que: 1.2.1.

“Sidewalk

surfing”:

de

l’océan au bitume (1950-1970):

Raphaël

Zarka ,

« Chronologie

skateboard:

lacunaire une

journée

dans

du sans

vague », a retracé l’émergence de cette activité récréative dans le sud de la Californie à la fin des années 1950. F.32|

Photo – Les Californie (-)

jeunes

surfeurs/skateurs

de

Frustrés

en

journées

sans

vagues, les surfeurs ont fixé des

roues de patins à roulettes à des planches de bois dans le but de simuler le surf sur terre ( 1 3 ) . D’où la naissance du skateboard comme une pratique alternative au surf, à la fois agressive et douce. Puisque les raisons d’être du skateboard sont inextricablement liées au surf, ces surfeurs/skateurs cher chaient à imiter le style fluide du surf sur bitume, en développant de longues manœuvres de glissement pour recréer le mouvement des vagues. (12)  GIBSON, James, «The ecological approach to visual perception» , Lawrence Erlbaum, Hillsdale, 1986, p147. (13)  ZARKA, Raphaël, « Chronologie lacunaire du skateboard: une journée sans vague », éditions B42, Paris, France, 2009, p14.

38

C hapitre II


S K A T EB OA R D

SKATE-URBANISME | LANDSKATE

Autrement dit, toute surface courbe en béton doublait sa vocation pour devenir aussi un terrain, voire une aire de jeu, d’où le squat des fossés et canaux de drainage en béton, la reconquête des chaussées et fameux surnom « Sidewalk Surfing ». 1.2.2.

Pool

era

et

les

Z-boys:

Habiter les piscines (1970-1980): Au début des années 1970, et après l’amélioration révolutionnaire des skateboards, les skateurs ont découvert un nouveau domaine de développement.

Cette

évolution

a été fortement encouragée par le célèbre shop « Zephyr », et ses membres également connus sous

F.33|

le nom de « Z-Boys ».

Photo – Jay Adams, Z-boys, 1978 (CRAIG FINEMAN)

À la fin des années 70, alors que la sécheresse de 1976-77 s’étendait à toute la Californie, les piscines ont été vidées pour économiser de l’eau ( 1 4 ) . Les Z-boys et les skateurs de Cali recherchaient ces piscines publiques abandonnées pour les revendiquer comme terrains et stimu ler leurs compétences. Ils ont réalisé donc des manœuvres plus dangereuses et ont innové de nouvelles techniques. Les piscines ont été réinvesties et renaissent sous forme de « bowls ». Ainsi commença la « pool era », un monde où le « bowl skateboarding » est roi et les Z-boys ses créateurs. 1.2.3. «Vert/Ramp» skateboarding: le DIY et la maîtrise de la gravité (1980-1990): Au début des années 1980, une série de problèmes sécuritaires et

d’assurance

a

contraint

de

nombreux skateparks à fermer. Avec le déclin des skateparks bétonnés,

les

skateurs

ont

commencé

à

construire

des

« halfpipes »

ou

des

« rampes »

à partir de contreplaqué et de planches de bois dans les arrièreF.34|

Photo – Rampe DIY d’une (SKATEBOARDER,VOL.4,N°3)

arrière

cour

cours et les espaces abandonnés ou en friche (1 5 ) .

(14)  ZARKA, Raphaël, « Chronologie lacunaire du skateboard: une journée sans vague », éditions B42, Paris, France, 2009, p22. (15)  Ibidem, p41.

C hapitre I I

39


SK ATE BO AR D

SKATE-URBANISME | LANDSKATE

Le design imite la courbure des piscines pour compenser l’absence des «bowls» et se construit à une hauteur de 3,7 mètres ou plus (1 6 ) . Ces halfpipes permettaient aux skateurs d’effectuer, d’une manière transitoire et oscillatoire, des manœuvres aériennes verticales à des niveaux de compétence et de complexité inédits. Ainsi est apparu le nouveau style de skateboard connu sous le nom de « vertical/ vert skateboarding » ou « ramp skateboarding ». Ce style a attiré l’attention de l’industrie du sport et l’a incitée à organiser des compétitions qui ont poussé les skateurs à exploiter leur potentiel et qui sont à l’origine des X-Games; les compétitions de sports extrêmes de nos jours. 1.2.4. Street skateboarding et la “recon’skate” de l’espace urbain (1990-présent): À la fin des années 1980, les skateurs o nt reconquis la ville vu sa richesse et son accessibilité à tous. Ils ont continué à redéfinir le skateboard, grâce à la manœuvre du «ollie» ( 1 7 ) , pour reconfigurer les scénarios urbains, allant de la glisse tout le long des gardes corps et des bancs

jusqu’au

des murs

( 18 )

chevauchement

.

La ville, autrefois considérée comme

une

accumulation

d’obstacle s à éviter, est devenue un riche champ de défis à franchir.

F.35|

Photo – Réapproprier le mobilier urbain (NEW YORK TIMES)

Ce champ éclectique prêt à être exploré et exploité reste à ce jour l’habitat naturel préféré des skateurs, car il est toujours évolutif et n’est jamais statique. Les skateurs se rencontraient, «skataient» et se retrouvaient dans et autour de zones urbaines appelées «spots», qui étaient généralement des rues, des places ou des zones industrielles (1 9 ) . Une fois de plus, le skateboard a été le centre d’attention de l’industrie du sport, ce qui a entraîné la création de skateparks spécialement aménagés. Ainsi, les street skateurs ont ramené le skateboard à ses origines et ont repris la décolonisation de l’espace urbain que leurs prédécesseurs avaient entamée des décennies plus tôt. (16) Ibidem. (17)  L’année 1976 a radicalisé l’histoire du skateboard avec la naissance de la plus célèbre figure, la «ollie». Cette dernière a débuté depuis les parois des piscines vidées, les patineurs tentant d’atteindre le bord carrelé et de sauter par-dessus. Elle consiste à sauter tout en gardant la planche collée aux pieds. (18)  ZARKA, Raphaël, « Chronologie lacunaire du skateboard: une journée sans vague », éditions B42, Paris, France, 2009, p53. (19)  Ibidem, p61.

40

C hapitre II


S K A T EB OA R D

SKATE-URBANISME | LANDSKATE

« En détournant les objets qui composent l’environnement

A rc h i te c te Fran ç ai s

MILOS XIRANDAKIS

1. 3 . H ét érot op i es et modal i tés ur bai nes: urbain, en allant jusqu’à les renommer et à faire les points de repère dans une géographie recomposée, le skateur se crée sa propre ville

( 20 )

»

Dans ce cadre, Iain Borden , un professeur en histoire de l’architecture, mentionne dans son ouvrage «Skateboarding, space and the city» que cette expérience irréprochable s’inscrit dans le prolongement d’une notion évoquée en 1967 par le philosophe français Michel Foucault : c’est l’ hétérotopie (21) . Il met en analogie cette théorie avec la pratique du skateboard et établit les points en commun entre ces deux. Ce terme, d’origine grec ancien combinant le ( “topos”, “lieu” ) et ( “hétéros”, “autre” ), renseigne sur « un lieu autre ». L’hétérotopie se définit, d’après Foucault , comme « une localisation

physique de l’utopie; un lieu destiné à un objectif et à un groupe souvent ordinaire, qui est ensuite réaffecté, de manière surprenante et parfois utopique, par un autre groupe pour une période du temps (2 2 ) ». Autrement dit, ce sont des espaces

concrets

hébergeant

l’imaginaire, des lieux à l’intérieur d’une

société

qui

obéissent

à

des règles qui sont autres, qu’ils soient initiatiques, transgressifs ou stimulants. À ne pas confondre avec les utopies, qui consistent en une réalité alternative irréelle par opposition

F.36|

Photo – Mirror Garden, Archstudio (NING WANG)

ou perfection, les hétérotopies s’enracinent dans des espaces tangibles et les revendiquent comme de véritables fondations pour reconfigurer une réalité. Borden explique que les skateurs s’épanouissent dans les espaces vacants –qu’il s’agisse d’un escalier isolé, d’un parking désaffecté ou sous les arches d’une autoroute– ils sanctifient leur environnement, supplantant l’absence par une hétérotopie partagée propre à eux et utilisant l’espace urbain omniprésent d’une manière directement contradictoire à l’utilisation initialement prévue ( 2 3 ) . En revanche, Foucault considère le musée d’art et tout espace d’exposition

comme

une

« hétérochronie »;

une

hétérotopie

de

temps

(20)  XIRANDAKIS, Milos, «Faire (de) la planche en ville» , revue Spirale, Érès, Paris, France, 2013, Vol4, N°68, p22. (21)  BORDEN, Iain, «Skateboarding, space and the city», Berg, Oxford, 2001, (voir chapitre « Another pavement, another beach» , p5.) (22)  FOUCAULT, Michel, « Des espaces autres: utopies et hétérotopies », texte transcrit d’une conférence en 1967 et publié par le journal Architecture /Mouvement/ Continuité en 1984, p3. (23)  BORDEN, Iain, «Skateboarding, space and the city», Berg, Oxford, 2001, (voir chapitre « Another pavement, another beach» , p7.)

C hapitre I I

41


SK ATE BO AR D

SKATE-URBANISME | LANDSKATE

qui s’accumule, un lieu qui se situe en dehors des lieux et des moments spécifiques, face à sa collection qui est à la fois préservée et construite (2 4 ) . La notion poignante d’accumulation met en lumière la nature fluide de l’hétérotopie « capable de juxtaposer dans un même lieu réel, plusieurs

espaces, plusieurs sites qui sont en eux-mêmes incompatibles (2 5 ) .» Indépendamment de la dichotomie entre les skateurs et les espaces d’expositio n, il existe un chevauchement évident entre les sphères culturelles. Pour Foucault , les territoires du skateur et du sculpteur sont «juxtaposés» et «incompatibles», mais les espaces publics des centres-villes ne peuvent pas occuper séparément la culture mainstream et la culture alternative. Dans ce cadre, Raphaël Zarka, un plasticien et skateur français, explore cette dimension hétérotopique du skateboard en 2017, dans sa contribution à l’exposition co-organisée par l’EACC (Espai d’Art Contemporani de Castelló) et BPS22 (Musée d’art de la Province de Hainaut à Charleroi). Sa

contribution

porte

sur

2

disciplines,

l’une

est

une

série

de

photographies intitulée « Riding Modern Art » et l’autre est un ensemble de sculptures géométriques intitulé « Paving Space ». Riding Modern Art: La

série

photographique, qu’il a collectée auprès de divers

photographes

internationaux, étudie la

relation

entre

le

et

les

skateboard sculptures

modernes

des espaces publics. Pour l’art

public

Zarka , est

un

F.37|

Photo – Amsterdam, 2017 (GUILLAUME PÉRIMONY)

F.38|

Photo – Utrecht, 2014 (MARCEL VELDMAN)

skatepark prêt à être exploré, redéfini et revécu. Il s’intéressait au rapport à l’art qu’induit une telle appropriation. Les considérations esthétiques ont été remplacées par la compréhension et l’expérience de la dynamique et des mouvements offerts par une œuvre devenue praticable au même titre qu’un muret ou une main courante. L’idée du mouvement dans ces pièces souvent abstraites et géométriques est rendue visible par les skateurs, traduite en physique pure et en énergie brute. Tout comme les skateurs reconfigurent les bancs, escaliers, trottoirs et autres meubles urbains, ils donnent un nouveau sens à l’art public. (24)  FOUCAULT, Michel, « Des espaces autres: utopies et hétérotopies », texte transcrit d’une conférence en 1967 et publié par le journal Architecture /Mouvement/ Continuité en 1984, p7. (25)  Ibidem, p6.

42

C hapitre II


RAPHAËL Z A R K A

S K A T EB OA R D

SKATE-URBANISME | LANDSKATE

« Contrairement au critique d'art, le skateur ne cherche pas le 'non-

dit' d'une œuvre d'art, son sens caché. Un skateur ne "traduit" pas une œuvre d'art non plus, même si ce qu'il fait est similaire à un certain degré seulement... Comme un acteur ou un musicien, le skateur joue l'œuvre. C'est une performance à part entière (2 6 ) »

Paving Space: En ce qui concerne les installations sculpturales, «Paving Space» transforme l’impressionnant hall du musée en un skatepark, un endroit qui estompe les frontières qui séparent le musée et l’espace public. L’acte

scénographique

est

également

observable

depuis

une

mezzanine. Le hall d’exposition devient un espace hybride où les skateurs et les spectateurs doivent établir leurs propres cadres de cohabitation.

F.39|

F.41|

Photo – Paving Space, 2017 (MAXIME VERRET)

Photo – Paving Space, 2017 (MAXIME VERRET)

Les skateurs doivent, à la fois, s’adapter aux formes brutes des modules en bois et à l’espace du musée, avec ses galeries étroites, qui obstruent leurs trajectoires et limitent leurs motions. Le musée, un espace défini par sa protection contre le chaos du monde extérieur, doit intégrer la figure perturbatrice du skateur. Cette principe les

incompatibilité

actif

pratiques

transformées

Paving

du

sont par

les

est

le

Space :

testées

et

objets;

les

objets sont réinventés par des gestes inédits; l’espace est renouvelé par des flux inattendus. Cela

révèle

l’hétérotopie n’est

qu’elle

de

la

théorie

Foucault,

l’accentue;

si

de ce

F.40|

Photo – Paving Space, 2017 (MAXIME VERRET)

cette

incompatibilité inévitable mais juxtaposée de la pratique hétérotopique du skateboard et de la nature hétérochronique des musées. (26) https://www.telerama.fr/sortir/pour-raphael-zarka,-lart-public-est-un-skate-park,n5273163.php

C hapitre I I

43


SK ATE BO AR D

SKATE-URBANISME | LANDSKATE

Zarka

aborde

la

pratique

du skateboard comme une sorte de pour

réécriture un

d’espaces

usage

conçus

particulier,

pour

ensuite les transférer à sa pratique artistique. L’artiste a conçu ces modules en les amplifiant à l’échelle des installations

urbaines

et

en

leur

permettant ainsi d’être utilisés par

F.42|

Photo – Paving Space, 2017 (MAXIME VERRET)

les skateurs ( 2 7 ) . En conséquence, ces derniers doivent s’adapter aux sculptures de

Zarka de la même manière qu’ils cooptent les objets qu’ils trouvent dans l’espace public. Paving space convoque des corps entiers, avec du rythme, du mouvement et du sens; des paramètres qui sont à chaque fois en train de se transforme r et de s’anamorphoser. Ainsi, les sculptures ne sont pas terminées tant qu’elles n’ont pas été patinées. Avec cette installation, Zarka passe donc de la « sculpture documentaire » à la « sculpture instrumentale » qui, à ses yeux, fonctionne comme une symphonie que les skateurs déchiffrent et interprètent.

(27)  LÉGER, Nina, « Raphaël Zarka: Paving Space », Carhartt, a Skateboarding Annual, n°3, 2017, p 58

44

C hapitre II


S K A T EB OA R D

SKATE-URBANISME | LANDSKATE

S YNT HÈ S E LES DIFFÉRENTS POINTS DE VUE:

Un jouet

Un sport

Une mobilité

Un instrument urbain

L’ÉVOLUTION DE LA PRATIQUE: 01. SIDEWALK SURFING

03. VERT/ RAMP SKATING Réinvestir les piscines vidées.

1950

Reconquête de l’espace urbain.

1970

1980

La rue comme terrain.

1990

Construire des «halfpipes» bricolées. 02. POOL ERA ET LES Z-BOYS

04. STREET SKATING

HÉTÉROTOPIES ET MODALITÉS URBAINES: LA THÉORIE Hétérotopie: · Un lieu autre · La localisation physique de l’utopie Hétérochronie: · Accumulation de temps · Juxtaposition d’éléments incompatibles

C hapitre I I

ANALOGIE AVEC LA PRATIQUE Skateboard · = Pratique transformatrice · = Hétérotopie urbaine

CONCRÉTISATION Riding Modern Art: · Réapproprier les sculptures urbaines

Paving Space: · Le skateur donne sens aux sculptures lorsqu’il les exploite

45


SK ATE - U R BANISME

SKATE-URBANISME | LANDSKATE

2 . LE S K AT E -UR B AN I SME: Depuis les années 1970, lorsque les skateurs ont commencé à s'approprier les espaces publics pour leur propre usage, les architectes ont été complices des responsables municipaux pour décourager la pratique du skateboard. Le skate a été criminalisé pendant des années, perçu comme « une

pathologie urbaine ( 2 8 ) » et donc interdit de l’espace public. Cette attitude a perduré pendant des décennies et est encore adoptée dans quelques villes. Bien que cela soit décourageant, ces dernières années ont été marquées par une nouvelle approche accueillante dans le paysage urbain, faisant de la ville un environnement «skate-friendly» et reconnaissant les avantages sociaux et urbains du skateboard.

2.1. De l ’ a r c h i t ec t u r e hosti l e au sk ate-u r ban i sme: Intrinsèquement skateboard

de

rue

urbain, est

le

présent

partout, qu’il soit toléré ou rejeté. Cela

implique

qu’il

se

pratique

également là où il peut perturber la tranquillité ambiante de certains quartiers, places ou rues. De ce fait, les skateurs se trouvent repoussés des espaces publics par le recours à des dispositifs hostiles ou comme les

décideurs

les

déguiser

urbains en

aiment

à

«architecture

défensive» . Ces dispositifs sont également des opérations sécuritaires de la «prévention politique

situationnelle»;

préventive

contre

une la

F.43|

Photo – Skateboarding is not a crime (PINTEREST)

délinquance par la réduction de la sensation d’insécurité. Elle implique l’utilisation de moyens urbains ciblés afin de rendre les espaces moins criminogènes (2 9 ) . Certes, dans plusieurs cas, ces opérations ont été pour le bénéfice des habitants mais il semble que l’évolution de cette politique tend vers la création des individus paranoïaques et des communautés de solitaires, repliés sur eux-mêmes et traitant toute forme de différence comme une intrusion. (28)  HOWELL, Ocean, « The Poetics of Security: Skateboarding, Urban Design, and the New Public Space », 2001, pp1-2. (29)  CHALUMEAU, Éric, « Prévention sociale, prévention situationnelle, fondements complémentaires d’une politique de sécurité ». Les cahiers du DSU, pp 11-14.

46

C hapitre II


S K A T E- U R B A NI SM E

SKATE-URBANISME | LANDSKATE

Cela a entraîné la répulsion de certains individus de l’espace public au profit d’autres, les citoyens étant devenus décideurs de leur environnement. D’où la conception des lieux défensifs plutôt que des lieux défendables et la naissance de l’architecture «défensive». Dans sa forme d’oppression la plus subtile, l’architecture hostile se contente de panneaux d’interdiction de toutes pratiques informelles, on trouve des espaces prohibant le graffiti, le skateboard, les squats des sdf, etc... Cependant, dans la plupart des cas, les conceptions hostiles se permettent d’utiliser des greffes agressives sur le mobilier urbain pour dissuader ces activités délinquantes. En détournant l’espace public, le skate en remodèle les éléments et, dans une certaine mesure, il les «déforme». Lorsqu’il s’agit de

F.44|

Photo – Panneaux d’interdiction (PINTEREST)

la sécurité des usagers urbains,

«le skateboard est une pratique hors-piste qui partage son terrain de jeux avec ceux qui ne jouent pas (30) » . Ainsi, les skateurs risquent leur bien-être et celui des autres en effectuant des figures extrêmes et dangereuses. Par conséquent, des mesures sécuritaires ont été prises à l’égard de cette pratique. En effet, le traitement du skate connaît son apogée dans la mise en œuvre des «skate-stoppers»; un dispositif anti-skate placé au cœur de l’espace public. Ces dispositifs varient de la mise en place d’encoches, des pics ou d’autres potelets sur les bancs, les jardinières et rampes, jusqu’aux par-terres de galets ( 3 1 ) .

F.45|

Photo – Pics anti-skate (MARK VALLÉE)

F.46|

Photo – Lame anti-skate (MARK VALLÉE)

F.47|

Photo – Encoche anti-skate (MARK VALLÉE)

Évidemment, ces équipements rendent la pratique du skate plus complexe, si pas impossible, ainsi empêchant les skateurs d’approprier le mobilier urbain et le vandaliser. (30)  ZARKA, Raphaël, « La conjonction interdite », éditions B42, Paris, France, 2007, p11. (31)  GURBERT, Lucien, «Dispositifs défensifs & prévention situationnelle: entre fantasmes policiers & réalité urbaine» , Mémoire de Master à l’École Nationale Supérieure d’Architecture de Nantes, France, 2016, pp 10-14.

C hapitre I I

47


SKATE-URBANISME | LANDSKATE

SK ATE - U R BANISME

Bien souvent, cette stricte interdiction, qui parfois s’accompagne d’une présence policière, ne semble pas tant dissuader les skateurs, au contraire, elle ne fait que leur présenter un obstacle à surmonter davantage. Dans

ce

Seb

cadre,

un

designer

graphique

a

critiqué

cette

Price ,

Londonien,

politique

de

marginalisation dans un projet urbain ironique

GENERATIONS » Il

« INVEST

intitulé (32)

installe

IN

FUTURE

. des

skate-stoppers

éphémères tout au long des éléments urbains fréquemment appropriés par F.49|

Photo – Skate-stopper “FUTURE” (SEB PRICE)

les skateurs et compose les citations

médiatisées par les aménageurs urbains. Autant les gens pensent que le skateboard est une nuisance à abolir, autant certains s’orientent vers une approche plus inclusive de cette pratique. En effet, ces dernières années ont témoigné d’espaces urbains plus hybrides et inclusifs, permettant à cette minorité de contribuer à la dynamique de la ville, voire de la générer. Le

skate-urbanisme

naît

de

la reconnaissance des avantages sociaux et urbains du skateboard. Il

célèbre

cette

pratique

et

lui

donne l’opportunité de se déployer et

d’évoluer

naturel.

Cette

démocratiser

dans

son

approche le

habitat vise

skateboard

à en

l’intégrant dans le paysage urbain; soit par la construction d’un réseau de

skateparks

ou

parcs

urbains

«skate-friendly», d’où la notion du «landskate» ( 3 3 ) , soit par l’injection de mobiliers «skatables» sans pour autant être exclusivement dans un espace dédié au skate. La présence de plus en plus importante des «skatarchitectes» ( 3 4) a conduit à la création de bureaux d’études

capables

de

F.48|

Carte – Visualisation des agences d’architecture intéressées au skate en Europe (TRAVAIL PERSONNEL+ SITES OFFICIELS DES AGENCES)

favoriser

(32) https://sidewalkmag.com/skateboard-news/defensive-architecture.html (33)  Le terme dérive du “landscape” et “skate”, et indique l’établissement d’un lien direct de continuité avec le paysage environnant à travers les skateparks. (34)  Architectes et urbanistes qui sont à la fois des skateurs ou ex-skateurs, et donc des experts des deux domaines. Ils consacrent principalement leurs conceptions aux espaces dédiés au skateboard ou des espaces «skate-friendly».

48

C hapitre II


S K A T E- U R B A NI SM E

SKATE-URBANISME | LANDSKATE

la conception d’espaces inédits pour le skate. Dans toute l’Europe, on estime aujourd’hui à plus qu’une dizaine le nombre de bureaux travaillant exclusivement, semi-exclusivement ou sporadiquement sur des espaces dédiés au skateboard de toutes sortes. En effet, Bordeaux, Copenhague et Barcelone ont été les plus grands laboratoires vivants du skate-urbanisme, où la limite entre espace public et espace «skatable» s’efface.

DÉDIÉ AU

NOMBRE DE

CRÉATION

SKATE

PROJETS

daniel yabar

2011

oui

20

skate-architects

2002

oui

30+

scob

2005

non

6

constructo

2000

oui

100+

h a l l 04

2006

oui

20+

l’escaut

1989

non

4

mba

1997

non

3

lndskt

oui

20

yamato living ramps

2012

oui

40

sne

2006

oui

20+

non

3

glifberg+lykke

2009

oui

18

effekt

2006

non

4

Pivotech

2008

oui

35

oui

50+

NOR VÈGE

betongpark

oui

20

FIN LANDE

janne saario

2006

oui

20+

AGENCES

E SPAGNE

DATE DE

PAYS

FRANCE BELGIQUE ALLEMAGNE DANEM ARK SUÈDE F.50|

1:1

landskab

Placed

to ride

Tableau – Inventaire des agences d’architecture intéressées au skate en Europe (TRAVAIL PERSONNEL+SITES OFFICIELS DES AGENCES)

C hapitre I I

49


SK ATE - U R BANISME

SKATE-URBANISME | LANDSKATE

Cet engouement indéniable pour le skate-urbanisme émane de la conscience que le skateboard, contrairement aux croyances communes sur sa nature criminelle et délinquante, s’est avéré lutter contre ce que sa réputation évoque. Outre, selon Ocean Howell , professeur agrégé à l’université de l’Oregon, l’intégratio n de skateurs dans les espaces publics peut être utilisée comme une tactique de réactivation communautaire. Prenant l’exemple du LOVE Park aux É tats-unis, les skateurs ont contribué à attirer toute une série de personnes créatives et à améliorer les zones à risque auparavant connues pour leurs activités de drogue et de vols (3 5 ) . En activant des espaces dormants et en créant des opportunités d’interaction entre différents groupes, le skateboard permet à la ville de susciter un lien d’appartenance plus fort avec l’espace public. D’anciens espaces sous-utilisés qui connaissaient des problèmes de criminalité ont soudainement accueilli des communautés dynamiques et engagées. Cependant, l’utilisation du skate comme tactique de réactivation ou de revitalisation d’un espace urbain doit être surveillée de près et doit se faire en partenariat avec les municipalités, afin de ne pas évincer les populations actuelles. On cite le cas de la ville de Bordeaux, où l’initiative de «Skate(Z) Zen» ( 36) a instauré le dialogue entre la mairie, les riverains et les skateurs à travers des régulations horaires de la pratique dans les espaces publics du centre ville ( 3 7 ) . Dans ce cadre, on propose d’étudier un projet de référence dont l’approche du skate-urbanisme repose principalement sur le réinvestissement de lieux délaissés afin de susciter un environnement plus convivial pour les skateurs et les résidents.

MOSCOU,

2017

01

SKATESPOT NEAR THE KRYMSKY OVERPASS / SNOHETTA + STRELKA KB Reconversion d’un parking sous un viaduc en skatespot. Contexte: paysage urbain au cœur du centre

RUSSIE

ville. Apport: · Réconcilier la pratique avec l’espace public · Dépasser la conception stéréotype des skateparks.

