Cannes 2021 : dans « Journal de Tûoa », l’enfermement du confinement inspire Miguel Gomes [FR]

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Culture Festival de Cannes 2021 Le film du réalisateur portugais, présenté à la Quinzaine des réalisateurs mardi 13 juillet, sort en salle le 14. Par Jacques Mandelbaum Publié hier à 08h29 Lecture 2 min. Partage Article réservé aux abonnés

Maureen Fazendeiro et Miguel Gomes, le 11 juillet 2021, sur la plage de la Quinzaine des réalisateurs, à Cannes. MATHIEU ZAZZO/PASCO & CO POUR « LE MONDE »

QUINZAINE DES RÉALISATEURS

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L’AVIS DU « MONDE » – À VOIR Voici un des premiers films exploités qui se veuille un témoignage direct sur le confinement. Il est signé du radical et facétieux réalisateur portugais Miguel Gomes (Ce cher mois d’août, Tabou, Les Mille et Une Nuits), associé en la circonstance à la réalisatrice Maureen Fazendeiro. Il prend la forme, tombant sous le sens, d’un journal du confinement général portugais instauré en août 2020, en même temps que de la chronique de son tournage – rien de tel qu’une petite mise en abyme alors qu’on se tient au bord du gouffre. Pour l’argument, voici donc quelques amis bloqués dans une maison de campagne lorsque la catastrophe survient. Il apparaît bien vite à la troupe qu’un film doit être fait sur cette expérience collective hors du commun. Lire aussi Miguel Gomes, un réalisateur confiné, mais en plein bouillonnement créatif Nous en découvrons la préparation en même temps que la teneur, puisqu’il joue du passage incessant d’un niveau (supposé réel) à l’autre (supposé fictionnel). La désinvolture haussée au rang des beaux-arts y côtoie le geste conceptuel, le film étant monté et décompté à l’envers de la chronologie des événements qui y sont rapportés. Evénements ou non événements, façon de voir. Car s’il est bien une période où les déprimés ont sombré et les optimistes ont fait semblant de continuer à l’être, c’est bien celle de ce confinement. L’un des tout premiers plans montre une serre tropicale dans laquelle un papillon bat des ailes. Cette apothéose à l’échelle de la vie « covidée » vaut métaphore : sans doute sommes-nous encagés, mais rien ni personne ne nous enlèvera le désir de la vie, de la grâce, et de la contemplation des beautés de ce monde. Le film se déroule dès lors à l’envers, montrant, au milieu des mille petites choses de la vie quotidienne, la lente déconstruction de la serre et les aléas du tournage.

Tendrement anarchique Moments parfois poétiques, parfois comiques, parfois absurdes, toujours dévolus à l’attention qui reste nécessaire pour ceux qui rêvent, envers et contre tout, à construire quelque chose ensemble. Ce qui se peut. Une serre, un travelling épique en tracteur bleu, un film, une discussion collective sur le plan de travail, deux garçons et une fille dans un jardin, une soirée dansante au son de l’exaltant The Night (2001), de Frankie Valli and The Four Seasons. D’autres trucs de ce genre. Du plaisir à voir rajeunir John Wayne chez John Ford germa l’idée de ce récit à rebours Il n’échappera évidemment à personne que le mouvement du film – qui part d’une cage réelle pour aboutir à son idée, de même qu’un cadre de cinéma révèle un point de vue sur la matière – est un mouvement vers la liberté. Une réflexion sur l’ouverture qui naît de tout enfermement, sur la créativité qui naît de toute contrainte. Il vous reste 19.95% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.

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