Pedago n°8

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MAGAZINE

réussir sa vie de parent

MAGAZINE N°8 AVRIL / MAI 2008 - 2,90D

WWW.PEDAGOGIES.FR

SUPPLÉMENT MAGAZINE

EXCLUSIF ALEXANDRE

JARDIN « Faisons de la France

MON ADO

EST STRESSÉ Olivier Revol vous répond ENCART REVOL BAT.indd 1

une superpuissance éducative ! »

3/03/08 22:23:52

ENQUÊTE Ces 8 personnes qui influencent votre enfant DOSSIER Brevet, bac coachez-le ! Bien choisir son séjour linguistique EXPERT Aider un enfant surdoué

AUTORITÉ

TROUVER

LETONJUSTE


3 pédagogies magazine n°8 AVRIL - MAI 2008

MAGAZINE

Adresse de la rédaction Pédagogies Magazine 6, rue Ruhmkorff 75017 Paris 01 47 66 54 77 Rédactrice en chef Marie BERNARD m.bernard@pedagogies.fr 01 75 57 80 08 Journalistes Florence PERCEVAUT f.percevaut@pedagogies.fr Marguerite GROSSE m.grosse@pedagogies.fr Pauline SCHATZ p.schatz@pedagogies.fr

DE L'idÉologie au

pragmatisme

Ont collaboré à ce numéro Albert COLSON, Leila MINANO, Michel MONSAY, Cécile MORTREUIL, Christine MURRIS, Alexandra RONSSIN Chroniqueurs Guy MOREL, Olivier REVOL Photos Jeannne BROST, SEB & ENZO Michel MONSAY, Fotolia, DR Directrice marketing communication Élodie CHABANNES e.chabannes@pedagogies.fr 01 75 57 80 10 Maquette Thierry Alexandre Secrétariat de rédaction Mireille LESECQUE Anne SEROR Diffusion Cauris Média Stéphane LELUC sleluc@cauris-media.com 01 40 47 65 91 Publicité Régie POTENTIEL MEDIAS 6 Rue Ruhmkorff 75017 Paris Directrices associées Élisabeth BILLEBAULT 01 45 72 18 30 ebillebault@potentielmedias.fr Sabine HORSIN 01 75 57 80 05 shorsin@potentielmedias.fr CPPAP 0908 K 88364 ISSN 1953-5457 Grafiche Mazzucchelli France 18, avenue Georges Pompidou 92800 Puteaux Imprimé en Italie Édité par la société POTENTIELS Siret : 489 872 341 00016

MARIE BERNARD

RÉDACTRICE EN CHEF

Plus de 25 % d’illettrisme à l’entrée en 6e. Il aura fallu que des enseignants courageux tirent la sonnette d’alarme pour faire du pragmatisme le seul critère de choix des méthodes. Écoles, entreprises, public, privé… Tous ont le droit d’avoir de bonnes idées. Les pratiques efficaces semblent ne plus avoir d’odeur. C’est ainsi que votre enfant en primaire pourra recourir, via son établissement, à des stages de remise à niveau pour combler ses éventuelles lacunes. Que votre collégien suivra des cours de soutien individualisé ou se verra conseillé le recours à des ressources Internet… payantes ! À lire les nouvelles directives du ministre de l’Éducation nationale, on croirait découvrir le projet d’un établissement privé d’excellence. Après tout, puisqu’on semble avoir touché le fond et qu’il faut que ça marche… oublions les querelles. Simples mesures médiatiques pour calmer les esprits ou véritable prise de conscience ? Un seul souhait : pourvu que ça dure ! ■

édito

Directrice de la publication Catherine KERGUILLEC c.kerguillec@pedagogies.fr


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4 pédagogies magazine n°8 AVRIL - MAI 2008

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sommaire

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FORUM

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ado école FAMILLE FEMME

édito ■ 3 point de vue ■ 6 André Comte-Sponville

entre nous ■ 8

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■ 18 ■ 20 ■ 22 ■ 25

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moi et mon ado

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téléphone mobile ■ 32

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Éduquez-le !

chronique ■ 39

Olivier Revol

TRIBU ■ 40

Les skateurs

25 être parent

Autorité : trouver le ton juste

ÉVÉNEMENT ■ 90 LIVRES ■ 94 écrans ■ 96 COUP DE CŒUR ■ 98

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ALEXANDRE JARDIN « Faisons de la France une superpuissance éducative ! »

GUIDE

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en couverture

micro-trottoir ■ 42 nutrition ■ 44 mère-fille ■ 46

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enquête Ces 8 personnes qui influencent votre enfant

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pédagogues et pédagogies chronique ■ 73

Guy Morel

les secrets de... ■ 74

La méthode Montessorri

pédagogue ■ 78

Aurélie Lesaulnier

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l’école et mon ado dossier ■ 54

Brevet, bac : coachez-le !

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question ■ 62

Comment choisir son séjour linguistique ?

QUELLE PLACE POUR... ■ 68

Les surdoués ?

Ailleurs ■ 80 Le bac réussir autrement ■ 84

Un lycée grandeur nature

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point de vue

pédagogies magazine n°8 AVRIL - MAI 2008

André Comte-Sponville

Mai 68 a engendré des parents

beaucoup « trop sympas » ! Pour André Comte-Sponville, Mai 68 est à la fois un souvenir personnel heureux et le moment culminant d’une « idéologie soixante-huitarde » dont on perçoit aujourd’hui les redoutables effets pervers sur l’éducation des enfants. Propos recueillis par Christine Murris

Il est interdit de… ne pas interdire ! Deux mots d’ordre peuvent résumer « l’esprit de Mai 68 » : « Vivons sans temps mort, jouissons sans entrave » et « Il est interdit d’interdire ». Deux slogans qui font long feu dès lors que l’on a des enfants. Avec des enfants, il est impossible de jouir sans entrave, non seulement à cause de la prohibition de l’inceste, mais tout simplement parce que les enfants sont là et qu’il faut remplir sa fonction de parent. Par ailleurs, non seulement il n’est pas interdit d’interdire mais, quand on a des enfants, il est même interdit de ne pas interdire ! En n’énonçant pas cet indispensable interdit, les parents « soixante-huitards » privent leurs enfants de la dimension structurante de l’autorité, sans laquelle même la transgression devient impossible. Là où il n’y a pas d’autorité, les enfants ne peuvent plus désobéir, ni se révolter. Quoi de plus aliénant ? Quoi de plus angoissant ? C’est ainsi que beaucoup de soixante-huitards ont rendu inaccessible à leurs enfants cette révolte qu’euxmêmes ont tant aimée !

” Nous vivons aujourd'hui dans une logique de discussion perpétuelle „

Mai 68 a été, pour les adolescents que nous étions, une belle fête spontanéiste, hédoniste, libertaire… Mais dès lors que l’autorité ellemême célèbre la révolte, comment faire ? On ne peut se révolter que contre une autorité. On ne se pose qu’en s’opposant : pour devenir soi, il faut s’opposer à un pouvoir. C’est ce que Freud appelle le meurtre du père. Mais les pères que nous sommes désormais sont souvent beaucoup trop sympas, beaucoup trop « cools » pour que nos enfants aient envie de nous tuer… Cela est surtout vrai pour les garçons. Chez les filles, cela se passe mieux. Beaucoup de mères constituent pour elles de meilleurs pôles d’opposition que les pères ne le sont pour leurs fils. Nombre de garçons ont deux mamans, à leur plus grand désarroi. Devront-ils attendre d’avoir 40 ans pour faire leur crise d’adolescence, et juger enfin leurs parents septuagénaires ?

La restauration pure et simple est impossible, le « réajustement » nécessaire Il ne s’agit pas de revenir en arrière, comme certains le voudraient. La restauration pure et simple de l’ordre ancien est un leurre. Elle n’est du reste en rien souhaitable. Mai 68 a été la crise d’adolescence de la société française, et nous avons eu beaucoup de chance. Si les crises d’ado-

lescence sont souvent glauques ou dépressives, la nôtre a été plutôt festive, libératrice et joyeuse. Cela dit, l’adolescence ne peut pas durer toujours. Revenir en arrière conduirait à retomber en enfance. Il s’agit plutôt de continuer à avancer : accepter de grandir, de mûrir, de devenir adulte. Il nous faut réfléchir au nouveau statut de l’autorité dans les familles d’aujourd’hui. Globalement, elles ont été gagnantes. Sans redevenir les censeurs d’autrefois, il leur faut réhabiliter les notions d’interdiction, et donc de sanction. Pas de loi sans sanction. Cela est vrai pour les enfants autant que pour les adultes. Interdiction, transgression, sanction : voici les trois moments essentiels de l’éducation des enfants. Aujourd’hui, les parents comme les enseignants manquent de moyens de sanctionner ou n’ont pas le courage de les utiliser. Ils fuient l’affrontement, s’expliquent, se justifient… Relisez Freud : « Le sur-moi, disait-il, c’est le résultat de l’intériorisation des interdits parentaux. » Là où il n’y a pas d’interdits à intérioriser, il n’y a pas de surmoi ni, par conséquent, de morale.

La parole et l’échange n’impliquent pas la discussion

Nous vivons aujourd’hui dans une logique de la discussion perpétuelle. « Lorsque je donne une consigne à un élève, me disait récemment une institutrice, il me répond : " D’accord " ou " OK ". » Cela signifie qu’il aurait pu ne pas être d’accord. Il confond obéissance et discussion. L’autorité implique le fait que l’on obéit d’abord. L’interdit n’a pas à passer toujours par l’explication. Relisez la Genèse. Relisez Montaigne qui la commente : « La première loi que Dieu donna jamais à l’homme, ce fut une loi de pure obéissance ; ce fut un commandement nu et simple, où l’homme n’eut rien à connaître et à causer » (Essais, II, 12). Pourtant, une civilisation en est née dans la transgression ou s’y est reconnue, qui est encore la nôtre. Il n’y a pas à choisir entre la loi et la liberté : elles ne peuvent qu’aller ensemble. Il est interdit de ne pas interdire, mais aussi de mettre la loi plus haut que la justice ou la justice plus haut que l’amour. Dans la famille, il faut bien sûr que l’amour s’exprime. Les parents, et notamment les pères, sont plus aimants : on ne va pas s’en plaindre ! Mais ils ont parfois oublié qu’ils devaient aussi énoncer la loi et la faire respecter. L’amour ne suffit pas. La parole n’est pas là seulement pour que l’on s’explique ou se justifie, mais aussi parfois pour énoncer « une loi de pure obéissance ». La loi, comme l’amour, passe par la parole et l’affrontement. Le conflit est, au bout du compte, bien plus structurant que le

règne prétendument exclusif du dialogue et de l’amour, cette pédagogie en bleu et rose !

La démocratie et le marché sont une chose, la famille en est une autre !

Il ne faut pas confondre la sphère politique et sociale et la sphère familiale. Nous vivons dans une société démocratique, et c’est heureux. Je n’ai rien non plus contre l’économie de marché et la consommation. Pour autant, les enfants ne peuvent choisir au sein de la famille les injonctions auxquelles ils veulent bien obéir, sur le mode : « J’ai mon mot à dire, je suis d’accord ou je ne le suis pas ». De la même façon, ils ne peuvent se comporter, face aux obligations qui leur incombent, comme des consommateurs, en se contentant de prendre ou de laisser : « ça me plaît, j’achète », ou bien « ça ne me plaît pas, je n’en veux pas »… La famille n’est pas une démocratie. Le pouvoir n’y est pas à prendre, il appartient aux parents. Ce n’est pas non plus un marché où l’on se contente de consommer. Les modèles démocratique et consumériste ne valent donc ni pour la famille ni pour l’école.

” Il est interdit de mettre la loi plus haut que la justice ou la justice plus haut que l'amour

Il faut aimer le réel et lui pardonner de n’être que ce qu’il est !

L’amour, la loi, le rapport de force… Il n’y a pas d’autre modèle, pas plus que de recettes toutes faites pour élever les enfants. « Quand ils sont jeunes, les enfants aiment leurs parents, disait Oscar Wilde. Plus tard, ils les jugent. Quelquefois, ils leur pardonnent. » Voilà les trois âges résumés : l’enfance, l’adolescence, la maturité. Oui, le conflit existe, il est structurant. Non, il n’y a pas de parents parfaits, ni d’enfants idéaux. Cela vaut dans les deux sens : il faut pardonner à nos parents de ne pas avoir été idéaux, comme les parents doivent pardonner à leurs enfants de ne pas être exactement ce qu’ils espéraient. Aucun être ne correspond exactement au désir de l’autre, c’est vrai aussi dans le couple. Seulement voilà : le réel est à prendre ou à laisser. Mieux vaut le prendre, l’aimer ou en tout cas l’accepter, et lui pardonner de n’être que ce qu’il est. C’est ce que j’appellerais, avec Nietzsche, une sagesse tragique : une sagesse de la finitude, de l’acceptation et de l’amour. De la miséricorde aussi. ■

REPÈRES André ComteSponville est philosophe. Ancien élève de l'ENS, il a longtemps été maître de conférences à la Sorbonne, dont il démissionna en 1998 pour se consacrer exclusivement à l'écriture et aux conférences. Souvent invité sur les plateaux télé, il a aussi beaucoup écrit dans la presse grand-public. Ses philosophes de prédilection sont Epicure, les Stoïciens, Montaigne et Spinoza.


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courrier

pédagogies magazine n°8 AVRIL - MAI 2008

9 Internet : Gratuite, l’école ? « C’est toi le filtre ! » ❚ Avez-vous vraiment l'impression que l'école Mon fils de 12 ans ne comprenait pas que je sois inquiète quand il était à l’ordinateur. Il se sentait épié en permanence. Il faut bien le reconnaître, j’étais tout le temps derrière lui. Et puis, il est tombé sur votre article et m’a lancé : « Évidemment, ils disent qu’Internet, c’est pas pour nous ! » Je lui ai expliqué que bien sûr nous avions un contrôle parental, mais que le meilleur des filtres, c’était lui. Il l’a très bien compris et, depuis, nous abordons le sujet de manière plus détendue. Je reste très vigilante, mais la confiance est retrouvée.

n'est pas critiquée sous le prétexte que son accès est gratuit ? On n'a jamais autant remis en cause le statut des enseignants du public, les programmes d'enseignement, les procédures d'évaluation et le fonctionnement de l'institution. La tentation du privé n'a jamais été si grande. Lorsqu'on assiste à une réunion pédagogique dans un établissement, on peut largement se rendre compte que le parent est dans une position où il s'estime le droit de juger, de critiquer, d'apprécier et de montrer son désaccord avec la politique de l'école. Si les parents n'exigeaient rien, cela se saurait ! Sébastien Mazzarese, enseignant

Monsieur, "Vive l'école Gratuite ?", dans l'éditorial du précédent numéro de Pédagogies Magazine, je posais la question, partant d'un constat simple : "Ce qui est gratuit, on ne le critique pas. Lorsqu'on paye, on s'implique, on s'investit, on veut un résultat, on s'estime créditeur". Avant tout, distinguons deux profils de parents : Les "râleurs" et les "impliqués". Vous parlez des premiers, je parlais des seconds.

Irréprochables ? Je suis très étonnée d’entendre Marcel Rufo nous dire que nous devons être irréprochables en ne critiquant ni l’Éducation nationale ni les professeurs. Ce n’est malheureusement pas toujours possible. Lorsqu’un professeur est vulgaire, grossier, qu’il humilie les élèves par des paroles blessantes, nous n’avons pas le droit de prendre leur défense. Lorsque l’Éducation nationale ne fait pas bien son travail, propose un programme qui ne respecte pas la liberté de tous, s’obstine dans ses choix idéologique… nous ne pouvons pas applaudir et nous taire ! L’autorité bien comprise n’exclut pas une certaine contestation, qui peut se faire dans le respect des institutions et des personnes.

Sans doute avez-vous raison lorsque vous dites que certaines conduites ne sont pas justifiables et qu’il serait même inconvenant de laisser les enfants sans explication devant un tel contre-exemple. Marcel Rufo affirme que l' « on ne peut pas critiquer l’école en permanence et exiger de ses enfants qu’ils se comportent bien en cours ». Passé un certain

âge, ils sont toutefois capables de comprendre que l’exception confirme la règle : un mauvais prof dans une école reste l’exception, tandis que l’obéissance, le respect des professeurs et de l’institution demeurent la règle.

Marie BERNARD

Merci PISA ! Un de mes enfants a des difficultés à l’école depuis la maternelle. Je me suis battue pendant des années pour le hisser dans la classe supérieure, sans grande compréhension de la part des institutrices. Il prend maintenant des cours particuliers et ça marche ! Son retard, il l’a pris en primaire, et tout le monde sait qu’un enfant qui a des difficultés en primaire en aura toujours. Je suis ravie de lire dans votre article sur l’école qu’enfin on remet en cause certaines méthodes pratiquées depuis quarante ans dans le primaire. De nombreux enfants en ont été les victimes. Ayons le courage de dire : « On s’est trompés ». Arrêtons le massacre et donnons-leurs les bases de la lecture et de l’écriture !

❚ C’est vrai que le remboursement de ma voiture me coûte plus cher que la scolarité de mon fils, mais depuis qu’il prend des cours particuliers, c’est de moins en moins vrai. Il y a quelques décennies encore, on attendait tout de l’école. Aujourd’hui, si l’on veut que nos enfants restent au niveau, il faut payer. Vous avez raison de poser la question. jean-Christophe Maynard

❚ Votre dernier édito résume parfaitement ce que beaucoup pensent sur l'école publique et les réalités de l'enseignement de l'école privée. Un citoyen n'est pas un client, contrairement à ce que vous laissez entendre. Être français c'est être citoyen, ce qui implique des devoirs et des droits. L'école est un de ces droits. Le droit de vote est gratuit, mais peut-être suggérez-vous de le rendre payant car, selon votre raisonnement, on ne peut rien exiger des politiques. Charles, enseignant d’éducation civique

Faites-nous part de vos réactions à l'adresse : entrenous@ pedagogies.fr

Par courrier : Pédagogies Magazine Entre nous 6 rue Ruhmkorff 75017 Paris

Resultats du grand jeu dyson Vous avez été très nombreux à participer à notre grand jeu et nous vous en remercions. Voici les bonnes réponses de ce quiz, et découvrez si vous faites partie des heureux gagnants.

Réponses : Question 1 : James Dyson a été le premier à créer un aspirateur sans sac. Question 2 : Un Dyson est un aspirateur qui ne perd pas d’aspiration. Question 3 : L’aspirateur Dyson est recommandé par les personnes souffrant d’allergies Question 4 : L’une des particularités d’un Dyson est le rejet d’un air plus pur et sans odeur. Question subsidiaire 1 : Le 1er aspirateur créé par James Dyson a été vendu au Japon. Question subsidiaire 2 : C’est dans la ville de Bath que s’ouvrira, en septembre 2009, la Dyson School of Design and Innovation.

Les heureux gagnants sont : 1 PRIX er

Catherine Chapuis

2e PRIX

Emmanuelle Maroteaux

3e PRIX

1er PRIX

1 DC 19 origin (prix public 299,99 €)

+ 1 DC 16

(prix public 169,9 €)

+ 1 cerf volant (prix public 35 €)

3e PRIX 1 DC 16

(prix public 169,99 €)

Liliane Lutz

4e au 15e PRIX

- Thierry Gevrey - Martine Trapon - Anne Hoden - Carine Dumarcay - Josette Martin - Dominique Le Moing - Isabelle D’Aversa - Marianne Lohmeyer - Stéphanie Renaudin - Corinne Jouhaut - Franck Maclin - Patrick Mathieu

2e PRIX

1 DC 19 origin

(prix public 299,99 €)

4e au 15e PRIX 12 cerfs-volants

(prix public 35 €)

dyson

www.dyson.fr


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pédagogies magazine n°8 AVRIL - MAI 2008

RENCONTRE

Alexandre Jardin

" Faisons de la France une superpuissance éducative " L’éducation est l’affaire de tous. Ardent défenseur de la langue française et passionné par l’éducation, Alexandre Jardin nous fait part de sa vision de la superpuissance éducative dont il rêve pour la France. Entretien. Propos recueillis par Marie BERNARD et Albert Colson Photos Jeanne BROST


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Alexandre Jardin

RENCONTRE Comment avez-vous pris conscience qu’il y avait un problème dans l’Éducation nationale ? ❚ Au cours du premier trimestre du CP d’un de mes enfants, son insti­tutrice est partie en congé maternité. En six semaines, il a eu quatre remplaçantes. J’ai alors aidé les gamins qui habitaient dans notre rue à faire leurs devoirs. La faiblesse de leur niveau était troublante. Tant qu’on vous parle de statistiques, vous vous en fichez, mais lorsqu’il s’agit d’un gamin qui joue avec le vôtre…

BIOGRAPHIE

” Nous ne pourrons

Alexandre Jardin est le fils de Pascal Jardin, écrivain et scénariste, et le petit-fils de Jean Jardin (1904-1976), homme politique, conseiller de Pierre Laval.

demander un grand réaménagement au monde enseignant que si nous lui proposons une aventure

1985. Écrit à 20 ans son premier roman, intitulé Bille en tête, adapté au cinéma en 1989 par Caro Cotti, avec Kristin Scott Thomas et Danielle Darrieux.

Vous avez réagi tout de suite ? ❚ Au départ, je n’ai pas voulu voir. Beaucoup de bouquins alarmistes étaient publiés. Je regardais leurs auteurs comme des hurluberlus un peu réac, nostalgiques d’une France qui n’a jamais existé. J’ai longtemps pensé que pour fabriquer de l’échec, il fallait de mauvais enseignants, or j’en connaissais beaucoup de bons. Nous avons tous tendance à être lents à voir certaines choses quand elles sont énormes. Je ne pouvais pas imaginer que, collectivement, on ait pu laisser tomber le système aussi bas. Quel fut l’élément déclencheur de votre action militante ? ❚ À l’occasion de la campagne présidentielle, j’ai créé le site commentonfait.fr. J’y ai reçu de très nombreux témoignages d’enseignants. Tous disaient que les enfants ne maîtrisent pas les bases du français à leur entrée en sixième. Il ne s’agissait pas de trois ou quatre témoignages, mais de huit cents. Et puis j’ai vu des cahiers d’élèves de CM2, scolarisés pourtant dans une zone pas particulièrement difficile, qui m’ont désespéré. L’instruction des gamins que j’avais en face de moi avait été ratée. Ils allaient être détruits par le système dès l’année suivante. Ils ne maîtrisaient absolument pas la syntaxe, écrivaient les mots de manière phonétique, ne connaissaient pas la ponctuation, ignoraient la différence entre un nom, un adjectif et un verbe… L’échec scolaire est en passe de gangrener l’avenir de ce pays. Nous avons bien plus de 15 % d’élèves en échec grave. Personne ne connaît les chiffres exacts.

” Un système puissant qui ne fonctionne pas ou très mal broie les bons enseignants

1986. Obtient le prix du Premier Roman pour Bille en tête ainsi que son diplôme de Sciences-Po.

Alexandre Jardin au Procope le 12 février dernier.

