Orbeat magazine, Obama président hip hop?

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LE MAGAZINE CULTUREL HIP HOP

novembre décembre 2008 #4

GRATUIT

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 SIDNEY

FLASHBACK H.I.P H.O.P YA N N C O U E D O R

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Gil Scott Heron / Oncle Ben / Laura Flessel



ÉDITO

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« Évidemment ‘‘c’était mieux avant ’’, puisque la tendance est éternellement rétro. » 

« Le choix d’adhérer à la tendance Soulfull vient dépasser la simple ‘‘ branchitude ’’ Hip Hop. Le monde en subira les conséquences. » 

eriez-vous de ces nostalgiques pratiquants la fameuse rengaine ‘‘ c’était mieux avant ’’. N’en soyez pas fier ! Des générations fatiguées par l’arthrose l’ont rabâchée avant vous. Et c’est rarement comme ça qu’on a fait avancer le schmilblick. Mais soyez rassurés, car un vieux con cache souvent un vieux sage. Et sur les propos qui suivent, les sages sont unanimes : comme la mode, la musique se nourrit d’un éternel recommencement. Laissant vieillir les tendances avant de les ramener au goût du jour. À cet instant normalement tout s’éclaire. Évidemment ‘‘c’était mieux avant’’, puisque la tendance est éternellement rétro. Si les vieux le disent… La culture hip hop n’échappe pas à la règle du flashback et nous non plus. Que les fans de Mos Def, Badu et Common se dénoncent ! Vous ne seriez pas accrocs à ce petit côté rétro. Au saxo un peu sale qu’on a laissé trainer sur un trottoir de Harlem. L’expression consacrée pour décrire cette tendance nostalgique du hip hop et des black musics se prononce ‘‘ SOULFUL ’’. Comprenez-la comme un univers où l’ont fait référence à l’apogée de la soul (‘‘ la musique de l’âme ’’ en français). Par extension, en matière de rap cela revient à fouiller dans la crème du son des années 90. C’est clair pour tout le monde ? On veut, soit du rap avec des instruments, sur scène ou en studio, soit du sample bien basic, sur un beat gonflé à la basse. Une face ‘‘ A ’’ de Smif’n’Wesson, de The Roots, ou un bon vieux Biggie des familles… À tord, certains se disent déjà ‘‘ merde, je serais donc un mouton fan de soul, de vieux hip hop et de vieilles photos de New York ’’ ! Pas de panique. L’authenticité est une quête honorable. L’enjeu en devient même planétaire. Si, si. La planète toute entière est au bord du soulful… Le clivage Old School/New School, c’est OBAMA VERSUS BLING BLING. Imaginez que le pays le plus puissant du monde élise à la Maison Blanche un président noir qui joue au basket avec des survet’ en coton ! Obama is Soulful. Ce mélange de Denzel Washington et de Lambert Wilson. Serein comme un père et stylé comme un prince. La Maison Blanche se gagne à coup de marketing. Et pour la première fois, bien plus qu’avec Kennedy ou Clinton, le sort de la planète dépend du succès d’un type bien décidé à jongler dans sa campagne avec des codes de la culture Afro-américaine. Les fils de l’Oncle Sam, du visage pâle à la panthère noire devront trancher. Soulful or not Soulful ? C’est entendu, la tendance n’est pas si futile. Le choix d’adhérer à la tendance Soulful vient dépasser la simple ‘‘ branchitude ’’ hip hop. Le monde en subira les conséquences. ‘‘ Chacun son camp, choisis ton camp et ne te trompe pas ’’ (Oxmo Puccino). M. Ben Zakoun

P.S : si vous êtes passé à côté d’Obama pendant la campagne, il est temps de se faire une petite lecture à tête reposée. P21

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 C O U R R I E R D E S L E C T E U R S FA C E B O O K

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Qui a vu Groundation sur scène ?

 Louis Merci d’avoir fait un article sur Groundation qui est à mon avis le renouveau du reggae. C’est tellement du bon jazz avec un esprit dub et le tout en respectant le reggae! Et en plus en live ils sont grands. À bientôt et n’oubliez pas de soutenir orbeat !!!!!!!!!!!!!!!! Mais de rien Louis. Merci à toi. Groundation, c’est une pépite comme on dit à la rédac’. «T’as une pépite ?» (Un journaleux répond) «je n’ai que ça de la pépite !».

 Indy Sterning Tisse dit elle avec sa fine dentelle Emo-redactionnelle pas peur de m y casser les dents pour les soss j trouve toujours la bonne ficelle meme si dans mon dos ca cause ca casse

Pour un soss qui bosse roule sa bosse pour la cause fait ses papiers comme on fait un gros contrat Pour un gosse qui ose se casse les os comme un boss pour trouver l’art-icle sens propre mots gras pour un petit gars ne ment jamais meme precoce comme ceux qui cherchent dans leur draps la perle le 12 mesures taillé sur mesure ne manque pas de pra-tique jamais d usure j’ai mes tocs qui me re prennent courbatures vas-y faut pas que tu me freines j mene le pas quand j parle c autant-tik meme si tu m attaques Moi j leve l’etendart pour tant d arts Orbeat le mag qui va plus vite

.... que la zic Plus vite que les sals types qui se prennent pour des flics! Moi dis Orbeat c’est l arbitre pas là pour faire le pitre mais tenir l article nous le beat c’est Orbeat. Mais attend ! C’est sur nous ?!? La-petite-bande-dejournalistes et toute la troupe Orbeat ! J’entends déjà les jaloux. Merci Indy.

Le rap c’était mieux avant

 Mathieu On l’entend sur toutes les bouches des puristes «le rap c’était mieux avant» je fais parti de ces gens qui pensent qu’on a bousillé beaucoup de fondamentaux (dedicassé à Flynt Mc). Y en a marre d’entendre des gens faire de la musique en regardant systématiquement leur portefeuille, moi je veux du lourd, des prods simples mais lourdes, un sample une basse une caisse claire des variantes et on enchaine un texte un vrai! Pour tous les anciens qui s’endorment malgré leur glorieux passé, il serait temps de remettre les pendules a l’heure... ah oui et je voudrais placer un coup de gueule à cette mentalité à la con qui oublie tout ces gens à l’origine des prods. J’entends des truks dans mon univers et je me demande si la belle époque ne reviendraitt-elle pas au gout du jour, en tout cas je mise la dessus sinon je vais continuer ma collection de disques mais façon....nineties. Peace Orbeat le mag o concept indé…

Hip Hop Pride sur Paname

 Laura J’espère qu’Orbeat va faire en sorte de relever le hip hop français qui est malheureusement dépassé voir écrasé par la tectonik et la gaypride, qui déambulent constamment dans les rues de paname et qui regroupent de plus en plus de monde chaque années ... merci monsieur Delanoë !!! Mais il faudrait qu’il pense aussi à nous!!! Et pourquoi pas une HIPHOPPRIDE merde alors !!! Pour nous les jeunes représentants du hip hop mouvement!!!! Laura Prince jeune supportrice d’Orbeat......

Et si on faisait une tech-hip-hop-gay-pride histoire d’être open mind et d’éviter les bouchons dans Paris! A quand les rappeurs français en string léopard ?

Le 33 tours… c’est ringu’ ?

 Yannick Yooooo j’ai un coup de gueule. Je suis dj Suisse depuis pas mal d’années. Pourquoi les albums de rap français sont impossibles à choper en 33tours, car je déteste jouer en cd... A tous les labels etc.... faites quelque chose!!!!!! Les suisses kiffent le rap français, à bon entendeur!!!! Peace Dafi Lausanne ps : vivement qu’Orbeat arrive en Suisse, les Lausannois sont chauds.

Le message est passé, et normalement, au moment où tu nous lis, les Lausannois sont servis. Une spéciale pour la Suisse.

Espèce de papi… Tu es largement pardonné, parce que Contactez-nous : redaction@orbeatmag.com chez nous aussi on aime la basse et la caisse claire. Le groupe FB : je supporte Orbeat, le groupe de presse hip hop qui fait son trou. Idem pour les « sons nineties ». Continue à raller.


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NEWS NTM, La Rumeur… page 06 ITW SOCRATES Oxmo Puccino page 08

RAP FRANÇAIS Rockin Squat, Médine, Mesrine la B.O page 10 TALENT DES DEMAIN Oncle Ben page 12

US/UK Estelle, Cool Kids page 14

SOYEZ SOUL Gil Scott Heron page 16 SOYEZ ROOTS Kana, Dub Pistols, Aloborosie page 18

COUV’ OBAMA, PRÉSIDENT HIP HOP ? CULTURE Yann Couedor (peinture) ORBEAVIEW SIDNEY

page 21 page 28 page 34

SPORT Interview Laura Flessel, focus Usain Bol page 38 CONCERT Bootsy Collins page 42 CRITIQUES CINE/SERIES Wackness / The Wire page 45 CRITIQUES MUSIQUE page 46 MODE page 50

Photo : Cyrille Dumont-Dotsou

AGENDA page 43

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LES NEWS D’ALEX

La polémique

Acharnement du ministère de l’Intérieur sur Hamé (La Rumeur) On peut parler d’acharnement à l’encontre de La Rumeur et de son rappeur Hamé. Le ministère de l’Intérieur se pourvoit pour la 2ème fois en cassation suite à la 3ème relaxe d’Hamé ! Les poursuites ont suivi la publication d’un article signé par Hamé en 2002, dans le fanzine vendu avec l’album de la Rumeur ‘‘L’Ombre sur la mesure’’. L’extrait en cause : ‘‘ les rapports du ministère de l’Intérieur ne feront jamais état des centaines de nos frères abattus par les forces de police sans qu’aucun des assassins n’ait été inquiété ’’. Le Ministère de l’Intérieur, alors dirigé par… Nicolas Sarkozy, décide de porter plainte pour « diffamation publique envers la police nationale ». Deux ans plus tard Hamé est relaxé, le parquet estimant que les propos relevaient de la ‘‘ liberté d’expression ’’. Le ministère de l’Intérieur fait appel. La Cour d’Appel rejette à nouveau la requête du ministère. Suite à ces 2 jugements, le ministère de l’Intérieur se pourvoit en Cassation. Cette fois-ci la cour de Cassation accède à la requête du minstère plaignant, en renvoyant les parties devant la cour d’Appel. La cour d’Appel relaxe une nouvelle fois Hamé. Mais 3 jours plus tard, nouveau coup de théâtre. L’Etat décide de se pourvoir une nouvelle fois en Cassation ! Trois relaxes, 6 ans de procédure, l’acharnement continue.

La vidéo

Après le clip « stress » du groupe Justice, Kourtrajmé filme le cannabis (disponible sur Dailymotion) Le collectif Kourtrajmé, producteur de Sheitan récidive. Après le clip ‘‘ Stress ’’ de Justice, le buzz vidéo s’appelle ‘‘ Go Fast Connexion ’’. Reportage accrocheur sur le trafic de cannabis à Clichy Montfermeil réalisé par Ladj Ly. Vingt minutes de réalisme où les dealers font leur biz à visage découvert et les flics n’hésitent pas à canarder la « racaille». Le tout présenté par le plus célèbre journaliste de désinformation français : Charles Villeneuve. L’ex monsieur ‘‘ Droit de Savoir ’’ et nouveau président du PSG. Enthousiasmant donc ce documentaire qui nous amène au cœur du trafic, avec Villeneuve en maître de cérémonie superbe d’autodérision (qui l’eût cru ?). Sauf que tout est faux. Des personnages au scénario, tout est écrit. Du coup le reportage se mue en docu-fiction accumulant les clichés. La critique des internautes est partagée. Certains crient au génie en y voyant une nouvelle forme d’art cinématographique. D’autres n’y voient qu’un Villeneuve affreusement cynique. Le pari semble pourtant réussi, dénoncer le traitement médiatique des banlieues souvent stéréotypé, à l’image des émissions anciennement animées par Villeneuve.

Le clip

Orelsan, petit prince du sans pitié. Son clip : Changement De l’ado corosif dans le monde du clip inventif. Orelsan, le rappeur de Caen est dingue de dirty lyrics1. Alors bien sûr les paroles sont crues, mais les clips fleurent bon la réalisation 3 bouts de ficelles, et ça consolide la démarche du jeune rappeur : ‘‘ faire du sans-pitié décalé ’’. Créatif, sans prétention et générationnel, les clips d’Orlesan nous réconcilient avec un genre habituellement réservé aux américains (à coup de vulgarité gratuite…), faisant preuve en l’occurrence d’une bonne dose d’inventivité pour le cas d’Orelsan. Pour ne rien gâcher, Orel lâche du p’tit flow pas vilain. Un côté psycho/rappeur qui rappelle parfois Eminem. Si tu as plus de 18 ans, que tu peux encaisser 2/3 vulgarités machistes gratuites, que tu aimes l’autodérision et que tu veux voir le lapin d’Alice au pays des merveilles se faire courser par un ado énervé… Orelsan t’attend sur le net.

Le clash

Chaud la braise Tanikie Larson! ‘‘ Vitaa serait un homme ’’, ‘‘ Tandem c’est fini ’’, ‘‘ Passi n’aurait plus de flow ’’… Ce sont les paroles incendiaires du premier single de Tanikie Larson. Rassurez-vous le titre s’intitule « La rumeur dit », rien de sérieux, du coup l’ancien membre de La Hyunda se permet d’épingler une bonne partie du rap français. Akhenaton, Gyneco, Kery James, NTM… Chacun prend son taquet, et même si Tanikie se défend de ne colporter que la rumeur, il risque bien d’enflammer le petit monde du rap cet hiver… 1. Paroles crados 6

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NTM DEVAIENT-ILS SE REFORMER ?

LES PROTAGONISTES

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Aucun des deux mais        Lesprotagonistes.    n’est  allé auconcert,  ilsontunavis… 

Magueule, 27 ans, la silhouette élancée, parfois un petit chapeau sur la tête. Côté accent, c’est plutôt Paris 20ème (des voyelles qui trainent et de la gouaille en fin de phrase, cf Gabin, Belmondo…). Activité : recruteur de foot. Moussa, 32 ans, à peine plus épais que Magueule, le teint mat, les cheveux bouclés, un nez. Disons-le… Une gueule à faire du ciné. Côté accent, c’est celui d’un mec un peu speed, pas le dernier sur la rigolade, avec une tendance à s’énerver pour rien. Activité : intermittent du spectacle, représentant de commerce.

 Orbeat : ‘‘ Moussa, Magueule. Un journaliste du Parisien titrait « Ntm a toujours la flamme ’’, il regrettait cependant qu’NTM ‘‘ne bouillonne plus au cœur de l’urgence et de la polémique’’. Les polémiques pour le coup, ne manquent pas. Moins agitateurs, revenus pour le fric… Même Booba y est allé de son clash en les traitants ‘‘d’antiquité’’. NTM a-t-il eu raison de se reformer ? Vous avez 15 minutes et 3 bières pour débattre. C’est à vous, la forme est libre…» Moussa (sourcils froncés) : NTM n’aurait pas du revenir. C’est des mecs de la rue qui représentent les quartiers chauds de France. La première fois que je les ai vus c’était dans mon quartier, pour pas un sou. On était 60 péquins. Et les mecs se reforment pour la tune… Ca me fait flipper ! Magueule (il se tape sur le genou) : Mais noon ! Ca fait plaisir ! Moussa : Ca fait flipper, ils se reforment pour un billet à 50 euros. C’est de la merde. Faut arrêter de prendre les gens pour des cons ! Orbeat : Tu craques Mouss’ ? Moussa : Bah ouais…. Je suis clash comme NTM. J’ai demandé à Abdel, un ami qui a été au concert s’il y avait des mecs de cité, il m’a dit que non. C’est normal à ce prix là…

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Magueule : Je suis d’accord sur le prix. Je les ai vus à l’époque de ‘‘Paris sous les bombes’’ avec Afrojazz, Raggasonic… Pour moi voilà, NTM c’est le groupe qui résume le rap français à lui seul ! Des bêtes de scène, typiquement ‘‘Ile de France’’, révoltés… Le plan commercial c’est gros comme une maison… Mais pour ceux qui ne les ont jamais vus sur scène, ça vaut le coup. Le SUPREME en live, c’est énorme.

n’est pas un truc que tu vends. C’est une expérience de vie et basta. Dès que ça sort de la rue, dès que ça vient à la télé, à la radio, pour faire de la tune, c’est plus NTM (content de lui)… Et BASTA ! (Il s’éloigne un peu…)…Et BASTA !

