MINISTÈRE DE L’ENSEIGNEMENT SUPÉRIEUR ET DE LA RECHERCHE SCIENTIFIQUE
Ce mémoire témoigne d’une réflexion axée sur le skate-urbanisme et autour des potentialités spatiales de la pratique du skateboard au centre ville de Tunis. Il s’intéresse à appréhender les différentes dimensions du skate et à étudier ses
En réclamant la ville, le skateboard présente un prolongement d’une résistance urbaine et d’une culture alternative émergente. Le skateurbanisme propose d’exploiter cette informalité urbaine pour la transformer en un moteur de réactivation qui émancipe la ville et réinvestit ses espaces résiduels. Pour y aboutir, nos interventions urbaines et architecturales
cherchent
à
réconcilier
le
skateboard avec l’espace urbain et l’introduire dans les scènes quotidiennes. À travers une conception hybride et alternative, le centre ville de Tunis transcende son caractère formel et administratif et se réinvente en piste glissable à grande échelle.
MOTS CLÉS: Skate-urbanisme, résistance urbaine, culture alternative, espaces résiduels, émancipation, conception hybride.
| LE SKATE-URBANISME: VERS L’ÉMANCIPATION DE L’ESPACE URBAIN AU CENTRE VILLE DE TUNIS |
incidences tangibles et intangibles sur l’urbain.
ONS BEN JANNET
RÉSUMÉ
UNIVERSITÉ DE CARTHAGE ÉCOLE NATIONALE D’ARCHITECTURE ET D’URBANISME
M É M OIRE D’ ARCHIT E CT URE ÉL ABOR É P AR : O n s B e n Ja n n e t
LE SKATEURBANISME NOVE M B R E 2021
D I R EC TR I C E D E MÉMOI R E: M me E m n a B o u r a o u i
VERS L’ÉMANCIPATION DE L’ESPACE URBAIN AU CENTRE VILLE DE TUNIS
NOVEMBRE 2021
MINISTÈRE DE L’ENSEIGNEMENT SUPÉRIEUR ET DE LA RECHERCHE SCIENTIFIQUE UNIVERSITÉ DE CARTHAGE ÉCOLE NATIONALE D’ARCHITECTURE ET D’URBANISME
MÉMO I RE D ’ARC H I TEC TURE ÉLABORÉ PAR: Ons Ben J annet
LE SKATEURBANISME N OV E MBR E 2 0 21
VERS L’ÉMANCIPATION DE L’ESPACE URBAIN AU CENTRE VILLE DE TUNIS D IRECT RICE D E MÉMOIRE: M m e Emna Bouraoui
W O R K SMART N O T H A R D
DÉDICACE Ce mémoire est dédié à tous ceux qui ont été là pour me pousser vers mon plein potentiel.
À ma mère BOUTHAINA , pour ses sacrifices, et pour avoir implanté son appétit pour l’excellence dans mes gènes. À ma
ma
grand-mère
lionne,
pour
son
RAFIAA , amour
incomparable et incommensurable. Contre
vents
et
marées,
tu
as
toujours été ma forteresse. À mon frère AHMED , pour être la personne la plus enquiquinante de
ma
vie
et
pourtant
la
plus
attentionnée. À mon petit cercle de famille, pour avoir célébré mes succès et mes échecs. À mon meilleur ami MALEK , pour
son
soutien
constant,
ses
conseils inestimables, et son amour inconditionnel.
HOMMAGE notre chère professeur M
me
à
NADA
DHIFI , vous resterez toujours dans la rétine de notre mémoire.
REMERCIEMENT Je
tiens
à
exprimer
ma
sincère gratitude à ma directrice de mémoire M me EMNA BOURAOUI pour sa patience, sa disponibilité et son suivi minutieux. Je vous suis à jamais reconnaissante pour ce jour de ma première année où vous m’avez ouvert des portes dont j’ignorais l’existence et pour votre
motto d’« allez jusqu’au bout » qui a résonné dans mon subconscient le long de mon cursus. J’aimerai
Un énorme merci à ma seconde
aussi
remercier
‘ my
squad’ :
SALAH
(aka
les membres de GIRAFFE CREW et
MAKROUNA),
CHIHEB,
SHERAZADE,
tous les skateurs que j’ai interrogé,
KATER
notamment ACHREF BETTAIEB (aka
NADA, RYM , SHEFI et MARAM , pour
BATTA) , GHAZI JEBALI (aka GSTONE) et
leur présence, leur motivation et
AHMED KRICHEN (aka KRITCHO) qui
nos moments de joie partagée.
m’ont encouragé et m’ont aidé par
famille,
GHAIDA,
ISRAA,
OMAYMA,
leurs paroles, leurs critiques et leurs conseils pour mieux comprendre la pratique du skate à Tunis. Finalement, remercier pour
leur
les
je
membres
présence,
tiens
à
du
jury
pour
leur
lecture attentive de ce mémoire, ainsi
que
pour
les
remarques
qu’ils m’adresseront lors de cette soutenance afin d’améliorer mon travail.
I N T R O D U C T I O N G É N É R A L E Ces
dernières
années,
le
centre-ville de Tunis a été un lieu de
rassemblement,
de
résistance.
Entre
de
lutte
et
protestations
politiques et manifestations artistiques informelles, le centre ville évoque les défis du quotidien à l’égard d’un système répressif et devient ainsi une vitrine urbaine de ces actes de résilience. Les
activités
semblant
insurgées
«indésirables»
et sont
indéniablement ancrées dans la ville. Elles occupent et/ou s’approprient les
espaces
urbains
de
manière
inattendue en apportant à ces lieux de nouvelles significations et des fonctions imprévues. Elles
contribuent
à
exprimer
la
volonté des citoyens de déborder de la marge qui leur est imposée et à mobiliser l’action sur les problèmes politiques, économiques et sociaux urgents. L’une des principales formes de
la
résistance
urbaine
est
la
culture underground; elle représente un
mouvement
refusant
de
se
contre-culturel conformer
aux
normes communes. Elle continue à lutter contre sa répression et pour sa reconnaissance dans la société F.1|
Illustration – Skateboarding day, Lac0, Juin 2021 (TRAVAIL PERSONNEL)
comme un moteur nécessaire à la diversité et à la dynamique sociale.
Ceci
explique
l’émergence
d’actes informels et autonomes qui visent du
à
détourner
paysage
la
monotonie
dominant.
Les
utilisations improvisées des espaces urbains
sont
ainsi
devenues
une
méthode d’intervention en matière d’urbanisme et même de stratégies de développement. Témoin
d’une
manifestation
explosive de sa culture alternative, le centre ville de Tunis présente aujourd’hui une grande galerie à ciel ouvert.
Ses rues deviennent la
toile urbaine de ses graffeurs, ses monuments abandonnés l’abri de ses urbexers, ses parcs le terrain de ses skateurs, ses places la scène de ses musiciens et ses parkings le microcosme de ses habitants. Cette émergence est au centre de ce mémoire, car elle vise à proclamer la ville à l’artiste et l’art au citoyen. En donnant une plus grande flexibilité aux systèmes rigides de planification
urbaine,
la
culture
alternative confère à la ville son attractivité et lui ancre une nouvelle identité. Ceci urbaines
a à
incité
les
politiques
reconnaître
cette
culture et l’inclure dans les scènes quotidiennes par l’hybridation des espaces urbains.
PROBLÉMATIQUE Le
centre-ville
de
Tunis
représente pour ses artistes urbains le
cœur
battant
underground
d’une
florissante
scène
dont
les
racines se ramifient et s’étendent. Bien
qu’elle
soit
considérée
comme déviante pour certains, ses manifestations artistiques sont une forme
d’intervention
urbaine
qui
suscite une dynamique excentrique au sein de la ville à travers son occupation de l’espace. Étant
une
intrinsèquement skateboard
activité
urbaine,
connait
le
aujourd’hui
l’expansion de son royaume dans les villes européennes grâce au skateurbanisme. C’est
une
politique
urbaine
F.2|
Illustration – Skateboarding Session, Lac0, Juin 2021 (TRAVAIL PERSONNEL)
qui
vise à intégrer les sports urbains, notamment le skateboard, dans la ville et les inclure dans la planification urbaine
d’une
responsable.
façon Le
durable
et
skate-urbanisme
Dans
ce
cadre,
le
centre
ville de Tunis, un espace formel et administratif,
grouille
d’une
large
permet de discerner et d’articuler la
communauté d’artistes urbains et de
manière dont la structure dominante
jeunes skateurs. Habitant au centre
de la ville peut être appropriée et
ville ou venant des périphéries, ils se
détournée.
rassemblent, scrutent, parcourent et
Étant
le
terrain
idéal
pour
l’expérimentation et l’innovation des skateurs, la ville offre une multitude de
possibilités
pour
réinvestir
et
détournent la ville en reconfigurant ses éléments. Quoique l’hypercentre soit le foyer de la diversité sociale et de la
réapproprier l’espace urbain. En effet,
compréhension
Bordeaux, Barcelone et Copenhague
espaces semblent être monotones,
sont devenues des pistes glissables à
passifs et catégoriques, divisant ainsi
grande échelle.
les gens au lieu de les unir.
interculturelle,
ses
Son environnement témoigne d’une négligence et d’une incertitude vis à vis à ses espaces résiduels. Ces derniers
sont
perçus
comme
un
fardeau pour la ville et sont donc réutilisés comme des décharges ou des parkings.
Ainsi, on propose l’approche du
skate-urbanisme
comme
une
réponse urbaine et architecturale qui favorise la culture alternative et émancipe le centre ville de Tunis de son caractère administratif et terne.
Dans quelle mesure les actions de résistance urbaine peuventelles aboutir à une transformation substantielle des paysages urbains? Comment la pratique du skateboard peut-elle muter d’une transgression urbaine à un moteur actif pour réinvestir l’espace urbain? Quels sont les facteurs spatiaux motivants qui font du centreville de Tunis un environnement interpellé par sa communauté underground émergente? En s’appuyant sur le Skate-urbanisme, quel type d’espaces à concevoir au centre ville de Tunis pour célébrer la culture alternative et revigorer les espaces résiduels?
MÉTHODOLOGIE Ce mémoire d’architecture interroge la manière dont on habite le centre ville de Tunis à travers son «informel urbain», notamment à travers sa culture alternative émergente. Cette prise de position est renforcée par la notion du skate-urbanisme; une approche qui vise, par le biais du skateboard, à reconquérir de la ville et à l’émanciper de sa mono-fonctionnalité, son exclusivité et sa formalité. Pour concrétiser cette volonté, on propose de structurer notre mémoire en 4 chapitres:
Afin de nous familiariser avec le monde informel de la culture alternative, étant une forme de résistance urbaine, le premier chapitre reposera sur la lecture d’ouvrages traitant ce sujet et sur l’étude référentielle de projets. On s’intéressera, d’abord, à définir les différentes dimensions de la culture alternative et sa relation à l’espace public. On étudiera, par la suite, l’art urbain et le sport urbain comme manifestations artistiques de cette culture. Finalement, on examinera la manière dont ces derniers réapproprient l’espace urbain. À la lumière de ce chapitre, le skateboard semble comme une forme de la culture alternative et une «urbanité ludique».
Le deuxième chapitre a pour but de consolider nos connaissances sur les pratiques spatiales définies par le skateboard et la manière dont elles forgent une nouvelle identité à l’espace urbain. Le chapitre se basera sur: La lecture des ouvrages axés sur cette pratique, notamment ceux de Raphaël Zarka et Iain Borden et sur une analyse référentielle de projets dédiés au skateboard. On définira, d’abord, les dimensions spatiales, historiques et hétérotopiques du skateboard. Ensuite, on présentera la politique du skate-urbanisme en opposition à l’architecture hostile. On établira, par la suite, une analogie avec le mouvement anticonformiste
situationniste.
traditionnelles des skateparks.
Finalement,
on
critiquera
les
conceptions
Afin de dégager les potentialités et contraintes du site, le troisième chapitre présentera l’analyse du contexte dans lequel s’inscrira le projet. Il reposera sur l’errance, le vécu personnel, la méthodologie adoptée au cours du 1er semestre, les discussions spontanées avec les artistes urbains et l’enquête sociale avec les habitants et les skateurs. On analysera, en permier lieu, la morphogenèse de l’hypercentre et la distinction de ses cultures alternatives. On identifiera, en deuxième lieu, les caractéristiques urbaines et ambiantales du secteur urbain de Jean Jaurès. En dernier lieu, on s’intéressera au quartier du «Houmet Wra L’Barrière» et à Kahwet Ellouh, étant des symboles de résistance urbaine.
On va révéler, dans le dernier chapitre, la concrétisation des théories précédemment étudiées. On va alors établir les lignes directrices de notre réflexion et mettre en évidence les stratégies d’intervention qui porteront sur 2 échelles urbaines (le secteur de Jean Jaurès) et architecturales (Kahwet Ellouh). Le projet s’appuyera sur: Les concepts clés dictés dans les chapitres précédents, les potentialités du contexte dans lequel il s’inscrira et l’innovation et la technicité des projets de références. Le projet vise à matérialiser l’approche du skate-urbanisme dans le contexte du centre-ville de Tunis. On tentera de forger une nouvelle identité au lieu à travers sa culture émergente.
SOMMAIRE DÉDICACE REMERCIEMENT
01
4 5
LA RÉSISTANCE URBAINE 15
Introduction
16
1. La culture alternative:
17
1.1. Entre déviance, résistance 17
et reconnaissance:
1.2. Les sous-cultures et l’espace 18
public:
INTRODUCTION GÉNÉRALE 6 PROBLÉMATIQUE 8
02
LE SKATEURBANISME 33 34
Introduction 1.
Le
skateboard:
au-delà
l’objet 1.1.
de 35
Un
mobilité
jouet,
un
ou
un
sport,
une
instrument 35
urbain?
1.2. L’évolution de la pratique: 2.
Art
urbain:
L’espace
urbain
38
comme support d’expression et
1.3. Hétérotopies et modalités
de critique:
urbaines:
20
2.1. Les fresques murales:
20
2.2. Les spectacles de rue:
23
2. Le skate-urbanisme:
41 46
2.1. De l’architecture hostile au 3.
Sport
urbain:
L’espace
skate-urbanisme:
46
urbain comme catalyseur de la
2.2.
dynamique sociale:
26
«Situationisme»:
3.1. La ville parcourue:
26
2.3. Le dilemme des skateparks:
3.2. La ville athlétique:
29
63
Conclusion
32
Conclusion
Skate-urbanisme
et 54
74
03
MISE EN CONTEXTE
75 L’HYPERCENTRE DE TUNIS: UN MICROCOSME À «RECON’SKATER» Introduction 76 1. L’hypercentre:
77
3. «Houmet Wra l’Barrière»: l’informel
1.1. La morphogenèse:
77
urbain au cœur du quartier
1.2.
au
3.1. Le paradoxe de la rue de
79
Lénine:
La
scène
underground
centre ville de Tunis:
101 103
3.2. Kahwet ellouh / Whatever 2. Le secteur de Jean Jaurès: Errance
Saloon: le fameux symbole de
et repérage
résistance urbaine:
92
104
2.1. Analyse urbaine: Hégémonie 93
du tertiaire: 2.2.
Analyse
séquentielle
et
patterns ambiants: Hétérogénéité du vécu:
95
4. La parole habitante: Le vécu comme déclencheur du projet 4.1.
Entretiens
108 semi-directifs
aléatoires:
108
4.2. Enquête ciblée:
112
Conclusion
114
04
LE PR O JE T :
115
VERS L’ÉMANCIPATION DE L’ESPACE URBAIN AU SECTEUR DE JEAN JAURÈS Introduction
116
1. Les intentions:
117
1.1. Profils d’usagers cibles: 1.2.
Stratégie
urbaine: 1.3.
Stratégie
architecturale:
117
d’intervention 117 d’intervention 122
CONCLUSION GÉNÉRALE 128 BIBLIOGRAPHIE 131 ICONOGRAPHIE 135 TABLE DE MATIÈRES 139 ANNEXE A 144 ANNEXE B 148 ANNEXE C 152 ANNEXE D 156 G L O S S AIRE 160
CHAPITRE I
LA RÉSISTANCE URBAINE 1.1. Entre déviance, résistance et reconnaissance 1.2. Les subcultures et l’espace public
2. Art urbain: l’espace urbain comme support d’expression et de critique
2. 1. Les fresques murales 2.2. Les spectacles de rue
3. Sport urbain: L’espace urbain comme catalyseur de la dynamique sociale
3.1. La vi l l e p a rc o uru e 3.2. La ville athlétique
© Y ehia M old a n
1. La culture alternative:
RÉSISTANCE URBAINE
INTRODUCTION
INTROD UC T I ON Entre ce que les politiciens urbains imposent et ce que les citoyens désirent, il existe une relation de tiraillement entre des besoins non satisfaits et /ou des solutions temporaires. Afin de réclamer leur espace urbain, les habitants cherchent à mobiliser l’action par des activités informelles et créatives. On va s’intéresser à ces mouvements artistiques utilisés comme des outils politiques de dialogue, de résistance et de changement
Urban i ste Fran ç ai s
GRÉGOIRE SAINTREMY
social.
«Alors habiter devient un art, un art collectif. Voir, marcher, écouter, toucher, rêver devient sculpter, dessiner, inventer l’environnement
(1)
»
Ce chapitre est une initiation au monde informel de la culture alternative, notamment au streetart et sport urbain, et une contextualisation de la pratique du skateboard au cœur de la résistance urbaine.
(1) SAINT-REMY, Grégoire, «Ségrégations urbaines et résistance civile» , revue écologie et politique, Vol1, N°23, édition Cairn, 2003, p119.
16
C H APITR E I
CULTURE ALTERNATIVE
RÉSISTANCE URBAINE
1. LA C ULT UR E AL T ER N AT I V E: Les cultures contre-culturelles, connues sous d’autres noms comme cultures alternatives, cultures underground, sous-cultures, etc... ont toujours exprimé une opposition directe à la normativité et aux stéréotypes et ont offert en retour une perception alternative à la réalité mondaine (2 ) . Occultés et révoqués par l’omniprésence de la culture mainstream , certains ont trouvé leur véritable vocation et ont incarné leur identité dans les mouvements underground. Cette culture revendiquée a donc développé ses propres codes, rituels, valeurs, manifestations, conventions et médias . Son anticonformisme a valu à la culture underground une réputation assez ambiguë auprès des gens. Certains la considèrent comme une source de délinquance, d’autres se concentrent sur l’aspect de sa résistance et d’autres encore insistent sur l’importance de sa reconnaissance.
1. 1 . E n t re d év i a n ce, r ési stan ce et r econn ai ssance : Subversive,
révoltée
et
insurgée, la culture alternative s’est révélée être un véritable troublefête sur les scènes urbaines. Cette réputation de délinquance pourrait
être
le
résultat
d’une
esthétique extrême adoptée par les styles punk, skinhead, gothique et
autres.
Associé
à
l’usage
occasionnel de drogues sur ces scènes, cela a automatiquement ancré la criminalité dans l’image de la sous-culture ( 3 ) . Comme elle refuse l’ordinaire et
critique
le
formel,
cherche
F.3|
Photo – Graffiti d’un punk anarchiste (BANKSY)
l’exceptionnel et évoque l’obscène, ses membres ont développé des comportements antisociaux. Les communautés clandestines se replient sur elles-mêmes et écartent tout intrus. Cela a déclenché un conflit constant avec la culture dominante et par conséquent un mouvement de résistance à ce monopole. Outre sa lutte incessante pour redresser les torts causés à son image, la culture alternative tente de préserver son authenticité et son unicité, à l’abri de la fadeur du mainstream. (2) HEBDIGE, Dick, «Sous-culture: Le sens du style», Routledge, London, 1979, p2. (3) Ibidem, p93.
C H AP I T R E I
17
RÉSISTANCE URBAINE
CULTURE ALTERNATIVE
Dick Hebridge , un sociologue britannique, affirme que l’identité et la résistance s’expriment à travers le développement d’un style distinctif qui, par une opération de re-signification et de «bricolage», utilise les biens de l’industrie culturelle pour communiquer et exprimer son propre conflit (4 ) . Craignant
d’être
institutionnalisée,
la
cultur e
underground exprime sa résistance en se distinguant, en dépassant les
limites
et
l’extravagance.
en
tendant
Ceci
est
à
travers
la
des
moyens
mainstream
vers donc
réappropriation et
leur
réaffectation à sa manière. Par la
ces
actes
culture
de
résistance,
alternative
souhait e
F.4|
Photo – «Respecter l’existence ou anticiper la résistance» (BANKSY)
retrouver sa place dans les scènes de la vie quotidienne sans pour autant perdre son identité. En se manifestant par l’art dans l’espace public, ce underground cherche à remonter à la surface et à s’exprimer sans être opprimé (5 ) . Quoique cette culture soit transgressive envers les normes et les perceptions dominantes, elle suscite une dynamique entre les individus et favorise la mixité et la diversité. D’où ce besoin d’être accepté, inclus et reconnu. Odieux,
excentrique
et
ambigu,
l’underground
oscille
entre
une
opposition stricte à la massification et à la standardisation, une recherche de l’authenticité et de la distinction et un souci de reconnaissance avant son extinction.
1.2. Le s s ou s - c u l t u r es et l ’espace pu bl i c: La ville, est considérée par les artistes urbains comme une grande galerie à ciel ouvert, elle est alors à la fois support d’expression et motif d’expérimentations. Les jeunes métamorphosent les lieux, inventant ainsi une nouvelle hétérotopie à l’échelle de la ville et détournant la manière dont on l’habite. Ils sont stimulés par ce sentiment que l’espace est incomplet, accaparé, distendu et qu’il se retrouve dans la vie quotidienne sans aucun apport culturel ou social. Cependant, comme l’a décrit Dick Hebridge , la présence subversive des jeunes dans l’espace public a toujours été perçue comme «une interférence
parasitaire, une nuisance» ( 6 ) . Ains i, naturellement, leurs activités n’ont pas été accueillies, célébrées ou tolérées par la scène urbaine dominante. Elles ont été plutôt rejetées, méprisées et recluses dans les coins des rues. (4) Ibidem, p18. (5) Ibidem, p76. (6) Ibidem; p90.
18
C H APITR E I
CULTURE ALTERNATIVE
RÉSISTANCE URBAINE
En effet, cela n’a fait qu’accentuer la «réputation périlleuse» des souscultures et a finalement encouragé le public à les repousser davantage.
William Foote Whyte théorise, dans son œuvre «Street Corner Society» , que les jeunes sont généralement chassés des espaces créés ou contrôlés par les adultes, voire les centres commerciaux, les maisons de jeunes, les écoles, les clubs de danse, etc. Cela oblige, en effet, les activités sous-culturelles à rechercher une visibilité dans l’espace urbain; dans les coins de rue, sur les sur faces des murs, aux abords des trottoirs et aux limites des places (7 ) .
Hebridge examine que la manière dont l’espace est occupé et manipulé est similaire à l’occupation, la dé-naturalisation et la réinscription des artefacts culturels par la sous-culture avec une nouvelle signification ( 8 ) . De ce fait, ces communautés marginalisées territorialisent les espaces vacants, abandonnés, indéterminés, oubliés, fragmentés, incomplètes, disloqués et dysfonctionnels à l’hégémonie de la ville. Ils les réapproprient, réaffectent et réinventent en projets DIY (9 ) qui accueillent leurs événements et embrassent leur culture.
Joe Austin souligne la qualité d’autonomisation de ces activités sousculturelles au sein de l’espace urbain dans son essai «Knowing Their Place» . Il explique comment la pratique du graffiti «a émergé autour et à travers
l’appropriation d’espaces et de lieux conçus à d’autres fins (1 0 ) » et a permis aux graffeurs de «revendiquer une place pour eux-mêmes au sein d’un ordre
public qui rend souvent les jeunes, en particulier les jeunes de couleur, au mieux ‘‘invisibles’’ et plus généralement ‘‘étrangers’’
(1 1 )
»
Les espaces, qu’ils soient saisis de manière spectaculaire, appropriés temporairement
ou
désignés
officiellement,
permettent
l’expression,
l’expérimentation et le développement de l’identité sous-culturelle.
On propos e d’examiner, dans les deux volets à suivre, la manière dont l’art urbain et le sport urbain exploitent la ville et la dynamisent, en citant quelques manifestations spatiales de ces 2 mouvements artistiques.
(7) FOOTE WHYTE, William, «Street Corner Society» , Université de Chicago, 1943. (8) HEBDIGE, Dick, « Sous-culture: Le sens du style », Routledge, London, 1979, p18. (9) Do It Yourself ou DIY: Mouvement culturel anti-consumériste appellant à l’autogestion, l’autonomie et l’indépendance de la culture dominante. Le DIY s’oppose à la marchandisation et la ultra consommation des arts en offrant l’alternative d’un art populaire, non lucrative et accessible à tous. (10) Austin, Joe, «Knowing their place: Local Knowledge, Social Prestige, and the Writing Formation in New York City», Université de Winsconsin, 1998, p241. (11) Ibidem.
C H AP I T R E I
19
RÉSISTANCE URBAINE
ART URBAIN
2 . ART UR B AI N : L’E S P AC E U R B AI N C OM ME SU PPOR T D ’E X PR E SSI ON ET DE C R I T I QU E: «L’art urbain permet de reconsidérer notre regard sur l’art et la ville. Ses caractéristiques en font un art multiforme qui fascine, interroge et dérange parfois (1 2 ) .» En ré clamant l’espace urbain, l’art urbain ou le «street art» fut un art éphémère qui s’adresse à un large public. Sa trace demeure dans les mémoires de l’histoire à travers les dessins, les photographies et les fragments prélevés ( 13 ) . Cet art se veut à la fois comme un mouvement artistique et un mode d’expression et de critique. On en retrouve sur les murs, les trottoirs, les rues, dans les parcs, sur les bancs, ou sur les monuments. À ne pas confondre avec l’art public qui comprend des initiatives artistiques disposées dans l’espace public et sponsorisées par des institutions publiques, l’art urbain est spontané et informel. Le street art a connu sa naissance dans les années 60 aux États-Unis, en tant que Tags et Graffiti, puis il s’est propagé en Europe dans les années 80 où il a témoigné des mutations et a généré des nouveaux styles (1 4 ) . Il regroupe aujourd’hui toutes les formes d’art réalisées dans l’espace public, et englobe diverses techniques telles que les fresques murales (le graffiti, le pochoir, la mosaïque, le sticker ou le collage) et les spectacles de rue (les performances de danse, de musique, de théâtre, ou les installations). Cependant, ces formes artistiques restent jusqu’aujourd’hui des sujets d’oppression et d’interdiction légale. Les artistes subissent encore de l’hostilité policière, même si c’est de plus en plus moins qu’avant mais ça reste encore récurrent. Les artistes urbains sont devenus des fantômes dans la nuit, s’emparant de la ville lorsque le monde est endormi, défiant les lois et se moquant de ceux qui les ont créées.
2.1. Le s f res q u es m u r a les: On va présenter dans cette partie les différentes formes de fresques murales, notamment le graffiti, le pochoir et la mosaïque, étant les techniques les plus primitives. En effet, on peut même les qualifier comme descendantes de l’art pariétal ( 1 5 ) . Ensuite, on va aborder quelques projets qui ont utilisé ces techniques pour faire revivre l’urbain ou l’architecture. (12) «Étude nationale sur l’art urbain»: une étude commandée en novembre 2018 par le ministère de la Culture à l’association le M.U.R et publié en 2019 sur le site officiel du ministère, p8. (13) Ibidem, p7. (14) Ibidem. (15) https://www.telerama.fr/sortir/aux-origines-du-street-art-1-le-graffiti-new-yorkais-1942-1983,134951.php (consulté le 05/09/2021)
20
C H APITR E I
ART URBAIN
RÉSISTANCE URBAINE
2.1.1. Les différentes techniques: · Le Graffiti: Loin de sa forme primitive et toujours pratiquée qu’étaient les «tags», le graffiti s’est amplifié en termes de techniques, de messages, d’outils et de support. Les tags sont un marquage de territoire, une signature et une trace d’identité mais aussi un acte de vandalisme et de destruction (1 6 ) . Les
graffitis
diffusent
généralement
F.5|
des
Photo – «Kilroy était ici» (WIKIPEDIA)
messages
symboliques
s’opposant ou célébrant une situation sociale, politique ou culturelle. ·
Le pochoir: Le graffiti au pochoir est une forme de
graffiti qui utilise des pochoirs en papier, carton ou autre support pour créer une image ou un texte reproductible (1 7 ) . Comme le pochoir reste uniforme tout au long de son utilisation, il est plus facile pour un artiste de reproduire son œuvre, F.6|
surtout quand ça soit compliquée. L’artiste
Photo – «Kissing Coppers» (BANKSY)
est donc beaucoup moins longtemps en situation de risque. En termes de messages, les pochoiristes comme BANKSY mettent en scène des situations politiques, poétiques et satiriques partout dans le monde. · La mosaïque: C’est un motif recouvrant une surface et
composé
de
petits
morceaux
de
pierre, de verre ou de céramique colorés, maintenus en place par du mortier. Le Street Art, malgré son enclin à l’exécution
en
urgence,
accueille
des
plusieurs artistes qui ont choisi l’art de la mosaïque pour exprimer leur vision.
EMEMEM
est
un
artiste
lyonnais
anonyme, «un poète des trottoirs et un
F.7|
Photo – «One Love», Lyon, France, 2017 (EMEMEM)
fils du bitume» (18) . Son tr avail consiste à combler les nids de poule et les murs fissurés des rues de la ville avec de magnifiques motifs en mosaïque.
(16) REBEIXLE, Mélanie, «Le graffiti dans sa relation à l’architecture », Mémoire inscrit dans l’École Nationale Supérieure d’Architecture de Toulouse, France, 2013, p13. (17) RIOUT, Denys, « Le livre du graffiti », Paris, Alternatives, 1985, p115. (18) https://www.ememem-flacking.net/accueil (consulté le 07/09/2021)
C H AP I T R E I
21
RÉSISTANCE URBAINE
ART URBAIN
2.1.2. Les fresques au service de l’urbain: ·
WYNWOOD ART DISTRICT DE
MIAMI: Il fut un temps où le Wynwood Art District de Miami était un quartier délabré avec l'un des taux de criminalité les plus élevés du pays. Quelques douzaines de peintures murales plus tard, la zone s'est métamorphosée en un quartier dynamique, avec les galeries, les restaurants et les bars en F.8|
Photo – Le quartier de Wynwood (SITE OFFICIEL DE WYNWOOD WALLS)
vogue. Les célèbres "Wynwood Walls", un "musée" de street art en plein air gratuit ont déclenché un mouvement de revitalisation du quartier (19) . Les murs présentent les œuvres originales de plus de 50 artistes de rue célèbres de 16 pays, tous invités
F.9|
·
Photo – Une fresque à Wynwood (SITE OFFICIEL DE WYNWOOD WALLS)
exclusivement
à
décorer
7400m² de toile en béton
(20)
plus
de
.
CUYPERSPASSAGE / BENTHEM
CROUWEL ARCHITECTS Le tunnel est habillé sur un côté par près de 80 000 tuiles bleu Delft: un véritable spectacle néerlandais à un endroit central d'Amsterdam. Depuis fin 2015, il est utilisé par un
grand
nombre
de
cyclistes,
et de pié tons 24/24. Ce "couloir de circulation lente" rappelle les anciennes cuisines des maisons du canal d’Amsterdam et donne au tunnel l’impression d’être une salle urbaine. ( 21)
F.10|
Photos – Fresque de Cuyperspassage mosaïque de céramique (ARCHDAILY)
en
(19) h t t p s : / / w w w . m i a m i a n d b e a c h e s . c o m / t h i n g s - t o - d o / a r t - a n d - c u l t u r e / e x p l o r e - t h e - w y n w o o d - w a l l s - i n - m i a m i ( c o n s u l t é l e 07/ 09/ 2021) (20) Ibidem. (21) https://www.benthemcrouwel.com/projects/cuyperspassage (consulté le 07/09/2021)
22
C H APITR E I
ART URBAIN
RÉSISTANCE URBAINE
2.1.3. Les fresques au service de l’architecture: · KALASATAMA ELECTRICITY SUBSTATION AND SUVILAHTI GRAFFITI FENCE / VIRKKUNEN & CO ARCHITECTS L'art de rue est un phénomène populaire dans la région et il a permis au bâtiment d'assurer une fonction publique, ce qui atypique pour une sous-station F.11|
électrique.
Ainsi,
une
barrière graffiti a été intégrée au
Photo – La clôture de Graffiti (ARCHDAILY)
projet (22) . De nouvelles œuvres sont constamment créées sur les œuvres existantes et grâce à cette activité, le bâtiment est en perpétuel changement.