(35)  HOWELL, Ocean, «The Creative Class and The Gentrifying City: Skateboarding in Philadelphia’s Love Park» , Journal of Architectural Education, N°59, Vol 2, 2005, pp 32-42. (36)  Une médiation entre skateurs et riverains bordelais dans le cadre d’un schéma directeur général préparé par la municipalité de Bordeaux et les skateurs en 2017. (37) https://www.bordeaux.fr/p123151/l-usage-du-skate-a-bordeaux#l-experimentation-en-cours

50

C hapitre II


S K A T E- SP OT U NDER T H E K R Y MSK Y O V E R PASS

SKATE-URBANISME | LANDSKATE

2.1. 1. A SKATE-SPOT NEAR THE KRYMSKY OVERPASS SN OH ET T A ST R EL K A KB ST R EL K A AR C H I T EC T S EMPLACEMENT: MOSCOU, RUSSIE SUPERFICIE: 470 m² ANNÉE: 20 17

C ONTEXTE GÉNÉRAL

Le skatespot est situé sous un viaduc et entre deux voies d’accès, et se présente dans le cadre d’un projet de restructuration urbaine de Garden Ring; une avenue circulaire autour du centre de Moscou. Le skatespot offre un nouvel espace social pour la jeune population de Moscou. Le studio norvégien Snohetta, avec Strel ka KB, et Strelka architects ont collaboré avec la fédération de skateboard et le producteur russe d’équipement de skatepark Tsekh.

C hapitre I I

51


SK ATE - SPO T U ND E R TH E K R Y MSK Y O V E R PASS

SKATE-URBANISME | LANDSKATE

ÉTAT INITIAL: Avant la reconstruction, cet endroit était utilisé comme parking. Il était donc assez abandonné, sans âme et non fréquenté qu’en cas de stationnement des véhicules. Le trottoir longeant le bâtiment de l’autre côté était mal exploité, étroit et difficile à circuler. Il accueillait un flux important de piétons vu la proximité à la station du métro. La chaussée était très large et privilégiait le stationnement des véhicules au lieu d’avoir une piste piétonne confortable.

F.51|

Photo – Street View, 2015 (GOOGLE EARTH)

F.52|

Photo – Street View, 2015 (GOOGLE EARTH)

LA RECONVERSION: Après la reconversion, l’espace est devenu un repère pour les skateurs constituant un nouveau point d’attraction pour les jeunes. Le spot, évidemme nt, est devenu un spectacle de rue pour les passants, et une pratique quotidienne pour les fréquentateurs de l’endroit. En outre, le trottoir du bâtiment opposant a été élargi privilégiant la circulation piétonne et réaménagé en injectant du végétal.

F.53|

Photo – Street View, 2019 (GOOGLE EARTH)

La

rénovation

du

F.54|

Photo – Street View, 2019 (GOOGLE EARTH)

trottoir

comprend aussi l’introduction de quelques assises servant à la fois tro

comme mobilier urbain et comme plateforme “skatable”. Ceci rend l e trottoir une extension du skatespot

tto

ir r éa mé n

ag

é

et une continuité de cet usage en dehors de ses limites. Le

spot

profite

d’une

vue

traversante sur la place Krymskaya,

F.55|

Axono – Reconversion (ARCHDAILY)

où beaucoup roulent déjà à Moscou

52

C hapitre II


S K A T E- SP OT U NDER T H E K R Y M SK Y O V E R PASS

SKATE-URBANISME | LANDSKATE

ou essaient de monter sur la planche pour la première fois. Le nouvel endroit a ajouté les pièces manquantes.

F.57|

Coupe – Vue sur la place Krymskaya (ARCHDAILY)

Le spot est assez petit et est entouré de voies véhiculaires très mouvementées des deux côtés. Les architectes ont eu recourt à des hautes clôtures avec des filets de sécurité pour éviter les accidents et le contact avec les flux de part et

d’autre

tout

en

gardant

une

connexion visuelle avec l e milieu. Ainsi, le skatepark assure la sécurité des skateurs et des passants au même temps. Pour éviter l’aspect monotone et brutaliste associé à l’activité, le sol a été rempli de béton ciré coloré. F.56|

Photo – Fragment de la clôture (ARCHDAILY)

SYNT H È S E Le spot a dépassé la conception stéréotypée des skateparks et s’est plutôt implanté au cœur du centre-ville de Moscou. Les architectes ont animé la zone en transformant l’espace d’un lieu inhabitable à un lieu habité et en gardant l’espace ouvert, flexible et suggestif d’une infinité d’appropriations et d’improvisations par les usagers. L’e space a généré des dynamiques sociales et a renforcé les liens d’appartenance dans la communauté. Ils ont réussi aussi à réconcilier la pratique avec l’espace public tout en répondant aux besoins des piétons et des skateurs sans pour autant privilég ier l’un ou l’autre.

C hapitre I I

53


SKATE-URBANISME | LANDSKATE

SK ATE - U R BANISME

2. 2. Sk a t e- u r b a n i s m e et «Si tu ati oni sme»: Les skateurs interprètent et vivent la ville d’une manière singulière. Ils scrutent constamment l’urbain à la recherche d’espaces pouvant être « skatables » et possèdent un regard architectural inédit qui voit les potentiels inexploités de la ville en la dépouillant de ses formes, textures et surfaces. Outre, ils subissent la routine de fréquenter les lieux établis ou comme ils les appellent « spots ». Cependant, de temps en temps, les skateurs partent à la recherche de nouveaux terrains favorables, parcourant la ville aveuglés par l’appétit des formes. De ce fait, Iain Borden explore dans «Skateboarding, space and the

city» les similitudes flagrantes avec les situationnistes, où les skateurs dévoilent la structure cachée de la ville à travers l’expérience ludique de la « dérive », du « détournement » et de la « psychogéographie »

(38)

F.58|

Photo – Graffiti à Paris, 1968 (INVENTIN)

.

En 1957, l’Internationale Situationniste (IS) voit le jour. Ce mouvement avant-garde, dont l’un de ses protagonistes est l’écrivain français Guy Debord, critique l’urbanisme fonctionnaliste et la société capitaliste mais également opère un dépassement de l’art dans un projet de création absolue; un projet (38)  BORDEN, Iain, «Skateboarding, space and the city», Berg, Oxford, 2001, (voir chapitre « Speaking the city: Skateboarding Subculture and Recompositions of the Urban Realm» , p19)

F.59|

54

Illustration – Le skateur dériviste (TRAVAIL PERSONNEL)

C hapitre II


S K A T E- U R B A NI SM E

SKATE-URBANISME | LANDSKATE

artistique qui puisse envahir la monotonie de la vie quotidienne (3 9 ) . De bord dénonce l’urbanisme fonctionnaliste et propose l’alternative de «l’urbanisme unitaire» com me instrument critique renversant l’organisation de l’espace. Il qualifie le fonctionnalisme comme déshumanisant des espaces publics en les remplaçant par des «spectacles», c’est-à-dire les rendre des produits plutôt que des commodités (4 0 ) . Submergée par les «junkspaces» (41 ) , la ville capitaliste reflète la «société marchande» (4 2 ) et ses spectacles, alors que la ville situationniste reflète la société ludique et ses hétérotopies. En revanche, Debord propose un «urbanisme unitaire» qui «emploie

l’ensemble des arts et des techniques comme moyens coopérant à une composition intégrale de l’environnement (4 3 ) » . Cela implique la mise en motion des tactiques comportementales d’exploration et d’appropriation de la ville, voire la psychogéographie, la dérive et le détournement. Le terme «psychogéographie» a été inventé par Debord en 1955. Il désigne une manière ludique et inventive d’explorer un environnement urbain, en recherchant les émotions et la conscience plutôt que la structure définie de manière routinière (4 4 ) . Il s’agit alors d’une expérience sensorielle de la ville, une recherche d’ambiances motivée par le moyen de plaisir et de jeu plutôt que par l’envie de consommer. La «dérive» désigne «la pratique d’un dépaysement passionnel par le

changement hâtif d’ambiances, en même temps qu’un moyen d’étude de la psychogéographie ( 4 5 ) ». Autrement dit, c’est une technique de passage (39)  HOWELL, Ocean, « The Poetics of Security: Skateboarding, Urban Design, and the New Public Space », 2001, p6. (40)  DEBORD, Guy, « La société du spectacle », Éditions Buchet-Chastel, Paris, 1967. (41)  Un néologisme inventé en 2011 par Rem Koolhaas dans son œuvre « Junkspace: Repenser radicalement l’espace urbain » et désigne les éléments standardisés identiques et répétitifs constituant la ville moderne; ce sont les espaces épuisés par la surconsommation et non par le vécu. Ex: les parkings, les malls, les grattes-ciel... (42)  DEBORD, Guy, « La société du spectacle », Éditions Buchet-Chastel, Paris, 1967. (43)  DEBORD, Guy, « Rapport sur la construction des situations et sur les conditions de l’organisation et de l’action de la tendance situationniste internationale », Inter, N°44, 1989, p14. (44)  Ibidem, p16 (45)  Ibidem, p17.

C hapitre I I

55


SK ATE - U R BANISME

SKATE-URBANISME | LANDSKATE

F.60|

Bande Dessinée – Détournement de la vie quotidienne, 1968 (SITE WEB DES ARCHIVES INVENTIN)

rapide à travers des ambiances variées. Ces dernières étant un mélange savant de formes, d’éclairages, de couleurs, de sons et d’odeurs. Elle

se

distingue

classiques sa

de

spontanéité

des

notions

promenade et

se

par

rapproche

d’une flânerie sensoriellement plus consciente. La dérive inspirée par l e flâneur est un acte de déambulation dans la ville sans itinéraire fixe et sans horaire déterminé. Le sa

«dériviste»

propre

l’environnement l’acte

construit

expérience urbain

de

à

de travers

«détournement»

référant à la prise de conscience de

la

monotonie

commercialisés

et

des la

espaces prise

F.61|

Schéma – Section française de l’Internationale Situationniste, Nouveau théâtre d’opérations dans la culture, 1958 (SITE WEB DES ARCHIVES INVENTIN)

de

position de les transgresser et les réapproprier par le moyen de l’art et du plaisir, tout en évitant les intentions élitistes et institutionnalistes (4 6 ) . Debord a considéré le graffiti, le pastiche et le sticker et tout forme d’art informel ou «guérilla» ( 4 7 ) comme des exemples de détournements urbains. Cependant, cette théorie excentrique n’est pas restée un simple écrit à ajouter sur un rayon de philosophie révolutionnaire d’après-guerre dans une bibliothèque. Les situationnistes ont essayé de concrétiser leurs idées dans une approche plus expérimentale sur le plan spatial, s’engageant ainsi dans une errance non conventionnelle et cartographiant leurs balayages atmosphériques de la ville selon leurs intuitions. Debord a évidemment documenté son expérience dériviste au cœur de Paris dans une série de cartes intitulées « Guide psychogéographique de Paris.

Discours sur les passions de l’amour », où il met en évidence le concept des (46)  Paru dans la conférence «Internationale Situationniste», N°1, Juin 1958. (47)  Des actions informelles ou activités réalisées de manière impromptue, souvent sans autorisation.

56

C hapitre II


S K A T E- U R B A NI SM E

SKATE-URBANISME | LANDSKATE

« plaques tournantes » qui consistent en unités d’ambiances autonomes mais interconnectées par des effets psychogéographiques. l’agencement

Il

révèle

psychologique

et

social de la ville, ainsi que de son agencement spatial ( 4 8 ) . Le

skateboard,

pratique se

étant

purement

présente

comme

manifestations

une

ludique, une

des

du

détournement

les

situationnistes

urbain. Comme

dérivistes, les skateurs sont poussés par la critique de la vie quotidienne et

la

recherche

ils

veulent

et

construire

des

détourner ces

sensations, la

réalité

situat ions

qui

F.62|

Carte – Les « plaques tournantes », 1957 (GUY DEBORD)

formeraient de nouvelles ambiances où les désirs seraient satisfaits. Même s’ils ne vont pas aussi loin dans la revendication de l’aspect subversif de leur pratique, il y a aussi une critique inhérente de la ville fonctionnaliste et de son pouvoir aliénant. Le skateur, dans sa déambulation ambiguë et spontanée, forme une carte mentale «rhizomatique» (4 9 ) tissant ces fragments de «situations construites» ou encore «spots» autonomes et enrichissant l’aventure de la glisse urbaine. La rue, le trottoir, le panneau de direction, les rythmes des voitures et des piétons, etc... dialoguent avec le skateur dériviste et définissent sa dérive. Ce sont les paramètres ambiants qui dominent sa envie de reconquérir un endroit déterminé et influencent par la suite la manière dont il le détourn e.

(48) https://www.frac-centre.fr/_en/art-and-architecture-collection/debord-guy/guide-psychogeographique-paris-discours-sur-lespassions-l-amour-317.html?authID=53&ensembleID=135 (49)  Dérivé du concept du Rhizome et développé par Gilles Deleuze. Il désigne un réseau qui relie des points dispersés et sans rapport, sans pour autant qu’ils aient des caractéristiques de même nature.

C hapitre I I

57


SK ATE - U R BANISME

SKATE-URBANISME | LANDSKATE

Cette errance sensible a amené les skateurs à définir les critères du choix d’un spot selon les circonstances de sa «rideability» (5 0 ) . Fredrik Angner, un architecte suédois, a établi une série d’interviews avec une vingtaine de skateurs et a essayé de dégager ces paramètres (5 1 ) , dont il cite: – Facilité de son accessibilité – Les qualités physiques de ses éléments constitutifs: matériaux robustes et surfaces lisses – Configuration minimaliste et ouverte – Connectivité avec les autres spots – Authenticité: le spot doit être trouvé – Réinterprétabilité: le spot doit être évolutif et multifonctionnel – Unicité de son identité – Défi: le spot doit présenter des obstacles à franchir – Sérénité: moins de distraction – Imprévisibilité: mixité sociale – Contexte environnant: paysage urbain ou naturel – Proximité des commodités – Dynamique et variation des scénarios Dans l’occasion d’analogie entre le mouvement situationniste et l’approche du skate-urbanisme, on propose d’étudier un projet qui s’intègre dans un réseau de skateparks à Paris. En effet, le «Skatespot de la rue Léon Cladel» est l’exemple ultime de l’importance d’injection de spots au cœur du centre ville pour enrichir l’expérience du skateur dériviste dans sa recherche incessante des moments urbains sensibles.

PARIS, FRANCE

2012

02

SKATESPOT DE LA RUE LÉON CLADEL / CONSTRUCTO SKATEPARKS Aménagement d’une rue piétonne sousutilisée en piste glissable. Contexte: paysage urbain au cœur du centre ville. Apport: · Renforcer l’expérience de la dérive · Générer un nouvel événement urbain purement ludique

(50)  La capacité d’un endroit à être intrigant et adapté à la pratique du skateboard. (51)  ANGNER, Fredrik, «Skateboard urbanism: An exploration of skateboarding as an integrated part of public space», Rapport de mémoire de Master, Université suédoise des sciences agricoles, Département de l’architecture paysagère, 2017, pp 43-47..

58

C hapitre II


S K A T ESPOT DE L A R U E L ÉON C LAD E L

SKATE-URBANISME | LANDSKATE

2.2.1. S K A T E SPOT DE LA RUE LÉON CLADEL C ONST R U C T O SK A T EP AR K S EMPLACEMENT: PARIS, FRANCE SUPERFICIE: 630 m² ANNÉE: 20 12

Ce projet prévoit l’utilisation du skateboard

CO NT EXT E GÉNÉR AL

dans une rue sous-utilisée au centre ville, un environnement urbain dense et piétonnier. Le skatepark a été réalisé par l’entreprise

Constructo Skatepark en collaboration avec le plasticien et skateur français Raphaël Zarka . C’est le premier espace public dédié à la glisse urbaine dans une rue à Paris. Le projet est établi après la demande de collégiens du quartier de remplacer la rampe démontée au jardin des Halles. Le centre ville, étant un champ riche en sollicitations sensorielles et donc propice à l’expérimentation dériviste, présente le terrain parfait pour l’implantation des spots ponctuels.

C hapitre I I

59


SK ATE SPO T D E LA R U E LÉ ON C LAD E L

SKATE-URBANISME | LANDSKATE

Pour dépasser le simple cadre de la piétonnisation et de l’adjonction de modules, le projet a été imaginé comme un aménagement global, d’un bout à l’autre de la rue, comme si on tissait le parcours traversant.

Photo – Réseau des skateparks à Paris (TRAVAIL PERSONNEL)

F.63|

F.64|

Photo – Contexte environnant (CONSTRUCTO)

F.65|

Photos – Différents scénarios du skatespot (CONSTRUCTO)

Cet espace public partagé, sous forme d’une piste en béton coloré

vert,

unifie

les

différents

éléments de glisse qui se soulèvent et

se

contorsionnent

à

chaque

rebond contre le trottoir. Ce entre

projet

pilote,

intervention

à

cheval

urbaine,

sportive

et artistique, intègre l’ensemble des normes relatives à l’espace public, et permet l’accès aux piétons, aux véhicules d’urgence et de service sans pour autant agresser la pratique des skateurs. Ce connu

skatepark dans

la

demeure

communauté

très du

skate et présente l’un des plus grands repères au centre-ville de Paris vu son accessibilité facile, sa proximité des

commodités, sa unicité et la variété de ses scénarios.

F.66|

60

Photo – Différentes figures du skatespot (CONSTRUCTO)

C hapitre II


S K A T ESPOT DE L A R U E L ÉON C LAD E L

F.67|

SKATE-URBANISME | LANDSKATE

3D – Implantation du projet au cœur de Paris (CONSTRUCTO)

La fréquentation de cet espace par les skateurs lui a donné une nouvelle perception. Les passants s’arrêtent pour admirer cette pratique et la considèrent comme un spectacle de rue, une performance qui anime la monotonie de la rue, stimule la curiosité des personnes et offre l’opportunité aux skateurs de s’exprimer.

F.68|

Photo – Spectacle de rue (CONSTRUCTO)

F.69|

Photo – Spectacle de rue (CONSTRUCTO)

CRITÈRES DE «RIDEABILITY»: · Accessibilité: facile et claire · Composantes: matériaux robustes (béton) et surfaces lisses · Configuration: minimaliste, ouverte, vaste · Authenticité: Espace aménagé et dédié au skate · Réinterprétabilité: oui · Unicité: oui · Défi: le spot présente plusieurs modules · Sérénité: espace mouvementé et bruyant

C hapitre I I

61


SKATE-URBANISME | LANDSKATE

SK ATE SPO T D E LA R U E LÉ ON C LAD E L

· Imprévisibilité: Très fréquenté par différentes tranches de personnes · Contexte environnant: situé au cœur du centre ville, entouré par des immeubles néoclassiques. · Proximité de commodités: Oui · Dynamique et variation des scénarios: diverses éléments à détourner

F.70|

Collage photos – La communauté parisienne des skateurs (SEÁN MCGIRR)

SY NT H ÈS E Le projet intègre parfaitement le skateboard dans son paysage dense, présentant un point de repère au sein d’un réseau ramifié de spots au centre ville de Paris. Il a ainsi contribué à renforcer l’expérience de la dérive. Bien que la taille du skatepark soit assez modeste par rapport à d’autres sites gigantesques, il a réussi à: - Attirer des skateurs de tous âges pour exploiter le potentiel du lieu et exprime r leur individualité. - Générer un nouvel événement urbain qui suscite la curiosité du passant et s’impose dans la vie quotidienne. - Affirmer sa présence comme l’un des spots les plus célèbres de Paris par son authenticité et imprévisibilité.

62

C hapitre II


S K A T E- U R B A NI SM E

SKATE-URBANISME | LANDSKATE

2. 3 . L e d il em m e des sk atepark s: Même si le skate-urbanisme repose principalement sur l’implantation de skateparks comme moyen de réconciliation de l’espace public avec la pratique, ces derniers sont confrontés à un dilemme au sein de la communauté. Dans la plupart des villes, les skateparks sont encore construits en périphérie, afin d’éviter les conflits potentiels entre les skateurs et les autres usagers de l’espace public. Ils ne sont presque jamais intégrés dans leur environnement immédiat, ressemblant ainsi à un ensemble isolé d’artefacts parasitaires qui ont été simplement parachutés sans continuité avec le paysage (5 2 ) . La la

distance

ville,

ainsi

par

que

la

rapport

à

différence

esthétique par rapport aux espaces publics

traditionnels,

séparent

les usagers des skatepar ks et les habitants de la ville et les mettent à

l’écart.

Ceci

empêche

toute

interaction entre ces espaces et le

F.71|

Photo – Rapport du skatepark à la ville, Los Angeles (PINTEREST)

P la st icien S kat eur F ra nça i s

RAPHAËL Z AR K A

paysage urbain qui les entoure.

«Certains vivent l’émergence des terrains «artificiels» comme la réponse à une attente et à un besoin réel, d’autres, au contraire, n’y voient qu’une manière détournée d’interdire toujours plus sévèrement la pratique du skateboard dans l’espace public (5 3 ) »

En effet, ce détachement, accompagné d’interdiction et d’amendes, est en quelque sorte une stratégie discrète et calculée de prévention situationnelle, dans l’espoir de subtilement aliéner les skateurs des espaces publics et de répondre en même temps à leur besoin d’un espace aménagé pour la pratique ( 5 4 ) . D’une part, les skateurs sont répugnés par les skateparks en raison de leur non proximité aux commodités, et d’autre part, ils sont facilement ennuyés par leur nature statique et le caractère non évolutif de ses éléments. (5 5 ) (52)  ZARKA, Raphaël, « La conjonction interdite », éditions B42, Paris, France, 2007, pp 15-17. (53)  Ibidem, p 16. (54)  VIVONI, Franscesco, «Spots of spatial desire: Skateparks, skateplazas, and urban politics» , Journal of Sport and Social Issues, N°33, 2009, p145. (55)  BORDEN, Iain, «Body Architecture: Skateboarding and the Creation of Super-Architectural Space» , Routledge, London, 1998, p24.

C hapitre I I

63


SK ATE - U R BANISME

SKATE-URBANISME | LANDSKATE

Outre, même si ces espaces dédiés à la pratique offrent l’opportunité aux skateurs d’évoluer et d’améliorer leurs compétences, la majorité des parcs nécessite un paiement pour y accéder et perd ainsi la qualité d’être accessible à tous. Cette attitude consumériste décourage les skateurs d’y aller. (56) Ainsi, ils fuient vers la ville à la recherche de stimulation, d’accessibilité et d’imprévisibilité. Tous ces facteurs ont fait de la plupart des skateparks un désert d’objets somptueux pour cause de mauvaise conception et de manque de réflexion sur les besoins des skateurs. En revanche, les parcs Landskate ont et

changé sont

cette

devenus

une

dynamique alternative

contemporaine de l’espace public. Ils dépassent la notion traditionnel des

skateparks

et

suggèrent

une

conception hybride et innovante. Ils

ne

exclusivement

s’agissent d’une

rue,

pas d’une

place ou d’un parc. Ils sont tout cela à la fois et plus encore, en fonction

F.72|

de ce que ses usagers apportent de

Photo – Landskate au sein de la ville (SKATEARCHITECTS)

nouveau à sa définition. Dans les parcs Landskate, tous les éléments sont interconnectés et génèrent des systèmes plus complexes qui établissent une continuité directe avec leur environnement. Ces espaces hybrides ne sont pas perçus comme des objets parasitaires dans le paysage, mais comme une partie indissociable de la zone dans laquelle ils sont implantés. La conception de ces parcs doit adopter les textures et les couleurs qui les entourent, se connecter aux voies existantes et permetter à la végétation de s’en approcher et de les embrasser.

F.73|

Photo – Élément skatable, Espagne (DANIEL YABAR)

F.74|

Photo – Landskate Streetpark, France (MBL ARCHITECTS)

L’espace public doit alors être progressif et adapté à des multiples usages partagés. Les espaces destinés au skate peuvent également servir (56)  Ibidem, p25.

64

C hapitre II


S K A T E- U R B A NI SM E

SKATE-URBANISME | LANDSKATE

à d’autres activités récréatives telles que le BMX, la trottinette, le roller, les patinettes ou d’autres utilisations actives comme le parkour ou le breakdance. Ceci génère plusieurs dynamiques sociales et urbaines innovantes et enrichissantes. Dans ce cadre, on propose d’étudier 2 projets de référence, le premier est une intervention urbaine à Copenhague et l’autre est une reconversion d’un entrepôt à Brooklyn. Charlotte Ammudsens Plads à Copenhague suggère l’aménagement d’une place hybride à multi-usage au cœur d’un quartier dense. On a choisi ce projet comme référence vu son approche d’intervention réussite vis à vis au contexte dans lequel il s’inscrit et la manière dont il a revisité la conception des espaces dédiés au skate. Le projet a aussi réussi à créer une mixité sociale en répondant aux différents besoins des habitants. Supreme Store à Brooklyn est une reconversion d’un entrepôt délaissé en une boutique hybride mêlant la vente et le sport à la fois. On a choisi ce projet comme référence car il dépasse la conception stéréotype des boutiques de skateboard et offre des espaces de convivialité et de pratique. Il nous intéresse donc dans sa organisation spatiale et fonctionnelle.

COPENHAGUE,

2008

03

DANEMARK BROOKLYN, ÉTATS-UNIS

2017

04

CHARLOTTE AMMUDSENS PLADS / 1:1 LANDSKABS Aménagement d’une placette hybride au sein d’un quartier mouvementé. Contexte: paysage urbain au cœur du centre ville. Apport: · Innover au niveau des éléments dédiés au skate · Générer une mixité socio-culturelle

SUPREME STORE ARCHITECT

/

NEIL

LOGAN

Reconversion d’un entrepôt délaissé en boutique mêlant la vente et le skatepark. Contexte: paysage urbain au cœur du centre ville. Apport: · Dépasser la conception stéréotype des boutiques skateshops · Allier le ludique et le lucrative.

C hapitre I I

65


C H AR LO TTE AMMU N D SE NS PLAD S

SKATE-URBANISME | LANDSKATE

2.3.1. C HARLOTTE AMMUNDSENS PLADS 1:1 LANDSKABS EMPLACEMENT: COPENHAGUE, DANEMARK SUPERFICIE: 1700 m² ANNÉE: 2008

Le projet s’intéresse à intégrer les sports urbains dans une zone de quartier place

à

multi-usage

pour

inviter

les

différentes tranches à fréquenter l’espace. Ceci justifie évidemment le choix du projet comme référence. La place est située dans le quartier de Nansensgade, une zone résidentielle du

centre

de

Copenhague.

