rapport Nov. 2013
Mourir à Paris Rapport réalisé pour Anne Hidalgo par Marinette Bache
Anne Hidalgo, Paris qui ose
Introduction Les Parisiens méritent ce qu’il y a de plus digne dans le moment du deuil. Ce moment, c’est celui où la solidarité prend tout son sens, à la fois chez les proches et chez la collectivité. C’est celui où le seul souci de « ceux qui restent » doit être la mémoire du défunt, et non l’attente des obsèques ou la réservation d’un espace de cérémonie. C’est pourquoi il est du devoir de la Ville de Paris d’apaiser et de simplifier pour tous ce moment difficile. Parce qu’Anne Hidalgo a exprimé sa vision de Paris comme une ville bienveillante et solidaire, le sujet de la mort ne peut être laissé de côté. Parce que les obsèques ne sont pas faites que pour les morts, la Ville doit s’assurer que toute la famille, tout l’ensemble de proches qui entourent le défunt se sentent respectés et accompagnés dans l’épreuve du deuil. Ce sont à la fois pour eux et pour le défunt que les conditions des obsèques doivent être optimales. Parce que toute personne est confrontée au deuil à un moment de sa vie, la Ville doit s’assurer que le temps des obsèques se fera dans les meilleures conditions. En effet, chaque Français organise, en moyenne, 1,7 fois des obsèques dans sa vie : dans la moitié des cas, en tant qu’enfant, dans un quart comme conjoint.
Comme sur d’autres sujets sociétaux, le rapport de nos concitoyens à la question des obsèques a évolué. La Ville de Paris doit répondre aux nouveaux besoins exprimés par ses habitants. Paris a su s’adapter à la grande diversité de situation de ses habitants face à la mort, grâce à de nouveaux services et des lieux aménagés de manière respectueuse pour tous.
3
Il faut aller plus loin. Ce rapport vise à proposer de nouvelles pistes à Anne Hidalgo pour améliorer le traitement de la mort à Paris.
4
Paris, les obsèques ont connu de grandes > Amutations Dans la capitale, les cérémonies ne suivent plus le schéma traditionnel (décès à domicile, cérémonie à l’église, dernière demeure au cimetière). Les lieux et services d’obsèques doivent s’adapter aux nouveaux schémas. Des frais conséquents Les établissements ou maisons de retraite ne disposent pas tous de chambre funéraire. Ainsi, souvent, les Parisiens ont l’obligation de faire face à d’importants frais pour veiller leur défunt dans l’attente de la cérémonie. Et les obsèques coûtent cher : en moyenne 4250 euros pour une inhumation, 3300 euros pour une crémation. Les Parisiens, comme les Français, estiment, aux 2/3, que ce sont aux défunts de prévoir de leur vivant le financement de leurs obsèques afin de ne pas laisser cette charge à leurs enfants. Cela explique, en partie, le développement des « contrats obsèques » ; encore faudrait-il que ceux-ci ne prennent pas la forme d’une simple assurance-vie qui ne répond pas réellement aux besoins. Une partie non négligeable des familles souhaite également prévoir le déroulement de la cérémonie. La crémation en plein développement Aujourd’hui, seul un convoi funéraire sur trois passe par un lieu de culte. Et ce taux tombe à peine à 17% lorsqu’il y a crémation. La crémation évolue de façon spectaculaire que ce soit à Paris ou dans le reste du pays. Encore marginale il y a 30 ans avec moins de 1% des obsèques, la crémation concerne maintenant 32% des Français et 48% des Parisiens. Il est à noter que lorsque la question est posée aux plus de 60 ans, les Français font le choix de la crémation de manière encore plus importante (57%). Avec le développement de la crémation et de la dispersion des cendres, il manque parfois aux proches des lieux pour se recueillir, des lieux dignes de la mémoire du défunt. Paris doit répondre à cette demande grandissante.
5
2001, la Ville de Paris a agi dans le > Depuis bon sens Des cimetières adaptés à la diversité des situations Paris compte 20 cimetières, dont 14 intra-muros et 6 extra-muros. Le plus vieux cimetière est celui de Charonne dans le 20e arrondissement (il date du Moyen âge), le plus petit est celui du Calvaire dans le 18e (0,06 ha, il n’est ouvert au public qu’à la Toussaint), le plus grand est le cimetière parisien de Pantin (il date de 1886 et fait 107 ha) ; le plus célèbre est celui du PèreLachaise (il date du début du 19e siècle et possède sur son emplacement le plus vieux crématorium français). La montée de la crémation a été prise en compte avec la création de mini columbariums dans le sol ou dans des chapelles anciennes reprises, et l’aménagement de jardins du souvenir dans de nombreux cimetières. Parmi les cimetières extra-muros parisiens figure le cimetière parisien de Bagneux. On y trouve, comme au cimetière de Pantin, de nombreuses divisions réservées à des carrés confessionnels israélites. Thiais est le plus récent des cimetières parisiens ; il date de 1929 ; c’est le deuxième par la taille (103 ha). Le jardin de la Fraternité permet d’y accueillir les sépultures des morts de la rue ; il y a un monument et des plaques pour les personnes qui ont donné leur corps à la science, un espace pour les tout-petits (la mort périnatale) : le Jardin des lumières, des jardins cinéraires, des divisions asiatiques. C’est aussi en ce lieu qu’on trouve, depuis 1957, les espaces parisiens réservés aux cultes musulmans. La France est une République laïque et non une République athée. Elle reconnaît toutes les croyances, elle permet à chacun d’y pratiquer son culte dans le respect de la sécurité publique, la protection de l’ordre, de la santé ou de la morale publiques, la protection des droits et libertés d’autrui. Les cimetières doivent refléter cet esprit de respect et de tolérance. Des services funéraires accessibles et respectueux de tous. 6