2. 2 . L es s p ec t a c les de r ue: Alors que les fresques se font sur des surfaces, les spectacles de rue utilisent plutôt l’espace en 3 dimensions pour rehausser, interagir et interférer avec l’environnement urbain. Les spectacles de rue se manifestent comme des performances ou des installations réalisées dans l’urbain en gratuité et sans sponsoring. Ces activités sont généralement éphémères, purement ludiques et exécutées sans autorisation et d’une manière arbitraire. Ces manifestations traitent généralement des sujets sociaux, politiques ou environnementaux, mais peuvent aussi servir uniquement pour le plaisir. 2.2.1. Les street performances: Les street performances ou aussi le «Busking», sont toute activité de divertissement et d’animation pratiquées dans l’espace public. Elles comprennent les acrobaties, la comédie, la danse, le chant, la jonglerie, la magie, le mime, les spectacles musicaux, les marionnettes, la récitation de poésie, le théâtre de rue, etc... (2 3 ) Ces
manifestations
urbaines
sont
plus
accessibles,
immédiats,
conviviaux et interactifs par rapport aux spectacles institutionnels. Ils offrent une opportunité aux artistes pour s’exprimer, sollicitent les sens des passants et suscitent leur curiosité. On va aborder des projets qui encouragent et promeuvent ces pratiques dans l’espace urbain. Ces projets ont contribué à dynamiser le lieu dans lequel ils sont installés et ont suscité un sentiment de communauté et de connexion entre les personnes. (22) https://www.virkkunenco.fi/project/kalasatama-electrical-substation (consulté le 07/09/2021) (23) OSTROWETSKY Sylvia et CHAUDOIR Philippe, «L’espace festif et son public. Intervention culturelle en espace public en villes nouvelles et villes moyennes» , Les Annales de la Recherche Urbaine, Vol. 70, N° 1, 1996, pp. 78–88
C H AP I T R E I
23
RÉSISTANCE URBAINE
ART URBAIN
·
PRAIRIE
LOGIC
/
EL
DORADO-21 L’œuvre est située sur un toit planté d’un demi-acre, 4 étages au-dessus de Main Street, dans le centre-ville de Kansas City. Prairie Logic est conçu comme un lieu de contemplation. Selon son occupation, F.12|
·
elle sert soit de lieu de solitude, soit
Photo – Un spectacle de musique à Prairie Logic (EL DORADO)
d’espace de spectacle (24) .
‘THE FLOW’ - A MULTIPURPOSE
PAVILION
/
DEPARTMENT
OF
ARCHITECTURE L’intention du projet est de fournir une
architecture
qui
déclenche
diverses scénarios et accueille de multiples activités comme un pavillon polyvalent adapté à la communauté.
F.13|
Photo – Un spectacle de breakdance en plein air (ARCHDAILY)
F.14|
Photo – Un spectacle de musique en plein air (ARCHDAILY)
Les gens peuvent s’asseoir sur différents niveaux pour se détendre et profiter de la vue. Ce gradin peut devenir un petit amphithéâtre pour des mini-concerts, des théâtres, des spectacles de danse, etc (25) . La vocation du pavillon hybride est toujours en mutation en fonction de ses usagers et leurs besoins. 2.2.2. Les installations: L’art
de
l’installation,
dont
la
genèse
remonte
au
Ready-made
révolutionnaire de Marcel Duchamp, a connu son apogée dans les années 1970 ( 26) . L’installation peut être temporaire ou permanente et incorpore un large éventail de matériaux et d’éléments mondains et naturels. Les artistes s’inspirent généralement du vécu quotidien, soit pour le critiquer, pour l’accentuer ou l’hyperboliser. De nombreuses installations sont spécifiques à un site de sorte qu’elles sont conçues pour n’exister que dans l’espace pour lequel elles ont été créées, faisant appel aux qualités évidentes d’un support immersif tridimensionnel. (24) https://eldo.us/prairie-logic#view (consulté le 09/09/2021) (25) https://departmentofarchitecture.co.th/portfolio/the-flow-a-multipurpose-pavilion/ (consulté le 09/09/2021) (26) HEBDIGE, Dick, « Sous-culture: Le sens du style », Routledge, London, 1979, p18.
24
C H APITR E I
ART URBAIN
RÉSISTANCE URBAINE
BORDALO , portugais,
un
vient
artiste
urbain
d’achever
son
œuvre «Our Gift To Mother Nature» où
il
traite
le
problème
de
pollution et de la déchetterie L’artiste pièce
a
étonnante
sculpté par
(2 7 )
la .
cette l’usage
astucieux des déchets et des objets trouvés. Bordalo a réapproprié ces F.15|
Photo – «Our Gift To Mother Nature», Lisbonne, 2013 (BORDALO)
éléments
omniprésents
pour
les
métamorphoser en ce cadeau.
Au-delà de leur caractère esthétique et provocateur, les installations sont revendiquées par les architectes pour servir un usage plus fonctionnel. En effet, de nombreux architectes ont investi dans des projets d’installation, que ce soit pour animer la ville en tant qu’élément signalétique ou pour créer des sous-espaces et par conséquent des évènements qui fédèrent les citoyens. ·
WAL(L)TZ INSTALLATION / T
SAKHI ARCHITECTS WAL(L)TZ est une installation éphémère
et
interact ive
qui
fait écho à la société libanaise encombrée
de
murs
physiques,
disséminés dans son infrastructure urbaine et ses espaces publics (2 8 ) .
F.16|
Il est conçu pour surmonter les
Photo – WAL(L)TZ Installation, Dubai, 2019 (T SAKHI)
barrières et encourager les spectateurs à se connecter et à interagir les uns avec les autres à travers et malgré le mur. Les architectes insistent à solliciter les visiteurs pour dépasser leur attitude passive d’observation et l’amener à vivre l’installation. Elles affirment que «Le visiteur, devenu performeur, se retrouve à prendre part à une
protestation chorégraphiée, une «valse» réinterprétée...» (2 9 )
(27) https://www.bordaloii.com/provocative (consulté le 09/09/2021) (28) https://www.tsakhi.com/walltz (consulté le 11/09/2021) (29) Ibidem.
C H AP I T R E I
25
SPORT URBAIN
RÉSISTANCE URBAINE
3. SPORT URBAIN: L’ESPACE URBAIN COMME CATALYS E UR D E LA DY NAMI QU E SOC I AL E: Le sport est à la fois une activi té physique et un événement qui contribue à l’attractivité et au dynamisme de la ville. Il est aussi une trace physique et spatiale d’une communauté créat ive, tissant nos espaces urbains. La ville est le médium avec lequel les artistes urbains et les sportifs interagisse nt et s’en nourrissent. À l’image des graffeurs, les sportifs de rue apprécient les possibilités urbaines de s’exprimer en toute quiétude, mais aussi de reconquérir les lieux défavorisés (3 0 ) . Les pratiquants identifient le potentiel créatif d’un lieu et l’extériorisent à travers leur expression. Au lieu de voir la ville comme statique et abstraite, les pratiquants de sports de rue la ressentent et la capturent à travers leurs expériences sensibles.
3.1. La v i ll e p a r c ou r u e: Les sportifs extrêmes se réapproprient la ville en y réintroduisant de l’activité, de la liberté et du ludique. Ils témoignent d’une volonté de réinjection du sensible, de l’imaginaire et du corps pour mieux savourer l’univers urbain. Ainsi, ils se sont adaptés pour créer de la ville leur utopie urbaine. La ville est alors réclamée comme un terrain vaste de réinterprétation et d’exploitation à satiété. Les pratiques de sport extrême, voire le parkour et la glisse urbaine, interrogent la manière dont on ‘habite’ la ville et proposent une perception alternative et ‘hyperactive’ de notre occupation de l’espace. Malgré ce que ces «urbanités ludiques» (3 1 ) apportent à la ville, les politiques urbaines maintiennent majoritairement une attitude hostile envers ces sports et s’engagent à élaborer des restrictions sévères et oppressives. 3.1.1. Le parkour: Le parkour ou encore «l’art du déplacement» est une activit é physique, à mi-chemin entre sport extrême
et
mobilité
urbaine.
Il
consiste à se déplacer en milieu urbain, et
agile,
d’une et
en
manière
rapide
franchissant
les
obstacles avec le plus d’efficacit é possible.
Les
pratiquants
dénommés «traceurs»
(32)
F.17|
Photo – Parkour Park à Paris (HAGS+XMOVE)
sont
.
(30) RIFFAUD Thomas, RECOURS Robin & GIBOUT Christophe: «Sports et arts de rue: être citadins autrement!» , Loisir et Société, 2015, p4. (31) LEBRETON Florian, HÉAS Stéphane, «Urbanité ludique et cultures sportives: analyse de quatre pratiques physiques de l’espace parisien» . Loisir et Société, Taylor and Francis, 2010, N°33 Vol.2, pp.195-219. (32) https://www.legifrance.gouv.fr/jorf/id/JORFTEXT000029375059 (consulté le 12/09/2021)
26
C H APITR E I
SPORT URBAIN
RÉSISTANCE URBAINE
Outre ses bienfaits pour la santé, le parkour valorise l’espace urbain et améliore l’attractivité de la ville en créant une dynamique sociale et communautaire. 3.1.2. La glisse urbaine: Regroupant
toute
discipline
de
déplacement
à
roues,
voire
le
skateboard, le BMX, le roller et la trottinette, la glisse urbaine transforme la ville d’un champ imm obile à un ensemble d’éléments réimaginés et réinventés. Pratiquée au sein de la ville ou dans les espaces dédiés comme les skateparks, la glisse urbaine y introduit des moments urbains de convivialité, de sensibilité et d’expression. Grâce à leur regard décalé et imagination ingénieuse, les pratiquants de glisse réussissent à apercevoir l’inaperçu pour réinterroger les présupposés et revendiquer l’espace urbain. ·
LE SKATEBOARD Composé d’une planche à roues, le
skateboard est une pratique de la ville et dans la ville. Il sert à la fois à se déplacer et à réaliser des manœuvres (tricks). C’est la pratique la plus courante dans le monde de glisse et prend ses racines du surf (3 3 ) . Cette activité connait aujourd’hui plus de variantes hybrides, voire le longboard et le cruise, où on effectue des trajectoires souples et rapides. Le skateboard, une alliance entre mobilité et lucidité, conteste dans son déambulation F.18|
·
Photo – Détourner le mobilier urbain (THRASHER MAGAZINE)
urbaine l’existant et révèle l’informel.
LE BMX C’est la contraction de Bicycle-Moto-
Cross. Ils sont des vélos hybrides, à petite taille, compactes et équipés de roues épais. Les pratiquants de ce sport sont nommés pilotes, bicrosseurs, riders (3 4 ) . Le
BMX
comporte
des
différentes
disciplines: le race, le dirt), le street, et le flatland ( 3 5 )
F.19|
Photo – Un bicrosseur (PINTEREST)
(33) ZARKA, Raphaël, « Chronologie lacunaire du skateboard: une journée sans vague », éditions B42, Paris, France, 2009, p14. (34) https://businessmirror.com.ph/2017/07/22/a-short-history-of-bmx-racing/ (consulté le 12/09/2021) (35) Ibidem.
C H AP I T R E I
27
RÉSISTANCE URBAINE
SPORT URBAIN
·
LE ROLLER Comme le skateboard prend
ses origines du surf, le roller hérite ses caractéristique du patinage sur glace (3 6 ) . Le différents
roller styles;
comprend le
des
roller-quad,
l’agressive et la vitesse. F.20|
·
Photo – Roller (PINTEREST)
LA TROTTINETTE Parfois appelée kick-scooter,
elle est de plus en plus présent e dans les skateparks ou en ville. Apparue dans les années 30 comme un jouet bricolé pour enfants, son design inspira ensuite la conception du skateboard ( 3 7 ) . Sans doute par son hybridité entre skate et BMX, il semble plus facile de réaliser des acrobaties au guidon de cet dispositif. La trottinette s’est propagée dans nos villes aujourd’hui comme
F.21|
Photo – Trottinette rider (PINTEREST)
mode de transport doux, surtout le modèle électrique qui facilite le déplacement avec le moindre effort. Outre la disponibilité des rues et des éléments urbains, les skateparks accueillent ces différentes variantes de glisse urbaine et favorisent leur épanouissement et leur développement. ·
SKATEPARK SAN
VICENTE DEL RASPEIG / DANIEL YABAR L’endroit fortement par tout F.22|
Photo – Skatepark San Vicente Del Raspeig, 2020 (DANIEL YABAR)
la
est
fréquenté
différents au
riders
long
journée,
de
où
ils
partagent et échangent leurs connaissances et confèrent à l’espace une nouvelle identité ( 3 8 ) . (36) (37) 2009, (38)
28
TRAUB Morris, «Roller Skating Through the Years», William-Frederick Press, New-York, 1944, p7. ZARKA, Raphaël, « Chronologie lacunaire du skateboard: une journée sans vague », éditions B42, Paris, France, p13. https://danielyabar.com/en/projects/san-vicente-del-raspeig-skatepark (consulté le 15/02/2021)
C H APITR E I
SPORT URBAIN
RÉSISTANCE URBAINE
3. 2 . L a v i ll e a t h l ét i qu e: La pratique du sport se superpose à la structure urbaine comme un espace alternatif; un microcosme festif qui s’insère dans les moments quotidiens pour démocratiser ces activités et les réconcilier avec l’espace public. Les sports informels les plus connus sont le street workout et le street ball. Outre leur capacité à dynamiser l’espace urbain, le street workout et le street ball cherchent à promouvoir l’activité sportive, l’introduire dans les pratiques quotidiennes et instaurer la sécurité dans les quartiers en difficulté. On va introduire dans cette partie ces 2 pratiques et leurs manifestations spatiales à travers des projets de référence. 3.2.1. Le Street Workout: Le Street Workout ou aussi les «Calisthenics» est un sport à mi-chemin entre la musculation et la gymnastique, pratiqué à l’origine sur du mobilier urbain. Au lieu de soulever des poids lourds au gym, le Street Workout fonctionne sur le principe d’utilisation du propre poids comme résistance (39 ) . ·
MOISSY-CRAMAYEL PARK / ECT Ouverte à tous et accessible librement, cette station de fitness est
installée au cœur du quartier de la Noé à l’île-de-France. Elle se compose de plusieurs modules interconnectés permettant l’exécution d’exercices et de figures variés favorisant la force, l’endurance, la souplesse, l’équilibre et l’agilité.
F.23|
Photo – Moissy-Cramayel Street Workout Park (ECT)
F.24|
Photo – Moissy-Cramayel Street Workout Park (ECT)
2.2.2. Le Street Ball: Le Street Ball est l’ensemble des disciplines informelles des pratiques institutionnelles regroupant les sports de ballon, voire le football, le basketball, le volleyball, le handball etc.. C’est une activité collective qui opère en équipes opposantes et valorise la compétition positive entre eux (4 0 ) . Ils se caractérisent par la négligence de nombreuses règles des sports de (39) https://fr.myprotein.com/thezone/entrainement/la-pratique-du-streetworkout/ (consulté le 15/09/2021) (40) DESCAMPS Yann et VACHERON Ismaël, «Où le ghetto (se) joue» , Géographie et cultures, N°88, 2013, p3.
C H AP I T R E I
29
RÉSISTANCE URBAINE
SPORT URBAIN
ballon traditionnels,et ils privilégient plutôt les actions spectaculaires et spontanées. Les terrains de streetball les plus connus sont ceux de Venice Beach et Rucker Park datant des années 50 (4 1 ) . ·
TERRAIN DE BASKET PIGALLE DUPERRÉ / ILL-STUDIO Niché entre deux immeubles d'habitation à Paris et occupant un
ancien parking, le terrain de basket PIGALLE DUPERRÉ est devenu un point de repère pour son esthétique avant-gardiste et ses interventions créatives en constante évolution. Le terrain a donné naissance à une communauté. D'un parking, il s'est transformé en un lieu qui inspire les habitants et les réunit.
F.25|
Photo – Terrain de Pigalle Duperré (ILL-STUDIO)
F.26|
Photo – Terrain de Pigalle Duperré (ILL-STUDIO)
(41) Ibidem.
30
C H APITR E I
SYNTHÈSE
RÉSISTANCE URBAINE
S YNT HÈ S E CULTURE ALTERNATIVE = informelle et ambiguë
DÉVIANCE
RÉSISTANCE
RECONNAISSANCE
· Délinquance
· Distinction de
· Inclusion dans
· Transgression
l’ordinaire
les
et opposition
scènes
quotidiennes. La ville = support d’expérimentation réapproprié par les activités sous-culturelles Les espaces abandonnés = réinvestis et reconfigurés
ART URBAIN = éphémère et facile à exécuter
FRESQUES MURALES
SPECTACLES DE RUE
Critiquer et réimaginer la réalité Solliciter la curiosité Dynamiser les quartiers Donner de la visibilité à la communauté
SPORT URBAIN = ludique, hyperactif, collectif
SPORT EXTRÊME
STREET ATHLÉTISME
Reconfigurer l’urbain Générer un sentiment d’appartenance Dynamiser les quartiers Améliorer l’attractivité de la ville
C H AP I T R E I
31
RÉSISTANCE URBAINE
CONC LUS I O N ... [la culture urbaine] produit du mouvement dans des lieux que la société a voué à la disparition des regards, redonne vie et humanité au chaos des villes tout en créant de l’imaginaire là où est la norme. Sa complexité en est la force, la générosité son moteur. (4 2 ) Parmi les différentes variantes de résistance urbaine à une société consumériste et lucrative, la culture underground interroge la manière dont on habite l’espace urbain et vocalise les soucis des habitants. Comme la culture alternative connait une vague d’hostilité dans les espaces privatisés et traditionnels, elle s’est réclamée la ville comme suppor t d’expression et d’expérimentation. Les espaces délaissés, résiduels et fragmentés ont interpellé cette culture car ils sont le prolongement de sa nature marginale. À travers le streetart et le sport urbain, la culture underground s’impose au milieu des scènes quotidiennes. Outre leurs aspects protestataires,
ces
mouvements
génèrent
une
dynamique
spatiale et une mixité sociale dans la ville en la reconfigurant et en détournant ses éléments caractéristiques. Ce chapitre nous a donné un aperçu de projets architecturaux et urbains concrets qui explorent la culture alternative en tant qu’activateur d’espace. Il nous a également permis de situer la pratique du skateboard, qui sera le centre d’intérêt de ce mémoire, au sein de cette culture riche, complexe et résistante.
(42) «Étude nationale sur l’art urbain»: une étude commandée en novembre 2018 par le ministère de la Culture à l’association le M.U.R et publié en 2019 sur le site officiel du ministère, p8.
32
C H APITR E I
CHAPITRE II
1. Le Sk ateboar d:
1.1. Un jouet, un sport, une mobilité ou un instrument urbain? 1.2. L’évolution de la pratique 1.3. Hétérotopies et modalités urbaines
2. Le Sk ate- u r ban i sme:
2.1. De l’architecture hostile au Skateurbanisme 2.2. Skate-urbanisme et «Situationnisme» 2.3. Le dilemme des skateparks
SKATE-URBANISME
“I F YOU R C I T Y DOES N’T HAV E A SKATE PAR K , IT IS ONE”
SKATE-URBANISME | LANDSKATE
INTRODUCTION
Plasticien Skateur Français.
RAPHAËL Z A R K A
INTROD UC T I ON «... Le skateboard est avant tout une pratique urbaine. Plus précisément c’est une pratique «de l’urbain», dans le sens où le terrain est véritablement la ville. Le skateur vit et pratique la ville différemment du passant ou même du flâneur ( 1 ) » La réalisation de ce chapitre se basera essentiellement sur la lecture des ouvrages de Raphaël Zarka (2 ) et Iain Borden (3 ) . Ces derniers sont les plus grandes sources dans la scène du skateboard vu qu’ils ont parfaitement réussi à analyser les multiples aspects de la pratique dans leurs écrits. Le skateboard est une expérience urbaine évolutive où le corps, la matière et l’espace se heurtent. En tant que chercheurs d’espaces publics interactifs et surfaces tactiles, les skateurs ont lentement commencé à façonner notre perception de l’espace public et de l’aménagement urbain.
(1) ZARKA, Raphaël, «La conjonction interdite», éditions B42, Paris, France, 2007, p14. (2) Raphaël Zarka (1977) est un plasticien, sculpteur, photographe et skateur français. (3) Iain Borden (1962) est un architecte historien et ex-skateur américain.
34
C hapitre II
S K A T EB OA R D
SKATE-URBANISME | LANDSKATE
1. LE S K A T E BO AR D: AU -DEL À DE L ’ OB J ET On ne peut tout simplement pas limiter la définition du skateboard comme étant exclusivement un objet. Il s’agit d’une conception assez vague et vaste, influencée par la perception de son observateur. Historiquement, le skateboard est autant un jouet qu’une mobilité, mais, comme nous le verrons, il se libère rapidement de ces deux catégories pour s’enrichir de nouvelles potentialités: une activité sportive, un instrument urbain, un moteur artistique, etc, sans jamais être parfaitement et totalement l’un ou l’autre ( 4 ) .
1. 1 . U n j ou et , u n s port, u ne mobi l i té ou u n i nstr ument u rb a i n ? 1.1.1. Un jouet: comprendre pour apprendre: Au moment de son émergence dans les années 50, le skateboard était considéré comme un jeu réservé aux enfants ( 5 ) . Cependant,
cette
acti vité
est
restée ainsi pour certains, comme l’exemple
des
patinettes
et
des
trottinettes. Le
skateboard
est
pratiqué
en
skateparks à taille réduite, dans des parcs polyvalents ou dans la rue. L’e nfant est confronté à un jouet qui ne nécessite aucune assistance externe,
un
mystère
à
résoudre
uniquement par son usager et un casse-tête
créé
pour
lui
et
par
lui. Il découvre le jeu à sa façon,
F.27|
Photo – Jeune skateur à Paris (SEÁN MCGIRR)
selon ses propres règles et sans l’interférence de ses parents, il apprend à s’y adapter indépendamment. Cela le rend d’autant plus intriguant que l’enfant forme une relation d’appartenance avec la planche. Dans ce cadre, Raphaël Zarka (Op.cit) a cherché à décrire le skateboard en tâchant de définir sa place parmi la diversité des jeux et des manières de jouer. Il le qualifie comme « le monde de la prouesse enfantine codifiée et
structurée de manière à toujours laisser libre cours à une certaine anarchie enfantine ( 6 ) ». (4) LOMBARD, Kara-Jane, « Skateboarding: subcultures, sites and shifts », Routledge, New York, États-Unis, 2016, p2 (5) Ibidem, p28. (6) ZARKA, Raphaël, « La conjonction interdite », éditions B42, Paris, France, 2007, p25.
C hapitre I I
35
SK ATE BO AR D
SKATE-URBANISME | LANDSKATE
1.1.2.
Un
sport:
entre
vertige,
compétition et institutionnalisation: Le
skateboard
représent e
une activité sportive qui procure du plaisir aux participants et du divertissement aux spectateurs. Pour les adeptes de l’adrénaline, de la vitesse et du risque, c’est un moyen de manifester leurs aptitudes physiques, de nourrir leurs ambitions F.28|
et de défier leurs compétences. Les
grandes
Photo – Une compétition nationale en USA (IMAGO)
entreprises
sportives; telles que Vans, Nike et Adidas, ont toujours eu ce rituel de soutenir la pratique et ont organisé de multiples compétitions au fil des années. Le but étant, à la fois, de diffuser la culture du skateboard et de bénéficier des profits de l’événement ( 7 ) . Classifié
comme
sport
extrême,
il
témoigne
d’une
vague
d’institutionnalisation après son inscription dans les jeux olympiques en 2020. Ceci implique une vision athlétique selon laquelle le skateboard doit être considéré comme un sport avec des entraînements, des scores et des coachs. Néanmoins, olympique ou non, cette activité se pratique dans les skateparks, comme un sport extrême suscitant toutes les valeurs de compétition positive. Le skateboard est un jeu sportif qui évoque à la fois: – La rigidité de la compétition en tant que valeur définie par des normes et des règlements. – La spontanéité du vertige en tant que sensation d’inconfort et de frisson maîtrisé. 1.1.3. Une mobilité: «Plus rapide que la marche, plus souple que le vélo» ( 8) Les skateurs ont toujours ét é attirés à ce que la ville offre comme expérience urbaine, mais pour en profiter
pleinement,
ils
doivent
être plus conscients de son aspect environnemental. De ce fait, dans certaines villes comme Bordeaux et Barcelone, les
F.29|
Photo – Dog, Skate and Bike, New York, USA (FLICKR)
jeunes ont eu recours à des mobilités éco-responsables, tels que le vélo et le skateboard. (7) ZARKA, Raphaël, « Chronologie lacunaire du skateboard: une journée sans vague », éditions B42, Paris, France, 2009, pp27-30. (8) FANG, Kevin, « Faster than Walking, More Flexible than Biking: Skateboarding as a Real Mobility Mode », Transfers Magazine, 2018.
36
C hapitre II
S K A T EB OA R D
SKATE-URBANISME | LANDSKATE
Même si le vélo semble être le moyen de transport durable le plus utilisé par les gens, les skateboards sont de plus en plus populaires parmi les jeunes, comptant environ 1000 navetteurs en skateboard en Californie ( 9 ) . En effet, les personnes semblent le préférer pour sa légèreté, sa souplesse d’adaptation à tous les environnements et sa facilité de manœuvre. Ceux qui parcourent la ville à la recherche de vitesse et de mobilité fluide, sont connus sous le nom de « cruisers ». Dans ce cadre, Kevin Fang , chercheur dans le domaine des transports,
a
consacré
l’un
des
axes de ses études au skateboard. Il a trouvé que cette mobilité en fait un remède idéal à ce que les urbanistes appellent le « problème
du dernier kilomètre ». Il s’agit des formes de transport F.30|
Photo – Le problème du dernier kilométre, Iran (MATHIAS ZWIK)
disponibles pour couvrir ce dern ier kilomètre pour reliant les principaux
centres aux stations de transport public. On peut le parcourir alors par vélo, taxi ou skateboard ( 1 0 ) . Aussi attractif que puisse paraître ce mode de transport, il fait toujours l’objet de persécutions légales. Certains décideurs politiques considèrent encore le skateboard com me une forme de vandalisme et donc l’interdisent dans plusieurs villes, comme à Bordeaux, la Californie et Washington (11 ) , pour des raisons «sécuritaires». 1.1.4.
Un
instrument
urbain:
activer l’espace public: Comme
nous
précédemment
l’avons
mentionné,
de
nombreux skateurs font de la ville leur terrain. Pour certains, elle n’est perçue mais
que
pour
comme d’autres,
une elle
route, est
le
terrain ultime de la création et de l’expression de soi. Cette pratique est connue sous le nom du « skateboard récréatif », notamment parce qu’elle cherche
F.31|
Photo – Street Skateurs, Tehran, Iran (MATHIAS ZWIK)
à recréer l’espace urbain. Les skateurs voient des potentiels dans les commodités urbaines que l’usager ordinaire ne peut pas visualiser. Sur la base de ces possibilités potentielles, l’espace urbain renaît. (9) FANG Kevin, « Skateboarding for transportation », Springer, 2017, p3 (10) FANG Kevin, « Skateboarding for transportation », Springer, 2017, p4 (11) https://ggwash.org/view/68633/skateboarding-is-good-for-cities.-so-why-is-it-a-crime-in-dc
C hapitre I I
37
SK ATE BO AR D
SKATE-URBANISME | LANDSKATE
Un parking est aussi bien un lieu de stationnement qu’un lieu de patinage, un banc sert autant à se reposer qu’à «grinder», etc... De ce fait, le skateboard réévalue le milieu urbain, réanime l’abandonné et redynamise
Psychologue A m é ri c ai n
JAMES GIBSON
le quotidien.
«Le skateboard reconfigure effectivement le monde dans lequel il se déroule, non pas en le démolissant et en le reconstruisant physiquement, mais en révélant des possibilités jusqu’alors non perçues ( 1 2 ) »
Ainsi, le skateboard se rebelle contre l’usage passif de l’espace public et sa simple contemplation au lieu de son exploitation. Cela fait de cette pratique un activateur urbain. Comme la main de Midas qui transforme tout ce qu’elle touche en or, le skateboard transforme tout élément glissable en vie.
Les
deux derniers aspects du skateboard seront évidemment les
intérêts de ce mémoire vu la relation étroite de la pratique avec la ville et la manière dont les skateurs s’approprient ses éléments urbains, qu’ils soient à la recherche de mobilité durable ou d’espaces réinventés.
1.2. L’é v ol u t i on d e l a p r ati que: 1.2.1.
“Sidewalk
surfing”:
de
l’océan au bitume (1950-1970):
Raphaël
Zarka ,
« Chronologie
skateboard:
lacunaire une
journée
dans
du sans
vague », a retracé l’émergence de cette activité récréative dans le sud de la Californie à la fin des années 1950. F.32|
Photo – Les Californie (-)
jeunes
surfeurs/skateurs
de
Frustrés
en
journées
sans
vagues, les surfeurs ont fixé des
roues de patins à roulettes à des planches de bois dans le but de simuler le surf sur terre ( 1 3 ) . D’où la naissance du skateboard comme une pratique alternative au surf, à la fois agressive et douce. Puisque les raisons d’être du skateboard sont inextricablement liées au surf, ces surfeurs/skateurs cher chaient à imiter le style fluide du surf sur bitume, en développant de longues manœuvres de glissement pour recréer le mouvement des vagues. (12) GIBSON, James, «The ecological approach to visual perception» , Lawrence Erlbaum, Hillsdale, 1986, p147. (13) ZARKA, Raphaël, « Chronologie lacunaire du skateboard: une journée sans vague », éditions B42, Paris, France, 2009, p14.
38
C hapitre II
S K A T EB OA R D
SKATE-URBANISME | LANDSKATE
Autrement dit, toute surface courbe en béton doublait sa vocation pour devenir aussi un terrain, voire une aire de jeu, d’où le squat des fossés et canaux de drainage en béton, la reconquête des chaussées et fameux surnom « Sidewalk Surfing ». 1.2.2.
Pool
era
et
les
Z-boys:
Habiter les piscines (1970-1980): Au début des années 1970, et après l’amélioration révolutionnaire des skateboards, les skateurs ont découvert un nouveau domaine de développement.
Cette
évolution
a été fortement encouragée par le célèbre shop « Zephyr », et ses membres également connus sous
F.33|
le nom de « Z-Boys ».
Photo – Jay Adams, Z-boys, 1978 (CRAIG FINEMAN)
À la fin des années 70, alors que la sécheresse de 1976-77 s’étendait à toute la Californie, les piscines ont été vidées pour économiser de l’eau ( 1 4 ) . Les Z-boys et les skateurs de Cali recherchaient ces piscines publiques abandonnées pour les revendiquer comme terrains et stimu ler leurs compétences. Ils ont réalisé donc des manœuvres plus dangereuses et ont innové de nouvelles techniques. Les piscines ont été réinvesties et renaissent sous forme de « bowls ». Ainsi commença la « pool era », un monde où le « bowl skateboarding » est roi et les Z-boys ses créateurs. 1.2.3. «Vert/Ramp» skateboarding: le DIY et la maîtrise de la gravité (1980-1990): Au début des années 1980, une série de problèmes sécuritaires et
d’assurance
a
contraint
de
nombreux skateparks à fermer. Avec le déclin des skateparks bétonnés,
les
skateurs
ont
commencé
à
construire
des
« halfpipes »
ou
des
« rampes »
à partir de contreplaqué et de planches de bois dans les arrièreF.34|
Photo – Rampe DIY d’une (SKATEBOARDER,VOL.4,N°3)
arrière
cour
cours et les espaces abandonnés ou en friche (1 5 ) .
(14) ZARKA, Raphaël, « Chronologie lacunaire du skateboard: une journée sans vague », éditions B42, Paris, France, 2009, p22. (15) Ibidem, p41.
C hapitre I I
39
SK ATE BO AR D
SKATE-URBANISME | LANDSKATE
Le design imite la courbure des piscines pour compenser l’absence des «bowls» et se construit à une hauteur de 3,7 mètres ou plus (1 6 ) . Ces halfpipes permettaient aux skateurs d’effectuer, d’une manière transitoire et oscillatoire, des manœuvres aériennes verticales à des niveaux de compétence et de complexité inédits. Ainsi est apparu le nouveau style de skateboard connu sous le nom de « vertical/ vert skateboarding » ou « ramp skateboarding ». Ce style a attiré l’attention de l’industrie du sport et l’a incitée à organiser des compétitions qui ont poussé les skateurs à exploiter leur potentiel et qui sont à l’origine des X-Games; les compétitions de sports extrêmes de nos jours. 1.2.4. Street skateboarding et la “recon’skate” de l’espace urbain (1990-présent): À la fin des années 1980, les skateurs o nt reconquis la ville vu sa richesse et son accessibilité à tous. Ils ont continué à redéfinir le skateboard, grâce à la manœuvre du «ollie» ( 1 7 ) , pour reconfigurer les scénarios urbains, allant de la glisse tout le long des gardes corps et des bancs
jusqu’au
des murs
( 18 )
chevauchement
.
La ville, autrefois considérée comme
une
accumulation
d’obstacle s à éviter, est devenue un riche champ de défis à franchir.
F.35|
Photo – Réapproprier le mobilier urbain (NEW YORK TIMES)
Ce champ éclectique prêt à être exploré et exploité reste à ce jour l’habitat naturel préféré des skateurs, car il est toujours évolutif et n’est jamais statique. Les skateurs se rencontraient, «skataient» et se retrouvaient dans et autour de zones urbaines appelées «spots», qui étaient généralement des rues, des places ou des zones industrielles (1 9 ) . Une fois de plus, le skateboard a été le centre d’attention de l’industrie du sport, ce qui a entraîné la création de skateparks spécialement aménagés. Ainsi, les street skateurs ont ramené le skateboard à ses origines et ont repris la décolonisation de l’espace urbain que leurs prédécesseurs avaient entamée des décennies plus tôt. (16) Ibidem. (17) L’année 1976 a radicalisé l’histoire du skateboard avec la naissance de la plus célèbre figure, la «ollie». Cette dernière a débuté depuis les parois des piscines vidées, les patineurs tentant d’atteindre le bord carrelé et de sauter par-dessus. Elle consiste à sauter tout en gardant la planche collée aux pieds. (18) ZARKA, Raphaël, « Chronologie lacunaire du skateboard: une journée sans vague », éditions B42, Paris, France, 2009, p53. (19) Ibidem, p61.