La

place

est délimitée par les façades du centre culturel du centre-ville de Copenhague,

C O NTEXTE GÉNÉR AL

terne et exiguë et la transformer en une

des habitations à 4 ou 5 étages et une sous-statio n électrique.

66

C hapitre II


C HAR L OT T E AM MU NDSENS PL AD S

SKATE-URBANISME | LANDSKATE

ÉTAT INITIAL: La place était généralement un passage très obscur entre Nansensgade et les lacs, une zone caractérisée par des graffitis, des arbres sombres et des pavés usés. Ceci a découragé les habitants à la traverser résultant ainsi en un vide transitionnel délaissé. APRÈS: Le projet comporte plusieurs sous-espaces, on trouve des espaces dédiés pour différentes tranches d’âge comme des aires de jeux pour enfants, des espaces de détente, des mobilier de skateboard et un terrain de foot. L’objectif est de diversifier les activités pour attirer tous les profils

d’usagers

fréquentant le quartier et susciter une sorte de

dynamique

sociale.

F.77|

1. La place 2. Stationnement de vélos

Photo – Vue d’ensemble du projet (LANDSKABS)

3. Gradins 4. Terrain de jeu de balle

5. Aire de jeux pour enfants 6. Mobiliers en rochers

6

5

4 3 1 3

1 2

F.78|

Plan – Les fonctions injectées au projet (LANDSKABS)

F.79|

Coupe – Terrain de jeu Place de Copenhague+Paysage rocheux (LANDSKABS)

C hapitre I I

67


C H AR LO TTE AMMU N D SE NS PLAD S

SKATE-URBANISME | LANDSKATE

LA PLACE DE COPENHAGUE: La

place

est

revêtue

d’un

pavage en pierre de taille, on peut s’y installer et déguster les plats du café du centre culturel, tout en regardant le terrain de jeu de ball e et le paysage rocheux. LE TERRAIN DE JEU DE BALLE: Il est une aire de jeu avec une surface en caoutchouc noir. Il peut être recouvert d’une toile et utilisé pour

des

événements

ponctuels

tels que des fêtes, des marchés aux

F.80|

Photo – Mixité sociale et culturelle (LANDSKABS)

F.81|

Photo – Le terrain de jeu (LANDSKABS)

F.82|

Photo – Paysage rocheux (LANDSKABS)s

F.83|

Photo – Sport urbain et détente (LANDSKABS)

puces, des concerts, des soirées dansantes,

des

représentations

théâtrales et des projections de films. LE PAYSAGE ROCHEUX BLANC: Le mobilier urbain composé de

béton

blanc

paysage

de

qui

forme

falaise

un

urbaine

tridimensionnelle, contrastant ainsi avec le terrain de jeu sombre. Les

rochers

peuvent

être

utilisés pour l’escalade, le vélo, le skateboard et le parkour, ainsi que pour s’asseoir ou s’allonger. LES PRINCIPAUX OBJECTIFS: – Créer un lieu de rencontr e démocratique, le

monde

un

lieu

pourrait

où venir

tout et

rencontrer. –

Mettre

différentes

en

activités

place

des

telles

que

le basket- ball, le skateboard, la pétanque, l’escalade, etc.. mais aussi de laisser de l’espace pour des activités imprévues/planifiées. – Créer une place qui soit attrayante lorsqu’elle est vide et qui donc s’impose d’elle-même.

68

C hapitre II

e


D ÉC LARAT IO N D E L’ASSO CIAT IO N PO U R L’EMB ELLISSEMENT D E LA CAP IT ALE

C HAR L OT T E AMMU NDSENS PL AD S

SKATE-URBANISME | LANDSKATE

«Le dispositif utilisé pour créer l’espace entre Nansensgade et Nørre Søgade est si évidemment juste, si musical, qu’il est, bien sûr, très inhabituel et très réussi... C’est un lieu exceptionnellement bien équilibré, beau et chaleureux que nous avons dans cette ville agitée (5 7 ) »

Charlotte Ammundsens plads est devenue un point de rencontre pour les Copenhagois de tout âge. Une culture de rue brute, avec ses graffitis et ses murs d’escalade, prospère au sein d’une architecture paysagère classique.

SYNT H È S E L’espace urbain de Charlotte Amundsens Plads offre un lieu de rencontre et d’expression aux différents citoyens dans une architecture à la fois poétique et imaginative. Le projet donne aux usagers la liberté de s’approprier le territoire et de concevoir leurs propres scénarios. Les architectes ont réussi à harmoniser entre les individus en leur créant un nouveau vécu auquel ils se référent. La place veille à l’inclusion de toutes les pratiques et célèbre la mixité sociale et culturelle au sein du quartier. Ce sentiment d’appartenance sollicité par l’espace a suscité une mémoire collective chez ses usagers.

(57) https://1til1landskab.dk/da/project/charlotte-ammundsens-plads

C hapitre I I

69


SU PR E ME STO R E

SKATE-URBANISME | LANDSKATE

2.3.2. SUPREME STORE NEIL LOGAN ARCHITECT EMPLACEMENT: BROOKLYN, ETATS-UNIS SUPERFICIE: 2938 m² ANNÉE: 2017 Le projet propose de réinvestir un espace délaissé au centre d’un quartier dense à Brooklyn célèbre par sa communauté de skateurs et d’artistes

urbains,

accueille

aujourd’hui

une

boutique hybride alliant la vente au sport urbain. L’anc ien hangar de stockage de camions de crème glacée dans le quartier a été converti en un nouvel espace de vente au détail pour la marque Supreme. La boutique qui est à la fois un magasin et un skatepark, comprend une zone commerciale

C O NTEXTE GÉNÉR AL

et lui attribuer une nouvelle fonction. Le quartier,

ouverte à l'avant et une section de stockage et de skateboard à l'arrière.

70

C hapitre II


S UPR EME ST OR E

SKATE-URBANISME | LANDSKATE

L’espace est accessible d’une seule façade depuis la rue. Les architectes ont laissé les murs en briques du ancien entrepôt intactes et apparentes. La boutique est éclairée par des grands puits de lumière de style industriel qui baignent l’espace de lumière naturelle. L’ORGANISATION SPATIALE: Les éléments du programme ont à

été

disposés

coïncider

structurelles

avec

de

manière

les

existantes:

travées les

deux

premières pour l’espace public de vente au détail, les deux suivantes pour le skate bowl surélevé et la dernière pour une réserve privée. Les utilisations entremêlées entre le

F.84|

Photo – Vue d’ensemble sur l’espace intérieur (NEIL LOGAN ARCHITECT)

public et le privé prenant place sous le bowl.

3

F.85|

2

1

Plan – L’organisation spatiale de la boutique (NEIL LOGAN ARCHITECT)

E s p a c e é c la i r é p a r le s o u v e r tu r e s z é n i th a l e s

3

F.86|

2

1

Coupe – L’organisation spatiale et l’éclairage naturel de la boutique (NEIL LOGAN ARCHITECT)

1

Espace de vente

2

Skate Bowl surélevé + Cabines d’essayage

3

Stockage + Sanitaires

C hapitre I I

71


SU PR E ME STO R E

SKATE-URBANISME | LANDSKATE

LA PARTIE VENTE: Deux nouveaux murs en béton blanc ont été coulés en place contre les murs de périmètre existants pour définir la zone commerciale avant. L’espace est ouvert sans partitions et vaste pouvant accueillir un grand nombre de personnes à la fois. Cet espace abrite des rangements pour les produits et les vêtements, un desk d’info et de vente, des écrans de projection de vidéos et des bancs en métals servant aussi comme des curbs skatables.

F.87|

Photo – Le mur en béton blanc ajouté (NEIL LOGAN ARCHITECT)

Photo – Les bancs / Curbs (NEIL LOGAN ARCHITECT)

F.88|

LE SKATE BOWL: Le

skate

bowl

autoportant

a été conçu par Steven Bladgett du

collectif

artistique

américain

Simparch et construit sur mesure en contreplaqué.

o ssa t u r e d u b ow l

La

structure

est

soutenue

par une série de poteaux rouges autour de son périmètre, offrant P ot ea u x p or t eu r s

suffisamment F.89|

Photo – La structure portante du bowl (NEIL LOGAN ARCHITECT)

de

hauteur

pour

que les skateurs puissent se laisser tomber dans le bowl et pour que des cabines d'essayage puissent être installées en dessous. Les

limites

de

bowl

sont

marquées par une structure tendue en tissue translucide et suspendue entre les murs. Le skate bowl est ouvert pour tous les skateurs, soit pour essayer leurs

nouvelles

planches,

pour

se défouler dans la plupart des F.90|

Photo – Une session de skateboarding au bowl (NEIL LOGAN ARCHITECT)

journées

ou

pour

accueillir

des

événements et des compétitions de temps en temps.

72

C hapitre II


SKATE-URBANISME | LANDSKATE

S UPR EM E ST OR E

FRÉQUENTATION: Supreme Brookyln ressemble plus à une réunion de famille qu’à une simple boutique. C’est une fusion d’une scène autrefois insurgée du centre de Brooklyn embrassant une autre mainstream. Elle emprunte un peu de l’insouciance du skateboard tout en accueillant la culture de la rue dans un environnement de luxe, dans

des

conditions

F.91|

Photo – Une compétition de skateboard au bowl (NY TIMES)

F.92|

Photo – Une compétition de skateboard au bowl (NY TIMES)

favorables

pour les deux cultures. Le bowl a donné au magasin une

identité

accueillant skateurs.

plus

vivante,

régulièrement

Il

se

présente

en des

comme

une sculpture vivante, renaissant à chaque fois qu’il est patiné. Comme les gens se pressaient autour

du

rebord

participants

et

les

du

bowl,

les

obs ervateurs

étaient en symbiose.

SYNT H È S E Supreme Store se présente comme une expérience innovante des magasins de détail. Il se détache de la définition traditionnelle des magasins et propose une vision alternative fusionnant le ludique et le lucratif. Le projet combine deux cultures opposantes d’une manière cohési ve et interactive, brisant ainsi la barrière qui les séparent. Au-delà de sa foncti on commerciale, l’espace est un mini skatepark intérieur, ouvrant ses por tes aux skateurs de manière récurrente et lors d’événements. L’installation du skate bowl a fait revivre le magasin et a augmenté la fréquence de ses visiteurs en les invitant à se laisser aller et interagir avec ses éléments. Le projet nous intéresse essentiellement par la diversité de ses fonctions et leur interconnexion.

C hapitre I I

73


C O NC LU SIO N

SKATE-URBANISME | LANDSKATE

A rc h i te c te H i sto ri e n

IAIN BORDEN

CONC LUS I O N «Le skateboard n’est rien d’autre qu’une émotion et un désir sensuel, sensoriel et physique; un effondrement balladesque et une renaissance du corps et du terrain (5 8 ) »

Depuis ses débuts, le skateboard a dépassé les simples tentatives de délimitation dans une seule discipline ou notion, il a muté de sport, transport, jeu, etc. Puisqu’elle présente une pratique de la ville, cette activité offre bien plus qu’une simple occupation d’éléments urbains ordinaires. Le skateboard déclenche des hétérotopies urbaines redéfinissant la manière dont on expérimente la ville. Au sillage des situationnistes, la pratique réévalue le quotidien urbain dans l’espoir de le revendiquer par le plaisir. Ceci fut l’engouement envers l’approche du skate-urbanisme, visant à inclure le skate dans la planification urbaine comme moyen de redynamisation des espaces abandonnés et de réactivation des valeurs sociales. Les skateparks ne sont plus à l’écart de la ville, qui s’ajoutent à l’ensemble des déchets urbains des projets avortés, mais ils deviennent une partie indissociable des espaces publics. D’où l’émergence des projets hybrides et des parcs landskate qui réconcilient l’espace public avec la pratique et communiquent avec le paysage environnant.

S’opposer à l’architecture hostile

Réconcilier l’espace public avec la pratique

Skate-urbanisme Politique visant à inclure le skateboard dans les scènes urbaines quotidiennes

Analogue au mouvement situationniste

Dépasser la conception traditionnelle des skateparks

Conception hybride et évolutive

(58)  BORDEN, Iain, «Body Architecture: Skateboarding and the Creation of Super-Architectural Space» , Routledge, London, 1998, p27.

74

C hapitre II


CHAPITRE III MISE EN CONTEXTE L’H Y PER C ENTRE D E TUNI S: UN MI C RO C O SME À «R EC O N’SKATER»

1.1. La morphogenèse 1.2. La scène underground au centre ville de Tunis

2. Le secteur urbain de Jean Jaurès: Errance et repérage 2.1. Analyse urbaine

2.2. Analyse séquentielle et patterns ambiants

3. «Houmet Wra l’barrière»: l’informel urbain au cœur du quartier

3.1. Le paradoxe de la rue de Lénine

3.2. Kahwet ellouh / Whatever Saloon: le fameux symbole de résistance urbaine

4. La parole habitante

4.1. Entretiens semidirectifs aléatoires 4.2. Enquête ciblée

F.93| Photo – Skateboarding scene à Lac 0, Tunis (PRISE PERSONNELLE)

1. L’hypercentre


IN TR O D U C TION

MISE EN CONTEXTE

INTRODUCTION Le centre-ville de Tunis, cette ruche grouillante qui bourdonne à travers ses rues et sa structure urbaine et sociale complexe, représente pour ses artistes urbains le cœur battant d’une scène underground florissante. Ce chapitre est capital dans le repérage de notre zone d’intervention et l’analyse de ses spécificités. Le choix du site et l’analyse ont été traité au cours de l’atelier thématique du 1 er semestre de la 5 ème année encadré par M m e Cyrine Bouajila. Cet atelier, à caractère expérimental, consiste à comprendre la manière dont on habite un informel urbain à travers l’errance urbaine et l’enquête sociale. On va s’intéresser à saisir les différentes potentialités et contraintes présentes dans notre zone d’étude et à identifier le centre ville de Tunis à travers ses formes de résistance, notamment le graffiti et le skateboard. Notre analyse portera sur les caractéristiques spatiales et ambiantes du secteur de Jean Jaures et du quartier «Houmet Wra L’Barrière» en distinguant leurs

patterns ambiants , séquences types et codes comportementaux (1 ) .

(1)  Des termes qu’on a utilisé lors du séminaire co-dirigé par Mme Cyrine Bouajila et Mme Mona Zairi dans le cadre d’étude des ambiances dans un espace urbain.

76

Chapitre III


L’HY PER C EN T R E

MISE EN CONTEXTE

1. L’HYPE R C E NT R E: L’hypercentre, point de rencontre de personnes et de pratiques différentes, se présente comme un espace polyvalent répondant à des besoins variés. Cette polyvalence est très probablement une projection de sa structure urbaine et de la stratification de son histoire. L’évolution de son infrastructure entraîne celle de ses pratiques.

L ac

1.1. La morphogenèse: 19e SIÈCLE

Méd i na

Mosquée de Zitouna

remparts. Trame organique et irrégulière. Voies étroites. Organisation autour du mosquée.

Lac

Sous le protectorat français, la ville

FIN 19e SIÈCLE

Méd i na

La médina renfermée derrière ses

s’étend en dehors de la médina. Établissement

de

l’avenue

de

Jules Ferry (actuelle Avenue Habib Bourguiba)

et

l’ambassade

de

France. Cependant, à cause des terrains marécageux,

l’expansion

des

quartiers se faisait à l’ouest de la

Avenue Jules Ferry

médina (2) .

20e SIÈCLE

Méd i na

La c

L’ambassade de France

Expansion de la ville coloniale dans toutes les directions. Avenue

Habib

Bourguiba

étant

l’axe fondateur de la ville. Établissement de la Cathédrale de Saint-Vincent.

Méd i na

La ville coloniale s’étend en faveur

20e SIÈCLE

Lac

Cathédrale de Saint-Vincent

du lac, ce dernier donc en recul. Elle s’organise selon une trame régulière

et

orthogonale

à partir de l’avenue de Habib Bourguiba

selon

directeur de Zehrfuss

F.94|

Schémas – La morphogenèse de l’hypercentre de Tunis (TRAVAIL PERSONNEL)

Chapitre III

et/ou

le

plan

(3 )

(2)  ABDELKAFI, Jellal, «La médina de Tunis», Paris, Éditions du CNRS, 1989, p61. (3)  Ibidem, p85.

77


L’ H Y PE R C E N TR E

MISE EN CONTEXTE

Actuellement, l’hypercentre se divise, selon ses habitants et ses artistes urbains, en 5 secteurs principaux de part et d’autre de l’Avenue Habib Bourguiba, on s’intéressera dans notre étude au secteur de Jean Jaurès. Avenue

e la liberté

dV Mohame

Avenue d

4 Médina

e Pa ris A ve n u e d

de A ve n u e Lo n d re s

5 H a b ib A ve n u e a Bo u rg u ib

2

rq u ie R u e d e Tu

ge e C a rt h a A ve n u e d

1

e Ghana A ve n u e d

Lac

3

1

Secteur du marché

2

Secteur Wra L’Afrika

4

Secteur du Passage

5

Secteur Jean Jaurès

F.95|

a lie R u e d ’It

3

La petite Sicile (Gambetta)

Schéma – L’organisation des secteurs au centre ville (TRAVAIL PERSONNEL)

L’expansion de la ville coloniale

désindustrialisation d’une part et de

et post-coloniale a bouleversé le mode

tertiarisation d’une autre part. Elles ont

de vie et a permis l’émancipation des

aussi opté pour la reconversion des

espaces publics du modèle introverti

friches industrielles pour revitaliser leurs

de la médina et l’ouverture de la ville à

espaces urbains (4 ) .

des nouvelles cultures. Le

centre

ville,

Toutefois, en ce qui concerne autrefois

les activités de loisir, le centre-ville de

exclusivement résidentiel, subit une

Tunis semble être sous-investi au profit

tertiarisation de ses fonctions et abrite

de ses périphéries. En conséquence,

plutôt des services administratifs. Ceci

il a connu un déclin de ces activités

a engendré l’exode vers la métropole

et un désintérêt de ses habitants,

et ses périphéries pour se rapprocher

rendant la plupart de ses monuments

des lieux de travail.

abandonnés.

De même, les villes européennes

Néanmoins,

négligées

dominante,

par

au XX e siècle comme Paris et Bologne

culture

l’ont aussi vécu, bien que cela soit

cultures

déphasé dans le temps. Ces villes

dans ces lieux tout aussi négligés et

ont entamé un long processus de

disséminés dans la ville.

ont

diverses

la

trouvé

un

sous-

réconfort

(4)  CLARK Greg, MOONEN Tim et NUNLEY Jake, «Une histoire de nos villes: L’Europe et son développement urbain de 1970 à 2020», Banque européenne d’investissement, 2019, p18.

78

Chapitre III


L’HY PER C EN T R E

Aujourd’hui,

MISE EN CONTEXTE

l’hypercentre

représente

le

berceau

d’une

scène

underground florissante, prometteuse et ambitieuse.

1. 2 . L a s c èn e u n d e rgroun d au centr e vi l l e de Tu ni s: Bien que l’hypercentre soit le foyer de la diversité sociale et de la compréhension interculturelle, ses espaces semblent être monofonctionnels, passifs et catégoriques, di visant ainsi les gens au lieu de les unir. Malgré le manque d’espaces dédiés à la culture alternative, les artistes ont initié des projets créatifs dans des différents domaines pour combler ce vide. À travers des collectifs artistiques, des associations, et des sponsors, ces jeunes ambitieux réapproprient la ville par le graffiti, le skateboard, le parkour, le breakdance, etc... On trouve des collectifs artistiques célébrant cette culture comme: DEBO

GIRAFFE CREW LAMP CREW

· Le plus célèbre collectif multidisciplinaire · Situé à rue Houcine Bouzaine · Comporte deux studios

· Des collectifs de skateboard qui organisent

des

événements

et

des compétitions de skate. TUNISIAN FREEMOVE ASSOCIATION

d’enregistrements, un

· Association de parkour

atelier de Graffiti et un

· Organise des événements, des

espace de détente.

performances

et

des

séances

éducatives. BLECH ESM · Collectif artistique mêlant design graphique et Graffiti. On va intéresser aux 2 collectifs les plus marquants, voire DEBO et Giraffe Crew, vu leur influence dans les scènes urbaines et la relation étroite entre les cultures qu’ils représentent. L’association du Parkour, Lamp Crew et Blesh Esm ne seront pas étudiés en détail puisqu’ils fréquentent les mêmes espaces et utilisent les mêmes paramètres urbains dans leur reconquête. Ensuite, on va capturer les fresques murales au sein du centre ville et détecter les skate-spots préférés dans la communauté du skate et leurs critères de choix. 1.2.1. DEBO: un renouveau artistique: DEBO a joué un rôle important dans la promotion de la culture alternative, à travers de multiples projets et événements, notamment: · Le projet expérimental de musique «ERKEZ HIPHOP», mêle le hiphop et le

Chapitre III

79


L’ H Y PE R C E N TR E

MISE EN CONTEXTE

mezoued. Il comporte environ 70 artistes et se charge de la production de leurs titres (5) .

F.96|

Photo - Concert de «ERKEZ HIPHOP», 2018, IFT (DEBO)

F.97|

Photo - Concert de «ERKEZ HIPHOP», 2018, IFT (DEBO)

· Le mouvement d’art urbain «DEBO MOOV» qui unie des graffeurs, des b-boys (breakdancers), des designers graphiques, etc.. Ils ont revisité l’espac e public au centre ville, dans la période du confinement, et ont lancé le projet de «ONE EFFORT», où ils envahissent des grandes surfaces murales par le Graffiti. Aujourd’hui, DEBO MOOV facilite pour les artistes urbains les autorisations de graffer un espace ou un mur et fournit les contacts et le matériel (6) . · Le festival nomade «KHALI TRACE», en partenariat avec l’IFT, qui consiste à aborder 8 villes à travers la Tunisie avec un festival nomade des cultures urbaines pour toucher les publics jeunes et mettre en valeur les initiatives de tout le pays. Il comprend des ateliers de musique, des concerts live de ERKEZ HIPHOP, des ciné-trottoirs, des performances de Graffiti et de parkour. Le festival est sponsorisé par la banque de l’habitat, Tunivisions et ifm ( 7) .

F.98|

Photos - Les affiches du festival «KHALI TRACE», de gauche à droite: Graffiti, Concert live, parkour, 2018 (DEBO)

· La webradio «WRA L’AFRIKA» qui diffuse les actualités de la culture underground en Tunis, les événements à venir et les titres des artistes de DEBO (8) .

(5)  (6)  (7)  (8)

80

https://thedebo.com/erkez-hiphop/ (consulté le 14/07/2021) https://thedebo.com/one-effort/ (consulté le 14/07/2021) https://thedebo.com/khali-trace/ (consulté le 14/07/2021) https://thedebo.com/wra-lafrika/ (consulté le 14/07/2021)

Chapitre III


L’HY PER C EN T R E

MISE EN CONTEXTE

1.2.2. Le streetart au service des citoyens: Le centre ville, une parade de textures, couleurs et formes, abrite les plus grandes fresques mur ales en Tunisie. Ces œuvres varient en termes de styles, de messages, de composition et de support. Le graffiti est en effet la forme d’expression la plus omnipotente du centre-ville de Tunis, il envahit ses rues et égaye ses quartiers. Les mentions les plus notables sont: 1

Fre s q ue d e l ’a ve n u e d e l a ga re

2

Fre s q ue Ga m b a t t a

3

Fre s q ue d e l a ru e B o rj B o urgui b a

4

Fre s q ue d e l ’a ve n u e d e P a ri s

5

Fre s q ue d e l ’a ve n u e d e Je a n Ja urè s

6

Fre s q ue d e l a ru e d e Lé ni ne

7

Fre s q ue d e l a ru e Ga ri b a l d i

8

Fre s q ue d e l a ru e d u C a i re

3

5 4

6 7

de

8 2

1

F.99|

Carte - Visualisation des grandes fresques murales au centre ville de Tunis (TRAVAIL PERSONNEL)

Secteur du marché: · Fresque de l’Avenue de la gare: réalisée par DEBO MOOV en 20 20 dans le cadre du projet de «One Effort» de longueur d’environ 40m. E lle raconte le quotidien des résidents du quartier et leur vécu avec l’espace.

F.100|

Photo - Fresque de l’avenue de la gare, 2020 (DEBO MOOV)

Secteur de la petite Sicile: · Fresque de gambatta: réalisée par DEBO MOOV en 2021 sur les murs des hangars délaissés du quartier. Ces hangars étaient menacés d’être démolis pour agrandir le parking adjacent, mais les artistes ont sauté sur l’occasion pour sauver ces joyaux en les réinvestissant et en leur donnant une nouvelle image. Chapitre III

81


L’ H Y PE R C E N TR E

MISE EN CONTEXTE

F.101|

Photo - Fresque du quartier Gambatta, 2021 (DISMALDEN)

Secteur du passage: · Fresque de la Rue borj bourguiba: la plus grande fresque au centre ville de Tunis, réalisée par BLECH ESM en 2020 sur la totalité d’une façade d’immeuble. · Fresque de l’Avenue de Paris: réalisée par BLECH ESM en 2020 en collaboration avec l’associati on «Chouftouhonna» dans le cadre de sensibilisation sur les droits de la femme.

F.102|

Photo - Fresque de la rue Borj Bourguiba, 2021 (DISMALDEN)

F.103|

Photo - Fresque de l’avenue de paris, 2020 (PRISE PERSONNELLE)

Secteur de Jean Jaurès: · Fresque de l’Avenue de Jean Jaurès: réalisée 2 fois par DEBO MOOV. Après avoir été repeinte la 1ère fois pour les élections de 2019, les graffeurs y retournent pour émanciper ce mur de sa morosité en 2021.

F.104|

Photo - Fresque de l’avenue de Jean Jaurès, 2021 (DEBO MOOV)

· Fresque de la rue de Lénine: l’une des plus anciennes fresques au centre ville. Elle consiste en la juxtaposition de diverses graffitis datant depuis 2015. Les artistes ont commencé à taguer les murs du hangar de Kahwet Ellouh, puis se sont étendus aux murs du quartier. Aujourd’hui, presque toute la rue est couverte de tags et de peintures, ce qui la rend unique et inédite dans le centre-ville.

82

Chapitre III


L’HY PER C EN T R E

F.105|

MISE EN CONTEXTE

Photo - Fresque de la rue de Lénine, 2015-présent (PRISE PERSONNELLE)

· Fresque de la rue Garibaldi: réalisée par BLECH ESM en 2020 dans le cadre de sensibilisation sur les harcèlements sexuels subis sur les femmes. · Fresque de la rue du Caire: réalisée par ST4 the project en 2018 sur la façade arrière du Hotel Carlton. Elle représente une composition abstraite de calligraphie arabe l ongeant la façade.