Un système éducatif peut-il échouer alors qu’il a de bons enseignants ? ❚ Vous aurez beau être le meilleur prof de français du monde, si l’on vous envoie des gamins qui ne maîtrisent pas la syntaxe, je ne vois pas comment vous pourrez exercer votre talent. Un système puissant qui ne fonctionne pas ou très mal broie les bons enseignants. Toute critique des résultats de l’école est vécue par le professeur comme une remise en cause de son propre travail. On maintient un système qui produit des victimes à n’en plus finir, des profs qui ne sont pas épanouis comment ils le devraient. Que faut-il changer dans les programmes ? ❚ La crise de fond de notre école primaire a des conséquences si désastreuses sur le plan social que l’on ne peut pas s’en tenir au débat sur

les méthodes d’apprentissage. Il va bien falloir que l’on remette totalement à plat les contenus, qu’on les recentre sur les fondamentaux. Renon­çons à dessiner la coupe de la golden tant que les règles de base de l’orthographe ne sont pas acquises. Ceux qui maîtriseront ces règles auront les armes du pouvoir économique, politique, syndical. Si l’on considère que ce n’est pas grave pour les enfants des pauvres, il faut le dire clairement. Cela me met hors de moi. Aux enseignants qui expliquent l’échec de certains élèves par le milieu social dont ils sont issus, je réponds « C’est justement avec ceux-là que l’école n’a pas le droit de transiger ! » Certains profs me disent : « Nous ne pouvons rien faire, le langage texto détruit tout. » Je leur demande pourquoi ils ne portent pas plainte contre les opérateurs de téléphone mobile. Qu’ils mobilisent leurs syndi-

cats ! Au moins, on sera dans l’action plutôt que dans la justification de nos échecs. Arrêtons de nous dire que le problème vient des autres. Qui est responsable ? ❚ Nous tous, les adultes, nous sommes collective­ ment très mal conduits. En tant que citoyens, parents, enseignants, nous avons toléré la mise en place d’un système immoral qui ne fait réussir que les bons élèves et ceux qui sont socialement favorisés. Ce système correspond à la tradition française mais se retourne violemment contre les enfants des milieux populaires. Il reproduit les inégalités sociales, alors que l’intention était inverse. Il ne suffit pas de dire « j’ai une conscience sociale » pour agir. Nous pouvons parfaitement relever ce défi. Nous ne pouvons plus nous permettre l’échec de ces enfants.

1988. Reçoit le prix Fémina pour son roman Le Zèbre, adapté au cinéma par Jean Poiret en 1992 avec Thierry Lhermitte dans le rôle principal. 1999. Crée l'association Lire et faire lire. 2002. Crée l'association Mille Mots, grâce à laquelle des bénévoles retraités interviennent en prison. A été chroniqueur au Figaro et à Nulle Part ailleurs, sur Canal +, avec Philippe Gildas.


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Alexandre Jardin

RENCONTRE gnants prendront d’assaut cette Bastille quand ils comprendront qu’elle les écrase. Nous devons doucement les amener à ce double constat : ce système les écrase et les résultats produits sont immoraux. Que proposez-vous comme objectif de réforme ? ❚ J’aimerais que l’on fasse de la France une superpuissance éducative. Nous ne sommes pas dans une logique de puissance. Nous ne pourrons demander un grand réaménagement au monde enseignant que si nous lui proposons une aventure. Quel est l’enjeu pour les générations futures ? ❚ Notre économie est mondialisée. Ceux qui s’en sortiront sont les enfants qui auront été formidablement bien élevés. Nous pouvions nous accommoder d’un relatif fiasco des jeunes de certains milieux tant que l’économie pouvait les absorber et les employer. Ce n’est plus le cas. L’économie, le marché du travail vont les broyer et les conduire presque automatiquement vers une économie parallèle, alimentée précisément par le fait que des générations arrivent à l’âge adulte sans les compétences pour s’intégrer dans l’économie de surface. Il faut bien qu’ils mangent ! L’égalité des chances, c’est d’amener tout le monde vers une vie décente. Est-ce une question de moyens ? ❚ On remplit le jerricane depuis des décennies tandis que les résultats se tassent. On voit bien que ce n’est pas un problème d’argent. Cela peut-il encore durer longtemps ? ❚ Ces citoyens sans culottes que sont les ensei-

” Il est immoral d’entretenir

un système qui ne fait réussir que les bons élèves et ceux qui sont socialement favorisés

Croyez-vous que la solution puisse venir des responsables politiques ? ❚ Ils ne sont pas très courageux, ils n’aiment pas se prendre des claques. Pourquoi un Grenelle de l’environnement a-t-il été organisé ? Parce que toute la société s’est imprégnée de l’idée que nous avions un problème écologique à régler. Pour l’enseignement, cela va être lent, car toutes les élites ont intérêt à mentir. Dans votre précédent numéro, un ancien ministre de l’Éducation nationale a tenu des propos auxquels il est impossible qu’il croie réellement. Ce double langage devra un jour être éradiqué. Comment jugez-vous l’action du ministre actuel pour réformer l’Éducation nationale ? ❚ Le ministre actuel va faire un excellent boulot, à la marge. J’espère qu’il sera notre dernier ministre à ne pouvoir faire des choses qu’à la

” On rate les enfants

à l’école primaire et on les achève au collège marge. Ces réformes sont bonnes, mais elles ne permettent pas que se profile une superpuissance éducative. Je ne comprends par pourquoi les grandes fédérations professionnelles françaises ne sont pas directement associées à nos programmes et au fonctionnement de l’Éducation nationale. En fin de collège, on donne aux enfants une brochure de l’Onisep et on leur demande ce qu’ils veulent faire dans la vie, voilà toute l’approche qu’on leur propose du monde du travail. Comment, concrètement, initier ce mouvement de réforme profond ? ❚ Les changements se passent mieux lorsqu’ils se font avec une forme d’enthousiasme. J’aimerais que l’on popularise cette idée de faire de ce pays une superpuissance éducative. Cela n’a jamais été intégré à nos programmes politiques. Pour devenir cette superpuissance, nous devrons organiser notre système autrement. Arrêtons de raisonner en déléguant tout à l’Éducation nationale, comme s’il n’y avait pas de ressources ailleurs. Le schéma actuel a pu fonctionner à un certain moment de notre histoire. Je crois qu’il n’est plus valable. En tout cas pas si l’on souhaite construire une société éducative. C’est une folie de croire que l’école va pouvoir se sauver ellemême, la pression exercée sur elle est trop forte. Il n’est pas normal que l’on fasse peser toute la charge de l’éducation sur le monde enseignant. Les gisements de compétences pour développer d’autres apprentissages se trouvent à l’extérieur. Il y a beaucoup d’initiatives, mais elles restent marginales. Il faudra bien que l’innovation arrive, un jour ou l’autre, au cœur du système ! L’un des enjeux de cette société éducative est la valeur ajoutée que va créer un individu et donc le maintien de notre pouvoir d’achat. Si l’on est capable de mobiliser nos ressources et de devenir une superpuissance éducative, on deviendra une superpuissance économique.

BIBLIOGRAPHIE

À quelles solutions pensez-vous pour sortir du marasme ? ❚ Beaucoup d’hypothèses sont envisageables. Ce qui est certain, c’est qu’il faudra rompre avec la tradition française. La question n’est pas « devons-nous rompre ? » mais « quand devons-nous rompre et comment ? » Pour que des politiques aient ce courage, il va falloir que la société s’empare du sujet. Rien ne changera tant que l’on n’aura pas un enseignement qui s’autorégule. Depuis longtemps, le système n’est plus contrôlable. Les inspecteurs n’ont plus aucun pouvoir, ils voient les professeurs tous les cinq ou six ans. Personnellement, je critique très vivement le fait de « fliquer » les méthodes. J’aimerais en revanche que l’on ait une garantie de résultat. Lorsqu’un enseignant a un problème, il faut le sortir du circuit. C’est trop dangereux socialement. On ne peut pas « assassiner » les enfants des milieux populaires ! Comment donner plus d’autonomie aux chefs d’établissement ? ❚ On laisse les associations, les directeurs d’écoles ou de lycées pilotes innover, mais de manière marginale. Dès lors que ces initiatives sont intégrées dans un système qui ne s’autorégule pas, qui ne corrige pas ses défauts, les talents sont neutralisés. Le système éducatif fonctionne comme une chaîne stéréo. Il ne sert à rien d’avoir un ampli et des baffles de qualité si la platine est mauvaise : la qualité du résultat global dépend du maillon le plus faible. Il faut aussi s’appuyer sur des accords nationaux. Il faut donner à cette ambition une impulsion nationale, mais on ne peut pas tout déclencher de Paris. L’Éducation nationale a mis en place un formidable dispositif, celui de « l’école ouverte ». Lorsqu’un établissement est volontaire, il s’ouvre aux enfants pendant les vacances scolaires et parfois le week-end. Il propose alors un travail éducatif différent, auquel les enseignants sont associés.

1986 : Bille en tête 1988 : Le Zèbre (Prix Femina, a été adapté au cinéma par Jean Poiret en 1992) 1992 : Le Petit Sauvage 1992 : Fanfan 1992 : L’Île des gauchers 1996 : Cybermaman ou le voyage extraordinaire au centre d'un ordinateur 1997 : Le Zubial 1999 : Autobiographie d’un amour 2000 : Lire pour vivre 2002 : Mademoiselle Liberté 2002 : 1+1+1… = une révolution 2004 : – Les Coloriés – La Révolte des Coloriés – Le Secret des Coloriés 2005 : – Le Roman des Jardin – Les Méganazes : Dur dur de sortir avec Lola ! – Les Méganazes : Pas de pot pour le chouchou – Les Méganazes : Trop dingue de la maîtresse 2008 : Ce que les femmes m’ont appris


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Alexandre Jardin

RENCONTRE Cette structure pourrait par exemple accueillir des partenariats et des activités socialisantes et intéressantes pour les enfants. Qui doit-on associer au projet ? ❚ Nous devons associer à notre travail éducatif les différents acteurs de la société, les fédérations sportives… Elles renferment des ressources socialisantes, civiques, humaines, pédagogiques. Lorsque vous cherchez à mettre en place un accord national avec l’Éducation nationale, il faut être prêt à tout organiser soi-même. Seulement deux personnes sont chargées des partenariats. Vous réalisez que, fondamentalement, le système n’a pas été conçu pour s’emboîter avec la société. Il a créé un monde parallèle, avec ses règles propres, des enseignants qui ont un mal fou à basculer dans le vrai marché du travail. Lorsqu’ils souhaitent aller s’oxygéner, ils n’y arrivent pas. On ne fera pas une superpuissance en ne s’occupant que des gamins. L’éducation doit devenir un mode de vie. Pour l’instant, nous sommes enfermés dans un schéma selon lequel c’est l’affaire des profs. Le champ de la réflexion est toujours limité à l’enceinte scolaire. La Grande-Bretagne vient de créer un « bac McDo ». Le rôle de l’école est-il de transmettre un savoir ou un savoir-faire ? ❚ Il est absurde de fermer le destin d’un être humain en le formant pour qu’il devienne gérant d’un McDo. En même temps, on voit bien que construire des palissades et ne pas intégrer aux projets éducatifs les forces vives économiques d’un territoire relève de la folie. Il doit bien y avoir un juste milieu entre le bac McDo et le stage d’observation de troisième ou la brochure de l’Onisep. Un bac McDo évacue le sacré. Ce que fait un enseignant qui se penche sur un petit pour essayer de lui faire sauter un obstacle, c’est quand même quelque chose de sacré !

” Je dis à mes fils que s’ils veulent un jour embarquer une fille, il va leur falloir du texte „

” Ceux qui contrôlent la société sont ceux qui ont les mots „ Comment faites-vous pour transmettre à vos propres enfants l’envie de lire ? ❚ Je lis devant eux. Ils me voient palpiter, glousser… Je leur raconte ce que je lis. Je passe beaucoup de temps à partager. Plutôt que d’employer l’impératif, j’accepte de prendre du temps. J’ai aussi tout un discours sur la lecture. Je leur dis que ceux qui contrôlent la société sont ceux qui ont les mots. Ceux qui se font dominer sont ceux qui ne les ont pas. Que ce soit en politique, dans le business ou en amour. Je dis à mes fils que s’ils veulent un jour embarquer une fille, il va leur falloir du texte. Je leur dis aussi que, s’ils sont capables de prendre du plaisir de cette façon, ils seront vraiment très forts. On n’associe pas assez souvent la lecture au mot force. Un garçon, à un moment, a envie d’être fort. Je leur transmets l’idée que la virilité, la force est liée à la lecture. Au cas où ils en douteraient, je leur lis des conférences de presse du général de Gaulle… Quelle est la vocation de votre association Lire et faire lire ? ❚ Nous avons conçu le programme Lire et faire lire comme une petite pierre apportée au système éducatif. Nous nous sommes dit qu’il fallait tabler sur l’alliance entre les enfants et les anciens pour transmettre le plaisir de la lecture. La notion de plaisir est difficile à aborder ou disparaît dans de grands groupes ou des classes trop nombreuses. Nous parions sur ce lien magique intergénérationnel. L’association Lire et faire lire compte actuellement 11 000 bénévoles. Il faudrait que ce pays en ait 100 000.

D’où vous vient cette passion lorsque vous parlez d’éducation ? ❚ Les écoles sont des endroits qui m’émeuvent. On y retrouve cette folie qui consiste à apprendre à d’autres être humains. J’ai la passion de l’égalité. Je suis révolté contre ce système qui, prétendant réduire les inégalités, agit de manière inverse. J’ai envie de le rappeler à ses valeurs. On ne peut pas vouloir le maintenir si l’on croit en l’égalité des chances. Cela m’émeut profondément de me retrouver devant 22 cahiers de gosses qui n’ont qu’une seule chance dans leur vie : l’école. Et puis… tous les grands hommes politiques qui m’ont intéressé ont fait des œuvres éducatives. C’est la partie de la vie politique qui m’intéresse le plus. Les communautés humaines qui ont beaucoup investi dans l’éducation, matériellement ou émotionnellement, sont celles qui s’en sont le mieux sorties. En France, lorsqu’on fait de la politique, on ne se bat pas pour l’éducation. C’est pourtant là que la politique doit être la plus humble. Dans ce domaine, on ne peut pas faire autre chose que d’activer les ressources existantes. Et puis, vous ne pouvez pas aller plus vite que la musique et précéder la demande sociale. Sinon, le peuple ne le comprend pas. Le gros de l’alphabétisation a eu lieu avant la République. Non parce que le pouvoir l’avait décidé, mais parce que le peuple ressentait le besoin que ses enfants sachent lire. Ils sentaient qu’ils s’en sortiraient mieux. La République a ensuite apporté un cadre, une légende. Dans votre dernier roman, vous parlez d’une autre forme de pédagogie : celle des femmes. Quel est le message de cet ouvrage ? ❚ Les rencontres les plus importantes de ma vie étaient avec des femmes qui m’ont désappris ce que je croyais savoir. Finalement, c’est presque

” Ceux qui s’en

sortiront sont les enfants qui auront été formidablement bien élevés

plus important. Lorsqu’on a acquis de l’expérience, il est important de rencontrer des gens qui perturbent notre système de croyances. Sinon, notre pensée s’ossifie, se sédimente. Il me semble que l’on ne reste vivant que si l’on tombe régulièrement sur des personnalités qui font voler en éclats nos certitudes. Je raffole des moments où je suis confronté à des personnes dont les choix de vie déstabilisent ma manière d’être. Cette culture de l’interrogation et du mouvement m’a été transmise par les femmes et non par l’école. C’est une forme de pédagogie adulte. ■

Ecoutez Alexandre Jardin lire un chapitre de son nouvel ouvrage sur le Blog de la rédaction. http:/blog.pedagogies.fr

Son engagement pour transmettre aux enfants le goût de lire Alexandre Jardin est à l’initiative de l’association Lire et Faire Lire. Il l’a co-fondé en 1999. Elle mène une campagne de sensibilisation à la lecture. Il fait aussi partie du comité de soutient avec 120 autres écrivains. Depuis 2005, l’association est agrégée « association nationale de jeunesse et d’éducation populaire » www.lireetfairelire.org


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Des mots qui rapportent gros

FORUM

ado

Une étude réalisée auprès des adolescents a démontré que les victimes du matérialisme sont les enfants ayant une faible estime d’euxmêmes. Avoir une piètre image de soi pousserait donc les ados à se rassurer en consommant des produits et vêtements de marques. À l’avenir, pensez donc à complimenter votre enfant, ça ne coûte rien… Source : Imaginascience

Le sport contre Vous avez dit la déprime pédagogie ? Le secrétaire d’État aux Sports, Bernard

Laporte, a l’intention de contribuer financièrement à la création d’un emploi de thérapeute « soins sports » dans chaque Maison des adolescents. D’après le ministère, le sport « peut être considéré comme aussi efficace que les traitements médicamenteux pour les jeunes présentant des symptômes dépressifs modérés ». Le badminton aussi efficace qu’un anxiolytique ? Source : AFP

55%

des Français ayant entre 16 et 29 ans, considèrent que l’obéissance est une qualité plus importante à développer chez l'enfant que l'indépendance. Ce chiffre est d’autant plus surprenant que ces enfants de soixantehuitards sont les seuls, parmi les 17 pays étudiés, à défendre cette idée. Source : Fondation pour l’innovation politique

Le petit écran, bientôt ringard ?

Selon une enquête de Médiamétrie, un jeune entre 15 et 24 ans sur quatre regarde la télévision sur de nouveaux supports. Regarder le JT sur un ordinateur ou un baladeur, ou encore visionner un film sur son téléphone, comme c’est tendance… Source : AFP

Vous avez usé de toutes les méthodes mais rien à faire, votre enfant reste indomptable ? Envoyez-le en Sibérie ! Depuis le mois de janvier, un délinquant allemand vit dans un village reculé, où il a dû construire ses propres latrines et couper du bois pour se chauffer. Cette expérience permettrait de « le remettre dans le droit chemin et lui apprendre la vie ». Une méthode aux résultats mitigés puisque, il y a quatre ans, un adolescent avait assassiné son accompagnateur en Grèce… Source : AFP

« ishi no ue ni mo san nen » : la persévérance vient à bout de tout

Votre enfant est fan de Dragon Ball ou de Naruto mais ne sait pas tenir un crayon ? Grâce aux Editions First, il va enfin pouvoir créer ses propres personnages ! Dessiner des mangas pour les nuls accompagne l’ado tout au long de son apprentissage. Mouvements, perspectives, etc., l'auteur livre tous les secrets de fabrication d’un véritable manga. Une fois la technique acquise, il ne lui restera plus qu’à trouver les idées !


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FORUM

école

Polémique

Les profs n’aiment pas les renversements de situation. Le SNES (syndicat majoritaire dans les collèges et lycées) et la FSU (majoritaire dans l'Education) ont demandé le retrait pur et simple du site Note2be.com, qui propose aux élèves de noter leurs enseignants. Les parents d’élèves semblent également sceptiques : la FCPE a dénoncé un site « fondé sur la délation, le dénigrement et l'irrespect ». À quand l’évaluation des parents, et de la boulangère ?

Remise à

niveau

Pour celles et ceux qui n’auraient pas suivi les dernières réformes de l’Éducation nationale, petit cours de rattrapage : – « L’organisation réfléchie de la langue » redevient la « grammaire ». Sujets verbes et compléments font enfin leur grand retour. L’enseignement de cette matière se fera désormais de façon rigoureuse et progressive. – Les élèves de primaire présentant des difficultés en français et en mathématiques pourront désormais bénéficier de stages de remise à niveau pendant les vacances scolaires. – Le gouvernement a présenté un plan visant à développer l’éducation artistique et culturelle tout au long du parcours scolaire.

La somnolence des ados

55 % des jeunes de 15-19 ans se sentent somnolents dans la journée au moins une fois par semaine. Nuits trop courtes ou cours soporifiques ? L’étude ne le dit point. Quoi qu’il en soit, ils sont autant à vouloir décaler les horaires de cours d’au moins une heure. Loin de les aider à récupérer, se lever tard le samedi et le dimanche porterait préjudice à une bonne hygiène de sommeil. C’est décidé, désormais il se lèvera au chant du coq, même le week-end ! Source : TNS Sofres

Grève des WC

Odeurs nauséabondes, absence de verrou ou encore manque de propreté : 7,2 % des élèves de CM1 et CM2 n’utilisent jamais les toilettes de leur école. Sachant que la moitié d’entre eux sont demi-pensionnaires, environ 3,6 % des écoliers se retiennent donc toute la journée ! Huit heures d’abstinence qui favorisent infections urinaires et autres constipations. Source : Rapport annuel de l’Observatoire national de la sécurité des établissements (ONS)

Un nouveau cours à l’école ?

Le pen spinning, ça ne vous dit rien ? Cette pratique est pourtant connue de tous les écoliers. La « jonglerie de stylo » consiste à manipuler un crayon avec ses doigts pour effectuer des figures comme le ThumbAround, le FingerPass ou encore le Sonic. La matière n’a pas encore été officiellement reconnue par l’Éducation nationale, mais donne lieu à de véritables prouesses. Pour un petit aperçu de ce que font vos enfants pendant les cours, n’hésitez pas à aller faire un tour à l’adresse suivante : www.youtube.fr (taper : « stylo jongler doigt » dans le moteur de recherche).


22 pédagogies magazine n°8 AVRIL - MAI 2008

famille

FORUM

Si vieille, mais tellement mode !

Les chaussures de votre fille sont un peu usées et cela se comprend : elles appartenaient à sa grand-mère ! Toujours aussi tendance, la Converse fête ses 100 ans. La basket en toile a su séduire et traverser toutes les générations. Grâce à elle, parents, enfants et même petitsenfants ont enfin pu se prêter leurs souliers. À quand les mamies tecktoniks ?

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LE CHIFFRE : sur

Plus d’un homme sur deux avoue user de stratégie pour échapper aux tâches ménagères. « Maman, je t’aime, je peux sécher les cours ? ». Source IPSOS

Halte aux

complexes !

Contrairement aux idées reçues, 56 % des mères au foyer assument totalement leur statut. L’enquête menée par le magazine Parents et TNS Sofres révèle également que 86 % d’entre elles sont satisfaites de leur situation. Seule ombre au tableau : la plupart redoutent l’isolement et 39 % craignent d’être réduites au simple rôle de ménagère. Parce que les pères au foyer font le ménage ? Source : TNS Sofres

Mais que font les papas ?

Selon une étude LH2-Equilibres, 52 % des pères cadres de 30 à 40 ans affirment ne pas disposer de suffisamment de temps pour s'occuper de leurs enfants. Lorsqu’ils ne travaillent pas, la plupart préfèrent jouer et discuter avec leurs bambins (81 %). Il ne faut tout de même pas trop leur en demander, puisque seuls 49 % d’entre eux habillent, lavent ou donnent les repas de leurs enfants. Faudrait pas pousser…

C’est de la balle !

Qui a dit qu’il était interdit de jouer à table ? Certainement pas Artengo ! Le spécialiste des sports de raquettes a inventé le filet de tennis de table portable. Conçu en matière plastique, Rollnet « ne rouille pas » et peut s’utiliser dedans comme dehors. Grâce à ses pinces rétractables, il se fixe partout : sur un bureau ou une table de jardin... En quelques secondes, votre salle à manger se transformera en véritable stade olympique. Une petite partie entre la poire et le fromage ?


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Gare au sel !

C’est bien connu, le sel augmente la rétention PRINTEMPS d’eau. Si en plus la préménopause vient y mettre son grain… de sel, mieux vaut s'abstenir d’en rajouter dans l’assiette ! Évitez donc les charcuteries, les Le nettoyage de printemps est aussi valable aliments en conserve, les dans sa propre vie. L’arrivée des beaux repas tout faits et autres jours peut être l’occasion de diminuer sa préparations saturées consommation de café, thé, coca, alcool ou en chlorure de sodium… cigarettes pour être en meilleure forme. Petite astuce : Profitez aussi du beau temps pour marcher. remplacez le sel par des La randonnée est une excellente activité qui, vécue en famille, permet d’éliminer les toxines épices. Cela relèvera agréablement vos petits mais également la mauvaise humeur et les plats. non-dits. Ne vous privez pas de ce bonheur.

Le grand nettoyage intÉrieur

Le droit d'Être simplement soi

❏ C. Célarié

❏ L. ferrari

❏ c. frot

❏ V. pécresse

❏ m.levy

❏ m. fontenoy ❏ a. duperey

R

espirez. Vous avez le droit de ne pas toujours être disponible. S’obliger à être à la fois super-maman, super-femme, super-épouse et superbusinesswoman est éreintant. Revoyez l’idéal de vous-même auquel vous essayez désespérément de correspondre. Acceptez d’être fatiguée, plus émotive : prenez soin de vous et gardez du temps pour les activités que vous aimez. Si vous sentez qu’un comportement ou une remarque peut produire en vous des réactions excessives, optez pour la fuite stratégique et allez prendre un bain aux huiles essentielles. Votre famille vous en sera reconnaissante.