La Ville de Paris s’est dotée d’une société d’économie mixte qui gère actuellement sur le territoire parisien 14 agences de pompes funèbres et le crématorium du Père Lachaise. Cette société, dont la Ville est actionnaire à 74%, a été créée pour permettre, tout en gardant un haut niveau de qualité et d’éthique, de maintenir des prix raisonnables. Paris est riche de sa diversité ; cette richesse doit être respectée. Cela s’entend dans les pratiques religieuses, cela s’entend aussi dans l’évolution de nombreux Parisiens vers le choix d’une cérémonie d’hommage civile. Des obsèques civiles ne veulent pas dire absence de spiritualité. Les cérémonies laïques qui sont organisées au crématorium du Père Lachaise en sont la preuve. Aujourd’hui, des rituels civils sont proposés et les familles peuvent élaborer une cérémonie personnalisée. De même, par leur présence nombreuse lors de la cérémonie du souvenir de la Toussaint, les familles expriment leur besoin de moments de partage, de temps de mémoire. Depuis quelques années, l’approche de la mort périnatale a évolué. Les familles peuvent aujourd’hui organiser les obsèques d’un enfant mort-né s’il bénéficie d’un acte d’enfant sans vie. Une cérémonie en mémoire de ces enfants est organisée chaque premier mardi du trimestre. La Ville de Paris a également mis en place un système d’aide pour les personnes en difficulté financière et les Services Funéraires sont chargés de l’organisation de convois sociaux, lesquels sont de grande qualité. Nul ne peut se trouver en position de renoncer à des obsèques pour des raisons financières. Internet est bien présent tous les domaines de notre quotidien. Le secteur du funéraire n’y échappe pas. Depuis longtemps les agences de pompes funèbres ont leur site internet. La Ville de Paris est allée plus loin en dématérialisant l’organisation des obsèques. Grâce à www.revolution-obseques.fr, les Parisiens peuvent or7
ganiser de chez eux, sans pression, sans intermédiaire, les obsèques d’un proche, entièrement en ligne et pour un prix particulièrement attractif.
pour améliorer le traitement > 4depropositions la mort à Paris Objectif : Donner à toutes les familles parisiennes la possibilité d’organiser un hommage digne dans Paris Dans le cas d’un enterrement qui, une fois sur deux, n’est pas religieux, Paris manque des salles publiques de cérémonie pour organiser des obsèques civiles. Certaines familles organisent des hommages au cimetière, mais les conditions n’y sont pas idéales, souvent pour des raisons météorologiques. Le taux de crémation est en constante progression. Le crématorium du Père Lachaise reçoit chaque année 250 000 personnes en deuil. Sa capacité arrive à saturation et appelle la construction d’un nouveau lieu funéraire. Proposition 1 : Construire un complexe funéraire dans Paris Les éléments exposés ci-haut (manque de salles publiques, saturation des crématoriums) rendent nécessaires la création d’un nouveau complexe funéraire dans Paris. Celui-ci combinerait les différents services funéraires pour s’adapter à chacun. Il permettrait d’accueillir tous types de cérémonies et d’hommages, qu’ils soient religieux ou civils. Il serait un lieu exemplaire sous tous angles pour accompagner le deuil des proches. Ce complexe funéraire comprendrait : • Un nouveau crématorium qui soulagera celui du Père Lachaise et permettra de répondre intra-muros aux besoins des Parisiens, • Des salons funéraires (funérarium) dont certains accessibles pour les veillées 24h/24 ; • Des salles de cérémonies de capacité diverse accessibles aux familles ayant choisi d’inhumer civilement leur défunt ; • Un jardin cinéraire pour les cendres de crémation avec columba8
rium (celui du Père Lachaise est pratiquement complet), des mini caveaux pour urnes, des rosiers du souvenir et un espace de dispersion. Tous ces équipements répondraient à une grande exigence de qualité architecturale et environnementale. Le complexe funéraire permettrait donc : • De désencombrer les salles de cérémonie sur-occupées du crématorium du Père Lachaise ; • De continuer à accueillir, dans Paris, les Parisiens qui souhaitent y organiser des crémations avec des cérémonies d’adieu; • D’organiser des hommages civils dignes pour les enterrements non religieux.
Objectif : Faire des cimetières des lieux de mémoire pour tous Les cimetières parisiens sont l’illustration du respect que Paris porte à tous les morts et à leurs proches. Dans cet esprit, ils doivent permettre à chacun de s’y retrouver pour des hommages et des moments de partage, pour les défunts qui disposent de lieux dédiés comme pour les autres. Proposition 2 : Une stèle pour la mort périnatale Les parents confrontés à la mort périnatale ne disposent pas toujours d’un lieu adéquat pour se recueillir, alors qu’ils ont le droit fondamental de porter hommage au défunt. Le cimetière du Père Lachaise devrait accueillir une stèle dédiée afin qu’il existe un lieu de souvenir permanent à la mort périnatale. Proposition 3 : Un mur du souvenir au cimetière du Père Lachaise La dispersion des cendres engendre souvent un sentiment de manque : les proches n’ont pas de lieu où venir pour se remémorer le défunt. Afin de combler ce manque, un mur du souvenir pourrait être construit au jardin du souvenir du Père Lachaise afin de permettre l’inscription des noms des personnes dont les cendres n’ont pas d’autre sépulture. 9
Proposition 4 : améliorer l’information sur les cérémonies et les capacités d’accueil des cimétières parisiens utilisant les ressources numériques
10
11