Or : Toi Magueule ça ne te dérange pas ? Magueule (hésitant) : Nooon… J’ai assisté à l’évolution, de l’underground aux paillettes. (Frétillant) Mais j’espère qu’il y a une histoire d’amitié derrière tout ça. Franchement, ça seOr : Vous y seriez allé gratuitement ? Magueule : Évidemment. Mais quand même, rait vraiment bien. Et honnêtement faire des je tiens à préciser que 5O euros ce n’est pas concerts… Si ça remplit les salles, fait bouger les jeunes, pourquoi pas ! normal ! Moussa (il se ressert une bière) : Moi non ! NTM c’est pas ça.... C’est NTM, pas ACDC. Or : Donc, NTM devaient-ils se reformer ? Les tournées 20 ans après c’est bon pour les Moussa : Oui, mais ce n’est plus un groupe de rockeurs, pas pour les rappeurs… Il ne faut rap, c’est un groupe de distraction. pas oublier qu’à la base NTM, c’est associatif. Magueule : C’est clairement encore un groupe de rap, engagé, hyper politisé. Alors je dis oui, si c’est une histoire d’amitié. Or : Donc NTM, c’est commercial… ? Moussa (il gueule et bégaye un peu) : C’EST Moussa : Vendu. (Il se ressert une bière) devenu commercial. L’esprit d’NTM à la base c’est quoi ? Eh bah c’est la formule magique ! Or : Un dernier mot ? Moussa : NTM se reforme pour la tune. Pas un business. Magueule : Je sais qu’à 70 ans, je passerai Or (…la formule magique ?) : Ca a l’air de te ‘‘Paris sous les bombes’’ à mes petits-enfants et je dirai ‘‘c’est de la bombe bébé…’’ mettre en boule ? Moussa : Ouais ça me dérange vraiment. Ce Novembre / Décembre 2008  www.orbeatmag.com 

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LES NEWS D’ALEX

B.I.G à l’écran    ‘‘ Notorious ’’, le film sur Biggie débarque sur les écrans US en janvier 2009. En préparation depuis presque 1O ans, ‘‘ Notorious ’’ est produit par P.Diddy, la mère du Biggie et 2 de ses anciens managers. Quant à l’acteur qui incarnera Notorious ? Après un casting ouvert aux amateurs, l’élu s’appelle Jamal Woolard, rappeur enrobé originaire du Bronx qui s’est également fait tirer dessus 2 fois alors qu’il attendait son passage sur la radio Hot 97. Woolard a vraiment tout pour faire un bon Christopher Wallace (alias Biggie).

Sauvés par GTA    Une famille de l’Illinois a fait le grand saut en Jeep Cherokee. Ils ont tapé dans le rail de sécurité avant de faire plusieurs tonneaux. Audrey, leur fille de 11 ans, s’est extraite seule de l’habitacle, et a fait sortir un par un les membres de sa famille. Interrogée par la presse locale, la fillette a déclaré avoir appris ce geste en jouant à GTA. Elle a supposé qu’une voiture accidentée pouvait prendre feu ! Heureusement qu’elle n’a pas mis un coup de tête au policier.

Come back 100% rap de Queen Latifah  La rappeuse n’a pas sorti d’album rap depuis 10 ans ! Durant ce break, elle a composé 2 albums en chanson, et surtout elle est apparue à de multiple reprises à l’écran. Queen Latifah s’apprête à reprendre du service grâce aux soutiens de Dre, Ludracris et LL Cool J. ‘‘ Dre m’a aidé à écrire quelques morceaux et Ludacris m’a composé une chanson ’’ a révélé l’artiste. Un album 100 % rap prévu pour le mois de décembre. Un retour à ses premiers amours.

Et aussi… Busta Rhymes rejoint la Motown / Naughty By Nature annonce un nouvel album / Abd Al Malik bientôt dans les bacs / Après l’apparition sur l’album de Kery James, Aznavour sera sur le prochain album de Grands Corps Malade / Daddy Yankee soutien John Mc Cain / The Game et Young Buck ne se font plus la gueule… Mais 5O cent n’est pas d’accord, alors il veut virer Young du G-Unit. Contactez-nous : alex.orbeat@yahoo.fr

Photo : DR


INTERVIEW

Orbeat : Oxmo, que choisis-tu entre pouvoir voler et lire l’avenir ? Oxmo Puccino : Sans hésiter, pourvoir voler. Car lire l’avenir ne t’en protège pas. Or : Quelle est la destination de tes rêves ? Ox : Je n’en ai pas. Elle est avant tout intérieuIl faut d’abord trouver la bonne destination Cqfd Connais tes limites !                     re. en soi. Si l’on est mal à l’intérieur de soi on Domaine de l’impossible, de l’insupportable, de l’inaccessible, le sera n’importe où, et ce qu’importe où l’on veuille aller. faisons un petit tour entre vos limites et vos rêves… C’est le tour Or : Quel album aurais-tu rêvé de composer ? d’Oxmo, récent papa (pour les potins) et en plein accouchement Ox : Thriller de Michael Jackson. d’un nouvel album (pour les fans) . Or : Quel artiste ne peux-tu pas écouter                                    plus de deux minutes ? Ox : Il y en a tellement. Mais en général mon cerveau les zappe. Après il y a des gens qui Orbeat : vont te dire que Roi Henock c’est de la daube ‘‘ Si tu étais élu président de la République française, quelle serait ta mais c’est tellement subjectif. Il y a des gens première mesure ? ’’ qui aiment et il en faut pour tous les goûts. Or : Ton plus mauvais souvenir dans une salle de ciné ? Ox : Ado je trainais pas mal avec des potes qui avaient le chic pour considérer qu’un bon film doit aller se voir en passant par la porte de derrière. Il fallait absolument faire tourner un joint dans la salle ou téléphoner pendant le film… Donc forcement il y a souvent eu quelques soucis… Or : Et dans une salle de concert ? Ox : Cela remonte aussi à l’adolescence, quand on se faisait courser par les vigiles. Mais ce n’est pas un bon exemple (rires). Les jeunes ne le faites pas. Or : Quelle matière était ton calvaire à l’école ? Ox : Les mathématiques. Or : Si tu étais élu président de la République française, quelle serait ta première mesure ? Ox : Faire en sorte qu’on ne connaisse pas la tronche du président. Or : Jusqu’à quel âge te sens-tu capable de rapper ? Ox : Pour le rap, je n’en ai vraiment aucune idée. Mais je sais que je serai toujours capable d’écrire. Or : Combien de kebabs (ou burger) peuxtu avaler par semaine ? Ox : Je suis un gastronome moi monsieur (rires). Non sans rire je n’y vais jamais. Je fais la cuisine. De bons petits plats pour moi et ma Oxmo : petite famille. ‘‘ Faire en sorte qu’on ne connaisse pas la tronche du président. ’’ Or : La dernière fois que tu considère avoir dépassé tes limites ? Ox : Ce matin, quand j’avais toutes les raisons de gueuler après un technicien et que j’ai su garder mon calme. Une itw à lire en écoutant : ‘‘ La Roulette Russe ’’, Lipopette bar

« Connais-toi toi-même »

Oxmo Puccino

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Contactez-nous : augustin@orbeatmag.com Novembre / Décembre 2008  www.orbeatmag.com 

Photo : Wahib2 9


RAP FR

White & Spirit font chanter Mesrine

« Comme pour “Ma 6T va craquer’’, le disque devrait aller plus loin qu’une simple bande son. » Jacques Mess. Figure incontournable du grand banditisme hexagonal. Personnalité ambivalente, troublante. Le réalisateur JeanFrançois Richet a réalisé un film sur sa vie, en 2 volets : ‘‘ L’instinct de mort ’’, et ’’ Ennemi public numéro un ’’. Le duo White&Spirit s’est chargé de la BO. La bande originale est signée Cercle Rouge Production, à qui l’on doit entre autres la musique de ‘‘ Ma 6T va craquer ’’. Les deux frères, White&Spirit, ont réalisé une B.O de qualité. ‘‘On a choisi des artistes dont la dimension humaine et artistique nous plaisait. Il fallait aussi

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qu’ils soient capables de rentrer dans l’univers du gangster. Sans la surenchère ni la glorification de Scarface ’’. Une bande-son percutante, des textes qui s’appuient sur le parcours et la personnalité de l’ennemi public numéro un. ‘‘Les artistes se sont particulièrement investis’’ , précisent White&Spirit. Au micro, Kery James, AKH, Tunisiano, Seth Gueko, X-men… ont tous une approche différente du personnage et de son histoire : l’enfermement, la cavale, la peur... Comme pour “Ma 6T va craquer’’, le disque devrait aller plus loin qu’une simple bande son. Julie Pulos-Benoit

Entre 2 albums, Médine trempe sa plume dans les livres d’Histoire. Après le 11 septembre, c’est encore un thème épineux que le havrais a prévu de creuser : Les Black Panters. Avant-propos : C’est le 09 septembre dernier, jour anniversaire  de l’assassinat du Commandant Massoud1, que Médine a choisi de reprendre la parole : ‘‘Je reprend la parole le jour de l’assassinat de Massoud, car cet homme incarne la résistance face à l’oppression et le dialogue entre les différentes communautés. C’est exactement dans cet esprit que j’ai écrit l’album Arabian Panther2’’. Annonçant ainsi habilement, avec toute la mise en scène adéquat (cuir sur le dos et pénombre de rigueur) la sortie de son prochain opus : ‘‘Arabian Panther’’. ‘‘Onze septembre’’, ‘‘Jihad’’ et bientôt ‘‘Arabian Panther’’. Des albums que la ménagère de moins de 50 ans n’aura peut-être a priori pas envie de ranger dans sa collection. Il faut dire que Médine, c’est l’histoire d’un mec qui cultive la hargne aussi bien que le paradoxe. Son créneau : l’humanisme sous des attributs (sa barbe, sa voix…) à faire flipper une vieille à la sortie d’un congrès Villieriste. En ce qui concerne son utilité, certains diront que la hargne n’a d’égal que le nombre de rappeurs braillards qui stigmatisent le rap. Mais que dire de la hargne lorsqu’elle est portée par un rappeur documenté et instruit ? A la manière d’un Kery James, Médine maîtrise les codes de la colère pour en faire une arme de compréhension massive. Et lorsque ce dernier « Médine, c’est l’histoire d’un mec qui cultive la annonce le mouvement des Black Panthers en ligne conductrice de son album, on ne peut être hargne aussi bien que le paradoxe. » qu’impatient, dérouté, interpellé ! Alors rendezvous dans les bacs le 24 novembre. Inch’ Allah ! A.L

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1. Chef de l’armée Islamique avec laquelle il a combattu les soviétiques puis les Talibans en Afghanistan. Il est également connu pour son opposition aux extrémismes politiques comme religieux. / 2. http://www.dinrecords.fr/ 10

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Confessions d’un Assassin 

Rockin’ Squat vient de livrer en solo le 1er volume du double album ‘‘Confessions d’un enfant du siècle’’ (reprenant le titre d’un ouvrage d’Alfred de Musset). Impossible de passer à côté d’une rencontre avec cette figure emblématique du rap français.

      « Sérieux dans nos affaires, dans la manière dont on parle à nos frères ».      

Assassin, « Sérieux dans nos affaires », dans l’album « Touche d’Espoir », 2000

Orbeat : Pourquoi avoir mis autant de temps pour signer un album sous le nom de Rockin’ Squat ? Rockin’ Squat : Depuis Assassin, j’ai fait énormément de chose même en solo. J’ai déjà sorti plusieurs mixtapes et des EP comme ‘‘ Libre vs Démocratie Fasciste ’’ (2004), et ‘‘ Too Hot For TV ’’ en 2007. J’ai fait 1000 featurings. Je me suis aussi attelé à la production d’artistes comme Z’Afrika Brazil, Pyroman ou Profecy sur mon label. On a beaucoup taffé. Mais apparemment, tu n’as pas tout suivi (rires).

art qui dérange. Tout a été fait pour transformer notre hip-hop en pop. Un hip-hop qui est pop est beaucoup moins dangereux puisqu’il ne donne plus les clefs pour comprendre la société.

on investissait les murs des villes. Ensuite, pourquoi crois-tu qu’un titre comme “France à fric“ (dans Too Hot For TV Ndlr) ne passe sur aucune chaîne de télé ni à la radio ? Il ne fait que rappeler certains faits et certaines vérités. Et malgré tout, cela dérange. L’Afrique n’a jamais cessé d’être l’esclave de la France. En 2008 cela continue par le biais des compagnies pétrolières ou des banques mondiales. J’ai beaucoup voyagé pour enrichir mon rap et pour pouvoir constater de mes propres yeux…

Orbeat : Tu penses détenir certaines clefs ? R’S : Moi, je développe simplement ma pensée. Ce que je pense être une part de vérité, sans l’imposer à qui que ce soit. C’est à l’auditeur d’écouter, de choisir le chemin qu’il veut prendre par rapport à ce que je lui dis. Je n’invente rien, c’est dans les livres, tout est vérifié et recoupé avec les informations que j’ai pu Orbeat : Tu vis d’ailleurs actuellement au Or : Il faut dire que tu as fait de la non-communi- glaner tout au long de mon parcours de vie. Brésil… Que t’apporte le pays ? cation ton principal atout. Pourquoi ce choix ? R’S : Le Brésil est un pays très musical. Il y R’S : Aujourd’hui plus que jamais, communica- Orbeat : Tu as toujours aimé bousculer ! a aussi une culture hip-hop énorme. Là-bas, tion égale euro. C’est vrai que j’ai toujours été, R’S : C’est l’essence même du rap ! Quand c’est les favelas et le funk carioca. Un son très et ce depuis mes tout débuts, contre le fait de les gens dansaient debout, nous on glissait proche de la Miami base au niveau du rythme. devoir investir des millions pour faire parler de par terre. Quand ils peignaient des toiles, nous C’est un pays qui m’aide beaucoup dans ma soi. Quand on a vu les maisons disques s’emmanière d’appréhender la musique. Aujourd’hui presser de signer des rappeurs pour les transce pays fait vraiment partie de moi. former en marionnettes, on a tout fait pour aller Orbeat : Et cet album, outre un duo avec le léà contre-courant de cette tendance en créant gendaire KRS-One, que peut-on en retenir ? Assassin Production (le premier label de rap R’S : C’est définitivement hip-hop dans l’apindépendant en France Ndlr). Je suis un artiste proche, mais l’album est très ouvert. Il y a plein qui continue à être actif sans avoir les grosses d’instruments : de la bossa nova, de la soul ou maisons de disques derrière moi. Pour pouvoir des sons plus acoustiques. Je me suis éclaté à le faire le hip-hop engagé que je souhaite. faire et je m’éclaterai à le défendre, sur clip ou sur Orbeat : Pour toi, le rap est devenu ‘‘mou scène. J’espère que le public l’appréciera aussi, du genou’’ ? car comme toujours, j’y ai mis mes trippes. ‘‘ Confessions d’un enfant du siècle ’’ R’S : C’est la réalité du Game. C’est au départ un A.L 2008, chez Livin Astro

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 TA L E N T D È S D E M A I N

‘‘ C’est qui ce mec qui débarque de nulle part et qui te blinde une salle ? ’’

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Persuadé de son talent, son entourage l’attendait depuis longtemps. C’est désormais chose faite, Oncle Ben est la nouvelle signature du label Motown France. S’il a déjà fait son trou parmi les princes de la soulnation française, c’est en live, seul ou aux côtés de pointures telles qu’India Arie qu’Oncle Ben a gagné ses galons de lover. Présentations.