F.106|

Photo - Fresque de la rue Garibaldi, 2020 (PRISE PERSONNELLE)

L’hypercentre

grouille

aussi

F.107|

d’une

Photo - Fresque de la rue du Caire, 2018 (ST4 THE PROJECT)

large

communauté

de

jeunes

skateurs et d’amateurs du sport urbain. Habitant au centre ville ou venant des banlieues et des périphéries, ils se rassemblent, scrutent, parcourent et détournent la ville en réinvestissant ses espaces et reconfigurant ses éléments. Le skateboard à Tunis a explosé en 2016 grâce à la participation du fi lm « Fishing lines » ( 9 ) du skateur allemand Michael Mackrodt dans le magazine Thrasher (10) . Le film a dévoilé les skatespots les plus célèbres de Tunis et a familiarisé la communauté au niveau local et international. 1.2.3. Giraffe Crew: les ninjas urbains: C’est l’une des communautés les plus actives dans la scène de skateboard à Tunis. Ils génèrent une nouvelle identité

aux

endroits

qu’ils

choisissent

et

sollicitent

l’interact ion et le dialecte entre piéton et skateur. Solidement actif depuis 2018, ce groupe de jeunes énergiques et adeptes de l’adrénaline a tenté d’intégrer la culture du skate dans la vie quotidienne des citoyens. À travers de multiples compétitions de (9)  https://www.youtube.com/watch?v=j0JYX9AszME&t=26s (consulté le 19/07/2021) (10)  Thrasher Magazine est un magazine de skateboard mensuel fondé en 1981. Le magazine publie régulièrement des articles, des photos de skate, des interviews avec des pro-skateurs et des groupes de musique et des informations au sujet de skateparks.

Chapitre III

83


L’ H Y PE R C E N TR E

MISE EN CONTEXTE

skate, une exposition en collaboration internationale et des participations à des magazines, la culture de skate en Tunisie s’épanouit vers une évolution plus brillante.... Cette communauté, avec de petits moyens et outils, fait de son mieux pour promouvoir leur passion en tant que forme d’expression et de défoulement et cherche une certaine reconnaissance dans les scènes urbaines. En effet, ils ont organisé de nombreux événements

et

encourageant

ainsi

compétitions, les

gens

à

les rejoindre et à améliorer leurs compétences. En 2019, ils ont réussi à faire une collaboration

avec

Stefan

Marx,

un artiste allemand, pour réaliser la première exposition dédiée au F.108|

skate en Tunisie ( 1 1 ) .

Photos - Affiche de l’exposition de Stefan Marx, 2019 (GIRAFFE CREW)

De plus, d’après le crew, durant la même période, on leur a promis une invitation de bienvenue de la part de «La cité de la culture» pour promouvoir la culture du skate auprès de l’ambassadeur de l’Union Européenne Patrice Bergamini, un ancien skateur dans sa jeunesse. Enthousiastes, ces jeunes ont apporté des éléments qu’ils ont bricolés et les ont installés dans le patio. Cependant, ils ont été contraints à tout ramasser et ont été ensuite mis à la porte aussitôt que l’ambassadeur est parti.

F.109|

Photo - Affiche de l’événement organisé avec la Cité de la Culture, 2019 (GIRAFFE CREW)

F.110|

Photo - Affiche du Skateboading Day organisé par GC, 2020 (GIRAFFE CREW)

F.111|

Photo - Affiche du Skateboarding Day organisé par GC, 2021 (GIRAFFE CREW)

(11) https://www.tekiano.com/2019/09/04/expo-dediee-au-skateboard-au-goethe-institut-tunis-en-collaboration-avec-lartistestefan-marx/ (consulté le 19/07/2021)

84

Chapitre III


L’HY PER C EN T R E

MISE EN CONTEXTE

Aujourd’hui, le skateboard au centre ville connaît une évolution d’attitudes passant de l’hostilité et exclusion à

la reconnaissance et

l’inclusion. En effet, dans le but de dépasser les perceptions élitistes des cultures, la cité de la culture réinvi te les skateurs à exploiter son patio, en parallèle avec la foire nationale du livre. 1.2.4. Les skate-spots au centre ville: Tout

les

graffeurs

qui

cherchent un certain refuge sur

1

2

comme

les murs de la ville pour exprimer leur

individualité,

les

skateurs

parcourent la ville à la recherche de la leur. Au centre ville, on trouve 4 spots 4

F.112|

5

principaux que cette communauté

3

fréquente:

Carte - Visualisation des skate-spots au centre ville (TRAVAIL PERSONNEL)

1

Spot Lac0

2

Spot Jeanne d’Arc

3

Spot BIAT

4

Spot Al Kasbah

5

Spot Beb Bhar

Selon les critères de «rideability» qu’on a définit précédemment, on va analyser ces spots et comprendre en quoi s’intéressent ses usagers. SPOT LAC0: · Accessibilité: facile et claire · Composantes: matériaux robustes (béton) et surfaces lisses · Configuration:

minimaliste,

ouverte, vaste · Authenticité: espace revendiqué et réapproprié = «Found Spot» · Réinterprétabilité: oui · Unicité: oui · Défi: le spot présente plusieurs obstacles:

les

rampes,

les

escaliers, les bacs à fleurs, les butoirs...

Chapitre III

F.113|

Photo - Spot PERSONNELLE)

du

Lac0,

2021

(PRISE

85


L’ H Y PE R C E N TR E

MISE EN CONTEXTE

· Sérénité: espace calme et détaché de la foule · Imprévisibilité: Très peu fréquenté, pas de mixité sociale · Contexte environnant: situé sur la corniche et entouré par le lac et quelques ouvrages urbains · Proximité de commodités: non, espace éloigné · Dynamique et variation des scénarios: diverses éléments à détourner

F.114|

Photos - Spot du Lac0, 2021 (PRISE PERSONNELLE)

Le spot répond à la majorité des critères, ce qui le rend le spot préféré de la communauté. Il est essentiellement remarquable par son contexte environnant; les skateurs sont entourés par le paysage du lac, et par sa sérénité, où ils ne subissent pas de la surveillance policière et de l’hostilité citoyenne mais il reste écarté de la ville. Les skateurs sont exposés au soleil et à la pluie et ne trouvent aucun abri. SPOT JEANNE D’ARC:

· Accessibilité: facile · Composantes: matériaux robuste s et surfaces lisses · Configuration:

minimaliste,

ouverte, vaste · Authenticité: espace revendiqué et réapproprié = «Found Spot» · Réinterprétabilité: oui · Unicité: oui · Défi: le spot présente plusieurs obstacles: les bassins, les bancs, les bacs à fleurs... · Sérénité:

espace

bruyant

et

peuplé · Imprévisibilité: fréquenté par

86

F.115|

Photo - Spot Jeanne d’Arc, 2020 (GIRAFFE CREW)

Chapitre III


L’HY PER C EN T R E

MISE EN CONTEXTE

différentes tranches de personnes · Contexte environnant: un parc urbain à la périphérie de LaFayette · Proximité de commodités: oui · Dynamique et variation des scénarios: diverses éléments à détourner

F.117|

Photos - Spot Jeanne d’Arc, 2021 (PRISE PERSONNELLE)

Ce spot est très fréquenté par les skateurs en ce qu’il présente comme paysage et comme potentiel. L’abondance de la végétation, la disponibilité des bassins vidés à l’instar des piscines californiennes des années 70 sont les paramètres principaux du choix de ce spot. Cependant, le spot se vide de plus en plus des skateurs puisqu’il devient très peuplé et mouvementé. SPOT BIAT: · Accessibilité: facile et claire · Composantes: matériaux robustes et surfaces lisses · Configuration:

minimaliste,

ouverte, vaste · Authenticité: espace revendiqué et réapproprié = «Found Spot» · Réinterprétabilité:

relativement

oui · Unicité: relativement oui · Défi:

quelques

obstacles:

des

marches, des rampes... · Sérénité:

espace

très

bruyant,

peuplé et surveillé par la police · Imprévisibilité:

fréquenté

par

différentes tranches de personnes · Contexte environnant: situé au cœur de l’avenue Habib Bourguiba, l’artère articulateur du centre ville

Chapitre III

F.116|

Photos - Spot BIAT, 2020 (HAMZA ATTIA)

87


L’ H Y PE R C E N TR E

MISE EN CONTEXTE

· Proximité de commodités: oui · Dynamique

et

variation

des

scénarios: relativement Le

spot

BIAT

est

composé

du

dispositif d’entrée de la Fondation BIAT, celui du Théâtre municipal et l’ensemble urbain en face de ces 2 édifices. L’espace

est

généralement

fréquenté par les skateurs la nuit puisque l’avenue est plus calme et moins mouvementée. Par contre, la présenc e policière les empêche d’approprier

ce

spot

de

façon

régulière.

F.118|

Photos - Spot BIAT, 2020 (HAMZA ATTIA)

SPOT AL KASBAH: · Accessibilité: facile et claire · Composantes:

matériaux

robustes et surfaces lisses · Configuration:

minimaliste,

ouverte, vaste · Authenticité: espace revendiqué et réapproprié = «Found Spot» · Réinterprétabilité: oui · Unicité: oui · Défi: des marches, des rails, des rampes, des bordures... · Sérénité: espace relativement calme

mais

surveillé

par

la

police · Imprévisibilité: par

différentes

fréquenté tranches

de

personnes · Contexte dans

un

environnant: paysage

situé urbain,

entouré par des ministères et F.119|

88

Photos - Spot al Kasbah, 2020 (MEMORIES SKATEBOARDING)

des monuments administratifs

Chapitre III


L’HY PER C EN T R E

MISE EN CONTEXTE

· Proximité de commodités: oui · Dynamique

et

variation

des

scénarios: plusieurs possibilités, surtout les gaps. Al Kasbah est le symbole et le siège du pouvoir tout au long de son existence jusqu’à nos jours. Il n’est pas surprenant ainsi que les skateurs aient naturellement choisi cet endroit comme l’un des spots. Malgré l’hostilité de la police, ce F.120|

Photo - Spot al Kasbah, 2020 (MEMORIES SKATEBOARDING)

spot reste capital pour le skateur dériviste tunisien. En effet, al Kasbah a accueilli quelques événements de «Skateboarding Day».

SPOT BEB BHAR: · Accessibilité: facile et claire · Composantes:

matériaux

robustes et surfaces lisses · Configuration:

minimaliste,

ouverte, vaste · Authenticité: espace revendiqué et réapproprié = «Found Spot» · Réinterprétabilité: oui · Unicité: oui · Défi: une fontaine, des bacs à fleurs, des galets, des bordures... · Sérénité:

espace

très

mouvementé et bruyant, sauf la nuit · Imprévisibilité: par

différentes

f réquenté tranches

de

personnes · Contexte dans

un

environnant: paysage

situé urbain,

marquant l’entrée à la médina · Proximité de commodités: oui · Dynamique

et

variation

des

scénarios: plusieurs possibilités

Chapitre III

F.121|

Photos - Spot MACKDROT)

Beb

Bhar,

2016

(MICHAEL

89


MISE EN CONTEXTE

L’ H Y PE R C E N TR E

En résumé, les principaux critères d’un bon spot sont les suivants: · «Found spot»: espace trouvé et non spécifiquement aménagé pour le skate · Espace présentant des matériaux robustes et des surfaces lisses · Absenc e d’une présence hostile soit citoyenne ou policière · Proximité aux commodités et à la ville · Éléments de défi, des obstacles à franchir · Variation des scénarios

F.122|

90

Ilustration - Les plaques tournantes d’un skateur tunisien (TRAVAIL PERSONNEL)

Chapitre III


A U GHAN D E U N E AV

ED V

G A R IB A L RUE DE

MOHAM

RÈS KHTA RUE MO

NDI

A I N O U IR RUE HÉD

AU AN J E J E UE D N E AV

T IN

C A IR E RUE DU

S DE PARI

K

E

AVENUE

ATATUR

AVENUE

COUBER RRE DE R U E P IE

EL RUE KAM

A R S EI LL RUE DE M

L É N IN E RUE DE

HA DE G RUE

DI

R A T T IA

URG ABIB BO H E U N AVE

UIBA

50m

F.123|

Carte - Visualisation du secteur de Jean Jaurès (TRAVAIL PERSONNEL)

91


E R R ANC E E T R E PÈ R AGE

MISE EN CONTEXTE

Ce zoom sur le secteur urbain central de la ville basse; le secteur de Jean Jaurès a pour but d’établir une réflexion orientée vers la culture alternative. Cette zone évidemment abritera les éléments potentiels de notre intervention. L’analyse de ce secteur s’est faite dans le cadre de l’atelier thématique du 1

er

semestre et du séminaire co-dirigé par M m e Cyrine Bouajila et M m e

Mona Zairi.

2 . LE S E C T E UR D E J EAN J AU R ÈS: Le secteur de Jean Jaurès est délimité du coté: · Nord par l’avenue de Ghana · Sud

par

l’avenue

Habib

Bourguiba · Est par l’avenue Mohamed V · Ouest par l’avenue de Paris Il ce

faut

mentionner

secteur

perpétuelle

subit

que

toujours

mutation.

On

une trouve

quelques parcelles qui changent de vocation et des bâtiments qui 200m

sont

généralement

démolis

et

reconvertis en parkings (Rue Pierre F.124|

Carte - Situation du quartier au centre ville de Tunis (TRAVAIL PERSONNEL)

de Coubertin).

Dans cette partie, on va aborder 2 approches d’analyse:

U GHANA

ÈS

AVENUE D

· les points de repère

V

E PARI AVENUE D

· les fonctions

OHAMED

· les flux véhiculaire et piéton

AV

S

· les voies

DE ENUE

JEAN

AVENUE M

JAUR

ANALYSE URBAINE

ANALYSE SÉQUENTIELLE AVENUE HA

100m

décortiquant selon les voies · présenter les profils d’usager · définir les séquences types

92

GUIBA

BIB BOUR

· étudier une zone du quartier en la

F.125|

Carte - Limites du quartier de Jean Jaures (TRAVAIL PERSONNEL)

Chapitre III


E R R ANC E ET R EP ÉR AGE

MISE EN CONTEXTE

1. 1 . An a ly s e u r b a i ne: H égémon i e du terti ai r e: VOI RI ES

Artères principales Artères secondaires Circulation en boucles

FLUX V ÉHI C U L AI RE

Flux important Flux moyen Flux faible Des flux importants au niveau des grandes artères à double sens et diminuent au niveau des voies à sens unique.

FLUX PI ÉT O N

Flux important Flux moyen Flux faible Les grandes artères subissent un flux piéton important. Les voies moins parcourues par les voitures sont plus fréquentées. FON C T I O NS U RB AI NES

55+30+15 t er t i a i r e

r és i d ent i el l e

r és i d u ur b a i n

Dominance des fonctions tertiaires

Chapitre III

93


E R R ANC E E T R E PÉ R AGE

MISE EN CONTEXTE

LES GRANDS REPÈRES DE LA ZONE

HA G

l’Habitat 3| Poste tunisienne 4| STEG 5| Assurance STAR 6| Agence Tunisair 7| Comité Général des prisons et de la rééducation

AV M OHAM

1

3 4

ED V

7

AV J. JA UR ES

6

AV

H.

BO

UR

G

UI

BA

5

AV

G

HA

NA

REPÈRES DE DÉTENTE

1| Bistrot Bonaparte 2| Tarkina Coffee

2

AV

1| Banque Centrale 2| Banque de

NA

REPÈRES ADMINISTRATIFS

AV M OHAM E

Shop

AV J. JA UR ES

3| Tag Store Coffee

3

1 4

5

AV

G

HA

NA

AV

H.

BO

UR

G

UI

BA

Shop 4| Café du Caire 5| L’escale

DV

2

REPÈRES COMMERCIAUX

AV M OHA AV J. JA UR ES

1| Central Park 2| Boutique Zen 3| City Sport

MED

V

2 1

AV

G

HA

NA

AV

H.

BO

UR

G

UI

BA

3

REPÈRES ÉDUCATIFS

94

1

UR

G

UI

BA

2

BO

3

H.

Jaurès 2| Lycée privé l’essort 3| Lycée rue de Marseille

ED V

AV J. JA UR ES

AV

1| Collège de Jean

AV M OHAM

Chapitre III


E R R ANC E ET R EP ÉR AGE

MISE EN CONTEXTE

2. 2 . An a ly s e s éq u en ti el l e et patter n s ambi ants: H ét érog én éit é du vécu : Pour distinguer les différentes qualités ambiantales du quartier, on propose d’étudier la partie la plus diversifiée en termes de fonctions, d’où la zone délimitée du coté: · Nord par la rue de Lénine · Sud par la rue Mokhtar Attia · Est par la rue Hedi Nouira

ire Rue du Ca

Rue Hédi No

uira

ine

Rue de Lén

Rue

· Ouest par la rue du Caire

a Mokhtar Atti

Cette le

cadre

analyse d’une

établie au 1

100m

er

s’inscrit

errance

dans

urbaine

semestre de la 5 è me

année. F.126|

Carte - Zone PERSONNEL)

d’étude

choisie

(TRAVAIL

Réalisée

sur

la

base

d’une

observation à différentes journées, l’analyse se définit par le découpage de chaque voie en séquences. La qualité ambiantale est mise en évidence par des codes ambiantaux et par des sensations (Voir Annexe A pour puls de détails).

CODES AMBIANTAUX

CIRCULATION VÉHICULAIRE

CIRCULATION PIÉTONNE

NUISANCE SONORE

PRÉSENCE VÉGÉTALE

ZONE D’OMBRE

HU MEUR ET AMBIANCE

DÉSAGRÉABLE

E N N U Y A N TE

NE UTR E

SY MP A

AGR É ABLE

JOURS PARCOURUS 25/1 1 / 2 0 2 0

14H-16H

2 8 /1 2 /2 0 2 0

1 3 H - 1 7H

21/0 6 / 2 0 2 1

10H-14H

2 3 /0 6 /2 0 2 1

1 5 H - 1 9H

02/0 7 / 2 0 2 1

11H-15H

0 8 /0 7 /2 0 2 1

1 1 H - 1 3H

11/0 8 / 2 0 2 1

09H-13H

1 8 /0 8 /2 0 2 1

1 4 H - 1 6H

Chapitre III

95


E R R ANC E E T R E PÉ R AGE

MISE EN CONTEXTE AVENUE DE JEAN JAURÈS

· Rue très encombrée et bruyante · Difficulté de circuler · Sensation d’étouffement et de malaise · Seul moment agréable = Le bistrot RUE MOKHTAR ATTIA

· Flux véhiculaire et piéton important · Rue bruyante et polluée · Rue non animée, non accueillante · Sensation d’insécurité RUE GARIBALDI

· Lieu de passage · Rue condamnée par les barrières · Rue non animée, peu fréquentée

RUE DE LÉNINE

· Rue surveillée par la police · Nostalgie à Kahwet Ellouh · Rue non animée · Omniprésence des parkings RUE DU CAIRE

· Difficulté de circuler · Présence de la végétation et de l’ombre · Flux désordonnés RUE KAMEL ATATURK

· Le bistrot est le seul moment agréable · Rue condamnée par les barrières et la police · Sensation d’écrasement

RUE PIERRE DE COUBERTIN

· Rue non fréquentée · Sensation d’insécurité et de malaise · Omniprésence des parkings

96

Chapitre III


35+15+25105 E R R ANC E ET R EP ÉR AGE

MISE EN CONTEXTE

PROFILS DES USAGERS

Les élèves Les retraités Les salariés Les étudiants Les chômeurs Les marchands

Même si le quartier présente seulement 2 repères éducatifs, l’espace est dominé par les élèves. L’omniprésence des administrations explique le nombre croissant des salariés. Globalement, la charte montre la mixité sociale de la zone et sa fréquentation riche et diversifiée.

SÉQUENCES TYPES Les séquences types décrivent les patterns ambiants qui se répètent dans un espace urbain donné. Ce sont les motifs comportementaux des individus qui constituent une séquence particulière. Les séquences sont influencées par 3 dimensions: · Les conditions climatiques · La configuration architecturale et urbaine · Le vécu

CODES COMPORTEMENTAUX

PASSAGE

D ÉT EN T E

C O MME R Ç A N T

À L’ABRI

Chapitre III

CO N SO M M A T EU R

97


E R R ANC E E T R E PÉ R AGE

MISE EN CONTEXTE

Séquence B

Séquence G

Séquence F

Séquence I

Séquence A Séquence E

Séquence H

Séquence D

Séquence C

AVENUE JEAN JAURES

A

Les passants s’installent sous les porches d’entrée du Central Park pour se reposer, s’abriter du soleil/pluie et pour discuter.

B

98

B

Les gens se rassemblent sous la station d’arrêt de bus et attendent son arrivée en s’abritant du soleil ou de la pluie.

Les passants sont obligés à traverser la rue pour circuler vu que le bus et ses usagers occupent le trottoir. Ceci crée un désordre dans cette zone. Chapitre III


E R R ANC E ET R EP ÉR AGE

MISE EN CONTEXTE

RUE DU CAIRE

C

RUE GARIBALDI

Le commerçant préfère exposer sa marchandise sur le trottoir du Central Park vu le flux important des passants

E

D

F

RUE MOKHTAR ATTIA

Le seul vendeur de f ruits et légumes restant dans cette zone, il est considéré comme un repère pour certains et est régulièrement fréquenté.

Les habitués du café préfèrent s’installer dans un espace ouvert, d’où sur le trottoir, qu’à rester à l’intérieur dans un espace couvert et fermé.

Les personnes cherchent à s’abriter du soleil sous l’ombre des arbres, ils prennent leurs cafés et se reposent. Les chaises sont soient sur la chaussée, soient sur le trottoir du Central Park.

Chapitre III

G

Le rythme accéléré des employés et des collégiens les obligent à chercher la consommation rapide pour optimiser leur temps

H

Le Central Park accueille plein de monde, donc le commerçant s’installe sur le trottoir de l’entrée principale pour attirer les gens.

RUE KAMEL ATATURK

I

L’installation des barrières dans la rue l’a condamnée et l’a transformée d’une rue véhiculaire en rue piétonne. Les gens la réapproprient comme extension du trottoir du coffee shop et il préfèrent donc s’y installer sous les arbres pour se détendre sous leurs ombres.

99


ERRANCE ET R E P É R AG E

MISE EN CONTEXTE

SY NT H ÈS E ZO NE ABANDO NNÉE

On remarque: · Manque de végétation et de parcs · Circulation véhiculaire dominante · Omniprésence des parkings et administrations · Manque d’espaces dédiés à la culture alternative · Densité des bâtiments Ces paramètres engendrent des sensations d’insécurité, d’étouffement et d’indifférence. Les habitués ont tendance à éviter quelques rues dans lesquelles ils ne partagent aucun vécu en o pposition à une grande fréquentation dans les rues les plus animées par des différentes fonctions.

RU

EK AM

EL

AT

AT

UR

A V J EA N J A UR ÈS

K

Il en résulte donc un contraste de part et d’autre de la rue Kamel Ataturk au niveau de: · Profils des usagers · Fréquentation des espaces · Fonctio ns des bâtiments D’où on trouve une zone dynamique animée en opposition d’une autre qui est isolée et évitée.

ZO NE DY NA M I Q U E RU E K AME L A TATU RK

Les séquences types montrent que: · Les habitués du quartier cherchent essentiellement à se détendre sous l’ombre dans un espace ouvert. · Les commerçants choisissent des espaces très fréquentés pour s’installer et attirer l’attention.

Séquences relatives aux commerçants

Séquences relatives aux habitués du quartier

Un environnement aride privé d’ambiances accueillantes et d’espaces d’échange et de partage.

1 00

Chapitre III


HOU MET W R A L ’ B A R R I ÈR E

MISE EN CONTEXTE

3. «HO UM E T WR A L ’ B AR R I ÈR E»: L ’ I N FOR ME L U R B A I N A U C Œ U R DU QU AR T I ER Dans ce volet, on va introduire le quartier dont se situe nos éléments d’intrigue. On va alors établir un zoom sur la zone et analyser en détails ses repères, ses contraintes et ses flux d’usagers. Cette analyse est réalisée à base d’observation depuis le 1 er semestre de la 5 èm e année et d’expérience personnelle dans Kahwet Ellouh en 2015.

«Houmet comme

Wra

l’appellent

L’Barrière», ses

artistes

urbains, se délimite du côté: · Nord par la rue Echbilia · Sud par la rue Garibaldi · Est par la rue Pierre de Coubertin · Ouest Rue

par

l’avenue

de

Jean

Jaurès.

de Lénine

s

Les barriére

l Attaturk

Le quartier a acquis son nom

Rue Kame

après

des

barrières

soutenant le bâtiment incliné de la 100m

F.127|

l’installation

rue Kamel Ataturk en 2018.

Carte - Délimitation de Houmet Wra L’Barrière (TRAVAIL PERSONNEL)

Le quartier héberge un nombre considérable de repères de la culture underground, notamment les cafés culturels où les artistes urbains se rencontrent et se défoulent. À l’époque, Kahwet Ellouh était le principal siège des événements culturels. Aujourd’hui, les artistes trouvent refuge dans des cafés comme le Bistrot et Tarkina, mais leurs activités se limitent à la rencontre et à la discussion plutôt qu’à la création et à l’expression. En parallèle de ces petits lieux de rencontre, les artistes urbains semblent avoir revendiqué la rue comme une toile pour leurs œuvres d’art. En effet, ce quartier est très animé par les graffitis, ce qui lui confère le statut de plus grande galerie d’art en plein air au centre ville de Tunis.

Chapitre III

101


H O U ME T W R A L’ BAR R IÈ R E

MISE EN CONTEXTE AVENUE JEAN JAURÈS

E RU

Collège Jean Jaures

STEG

D E

RUE KAMEL ATATURK

LÉ N IN E

Poste tunisienne Banque de l’Habitat

Kahwet Ellouh Tag Store

SIT Central Park

T UA

N Quartier entouré par plusieurs repères, principalement administratifs.

SONEDE

Bistrot Bonaparte

Banque Centrale

Tarkina

CGPR Repères éducatifs

Repères administratifs

Banques

Zone dynamique

RU AT E K AT A UR ME K L

CO

EX NT

TE

Partie condamnée par les barrières

Partie condamnée par les policiers FLU

FLU

XD ES

E LÈV

S

SA RT IS

TES

S DE IT RS U E I RC CI OLIC P AR

TIS

TES

UR

BA

IN

S

Champ de surveillance

Barrières de la police

XD E

E XD FLU

A SB

N

IE QU

RS

UR

BA

IN

90% de Houmet Wra L’Barrière est une zone morte. L’espace est dominé par la surveillance policière.