Chiffre

90 % C’est le taux…

… de femmes qui déclarent connaître au moins l'un des symptômes de la ménopause : bouffées de chaleur et transpiration excessive, insomnies, troubles de l'humeur ou encore rétention d’eau. Un tiers d’entre elles souffriraient même de quatre symptômes au plus.

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FORUM

femme

Conseil


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ÊTRE PARENT

autoriTé : Trouver le ton justE

L'exercice de l'autorité fait partie intégrante de la fonction parentale. Elle seule peut donner des repères aux enfants, leur fixer des limites, les aider à grandir. Impossible d'en faire l'économie. Mais que c'est difficile, pour des parents qui doivent désormais tenir fermement deux fils à la fois, celui de l'ouverture d'un côté et celui de la fermeté de l'autre ! À eux de trouver leur propre voie, alors même que les certitudes d'autrefois ont disparu… Par Christine Murris

Autorité, j'écris ton nom. Je l'écris, je le proclame, je l'invoque… En a-t-on assez parlé, ces derniers temps, de l'autorité, de sa présence indispensable dans les familles, des « repères » dont elle doit jalonner toute éducation, de ses vertus morales, pédagogiques, voire sociales ? L'affaire est désormais entendue : pas de sérénité sans autorité, tout comme il n'y a pas de justice sans loi, pas de société sans ordre, pas d'humanité sans morale…

” Pas de sérénité sans autorité, tout comme il n'y a pas de justice sans loi „

Cause de discorde dans le couple

Sur la théorie, le débat est clos. Mais sur la ­ ratique… Les psychologues le constatent p jour après jour : leurs cabinets sont pleins de ces parents qui se disent débordés par leurs enfants, et tout particulièrement par leurs adolescents. « Je n'y arrive plus… », souffle cette mère désemparée par une adolescente incompréhensible, imprévisible, inaccessible. « Son père, c'est pire, il ne fait rien ! » ajoute-t-elle avec rancune. En quelques mots, tout est dit. Les tensions sont là, permanentes, entre parents et enfants et, par ricochet, au sein du couple. Les unes se nourrissant des autres. Et lorsque les grands-parents s'en mêlent – ces indulgents de la dernière heure qui furent souvent les plus stricts de la première… –, cela ne fait qu'ajouter de l'huile sur le feu.


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autorité...

ÊTRE PARENT

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” L'idée que la parentalité est moins une question d'autorité que d'amour a désormais prévalu

Les effets redoutés

Le scénario est comme écrit d'avance : mauvais résultats scolaires, horaires de sortie non maîtrisés, écrans de jeux ou de télévision envahissants… À l'expression de la désapprobation, éventuellement de l'interdit ou de la sanction parentales, répondent la colère, voire l'insulte ou la haine. Le parent resté en retrait, sommé de prendre position pour l'une ou l'autre des « parties », soutient son conjoint, rajoutant du conflit au conflit ou, pire, entre en coalition avec l'adolescent, créant une tension supplémentaire. À court ou à moyen terme, rien – les résultats scolaires, les sorties, l'accession à l'un ou l'autre des écrans de la maison… – ne s'arrange vraiment. Frustration, impuissance, rancœurs, culpabilité… Les « effets secondaires nocifs » de la difficulté que rencontrent les parents d'aujourd'hui à exercer une indispensable autorité sont à la fois connus et ravageurs…

Le prix des hésitations

Est-ce d’aujourd'hui ? « Oui ! », s'exclame Daniel Coum, psychologue clinicien et directeur de Parentel, une association d'écoute des parents en Bretagne. « Autrefois, il y avait le Père, le Maître d'école, le Curé… Autant de figures traditionnelles de l'autorité aujourd'hui disqualifiées. L'idée que la parentalité est moins une question d'autorité que d'amour a désormais prévalu. Résultat : tout en sachant que leur enfant a besoin d'être confronté aux limites autant qu'à l'amour, les parents hésitent et ont du mal à tenir ces deux fils à la fois. Ils font ensuite les frais de leurs hésitations. »

” S'opposer à leurs désirs, c'est s'exposer à les décevoir „

l'Abandon de poste ravageur

Les psychologues constatent d'ailleurs que les parents les plus démunis, paradoxalement, sont souvent ceux qui ont eux-mêmes grandi dans des familles traditionnelles où l'autorité était une valeur forte. « Dans les familles maghrébines ou africaines, les pères se sentent tota-

lement décalés avec les valeurs supposées de leur société d'accueil. Ils ont alors tendance à renoncer, baissant les bras tant ils se sentent isolés et déconsidérés. Ils laissent finalement le champ libre à leurs adolescents, alors même que ce fonctionnement ne leur semble pas du tout le bon », constate Patrice Huerre, psychologue. Raisonnement sous-jacent : mes valeurs traditionnelles et les méthodes de mes pères – pas de discussion, châtiments corporels, etc. – ne sont manifestement pas les bonnes. Si cette société sait mieux faire, alors, qu'elle s'occupe de tout ! Un « abandon de poste » qui, lui aussi, fait des ravages.

Nous voulons qu’ils nous aiment !

Être parent sur le registre d'une autorité rigoureusement assumée est donc bien difficile. L'être sur le registre de l'amour ne l'est pas moins ! Soucieux de faire plaisir, nous avons bien du mal à assumer le ressentiment inévitable de l'enfant soumis à la contrainte et à l'interdit. « C'est tout simple, on a envie d'être aimé de ses enfants ! », s'exclame Anne Bacus, psychologue. « S'opposer à leurs désirs, c'est s'exposer à les décevoir, à recevoir un retour violent, haineux… Quand on rêve d'harmonie familiale, c'est dur ! » À ce parent qui aspirait à l'entente parfaite, qui, en voulant faire plaisir à son enfant lui demandait aussi de répondre à son propre désir de gratitude, reviennent la rage et le refus comme un brutal boomerang… On ne le savait déjà que trop : avec l'enfance, l'amour inconditionnel porté aux parents s'est évaporé, laissant la place au jugement, puis aux rancunes. L'épée de Damoclès s'alourdit : « Et s'il ne m'aimait plus, pour de bon ? »

Une responsabilité qui nous incombe

Nous savons bien qu'il est de notre responsa­ bilité, au bout du compte, d'assumer le pouvoir qui nous est venu en même temps que notre enfant. La fonction parentale même nous oblige : il nous faut savoir coûte que coûte user de notre autorité. Ni trop – ce serait un abus de pouvoir – ni trop peu – ce serait une démission –. N'est-ce pas nous, du reste, que l'on appellera, que l'on sanctionnera éventuellement, si notre enfant est pris la main dans le sac, fumant du

” Tout se passe comme si, aujourd'hui, obliger et sanctionner, c'était être maltraitant et violent

cannabis ou buvant de l'alcool, se livrant d'une façon ou d'une autre à l'une de ces activités que nous n’aurions pas su prévenir ? Christelle se souvient avec horreur du scénario catastrophe qui s'est déroulé chez elle, sans qu'elle trouve, à aucun moment, la clé de cette porte fermée, tout en cris et en fureur, qu'était devenu Julien, son fils adolescent : « Le problème a vraiment commencé lorsqu'il a eu 13 ans. Échec scolaire, sorties incontrôlables, prise répétée et intensive de drogue douce. Évidemment, des arrestations multiples ont suivi. Et le pire de tout : un enfant devenu un étranger hostile et refusant tout contact. Nous avions l'impression de n'avoir aucune prise sur lui, quoi que l'on fasse. Bien sûr, il y a eu la colère : on se dit dans ces cas-là des choses terribles. Et puis la peur, peur pour lui, peur de ne rien maîtriser, a fortiori alors que tout semblait aller crescendo. Tout nous échappait… »

À nous de juger

Julien s'est un beau jour tiré d'affaire, semblet-il en trouvant une dernière chance scolaire dans l'alternance, passant ainsi à une forme d'autonomie et de responsabilité, au moment où ses parents – tout en ne l'abandonnant jamais – lui ont dit de se débrouiller seul. Une sorte de miracle. De cette terrible expérience, Christelle et Philippe retiennent surtout l'effroi de leur propre impuissance. Car qui pouvait vraiment les aider ? Le reste de la famille ? Elle est tout autant impuissante et s'éloigne prudemment, craignant même, semble-t-il, la contagion… Les collègues de travail ? Ils murmurent : « N'y a-t-il pas, au fond, de la faute des parents ? » Où trouver secours ? D'abord, bien sûr, auprès des professionnels de l'enfance et de l'adolescence. « Les parents ont un point de vue sur l'autorité, un projet éducatif souvent. Mais ils sont désemparés, attendent des feux verts. Il nous faut légitimer ce qu'ils pensent, les rassurer… », souligne Patrice Huerre.

l'enfant est un être à part entière Claude Halmos Psychanalyste Pourquoi le problème de l'autorité parentale se pose-t-il aujourd'hui plus qu'hier ? Les parents ont une image fausse de l'autorité. Mais 68 a fichu en l'air l'autoritarisme d'autrefois, et c'est une bonne chose. Mais, comme à la suite de toute révolution positive, il y a eu des dérives. Et de cette nécessaire évolution, la société a conclu que l'autorité, c'était la répression. Très symptomatique à cet égard, la fréquente confusion entre « autorité » et « autoritaire »… Seconde cause des difficultés : une mauvaise lecture de Françoise Dolto et une perversion de son message. En disant que l'enfant est un être à part entière mais qui est en construction, elle a prôné l'articulation du respect et de l'autorité. Comme c'est très difficile, on a négligé le deuxième terme. Les parents ont une peur bleue de ne plus être aimés, que l'enfant pense qu'il n'est plus aimé, de brider sa créativité, etc. Tout se passe comme si, aujourd'hui, obliger et sanctionner, c'était être maltraitant et violent. Une confusion grave et dangereuse. Les conséquences des difficultés des parents sont-elles si graves ? En matière d'éducation, c'est derrière les « petites choses » de la vie que se disent les « grandes choses » : le respect

de l'autre, l'interdit de l'inceste, etc. À l'échelle sociale, l'absence de repères fait des enfants malheureux et génère de la délinquance. C'est donc un échec individuel et social. Et des idéologues malintentionnés en tirent des conclusions graves elles aussi, comme par exemple qu'il y aurait des délinquants-nés. Des politiques ont soutenu cela et des scientifiques de l'Inserm ont apporté leur caution. Il a été dit aussi du même coup que la justice des mineurs devait être remise en question ! C'est contre tout cela que mes livres sont des livres de combat… Comment trouver le moyen de poser des limites « justes » ? Il existe bien une autorité qui n'est plus celle d'autrefois, qui n'exige pas la soumission. Elle demande le respect d'une règle que l'adulte lui-même respecte. Enfants, adolescents et adultes sont égaux devant cette règle. Ce n'est pas la loi du plus fort. D'ailleurs, les enfants ne s'y trompent pas : ils ne prendront jamais une punition juste pour une punition injuste. L'autorité naturelle, cela n'existe pas ; c'est seulement la conviction que le propos est légitime qui lui donne sa force. Il y a un « truc » simple pour savoir où est l'autorité juste qui énonce une limite légitime : on n'est jamais injuste quand on demande ce que tout un chacun exigerait en pareille circonstance. Je m'explique : il pleut. Vous exigez que votre enfant porte un imperméable, c'est ce que tout le monde ferait. Vous exigez qu'il porte un imperméable à pois verts car vous aimez ce motif, c'est une lubie et c'est arbitraire. La même autorité juste s'applique aux adolescents. Ses parents doivent reconnaître qu'il a grandi, qu'il est devenu apte à se conduire. Mais cette conduite doit, pour un temps encore, rester « accompagnée ».


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Pour aller plus loin

Trois voies à explorer

autorité...

ÊTRE PARENT

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Faites appel au soutien des professionnels de l'adolescence. Si vous avez du mal à exercer votre autorité, ce n'est pas parce que vous n'avez pas de savoir-faire éducatif. Peut-être manquez-vous juste de confiance en vous. Les professionnels vous aideront à valider vos intuitions et à mettre sur pied vos propres solutions.

L'autorité pourquoi, comment, de la petite enfance à l'adolescence, Anne Bacus, 286 pages, Éditions Marabout, 8 euros.

L'autorité expliquée aux parents, Entretiens avec Hélène Mathieu, Claude Halmos, 168 pages, Éditions Nil, 18 euros.

Je m'en fiche, j'irai quand même ! Quelle autorité avec un adolescent ?, Patrice Huerre et Anne Lamy, 146 pages, Éditions Albin Michel, 8 euros.

Que veut dire être parent aujourd'hui ?, ouvrage collectif rédigé sous la direction de Daniel Coum, psychologue clinicien et directeur de Parentel, 200 pages, Éditions Érès, parution avril 2008, 20 euros.

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Une fois que vous comprenez comment agir, à vous d'élaborer quelques règles simples pour débloquer les situations jusqu'ici sans issue : des règles qui aident l'enfant à grandir dans une société où il ne peut être roi…

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Nul ne dispose de baguette magique, il faut en prendre son parti… C'est en faisant son deuil d'un idéal impossible que l'on apprivoise le réel et que l'on apprend à se faire confiance. D'autant qu'avec un enfant, rien n'est définitif. On peut toujours redresser la barre.

se laisser rassurer

Les parents doivent ainsi rencontrer des gens qui soutiennent leur position parentale. Sachant que, une fois assurés qu'ils sont des parents à la fois aimants et porteurs de règles « raisonnables » et non arbitraires, les professionnels de l'adolescence ne feront guère que les renvoyer à leur responsabilité : « C'est à vous de juger de ce qu'il faut faire, il n'y a pas de recettes toutes faites », disent peu ou prou les psychologues aux parents en mal d'autorité. De toute façon, rappelle Daniel Coum, « la restauration pure et simple des règles d'autrefois est impossible. Les parents veulent avant tout aujourd'hui assurer l'épanouissement de leur enfant, et c'est très bien comme ça ! »

” C'est un signe de

respect de l'enfant que de ne pas vouloir l'abandonner

les protéger avant tout

L'amour manifesté aujourd'hui aux enfants et le souci d'un échange respectueux sont avant tout

un progrès. Le prétendu âge d'or de l'autorité d'autrefois est sans retour, le passé familial lui aussi dort dans les albums photos. Nous devons faire notre deuil de l'amour sans condition du petit enfant, qui s'est dissous dans l'adolescence. « Et garder à l'esprit que faire montre d'autorité, c'est d'abord protéger », rappelle Patrice Huerre. « C'est un signe de respect de l'enfant que de ne pas vouloir l'abandonner. Ils le sentent en général fort bien, considérant même que " Si les parents ne disent jamais stop, c'est qu'ils s'en fichent ! " » Ne reste plus alors qu'à affronter fermement l'éventuel conflit…

Adapter les règles

Pauvres parents équilibristes, tenus de s'arrimer à la fermeté autant qu'à la tolérance et à l'ouverture ! Une position délicate, qui impose de ne pas en demander trop : « Il faut peu de règles, mais bien choisies et adaptées à ceux auxquels elles s'appliquent », insiste Anne Bacus. S'il est bon de se coucher à 21 heures à 10 ans, il serait le plus souvent abusif d'exiger qu'il en aille de même à 16 ans, à l'âge où l'on a tout avantage à lire passionnément dans son lit, et même à sortir

parfois au cinéma ou au théâtre… L'autorité juste n'a rien à voir avec l'arbitraire ou avec les lubies des « tyrans autoritaires » qui sévissaient autrefois. Elle énonce des demandes mesurées et légitimes, qui sont des règles communes s'appliquant à tout le monde. Ainsi parents et enfants se couchent-ils le soir pour être à même de faire leur travail le lendemain…

Exiger dans la durée

Les règles adoptées doivent également être constantes : que vaudraient en effet des injonctions qui changeraient d'un jour à l'autre, en fonction de l'humeur, du temps qu'il fait, du bon vouloir des uns ou des autres ? Bien choisies et continues, les règles doivent encore être appliquées et leur non-respect sanctionné… Par exemple, l'argent de poche est fait pour être sérieusement compté ! Quant à la liste des cadeaux de Noël, elle n'est pas due de bout en bout si le bulletin du premier trimestre a été calamiteux. Il n'y aurait d'ailleurs aucune pertinence – et les enfants ont une grande clairvoyance pour détecter nos incohérences ! – à énoncer des règles sans se donner aucun moyen

de les voir respecter.

Oublier les clichés

Et enfin, enfin… vogue la galère ! La famille idéale, celle des téléfilms américains où règnent la concorde et la gaité, où tous les personnages sont intelligents et charmeurs, toujours aimants, taquins juste ce qu'il faut, n'est qu'une chimère cathodique. Les familles réelles ne ressemblent en rien à ces montages de carton-­pâte. On n'y est pas toujours poli, ni joli, ni efficace. On s'y époumone sans succès, on s'y répète jusqu'à bégayer, on s'y trompe aussi, et à tout âge… L'avantage, c'est que le scénario n'y est pas écrit d'avance : on peut faire des erreurs et puis les réparer et redresser la barre. Entre ces libertés individuelles – parents, adolescents et jeunes adultes – qui cohabitent, ici et maintenant, l'histoire, la vraie, est forcément faite de bruits et de tumultes… ■

” Il faut peu de

règles, mais bien choisies et adaptées à ceux auxquelles elles s'appliquent


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MOI ET MON ADO

Téléphone portable

Éduquez-le ! En France, 83 % des adolescents sont équipés d’un téléphone portable. Comme toute nouvelle technologie, le mobile présente de nombreux avantages, mais nécessite un apprentissage. Voici comment aider votre ado à passer le cap du portable-doudou. par Florence PERCEVAUT


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téléphone : éduquez-le !

MOI ET MON ADO

” Un ado a besoin

de se retrouver seul avec lui-même pour se construire

Conseils à transmettre aux ados

3 questions à… Miguel Benasayag

Auteur de Plus jamais seul, le phénomène du portable (Bayard).

Dominique Picard

Auteur de Politesse, savoirvivre et relations sociales (Que sais-je ?, chez PUF).

Il est complètement accro Facture de téléphone insensée, oreille collée en permanence au mobile, SMS envoyés de jour comme de nuit… Votre enfant ne fait preuve d'aucune modération dans l’usage de son téléphone et cela vous insupporte. L’équipement des Français en mobiles est relativement récent et explique le manque de modération ou de politesse dont nous sommes tous coupables. Parents, à vous d’aider votre enfant à appliquer les principes que vous lui avez inculqués, dans sa vie comme dans le domaine de la téléphonie mobile. Qui sait, peut-être est-ce l’occasion de glaner quelques conseils pour votre propre compte…

… Proposez-lui une cure de désinto ! À travers l’utilisation fréquente de son mobile, votre adolescent cherche à rester en permanente connecté à son réseau d’amis. Il se sent une liberté supplémentaire lorsqu’il s’extrait des contraintes de temps et de lieu que représentent les heures de présence au collège ou au lycée, les moments creux de la journée ou les repas de famille. Proposez-lui une cure de désintoxication de portable pour l’aider à redécouvrir la vraie liberté. Celle de ne pas s’inquiéter en permanence de savoir si son téléphone a sonné ou manque de batterie. Celle de vivre pleinement l’ici et le maintenant pour goûter au moment présent ou chercher à l’améliorer.

En classe, au cinéma, au théâtre, au restaurant, lorsqu’on partage une activité avec d’autres, on éteint son téléphone. Il est profondément incorrect de répondre au téléphone ou de regarder un message en présence de ceux que l’on doit respecter, comme ses professeurs ou ses grands-parents. Cela revient à dire « Je suis là, mais je préférerais être ailleurs ». Entre amis, c’est différent. L’usage du téléphone portable est totalement admis, on peut regarder un message. Mais si l’on se trouve avec un copain qui nous confie ses problèmes ou ses joies, lui montrer qu’il passe après le reste peut être blessant pour lui. Être ami avec quelqu’un, c’est lui accorder de l’attention. Dans les transports en commun, on se met en mode vibreur pour ne pas irriter les autres avec sa sonnerie. Si l’on choisit de répondre, on chuchote, on reste discret. C’est une question de respect : on doit laisser à chacun la possibilité d’avoir l’activité qui lui plaît, comme lire, parler avec son voisin, dormir… En public, on ne se comporte pas comme on se comporte en privé. On ne parle pas au téléphone de sujets qui peuvent être personnels. Autrement, on se montre à nu et on se ridiculise. On n’oublie jamais que l’on est écouté et on n’étale pas sa vie devant les autres, par respect pour eux et pour soi-même.

Il ne sait plus écrire français « Slt maman, tu pe venir me cherché 2m1 » pour « Salut maman, peux-tu venir me chercher demain ? » Ou comment saccager la langue française en quelques pressions sur les touches de son clavier. Votre enfant vous soutient qu’il n’utilise le langage texto que par souci d’économie et que cela n’a aucune incidence sur sa manière d’écrire. Il n’empêche, sa dernière copie de français était truffée de fautes d’accord. Un « kil » s’est même glissé par inadvertance au beau milieu d’une citation de Racine. De quoi en perdre… votre latin.

… Inversez ses habitudes De même que le fait de lire régulièrement lui permet d’enrichir son vocabulaire, la lecture et l’écriture fréquente de mots mal orthographiés peut l’induire en erreur. Expliquez-lui que son cerveau « photographie » les fautes et qu’il risque de les reproduire lorsqu’il se retrouvera dans des situations de stress ou d’urgence. Exigez, au moins pour les messages qu’il vous adresse, qu’il respecte les usages de la langue française. C’est une question de respect et de cohérence : on n’écrit pas pour soi mais pour se faire comprendre des autres.

Quel est le principal danger du portable pour les jeunes ? Il les empêche de se fortifier. L’adolescent, être humain en devenir, a besoin de se confronter à sa solitude. Le portable crée une communication permanente qui empêche le rapport d’introspection. Il ne permet pas de prendre des décisions seul ou de prendre des risques. Il masque une angoisse existentielle nécessaire à la vie et empêche de la résoudre. Cela produit des générations d’individus qui, lorsqu’ils ne sont plus branchés, paniquent. Le portable a-t-il permis de renforcer les liens entre les personnes ? La démultiplication de la communication tous azimuts ne signifie pas que l’on a soudain plus de choses à se dire. Elle représente plutôt un obstacle à la création de liens. Les liens ne peuvent jamais se réduire à la seule communication verbale. Ils doivent être fondés aussi sur la présence, sur le silence. Sinon ils deviennent moins réels, moins profonds et moins complexes. Parce que le portable est pratique et agréable, on perçoit les avantages qu’il apporte, on ne réalise pas ce que l’on perd. Que dire des adolescents qui se laissent capter par leur mobile ? Avec un portable, les contraintes de lieu disparaissent. Lorsqu’on se balade dans la rue, à la campagne, la priorité donnée à la communication mène à l’effacement du lieu. Cela a tendance à censurer le mécanisme perceptif. Notre attention est concentrée sur ces réseaux communicants. La priorité que l’on donne à la communication nous empêche d’adopter une série de mécanismes d’accommodation à la réalité.

Les temps ont changé... Autrefois, on était privé de dessert. Aujourd’hui, la menace est de se voir confisqué son téléphone portable. Une équipe de chercheurs suédois et américains a prouvé que les radiations émises par les portables pouvaient provoquer des insomnies et retarder l'entrée dans le sommeil profond. Ayant particulièrement besoin de dormir, les ados sont donc les plus vulnérables. Peu importent ses protestations, exit le téléphone sur la table de nuit ! S’il y a une urgence, qu’il utilise le fixe…


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Des consommateurs très convoités

téléphone : éduquez-le !