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Si vous cherchez de la soul made in France, ne ratez pas Ben À lire en écoutant : Marvin Gaye, ‘‘ I Heard It Through The Grapevine ’’ / Musiq Soulchild, ‘‘ Teach me ’’

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Orbeat : Oncle Ben, ça ne s’oublie pas comme nom. Il faut que tu nous expliques… Oncle Ben : (Rires) J’ai toujours été fan d’un style à l’ancienne, celui des années 60’. Je mets souvent des nœuds papillons, sur scène comme à la ville… Je m’appelle Benjamin, pour mes amis c’est Ben. Le rapprochement avec l’image du vieux renoi sur les boites de riz était facile. Tout le monde m’a fait le coup du « Oncle Ben, c’est toujours un succès ». On me l’a fait à toutes les sauces (rires). Or : Pour ceux qui ne te connaissent pas tu chantes soul et nu soul… mais comme tu es originaire de la même ‘‘bourgade tourangelle’’ que l’essentiel de l’équipe d’Orbeat, je sais que tu faisais un peu de gospel… O.B : Oui… (Rires) Avec le Fitiavana Gospel Choir… C’est un exercice parmi d’autres. Ca me permet de travailler ma voix et de chanter en chœur. La troupe fait des mariages ou des enterrements. En plus ça me permet de trouver la rigueur qui peut me manquer parfois en répét’… Or : Alors ça y est tu as signé chez Motown France. Ca te met la pression ou pas du tout ? O.B : La pression je l’ai toujours eue (rires). Mais c’est ce que j’aime. J’ai maintenant tout ce qu’il faut pour me faire vraiment plaisir. Je pense qu’il y aura notamment pas mal de surprises côté featuring. Des choses que je n’aurais pas pu faire avec mon petit carnet d’adresse. Donc c’est mortel ! Or : Et du côté français, tu envisages des duos ? O.B : Pas pour le moment. Sandra, Rony, Sly (ex membre du Saïan) ou moi faisons des

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Or : La première partie de Vitaa, cela a joué ? O.B : Je dirais que cela a amorcé les choses. Sébastien Catillon (le boss de Motown France) présent à ce moment là est revenu me voir à l’Opus. C’était mon premier concert solo. Diam’s était présente également. Ils n’en sont pas revenus de voir une salle blindée au point de devoir recaler du monde. Je pense que ça a été le déclic. C’était du style : ‘‘ C’est qui ce mec qui débarque de nulle part et qui te blinde une salle ? ’’ (rires). Ensuite, c’est aussi lié à mes quelques premières parties comme Musiq Soulchild ou India Arie. Or : Justement, comment un petit gars de province arrive en première partie de tels artistes ? O.B : C’est grâce à mon My Space*. C’est un super bon outil de communication. Après une première visite, Laure Milan m’a invité à faire sa première partie. A partir de ce moment là les propositions se sont multipliées. Tous ces concerts ont été de grands moments. En parOr : Est-ce que tu penses que Motown Fran- ticulier quand India Arie m’a rappelé pour faire ce a vraiment les moyens de rivaliser avec un bœuf avec elle. La salle était en ébullition et ce qui s’est fait à la grande époque : Marvin moi aussi. Il y avait vraiment un pur feeling. Gaye, Diana Ross, Stevie Wonder… ? O.B : Non et ce n’est pas dans nos prétentions. Or : Tu peux me parler de ton futur album Il n’y a pas de rivalité mais du respect. L’épo- prévu pour 2009 ? que de la très grande black music est de toute O.B : Ce que je peux te dire c’est que nous façon révolue. Marvin Gaye ou Diana Ross avons les moyens de voir très loin. L’album sont des légendes et leurs albums sont des devrait être mixé par une brute du genre Rusclassiques de la soul. Aux Etats-Unis, le label sel Elevado (Vodoo de D’Angelo). J’aimerais est devenu beaucoup plus rock et seules India beaucoup inviter Anthony Hamilton ou John Airie et Erykah Badu ont repris le flambeau. Legend… A l’heure actuelle j’ai de quoi faire un Mais cela reste très nu soul. En France, il y bon 13 titres, avec toutes les ambiances que je avait jusqu’à maintenant Vitaa et Dan Kamit. recherchais. Reste à savoir avec quels musiJe suis le premier à vouloir tenter de marcher ciens, quels réalisateurs et dans quel pays. Manon Bougault sur les traces de Motown à l’ancienne. Donc ce Augustin Legrand n’est qu’un premier pas… évènements ensemble pour défendre une musique qui ici n’est pas tellement reconnue. On est 25, on vient et on fou le bordel dans une salle. Mais en revanche nous avons tous conscience que pour nos albums, chacun a besoin de faire sa place et d’avoir un délire identifiable sans forcément faire venir les potes.

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IN ENGLISH PLEASE

De Londres à New York où elle débarque en 2007, Estelle Swaray a fait du chemin avant d’être consacrée par les charts avec l’album « Shine ». Voyons ce qui brille pour le prodige britannique née d’une mère sénégalaise et d’un père grenadien. Un conte de fée commence toujours par des débuts laborieux. Avant d’arriver aux States et de défendre son 2ème album qu’elle intitule ‘‘Shine’’, Estelle a travaillé dans l’ombre. Bon c’est vrai, elle n‘a pas galéré 30 ans non plus… Elle est bercée toute sa jeunesse par la musique africaine, le gospel et la pop anglaise qu’elle découvre à l’école. C’est en se frottant au hip hop qu’elle a la révélation. En 2004 Estelle a 24 ans lorsqu’elle sort ‘‘The 18th day’’, un album écrit et réalisé de ses petites mains sans guest ronflant ni label puissant. L’album est propre et original même s’il n’est en réalité

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accueilli avec enthousiasme que par une poignée d’oreilles averties, et ‘‘ presque ’’ exclusivement en Angleterre. Dans l’histoire d’Estelle le ‘‘ presque ’’ est une ‘‘ Legend ’’. John de son prénom. L’auteur compositeur John Legend va tomber dingue de la musique d’Estelle en découvrant ‘‘The 18th day’’. Il lui propose ses premières parties de concerts et c’est comme ça qu’elle va découvrir Paris. Ou l’inverse. C’est le 17 septembre 2005 à l’Olympia que dans la salle des dizaines d’Anglais sont venus spécialement de Londres pour le duo Legend - Estelle. Ils connaissent

déjà la diva. Pour le public parisien c’est une révélation. La londonienne signe sur le label Homeschool de John Legend. Elle sort « Shine » début 2008. Cette fois impossible de passer à côté d’American Boy sur lequel apparait Kanye West. John Legend n’en démord pas : ‘‘ elle a une voix spéciale, différente de ce qu’on peut entendre et en plus elle sait écrire. Je crois que le monde entier va tomber amoureux, comme moi, de l’album d’Estelle ’’. La pub est alléchante. Julien Hippocrate

 THE COOL KIDS n  n

Back in the day made in US. Récemment en 1ère partie du concert Common & Jay-z (Zénith), les Cool Kids n’ont pas attendu de vendre des disques pour asseoir leur réputation. ‘‘ The Bake Sale ’’, second EP du duo de l’Illinois réconcilie les amateurs de hip-hop old school à coup de beats dépouillés et minimalistes. Des samples épurés… Cela Contactez-nous : redaction@orbeatmag.com 14

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sonnerait presque comme un vent d’air frais à une époque où tellement ont adopté la dirty attitude. Mikey Rock et Chuck Inglish puisent leur inspiration dans l’âge d’or du rap, de Pete Rock à EPMD, retrouvant ainsi l’énergie et la naïveté des débuts. Incontournable.

Eloïse Bouton

Photo : DR



SOYEZ SOUL

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ATTENTION !!! L’INCONTOURNABLE SOUL

À lire en écoutant les titres : ‘‘ the bottle ’’ Winter In América / “ Johannesburg ’’ From South Africa To South Carolina / ‘‘ The Revolution will be not televised ’’ Piece of Man

Même en plein cœur d’une vie jalonnée de tourments, Gil Scott-Heron, soulman avant-gardiste reste sans conteste l’une des références de l’histoire de la musique. Alors que des nouvelles encourageantes sur sa résurrection semblent se profiler à l’horizon, redécouvrons, écoutons, vibrons ! Né en 1949 à Chicago d’une mère bibliothécaire et d’un père footballeur, l’homme malgré ses 60 ans est toujours ici et là. Tour à tour, surnommé ‘‘ le sage ’’, ‘‘ le vautour ’’ ou ‘‘ le messager ’’… D’abord romancier, il passe

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toute sa jeunesse à jeter sur papier des ébauches d’intrigues policières. Ce sera ensuite la poésie. Des influences qui cristallisent autant Malcolm X, John Coltrane, que Huey Newton (leader des Blacks Panthers). En 1968 il écrit

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‘‘The Vulture’’ (Le Vautour) avant son deuxième roman ‘‘ The Nigger Factory ’’. Mais Gil Scott se sent comme étranglé par l’étroitesse de l’écrit. Il veut donner de l’impulsion et de l’amplitude à ses textes en les déPhoto : DR

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clamant sur fond de musique. Sa rencontre avec un autre étudiant Brian Jackson est déterminante. Pianiste et flûtiste chevronné, la rencontre avec Jackson sera bien sûr fondamentale. L’autre rencontre déterminante fut celle avec Bob Thiele. Celui-ci l’encourage à mélanger poésie et expérimentations musicales. Gil invente le spoken word, un mélange entre fond musical et textes scandés. En 1970 sort ‘‘ Small Talk At 125th and Lenox ’’ dans lequel jazz et soul s’étirent à force de baigner dans des volutes de flûtes complètement psychées. À la même époque que les Last Poets1, Gil Scott-Heron se lance dans une dénonciation féroce de l’attitude des médias vis-à-vis des minorités ethniques. Le rap vient de naître : diatribes conscientes et mobilisatrices. En 1974 il chante ce texte qui le rendra célèbre : The Revolution Will Be Not Televised. Simplement une leçon. Ses textes dépasseront les frontières de l’Amérique pour ricocher sur les murs de l’Afrique du Sud où l’apartheid règne en maître. En 1977 le titre Johannesburg sonne comme le premier succès commercial et international de l’artiste.

 CIA, crack, soul, jail and soul again ? 

À la fin des années 70, Brian Jackson ‘‘le flûtiste’’ décide de quitter l’aventure. Puis comme pour tout prophète les reproches fusent autour de Gil Scott : son entêtement contre l’administration Reagan, sa victimisation et ses critiques que l’on juge de

moins en moins constructives. Il connaît aussi ses premiers déboires avec la justice et apparaît désormais sur la liste noire de la CIA. En 1985 sa maison de disque le débarque. Il faudra attendre 1994 soit près de 10 ans pour que Gil signe l’album ‘‘ Spirit ’’. Un album dans lequel il envoie ‘‘A message To The Messengers’’, directement adressé à une communauté hip-hop prise dans la cacophonie du gangsta rap. Le texte n’aura malheureusement qu’un effet ponctuel puisque 2 ans plus tard le rap enterre ces deux plus grands MCs (2Pac et Notorious Big). Les années sombres pour Gil commencent réellement avec le crack. Et malgré le succès d’estime de l’album ‘‘Ghetto Style’’ en 1998, le sage s’enferme dans un cercle vicieux. En 2001, la mort de sa mère le conduit à une première arrestation. Il est incarcéré pour violence domestique et pour consommation de drogue. Il sort de prison en 2002 et enregistre le titre Blazing Arrow aux côtés de Blackalicious. En 2006 c’est un nouveau revers. Après un nouveau séjour pour possession de drogue il est une nouvelle fois libéré l’année suivante et décide de remonter sur scène. Notamment pour deux concerts au Sob’s de New York. Des prestations saluées par la critique et le public. On espère alors un vrai retour et aux dernières nouvelles Gil Scott serait au travail sur une prochaine sortie d’album ! S’il a la bonne idée d’une nouvelle révolution, une fois de plus elle ne sera sans doute pas télévisée. Alors à vos bacs. Augustin Legrand

1. Pionniers d’un hip-hop souvent classé comme ‘‘ conscient ’’ « retrouver G.S Heron chez Groove Store »  Novembre / Décembre 2008  www.orbeatmag.com 


SOYEZ ROOTS

GROS PLAN

Reggae, électro, hip-hop…. la confusion des genres c’est le crédo de ce sextet londonien. Une belle rupture tranquille opérée au milieu des années 90 par Barry Ashworth, promoteur dans le milieu du clubbing anglais qui a voulu être un artiiiiiste. Dub Pistols était né.

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LA DISCO

Point Blank (1998) / Six Million Ways to Live (2005) / Speakers and Tweeters (2007) / “L E” morceau : You’ll never find feat Rodney P. Le concert : 22 novembre 2008 au BT 59 (Bordeaux)

Un big foutoir en costar rétro, une définition vague pour un but bien précis : faire swinguer le plus grand nombre. Une perception de la musique au sens large qui n’épargne aucune influence, les Dub Pistols sont à la fois ska, dub, big beat, reggae, électro, punk, hip-hop. Une recette détonante pour une musique tout azimut, c’est à chaque membre du groupe d’y ajouter son ingrédient. Dix ans que ça dur, alors fatalement leur style a déjà bien tourné. Comparés aux Chemical Brothers à leurs débuts, Dub Pistols ce serait d’avantage un Peuple de l’Herbe bien orchestral. Alors oui, tout n’est pas reggae mais tout est relativement bon. Si vous êtes amateur du top 50 underground, on vous les conseille. Trois albums en guise de joyeux banquet où les cuivres s’enflamment tout au long du festin, avec entre autres quelques convives jamaïquains de choix : Horace Andy et l’inoubliable leader des Specials, Terry Hall.

Un son aux contours incertains et une œuvre uniforme, les Dub Pistols se revendiquent de tous les courants musicaux. Une diversité bien maîtrisée par des musicos à la carte de visite garnie. Associés à leur début à l’essor du big beat, les Dub Pistols ont fait des tournées Us gigantesques. Les anglais rusés ont déjà bien valdingué depuis 12 ans. Leur premier album ‘‘Point Blank’’ les a amenés à réaliser des remixes pour Moby, Limp Bizkit, Crystal Method et Ian Brown. Leur deuxième album ‘‘ Six Million Ways to Live ’’ délivre un message bien politique voir effrayamment prophétique, la sortie ayant été annulée suite aux événements du 11 septembre. Leur dernier opus ‘‘ Speakers and tweeters ’’ est un catapultage des musiques alternatives vers le futur : les Clash et les Skatalites ont pris la navette ensemble. Et promis il y en aura pour tous les goûts.

Comparés aux Chemical Brothers à leurs débuts, Dub Pistols ce serait d’avantage un Peuple de l’Herbe bien orchestral.