40
C hapitre II
S K A T EB OA R D
SKATE-URBANISME | LANDSKATE
« En détournant les objets qui composent l’environnement
A rc h i te c te Fran ç ai s
MILOS XIRANDAKIS
1. 3 . H ét érot op i es et modal i tés ur bai nes: urbain, en allant jusqu’à les renommer et à faire les points de repère dans une géographie recomposée, le skateur se crée sa propre ville
( 20 )
»
Dans ce cadre, Iain Borden , un professeur en histoire de l’architecture, mentionne dans son ouvrage «Skateboarding, space and the city» que cette expérience irréprochable s’inscrit dans le prolongement d’une notion évoquée en 1967 par le philosophe français Michel Foucault : c’est l’ hétérotopie (21) . Il met en analogie cette théorie avec la pratique du skateboard et établit les points en commun entre ces deux. Ce terme, d’origine grec ancien combinant le ( “topos”, “lieu” ) et ( “hétéros”, “autre” ), renseigne sur « un lieu autre ». L’hétérotopie se définit, d’après Foucault , comme « une localisation
physique de l’utopie; un lieu destiné à un objectif et à un groupe souvent ordinaire, qui est ensuite réaffecté, de manière surprenante et parfois utopique, par un autre groupe pour une période du temps (2 2 ) ». Autrement dit, ce sont des espaces
concrets
hébergeant
l’imaginaire, des lieux à l’intérieur d’une
société
qui
obéissent
à
des règles qui sont autres, qu’ils soient initiatiques, transgressifs ou stimulants. À ne pas confondre avec les utopies, qui consistent en une réalité alternative irréelle par opposition
F.36|
Photo – Mirror Garden, Archstudio (NING WANG)
ou perfection, les hétérotopies s’enracinent dans des espaces tangibles et les revendiquent comme de véritables fondations pour reconfigurer une réalité. Borden explique que les skateurs s’épanouissent dans les espaces vacants –qu’il s’agisse d’un escalier isolé, d’un parking désaffecté ou sous les arches d’une autoroute– ils sanctifient leur environnement, supplantant l’absence par une hétérotopie partagée propre à eux et utilisant l’espace urbain omniprésent d’une manière directement contradictoire à l’utilisation initialement prévue ( 2 3 ) . En revanche, Foucault considère le musée d’art et tout espace d’exposition
comme
une
« hétérochronie »;
une
hétérotopie
de
temps
(20) XIRANDAKIS, Milos, «Faire (de) la planche en ville» , revue Spirale, Érès, Paris, France, 2013, Vol4, N°68, p22. (21) BORDEN, Iain, «Skateboarding, space and the city», Berg, Oxford, 2001, (voir chapitre « Another pavement, another beach» , p5.) (22) FOUCAULT, Michel, « Des espaces autres: utopies et hétérotopies », texte transcrit d’une conférence en 1967 et publié par le journal Architecture /Mouvement/ Continuité en 1984, p3. (23) BORDEN, Iain, «Skateboarding, space and the city», Berg, Oxford, 2001, (voir chapitre « Another pavement, another beach» , p7.)
C hapitre I I
41
SK ATE BO AR D
SKATE-URBANISME | LANDSKATE
qui s’accumule, un lieu qui se situe en dehors des lieux et des moments spécifiques, face à sa collection qui est à la fois préservée et construite (2 4 ) . La notion poignante d’accumulation met en lumière la nature fluide de l’hétérotopie « capable de juxtaposer dans un même lieu réel, plusieurs
espaces, plusieurs sites qui sont en eux-mêmes incompatibles (2 5 ) .» Indépendamment de la dichotomie entre les skateurs et les espaces d’expositio n, il existe un chevauchement évident entre les sphères culturelles. Pour Foucault , les territoires du skateur et du sculpteur sont «juxtaposés» et «incompatibles», mais les espaces publics des centres-villes ne peuvent pas occuper séparément la culture mainstream et la culture alternative. Dans ce cadre, Raphaël Zarka, un plasticien et skateur français, explore cette dimension hétérotopique du skateboard en 2017, dans sa contribution à l’exposition co-organisée par l’EACC (Espai d’Art Contemporani de Castelló) et BPS22 (Musée d’art de la Province de Hainaut à Charleroi). Sa
contribution
porte
sur
2
disciplines,
l’une
est
une
série
de
photographies intitulée « Riding Modern Art » et l’autre est un ensemble de sculptures géométriques intitulé « Paving Space ». Riding Modern Art: La
série
photographique, qu’il a collectée auprès de divers
photographes
internationaux, étudie la
relation
entre
le
et
les
skateboard sculptures
modernes
des espaces publics. Pour l’art
public
Zarka , est
un
F.37|
Photo – Amsterdam, 2017 (GUILLAUME PÉRIMONY)
F.38|
Photo – Utrecht, 2014 (MARCEL VELDMAN)
skatepark prêt à être exploré, redéfini et revécu. Il s’intéressait au rapport à l’art qu’induit une telle appropriation. Les considérations esthétiques ont été remplacées par la compréhension et l’expérience de la dynamique et des mouvements offerts par une œuvre devenue praticable au même titre qu’un muret ou une main courante. L’idée du mouvement dans ces pièces souvent abstraites et géométriques est rendue visible par les skateurs, traduite en physique pure et en énergie brute. Tout comme les skateurs reconfigurent les bancs, escaliers, trottoirs et autres meubles urbains, ils donnent un nouveau sens à l’art public. (24) FOUCAULT, Michel, « Des espaces autres: utopies et hétérotopies », texte transcrit d’une conférence en 1967 et publié par le journal Architecture /Mouvement/ Continuité en 1984, p7. (25) Ibidem, p6.
42
C hapitre II
RAPHAËL Z A R K A
S K A T EB OA R D
SKATE-URBANISME | LANDSKATE
« Contrairement au critique d'art, le skateur ne cherche pas le 'non-
dit' d'une œuvre d'art, son sens caché. Un skateur ne "traduit" pas une œuvre d'art non plus, même si ce qu'il fait est similaire à un certain degré seulement... Comme un acteur ou un musicien, le skateur joue l'œuvre. C'est une performance à part entière (2 6 ) »
Paving Space: En ce qui concerne les installations sculpturales, «Paving Space» transforme l’impressionnant hall du musée en un skatepark, un endroit qui estompe les frontières qui séparent le musée et l’espace public. L’acte
scénographique
est
également
observable
depuis
une
mezzanine. Le hall d’exposition devient un espace hybride où les skateurs et les spectateurs doivent établir leurs propres cadres de cohabitation.
F.39|
F.41|
Photo – Paving Space, 2017 (MAXIME VERRET)
Photo – Paving Space, 2017 (MAXIME VERRET)
Les skateurs doivent, à la fois, s’adapter aux formes brutes des modules en bois et à l’espace du musée, avec ses galeries étroites, qui obstruent leurs trajectoires et limitent leurs motions. Le musée, un espace défini par sa protection contre le chaos du monde extérieur, doit intégrer la figure perturbatrice du skateur. Cette principe les
incompatibilité
actif
pratiques
transformées
Paving
du
sont par
les
est
le
Space :
testées
et
objets;
les
objets sont réinventés par des gestes inédits; l’espace est renouvelé par des flux inattendus. Cela
révèle
l’hétérotopie n’est
qu’elle
de
la
théorie
Foucault,
l’accentue;
si
de ce
F.40|
Photo – Paving Space, 2017 (MAXIME VERRET)
cette
incompatibilité inévitable mais juxtaposée de la pratique hétérotopique du skateboard et de la nature hétérochronique des musées. (26) https://www.telerama.fr/sortir/pour-raphael-zarka,-lart-public-est-un-skate-park,n5273163.php
C hapitre I I
43
SK ATE BO AR D
SKATE-URBANISME | LANDSKATE
Zarka
aborde
la
pratique
du skateboard comme une sorte de pour
réécriture un
d’espaces
usage
conçus
particulier,
pour
ensuite les transférer à sa pratique artistique. L’artiste a conçu ces modules en les amplifiant à l’échelle des installations
urbaines
et
en
leur
permettant ainsi d’être utilisés par
F.42|
Photo – Paving Space, 2017 (MAXIME VERRET)
les skateurs ( 2 7 ) . En conséquence, ces derniers doivent s’adapter aux sculptures de
Zarka de la même manière qu’ils cooptent les objets qu’ils trouvent dans l’espace public. Paving space convoque des corps entiers, avec du rythme, du mouvement et du sens; des paramètres qui sont à chaque fois en train de se transforme r et de s’anamorphoser. Ainsi, les sculptures ne sont pas terminées tant qu’elles n’ont pas été patinées. Avec cette installation, Zarka passe donc de la « sculpture documentaire » à la « sculpture instrumentale » qui, à ses yeux, fonctionne comme une symphonie que les skateurs déchiffrent et interprètent.
(27) LÉGER, Nina, « Raphaël Zarka: Paving Space », Carhartt, a Skateboarding Annual, n°3, 2017, p 58
44
C hapitre II
S K A T EB OA R D
SKATE-URBANISME | LANDSKATE
S YNT HÈ S E LES DIFFÉRENTS POINTS DE VUE:
Un jouet
Un sport
Une mobilité
Un instrument urbain
L’ÉVOLUTION DE LA PRATIQUE: 01. SIDEWALK SURFING
03. VERT/ RAMP SKATING Réinvestir les piscines vidées.
1950
Reconquête de l’espace urbain.
1970
1980
La rue comme terrain.
1990
Construire des «halfpipes» bricolées. 02. POOL ERA ET LES Z-BOYS
04. STREET SKATING
HÉTÉROTOPIES ET MODALITÉS URBAINES: LA THÉORIE Hétérotopie: · Un lieu autre · La localisation physique de l’utopie Hétérochronie: · Accumulation de temps · Juxtaposition d’éléments incompatibles
C hapitre I I
ANALOGIE AVEC LA PRATIQUE Skateboard · = Pratique transformatrice · = Hétérotopie urbaine
CONCRÉTISATION Riding Modern Art: · Réapproprier les sculptures urbaines
Paving Space: · Le skateur donne sens aux sculptures lorsqu’il les exploite
45
SK ATE - U R BANISME
SKATE-URBANISME | LANDSKATE
2 . LE S K AT E -UR B AN I SME: Depuis les années 1970, lorsque les skateurs ont commencé à s'approprier les espaces publics pour leur propre usage, les architectes ont été complices des responsables municipaux pour décourager la pratique du skateboard. Le skate a été criminalisé pendant des années, perçu comme « une
pathologie urbaine ( 2 8 ) » et donc interdit de l’espace public. Cette attitude a perduré pendant des décennies et est encore adoptée dans quelques villes. Bien que cela soit décourageant, ces dernières années ont été marquées par une nouvelle approche accueillante dans le paysage urbain, faisant de la ville un environnement «skate-friendly» et reconnaissant les avantages sociaux et urbains du skateboard.
2.1. De l ’ a r c h i t ec t u r e hosti l e au sk ate-u r ban i sme: Intrinsèquement skateboard
de
rue
urbain, est
le
présent
partout, qu’il soit toléré ou rejeté. Cela
implique
qu’il
se
pratique
également là où il peut perturber la tranquillité ambiante de certains quartiers, places ou rues. De ce fait, les skateurs se trouvent repoussés des espaces publics par le recours à des dispositifs hostiles ou comme les
décideurs
les
déguiser
urbains en
aiment
à
«architecture
défensive» . Ces dispositifs sont également des opérations sécuritaires de la «prévention politique
situationnelle»;
préventive
contre
une la
F.43|
Photo – Skateboarding is not a crime (PINTEREST)
délinquance par la réduction de la sensation d’insécurité. Elle implique l’utilisation de moyens urbains ciblés afin de rendre les espaces moins criminogènes (2 9 ) . Certes, dans plusieurs cas, ces opérations ont été pour le bénéfice des habitants mais il semble que l’évolution de cette politique tend vers la création des individus paranoïaques et des communautés de solitaires, repliés sur eux-mêmes et traitant toute forme de différence comme une intrusion. (28) HOWELL, Ocean, « The Poetics of Security: Skateboarding, Urban Design, and the New Public Space », 2001, pp1-2. (29) CHALUMEAU, Éric, « Prévention sociale, prévention situationnelle, fondements complémentaires d’une politique de sécurité ». Les cahiers du DSU, pp 11-14.
46
C hapitre II
S K A T E- U R B A NI SM E
SKATE-URBANISME | LANDSKATE
Cela a entraîné la répulsion de certains individus de l’espace public au profit d’autres, les citoyens étant devenus décideurs de leur environnement. D’où la conception des lieux défensifs plutôt que des lieux défendables et la naissance de l’architecture «défensive». Dans sa forme d’oppression la plus subtile, l’architecture hostile se contente de panneaux d’interdiction de toutes pratiques informelles, on trouve des espaces prohibant le graffiti, le skateboard, les squats des sdf, etc... Cependant, dans la plupart des cas, les conceptions hostiles se permettent d’utiliser des greffes agressives sur le mobilier urbain pour dissuader ces activités délinquantes. En détournant l’espace public, le skate en remodèle les éléments et, dans une certaine mesure, il les «déforme». Lorsqu’il s’agit de
F.44|
Photo – Panneaux d’interdiction (PINTEREST)
la sécurité des usagers urbains,
«le skateboard est une pratique hors-piste qui partage son terrain de jeux avec ceux qui ne jouent pas (30) » . Ainsi, les skateurs risquent leur bien-être et celui des autres en effectuant des figures extrêmes et dangereuses. Par conséquent, des mesures sécuritaires ont été prises à l’égard de cette pratique. En effet, le traitement du skate connaît son apogée dans la mise en œuvre des «skate-stoppers»; un dispositif anti-skate placé au cœur de l’espace public. Ces dispositifs varient de la mise en place d’encoches, des pics ou d’autres potelets sur les bancs, les jardinières et rampes, jusqu’aux par-terres de galets ( 3 1 ) .
F.45|
Photo – Pics anti-skate (MARK VALLÉE)
F.46|
Photo – Lame anti-skate (MARK VALLÉE)
F.47|
Photo – Encoche anti-skate (MARK VALLÉE)
Évidemment, ces équipements rendent la pratique du skate plus complexe, si pas impossible, ainsi empêchant les skateurs d’approprier le mobilier urbain et le vandaliser. (30) ZARKA, Raphaël, « La conjonction interdite », éditions B42, Paris, France, 2007, p11. (31) GURBERT, Lucien, «Dispositifs défensifs & prévention situationnelle: entre fantasmes policiers & réalité urbaine» , Mémoire de Master à l’École Nationale Supérieure d’Architecture de Nantes, France, 2016, pp 10-14.
C hapitre I I
47
SKATE-URBANISME | LANDSKATE
SK ATE - U R BANISME
Bien souvent, cette stricte interdiction, qui parfois s’accompagne d’une présence policière, ne semble pas tant dissuader les skateurs, au contraire, elle ne fait que leur présenter un obstacle à surmonter davantage. Dans
ce
Seb
cadre,
un
designer
graphique
a
critiqué
cette
Price ,
Londonien,
politique
de
marginalisation dans un projet urbain ironique
GENERATIONS » Il
« INVEST
intitulé (32)
installe
IN
FUTURE
. des
skate-stoppers
éphémères tout au long des éléments urbains fréquemment appropriés par F.49|
Photo – Skate-stopper “FUTURE” (SEB PRICE)
les skateurs et compose les citations
médiatisées par les aménageurs urbains. Autant les gens pensent que le skateboard est une nuisance à abolir, autant certains s’orientent vers une approche plus inclusive de cette pratique. En effet, ces dernières années ont témoigné d’espaces urbains plus hybrides et inclusifs, permettant à cette minorité de contribuer à la dynamique de la ville, voire de la générer. Le
skate-urbanisme
naît
de
la reconnaissance des avantages sociaux et urbains du skateboard. Il
célèbre
cette
pratique
et
lui
donne l’opportunité de se déployer et
d’évoluer
naturel.
Cette
démocratiser
dans
son
approche le
habitat vise
skateboard
à en
l’intégrant dans le paysage urbain; soit par la construction d’un réseau de
skateparks
ou
parcs
urbains
«skate-friendly», d’où la notion du «landskate» ( 3 3 ) , soit par l’injection de mobiliers «skatables» sans pour autant être exclusivement dans un espace dédié au skate. La présence de plus en plus importante des «skatarchitectes» ( 3 4) a conduit à la création de bureaux d’études
capables
de
F.48|
Carte – Visualisation des agences d’architecture intéressées au skate en Europe (TRAVAIL PERSONNEL+ SITES OFFICIELS DES AGENCES)
favoriser
(32) https://sidewalkmag.com/skateboard-news/defensive-architecture.html (33) Le terme dérive du “landscape” et “skate”, et indique l’établissement d’un lien direct de continuité avec le paysage environnant à travers les skateparks. (34) Architectes et urbanistes qui sont à la fois des skateurs ou ex-skateurs, et donc des experts des deux domaines. Ils consacrent principalement leurs conceptions aux espaces dédiés au skateboard ou des espaces «skate-friendly».
48
C hapitre II
S K A T E- U R B A NI SM E
SKATE-URBANISME | LANDSKATE
la conception d’espaces inédits pour le skate. Dans toute l’Europe, on estime aujourd’hui à plus qu’une dizaine le nombre de bureaux travaillant exclusivement, semi-exclusivement ou sporadiquement sur des espaces dédiés au skateboard de toutes sortes. En effet, Bordeaux, Copenhague et Barcelone ont été les plus grands laboratoires vivants du skate-urbanisme, où la limite entre espace public et espace «skatable» s’efface.
DÉDIÉ AU
NOMBRE DE
CRÉATION
SKATE
PROJETS
daniel yabar
2011
oui
20
skate-architects
2002
oui
30+
scob
2005
non
6
constructo
2000
oui
100+
h a l l 04
2006
oui
20+
l’escaut
1989
non
4
mba
1997
non
3
lndskt
–
oui
20
yamato living ramps
2012
oui
40
sne
2006
oui
20+
–
non
3
glifberg+lykke
2009
oui
18
effekt
2006
non
4
Pivotech
2008
oui
35
–
oui
50+
NOR VÈGE
betongpark
–
oui
20
FIN LANDE
janne saario
2006
oui
20+
AGENCES
E SPAGNE
DATE DE
PAYS
FRANCE BELGIQUE ALLEMAGNE DANEM ARK SUÈDE F.50|
1:1
landskab
Placed
to ride
Tableau – Inventaire des agences d’architecture intéressées au skate en Europe (TRAVAIL PERSONNEL+SITES OFFICIELS DES AGENCES)
C hapitre I I
49
SK ATE - U R BANISME
SKATE-URBANISME | LANDSKATE
Cet engouement indéniable pour le skate-urbanisme émane de la conscience que le skateboard, contrairement aux croyances communes sur sa nature criminelle et délinquante, s’est avéré lutter contre ce que sa réputation évoque. Outre, selon Ocean Howell , professeur agrégé à l’université de l’Oregon, l’intégratio n de skateurs dans les espaces publics peut être utilisée comme une tactique de réactivation communautaire. Prenant l’exemple du LOVE Park aux É tats-unis, les skateurs ont contribué à attirer toute une série de personnes créatives et à améliorer les zones à risque auparavant connues pour leurs activités de drogue et de vols (3 5 ) . En activant des espaces dormants et en créant des opportunités d’interaction entre différents groupes, le skateboard permet à la ville de susciter un lien d’appartenance plus fort avec l’espace public. D’anciens espaces sous-utilisés qui connaissaient des problèmes de criminalité ont soudainement accueilli des communautés dynamiques et engagées. Cependant, l’utilisation du skate comme tactique de réactivation ou de revitalisation d’un espace urbain doit être surveillée de près et doit se faire en partenariat avec les municipalités, afin de ne pas évincer les populations actuelles. On cite le cas de la ville de Bordeaux, où l’initiative de «Skate(Z) Zen» ( 36) a instauré le dialogue entre la mairie, les riverains et les skateurs à travers des régulations horaires de la pratique dans les espaces publics du centre ville ( 3 7 ) . Dans ce cadre, on propose d’étudier un projet de référence dont l’approche du skate-urbanisme repose principalement sur le réinvestissement de lieux délaissés afin de susciter un environnement plus convivial pour les skateurs et les résidents.
MOSCOU,
2017
01
SKATESPOT NEAR THE KRYMSKY OVERPASS / SNOHETTA + STRELKA KB Reconversion d’un parking sous un viaduc en skatespot. Contexte: paysage urbain au cœur du centre
RUSSIE
ville. Apport: · Réconcilier la pratique avec l’espace public · Dépasser la conception stéréotype des skateparks.
(35) HOWELL, Ocean, «The Creative Class and The Gentrifying City: Skateboarding in Philadelphia’s Love Park» , Journal of Architectural Education, N°59, Vol 2, 2005, pp 32-42. (36) Une médiation entre skateurs et riverains bordelais dans le cadre d’un schéma directeur général préparé par la municipalité de Bordeaux et les skateurs en 2017. (37) https://www.bordeaux.fr/p123151/l-usage-du-skate-a-bordeaux#l-experimentation-en-cours
50
C hapitre II
S K A T E- SP OT U NDER T H E K R Y MSK Y O V E R PASS
SKATE-URBANISME | LANDSKATE
2.1. 1. A SKATE-SPOT NEAR THE KRYMSKY OVERPASS SN OH ET T A ST R EL K A KB ST R EL K A AR C H I T EC T S EMPLACEMENT: MOSCOU, RUSSIE SUPERFICIE: 470 m² ANNÉE: 20 17
C ONTEXTE GÉNÉRAL
Le skatespot est situé sous un viaduc et entre deux voies d’accès, et se présente dans le cadre d’un projet de restructuration urbaine de Garden Ring; une avenue circulaire autour du centre de Moscou. Le skatespot offre un nouvel espace social pour la jeune population de Moscou. Le studio norvégien Snohetta, avec Strel ka KB, et Strelka architects ont collaboré avec la fédération de skateboard et le producteur russe d’équipement de skatepark Tsekh.
C hapitre I I
51
SK ATE - SPO T U ND E R TH E K R Y MSK Y O V E R PASS
SKATE-URBANISME | LANDSKATE
ÉTAT INITIAL: Avant la reconstruction, cet endroit était utilisé comme parking. Il était donc assez abandonné, sans âme et non fréquenté qu’en cas de stationnement des véhicules. Le trottoir longeant le bâtiment de l’autre côté était mal exploité, étroit et difficile à circuler. Il accueillait un flux important de piétons vu la proximité à la station du métro. La chaussée était très large et privilégiait le stationnement des véhicules au lieu d’avoir une piste piétonne confortable.
F.51|
Photo – Street View, 2015 (GOOGLE EARTH)
F.52|
Photo – Street View, 2015 (GOOGLE EARTH)
LA RECONVERSION: Après la reconversion, l’espace est devenu un repère pour les skateurs constituant un nouveau point d’attraction pour les jeunes. Le spot, évidemme nt, est devenu un spectacle de rue pour les passants, et une pratique quotidienne pour les fréquentateurs de l’endroit. En outre, le trottoir du bâtiment opposant a été élargi privilégiant la circulation piétonne et réaménagé en injectant du végétal.
F.53|
Photo – Street View, 2019 (GOOGLE EARTH)
La
rénovation
du
F.54|
Photo – Street View, 2019 (GOOGLE EARTH)
trottoir
comprend aussi l’introduction de quelques assises servant à la fois tro
comme mobilier urbain et comme plateforme “skatable”. Ceci rend l e trottoir une extension du skatespot
tto
ir r éa mé n
ag
é
et une continuité de cet usage en dehors de ses limites. Le
spot
profite
d’une
vue
traversante sur la place Krymskaya,
F.55|
Axono – Reconversion (ARCHDAILY)
où beaucoup roulent déjà à Moscou
52
C hapitre II
S K A T E- SP OT U NDER T H E K R Y M SK Y O V E R PASS
SKATE-URBANISME | LANDSKATE
ou essaient de monter sur la planche pour la première fois. Le nouvel endroit a ajouté les pièces manquantes.
F.57|
Coupe – Vue sur la place Krymskaya (ARCHDAILY)
Le spot est assez petit et est entouré de voies véhiculaires très mouvementées des deux côtés. Les architectes ont eu recourt à des hautes clôtures avec des filets de sécurité pour éviter les accidents et le contact avec les flux de part et
d’autre
tout
en
gardant
une
connexion visuelle avec l e milieu. Ainsi, le skatepark assure la sécurité des skateurs et des passants au même temps. Pour éviter l’aspect monotone et brutaliste associé à l’activité, le sol a été rempli de béton ciré coloré. F.56|
Photo – Fragment de la clôture (ARCHDAILY)
SYNT H È S E Le spot a dépassé la conception stéréotypée des skateparks et s’est plutôt implanté au cœur du centre-ville de Moscou. Les architectes ont animé la zone en transformant l’espace d’un lieu inhabitable à un lieu habité et en gardant l’espace ouvert, flexible et suggestif d’une infinité d’appropriations et d’improvisations par les usagers. L’e space a généré des dynamiques sociales et a renforcé les liens d’appartenance dans la communauté. Ils ont réussi aussi à réconcilier la pratique avec l’espace public tout en répondant aux besoins des piétons et des skateurs sans pour autant privilég ier l’un ou l’autre.
C hapitre I I
53
SKATE-URBANISME | LANDSKATE
SK ATE - U R BANISME
2. 2. Sk a t e- u r b a n i s m e et «Si tu ati oni sme»: Les skateurs interprètent et vivent la ville d’une manière singulière. Ils scrutent constamment l’urbain à la recherche d’espaces pouvant être « skatables » et possèdent un regard architectural inédit qui voit les potentiels inexploités de la ville en la dépouillant de ses formes, textures et surfaces. Outre, ils subissent la routine de fréquenter les lieux établis ou comme ils les appellent « spots ». Cependant, de temps en temps, les skateurs partent à la recherche de nouveaux terrains favorables, parcourant la ville aveuglés par l’appétit des formes. De ce fait, Iain Borden explore dans «Skateboarding, space and the
city» les similitudes flagrantes avec les situationnistes, où les skateurs dévoilent la structure cachée de la ville à travers l’expérience ludique de la « dérive », du « détournement » et de la « psychogéographie »
(38)
F.58|
Photo – Graffiti à Paris, 1968 (INVENTIN)
.
En 1957, l’Internationale Situationniste (IS) voit le jour. Ce mouvement avant-garde, dont l’un de ses protagonistes est l’écrivain français Guy Debord, critique l’urbanisme fonctionnaliste et la société capitaliste mais également opère un dépassement de l’art dans un projet de création absolue; un projet (38) BORDEN, Iain, «Skateboarding, space and the city», Berg, Oxford, 2001, (voir chapitre « Speaking the city: Skateboarding Subculture and Recompositions of the Urban Realm» , p19)
F.59|
54
Illustration – Le skateur dériviste (TRAVAIL PERSONNEL)
C hapitre II
S K A T E- U R B A NI SM E
SKATE-URBANISME | LANDSKATE
artistique qui puisse envahir la monotonie de la vie quotidienne (3 9 ) . De bord dénonce l’urbanisme fonctionnaliste et propose l’alternative de «l’urbanisme unitaire» com me instrument critique renversant l’organisation de l’espace. Il qualifie le fonctionnalisme comme déshumanisant des espaces publics en les remplaçant par des «spectacles», c’est-à-dire les rendre des produits plutôt que des commodités (4 0 ) . Submergée par les «junkspaces» (41 ) , la ville capitaliste reflète la «société marchande» (4 2 ) et ses spectacles, alors que la ville situationniste reflète la société ludique et ses hétérotopies. En revanche, Debord propose un «urbanisme unitaire» qui «emploie
l’ensemble des arts et des techniques comme moyens coopérant à une composition intégrale de l’environnement (4 3 ) » . Cela implique la mise en motion des tactiques comportementales d’exploration et d’appropriation de la ville, voire la psychogéographie, la dérive et le détournement. Le terme «psychogéographie» a été inventé par Debord en 1955. Il désigne une manière ludique et inventive d’explorer un environnement urbain, en recherchant les émotions et la conscience plutôt que la structure définie de manière routinière (4 4 ) . Il s’agit alors d’une expérience sensorielle de la ville, une recherche d’ambiances motivée par le moyen de plaisir et de jeu plutôt que par l’envie de consommer. La «dérive» désigne «la pratique d’un dépaysement passionnel par le
changement hâtif d’ambiances, en même temps qu’un moyen d’étude de la psychogéographie ( 4 5 ) ». Autrement dit, c’est une technique de passage (39) HOWELL, Ocean, « The Poetics of Security: Skateboarding, Urban Design, and the New Public Space », 2001, p6. (40) DEBORD, Guy, « La société du spectacle », Éditions Buchet-Chastel, Paris, 1967. (41) Un néologisme inventé en 2011 par Rem Koolhaas dans son œuvre « Junkspace: Repenser radicalement l’espace urbain » et désigne les éléments standardisés identiques et répétitifs constituant la ville moderne; ce sont les espaces épuisés par la surconsommation et non par le vécu. Ex: les parkings, les malls, les grattes-ciel... (42) DEBORD, Guy, « La société du spectacle », Éditions Buchet-Chastel, Paris, 1967. (43) DEBORD, Guy, « Rapport sur la construction des situations et sur les conditions de l’organisation et de l’action de la tendance situationniste internationale », Inter, N°44, 1989, p14. (44) Ibidem, p16 (45) Ibidem, p17.
C hapitre I I
55
SK ATE - U R BANISME
SKATE-URBANISME | LANDSKATE
F.60|
Bande Dessinée – Détournement de la vie quotidienne, 1968 (SITE WEB DES ARCHIVES INVENTIN)
rapide à travers des ambiances variées. Ces dernières étant un mélange savant de formes, d’éclairages, de couleurs, de sons et d’odeurs. Elle
se
distingue
classiques sa
de
spontanéité
des
notions
promenade et
se
par
rapproche
d’une flânerie sensoriellement plus consciente. La dérive inspirée par l e flâneur est un acte de déambulation dans la ville sans itinéraire fixe et sans horaire déterminé. Le sa
«dériviste»
propre
l’environnement l’acte
construit
expérience urbain
de
à
de travers
«détournement»
référant à la prise de conscience de
la
monotonie
commercialisés
et
des la
espaces prise
F.61|
Schéma – Section française de l’Internationale Situationniste, Nouveau théâtre d’opérations dans la culture, 1958 (SITE WEB DES ARCHIVES INVENTIN)
de
position de les transgresser et les réapproprier par le moyen de l’art et du plaisir, tout en évitant les intentions élitistes et institutionnalistes (4 6 ) . Debord a considéré le graffiti, le pastiche et le sticker et tout forme d’art informel ou «guérilla» ( 4 7 ) comme des exemples de détournements urbains. Cependant, cette théorie excentrique n’est pas restée un simple écrit à ajouter sur un rayon de philosophie révolutionnaire d’après-guerre dans une bibliothèque. Les situationnistes ont essayé de concrétiser leurs idées dans une approche plus expérimentale sur le plan spatial, s’engageant ainsi dans une errance non conventionnelle et cartographiant leurs balayages atmosphériques de la ville selon leurs intuitions. Debord a évidemment documenté son expérience dériviste au cœur de Paris dans une série de cartes intitulées « Guide psychogéographique de Paris.
Discours sur les passions de l’amour », où il met en évidence le concept des (46) Paru dans la conférence «Internationale Situationniste», N°1, Juin 1958. (47) Des actions informelles ou activités réalisées de manière impromptue, souvent sans autorisation.
56
C hapitre II
S K A T E- U R B A NI SM E
SKATE-URBANISME | LANDSKATE
« plaques tournantes » qui consistent en unités d’ambiances autonomes mais interconnectées par des effets psychogéographiques. l’agencement
Il
révèle
psychologique
et
social de la ville, ainsi que de son agencement spatial ( 4 8 ) . Le
skateboard,
pratique se
étant
purement
présente
comme
manifestations
une
ludique, une
des
du
détournement
les
situationnistes
urbain. Comme
dérivistes, les skateurs sont poussés par la critique de la vie quotidienne et
la
recherche
ils
veulent
et
construire
des
détourner ces
sensations, la
réalité
situat ions
qui
F.62|
Carte – Les « plaques tournantes », 1957 (GUY DEBORD)
formeraient de nouvelles ambiances où les désirs seraient satisfaits. Même s’ils ne vont pas aussi loin dans la revendication de l’aspect subversif de leur pratique, il y a aussi une critique inhérente de la ville fonctionnaliste et de son pouvoir aliénant. Le skateur, dans sa déambulation ambiguë et spontanée, forme une carte mentale «rhizomatique» (4 9 ) tissant ces fragments de «situations construites» ou encore «spots» autonomes et enrichissant l’aventure de la glisse urbaine. La rue, le trottoir, le panneau de direction, les rythmes des voitures et des piétons, etc... dialoguent avec le skateur dériviste et définissent sa dérive. Ce sont les paramètres ambiants qui dominent sa envie de reconquérir un endroit déterminé et influencent par la suite la manière dont il le détourn e.
(48) https://www.frac-centre.fr/_en/art-and-architecture-collection/debord-guy/guide-psychogeographique-paris-discours-sur-lespassions-l-amour-317.html?authID=53&ensembleID=135 (49) Dérivé du concept du Rhizome et développé par Gilles Deleuze. Il désigne un réseau qui relie des points dispersés et sans rapport, sans pour autant qu’ils aient des caractéristiques de même nature.