Zone morte

E XD FLU

Repères de nostalgie

RU AT E K AT A UR ME K L

Repères de loisir

102

IO

S

FLU

X

Houmet Wra L’Barrière présente une mixité sociale en rassemblant des différents flux de personnes.

Chapitre III


HOU MET W R A L ’ B A R R I ÈR E

MISE EN CONTEXTE

3. 1 . L e p a r a d ox e de l a r ue de Lén i ne: Rue de Lénine ou comme ses habitués l’appellent «Rue ellouh» présente la plus grande galerie en plein air du centre-ville de Tunis, grâce à ses fresques murales de graffiti qui s’étalent tout au long des façades des bâtiments et des clôtures des parcelles. Cependant, cette expression graphique est cernée par un milieu dominé par: · la présence policière qui s’affirme par la surveillance et le contrôle et qui condamne une portion de la rue Kamel Ataturk · la présence bancaire qui s’impose par l’ampleur de la banque centrale dans l’aboutissement de la rue de Lénine et par l’omniprésence d’un ensemble d’agences tout au long de la rue Hedi Nouira qui lui est perpendiculaire. · la présence de 3 parkings en succession dans la même rue. D’une part, cet environnement contradictoire entre l’oppression et l’expression et la fameuse relation hostile entre les artistes et la police est l’essence du paradoxe de cette rue. On se demande alors comment et quand les artistes ont réussi à défier cette présence constante de contrôle pour s’approprier la rue et ses murs? D’autre part, même si la rue abrite 3 parkings successifs et donc répond généreusement à ce besoin, on témoigne du stationnement anarchique sur les trottoirs.

Parking 1

Ru

ed

eL

én

ine

Présence policière

Parking 2

Parking 3

Présence bancaire

Rue de Lénine

Collège Jean Jaures Hôtel l’orient Kahwet ellouh Tag Store Banque Centrale

Chapitre III

103


H O U ME T W R A L’ BAR R IÈ R E

MISE EN CONTEXTE

3.2. Ka h w et ell ou h / Wh atever Sal oon: l e fameux s y mbo l e d e rés i s t a n c e ur bai ne: Connu à l’époque sous le nom de Kahwet ellouh ou encore Whatever Saloon, cet espace dont la vocation est principalement culturelle, servit comme un coffee shop dans la majorité des journées et une salle de spectacle en cas d’événements. Mais bien avant qu’ Ellouh ne devienne ce qu’il est, le hangar était un dépôt de stockage de bouteilles. Après avoir été mis en vente, son destin s’est aligné avec celui de Wael Mhamdi , son nouveau propriétaire. L’espace, autrefois morbide et abandonné, a obtenu une nouvelle identité qui, plus tard, a contribué à en forger beaucoup d’autres.

Photo - Le dépôt de stockage de bouteilles, 2013 (WAEL MHAMDI)

F.128|

Kahwet célèbre

ellouh ,

pour

son

F.129|

Photo - Kahwet ellouh/ Whatever Saloon, 2013 (WAEL MHAMDI)

F.130|

Photo – Exposition à Kahwet ellouh, 2015, (WAEL MHAMDI)

F.131|

Photo – Kahwet ellouh, 2015, (WAEL MHAMDI)

autrefois ambiance

chaleureuse et son intérieur rustique exceptionnel entièrement décor é en bois réc upéré, a ouvert ses portes en

2013

devenu pour

et une

les

est

immédiatement

immense

jeunes

et

attraction les

artistes

urbains. L’espace était dédié avant tout à la culture locale underground et à la promotion des jeunes artistes. Il proposait des activités artistiques très variées tels que les concerts, les projections de films, les pièces de théâtre ou les expositions.

Ellouh spectacles voire

a de

Stambali,

accueilli différents Reggae,

des

genres, Metal,

HipHop, Groove, etc... et a été le

104

Chapitre III


HOU MET W R A L ’ B A R R I ÈR E

MISE EN CONTEXTE

point de départ des plus célèbres artistes underground de nos jours.

Whatever Saloon a également accueilli quelques conférences

F.132|

de presse du festival

Photo - Ellouh dans la plupart des journées, 2014 (WAEL MHAMDI)

F.133|

Photo - Ellouh en cas d’événements, 2014 (WAEL MHAMDI)

des JCC en 2014 et 2015 et a été la première destination de nombreux événements réalisés par des ambassades et des or ganisations internationales (1 2 ) . Bien que sa réputation soit indéniable, l’espace culturel était condamné à fermer en 2015 après 15

tentatives

redondantes

sous

l’ordre du ministère de l’intérieur et de la municipalité sous prétexte que «des citoyens et clients ont exprimé leur mécontentement visà-vis des activités de l’espace, ses prix exorbitants et la qualité de ses

F.134|

Photo - Décision de fermeture de Whatever Saloon, 2015 (WAEL MHAMDI)

habitués ( 1 3 ) » Cette décision a provoqué la colère des artistes underground et de l’ensemble des clients fidèles de l’espace et a engendré leurs protestations dans l’espoir de sauver Ellouh . Aussi persistant qu’il soit, Whatever Saloon a été condamné à fermer définitivement, pulvérisant ainsi les rêves d’une génération d’artistes en pleine émergence. Le parcours d’ Ellouh a peut-être pris fin, mais pas son objectif de promouvoir la culture alternative. Alors que la flamme de Whatever Saloon s’éteignait, un autre espace culturel renaissait de ses cendres.

Lang’art , une nouvelle initiative visant à célébrer la scène underground, a ouvert ses portes simultanément avec son voisin Tag Store où les premières fresques murales ont eu leur genèse.

Lang’art était un projet de l’association «Danseur Citoyens», une association qui propose de la formation professionnelle pour les danseurs tunisiens.

L’espace culturel a offert des différentes activités comme le

breakdance, le théâtre, l’acrobatie et les arts de rue. Le lieu a accueilli des nombreux événements et compétitions dont on cite le festival de danse (12)  https://nawaat.org/2015/05/26/decision-de-fermeture-espace-culturel-tunis-whatever-saloon/ 22/07/2021) (13) Ibidem.

Chapitre III

(consulté

le

105


H O U ME T W R A L’ BAR R IÈ R E

MISE EN CONTEXTE

Mafia Wallitili en collaboration avec l’IFT en 2017 (1 4 ) .

Photo - Façade de Lang’art + Tag Store, 2016 (LOST IN TUNIS+TRAVAIL PERSONNEL)

F.135|

L’espace

multidisciplinaire

fut

composé

d’une salle de danse de 66m², d’une salle polyvalente de 55m², d’une bibliothèque, et d’une

résidence

artistique

de

8

places (1 5 ) .

L’institution a mobilisé une dizaine de professeurs et une équipe administrative de 5 personnes engagée dans la formation ( 1 6 ) .

Lang’art a rendu le quartier plus accueillant et

plus

tolérant

à

la

culture

underground.

L’explosion des graffitis colorés et le dynamisme des breakdancers ont incité de nombreux autres artistes à les rejoindre et à traîner dans les parages, notamment des skateurs, des musiciens,

F.136|

Photo – Salle polyvalente, 2016 (KAPITALIS)

des athlètes de parkour et bien d’autres pratiques sont apparues. Toute fois, comme tout autre projet artistique, Lang’art a été fermé pour des raisons inconnues en 2017 a déménagé son local dans le quartier de Wra l’Afrika.

F.137|

Photo - Festival de Mafia Wallitili, 2017 (KAPITALIS)

F.138|

Photo - Les jeunes se réunissent devant Lang’art pour graffer, skater et discuter (KAPITALIS)

Aujourd’hui, Kahwet Ellouh ou Lang’art sont réduits à un parking sans vie. Le Tag Store se tient toujours à sa place mais ne propose rien d’autre que des boissons et un décor rétro. La façade couverte de graffitis a été repeinte, l’intérieur en bois recyclé a été complètement démantelé et la seule constante est la réputation du lieu et la nostalgie de ses clients. (14)  https://linstant-m.tn/single-article/ar457_decouvrez-le-programme-du-hip-hop-mafia-wallitili-festival (consulté le 22/07/2021) (15)  https://femmesdetunisie.com/langart-un-espace-dedie-a-la-formation-des-arts-de-la-rue/ (consulté le 22/07/2021) (16)  https://yellow.place/en/lang-art-tunis-tunisia (consulté le 22/07/2021)

106

Chapitre III


HOU MET W R A L ’ B A R R I ÈR E

L’espace

est

MISE EN CONTEXTE

actuellement

détenu par le propriétaire du café qui lui est adjacent; le Tag Store. Il est accessible depuis le café et depuis la rue de Lénine. Néanmoins,

malgré

son

passage rapide dans l’histoire de cette rue, certains cont inuent à appeler le hangar «Kahwet Ellouh» tant il a forgé son identité dans les racines de ce lieu.

F.140|

Photo - Kahwet Ellouh aujourd’hui, 2021 (PRISE PERSONNELLE)

F.139|

Photo – Kahwet Ellouh aujourd’hui, 2021 (PRISE PERSONNELLE)

F.141|

Photo - Kahwet Ellouh aujourd’hui, 2021 (PRISE PERSONNELLE)

LANG’ART+TAG STORE: Espace culturel

DÉPÔT DE

privé dédié à

S TOCKAGE DE

la danse et au

BOUTEILLES

X–2013

graffiti.

2013-2015

2015-2017

2017-présent

WHATEVER

PARKING:

SALOON/

Espace dédié au

KAHWET ELLOUH:

stationnement.

Espace culturel privé promoteur de la culture underground.

Chapitre III

F.142|

Schéma – Kahwet Ellouh à travers le temps (TRAVAIL PERSONNEL)

107


MISE EN CONTEXTE

PAR O LE H ABITAN TE

4 . LA PAR O LE HABI T A NT E: L E V ÉC U C OM ME DÉCLE N C HE UR D U PR OJ ET Après avoir effectué l’analyse urbaine du site et distingué les différentes potentialités et contraintes, je me suis basée sur la méthode d’investigation des enquê tes in situ que propose Kevin Lynch dans son œuvre «L’image de

la cité» . Il suggère 2 types d’investigations, la première étant une enquête aléatoire d’un échantillon de citadins et la deuxième étant une enquête ciblée des observateurs experts ( 1 7 ) . Ces investigations présentent un moyen d’approfondir la connaissance du contexte à travers la mémoire collective de ses habitués et leur vécu et de renforcer les informations recueillies dans le cadre de l’analyse urbaine. En effet, j’ai opté pour 3 types de questionnaires (voir annexe B, C et D): · Le premier est une enquête in situ de micro-trottoir orientée vers une dizaine d’étrangers choisis au hasard et dont le rapport au quartier varie entre des employés, des résidents ou des passants. · Le deuxième est une enquête réalisée à base d’un formulaire digital dont une trentaine de personnes aléatoires ont répondu. Les questions posées sont les mêmes que celles du premier. · Le dernier est une enquête ciblée interrogeant un groupe de skateurs sur la scène de glisse urbaine au centre ville. La méthodologie et les questions effectuées ont été encadrées et corrigées par M me Raoudha Ben Ayed , une sociologue urbaniste agrégée à l’ENAU.

4.1. E n t ret ien s s em i- d i r ecti fs al éatoi res: 4.1.1. Enquête in situ: · Méthodologie et objectifs de l’enquête: Le questionnaire comporte 4 étapes divisées en 8 questions: · La première étape est introductive relevant le nom, l’âge et l’occupation · La deuxième étape se focalise sur la perception de la ville en termes de repères et de fréquentation d’où relever des éléments types · La troisième étape est une étape d’approfondissement cherchant à solliciter les sensations et distinguer les différents vécus · La dernière étape est conclusive visant à mener l’enquêté à proposer une alternative. · Constats: On a constaté que les enquêtés, malgré la différence d’âge et la nature de leur relation à l’espace, ont les mêmes perceptions en termes d’orientation, de repérage et de besoins (voir annexe B pour les réponses détaillées) (17)  LYNCH, Kevin, «The image of the city» , The Massachusetts Institute of Technology, Cambridge, Massachusetts, 1960, (Voir Annexe B: L’utilisation de la méthode) pp165-187.

108

Chapitre III


PAR OL E H AB I T ANT E

MISE EN CONTEXTE

Les enquêtés ont tous exprimé le même ennui du quartier et leur méfiance de la zone administrative. Ils espèrent en revanche d’avoir des espaces de loisir et de détente pour raviver le quartier. INTERPRÉTATIONS: ÉTAPE 1: ÉTAPE INTRODUCTIVE Q1. Quelle est la nature de votre relation au quartier? Âge – Occupation Constat: · La plupart sont des jeunes · Fréquentation imposée par: Travail – Habitation – Passage – Loisir ÉTAPE 2: ÉTAPE DE FOCALISATION SUR LE SUJET: Q2. D’après vous, quels sont les éléments les plus remarquables dans cette zone? Définition des points de repère. On peut les classer selon: - L’ampleur: Central Park/ Banque centrale/ Assurance STAR = Repères communs répétitifs - La fréquentation: Bistrot/ Tarkina - La nuisance: le flux piéton/ flux véhiculaire - Le vécu: Kahwet ellouh/ Bistrot = Repères particuliers spécifiques aux personnes Q3. Quel est l’endroit que vous fréquentez le plus? avec qui? et quand? Le choix est très limité Pourquoi? Il n’y a aucun espace de loisir à part les cafés Les jeunes sont ennuyés par ce manque de variété. ÉTAPE 3: ÉTAPE D’APPROFONDISSEMENT Q4. Pourquoi cet endroit vous plaît? Les interviewés cherchent: · L’ordre «Central Park ‫»خاطر البالصة الوحيدة ايل نحسها منظمة‬ · La familiarité « ‫»القهوة فيها حبايبايت ونحب القعدة معاهم‬ · La convivialité «Tarkina ،‫»فيها ركشة مزيانة‬ ّ ‫ ايل يعجبك يف البالصة هاذي‬les parkings» · L’efficacité « ‫ماكث ريب كان‬ Q5. Un endroit que vous évitez? Méfiance de la zone administrative et bancaire Ressenti: stress/ ennui/ indifférence Q6. Un endroit dont vous avez un souvenir? Un souvenir marqué par l’habitude ou un événement ponctuel Q7. Qu’est ce que vous vous sentez dans ce quartier? Ressenti: étouffement/ stress/ encombrement à cause de: · L’omniprésence des voitures sur toute la zone · La nuisance sur tous les plans (bruits, odeurs, mauvaise exploitation des trottoirs...) ÉTAPE 4: ÉTAPE CONCLUSIVE: Q8. Qu’est ce vous pensez qui manque dans cette zone et qu’en l’ajoutant, va l’enrichir et la rendre plus fréquentée? Un champ lexical qui tourne autour du bien être/ La détente/ Loisir On entend: jeux, bar, maison de jeunes, Ce qui justifie un peu la nostalgie quant à kahwet ellouh. ALTERNATIVES?

- Activités autres que les cafés/ travail/ parking - Envie d’expression et de changement

Chapitre III

109


MISE EN CONTEXTE

PAR O LE H ABITAN TE

4.1.2. Enquête digitale: · Méthodologie et objectifs de l’enquête: Le questionnaire comprend les mêmes questions que celles du premier questionnaire. On a eu la contr ibution de 30 personnes dont l’âge, la profession et la relation au quartier différent. Ce questionnaire nous a permis d’approfondir nos connaissances du quartier, surtout en ce qui concerne les ambiances la nuit, vu que le premier questionnaire a été établi au cours de la journée. On a aussi bénéficié du nombre assez important des enquêtés vis a vis à celui du premier interrogatoire au niveau de la variété de réponses et la richesse des informations. (voir annexe C pour les réponses détaillées) · Constats: On a conclu à partir de cette enquête que la majorité de personnes sont des passants. Les enquêtés fréquentent les grands repères du quartier et évitent la zone administrative et les espaces éloignés de la voie principale. Certains éprouvent des sentiments d’insécurité, de stress et d’étouffement, d’autres ont exprimé des sentiments de nostalgie, notamment à Kahwet Ellouh. Ils cherchent des espaces verts, des espaces culturels et des moments de détente comme alternative à un quartier très bruyant et mono-fonctionnel.

INTERPRÉTATIONS: ÉTAPE 1: ÉTAPE INTRODUCTIVE Q1. Quelle est la nature de votre relation au quartier? Âge – Occupation Constat: · La plupart sont des jeunes = 71% des enquêtés · Fréquentation imposée par: Travail – Habitation – Passage – Loisir ÉTAPE 2: ÉTAPE DE FOCALISATION SUR LE SUJET: Q2. D’après vous, quels sont les éléments les plus remarquables dans cette zone? Définition des points de repère. On peut les classer selon: · L’ampleur: Central Park/ Banque centrale/ ZEN/ CNSS = Repères communs répétitifs · La fréquentation: Bistrot/ Station de bus · La nuisance: le flux piéton/ flux véhiculaire/ le collège · Le vécu: Bistrot/ Station de bus/ L’escale · L’esthétique: Graffiti/ Le style architectural des bâtiments = Repères particuliers spécifiques aux personnes Q3. Quel est l’endroit que vous fréquentez le plus? avec qui? et quand? Le choix est très limité Il se limite au Central Park et au bistrot Pourquoi? Il n’y a aucun espace de loisir à part les cafés.

110

Chapitre III


PAR OL E H AB I T ANT E

MISE EN CONTEXTE

ÉTAPE 3: ÉTAPE D’APPROFONDISSEMENT Q4. Pourquoi cet endroit vous plaît? Les enquêtés cherchent: · La proximité du lieu de travail · L’efficacité des parkings · La familiarité des espaces (surtout les cafés) · Le dynamisme (espaces mouvementés) · L’esthétique (Graffiti) Q5. Un endroit que vous évitez? Méfiance de: · La zone administrative et bancaire · Les ruelles la nuit · L’espace environnant du collège Ressenti: stress/ ennui/ malaise/ insécurité Q6. Un endroit dont vous avez un souvenir? Un souvenir marqué par l’habitude ou un événement ponctuel. Ils partagent des souvenirs dans le Bistrot, Kahwet Ellouh, Central Park, Station de bus Q7. Qu’est ce que vous vous sentez dans ce quartier? Ressenti: · Étouffement/ stress/ malaise/ encombrement à cause la nuisance · Nostalgie à des espaces · Danger/peur la nuit à cause des sdf et braquages ÉTAPE 4: ÉTAPE CONCLUSIVE: Q8. Qu’est ce vous pensez qui manque dans cette zone et qu’en l’ajoutant, va l’enrichir et la rendre plus fréquentée? Un champ lexical qui tourne autour du bien être/ La détente/ Loisir On entend: végétation, ombre, sécurité, artistes urbains, activités sportives, animation, divertissement... ALTERNATIVES? · Parc urbain · Espaces verts · Placette · Espace culturel · Espace co-working

Chapitre III

111


MISE EN CONTEXTE

PAR O LE H ABITAN TE

4.2. E n q u êt e c ib lée: · Méthodologie et objectifs de l’enquête: J’ai mené des entretiens semi-directifs composés de 15 questions avec des skateurs dans le spot du BIAT (voir annexe D pour les réponses détaillées). J’ai interrogé les skateurs à la fois individuellement et dans le cadre de groupes de discussion. On a assimilé quatre choses à partir de ces entretiens: · Premièrement, savoir les différentes backgrounds de cette communauté et leur fréquentation au centre-ville de Tunis. · Deuxièmement, comprendre les paramètres qui influencent les skateurs à choisir leurs spots. · Troisièmement, comprendre si les tensions, les perceptions et les confrontations potentielles se manifestent régulièrement. · Enfin, analyser comment les architectes et urbanistes peuvent mieux répondre aux besoins de cette communauté. Cette enquête a pour but d’approfondir nos connaissances sur les arrières scènes de la communauté de skateboard au centre ville de Tunis et de comprendre les besoins spatiaux des skateurs pour aboutir à une réponse architecturale et urbaine cohérente. · Constats: On a conclu de cette enquête que le spot préféré des skateurs est celui du BIAT, où ils ne sont agressés ni par la police ni par les piétons. Ils ont tous subi des attitudes hostiles auprès des personnes qui côtoient le même espace et ont tous exprimé un besoin d’avoir des espaces dédiés à leur pratique, notamment un skateshop et un skatepark. On a aussi remarqué qu’aucun skateur passe par le quartier de Jean Jaures pour déambuler et qu’ils ne s’y ont jamais été intéressés car il n’offre ni un espace de développement de leurs compétences ni un espace de rencontre convivial qui les accueille.

INTERPRÉTATIONS: ÉTAPE 1: INTRODUCTION DES ENQUÊTÉS Q1. Présentez vous: Prénom ou surnom, âge et occupation? La majorité sont des adolescents âgés entre 11 et 18 ans. Q2. Habitez vous dans les alentours ou vous venez d’autres quartiers? Ils habitent dans les quartiers du centre ville à l’exception de quelqu’uns. Q3. Depuis quand vous skatez? Ils ont tous une expérience d’au moins 1 ans Q4. Combien de fois par semaine venez-vous au centre ville pour skater? Seul ou accompagné? Ils fréquentent les spots régulièrement

112

Chapitre III


PAR OL E H AB I T ANT E

MISE EN CONTEXTE

ÉTAPE 2: INFLUENCE DU CHOIX ET FRÉQUENTATION DES SPOTS Q5. Quels sont vos spots préférés au centre-ville? Pourquoi? La majorité préfèrent le spot de BIAT car: · Ils ne subissent pas des réactions hostiles ni par les piétons ni par la police. · Les surfaces lisses faciles à glisser. Q6. Quels sont les paramètres qui vous motivent à choisir un spot par rapport à un autre? Les matériaux La sécurité du quartier L’absence de police La proximité aux commodités Types de personnes qui côtoient l’espace Q7. Quels sont les quartiers que vous évitez en circulant au centre-ville? Les quartiers surveillés Les quartiers connus par leur insécurité et braquages Les quartiers qui ne présentent aucun spot potentiel. Q8. Fréquentez-vous le quartier de Jean Jaurès? Si non, pourquoi? La majorité ne fréquentent pas le quartier parce qu’il n’offre aucun spot potentiel et il est très surveillé par la police. ÉTAPE 3: DIFFICULTÉS ET CONTRAINTES PRÉSENTES Q9. Quelles sont les difficultés que les skateurs rencontrent régulièrement? Les attitudes hostiles des citoyens L’infrastructure mal entretenue Le manque d’espaces dédiés à la pratique ou les espaces «skate-friendly» Q10. Est-ce que les piétons trouvent cette activité agréable ou sont-ils généralement hostiles? Ça dépend des personnes, parfois ils sont tolérants mais généralement ils se sentent agressés par les skateurs dans l’espace. Q11. Pourquoi pensez-vous qu’ils s’opposent à cette pratique? Comment vous perçoivent-ils? Les citoyens perçoivent les skateurs comme des gamins ou des délinquants. Ils se sentent en danger ou en confusion à l’égard de la pratique. Q12. Avez-vous déjà subi des tensions avec les autorités? La pratique est toujours en conflit avec l’autorité, tout le monde ont subi des problèmes. ÉTAPE 4: ATTENTES, BESOINS ET ALTERNATIVES Q13. En termes d’espace, quelles sont les manques dans la scène locale de skateboard? Pas d’espaces dédiés à la pratique, surtout un skateshop Les espaces skatables ne sont pas «skate-friendly» Q14. Que suggérez-vous pour améliorer cet état? Éduquer les citoyens sur la culture de skateboard Construire des espaces dédiés au skateboard Q15. Vous préférez avoir un grand skatepark ou des différents éléments urbains skatables dispersés dans la villes? La majorité préfèrent un grand skatepark qui unit tout le monde.

Chapitre III

113


C O NC LU SIO N

MISE EN CONTEXTE

CONC LUS I O N Ce chapitre nous a révélé les potentialités spatiales du centre ville de Tunis, ses patterns ambiants et les espaces qui interpellent sa culture underground. Malgré le manque d’espaces dédiés à cette dernière, les artistes ont initié des projets créatifs dans des différents domaines pour combler ce vide. Le graffiti et le skateboard, étant les informels urbains les plus omnipotents au centre-ville de Tunis, envahissent ses rues et égayent ses quartiers. On a alors choisi d’étudier le secteur de Jean Jaurès où les formes de la culture alternative et de la résistance urbaine se manifestaient le plus. On a constaté à la fin de notre diagnostic une omniprésence des parkings et administrations en faveur des espaces verts et des espaces de partage. Ceci a engendré des sensations d’insécurité et d’étouffement au près des habitants et une faible fréquentation de ce secteur. À la lumière de l’enquête sociale effectuée, les habitants ont exprimé leur besoin des espaces de partage, des espaces culturels et des espaces verts. On a aussi relevé le besoin émergent des skateurs d’avoir des espaces dédiés à la pratique vu leurs absences. En s’appuyant sur le skate-urbanisme, notre intervention se basera alors sur l’analyse du contexte dans lequel s’inscrira le projet et sur les besoins exprimés dans l’enquête sociale.

114

Chapitre III


CHAPITRE IV

LE PROJET VERS L’ÉMANCIPATION DE L’ESPACE URBAIN AU SECTEUR DE JEAN JAURÈS

F.143|

Illustration – Skate-plaza (TRAVAIL PERSONNEL)


IN TR O D U C TION

LE PROJET

INTROD UC T I ON On va révéler, dans ce dernier chapitre, la concrétisation des théories précédemment étudiées. On va alors établir les lignes directrices de notre réflexion et mettre en évidence les stratégies d’intervention qui porteront sur 2 échelles urbaines (le secteur de Jean Jaurès) et architecturales (Kahwet Ellouh). Le projet s’appuiera sur: Les concepts clés dictés dans les chapitres précédents, les potentialités du contexte dans lequel il s’inscrira et l’innovation et la technicité des projets de références. On vise, à travers cette réflexion, à matérialiser l’approche du skateurbanisme dans le contexte du centre-ville de Tunis. On tentera à forger une nouvelle identité au lieu à travers sa culture émergente, à répondre aux besoins spatiaux des skateurs, à impliquer les artistes urbains et à reconcilier la pratique avec son environnement.