MOI ET MON ADO

Florence DourouxChatellier directrice marketing chez Nokia

Il voit son téléphone comme un accessoire de mode Pour les adolescents, le portable n’est pas unique­ ment un objet utile et pratique. Ce petit boîtier est aussi à leurs yeux un accessoire de mode. Ils le personnalisent avec de petits bijoux ou pendentifs spécialement conçus, le comparent

avec ceux de leurs amis et le posent bien en vue sur les tables. Ne vous étonnez pas, dès lors, s’il vous réclame un mobile plus tendance (« qui fasse moins pitié », vous dira-t-il) proposant plus de fonctionnalités que son téléphone actuel.

… Aidez-le à identifier la source de son désir Votre enfant exige toujours plus de nouveauté parce qu’il y est poussé. Grâce à ses dépassements de forfait par exemple, il cumule des points qui lui permettent de changer de portable et d’opter pour le dernier modèle à moindre coût. Gardez à l’esprit qu’il est la cible d’un vaste plan de communication visant à le fidéliser. Aidez-le

à comprendre quand et comment naissent ses désirs et à développer son sens critique vis-àvis de la publicité et des offres promotionnelles. Permettez-lui de garder les pieds sur terre et imposez, par exemple, une règle : on ne rachète un mobile que lorsque le précédent ne fonctionne plus.

Il explose son forfait… et votre budget Chaque mois, la même scène se répète. Vous ouvrez la facture de téléphone d’une main tremblante, manquez de vous étouffer en lisant le montant qui vous est prélevé, puis foncez dans la chambre de votre ado et menacez de le priver de portable jusqu’à ses 18 ans. De son côté, il

vous promet de ne plus récidiver. Le mobile est censé améliorer la communication… sous votre toit, il a plutôt tendance à la compliquer. À croire que votre enfant ne s’intéresse qu’aux potins de ses amis et n’a que faire de l’équilibre relationnel et budgétaire de la famille.

… Responsabilisez-le En matière de dépassement de crédit, les actes sont souvent bien plus efficaces que les discours. Inutile d’exiger qu’il limite ses heures de communication : demandez-lui plutôt d’assumer ses excès et de payer luimême ses dépassements de forfait ou les cartes prépayées supplémentaires. C’est le meilleur moyen

d’éliminer une source de tension et de l’aider à se responsabiliser. Il apprendra ainsi à se fixer des limites, à se renseigner auprès de son opérateur pour choisir le forfait le plus adapté ou à gagner davantage d’argent de poche en faisant des petits boulots. Un moyen idéal de l’aider à grandir !

Les jeunes nous intéressent car ils nous renseignent sur la tendance, les usages, les modes. Ils sont très influents, prescrivent les achats à leur entourage, Pour connaître leurs goûts, nous menons de grandes enquêtes au niveau mondial, que nous actualisons régulièrement et affinons par tranche d’âge. Après avoir mesuré leurs préférences en terme d’usage, nous vérifions que notre campagne est bien ciblée à l’aide d’échantillons de jeunes rémunérés pour être interrogés. La musique est l’une de leurs premières attractions. Ils la partagent, se l’échangent. En proposant des mobiles avec de la musique et des technologies multimedia, nous mettons l’accent sur des offres qui leur parlent. Comme nous avons affaire à une cible très volatile, qui consomme tous les médias en même temps, nous observons aussi les comportements des jeunes avec Internet, les jeux vidéo… Nous faisons en sorte d’être présents sur leurs différentes activités. Nous nous rendons présents là où ils sont, en menant des opérations de street-marketing, en œuvrant sur des événements locaux comme des concerts, des battles de Tecktonik, en créant des plates-formes web. Nous instaurons un dialogue direct par SMS avec tous ceux qui possèdent un Nokia pour leur expliquer comment tirer le meilleur parti des fonctionnalités de leur téléphone. Notre stratégie est de rendre disponibles des accès à Internet avec le mobile. Aujourd’hui, le jeune fait tout en même temps. Dans sa chambre, il allume la télé, son ordinateur, surfe sur Internet, écoute de la musique avec son iPod et téléphone avec son portable. Demain, il pourra faire tout cela à partir de son mobile.


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� Olivier Revol Olivier Revol est pédopsychiatre, chef du service de neuropsychologie de l’enfant à l’hôpital neurologique de Lyon, responsable du Centre de référence des troubles d’apprentissage. Il est l’auteur de nombreuses publications scientifiques sur les difficultés scolaires et de Même pas grave ! L’échec scolaire, ça se soigne, chez JC Lattès.

Je savais tout, mais j'ai fait n'importe quoi. Tout se mélangeait dans ma tête. Je ne passerais jamais en seconde si ça continue. Trop marre d'être stressé. Ultime épreuve pour Timothée : expliquer à ses professeurs que stress ne rime pas avec paresse… De la peur de ne pas savoir la leçon du jour au refus total de se rendre à l’école, le stress de l’ado se décline sous toutes ses formes. Toutes ne sont pas graves, loin s’en faut. L’adolescence est de toute façon pour tous ceux qui la vivent une période stressante. L’adolescent (« du latin adulescens : celui qui grandit ») est particuliè­rement vulnérable. Il est confronté à de nom­­breux changements dont il n’a pas le con­trôle : nos­talgie de l’enfance, transformation de son corps, modifications de sa pensée… Et le carnet scolaire, comme une cerise sur un gâteau déjà bien garni ! Toutes les conditions sont réunies pour créer ce stress (qui en anglais signifie « contrainte »), déclenché par l’impression désagréable de ne plus rien contrôler, de perdre la maîtrise… Tous les enfants ne sont pas égaux face au stress. À chacun son tempérament, souvent déjà repéré dans les petites classes, à travers de petits signes révélateurs : anxiété de séparation en maternelle, ongles rongés en primaire, peur d’être interrogé à l’oral jusqu’au bac ! Chaque enfant va ainsi montrer ses capacités à faire face à un changement de situation, à encaisser ces modifications physiologiques (accélération du cœur, oppression respiratoire, sueurs…) qui surviennent toujours dans les moments les plus délicats. Mais cette réaction instinctive, héritée de nos ancêtres chasseurs (préparant la fuite ou le combat en cas de danger), est parfois bien utile pour mobiliser toutes nos énergies. Rien ne vaut une petite dose de stress pour rester vigilant, anticiper les erreurs, accepter de se relire et rechercher la perfection. Tout est question de dosage entre le bon stress, qui stimule et pousse à l’excellence, et le mauvais stress, qui bloque et entrave les compétences. Pas de quoi en faire une maladie ! ■

chronique

Stress story

MOI ET MON ADO

” Tous les enfants ne sont pas égaux face au stress „


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tribu

MOI ET MON ADO

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Ollie, flip, grab, slide : figures consistant à sauter, faire tourner son skate, saisir sa planche avec ses mains ou glisser sur un rail. Poseur : se dit de quelqu’un qui a adopté le style vestimentaire du skateur, mais pas sa pratique.

Alain Loret

Directeur de la Faculté des sciences, du sport et de l’EPS de Rouen. Auteur de Glisse urbaine, aux éditions Autrement.

Sk8 : moyen simple d’écrire skate en langage texto. Tony Hawk : leur idole. Devenu professionnel à 11 ans, ce skateur donne son nom à plusieurs jeux vidéo, dont la série des Tony Hawk’s Pro Skater.

« Ils laissent pantois leur professeur d’EPS »

À voir :

Les Seigneurs de Dogtown, de Catherine Hardwicke. Leur référence cinématographique. Le film retrace la vie et l’évolution des tout premiers skateurs dans les années 70. (En DVD chez GCTHV.)

Un ado qui se lance dans le skate se positionne contre son professeur d’EPS,

GÉNÉRATION

skateur

Skateurs : petits êtres cool, bruyants et insoumis. Voici de quoi comprendre et élever ces rebelles à roulettes. Florence PERCEVAUT

Origine

Le skateur descend du surfeur. En 1961, deux surfeurs américains en manque de vagues ont l’idée d’installer des roulettes sur une petite planche : c’est ainsi que le skate-board est né. Dans les années 80, sa pratique dans la rue le rend populaire auprès des autres jeunes privilégiant l’aspect urbain du sport : le skate devient un moyen de détente et de rencontre avant tout. Aujourd’hui, les skateurs se jouent des valeurs sportives traditionnelles et privilégient le

progrès à la performance, la sensation à la prestation. En skate comme dans la vie, le style et le fun priment.

Signes particuliers

Le skateur est un mammifère appartenant à la famille des « riders » comme les snow-boardeurs ou les adeptes du roller. Il se reconnaît à ses cheveux ébouriffés, son pantalon large porté bas sur les hanches et laissant apparaître son caleçon. Parfaitement adapté au milieu urbain,

il migre de sa maison à son établissement scolaire avec une planche à roulettes collée sous les pieds ou fourrée sous le bras. Cool et indépendant, le skateur a un côté jamais stressé qui peut faire de lui un être à la fois très attachant et profondément irritant – surtout pour ses professeurs et ses parents.

Apparence

Le skateur aime désarçonner son entourage en mettant des T-shirts courts par-dessus ses manches longues, en laçant ses gros lacets derrière la languette de ses chaussures ou encore en portant des casquettes sans visière. Durant la saison froide, il revêt des sweats à capuche et des bonnets Quicksilver. Sa tenue vestimentaire est le reflet de sa pratique de rider. Ses manchettes en éponge lui servent à s’essuyer le front entre deux frayeurs, ses vêtements amples à faciliter ses mouvements et les déchirures de ses baggy traduisent la dangerosité de son mode de vie.

Habitat

Plus que son milieu naturel, la ville est son terrain de jeu – au grand dam des autorités

contre la discipline scolaire. Il a la volonté d’apprendre seul, sans passer par les canons habituels de l’apprentissage scolaire. Il cherche à acquérir un savoirfaire plutôt qu’un savoir, à construire sa propre gestuelle, et à faire de l’autre son partenaire plutôt que son adversaire. Les skateurs développent une motricité incroyablement riche. Ils produisent une activité physique et acquièrent une expertise qui laissent pantois leurs enseignants d’EPS. Ce qui surprend le plus est l’étonnante détermination dont font preuve ces adolescents pour apprendre

locales. Trottoirs, escaliers, rampes et bacs à plantes sont autant d’occasions d’améliorer ses tricks (figures). Très joueur, le skater adolescent est capable d’enchaîner chute sur chute pendant des heures pour « rentrer » un nouveau trick et améliorer son style. On trouve également des skateurs dans les réserves naturelles que sont les skate-parcs. Les modules sur lesquels ils roulent, glissent et sautent avec fracas sont une reproduction du mobilier de leur habitat naturel.

Régime

Le skateur se nourrit essentiellement de ham­ burgers, sodas, pizzas, ou toute nourriture susceptible d’être ingurgitée à la va-vite et sous le regard désapprobateur des adultes. Il consomme également une quantité non négligeable de musique rebelle et rythmée telle que le rap, le hard-rock, le hip-hop ou le punk. Le skateur connaît bien les groupes tels que Korn, Slipknot, Placebo, Linkin Park ou Rammstein, mais il reste capable d’une relative ouverture musicale. Bières et cigarettes ne sont pas exclues de son régime, sa pratique étant à ses yeux plus artistique que sportive. ■

seuls par essais et erreurs. Il n’est pas impossible de penser que certains ne montreraient pas une telle ardeur dans un cadre scolaire. Reste que ce sport de mise en scène présente des inconvénients, comme la prise de risque inconsidérée. L’accidentologie du skate pratiqué de manière autonome, hors encadrement pédagogique, est très élevée. Pour pouvoir frimer, les jeunes skateurs utilisent des combinaisons «vitesse-décollage» dont la valeur peut très vite dépasser leurs capacités techniques. Capter le regard des autres n’est donc pas sans danger.

Le skateur en bref Ses valeurs L’indépendance et la pugnacité.

Ses excès potentiels Le flirt avec l’illégalité, la cool-attitude tournant à l’indifférence générale.

Conseil Sur www.sk8.net les skateurs s’échangent des conseils de sécurité (qui passeront bien mieux que les vôtres).


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micro-trottoir

MOI ET MON ADO

Dans ma famille,

le tabou c’est… Vous pensiez que chez vous, en famille, on parlait de tout ? Peut-être votre enfant manque-t-il en fait de confiance pour aborder l'un de ces sujets... textes Florence PERCEVAUT - Photos Pauline Schatz

Jean, 12 ans

Lilya, 15 ans

Sarra, 13 ans

« C’est principalement de ma faute si le sujet est tabou dans ma famille. Je n’aime pas parler de mes mauvaises notes avec mes parents. Dès qu’ils abordent le sujet, je m’éclipse discrètement dans ma chambre ou je change de conversation. Je trouve que c’est un sujet trop personnel. Avoir de mauvais résultats scolaires remet en cause ma valeur morale, je me sens dévalorisé par rapport à tout le monde. En plus, j’ai peur d’être puni, en étant privé de téléphone portable par exemple. Avoir de mauvaises notes m’inquiète aussi sur le fait de ne pas avoir un bon métier plus tard.»

« Je ne parle jamais de sexualité avec mes parents. Ils ne sont pas très ou­ verts sur ce sujet, cela les gêne. S’il y a une scène d’amour dans un film qu’on regarde à la télé, ils changent de chaîne, même si ce n’est qu’un baiser. Idem pour la radio : ils l’éteignent facilement s’ils entendent parler de sexualité. Le soir, j’écoute mes animateurs préférés sur Skyrock pour avoir des réponses à mes questions et j’en parle avec mes copines. Des intervenants viennent régulièrement nous voir à l’école : c’est l’occasion d’aborder le sujet. Avec eux, j’ose en parler. »

« J’ai peur que mes parents s’imaginent que je fume, alors je ne parle pas de la cigarette avec eux. J’ai déjà essayé de fumer, mais ce n’est pas quelque chose qui m’éclate. Ma mère fume et lorsqu’elle voit que je la regarde alors qu’elle a une cigarette aux lèvres, elle me dit que ce n’est pas bien de fumer. Plus tard, si moi aussi je fume, ce sera difficile pour moi de dire à mes enfants que ce n’est pas bien. Ce que je trouve débile également, c’est le fait qu’il y ait marqué “fumer tue” sur les paquets de cigarette. Cela ne sert à rien. Il serait bien plus intelligent de ne pas en vendre ! »

« Les notes »

« La sexualité »

« La cigarette »

Ayesha, 13 ans

Théo, 16 ans

« Ma vie amoureuse »

« Si je parle à ma mère de ma copine, mon père intervient dans la conversation et me pose plein de questions : il me demande comment elle est, ce que font ses parents… Comme si j’allais me marier avec elle ! Si j’ai une copine, ce n’est pas forcément pour la vie. Je n’aime pas que l’on me pose toutes ces questions : cela relève de ma vie privée. Mon père est trop curieux. Un autre sujet tabou : mes fréquentations. Mes parents m’ont demandé un jour de ne plus fréquenter un de mes copains parce qu’il a redoublé deux fois. Je n’aime pas lorsqu’ils jugent mes amis sur leur âge, leur attitude ou leurs résultats scolaires. »

Armance, 17 ans

« Rien »

« Aucun sujet n’est tabou dans ma famille. Mes parents sont ouverts, nous parlons de tout librement. Sauf bien sûr de sujets personnels, comme les petits copains. Mes parents savent ce qu’ils peuvent me demander et ce qui relève de ma vie privée. Ils ne me mettront pas mal à l’aise en me posant des questions indiscrètes. Ils ne sont pas curieux et me font confiance, dans les autres domaines aussi. Du coup, je n’ai pas envie de faire de bêtises. Je ne me drogue pas, je ne bois pas excessivement. Plus tard, je pense que je ferai la même chose avec mes enfants. »

« La rencontre de mon beau-père et de ma mère »

« Lorsque ma mère a rencontré son nouveau copain, elle sortait sans me dire où elle allait ni quand elle rentrait. Elle passait peu de temps avec moi, me laissait libre de faire ce que je voulais. Au début c’était bien, mais au bout d’un moment j’ai eu l’impression de ne plus avoir de limites. Il me manquait une présence, je me sentais seule et j’avais le sentiment que ma mère ne s’intéressait pas à moi. J’ai abordé le sujet un jour, avec l’aide de mon frère, mais elle ne nous a pas vraiment écoutés. Encore aujourd’hui, j’aimerais pouvoir lui en parler. »

Jules, 15 ans

Louis, 11 ans et demi

« Mon père dit que ce n’est pas poli de parler d’argent. Il a été élevé dans un milieu strict. Du coup, je n’ose jamais aborder le sujet. Je suis gêné de demander des sous à mes parents, surtout lorsque cela me sert à acheter leurs cadeaux de Noël ! Quand ils oublient de me donner mon argent de poche, je n’ose pas le leur dire. Le samedi soir, avant de sortir, j’ai une boule au ventre quand je suis obligé de demander vingt euros à mon père. Je lui demande tout doucement et il imagine que c’est parce que je fais le gentil pour obtenir ce que je veux alors que c’est parce que j’ai peur. »

« L’alcool, la bière, la drogue : tous ces sujets sont tabous chez moi. On n’en parle pas, parce qu’autrement cela fait des histoires. Il y a eu des problèmes avec l’alcool dans ma famille, donc c’est gênant. Mes parents arrêtent vite la conversation lorsqu’on aborde le sujet. Moi, j’évite d’en parler : cela met une mauvaise ambiance. J’aimerais bien évoquer ces sujets avec mon père et ma mère, mais ils ne sont pas très disponibles. Sauf pour la cigarette. J’ai déjà essayé de fumer et je le leur ai dit : ils m’ont répondu que c’était normal d’avoir essayé, mais que je ne devais pas recommencer. »

« L’argent »

« L’alcool »


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nutrition

MOI ET MON ADO

Bien manger pour mieux penser Un cerveau alerte, une mémoire vive et un stress maîtrisé commencent par une bonne alimentation. À l’approche des examens, Pédagogies magazine vous explique par le menu

Manger pour moins stresser

Questions à

Pour couper les phases de révisions et faire une vraie pause régénérante, votre enfant doit impérativement prendre son temps pour manger, et ne surtout pas prendre sa collation dans sa chambre. La veille d’un examen, le repas du soir sera riche en féculents (pâtes, riz…) pour augmenter la production de neurotransmetteurs luttant contre le stress. Les protéines animales sont à éviter, car leur digestion est longue et retarde l’endormissement. Pourquoi pas craquer pour un carré de chocolat ou une pâtisserie ? Leur ingestion fait sécréter des endorphines au cerveau, et le plaisir éprouvé calme l’anxiété. Les excitants tels que le café ou le thé sont à proscrire. Votre enfant aura déjà suffisamment de mal à s’endormir la veille du grand jour…

Membre de l’Académie de Médecine, spécialiste de la chimie du cerveau et ses rapports à la nutrition.

comment mettre toutes les chances du côté de votre enfant. Varier et équilibrer

Cécile Mortreuil

Du fer dans les épinards ? Une drôle d’histoire est à l’origine de cette légende tenace qui a induit le monde en erreur. En transcrivant la teneur en fer d’une boîte d’épinards, une secrétaire s’est trompée et a ajouté un zéro, transformant 4mg pour 100g en 40mg ! Une simple faute de frappe ! Cette erreur est passée inaperçue pendant des dizaines d’années, à tel point que les créateurs de Popeye se sont servis de cet aliment pour justifier la force herculéenne du personnage de dessin animé.

Le Bac et le Brevet approchent à grands pas et votre ado commence à angoisser et à douter de ses capacités. Pas de panique, une solution simple et naturelle existe pour que le cerveau du futur diplômé soit au top le jour J : l’alimentation. En effet, toutes les études scientifiques prouvent que ce que l’on mange est étroitement lié à nos capacités intellectuelles. Pour bien fonctionner, le cerveau a besoin d’un apport régulier en plus de quarante substances : vitamines, minéraux, sucres, acides aminés et acides gras essentiels. Et du gras, il en faut, car 60 % de notre encéphale est constitué de graisses, dont un tiers provient de l’alimentation ! Les protéines sont également primordiales, puisqu’elles entrent dans le processus de fabrication des neurotransmetteurs, qui permettent aux messages de circuler dans le cerveau. Les glucides lui apportent de l’énergie, tandis que les minéraux le stimulent et participent à la fabrication de l’énergie cérébrale initiée par le glucose. Quant aux vitamines – notamment celles du groupe B –, elles boostent la mémoire, la réactivité, ou encore aident à fournir de l’énergie au cerveau.

Le menu idéal

Faire des repas équilibrés et réguliers est le B.A-BA. Il faut manger à heures fixes, ne sauter aucun repas, et ne surtout pas négliger le petit déjeuner qui va permettre à votre enfant de bien attaquer la journée. Si le stress lui noue le ventre et l’empêche d’avaler quoi que ce soit, demandez-lui de prendre d’abord sa douche, de faire quelques étirements et l’appétit va s’ouvrir. Au menu, du pain ou des céréales, qui vont nourrir son cerveau toute la matinée et éviter le fameux "coup de pompe de 11H". En effet, le cerveau consomme un quart des sucres ingérés au cours de la journée, et les sucres lents permettent de maintenir un taux constant en glucose, le "carburant" du cerveau. Un jus d’oranges (pressées, car la pasteurisation élimine la majeure partie des nutriments) ou un kiwi lui apporteront un coup de fouet grâce à leur teneur en vitamine C. Au déjeuner explique le Dr Arnaud Cocaul, nutritionniste, privilégier « des crudités, un plat avec un tiers de légumes, un tiers de féculents et un tiers de protéines animales, et un fruit au dessert. » Le dîner idéal suit le même schéma, mais, précise le Dr Cocaul : « il faut manger plus léger et préférer les féculents qui permettront un meilleur sommeil, car les lipides sont lourds à digérer ».