C hapitre I I
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SK ATE - U R BANISME
SKATE-URBANISME | LANDSKATE
Cette errance sensible a amené les skateurs à définir les critères du choix d’un spot selon les circonstances de sa «rideability» (5 0 ) . Fredrik Angner, un architecte suédois, a établi une série d’interviews avec une vingtaine de skateurs et a essayé de dégager ces paramètres (5 1 ) , dont il cite: – Facilité de son accessibilité – Les qualités physiques de ses éléments constitutifs: matériaux robustes et surfaces lisses – Configuration minimaliste et ouverte – Connectivité avec les autres spots – Authenticité: le spot doit être trouvé – Réinterprétabilité: le spot doit être évolutif et multifonctionnel – Unicité de son identité – Défi: le spot doit présenter des obstacles à franchir – Sérénité: moins de distraction – Imprévisibilité: mixité sociale – Contexte environnant: paysage urbain ou naturel – Proximité des commodités – Dynamique et variation des scénarios Dans l’occasion d’analogie entre le mouvement situationniste et l’approche du skate-urbanisme, on propose d’étudier un projet qui s’intègre dans un réseau de skateparks à Paris. En effet, le «Skatespot de la rue Léon Cladel» est l’exemple ultime de l’importance d’injection de spots au cœur du centre ville pour enrichir l’expérience du skateur dériviste dans sa recherche incessante des moments urbains sensibles.
PARIS, FRANCE
2012
02
SKATESPOT DE LA RUE LÉON CLADEL / CONSTRUCTO SKATEPARKS Aménagement d’une rue piétonne sousutilisée en piste glissable. Contexte: paysage urbain au cœur du centre ville. Apport: · Renforcer l’expérience de la dérive · Générer un nouvel événement urbain purement ludique
(50) La capacité d’un endroit à être intrigant et adapté à la pratique du skateboard. (51) ANGNER, Fredrik, «Skateboard urbanism: An exploration of skateboarding as an integrated part of public space», Rapport de mémoire de Master, Université suédoise des sciences agricoles, Département de l’architecture paysagère, 2017, pp 43-47..
58
C hapitre II
S K A T ESPOT DE L A R U E L ÉON C LAD E L
SKATE-URBANISME | LANDSKATE
2.2.1. S K A T E SPOT DE LA RUE LÉON CLADEL C ONST R U C T O SK A T EP AR K S EMPLACEMENT: PARIS, FRANCE SUPERFICIE: 630 m² ANNÉE: 20 12
Ce projet prévoit l’utilisation du skateboard
CO NT EXT E GÉNÉR AL
dans une rue sous-utilisée au centre ville, un environnement urbain dense et piétonnier. Le skatepark a été réalisé par l’entreprise
Constructo Skatepark en collaboration avec le plasticien et skateur français Raphaël Zarka . C’est le premier espace public dédié à la glisse urbaine dans une rue à Paris. Le projet est établi après la demande de collégiens du quartier de remplacer la rampe démontée au jardin des Halles. Le centre ville, étant un champ riche en sollicitations sensorielles et donc propice à l’expérimentation dériviste, présente le terrain parfait pour l’implantation des spots ponctuels.
C hapitre I I
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SK ATE SPO T D E LA R U E LÉ ON C LAD E L
SKATE-URBANISME | LANDSKATE
Pour dépasser le simple cadre de la piétonnisation et de l’adjonction de modules, le projet a été imaginé comme un aménagement global, d’un bout à l’autre de la rue, comme si on tissait le parcours traversant.
Photo – Réseau des skateparks à Paris (TRAVAIL PERSONNEL)
F.63|
F.64|
Photo – Contexte environnant (CONSTRUCTO)
F.65|
Photos – Différents scénarios du skatespot (CONSTRUCTO)
Cet espace public partagé, sous forme d’une piste en béton coloré
vert,
unifie
les
différents
éléments de glisse qui se soulèvent et
se
contorsionnent
à
chaque
rebond contre le trottoir. Ce entre
projet
pilote,
intervention
à
cheval
urbaine,
sportive
et artistique, intègre l’ensemble des normes relatives à l’espace public, et permet l’accès aux piétons, aux véhicules d’urgence et de service sans pour autant agresser la pratique des skateurs. Ce connu
skatepark dans
la
demeure
communauté
très du
skate et présente l’un des plus grands repères au centre-ville de Paris vu son accessibilité facile, sa proximité des
commodités, sa unicité et la variété de ses scénarios.
F.66|
60
Photo – Différentes figures du skatespot (CONSTRUCTO)
C hapitre II
S K A T ESPOT DE L A R U E L ÉON C LAD E L
F.67|
SKATE-URBANISME | LANDSKATE
3D – Implantation du projet au cœur de Paris (CONSTRUCTO)
La fréquentation de cet espace par les skateurs lui a donné une nouvelle perception. Les passants s’arrêtent pour admirer cette pratique et la considèrent comme un spectacle de rue, une performance qui anime la monotonie de la rue, stimule la curiosité des personnes et offre l’opportunité aux skateurs de s’exprimer.
F.68|
Photo – Spectacle de rue (CONSTRUCTO)
F.69|
Photo – Spectacle de rue (CONSTRUCTO)
CRITÈRES DE «RIDEABILITY»: · Accessibilité: facile et claire · Composantes: matériaux robustes (béton) et surfaces lisses · Configuration: minimaliste, ouverte, vaste · Authenticité: Espace aménagé et dédié au skate · Réinterprétabilité: oui · Unicité: oui · Défi: le spot présente plusieurs modules · Sérénité: espace mouvementé et bruyant
C hapitre I I
61
SKATE-URBANISME | LANDSKATE
SK ATE SPO T D E LA R U E LÉ ON C LAD E L
· Imprévisibilité: Très fréquenté par différentes tranches de personnes · Contexte environnant: situé au cœur du centre ville, entouré par des immeubles néoclassiques. · Proximité de commodités: Oui · Dynamique et variation des scénarios: diverses éléments à détourner
F.70|
Collage photos – La communauté parisienne des skateurs (SEÁN MCGIRR)
SY NT H ÈS E Le projet intègre parfaitement le skateboard dans son paysage dense, présentant un point de repère au sein d’un réseau ramifié de spots au centre ville de Paris. Il a ainsi contribué à renforcer l’expérience de la dérive. Bien que la taille du skatepark soit assez modeste par rapport à d’autres sites gigantesques, il a réussi à: - Attirer des skateurs de tous âges pour exploiter le potentiel du lieu et exprime r leur individualité. - Générer un nouvel événement urbain qui suscite la curiosité du passant et s’impose dans la vie quotidienne. - Affirmer sa présence comme l’un des spots les plus célèbres de Paris par son authenticité et imprévisibilité.
62
C hapitre II
S K A T E- U R B A NI SM E
SKATE-URBANISME | LANDSKATE
2. 3 . L e d il em m e des sk atepark s: Même si le skate-urbanisme repose principalement sur l’implantation de skateparks comme moyen de réconciliation de l’espace public avec la pratique, ces derniers sont confrontés à un dilemme au sein de la communauté. Dans la plupart des villes, les skateparks sont encore construits en périphérie, afin d’éviter les conflits potentiels entre les skateurs et les autres usagers de l’espace public. Ils ne sont presque jamais intégrés dans leur environnement immédiat, ressemblant ainsi à un ensemble isolé d’artefacts parasitaires qui ont été simplement parachutés sans continuité avec le paysage (5 2 ) . La la
distance
ville,
ainsi
par
que
la
rapport
à
différence
esthétique par rapport aux espaces publics
traditionnels,
séparent
les usagers des skatepar ks et les habitants de la ville et les mettent à
l’écart.
Ceci
empêche
toute
interaction entre ces espaces et le
F.71|
Photo – Rapport du skatepark à la ville, Los Angeles (PINTEREST)
P la st icien S kat eur F ra nça i s
RAPHAËL Z AR K A
paysage urbain qui les entoure.
«Certains vivent l’émergence des terrains «artificiels» comme la réponse à une attente et à un besoin réel, d’autres, au contraire, n’y voient qu’une manière détournée d’interdire toujours plus sévèrement la pratique du skateboard dans l’espace public (5 3 ) »
En effet, ce détachement, accompagné d’interdiction et d’amendes, est en quelque sorte une stratégie discrète et calculée de prévention situationnelle, dans l’espoir de subtilement aliéner les skateurs des espaces publics et de répondre en même temps à leur besoin d’un espace aménagé pour la pratique ( 5 4 ) . D’une part, les skateurs sont répugnés par les skateparks en raison de leur non proximité aux commodités, et d’autre part, ils sont facilement ennuyés par leur nature statique et le caractère non évolutif de ses éléments. (5 5 ) (52) ZARKA, Raphaël, « La conjonction interdite », éditions B42, Paris, France, 2007, pp 15-17. (53) Ibidem, p 16. (54) VIVONI, Franscesco, «Spots of spatial desire: Skateparks, skateplazas, and urban politics» , Journal of Sport and Social Issues, N°33, 2009, p145. (55) BORDEN, Iain, «Body Architecture: Skateboarding and the Creation of Super-Architectural Space» , Routledge, London, 1998, p24.
C hapitre I I
63
SK ATE - U R BANISME
SKATE-URBANISME | LANDSKATE
Outre, même si ces espaces dédiés à la pratique offrent l’opportunité aux skateurs d’évoluer et d’améliorer leurs compétences, la majorité des parcs nécessite un paiement pour y accéder et perd ainsi la qualité d’être accessible à tous. Cette attitude consumériste décourage les skateurs d’y aller. (56) Ainsi, ils fuient vers la ville à la recherche de stimulation, d’accessibilité et d’imprévisibilité. Tous ces facteurs ont fait de la plupart des skateparks un désert d’objets somptueux pour cause de mauvaise conception et de manque de réflexion sur les besoins des skateurs. En revanche, les parcs Landskate ont et
changé sont
cette
devenus
une
dynamique alternative
contemporaine de l’espace public. Ils dépassent la notion traditionnel des
skateparks
et
suggèrent
une
conception hybride et innovante. Ils
ne
exclusivement
s’agissent d’une
rue,
pas d’une
place ou d’un parc. Ils sont tout cela à la fois et plus encore, en fonction
F.72|
de ce que ses usagers apportent de
Photo – Landskate au sein de la ville (SKATEARCHITECTS)
nouveau à sa définition. Dans les parcs Landskate, tous les éléments sont interconnectés et génèrent des systèmes plus complexes qui établissent une continuité directe avec leur environnement. Ces espaces hybrides ne sont pas perçus comme des objets parasitaires dans le paysage, mais comme une partie indissociable de la zone dans laquelle ils sont implantés. La conception de ces parcs doit adopter les textures et les couleurs qui les entourent, se connecter aux voies existantes et permetter à la végétation de s’en approcher et de les embrasser.
F.73|
Photo – Élément skatable, Espagne (DANIEL YABAR)
F.74|
Photo – Landskate Streetpark, France (MBL ARCHITECTS)
L’espace public doit alors être progressif et adapté à des multiples usages partagés. Les espaces destinés au skate peuvent également servir (56) Ibidem, p25.
64
C hapitre II
S K A T E- U R B A NI SM E
SKATE-URBANISME | LANDSKATE
à d’autres activités récréatives telles que le BMX, la trottinette, le roller, les patinettes ou d’autres utilisations actives comme le parkour ou le breakdance. Ceci génère plusieurs dynamiques sociales et urbaines innovantes et enrichissantes. Dans ce cadre, on propose d’étudier 2 projets de référence, le premier est une intervention urbaine à Copenhague et l’autre est une reconversion d’un entrepôt à Brooklyn. Charlotte Ammudsens Plads à Copenhague suggère l’aménagement d’une place hybride à multi-usage au cœur d’un quartier dense. On a choisi ce projet comme référence vu son approche d’intervention réussite vis à vis au contexte dans lequel il s’inscrit et la manière dont il a revisité la conception des espaces dédiés au skate. Le projet a aussi réussi à créer une mixité sociale en répondant aux différents besoins des habitants. Supreme Store à Brooklyn est une reconversion d’un entrepôt délaissé en une boutique hybride mêlant la vente et le sport à la fois. On a choisi ce projet comme référence car il dépasse la conception stéréotype des boutiques de skateboard et offre des espaces de convivialité et de pratique. Il nous intéresse donc dans sa organisation spatiale et fonctionnelle.
COPENHAGUE,
2008
03
DANEMARK BROOKLYN, ÉTATS-UNIS
2017
04
CHARLOTTE AMMUDSENS PLADS / 1:1 LANDSKABS Aménagement d’une placette hybride au sein d’un quartier mouvementé. Contexte: paysage urbain au cœur du centre ville. Apport: · Innover au niveau des éléments dédiés au skate · Générer une mixité socio-culturelle
SUPREME STORE ARCHITECT
/
NEIL
LOGAN
Reconversion d’un entrepôt délaissé en boutique mêlant la vente et le skatepark. Contexte: paysage urbain au cœur du centre ville. Apport: · Dépasser la conception stéréotype des boutiques skateshops · Allier le ludique et le lucrative.
C hapitre I I
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C H AR LO TTE AMMU N D SE NS PLAD S
SKATE-URBANISME | LANDSKATE
2.3.1. C HARLOTTE AMMUNDSENS PLADS 1:1 LANDSKABS EMPLACEMENT: COPENHAGUE, DANEMARK SUPERFICIE: 1700 m² ANNÉE: 2008
Le projet s’intéresse à intégrer les sports urbains dans une zone de quartier place
à
multi-usage
pour
inviter
les
différentes tranches à fréquenter l’espace. Ceci justifie évidemment le choix du projet comme référence. La place est située dans le quartier de Nansensgade, une zone résidentielle du
centre
de
Copenhague.
La
place
est délimitée par les façades du centre culturel du centre-ville de Copenhague,
C O NTEXTE GÉNÉR AL
terne et exiguë et la transformer en une
des habitations à 4 ou 5 étages et une sous-statio n électrique.
66
C hapitre II
C HAR L OT T E AM MU NDSENS PL AD S
SKATE-URBANISME | LANDSKATE
ÉTAT INITIAL: La place était généralement un passage très obscur entre Nansensgade et les lacs, une zone caractérisée par des graffitis, des arbres sombres et des pavés usés. Ceci a découragé les habitants à la traverser résultant ainsi en un vide transitionnel délaissé. APRÈS: Le projet comporte plusieurs sous-espaces, on trouve des espaces dédiés pour différentes tranches d’âge comme des aires de jeux pour enfants, des espaces de détente, des mobilier de skateboard et un terrain de foot. L’objectif est de diversifier les activités pour attirer tous les profils
d’usagers
fréquentant le quartier et susciter une sorte de
dynamique
sociale.
F.77|
1. La place 2. Stationnement de vélos
Photo – Vue d’ensemble du projet (LANDSKABS)
3. Gradins 4. Terrain de jeu de balle
5. Aire de jeux pour enfants 6. Mobiliers en rochers
6
5
4 3 1 3
1 2
F.78|
Plan – Les fonctions injectées au projet (LANDSKABS)
F.79|
Coupe – Terrain de jeu Place de Copenhague+Paysage rocheux (LANDSKABS)
C hapitre I I
67
C H AR LO TTE AMMU N D SE NS PLAD S
SKATE-URBANISME | LANDSKATE
LA PLACE DE COPENHAGUE: La
place
est
revêtue
d’un
pavage en pierre de taille, on peut s’y installer et déguster les plats du café du centre culturel, tout en regardant le terrain de jeu de ball e et le paysage rocheux. LE TERRAIN DE JEU DE BALLE: Il est une aire de jeu avec une surface en caoutchouc noir. Il peut être recouvert d’une toile et utilisé pour
des
événements
ponctuels
tels que des fêtes, des marchés aux
F.80|
Photo – Mixité sociale et culturelle (LANDSKABS)
F.81|
Photo – Le terrain de jeu (LANDSKABS)
F.82|
Photo – Paysage rocheux (LANDSKABS)s
F.83|
Photo – Sport urbain et détente (LANDSKABS)
puces, des concerts, des soirées dansantes,
des
représentations
théâtrales et des projections de films. LE PAYSAGE ROCHEUX BLANC: Le mobilier urbain composé de
béton
blanc
paysage
de
qui
forme
falaise
un
urbaine
tridimensionnelle, contrastant ainsi avec le terrain de jeu sombre. Les
rochers
peuvent
être
utilisés pour l’escalade, le vélo, le skateboard et le parkour, ainsi que pour s’asseoir ou s’allonger. LES PRINCIPAUX OBJECTIFS: – Créer un lieu de rencontr e démocratique, le
monde
un
lieu
pourrait
où venir
tout et
rencontrer. –
Mettre
différentes
en
activités
place
des
telles
que
le basket- ball, le skateboard, la pétanque, l’escalade, etc.. mais aussi de laisser de l’espace pour des activités imprévues/planifiées. – Créer une place qui soit attrayante lorsqu’elle est vide et qui donc s’impose d’elle-même.
68
C hapitre II
e
D ÉC LARAT IO N D E L’ASSO CIAT IO N PO U R L’EMB ELLISSEMENT D E LA CAP IT ALE
C HAR L OT T E AMMU NDSENS PL AD S
SKATE-URBANISME | LANDSKATE
«Le dispositif utilisé pour créer l’espace entre Nansensgade et Nørre Søgade est si évidemment juste, si musical, qu’il est, bien sûr, très inhabituel et très réussi... C’est un lieu exceptionnellement bien équilibré, beau et chaleureux que nous avons dans cette ville agitée (5 7 ) »
Charlotte Ammundsens plads est devenue un point de rencontre pour les Copenhagois de tout âge. Une culture de rue brute, avec ses graffitis et ses murs d’escalade, prospère au sein d’une architecture paysagère classique.
SYNT H È S E L’espace urbain de Charlotte Amundsens Plads offre un lieu de rencontre et d’expression aux différents citoyens dans une architecture à la fois poétique et imaginative. Le projet donne aux usagers la liberté de s’approprier le territoire et de concevoir leurs propres scénarios. Les architectes ont réussi à harmoniser entre les individus en leur créant un nouveau vécu auquel ils se référent. La place veille à l’inclusion de toutes les pratiques et célèbre la mixité sociale et culturelle au sein du quartier. Ce sentiment d’appartenance sollicité par l’espace a suscité une mémoire collective chez ses usagers.
(57) https://1til1landskab.dk/da/project/charlotte-ammundsens-plads
C hapitre I I
69
SU PR E ME STO R E
SKATE-URBANISME | LANDSKATE
2.3.2. SUPREME STORE NEIL LOGAN ARCHITECT EMPLACEMENT: BROOKLYN, ETATS-UNIS SUPERFICIE: 2938 m² ANNÉE: 2017 Le projet propose de réinvestir un espace délaissé au centre d’un quartier dense à Brooklyn célèbre par sa communauté de skateurs et d’artistes
urbains,
accueille
aujourd’hui
une
boutique hybride alliant la vente au sport urbain. L’anc ien hangar de stockage de camions de crème glacée dans le quartier a été converti en un nouvel espace de vente au détail pour la marque Supreme. La boutique qui est à la fois un magasin et un skatepark, comprend une zone commerciale
C O NTEXTE GÉNÉR AL
et lui attribuer une nouvelle fonction. Le quartier,
ouverte à l'avant et une section de stockage et de skateboard à l'arrière.
70
C hapitre II
S UPR EME ST OR E
SKATE-URBANISME | LANDSKATE
L’espace est accessible d’une seule façade depuis la rue. Les architectes ont laissé les murs en briques du ancien entrepôt intactes et apparentes. La boutique est éclairée par des grands puits de lumière de style industriel qui baignent l’espace de lumière naturelle. L’ORGANISATION SPATIALE: Les éléments du programme ont à
été
disposés
coïncider
structurelles
avec
de
manière
les
existantes:
travées les
deux
premières pour l’espace public de vente au détail, les deux suivantes pour le skate bowl surélevé et la dernière pour une réserve privée. Les utilisations entremêlées entre le
F.84|
Photo – Vue d’ensemble sur l’espace intérieur (NEIL LOGAN ARCHITECT)
public et le privé prenant place sous le bowl.
3
F.85|
2
1
Plan – L’organisation spatiale de la boutique (NEIL LOGAN ARCHITECT)
E s p a c e é c la i r é p a r le s o u v e r tu r e s z é n i th a l e s
3
F.86|
2
1
Coupe – L’organisation spatiale et l’éclairage naturel de la boutique (NEIL LOGAN ARCHITECT)
1
Espace de vente
2
Skate Bowl surélevé + Cabines d’essayage
3
Stockage + Sanitaires
C hapitre I I
71
SU PR E ME STO R E
SKATE-URBANISME | LANDSKATE
LA PARTIE VENTE: Deux nouveaux murs en béton blanc ont été coulés en place contre les murs de périmètre existants pour définir la zone commerciale avant. L’espace est ouvert sans partitions et vaste pouvant accueillir un grand nombre de personnes à la fois. Cet espace abrite des rangements pour les produits et les vêtements, un desk d’info et de vente, des écrans de projection de vidéos et des bancs en métals servant aussi comme des curbs skatables.
F.87|
Photo – Le mur en béton blanc ajouté (NEIL LOGAN ARCHITECT)
Photo – Les bancs / Curbs (NEIL LOGAN ARCHITECT)
F.88|
LE SKATE BOWL: Le
skate
bowl
autoportant
a été conçu par Steven Bladgett du
collectif
artistique
américain
Simparch et construit sur mesure en contreplaqué.
o ssa t u r e d u b ow l
La
structure
est
soutenue
par une série de poteaux rouges autour de son périmètre, offrant P ot ea u x p or t eu r s
suffisamment F.89|
Photo – La structure portante du bowl (NEIL LOGAN ARCHITECT)
de
hauteur
pour
que les skateurs puissent se laisser tomber dans le bowl et pour que des cabines d'essayage puissent être installées en dessous. Les
limites
de
bowl
sont
marquées par une structure tendue en tissue translucide et suspendue entre les murs. Le skate bowl est ouvert pour tous les skateurs, soit pour essayer leurs
nouvelles
planches,
pour
se défouler dans la plupart des F.90|
Photo – Une session de skateboarding au bowl (NEIL LOGAN ARCHITECT)
journées
ou
pour
accueillir
des
événements et des compétitions de temps en temps.
72
C hapitre II
SKATE-URBANISME | LANDSKATE
S UPR EM E ST OR E
FRÉQUENTATION: Supreme Brookyln ressemble plus à une réunion de famille qu’à une simple boutique. C’est une fusion d’une scène autrefois insurgée du centre de Brooklyn embrassant une autre mainstream. Elle emprunte un peu de l’insouciance du skateboard tout en accueillant la culture de la rue dans un environnement de luxe, dans
des
conditions
F.91|
Photo – Une compétition de skateboard au bowl (NY TIMES)
F.92|
Photo – Une compétition de skateboard au bowl (NY TIMES)
favorables
pour les deux cultures. Le bowl a donné au magasin une
identité
accueillant skateurs.
plus
vivante,
régulièrement
Il
se
présente
en des
comme
une sculpture vivante, renaissant à chaque fois qu’il est patiné. Comme les gens se pressaient autour
du
rebord
participants
et
les
du
bowl,
les
obs ervateurs
étaient en symbiose.
SYNT H È S E Supreme Store se présente comme une expérience innovante des magasins de détail. Il se détache de la définition traditionnelle des magasins et propose une vision alternative fusionnant le ludique et le lucratif. Le projet combine deux cultures opposantes d’une manière cohési ve et interactive, brisant ainsi la barrière qui les séparent. Au-delà de sa foncti on commerciale, l’espace est un mini skatepark intérieur, ouvrant ses por tes aux skateurs de manière récurrente et lors d’événements. L’installation du skate bowl a fait revivre le magasin et a augmenté la fréquence de ses visiteurs en les invitant à se laisser aller et interagir avec ses éléments. Le projet nous intéresse essentiellement par la diversité de ses fonctions et leur interconnexion.
C hapitre I I
73
C O NC LU SIO N
SKATE-URBANISME | LANDSKATE
A rc h i te c te H i sto ri e n
IAIN BORDEN
CONC LUS I O N «Le skateboard n’est rien d’autre qu’une émotion et un désir sensuel, sensoriel et physique; un effondrement balladesque et une renaissance du corps et du terrain (5 8 ) »
Depuis ses débuts, le skateboard a dépassé les simples tentatives de délimitation dans une seule discipline ou notion, il a muté de sport, transport, jeu, etc. Puisqu’elle présente une pratique de la ville, cette activité offre bien plus qu’une simple occupation d’éléments urbains ordinaires. Le skateboard déclenche des hétérotopies urbaines redéfinissant la manière dont on expérimente la ville. Au sillage des situationnistes, la pratique réévalue le quotidien urbain dans l’espoir de le revendiquer par le plaisir. Ceci fut l’engouement envers l’approche du skate-urbanisme, visant à inclure le skate dans la planification urbaine comme moyen de redynamisation des espaces abandonnés et de réactivation des valeurs sociales. Les skateparks ne sont plus à l’écart de la ville, qui s’ajoutent à l’ensemble des déchets urbains des projets avortés, mais ils deviennent une partie indissociable des espaces publics. D’où l’émergence des projets hybrides et des parcs landskate qui réconcilient l’espace public avec la pratique et communiquent avec le paysage environnant.
S’opposer à l’architecture hostile
Réconcilier l’espace public avec la pratique
Skate-urbanisme Politique visant à inclure le skateboard dans les scènes urbaines quotidiennes
Analogue au mouvement situationniste
Dépasser la conception traditionnelle des skateparks
Conception hybride et évolutive
(58) BORDEN, Iain, «Body Architecture: Skateboarding and the Creation of Super-Architectural Space» , Routledge, London, 1998, p27.
74
C hapitre II
CHAPITRE III MISE EN CONTEXTE L’H Y PER C ENTRE D E TUNI S: UN MI C RO C O SME À «R EC O N’SKATER»
1.1. La morphogenèse 1.2. La scène underground au centre ville de Tunis
2. Le secteur urbain de Jean Jaurès: Errance et repérage 2.1. Analyse urbaine
2.2. Analyse séquentielle et patterns ambiants
3. «Houmet Wra l’barrière»: l’informel urbain au cœur du quartier
3.1. Le paradoxe de la rue de Lénine
3.2. Kahwet ellouh / Whatever Saloon: le fameux symbole de résistance urbaine
4. La parole habitante
4.1. Entretiens semidirectifs aléatoires 4.2. Enquête ciblée
F.93| Photo – Skateboarding scene à Lac 0, Tunis (PRISE PERSONNELLE)
1. L’hypercentre
IN TR O D U C TION
MISE EN CONTEXTE
INTRODUCTION Le centre-ville de Tunis, cette ruche grouillante qui bourdonne à travers ses rues et sa structure urbaine et sociale complexe, représente pour ses artistes urbains le cœur battant d’une scène underground florissante. Ce chapitre est capital dans le repérage de notre zone d’intervention et l’analyse de ses spécificités. Le choix du site et l’analyse ont été traité au cours de l’atelier thématique du 1 er semestre de la 5 ème année encadré par M m e Cyrine Bouajila. Cet atelier, à caractère expérimental, consiste à comprendre la manière dont on habite un informel urbain à travers l’errance urbaine et l’enquête sociale. On va s’intéresser à saisir les différentes potentialités et contraintes présentes dans notre zone d’étude et à identifier le centre ville de Tunis à travers ses formes de résistance, notamment le graffiti et le skateboard. Notre analyse portera sur les caractéristiques spatiales et ambiantes du secteur de Jean Jaures et du quartier «Houmet Wra L’Barrière» en distinguant leurs
patterns ambiants , séquences types et codes comportementaux (1 ) .
(1) Des termes qu’on a utilisé lors du séminaire co-dirigé par Mme Cyrine Bouajila et Mme Mona Zairi dans le cadre d’étude des ambiances dans un espace urbain.
76
Chapitre III
L’HY PER C EN T R E
MISE EN CONTEXTE
1. L’HYPE R C E NT R E: L’hypercentre, point de rencontre de personnes et de pratiques différentes, se présente comme un espace polyvalent répondant à des besoins variés. Cette polyvalence est très probablement une projection de sa structure urbaine et de la stratification de son histoire. L’évolution de son infrastructure entraîne celle de ses pratiques.
L ac
1.1. La morphogenèse: 19e SIÈCLE
Méd i na
Mosquée de Zitouna
remparts. Trame organique et irrégulière. Voies étroites. Organisation autour du mosquée.
Lac
Sous le protectorat français, la ville
FIN 19e SIÈCLE
Méd i na
La médina renfermée derrière ses
s’étend en dehors de la médina. Établissement
de
l’avenue
de
Jules Ferry (actuelle Avenue Habib Bourguiba)
et
l’ambassade
de
France. Cependant, à cause des terrains marécageux,
l’expansion
des
quartiers se faisait à l’ouest de la
Avenue Jules Ferry
médina (2) .
20e SIÈCLE
Méd i na
La c
L’ambassade de France
Expansion de la ville coloniale dans toutes les directions. Avenue
Habib
Bourguiba
étant
l’axe fondateur de la ville. Établissement de la Cathédrale de Saint-Vincent.
Méd i na
La ville coloniale s’étend en faveur
20e SIÈCLE
Lac
Cathédrale de Saint-Vincent
du lac, ce dernier donc en recul. Elle s’organise selon une trame régulière
et
orthogonale
à partir de l’avenue de Habib Bourguiba
selon
directeur de Zehrfuss
F.94|
Schémas – La morphogenèse de l’hypercentre de Tunis (TRAVAIL PERSONNEL)
Chapitre III
et/ou
le
plan
(3 )
(2) ABDELKAFI, Jellal, «La médina de Tunis», Paris, Éditions du CNRS, 1989, p61. (3) Ibidem, p85.
77
L’ H Y PE R C E N TR E
MISE EN CONTEXTE
Actuellement, l’hypercentre se divise, selon ses habitants et ses artistes urbains, en 5 secteurs principaux de part et d’autre de l’Avenue Habib Bourguiba, on s’intéressera dans notre étude au secteur de Jean Jaurès. Avenue
e la liberté
dV Mohame
Avenue d
4 Médina
e Pa ris A ve n u e d
de A ve n u e Lo n d re s
5 H a b ib A ve n u e a Bo u rg u ib
2
rq u ie R u e d e Tu
ge e C a rt h a A ve n u e d
1
e Ghana A ve n u e d
Lac
3
1
Secteur du marché
2
Secteur Wra L’Afrika
4
Secteur du Passage
5
Secteur Jean Jaurès
F.95|
a lie R u e d ’It
3
La petite Sicile (Gambetta)
Schéma – L’organisation des secteurs au centre ville (TRAVAIL PERSONNEL)
L’expansion de la ville coloniale
désindustrialisation d’une part et de
et post-coloniale a bouleversé le mode
tertiarisation d’une autre part. Elles ont
de vie et a permis l’émancipation des
aussi opté pour la reconversion des
espaces publics du modèle introverti
friches industrielles pour revitaliser leurs
de la médina et l’ouverture de la ville à
espaces urbains (4 ) .
des nouvelles cultures. Le
centre
ville,
Toutefois, en ce qui concerne autrefois
les activités de loisir, le centre-ville de
exclusivement résidentiel, subit une
Tunis semble être sous-investi au profit
tertiarisation de ses fonctions et abrite
de ses périphéries. En conséquence,
plutôt des services administratifs. Ceci
il a connu un déclin de ces activités
a engendré l’exode vers la métropole
et un désintérêt de ses habitants,
et ses périphéries pour se rapprocher
rendant la plupart de ses monuments
des lieux de travail.
abandonnés.
De même, les villes européennes
Néanmoins,
négligées
dominante,
par
au XX e siècle comme Paris et Bologne
culture
l’ont aussi vécu, bien que cela soit
cultures
déphasé dans le temps. Ces villes
dans ces lieux tout aussi négligés et
ont entamé un long processus de
disséminés dans la ville.
ont
diverses
la
trouvé
un
sous-
réconfort
(4) CLARK Greg, MOONEN Tim et NUNLEY Jake, «Une histoire de nos villes: L’Europe et son développement urbain de 1970 à 2020», Banque européenne d’investissement, 2019, p18.
78
Chapitre III
L’HY PER C EN T R E
Aujourd’hui,
MISE EN CONTEXTE
l’hypercentre
représente
le
berceau
d’une
scène
underground florissante, prometteuse et ambitieuse.
1. 2 . L a s c èn e u n d e rgroun d au centr e vi l l e de Tu ni s: Bien que l’hypercentre soit le foyer de la diversité sociale et de la compréhension interculturelle, ses espaces semblent être monofonctionnels, passifs et catégoriques, di visant ainsi les gens au lieu de les unir. Malgré le manque d’espaces dédiés à la culture alternative, les artistes ont initié des projets créatifs dans des différents domaines pour combler ce vide. À travers des collectifs artistiques, des associations, et des sponsors, ces jeunes ambitieux réapproprient la ville par le graffiti, le skateboard, le parkour, le breakdance, etc... On trouve des collectifs artistiques célébrant cette culture comme: DEBO
GIRAFFE CREW LAMP CREW
· Le plus célèbre collectif multidisciplinaire · Situé à rue Houcine Bouzaine · Comporte deux studios
· Des collectifs de skateboard qui organisent
des
événements
et
des compétitions de skate. TUNISIAN FREEMOVE ASSOCIATION
d’enregistrements, un
· Association de parkour
atelier de Graffiti et un
· Organise des événements, des
espace de détente.
performances
et
des
séances
éducatives. BLECH ESM · Collectif artistique mêlant design graphique et Graffiti. On va intéresser aux 2 collectifs les plus marquants, voire DEBO et Giraffe Crew, vu leur influence dans les scènes urbaines et la relation étroite entre les cultures qu’ils représentent. L’association du Parkour, Lamp Crew et Blesh Esm ne seront pas étudiés en détail puisqu’ils fréquentent les mêmes espaces et utilisent les mêmes paramètres urbains dans leur reconquête. Ensuite, on va capturer les fresques murales au sein du centre ville et détecter les skate-spots préférés dans la communauté du skate et leurs critères de choix. 1.2.1. DEBO: un renouveau artistique: DEBO a joué un rôle important dans la promotion de la culture alternative, à travers de multiples projets et événements, notamment: · Le projet expérimental de musique «ERKEZ HIPHOP», mêle le hiphop et le
Chapitre III
79
L’ H Y PE R C E N TR E
MISE EN CONTEXTE
mezoued. Il comporte environ 70 artistes et se charge de la production de leurs titres (5) .