116

Chapitre IV


I N T ER V ENT I ON U R B AI NE

LE PROJET

1. LE S I N T E NT I O NS: 1. 1 . Pr of i ls d ’ u s a ger s ci bl es: Les skateurs

Les habitants

· Répondre à leurs besoins urgents

· Revitaliser leur quartier

· Leur offrir un espace dédié à leur

· Les introduire à la culture alternative et

pratique

au skateboard

· Apprivoiser la pratique dans les scènes

· Créer un événement urbain pour fuir la

urbaines quotidiennes

routine

Les artistes urbains

Les passants

· Leur offrir un médium d’expression et d’expérimentation

· Solliciter leur curiosité · Les introduire à la culture alternative et

· Les impliquer dans la conception hybride des skatespots

au skateboard · Les réconcilier avec la pratique

1. 2 . S t r a t ég ie d ’ inter venti on urbai n e: L’analyse nous a révélé que le secteur urbain de Jean Jaurès manque d’espaces verts, d’espaces publics d’échange et de partage et d’espaces culturels.

En

revanche,

on

a

constaté

l’omniprésence

des

fonctions

administratives d’un côté et des fonctions résidentielles et commerciales de l’autre côté. Ceci a créé un contraste d’ambiances et a diminué la fréquentation du secteur vu que les gens ont tendance à éviter ces espaces dans lesquels ils ne partagent aucun vécu. Cependant, le secteur est le plus revendiqué par les artistes urbains en termes de graffiti où il abrite les plus grandes fresques murales au centre ville de Tunis. Ainsi, malgré sa monotonie, ce secteur accueille une culture alternative riche et interpellée par ses potentialités. Bien qu’il soit le centre d’intérêt des ses artistes urbains, il ne semble pas intéresser les skateurs. Ils ont exprimé leur indifférence envers l’espace vu qu’il n’offre aucun espace à exploiter. De ce fait, pour homogéniser les ambiances urbaines et harmoniser le tissu, et pour inviter les skateurs à exploiter ce secteur, on va opter pour une stratégie de requalification de l’espace urbain par le réinvestissement des espaces résiduels et leur reconversion en skatespots hybrides. Ces espaces comprendront: · Des espaces dédiés à la glisse urbaine · Des espaces de détente · Des espaces verts

Chapitre IV

117


IN TE R V E N TIO N U R BAIN E

LE PROJET

LES RÉSIDUS URBAINS EXISTANTS Réinvestir les espaces résiduels pour les attribuer une nouvelle fonction et redymaniser l’espace urbain.

LES

TERRAINS

CHOISIS

POUR

L’INTERVENTION Les terrains seront réaménagés en spots de skateboard prototypes. Le choix varie selon la taille, l’accessibilité et les potentialités à offrir.

LA FRÉQUENTATION – Animer les artères secondaires et la zone administrative non fréquentées. – Injecter un événement urbain aux artères principales.

L’INTERACTION ENTRE LES SPOTS – Relier les spots par un traitement au sol qui tissera le chemin. – Enrichir l’expérience du skateur dériviste – Agir comme une signalétique.

PIÉTONNISATION

DES

VOIES

CONDAMNÉES –

Requalifier

les

voies

déjà

condamnées en les piétonnisant – Favoriser l’expérience des piétons et des skateurs – Leurs proposer des nouveaux sous-espaces urbains. F.144|

118

Schéma – Stratégies d’intervention urbaine (TRAVAIL PERSONNEL)

Chapitre IV


I N T ER V ENT I ON U R B AI NE

6

Skatespot

8

Skateshop

LE PROJET

7

Superficie 1090 m²

Parc Landskate Superficie 5200m²

Superficie 420 m²

50m 3

Skatespot Superficie 480 m²

4

Skatespot Superficie 760 m²

2

F.145|

1 Skatespot Superficie 990 m²

5

Skatespot Superficie 1250 m²

Skatespot Superficie 1565 m²

Carte – Le réseau de skatespots et leurs superficies (TRAVAIL PERSONNEL)

Chapitre IV

119


IN TE R V E N TIO N U R BAIN E

LE PROJET

Prototypes:

1

6 Skatespots

Clôture en grillage métallique

Inviter les artistes urbains à réinvestir les clôtures adjacentes aux voisins

Assurer la sécurité et la connexion avec l’extérieur

Contact direct avec la rue = Fusionner la limite entre les espaces partagés (rue et skatespot) Utiliser un revêtement au sol lisse et robuste (béton)

Implanter des éléments skatables = des micromodèles de skateparks.

Injecter du végétal pour animer l’espace et contraster avec le béton

Ajouter du végétal pour combler le manque dans cette zone

Ajouter du mobilier urbain pour se reposer et inviter les habitants à regarder les skateurs

Mobilier urbain skatable

F.146|

120

Schéma – Prototype d’un skatespot (TRAVAIL PERSONNEL)

Chapitre IV


I N T ER V ENT I ON U R B AI NE

7

LE PROJET

Parc Landskate Remplacer les clôtures en maçonnerie par des clôtures en grillage sur les limites des voies principales

Accès direct à la parcelle 6 = pas de clôture

He

di N

ou

ira

6

Ave

7

nue

pi ét on n

isé e

Investir la clôture adjacente aux voisins par les artistes urbains

Mo

ha

me

dV

Vo ie

Rue

Agir comme un espace articulateur qui relie les deux voies principales. 6

Ajouter du végétal pour combler le manque dans cette zone

7

Terrain de Street Ball

6

Skatespot Parkour Park

Espace Polyvalent Central pour communiquer avec tous les espaces

Des éléments pour le parkour et le skateboard

F.147|

Schéma – Le parc (TRAVAIL PERSONNEL)

Chapitre IV

Landskate

Le gradin peut servir pour se reposer, pour faire des «gaps» et pour assister à des spectacles

Des assises skatables

121


IN TE R V E N TIO N AR C H ITE C TU R ALE

LE PROJET

1.3. Str a t ég i e d ’ i n t er v enti on ar ch i tectu ral e: 8

Skateshop (Kahwet Ellouh)

Kahwet Ellouh, autrefois un symbole de résistance urbaine et berceau de la culture alternative au centre vil le de Tunis, s’inscrit dans un contexte très complexe et mouvementé. Hormis l’omniprésence des administrations et de la surveillance policière, le quartier présente une mixité sociale en rassemblant des différents profils d’usagers, voire les artistes urbains, les élèves et les banquiers. L’enquête réalisée avec les skateurs nous a révélé le besoin urgent de ces derniers d’avoir un skateshop vu le manque du matériel. Ainsi, on va reconvertir Kahwet Ellouh en un skateshop hybride qui servira à la fois à fournir les planches et le matériel, à impliquer les artistes urbains à travers des workshops et à instruire la pratique aux différentes tranches de personnes en fusionnant Ellouh avec le TAG STORE. Barrières de la police

N

LÉN

XD

ES

ÉL

ÈV

ES

INE

AR

Champ de surveillance

TIS

TES

ES

DE

FLU

FL

UX

D

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JEA UE S N E AV AURÈ J

BA

INS

ES

AR

FL

XD

UX

D

FLU

ES

BA

N

Q

UI

ER

S

S DE UIT RS RC LICIE I C O P

UR

TIS

TES

UR

BA

INS

Offrir au x élèv es un es p a ce de déten te et d e r ep os dan s les h eu res cr eus es

I mp l iq u e r le s a r ti ste s u r b a in s d a n s l a p e r so n n a lisa ti o n d e s p la n c h e s

I m p l iq u e r le s b a n q u i e r s e n ta n t q u e sp o n so r s

F.148|

122

Schéma – Stratégie d’intervention sur Kahwet Ellouh (TRAVAIL PERSONNEL)

Chapitre IV


I N T ER V ENT I ON AR C H I T EC T U R ALE

LE PROJET

Accès de service condamné

TAG STORE

RUE K A M EL A TA TURK

Accés piéton depuis le café

A

A

Accés véhiculaire depuis la rue RUE D E LÉN IN E

F.149|

Plan – L’état actuel de Kahwet Ellouh (TRAVAIL PERSONNEL)

2m

C harpente en bois Structure préservée

7m

F.150|

Coupe A-A – L’état actuel de Kahwet Ellouh (TRAVAIL PERSONNEL)

Chapitre IV

5m

2m

123


IN TE R V E N TIO N AR C H ITE C TU R ALE

LE PROJET

ORGANIGRAMME FONCTIONNEL

U n m i cr os p ot couv er t , p i ste d ’es s a y a g e

P e u t ê tr e u tilisé c o m me sa lle d ’ e x p o si ti o n o u sa lle d e sp e c ta c l e Es pace d e v ent e d es p l a nches

Piste d’essayage Skateshop Espace Workshop

polyvalent Café

Création d es s ka t eb oa r d pers on n alis és a v ec l es a r t i s t es u rbain s

F.151|

124

Espace de r en c o n tr e et d e p a r ta g e

Schéma – Organigramme fonctionnel de Kahwet Ellouh (TRAVAIL PERSONNEL)

Chapitre IV


I N T ER V ENT I ON AR C H I T EC T U R ALE

LE PROJET

Garder l’accès depuis le café et la connexion entre les deux espaces

Garder l’accès depuis la rue mais le décaler Garder l’accès au café indépendant du shop

F.152|

Schéma – Les accés (TRAVAIL PERSONNEL)

Reculer le micro-spot en arrière à cause du bruit

Mettre l’espace polyvalent en arrière vu qu’il sera moins exploité

Greffer les fonctions dédiés au skate sur la rue pour familiariser la pratique aux habitants.

F.153|

Le ca f é donne s ur l a r u e p o u r a ccuei l l i r l e s g e n s

Schéma – L’organisation spatiale (TRAVAIL PERSONNEL)

Chapitre IV

125


IN TE R V E N TIO N AR C H ITE C TU R ALE

LE PROJET

Créer des ouvertures zénithales pour faire pénétrer la lumière

F.154|

Schéma – L’éclairage (TRAVAIL PERSONNEL)

Ouvrir la façade sur la rue Ouvrir la façade sur l’accès condamné

La transparence = accessibilité visuelle à la pratique

Avoir une traversante Décloisonner espaces

les

vue

2

Fusionner le Tag Store et Kahwet Ellouh F.155|

126

Schéma – Relation intérieur/extérieur et intérieur/intérieur (TRAVAIL PERSONNEL)

Chapitre IV


I N T ER V ENT I ON AR C H I T EC T U R ALE

LE PROJET

Réinvestir l’accès de service condamné en espace partagé, hybride entre skate et détente. Prolongement du microspot et du café F.156|

Schéma – Requalification de l’accés condamné (TRAVAIL PERSONNEL)

Revêtement en bois récupéré et skateboards recyclés F.157|

Chapitre IV

Schéma – Revêtement des murs et du sol (TRAVAIL PERSONNEL)

127


I AI N B O R D E N

CONCLUSION G É N ÉRA L E «Le skateboard est plus qu'un mode d'écriture de la ville, c'est un mode de narration de la ville qui interroge et augmente son sens, tout en préservant son essence. La narration par le skateboard n'est pas une mimique de la ville, une oraison d'un texte donné à l'avance, mais une énonciation performative où le locuteur se forge à nouveau lui-même et la ville...» Le skateboard est une pratique de la ville dans la ville. Il dépasse son caractère de sport extrême et présente ainsi une performance critique transformant la ville d’un lieu statique et abstrait en une sculpture en perpétuelle mutation. La pratique interroge, de ce fait, la manière dont on occupe l’espace et nous incite à reconfigurer le quotidien. Ce

mémoire

nous

a

permis

de

comprendre

la

culture

underground au-delà de sa réputation déviante, identifier ses manifestations artistiques, notamment le street art et les sports urbains, et reconnaître leurs incidences sur la ville en tant que moteurs actifs de revitalisation. On a étudié le skateboard au cœur du monde informel de la culture alternative et révélé ses différentes dimensions spatiales, hétérotopiques, ludiques et anticonformistes. On a aussi tenté de saisir les spécificités spatiales et ambiantales des espaces réappropriés par le skateboard et favoriser les dynamiques qu’ils génèrent.

128


Notre réflexion présente un lieu pour expérimenter le «skate-urbanisme» au centre ville de Tunis; un terrain interpellant des divers artistes urbains et skateurs. À travers une conception alternative et hybride, nos interventions urbaines et architecturales ont pour but d’émanciper l’hypercentre de Tunis de son caractère administratif hégémonique, de réinvestir ses espaces résiduels et de reconquérir l’urbain par la pratique du skateboard. Cependant, le territoire tunisien semble être un vaste champ continuellement exploré et à explorer par les skateurs. En effet, de nombreuses villes connaissent une inv asion par ces ninjas urbains, notamment à Sousse, à Monastir et à Beja. Ces dernières sont considérées comme les secondes capitales du skateboard en Tunisie et des destinations à conquérir.

Qu’en est-il donc du futur du skate-urbanisme dans ces centre villes?

F.158|

Illustration – L’espace urbain reconquis par les skateurs (TRAVAIL PERSONNEL)

129



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ICONOGRAPHIE F1. F2. F3. F4. F5. F6. F7. F8. F9. F10. F11. F12. F13. F14. F15. F16. F17. F18. F19. F20. F21. F22. F23. F24. F25. F26. F27. F28. F29. F30. F31. F32. F33. F34. F35. F36. F37. F38. F39. F40. F41. F42. F43.

Illustration – Skateboarding day, Lac0, Juin 2021 (TRAVAIL PERSONNEL) Illustration – Skateboarding Session, Lac0, Juin 2021 (TRAVAIL PERSONNEL) Photo – Graffiti d’un punk anarchiste (BANKSY) Photo – «Respecter l’existence ou anticiper la résistance» (BANKSY) Photo – «Kissing Coppers» (BANKSY) Photo – «Kilroy était ici» (WIKIPEDIA) Photo – «One Love», Lyon, France, 2017 (EMEMEM) Photo – Le quartier de Wynwood (SITE OFFICIEL DE WYNWOOD WALLS) Photo – Une fresque à Wynwood (SITE OFFICIEL DE WYNWOOD WALLS) Photos – Fresque de Cuyperspassage en mosaïque de céramique (ARCHDAILY) Photo – La clôture de Graffiti (ARCHDAILY) Photo – Un spectacle de musique à Prairie Logic (EL DORADO) Photo – Un spectacle de breakdance en plein air (ARCHDAILY) Photo – Un spectacle de musique en plein air (ARCHDAILY) Photo – «Our Gift To Mother Nature», Lisbonne, 2013 (BORDALO) Photo – WAL(L)TZ Installation, Dubai, 2019 (T SAKHI) Photo – Parkour Park à Paris (HAGS+XMOVE) Photo – Détourner le mobilier urbain (THRASHER MAGAZINE) Photo – Un bicrosseur (PINTEREST) Photo – Roller (PINTEREST) Photo – Skatepark San Vicente Del Raspeig, 2020 (DANIEL YABAR) Photo – Trottinette rider (PINTEREST) Photo – Moissy-Cramayel Street Workout Park (ECT) Photo – Moissy-Cramayel Street Workout Park (ECT) Photo – Terrain de Pigalle Duperré (ILL-STUDIO) Photo – Terrain de Pigalle Duperré (ILL-STUDIO) Photo – Jeune skateur à Paris (SEÁN MCGIRR) Photo – Une compétition nationale en USA (IMAGO) Photo – Dog, Skate and Bike, New York, USA (FLICKR) Photo – Le problème du dernier kilométre, Iran (MATHIAS ZWIK) Photo – Street Skateurs, Tehran, Iran (MATHIAS ZWIK) Photo – Les jeunes surfeurs/skateurs de Californie (-) Photo – Rampe DIY d’une arrière cour (SKATEBOARDER,VOL.4,N°3) Photo – Jay Adams, Z-boys, 1978 (CRAIG FINEMAN) Photo – Réapproprier le mobilier urbain (NEW YORK TIMES) Photo – Mirror Garden, Archstudio (NING WANG) Photo – Amsterdam, 2017 (GUILLAUME PÉRIMONY) Photo – Utrecht, 2014 (MARCEL VELDMAN) Photo – Paving Space, 2017 (MAXIME VERRET) Photo – Paving Space, 2017 (MAXIME VERRET) Photo – Paving Space, 2017 (MAXIME VERRET) Photo – Paving Space, 2017 (MAXIME VERRET) Photo – Skateboarding is not a crime (PINTEREST)

6 8 17 18 21 21 21 22 22 22 23 24 24 24 25 25 26 27 27 28 28 28 29 29 30 30 35 36 36 37 37 38 39 39 40 41 42 42 43 43 43 44 46

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F44. Photo – Pics anti-skate (MARK VALLÉE) 47 F45. Photo – Lame anti-skate (MARK VALLÉE) 47 F46. Photo – Panneaux d’interdiction (PINTEREST) 47 F47. Photo – Encoche anti-skate (MARK VALLÉE) 47 F48. Photo – Skate-stopper “FUTURE” (SEB PRICE) 48 F49. Carte – Visualisation des agences d’architecture intéressées au skate en Europe 48 (TRAVAIL PERSONNEL+ SITES OFFICIELS DES AGENCES) F50. Tableau – Inventaire des agences d’architecture intéressées au skate en Europe (TRAVAIL PERSONNEL+SITES OFFICIELS DES AGENCES) 49 F51. Photo – Street View, 2015 (GOOGLE EARTH) 52 F52. Photo – Street View, 2019 (GOOGLE EARTH) 52 F53. Photo – Street View, 2015 (GOOGLE EARTH) 52 F54. Photo – Street View, 2019 (GOOGLE EARTH) 52 F55. Axono – Reconversion (ARCHDAILY) 52 F56. Coupe – Vue sur la place Krymskaya (ARCHDAILY) 53 F57. Photo – Fragment de la clôture (ARCHDAILY) 53 F58. Illustration – Le skateur dériviste (TRAVAIL PERSONNEL) 54 F59. Photo – Graffiti à Paris, 1968 (INVENTIN) 54 F60. Bande Dessinée – Détournement de la vie quotidienne, 1968 (SITE WEB DES ARCHIVES INVENTIN) 56 F61. Schéma – Section française de l’Internationale Situationniste, Nouveau théâtre d’opérations dans la culture, 1958 (SITE WEB DES ARCHIVES INVENTIN) 56 F62. Carte – Les «plaques tournantes», 1957 (GUY DEBORD) 57 F63. Photo – Réseau des skateparks à Paris (TRAVAIL PERSONNEL) 60 F64. Photo – Différentes figures du skatespot (CONSTRUCTO) 60 F65. Photo – Contexte environnant (CONSTRUCTO) 60 F66. Photos – Différents scénarios du skatespot (CONSTRUCTO) 60 F67. 3D – Implantation du projet au cœur de Paris (CONSTRUCTO) 61 F68. Photo – Spectacle de rue (CONSTRUCTO) 61 F69. Photo – Spectacle de rue (CONSTRUCTO) 61 F70. Collage photos – La communauté parisienne des skateurs (SEÁN MCGIRR) 62 F71. Photo – Rapport du skatepark à la ville, Los Angeles (PINTEREST) 63 F72. Photo – Élément skatable, Espagne (DANIEL YABAR) 64 F73. Photo – Landskate au sein de la ville (SKATE-ARCHITECTS) 64 F74. Photo – Landskate Streetpark, France (MBL ARCHITECTS) 64 F75. Plan – Les fonctions injectées au projet (LANDSKABS) 67 F76. Coupe – Terrain de jeu Place de Copenhague+Paysage rocheux (LANDSKABS) 67 F77. Photo – Vue d’ensemble du projet (LANDSKABS) 67 F78. Photo – Mixité sociale et culturelle (LANDSKABS) 68 F79. Photo – Le terrain de jeu (LANDSKABS) 68 F80. Photo – Paysage rocheux (LANDSKABS) 68 F81. Photo – Sport urbain et détente (LANDSKABS) 68 F82. Plan – L’organisation spatiale de la boutique (NEIL LOGAN ARCHITECT) 71

136


F83. Coupe – L’organisation spatiale et l’éclairage naturel de la boutique (NEIL LOGAN ARCHITECT) 71 F84. Photo – Vue d’ensemble sur l’espace intérieur (NEIL LOGAN ARCHITECT) 71 F85. Photo – Le mur en béton blanc ajouté (NEIL LOGAN ARCHITECT) 72 F86. Photo – La structure portante du bowl (NEIL LOGAN ARCHITECT) 72 F87. Photo – Une session de skateboarding au bowl (NEIL LOGAN ARCHITECT) 72 F88. Photo – Les bancs / Curbs (NEIL LOGAN ARCHITECT) 72 F89. Photo – Une compétition de skateboard au bowl (NY TIMES) 73 F90. Photo – Une compétition de skateboard au bowl (NY TIMES) 73 F91. Photo – Skateboarding scene à Lac 0, Tunis (PRISE PERSONNELLE) 75 F92. Schémas – La morphogenèse de l’hypercentre de Tunis (TRAVAIL PERSONNEL) 77 F93. Schéma – L’organisation des secteurs au centre ville (TRAVAIL PERSONNEL) 78 F94. Photo - Concert de «ERKEZ HIPHOP», 2018, IFT (DEBO) 80 F95. Photos - Les affiches du festival «KHALI TRACE», de gauche à droite: Graffiti, Concert live, parkour, 2018 (DEBO) 80 F96. Photo - Concert de «ERKEZ HIPHOP», 2018, IFT (DEBO) 80 F97. Carte - Visualisation des grandes fresques murales au centre ville de Tunis (TRAVAIL 81 PERSONNEL) F98. Photo - Fresque de l’avenue de la gare, 2020 (DEBO MOOV) 81 F99. Photo - Fresque du quartier Gambatta, 2021 (DISMALDEN) 82 F100. Photo - Fresque de la rue Borj Bourguiba, 2021 (DISMALDEN) 82 F101. Photo - Fresque de l’avenue de Jean Jaurès, 2021 (DEBO MOOV) 82 F102. Photo - Fresque de l’avenue de paris, 2020 (PRISE PERSONNELLE) 82 F103. Photo - Fresque de la rue de Lénine, 2015-présent (PRISE PERSONNELLE) 83 F104. Photo - Fresque de la rue Garibaldi, 2020 (PRISE PERSONNELLE) 83 F105. Photo - Fresque de la rue du Caire, 2018 (ST4 THE PROJECT) 83 F106. Photo - Affiche de l’événement organisé avec la Cité de la Culture, 2019 (GIRAFFE CREW) 84 F107. Photo - Affiche du Skateboading Day organisé par GC, 2020 (GIRAFFE CREW) 84 F108. Photos - Affiche de l’exposition de Stefan Marx, 2019 (GIRAFFE CREW) 84 F109. Photo - Affiche du Skateboarding Day organisé par GC, 2021 (GIRAFFE CREW) 84 F110. Carte - Visualisation des skate-spots au centre ville (TRAVAIL PERSONNEL) 85 F111. Photo - Spot du Lac0, 2021 (PRISE PERSONNELLE) 85 F112. Photos - Spot du Lac0, 2021 (PRISE PERSONNELLE) 86 F113. Photo - Spot Jeanne d’Arc, 2020 (GIRAFFE CREW) 86 F114. Photos - Spot Jeanne d’Arc, 2021 (PRISE PERSONNELLE) 87 F115. Photos - Spot BIAT, 2020 (HAMZA ATTIA) 87 F116. Photos - Spot al Kasbah, 2020 (MEMORIES SKATEBOARDING) 88 F117. Photos - Spot BIAT, 2020 (HAMZA ATTIA) 88 F118. Photo - Spot al Kasbah, 2020 (MEMORIES SKATEBOARDING) 89 F119. Photos - Spot Beb Bhar, 2016 (MICHAEL MACKDROT) 89 F120. Ilustration - Les plaques tournantes d’un skateur tunisien (TRAVAIL PERSONNEL) 90 F121. Carte - Visualisation du secteur de Jean Jaurès (TRAVAIL PERSONNEL) 91

137


F122. Carte - Situation du quartier au centre ville de Tunis (TRAVAIL PERSONNEL) 92 F123. Carte - Limites du quartier de Jean Jaures (TRAVAIL PERSONNEL) 92 F124. Carte - Zone d’étude choisie (TRAVAIL PERSONNEL) 95 F125. Carte - Délimitation de Houmet Wra L’Barrière (TRAVAIL PERSONNEL) 101 F126. Photo - Le dépôt de stockage de bouteilles, 2013 (WAEL MHAMDI) 104 F127. Photo - Kahwet ellouh/ Whatever Saloon, 2013 (WAEL MHAMDI) 104 F128. Photo – Exposition à Kahwet ellouh, 2015, (WAEL MHAMDI) 104 F129. Photo – Kahwet ellouh, 2015, (WAEL MHAMDI) 104 F130. Photo - Ellouh dans la plupart des journées, 2014 (WAEL MHAMDI) 105 F131. Photo - Décision de fermeture de Whatever Saloon, 2015 (WAEL MHAMDI) 105 F132. Photo - Ellouh en cas d’événements, 2014 (WAEL MHAMDI) 105 F133. Photo - Façade de Lang’art + Tag Store, 2016 (LOST IN TUNIS+TRAVAIL 106 PERSONNEL) F134. Photo - Festival de Mafia Wallitili, 2017 (KAPITALIS) 106 F135. Photo - Les jeunes se réunissent devant Lang’art pour graffer, skater et discuter (KAPITALIS) 106 F136. Photo – Salle polyvalente, 2016 (KAPITALIS) 106 F137. Photo - Kahwet Ellouh aujourd’hui, 2021 (PRISE PERSONNELLE) 107 F138. Photo – Kahwet Ellouh aujourd’hui, 2021 (PRISE PERSONNELLE) 107 F139. Photo - Kahwet Ellouh aujourd’hui, 2021 (PRISE PERSONNELLE) 107 F140. Schéma – Kahwet Ellouh à travers le temps (TRAVAIL PERSONNEL) 107 F141. Illustration – Skate-plaza (TRAVAIL PERSONNEL) 115 F142. Schéma – Stratégies d’intervention urbaine (TRAVAIL PERSONNEL) 118 F143. Carte – Le réseau de skatespots et leurs superficies (TRAVAIL PERSONNEL) 119 F144. Schéma – Prototype d’un skatespot (TRAVAIL PERSONNEL) 120 F145. Schéma – Le parc Landskate (TRAVAIL PERSONNEL) 121 F146. Schéma – Stratégie d’intervention sur Kahwet Ellouh (TRAVAIL PERSONNEL) 122 F147. Plan – L’état actuel de Kahwet Ellouh (TRAVAIL PERSONNEL) 123 F148. Schéma – Organigramme fonctionnel de Kahwet Ellouh (TRAVAIL PERSONNEL) 124 F149. Schéma – Les accés (TRAVAIL PERSONNEL) 125 F150. Schéma – L’organisation spatiale (TRAVAIL PERSONNEL) 125 F151. Schéma – L’éclairage (TRAVAIL PERSONNEL) 126 F152. Schéma – Relation intérieur/extérieur et intérieur/intérieur (TRAVAIL PERSONNEL) 126 F153. Schéma – Requalification de l’accés condamné (TRAVAIL PERSONNEL) 127 F154. Schéma – Revêtement des murs et du sol (TRAVAIL PERSONNEL) 127 F155. Illustration – L’espace urbain reconquis par les skateurs (TRAVAIL PERSONNEL) 129 F156. Transect Urbain A-A – La parole habitante de Houmet Wra l’Barrière (TRAVAIL PERSONNEL) 150 F157. Carte – Visualisation des enquêtés (TRAVAIL PERSONNEL) 150 F158. Transect Urbain B-B – La parole habitante de Houmet Wra l’Barrière (TRAVAIL PERSONNEL) 151

