Texte d’orientation 2015-2016 Assemblée Générale du 30 mai 2015 Préambule Comment poursuivre le combat féministe dans un contexte aussi complexe que celui que nous connaissons actuellement ? Le début de l’année 2015 a été sombre, entre les attentats de janvier, un contexte économique morose et un discours politique axé sur la perte de valeurs et de repères. Comment dès lors inscrire nos revendications en matière de droits des femmes au milieu de ces agendas politiques et médiatiques bouleversés ? Quelle(s) réponse(s) apporter face à ces multiples problèmes ? Soyons honnête, la réponse n’est pas simple. Mais nous avons une certitude : le féminisme est une des composantes essentielles de cette réponse. Comment construire une société plus juste, plus égalitaire, quand 50% de sa population, qu’elle habite dans des quartiers ou à la campagne, qu’elle soit diplômée ou non, qu’elle soit jeune ou âgée, est victime de multiples discriminations, en tout lieu, à n’importe quelle heure du jour et de la nuit ? Le féminisme, et il faut le rappeler, c’est l’égalité entre les femmes et les hommes, quelles que soient leurs origines, leur orientation sexuelle, leur orientation religieuse. Le féminisme, parce qu’il porte intrinsèquement cet idéal d’égalité, est la réponse face à la montée des extrêmes, de tous les extrêmes. Le tableau est sombre, le contexte complexe. Des succès font face à des menaces, ou à des stagnations. En 2014, la France a progressé de 29 places dans le classement du forum économique mondial sur la parité, mais elle reste une très mauvaise élève en matière d’égalité salariale. En 2014, une loi ambitieuse pour l’égalité femmes-hommes a été promulguée, suivie 3 semaines plus tard de la disparition d’un Ministère des droits des femmes de plein exercice (François Hollande trahissant ici une de ses promesses électorales). En 2014 (et en 2015), le droit d’avorter a été renforcé en France, mais aucun centre d’IVG n’a rouvert pour faciliter l’accès des femmes à l’avortement. L’égalité femmes-hommes est encore loin d’être atteinte, mais ce qui a changé, c’est le regard sur le féminisme. 75% des Françaises pensent que le féminisme a encore un sens aujourd’hui et qu’il est utile. Or, quand on agit sur les mentalités, on crée les conditions favorables à l’avancée de nos revendications. Qui aurait pu imaginer il y a quelques années de cela que des milliers de personnes se sentiraient concernées par l’enlèvement de lycéennes au Nigeria ? Qui aurait pu imaginer il y a quelques années que des milliers de Français-e-s se mobiliseraient pour le droit des femmes espagnoles à avorter, faisant reculer un gouvernement sur cette question ? Qui aurait pu
imaginer il y a quelques années que des milliers de personnes se mobiliseraient pour l’abolition de la prostitution ? La dénonciation des inégalités, la construction de revendications et la mobilisation populaire sont la pierre triangulaire de l’action d’Osez le féminisme ! I. Lutte contre les violences économiques faites aux femmes 1. De quoi parle-t-on ? L’intersection des différents systèmes de domination et des discriminations, et en premier lieu le système capitaliste et néo-libéral permettent à la domination masculine de se perpétuer et de se renforcer. Le système capitaliste génère des inégalités : il se caractérise par une accumulation de richesses pour certain-e-s au détriment d’autrui. Les hommes possèdent 99% des richesses dans le monde dont une partie a été générée par les femmes : travail domestique, soin aux enfants et aux personnes âgées et autres tâches pénibles et utiles à la société, qui sont soit sousvalorisées, soit non-rémunérées. L’ultra-libéralisme promeut la dérégulation des marchés. Dans un contexte d’inégalités, une liberté sans freins équivaut à la loi du plus fort : ainsi les femmes forment la majorité des personnes sans-emploi et des travailleur-se-s précaires. 2. Un climat politico-économique peu favorable à l’égalité femmes/hommes Loin de proposer une protection pour les populations, le gouvernement assume pleinement son tournant libéral et fait le choix de mettre en place des mesures d’austérité qui se traduisent par une baisse des services et des dépenses publics. Et si le contexte actuel de rigueur économique pèse sur les plus précaires, les femmes, loin d’être épargnées, subissent en plus des discriminations qui leur sont spécifiques. En effet, ce sont elles qui ont les plus petites retraites et subissent de plein fouet leur diminution, elles qui constituent la majorité des fonctionnaires, etc. La loi Macron vient cristalliser ce processus et accroitre les inégalités. Les prochaines élections régionales qui s’annoncent n’augurent rien de bon pour le mouvement social et les femmes en particulier. Osez le féminisme ! doit s’emparer du débat politique qui s’annonce pour faire la démonstration que les mesures économiques prises par le gouvernement depuis 2012 n’ont fait qu'accroître les inégalités femmes-hommes. 3. Revendications En 2015, nous allons mener une campagne importante sur les violences économiques. Notre objectif est de mettre au coeur du débat économique la question des violences économiques subies par les femmes, que les médias et le grand public s’emparent de la question et du terme. Il s’agit pour nous de démontrer en quoi les femmes subissent des doubles peines et sont particulièrement impactées par toutes les mesures austéritaires. Mais aussi combien tous les mécanismes qui rendent les femmes plus précaires sont nombreux et imbriqués (inégalités salariales, mesures austéritaires qui touchent les femmes en plus grand nombre, violences économiques au sein du couple,...).