F.96|
Photo - Concert de «ERKEZ HIPHOP», 2018, IFT (DEBO)
F.97|
Photo - Concert de «ERKEZ HIPHOP», 2018, IFT (DEBO)
· Le mouvement d’art urbain «DEBO MOOV» qui unie des graffeurs, des b-boys (breakdancers), des designers graphiques, etc.. Ils ont revisité l’espac e public au centre ville, dans la période du confinement, et ont lancé le projet de «ONE EFFORT», où ils envahissent des grandes surfaces murales par le Graffiti. Aujourd’hui, DEBO MOOV facilite pour les artistes urbains les autorisations de graffer un espace ou un mur et fournit les contacts et le matériel (6) . · Le festival nomade «KHALI TRACE», en partenariat avec l’IFT, qui consiste à aborder 8 villes à travers la Tunisie avec un festival nomade des cultures urbaines pour toucher les publics jeunes et mettre en valeur les initiatives de tout le pays. Il comprend des ateliers de musique, des concerts live de ERKEZ HIPHOP, des ciné-trottoirs, des performances de Graffiti et de parkour. Le festival est sponsorisé par la banque de l’habitat, Tunivisions et ifm ( 7) .
F.98|
Photos - Les affiches du festival «KHALI TRACE», de gauche à droite: Graffiti, Concert live, parkour, 2018 (DEBO)
· La webradio «WRA L’AFRIKA» qui diffuse les actualités de la culture underground en Tunis, les événements à venir et les titres des artistes de DEBO (8) .
(5) (6) (7) (8)
80
https://thedebo.com/erkez-hiphop/ (consulté le 14/07/2021) https://thedebo.com/one-effort/ (consulté le 14/07/2021) https://thedebo.com/khali-trace/ (consulté le 14/07/2021) https://thedebo.com/wra-lafrika/ (consulté le 14/07/2021)
Chapitre III
L’HY PER C EN T R E
MISE EN CONTEXTE
1.2.2. Le streetart au service des citoyens: Le centre ville, une parade de textures, couleurs et formes, abrite les plus grandes fresques mur ales en Tunisie. Ces œuvres varient en termes de styles, de messages, de composition et de support. Le graffiti est en effet la forme d’expression la plus omnipotente du centre-ville de Tunis, il envahit ses rues et égaye ses quartiers. Les mentions les plus notables sont: 1
Fre s q ue d e l ’a ve n u e d e l a ga re
2
Fre s q ue Ga m b a t t a
3
Fre s q ue d e l a ru e B o rj B o urgui b a
4
Fre s q ue d e l ’a ve n u e d e P a ri s
5
Fre s q ue d e l ’a ve n u e d e Je a n Ja urè s
6
Fre s q ue d e l a ru e d e Lé ni ne
7
Fre s q ue d e l a ru e Ga ri b a l d i
8
Fre s q ue d e l a ru e d u C a i re
3
5 4
6 7
de
8 2
1
F.99|
Carte - Visualisation des grandes fresques murales au centre ville de Tunis (TRAVAIL PERSONNEL)
Secteur du marché: · Fresque de l’Avenue de la gare: réalisée par DEBO MOOV en 20 20 dans le cadre du projet de «One Effort» de longueur d’environ 40m. E lle raconte le quotidien des résidents du quartier et leur vécu avec l’espace.
F.100|
Photo - Fresque de l’avenue de la gare, 2020 (DEBO MOOV)
Secteur de la petite Sicile: · Fresque de gambatta: réalisée par DEBO MOOV en 2021 sur les murs des hangars délaissés du quartier. Ces hangars étaient menacés d’être démolis pour agrandir le parking adjacent, mais les artistes ont sauté sur l’occasion pour sauver ces joyaux en les réinvestissant et en leur donnant une nouvelle image. Chapitre III
81
L’ H Y PE R C E N TR E
MISE EN CONTEXTE
F.101|
Photo - Fresque du quartier Gambatta, 2021 (DISMALDEN)
Secteur du passage: · Fresque de la Rue borj bourguiba: la plus grande fresque au centre ville de Tunis, réalisée par BLECH ESM en 2020 sur la totalité d’une façade d’immeuble. · Fresque de l’Avenue de Paris: réalisée par BLECH ESM en 2020 en collaboration avec l’associati on «Chouftouhonna» dans le cadre de sensibilisation sur les droits de la femme.
F.102|
Photo - Fresque de la rue Borj Bourguiba, 2021 (DISMALDEN)
F.103|
Photo - Fresque de l’avenue de paris, 2020 (PRISE PERSONNELLE)
Secteur de Jean Jaurès: · Fresque de l’Avenue de Jean Jaurès: réalisée 2 fois par DEBO MOOV. Après avoir été repeinte la 1ère fois pour les élections de 2019, les graffeurs y retournent pour émanciper ce mur de sa morosité en 2021.
F.104|
Photo - Fresque de l’avenue de Jean Jaurès, 2021 (DEBO MOOV)
· Fresque de la rue de Lénine: l’une des plus anciennes fresques au centre ville. Elle consiste en la juxtaposition de diverses graffitis datant depuis 2015. Les artistes ont commencé à taguer les murs du hangar de Kahwet Ellouh, puis se sont étendus aux murs du quartier. Aujourd’hui, presque toute la rue est couverte de tags et de peintures, ce qui la rend unique et inédite dans le centre-ville.
82
Chapitre III
L’HY PER C EN T R E
F.105|
MISE EN CONTEXTE
Photo - Fresque de la rue de Lénine, 2015-présent (PRISE PERSONNELLE)
· Fresque de la rue Garibaldi: réalisée par BLECH ESM en 2020 dans le cadre de sensibilisation sur les harcèlements sexuels subis sur les femmes. · Fresque de la rue du Caire: réalisée par ST4 the project en 2018 sur la façade arrière du Hotel Carlton. Elle représente une composition abstraite de calligraphie arabe l ongeant la façade.
F.106|
Photo - Fresque de la rue Garibaldi, 2020 (PRISE PERSONNELLE)
L’hypercentre
grouille
aussi
F.107|
d’une
Photo - Fresque de la rue du Caire, 2018 (ST4 THE PROJECT)
large
communauté
de
jeunes
skateurs et d’amateurs du sport urbain. Habitant au centre ville ou venant des banlieues et des périphéries, ils se rassemblent, scrutent, parcourent et détournent la ville en réinvestissant ses espaces et reconfigurant ses éléments. Le skateboard à Tunis a explosé en 2016 grâce à la participation du fi lm « Fishing lines » ( 9 ) du skateur allemand Michael Mackrodt dans le magazine Thrasher (10) . Le film a dévoilé les skatespots les plus célèbres de Tunis et a familiarisé la communauté au niveau local et international. 1.2.3. Giraffe Crew: les ninjas urbains: C’est l’une des communautés les plus actives dans la scène de skateboard à Tunis. Ils génèrent une nouvelle identité
aux
endroits
qu’ils
choisissent
et
sollicitent
l’interact ion et le dialecte entre piéton et skateur. Solidement actif depuis 2018, ce groupe de jeunes énergiques et adeptes de l’adrénaline a tenté d’intégrer la culture du skate dans la vie quotidienne des citoyens. À travers de multiples compétitions de (9) https://www.youtube.com/watch?v=j0JYX9AszME&t=26s (consulté le 19/07/2021) (10) Thrasher Magazine est un magazine de skateboard mensuel fondé en 1981. Le magazine publie régulièrement des articles, des photos de skate, des interviews avec des pro-skateurs et des groupes de musique et des informations au sujet de skateparks.
Chapitre III
83
L’ H Y PE R C E N TR E
MISE EN CONTEXTE
skate, une exposition en collaboration internationale et des participations à des magazines, la culture de skate en Tunisie s’épanouit vers une évolution plus brillante.... Cette communauté, avec de petits moyens et outils, fait de son mieux pour promouvoir leur passion en tant que forme d’expression et de défoulement et cherche une certaine reconnaissance dans les scènes urbaines. En effet, ils ont organisé de nombreux événements
et
encourageant
ainsi
compétitions, les
gens
à
les rejoindre et à améliorer leurs compétences. En 2019, ils ont réussi à faire une collaboration
avec
Stefan
Marx,
un artiste allemand, pour réaliser la première exposition dédiée au F.108|
skate en Tunisie ( 1 1 ) .
Photos - Affiche de l’exposition de Stefan Marx, 2019 (GIRAFFE CREW)
De plus, d’après le crew, durant la même période, on leur a promis une invitation de bienvenue de la part de «La cité de la culture» pour promouvoir la culture du skate auprès de l’ambassadeur de l’Union Européenne Patrice Bergamini, un ancien skateur dans sa jeunesse. Enthousiastes, ces jeunes ont apporté des éléments qu’ils ont bricolés et les ont installés dans le patio. Cependant, ils ont été contraints à tout ramasser et ont été ensuite mis à la porte aussitôt que l’ambassadeur est parti.
F.109|
Photo - Affiche de l’événement organisé avec la Cité de la Culture, 2019 (GIRAFFE CREW)
F.110|
Photo - Affiche du Skateboading Day organisé par GC, 2020 (GIRAFFE CREW)
F.111|
Photo - Affiche du Skateboarding Day organisé par GC, 2021 (GIRAFFE CREW)
(11) https://www.tekiano.com/2019/09/04/expo-dediee-au-skateboard-au-goethe-institut-tunis-en-collaboration-avec-lartistestefan-marx/ (consulté le 19/07/2021)
84
Chapitre III
L’HY PER C EN T R E
MISE EN CONTEXTE
Aujourd’hui, le skateboard au centre ville connaît une évolution d’attitudes passant de l’hostilité et exclusion à
la reconnaissance et
l’inclusion. En effet, dans le but de dépasser les perceptions élitistes des cultures, la cité de la culture réinvi te les skateurs à exploiter son patio, en parallèle avec la foire nationale du livre. 1.2.4. Les skate-spots au centre ville: Tout
les
graffeurs
qui
cherchent un certain refuge sur
1
2
comme
les murs de la ville pour exprimer leur
individualité,
les
skateurs
parcourent la ville à la recherche de la leur. Au centre ville, on trouve 4 spots 4
F.112|
5
principaux que cette communauté
3
fréquente:
Carte - Visualisation des skate-spots au centre ville (TRAVAIL PERSONNEL)
1
Spot Lac0
2
Spot Jeanne d’Arc
3
Spot BIAT
4
Spot Al Kasbah
5
Spot Beb Bhar
Selon les critères de «rideability» qu’on a définit précédemment, on va analyser ces spots et comprendre en quoi s’intéressent ses usagers. SPOT LAC0: · Accessibilité: facile et claire · Composantes: matériaux robustes (béton) et surfaces lisses · Configuration:
minimaliste,
ouverte, vaste · Authenticité: espace revendiqué et réapproprié = «Found Spot» · Réinterprétabilité: oui · Unicité: oui · Défi: le spot présente plusieurs obstacles:
les
rampes,
les
escaliers, les bacs à fleurs, les butoirs...
Chapitre III
F.113|
Photo - Spot PERSONNELLE)
du
Lac0,
2021
(PRISE
85
L’ H Y PE R C E N TR E
MISE EN CONTEXTE
· Sérénité: espace calme et détaché de la foule · Imprévisibilité: Très peu fréquenté, pas de mixité sociale · Contexte environnant: situé sur la corniche et entouré par le lac et quelques ouvrages urbains · Proximité de commodités: non, espace éloigné · Dynamique et variation des scénarios: diverses éléments à détourner
F.114|
Photos - Spot du Lac0, 2021 (PRISE PERSONNELLE)
Le spot répond à la majorité des critères, ce qui le rend le spot préféré de la communauté. Il est essentiellement remarquable par son contexte environnant; les skateurs sont entourés par le paysage du lac, et par sa sérénité, où ils ne subissent pas de la surveillance policière et de l’hostilité citoyenne mais il reste écarté de la ville. Les skateurs sont exposés au soleil et à la pluie et ne trouvent aucun abri. SPOT JEANNE D’ARC:
· Accessibilité: facile · Composantes: matériaux robuste s et surfaces lisses · Configuration:
minimaliste,
ouverte, vaste · Authenticité: espace revendiqué et réapproprié = «Found Spot» · Réinterprétabilité: oui · Unicité: oui · Défi: le spot présente plusieurs obstacles: les bassins, les bancs, les bacs à fleurs... · Sérénité:
espace
bruyant
et
peuplé · Imprévisibilité: fréquenté par
86
F.115|
Photo - Spot Jeanne d’Arc, 2020 (GIRAFFE CREW)
Chapitre III
L’HY PER C EN T R E
MISE EN CONTEXTE
différentes tranches de personnes · Contexte environnant: un parc urbain à la périphérie de LaFayette · Proximité de commodités: oui · Dynamique et variation des scénarios: diverses éléments à détourner
F.117|
Photos - Spot Jeanne d’Arc, 2021 (PRISE PERSONNELLE)
Ce spot est très fréquenté par les skateurs en ce qu’il présente comme paysage et comme potentiel. L’abondance de la végétation, la disponibilité des bassins vidés à l’instar des piscines californiennes des années 70 sont les paramètres principaux du choix de ce spot. Cependant, le spot se vide de plus en plus des skateurs puisqu’il devient très peuplé et mouvementé. SPOT BIAT: · Accessibilité: facile et claire · Composantes: matériaux robustes et surfaces lisses · Configuration:
minimaliste,
ouverte, vaste · Authenticité: espace revendiqué et réapproprié = «Found Spot» · Réinterprétabilité:
relativement
oui · Unicité: relativement oui · Défi:
quelques
obstacles:
des
marches, des rampes... · Sérénité:
espace
très
bruyant,
peuplé et surveillé par la police · Imprévisibilité:
fréquenté
par
différentes tranches de personnes · Contexte environnant: situé au cœur de l’avenue Habib Bourguiba, l’artère articulateur du centre ville
Chapitre III
F.116|
Photos - Spot BIAT, 2020 (HAMZA ATTIA)
87
L’ H Y PE R C E N TR E
MISE EN CONTEXTE
· Proximité de commodités: oui · Dynamique
et
variation
des
scénarios: relativement Le
spot
BIAT
est
composé
du
dispositif d’entrée de la Fondation BIAT, celui du Théâtre municipal et l’ensemble urbain en face de ces 2 édifices. L’espace
est
généralement
fréquenté par les skateurs la nuit puisque l’avenue est plus calme et moins mouvementée. Par contre, la présenc e policière les empêche d’approprier
ce
spot
de
façon
régulière.
F.118|
Photos - Spot BIAT, 2020 (HAMZA ATTIA)
SPOT AL KASBAH: · Accessibilité: facile et claire · Composantes:
matériaux
robustes et surfaces lisses · Configuration:
minimaliste,
ouverte, vaste · Authenticité: espace revendiqué et réapproprié = «Found Spot» · Réinterprétabilité: oui · Unicité: oui · Défi: des marches, des rails, des rampes, des bordures... · Sérénité: espace relativement calme
mais
surveillé
par
la
police · Imprévisibilité: par
différentes
fréquenté tranches
de
personnes · Contexte dans
un
environnant: paysage
situé urbain,
entouré par des ministères et F.119|
88
Photos - Spot al Kasbah, 2020 (MEMORIES SKATEBOARDING)
des monuments administratifs
Chapitre III
L’HY PER C EN T R E
MISE EN CONTEXTE
· Proximité de commodités: oui · Dynamique
et
variation
des
scénarios: plusieurs possibilités, surtout les gaps. Al Kasbah est le symbole et le siège du pouvoir tout au long de son existence jusqu’à nos jours. Il n’est pas surprenant ainsi que les skateurs aient naturellement choisi cet endroit comme l’un des spots. Malgré l’hostilité de la police, ce F.120|
Photo - Spot al Kasbah, 2020 (MEMORIES SKATEBOARDING)
spot reste capital pour le skateur dériviste tunisien. En effet, al Kasbah a accueilli quelques événements de «Skateboarding Day».
SPOT BEB BHAR: · Accessibilité: facile et claire · Composantes:
matériaux
robustes et surfaces lisses · Configuration:
minimaliste,
ouverte, vaste · Authenticité: espace revendiqué et réapproprié = «Found Spot» · Réinterprétabilité: oui · Unicité: oui · Défi: une fontaine, des bacs à fleurs, des galets, des bordures... · Sérénité:
espace
très
mouvementé et bruyant, sauf la nuit · Imprévisibilité: par
différentes
f réquenté tranches
de
personnes · Contexte dans
un
environnant: paysage
situé urbain,
marquant l’entrée à la médina · Proximité de commodités: oui · Dynamique
et
variation
des
scénarios: plusieurs possibilités
Chapitre III
F.121|
Photos - Spot MACKDROT)
Beb
Bhar,
2016
(MICHAEL
89
MISE EN CONTEXTE
L’ H Y PE R C E N TR E
En résumé, les principaux critères d’un bon spot sont les suivants: · «Found spot»: espace trouvé et non spécifiquement aménagé pour le skate · Espace présentant des matériaux robustes et des surfaces lisses · Absenc e d’une présence hostile soit citoyenne ou policière · Proximité aux commodités et à la ville · Éléments de défi, des obstacles à franchir · Variation des scénarios
F.122|
90
Ilustration - Les plaques tournantes d’un skateur tunisien (TRAVAIL PERSONNEL)
Chapitre III
A U GHAN D E U N E AV
ED V
G A R IB A L RUE DE
MOHAM
RÈS KHTA RUE MO
NDI
A I N O U IR RUE HÉD
AU AN J E J E UE D N E AV
T IN
C A IR E RUE DU
S DE PARI
K
E
AVENUE
ATATUR
AVENUE
COUBER RRE DE R U E P IE
EL RUE KAM
A R S EI LL RUE DE M
L É N IN E RUE DE
HA DE G RUE
DI
R A T T IA
URG ABIB BO H E U N AVE
UIBA
50m
F.123|
Carte - Visualisation du secteur de Jean Jaurès (TRAVAIL PERSONNEL)
91
E R R ANC E E T R E PÈ R AGE
MISE EN CONTEXTE
Ce zoom sur le secteur urbain central de la ville basse; le secteur de Jean Jaurès a pour but d’établir une réflexion orientée vers la culture alternative. Cette zone évidemment abritera les éléments potentiels de notre intervention. L’analyse de ce secteur s’est faite dans le cadre de l’atelier thématique du 1
er
semestre et du séminaire co-dirigé par M m e Cyrine Bouajila et M m e
Mona Zairi.
2 . LE S E C T E UR D E J EAN J AU R ÈS: Le secteur de Jean Jaurès est délimité du coté: · Nord par l’avenue de Ghana · Sud
par
l’avenue
Habib
Bourguiba · Est par l’avenue Mohamed V · Ouest par l’avenue de Paris Il ce
faut
mentionner
secteur
perpétuelle
subit
que
toujours
mutation.
On
une trouve
quelques parcelles qui changent de vocation et des bâtiments qui 200m
sont
généralement
démolis
et
reconvertis en parkings (Rue Pierre F.124|
Carte - Situation du quartier au centre ville de Tunis (TRAVAIL PERSONNEL)
de Coubertin).
Dans cette partie, on va aborder 2 approches d’analyse:
U GHANA
ÈS
AVENUE D
· les points de repère
V
E PARI AVENUE D
· les fonctions
OHAMED
· les flux véhiculaire et piéton
AV
S
· les voies
DE ENUE
JEAN
AVENUE M
JAUR
ANALYSE URBAINE
ANALYSE SÉQUENTIELLE AVENUE HA
100m
décortiquant selon les voies · présenter les profils d’usager · définir les séquences types
92
GUIBA
BIB BOUR
· étudier une zone du quartier en la
F.125|
Carte - Limites du quartier de Jean Jaures (TRAVAIL PERSONNEL)
Chapitre III
E R R ANC E ET R EP ÉR AGE
MISE EN CONTEXTE
1. 1 . An a ly s e u r b a i ne: H égémon i e du terti ai r e: VOI RI ES
Artères principales Artères secondaires Circulation en boucles
FLUX V ÉHI C U L AI RE
Flux important Flux moyen Flux faible Des flux importants au niveau des grandes artères à double sens et diminuent au niveau des voies à sens unique.
FLUX PI ÉT O N
Flux important Flux moyen Flux faible Les grandes artères subissent un flux piéton important. Les voies moins parcourues par les voitures sont plus fréquentées. FON C T I O NS U RB AI NES
55+30+15 t er t i a i r e
r és i d ent i el l e
r és i d u ur b a i n
Dominance des fonctions tertiaires
Chapitre III
93
E R R ANC E E T R E PÉ R AGE
MISE EN CONTEXTE
LES GRANDS REPÈRES DE LA ZONE
HA G
l’Habitat 3| Poste tunisienne 4| STEG 5| Assurance STAR 6| Agence Tunisair 7| Comité Général des prisons et de la rééducation
AV M OHAM
1
3 4
ED V
7
AV J. JA UR ES
6
AV
H.
BO
UR
G
UI
BA
5
AV
G
HA
NA
REPÈRES DE DÉTENTE
1| Bistrot Bonaparte 2| Tarkina Coffee
2
AV
1| Banque Centrale 2| Banque de
NA
REPÈRES ADMINISTRATIFS
AV M OHAM E
Shop
AV J. JA UR ES
3| Tag Store Coffee
3
1 4
5
AV
G
HA
NA
AV
H.
BO
UR
G
UI
BA
Shop 4| Café du Caire 5| L’escale
DV
2
REPÈRES COMMERCIAUX
AV M OHA AV J. JA UR ES
1| Central Park 2| Boutique Zen 3| City Sport
MED
V
2 1
AV
G
HA
NA
AV
H.
BO
UR
G
UI
BA
3
REPÈRES ÉDUCATIFS
94
1
UR
G
UI
BA
2
BO
3
H.
Jaurès 2| Lycée privé l’essort 3| Lycée rue de Marseille
ED V
AV J. JA UR ES
AV
1| Collège de Jean
AV M OHAM
Chapitre III
E R R ANC E ET R EP ÉR AGE
MISE EN CONTEXTE
2. 2 . An a ly s e s éq u en ti el l e et patter n s ambi ants: H ét érog én éit é du vécu : Pour distinguer les différentes qualités ambiantales du quartier, on propose d’étudier la partie la plus diversifiée en termes de fonctions, d’où la zone délimitée du coté: · Nord par la rue de Lénine · Sud par la rue Mokhtar Attia · Est par la rue Hedi Nouira
ire Rue du Ca
Rue Hédi No
uira
ine
Rue de Lén
Rue
· Ouest par la rue du Caire
a Mokhtar Atti
Cette le
cadre
analyse d’une
établie au 1
100m
er
s’inscrit
errance
dans
urbaine
semestre de la 5 è me
année. F.126|
Carte - Zone PERSONNEL)
d’étude
choisie
(TRAVAIL
Réalisée
sur
la
base
d’une
observation à différentes journées, l’analyse se définit par le découpage de chaque voie en séquences. La qualité ambiantale est mise en évidence par des codes ambiantaux et par des sensations (Voir Annexe A pour puls de détails).
CODES AMBIANTAUX
CIRCULATION VÉHICULAIRE
CIRCULATION PIÉTONNE
NUISANCE SONORE
PRÉSENCE VÉGÉTALE
ZONE D’OMBRE
HU MEUR ET AMBIANCE
DÉSAGRÉABLE
E N N U Y A N TE
NE UTR E
SY MP A
AGR É ABLE
JOURS PARCOURUS 25/1 1 / 2 0 2 0
14H-16H
2 8 /1 2 /2 0 2 0
1 3 H - 1 7H
21/0 6 / 2 0 2 1
10H-14H
2 3 /0 6 /2 0 2 1
1 5 H - 1 9H
02/0 7 / 2 0 2 1
11H-15H
0 8 /0 7 /2 0 2 1
1 1 H - 1 3H
11/0 8 / 2 0 2 1
09H-13H
1 8 /0 8 /2 0 2 1
1 4 H - 1 6H
Chapitre III
95
E R R ANC E E T R E PÉ R AGE
MISE EN CONTEXTE AVENUE DE JEAN JAURÈS
· Rue très encombrée et bruyante · Difficulté de circuler · Sensation d’étouffement et de malaise · Seul moment agréable = Le bistrot RUE MOKHTAR ATTIA
· Flux véhiculaire et piéton important · Rue bruyante et polluée · Rue non animée, non accueillante · Sensation d’insécurité RUE GARIBALDI
· Lieu de passage · Rue condamnée par les barrières · Rue non animée, peu fréquentée
RUE DE LÉNINE
· Rue surveillée par la police · Nostalgie à Kahwet Ellouh · Rue non animée · Omniprésence des parkings RUE DU CAIRE
· Difficulté de circuler · Présence de la végétation et de l’ombre · Flux désordonnés RUE KAMEL ATATURK
· Le bistrot est le seul moment agréable · Rue condamnée par les barrières et la police · Sensation d’écrasement
RUE PIERRE DE COUBERTIN
· Rue non fréquentée · Sensation d’insécurité et de malaise · Omniprésence des parkings
96
Chapitre III
35+15+25105 E R R ANC E ET R EP ÉR AGE
MISE EN CONTEXTE
PROFILS DES USAGERS
Les élèves Les retraités Les salariés Les étudiants Les chômeurs Les marchands
Même si le quartier présente seulement 2 repères éducatifs, l’espace est dominé par les élèves. L’omniprésence des administrations explique le nombre croissant des salariés. Globalement, la charte montre la mixité sociale de la zone et sa fréquentation riche et diversifiée.
SÉQUENCES TYPES Les séquences types décrivent les patterns ambiants qui se répètent dans un espace urbain donné. Ce sont les motifs comportementaux des individus qui constituent une séquence particulière. Les séquences sont influencées par 3 dimensions: · Les conditions climatiques · La configuration architecturale et urbaine · Le vécu
CODES COMPORTEMENTAUX
PASSAGE
D ÉT EN T E
C O MME R Ç A N T
À L’ABRI
Chapitre III
CO N SO M M A T EU R
97
E R R ANC E E T R E PÉ R AGE
MISE EN CONTEXTE
Séquence B
Séquence G
Séquence F
Séquence I
Séquence A Séquence E
Séquence H
Séquence D
Séquence C
AVENUE JEAN JAURES
A
Les passants s’installent sous les porches d’entrée du Central Park pour se reposer, s’abriter du soleil/pluie et pour discuter.
B
98
B
Les gens se rassemblent sous la station d’arrêt de bus et attendent son arrivée en s’abritant du soleil ou de la pluie.
Les passants sont obligés à traverser la rue pour circuler vu que le bus et ses usagers occupent le trottoir. Ceci crée un désordre dans cette zone. Chapitre III
E R R ANC E ET R EP ÉR AGE
MISE EN CONTEXTE
RUE DU CAIRE
C
RUE GARIBALDI
Le commerçant préfère exposer sa marchandise sur le trottoir du Central Park vu le flux important des passants
E
D
F
RUE MOKHTAR ATTIA
Le seul vendeur de f ruits et légumes restant dans cette zone, il est considéré comme un repère pour certains et est régulièrement fréquenté.
Les habitués du café préfèrent s’installer dans un espace ouvert, d’où sur le trottoir, qu’à rester à l’intérieur dans un espace couvert et fermé.
Les personnes cherchent à s’abriter du soleil sous l’ombre des arbres, ils prennent leurs cafés et se reposent. Les chaises sont soient sur la chaussée, soient sur le trottoir du Central Park.
Chapitre III
G
Le rythme accéléré des employés et des collégiens les obligent à chercher la consommation rapide pour optimiser leur temps
H
Le Central Park accueille plein de monde, donc le commerçant s’installe sur le trottoir de l’entrée principale pour attirer les gens.
RUE KAMEL ATATURK
I
L’installation des barrières dans la rue l’a condamnée et l’a transformée d’une rue véhiculaire en rue piétonne. Les gens la réapproprient comme extension du trottoir du coffee shop et il préfèrent donc s’y installer sous les arbres pour se détendre sous leurs ombres.
99
ERRANCE ET R E P É R AG E
MISE EN CONTEXTE
SY NT H ÈS E ZO NE ABANDO NNÉE
On remarque: · Manque de végétation et de parcs · Circulation véhiculaire dominante · Omniprésence des parkings et administrations · Manque d’espaces dédiés à la culture alternative · Densité des bâtiments Ces paramètres engendrent des sensations d’insécurité, d’étouffement et d’indifférence. Les habitués ont tendance à éviter quelques rues dans lesquelles ils ne partagent aucun vécu en o pposition à une grande fréquentation dans les rues les plus animées par des différentes fonctions.
RU
EK AM
EL
AT
AT
UR
A V J EA N J A UR ÈS
K
Il en résulte donc un contraste de part et d’autre de la rue Kamel Ataturk au niveau de: · Profils des usagers · Fréquentation des espaces · Fonctio ns des bâtiments D’où on trouve une zone dynamique animée en opposition d’une autre qui est isolée et évitée.
ZO NE DY NA M I Q U E RU E K AME L A TATU RK
Les séquences types montrent que: · Les habitués du quartier cherchent essentiellement à se détendre sous l’ombre dans un espace ouvert. · Les commerçants choisissent des espaces très fréquentés pour s’installer et attirer l’attention.
Séquences relatives aux commerçants
Séquences relatives aux habitués du quartier
Un environnement aride privé d’ambiances accueillantes et d’espaces d’échange et de partage.
1 00
Chapitre III
HOU MET W R A L ’ B A R R I ÈR E
MISE EN CONTEXTE
3. «HO UM E T WR A L ’ B AR R I ÈR E»: L ’ I N FOR ME L U R B A I N A U C Œ U R DU QU AR T I ER Dans ce volet, on va introduire le quartier dont se situe nos éléments d’intrigue. On va alors établir un zoom sur la zone et analyser en détails ses repères, ses contraintes et ses flux d’usagers. Cette analyse est réalisée à base d’observation depuis le 1 er semestre de la 5 èm e année et d’expérience personnelle dans Kahwet Ellouh en 2015.
«Houmet comme
Wra
l’appellent
L’Barrière», ses
artistes
urbains, se délimite du côté: · Nord par la rue Echbilia · Sud par la rue Garibaldi · Est par la rue Pierre de Coubertin · Ouest Rue
par
l’avenue
de
Jean
Jaurès.
de Lénine
s
Les barriére
l Attaturk
Le quartier a acquis son nom
Rue Kame
après
des
barrières
soutenant le bâtiment incliné de la 100m
F.127|
l’installation
rue Kamel Ataturk en 2018.
Carte - Délimitation de Houmet Wra L’Barrière (TRAVAIL PERSONNEL)
Le quartier héberge un nombre considérable de repères de la culture underground, notamment les cafés culturels où les artistes urbains se rencontrent et se défoulent. À l’époque, Kahwet Ellouh était le principal siège des événements culturels. Aujourd’hui, les artistes trouvent refuge dans des cafés comme le Bistrot et Tarkina, mais leurs activités se limitent à la rencontre et à la discussion plutôt qu’à la création et à l’expression. En parallèle de ces petits lieux de rencontre, les artistes urbains semblent avoir revendiqué la rue comme une toile pour leurs œuvres d’art. En effet, ce quartier est très animé par les graffitis, ce qui lui confère le statut de plus grande galerie d’art en plein air au centre ville de Tunis.
Chapitre III
101
H O U ME T W R A L’ BAR R IÈ R E
MISE EN CONTEXTE AVENUE JEAN JAURÈS
E RU
Collège Jean Jaures
STEG
D E
RUE KAMEL ATATURK
LÉ N IN E
Poste tunisienne Banque de l’Habitat
Kahwet Ellouh Tag Store
SIT Central Park
T UA
N Quartier entouré par plusieurs repères, principalement administratifs.
SONEDE
Bistrot Bonaparte
Banque Centrale
Tarkina
CGPR Repères éducatifs
Repères administratifs
Banques
Zone dynamique
RU AT E K AT A UR ME K L
CO
EX NT
TE
Partie condamnée par les barrières
Partie condamnée par les policiers FLU
FLU
XD ES
SÉ
E LÈV
S
SA RT IS
TES
S DE IT RS U E I RC CI OLIC P AR
TIS
TES
UR
BA
IN
S
Champ de surveillance
Barrières de la police
XD E
E XD FLU
A SB
N
IE QU
RS
UR
BA
IN
90% de Houmet Wra L’Barrière est une zone morte. L’espace est dominé par la surveillance policière.
Zone morte
E XD FLU
Repères de nostalgie
RU AT E K AT A UR ME K L
Repères de loisir
102
IO
S
FLU
X
Houmet Wra L’Barrière présente une mixité sociale en rassemblant des différents flux de personnes.