138


TABLE DE MATIÈRES DÉDICACE REMERCIEMENT INTRODUCTION GÉNÉRALE PROBLÉMATIQUE SOMMAIRE

CHAPITRE I: LA RÉSISTANCE URBAINE Introduction 1. La culture alternative: 1.1. Entre déviance, résistance et reconnaissance: 1.2. Les sous-cultures et l’espace public:

4 5 6 8 12

15 16 17 17 18

2. Art urbain: L’espace urbain comme support d’expression et de critique: 20 2.1. Les fresques murales: 20 2.1.1. Les différentes techniques: 21 · Le Graffiti 21 · Le pochoir 21 · La mosaïque 21 2.1.2. Les fresques au service de l’urbain: 22 · WYNWOOD ART DISTRICT DE MIAMI: 22 · CUYPERSPASSAGE / BENTHEM CROUWEL ARCHITECTS 22 2.1.3. Les fresques au service de l’architecture: 23 · KALASATAMA ELECTRICITY SUBSTATION AND SUVILAHTI GRAFFITI FENCE / VIRKKUNEN & CO ARCHITECTS 23 2.2. Les spectacles de rue: 23 2.2.1. Les street performances: 23 · PRAIRIE LOGIC / EL DORADO-21 24 · ‘THE FLOW’ - A MULTIPURPOSE PAVILION / DEPARTMENT OF ARCHITECTURE 24 2.2.2. Les installations: 24 · WAL(L)TZ Installation / T SAKHI Architects 25 3. Sport urbain: L’espace urbain comme catalyseur de la dynamique sociale: 26 3.1. La ville parcourue: 26 3.1.1. Le parkour: 26 3.1.2. La glisse urbaine: 27

139


· Le skateboard · Le BMX · Le Roller · La Trottinette SKATEPARK SAN VICENTE DEL RASPEIG / DANIEL YABAR 3.2. La ville athlétique: 3.2.1. Le Street Workout: · MOISSY-CRAMAYEL PARK / ECT 3.2.2. Le Street Ball: · Terrain de basket Pigalle Duperré / Ill-Studio Synthèse

27 27 28 28 28 29 29 29 29 30 31

Conclusion

32

CHAPITRE II: SKATE-URBANISME Introduction

33 34

1. Le skateboard: au-delà de l’objet 35 1.1. Un jouet, un sport, une mobilité ou un instrument urbain? 35 1.1.1. Un jouet: comprendre pour apprendre: 35 1.1.2. Un sport: entre vertige, compétition et institutionnalisation: 36 1.1.3. Une mobilité: «Plus rapide que la marche, plus souple que le vélo» 36 1.1.4. Un instrument urbain: activer l’espace public: 37 1.2. L’évolution de la pratique: 38 1.2.1. “Sidewalk surfing”: de l’océan au bitume (1950-1970): 38 1.2.2. Pool era et les Z-boys: Habiter les piscines (1970-1980): 39 1.2.3. «Vert/Ramp» skateboarding: le DIY et la maîtrise de la gravité (1980-1990): 39 1.2.4. Street skateboarding et la “recon’skate” de l’espace urbain (1990-présent): 40 1.3. Hétérotopies et modalités urbaines: 41 · Riding Modern Art: 42 · Paving Space: 43 Synthèse 45 2. Le skate-urbanisme: 2.1. De l’architecture hosti le au skate-urbanisme: 2.1.1. A Skate-spot near the Krymsky overpass

140

46 46 51


2.2. Skate-urbanisme et «Situationisme»: 2.2.1. S k a t e spot de la Rue Léon Cladel 2.3. Le dilemme des skateparks: 2.3.1. Charlotte Ammundsens Plads 2.3.2. Supreme Store Conclusion

54 59 63 66 70 74

CHAPI T R E I I I : MI SE EN CONT EXT E: L’HYPERCENTRE DE TUNIS: UN MICROCOSME À «RECON’SKATER» 75 Introduction 7 6 1. L’hypercentre: 1.1. La morphogenèse: 1.2. La scène underground au centre ville de Tunis: 1.2.1. DEBO: un renouveau artistique: 1.2.2. Le streetart au service des citoyens: · Secteur du marché: · Secteur de la petite Sicile: · Secteur du passage: · Secteur de Jean Jaurès: 1.2.3. Giraffe Crew: les ninjas urbains: 1.2.4. Les skate-spots au centre ville: · SPOT LAC0: · SPOT JEANNE D’ARC: · SPOT BIAT: · SPOT AL KA SBAH: · SPOT BEB BHAR:

77 77 79 79 81 81 81 82 82 83 85 85 86 87 88 89

2. Le secteur de Jean Jaurès: Errance et repérage 92 2.1. Analyse urbaine: Hégémonie du tertiaire: 93 2.2. Analyse séquentielle et patterns ambiants: Hétérogénéité du vécu: 95 Synthèse 100 3. «Houmet Wra l’Barrière»: l’informel urbain au cœur du quartier 101 3.1. Le paradoxe de la rue de Lénine: 103 3.2. Kahwet ellouh / Whatever Saloon: le fameux symbole de résistance urbaine: 104

141


4. La parole habitante: Le vécu comme déclencheur du projet 4.1. Entretiens semi-directifs aléatoires: 4.1.1. Enquête in situ: · Méthodologie et objectifs de l’enquête · Constats 4.1.2. Enquête digitale: · Méthodologie et objectifs de l’enquête · Constats 4.2. Enquête ciblée: · Méthodologie et objectifs de l’enquête · Constats Conclusion

108 108 108 108 108 110 110 110 112 112 112 114

CHAPITRE IV: LE PROJET: VERS L’ÉMANCIPATION DE L’ESPACE URBAIN AU SECTEUR DE JEAN JAURÈS 115 Introduction 116 1. Les intentions: 1.1. Profils d’usagers cibles: 1.2. Stratégie d’intervention urbaine: · Prototypes 1.3. Stratégie d’intervention architecturale:

CONCLUSION GÉNÉRALE BIBLIOGRAPHIE ICONOGRAPHIE TABLE DE MATIÈRES ANNEXE A ANNEXE B ANNEXE C ANNEXE D GLOSSAIRE

142

117 117 117 120 122

128 131 135 139 144 148 152 156 160


143


ANN

EXE

A


AVE NUE JE AN JAURES

4

3

2

1

1

2 Facilité de se repérer, encombrement, bruit, foule, difficulté de circuler

3

4 Station de bus encombrée, contraste de part et d’autre de l’avenue au niv des trottoirs

Zone animée et ombragée, présence végétale, espace accueillant

Bruit, circulation piétonne et véhiculaire désordonnée

RU E MO KHTAR ATTIA

1

2

3

1

2 Surve i l l a nc e policière, s t a t i o nne m e nt an arch iqu e

3 Con stru ction en ch an tier, n u isan ce son ore, pollu tion et difficu lté à circu ler

Zon e n on an im é e , peu fréqu en tée, no n accu eillan te

RU E GARIBALDI

1

2

3

4

1

2 Lieu de passage et distribution

3 Les barrières soutenant le bâtiment empêchent le passage, obstacles visuels, stationnement anarchique

4 Tarkina espace accueillant, barwita mraweb dynamise la rue

Zone non animée, mouvementée

peu

145


RUE D E LÉ NINE

1

2

4

3

1

3

2 Sortie d’élèves, nœud mouvementé, désordre

Nostalgie à kahwet ellouh, surveillance policière, stationnement anarchique.

4 Zone peu fréquentée sauf par les voitures, omniprésence des parkings absence de végétation.

Zone non animée, peu mouvementée, manque de végétation.

RUE D U CAIRE

3

2

1

2

1 Difficulté de circuler: trottoir approprié par les commerçants et condamné par des barrières, bruit

3 Abri sous les arbres, zone ombragée et aérée, fréquentation faible, coffee shop accueillant

Sortie d’élèves, désordre, bruit des véhicules et des collégiens

RUE KAM E L ATATURK 3

2

1

1

2 Végétation abondante, abri et ombre, ambiance d’échange et de partage, confort de circuler à pied

1 46

3 Les barrières empêchent le passage facile, obstacles visuels, agression du milieu

Présence policière, sensation de contrôle et de surveillance, on préfère éviter ce contact, sensation d’écrasement à cause du bâtiment r+12


RUE PIERRE DE COUBERTIN 4

3

2

1

2

1 Le c ha nt i e r a ré d ui t l a rue à un p a s s a ge é t ro i t et p o l l ué . Se ns a t i o n d ’i ns é c uri t é e t d e m a l a i s e

4

3 Ru e con damn ée à cau se du ch an tier, elle n ’ est plu s fréqu en tée comme avan t

Le seu l s e r v i c e qu e l e lieu of f r e : de s par ki n g s , espace tr è s m o n o to n e

D es ordu res accu mu lés au croisemen t= n u isan ce olfactive et visu elle

RU E HE DI NOUIRA

4

3

2

1

2

1

R ue t rè s fré q ue nt é e p a r l e s vo i t ure s

4

3 Han gars et bâtimen ts fermés/ aban don n és = S en sation d’ in sécu rité

Bâtimen ts admin istratifs/ pas de dyn amisme

Mon ot o n i e / e n n u i / o n évite par c o u r i r c e tte partie

147


ANN

EXE

B


1. Quelle est la nature de votre relation au quartier?

2. D’après vous, quels sont les éléments les plus remarquables dans cette zone?

3. Quel est l’endroit que vous fréquentez le plus? avec qui? et quand?

4. Pourquoi cet endroit vous plaît?

5. Un endroit que vous évitez?

6. Un endroit dont vous avez un souvenir?

7. Qu’est ce que vous vous sentez dans ce quartier?

8. Qu’est ce vous pensez qui manque dans cette zone et qu’en l’ajoutant, va l’enrichir et la rendre plus fréquentée?

Age 29, Employé au Tag Store

Central Park, le Bistrot, Tag Store, Station de bus

Tag Store ‫خاطر نخدم لنا يف سا ير‬ ‫األيام‬/ Tarkina ‫مع صحايب‬ Weekends ‫يف ال‬

‫يذكروين يف الج ّو متع‬ ‫ أياما ت ا ملرا هقة‬،‫اللوح‬ ‫عديتهم لنا يف الحومة ها ذ ي‬

‫ معندك‬،‫شرية البنوك‬ ‫متعمل غا د ي‬

‫ عديت فيها مراهقتي‬،‫قهوة اللوح‬ des spectacles ‫ولعبت فيها‬

Nostalgie à Kahwet Ellouh

‫ كيف‬،‫بالصة عبد يفطق فيها مواهبو‬ Maison de jeunes 1 ‫ايل عند نا يف ا ملروج‬

B

Age 35, Employé à l’assurance STAR

Central Park, le Bistrot, Banque Centrale, Assurance STAR, Lycée rue de Marseille

‫ نجي بش ناخو شبايت من‬،‫أخطى الخد مة‬ ‫الحا نوت هذ ا و اال حاجة ناكلها من‬ Central Park, sinon ‫أ كرث بالصة‬ ‫منشيلها هي ايل نحط فيه كرهبتي‬ parking

Parking ‫ ايل‬،‫ايل نلقاه فارغ األول‬ ‫يعجبك يف البالصة ها ذ ي ما‬ ّ ‫كث ريب كا ن‬ les parkings

Parking Central Park ‫ نبخل‬،‫منمشيلوش‬ ‫عليه خاطر مش بالرضورة‬ ‫ نقعد نضيع يف‬،‫تلقى بالصة‬ ‫الوقت يف الطلو ع والهبوط‬ ‫وأنا نبد ى مزروب الصباح‬ ‫بش منيش نخدم واال بش‬ ‫نروح ا لعشية‬

Resto Central Park, ‫ساعا ت منيش أنا وصحايب ناكلو‬ ‫غا د ي نعمل جو عىل كريس ا ل‬ massage ‫بعد قعد ة سوا يع‬ à la file.

Stress ‫أما ستا نست ب‬ rythme

C

Age 24, passant (étudiant)

Central Park, l’encombrement, Graffiti ‫الشا رع ايل كلو‬

Central Park, / ‫نجي نرشي حاجة واال نجي بش نتفرج‬ ‫منعرفها ش البالصة برشا مندورش و‬ ‫منقعد ش‬

CENTRAL PARK ‫خاطر البالصة الوحيد ة‬ ‫ايل نحسها منظمة وواضحة‬ ‫الباقي الكل د اخل بعضو‬

‫شرية البنوك واإلدارات ايل‬ Avenue ‫بعيد ة عىل‬

Central park ‫خاطر نجيه‬ ‫د ميا‬

‫برشا عبا د وبرشا‬ ‫ تدخل بعضك‬،‫كراهب‬

Age 27, Résident

Centr al Park, Tarkina, Collège, les banques, Le Bistrot, Lycée rue de Marseille, les graffitis

Tarkina ‫مع والد حومتي‬ Sinon ‫ نجي‬Central Park ‫يف الليل‬

‫ القهاوي ايل‬3 ‫أخطى‬ ‫موجود ين مفام يشء يعجب‬ Tarkina ، ‫فيها ركشة مز يا نة‬ Tranquille

Central Park dans la plupart des jours, sinon zone des banques

Le collège ‫خاطر عديت‬ ‫ و مبعد القهاوي‬،‫طفولتي لنا‬

‫عشت صغري الكل‬ ‫نحس باالنتامء‬ ،‫لنا‬ ّ

Age 57, Employé au café du Caire

Central Park, ‫أنور الخضا ر‬, Collège, Lycée rue de Marseille, Le Bistrot, Assurance STAR, Poste, Banque Centrale

‫القهوة ايل نخدم فيها‬

‫القهوة فيها‬ des clients ‫حبا يبايت ونحب القعد ة‬ ‫معا هم‬

Central Park ‫ أنا زمني شو يا‬،‫مش ج ّو ي‬ ‫نحب القعد ة عىل كريس تحت‬ ‫شجرة وال مع الجام عة‬ Match ‫نتفرجو يف‬

‫نتذكر يك كنا صغا ر يف بالصة ا ل‬ Central Park ‫كانت فام بطحة كبرية كنا‬ ‫نكورو فيها وكانت زا د ة‬ Parking ‫حاصيلو كانت يك البطحة ايل يف‬ ‫با ب جد يد‬

‫ يف عقر‬،‫نحس ايل أنا يف حومتي‬ ‫داري‬

Age 32, Employé à Tarkina

Tarkina, Tag Store, Collège, Central Park, l’Barrière, les graffitis, Boutique Zen, Banque Centrale

‫القهاوي ايل يف الحومة لنا مع صحايب‬ CENTRAL PARK ‫قليل‬

‫اللمة مع والد حومتي‬ TARKINA ‫ركشة ال‬ INTIME ‫نحسها‬

‫أخطى القهاوي منمشيش‬ ‫لحتى بالصة‬

‫ با لنسبة ليا‬،‫القهوة با لطبيعة‬ ‫ هذ ي‬،‫ما هيش بالصة نخدم فيها‬ ‫بال صتي‬

STRESS ‫برشا‬ STRESS

‫ املهم حاجة تحييلنا الحومة‬،‫أي موضو ع‬

G

Age 21, Passant (étudiante)

Central Park, le mouvement pièton, Boutique des instruments de musique, l’architecture coloniale

Boutique des instruments de musique

Je me sens nostalgique, ça me rappelle de mon enfance

Central Park ‫خاطرو‬ ‫دميا معبي‬

La boutique des instruments de musique où j’ai acheté ma première guitare

Un sentiment d’appartenance et de nostalgie

Plus de sécurité , des espaces verts, un espace dédié à la musique

H

Age 24, Passant (etudiant)

Central Park, les graffitis, le Bistrot

Central Park ou le Bistrot

Les seuls endroits qui me semblent intéressants

Les rues qui ne donnent pas sur la voie principale

Le toit du Central Park où j’ai passé des nuits avec mes amis

Nostalgie au moments passés avec mes amis

Un espace culturel où les jeunes peuvent améliorer leurs capacités artistiques

I

Age 22, Passant (étudiante)

Central Park, Café el Hamra

Central Park, seule

Pas de raison particulière

Aucun

Kahwet ellouh

Épanouie, à l’aise

Plus d’espaces culturels

Age 55, Résident

Central Park, Le bistrot, Café du Caire, Lycée rue de marseille, Collège Jean Jaures, les banques, CNSS

Café du Caire ‫مع حبا يبايت م‬ ‫ا لحو مة‬

‫تعجبني قعدتها و ز يد مسيبة‬ ‫تشم هواء ريب‬

،‫شرية اإلدارات و البنوك‬ ‫معندك فيها متشوف و‬ ‫ حتى يف الليل يتلمو‬،‫موحشة‬ ‫فيها ا ملترشد ين‬

‫ خاصة وقت الثورة‬،‫الحومة بكلها‬ ‫دميا نتذكرو أكا النها ر‬

‫ا ال نتام ء‬

Parc, espaces verts

A

D

E

F

J

‫ممكنش بالصة نجمو نعملو فيها حاجة‬ ‫ باألخص أحنا ايل‬،‫غري ا ملا كلة والقهاوي‬ ‫ معند نا ش خيا ر كبري يف‬،‫نخدمو‬ les activités ‫معناها كا ن جا ت فام بالصة‬ remarquable ‫تخليني نجاها‬ ‫ أ كيد بش تخليني‬، Pause ‫يف وقت‬ Weekend ‫نجيها يف‬ ‫ بالصة‬،‫النا س تحب القعد ة وا لفرجة‬ ‫محلولة وتجم تقعد فيها يف الظل ومنغري‬ ‫ حيوط‬4 ‫وما كش مسكر يف حكة بني‬،‫خنقة‬، ACTIVITÉ ‫بالصة فيها‬ Passif ‫ومتخليكش‬ Bar ‫ يف سطح‬Central Park ‫يجي عىل الكيف‬

Activité

‫تحييلنا الحومة بالصة فيها‬

‫ يت حتى‬،‫تلم الكبا ر والصغار‬ Jeux de société

149


On a aussi collecté quelques témoignages de différentes personnes à Houmet Wra l’Barrière pour avoir une connaissance plus précise sur ce que ses habitués pensent. On a conclu que la majorité ont exprimé leur ennui du quartier vu qu’il ne présente aucun élément d’intrigue surtout

TÉMOIGNAGES

après la fermeture de Kahwet Ellouh.

B

EMPLOYÉ STORE

AU

4

PASSANTS

3

GARDIEN PARKING

2

COMMERÇANT

TAG

A

A B

F.160|

1

DU

Carte – Visualisation des enquêtés (Travail Personnel)

4 C’EST DRÔLE ET RARE QU’ON TROUVE 3 PARKINGS DANS LA MÊME RUE. EN TOUT CAS, IL N’Y A RIEN D’AUTRE INTÉRESSANT QUI NOUS ATTIRE À FRÉQUENTER L’ENDROIT.

XXX

HOTEL

KAHWET ELLOUH

TAG STORE

RUE

RUE

KAMEL

PIERRE DE

ATATURK

PARKING DE L’AGENCE GAT

COUBERTIN

RÉSID-

L’ORIENT

F.159|

1 50

ENCE Transect Urbain A-A – La parole habitante de Houmet Wra l’Barrière (Travail Personnel)

2.5m


Houmet Wra L’barrière présente selon

De ce fait, les habitués du quartier

ses habitués:

ont partagé:

· Une fréquentation qui semble diminuer

· Le même ennui de la zone administrative

à cause du manque d’espaces verts

· Un attachement à des endroits par

et d’espaces de loisir en faveur des parkings et des administrations.

· Une sensation de stress et d’étouffement

· Une réputation qui semble disparaître vu

qu’il

symbolisait

autrefois

nostalgie ou par habitude

une

grande forme de résistance mais qui est maintenant rabaissé à un lieu de passage.

à

cause

de

des

véhicules et l’absence des espaces de loisir · Un besoin de se défouler et de raviver la zone tout en préservant la particularité

· Une culture urbaine persécutée par l’autorité et perçue comme nuisance.

du site et la mémoire collective de ses habitants.

RUE GARIBALDI

RUE DE LÉNINE SIÈGE DE LA PRESSE

F.161|

l’omniprésence

Transect Urbain B-B – La parole habitante de Houmet Wra l’Barrière (Travail Personnel)

PARKING

KAHWET ELLOUH

2.5m

151


EXE

ANN

C

1 52


1. Quelle est la nature de votre relation au quartier?

2. D’après vous, quels sont les éléments les plus remarquables dans cette zone?

1

Age 23, Passage (étudiante)

Il ya des murs avec des graffiti, et des immeubles anciens que j’aime, une école et lycée laide

2

Age 24, Passage (étudiante)

Central Park, l’encombrement

3. Quel est l’endroit que vous fréquentez le plus? avec qui? et quand?

4. Pourquoi cet endroit vous plaît?

5. Un endroit que vous évitez?

6. Un endroit dont vous avez un souvenir?

7. Qu’est ce que vous vous sentez dans ce quartier?

8. Qu’est ce vous pensez qui manque dans cette zone et qu’en l’ajoutant, va l’enrichir et la rendre plus fréquentée? Toute la zone manque d’espaces verts ou d’espaces pour se détendre en général, loin des grands immeubles étouffants.

L’arrêt de bus, seule, toujours

Les graffitis sont la chose la plus intéressante dans ce quartier

Le collège et lycée, c’est très bruyant et chaotique

Aucun endroit en particulier

Lorsqu’il est vide, c’est plutôt agréable, j’aime m’y promener. Mais à l’heure de pointe, les voitures roulent trop vite et la visibilité est mauvaise, ce qui est plutôt effrayant.

Central Park, pour manger

Obligée non pas parce qu’il me p lait. De plus, c’est climatisé

La station de bus

Central park parce que je manges là-bas

Écrasée , étouffée

Réinvestir les trottoirs

Aucun endroit en particulier

Café ellouh et central Park

Indifférence,espace très mouvementé et je trouve une difficulté à circuler en voiture. La nuit, c’est envahi par les sdfs et on se sent en insécurité

Un espace culturel comme ellouh

3

Age 24, Passage (étudiante)

Lycée rue de marseille, le mall (Central Park)

Aucun, c’est juste un lieu de passage pour moi

Il ne me plaît pas particulièrement. Il n’est plus intéressant après la fermeture de Ellouh

4

Age 54, Passage (employé)

Quartier commercial, le mouvement piéton, certains immeubles

Restaurant l’orient

Âme et génie du lieu

Centre commercial (Central Park)

Terminus du métro

Poumon de la ville

Espace vert

5

Age 24, Passage (employé)

Central Park, Café le bistrot

Le bistrot chaque matin

Charme

Central park

Station de bus

Modernité

Zone verte

Les café dans cet quartier

Il y avait eu un café nommé «Ellouh» c’était mon safe space par ce que j’ai connu tous le monde dans cet café et jai fréquentée des artistes, des écrivains, des danseurs. Mes plus beau souvenirs d’adolescence sont nés la bas.

Parfois je me sens à l’aise et on dirait dans mon propre quartier et parfois je me sens étranger car je connais plus les endroits et les nouveaux espaces.

Peut-êtr e mobiliser des ressource s pour des raison de sécurité. Jean Jaurès la nuit devient un endroit de violence, intimidation et même des braquages.

6

7

8

Age 21, Passage (étudiante)

Age 24, Passage

Age 23, Loisir (étudiante)

La boutique Zen, l’école en face, Central Park

Central park, station de bus, boutique zen, central park

Le collège, l’hôtel, pharmacie

Le Central park avec mes amis les matins

Parking du central park le matin

Y avait des cafés à côté où je passais des heures avec mes amis quand j’étais au lycée

Ça ne me plaît pas mais je fais mes courses chez eux.

Parking pratique

Parce que c’est vaste et facile à naviguer, pas comme les autres rues de Tunis

Les trottoirs

‫د يوا ن السجون‬ ‫ و اإلصالح‬car ACAB

J’ai aucun rapport à La rue de whatever saloon l’espace depuis que Ellouh (kahwet ellouh) où j’ai rencontré a fermé, le quartier est diverses personnes et j’ai assisté devenu un autre endroit aux plusieurs spectacles, le typique au centre ville, graffiti dans cette rue, et les peut être je me sens personnes qui venaient faire du nostalgique mais rien skate à l’époque d’autre La pharmacie de jean jaures d où j ai acheté un test de grossesse pour une copine, le café où j’ai passé pratiquement l’année de mon bac et j’ai bu de l’alcool pour la 1ere fois, Central Park qui était l’emplacement pour beaucoup de rencontres.

À l’aise, je le connais bien, y a les feux donc c’est même facile à y conduire maintenant que je me balade plus à pieds

Ça manque du vert, de grosses arbres, ça le donnera l’air plus encombré et moins vaste mais ça ajoutera de l’ombre et ça rendra les marches bcp plus agréables

153


1. Quelle est la nature de votre relation au quartier?

2. D’après vous, quels sont les éléments les plus remarquables dans cette zone?

3. Quel est l’endroit que vous fréquentez le plus? avec qui? et quand?

4. Pourquoi cet endroit vous plaît?

5. Un endroit que vous évitez?

6. Un endroit dont vous avez un souvenir?

7. Qu’est ce que vous vous sentez dans ce quartier?

8. Qu’est ce vous pensez qui manque dans cette zone et qu’en l’ajoutant, va l’enrichir et la rendre plus fréquentée?

9

Age 24, Passage (étudiant)

Central Park

Central Park avec les amis durant le solde

Boutiques intéressantes

Les ruelles la nuit

Aucun

Tranquille

Animation

10

Age 23, Passage (étudiant)

Central park

Central Park, avec la famille, pendant les vacances

Shopping

Rien

Rien

Rien

Ça manque une âme, un espace pour les artistes

11

Age 24, Passage (étudiante)

Central Park, et les arrêts des bus

En face du central Park, l’arrêt de mon bus, avant la pandémie c’était presque tous les jours, et toute seule.