4. Moyens mis en œuvre Nous sommes conscient-e-s que les publics auxquels nous devrons nous adresser dans cette campagne sont différents de nos publics habituels. Pour les toucher, nous devrons donc tisser/renforcer nos liens avec d’autres associations, collectifs, syndicats pour d’une part les former à une analyse plus féministe et d’autre part mener des actions avec elles/eux (atelier CV/entretien d’embauche pour femmes en situation de précarité,...). Cela nous permettra de légitimer notre apport d’une analyse différente, féministe de la situation politique actuelle, notre voix au sein d’une alternative progressiste et de venir combattre le Front National sur les terrains qu’il affectionne.
II. Les droits des femmes menacés : renforcer l’éducation populaire face à l’extrême droite et aux intégrismes religieux Loin du projet de société égalitaire et intégrateur pour toutes et tous porté en 2012, le gouvernement actuel a donc baissé les bras dans la bataille sociale et à destination des populations les plus exclues. Face à cela, ce sont les réactionnaires de tous bords, nationalistes ou religieux, qui prospèrent et prônent le rejet des autres et le repli sur le chacun-pour-soi, un projet politique qui se situe aux antipodes du nôtre. Il est urgent de rappeler que l’indépendance des femmes constitue la première cible de leurs attaques. Le Front National, et l’extrême-droite de manière globale, connaissent une ascension fulgurante tant électoralement que dans l’imposition de leurs idées à l’agenda médiatico-politique. Longtemps mis à l’écart des débats, le Front National est arrivé en seconde position dans de nombreux cantons. Notre combat contre la société sexiste, xénophobe et homophobe défendue par l’extrêmedroite devra passer par la déconstruction de ses idées. Le rejet du Front National par les partis traditionnels en tant que parti « non-républicain » et le fossé grandissant entre le Parti Socialiste au pouvoir et les classes populaires n’a fait qu’accroître l’influence de l’extrême-droite auprès des plus précaires. Cette stratégie d’exclusion du FN et de refus du débat a montré ses limites depuis 20 ans et contribué à ce que le parti extrémiste se pose en représentant de toutes celles et ceux qui se sentent laissé-e-s pour compte. Osez le féminisme ! doit être cheffe de file pour dénoncer les menaces que représente l’extrême-droite pour les droits des femmes. Remise en cause du droit à l’avortement, complémentarité femmes-hommes, valorisation du modèle traditionnel de « la femme au foyer », suppression de toutes les mesures en faveur de l’éducation à la sexualité, attaques contre les personnes étrangères parmi lesquelles les femmes sont les plus précaires… autant de propositions portées par le FN que nous devons déconstruire sur le fond et dénoncer sans relâche.
Nous devrons diffuser une analyse critique du projet de l’extrême-droite par de nouveaux canaux et dans un objectif d’éducation populaire. Les prochaines échéances électorales, en particulier les élections régionales de décembre 2015, constituent un levier pour porter notre vision. Osez le féminisme ! ne peut passer à côté de cette occasion et il nous revient de constituer une dynamique unitaire réunissant les organisations féministes et de s’inscrire dans un mouvement progressiste de grande envergure aux côtés des organisations jeunesse, antiracistes et de défense des droits humains. Les menaces sur les droits des femmes sont multiples et proviennent de différents fronts. En effet, s’il y a un point sur lequel se rejoignent les extrémismes religieux de tous bords et l’extrême droite, c’est bien la limitation des libertés des femmes et la lutte contre l’égalité. En 2013, la mobilisation des réactionnaires anti-mariage pour tous, défendant une “complémentarité” femmes-hommes a abouti à la disparition en 2014 des « ABCD de l'égalité ». Les attentats de janvier dernier ont rappelé que la laïcité est une valeur qui doit être réaffirmée et défendue. Aujourd’hui, comme en atteste l’annonce d’un plan d’actions doté de 100 millions d’euros, le gouvernement a fait de la lutte contre le racisme et l’antisémitisme sa priorité. Une fois de plus et sans mettre les combats en concurrence, la lutte contre le sexisme qui fait chaque année des centaines de victimes passe à la trappe. Il nous revient de travailler avec les collectifs anti-racistes pour intégrer la notion d’intersectionnalité et la double peine subie par les femmes racisées, mais également de porter au plus haut niveau de l’Etat l’urgence de mettre des moyens dans la lutte contre le sexisme face aux menaces de l’extrême-droite et des extrémistes religieux.