Il faut également varier l’alimentation, pour que le corps recueille tous les nutriments qui lui sont nécessaires, à niveau égal. Car rien n’est pire qu’un apport déséquilibré en nutriments. « C'est la complexité alimentaire qui fait l'intérêt nutritionnel et non la prise d'un élément en quantité importante, au risque de déséquilibrer sa part par rapport aux autres » explique le Dr Cocaul. Pire : un apport de 200 % des AJR – en vitamine C par exemple – non seulement inhibera les apports en autres vitamines ou oligoéléments, mais l’excès sera aussitôt éliminé par les urines ! Les aliments sucrés sont à proscrire. Ils apportent, certes, un coup de fouet sur le moment, mais une heure après, l’hypoglycémie guette, avec comme contrecoups une moindre efficacité intellectuelle et une fatigue. Les sucres rapides (sodas, friandises, barres chocolatées…) favoriseraient aussi le vieillissement prématuré du cerveau. Des chercheurs ont même constaté des problèmes d’inattention chez les enfants les plus accros au sucre. Pour autant, rien ne sert d’appliquer ces pieux conseils une semaine avant l’examen : les effets bénéfiques de certains nutriments ne se ressentent que plusieurs mois après leur ingestion. La recette d’un cerveau en forme est simple, mais c’est un travail au long court à mettre en application dès maintenant pour être au top le jour J ! ■

Jean-Marie Bourre,

Quel est le rôle de l'alimentation sur le fonctionnement du cerveau ? Et quels nutriments lui sont indispensables ? Le cerveau a besoin de l’alimentation pour se construire et maintenir son intégrité. Les Omega-3 sont les briques de l’édifice. Ces acides gras sont si primordiaux, qu’en Angleterre, une étude a démontré que le QI d’enfants de 8 ans était proportionnellement lié à la quantité d’Omega-3 ingérée par la mère durant la grossesse ! L’iode est également indispensable. Sa carence ralentit le développement du cerveau, un organe qui représente 2 % du poids du corps et consomme pourtant 20 % de son oxygène. Et quel nutriment permet de fixer l’oxygène ? Le fer. Il est lui aussi indispensable, tout comme le glucose apporté par les sucres lents. La moitié du morceau de pain consommé au petit déjeuner va servir à nourrir le cerveau dans la matinée. Quels aliments permettent d’aiguiser la mémoire ? Ceux qui sont riches en phosphore et en Omega-3, comme le poisson, les crustacés, les fruits de mer. Mais aussi le pain ! Une étude a établi qu’en l’absence de pain au petit déjeuner, les facultés de mémorisation des enfants étaient réduites de 15 %. Que pensez-vous des compléments alimentaires ou autres médicaments agissant sur la mémoire et la concentration ? J’y suis plutôt favorable un mois avant les examens. Les cocktails de minéraux et de vitamines sont intéressants et peuvent apporter un plus, mais veillez bien à ce que les apports soient équilibrés entre les différents éléments du cocktail. Quelles recommandations donneriez-vous à un élève qui va passer un examen ? Evitez les grignotages et l’excès de sucre. Privilégiez les glucides complexes, comme les œufs et le poisson, qui sont riches en Omega-3. C’est dans ces glucides complexes que le cerveau puise 50 % de son énergie. Ayez une bonne hygiène de vie et évitez la télévision le soir, qui empiète sur le temps de sommeil. Il faut respecter le sommeil, car n’oublions pas que la nuit, le cerveau travaille tout autant que dans la journée. C’est paradoxalement en dormant que l’élève mémorisera les leçons apprises la veille. Le Dr Jean-Marie Bourre est l’auteur de La nouvelle diététique du cerveau, Poches Odile Jacob, 9 euros


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belle, de mère en fille

MOI ET MON ADO

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ENQUÊTE

SON look

Ces

8

Spoke, Maestro ou Jack Herror

Danseur de Tecktonik et membre du groupe SMDB

personnes

qui influencent votre enfant

Naïve génération que celle qui croit encore éduquer seule ses enfants ! Sexualité, orientation, langage, look... Parents, voici les 8 personnes qui décident à votre place. Par Pauline Shatz

Aujourd’hui, Guillaume a 14 ans et ça n’est plus du tout la même

histoire. Être un ado n’est pas toujours facile : acné, puberté, questions existentielles et quête identitaire viennent subitement frapper à sa porte. Dans sa recherche d’autonomie, l’ado panique, l’ado se questionne, l’ado ne comprend pas. Mais surtout, l’ado en a marre que ses parents soient systématiquement sur son dos. Faute de pouvoir laisser ses géniteurs sur le bas-côté de sa route vers l'indépendance, l’ado prend ses distances. Inutile de lui faire les portraits croisés de l’abbé Pierre ou de Gandhi, il cherche davantage à ressembler au nouveau groupe à la mode ou à se comporter comme la nouvelle star montante du cinéma indépendant. Pour vous aider à y voir plus clair, voici une enquête qui vous permettra enfin de mettre des visages sur les modèles de votre jeune en révolte…

« Maman, comment je m'habille ? »

Oubliez le temps où votre mignon bonhomme était le parfait interprète de vos goûts raffinés. Le temps où il comptait encore sur vous pour décider de sa garde-robe. Son nouveau styliste : « Tecktonik ». Le mouvement a débarqué dans l’Hexagone avec ses chaussures pointues et ses pulls rayés. T-shirts moulants et triangles fluos ont donc remplacé cols roulés et carreaux Vichy. À l’origine, la Tecktonik est une danse, mais la plupart des jeunes la considèrent uniquement comme une mode vestimentaire. « Le style Tecktonik a été principalement créé pour le business », confirme Charles, ancien danseur. Si votre ado ressemble à un punk joyeux, s’il revient le crâne rasé avec des mèches roses sur le côté ou s’il se dessine des étoiles autour des yeux, ne paniquez pas ! D’après Charles, la tendance est actuellement à son apogée. Dans peu de temps, la mode Tecktonik ne devrait donc plus être qu’un lointain souvenir.

Conseils : Inutile de continuer à lui acheter

des chemises banales ou des pantalons passepartout, votre enfant ne les mettra pas ! Cette identité passagère lui donne l’impression de s’affirmer. Si ses tenues ne sont ni irrespectueuses ni vulgaires, pas de quoi vous affoler. Croisez les doigts pour que la tendance suivante vous plaise davantage…


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ils décident pour vous...

ENQUÊTE

Son comportement

son affectivité

Jamel Debbouze

MIKL

Comique, acteur et producteuR

(prononcez Michaël) Animateur radio votre fille a 15 ans et vit ses premières amours. Vous aimeriez en discuter avec elle pour qu’elle ne fasse pas de bêtise, mais vous avez peur de violer son intimité. Si elle ne vient pas vous en parler, c’est certainement parce qu’elle se confie déjà à quelqu’un. Ce « quelqu’un », c’est peut-être MIKL. Toute la semaine, l’animateur d’NRJ se charge de l’éducation sexuelle des adolescents. Chaque soir, entre 20 h et minuit, ils sont près d’un million à écouter ses conseils et ceux de toute sa bande sur Sans interdit, une émission de libre antenne. Bien qu’il ne prétende pas remplacer leurs parents, MIKL est conscient de la responsabilité qu’il porte visà-vis des jeunes : « J’agis un peu comme s'ils étaient mes petits-cousins. Il m’arrive tout de même de ne pas avoir de réponse ». Conseil : Ces émissions de libre antenne,

largement plébicitées par les jeunes, ne doivent pas être pour vous un prétexte pour ne pas en parler avec lui. Elles sont pour eux l'occasion

Celui qui mangeait du « Mutella »

de se confier de façon anonyme, de poser des questions qu'ils n'oseraient pas poser frontalement. Mais attention, elles ont souvent tendance à réduire l'affectivité à la sexualité. Et personne n'est mieux placé que vous pour parler de ces questions avec votre ado !

son orientation

jean-marie lenzi

délégué interministériel à l'orientation par intérim Son avenir était tout vu : Elsa

serait médecin, comme son père ! Un jour pourtant, votre fille a décrété qu’elle deviendrait photographe. Qui a bien pu oser la détourner du chemin que vous lui aviez tracé ? Votre fille est tout simplement allée dans l’un des 600 CIO (Centre d'information et d'orientation) de l’Hexagone, pour consulter un conseiller d’orientation-psychologue. Car il faudra vous y habituer : papa et maman ne sont plus les modèles à suivre. La plupart des enfants ne connaissent d’ailleurs pas la profession de leurs parents. Non seulement les métiers sont de plus en plus techniques, mais aussi les adultes souhaitent de moins en moins parler de leur emploi. Pour aider les ados à trouver leur voie, des conseillers d’orientation-psychologues sont là pour les ac-

compagner dans leurs recherches. Entretiens individuels, examen du comportement ou encore questionnaires d’intérêt sont réalisés pour épauler le jeune dans sa quête. Souvent en plein doute, l’adolescent peut alors dialoguer avec des personnes extérieures à son cercle familial et amical. Ils sont des médiateurs auxquels il peut exprimer plus librement ses difficultés.

Conseils : Attention ! Influer sur un choix

d'orientation implique une connaissance approfondie de la personne concernée. Or vous connaissez en principe bien mieux votre enfant qu'un conseiller qui ne l'aura rencontré que quelques instants. Accompagnez-le, et ne le laissez pas faire ses choix seul sous prétexte qu'un spécialiste s’en charge.

en regardant L’école des fans a été élu personnalité préférée des moins de 25 ans en 2007. Réussir est une chose, se faire adopter par le public en est une autre. Nullement influencé par le showbusiness, Jamel a opté pour la spontanéité et la fraîcheur. Visage enfantin, physique passe-­partout et langage de la rue, il a su rester si simple et accessible qu’il est très vite devenu le grand frère des plus jeunes. À l’époque, on parle même de « Jamelmania » : main

droite fourrée dans la poche, les ados de tous milieux confondus prennent la Jamel attitude. Son argent, il en profite, mais il n’oublie ni ses parents ni ses amis, et encore moins les enfants marocains déshérités (il est parrain de l’association « L'heure joyeuse »). Face à ce garçon drôle et généreux, les stars inaccessibles et imbues d’elles-mêmes ne font pas le poids. Jamel parle aux jeunes mais, surtout, il leur permet de comprendre que rien ne vaut le naturel et la simplicité, et que réussite ne rime pas toujours avec magouilles et arrogance.

Conseils : Attention, popularité ne signifie

pas exemplarité ! Comme tout le monde, Jamel a ses travers. Récemment arrêté pour conduite sans permis, l’humoriste est sous contrôle judiciaire jusqu’à son audience du 2 juin prochain. Veillez donc à ce que le mimétisme de votre enfant conserve des limites…

Ses valeurs

tony parker basketteur

Vous avez tout persévérance qui suscite leur admiration. Car il tenté pour lui incul- n’était pas évident pour TP – de taille moyenne

quer la notion d’effort, rien n’y a fait. Votre enfant continue de baisser les bras face à la moindre difficulté. S’il ne vous écoute pas, une personne peut lui faire comprendre qu’il faut aller au-devant des obstacles : Tony Parker. En 2003, le basketteur est le premier Français champion de NBA (la ligue américaine de basket). Depuis, le palmarès de « TP » (prononcer « tipi ») n’a cessé de s’étoffer et, à 25 ans, il est le nouveau modèle des ados. Si sa réussite les émerveille, c’est sa

(1,86 m) et de nationalité française – de devenir une star au pays du ballon orange. Mais c’était sans compter sur sa détermination. Le petit Français s’est entraîné avec acharnement et a prouvé qu’à force de volonté, et malgré les obstacles, il est possible d’atteindre ses objectifs. Il est ainsi devenu un exemple concret pour les ados, une idole qui leur démontre que rien n’est acquis et qui les pousse à se dépasser. Si seulement Tony était prof de maths…

Conseils : Si votre ado pense TP, mange TP et dort TP, laissez-le faire, c’est sa manière à lui de se construire. Attention tout de même à ne pas perdre le sens des réalités : le basket (le sport en général), c’est bien, mais il ne faut pas en oublier le reste.


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SON engagement

Nicolas Vanier

ils décident pour vous...

ENQUÊTE

Aventurier

Votre fille se bien plus encourageant qu’une leçon de morale. Opiniâtre et combatif, celui qui se définit comme fiche de tout

et ne pense qu’à s’amuser ? Pour lui faire entendre que la vie n’est pas qu’une récréation, vous avez tenté les débats philosophiques, en vain… Et pour cause : votre fille a davantage besoin d’exemples parlants que de doctrines obscures. C’est pour cela qu’elle écoute Nicolas Vanier. Loin de ressasser les conséquences du changement climatique, l’aventurier ne se montre ni alarmiste ni moralisateur. Il se refuse d’ailleurs à dire qu’il faut se serrer la ceinture : « Nous devons simplement apprendre à ne pas gaspiller nos ressources. Quand on a une poule, on peut décider de la tuer pour faire un bon repas aujourd’hui au risque de ne plus avoir d’œufs demain. Nos poules à nous, ce sont les forêts, les océans, les glaces, les animaux… ». Un discours

un « ambassadeur de la nature » dégage une énergie et un enthousiasme communicatifs. Avec lui, les ados ne se sentent pas sermonnés mais conçoivent que des solutions existent. Ils gardent ainsi foi en la possibilité d’agir et, à l’exemple de l’écrivain, ils s’en donnent les moyens.

Conseils : D’après Nicolas Vanier, les ados ont besoin d’exemples concrets : « Les initiatives qui les touchent sont celles qui impliquent de l’aventure et de l’action. Les ados ont besoin que ça bouge ! ». L’aventurier assure que les parents doivent encourager les initiatives de leurs enfants et rappelle que les jeunes peuvent s’exprimer sur le site du Grenelle de l’environnement dans les écoles (www.lecoleagit.fr).

Son sens des responsabilités

Sébastien Cauet

Producteur et animateur de la Cauetidienne

son langage

MichaËl Youn

Chanteur du groupe Fatal Bazooka Hier encore c’était un ange. Il

disait « bonjour » ou « s’il vous plaît »… Aujour­ d’hui, c’est un vrai démon qui passe ses journées à jurer et ne compte plus que trois mots à son vocabulaire. Il semble avoir oublié toute l’éducation que vous lui aviez inculquée. Rien d’anormal, votre ado vient d’écouter en boucle l’album de Fatal Bazooka, ce groupe de « rap parodique » qui produit des chansons trash et réinvente les expressions des cours d’école. « Parle à ma main » ou « Achète-toi une vie », c’est eux ! La bande ne s’arrête pas là. Certains textes ne sont que suites d’injures, conseils machistes et allusions obscènes (« Dans ton short, t'es trop sublime / viens chez moi on boira pas de la grenadine / si t'es pressée, on fait ça sur le parking »). Bien qu’ils assurent ne s’inspirer que de la réalité, les Fatal ne font pas vraiment la promotion

de la langue française ! Les ados ne sont certes pas nés de la dernière pluie, mais ces chansons appauvrissent notablement leur vocabulaire… Cela a beau être du troisième degré, entendre à longueur de temps que les femmes sont des chiennes pourrait rentrer plus facilement dans leur tête que leur dernière leçon de bio.

Conseils : Selon Vincenzo Cicchelli* « Il n’y

a rien à faire puisque la transmission du modèle culturel passe par les pairs ». À moins de lui couper les oreilles, vous n’avez donc aucune chance de changer les goûts musicaux de votre enfant. Vous pouvez tout de même lui faire prendre conscience de la vulgarité des paroles. * Auteur de La construction de l’autonomie, Éditions PUF

Il avait enfin compris le dan-

ger de jouer sur le muret du jardin ! Mais vos efforts ont été réduits à néant par un animateur télé, Cauet, qui n’hésite pas, dans sa Cauetidienne, à se transformer en feu d’artifice humain ou à parader déguisé en bifteck géant devant un lion… Ses défis (« parfois stupides, parfois dangereux » admet-il), lui ont d’ailleurs valu deux blessures. À la question de savoir si ses fanfaronnades risquent d’inciter les jeunes à faire de même, Cauet répond qu’il ne faut pas prendre les ados pour plus idiots qu’ils ne sont, et que la plupart des défis sont difficilement transposables à la maison. Mais il prévient tout de même les téléspectateurs de ne pas l’imiter. Et c’est là que le bât blesse : cet avertissement obligatoire est justement LA phrase à éviter, les jeunes la

percevant comme un second contrôle parental. Comme le souligne Fabio La Rocca*, « Cette recommandation est d’ailleurs davantage destinée aux parents pour qu’ils surveillent leurs enfants. Cela complique un peu plus leur rôle déjà difficile ! ». L’impact de ces émissions dépend toutefois de la personnalité de l’enfant. La plupart ne font que regarder sans avoir le réflexe d’imiter, quand d’autres, « plus vivants », ont envie de passer à l’acte. Rassurez-vous, faute de rassembler un nombre suffisant de fidèles, La Cauetidienne s’est arrêtée après seulement 30 numéros…

Conseils : Fabio La Rocca pense qu’il est

primordial d’instaurer un dialogue avec son enfant, qui ne s’apparente ni à un ordre ni à de la discipline : « Sinon il tentera de vous échapper. Par ailleurs, il ne faut jamais utiliser de négation lorsque l’on parle à un ado. C’est le meilleur moyen de l’inciter à faire le contraire ! ». Essayez plutôt de lui expliquer que ces gestes sont inhabituels, et ne laissez surtout pas la télévision parler à votre place !


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coachez votre ado

DOSSIER

Brevet, bac :

coachez votre ado Les examens approchent et vous ne savez pas comment aider votre ado ? Voici la méthode Pédago pour que tout le monde sorte gagnant de la période de révisions… quel que soit le résultat ! par Florence PERCEVAUT

Dernière ligne droite avant les examens. Vous êtes sans doute plus angoissé que votre propre enfant. Comme beaucoup de parents, vous commencez à croiser les doigts en espérant qu’il révise bien son bac ou son brevet, ou à vous ronger les ongles en déplorant l’inexistence d’un Guide du parfait petit parent d’ado en période de révisions. Pas de panique. Il est facile de soutenir efficacement votre enfant. Dans cette période difficile, il a besoin de vous. Pour réussir ses révisions… et même bien plus.


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coachez votre ado

DOSSIER

Le jour J Soyez une mère pour lui et pensez à : Des piles de rechange pour sa calculatrice. Sa convocation et sa carte d’identité. Vider sa trousse de ses vieilles anti-sèches. Lui donner un goûter. Vérifier qu’il s'est levé lorsque son réveil a sonné. Lui dire que vous êtes fier de lui quel que soit le résultat

Quand bien même il raterait…

éTAPE ❚

Mettez-vous au clair Si vous désirez accompagner votre enfant dans ses révisions, il est nécessaire d’identifier d’abord vos propres motivations. Pourquoi souhaitez-vous l’aider ? Manquez-vous de confiance en lui ? Qui cherchez-vous réellement à déstresser : lui ou vous ? Anne Langlois, coach parental, est bien consciente qu’en période de révisions, les parents ont tendance à « trop se mettre à la place de leur enfant ». Avant les examens, ils « paniquent, sans doute parce qu’ils ont la maturité suffisante pour prendre conscience de l’enjeu », sourit-elle. Cette enseignante et mère de trois adolescents met en garde contre un risque important : celui de

« communiquer son angoisse ». C’est pourquoi il est indispensable de prendre un certain recul pour offrir à son fils ou à sa fille un cadre rassurant. Comment ? En s’efforçant de voir audelà de l’examen. En reconsidérant l’enjeu de cette période de révisions. Décrocher un diplôme, aussi utile soit-il, n’est pas le plus important. Si cela doit se faire aux dépens de sa santé, de la qualité de ses relations avec sa famille ou de son équilibre psychologique, quel intérêt ? Ce qui compte, c’est que votre enfant apprenne à améliorer sa capacité de travail tout en sachant préserver son équilibre personnel.

” Identifiez d'abord ses propres motivations „

éTAPE 2

Arrêtez-vous et regardez votre enfant Votre adolescent n’est pas un élève à qui il faut faire ingurgiter un maximum de connaissances. Il est avant tout un jeune qui entre dans une période stressante. Un jeune qui vous répète qu’il « gère », mais qui se trouve démuni au moment de se lancer dans les révisions. Il ne sait ni par où commencer, ni quelle méthode de travail adopter. « Les adolescents n’ont pas confiance en eux, rappelle Belkacem Belarbi, directeur de Révisions vacances. Bien souvent, ils ne parviennent plus à s’organiser, à structurer leur travail ou à réviser ». Selon Anne Langlois, avant

les épreuves les jeunes « se disent qu’ils vont échouer. Il y a toujours une appréhension de leur part, bien qu’elle se cache parfois derrière une apparente désinvolture ». Même les bons élèves appréhendent la période des examens ! La peur de décevoir leurs parents ou leur famille est souvent un facteur supplémentaire d’angoisse. Votre rôle est d’abord de le rassurer. Proposez-lui votre aide en restant bien à l’écoute de ses besoins. Le but n’est pas de l’étouffer sous vos conseils, mais de l’aider à donner le meilleur de lui-même pendant les jours qui suivent.

” Même les bons

élèves appréhendent la période des examens

Petites infos pour parents stressés (interdit aux ados) Si votre enfant rate encore son bac, rassurez-vous : il n’est pas condamné à devenir junkie ! Il existe trois autres voies d’accès à l’université : le diplôme d'accès aux études universitaires (DAEU), la capacité en droit ou la validation des acquis. Un lycéen non-bachelier peut aussi s’engager dans l’armée ou s’essayer aux concours de la catégorie C de la fonction publique. Le brevet est un diplôme utile, qui autorise l'accès à certains concours administratifs ou de recrutement, mais il n’est pas obligatoire et ne conditionne pas le passage en seconde.


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coachez votre ado

DOSSIER

« La méthode efficace pour lui faire réviser les maths »

éTAPE 3

Proposez-lui un contrat Assurez-vous que l’aide que vous lui apporterez ne se fasse pas sans son consentement. Montrez-vous prêt à lui offrir de votre temps et à faire certaines concessions sur les règles habituelles, en échange d’un engagement de sa part. Un engagement à respecter un emploi du temps détaillé que vous élaborerez ensemble. Munissez-vous d’un stylo et commencez par calculer avec lui le nombre de jours restants avant l’examen. Faites le point sur les matières

” Montrez-vous prêt à lui offrir de votre temps „

Ali Gasmi,

professeur chez Acadomia, lauréat des Palmes de la réussite pour avoir aider un élève à avoir 20/20 en maths au bac (année 2007).

et les chapitres à réviser. Questionnez-le sur son objectif, ses espoirs et ses appréhensions. Le scénario de l’examinatrice cruelle qui lui fait quitter la salle en pleurs cessera de le hanter. Rassurez-le, appuyez votre discours sur les points forts que vous lui connaissez pour lui redonner confiance. Une fois le bilan dressé, mettez en place un programme de révisions. Dans l’emploi du temps hebdomadaire doivent figurer les plages de travail aussi bien que celles de sport, de repos ou de détente. Expliquez-lui l’importance de chacune de ces activités pour son bien-être et son efficacité personnelle. C’est là tout l’intérêt de votre présence auprès de lui : au moment où votre enfant est tenté de se jeter à corps perdu dans le travail, montrez-lui que le secret de la réussite réside avant tout dans une bonne organisation.

1 Commencez par motiver votre enfant. Loin de l’esprit de compétition qui existe en classe, dites-lui que vous croyez en lui. Bannissez les remarques négatives et ne le sous-estimez pas. 2 Faites-lui reprendre son cours, chapitre après chapitre. Qu’il l’apprenne et inscrive, cahier fermé, ce qu’il en retient. Récapituler son cours l’aidera à intégrer les notions. Contrôlez ensuite ses connaissances à partir de ses fiches.

« Le jeune doit s’ouvrir l’esprit, aller plus loin, plus haut que sa propre vie »

3 Lorsqu’un point précis fait appel à des connaissances antérieures, aidez-le à faire des liens. Qu’il comble ses déficiences basiques en rouvrant les classeurs des années précédentes.

Véronique Leguay,

Directrice des Séjours réussite du CMV

❚ « Un jeune doit apprendre à réussir dans ses études, mais aussi dans sa vie en général. Pour cela, il doit comprendre la nécessité d’avoir des journées équilibrées. Ce que le système scolaire actuel ne permet pas et que notre société ne promeut pas. En période de révisions, il est nécessaire de prévoir des temps de travail, de détente conviviale, d’aération, mais aussi de réflexion plus profonde. Les périodes de travail intensif permettent au jeune de découvrir qu’il est capable de se concentrer plus longtemps. Il retrouve confiance en ses capacités, gagne en courage et en volonté. Les moments de détente lui permettent d’être joyeux, ce que l’école lui interdit souvent. En lui proposant de vivre des activités saines et sympas avec ses amis, vous lui montrerez que vous avez compris ce qui est important pour lui. Vous

lui permettrez également de casser sa routine. S’il ne fume pas de joints, ne boit pas avec ses copains le soir ou n’allume pas de cigarettes pendant qu’il étudie, il gardera la tête claire et la période de révisions l’aidera à vaincre ses dépendances. Le sport ou le contact avec la nature est également vital pour décompresser. Enfin, le jeune doit s’ouvrir l’esprit, aller plus loin, plus haut que sa propre vie. Il peut par exemple se tourner vers les plus démunis, ceux qui n’ont pas la chance d’aller à l’école. Se tourner vers les autres permet de relativiser, de réaliser que passer son bac n’est pas la fin du monde et qu’il y a plus important. »  HYPERLINK www.centremissionnairedelavie.fr

4 Avant de passer au chapitre suivant, votre enfant doit pouvoir faire tout seul un exercice en application avec le cours. Ne lui donnez qu’un ou deux exercices à faire par chapitre. Le but est de structurer son esprit et de lui apprendre à mobiliser ses connaissances, pas de le plonger dans la confusion. 5 Remédiez à ses difficultés

avec une forme de compassion, des encouragements, de nouvelles méthodes. Rappelezlui que personne ne maîtrise naturellement les maths et qu’il n’est pas plus bête qu’un autre. Réussir n’est qu’une question d’investissement.