J’évite aucun endroit

Le toit du central Park avec ma meilleure amie et le café de Ilyes (Tarkina)

Rien de spécial

Un projet pour les jeunes, plus d’activités sportives et de loisirs

12

Cnss, central park

Les ruelles dont je ne connais pas les noms, les trottoirs

Un espace d’impression ou j’ai imprimé le rapport de mon mémoire

Peur et mal aise (bruit de voitures/ encombrement/ mauvaises odeur/ manifestation)

Une placette pour se reposer, manger, et des espace de passage bien large (actuellement, j’ai du mal à y marcher, les trottoirs assez étroits et occupés par les voitures ou par des gens, on doit donc marcher entre rue et trottoir en alternance)

La Station Jean jaures quand j’étais a la faculté avec mon future mari....

C’est un raccourcit entre l’Avenu e Habib Bourguiba, le Passage et le Quartier Lafayette.

Le croisement des avenues

La Station Jean jaures quand j’étais à la faculté avec mon fiancé qui est aujourd’hui mon mari.

Un peu bruyant, mouvementé et rapide

Le commerce qui existe est plutôt de type service et équipement, il n’y a pas des espaces de loisir

La place de collège ou de l’école

aucun

Le mélange entre architecture moderne coloniale avec architecture contemporaine

Un espace vert

La plupart des cafés

Le café le bistrot

Que je n’appartient pas, je dois vite quitter

L’accessibilité

De la végétation, des endroits dans lesquels on peut se reposer tranquillement

Des co-studying spaces peut-être, pour attirer divers générations

Central park avec des amies , en fin de journée (retour du travail)

Les chaises de massage et pour les restaurants

Age 57, Passage (Employé)

Lac Station Jean Jaures, l’hôtel Oriental Palace.

14

Age 23, Passage

Les boutiques, central park aussi les ancien bâtiments juste à coté du café au coin (le bistrot)

Central park et les boutiques, Avec la famille ou des amies

Car je peux trouver tous mes besoins, Aussi l’existence d’un bon parking à étage

15

Age 24, Passage (étudiante)

Immeubles coloniaux

Central parc, amis et famille, quelquefois

Regroupe fast food et shopping, choix divers, plus au moins sécurisé

Age 26, Passage (employée)

Central Park, la banque, les différents bâtiments du service public, Le petit café en face de Central Park avec les chaises jaunes et bleues

Le café pour des petites réunions avec ma business partner

C’est un coin tout mignon entouré d’un petit arbre qui fait de jolis ombres

Je n’en ai pas à vrai dire

Central Park, où j’ai failli rester bloquée avant le couvre feu

Je me sens à l’aise puisque je passe souvent ici et en sécurité aussi parce que c’est toujours rempli

C’est authentique

Généralement, j’évite d’être seule dans les petites ruelles. Je passe toujours là où il y a du monde.

Je n’en ai pas un particulièrement dans ce quartier car je fais juste des passages

Je sens du mouvement et l’authenticité des gens autour

13

16

17

1 54

Age 30, Passage (Employé)

Normal, il ne me plaît pas

Age 22, Passage (étudiante)

Les immeubles

Je fais des passages avec mes amis, notamment les après midis.


1. Quelle est la nature de votre relation au quartier?

18

Age 21, Résidence (étudiante)

19

Age 48, Travail (employé)

20

Age 22, Passage (étudiante)

21

Age 19, Passage (étudiant)

2. D’après vous, quels sont les éléments les plus remarquables dans cette zone?

3. Quel est l’endroit que vous fréquentez le plus? avec qui? et quand?

4. Pourquoi cet endroit vous plaît?

Central park

Central park avec mes potes, tous les samedis

il y’a plein de boutiques et de trucs à faire la bas

Les cafés

Central park

le cafés en face du central park avec mes collègues les matins

il est vivant , beaucoup de mou vement

Central park avec mes il y’a des boutique potes et de la bouffe

6. Un endroit dont vous avez un souvenir?

7. Qu’est ce que vous vous sentez dans ce quartier?

8. Qu’est ce vous pensez qui manque dans cette zone et qu’en l’ajoutant, va l’enrichir et la rendre plus fréquentée?

les cafés

le parking du central park

c’est mon lieu de résidence je lui éprouve des sentiments d’attachement

il lui manque d’autres espace de divertissement surtout pour les jeunes

Central park

le parking à coté du central park, j’ai pas pu faire sortir ma voiture pendant deux heures, j’ai alors laissé ma voiture et rentré dans le bus

rien de spécial

des endroit pour les jeunes (là où je p eux laisser mes enfants ado)

les rues en général, j’ai peur des pickpockets

le parking du central park, on était perdu mais c’était trop drôle

il y’a beaucoup de passants mais il y’a que des cafés et des restaurants fast food

des endroits pour les jeunes (pas des cafés parce que il y en a beaucoup)

Nostalgique

Des cafés plus amusants

5. Un endroit que vous évitez?

Les immeubles

Je me promène dans ce quartier avec mes amis après les cours

C’est vivant

Le lycée, c’est très chaotique

Le magasin d’instruments de musique, en voyant tous ces instruments, ça m’a inspiré d’acheter une guitare.

22

Age 26, Passage (étudiant)

L’architecture coloniale

La station de bus, le Central Park avec des amis, surtout pendant la journée.

L’architecture est unique

Aucun, je ne connais pas le quartier

aucun

L’ambiance de la vieille ville de Tunis

Peu-être un parc ou des espaces verts

23

Age 55, Passage (employé)

boutique ZEN

boutique ZEN avec ma fille

c’est un quartier moderne

il n’y a pas

souvenir du 14 janvier 2011

la liberté

des jardins publics

24

Age 26, Passage (étudiant)

Central park, zen, café l’escale

Central park et zen

Pour le shopping: mango et zen

Cafés

L’escale dont j’ai passé des bons moments avec mes amis

En danger

La sécurité

25

Age 22, Passage (étudiante)

Graffiti

Nostalgique

Un espace culturel

26

Age 23, Loisir (étudiante)

Central Park, CNSS, stat ion de bus, STEG, collège

Monoprix, seule

Ça me plaît pas

Aucun

27

Age 24, Passage (étudiant)

Central Park, l’encombrement, coffee shop bistro, banque centrale

Bistrot avec mes amis

Espace ombragé et sympa

Zone des banques

Café ellouh où j’ai passé mon adolescence et j’ai assisté à des concerts

Nostalgie, à l’aise mais ennuyé

Espace vert ou un espace pour les jeunes comme ellouh mais mieux

28

Age 22, Passage (étudiante)

Central park, zen, Tunisair

Central park avec les amis

Proche de moi

Je ne sais pas

Je n’ai pas

Normal rien

Des restaurants, des cafés luxes

29

Age 24, Passage (étudiant)

Central Park, Station bus

Central park

Shopping, fast food

Les cafés

Rien

Rien

Des restaurants

30

Age 24, Passage (étudiant)

Les graffitis sur les murs, la station de bus, Central Park, le lycée.

Cafés avec mes amis, les après midis

Pas vraiment, mais c’est le plus proche de tout le monde.

Pas un lieu mais un temps (13h à 17h)

aucun

Perdu

un espace vert

Central park ou le coffee shop en face

Il regroupe beaucoup

Central park où j’ai passé les ruelles

d’espaces

des moments avec mes amis

Les marches de la à mon avis c’est la boutique, on fume une Un bar ou un espace culturel rue la plus dangereux cigarette avant de rentrer

155


ANN

EXE

1 56

D


1. Présentez vous: Prénom ou surnom, âge et occupation?

2. Habitez vous dans les 3. Depuis alentours ou vous quand vous venez d’autres skatez? quartiers?

4. Combien de fois par semaine venez-vous au centre ville pour skater? Seul ou accompagné?

5. Quels sont vos spots préférés au centre-ville? Pourquoi?

6. Quels sont les paramètres qui vous motivent à choisir un spot par rapport à un autre?

7. Quels sont les quartiers que vous évitez en circulant au centre-ville?

8. Fréquentez-vous le quartier de Jean Jaurès? Si non, pourquoi?

‫ با هية‬Flat , ‫اللمة‬, l’ombre, ‫بالصة قر يبة‬, ‫ميطردونا ش‬

Là où il y a des braquages, Jeanne d’arc par exemple

Non

‫ بالصة ميطردونا ش‬،‫القا عة الزم تكون با هية‬ ‫منها‬

‫البالصة ايل فيها شلوح و مكونفة‬ ‫با لحا كم‬

‫ برشا حاكم و مفيها ش حاجة‬،‫ال‬ intéressante

1

Dali (Da), Age 13, élève

Beb Souika

1 an

ِ ‫مع‬ Chaque jour, ‫الشلّة‬

BIAT, ‫ تعلمت فيها‬tricks

2

Ayoub (Pakay), Age 15, élève

Beb Souika

8 mois

Chaque jour, ‫ مع‬Dali

BIAT ‫خاطر قر يبة‬ Kasbah ‫خاطر ميطردونا ش‬

3

Yassine (Thanku), Age 17, serveur

Kabareya

1 an

‫كل مرة كيفا ه‬

BIAT ‫اهون واحد يف الخا يبني‬

‫منمشيش يارس‬ ‫ يك يعجبني‬spot ‫منبدلوش‬

Jeanne d’Arc, ‫باليص فيها‬ ‫الحاكم و الرباكاجا ت‬

Non

4

Mahdi (Leo), Age 16, élève

Beb Souika

1 an

Chaque jou r

BIAT ‫ احسن‬flat LAC0 ‫ تجم تعمل فيها برشا‬tricks

‫ و القرب‬،‫ الزم تكون با هية‬flat

Jeanne d’Arc, ‫يجيو الشلوح‬ ‫يفكولنا اللوح‬

non, ‫مفيها ش ميعجب‬

5

Ghaith (Gtroudi), Age 17, élève

Passage

4 ans

Chaque jour, ‫مع صحايب‬

BIAT ‫خاطر ميطردونا ش‬ Kasbah ‫خاطر فيها د روج كبري و وا سعة‬

‫ بالصة ميطردونا ش‬،‫القا عة الزم تكون با هية‬ ‫منها‬

Jeanne d’Arc ‫والت تتعبى يارس‬

Non

6

Hassen (L’yhoudi), Age 20, étudiant

Beb Falla

3 ans

Trois fois par semaine, avec Lamp Crew

BIAT ‫ا قرب بالصة ليا و تلم النا س الكل‬ Kasbah gap ‫احسن‬

Flat ‫با هية‬

Jeanne d’Arc, ‫هلكوها‬ ‫الجبورة و وال فيها برشا عرك ورسقة‬

Avenue de Ghana, Ministère de Commerce

7

Ilyes (Awhem), Age 19, forgeron

Mourouj

5 ans

Lamp Crew ‫مرتني يف الجمعة مع‬

Lac0, calme ‫منعزلة عىل الجوجمة و‬

‫بالصة مش معبية وتجم تعمل فيها برشا‬ tricks

، ‫االكرث ية ندور يف حومتي يف ا ملروج‬ ‫منجيش لنا يارس الحق‬

Non

8

Achref (Capoeira), Age 18, élève

Entre Tebourba et Mourouj

5 ans

‫ مع االوالد‬،‫محسوب كل يوم‬

BIAT, ‫نجيو نقعدو لنا و تتسمى البالصة‬ ‫ايل كربت فيها و تعلمت فيها‬ Kasbah: ‫اما موش متع كل يوم و ز يد‬ ‫ متع‬niveau ‫طالع‬

les obstacles, et ça dépend du «mood» ‫كل نها ر وقسمو‬

‫باليص متع براكاجا ت‬

‫تعديت مرتني‬

9

Aziz (Cloud), Age 18, élève

Ariana

14 mois

3 fois par semaine, ‫مع‬ ‫صحا يب‬

BIAT, ‫خاطر بديت نتعلم لنا‬

Barcelona et Lafayette ‫كلها شلوح و براكاجا ت‬

Non

10

Thameur, Age 16, employé

Aouina, Soukra

2 ans

‫كل يوم‬

BIAT, ‫تعجبني يك نتلمو النا س الكل لنا‬ LAC0, ‫ تجم تعمل فيها برشا‬tricks

‫ بالصة مش معبية‬،‫القا عة الزم تكون با هية‬ ‫ وتجم تعمل فيها برشا‬tricks ‫بالصة ميطردونا ش منها‬

LaFayette ‫متع براكاجا ت‬

Non

11

Hamza (Ezio), Age 19, étudiant

Ariana, Borj Louzir

1 an

Deux fois par mois, ‫مع‬ ‫االوالد‬

BIAT ‫خاطر بديت لنا و خاطر دميا يتلمو‬ ‫النا س الكل لنا و نجم نتعلمو من بعضنا‬

‫ الزم البالصة نحس روحي‬،‫العبا د اهم حاجة‬ ‫مرتاح فيها‬

‫باليص ا ملعروفني بالرباكاجا ت‬

‫ندور غا د ي سعا ت‬

Ça dépend des scénarios que l’espace peut offrir. De plus, j’opère en impulsion aléatoire de choix en fonction de mon «mood» En fonction des scenarios et le style, la proximité, la compagnie

12

13

Achref (Batta), Age 27, Vidéaste

Ahmed (Kritcho), Age 26, Assistant Enseignant

LaFayette ‫كنت‬ ‫نسكن يف‬ ‫تو نسكن يف ا ملنزه‬

Mutuelle Ville

10 ans

Pas aussi fréquemment qu’avant, généralement ِ ‫الشلّة‬ ‫مع‬

Beb Bhar, spot ‫موش معرف‬ communauté ‫ يارس يف‬et qui présente des scénarios à potentialités créatives

13 ans

J’essaie d’y aller aussi souvent que pos sible, mais cela dépend généralement si mes amis y vont ou non.

BIAT, la configuration, les matériaux, le flat, la situation dans un espace très mouvementé, ça te fait vivre le skateboard d’une autre manière

Flat ‫با هية‬ ‫العبا د ايل متقلقكش‬

Oui, ‫ فام‬dispositif d’entrée du Les zones de danger Ministère de où il y a des braquages Commerce ‫ايل فقنا بيه‬ réguliers ‫ بعد‬doc de Michael Mackrodt Au delà des rues principales, je ne circule pas

S kate-wise, je ne trouve pas des endroits interesting

157


9. Quelles sont les difficultés que les skateurs rencontrent régulièrement?

10. Est-ce que les piétons trouvent cette activité agréable ou sont-ils hostiles?

11. Pourquoi pensez-vous qu’ils s’opposent à cette pratique? Comment vous perçoivent-ils?

12. Avez-vous déjà subi des tensions avec les autorités?

13. En termes d’espace, quelles sont les manques dans la scène locale de skateboard?

14. Que suggérez-vous pour améliorer cet état?

15. Vous préférez avoir un grand skatepark ou des différents éléments urbains skatables dispersés dans la villes?

‫ معنا ش و ين‬،‫العبا د الخا يبة‬ ‫ الكياسا ت تعيف‬،‫نقعدو‬

‫فام عبا د يطردونا و يد زونا وفام شكون تعجبو‬ ‫ سعا ت يا قفو يصفقولنا‬،‫الحكا ية‬

‫ يراونا خطر‬،‫يراونا فروخ واال هام ل‬ ‫بش تكرس و اال يطردونا ع الحس‬

،‫ ايل يحند رك و يطردك مالبالصة‬،‫دميا‬ ‫وايل يفكلك اللوحة و ايل يهزك للمركز‬

‫ تونس البالد الوحيد ة ايل مفيها ش‬skateshop. Decathlon ‫ فيها اما‬qualité grave

‫ اعملولنا‬skateshop/skatepark ‫خيل عبد يحسن روحو و يتطور‬

skatepark ‫يلم النا س الكل‬

،‫معنا ش مصد ر رسمي لللوح‬ ‫ معنا ش‬skateshop, ‫و‬ ‫الرسقة متع اللوحة‬

،‫فام عبا د باهني يجيو يتفرجو منغري ميقلقونا‬ ،‫فام مرة عطا تني فلوس و رشا تيل د بوزة ماء‬ ‫وفام عبا د تتلكش و د زوين و طيحوين‬

‫يقلك تعبد يف الشيطان و اال هامل‬ ‫واال عميقني‬

‫ ا نا‬،‫ دميا يهزونا للمركز‬،‫برشا مرا ت‬ ‫مرة كليت شلبوق‬

SKATESHOP

‫حسنولنا الكياسا ت و ثقفو العبا د عىل‬ skate ‫و اعملولنا باليص نركشو فيهم‬ tranquille

Skatepark

‫الحاكم و الجبورة ايل يفكولنا‬ ‫ا للو ح‬

‫االغلبية عقلية متاعهم خا يبة و يبد او يشريو‬ ‫يف الشبوك‬

‫ ميعطيوش قيمة‬،‫يقلك مال فرخ ترتا قص‬ ‫للحاجة ايل نعملو فيها‬

‫دميا دميا‬

‫اعطيونا بالصة قر يبة نفطقو فيها موا هبنا‬ skatepark ‫يزي‬

skatepark

spot ‫ املهم‬،‫ايل يجي‬

‫ نا قصني‬des espac es

‫سعا ت يسبوك و يهينوك‬

،‫ تعبد يف الشواطن‬،‫يراوك حاجة غر يبة‬ ‫ كلوشا ر‬،‫هامل‬

‫موش يارس‬

skatepark/ skateshop sans discussion

skatepark/ skateshop sans discussion

skatepark

‫ معنا ش‬skateshop ‫ كا ن تكرست‬،‫متلقا ش منني ترشي‬ ‫اللوحة تقعد غا د ي‬

‫ اما فام شكون يجي‬،‫معظم العبا د خا ينب‬ ‫يشجعك و يصفقلك‬

‫مثا شكون يتقلق م الحس و فام شكون‬ ‫ميفهمش ايل تعمل فيه و فام شكون‬ ‫يرا ك بش تخرب‬

‫ يكرفطونا و يفكولنا اللوح‬،‫ا كيييييد‬

Skatepark, skateshop, infrastructure entretenue

Introduire des espaces dédiés au skateboard

ça dépend, chacun a son propre style, les éléments conviennent aux street ska teurs et le skatepark aide à améliorer les tricks

‫ الحاكم‬،‫العبا د ا ل تتلكش‬

‫االغلبية خا يبني يبد او يد زو فيك و ينظرو علينا‬

‫ واال كلوشا را ت‬،‫يراونا خطر عليهم‬

‫سعا ت يهزوين هكاكا مالحيط‬

Skatepark/ skateshop ‫الزمنا بالصة لينا‬ ‫نحسو فيها رواحنا مرتاحني ومش مطرد ين‬

‫ يخليونا نعملو‬événements publiques ‫يف باليص‬ ‫و يسهلولنا اوراق جمعية‬

Skatepark ‫يف بالصة قر يبة للنا س‬ ‫ا لكل‬

‫الشلوح و الحاكم‬

‫ وفام شكون‬،‫فام عبا د تجي تتفرج وتعجبهم‬ ‫يتلكش‬

‫ هلكت‬،‫فام عبا د را كبة عالحد ث‬ l’image ‫ متع‬skate ‫العبا د تغزرلنا عىل أسا س كلوشا را ت‬

‫الحق ال‬

skateshop ‫خاطر نا قصني لوح و ا ملستوى متاعنا‬ ‫موش قاعد يطلع بايل عند نا‬

‫الزمنا نتحركو بش نعملو جمعية‬

‫الزوز الزمني‬ skatepark ‫ باهي لل‬tricks street ‫االخر ين لل‬

‫معند نا ش باليص نقعدو فيهم‬ ‫ العبا د‬، ‫مرتاحني‬

، ‫ خاصة عىل الحس‬،‫ميتقلقو كان يك تقلقهم‬ ‫احنا نحاولو نحرتموا النا س خاطر مد ام معنا ش‬ ‫بالصة خاصة بينا عىل االقل نخليو بصمة با هية‬ ‫يف ا ملكا ن العمومي‬

‫يراوك هامل و عميق‬

‫مش دميا‬

، ‫معنا ش و ين نحسنو يف قد را تنا‬ skateshop ‫ ال‬skatepark ‫ال‬

‫ اعملولنا‬des spots plus créatifs ‫ منحبوش حاجة مبلفطة و مطيشة يف‬،‫بالله‬ ‫الخالء بش تسكتونا‬

skatepark

‫الحاكم يتلكشو يارس‬ Capoeira

‫ايل يحب يفكلك اللوحة و ايل يد زك‬

‫يحسوك عميق و اال تعبد يف الشيطا ن‬ skate ‫وز يد فام برشا عبا د يهلكو‬

‫د ميا‬

skateshop / skatepark

‫معنا ش باليص نجمو نقعدو‬ ‫ عندك بالصة وحد ة متوت‬،‫فيهم‬ ‫و تحيى فيها‬

‫ فام شكون يشجعك و يصورك و‬،‫فام هكا و هكا‬ ‫فام شكون يسبك‬

‫ يوليو‬،‫يراوك مختلف عليهم ميقبلوكش‬ ‫يتقلقو منك و يقلقوك‬

‫مش دميا‬

Skatepark

‫تتحسن عقلية العبا د بش احنا نكونو مرتاحني‬ ‫و يعملولنا باليص خاصة بينا‬

Skatepark au centre ville

‫غزرة العبا د و الحاكم‬

‫فام شكون اصال يبد ى يجري ورا ك بش يرض بك و‬ ‫ وفام شكون يشجعك و‬،‫اال يدخل فيك بالكرهبة‬ ‫يصفقلك حتى يك تطيح‬

‫يحسوك كلوشا ر‬

‫ يت تو بركا شدونا‬،‫دميا دميا‬

skateshop, surtout surtout skateshop, ‫الدولة مش موفرة يشء‬

Fédération pour organiser des événements, un skatepark bien aménagé

‫ ماالول صغا ر بش نسنسو‬spots Skatepark ‫العبا د بالحكا ية و‬ ‫بعد كبري‬

L’hostilité des personnes, l’infrastructure très mal entretenue, la police, l’insécurité des espaces publics

C’est un mélange des deux, ça dépend évidemment du «spectateur». Il y a certains qui sont confus, d’autres se sentent menacés, mais il y a des personnes qui apprécient ce qu’on fait

Ils te trouvent soit un délinquant, ‫فرخ هامل‬, ou un danger envers eux

BASE, on a passé des nuits dans des stations de police pour le simple fait qu’on est skateur.

Un skatepark sûrement et un skateshop

Mobiliser l’action pour construire un skatepark, sensibiliser les gens sur la pratique et bitumer proprement les chaussées pour avoir une expérience de mobilité plus agréable

Des différents éléments qui tissent l’espace urbain au centre ville et qui génèrent un lien de proximité entre eux

Le manque de matériel qui affecte la performance du skateur, la qualité des personnes, L’infrastructure

Généralement hostiles, d’autres sont surpris et impressionnés

Oui mais pas très fréquemment

Absence de skatepark et une skate-plaza, c’est comme le noyau, un truc fondamental et évident, On apprend le sens de communauté dans un skatepark

Financer un skatepark pour introduire la culture au public

Les deux, un équilibre entre des spots et un skatepark central.

1 58

«Outcast», délinquant, ‫ ا نسا ن فاشل‬,‫هامل‬

‫نبدلو عقلية العبا د و نور يوهم ايل نعملو فيه‬ des installations ‫صغا ر مفرقني‬ ‫موش حاجة خا يبة‬


159


GLOSSAIRE DICTIONNAIRE ANATOMIE DE LA PLANCHE:

MANŒUVRES:

DECK: la surface plane sur laquelle

TRICK:

repose le skateboard, généralement

manœuvre.

en érable laminé.

dessus de la planche avec de l'adhésif, utilisé pour augmenter la friction entre la planche et les pieds du skateur. l'avant

de

figure

de

style,

une

CARVE: patiner en décrivant un long

GRIP TAPE: papier de verre fixé sur le

NOSE:

une

la

planche

arc de cercle. FAKIE: glisser à contre-sens. GRIND: racler un ou deux axes sur

à

roulettes, depuis les boulons du truck avant jusqu'à l'extrémité.

une bordure, une rampe ou une autre surface. FLIP: figure qui consiste à faire tourner

TAIL: l'arrière de la planche à roulettes,

la planche sur elle même sur l’axe de

à partir des boulons du truck arrière

sa longueur.

jusqu'à l'extrémité. TRUCKS: les essieux avant et arrière qui relient les roues à la plate-forme et

SLIDE: glisser le nose ou le tail d’une planche sur un rebord ou une bordure.

permettent à la planche de tourner.

RUN: séquences continues de tricks.

ROUES: les quatre dispositifs arrondis

OLLIE: un saut effectué en tapant le

en polyuréthane d’une taille comprise

tail sur le sol.

entre 39 et 70 millimètres qui permettent aux skateboards de rouler.

TIC-TAC: descendre un escalier en roulant.

AXE: la tige métallique qui traverse le truck du skateboard et sur laquelle sont montées les roues.

WALL-RIDE: glisser sur le mur. DROP-IN: Entrer dans la rampe ou l’obstacle par le haut. GAP: saut de la distance entre deux objets, zones ou surfaces glissables. LAND: réussir une manœuvre.

160


MODULES CURB: tout module de skatepark ou de mobilier urbain solide sur le bord duquel le skateur est susceptible de faire glisser sa planche. le curb se pratique sur de nombreux objets urbains: bancs, rebords de trottoirs, marches d’escaliers, poubelles, etc.

RAIL: structure tubulaire, généralement en métal servant à glisser ou à grinder.

BOWL: à l’origine des piscines vidées, il a la forme d’une cuvette plus ou moins profonde aux parois arrondies, construit généralement en béton et entouré d’une bordure en métal.

MARCHE: les marches d’un escalier, servant à les grinder, à les glisser ou à les sauter, généralement construit en béton.

FULL PIPE: c’est un tube complet; un module très rare et difficile à maîtriser.

HALF-PIPE: Il s’agit d’une rampe en forme de « U », dans laquelle les skateurs effectuent des va-et-vients, prenant de la vitesse et effectuant de part et d’autre des tricks divers.

QUARTER-PIPE: C’est un demi half-pipe, formant un plan incliné concave utilisé pour gagner de la vitesse et des tricks aériens.

HANDRAIL: Il s’agit d’une main courante du garde-corps, généralement en métal. Ce dispositif est utilisé pour les grinds et les slides.

BANK: Il se compose d’un plan plat incliné qui permet de prendre de l’élan pour faire des sauts sur un autre module.

161


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