Chapitre III
HOU MET W R A L ’ B A R R I ÈR E
MISE EN CONTEXTE
3. 1 . L e p a r a d ox e de l a r ue de Lén i ne: Rue de Lénine ou comme ses habitués l’appellent «Rue ellouh» présente la plus grande galerie en plein air du centre-ville de Tunis, grâce à ses fresques murales de graffiti qui s’étalent tout au long des façades des bâtiments et des clôtures des parcelles. Cependant, cette expression graphique est cernée par un milieu dominé par: · la présence policière qui s’affirme par la surveillance et le contrôle et qui condamne une portion de la rue Kamel Ataturk · la présence bancaire qui s’impose par l’ampleur de la banque centrale dans l’aboutissement de la rue de Lénine et par l’omniprésence d’un ensemble d’agences tout au long de la rue Hedi Nouira qui lui est perpendiculaire. · la présence de 3 parkings en succession dans la même rue. D’une part, cet environnement contradictoire entre l’oppression et l’expression et la fameuse relation hostile entre les artistes et la police est l’essence du paradoxe de cette rue. On se demande alors comment et quand les artistes ont réussi à défier cette présence constante de contrôle pour s’approprier la rue et ses murs? D’autre part, même si la rue abrite 3 parkings successifs et donc répond généreusement à ce besoin, on témoigne du stationnement anarchique sur les trottoirs.
Parking 1
Ru
ed
eL
én
ine
Présence policière
Parking 2
Parking 3
Présence bancaire
Rue de Lénine
Collège Jean Jaures Hôtel l’orient Kahwet ellouh Tag Store Banque Centrale
Chapitre III
103
H O U ME T W R A L’ BAR R IÈ R E
MISE EN CONTEXTE
3.2. Ka h w et ell ou h / Wh atever Sal oon: l e fameux s y mbo l e d e rés i s t a n c e ur bai ne: Connu à l’époque sous le nom de Kahwet ellouh ou encore Whatever Saloon, cet espace dont la vocation est principalement culturelle, servit comme un coffee shop dans la majorité des journées et une salle de spectacle en cas d’événements. Mais bien avant qu’ Ellouh ne devienne ce qu’il est, le hangar était un dépôt de stockage de bouteilles. Après avoir été mis en vente, son destin s’est aligné avec celui de Wael Mhamdi , son nouveau propriétaire. L’espace, autrefois morbide et abandonné, a obtenu une nouvelle identité qui, plus tard, a contribué à en forger beaucoup d’autres.
Photo - Le dépôt de stockage de bouteilles, 2013 (WAEL MHAMDI)
F.128|
Kahwet célèbre
ellouh ,
pour
son
F.129|
Photo - Kahwet ellouh/ Whatever Saloon, 2013 (WAEL MHAMDI)
F.130|
Photo – Exposition à Kahwet ellouh, 2015, (WAEL MHAMDI)
F.131|
Photo – Kahwet ellouh, 2015, (WAEL MHAMDI)
autrefois ambiance
chaleureuse et son intérieur rustique exceptionnel entièrement décor é en bois réc upéré, a ouvert ses portes en
2013
devenu pour
et une
les
est
immédiatement
immense
jeunes
et
attraction les
artistes
urbains. L’espace était dédié avant tout à la culture locale underground et à la promotion des jeunes artistes. Il proposait des activités artistiques très variées tels que les concerts, les projections de films, les pièces de théâtre ou les expositions.
Ellouh spectacles voire
a de
Stambali,
accueilli différents Reggae,
des
genres, Metal,
HipHop, Groove, etc... et a été le
104
Chapitre III
HOU MET W R A L ’ B A R R I ÈR E
MISE EN CONTEXTE
point de départ des plus célèbres artistes underground de nos jours.
Whatever Saloon a également accueilli quelques conférences
F.132|
de presse du festival
Photo - Ellouh dans la plupart des journées, 2014 (WAEL MHAMDI)
F.133|
Photo - Ellouh en cas d’événements, 2014 (WAEL MHAMDI)
des JCC en 2014 et 2015 et a été la première destination de nombreux événements réalisés par des ambassades et des or ganisations internationales (1 2 ) . Bien que sa réputation soit indéniable, l’espace culturel était condamné à fermer en 2015 après 15
tentatives
redondantes
sous
l’ordre du ministère de l’intérieur et de la municipalité sous prétexte que «des citoyens et clients ont exprimé leur mécontentement visà-vis des activités de l’espace, ses prix exorbitants et la qualité de ses
F.134|
Photo - Décision de fermeture de Whatever Saloon, 2015 (WAEL MHAMDI)
habitués ( 1 3 ) » Cette décision a provoqué la colère des artistes underground et de l’ensemble des clients fidèles de l’espace et a engendré leurs protestations dans l’espoir de sauver Ellouh . Aussi persistant qu’il soit, Whatever Saloon a été condamné à fermer définitivement, pulvérisant ainsi les rêves d’une génération d’artistes en pleine émergence. Le parcours d’ Ellouh a peut-être pris fin, mais pas son objectif de promouvoir la culture alternative. Alors que la flamme de Whatever Saloon s’éteignait, un autre espace culturel renaissait de ses cendres.
Lang’art , une nouvelle initiative visant à célébrer la scène underground, a ouvert ses portes simultanément avec son voisin Tag Store où les premières fresques murales ont eu leur genèse.
Lang’art était un projet de l’association «Danseur Citoyens», une association qui propose de la formation professionnelle pour les danseurs tunisiens.
L’espace culturel a offert des différentes activités comme le
breakdance, le théâtre, l’acrobatie et les arts de rue. Le lieu a accueilli des nombreux événements et compétitions dont on cite le festival de danse (12) https://nawaat.org/2015/05/26/decision-de-fermeture-espace-culturel-tunis-whatever-saloon/ 22/07/2021) (13) Ibidem.
Chapitre III
(consulté
le
105
H O U ME T W R A L’ BAR R IÈ R E
MISE EN CONTEXTE
Mafia Wallitili en collaboration avec l’IFT en 2017 (1 4 ) .
Photo - Façade de Lang’art + Tag Store, 2016 (LOST IN TUNIS+TRAVAIL PERSONNEL)
F.135|
L’espace
multidisciplinaire
fut
composé
d’une salle de danse de 66m², d’une salle polyvalente de 55m², d’une bibliothèque, et d’une
résidence
artistique
de
8
places (1 5 ) .
L’institution a mobilisé une dizaine de professeurs et une équipe administrative de 5 personnes engagée dans la formation ( 1 6 ) .
Lang’art a rendu le quartier plus accueillant et
plus
tolérant
à
la
culture
underground.
L’explosion des graffitis colorés et le dynamisme des breakdancers ont incité de nombreux autres artistes à les rejoindre et à traîner dans les parages, notamment des skateurs, des musiciens,
F.136|
Photo – Salle polyvalente, 2016 (KAPITALIS)
des athlètes de parkour et bien d’autres pratiques sont apparues. Toute fois, comme tout autre projet artistique, Lang’art a été fermé pour des raisons inconnues en 2017 a déménagé son local dans le quartier de Wra l’Afrika.
F.137|
Photo - Festival de Mafia Wallitili, 2017 (KAPITALIS)
F.138|
Photo - Les jeunes se réunissent devant Lang’art pour graffer, skater et discuter (KAPITALIS)
Aujourd’hui, Kahwet Ellouh ou Lang’art sont réduits à un parking sans vie. Le Tag Store se tient toujours à sa place mais ne propose rien d’autre que des boissons et un décor rétro. La façade couverte de graffitis a été repeinte, l’intérieur en bois recyclé a été complètement démantelé et la seule constante est la réputation du lieu et la nostalgie de ses clients. (14) https://linstant-m.tn/single-article/ar457_decouvrez-le-programme-du-hip-hop-mafia-wallitili-festival (consulté le 22/07/2021) (15) https://femmesdetunisie.com/langart-un-espace-dedie-a-la-formation-des-arts-de-la-rue/ (consulté le 22/07/2021) (16) https://yellow.place/en/lang-art-tunis-tunisia (consulté le 22/07/2021)
106
Chapitre III
HOU MET W R A L ’ B A R R I ÈR E
L’espace
est
MISE EN CONTEXTE
actuellement
détenu par le propriétaire du café qui lui est adjacent; le Tag Store. Il est accessible depuis le café et depuis la rue de Lénine. Néanmoins,
malgré
son
passage rapide dans l’histoire de cette rue, certains cont inuent à appeler le hangar «Kahwet Ellouh» tant il a forgé son identité dans les racines de ce lieu.
F.140|
Photo - Kahwet Ellouh aujourd’hui, 2021 (PRISE PERSONNELLE)
F.139|
Photo – Kahwet Ellouh aujourd’hui, 2021 (PRISE PERSONNELLE)
F.141|
Photo - Kahwet Ellouh aujourd’hui, 2021 (PRISE PERSONNELLE)
LANG’ART+TAG STORE: Espace culturel
DÉPÔT DE
privé dédié à
S TOCKAGE DE
la danse et au
BOUTEILLES
X–2013
graffiti.
2013-2015
2015-2017
2017-présent
WHATEVER
PARKING:
SALOON/
Espace dédié au
KAHWET ELLOUH:
stationnement.
Espace culturel privé promoteur de la culture underground.
Chapitre III
F.142|
Schéma – Kahwet Ellouh à travers le temps (TRAVAIL PERSONNEL)
107
MISE EN CONTEXTE
PAR O LE H ABITAN TE
4 . LA PAR O LE HABI T A NT E: L E V ÉC U C OM ME DÉCLE N C HE UR D U PR OJ ET Après avoir effectué l’analyse urbaine du site et distingué les différentes potentialités et contraintes, je me suis basée sur la méthode d’investigation des enquê tes in situ que propose Kevin Lynch dans son œuvre «L’image de
la cité» . Il suggère 2 types d’investigations, la première étant une enquête aléatoire d’un échantillon de citadins et la deuxième étant une enquête ciblée des observateurs experts ( 1 7 ) . Ces investigations présentent un moyen d’approfondir la connaissance du contexte à travers la mémoire collective de ses habitués et leur vécu et de renforcer les informations recueillies dans le cadre de l’analyse urbaine. En effet, j’ai opté pour 3 types de questionnaires (voir annexe B, C et D): · Le premier est une enquête in situ de micro-trottoir orientée vers une dizaine d’étrangers choisis au hasard et dont le rapport au quartier varie entre des employés, des résidents ou des passants. · Le deuxième est une enquête réalisée à base d’un formulaire digital dont une trentaine de personnes aléatoires ont répondu. Les questions posées sont les mêmes que celles du premier. · Le dernier est une enquête ciblée interrogeant un groupe de skateurs sur la scène de glisse urbaine au centre ville. La méthodologie et les questions effectuées ont été encadrées et corrigées par M me Raoudha Ben Ayed , une sociologue urbaniste agrégée à l’ENAU.
4.1. E n t ret ien s s em i- d i r ecti fs al éatoi res: 4.1.1. Enquête in situ: · Méthodologie et objectifs de l’enquête: Le questionnaire comporte 4 étapes divisées en 8 questions: · La première étape est introductive relevant le nom, l’âge et l’occupation · La deuxième étape se focalise sur la perception de la ville en termes de repères et de fréquentation d’où relever des éléments types · La troisième étape est une étape d’approfondissement cherchant à solliciter les sensations et distinguer les différents vécus · La dernière étape est conclusive visant à mener l’enquêté à proposer une alternative. · Constats: On a constaté que les enquêtés, malgré la différence d’âge et la nature de leur relation à l’espace, ont les mêmes perceptions en termes d’orientation, de repérage et de besoins (voir annexe B pour les réponses détaillées) (17) LYNCH, Kevin, «The image of the city» , The Massachusetts Institute of Technology, Cambridge, Massachusetts, 1960, (Voir Annexe B: L’utilisation de la méthode) pp165-187.
108
Chapitre III
PAR OL E H AB I T ANT E
MISE EN CONTEXTE
Les enquêtés ont tous exprimé le même ennui du quartier et leur méfiance de la zone administrative. Ils espèrent en revanche d’avoir des espaces de loisir et de détente pour raviver le quartier. INTERPRÉTATIONS: ÉTAPE 1: ÉTAPE INTRODUCTIVE Q1. Quelle est la nature de votre relation au quartier? Âge – Occupation Constat: · La plupart sont des jeunes · Fréquentation imposée par: Travail – Habitation – Passage – Loisir ÉTAPE 2: ÉTAPE DE FOCALISATION SUR LE SUJET: Q2. D’après vous, quels sont les éléments les plus remarquables dans cette zone? Définition des points de repère. On peut les classer selon: - L’ampleur: Central Park/ Banque centrale/ Assurance STAR = Repères communs répétitifs - La fréquentation: Bistrot/ Tarkina - La nuisance: le flux piéton/ flux véhiculaire - Le vécu: Kahwet ellouh/ Bistrot = Repères particuliers spécifiques aux personnes Q3. Quel est l’endroit que vous fréquentez le plus? avec qui? et quand? Le choix est très limité Pourquoi? Il n’y a aucun espace de loisir à part les cafés Les jeunes sont ennuyés par ce manque de variété. ÉTAPE 3: ÉTAPE D’APPROFONDISSEMENT Q4. Pourquoi cet endroit vous plaît? Les interviewés cherchent: · L’ordre «Central Park »خاطر البالصة الوحيدة ايل نحسها منظمة · La familiarité « »القهوة فيها حبايبايت ونحب القعدة معاهم · La convivialité «Tarkina ،»فيها ركشة مزيانة ّ ايل يعجبك يف البالصة هاذيles parkings» · L’efficacité « ماكث ريب كان Q5. Un endroit que vous évitez? Méfiance de la zone administrative et bancaire Ressenti: stress/ ennui/ indifférence Q6. Un endroit dont vous avez un souvenir? Un souvenir marqué par l’habitude ou un événement ponctuel Q7. Qu’est ce que vous vous sentez dans ce quartier? Ressenti: étouffement/ stress/ encombrement à cause de: · L’omniprésence des voitures sur toute la zone · La nuisance sur tous les plans (bruits, odeurs, mauvaise exploitation des trottoirs...) ÉTAPE 4: ÉTAPE CONCLUSIVE: Q8. Qu’est ce vous pensez qui manque dans cette zone et qu’en l’ajoutant, va l’enrichir et la rendre plus fréquentée? Un champ lexical qui tourne autour du bien être/ La détente/ Loisir On entend: jeux, bar, maison de jeunes, Ce qui justifie un peu la nostalgie quant à kahwet ellouh. ALTERNATIVES?
- Activités autres que les cafés/ travail/ parking - Envie d’expression et de changement
Chapitre III
109
MISE EN CONTEXTE
PAR O LE H ABITAN TE
4.1.2. Enquête digitale: · Méthodologie et objectifs de l’enquête: Le questionnaire comprend les mêmes questions que celles du premier questionnaire. On a eu la contr ibution de 30 personnes dont l’âge, la profession et la relation au quartier différent. Ce questionnaire nous a permis d’approfondir nos connaissances du quartier, surtout en ce qui concerne les ambiances la nuit, vu que le premier questionnaire a été établi au cours de la journée. On a aussi bénéficié du nombre assez important des enquêtés vis a vis à celui du premier interrogatoire au niveau de la variété de réponses et la richesse des informations. (voir annexe C pour les réponses détaillées) · Constats: On a conclu à partir de cette enquête que la majorité de personnes sont des passants. Les enquêtés fréquentent les grands repères du quartier et évitent la zone administrative et les espaces éloignés de la voie principale. Certains éprouvent des sentiments d’insécurité, de stress et d’étouffement, d’autres ont exprimé des sentiments de nostalgie, notamment à Kahwet Ellouh. Ils cherchent des espaces verts, des espaces culturels et des moments de détente comme alternative à un quartier très bruyant et mono-fonctionnel.
INTERPRÉTATIONS: ÉTAPE 1: ÉTAPE INTRODUCTIVE Q1. Quelle est la nature de votre relation au quartier? Âge – Occupation Constat: · La plupart sont des jeunes = 71% des enquêtés · Fréquentation imposée par: Travail – Habitation – Passage – Loisir ÉTAPE 2: ÉTAPE DE FOCALISATION SUR LE SUJET: Q2. D’après vous, quels sont les éléments les plus remarquables dans cette zone? Définition des points de repère. On peut les classer selon: · L’ampleur: Central Park/ Banque centrale/ ZEN/ CNSS = Repères communs répétitifs · La fréquentation: Bistrot/ Station de bus · La nuisance: le flux piéton/ flux véhiculaire/ le collège · Le vécu: Bistrot/ Station de bus/ L’escale · L’esthétique: Graffiti/ Le style architectural des bâtiments = Repères particuliers spécifiques aux personnes Q3. Quel est l’endroit que vous fréquentez le plus? avec qui? et quand? Le choix est très limité Il se limite au Central Park et au bistrot Pourquoi? Il n’y a aucun espace de loisir à part les cafés.
110
Chapitre III
PAR OL E H AB I T ANT E
MISE EN CONTEXTE
ÉTAPE 3: ÉTAPE D’APPROFONDISSEMENT Q4. Pourquoi cet endroit vous plaît? Les enquêtés cherchent: · La proximité du lieu de travail · L’efficacité des parkings · La familiarité des espaces (surtout les cafés) · Le dynamisme (espaces mouvementés) · L’esthétique (Graffiti) Q5. Un endroit que vous évitez? Méfiance de: · La zone administrative et bancaire · Les ruelles la nuit · L’espace environnant du collège Ressenti: stress/ ennui/ malaise/ insécurité Q6. Un endroit dont vous avez un souvenir? Un souvenir marqué par l’habitude ou un événement ponctuel. Ils partagent des souvenirs dans le Bistrot, Kahwet Ellouh, Central Park, Station de bus Q7. Qu’est ce que vous vous sentez dans ce quartier? Ressenti: · Étouffement/ stress/ malaise/ encombrement à cause la nuisance · Nostalgie à des espaces · Danger/peur la nuit à cause des sdf et braquages ÉTAPE 4: ÉTAPE CONCLUSIVE: Q8. Qu’est ce vous pensez qui manque dans cette zone et qu’en l’ajoutant, va l’enrichir et la rendre plus fréquentée? Un champ lexical qui tourne autour du bien être/ La détente/ Loisir On entend: végétation, ombre, sécurité, artistes urbains, activités sportives, animation, divertissement... ALTERNATIVES? · Parc urbain · Espaces verts · Placette · Espace culturel · Espace co-working
Chapitre III
111
MISE EN CONTEXTE
PAR O LE H ABITAN TE
4.2. E n q u êt e c ib lée: · Méthodologie et objectifs de l’enquête: J’ai mené des entretiens semi-directifs composés de 15 questions avec des skateurs dans le spot du BIAT (voir annexe D pour les réponses détaillées). J’ai interrogé les skateurs à la fois individuellement et dans le cadre de groupes de discussion. On a assimilé quatre choses à partir de ces entretiens: · Premièrement, savoir les différentes backgrounds de cette communauté et leur fréquentation au centre-ville de Tunis. · Deuxièmement, comprendre les paramètres qui influencent les skateurs à choisir leurs spots. · Troisièmement, comprendre si les tensions, les perceptions et les confrontations potentielles se manifestent régulièrement. · Enfin, analyser comment les architectes et urbanistes peuvent mieux répondre aux besoins de cette communauté. Cette enquête a pour but d’approfondir nos connaissances sur les arrières scènes de la communauté de skateboard au centre ville de Tunis et de comprendre les besoins spatiaux des skateurs pour aboutir à une réponse architecturale et urbaine cohérente. · Constats: On a conclu de cette enquête que le spot préféré des skateurs est celui du BIAT, où ils ne sont agressés ni par la police ni par les piétons. Ils ont tous subi des attitudes hostiles auprès des personnes qui côtoient le même espace et ont tous exprimé un besoin d’avoir des espaces dédiés à leur pratique, notamment un skateshop et un skatepark. On a aussi remarqué qu’aucun skateur passe par le quartier de Jean Jaures pour déambuler et qu’ils ne s’y ont jamais été intéressés car il n’offre ni un espace de développement de leurs compétences ni un espace de rencontre convivial qui les accueille.
INTERPRÉTATIONS: ÉTAPE 1: INTRODUCTION DES ENQUÊTÉS Q1. Présentez vous: Prénom ou surnom, âge et occupation? La majorité sont des adolescents âgés entre 11 et 18 ans. Q2. Habitez vous dans les alentours ou vous venez d’autres quartiers? Ils habitent dans les quartiers du centre ville à l’exception de quelqu’uns. Q3. Depuis quand vous skatez? Ils ont tous une expérience d’au moins 1 ans Q4. Combien de fois par semaine venez-vous au centre ville pour skater? Seul ou accompagné? Ils fréquentent les spots régulièrement
112
Chapitre III
PAR OL E H AB I T ANT E
MISE EN CONTEXTE
ÉTAPE 2: INFLUENCE DU CHOIX ET FRÉQUENTATION DES SPOTS Q5. Quels sont vos spots préférés au centre-ville? Pourquoi? La majorité préfèrent le spot de BIAT car: · Ils ne subissent pas des réactions hostiles ni par les piétons ni par la police. · Les surfaces lisses faciles à glisser. Q6. Quels sont les paramètres qui vous motivent à choisir un spot par rapport à un autre? Les matériaux La sécurité du quartier L’absence de police La proximité aux commodités Types de personnes qui côtoient l’espace Q7. Quels sont les quartiers que vous évitez en circulant au centre-ville? Les quartiers surveillés Les quartiers connus par leur insécurité et braquages Les quartiers qui ne présentent aucun spot potentiel. Q8. Fréquentez-vous le quartier de Jean Jaurès? Si non, pourquoi? La majorité ne fréquentent pas le quartier parce qu’il n’offre aucun spot potentiel et il est très surveillé par la police. ÉTAPE 3: DIFFICULTÉS ET CONTRAINTES PRÉSENTES Q9. Quelles sont les difficultés que les skateurs rencontrent régulièrement? Les attitudes hostiles des citoyens L’infrastructure mal entretenue Le manque d’espaces dédiés à la pratique ou les espaces «skate-friendly» Q10. Est-ce que les piétons trouvent cette activité agréable ou sont-ils généralement hostiles? Ça dépend des personnes, parfois ils sont tolérants mais généralement ils se sentent agressés par les skateurs dans l’espace. Q11. Pourquoi pensez-vous qu’ils s’opposent à cette pratique? Comment vous perçoivent-ils? Les citoyens perçoivent les skateurs comme des gamins ou des délinquants. Ils se sentent en danger ou en confusion à l’égard de la pratique. Q12. Avez-vous déjà subi des tensions avec les autorités? La pratique est toujours en conflit avec l’autorité, tout le monde ont subi des problèmes. ÉTAPE 4: ATTENTES, BESOINS ET ALTERNATIVES Q13. En termes d’espace, quelles sont les manques dans la scène locale de skateboard? Pas d’espaces dédiés à la pratique, surtout un skateshop Les espaces skatables ne sont pas «skate-friendly» Q14. Que suggérez-vous pour améliorer cet état? Éduquer les citoyens sur la culture de skateboard Construire des espaces dédiés au skateboard Q15. Vous préférez avoir un grand skatepark ou des différents éléments urbains skatables dispersés dans la villes? La majorité préfèrent un grand skatepark qui unit tout le monde.
Chapitre III
113
C O NC LU SIO N
MISE EN CONTEXTE
CONC LUS I O N Ce chapitre nous a révélé les potentialités spatiales du centre ville de Tunis, ses patterns ambiants et les espaces qui interpellent sa culture underground. Malgré le manque d’espaces dédiés à cette dernière, les artistes ont initié des projets créatifs dans des différents domaines pour combler ce vide. Le graffiti et le skateboard, étant les informels urbains les plus omnipotents au centre-ville de Tunis, envahissent ses rues et égayent ses quartiers. On a alors choisi d’étudier le secteur de Jean Jaurès où les formes de la culture alternative et de la résistance urbaine se manifestaient le plus. On a constaté à la fin de notre diagnostic une omniprésence des parkings et administrations en faveur des espaces verts et des espaces de partage. Ceci a engendré des sensations d’insécurité et d’étouffement au près des habitants et une faible fréquentation de ce secteur. À la lumière de l’enquête sociale effectuée, les habitants ont exprimé leur besoin des espaces de partage, des espaces culturels et des espaces verts. On a aussi relevé le besoin émergent des skateurs d’avoir des espaces dédiés à la pratique vu leurs absences. En s’appuyant sur le skate-urbanisme, notre intervention se basera alors sur l’analyse du contexte dans lequel s’inscrira le projet et sur les besoins exprimés dans l’enquête sociale.
114
Chapitre III
CHAPITRE IV
LE PROJET VERS L’ÉMANCIPATION DE L’ESPACE URBAIN AU SECTEUR DE JEAN JAURÈS
F.143|
Illustration – Skate-plaza (TRAVAIL PERSONNEL)
IN TR O D U C TION
LE PROJET
INTROD UC T I ON On va révéler, dans ce dernier chapitre, la concrétisation des théories précédemment étudiées. On va alors établir les lignes directrices de notre réflexion et mettre en évidence les stratégies d’intervention qui porteront sur 2 échelles urbaines (le secteur de Jean Jaurès) et architecturales (Kahwet Ellouh). Le projet s’appuiera sur: Les concepts clés dictés dans les chapitres précédents, les potentialités du contexte dans lequel il s’inscrira et l’innovation et la technicité des projets de références. On vise, à travers cette réflexion, à matérialiser l’approche du skateurbanisme dans le contexte du centre-ville de Tunis. On tentera à forger une nouvelle identité au lieu à travers sa culture émergente, à répondre aux besoins spatiaux des skateurs, à impliquer les artistes urbains et à reconcilier la pratique avec son environnement.
116
Chapitre IV
I N T ER V ENT I ON U R B AI NE
LE PROJET
1. LE S I N T E NT I O NS: 1. 1 . Pr of i ls d ’ u s a ger s ci bl es: Les skateurs
Les habitants
· Répondre à leurs besoins urgents
· Revitaliser leur quartier
· Leur offrir un espace dédié à leur
· Les introduire à la culture alternative et
pratique
au skateboard
· Apprivoiser la pratique dans les scènes
· Créer un événement urbain pour fuir la
urbaines quotidiennes
routine
Les artistes urbains
Les passants
· Leur offrir un médium d’expression et d’expérimentation
· Solliciter leur curiosité · Les introduire à la culture alternative et
· Les impliquer dans la conception hybride des skatespots
au skateboard · Les réconcilier avec la pratique
1. 2 . S t r a t ég ie d ’ inter venti on urbai n e: L’analyse nous a révélé que le secteur urbain de Jean Jaurès manque d’espaces verts, d’espaces publics d’échange et de partage et d’espaces culturels.
En
revanche,
on
a
constaté
l’omniprésence
des
fonctions
administratives d’un côté et des fonctions résidentielles et commerciales de l’autre côté. Ceci a créé un contraste d’ambiances et a diminué la fréquentation du secteur vu que les gens ont tendance à éviter ces espaces dans lesquels ils ne partagent aucun vécu. Cependant, le secteur est le plus revendiqué par les artistes urbains en termes de graffiti où il abrite les plus grandes fresques murales au centre ville de Tunis. Ainsi, malgré sa monotonie, ce secteur accueille une culture alternative riche et interpellée par ses potentialités. Bien qu’il soit le centre d’intérêt des ses artistes urbains, il ne semble pas intéresser les skateurs. Ils ont exprimé leur indifférence envers l’espace vu qu’il n’offre aucun espace à exploiter. De ce fait, pour homogéniser les ambiances urbaines et harmoniser le tissu, et pour inviter les skateurs à exploiter ce secteur, on va opter pour une stratégie de requalification de l’espace urbain par le réinvestissement des espaces résiduels et leur reconversion en skatespots hybrides. Ces espaces comprendront: · Des espaces dédiés à la glisse urbaine · Des espaces de détente · Des espaces verts
Chapitre IV
117
IN TE R V E N TIO N U R BAIN E
LE PROJET
LES RÉSIDUS URBAINS EXISTANTS Réinvestir les espaces résiduels pour les attribuer une nouvelle fonction et redymaniser l’espace urbain.
LES
TERRAINS
CHOISIS
POUR
L’INTERVENTION Les terrains seront réaménagés en spots de skateboard prototypes. Le choix varie selon la taille, l’accessibilité et les potentialités à offrir.
LA FRÉQUENTATION – Animer les artères secondaires et la zone administrative non fréquentées. – Injecter un événement urbain aux artères principales.
L’INTERACTION ENTRE LES SPOTS – Relier les spots par un traitement au sol qui tissera le chemin. – Enrichir l’expérience du skateur dériviste – Agir comme une signalétique.
PIÉTONNISATION
DES
VOIES
CONDAMNÉES –
Requalifier
les
voies
déjà
condamnées en les piétonnisant – Favoriser l’expérience des piétons et des skateurs – Leurs proposer des nouveaux sous-espaces urbains. F.144|
118
Schéma – Stratégies d’intervention urbaine (TRAVAIL PERSONNEL)
Chapitre IV
I N T ER V ENT I ON U R B AI NE
6
Skatespot
8
Skateshop
LE PROJET
7
Superficie 1090 m²
Parc Landskate Superficie 5200m²
Superficie 420 m²
50m 3
Skatespot Superficie 480 m²
4
Skatespot Superficie 760 m²
2
F.145|
1 Skatespot Superficie 990 m²
5
Skatespot Superficie 1250 m²
Skatespot Superficie 1565 m²
Carte – Le réseau de skatespots et leurs superficies (TRAVAIL PERSONNEL)
Chapitre IV
119
IN TE R V E N TIO N U R BAIN E
LE PROJET
Prototypes:
1
6 Skatespots
Clôture en grillage métallique
Inviter les artistes urbains à réinvestir les clôtures adjacentes aux voisins
Assurer la sécurité et la connexion avec l’extérieur
Contact direct avec la rue = Fusionner la limite entre les espaces partagés (rue et skatespot) Utiliser un revêtement au sol lisse et robuste (béton)
Implanter des éléments skatables = des micromodèles de skateparks.
Injecter du végétal pour animer l’espace et contraster avec le béton
Ajouter du végétal pour combler le manque dans cette zone
Ajouter du mobilier urbain pour se reposer et inviter les habitants à regarder les skateurs
Mobilier urbain skatable
F.146|
120
Schéma – Prototype d’un skatespot (TRAVAIL PERSONNEL)
Chapitre IV
I N T ER V ENT I ON U R B AI NE
7
LE PROJET
Parc Landskate Remplacer les clôtures en maçonnerie par des clôtures en grillage sur les limites des voies principales
Accès direct à la parcelle 6 = pas de clôture
He
di N
ou
ira
6
Ave
7
nue
pi ét on n
isé e
Investir la clôture adjacente aux voisins par les artistes urbains
Mo
ha
me
dV
Vo ie
Rue
Agir comme un espace articulateur qui relie les deux voies principales. 6
Ajouter du végétal pour combler le manque dans cette zone
7
Terrain de Street Ball
6
Skatespot Parkour Park
Espace Polyvalent Central pour communiquer avec tous les espaces
Des éléments pour le parkour et le skateboard
F.147|
Schéma – Le parc (TRAVAIL PERSONNEL)
Chapitre IV
Landskate
Le gradin peut servir pour se reposer, pour faire des «gaps» et pour assister à des spectacles
Des assises skatables
121
IN TE R V E N TIO N AR C H ITE C TU R ALE
LE PROJET
1.3. Str a t ég i e d ’ i n t er v enti on ar ch i tectu ral e: 8
Skateshop (Kahwet Ellouh)
Kahwet Ellouh, autrefois un symbole de résistance urbaine et berceau de la culture alternative au centre vil le de Tunis, s’inscrit dans un contexte très complexe et mouvementé. Hormis l’omniprésence des administrations et de la surveillance policière, le quartier présente une mixité sociale en rassemblant des différents profils d’usagers, voire les artistes urbains, les élèves et les banquiers. L’enquête réalisée avec les skateurs nous a révélé le besoin urgent de ces derniers d’avoir un skateshop vu le manque du matériel. Ainsi, on va reconvertir Kahwet Ellouh en un skateshop hybride qui servira à la fois à fournir les planches et le matériel, à impliquer les artistes urbains à travers des workshops et à instruire la pratique aux différentes tranches de personnes en fusionnant Ellouh avec le TAG STORE. Barrières de la police
N
LÉN
XD
ES
ÉL
ÈV
ES
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AR
Champ de surveillance
TIS
TES
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RUE
JEA UE S N E AV AURÈ J
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S DE UIT RS RC LICIE I C O P
UR
TIS
TES
UR
BA
INS
Offrir au x élèv es un es p a ce de déten te et d e r ep os dan s les h eu res cr eus es
I mp l iq u e r le s a r ti ste s u r b a in s d a n s l a p e r so n n a lisa ti o n d e s p la n c h e s
I m p l iq u e r le s b a n q u i e r s e n ta n t q u e sp o n so r s
F.148|
122
Schéma – Stratégie d’intervention sur Kahwet Ellouh (TRAVAIL PERSONNEL)
Chapitre IV
I N T ER V ENT I ON AR C H I T EC T U R ALE
LE PROJET
Accès de service condamné
TAG STORE
RUE K A M EL A TA TURK
Accés piéton depuis le café
A
A
Accés véhiculaire depuis la rue RUE D E LÉN IN E
F.149|
Plan – L’état actuel de Kahwet Ellouh (TRAVAIL PERSONNEL)
2m
C harpente en bois Structure préservée
7m
F.150|
Coupe A-A – L’état actuel de Kahwet Ellouh (TRAVAIL PERSONNEL)
Chapitre IV
5m
2m
123
IN TE R V E N TIO N AR C H ITE C TU R ALE
LE PROJET
ORGANIGRAMME FONCTIONNEL
U n m i cr os p ot couv er t , p i ste d ’es s a y a g e
P e u t ê tr e u tilisé c o m me sa lle d ’ e x p o si ti o n o u sa lle d e sp e c ta c l e Es pace d e v ent e d es p l a nches
Piste d’essayage Skateshop Espace Workshop
polyvalent Café
Création d es s ka t eb oa r d pers on n alis és a v ec l es a r t i s t es u rbain s
F.151|
124
Espace de r en c o n tr e et d e p a r ta g e
Schéma – Organigramme fonctionnel de Kahwet Ellouh (TRAVAIL PERSONNEL)
Chapitre IV
I N T ER V ENT I ON AR C H I T EC T U R ALE
LE PROJET
Garder l’accès depuis le café et la connexion entre les deux espaces
Garder l’accès depuis la rue mais le décaler Garder l’accès au café indépendant du shop
F.152|
Schéma – Les accés (TRAVAIL PERSONNEL)
Reculer le micro-spot en arrière à cause du bruit
Mettre l’espace polyvalent en arrière vu qu’il sera moins exploité
Greffer les fonctions dédiés au skate sur la rue pour familiariser la pratique aux habitants.