A. B

ALBOROSIE

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L’interview « Es-tu un vrai jamaïcain ? »

Le sicilien a pris son voilier et est parti se poser à Kingston il y a 8 ans déjà. Si vous êtes passé à côté c’est le moment d’aller fouiller les bacs. Albo c’est du bon reggae... Alors oui, il produit, il enregistre, il chante et il cartonne, mais est-il un vrai jamaïcain ? En attendant la sortie imminente de son premier album, Albo se teste pour Orbeat. Interview en Anglais, parfois en Italien quand on a un flash, et ça le fait bien rire…

Et le jerk1 alors ! : 3/5 L’Italie  ‘‘ Quand j’étais en Italie, je produisais, j’enregis- Les références  trais, j’étais content mais je ressentais le besoin ‘‘ J’aime le oldschool, les fondations, Studio one, d’en faire plus. J’avais comme un manque. C’était Channel one, King Tuby, Lee Perry… tous ceux là ! ’’ Un peu facile mais quelques bonnes remarques : 3/5 la Jamaïque ’’ Le style  Ca commence fort, il a eu sa révélation : 5/5 ‘‘ Ma musique c’est un mélange de différents La Jamaïque  ‘‘ Musicalement, physiquement, mentalement ingrédients, le oldschool, le newschool. C’est un j’étais en accord avec ce pays. Comme un étu- mix permanent singjay, djay. J’ai différents styles, diant je voulais apprendre le style jamaïcain, le ça c’est moi, c’est le Albostyle ! ’’ call Jah, le roots… ce fût un moteur, toujours en Trop fougueux mais de la personnalité : 4/5 15/20 : C’est bon, il peut aller manger le jerk ! quête de découverte. ’’ 1. Plat national jamaïcain, poulet grillé et mariné dans un mélange épicé 18

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ALBO EN CONCERT 22/10/08 : Marseille - Espace et Café Julien 23/10/08 : Belfort - La Poudrière 24/10/08 : Paris - L’Elysée Montmartre 25/10/08 : Caen - Le Cargö 26/10/08 : Beauvais - Elispace 29/10/08 : Bordeaux Site de Terres Neuves - BT 59 30/10/08 : Tours - Le Bateau Ivre 31/10/08 : Villeurbanne - CCO 02/11/08 : Toulouse - Le Bikini 06/11/08 : Annecy - Brise Glace


L’ITW FLASHBACK 

« Garder notre liberté… »

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Vous vous rappelez ? Kana nous avait laissé en 2003 avec ‘‘ Entre frères ’’ leur 2ème album, joli succès populaire pour le reggae français grâce notamment au single ‘‘ Plantation ’’. Mais si…cherchez bien… ‘‘J’ai des petits problèmes dans ma plantation…pourquoi ça pousse pas ’’. Entre reggae, chanson, dub et musique cubaine, le groupe nous file un bon coup de soleil avec leur 3ème album. Dix ans de carrière et toujours aussi motivé, c’est bien connu les voyages forment la jeunesse….                                               

Orbeat : Vous commenciez à nous manquer, 5 ans d’absence, que s’est-il passé ? Kana : En 2003… C’était l’enregistrement et la sortie du 2ème album. On a enchainé avec les tournées en Belgique, Suisse, Allemagne et dans l’océan indien. Du coup en 2006, ça faisait 6 ans qu’on tournait non stop en ayant enregistré 2 albums. On avait besoin d’une pause. On a fait un break pour composer et créer, puis on a enregistré. En parallèle on a trouvé un nouveau label. On n’a pas chaumé finalement : 2 ans pour mettre l’album dans les bacs dans de bonnes conditions, c’est ce qu’il fallait.

nous. C’est pour ça qu’on l’a choisi. Pour être libres. Ce qui nous importe c’est de continuer à produire une bonne musique et de donner sur scène le maximum. Orb : Comment expliquez-vous la difficulté pour les groupes phares du reggae français de la fin des années 90 à exister encore aujourd’hui ? Ka : On se rend compte aujourd’hui que beaucoup de groupe de reggae en France sont soit en stand-by, soit ont disparu du paysage. C’est vrai qu’il y a eu un phénomène reggae, un courant très fort dans les années 2000/2002 relayé par les médias et les maisons de disques. Mais depuis d’autres sont arrivés et d’autres encore viendront. La musique est en perpétuel mouvement. L’industrie musicale est en pleine mutation et bien malin celui qui saurait dire ce dont sera fait demain. On ne se pose pas ces questions, on continue simplement à faire ce qu’on aime.

notre trippe. Ce n’est pas un hasard si le 1er album a été enregistré dans l’océan Indien et le 2ème au Sénégal. Nous avons toujours été sous l’influence des Caraïbes, de l’Afrique et du son cubain, peut être encore plus avec le dernier. Mais c’est la fonction même de la musique, faire voyager, voir des paysages, des couleurs et se faire son propre film à partir du son. C’est un moyen pour s’échapper et s’ouvrir. Avec cet album nous avons laissé libre court à notre imaginaire sans nous poser de questions, comme on l’a toujours fait... Alexandre Bol

Or : Le succès du single « plantation » en 2003 a t-il été dur à gérer ? Ka : Ce qui est difficile c’est le coté réducteur du succès populaire d’un morceau, c’est l’arbre qui cache la forêt. Faire connaître sa musique est très long et passe par des phases différentes. Quand aux exigences des maisons de disques, nous ne les connaissons pas. Notre Label était un petit label indépendant monté Or : Avec ce dernier album, vous nous faipour s’occuper du groupe. Celui qui s’occupe tes encore un peu plus voyager ? de nous aujourd’hui est aussi indépendant que Ka : Le voyage dans la musique a toujours été ‘‘ Les fous, les savants et les sages ’’.2008 Contactez-nous : alex.orbeat@yahoo.fr

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EN COUV’

Dans la victoire comme dans la défaite, la campagne d’Obama a déjà fait de la vague hip hop un tsunami               à la hauteur du globe.

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2 ous connaissez le combat Coca/ dats, et semble à deux doigts de faire le U-turn stigmates et jouer la carte d’une espèce de 3 Pepsi? Pfff! Broutilles comparé à la en cas de victoire. La campagne d’Obama est Condoleezza Rice démocrate. Que nenni. Il a choisi de séduire l’Amérique toute entière en bataille qui se trame outre Atlanti- la première campagne hip hop de l’histoire. que tous les 4 ans chez nos amis ricains. Alors évidemment il n’a pas tout choisi, cer- étant lui. Obama a l’occasion d’être ce jeune père de l’Amérique. ComLa campagne américaine est le préhensif avec ses enfants, plus grand match de marketing « Les américains n’élisent pas un rappeur, mais solidaire avec ses ‘‘frères’’ du du monde. Obama a amassé comme Nike fait danser des breakeurs dans ses monde entier. Mais tout n’est plus de 300 millions de dollars de fonds privés pour sa cam- pubs pour vendre ses fringues de sport, Obama met pas si simple. La vague hip hop est illusoire car la victoire exige pagne. Pour gagner la bataille du flow dans sa campagne. » de la ruse. Dans la masse des de l’image la recette est en 3 électeurs, le vote du chasseur phases : il y a le fric, le produit (le candidat) et le choix de l’image que les can- tains aspects de sa communication se sont im- du Kentucky a largement autant d’importance didats vont vendre aux électeurs. L’enjeu est posés à lui. Son histoire, sa couleur, ses goûts. que le vote d’un New Yorkais prof de modern/ planétaire et pour la première fois de l’histoire Une bonne campagne marketing est celle qui jazz. La réélection de Bush en 2004 en est la l’un des deux candidats à la Maison Blanche sait profiter des points forts du ‘‘ produit ’’. preuve vivante. a choisi d’utiliser des codes hip-hop1 dans sa Mais Barak aurait pu choisir de camoufler ses Alors bien sûr Obama est le candidat de la communauté hip-hop, bien sûr c’est un ‘‘black campagne de communication. candidate’’, évidemment c’est un candidat Oui, le hip hop passe à la postérité mondiale. star, mais la gestion de son image demande Evidemment les américains n’élisent pas un de la finesse. Un travail d’équilibriste pour être rappeur, mais comme Nike fait danser des noir mais pas trop, hip-hop mais pas trop... Dr breakeurs dans ses pubs pour vendre ses Jekyll et Mr Hyde? A moins que ce ne soit ‘‘Dr fringues de sport, Obama met du flow dans sa Dre et Mr White House’’... campagne, shoot à trois points devant ses sol

                  BIOGRAPHIE                  Barack, signifie ‘‘ béni ’’ en arabe, et Obama, son patronyme swahili – la langue de son père –, se traduit par ‘‘ lance enflammée ’’. Barack Obama est né à Hawaii, le 4 août 1961. Son père, Barack Obama Sr., est né et a grandi dans un petit village du Kenya. Sa mère, Ann Dunham, juriste influente a grandi dans une petite ville du Kansas. Ils se sont rencontrés durant leurs études à l’Université d’Hawaii, profitant de la bourse qui a permis au père de Barack de quitter un temps son Kenya natal. Diplômé en économie en 1965, le papa repart au Kenya où il fonde une nouvelle famille. D’abord homme en vue dans le gouvernement kenyan de Jomo Kenyatta, il finit par s’opposer aux projets du président. Limogé, boycotté, il sombre dans la dépression avant de se tuer dans un accident de voiture en 1982. Son fils ne le revoit qu’une seule fois. Barack Jr. grandit donc avec sa mère à Hawaii puis en Indonésie. Un peu plus tard, il part à l’Université de Columbia

à New York d’où il sortira en 1983 diplômé de sciences politiques et de relations internationales. En 1985, il file à Chicago et devient animateur social dans un quartier défavorisé. En 1987, il va étudier à Harvard où il obtient son diplôme de droit. Il devient alors le premier rédacteur en chef noir de la prestigieuse revue de droit d’Harvard : The Harvard Law Review. Peu après, il repart pour Chicago où il sera professeur de droit constitutionnel à l’Université de Chicago et avocat spécialisé dans la défense des droits civiques. Son travail d’avocat le conduit à se présenter en tant que sénateur de l’Illinois. Le 2 novembre 2004, après avoir balayé quelques mois plus tôt ses adversaires démocrates lors des primaires, Barack Obama est élu au Sénat des États-Unis. Barack Obama a prêté serment comme sénateur le 5 janvier 2005 devenant le seul afro-américain à siéger au Sénat, et le cinquième de l’Histoire US.

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1. Des éléments de communications qui font références à la culture urbaine. / 2. Le célèbre pas de danse d’Usher dessinant un U sur le dancefloor. / 3. Afroaméricaine et républicaine, secrétaire d’État des États-Unis depuis janvier 2005. Novembre / Décembre 2008  www.orbeatmag.com 

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Alors, pourquoi un tel raffut ? Déjà, McCain tout le monde s’en fout, Barack Obama, c’est sympa comme nom, ca sonne mieux que les frites irlandaises. Observons. Le garnement est métissé, propre sur lui, il est déjà sénateur un truc comme ça ? Intéressant. Quoi ? Il dunk et va poser sur le dernier album de Q-tip ? Alors forcément c’est mon chouchou. Un candidat noir, funky, âgé de 46 ans et portant un prénom à consonance islamique, forcément ça interpelle. Décryptage du phénomène.

Parce que jusqu’à présent les élections pré- Dans la foulée, ‘‘ Vibe ’’, prestigieux mensuel sidentielles étaient un sujet largement ignoré américain black et urbain se paye le sénateur par les rappeurs US. Il est vrai, en 2004, la de l’Illinois en couverture de son numéro de sepprécédente campagne autour du candidat tembre. La rédaction lui trouve un nom : B-Rock Kerry avait vu l’émergence du mouvement était né (‘‘Soyez rock’’ en français, au lieu de ‘‘Barack’’). Sur la couv’, Vote or Die (‘‘vote ou meurs’’), animé « Sur la couv’, le démocrate apparaît le démocrate apparaît en chemise notamment par P.Diddy et 50 Cent. en chemise et cravate blanche, l’œil et cravate blanche, Mais plus qu’une penché sur sa montre, avec ce titre : l’œil penché sur sa véritable prise de « Voici venue l’heure d’Obama ». montre, avec ce titre : ‘‘Voici venue parti, il s’agissait d’encourager les Vibe tape un gros coup, le numéro l’heure d’Obama’’. jeunes à se rendre est collector et les ados punaisent Vibe tape un gros coup, le numéro aux urnes. D’un Barack à coté de Biggie. » est collector et les anti-bushisme sousados punaisent jacent, la manœuvre a muté et cette fois les artistes hip-hop plon- Barack à coté de Biggie. Mais Vibe avait-il le choix finalement ? Danyel Smith, le rédacteur gent dans le grand bain du soutien politique. en chef du magazine recevait depuis des mois Les premiers signes datent de l’été 2007. des courriers demandant des informations sur Obama était alors candidat à l’investiture dé- le sénateur de l’Illinois, qui venait de se lanmocrate, Common4 sortait son nouvel album cer dans la course à la présidentielle. ‘‘ Je n’ai ‘‘Finding Forever’’. Le clip du single ‘‘ The peo- jamais vu une telle marée de soutiens dans ple ’’ laisse entrevoir un visuel qui fera mouche, l’histoire du hip-hop. Lorsque Jesse Jackson5 le sticker Obama 08. Le rappeur de Chicago en s’est présenté, en 1984, le hip-hop commenrajoute une couche dans son lyrics ‘‘ My raps çait à peine à émerger publiquement avec Run ignite the people like Obama ’’ (‘‘Mon rap en- DMC ’’. Le journaliste Jeff Chang, auteur de l’ouvrage hip hop ‘‘Can’t Stop Won’t Stop6’’, flamme les foules comme Obama’’).

a réalisé l’interview avec Obama pour Vibe. ‘‘Nous sommes sur la même longueur d’onde. Il a une autre façon de s’exprimer, il n’a pas ce ton condescendant que peuvent avoir les politiques. Il n’insulte pas l’intelligence de notre génération. C’est l’une des clés pour comprendre cette Obamania : pour la première fois, les jeunes artistes ont l’impression qu’un candidat les comprend. ’’. La liste est longue des soutiens de la sphère hip-hop. Jin, le premier rappeur américanochinois lui a dédié une lettre ouverte : ‘‘ Open Letter 2 Obama ’’. Kanye West et Mos Def lui ont apporté leur soutien public et financier. Le businessman Jay-Z au discours peu politisé s’est même permis un robo-call (message diffusé via des appels téléphoniques automatisés) appelant les électeurs à entreprendre la voix du changement. ‘‘Quand on chante quelque chose qu’on ne croyait pas possible, et qu’en plus on vous dit que ce n’est qu’un début, forcément ça inspire’’, Talib Kweli, un des soutiens hip-hop les plus consciencieux de B-Rock n’hésite plus à le citer dans ses lyrics. Quoiqu’il arrive la postérité est assurée. 

4. NDLR en couverture du précédent Orbeat. / 5. Premier noir américain à remporter une primaire du Parti démocrate, en 1988. / 6. Edition Allia, 2006.

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« Pour la toute première fois dans ma vie je me sens le devoir de me lever et de parler de cet homme qui a une nouvelle vision pour l’Amérique » Oprah Winfrey. Parce que son nom est une mine d’or lyricale. ‘‘ inspirés par Obama, qu’ils soient du cinéma, Il résonne comme un coup de feu. Obama rime des médias, de la pop, de la musique… La avec beaucoup de choses ’’ explique Talib Kwemarque des stars parmi les stars. Mais une star li, soulignant que le candidat démocrate amène de la politique on n’avait pas vu ça depuis John un vent de fraîcheur. Son acolyte Mos Def, dans Fitzgerald Kennedy7 en 1960. Quelques personune interview au magazine Rolling Stone se rénalités ont même été contraintes de se ranger jouissait que ‘‘ le gars qui a la meilleure tête pour derrière Obama pour ne pas passer pour des l’emploi soit le gars noir. Les gens veulent que has been, comme le sulfureux Russel Simmons, le président ait un côté rock-star, ce qui est son co-fondateur de Def Jam et réputé proche du cas. ’’. Un nom qui claque, des allures de rockclan Clinton. star, une année de naissance qui congédie les Obama est aussi la garantie d’un succès insvétérans du Vietnam, et un profil qui interpelle tantané pour les artistes, Steve Wonder, DJ au-delà de la sphère du hip-hop à en voir les Spooky, Mariachi… Nombreux sont ceux qui soutiens très concrets de Robert De Niro, Bruce chantent Obama. Le candidat fait un carton et Springsteen, Matt Damon, Bob Dylan, George enchaine les tubes à sa gloire : le célèbre « I Clooney… Got a Crush...On Obama » interprété par celle ‘‘ Nous avons ce gars, ici, maintenant, qui redéfi« Barack Obama est une femme enceinte qu’internet a baptisé Obama Girl ; ou encore la nit la nature même de la politique ’’ - Bob Dylan. au beau milieu d’une manifestation pour ballade folk, intitulée ‘‘ Yes We Can ’’ et compo‘‘ Il était excitant de voir quelqu’un de notre gé- l’avortement, il est définitivement déroutant sée par Will.I.Am. Un clip visionné plus de 20 nération, et non de celle de nos parents, avoir pour tous ceux qui haïssent l’Amérique » millions de fois sur le site You Tube (on y retrouune telle présence ’’ - Edward Norton. ve Scarlett Johansson, Kareem Abdul-Jabbar, Susan Sarandon. Ce qui frappe, c’est la diversité des artistes Common, John Legend…).  7. Président des Etats-Unis d’Amérique de 1961 à 1963.