III. Osez le féminisme ! et l’international Les luttes qu’Osez le Féminisme ! mène en France contre l’extrême-droite et les intégrismes religieux sont le reflet d’une situation internationale extrêmement préoccupante pour les femmes : femmes victimes de la guerre, de la traite, des politiques austéritaires, femmes dont les libertés sont constamment bafouées, y compris au sein de l’Union Européenne. Osez le Féminisme !, en tant qu’association universaliste, porte des revendications qui dépassent largement les frontières françaises. En janvier 2015, Osez le Féminisme ! a été à l’initiative d’une journée de conférences et d’échanges pour les 40 ans de la loi Veil. Si le droit à l’IVG en France progresse, avec notamment la suppression de la clause de détresse et du délai de réflexion, on ne peut pas en dire autant pour l’ensemble des femmes de l’Union Européenne, pour lesquelles avoir recours à l’avortement relève encore trop souvent du parcours de la combattante. En Irlande et à Malte, l’IVG est toujours interdite. En Espagne, le gouvernement Rajoy, après avoir tenté sans succès de limiter drastiquement l’accès à l’IVG, s’attaque désormais aux mineures, en leur imposant d’avoir l’autorisation parentale pour avorter. En Pologne et en Italie, avorter est de plus en plus
difficile, du fait de l’influence des forces religieuses et réactionnaires. Compte tenu de ce contexte, Osez le Féminisme ! a inscrit son action militante dans une dynamique internationale : nous avons sollicité des femmes de différents pays d’Europe (Espagne, Irlande, Hongrie) pour qu’elles témoignent sur les conditions d’avortement dans leurs pays. Ces témoignages ont mis en exergue la nécessité d’harmoniser la situation en Europe, afin que les femmes y soient libres de disposer de leur corps. Osez le Féminisme ! a ainsi lancé une pétition pour que le droit à l’IVG soit inscrit à la Charte européenne des droits fondamentaux, et va continuer à se mobiliser sur le sujet cette année, pour le porter au plus haut niveau des instances européennes. L’Union Européenne a le devoir de protéger la liberté de chaque femme de choisir librement sa maternité ; elle doit s’élever contre les extrémistes et les réactionnaires qui prétendent contrôler nos ventres. Sur la scène internationale, Osez le Féminisme ! s’est également mobilisée pour la campagne Bring back our girls, à la suite de l’enlèvement de 270 lycéennes nigérianes en avril 2014 par Boko Haram. Osez le Féminisme ! était de nouveau présente pour ce triste anniversaire, pour que ces femmes ne soient pas oubliées. La montée des fanatismes religieux, dont Boko Haram est l’une des manifestations les plus destructrices, fait des milliers de victimes femmes chaque année. A la violence extrême inhérente aux pays en guerre, s’ajoute une violence spécifique à l’encontre des femmes violées, enlevées, mariées de force et tuées dans le cadre de ces conflits. Osez le Féminisme ! continuera sans relâche à se mobiliser, sensibiliser l’opinion et solliciter les pouvoirs publics pour la liberté de ces femmes et de toutes celles qui sont victimes des extrêmismes religieux et des guerres. 2015 sera également l’occasion pour Osez le Féminisme ! de s’engager contre le réchauffement climatique. Paris accueillera en décembre la COP21, la conférence des Nations-Unies sur le changement climatique. Cette Conférence n’inclut pour le moment pas d’analyse genrée de l’impact de l’environnement sur les populations. Pourtant, on sait bien que les populations les plus pauvres sont les plus touchées par les catastrophes naturelles, et que 70% des personnes vivant sous le seuil de pauvreté dans le monde sont des femmes. On sait bien que les femmes sont dans l’immense majorité des cas en charge de procurer à leurs familles de l’eau et de la nourriture, des denrées de plus en plus rares, qu’il faut aller chercher de plus en plus loin, parfois dans des zones dangereuses. Enfin, on sait que dans les industries et services qui émettent des produits chimiques toxiques et exposent leur personnel à des risques sanitaires, les femmes et les personnes racisées sont sureprésentées. Au regard de la place particulière des femmes, non reconnues et non rémunérées, dans la gestion des ressources naturelles et au regard de leur vulnérabilité face aux impacts dramatiques du réchauffement climatique, Osez le Féminisme ! se mobilisera pour que soit identifié dans la COP 21 le cas particulier des femmes. Nous montrerons comment le genre est
une grille de lecture pertinente des questions environnementales.