F.153|
Le ca f é donne s ur l a r u e p o u r a ccuei l l i r l e s g e n s
Schéma – L’organisation spatiale (TRAVAIL PERSONNEL)
Chapitre IV
125
IN TE R V E N TIO N AR C H ITE C TU R ALE
LE PROJET
Créer des ouvertures zénithales pour faire pénétrer la lumière
F.154|
Schéma – L’éclairage (TRAVAIL PERSONNEL)
Ouvrir la façade sur la rue Ouvrir la façade sur l’accès condamné
La transparence = accessibilité visuelle à la pratique
Avoir une traversante Décloisonner espaces
les
vue
2
Fusionner le Tag Store et Kahwet Ellouh F.155|
126
Schéma – Relation intérieur/extérieur et intérieur/intérieur (TRAVAIL PERSONNEL)
Chapitre IV
I N T ER V ENT I ON AR C H I T EC T U R ALE
LE PROJET
Réinvestir l’accès de service condamné en espace partagé, hybride entre skate et détente. Prolongement du microspot et du café F.156|
Schéma – Requalification de l’accés condamné (TRAVAIL PERSONNEL)
Revêtement en bois récupéré et skateboards recyclés F.157|
Chapitre IV
Schéma – Revêtement des murs et du sol (TRAVAIL PERSONNEL)
127
I AI N B O R D E N
CONCLUSION G É N ÉRA L E «Le skateboard est plus qu'un mode d'écriture de la ville, c'est un mode de narration de la ville qui interroge et augmente son sens, tout en préservant son essence. La narration par le skateboard n'est pas une mimique de la ville, une oraison d'un texte donné à l'avance, mais une énonciation performative où le locuteur se forge à nouveau lui-même et la ville...» Le skateboard est une pratique de la ville dans la ville. Il dépasse son caractère de sport extrême et présente ainsi une performance critique transformant la ville d’un lieu statique et abstrait en une sculpture en perpétuelle mutation. La pratique interroge, de ce fait, la manière dont on occupe l’espace et nous incite à reconfigurer le quotidien. Ce
mémoire
nous
a
permis
de
comprendre
la
culture
underground au-delà de sa réputation déviante, identifier ses manifestations artistiques, notamment le street art et les sports urbains, et reconnaître leurs incidences sur la ville en tant que moteurs actifs de revitalisation. On a étudié le skateboard au cœur du monde informel de la culture alternative et révélé ses différentes dimensions spatiales, hétérotopiques, ludiques et anticonformistes. On a aussi tenté de saisir les spécificités spatiales et ambiantales des espaces réappropriés par le skateboard et favoriser les dynamiques qu’ils génèrent.
128
Notre réflexion présente un lieu pour expérimenter le «skate-urbanisme» au centre ville de Tunis; un terrain interpellant des divers artistes urbains et skateurs. À travers une conception alternative et hybride, nos interventions urbaines et architecturales ont pour but d’émanciper l’hypercentre de Tunis de son caractère administratif hégémonique, de réinvestir ses espaces résiduels et de reconquérir l’urbain par la pratique du skateboard. Cependant, le territoire tunisien semble être un vaste champ continuellement exploré et à explorer par les skateurs. En effet, de nombreuses villes connaissent une inv asion par ces ninjas urbains, notamment à Sousse, à Monastir et à Beja. Ces dernières sont considérées comme les secondes capitales du skateboard en Tunisie et des destinations à conquérir.
Qu’en est-il donc du futur du skate-urbanisme dans ces centre villes?
F.158|
Illustration – L’espace urbain reconquis par les skateurs (TRAVAIL PERSONNEL)
129
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ICONOGRAPHIE F1. F2. F3. F4. F5. F6. F7. F8. F9. F10. F11. F12. F13. F14. F15. F16. F17. F18. F19. F20. F21. F22. F23. F24. F25. F26. F27. F28. F29. F30. F31. F32. F33. F34. F35. F36. F37. F38. F39. F40. F41. F42. F43.
Illustration – Skateboarding day, Lac0, Juin 2021 (TRAVAIL PERSONNEL) Illustration – Skateboarding Session, Lac0, Juin 2021 (TRAVAIL PERSONNEL) Photo – Graffiti d’un punk anarchiste (BANKSY) Photo – «Respecter l’existence ou anticiper la résistance» (BANKSY) Photo – «Kissing Coppers» (BANKSY) Photo – «Kilroy était ici» (WIKIPEDIA) Photo – «One Love», Lyon, France, 2017 (EMEMEM) Photo – Le quartier de Wynwood (SITE OFFICIEL DE WYNWOOD WALLS) Photo – Une fresque à Wynwood (SITE OFFICIEL DE WYNWOOD WALLS) Photos – Fresque de Cuyperspassage en mosaïque de céramique (ARCHDAILY) Photo – La clôture de Graffiti (ARCHDAILY) Photo – Un spectacle de musique à Prairie Logic (EL DORADO) Photo – Un spectacle de breakdance en plein air (ARCHDAILY) Photo – Un spectacle de musique en plein air (ARCHDAILY) Photo – «Our Gift To Mother Nature», Lisbonne, 2013 (BORDALO) Photo – WAL(L)TZ Installation, Dubai, 2019 (T SAKHI) Photo – Parkour Park à Paris (HAGS+XMOVE) Photo – Détourner le mobilier urbain (THRASHER MAGAZINE) Photo – Un bicrosseur (PINTEREST) Photo – Roller (PINTEREST) Photo – Skatepark San Vicente Del Raspeig, 2020 (DANIEL YABAR) Photo – Trottinette rider (PINTEREST) Photo – Moissy-Cramayel Street Workout Park (ECT) Photo – Moissy-Cramayel Street Workout Park (ECT) Photo – Terrain de Pigalle Duperré (ILL-STUDIO) Photo – Terrain de Pigalle Duperré (ILL-STUDIO) Photo – Jeune skateur à Paris (SEÁN MCGIRR) Photo – Une compétition nationale en USA (IMAGO) Photo – Dog, Skate and Bike, New York, USA (FLICKR) Photo – Le problème du dernier kilométre, Iran (MATHIAS ZWIK) Photo – Street Skateurs, Tehran, Iran (MATHIAS ZWIK) Photo – Les jeunes surfeurs/skateurs de Californie (-) Photo – Rampe DIY d’une arrière cour (SKATEBOARDER,VOL.4,N°3) Photo – Jay Adams, Z-boys, 1978 (CRAIG FINEMAN) Photo – Réapproprier le mobilier urbain (NEW YORK TIMES) Photo – Mirror Garden, Archstudio (NING WANG) Photo – Amsterdam, 2017 (GUILLAUME PÉRIMONY) Photo – Utrecht, 2014 (MARCEL VELDMAN) Photo – Paving Space, 2017 (MAXIME VERRET) Photo – Paving Space, 2017 (MAXIME VERRET) Photo – Paving Space, 2017 (MAXIME VERRET) Photo – Paving Space, 2017 (MAXIME VERRET) Photo – Skateboarding is not a crime (PINTEREST)
6 8 17 18 21 21 21 22 22 22 23 24 24 24 25 25 26 27 27 28 28 28 29 29 30 30 35 36 36 37 37 38 39 39 40 41 42 42 43 43 43 44 46
135
F44. Photo – Pics anti-skate (MARK VALLÉE) 47 F45. Photo – Lame anti-skate (MARK VALLÉE) 47 F46. Photo – Panneaux d’interdiction (PINTEREST) 47 F47. Photo – Encoche anti-skate (MARK VALLÉE) 47 F48. Photo – Skate-stopper “FUTURE” (SEB PRICE) 48 F49. Carte – Visualisation des agences d’architecture intéressées au skate en Europe 48 (TRAVAIL PERSONNEL+ SITES OFFICIELS DES AGENCES) F50. Tableau – Inventaire des agences d’architecture intéressées au skate en Europe (TRAVAIL PERSONNEL+SITES OFFICIELS DES AGENCES) 49 F51. Photo – Street View, 2015 (GOOGLE EARTH) 52 F52. Photo – Street View, 2019 (GOOGLE EARTH) 52 F53. Photo – Street View, 2015 (GOOGLE EARTH) 52 F54. Photo – Street View, 2019 (GOOGLE EARTH) 52 F55. Axono – Reconversion (ARCHDAILY) 52 F56. Coupe – Vue sur la place Krymskaya (ARCHDAILY) 53 F57. Photo – Fragment de la clôture (ARCHDAILY) 53 F58. Illustration – Le skateur dériviste (TRAVAIL PERSONNEL) 54 F59. Photo – Graffiti à Paris, 1968 (INVENTIN) 54 F60. Bande Dessinée – Détournement de la vie quotidienne, 1968 (SITE WEB DES ARCHIVES INVENTIN) 56 F61. Schéma – Section française de l’Internationale Situationniste, Nouveau théâtre d’opérations dans la culture, 1958 (SITE WEB DES ARCHIVES INVENTIN) 56 F62. Carte – Les «plaques tournantes», 1957 (GUY DEBORD) 57 F63. Photo – Réseau des skateparks à Paris (TRAVAIL PERSONNEL) 60 F64. Photo – Différentes figures du skatespot (CONSTRUCTO) 60 F65. Photo – Contexte environnant (CONSTRUCTO) 60 F66. Photos – Différents scénarios du skatespot (CONSTRUCTO) 60 F67. 3D – Implantation du projet au cœur de Paris (CONSTRUCTO) 61 F68. Photo – Spectacle de rue (CONSTRUCTO) 61 F69. Photo – Spectacle de rue (CONSTRUCTO) 61 F70. Collage photos – La communauté parisienne des skateurs (SEÁN MCGIRR) 62 F71. Photo – Rapport du skatepark à la ville, Los Angeles (PINTEREST) 63 F72. Photo – Élément skatable, Espagne (DANIEL YABAR) 64 F73. Photo – Landskate au sein de la ville (SKATE-ARCHITECTS) 64 F74. Photo – Landskate Streetpark, France (MBL ARCHITECTS) 64 F75. Plan – Les fonctions injectées au projet (LANDSKABS) 67 F76. Coupe – Terrain de jeu Place de Copenhague+Paysage rocheux (LANDSKABS) 67 F77. Photo – Vue d’ensemble du projet (LANDSKABS) 67 F78. Photo – Mixité sociale et culturelle (LANDSKABS) 68 F79. Photo – Le terrain de jeu (LANDSKABS) 68 F80. Photo – Paysage rocheux (LANDSKABS) 68 F81. Photo – Sport urbain et détente (LANDSKABS) 68 F82. Plan – L’organisation spatiale de la boutique (NEIL LOGAN ARCHITECT) 71
136
F83. Coupe – L’organisation spatiale et l’éclairage naturel de la boutique (NEIL LOGAN ARCHITECT) 71 F84. Photo – Vue d’ensemble sur l’espace intérieur (NEIL LOGAN ARCHITECT) 71 F85. Photo – Le mur en béton blanc ajouté (NEIL LOGAN ARCHITECT) 72 F86. Photo – La structure portante du bowl (NEIL LOGAN ARCHITECT) 72 F87. Photo – Une session de skateboarding au bowl (NEIL LOGAN ARCHITECT) 72 F88. Photo – Les bancs / Curbs (NEIL LOGAN ARCHITECT) 72 F89. Photo – Une compétition de skateboard au bowl (NY TIMES) 73 F90. Photo – Une compétition de skateboard au bowl (NY TIMES) 73 F91. Photo – Skateboarding scene à Lac 0, Tunis (PRISE PERSONNELLE) 75 F92. Schémas – La morphogenèse de l’hypercentre de Tunis (TRAVAIL PERSONNEL) 77 F93. Schéma – L’organisation des secteurs au centre ville (TRAVAIL PERSONNEL) 78 F94. Photo - Concert de «ERKEZ HIPHOP», 2018, IFT (DEBO) 80 F95. Photos - Les affiches du festival «KHALI TRACE», de gauche à droite: Graffiti, Concert live, parkour, 2018 (DEBO) 80 F96. Photo - Concert de «ERKEZ HIPHOP», 2018, IFT (DEBO) 80 F97. Carte - Visualisation des grandes fresques murales au centre ville de Tunis (TRAVAIL 81 PERSONNEL) F98. Photo - Fresque de l’avenue de la gare, 2020 (DEBO MOOV) 81 F99. Photo - Fresque du quartier Gambatta, 2021 (DISMALDEN) 82 F100. Photo - Fresque de la rue Borj Bourguiba, 2021 (DISMALDEN) 82 F101. Photo - Fresque de l’avenue de Jean Jaurès, 2021 (DEBO MOOV) 82 F102. Photo - Fresque de l’avenue de paris, 2020 (PRISE PERSONNELLE) 82 F103. Photo - Fresque de la rue de Lénine, 2015-présent (PRISE PERSONNELLE) 83 F104. Photo - Fresque de la rue Garibaldi, 2020 (PRISE PERSONNELLE) 83 F105. Photo - Fresque de la rue du Caire, 2018 (ST4 THE PROJECT) 83 F106. Photo - Affiche de l’événement organisé avec la Cité de la Culture, 2019 (GIRAFFE CREW) 84 F107. Photo - Affiche du Skateboading Day organisé par GC, 2020 (GIRAFFE CREW) 84 F108. Photos - Affiche de l’exposition de Stefan Marx, 2019 (GIRAFFE CREW) 84 F109. Photo - Affiche du Skateboarding Day organisé par GC, 2021 (GIRAFFE CREW) 84 F110. Carte - Visualisation des skate-spots au centre ville (TRAVAIL PERSONNEL) 85 F111. Photo - Spot du Lac0, 2021 (PRISE PERSONNELLE) 85 F112. Photos - Spot du Lac0, 2021 (PRISE PERSONNELLE) 86 F113. Photo - Spot Jeanne d’Arc, 2020 (GIRAFFE CREW) 86 F114. Photos - Spot Jeanne d’Arc, 2021 (PRISE PERSONNELLE) 87 F115. Photos - Spot BIAT, 2020 (HAMZA ATTIA) 87 F116. Photos - Spot al Kasbah, 2020 (MEMORIES SKATEBOARDING) 88 F117. Photos - Spot BIAT, 2020 (HAMZA ATTIA) 88 F118. Photo - Spot al Kasbah, 2020 (MEMORIES SKATEBOARDING) 89 F119. Photos - Spot Beb Bhar, 2016 (MICHAEL MACKDROT) 89 F120. Ilustration - Les plaques tournantes d’un skateur tunisien (TRAVAIL PERSONNEL) 90 F121. Carte - Visualisation du secteur de Jean Jaurès (TRAVAIL PERSONNEL) 91
137
F122. Carte - Situation du quartier au centre ville de Tunis (TRAVAIL PERSONNEL) 92 F123. Carte - Limites du quartier de Jean Jaures (TRAVAIL PERSONNEL) 92 F124. Carte - Zone d’étude choisie (TRAVAIL PERSONNEL) 95 F125. Carte - Délimitation de Houmet Wra L’Barrière (TRAVAIL PERSONNEL) 101 F126. Photo - Le dépôt de stockage de bouteilles, 2013 (WAEL MHAMDI) 104 F127. Photo - Kahwet ellouh/ Whatever Saloon, 2013 (WAEL MHAMDI) 104 F128. Photo – Exposition à Kahwet ellouh, 2015, (WAEL MHAMDI) 104 F129. Photo – Kahwet ellouh, 2015, (WAEL MHAMDI) 104 F130. Photo - Ellouh dans la plupart des journées, 2014 (WAEL MHAMDI) 105 F131. Photo - Décision de fermeture de Whatever Saloon, 2015 (WAEL MHAMDI) 105 F132. Photo - Ellouh en cas d’événements, 2014 (WAEL MHAMDI) 105 F133. Photo - Façade de Lang’art + Tag Store, 2016 (LOST IN TUNIS+TRAVAIL 106 PERSONNEL) F134. Photo - Festival de Mafia Wallitili, 2017 (KAPITALIS) 106 F135. Photo - Les jeunes se réunissent devant Lang’art pour graffer, skater et discuter (KAPITALIS) 106 F136. Photo – Salle polyvalente, 2016 (KAPITALIS) 106 F137. Photo - Kahwet Ellouh aujourd’hui, 2021 (PRISE PERSONNELLE) 107 F138. Photo – Kahwet Ellouh aujourd’hui, 2021 (PRISE PERSONNELLE) 107 F139. Photo - Kahwet Ellouh aujourd’hui, 2021 (PRISE PERSONNELLE) 107 F140. Schéma – Kahwet Ellouh à travers le temps (TRAVAIL PERSONNEL) 107 F141. Illustration – Skate-plaza (TRAVAIL PERSONNEL) 115 F142. Schéma – Stratégies d’intervention urbaine (TRAVAIL PERSONNEL) 118 F143. Carte – Le réseau de skatespots et leurs superficies (TRAVAIL PERSONNEL) 119 F144. Schéma – Prototype d’un skatespot (TRAVAIL PERSONNEL) 120 F145. Schéma – Le parc Landskate (TRAVAIL PERSONNEL) 121 F146. Schéma – Stratégie d’intervention sur Kahwet Ellouh (TRAVAIL PERSONNEL) 122 F147. Plan – L’état actuel de Kahwet Ellouh (TRAVAIL PERSONNEL) 123 F148. Schéma – Organigramme fonctionnel de Kahwet Ellouh (TRAVAIL PERSONNEL) 124 F149. Schéma – Les accés (TRAVAIL PERSONNEL) 125 F150. Schéma – L’organisation spatiale (TRAVAIL PERSONNEL) 125 F151. Schéma – L’éclairage (TRAVAIL PERSONNEL) 126 F152. Schéma – Relation intérieur/extérieur et intérieur/intérieur (TRAVAIL PERSONNEL) 126 F153. Schéma – Requalification de l’accés condamné (TRAVAIL PERSONNEL) 127 F154. Schéma – Revêtement des murs et du sol (TRAVAIL PERSONNEL) 127 F155. Illustration – L’espace urbain reconquis par les skateurs (TRAVAIL PERSONNEL) 129 F156. Transect Urbain A-A – La parole habitante de Houmet Wra l’Barrière (TRAVAIL PERSONNEL) 150 F157. Carte – Visualisation des enquêtés (TRAVAIL PERSONNEL) 150 F158. Transect Urbain B-B – La parole habitante de Houmet Wra l’Barrière (TRAVAIL PERSONNEL) 151
138
TABLE DE MATIÈRES DÉDICACE REMERCIEMENT INTRODUCTION GÉNÉRALE PROBLÉMATIQUE SOMMAIRE
CHAPITRE I: LA RÉSISTANCE URBAINE Introduction 1. La culture alternative: 1.1. Entre déviance, résistance et reconnaissance: 1.2. Les sous-cultures et l’espace public:
4 5 6 8 12
15 16 17 17 18
2. Art urbain: L’espace urbain comme support d’expression et de critique: 20 2.1. Les fresques murales: 20 2.1.1. Les différentes techniques: 21 · Le Graffiti 21 · Le pochoir 21 · La mosaïque 21 2.1.2. Les fresques au service de l’urbain: 22 · WYNWOOD ART DISTRICT DE MIAMI: 22 · CUYPERSPASSAGE / BENTHEM CROUWEL ARCHITECTS 22 2.1.3. Les fresques au service de l’architecture: 23 · KALASATAMA ELECTRICITY SUBSTATION AND SUVILAHTI GRAFFITI FENCE / VIRKKUNEN & CO ARCHITECTS 23 2.2. Les spectacles de rue: 23 2.2.1. Les street performances: 23 · PRAIRIE LOGIC / EL DORADO-21 24 · ‘THE FLOW’ - A MULTIPURPOSE PAVILION / DEPARTMENT OF ARCHITECTURE 24 2.2.2. Les installations: 24 · WAL(L)TZ Installation / T SAKHI Architects 25 3. Sport urbain: L’espace urbain comme catalyseur de la dynamique sociale: 26 3.1. La ville parcourue: 26 3.1.1. Le parkour: 26 3.1.2. La glisse urbaine: 27
139
· Le skateboard · Le BMX · Le Roller · La Trottinette SKATEPARK SAN VICENTE DEL RASPEIG / DANIEL YABAR 3.2. La ville athlétique: 3.2.1. Le Street Workout: · MOISSY-CRAMAYEL PARK / ECT 3.2.2. Le Street Ball: · Terrain de basket Pigalle Duperré / Ill-Studio Synthèse
27 27 28 28 28 29 29 29 29 30 31
Conclusion
32
CHAPITRE II: SKATE-URBANISME Introduction
33 34
1. Le skateboard: au-delà de l’objet 35 1.1. Un jouet, un sport, une mobilité ou un instrument urbain? 35 1.1.1. Un jouet: comprendre pour apprendre: 35 1.1.2. Un sport: entre vertige, compétition et institutionnalisation: 36 1.1.3. Une mobilité: «Plus rapide que la marche, plus souple que le vélo» 36 1.1.4. Un instrument urbain: activer l’espace public: 37 1.2. L’évolution de la pratique: 38 1.2.1. “Sidewalk surfing”: de l’océan au bitume (1950-1970): 38 1.2.2. Pool era et les Z-boys: Habiter les piscines (1970-1980): 39 1.2.3. «Vert/Ramp» skateboarding: le DIY et la maîtrise de la gravité (1980-1990): 39 1.2.4. Street skateboarding et la “recon’skate” de l’espace urbain (1990-présent): 40 1.3. Hétérotopies et modalités urbaines: 41 · Riding Modern Art: 42 · Paving Space: 43 Synthèse 45 2. Le skate-urbanisme: 2.1. De l’architecture hosti le au skate-urbanisme: 2.1.1. A Skate-spot near the Krymsky overpass
140
46 46 51
2.2. Skate-urbanisme et «Situationisme»: 2.2.1. S k a t e spot de la Rue Léon Cladel 2.3. Le dilemme des skateparks: 2.3.1. Charlotte Ammundsens Plads 2.3.2. Supreme Store Conclusion
54 59 63 66 70 74
CHAPI T R E I I I : MI SE EN CONT EXT E: L’HYPERCENTRE DE TUNIS: UN MICROCOSME À «RECON’SKATER» 75 Introduction 7 6 1. L’hypercentre: 1.1. La morphogenèse: 1.2. La scène underground au centre ville de Tunis: 1.2.1. DEBO: un renouveau artistique: 1.2.2. Le streetart au service des citoyens: · Secteur du marché: · Secteur de la petite Sicile: · Secteur du passage: · Secteur de Jean Jaurès: 1.2.3. Giraffe Crew: les ninjas urbains: 1.2.4. Les skate-spots au centre ville: · SPOT LAC0: · SPOT JEANNE D’ARC: · SPOT BIAT: · SPOT AL KA SBAH: · SPOT BEB BHAR:
77 77 79 79 81 81 81 82 82 83 85 85 86 87 88 89
2. Le secteur de Jean Jaurès: Errance et repérage 92 2.1. Analyse urbaine: Hégémonie du tertiaire: 93 2.2. Analyse séquentielle et patterns ambiants: Hétérogénéité du vécu: 95 Synthèse 100 3. «Houmet Wra l’Barrière»: l’informel urbain au cœur du quartier 101 3.1. Le paradoxe de la rue de Lénine: 103 3.2. Kahwet ellouh / Whatever Saloon: le fameux symbole de résistance urbaine: 104
141
4. La parole habitante: Le vécu comme déclencheur du projet 4.1. Entretiens semi-directifs aléatoires: 4.1.1. Enquête in situ: · Méthodologie et objectifs de l’enquête · Constats 4.1.2. Enquête digitale: · Méthodologie et objectifs de l’enquête · Constats 4.2. Enquête ciblée: · Méthodologie et objectifs de l’enquête · Constats Conclusion
108 108 108 108 108 110 110 110 112 112 112 114
CHAPITRE IV: LE PROJET: VERS L’ÉMANCIPATION DE L’ESPACE URBAIN AU SECTEUR DE JEAN JAURÈS 115 Introduction 116 1. Les intentions: 1.1. Profils d’usagers cibles: 1.2. Stratégie d’intervention urbaine: · Prototypes 1.3. Stratégie d’intervention architecturale:
CONCLUSION GÉNÉRALE BIBLIOGRAPHIE ICONOGRAPHIE TABLE DE MATIÈRES ANNEXE A ANNEXE B ANNEXE C ANNEXE D GLOSSAIRE
142
117 117 117 120 122
128 131 135 139 144 148 152 156 160
143
ANN
EXE
A
AVE NUE JE AN JAURES
4
3
2
1
1
2 Facilité de se repérer, encombrement, bruit, foule, difficulté de circuler
3
4 Station de bus encombrée, contraste de part et d’autre de l’avenue au niv des trottoirs
Zone animée et ombragée, présence végétale, espace accueillant
Bruit, circulation piétonne et véhiculaire désordonnée
RU E MO KHTAR ATTIA
1
2
3
1
2 Surve i l l a nc e policière, s t a t i o nne m e nt an arch iqu e
3 Con stru ction en ch an tier, n u isan ce son ore, pollu tion et difficu lté à circu ler
Zon e n on an im é e , peu fréqu en tée, no n accu eillan te
RU E GARIBALDI
1
2
3
4
1
2 Lieu de passage et distribution
3 Les barrières soutenant le bâtiment empêchent le passage, obstacles visuels, stationnement anarchique
4 Tarkina espace accueillant, barwita mraweb dynamise la rue
Zone non animée, mouvementée
peu
145
RUE D E LÉ NINE
1
2
4
3
1
3
2 Sortie d’élèves, nœud mouvementé, désordre
Nostalgie à kahwet ellouh, surveillance policière, stationnement anarchique.
4 Zone peu fréquentée sauf par les voitures, omniprésence des parkings absence de végétation.
Zone non animée, peu mouvementée, manque de végétation.
RUE D U CAIRE
3
2
1
2
1 Difficulté de circuler: trottoir approprié par les commerçants et condamné par des barrières, bruit
3 Abri sous les arbres, zone ombragée et aérée, fréquentation faible, coffee shop accueillant
Sortie d’élèves, désordre, bruit des véhicules et des collégiens
RUE KAM E L ATATURK 3
2
1
1
2 Végétation abondante, abri et ombre, ambiance d’échange et de partage, confort de circuler à pied
1 46
3 Les barrières empêchent le passage facile, obstacles visuels, agression du milieu
Présence policière, sensation de contrôle et de surveillance, on préfère éviter ce contact, sensation d’écrasement à cause du bâtiment r+12
RUE PIERRE DE COUBERTIN 4
3
2
1
2
1 Le c ha nt i e r a ré d ui t l a rue à un p a s s a ge é t ro i t et p o l l ué . Se ns a t i o n d ’i ns é c uri t é e t d e m a l a i s e
4
3 Ru e con damn ée à cau se du ch an tier, elle n ’ est plu s fréqu en tée comme avan t
Le seu l s e r v i c e qu e l e lieu of f r e : de s par ki n g s , espace tr è s m o n o to n e
D es ordu res accu mu lés au croisemen t= n u isan ce olfactive et visu elle
RU E HE DI NOUIRA
4
3
2
1
2
1
R ue t rè s fré q ue nt é e p a r l e s vo i t ure s
4
3 Han gars et bâtimen ts fermés/ aban don n és = S en sation d’ in sécu rité
Bâtimen ts admin istratifs/ pas de dyn amisme
Mon ot o n i e / e n n u i / o n évite par c o u r i r c e tte partie
147
ANN
EXE
B
1. Quelle est la nature de votre relation au quartier?
2. D’après vous, quels sont les éléments les plus remarquables dans cette zone?
3. Quel est l’endroit que vous fréquentez le plus? avec qui? et quand?
4. Pourquoi cet endroit vous plaît?
5. Un endroit que vous évitez?
6. Un endroit dont vous avez un souvenir?
7. Qu’est ce que vous vous sentez dans ce quartier?
8. Qu’est ce vous pensez qui manque dans cette zone et qu’en l’ajoutant, va l’enrichir et la rendre plus fréquentée?
Age 29, Employé au Tag Store
Central Park, le Bistrot, Tag Store, Station de bus
Tag Store خاطر نخدم لنا يف سا ير األيام/ Tarkina مع صحايب Weekends يف ال
يذكروين يف الج ّو متع أياما ت ا ملرا هقة،اللوح عديتهم لنا يف الحومة ها ذ ي
معندك،شرية البنوك متعمل غا د ي
عديت فيها مراهقتي،قهوة اللوح des spectacles ولعبت فيها
Nostalgie à Kahwet Ellouh
كيف،بالصة عبد يفطق فيها مواهبو Maison de jeunes 1 ايل عند نا يف ا ملروج
B
Age 35, Employé à l’assurance STAR
Central Park, le Bistrot, Banque Centrale, Assurance STAR, Lycée rue de Marseille
نجي بش ناخو شبايت من،أخطى الخد مة الحا نوت هذ ا و اال حاجة ناكلها من Central Park, sinon أ كرث بالصة منشيلها هي ايل نحط فيه كرهبتي parking
Parking ايل،ايل نلقاه فارغ األول يعجبك يف البالصة ها ذ ي ما ّ كث ريب كا ن les parkings
Parking Central Park نبخل،منمشيلوش عليه خاطر مش بالرضورة نقعد نضيع يف،تلقى بالصة الوقت يف الطلو ع والهبوط وأنا نبد ى مزروب الصباح بش منيش نخدم واال بش نروح ا لعشية
Resto Central Park, ساعا ت منيش أنا وصحايب ناكلو غا د ي نعمل جو عىل كريس ا ل massage بعد قعد ة سوا يع à la file.
Stress أما ستا نست ب rythme
C
Age 24, passant (étudiant)
Central Park, l’encombrement, Graffiti الشا رع ايل كلو
Central Park, / نجي نرشي حاجة واال نجي بش نتفرج منعرفها ش البالصة برشا مندورش و منقعد ش
CENTRAL PARK خاطر البالصة الوحيد ة ايل نحسها منظمة وواضحة الباقي الكل د اخل بعضو
شرية البنوك واإلدارات ايل Avenue بعيد ة عىل
Central park خاطر نجيه د ميا
برشا عبا د وبرشا تدخل بعضك،كراهب
Age 27, Résident
Centr al Park, Tarkina, Collège, les banques, Le Bistrot, Lycée rue de Marseille, les graffitis
Tarkina مع والد حومتي Sinon نجيCentral Park يف الليل
القهاوي ايل3 أخطى موجود ين مفام يشء يعجب Tarkina ، فيها ركشة مز يا نة Tranquille
Central Park dans la plupart des jours, sinon zone des banques
Le collège خاطر عديت و مبعد القهاوي،طفولتي لنا
عشت صغري الكل نحس باالنتامء ،لنا ّ
Age 57, Employé au café du Caire
Central Park, أنور الخضا ر, Collège, Lycée rue de Marseille, Le Bistrot, Assurance STAR, Poste, Banque Centrale
القهوة ايل نخدم فيها
القهوة فيها des clients حبا يبايت ونحب القعد ة معا هم
Central Park أنا زمني شو يا،مش ج ّو ي نحب القعد ة عىل كريس تحت شجرة وال مع الجام عة Match نتفرجو يف
نتذكر يك كنا صغا ر يف بالصة ا ل Central Park كانت فام بطحة كبرية كنا نكورو فيها وكانت زا د ة Parking حاصيلو كانت يك البطحة ايل يف با ب جد يد
يف عقر،نحس ايل أنا يف حومتي داري
Age 32, Employé à Tarkina
Tarkina, Tag Store, Collège, Central Park, l’Barrière, les graffitis, Boutique Zen, Banque Centrale
القهاوي ايل يف الحومة لنا مع صحايب CENTRAL PARK قليل
اللمة مع والد حومتي TARKINA ركشة ال INTIME نحسها
أخطى القهاوي منمشيش لحتى بالصة
با لنسبة ليا،القهوة با لطبيعة هذ ي،ما هيش بالصة نخدم فيها بال صتي
STRESS برشا STRESS
املهم حاجة تحييلنا الحومة،أي موضو ع
G
Age 21, Passant (étudiante)
Central Park, le mouvement pièton, Boutique des instruments de musique, l’architecture coloniale
Boutique des instruments de musique
Je me sens nostalgique, ça me rappelle de mon enfance
Central Park خاطرو دميا معبي
La boutique des instruments de musique où j’ai acheté ma première guitare
Un sentiment d’appartenance et de nostalgie
Plus de sécurité , des espaces verts, un espace dédié à la musique
H
Age 24, Passant (etudiant)
Central Park, les graffitis, le Bistrot
Central Park ou le Bistrot
Les seuls endroits qui me semblent intéressants
Les rues qui ne donnent pas sur la voie principale
Le toit du Central Park où j’ai passé des nuits avec mes amis
Nostalgie au moments passés avec mes amis
Un espace culturel où les jeunes peuvent améliorer leurs capacités artistiques
I
Age 22, Passant (étudiante)
Central Park, Café el Hamra
Central Park, seule
Pas de raison particulière
Aucun
Kahwet ellouh
Épanouie, à l’aise
Plus d’espaces culturels
Age 55, Résident
Central Park, Le bistrot, Café du Caire, Lycée rue de marseille, Collège Jean Jaures, les banques, CNSS
Café du Caire مع حبا يبايت م ا لحو مة
تعجبني قعدتها و ز يد مسيبة تشم هواء ريب
،شرية اإلدارات و البنوك معندك فيها متشوف و حتى يف الليل يتلمو،موحشة فيها ا ملترشد ين
خاصة وقت الثورة،الحومة بكلها دميا نتذكرو أكا النها ر
ا ال نتام ء
Parc, espaces verts
A
D
E
F
J
ممكنش بالصة نجمو نعملو فيها حاجة باألخص أحنا ايل،غري ا ملا كلة والقهاوي معند نا ش خيا ر كبري يف،نخدمو les activités معناها كا ن جا ت فام بالصة remarquable تخليني نجاها أ كيد بش تخليني، Pause يف وقت Weekend نجيها يف بالصة،النا س تحب القعد ة وا لفرجة محلولة وتجم تقعد فيها يف الظل ومنغري حيوط4 وما كش مسكر يف حكة بني،خنقة، ACTIVITÉ بالصة فيها Passif ومتخليكش Bar يف سطحCentral Park يجي عىل الكيف
Activité
تحييلنا الحومة بالصة فيها
يت حتى،تلم الكبا ر والصغار Jeux de société
149
On a aussi collecté quelques témoignages de différentes personnes à Houmet Wra l’Barrière pour avoir une connaissance plus précise sur ce que ses habitués pensent. On a conclu que la majorité ont exprimé leur ennui du quartier vu qu’il ne présente aucun élément d’intrigue surtout
TÉMOIGNAGES
après la fermeture de Kahwet Ellouh.