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Parce qu’une bonne partie des célébrités munauté noire comme avec les autres, il faut  Quelques questions à afro-américaines s’est rangée derrière lui. Ed- prendre en compte son parcours. Obama est François Durpaire, histodie Murphy, Sidney Poitier, Dennis Haysbert, un afro-américain moderne dont l’histoire n’a rien de 37 ans, spécialiste Will Smith, Oprah Winfrey… Selon le dernier aucune place dans les manuels scolaires : des des questions relatives à la recensement (2005) la communauté noire est ancêtres qui n’étaient pas esclaves ; trop jeune, diversité culturelle en Franestimée à 12,4 % de la population totale8 (ap- il n’a pu participer aux Black Panther Party10 des ce et aux USA. Il est l’auteur de la première proximativement 100 millions d’habitants). Tra- années 1960 ; il a étudié à Harvard et il est le biographie d’Obama en Français. ‘‘L’Amériditionnellement, la part des électeurs noirs vo- premier noir à avoir dirigé la prestigieuse Harque de Barack Obama’’ (Demopolis, 2007) tant républicain est extrêmement marginale. En vard Law Review11. Un parcours à faire cauche2004 déjà, ils avaient choisi le démocrate John marder les adeptes du KKK12. Pourtant Obama Pourquoi Obama fascine les jeunes et Kerry à 88%, contre 11% votant pour George W. ne met pas l’accent sur sa couleur de peau et plus particulièrement les rappeurs ? Bush. L’engouement général pour Obama est n’en fait pas un argument électoral. A aucun Parce qu’il leur ressemble. Quand une un atout néanmoins déterminant dans la course moment de sa campagne le démocrate ne s’est télé américaine demandait à Obama quels à la présidentielle. Surtout si chez les afro-amé- présenté comme le potentiel premier afro-améétaient ces chanteurs préférés, il répondait ricains les abstentionnistes se réveillent et si les ricain à la Maison-Blanche. qu’il écoutait dans sa voiture Wyclef, Kanye Une stratégie payante. républicains changent de West etc, tandis qu’Hillary Clinton répondait « Obama est un frileux Mais une stratégie cubord. C’est peut être le que sa fille lui avait donné des albums et cas d’Armstrong Williams, comme tous les autres ». rieuse pour la génération qu’elle promettait de s’y mettre... Quant à ‘‘ pro-black ’’ plus âgée, qui noir / conservateur / et McCain, c’est plutôt génération Abba... On Russel Simmons aimerait voir Barack brananimateur de talk show, voit le décalage. qui n’a jamais voté démocrate. Mais cette an- dir un peu plus la flamme du black power. Ainsi Obama façonne t-il son image, son électorat ? née, il se tâte sérieusement à propos d’Obama. Russell Simmons, 50 ans, fondateur du label Def La force d’obama est précisement son natu‘‘ Je n’aime pas franchement sa politique, je Jam, s’en est pris directement au sénateur de l’Ilrel. Un journaliste a dit de lui que ce qui fain’aime pas beaucoup ce qu’il prône. Mais pour linois l’an passé dans le New York Times : ‘‘ Obasait sa différence, c’est que quand il rit, c’est la première fois de ma vie, l’histoire me pousse ma est un frileux comme tous les autres ’’. Spike vraiment parce que c’est drôle. Il a d’ailleurs à y réfléchir sérieusement. En toute honnêteté, Lee, le cinéaste fétiche de la communauté noire séduit l’électorat par le biais de l’humour. je ne sais pas ce que je vais faire en novembre. s’est dit sceptique sur le démocrate. ‘‘ Obama Quand un journaliste lui a demandé s’il était a touché les foules et c’est important (…). Mais Et rien que ça, pour moi, c’est incroyable ’’. «assez noir» pour la communauté noire, il a malgré ses qualités, a-t-il l’essentiel, c’est-à-dire répondu : ‘‘Comparé à qui ? À Flavor Flave?’’ Il en aura fallu du temps pour trouver ‘‘le candi- l’expérience ? Alors, à ce jour, ne comptez pas Ce qui a beaucoup amusé et a montré à dat’’ qui réunirait la grande famille des rappeurs sur moi pour soutenir qui que ce soit. J’attends beaucoup de Noirs américains que Obama, bien que sortant de Harvard, n’était pas et des afro-américains. Bushistes, Colin Powell de voir. ’’. Même son de cloche pour Berry Gordy «coincé» et qu’il n’avait aucun complexe à et Condoleezza Rice ont plus attisé le charbon Jr, fondateur du grand label de musique soul plaisanter sur sa couleur de peau. de la rupture que celle de l’union. Obama déjà Motown, et Quincy Jones qui ont publiquement Quelle est l’importance du paraitre, de dans l’histoire donc... Et pour expliquer cette et financièrement soutenu Hillary Clinton13. Des l’image, dans une élection américaine ? fascination Fancois Durpaire9 a une réponse ‘‘ piques ’’ qu’Obama n’aura pas eu grand mal à Il est déterminant. Et depuis longtemps : plutôt cash ‘‘ Parce qu’il leur ressemble ’’. écarter, certain que l’ouverture paye plus que le en 1960, Kennedy a battu Nixon grâce au Danyel Smith pour sa part y voit une explication communautarisme. premier débat TV. On a passé des heures à plus politique ‘‘ L’Amérique est embourbée dans essayer de corriger les problèmes d’image une guerre que les gens rejettent, il y a une crise À la fois hip hop, noir et star. C’est l’évidence. de Nixon : couleur de la veste, maquillage économique, l’environnement est menacé et tous Les complications apparaissent quand il faut pour camoufler sa barbe naissante sur un les citoyens espèrent une meilleure couverture décider de la stratégie pour jouer de ces diffévisage trop blanc et fatigué etc. Cette ansociale. Obama parle de changement et d’espoirs rentes facettes. Comment gérer ces étiquettes née, lorsque Obama n’a pas porté de craréalisables. ’’. Si Obama séduit, c’est d’abord par qui à tout moment peuvent se retourner convate dans un meeting, certains lui ont reprosa rhétorique du changement. Un discours politique tre lui ? Pour autant, il a choisi d’en jouer et ce ché d’adopter le même style vestimentaire rassembleur, autour de l’éducation, de la santé, du n’est pas un hasard. Le «modernisme» a ses que le président iranien... problème des prisons et d’un plan pour son pays. vertus. Reste à savoir comment faire de cette Propos recueillis par Alexandre Bol Pour comprendre sa relation avec la com- image un allié pour remporter la mise.  8. Même si de nombreux observateurs dénoncent un système qui réduit le poids politique de la communauté noire, à cause de la suppression à tour de bras des droits civiques, et donc du droit de vote, à une population fortement exposée à la criminalité. / 9. Voir interview. / 10. Mouvement révolutionnaire afro-américain formé aux États-Unis en 1966. / 11. Revue de droit d’Harvard. / 12. Ku Klux Klan, organisation suprématiste blanche fondée en 1865. / 13. Laissant entendre pour certains que Clinton n’a rien à envier sur sa relation avec les noirs tant qu’Obama ne marquera pas une position plus tranchée.

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« Récemment, j’ai beaucoup écouté Jay-Z (...) et comme le dirait Jay, il y a du flow. J’aime aussi Kanye ». Barack Obama

Si Obama est le chouchou des rappeurs c’est aussi parce que le candidat n’a pas hésité à faire du pied à la communauté hip-hop. Funky le séna- faibles, de l’Amérique et du reste du monde. teur ! Qui n’hésite pas à lâcher publiquement ‘‘ Toutefois on aurait tort de cantonner la face Récemment, j’ai beaucoup écouté Jay-Z (...) et RAP de B-Rock au simple fait de citer Flavor comme le dirait Jay, il y a du flow. J’aime aussi Flave ou Jay-Z dans ses interviews… Si HitKanye ’’. Jay-Z, Kanye, si l’on ajoute P.Diddy, on ler est étudié en communication politique pour obtient une belle brochette de succès personnels. avoir révolutionné la manière de s’adresser Pas très underground finalement Barack, qui pré- aux foules (avec la propagande et le martelage fère certainement retenir l’ascenseur social qui de son message), Obama, lui, introduit le flow fonctionne à plein pot. Voilà une des valeurs hip- dans son discours. Cette manière de scander hop qu’Obama a à cœur d’exploiter. ‘‘ Yes, you son discours avec un phrasé proche du rap. can14 ’’ scande-t-il à qui veut l’entendre sur les L’image d’un candidat, américain de surcroît, terres du self made est étudiée au man. Un slogan « L’image d’un candidat est étudiée au millimètre. Une pas si éloigné du ou un millimètre. Une démarche ou un mou- démarche célèbre slogan ‘‘ mouvement de vement de tête sont autant de messa- tête sont autant Just do it ’’. ges à destination des électeurs. » de messages à Du même coup, destination des revendiquer une musique qui a moins de 30 électeurs. Difficile de penser alors qu’Obama ans est une forme de jeunisme qui colle parfai- ne contrôle pas la décontraction qu’il affiche. tement avec l’idée de changement qui structure sa campagne. Fini la country de Bush ou la Il n’y a qu’à se replonger dans les débats télédisco de McCain15. A contrario du côté ‘‘bling’’ visés pour en être convaincu16. Pendant que le Obama a bien compris que le hip-hop était candidat républicain tente d’afficher sa vitalité17 également un bon moyen d’illustrer son intérêt par des petits pas rapides, Obama affiche son pour la dimension sociale de la politique, et du style. Le doigt tendu (sa marque de fabrique), fait que pour gouverner, un président doit sa- le pas décontracté. Une démarche que Spike voir faire preuve d’empathie vis-à-vis des plus Lee18 a forcement remarqué. Obama déambule avec un petit mouvement de cou et une certaine souplesse dans le genou qui rappelle les suspensions hydrauliques des Cadillac de la côte Ouest. Obama pourrait marcher comme un

dandy plein de raffinement. Il marche comme un révérend/rappeur. Naïfs seront ceux qui pensent que c’est un hasard. La marque de fabrique d’Obama c’est aussi ce franc sourire qu’il affiche aussi souvent que les circonstances l’exigent. Un charisme qui fait grimper les audiences, et quand Barack se retient de breaker pour fêter les sondages, c’est sa femme Michelle qui s’y colle en plein show télévisé (ne se privant pas d’un léger booty shake19 sur le plateau du ‘‘ Ellen DeGeneres Show ’’. Mais la stratégie de séduction a ses risques. Ce n’est pas un hasard si le plus populaire des chanteurs afro-américains est gris (cf Michael Jackson)… Il faut savoir mettre de l’eau dans son vin pour ratisser large et le rusé Barack en est conscient.  14. Son slogan de campagne (en français « oui, vous le pouvez »). / 15. Voir interview de François Durpaire. /16. Les débats donnent la parole aux candidats chacun à leur tour, qui se lèvent et marchent sur le plateau pour s’adresser au public. / 17. McCain étant âgé de 72 ans. / 18. Le réalisateur dont la muse n’est autre que Denzel Washington, l’acteur qui n’hésite pas jouer de sa démarche. / 19. « Remuage de fesses ».


Obama le candidat hip-hop? Un raccourci un peu facile, nuancé d’ailleurs par l’intéressé en juin dernier à la radio new-yorkaise Hot 97. ‘‘Je suis de la vieille école, donc je suis plutôt jazz, Miles Davis, John Coltrane, ou des artistes comme Marvin Gaye, Stevie Wonder.’’. Et il ne manque, d’ailleurs, jamais de rappeler que s’il aime le hiphop en tant qu’art, il n’est pas toujours en accord avec son message : ‘‘ Non seulement il y a ces propos dégradants envers la femme, l’utilisation trop fréquente du N-word20. Mais, surtout, ils parlent trop de choses matérielles, de ce qu’ils peuvent obtenir (…). Pour moi, le hip-hop (…) doit aussi parler de ce qu’il est possible de réaliser. ’’.

« Après une mini polémique l’opposant à Ludacris, Obama déclare ‘‘ Il y a des soutiens dont on se passe aisément’’ » Sa relation avec le hip hop est un sujet qui s’est avéré plus délicat que prévu à négocier, devant prendre des pincettes à chaque évocation de la question du hip hop. Il n’est pas question de froisser son électorat centriste, limite conservateur, qui ne partage guère la vision de la société formulée par les rappeurs américains. Annoncé depuis belle lurette, le prochain album de Q-tip, ‘‘ The Renaissance ’’, sur lequel Barack fait une apparition est sans cesse retardé. Faut-il y voir un changement de stratégie électorale ? Même avec des paroles lights, les bonnes consciences centristes pourraient être choquées de voir le futur président complice des casquettes à l’envers. ‘‘Vous verrez quand ça sortira, je ne peux pas en dire plus’’ a déclaré au New York Post l’ex-membre de A Tribe Called Quest. Quand certains rappeurs s’écartent du candidat démocrate, cela sonne même comme un soulagement. Après une mini polémique l’opposant à Ludacris, Obama déclare ‘‘ Il y a des soutiens dont on se passe aisément ’’. Pourtant, tout partait d’un bon sentiment, le candidat a déclaré apprécier le rappeur, du coup, ce dernier a

composé un morceau en son hommage, intitulé ‘‘Politics’’. Seulement, Ludacris n’a pas fait que témoigner son soutien. Il a poussé le bouchon dans ses paroles, s’attaquant personnellement à George Bush, John McCain et Hillary Clinton. ‘‘ Bush est un handicapé mental ’’, ‘‘ cette salope d’Hillary est hors course ’’, ‘‘ McCain n’a droit à aucun siège car il est paralysé ’’… Barack Obama s’est désolidarisé. Être le président de tous les américains. Voilà son défi. Dans son discours de 2004 devant la convention démocrate à Boston, marquant sa soudaine éclosion sur la scène nationale, le jeune sénateur déclarait dans un élan de patriotisme : ‘‘ Il n’y a pas une Amérique noire, une Amérique blanche, ni une Amérique latine ou asiatique : il y a les Etats-Unis d’Amérique. ’’ Un peu plus tôt, dans le même discours, il avait su toucher l’assistance au cœur, avec force. ‘‘ Je me présente à vous, plein de gratitude pour mon héritage, conscient que mon histoire appartient à la plus ample Histoire américaine, et qu’elle n’aurait été possible dans nul autre pays ’’. Manière habile de contester aux républicains le monopole sur l’idée de ‘‘ Nation ’’. Début janvier, la victoire d’Obama lors des Primaires démocrates de l’Iowa (‘‘ le plus blanc de tous les Etats américains ’’) l’a certainement décomplexé. Le pays tout entier a découvert, éberlué, que l’origine ethnique du candidat passait au second plan. ‘‘ L’euphorie est bien là, sur Internet et dans les blogs, les salles de classe, les teeshirts… dans les meetings’’, se réjouit Melissa Harris Lacewell21. Elle nuance ‘‘mais au final, les jeunes de 20-30 ans iront-ils vraiment voter ?’’ Une étude réalisée par le Pew Center, centre d’études et de sondage américain, confirme un intérêt sans précédent des citoyens de moins de 30 ans pour les primaires démocrates. Reste à savoir si « l’électeur type », celui qui ne manque jamais un rendez-vous avec les urnes et qui a traditionnellement 45 ans, votera pour le champion de sa génération ? Parce que la cible du ‘‘marketing Obama’’, c’est bien lui… Pas nous  Alexandre Bol & M. Ben Zakoun

Un président noir, Hollywood y a déjà pensé !!!

David Palmer (Dennis Haysbert) “24h chrono”(2001-2005) Fiction ou réalité ? Le plus célèbre des présidents noirs à la télé se fait buter dès la saison 5. Mais son mandat avait expiré. Président Lindberg (Tom Lister Jr) ‘‘Le Cinquième élément’’ (1997) Au 23ème siècle, le président est bien baraqué et un peu défoncé. Dans son quartier général de New-York, il transpire à l’approche du météorite incandescent qui va détruire la planète. Douglass Dilman (James Earl Jones) “The Man” (1972) Quand le Président US est tué dans un effondrement de bâtiment et que le Vice-président décline le poste pour raison de santé, le Président du Sénat Douglas Dilman devient subitement le premier homme noir à occuper le Bureau Ovale. C’est biscornu, mais le résultat est le même. Rufus Jones (Sammy Davis Jr). ‘‘Rufus Jones for President’’ (1933) Roy Mack a vu le truc venir avant tout le monde, en 1933 il réalise son premier court-métrage avec Sammy Davis junior en président des États-Unis. Bien funky le président ! À 7ans, il danse, il chante et fait des claquettes. President Tom Beck (Morgan Freeman) ‘‘Deep Impact’’ (1998) Pourtant charismatique, rassurant et professionnel, le président perd un peu son sang-froid lorsque la comète s’approche de la terre. Il oublie même de mettre sa cravate à la télé lorsqu’il nous annonce qu’on va tous crever.