IV. Nos revendications politiques Osez le féminisme ! porte depuis sa création un projet de société, qui passe par des revendications politiques concrètes, que nous voulons voir traduites dans la loi ou dans les politiques publiques. C’est un travail de longue haleine, de persuasion, de conviction. Un travail qui oscille entre actions publiques et plaidoyer, pour que les droits des femmes progressent dans le droit. Nous avons ainsi engagé ces dernières années trois chantiers, qui sont : l’abolition de la prostitution, la reconnaissance légale du féminicide, la PMA. L’objectif est clair : tant que nous n’obtiendrons pas gain de cause sur nos revendications, nous continuerons le combat. En décembre 2013, une proposition de loi ambitieuse pour l’abolition du système prostitutionnel était votée à l’Assemblée Nationale. Un an et demi plus tard, c’est une loi défigurée dans son esprit et amputée de deux mesures phares qui vient d’être votée au Sénat. Le message renvoyé par la chambre haute à l’issue de ce vote est clair : les clients sont rois et les prostituées sont des coupables. Notre mission va être maintenant d’obtenir en seconde lecture un texte de loi restauré, qui fasse enfin de la France un pays abolitionniste. La suppression du délit de racolage passif et la pénalisation des clients sont des conditions sine qua non pour mener une véritable politique abolitionniste. Le travail avec nos partenaires va être essentiel dans ce combat (Abolition 2012 et les Jeunes pour l’abolition). En effet, au-delà d’un travail de conviction des député-e-s, nous devons reprendre le travail de sensibilisation du grand public, dans la lignée du Procès du Carlton qui a encore une fois démontré la réalité sordide et violente de la prostitution. La lutte contre les violences faites aux femmes demeure une priorité pour Osez le féminisme!. Le 25 novembre 2014, nous avons lancé une campagne pour la reconnaissance légale du féminicide en France. Reconnaître que des femmes sont tuées parce qu’elles sont femmes, et nommer cette violence, est une étape indispensable pour construire une politique ambitieuse de prévention et de lutte contre les violences subies par les femmes. Nous voulons que le droit français reconnaisse qu’assassiner une femme du fait de son sexe est une circonstance aggravante, à l’instar des meurtres racistes, antisémites ou homophobes. Alors que le Premier Ministre s’apprête à lancer un grand plan d’actions contre l’antisémitisme et le racisme doté de 100 millions d’euros, nous serons là pour rappeler que le sexisme continue de faire des victimes tous les jours en France, et que touchant plus de 50% de la population, il ne doit pas être oublié par les pouvoirs publics. Enfin, nous continuerons d’agir contre l’invisibilisation dont souffrent les lesbiennes dans la société. Deux ans après l’obtention du mariage pour toutes et tous, la période de grâce sur le terrain des droits LGBT est finie. La lutte contre la lesbophobie est essentielle, pour faire bouger les mentalités, pour que les lesbiennes ne subissent plus de violences patriarcales, et pour que la PMA pour toutes soit enfin un jour une réalité. François Hollande s’y était engagé en tant que candidat. Trois ans après son élection, cette promesse a été repoussée aux calendes grecques
par Manuel Valls. Tant que la France ne reconnaîtra pas que les femmes peuvent avoir un enfant seules, ou en couple avec une autre femme, par le biais de la PMA, l’égalité ne sera pas réelle. Ces 3 chantiers ne doivent pas occulter le fait que nous devons porter de nouvelles revendications politiques. En 6 années d’existence, OLF! a su s’affirmer comme une actrice essentielle dans le mouvement féministe français, parce qu’elle a su faire émerger de nouveaux sujets. Nous continuerons de le faire, pour faire bouger toujours plus la ligne de fracture du sexisme. En 2015 en France, les femmes continuent de vivre dans des tabous, de subir des contraintes, des injonctions qui sont autant de freins à une émancipation pleine et entière. Est-il normal que beaucoup de femmes aient honte d’avoir leurs règles ? Est-il normal que les femmes soient victimes de “revenge porn” ? Les inégalités entre les femmes et les hommes sont encore trop nombreuses, et nous continuerons à faire bouger les mentalités, et à combattre le système patriarcal dans son ensemble.