éTAPE 4

Aidez-le à adopter un planning réaliste Quel que soit leur âge, les adolescents ont tendance à mal estimer leur capacité de travail. Votre objectif : l’aider à mieux se connaître. Au terme des deux premières journées de révisions, revoyez ensemble son planning. Réadaptez-le de manière plus réaliste pour lui permettre de progresser ou lui éviter d’être déçu. S’il a vu trop grand, qu’il renonce à connaître en détail chaque chapitre pour se concentrer sur l’essentiel. S’il désire progresser, qu’il discerne les points d’insistance dans ses révisions. Jordan, élève en Maths Sup à Louis Le Grand, conseille pour cela aux élèves « d’aller voir leurs professeurs pour leur demander quelles sont leurs lacunes ». Pour l’aider à dégager un plan du cours et mieux assimiler ses connaissances, poussez-le

à faire des fiches. Veillez toutefois à ce qu’il ne les constitue pas à partir d’une prise de notes incomplète de ses cours… Enfin, votre ado doit s’engager à vivre à fond chacune de ses activités. Le travail comme le sport, ainsi que les moments de détente. Pas de télé ou d’ordinateur à chaque pause : il s’agit de s’aérer l’esprit ! Cela implique un minimum de planification des sorties. Là aussi, vous pouvez l’aider en organisant des activités en plein air pour lui et ses copains s’il est au collège, ou en lui soumettant des idées (avec tarifs et horaires à l’appui) s’il est plus grand.

” Poussez-le à faire des fiches „


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éTAPE 5

Remotivez-le

coachez votre ado

DOSSIER

LE BON PLAN ❚ Pratique, complet et gratuit ! Pour s’entraîner avant l’examen, télécharger des sujets et corrigés d’annales, bénéficier d’une entraide sur forum, écouter des cours sur son baladeur mp3 ou accéder au catalogue Hatier du bac ou du brevet,  HYPERLINK www.annabac.com www.annabrevet.com.

Béatrice

belle-mère de Benjamin, 16 ans

« Mettre en place une stratégie des points » ❚ « Lorsque mon beau-fils était en 3e, ses notes étaient très moyennes. Une semaine avant le brevet, il n’avait toujours rien révisé. Il faisait mine de n’en avoir rien à faire : cela décourageait son père. Si je ne le prenais pas en main, c’était la catastrophe : Benjamin était absent un week-end sur deux. Le suivi des devoirs est très difficile avec la garde alternée. Je l’ai donc obligé à réviser avec moi. Il révisait le matin à la bibliothèque, me rejoignait à la piscine le midi, et nous révisions ensemble en fin de journée lorsque je rentrais du travail. Comme je n’avais ni les compétences, ni le temps pour l’aider, je lui ai fait mettre en place une stratégie des points. Je lui ai expliqué les coefficients, la façon dont les enseignants notent, l’intérêt de présenter une copie propre et claire. Je lui conseillais de focaliser sur les questions qui rapportent le plus. Je prenais le parti de mettre en valeur ses acquis plutôt que ses lacunes et je le remettais dans le concret pour l’aider à trouver un sens à ses efforts. J’ai mis beaucoup de légèreté et de confiance en lui pendant cette période. Au fur et à mesure, la confiance est revenue. Je le voyais à son enthousiasme pour travailler. Le jour de l’examen, je lui ai donné des Fleurs de Bach (NDLR : essence de fleurs qui régulent les émotions) pour lutter contre l’angoisse. Benjamin a eu son brevet. De justesse, mais il l’a eu. »

Devant la masse de travail à abattre ou la peur de l’échec, la tendance est au découragement. Face à cela, votre rôle est de rester dans le discours positif. Selon Belkacem Belarbi, il est important de « faire preuve de patience, de persévérer dans la relation de confiance avec l’enfant plutôt que de forcer sur les révisions ». Rassurer plutôt qu’oppresser, en l’encourageant et en lui répétant qu’il est capable de réussir. Le directeur de Révisions vacances conseille aussi de « dédramatiser les exercices, en reformu-

” S'inscrire à un

maximum d'options permet de gagner des points

lant les problèmes avec son propre langage ». Pourquoi ne pas changer le contexte d’étude ? Sur la table du salon, dans un bar face à un paysage, en chanson ou par le rire, on peut apprendre tout aussi efficacement. « Il faut casser les habitudes, soutient Belkacem Belarbi. Changer la manière de réviser, être audacieux. Parfois, les idées les plus folles sont les meilleures ». Aidez aussi votre enfant à retrouver du sens à son travail. Les adolescents ont besoin de savoir pourquoi ils font les choses. Aidez-le à prendre conscience que ce qu’il découvre sur lui durant cette période, en termes de capacité de concentration, de rythme de travail et de goût pour les choses vécues avec intensité, sont des acquis pour la vie.

éTAPE 6

Donnez-lui les méthodes qui marchent Perdus dans les multiples contraintes, sous pression, les ados en oublient bien souvent de se pencher sur les « règles du jeu » de l’examen. Le risque est qu’ils investissent mal leur énergie, en ne tenant compte ni des coefficients ni des critères de notation. Olivier, étudiant en sciences politiques, se souvient de ce qui a contribué à lui

faire décrocher la mention très bien : « Pour mon épreuve d’espagnol, j’avais appris par cœur toutes mes expressions idiomatiques. Moi qui tournais autour de 11 toute l’année, j’ai eu 16 au bac ! ». Une astuce qu’a également utilisée Alice, titulaire de la même mention. Selon cette étudiante en prépa littéraire à Henry IV, il faut aussi penser à « s’inscrire à un maximum d’options, même en candidat libre. Cela permet de rapporter beaucoup de points ».

Quant aux « impasses », elles ne sont pas à proscrire absolument. Pour certaines épreuves, les sujets sont au choix. Laisser un chapitre de côté peut s’avérer un choix stratégique opportun, qui permet d’économiser du temps et de l’énergie. Il faut cependant être sûr de maîtriser le reste des connaissances, et ne pas faire d’impasses trop nombreuses, au risque de transformer l’examen en roulette russe.■

EN RÉSUMÉ 1 - Identifiez les motivations de votre enfant. 2 - Proposez-lui votre aide en sachant garder la bonne distance. 3 - Faites le point sur ses lacunes avec l'aide d'un professeur.

4 - Elaborez avec lui un programme de révisions réaliste. 5 - Laissez-le appeler ses amis à la rescousse. 6 - Incitez-le à s'inscrire à un maximum d'options au bac.

anne langlois

coach parental

" Se montrer confiant, même si l’on est angoissé " ❚ Ne pas en faire une affaire d’état. Lui montrer que son examen n’est pas le seul enjeu de la famille en parlant d’autre chose avec lui ou à table. Laisser passer certaines choses et essayer de ne pas l’agresser sur tous les plans. Instaurer un climat de confiance pour pouvoir être ferme et imposer certaines contraintes. Limiter les tentations. Se mettre d’accord sur l’ordinateur, les jeux vidéos, la Wii, la Playstation, MSN, le portable, les copains, Internet (sauf pour exercices de révision en ligne). Tout faire pour que ce soit clair dans sa tête. Commencer par le faire ranger sa chambre, ainsi que son sac pour retrouver les cours éparpillés. Ranger les classeurs, vérifier que chaque cours est complet. Appeler les copains pour photocopier les cours manquants. Rester présent dans la discrétion. Relâcher la pression lorsqu’il commence à y avoir des tensions. L’objectif est de ne pas couper le dialogue. Pour les parents divorcés qui ont leurs enfants une semaine sur deux, ne pas avoir peur de fixer des limites. Vérifier qu’il y ait les bonnes affaires chez eux et faire en sorte de les avoir en double. Instaurer une cohérence entre les deux familles : c’est important pour un ado, psychologiquement et affectivement.  HYPERLINK www.coachingparental.fr


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comment choisir…

L'ÉCOLE ET MON ADO

A qui vous adresser ? Vous redoutez la « mauvaise » famille d’accueil, des cours de langues peu adaptés au niveau de votre enfant ou encore l’impossibilité de pouvoir le joindre pendant son séjour. Ce qu’il faut savoir pour choisir un organisme fiable. Chiffres : 150 organismes français environ sont spécialisés dans les séjours linguistiques pour enfants et adolescents. Types d’organismes : - les associations ; - les agences de voyages spécialisées. Hormis leur statut, rien ne les différencie.

Séjour linguistique :

comment tirer le BON Numéro ?

Les grandes vacances approchent et vous envisagez d’envoyer votre enfant à l’étranger. Une expérience quasi incontournable pour maîtriser au moins une langue vivante. Comment s’y prendre pour trouver un séjour linguistique ? À qui s’adresser ? Quel budget prévoir ? Bien choisir en 6 étapes.

Un séjour linguistique réussi ? C’est un tout. Votre enfant ne progressera en langues que si les toutes les conditions sont réunies. Une alchimie délicate qui repose sur la qualité des cours, de son hébergement, mais aussi de l’encadrement et des activités proposées… Pour cela, suivez le guide !

Avantages : l’expérience ; la quasi garantie de trouver un séjour adapté à votre enfant ; la qualité des services ; une assistance pour gérer les formalités de votre dossier. Critères de choix : Est-ce un organisme français ? Ce point est essentiel car la réglementation française concernant les séjours linguistiques est très exigeante, contrairement à celle en vigueur à l’étranger. Evitez de vous adresser aux points de vente ou bureaux de liaison dont le siège social n’est pas en France. La licence ou l’agrément : la garantie minimum pour partir - Le numéro de licence (pour les agences de voyage) ou d’agrément (pour les associations)

Sylviane Halphen

déléguée générale de l’UNOSEL

Suis-je obligé de passer par un organisme ? Il vous est possible vous adresser directement aux écoles étrangères qui proposent des

prouve que l’organisme auquel vous avez à faire respecte la réglementation en vigueur en France pour les séjours linguistiques. Il doit apparaître sur les brochures de l’organisme. - Les garanties que cela implique : qualification, garanties financières et assurances professionnelles indispensables en cas de problème. Adhérent à une fédération : une garantie de plus - Les fédérations (regroupements d’opérateurs) vous apportent des garanties supplémentaires : les organismes adhérents sont soumis à des normes de qualité contrôlées par leur fédération. - Les garanties : le choix des familles d’accueil, la qualité du transport, de l’hébergement, des cours (nombre d’enfants limité), des activités, de l’encadrement ainsi que le bon déroulement du séjour, le respect des prestations, la sélection des enseignants… - Les deux principales fédérations : - UNOSEL : Union nationale des organisations de séjours linguistiques et d’écoles de langues - L’OFFICE : Office national de garantie des séjours et stages (ONGSSL). Organisme certifié : le top de la qualité. Six organismes français ont reçu la norme AFAC AFNOR (organisme certificateur en France) après avoir été contrôlés par des inspecteurs assermentés : Cap Monde, CLC, Action séjour, Nacel, STS… Par rapport aux autres organismes, cet aspect constitue une garantie supplémentaire de la qualité de ses services.

packages linguistiques via leur site Internet. L’offre est souvent intéressante d’un point de vue financier et peut fonctionner pour des ados mûrs et autonomes. Attention cependant, cette option est risquée ! Vous n’êtes pas assuré de la qualité du programme, des garanties, de l’hébergement. Au moindre problème sur place, c’est la norme du pays qui prévaut et non la réglementation française. En cas de litige, vous risquez de n’avoir aucun recours possible.

Nos conseils : 1-Parlez-en avec votre ado : L’idée te plairait-elle ? Es-tu motivé ? Cela te rend-t-il anxieux ? Qu’attends-tu de ce voyage ? Quel travail es-tu prêt à fournir ? 2-Ne le forcez pas à partir s’il refuse, attendez qu’il soit prêt sinon son séjour ne sera absolument pas bénéfique. Sur place, il risquerait de se fermer comme une huître.

Fixez-vous des objectifs Avant de vous lancer frénétiquement dans la recherche d’un séjour linguistique pour les prochaines vacances, prenez le temps de réfléchir à ce que vous attendez de ce voyage pour votre tête blonde… 1-De la détente ? 2-Une immersion culturelle ? 3-L’approfondissement de ses connaissances en langues ? 4-Les trois à la fois ?


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Quel type de séjour ?

comment choisir…

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Le top 10 des destinations phares : Grande-Bretagne Irlande USA Canada Malte Nouvelle-Zélande Australie Chypre Espagne Allemagne

Vous êtes partagé entre l’idée de rentabiliser ce voyage, qui représente un investissement lourd, le désir de combler les goûts de votre enfant. N’oubliez pas que ce séjour empiète sur son temps de vacances. Pour que l’expérience soit bénéfique, peut-être faudra-t-il faire quelques compromis… Les organismes proposent différents types de séjours : - clés en main : le package comprend le voyage, les transports sur place, les cours, les activités et l’hébergement en pension complète. - à la carte : vous choisissez les options qui vous conviennent le mieux.

Quelle destination ? L’envoyer très loin ou privilégier les pays européens ? Les repères pour choisir le bon pays d’accueil… Les critères de choix - votre budget : plus c’est loin, plus c’est cher ! - l’âge et la maturité de votre enfant : n’envoyez pas votre enfant dans une destination lointaine si c’est son premier voyage. Cela demande en effet un minimum d’autonomie et de maturité.

Prendre contact

- sur Internet : utilisez par exemple le moteur de recherche des fédérations. - auprès des fédérations : faites un appel d’offre (par téléphone ou e-mail), vous aurez une réponse dans les 48h.

Zoom sur… les illégaux Beaucoup d’organismes ne respectent pas la réglementation liée au métier des séjours linguistiques. Fuyez-les ! Avant d’accorder votre confiance à un organisme, vérifiez sur ses documents la présence : - du numéro de licence ou d’agrément (LI ou AG + n°…) - du nom et de l’adresse du garant financier - du nom et de l’adresse de l’assureur garant de sa responsabilité civile professionnelle.

Faites confiance au bouche-à-oreille La meilleure garantie pour ne pas vous tromper d’organisme, c’est l’expérience de votre entourage. Parlez de votre projet à votre famille et vos amis, vous obtiendrez des informations beaucoup plus précieuses que n’importe quelle brochure…

Les séjours Détente (11-15 ans) -séjour classique : cours le matin, activités ludiques l’après-midi, hébergement en famille d’accueil le soir et le week-end. -séjour à thème : c’est la carotte pour faire partir votre ado réfractaire pendant les vacances ! Des séjours organisés de A à Z autour d’une activité spécifique : théâtre, sport, musique, photo… Une manière de s’initier à une activité tout en approfondissant une langue étrangère grâce à des cours. Immersion culturelle (14-16ans) - échange avec un correspondant : votre enfant est dans une famille avec un ado de son âge qui

Ca cartonne auprès des jeunes James Bond, Scotland Yard, Harry Potter, la police scientifique ou la Maison Blanche… ? Non ! Ce ne sont pas les sorties de cinéma des prochaines semaines mais les thèmes des séjours linguistiques proposés par Aventure Scientifique. Un concept adopté par de nombreux organismes face au succès de ces séjours. Pour les ados, c’est l’occasion de se plonger dans des univers qui les passionnent tout en apprenant une langue. Ou comment convaincre en un clin d’œil un ado peu motivé pour partir… Aventure Scientifique 01 46 12 18 50 www.aventure-scientifique.com

Comment être sûr de choisir le bon séjour pour mon enfant ? Cécile Persicot,

47 ans, Lyon Gersende Moreau-Gicquel, chargée de développement à l’OFFICE Pour cela, choisissez-le avec votre ado. Tenez compte de sa personnalité, de sa maturité, de son ouverture d’esprit ou de son aisance à l’oral. Ne l’envoyez pas en immersion totale s’il est trop timide ni en « one to one » s’il s’agit de son premier séjour linguistique. Préférez dans ce cas des séjours plus ludiques comme le summer camp (séjour résidentiel) ou le séjour à thème.

viendra ensuite faire un séjour chez vous pour une durée équivalente. Ce type d’échanges a tendance à disparaître. La cause ? Les problèmes d’équivalences des vacances scolaires et le faible attrait de la langue française. - immersion totale : hébergement en famille d’accueil 24h/24 sans cours. - séjour résidentiel ou summer camp : hébergement, cours et activités dans un collège étranger ou en pleine nature. Approfondissement de la langue (15-18 ans) -one to one : cours particuliers la matin chez un professeur et hébergement en famille l’aprèsmidi et le week-end ; - stage intensif : cours le matin et l’après-midi, hébergement en famille d’accueil ou en collège.


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comment choisir…

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Les chiffres : 128 000 Français de 10 à 18 ans en moyenne partent chaque année en séjour linguistique 1 élève sur 8 seulement atteint un bon niveau en anglais à la fin du collège

Summer camp à la sauce française Se retrouver entre Français dans un environnement culturel et linguistique venu d’ailleurs ? C’est le principe de l’American Village ou Pueblo Espagnol proposés par l’organisme Nacel. Des séjours linguistiques qui permettent de découvrir un pays et sa langue sans quitter la France. Une idée bonne à retenir pour les budgets serrés ou les ados un peu jeunes pour s’expatrier loin de leurs parents ! Nacel 05 65 76 55 25 Courriel : nacel@nacel.fr

Quel budget ? Le coût du séjour de votre enfant varie selon sa durée, sa destination et la formule retenue (qualité des services). À vous de trancher… Prix indicatifs pour un séjour court (2 à 3 semaines) : Europe : 1 200 à 3210 € Hors Europe : 1 900 à 4 000 € Ce budget comprend en général : -le voyage et les transports ; -l’hébergement en pension complète ; -l’encadrement ; -les cours ; -les activités ; -les assurances. Il ne comprend pas les « à côtés ».

Séjour long « high school » Partir en-dehors des vacances ? C’est possible. Beaucoup d’organismes proposent désormais des séjours linguistiques de 3 à 12 mois dès 14 ans. Notamment pour les élèves qui savent assez tôt qu’ils vont redoubler. Cela leur permet de mettre à profit la fin de l’année pour apprendre une ou plusieurs langues étrangères en étant scolarisés dans un collège étranger (USA, Irlande…). L’hébergement se fait en général dans une famille d’accueil. Avant d’envisager le voyage, demandez une autorisation à l’établissement de votre enfant et soyez sûr des capacités d’adaptation de votre enfant.

Peut-on trouver de bonnes affaires ? Certains organismes proposent des offres de « dernière minute » quand ils n’ont pas rempli tous leurs effectifs. Mais c’est encore rare. Ce n’est pas vraiment l’état d’esprit dans lequel il est conseillé de choisir un voyage, même si le prix est alléchant.

Nos conseils : -Ne vous précipitez jamais sur une offre, même alléchante. Evitez par exemple d’acheter un séjour sur un salon ou une foire expo. Prenez plutôt la documentation et faites votre choix à tête reposée. -Méfiez-vous des offres à prix cassés : le grand minimum se situe entre 1 200 et 1300€ tout compris pour un séjour en Europe. -Avant de vous engager auprès d’un organisme, vérifiez bien tout ce qui est compris dans le prix du voyage. Vous n’êtes pas à l’abri des mauvaises surprises…

Christophe Couturier, responsable des séjours linguistiques chez Cap Monde (78) Quelles sont les tendances actuelles ? L’Angleterre continue de battre tous les records car elle offre la proximité et l’avantage de proposer énormément de formules différentes. L’autre tendance, c’est l’attrait pour les pays lointains : USA, Australie, Nouvelle-Zélande…Les jeunes veulent parler anglais mais aussi voyager, découvrir de nouvelles choses ! Les séjours en Allemagne ont beaucoup reculé alors que les demandes pour l’Espagne ou les pays hispanophones se sont beaucoup développées. Enfin, la nouvelle destination très demandée, c’est Malte : l’anglais au soleil… Comment savoir où envoyer mon ado ? En termes de résultats, cela ne change rien d’envoyer votre enfant de l’autre côté de l’Atlantique. L’intérêt des pays lointains, c’est le dépaysement et la découverte de cultures vraiment différentes.

Quand partir ?

En bref

Délais de préparation : environ 3 mois. Pour un voyage cet été, le mieux est de vous y mettre maintenant sachant que les places sont vites prises… Un séjour nécessite un minimum de préparation : s’informer sur le pays, contacter la famille d’accueil avant le départ lorsque cela est possible, discuter avec son enfant…Tout cela prend du temps.

Séjour linguistique, mode d’emploi Déterminez votre budget Définissez les objectifs du séjour Choisissez avec votre ado une formule qui lui convient : destination, durée, hébergement, activités… Faites confiance au bouche-à-oreille et sélectionnez une liste de 4 ou 5 organismes qui vous intéressent (par Internet, par téléphone ou en passant par une fédération) Contactez-les et demandez-leur une documentation : lisez attentivement leurs brochures et comparez-les (prix, services, label, charte de qualité…), vérifiez que le prix est « tout compris » et méfiez-vous de ceux qui sont en dessous du marché ! Eliminez ceux qui ne remplissent pas vos critères Ne vous engagez avec l’un d’entre eux qu’une fois que tout est clair…Les formalités se font en général par correspondance, vous n’aurez pas besoin de vous déplacer.

Combien de temps ? Pour qu’un séjour soit bénéfique, il faut compter au minimum 2 semaines. Le mieux étant entre 3 et 4 semaines. Calendrier des départs le mois le plus chargé : Juillet la période creuse qui permet des séjours plus personnalisés : Juin : pour les enfants qui n’ont pas d’examens à la fin de l’année et pour qui l’année scolaire se termine plus tôt. Août : il est considéré comme le mois des vacances en famille. Il y a donc beaucoup plus de possibilités. Même tardivement, vous trouverez facilement de la place. Pour information, les prix sont les mêmes qu’en juillet.

Infos pratiques Séjours linguistiques et apprentissage des langues, Conseil National du Tourisme. UNOSEL : 01 44 64 80 30 ou 0 820 20 20 36 (N° Indigo 0,09€/min) et www.unosel.org. L’OFFICE : 01 42 73 36 70 ou infos@loffice.org et www.loffice.org. www.studyparents.com


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L'ÉCOLE ET MON ADO

Quelle place pour

Les surdoués ?

Votre ado a été détecté intellectuellement précoce ? Il devrait être à l’école comme un poisson dans l’eau. Pourtant c’est loin d’être évident. En cause : un système scolaire inadapté. Des pistes pour mieux comprendre et l’aider à réussir sa scolarité. par ALEXANDRA RONSSIN

Chiffres 20 000 élèves entre 6 et 16 ans

2 à 3 %

de la population scolaire

2/3

auraient des difficultés scolaires

Pas si simple d’être un surdoué ! D’un côté, c’est un enfant vif, extrêmement curieux et très brillant pour son âge. Il a une pensée fulgurante. Il a su écrire avant tout le monde, il a même appris à lire seul sans que vous vous en aperceviez. Il est plein d’humour et adore discuter avec les adultes. À 10 ans, il avait le niveau d’un ado de 15 ans ! Peut-être a-t-il sauté une classe à l’école primaire. Vous l’avez fait tester par un psychologue : son QI dépassait les 130 points. Il est « intellectuellement précoce ». Et pourtant depuis qu’il est rentré au collège, ce n’est pas aussi facile que vous l’auriez cru. Il accumule les lacunes. Peut-être rencontre-t-il de grosses difficultés scolaires. Un ado surdoué qui a des problèmes à l’école, n’est-ce pas un peu paradoxal ?