20. L’utilisation du mot nigger (« négro ») dans les chansons de rap. / 21. Professeur de sciences politiques et d’études afro-américaines à l’université de Princeton

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Yann Couedor

Qui passera à côté ? Pas vous petits veinards puisque la pépite est débusquée dans vos colonnes Orbeatiennes. Vous comprendrez vite que les compositions peinture-collage de l’artiste sont musicales. Yann Couedor peint et colle à sa guise pour donner vie à cette petite musique qui l’obsède. Le portrait est forcement flatteur, les siens le sont toujours. Accrochez vos pupilles et pleurez… c’est beau.

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Orbeat : Directement dans le vif Yann, parleLA PÉPITE GRAPHIQUE nous de ta formation ? Yann Couedor : J’ai commencé en arrivant à    YANN   COUEDOR  Tours en 1985 où ma mère m’a inscrit à l’atelier À découvrir en écoutant (sur les conseils de Besse. Arts plastiques, poterie, dessin, peinture Yann) : sur soie, sculpture… on touchait à tout. Ensuite - Noel Gourdin, ‘‘ P.Y.T ’’ j’ai déménagé à Paris pour faire un Bac F12 - N.E.R.D, “ Yeah You ” (Arts Appliqués) à l’institut Ste Geneviève dans - Glen Anthony Henry, “ Fired up ” le 6éme arrondissement. Juste après le bac je                suis parti à Cape Town en Afrique du Sud pour

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préparer un Deug d’Histoire de l’Art international. Et sans rentrer dans les détails… j’ai bien plus profité du pays que de la Fac (rires) ! Or : Quelle est ton approche lorsque tu crées ? YC : Ma passion c’est la musique mais je ne la maîtrise pas. Ce que je sais faire c’est la peinture. Donc j’ai décidé d’associer les deux. Je prends un réel plaisir. Quand je travaille je ne pense à rien du tout. J’écoute ma musique. Ma


The Game The Game, L.A.X, Polydor, Universal The Game, le roi des beefs, s’est imposé comme la nouvelle référence de Comptown. A tel point qu’Ice Cube le sollicite pour reformer N.W.A. Ses atouts transpirent le long de sa balafre : flow de granit, rimes venimeuses et attitude d’Original Gangsta. Comme à son habitude, Game condense ici des choix variés et judicieux tant au niveau de la production (DJ Quick, Cool & Dre, Scott Storch..) que des featurings (Bilal, Keisiah Cole, Lil’Wayne…). Brûlant ! Augustin Legrand

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Spike Lee Or : Tu privilégies quel style de musique ? rencontré Spike Lee… tu t’en es remis ? YC : Je suis un vrai collectionneur. J’adore tout YC : On ne s’en remet pas… J’étais juste ce qui est afro-américain. Du hip-hop à la soul comme un fan, bloqué. Mon attaché de presse en passant par le R&B. Cela me vient sans lui a mis mon book sous le nez pour lui montrer doute de mon père qui aimait beaucoup Bobby son portrait. J’étais quelques mètres derrière, Brown. C’était l’époque de ‘‘My Prérogative’’. sans être présenté… et je le vois qui s’exclame Or : Tes œuvres demandent un gros travail Tout le monde devrait s’en souvenir. Je devais ‘‘ Damned ! Who is this painter ? ’’ (‘‘ merde, de préparation j’imagine… avoir 11 ans. Depuis je me suis intéressé à ce qui est le peintre qui a fait ça ? ’’). Je peux te YC : Aussi long que le tableau lui-même. Je qui se fait autour. dire que j’ai mis du temps à m’endormir ce soir recherche des articles originaux et des visuels là ! C’est un moment court dans la vie… mais de choix pour immortaliser du mieux en même temps c’est long…(rires). Il possible les artistes que j’adore. Il y a « J’ai vécu aussi l’époque des fêtes sur les a pris mon book, mon numéro… C’est une vraie recherche et une grosse dopour moi de faire partager mon plages avec des jolies filles qui se reflètent fou cumentation. J’ai ensuite tout un travail travail à un mec comme lui. C’est mon pour mettre mes sujets à l’échelle. Je dans l’océan… » inspiration. Comme la fois où j’ai croisé prends très patiemment les mesures Kanye West qui enregistrait dans un des photos. Cela peut prendre plusieurs se- Or : Peindre ces grands noms c’est ta façon studio où étaient exposées mes toiles. Je le remaines. de leur dire merci ? voie comme un fou devant la toile sur Common YC : Exactement. C’est ma façon de rendre ! Tu ne t’en remets pas… Or : Tu parlais de l’Afrique, Cape Town a dû hommage à tous ceux dont la musique me laisser des traces dans ta peinture ? donne des frissons. En fait je peins toutes les Or : Prochain objectif ? YC : Cela m’a laissé des traces dans la tête et personnes qui comptent pour moi. C’est pour YC : Les States, avec pas mal d’expositions cela ressort forcément dans mes mains. C’est cela que je fais aussi des tableaux de mes et de gros évènements là-bas. Je travaille déun des plus beaux endroits du monde. Il y avait proches. J’essaie de garder le même univers. sormais en équipe. Je me suis associé avec tout un cadre visuel ahurissant comme si la Mais en priorité je privilégie la musique. Quand une agence américaine, BothSides CreAtive nature faisait elle-même des jeux de couleurs. je découvre un clip ou une chanson qui me met Agency, à Los Angeles. Mais je suis à Paris, J’ai vécu aussi l’époque des fêtes sur les pla- une claque, je fais tout pour en faire un projet. galerie Absoluty jusqu’à la fin octobre. Toujours ges avec des jolies filles qui se reflètent dans avec cette même envie : je veux coupler mon l’océan… Un peu à la Bad Boy Family (rires) ! Or : Ton exposition a fait un carton mais art à la musique ! Je faisais aussi des petits clips. Tout ça a fa- dans le registre de l’émotion je crois que çonné ce que je fais aujourd’hui. quelques jours avant le vernissage tu as Sarah Binet technique est simple, j’utilise de l’acrylique et du collage. Je ne travaille qu’avec un tout petit pinceau, avec lequel je me sens le plus à l’aise. Mes toiles sont donc millimétrées. Un portait comme celui d’Aalyah m’a pris plus de 6 mois.

Contactez-nous : sarah.binet@orbeatmag.com 30

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Robin Thicke, Something Else, Polydor, 2008

Robin Thiecke ‘‘2 The Sky’’

S’il y a bien un crooner sur le marché musical actuel qui peut se targuer d’être un artiste complet, c’est bien Robin Thicke. Producteur, compositeur et performeur, il distille sa soul sirupeuse avec élégance, le costume toujours impeccable. Découvrez son 4ème album ‘‘ Something Else ’’. Exemplaire. Le charme opère sur des titres comme “Loverman“ ou “Cry No More“. Un timbre de voix unique, toujours élégant, qui le classe largement au-dessus du lot du R&B mainstream ambiant.

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Outkast

Prince

Aretha Franklin


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« De la première radio libre on est passé à la première émission hip-hop du monde. » Orbeat : Sidney, nous te connaissons tous comme le présentateur de l’émission culte ‘‘H.I.P H.O.P’’. Mais tu es surtout un musicien aguerri. Tu peux nous rafraîchir la mémoire ? Sidney : Je n’ai pas grand mérite pour la musique… Je suis issu d’une famille de musiciens. Mon père et ses frères ont fait parti de la clique des premiers jazzmen aux Antilles dans les années 50. Pour ma part, j’ai commencé à jouer de la batterie vers l’âge de 7 ans. J’ai ensuite appris le piano au conservatoire d’Argenteuil. Je suis le dernier d’une famille de 7 enfants et tous mes grands frères bricolaient les guitares, les saxophones ou les clarinettes et j’ai pu découvrir pas mal d’instruments. Vers l’âge de 20 ans j’ai eu mon premier groupe, les Men Sharks. La suite, c’est une aventure funk de cinq ans avec Black White & Co dans lequel je jouais de la basse et du sax. On a fait bouger les radios et le dancefloor un peu partout dans le monde. Sauf en France, alors pays du rock’n’roll, où l’on ne voulait pas trop entendre parler de nous. Comme quoi même là on était des précurseurs (rires). Or : Certains peuvent se demander ce que tu es devenu. Il me semble que tu prépares une surprise du côté des bacs ? Sy : Cela fait plusieurs années que je l’annonce mais là ça y est, le projet arrive enfin. 34

Petite exclu, l’album s’appelle ‘‘Hors Format’’. Skyrock ou que je regarde Trace TV j’ai souJ’ai vécu du Djing, de l’animation et de ma vent envie de pleurer. Il y a trop de chansons à popularité. Aujourd’hui je suis arrivé à une pé- l’eau de rose ou de soi-disant artistes qui pisriode de ma vie où j’ai besoin de faire vraiment sent dans des violons. C’est ça, ou totalement ce pourquoi je suis fait, c’est-à-dire la musique. l’inverse avec des histoires de flingues et de J’ai mis toutes mes tripes dans cet album. Il re- bagarres à tout va. Il n’y a plus de juste miprésente 30 ans de ma vie. Trente ans d’expé- lieu. Cela dit, aux Etats-Unis l’un des rares qui riences musicales pures ; funk, P-funk, G-funk, me fou une claque actuellement c’est Pharell Williams. Sa mudisco funk, jazz, sique est super jazz-funk, rap… Tu penses bien que ce « Trente ans d’expériences musicales minimaliste mais pures ; funk, P-funk, G-funk, disco pourtant d’une n’est pas un album pour faire carrière funk, jazz, jazz-funk, rap… Tu penses rare intelligence. (rires). C’est un alEn France, j’aime bum qui montrera bien que ce n’est pas un album pour bien Abd Al Malik toutes les facettes et la Mafia k’1 Fry. faire carrière (rires). » du vrai Sidney. J’y Surtout Kery Jainclus aussi plein d’invités comme Dee Nasty, mes qui vient de pondre un super album. Mais dont vous découvrirez les talents de guitariste. je t’avoue que d’une manière générale tout ce Il y a aussi Cut Killer qui est venu rapper des- côté commercial m’a fait décrocher. Il n’y a plus sus. Ce sera un vrai rendez-vous avec toutes aucune richesse musicale. Les choses que les personnes que j’affectionne et qui pour moi j’écoute encore régulièrement… c’est Oxmo ont de véritables et multiples talents ! Puccino ou un bon album du Saïan Supa Crew. Des trucs qui ont vraiment un univers. Ca vient Or : Actuellement, aucun rappeur n’arrive à de la rue, mais ça n’a pas forcément besoin te mettre une claque ? d’être violent pour être hip-hop… Sy : Le rap est entré dans les deux schémas très stéréotypés du ‘‘ hip-hop freak ’’ ou ‘‘ du Or : Tu es très attaché au funk. Selon toi cette hip-hop ghetto ’’. Le rap a dû s’adapter à des culture en France restera-t-elle underground ? formats diffusables en radio. Et quand j’écoute Sy : Tout ce qui est pur reste underground. Novembre / Décembre 2008  www.orbeatmag.com 


Quandj’écoute j’écouteSkyrock Skyrockou ouque quejejeregarde regardeTrace TraceTV TVj’ai j’aisouvent souventenvie enviede « «Quand depleurer. pleurer.Il yIl ay trop a tropdedechansons chansonsà l’eau à l’eaudederose roseououdedesoi-disants soi-disantartistes artistes qui pissent dans des violons. C’est ça, ou où totalement l’inverse avec des histoires de flingues et de bagarres à tout va. »

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tôt écrire ses premiers textes. On a vraiment tout inventé. De la première radio libre on est passé à la première émission hip-hop du monde. Donc, en rien je ne voudrais me défaire de cette image du présentateur super sympa, qui a amené le hiphop en France avec cette émission. Or : Parles-nous de cette époque… Du hip hop. Comment tu étais vu quand tu arrivais au studio de TF1 ? Sy : Après H.I.P, on m’a proposé de poursuivre l’aventure sur un format d’une heure. J’ai voulu partir sur une autre émission qui s’appelait “Code d’Amour“. Je voulais continuer à parler du hip-hop. Malheureusement je ne m’entendais pas avec les autres coproducteurs, pour

pas quelqu’un de rancunier. Avec le recul, je pense que j’ai dû faire peur à beaucoup de responsables qui se sont dit que j’étais le mieux placé pour prendre leur place. Or : Pourquoi l’émission n’a-t-elle durée qu’une saison. ? Sy : Simplement parce que c’était très dur. Il fallait tenir une émission hebdomadaire avec rien. Il fallait préparer, trouver les idées… C’était un plaisir de côtoyer Sugarhill Gang ou Afrika Bambaataa, mais je ne dormais pas la nuit. Et puis la décision a été prise de déplacer l’émission le mercredi. A l’époque on n’avait pas les moyens d’enregistrer les émissions, du coup les gosses commençaient à sécher les

« J’adore Martin Solveig ou David Guetta, car même en mettant de l’eau dans leur soupe, on sent qu’ils aiment le funk. » Or : Et cette étiquette de présentateur TV, tu penses pouvoir un jour t’en défaire ? Sy : C’est ce qui a fait ma popularité et c’est pour ça que j’en suis là aujourd’hui. Mais je suis arrivé à la présentation malgré moi. Grâce à Marie-France Brière et à Clémentine Célarié (alors animatrice radio ndlr), qui sont venues me chercher alors que j’étais DJ à l’Emeraude. Ensemble elles ont fait un forcing du tonnerre auprès de Radio7 (anciennement France info ndlr) puis de TF1. Ce que j’aime dans ce que les gens retiennent c’est cette image de précurseur. Il n’y avait pas de rappeur à l’époque. J’ai été le premier à tchatcher sur la musique. J’ai ramené mes potes, Lionel D et d’autres... On délirait, c’était totalement déjanté. Il y avait MC Solaar aussi qui venait nous voir et qui allait bien-

lesquels sans doute je n’avais pas ma place. Eux, ne voulaient absolument plus parler de hip-hop. J’ai donc préféré partir. Mais des soucis avec les chaînes de télé, j’en ai eu bien d’autres. Par exemple, peu le savent mais c’est moi qui ai proposé des concepts d’émission comme Fan 2 à M6. Trois jours après j’allume la télé et je vois Séverine Ferrer. J’ai vraiment eu le sentiment de me faire couillonner. Cela fait partie des quelques rares moments difficiles de ma vie. Ensuite, Laurent Boyer qui est un très bon ami, m’a convaincu de lancer l’émission “Boulevard des clips“. Un projet dont j’ai été viré un beau jour sans que je ne sache pourquoi. Cela fait mal de se retrouver ainsi le bec dans l’eau. Mais heureusement, je ne suis

cours pour nous suivre. Et les critiques, déjà bien pesantes, s’en sont donné à cœur joie. Tout a été fait pour discréditer l’émission. En coulisses, c’étaient des bras de fer incessants. On me disait : ‘‘Laisse tomber, le hip-hop c’est fini’’. Moi j’ai toujours su que le hip-hop n’était pas une mode mais un mouvement. Orbeat : Si tu avais aujourd’hui l’occasion de refaire cette émission, comment serait-elle ? Sy : Je crois que je referais la même chose. Sauf que je ne pourrais plus donner de cours de danse (rires). En tous cas, il y aurait la même authenticité ! Augustin Legrand

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 Surnommée ‘‘la Guêpe’’ en raison de son élégance et de ses redoutables touches rapides, dont celle au pied, une de ses spécialités, Laura Flessel est l’une des athlètes françaises les plus titrées. Icône de la discipline escrime, la belle titille la brindille piquante depuis l’enfance. Pas l’épée en carton que l’on se fabrique quand on est gamin, mais celle qui nécessite engagement et masque de combat. Laura est une ‘‘ancienne’’ puisque dès 1996 elle décroche l’or aux J.O d’Atlanta, pour la première apparition de l’épée féminine dans le programme olympique. L’escrimeuse française s’est inclinée le 13 août 2008 en quart de finale de l’épée contre la Chinoise Ni La. Une défaite aux J.O., forcément ça fait tâche dans un tel palmarès, surtout que Laura Flessel avait pris une fâcheuse habitude : ramener une médaille à chacune de ses participations aux Jeux. Entretien. 