B
EMPLOYÉ STORE
AU
4
PASSANTS
3
GARDIEN PARKING
2
COMMERÇANT
TAG
A
A B
F.160|
1
DU
Carte – Visualisation des enquêtés (Travail Personnel)
4 C’EST DRÔLE ET RARE QU’ON TROUVE 3 PARKINGS DANS LA MÊME RUE. EN TOUT CAS, IL N’Y A RIEN D’AUTRE INTÉRESSANT QUI NOUS ATTIRE À FRÉQUENTER L’ENDROIT.
XXX
HOTEL
KAHWET ELLOUH
TAG STORE
RUE
RUE
KAMEL
PIERRE DE
ATATURK
PARKING DE L’AGENCE GAT
COUBERTIN
RÉSID-
L’ORIENT
F.159|
1 50
ENCE Transect Urbain A-A – La parole habitante de Houmet Wra l’Barrière (Travail Personnel)
2.5m
Houmet Wra L’barrière présente selon
De ce fait, les habitués du quartier
ses habitués:
ont partagé:
· Une fréquentation qui semble diminuer
· Le même ennui de la zone administrative
à cause du manque d’espaces verts
· Un attachement à des endroits par
et d’espaces de loisir en faveur des parkings et des administrations.
· Une sensation de stress et d’étouffement
· Une réputation qui semble disparaître vu
qu’il
symbolisait
autrefois
nostalgie ou par habitude
une
grande forme de résistance mais qui est maintenant rabaissé à un lieu de passage.
à
cause
de
des
véhicules et l’absence des espaces de loisir · Un besoin de se défouler et de raviver la zone tout en préservant la particularité
· Une culture urbaine persécutée par l’autorité et perçue comme nuisance.
du site et la mémoire collective de ses habitants.
RUE GARIBALDI
RUE DE LÉNINE SIÈGE DE LA PRESSE
F.161|
l’omniprésence
Transect Urbain B-B – La parole habitante de Houmet Wra l’Barrière (Travail Personnel)
PARKING
KAHWET ELLOUH
2.5m
151
EXE
ANN
C
1 52
1. Quelle est la nature de votre relation au quartier?
2. D’après vous, quels sont les éléments les plus remarquables dans cette zone?
1
Age 23, Passage (étudiante)
Il ya des murs avec des graffiti, et des immeubles anciens que j’aime, une école et lycée laide
2
Age 24, Passage (étudiante)
Central Park, l’encombrement
3. Quel est l’endroit que vous fréquentez le plus? avec qui? et quand?
4. Pourquoi cet endroit vous plaît?
5. Un endroit que vous évitez?
6. Un endroit dont vous avez un souvenir?
7. Qu’est ce que vous vous sentez dans ce quartier?
8. Qu’est ce vous pensez qui manque dans cette zone et qu’en l’ajoutant, va l’enrichir et la rendre plus fréquentée? Toute la zone manque d’espaces verts ou d’espaces pour se détendre en général, loin des grands immeubles étouffants.
L’arrêt de bus, seule, toujours
Les graffitis sont la chose la plus intéressante dans ce quartier
Le collège et lycée, c’est très bruyant et chaotique
Aucun endroit en particulier
Lorsqu’il est vide, c’est plutôt agréable, j’aime m’y promener. Mais à l’heure de pointe, les voitures roulent trop vite et la visibilité est mauvaise, ce qui est plutôt effrayant.
Central Park, pour manger
Obligée non pas parce qu’il me p lait. De plus, c’est climatisé
La station de bus
Central park parce que je manges là-bas
Écrasée , étouffée
Réinvestir les trottoirs
Aucun endroit en particulier
Café ellouh et central Park
Indifférence,espace très mouvementé et je trouve une difficulté à circuler en voiture. La nuit, c’est envahi par les sdfs et on se sent en insécurité
Un espace culturel comme ellouh
3
Age 24, Passage (étudiante)
Lycée rue de marseille, le mall (Central Park)
Aucun, c’est juste un lieu de passage pour moi
Il ne me plaît pas particulièrement. Il n’est plus intéressant après la fermeture de Ellouh
4
Age 54, Passage (employé)
Quartier commercial, le mouvement piéton, certains immeubles
Restaurant l’orient
Âme et génie du lieu
Centre commercial (Central Park)
Terminus du métro
Poumon de la ville
Espace vert
5
Age 24, Passage (employé)
Central Park, Café le bistrot
Le bistrot chaque matin
Charme
Central park
Station de bus
Modernité
Zone verte
Les café dans cet quartier
Il y avait eu un café nommé «Ellouh» c’était mon safe space par ce que j’ai connu tous le monde dans cet café et jai fréquentée des artistes, des écrivains, des danseurs. Mes plus beau souvenirs d’adolescence sont nés la bas.
Parfois je me sens à l’aise et on dirait dans mon propre quartier et parfois je me sens étranger car je connais plus les endroits et les nouveaux espaces.
Peut-êtr e mobiliser des ressource s pour des raison de sécurité. Jean Jaurès la nuit devient un endroit de violence, intimidation et même des braquages.
6
7
8
Age 21, Passage (étudiante)
Age 24, Passage
Age 23, Loisir (étudiante)
La boutique Zen, l’école en face, Central Park
Central park, station de bus, boutique zen, central park
Le collège, l’hôtel, pharmacie
Le Central park avec mes amis les matins
Parking du central park le matin
Y avait des cafés à côté où je passais des heures avec mes amis quand j’étais au lycée
Ça ne me plaît pas mais je fais mes courses chez eux.
Parking pratique
Parce que c’est vaste et facile à naviguer, pas comme les autres rues de Tunis
Les trottoirs
د يوا ن السجون و اإلصالحcar ACAB
J’ai aucun rapport à La rue de whatever saloon l’espace depuis que Ellouh (kahwet ellouh) où j’ai rencontré a fermé, le quartier est diverses personnes et j’ai assisté devenu un autre endroit aux plusieurs spectacles, le typique au centre ville, graffiti dans cette rue, et les peut être je me sens personnes qui venaient faire du nostalgique mais rien skate à l’époque d’autre La pharmacie de jean jaures d où j ai acheté un test de grossesse pour une copine, le café où j’ai passé pratiquement l’année de mon bac et j’ai bu de l’alcool pour la 1ere fois, Central Park qui était l’emplacement pour beaucoup de rencontres.
À l’aise, je le connais bien, y a les feux donc c’est même facile à y conduire maintenant que je me balade plus à pieds
–
Ça manque du vert, de grosses arbres, ça le donnera l’air plus encombré et moins vaste mais ça ajoutera de l’ombre et ça rendra les marches bcp plus agréables
153
1. Quelle est la nature de votre relation au quartier?
2. D’après vous, quels sont les éléments les plus remarquables dans cette zone?
3. Quel est l’endroit que vous fréquentez le plus? avec qui? et quand?
4. Pourquoi cet endroit vous plaît?
5. Un endroit que vous évitez?
6. Un endroit dont vous avez un souvenir?
7. Qu’est ce que vous vous sentez dans ce quartier?
8. Qu’est ce vous pensez qui manque dans cette zone et qu’en l’ajoutant, va l’enrichir et la rendre plus fréquentée?
9
Age 24, Passage (étudiant)
Central Park
Central Park avec les amis durant le solde
Boutiques intéressantes
Les ruelles la nuit
Aucun
Tranquille
Animation
10
Age 23, Passage (étudiant)
Central park
Central Park, avec la famille, pendant les vacances
Shopping
Rien
Rien
Rien
Ça manque une âme, un espace pour les artistes
11
Age 24, Passage (étudiante)
Central Park, et les arrêts des bus
En face du central Park, l’arrêt de mon bus, avant la pandémie c’était presque tous les jours, et toute seule.
J’évite aucun endroit
Le toit du central Park avec ma meilleure amie et le café de Ilyes (Tarkina)
Rien de spécial
Un projet pour les jeunes, plus d’activités sportives et de loisirs
12
Cnss, central park
Les ruelles dont je ne connais pas les noms, les trottoirs
Un espace d’impression ou j’ai imprimé le rapport de mon mémoire
Peur et mal aise (bruit de voitures/ encombrement/ mauvaises odeur/ manifestation)
Une placette pour se reposer, manger, et des espace de passage bien large (actuellement, j’ai du mal à y marcher, les trottoirs assez étroits et occupés par les voitures ou par des gens, on doit donc marcher entre rue et trottoir en alternance)
La Station Jean jaures quand j’étais a la faculté avec mon future mari....
C’est un raccourcit entre l’Avenu e Habib Bourguiba, le Passage et le Quartier Lafayette.
Le croisement des avenues
La Station Jean jaures quand j’étais à la faculté avec mon fiancé qui est aujourd’hui mon mari.
Un peu bruyant, mouvementé et rapide
Le commerce qui existe est plutôt de type service et équipement, il n’y a pas des espaces de loisir
La place de collège ou de l’école
aucun
Le mélange entre architecture moderne coloniale avec architecture contemporaine
Un espace vert
La plupart des cafés
Le café le bistrot
Que je n’appartient pas, je dois vite quitter
L’accessibilité
De la végétation, des endroits dans lesquels on peut se reposer tranquillement
Des co-studying spaces peut-être, pour attirer divers générations
Central park avec des amies , en fin de journée (retour du travail)
Les chaises de massage et pour les restaurants
Age 57, Passage (Employé)
Lac Station Jean Jaures, l’hôtel Oriental Palace.
14
Age 23, Passage
Les boutiques, central park aussi les ancien bâtiments juste à coté du café au coin (le bistrot)
Central park et les boutiques, Avec la famille ou des amies
Car je peux trouver tous mes besoins, Aussi l’existence d’un bon parking à étage
15
Age 24, Passage (étudiante)
Immeubles coloniaux
Central parc, amis et famille, quelquefois
Regroupe fast food et shopping, choix divers, plus au moins sécurisé
Age 26, Passage (employée)
Central Park, la banque, les différents bâtiments du service public, Le petit café en face de Central Park avec les chaises jaunes et bleues
Le café pour des petites réunions avec ma business partner
C’est un coin tout mignon entouré d’un petit arbre qui fait de jolis ombres
Je n’en ai pas à vrai dire
Central Park, où j’ai failli rester bloquée avant le couvre feu
Je me sens à l’aise puisque je passe souvent ici et en sécurité aussi parce que c’est toujours rempli
C’est authentique
Généralement, j’évite d’être seule dans les petites ruelles. Je passe toujours là où il y a du monde.
Je n’en ai pas un particulièrement dans ce quartier car je fais juste des passages
Je sens du mouvement et l’authenticité des gens autour
13
16
17
1 54
Age 30, Passage (Employé)
Normal, il ne me plaît pas
Age 22, Passage (étudiante)
Les immeubles
Je fais des passages avec mes amis, notamment les après midis.
1. Quelle est la nature de votre relation au quartier?
18
Age 21, Résidence (étudiante)
19
Age 48, Travail (employé)
20
Age 22, Passage (étudiante)
21
Age 19, Passage (étudiant)
2. D’après vous, quels sont les éléments les plus remarquables dans cette zone?
3. Quel est l’endroit que vous fréquentez le plus? avec qui? et quand?
4. Pourquoi cet endroit vous plaît?
Central park
Central park avec mes potes, tous les samedis
il y’a plein de boutiques et de trucs à faire la bas
Les cafés
Central park
le cafés en face du central park avec mes collègues les matins
il est vivant , beaucoup de mou vement
Central park avec mes il y’a des boutique potes et de la bouffe
6. Un endroit dont vous avez un souvenir?
7. Qu’est ce que vous vous sentez dans ce quartier?
8. Qu’est ce vous pensez qui manque dans cette zone et qu’en l’ajoutant, va l’enrichir et la rendre plus fréquentée?
les cafés
le parking du central park
c’est mon lieu de résidence je lui éprouve des sentiments d’attachement
il lui manque d’autres espace de divertissement surtout pour les jeunes
Central park
le parking à coté du central park, j’ai pas pu faire sortir ma voiture pendant deux heures, j’ai alors laissé ma voiture et rentré dans le bus
rien de spécial
des endroit pour les jeunes (là où je p eux laisser mes enfants ado)
les rues en général, j’ai peur des pickpockets
le parking du central park, on était perdu mais c’était trop drôle
il y’a beaucoup de passants mais il y’a que des cafés et des restaurants fast food
des endroits pour les jeunes (pas des cafés parce que il y en a beaucoup)
Nostalgique
Des cafés plus amusants
5. Un endroit que vous évitez?
Les immeubles
Je me promène dans ce quartier avec mes amis après les cours
C’est vivant
Le lycée, c’est très chaotique
Le magasin d’instruments de musique, en voyant tous ces instruments, ça m’a inspiré d’acheter une guitare.
22
Age 26, Passage (étudiant)
L’architecture coloniale
La station de bus, le Central Park avec des amis, surtout pendant la journée.
L’architecture est unique
Aucun, je ne connais pas le quartier
aucun
L’ambiance de la vieille ville de Tunis
Peu-être un parc ou des espaces verts
23
Age 55, Passage (employé)
boutique ZEN
boutique ZEN avec ma fille
c’est un quartier moderne
il n’y a pas
souvenir du 14 janvier 2011
la liberté
des jardins publics
24
Age 26, Passage (étudiant)
Central park, zen, café l’escale
Central park et zen
Pour le shopping: mango et zen
Cafés
L’escale dont j’ai passé des bons moments avec mes amis
En danger
La sécurité
25
Age 22, Passage (étudiante)
Graffiti
Nostalgique
Un espace culturel
26
Age 23, Loisir (étudiante)
Central Park, CNSS, stat ion de bus, STEG, collège
Monoprix, seule
Ça me plaît pas
Aucun
27
Age 24, Passage (étudiant)
Central Park, l’encombrement, coffee shop bistro, banque centrale
Bistrot avec mes amis
Espace ombragé et sympa
Zone des banques
Café ellouh où j’ai passé mon adolescence et j’ai assisté à des concerts
Nostalgie, à l’aise mais ennuyé
Espace vert ou un espace pour les jeunes comme ellouh mais mieux
28
Age 22, Passage (étudiante)
Central park, zen, Tunisair
Central park avec les amis
Proche de moi
Je ne sais pas
Je n’ai pas
Normal rien
Des restaurants, des cafés luxes
29
Age 24, Passage (étudiant)
Central Park, Station bus
Central park
Shopping, fast food
Les cafés
Rien
Rien
Des restaurants
30
Age 24, Passage (étudiant)
Les graffitis sur les murs, la station de bus, Central Park, le lycée.
Cafés avec mes amis, les après midis
Pas vraiment, mais c’est le plus proche de tout le monde.
Pas un lieu mais un temps (13h à 17h)
aucun
Perdu
un espace vert
Central park ou le coffee shop en face
Il regroupe beaucoup
Central park où j’ai passé les ruelles
d’espaces
des moments avec mes amis
Les marches de la à mon avis c’est la boutique, on fume une Un bar ou un espace culturel rue la plus dangereux cigarette avant de rentrer
155
ANN
EXE
1 56
D
1. Présentez vous: Prénom ou surnom, âge et occupation?
2. Habitez vous dans les 3. Depuis alentours ou vous quand vous venez d’autres skatez? quartiers?
4. Combien de fois par semaine venez-vous au centre ville pour skater? Seul ou accompagné?
5. Quels sont vos spots préférés au centre-ville? Pourquoi?
6. Quels sont les paramètres qui vous motivent à choisir un spot par rapport à un autre?
7. Quels sont les quartiers que vous évitez en circulant au centre-ville?
8. Fréquentez-vous le quartier de Jean Jaurès? Si non, pourquoi?
با هيةFlat , اللمة, l’ombre, بالصة قر يبة, ميطردونا ش
Là où il y a des braquages, Jeanne d’arc par exemple
Non
بالصة ميطردونا ش،القا عة الزم تكون با هية منها
البالصة ايل فيها شلوح و مكونفة با لحا كم
برشا حاكم و مفيها ش حاجة،ال intéressante
1
Dali (Da), Age 13, élève
Beb Souika
1 an
ِ مع Chaque jour, الشلّة
BIAT, تعلمت فيهاtricks
2
Ayoub (Pakay), Age 15, élève
Beb Souika
8 mois
Chaque jour, معDali
BIAT خاطر قر يبة Kasbah خاطر ميطردونا ش
3
Yassine (Thanku), Age 17, serveur
Kabareya
1 an
كل مرة كيفا ه
BIAT اهون واحد يف الخا يبني
منمشيش يارس يك يعجبنيspot منبدلوش
Jeanne d’Arc, باليص فيها الحاكم و الرباكاجا ت
Non
4
Mahdi (Leo), Age 16, élève
Beb Souika
1 an
Chaque jou r
BIAT احسنflat LAC0 تجم تعمل فيها برشاtricks
و القرب، الزم تكون با هيةflat
Jeanne d’Arc, يجيو الشلوح يفكولنا اللوح
non, مفيها ش ميعجب
5
Ghaith (Gtroudi), Age 17, élève
Passage
4 ans
Chaque jour, مع صحايب
BIAT خاطر ميطردونا ش Kasbah خاطر فيها د روج كبري و وا سعة
بالصة ميطردونا ش،القا عة الزم تكون با هية منها
Jeanne d’Arc والت تتعبى يارس
Non
6
Hassen (L’yhoudi), Age 20, étudiant
Beb Falla
3 ans
Trois fois par semaine, avec Lamp Crew
BIAT ا قرب بالصة ليا و تلم النا س الكل Kasbah gap احسن
Flat با هية
Jeanne d’Arc, هلكوها الجبورة و وال فيها برشا عرك ورسقة
Avenue de Ghana, Ministère de Commerce
7
Ilyes (Awhem), Age 19, forgeron
Mourouj
5 ans
Lamp Crew مرتني يف الجمعة مع
Lac0, calme منعزلة عىل الجوجمة و
بالصة مش معبية وتجم تعمل فيها برشا tricks
، االكرث ية ندور يف حومتي يف ا ملروج منجيش لنا يارس الحق
Non
8
Achref (Capoeira), Age 18, élève
Entre Tebourba et Mourouj
5 ans
مع االوالد،محسوب كل يوم
BIAT, نجيو نقعدو لنا و تتسمى البالصة ايل كربت فيها و تعلمت فيها Kasbah: اما موش متع كل يوم و ز يد متعniveau طالع
les obstacles, et ça dépend du «mood» كل نها ر وقسمو
باليص متع براكاجا ت
تعديت مرتني
9
Aziz (Cloud), Age 18, élève
Ariana
14 mois
3 fois par semaine, مع صحا يب
BIAT, خاطر بديت نتعلم لنا
Barcelona et Lafayette كلها شلوح و براكاجا ت
Non
10
Thameur, Age 16, employé
Aouina, Soukra
2 ans
كل يوم
BIAT, تعجبني يك نتلمو النا س الكل لنا LAC0, تجم تعمل فيها برشاtricks
بالصة مش معبية،القا عة الزم تكون با هية وتجم تعمل فيها برشاtricks بالصة ميطردونا ش منها
LaFayette متع براكاجا ت
Non
11
Hamza (Ezio), Age 19, étudiant
Ariana, Borj Louzir
1 an
Deux fois par mois, مع االوالد
BIAT خاطر بديت لنا و خاطر دميا يتلمو النا س الكل لنا و نجم نتعلمو من بعضنا
الزم البالصة نحس روحي،العبا د اهم حاجة مرتاح فيها
باليص ا ملعروفني بالرباكاجا ت
ندور غا د ي سعا ت
Ça dépend des scénarios que l’espace peut offrir. De plus, j’opère en impulsion aléatoire de choix en fonction de mon «mood» En fonction des scenarios et le style, la proximité, la compagnie
12
13
Achref (Batta), Age 27, Vidéaste
Ahmed (Kritcho), Age 26, Assistant Enseignant
LaFayette كنت نسكن يف تو نسكن يف ا ملنزه
Mutuelle Ville
10 ans
Pas aussi fréquemment qu’avant, généralement ِ الشلّة مع
Beb Bhar, spot موش معرف communauté يارس يفet qui présente des scénarios à potentialités créatives
13 ans
J’essaie d’y aller aussi souvent que pos sible, mais cela dépend généralement si mes amis y vont ou non.
BIAT, la configuration, les matériaux, le flat, la situation dans un espace très mouvementé, ça te fait vivre le skateboard d’une autre manière
Flat با هية العبا د ايل متقلقكش
Oui, فامdispositif d’entrée du Les zones de danger Ministère de où il y a des braquages Commerce ايل فقنا بيه réguliers بعدdoc de Michael Mackrodt Au delà des rues principales, je ne circule pas
S kate-wise, je ne trouve pas des endroits interesting
157
9. Quelles sont les difficultés que les skateurs rencontrent régulièrement?
10. Est-ce que les piétons trouvent cette activité agréable ou sont-ils hostiles?
11. Pourquoi pensez-vous qu’ils s’opposent à cette pratique? Comment vous perçoivent-ils?
12. Avez-vous déjà subi des tensions avec les autorités?
13. En termes d’espace, quelles sont les manques dans la scène locale de skateboard?
14. Que suggérez-vous pour améliorer cet état?
15. Vous préférez avoir un grand skatepark ou des différents éléments urbains skatables dispersés dans la villes?
معنا ش و ين،العبا د الخا يبة الكياسا ت تعيف،نقعدو
فام عبا د يطردونا و يد زونا وفام شكون تعجبو سعا ت يا قفو يصفقولنا،الحكا ية
يراونا خطر،يراونا فروخ واال هام ل بش تكرس و اال يطردونا ع الحس
، ايل يحند رك و يطردك مالبالصة،دميا وايل يفكلك اللوحة و ايل يهزك للمركز
تونس البالد الوحيد ة ايل مفيها شskateshop. Decathlon فيها اماqualité grave
اعملولناskateshop/skatepark خيل عبد يحسن روحو و يتطور
skatepark يلم النا س الكل
،معنا ش مصد ر رسمي لللوح معنا شskateshop, و الرسقة متع اللوحة
،فام عبا د باهني يجيو يتفرجو منغري ميقلقونا ،فام مرة عطا تني فلوس و رشا تيل د بوزة ماء وفام عبا د تتلكش و د زوين و طيحوين
يقلك تعبد يف الشيطان و اال هامل واال عميقني
ا نا، دميا يهزونا للمركز،برشا مرا ت مرة كليت شلبوق
SKATESHOP
حسنولنا الكياسا ت و ثقفو العبا د عىل skate و اعملولنا باليص نركشو فيهم tranquille
Skatepark
الحاكم و الجبورة ايل يفكولنا ا للو ح
االغلبية عقلية متاعهم خا يبة و يبد او يشريو يف الشبوك
ميعطيوش قيمة،يقلك مال فرخ ترتا قص للحاجة ايل نعملو فيها
دميا دميا
اعطيونا بالصة قر يبة نفطقو فيها موا هبنا skatepark يزي
skatepark
spot املهم،ايل يجي
نا قصنيdes espac es
سعا ت يسبوك و يهينوك
، تعبد يف الشواطن،يراوك حاجة غر يبة كلوشا ر،هامل
موش يارس
skatepark/ skateshop sans discussion
skatepark/ skateshop sans discussion
skatepark
معنا شskateshop كا ن تكرست،متلقا ش منني ترشي اللوحة تقعد غا د ي
اما فام شكون يجي،معظم العبا د خا ينب يشجعك و يصفقلك
مثا شكون يتقلق م الحس و فام شكون ميفهمش ايل تعمل فيه و فام شكون يرا ك بش تخرب
يكرفطونا و يفكولنا اللوح،ا كيييييد
Skatepark, skateshop, infrastructure entretenue
Introduire des espaces dédiés au skateboard
ça dépend, chacun a son propre style, les éléments conviennent aux street ska teurs et le skatepark aide à améliorer les tricks
الحاكم،العبا د ا ل تتلكش
االغلبية خا يبني يبد او يد زو فيك و ينظرو علينا
واال كلوشا را ت،يراونا خطر عليهم
سعا ت يهزوين هكاكا مالحيط
Skatepark/ skateshop الزمنا بالصة لينا نحسو فيها رواحنا مرتاحني ومش مطرد ين
يخليونا نعملوévénements publiques يف باليص و يسهلولنا اوراق جمعية
Skatepark يف بالصة قر يبة للنا س ا لكل
الشلوح و الحاكم
وفام شكون،فام عبا د تجي تتفرج وتعجبهم يتلكش
هلكت،فام عبا د را كبة عالحد ث l’image متعskate العبا د تغزرلنا عىل أسا س كلوشا را ت
الحق ال
skateshop خاطر نا قصني لوح و ا ملستوى متاعنا موش قاعد يطلع بايل عند نا
الزمنا نتحركو بش نعملو جمعية
الزوز الزمني skatepark باهي للtricks street االخر ين لل
معند نا ش باليص نقعدو فيهم العبا د، مرتاحني
، خاصة عىل الحس،ميتقلقو كان يك تقلقهم احنا نحاولو نحرتموا النا س خاطر مد ام معنا ش بالصة خاصة بينا عىل االقل نخليو بصمة با هية يف ا ملكا ن العمومي
يراوك هامل و عميق
مش دميا
، معنا ش و ين نحسنو يف قد را تنا skateshop الskatepark ال
اعملولناdes spots plus créatifs منحبوش حاجة مبلفطة و مطيشة يف،بالله الخالء بش تسكتونا
skatepark
الحاكم يتلكشو يارس Capoeira
ايل يحب يفكلك اللوحة و ايل يد زك
يحسوك عميق و اال تعبد يف الشيطا ن skate وز يد فام برشا عبا د يهلكو
د ميا
skateshop / skatepark
معنا ش باليص نجمو نقعدو عندك بالصة وحد ة متوت،فيهم و تحيى فيها
فام شكون يشجعك و يصورك و،فام هكا و هكا فام شكون يسبك
يوليو،يراوك مختلف عليهم ميقبلوكش يتقلقو منك و يقلقوك
مش دميا
Skatepark
تتحسن عقلية العبا د بش احنا نكونو مرتاحني و يعملولنا باليص خاصة بينا
Skatepark au centre ville
غزرة العبا د و الحاكم
فام شكون اصال يبد ى يجري ورا ك بش يرض بك و وفام شكون يشجعك و،اال يدخل فيك بالكرهبة يصفقلك حتى يك تطيح
يحسوك كلوشا ر
يت تو بركا شدونا،دميا دميا
skateshop, surtout surtout skateshop, الدولة مش موفرة يشء
Fédération pour organiser des événements, un skatepark bien aménagé
ماالول صغا ر بش نسنسوspots Skatepark العبا د بالحكا ية و بعد كبري
L’hostilité des personnes, l’infrastructure très mal entretenue, la police, l’insécurité des espaces publics
C’est un mélange des deux, ça dépend évidemment du «spectateur». Il y a certains qui sont confus, d’autres se sentent menacés, mais il y a des personnes qui apprécient ce qu’on fait
Ils te trouvent soit un délinquant, فرخ هامل, ou un danger envers eux
BASE, on a passé des nuits dans des stations de police pour le simple fait qu’on est skateur.
Un skatepark sûrement et un skateshop
Mobiliser l’action pour construire un skatepark, sensibiliser les gens sur la pratique et bitumer proprement les chaussées pour avoir une expérience de mobilité plus agréable
Des différents éléments qui tissent l’espace urbain au centre ville et qui génèrent un lien de proximité entre eux
Le manque de matériel qui affecte la performance du skateur, la qualité des personnes, L’infrastructure
Généralement hostiles, d’autres sont surpris et impressionnés
Oui mais pas très fréquemment
Absence de skatepark et une skate-plaza, c’est comme le noyau, un truc fondamental et évident, On apprend le sens de communauté dans un skatepark
Financer un skatepark pour introduire la culture au public
Les deux, un équilibre entre des spots et un skatepark central.
1 58
«Outcast», délinquant, ا نسا ن فاشل,هامل
نبدلو عقلية العبا د و نور يوهم ايل نعملو فيه des installations صغا ر مفرقني موش حاجة خا يبة
159
GLOSSAIRE DICTIONNAIRE ANATOMIE DE LA PLANCHE:
MANŒUVRES:
DECK: la surface plane sur laquelle
TRICK:
repose le skateboard, généralement
manœuvre.
en érable laminé.
dessus de la planche avec de l'adhésif, utilisé pour augmenter la friction entre la planche et les pieds du skateur. l'avant
de
figure
de
style,
une
CARVE: patiner en décrivant un long
GRIP TAPE: papier de verre fixé sur le
NOSE:
une
la
planche
arc de cercle. FAKIE: glisser à contre-sens. GRIND: racler un ou deux axes sur
à
roulettes, depuis les boulons du truck avant jusqu'à l'extrémité.
une bordure, une rampe ou une autre surface. FLIP: figure qui consiste à faire tourner
TAIL: l'arrière de la planche à roulettes,
la planche sur elle même sur l’axe de
à partir des boulons du truck arrière
sa longueur.
jusqu'à l'extrémité. TRUCKS: les essieux avant et arrière qui relient les roues à la plate-forme et
SLIDE: glisser le nose ou le tail d’une planche sur un rebord ou une bordure.
permettent à la planche de tourner.
RUN: séquences continues de tricks.
ROUES: les quatre dispositifs arrondis
OLLIE: un saut effectué en tapant le
en polyuréthane d’une taille comprise
tail sur le sol.
entre 39 et 70 millimètres qui permettent aux skateboards de rouler.
TIC-TAC: descendre un escalier en roulant.
AXE: la tige métallique qui traverse le truck du skateboard et sur laquelle sont montées les roues.
WALL-RIDE: glisser sur le mur. DROP-IN: Entrer dans la rampe ou l’obstacle par le haut. GAP: saut de la distance entre deux objets, zones ou surfaces glissables. LAND: réussir une manœuvre.
160
MODULES CURB: tout module de skatepark ou de mobilier urbain solide sur le bord duquel le skateur est susceptible de faire glisser sa planche. le curb se pratique sur de nombreux objets urbains: bancs, rebords de trottoirs, marches d’escaliers, poubelles, etc.
RAIL: structure tubulaire, généralement en métal servant à glisser ou à grinder.
BOWL: à l’origine des piscines vidées, il a la forme d’une cuvette plus ou moins profonde aux parois arrondies, construit généralement en béton et entouré d’une bordure en métal.
MARCHE: les marches d’un escalier, servant à les grinder, à les glisser ou à les sauter, généralement construit en béton.
FULL PIPE: c’est un tube complet; un module très rare et difficile à maîtriser.
HALF-PIPE: Il s’agit d’une rampe en forme de « U », dans laquelle les skateurs effectuent des va-et-vients, prenant de la vitesse et effectuant de part et d’autre des tricks divers.
QUARTER-PIPE: C’est un demi half-pipe, formant un plan incliné concave utilisé pour gagner de la vitesse et des tricks aériens.
HANDRAIL: Il s’agit d’une main courante du garde-corps, généralement en métal. Ce dispositif est utilisé pour les grinds et les slides.
BANK: Il se compose d’un plan plat incliné qui permet de prendre de l’élan pour faire des sauts sur un autre module.
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