L’habit ne fait pas le moine

Si beaucoup d’enfants intellectuellement précoces (EIP) parviennent à s’adapter au système scolaire, une bonne partie d’entre eux rencontre de réelles difficultés. « En 5e on décèle

les premiers décrochages notamment car ces ados s’ennuient. Mais c’est la 4e qui marque une vraie rupture », explique Jeanne SiaudFacchin, psychologue clinicienne et spécialiste des EIP. Jusque-là, on leur demandait de la mémorisation, à présent on leur demande de développer une pensée personnelle. Ce qui est normalement possible grâce à des procédures d’apprentissages qu’on leur enseigne depuis le CP. « Leur problème ? Ils n’ont jamais appris à apprendre. Ils ont toujours vécu sur leurs facilités et tout à coup, leur intelligence ne suffit plus. Ils ont la sensation de perdre pied, de devenir « nuls ». Argumenter, justifier, développer… c’est une vraie difficulté pour eux. Cela attaque l’image qu’ils ont d’eux-mêmes et ils peuvent perdre toute confiance en eux », analyse l’auteur de L’Enfant surdoué. Le début d’une spirale qui peut les entraîner jusqu’à l’échec scolaire voire la déscolarisation en fin de 3e.

Des ados anxieux

« Ces ados se sentent différents alors qu’ils ont un besoin très fort d’être comme les


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Besoin d’aide ? ANPEIP (Association nationale des parents d’enfants intellectuellement précoces) 04 93 92 10 53 ou www. anpeip.org. Afep (Association française des enfants précoces) 01 34 80 03 48 ou www.afep. asso.fr.

Olivier Revol,

pédopsychiatre, directeur du Centre de référence des troubles d’apprentissages scolaires à l’Hôpital Neurologique de Lyon.

Leur école idéale… C’est l’école de quartier et de proximité. Lorsque c’est possible, c’est évidemment plus épanouissant. Sinon il faut les inscrire dans des établissements qui prévoient un accueil spécialisé. L’enseignement est adapté : profs formés, cours à leur rythme, tutorat, activités spécifiques comme le jeu d’échec, la calligraphie, le dessin pour les aider dans l’écriture… En dehors des heures de cours, ils sont mélangés aux autres camarades. On évite ainsi les risques de marginalisation.

Votre enfant est-il surdoué ? Ce que signifie « surdoué » : avoir été testé par un psychologue et détenir un QI de plus de 130 points. Dans le meilleur des cas, la précocité est détectée dès la maternelle. Ce que cela ne signifie pas : un EIP n’a pas 18 de moyenne dans toutes les matières ! Les signes : -une grande curiosité, -une pensée fulgurante, -une entente surtout avec des plus âgés, -beaucoup d’humour, -un fort sens critique, -une grande anxiété. Les difficultés : dès la 5e et qui peuvent aboutir à un décrochage en 3e. Les causes du décrochage: les facilités ne suffisent plus, l’isolement, l’incompréhension des profs et des camarades, le manque d’aménagements scolaires… Une des solutions : former le personnel scolaire à comprendre le fonctionnement intellectuel et affectif de ces ados.

autres. À l’adolescence, ils ne veulent plus de cette différence. Certains vont jusqu’à mutiler leurs résultats scolaires pour rentrer dans le moule », remarque la psychologue. " Ils sont en colère contre le système scolaire car leur intelligence ne leur permet pas d’être brillant, contre les autres ados qui rigolent bien entre eux et les marginalisent souvent. Et contre les adultes qui ne les comprennent pas", explique Jeanne Siaud-Facchin

L’Éducation nationale tombe de haut

Une situation compliquée à laquelle tout le monde se heurte. À commencer par l’Éducation nationale dont la politique d’intégration pour ces enfants n’en est qu’à ses balbutiements. Il aura fallu attendre le rapport Delaubier en 2002 et la loi de 2005 sur l’orientation de l’école pour reconnaître leurs difficultés. Une circulaire datant d’octobre 2007 vient d’affirmer la nécessité de prendre des mesures concrètes pour favoriser leur scolarisation. « L'Éducation Nationale commence à y être sensible, mais elle a beaucoup de mal à intégrer cette notion de différence « positive », plutôt habituée à apporter des réponses aux handicaps « négatifs » », remarque Jean-Marc Louis, inspecteur académique de Moselle et auteur de Scolariser l’élève intellectuellement précoce.

Encore peu de solutions adaptées

L’unique réponse de l’école à ces enfants ? Le saut de classe. « Une solution nécessaire, mais qui pose souvent le problème de la maturité affective. Ces ados qui sont précoces intellectuellement ne le sont pas du tout au niveau affectif, ce qui crée de forts décalages avec les autres élèves », commente JeanCharles Terrassier, un spécialiste de la question. Par ailleurs, seuls dix établissements publics leur proposent actuellement des aménagements adaptés : activités spécifiques, tutorat ou multi classes. Un élève de 5e pouvant grâce à cela assister à des cours d’anglais en 4e. « C’est très bien, mais c’est du bricolage et les enfants sont souvent stigmatisés et marginalisés par les autres », estime Jeanne Siaud-Facchin qui souhaiterait une meilleure prise en charge.

précoces). D’autres choisissent le privé qui, avec 80 établissements ouverts aux EIP, offre beaucoup plus de souplesse que le public. D’autres encore optent temporairement pour les établissements spécialisés où les jeunes précoces sont regroupés entre eux. « Les parents qui le peuvent choisissent une scolarité à la maison par correspondance », ajoute Monique Binda, présidente de l’Association nationale des parents d’enfants intellectuellement précoces. Une solution qui a pour limites leur inintégration parmi les autres ados…

« être intellectuellement précoce, ce n’est pas avoir 18 de moyenne partout ! »

« Beaucoup de situations dramatiques viennent de l’école. Les profs doivent comprendre qu’ils ont leur part d’influence », lance Martine Rousseau. « Beaucoup ont une méconnaissance totale de la précocité. Soit ils n’y croient pas, soit ils voient ces enfants comme des concurrents et ne leur laissent pas le droit à l’erreur. Ils remettent en cause leur précocité dès qu’ils rencontrent des difficultés dans une matière. Mais être précoce, ce n’est pas avoir 18 dans toutes les matières ! », explique l’enseignante. La solution ? « Informer le personnel scolaire et les élèves. Dès le moment où les enseignants comprennent le fonctionnement intellectuel et affectif de ces enfants », conclut Jeanne Siaud-Facchin, « ils modifient leur regard et leur comportement. Les ados se sentent enfin compris et acceptent de jouer le jeu de l’école ». Un vaste chantier à mener dans le public. ■

Jacques Bert,

auteur de L’échec scolaire chez les enfants surdoués. « Les élèves intellectuellement précoces renvoient aux profs une image négative : beaucoup écrivent mal (car leur pensée va plus vite que leur main) ou donnent l’impression d’être insolents car ils interviennent pendant les cours sans qu’on les interroge, ils manquent de méthode et leur travail n’est pas scolaire pour un sou… Résultat, ils sont sanctionnés car ils ne donnent pas au prof ce qu’il attend au moment où il l’attend ». Mieux s’adapter Jeanne Siaud-Facchin, psychologue. « Pour la question cruciale de l’orientation, ces élèves sont confrontés à l’impossible certitude. Ils ont toujours voulu faire mille choses de leur vie et on leur demande d’en choisir une seule… Ce choix est insupportable car chaque question qu’ils se posent s’ouvre sur une nouvelle question. Il faut éviter de leur mettre la pression avec cela. » Mieux l’aider dans sa scolarité Donnez-lui accès à une passion qu’il pourra approfondir : sport, théâtre, musique… Ces enfants ont un gros travers : le papillonnage. Ils touchent à tout sans jamais creuser. Entraînez-le à approfondir, c’est une mesure de sauvegarde pour la suite !

Pour en savoir plus

Quelles alternatives ?

« Certains parents inscrivent leurs enfants dans des collèges de ZEP car là-bas, les profs sont souvent plus compréhensifs », assure Martine Rousseau, enseignante toulousaine membre de l’ex-GARSEP (Groupe académique de recherche sur la scolarité des enfants

L’échec scolaire chez les enfants surdoués, Jacques Bert.

L’enfant surdoué, l’aider à grandir, l’aider à réussir, Jeanne Siaud-Facchin, Odile Jacob.

Guide pratique de l’enfant surdoué Jean-Charles Terrassier et Philippe Guillou, ESF.

Scolariser l’enfant intellectuellement précoce, Jean-Marc Louis et Fabienne Ramond, Dunod.

2 sites Internet ANPEIP (Association nationale des parents d’enfants intellectuellement précoces) 04 93 92 10 53 ou www. anpeip.org. Afep (Association française des enfants précoces) 01 34 80 03 48 ou www.afep. asso.fr.


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FAUT-IL SAUVER LE RAPPORT POCHARD ? Par Guy morel

Les commissions ministérielles, on le sait, sont faites soit pour enterrer les dossiers soit pour lancer des ballons d’essai. La commission Pochard sur « les évolutions de la fonction et du métier d’enseignant » n’a pas échappé à la règle, et l’enterrement s’est fait, cette fois-ci, en fanfare. En effet, la veille de la présentation de ses travaux, un quotidien titra que le plus en vue de ses membres avait proposé de proportionner le salaire des enseignants à leur mérite. Celui-ci démentit vigoureusement avoir fait cette proposition hérétique, protesta du sérieux des travaux de la commission, et en démissionna bruyamment. Le vacarme s’accrut avec l’ouverture sur la Toile d’un site de notation des professeurs par leurs élèves. Devant le tollé syndical, le ministre s’appliqua à calmer le jeu : on verrait si le site était légal ; quant à la commission Pochard, il se réservait de reprendre, peut-être, certaines des pistes tracées dans son Livre vert dans un Livre blanc. Plus tard. Or, parmi ses pistes, y en a-t-il qui méritent d’être retenues ? C’est toute la question. Que contient donc ce rapport si proprement torpillé ? Certes

pas la proposition qui a déclenché passions et canular, mais un ensemble de mesures technocratiques aux antipodes de celles qu’il faudrait prendre pour rendre à la fonction de professeur le prestige et l’autorité qu’elle a perdus ces dernières décennies. Pilotage déconcentré du système, autonomie accrue par la création d’une personnalité juridique pour les écoles primaires, nomination à la tête des collèges et lycées de directeurs extérieurs à l’enseignement, progression à la marge des rémunérations sous forme de primes etc., on nage dans le dogmatisme managérial. Et que dire du pré-recrutement d’élèves professeurs parmi les jeunes des quartiers sensibles et de la bivalence des enseignants du secondaire ? Quotas professionnels sur critères sociaux, fragilisation des connaissances disciplinaires : quel type d’enseignants les membres de la commission Pochard avaient-ils en vue en émettant ces idées ? On croit le comprendre : des animateurs destinés, faute de l’instruire, à encadrer, à moindres frais, la population d’âge scolaire. « Sous les pavés, la plage », disait-on naguère. « Sous la bien- pensance gestionnaire, la régression culturelle », pourrait-on dire aujourd’hui. Le ministre, homme habile et fin lettré, bon connaisseur du système et de ses niches technocratiques, s’est empressé de remiser le rapport Pochard sur l’étagère poussiéreuse où s’entassent les copies d’experts. Il avait, il est vrai, un autre fer au feu, avec la réécriture des programmes de l’école primaire, entreprise courageuse et urgente. D’utilité publique, celle-là, si elle débouche sur une réelle remise à niveau. Quant aux salaires des enseignants - à peine plus que le SMIC pour un débutant - ils attendront.

L'ÉCOLE ET MON ADO

chronique

MÉTIER D’ENSEIGNANT :

pédagogies magazine n°8 AVRIL - MAI 2008

REPÈRES Secrétaire du Groupe de Recherches Interdisciplinaire sur les Programmes (GRIP) qui suit le réseau d’écoles pilotes SLECC (Savoir Lire Écrire Compter Calculer), Guy Morel est l’auteur de L’horreur pédagogique et du Petit vocabulaire de la déroute scolaire (Ramsay, 1999, 2000) et du chapitre sur l’enseignement du français dans La débâcle de l’école (X.F de Guibert , 2008), livre collectif dirigé par Laurent Lafforgue.


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PÉDAGOGUES ET PÉDAGOGIES

les secrets de…

En 1886, Maria Montessori devient la première femme médecin en Italie. Après avoir étudié la pédagogie, elle est chargée de l’éducation des enfants défavorisés de Rome. Pour répondre à leurs besoins éducatifs, elle fonde en 1907 la première maison des enfants.

la pédagogie

Montessori Un jardin d’enfants silencieux, des enseignants qui n’éduquent pas, une classe sans punition… De quoi faire pâlir n’importe quel inspecteur de l’Éducation nationale. Pourtant, cinquante

écoles environ en France, 8 000 dans le monde, fonctionnent selon la méthode Montessori. par leila minano

Aujourd’hui centenaires, les théories d’apprentissage élaborées par Maria Montessori, et appliquées dans les écoles du même nom, continuent de faire leurs preuves. En effet, selon une étude américaine réalisée en 2006, à 5 ans, les écoliers obtiennent de meilleurs résultats en lecture et en mathématiques. À 12 ans, ils ont davantage d’imagination et un plus grand sens de la vie en communauté et de la justice. Une chercheuse française a également prouvé que les montessoriens s’adaptaient mieux à l’enseignement supérieur. Son évaluation révèle des niveaux d'anxiété et de dépression moindres, et des notes meilleures obtenues par ces étudiants. La clef de cette pédagogie très spéciale ? L’observation. Son inventeur, Maria Montessori, considère qu’aucun individu n’a le droit d’en éduquer un autre. L’adulte est donc relégué au rang de simple observateur. « Lorsqu’un enfant fait semblant d’écrire ou compte fictivement les marches des escaliers, je comprends que le moment est venu de lui proposer un jeu pour écrire ou compter », explique Andrea Bauer, éducatrice Montessori. L’adulte, qui n’a pas de bureau, montre alors à l’élève comment se servir du matériel, puis se met en retrait. Il s'agit du fameux « aide-moi à faire moi-même » préconisé par Maria Montessori.

Apprendre par les cinq sens

Chaque enfant apprend donc à lire, à écrire, à compter par lui-même, grâce à un matériel de découverte labellisé. Ces « jeux », uniques et très coûteux, sont le deuxième secret de la méthode Montessori. « Les élèves intègrent les unités de mesures grâce à des barres de tailles différentes qu’ils placent dans les trous correspondants », explique Nicole Thomas, présidente de l’AMF (association Montessori France). Dans les classes, que les montessoriens préfèrent appeler « ambiances », les plus petits intègrent les gestes de la vie quotidienne avec des jeux comme la chaussure à cirer, le linge à laver, la plante à arroser. « C’est le principe du développement humain par le corps. L’enfant absorbe les connaissances grâce à ses cinq sens. Il n’est pas guidé par l’enseignant mais par les échecs et les succès de ses expériences », analyse François Jacquet Francillon, professeur de sciences de l’éducation à l’université de Lille II. « Grâce à cette méthode, mon fils était beau-

” Son inventeur considère qu'aucun individu n'a le droit d'en éduquer un autre „ coup plus autonome que ses frères qui ont suivi l’école classique. Des qualités qu’il garde encore aujourd’hui, à 20 ans », raconte Pascale, 52 ans, mère de 3 enfants. Mais la manipulation de ce matériel serait moins efficace, s’il n’y a avait « la liberté de s’en servir » accordée aux enfants. Voilà la troisième clef de cette pédagogie. Quand l’enfant arrive le matin, il prend dans l’armoire le jeu dont il a envie. Il part ensuite s’installer où il veut, comme il veut. Pas question de lui imposer une leçon à heure fixe, ni un pupitre donné, encore moins de rester assis sur une chaise. Même technique pour les plus grands : « Le jeune apprend l’existence des Mayas grâce à un poster ; en général, il veut en savoir plus. Il prend un livre sur le sujet et ensuite, s’il veut se tester,

« Montessori, c’était génial ! » Dan, 17 ans, a fait l’école Montessori jusqu’à l'âge de 6 ans. Aujourd’hui lycéen en terminale ES, au lycée Victor Durhuis dans le 7e arrondissement de Paris, il prépare Sciences Po Paris.

« De l’école Montessori, je me rappelle d’une grande proximité avec les profs. C’était génial ! on manipulait des objets et on apprenait. Du coup, je savais lire, écrire et compter en arrivant au CP dans le public. Et puis, il y avait des enfants du monde entier. J’avais des amis suédois, italiens, chinois, cela m’a donné une grande ouverture sur le monde et je suis devenu bilingue. Mais quand je suis entré au primaire à l’école publique, le choc a été rude. J’ai pleuré toute une journée, j’étais jaloux de

mes copains qui continuaient à Montessori. Dès le premier jour, le maître m’a engueulé parce que je n’étais pas en rang. Mais je me suis adapté. Au primaire et au collège, j’étais le meilleur de ma classe, sans avoir à étudier. Puis, au lycée, j’ai dû m’y mettre car je n’avais pas acquis la méthode classique d’apprentissage. Aujourd’hui, je remarque que j’apprends plus vite que mes amis, j’ai moins besoin de réviser. Et puis je révise avec plaisir en histoire, sciences éco, philo… Mais pas en maths ! »


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les secrets de…

PÉDAGOGUES ET PÉDAGOGIES

Les points noirs de Montessori il prend le classeur d’auto-questionnaire », affirme la présidente de l’AMF. Cette confiance accordée aux élèves semble faire ses preuves : le lycée international Montessori affiche 100 % de réussite au bac, dont 60 % avec mention.

Pas de récompense, ni de punition

« On donne aux enfants l’envie de savoir, personne ne les force à ingurgiter des tonnes de données », affirme la directrice parisienne. Même constat pour Pascale : « Mon fils, Antonin, savait lire à 4 ans, c’est lui qui a demandé à apprendre ». Le respect et l’écoute de chaque enfant, c’est aussi pour cette raison que certaines familles choisissent Montessori. Selon le code, « chaque enfant est unique, il a ses rythmes, ses envies, sa personnalité ». L’éducateur ne peut donc ni le juger, encore moins dire du mal de lui. « Ma fille avait un retard de langage… » ou « mon fils était considéré comme

hyperactif, insupportable et laissé de côté. À Montessori, il s’est senti à nouveau bien dans sa peau », peut-on lire sur des forums internet. De nombreux enfants, rebelles dans l’Éducation nationale, semblent donc trouver leur place à Montessori. Et puis il n’y a pas de punition, ni de récompense, dans ces établissements. Lorsqu’il fait une bêtise, l’enfant est censé s’autocorriger. « Quand il casse une assiette, c’est un test pour lui. La prochaine fois, il fait plus attention, personne n’a besoin de lui dire », explique l’éducatrice. Les résultats de ce fonctionnement sont probants : « Comme il n’y a pas de notes, de réprimandes, de punitions, les enfants ne sont pas en compétition. Montessori pousse les enfants à s’entraider. Donc les classes sont calmes, il y a beaucoup moins de tensions », déclare Andrea. C’est encore une autre clef de la pédagogie Montessori : le mélange des genres et des âges. Les « ambiances » sont divisées par

” Chaque enfant

est unique, il a ses rythmes, ses envies, sa personnalité

« Montessori, c’est la dictature de la liberté obligatoire » Denys Ribas, pédopsychiatre, est directeur de l’hôpital de jour pour enfant de l’Entraide universitaire à Paris. Ce médecin s’inspire au quotidien de la pédagogie Montessori. Pourquoi avez-vous décidé d’intégrer cette méthode à l’hôpital de jour ? Pour moi, Maria Montessori a apporté quelque chose de très précieux : une méthode qui laisse l’initiative à l’enfant et qui lui permet de se construire. Cette pédagogie est très intéressante pour les enfants, qu’ils soient handicapés ou dits « normaux ». Toutefois, elle ne peut pas convenir à tous… Certains enfants peuvent donc ne pas s’adapter à cette pédagogie ? C’est un paradoxe : Montessori, c’est la dictature de la liberté obligatoire. Certains enfants peuvent donc être mis en difficulté dans un jardin d’enfants Montessori, où ils

sont obligés de faire preuve d’initiative. Ils ont besoin d’un environnement plus codifié. Il y a des enfants qui préfèrent qu’on leur impose de chanter telle chanson plutôt qu’avoir à en choisir une. Quelles sont les conséquences pour les enfants inadaptés à Montessori ? Il y a deux cas de figure. Soit l’enfant, poussé par l’exigence de liberté montessorienne, change. Car il ne peut plus esquiver, comme il aurait pu le faire dans une école classique, avec des directives. Il est obligé d’évoluer et de choisir, de prendre des initiatives. Soit ce fonctionnement le bloque complètement si c’est une difficulté trop dure à surmonter.

tranches de 3 ans d’âge (0-3 ans, 3-6, etc.) afin de permettre à chacun d’évoluer à son rythme.

L’entraide, une des lois montessoriennes

Une manière pour les enfants précoces d’avancer plus vite, mais aussi pour les élèves handicapés de trouver leur place. Car les plus grands aident les autres, c’est un des principes phare. Autre originalité : de nombreuses écoles sont bilingues, ce qui leur permet d’accueillir des élèves de tous horizons. « Nous avons 14 nationalités différentes, cela donne aux enfants une plus grande ouverture sur le monde », témoigne la directrice, Barbara Porter. Enfin, ultime secret de cette pédagogie très spéciale : l’implication des parents. « Il n’y a pas de cahier de correspondance entre nous, les éducateurs parlent de vive voix, ajoute Andrea. Lors des réunions, ils manipulent le matériel pour comprendre l’évolution de leur enfant ». Ils sont aussi encouragés à participer aux formations Montessori et à appliquer la pédagogie à la maison. On l’aura compris, les principes de cette méthode, plus surprenants les uns que les autres, sont propres à déstabiliser quiconque a fait ses classes dans un parcours classique… Pourtant, plus de 100 ans après leur création, les écoles Montessori continuent de convaincre et gagnent chaque année de nouveaux adeptes. ■

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Les fausses écoles : Certaines écoles se prévalent de la pédagogie Montessori, alors qu’elles n’appliquent que quelques-uns de ses principes. Chercheurs et montessoriens aguerris s’accordent à dire que cette méthode n’est valable que lorsqu’elle est appliquée dans son ensemble. L’AMF (association Montessori France) conseille, pour éviter les déconvenues, de se renseigner, de rencontrer les éducateurs et de visiter les « ambiances » avant d’y inscrire son enfant. La consultation de la charte Montessori de l’AMF peut être un bon moyen de vérifier si l’école respecte les critères (en ligne, sur amf.fr).

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Le coût : Pour beaucoup, c’est le principal point noir de l’Éducation Montessori. Ces établissements privés « hors contrat » ne sont pas adaptés à tous les budgets. Selon nos sources, il faut compter 300 euros par mois, voire plus. Toutefois, dans quelques cas, il est possible d’obtenir une bourse, et certaines écoles prennent en compte les revenus familiaux. Les tarifs sont la plupart du temps disponibles sur les sites internet des écoles.

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Les niveaux de scolarisation : En France, il n’y a que très peu d’établissements qui scolarisent les enfants de la maternelle à la terminale. Une période de réadaptation au milieu scolaire classique est donc à prévoir et à anticiper. Toutefois, les montessoriens sont réputés être de vrais caméléons : ils trouvent en général assez vite leurs nouveaux repères.

A lire

Les peoples de Montessori - Les fondateurs de Google, Sergey Brin et Larry Page - L'inventeur des Sims et développeur de Spore et de SimCity, Will Wright, - David Halliday, chanteur-compositeur - Marie Drucker, journaliste et présentatrice TV - Chiara Mastroiani, actrice - Lio, chanteuse Des parents adeptes : Alain Chamfort, Elie Medeiros, Renaud, Philippe Mérieux, Josiane Balasko, Michel Jonasz, Catherine Dolto.

De l'enfant à l'adolescent, Maria Montessori. Desclée de Brower. L'enfant, Maria Montessori. Desclée de Brower. L'éducation et la paix, Maria Montessori. Desclée de Brower. Maria Montessori, sa vie, son oeuvre, E.M. Standing. Desclée de Brower.