À la fin de l’envoi elle t ouche Orbeat : Votre première médaille aux JO, c’était à Atlanta en 1996. Comment expliquer une telle longévité ? Laura Flessel : L’escrime est un sport de maturité. Comme dans toutes les disciplines pratiquées au niveau international les échecs vous font progresser à la vitesse de la lumière. Il suffit de le savoir, de se préparer à ces échecs. Il faut être patient, l’expérience vient avec le temps, les combats et les compétitions qui se répètent et se corsent. Orbeat : Votre meilleur/pire souvenir des Jeux Olympiques ? Laura Flessel : C’est toujours agréable de participer à des Jeux à l’étranger. Enfin surtout si on gagne c’est sûr ! Mais toute la ferveur qu’il

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y a autour des JO c’est inimaginable, croyezmoi, il faut y être pour en prendre la pleine mesure. Le fait d’appartenir au Club France c’est quelque chose qui vous transporte. On est là, au milieu de la foule, dans le village olympique au milieu également des meilleurs athlètes de

souffrances physiques pour ne pas décrocher de médaille, surtout quand on connaît mon caractère. Mais je me dis que même si j’ai perdu j’ai tout donné, vraiment tout. C’est moins frustrant et plus facile pour repartir au combat.

Orbeat : Allez-vous arrêter votre carrière ? Laura Flessel : Il n’en n’est pas question et cela n’a jamais été d’actualité d’ailleurs. la planète sport. Tout le monde est à fond, prêt, C’est l’heure de se préparer au titre europressé de débuter les épreuves. C’est un petit péen et je repars au combat jusqu’aux monde en ébullition. Et puis l’envie de bien re- championnats du monde ! présenter ton pays devant les autres te transcende et t’excite. Mon pire souvenir, même si Orbeat : Quel est le plus dur dans la préparaje continue de penser que cela n’en n’est pas tion. L’exigence du haut niveau constant ? un, ce sont les Jeux de Pékin. Je suis très dé- Laura Flessel : huuum… je dirais que c’est de çue. Quatre ans de préparation, de coups et de garder la motivation sur le long terme… Et en «

Je repars au combat »

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même temps de garder la santé et sa condition physique au top ! La dernière année de préparation avant une compétition est difficile à aborder mentalement et à supporter physiquement. D’un côté le stress monte car on ne veut pas rater la sélection en équipe de France mais de l’autre on a peur de la blessure qui pourrait nous éloigner des épreuves. Heureusement, un de mes points forts c’est la condition physique. Je ne suis presque jamais blessée. Orbeat : Avez-vous déjà combattu des hommes ? Quelle est la différence ? Laura Flessel : Le physique, tout simplement ! On a la même technique mais il est vrai qu’il existe une discrimination sur la corpulence et la musculation. Je m’en rends compte puisque je préfère m’entraîner avec des hommes. C’est plus intéressant pour moi. Cela m’apporte plus, je progresse plus vite. Les garçons ne se lamentent pas, ne font pas de ‘‘ chichis ’’. Ils combattent, point barre. Cela me correspond plus dans l’attitude. Je suis d’ailleurs moi même un peu garçon manqué, surtout lorsque j’enfile ma casquette ! Je ne suis plus la même ! Orbeat : Garçon manqué ?! Mais vous qui êtes une femme splendide… Cultivez-vous l’ambivalence hargne/beauté pour tromper l’adversaire ? Laura Flessel : Non ! (Rires). Il est vrai que je suis un peu Docteur Jekyll et Mister Hyde quand je suis en civile ou en tenue ! Lorsque l’on est derrière le masque cela change pas mal de choses. Moi, le masque ça me transcende. Il m’est arrivé de me surprendre moi même par cette « transformation », je me suis déjà étonnée à être vraiment très hargneuse ! Mais du moment que c’est contrôlé et que c’est dans le combat, alors ça va… Orbeat : Il existe des différences de style dans l’escrime. Parlez-nous des différentes « écoles »… Laura Flessel : Les écoles russe, cubaine et asiatique sont ‘‘ ouvertes ’’ (aux différentes techniques, par exemple), sans négliger pour autant le rapport de force. Les Chinois et les Estoniens sont plus ‘‘ fermés ’’. C’est un jeu plus caché, un combat axé sur la défensive avant tout. C’est relativement vicieux en fait ! Quant aux Espagnols et aux Italiens leurs jeux se fondent sur la virilité. Une action entraîne immédiatement une réaction. Les filles ne sont absolument pas passives dans le combat.

Orbeat : Vous le savez, Orbeat est un magazine Hip-Hop. Pouvez-vous associer des pays par genre musical ? Laura Flessel : (amusée) Je me prête au jeu, c’est drôle ! Alors voyons… (Elle réfléchit très peu de temps et enchaîne directement). Pour le ragga : Venezuela, Colombie, Cuba. Pour la musique classique : Estonie et Hongrie. Côté techno : les pays d’Asie. Je sais, c’est un peu paradoxal mais finalement derrière leur calme légendaire les asiatiques peuvent être aussi des ‘‘ énervés ’’ ! Ils sont âpres, possèdent un petit grain de folie… Concernant le Rock je citerais l’Autriche et l’Allemagne. J’associerais la France au style ‘‘ Rétro ’’. Attention, ce n’est pas péjoratif. Quand j’associe le style musical « Moi, le masque ça me transcende » ‘‘ Rétro ’’ à notre pays je veux dire que notre formation plutôt classique et ancienne nous permet de nous adapter à tous les styles de combattants. C’est notre force, notre marque de fabrique ‘‘ à la française ’’.

le corps. Et puis, allez, je vais vous avouer ma faiblesse… Ce sont les bonbons Haribo… Surtout les fraises Tagada et les bouteilles de Coca. Un peu de sucre et de mon enfance avant chaque combat, il n’y a que cela de vrai ! Orbeat : Qu’est-ce qui vous différencie encore des autres escrimeuses ? laura flessel : Le fait que je ne me focalise pas uniquement sur l’escrime justement. Je me rapproche d’autres disciplines sportives pour compléter ma palette technique et sportive. Orbeat : Quel type de préparation menez vous pour être au top ? laura flessel : L’escrime est un sport complet qui mélange cérébral et physique. Si vous n’êtes pas fort dans votre tête les touches seront plus dures à porter. Tous les exercices travaillant le mental sont donc les bienvenus. Pour travailler ses pas et ses déplacements il est bon de travailler en musique, cela rentre plus vite et plus facilement. Le squash aussi n’est pas mal pour apprendre à ne pas courir dans tous les sens et acquérir un sens du placement qui permettra de ne pas se fatiguer vite. Le gainage permet lui de travailler et renforcer sa ceinture abdominale. Enfin le badminton et le golf sont à conseiller aussi, surtout le golf pour allier effort physique et concentration. C’est excellent !

Orbeat : Comment expliquer le succès des Antillais dans la discipline de l’escrime ? Vous, les frères Jeannet et bien d’autres ! Laura Flessel : Huum je ne sais pas… Peut être la qualité des installations aux Antilles.Il y a également de bons maîtres d’armes là-bas. Propos recueillis par Baptiste Auroux Et puis on ne va pas se mentir mais au même titre que l’athlétisme, les facultés physiques des Antillais y sont peut-être pour quelque chose. Âge : 36 ans (née le 6 novembre 1971) Lieu de naissance : Petit-Bourg Orbeat : Quel est le secret des champions (Guadeloupe) comme vous ? Taille : 1m70 Laura Flessel : Ne comptez pas sur moi pour Poids : 60 kg vous révéler mes forces et mes faiblesses. Je Spécialité : Epée, gauchère combats toujours et je ne veux pas que mes Club : Lagardère Paris Racing adversaires connaissent mes techniques et mes failles ! Néanmoins, 3 choses à retenir : il Palmarès or et argent en Epée Individuelle : Championne Olympique, 1996 faut être intuitive, endurante et féline ! Championne du Monde, 1998, 1999. Orbeat : Mais on vous surnomme la guêpe, Championne d’Europe, 2007 Vice championne Olympique, 2004 pas la tigresse ! Laura Flessel : Ça marche aussi ! Vice Championne du monde, 2001

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Orbeat : Donnez-nous quand même un secret concernant votre préparation avant chaque combat… Laura Flessel : Le fait de savoir accepter la montée de stress. Ne pas la combattre mais la contrôler ! C’est normal et sain d’appréhender. Il faut prendre ce stress crescendo dans

Contactez-nous : baptiste.orbeat@yahoo.fr

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Palmares Or et argent Epée par équipe : Championne Olympique, 1996 Championne du Monde, Epée par équipes 1998, 2005, 2007, 2008 Vice Championne du monde, 1995, 2006

 Photo : Sipa Press / FFE

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Seize août 2008. Bolt court ce jour là le 100m en 9,69 secondes. A 44 km/h (en ralentissant dans les derniers mètres) !… Il battait ainsi son chrono de 9,72 datant de mai 2008. S’il n’avait pas ralenti sur la fin, le champion olympique Usain Bolt aurait pu courir le 100 mètres en 9,55 secondes, plutôt que 9,69 secondes. C’est en tout cas ce que prétend l’université d’Oslo… A l’échelle humaine des professionnels du sprint, c’est énorme. Quatorze centièmes, cela représente près de 1 mètre 50 d’avance sur son record (j’ai calculé…). Ces chiffres complètement hallucinants laissent forcément penser au dopage. En cette époque junkie toute grande perf’ mondiale est désormais suspecte. Certains mathématiciens disent que le temps limite du 100 mètres est de 9,60 secondes, d’autres 9,50 secondes. Certains biomécaniciens parlent même de record limite à 9,37 secondes dans plusieurs dizaines d’années… Des chiffres à prendre avec recul, mais il est juste qu’il existe un plafond aux limites physiologiques de l’espèce humaine telle qu’elle est aujourd’hui, c’est-à-dire sans jambes bioniques. Gérard Dine, président de l’Institut de biotechnologie de Troyes et spécialiste du dopage, souligne (sur le site web des Observateurs de France 24) que : ‘‘les nouvelles formes de dopage, basées sur le dopage biotechnologique, ne sont pas décelables avec le règlement actuel du CIO’’. Une suspicion renforcée par le fait suivant : Usain Bolt va encore plus vite que les trois seuls tricheurs à être descendus sous la barre des 9’80 au 100 m : Ben Johnson, Tim Montgomery et Justin Gatlin… Mais qui sait. Bolt a vu ses records homologués et il n’a pas été convaincu de dopage. Ses défenseurs parlent d’une progression progressive et logique au vu de son évolution. Il n’a même pas 16 ans quand il devient le plus jeune champion du monde junior de l’histoire sur 200 mètres. A 18 ans il devient recordman du monde de la discipline toujours en junior, sous la barre des 20 secondes. Peut être sommes nous dans une nouvelle ère de grands (physiquement et sportivement) sprinters ? B. A

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« Usain Bolt va encore plus vite que les trois seuls tricheurs à être descendus sous la barre des 9’80 au 100 m » Âge : 22 ans (né le 21 août 1986 à Trelawny en Jamaïque) Taille : 1m96 Poids : 88 kg Spécialités : 100m, 200m Palmarès : 1er du 100m aux JO de Pékin (Chine) en 2008 (9’69) 1er du 200m aux JO de Pékin (19’30) 1er du relais 4x100m aux JO de Pékin (37’10) 2e du 200m aux Chpts du Monde à Osaka (Japon) en 2007 (19’91)

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Photo : DR Novembre / Décembre 2008  www.orbeatmag.com 



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Bootsy Collins au Bataclan, et tous les accrocs de lignes de basses suintantes se tapent la tête contre les murs. Plus de 10 ans que ce génial bassiste et déjanté roi du funk n’avait pas mis les pieds sur le sol hexagonal. Dans ses valises, Mr Collins, lunettes étoilées de rigueur, avait pris le soin d’amener quelques amis. Parmi eux, un Dany Ray comme à son habitude tiré à quatre épingle, une Tomi Rae Brown (la femme de James Brown) amoureusement tatoué et des divas de premier choix, comme Vickie Robinson (en robe verdoyante) et une Martha High “blondement“ éméchés et divinement émue. Tous réunis pour un concert hommage au parrain de la soul, Jaaaames Brooown ! Petit rappel «funkadelic» des faits, en images, pour le plaisir des yeux et du souvenir!

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Photos / texte : Augustin Legrand Novembre / Décembre 2008  www.orbeatmag.com 


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 OCTOBRE 

06/11 Grand Corps Malade, Zenith                - Rouen 07/11 Kery James, l’Olympic 21/10 Grand Corps Malade, Parc expos - Nantes - Amiens 07/11 Nneka, Barbey Rock School 21/10 Nneka + guest, La Laiterie - Bordeaux - Strasbourg 08/11 Guru’s Jazzmatazz, Le Noumatrouff 22/10 Psy 4 de la Rime, L’autre Canal - Mulhouse (68) - Nancy 09/11 Keziah Jones, Club 106 22/10 Asian Dub Foundation, L’Aéronef - Rouen - Lille 23/10 Dj Premier feat Mc Blaq Poet, Batofar 10/11 Nas + Mos Def + Supernatural + The - Paris Pharcyde + Scratch, Zénith 23/10 NTM, Halle Tony Garnier - Paris - Lyon 11/11 Guru’s Jazzmatazz, La Maroquinerie 24/10 NTM, Zénith Grand palais, - Paris Lille 12/11 Keziah Jones, l’Olympic 24/10 L’skadrille, Le Tamanoir - Nantes - Gennevilliers 13/11 Keziah Jones, l’Olympia 24/10 Sandra Nkaké, New Morning - Paris - Paris 25/10 Asa+ Raul Paz + Anis + Soha, Dock 14/11 Afrika Bambaataa + Kurtis Blow : Ghettoblaster Tribute to Zulu Nation, Elysée Montmartre Océane - Paris - Le Havre 14/11 Keziah Jones, l’Aéronef 25/10 NTM, Zénith - Nantes - Lille 26/10 Alicia Keys, Le Galaxie 15/11 Mix Master Mike + Dj Muggs + Rahzel, - Amneville (57) 4 Sans 29/10 Kery James, La Cigale - Bordeaux - Paris 17/11 Roots Manuva, L’Alhambra 30 et 31/10 Alicia Keys, Zéntih - Paris - Nantes 18/11 Roots Manuva, Grand Mix 31/10 Keziah Jones, La Laiterie - Tourcoing - Strasbourg 20/11 Kanye West, Bercy                - Paris 21/11 The Roots, l’Aéronef                - Lille 21/11 Zaho, l’Affranchi 05/11 Hocus Pocus, Gymnase C.Gand - Marseille - Montivilliers

 NOVEMBRE 

22/11 Beat Assaillant, Grand Mix - Tourcoing 25/11 Grand Corps Malade, Grand Théâtre - Limoges 26/11 Masters Hip Hop (Mix Master Mike, Dj Muggs, Razhel…), Salle de la Cité - Rennes 28/11 Beat Assaillant, Bataclan - Paris 28/11 Seyfu, Le Noumatrouff - Mulhouse (68) 

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04/12 Seyfu, Coopérative de Mai - Clermont Ferrand 05/12 Spleen, Escapade - Hénin Beaumont (62) 05/12 Psy 4, Le Dôme - Marseille 06/12 Seyfu+Médine, Transbordeur - Lyon 06/12 Orishas, Elysée Montmartre - Paris 12/12 Spoke Orchestra + Roce, Centre G. Philippe - Calais 12/12 Seyfu, La Carene - Brest (29) 13/12 Tunisiano, La Maroquinerie - Paris 16/12 Psy4 de La Rime, l’Aéronef - Lille 16/12 Anis, Splendid - Lille 23/12 Psy 4 de la Rime, Olympia - Paris redaction@orbeatmag.com

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CRITIQUES

La meilleure série noire de l’histoire vient de faire ses adieux sur HBO. Triste nouvelle, cette tragédie urbaine sur front de Côte Est nous avait réconcilié avec le polar pendant 5 saisons. Voici venue l’heure de l’hommage.