V. Massifier l’association pour mieux féminister la société Depuis le lancement de l’association en 2009, force est de constater que son organisation et son impact n’ont fait que s’accroître. Osez le féminisme! a réussi le pari d’imposer à l’agenda médiatique et politique le combat féministe et d’étendre largement son influence. En ce sens, le développement des antennes - aujourd’hui 20 actives et 4 en construction - a évidemment été primordial pour augmenter notre force de frappe grâce à une meilleure visibilité de l’association, une réactivité aux problématiques locales et un large relai des campagnes nationales (féminicides, abolition…). De plus, la crédibilité de l’association passe aussi par des victoires locales comme l’action de Caen autour du mémorial ou le retrait des carnets de santé sexiste distribués par le conseil départemental des Bouches du Rhône. Le développement de l’association passe néanmoins par un renouvellement constant, la diversification de nos actions et de nos publics cibles. Nous ne devons en aucun nous reposer sur nos lauriers. La recherche de financement et de partenariat nous a permis d’embaucher la première salariée d’Osez le féminisme en mai 2014. En avril, deux services civiques nous ont rejoint. Leur arrivée doit constituer un levier pour chercher des financements réguliers et développer des outils pérennes qui structurent l’association. Le temps libéré pour les militant-e-s, toutes bénévoles rappelons-le, devra également nous permettre d’être plus réactives à l’actualité et d’élaborer des campagnes plus régulièrement et de plus grande ampleur. Notre légitimité et notre indépendance financière passent avant tout par les adhésions. Osez le féminisme! compte 50 000 sympathisant-e-s sur Facebook, mais moins de 2 000 abonné-e-s. Il nous revient de convaincre les personnes qui encouragent et suivent nos actions mais qui ne
franchissent pas le pas de l’adhésion, notamment par : une grande campagne d’adhésion, des rappels des anciens adhérent-e-s et une incitation à adhérer lors des temps militants (plénière, actions, manifestations). La recherche de nouveaux financements, tant au niveau national que local, devra être amplifiée afin de pérenniser l’association. Emmanuelle, au sein de l’association depuis maintenant 1 an, est là pour nous orienter et nous accompagner dans nos démarches. Le féminisme ne doit pas être réservé à une certaine catégorie de la population. Afin d’étendre la portée de nos combats et représenter au mieux la diversité des femmes, nous nous attacherons à élargir nos partenaires et nos modes d’action pour toucher également les femmes résidant en milieu très rural, les femmes résidant dans des quartiers prioritaires (via des MJC, maisons de quartier, missions locales…) et les femmes de tous âges. Et parce que nous ne venons pas tou-te-s des mêmes milieux, il nous revient d’améliorer et renforcer la formation des militant-e-s. Monter en compétences et accroitre notre socle commun de connaissances tant théoriques que techniques contribuera à consolider notre organisation. Au-delà des deux week-ends de formation annuels, les temps militants doivent également être pensés comme des temps de formation. Chaque antenne est également en capacité d’organiser des ateliers, en interne comme en externe. Le mandat 2015-2016 du nouveau Conseil d’Administration devra permettre que voient le jour des projets de grande envergure. Tout d’abord, le devéloppement d’un Webzine pour mieux diffuser les articles du journal d’OLF! qui représente un travail considérable et qui n’est pas exploité à sa juste valeur. La refonte du site Internet de l’association ne peut plus attendre, l’actuel ne représentant absolument pas la vivacité et la capacité d’innovation de notre organisation. Un site temporaire est donc désormais en ligne pour rendre plus visible notre agenda, nos communiqués de presse, nos articles de journal et recenser l’ensemble de nos campagnes. Parce que les réseaux sociaux ne doivent pas être laissés aux mains des réactionnaires de la “Manif pour tous” et autres “Observatoire de la théorie du genre”, les féministes doivent affirmer leur présence numérique, notamment sur Youtube. C’est pourquoi Osez le féminisme! lancera une WebTV féministe en septembre prochain. Enfin, Osez le féminisme! attache une grande importance à l’unité du mouvement féministe. Nous continuerons à nous mobiliser dans de nombreux collectifs (Abolition 2015, Marche Mondiale des Femmes, Féministes en mouvements) pour défendre l’unité des associations féministes, nous enrichir de leur pluralité et faire du féminisme un mouvement social massif et incontournable. Pour ce faire, nous impulserons et contribuerons à de nouveaux rendez-vous militants, parmi lesquels un summer camp en 2015 et une université d’automne d’interpellation des candidats aux élections régionales sur leurs engagements pour les droits des femmes.