Pan ! The Wire vient de lâcher ses dernières balles. Et soyons clair, il va falloir attendre longtime pour retrouver cette intensité dramatique et ce niveau de réalisme dans une série policière. Une série noire pour l’éternité. The Wire s’arrête et HBO voit le dernier fleuron d’un règne sans partage se faire la malle (après les diffusions d’Oz, Les Soprano, Deadwood….). Une date à grapher sur le mur de la télé. The Wire c’est avant tout une affaire de blacks, de magouilles et de flics dans un Baltimore hyper-réaliste. Triste particularité pour cette ville du Maryland : elle détient le record du nombre d’homicides entre Afro-Américains. Un taux meurtrier, 6 fois plus élevé qu’à New-York. Plus besoin de créer le décor, reste à trouver des histoires qui

tiennent la rue. Pour écrire, les deux créateurs une bouteille de whisky dans le tiroir du flic, des David Simon et Edward Burns, n’ont pas man- dealers et des toxicomanes qui dissertent poker, qué d’inspiration. Ils venaient juste de prendre un gros rap collector dans la voiture… Puis arrive une retraite anticipée. Quittant, pour l’un le poste la descente aux enfers au cœur de la jungle urde journaliste de la section criminelle du SUN, baine. La série continue sur ce rythme pendant et pour l’autre, celui d’inspecteur de police. Pas 5 saisons, traitant différents thèmes auxquels se besoin d’aller creuser très loin pour les persos et heurtent quotidiennement flics et malfrats. Saison les intrigues… Une foultitude de personnages, 1 et l’impuissance de la lutte contre la drogue ; pas vraiment de tête d’affiche… Tous ont leur rôle saison 2 et la désolation sur les conditions de vie des dockers ; saison 3 à jouer : enquêteur, dealeur, indic, junkie, « Triste particularité de Baltimore : et les dérives politiques citoyen. Le quotidien elle détient le record du nombre ; saison 4 et le sysdu commissariat est d’homicides entre Afro-Américains, tème d’éducation de la ville ; enfin la saison 5 aussi exposé que celui un taux meurtrier 6 fois plus élevé s’achève sur le portrait des gangsters urbains qu’à NY. Plus besoin de créer le peu encourageant du et le manichéisme est interdit (les flics ne sont décor, reste à trouver des histoires monde journalistique. Un joyau d’écriture noire pas sans reproches, qui tiennent la rue. » et sociétale, où se niche les voyous ne sont pas tragédie grecque et grand roman américain. Au tous des salauds). La série commence avec un groupe de détec- final tout s’écroule, triste peinture urbaine où les tives de Baltimore sur les traces du drug lord fondations ont lâché. C’est l’Amérique qui pleure ‘‘Avon Barksdale’’. On pénètre alors dans l’arrière ses citoyens et nous qui pleurons The Wire. A. B court de la ville. Un canapé au milieu des tours,

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De Jonathan Levine

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Été 94, New York. Luke, fraîchement diplômé et dealer d’herbe du lycée, va passer des vacances pourries ; des parents endettés qui continuent leurs chamailleries, pas de potes avec qui délirer et surtout aucunes meufs à l’horizon. Qu’à cela ne tienne. Docteur Squires, le psy que Luke consulte en échange de quelques grammes de ‘‘weed’’, va pimenter l’été : doc Squires fait sa crise de jeunisme et Luke tombe in love de Stéphanie, la belle-fille du doc. Les deux hommes vont passer 3 mois estivaux à la recherche d’aventures... Histoire de se sentir vivre.

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On ne va pas vous raconter de bullshits. La puissance du film tient plus à la forme qu’au fond. Même si ça s’emballe légèrement à 2/3 reprises, le flirt entre les deux tourtereaux n’est que le prétexte d’un emballage général (réal/BO) qui donne des frissons. Jonathan Levine, le réalisateur trentenaire était bien placé pour nous faire voyager sur les bancs de sa jeunesse New Yorkaise. Il balance

le spectateur au cœur d’une big apple qui pulse au rythme hip-hop. Luke, son héros, c’est lui, c’est un peu nous, c’est un jeune homme de 20 piges qui deale sa beuh cachée dans un chariot à glace, les écouteurs bien serrés sur un beat de Tribe Called Quest et Krs-one. Mille-neuf-cent-quatre-vingtquatorze, une époque pas si éloignée mais tellement différente. On joue à Tetris sur la 8 bits, Biggie fait un carton avec son nouvel album ‘‘Ready to die’’, les bippers tournent à plein pot et les nénettes pleurent la mort de Kurt Cobain.

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Sir Ben Kingsley (acteur trop rare mais trop bon), en psy gouttant les joies d’une adolescence qu’il n’a jamais eu, nous emmène dans son délire. Ajouté à cela Method Man, super-dealer mégaarmé qui fait chauffer la cassette du Wu Tang dans son transistor, et vous obtenez un film qui transpire le vécu et l’hommage. Un long métrage en mode indépendant, loin des productions bodybuildées de Fifty ou d’Eminem. Wackness est une belle vague de grosses basses dans l’océan ciné. A. B

Photo : occupant films (Wackness) , DR (the Wire)

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CRITIQUES

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Sandra NKaké, ‘‘ Mansaadi ’’, Warner, Naïve  COUP DE CŒUR ORBEAT  Avec ‘‘Mansaadi’’, la révélation musicale de la rentrée, Sandra Nkaké nous offre une véritable perle. Ce mélange de soul et de jazz nous plonge dans un monde entre douceur feutrée (avec la chanson ‘‘ I miss my land ’’), et performances vocales avec ‘‘ The way you walk ’’ notamment. Sandra surprend, attendrit, chante, slame, s’enflamme, susurre… Ce premier album nous fait voyager au grès des envies de la chanteuse, de ses folies. Tout ce qu’elle fredonne respire la douceur autant que l’authenticité et nous invite à entrer, à pas de velours sans faire de bruit, dans le monde chaleureux et éclectique de Sandra. Léa Cerveau

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LE CERCLE, “ Magnetic “, New Track label  COUP DE CŒUR ORBEAT  Formé en 2002, sous la houlette du producteur-compositeur Yo et de David Le Deunff (Hocus Pocus), ce collectif inspiré livre son premier album “Magnetic’’, entre acid-jazz, drum&bass et hip-hop vintage. Au total, 7 musiciens d’influences et d’origines diverses se relayent et/ou se donnent la réplique tout au long de cette composition complexe et travaillée. Formation élastique, mélangeant toutes les musiques qui font taper du pied, Le Cercle choisit des sonorités chaudes et chromatiques, construisant son univers autour d’une harmonie instrumentale riche et soignée. L’album est un véritable collage de lignes de basses et de samples, mais aussi de sonorités électros que l’on avait rarement connues aussi délicates. Pierre-Alexandre Gibot

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Spleen, ‘‘ Comme Un enfant ’’, Mercury Universal Après l’album “She was a girl“ plébiscité par les Inrockuptibles (prix CQFD en 2005), Spleen délivre un second opus intimiste très réussi. Pour cette nouvelle galette, le jeune Parisien a délaissé la langue de l’oncle Sam pour nous offrir des textes en français, inspirés de son enfance. Enraillée, douce et feutrée, sa voix éclaire des rythmes blues tirant vers le funk, la soul et la pop. Un mélange de couleurs servi par des mélodies chaloupées et généreuses qui nous embarquent dans son univers si particulier. Jamais très loin de l’artiste, les sœurs Coco Rosie font une apparition dans le ténébreux ‘‘ Peter Pan ’’. Par cette œuvre à la fois viscérale et cérébrale, Spleen aura réussi à nous faire revisiter notre enfance à travers la sienne. Sarah Binet

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Keziah Jones, “ Nigerian Wood ”, Because Cinq années après l’album Black Orpheus Keziah Jones revient, confirmant son statut de créateur de génie. Il marie les styles avec brio, offrant un album plein de surprises. Balade envoutante / titre funk, c’est l’album que l’on attendait. La preuve que Keziah n’a rien perdu de son doigté. C’est bien en écoutant ses lignes de guitare que l’on se rappelle pourquoi il est devenu le roi du ‘‘ Blufunk ’’. Outre ‘‘ My Kinda Love ’’ qui est déjà un tube, ‘‘ Nigérian Wood ’’ propose un bon nombre de compositions entêtantes qui font de l’album un trésor de générosité, de caractère et d’originalité. Léa cerveau

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Madcon, ‘‘ So Dark The Con Of Ma ’’, Cobumbia Le premier se nomme Kapricon, le second Critical, les 2 norvégiens forment Madcon (diminutif de Mad Conspiracy). C’est le nouveau duo de rappeurs aux flows aériens –Outkast méfiez-vous– débordant d’énergie. Débarquant du froid, c’est le très seventies ‘‘ Beggin ’’ qui en une poignée de diffusions devient disque de platine et brise définitivement la glace. Délires nébuleux, instrus électrisantes, ballades langoureusement clapées… Madcon laisse fleurir des inspirations rap, soul, funk, salsa, kimbala. Le tout avec un phrasé déconcertant de décontraction. Éloïse Bouton                                          

Solange, ‘‘ Sol-Angel and the Hadley St. Dreams ’’, Polydor Un album parfait pour oublier la grisaille hivernale. Pour le moment il est vrai que la saison nous a offert quelques belles journées, mais en cas de dégradation voici l’album idéal à consommer sous forme de petit remontant. La jeune sœur de Beyonce (si, si !) fait preuve de maturité dans un style aux nombreuses influences, soul, pop, r’n’b ou encore jazz. Vous serez certainement curieux de découvrir la petite sœur de la reine du booty shake… Ca remue moins, mais vous ne serez sûrement pas déçus. mBz

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ICE CUBE, ‘‘ Raw Footage ’’, Lench Mob records Chaque album d’Ice Cube représente un évènement pour le hip-hop. On pense toujours que l’acteur plébiscité par Hollywood prendra tôt ou tard le pas sur le rappeur brûlant de Comptown. Le doute se dissipe une nouvelle fois en chanson. D’entrée, une collaboration avec le très “hype“ Young Jezzy annonce la couleur : tantôt menaçant, tantôt mélodieux. Menaçant, comme l’ambiance hypnotique de “ Gangsta Rap Made Me Do It“. Un beat concocté par Maestro sur lequel Ice laisse fuser un flow des plus tranchants. Mélodieux, comme les accords de piano offerts à Music Soulchild sur “Why Me“, apportant juste ce qu’il faut de tendresse pour éviter de tomber dans la mièvrerie. A 39 ans, le rappeur au “proclastic fow“ est impressionnant de décontraction. Autant de longévité et de sérieux peuvent légitimement faire des envieux. A.L

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DJ Green, Lantern & Russell Simmons, “Yes We Can Mixtape” Le gratin du hip-hop soutien Obama ! Si vous ne le saviez pas c’est que vous êtes passé au travers de l’essentiel de ce numéro d’Orbeat… Aux commandes de cette tape, DJ Green Lantern et Russel Simmons, aux côtés desquels on retrouve la fine fleur du game, de Nas à Wyclef Jean en passant par Jay-Z et Kanye West. Des flows variés criant d’une même voix : ‘‘ Change the World Mister President ! ’’. A.L

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AKI, “Street CV”, UGOP / Addictive AKI, le rappeur du 18ème sort prochainement son Steet CV. Découvert sur la compilation ‘‘ Explicit 18 ’’, il a posé sur un nombre incalculable de projets (Flynt, Box Office, mixtapes Néochrome, Départements 75…). Sans fioriture AKI continue de respecter les longues années passées à saigner le M.I.C et profite de sa street tape pour inviter des rappeurs et rappeuses qui changent des featuring estampillés ‘‘ têtes d’affiche ’’. On retrouvera notamment les flows de Flynt, Ekoué, Enigmatik, Mokless, Dino, Tepa, Koma, Stamina, JP Mapaula, Tarik… mBz

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Brasco, ‘‘ Vagabond ’’, Bombattak Connu pour avoir accompagné El Matador avec sa voix ‘‘ spéciale refrain ’’, Brasco livre son univers dans cet album pour les fans de rap ‘‘chanté’’. L’appréhension naturelle du côté commercial est rapidement dissipé avec le titre ‘‘ Vagabon ’’ qui donne le ton. Accessible comme peu l’être le R’n’B, Brasco propose un album personnel, dans un style souvent réservé aux filles pour ce qui est de la scène française. Qui a dit ‘‘Nate Dog’’ ? Nous ? Pas encore, mais pourquoi pas… À suivre. mBz

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Le Classique Soul Ann Peebles, Straight from the heart (1971) Se souvient-on assez d’Ann Peebles ? Elle qui a pourtant fait les beaux jours de la soul des années 70. Elle est remise une première fois à l’honneur en 1997 par Missy Elliot et sa reprise version hip-hop de “I Can’t Stand The Rain“. On la redécouvre en 1998, version originale, grâce à la compilation Shaolin Soul, qui inclut le très mélancolique et au combien bouleversant « Trouble, Heartaches & Sadness ». Mais, deux titres ne témoignant pas de toute une carrière, il vous faudra plonger, comme nous, dans les archives de Hi Records pour réaliser l’étendue du potentiel vocale d’Ann Peebles. A.L

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Le Classique Hip Hop GZA / Genius, « Beneath The surface », Universal, 1999 Si l’univers du Wu-Tang renvoie aux profondeurs, celui de son membre fondateur, GZA, suggère l’élévation. Pour en juger, ce troisième album dont la qualité, et c’est rare, supplante par de nombreux aspects celle des précédents. La pleine maturité des lyrics et des sonorités planantes… Un album souvent loin de l’esprit underground que laisse présager son titre : « Beneath The Surface » (Sous la surface). Un album sur lequel les avis divergeront toujours. Alors, coupons la poire en deux : GZA a toujours été un génie, Beneath The surface n’a fait que le confirmer. A.L

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ď Ľ T R O U V E R V O T R E M A G A Z I N E O R B E AT

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MODE

La fringue hip hop connaît un petit coup de mou… La morosité économique y est pour quelque chose, mais il faut dire que la mode du baggy a sérieusement rétrécie. Même si le clivage slim/large est toujours d’actualité, le XXL a fait son temps. Du coup, le nombre de marques hip hop réduit à vue d’œil. C’est certainement l’occasion pour ceux qui restent de se faire une histoire et une identité. Wrung, la marque française inspirée du hip hop et du graffiti en est convaincue. La griffe reste concentrée sur ses collections, mais leur implication dans la culture hip-hop s’impose comme une marque de fabrique. Pour preuve, leur collaboration à la compilation ‘‘Départements’’ qui fait la part belle au bouillonnement du rap en province. Une collaboration qui profite également à l’EP solo du Marseillais Kalash L’Afro1, ou encore au concert exceptionnel de La Cliqua. Un concert prévu le 16 janvier 2009 à l’Elysée Montmartre. La marque se paye même le luxe d’une mix tape gratuite (‘‘ West Coast Bangerz ’’) et fera prochainement l’objet d’un numéro spécial par nos collègues de 5 Styles. Côté visibilité vous pouvez également retrouver la marque dans le film Go Fast (avec Roschdy Zem) ou sur les épaules de Zaho. Pendant que le marché de la fringue se serre la ceinture, Wrung met le paquet et ne tardera pas à s’imposer comme un incontournable. mBz

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David Azerdi & Yasmine

Que les frileux s’éloignent, la marque de David Azerdi est chauuuuude. Ce créateur de 40 ans habitué à lancer des collections urbaines a mis son fantasme sur tissu. La rencontre avec Yasmine, la star du X, égérie de Marc Dorcel y est certainement pour quelque chose. Il lui propose naturellement d’être la muse de sa marque de vêtement, pour une collection érotique destinée aux adeptes de la provoc en douceur. Au final cela donne une ligne à peine plus provocante que des photographies d’une Marylin Monroe alcoolisée (son état lors de sa dernière séance photo devant l’objectif de Stern) ; avec une bonne dose d’esprit pin-up à l’ancienne. Quand le hard fait dans le soft… Les coquins apprécieront. mBz

1. Du groupe Berreta Photo : DR

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