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Aurélie Lesaulnier

à fleur de prof

profil de prof

PÉDAGOGUES ET PÉDAGOGIES

Jeune professeur d’horticulture dans un collège de SeineSaint-Denis, Aurélie Lesaulnier cultive la confiance de ses élèves. Pour que ses jeunes pousses s’épanouissent, elle les abreuve de conseils, d’encouragements mâtinés de gentillesse, et fait preuve d’une motivation sans faille. Cécile Mortreuil

« Eh ! Madame, vous journalisez quoi ? », me demande Souleymane, interpellé par ma présence dans sa salle de classe. En cette matinée froide et ensoleillée, je « journalise » Aurélie Lesaulnier, une jeune prof au profil atypique. Du haut de ses 26 ans, elle enseigne l’horticulture au collège Lenain de Tillemont, à Montreuil, à des élèves de 4e et 3e de SEGPA (section d’enseignement général et professionnel adapté). Son

” Quand je me présente à eux, je leur explique que mon cursus pourrait être le leur „ collègue, Alain Le Bris, est quant à lui chargé des cours d’alimentation service. Comme tous les lundis, les seize élèves de 4e sont scindés en deux groupes. L’un suivra le cours d’alimentation, l’autre celui d’horticulture. Les deux profs vont chercher leurs élèves à 8 heures tapantes dans la cour de récréation. Chemin faisant, le regard empreint de gentillesse d’Alain s’anime lorsqu’il parle d’eux, des « gosses au cursus un peu compliqué, qui vivent ou ont vécu de grandes difficultés familiales ».

« Mon profil ? Peut-être le leur »

Il n’y a pas que la matière d’Aurélie et sa personnalité qui soient originales. Son parcours l’est aussi. Cette jeune prof n’a pas fait d’IUFM

et ne se destinait pas à l’enseignement, bien qu’elle en ait « toujours eu envie ». Après un BEP agricole en aménagement de l’espace, un brevet de technicien agricole et un BTS protection de la nature à l’INRA, Aurélie travaille au parc des Beaumonts, à Montreuil. La directrice de la SEGPA l’appelle alors, et lui propose de diriger les cours d’horticulture au collège. « J’ai accepté immédiatement », explique-t-elle. L’envie de partager le savoir, c’est quelque chose que j’ai toujours eu au fond de moi ». Alors, depuis trois ans, elle transmet ses connaissances avec un savoir-faire qui tient de l’inné : « La passion de l’enseignement, on l’a dans les tripes ou on ne l’a pas », affirme Aurélie. Un parcours complet et atypique, qui pourrait être celui de ses élèves. Car dans quelques mois, ils intégreront l’enseignement professionnel. C’est peut-être cette proximité qui explique l’empathie d’Aurélie vis-à-vis de ces collégiens, mais aussi la réussite de ses méthodes pédagogiques. « Lorsque je me présente à eux, je leur explique que mon cursus pourrait être le leur, raconte-t-elle. C’est à la fois de l’honnêteté et un message d’espoir pour ces enfants qui doutent et qui ont tendance à se dévaloriser ».

Responsabiliser pour redonner confiance

« J’entends sans cesse mes élèves dire qu’ils ne peuvent pas y arriver parce qu’ils sont " des SEGPA ". Beaucoup n’ont pas confiance en eux et pensent qu’ils ne valent rien. » Face à tant de fatalisme, Aurélie déploie des trésors d’ingéniosité pour redonner confiance et espoir à ces jeunes. Et cela passe par la responsabili-

sation. Ce matin-là, les élèves doivent réaliser un inventaire du matériel horticole, et évaluer leur dangerosité. Brouettes, pelles, bêches, mais aussi cisailles, pioches et sécateurs sont consciencieusement comptés et malmenés, pour être certain qu’aucun n’est défectueux. Les outils coupants passent de main en main. « Le sécateur est-il dangereux ? » demande Aurélie à Sajida. « Oui » répond la collégienne sans hésiter. « Tu es sûre ? Mets ton doigt, on va voir… », plaisante la prof. « Avoir des objets coupants en mains les responsabilise » explique Aurélie. Autre initiative : le Salon de printemps. En mai, ils montent des stands et vendent leur production de l’année à des particuliers : fleurs, légumes, compositions florales… « Ils sont obligés de se mettre en avant, raconte Aurélie, de développer de vrais arguments pour convaincre les promeneurs d’acheter le fruit de leur travail. En général cela fonctionne et révèle même chez certains une âme de vendeur ! » Des talents

une étiquette jaune dans leurs plantations avec le nom des végétaux qui vont bientôt y pousser. Pour cela, il faut décrypter les étiquettes dans un bac en contenant une centaine ! Poivron rouge, sauge incendie, chou cabus, pois de senteur… chacun cherche la sienne dans un joyeux brouhaha. « Cette recherche anodine devient un vrai exercice de lecture », explique Aurélie. Même chose pour le ménage : les collégiens doivent nettoyer leurs locaux souillés de la terre qu’ils ont ramenée de l’extérieur. « Au début, certains garçons me disaient : " je suis un homme, c’est aux femmes de faire le ménage ! " Maintenant, tous s’y plient de bonne grâce ». La prof d’horticulture donne du rythme à ses cours, joue sur tous leurs sens, de l’odorat au toucher. Ainsi, ses élèves gardent une concentration quasi constante, presque déroutante. Étonnante aussi, leur patience, comme dans cet exercice où ils doivent consciencieusement enfouir des ­centaines de graines minuscules…

cachés qu’Aurélie fait tout pour encourager : « je veux leur redonner une belle image d’eux-mêmes et leur prouver que ce n’est pas parce qu’on est en SEGPA qu’on ne peut pas réussir ». Et ça marche ! « Je garde contact avec mes élèves. Ma plus grande joie, c’est de les voir après, épanouis, poursuivre des études qui leur plaisent. J’ai revu récemment un ancien élève, très introverti. Aujourd’hui, il est en CAP horticulture. Je suis fière de lui, fière qu’il se soit ouvert et qu’il ait un avenir. Fière aussi qu’il ait choisi l’horticulture, comme moi ! »

Pour les captiver, Aurélie plaisante avec eux, ponctue son discours d’exemples et d’images. Banco ! « Lorsque je fais des interrogations surprises, ils répondent à tout sans se tromper », raconte-t-elle. Certains pourraient lui reprocher son manque de sévérité (elle n’a mis que deux heures de colle en trois ans…), mais la douceur et la jovialité portent leurs fruits : les élèves sont concentrés, rieurs mais respectueux. Aurélie s’implique énormément dans le choix des études futures de ses élèves, passant des heures à discuter avec eux de l’éventail des possibles. « Lorsque vient le difficile choix de l’orientation, je fais en sorte qu’ils ne se trompent pas de chemin. J’essaie de leur donner des compétences qu’ils conserveront toute leur vie. On peut me reprocher plein de choses, pas de ne pas me défoncer pour mes élèves. » ■

Pas que des fleurs…

Aurélie stimule ses élèves en permanence. Le plus petit détail de son cours devient un exercice à part entière. Après avoir semé des graines dans des terrines, les collégiens doivent piquer


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Europe

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ailleurs

PÉDAGOGUES ET PÉDAGOGIES

Le micmac du Bac

McDo " n’a pas de sens, selon Jean-Robert Pitte. En revanche, cela ne me choque pas que l’entreprise interagisse davantage dans le secondaire. L’alternance est une très bonne chose, ainsi que les filières professionnelles. Malheureusement, regrette-t-il, ces voies ne sont pas assez choisies, alors qu’elles peuvent être de vraies chances pour bon nombre de jeunes. »

En France, le Bac est une institution vieille de deux cents ans. Cette année encore, plus de 600 000 lycéens vont tenter de le décrocher, alors que la valeur de ce diplôme ne cesse d’être décriée. Mais nos voisins européens font-il mieux que nous ?

Certains indélicats affirment que vous avez eu votre permis dans une pochette surprise… Ceux-là même diront-ils que vos enfants ont eu leur Bac dans un menu Big Mac ? À quand un Bac estampillé SNCF ou Air France ? Sans doute jamais, estime Nicolas Mottis, professeur et ancien directeur de l’ESSEC MBA. « Je serais très surpris que de tels “ Bac ” apparaissent en France, affirme-t-il, d'abord parce que le secondaire français reste très réticent aux interactions avec le monde de l'entreprise, ensuite parce que notre système est extrêmement centralisé. » Ce qui n’est vraiment pas le cas au Royaume-Uni ! Et de poursuivre ensuite : « dès qu'une entreprise demande à délivrer un diplôme, le coup de frein est immédiat. » Le Bac McDo en France, ce n’est donc pas pour demain… Mais le symbolique pourrait se substituer à l’officiel. Ainsi, selon Nicolas Mottis, dans le futur, « les entreprises ne donneront pas de diplômes officiels mais peutêtre des " certificats ". »

Cécile Mortreuil

A-Level au Royaume-Uni, Abitur en Allemagne, Selectividad en Espagne ou Maturità en Italie : le Bac français connaît de nombreux cousins dans l’Union européenne. Et les terminologies ne sont pas les seules à différer ! Bien qu’équivalents, les diplômes qui sanctionnent la fin des études du second cycle chez nos voisins sont, la plupart du temps, très éloignés du Baccalauréat français.

Joyeux anniversaire, le Bac !

Créé en 1808 sous Napoléon Ier, le Bac fête ses deux cents ans. Si à l’époque, seuls 21 candidats avaient obtenu leur sésame, ils étaient 150 000 en 1973 et 524 057 en 2006 ! D’abord réservé

” Harmoniser le bac à l'échelle

européenne serait une usine à gaz

à une élite masculine, le Baccalauréat s’est démocratisé, notamment grâce à Julie-Victoire Daubié*, première bachelière de France en 1861, qui ouvre la voie aux femmes. Aujourd’hui, fi de l’élite ! Le Bac est devenu un diplôme de base, dénué de son prestige d’antan et indispensable à toute formation supérieure.

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L’examen de la « maturité »

En dehors de nos frontières, le terme Baccalauréat (ou Bachelor) désigne souvent des diplômes équivalents chez nous à une licence, voire une maîtrise. Ainsi, l’examen final porte le nom de « maturité » : Maturità en Italie, Matura en Pologne et en République Tchèque, Maturita en Slovénie, mais aussi de « test de maturité » en Autriche, qui vient clore les quatre années de lycée et détermine si les élèves sont aptes – et donc littéralement « mûrs » – à entrer à l’université. Ce n’est pas cette problématique qui prime en France, comme l’explique Jean-Robert Pitte**, président de la prestigieuse Sorbonne, soulignant qu’aujourd’hui l’examen n’assure pas correctement son rôle de marchepied de l’université. Car n’oublions pas que le Bac est le premier grade universitaire !

Au Royaume-Uni, un Bac option Big Mac

Le ministère britannique des Universités et de la Formation vient d’autoriser trois firmes (McDonald’s, une compagnie aérienne low-cost et une compagnie ferroviaire) à délivrer leur propre A-Level (l’équivalent du Bac), reconnu par l’État. Dans le cas de la chaîne de fast-food, le diplôme certifie que son détenteur maîtrise les tâches liées à la gestion d’un restaurant. Une sorte de Bac pro, avec de longues périodes d’alternance au sein de l’entreprise. « L’exemple du " Bac

Bientôt un Bac SNCF ?

Farfelue Finlande

Souvent citée en exemple pour ses pratiques très libres, la Finlande ne déroge pas à la règle en ce qui concerne le Bac. Seule l’épreuve de langue maternelle est obligatoire. L’élève choisit ensuite les trois matières qu’il présentera à l’examen, parmi un éventail impressionnant allant des traditionnelles mathématiques à l’éducation à la santé ou encore la religion luthérienne ! Plusieurs mois après son premier passage (même réussi), le candidat peut également décider de repasser une épreuve pour obtenir une note encore meilleure.

Les Italiens ne perdent pas leur latin

Même s’ils n’ont cours que le matin (comme les Allemands et les Suédois), les lycéens italiens ne chôment pas. Car si certains s’adonnent aux joies du sport en plein air, pour les élèves des sections littéraires, c’est latin obligatoire ! Même chose pour les Grecs, qui n’ont pas délaissé l’enseignement du grec ancien. Plus ludique : les Italiens peuvent choisir d’être évalués sur un projet humanitaire ou culturel.

LE TOUR D’EUROPE DU BAC Pays Allemagne Belgique Danemark Espagne Finlande France Italie Norvège Pays-Bas Pologne Portugal République Tchèque Roumanie Royaume-Uni Suède Moyenne UE (25)

% des 20-24 ans ayant l'équivalent du Bac

Nb d'H de cours conseillé/an

Examen final, ou contrôle continu ?

73,3 81,1 79,6 64,9 86,2 81,7 69,1 94,9 73,3 88,1 43,7 91,7 75,3 77,2 86,7

874 à 931 849 à 971 910 1 050 855 930 893 à 1 001 855 1 260 à 1 289 865 930 802 à 851 779 855 à 1 045 741

CC CC + EF CC CC CC CC + EF CC + EF CC + EF CC + EF CC + EF CC + EF Pas de certificat EF CC + EF CC

76,6

Sources : 1) Eurostat, 2002, enquête sur les forces de travail / 2) Eurydice, année scolaire 2002-2003 / 3) Eurydice, année scolaire 2002-2003

Vers un Bac européen ?

Aussi étonnant que cela puisse paraître, le Bac européen existe déjà… Mais il est très peu usité. Seuls 1 360 candidats l’ont présenté en 2007, dont un quart en section française. Reconnu par l’Union et préparé par 14 écoles implantées au Luxembourg, en Belgique et en Allemagne, il est avant tout destiné aux enfants de fonctionnaires européens. Sa devise : libérer ces graines d’Européens « des préjugés qui divisent » pour les « préparer à achever et à consolider l’œuvre entreprise par leurs pères pour l’avènement d’une Europe unie et prospère. » Après l’euro et la Constitution, un Bac européen est-il à l’étude ? « Une harmonisation me paraît difficile, répond Philippe Cocquebert, directeur de cabinet du recteur de l’Académie de Paris. Les cultures européennes sont très différentes, tout comme les programmes étudiés en classe. En France, la philosophie est enseignée dès la terminale, alors que, dans les autres pays européens, cet enseignement débute à l’université. Harmoniser le Bac à l’échelle européenne serait une usine à gaz ! » Examen final ou contrôle continu, examen régional ou national, valeurs et programmes différents : les Bac européens sont tellement hétérogènes que leur harmonisation relève, pour l’heure, d’une douce utopie… ■

*Julie Victoire, première bachelière de France, de Gilles Laporte, Éditions Eska. **Jean-Robert Pitte est l’auteur de Stop à l’arnaque du Bac, Oh ! Éditions.

L’Abibac, un diplôme franco-allemand Certains élèves passent à la fois l’examen français et son équivalent allemand, l’Abitur. Durant le secondaire, les cours sont dispensés dans la langue de Molière et dans celle de Goethe, permettant à 454 candidats d’obtenir une double certification et d’intégrer ensuite les plus prestigieuses universités des 2 pays.


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ailleurs

PÉDAGOGUES ET PÉDAGOGIES

États-Unis « Maman, comment on fait pour être heureux ? » Si vous n’avez pas la réponse, envoyez donc votre enfant suivre les cours de Tal Ben Sahar ! Ce professeur de Harvard enseigne le… bonheur ! Curieux de connaître la clé du bien-être, des centaines d’étudiants se sont précipités à son cours, devenu le plus prisé du campus. L’idée fait des émules puisque les élèves du Wellington College ont également droit à leur leçon de bonheur, tandis que certains petits Allemands peuvent bénéficier d’un enseignement de « préparation à la vie ». Tout un concept… Source : The Japan Time

Chine Vacances prolongées… Après les intempéries de cet hiver, le ministère de l'Éducation a ordonné à toutes les écoles primaires et secondaires des régions sinistrées de mener des inspections de sécurité avant la rentrée scolaire. Les établissements devront aussi vérifier la qualité des approvisionnements en eau et aliments, afin de protéger les élèves des maladies infectieuses. En attendant la normalisation des conditions, la reprise des cours pourrait être reportée.

Suède À l’unisson Une garderie suédoise a interdit aux enfants et aux employés de porter des vêtements rayés ou à pois. Tout contrevenant s’est vu attribué de nouveaux habits. La raison : les cercles et les rayures donnaient des migraines à un membre du personnel… La directrice a donc pris les mesures nécessaires pour permettre à son employé de travailler dans de bonnes conditions. À quand l’interdiction des enfants roux ? Source : Norrländska Socialdemokraten

Allemagne Debout là-dedans ! Les futurs bacheliers du lycée allemand Buckhorn vont avoir du pain sur la planche : leurs cours de préparation à l’épreuve de maths seront organisés le samedi matin, c’est-àdire hors des heures légales de cours. En outre, chaque session de 3 heures sera facturée 5 euros ! La direction a tout de même précisé que cet argent serait affecté à diverses activités du département de mathématiques. De quoi réconforter les étudiants… Source : Die Welt

Royaume-Uni Prévenir pour ne pas grossir Pour éviter que la moitié des Britanniques ne deviennent obèses dans les 25 années à venir, le gouvernement a opté pour les cours de cuisine. Dès la rentrée 2008, la plupart des élèves de 11 à 14 ans étudieront l’art de préparer des plats sains et d’intégrer fruits et légumes dans leur alimentation. Bien qu’elle vise l’allègement des petits Anglais, cette mesure alourdit un peu plus leur cursus scolaire. De quoi agacer certains directeurs, qui devront également penser à la difficulté technique d’assurer ces cours. Source : The Guardian

Canada Melting pot en danger Dès la rentrée 2009, les petits Canadiens issus de la communauté noire auront leur propre établissement. Pour tenter de réduire le taux d’abandon scolaire parmi cette partie de la population, le Toronto District School Board a approuvé l’ouverture d’une école alternative publique uniquement réservée à ces élèves. Une initiative qui ne fait pas l’unanimité, puisque 82 % des résidents de la zone du Grand Toronto se disent opposés à cette mesure. Source : www.thestar.com

Suède Un monde parfait Un collège de Stockholm a interdit la vente de roses dans l'établissement le jour de la Saint-Valentin. Motif : les élèves privés de rose risquaient de se sentir exclus. Une enquête très sérieuse a révélé que près de deux tiers des jeunes se sentent à l'écart le jour de la fête des amoureux. Responsable de cette décision, le proviseur adjoint du collège a estimé que « dans le meilleur des mondes, chacun devrait recevoir une rose le jour de la Saint-Valentin ». Ne serait-il pas un peu fleur bleue ?


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réussir autrement

PÉDAGOGUES ET PÉDAGOGIES

Dans l'un des meilleurs établissements agricoles et horticoles de France, des jeunes épris de grand air, de nature et de travaux manuels, et dotés de la fibre créative, viennent se former au métier de paysagiste. Ce secteur en plein développement leur donne un emploi assuré après deux années d'études, ou sept pour les plus passionnés. texte et photos Michel Monsay

Un lycée

grandeur nature


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réussir autrement

PÉDAGOGUES ET PÉDAGOGIES

L'école buissonnière Le lycée d'enseignement général, technique et agricole (LEGTA) de Saint-Germain-enLaye dépend du ministère de l'Agriculture. Cet établissement public est donc gratuit, et son internat coûte 1 400 € pour l'année. 500 élèves y apprennent les métiers du paysage ou de l'horticulture, avec la possibilité de passer tous les diplômes, du BEPA au BTSA. La notoriété du lycée lui valant un nombre de demandes d'intégration supérieur à celui des places disponibles, une petite sélection se fait sur les antécédents scolaires des candidats et sur leur motivation, Outre le lycée, le site de 83 ha comporte un CFA et un centre de formation professionnelle continue.

Le lycée agricole et horticole de Saint-Germain-en-Laye, ouvert en 1965, fut l'un des premiers à proposer une formation en aménagement paysager. Les compétences et la réputation de cet établissement ne datent donc pas d'hier. Les élèves qui en sortent diplôme en poche sont en effet très recherchés par les professionnels. Avec des taux de réussite de 93 % au Bac pro et de 90 % pour l'ensemble des formations, le lycée se place bien au-dessus des moyennes nationales. Juché sur un site classé, le domaine de 83 ha offre une grande variété de travaux paysagers pour les étudiants, et un service d'outillages et d'engins dignes d'une entreprise.

L'établissement organise chaque année une Journée portes ouvertes. Pour en savoir plus, visitez son site : www.lyceehorticole.ac-versailles.fr ou appelez le 01 30 87 18 00.

Des élèves responsabilisés

Au-delà de la scolarité, les jeunes sont impliqués et responsabilisés dans l'entretien du site, par le biais de tâches à effectuer par roulement. Cette approche pédagogique est renforcée par l'aspect éducatif de l'internat, qui accueille un grand nombre d'élèves. Ils y apprennent ainsi l'indépendance, mais aussi et surtout, la vie et le travail en équipe, de règle dans les métiers du paysage. Sur les deux années de formation en Bac pro, 17 semaines sont consacrées à des stages. La plupart s'effectuent en entreprise, d'autres se déroulent sur la vaste exploitation dont l'établissement dispose.

Un enseignement pratique

La formation se compose à 50 % de modules ­professionnels. Elle comporte des matières d'enseignement général appliqué, et d'autres relevant du secteur professionnel. Parmi les matières d'enseignement général liées à l'apprentissage du métier de paysagiste, l'économie regroupe plusieurs thématiques essentielles de la filière. Il s'agit de la gestion, du droit, des réglementations, des servitudes, de la sécurité générale, mais également de l'aspect économique et financier en rapport avec le paysage. En physique/chimie, les élèves apprennent les propriétés du sol, du vivant, et quelques notions d'environnement. La part professionnelle de la formation appréhende le paysage de manière

Un grand nombre de lycées agricoles dispensent les formations aux métiers du paysage. Plus de renseignements sur le site du ministère de l'Agriculture dédié à l'enseignement : www.portea.fr Des infos sur les métiers du paysage et leurs formations (en page « Paysages ») : www.entreprisesdupaysage.org

« Paysagiste est un métier très large, nous confie Franck Zawadcka, professeur de travaux et d'aménagement paysager. Outre le travail et la reconnaissance des végétaux, de nombreuses tâches sont enseignées. Les élèves apprennent même la maçonnerie paysagère sur bois ! »

« Nous sommes sur un site privilégié, les élèves sont toujours en situation réelle. Les travaux sont faits pour durer et non pour être défaits ensuite : les élèves n’apprécieraient pas. Ici, ils travaillent dans les conditions de l’entreprise pour apprendre la maîtrise des gestes. Il ne manque plus que la notion de rendement », explique Franck Zawadcka.

théorique et pratique, sous forme de chantiers, de technologie, d'aménagement, tout en intégrant la connaissance des végétaux, des matériaux et des équipements.

module intitulé Connaissance et pratique de la langue française, comprend du français, de la documentation, de l'éducation socioculturelle et de l'histoire/géographie. « Cette architecture est caractéristique de l'enseignement agricole, nous précise Virginie Laux, proviseure adjointe du lycée. Dans chaque matière il y a plusieurs disciplines, donc plusieurs profs qui peuvent intervenir en même temps. Toutes les thématiques sont traitées de façon pluridisciplinaire, pour donner une approche globale des choses. L'idée est la même que lorsque vous représen-

les matières générales

L'enseignement général pur intéresse l'autre moitié de l'emploi du temps des élèves. Les matières sont ici organisées différemment de celles des établissements classiques ­dépendant de l’Éducation nationale. Ainsi, par exemple, le

tez un écosystème. Pour bien le comprendre, il faut utiliser des notions de physique/chimie, d'écologie et de biologie ».

Une orientation pleine de bon sens

Attiré avant tout par la nature, le grand air, la diversité du métier et un secteur où le travail ne manque pas, Clément Trédaniel, 18 ans, a la passion du paysage. Il a toujours aimé jardiner dans le petit enclos familial, en vacances ou


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” Toutes les

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thématiques sont traitées de façon pluridisciplinaire, pour donner une approche globale des choses

« L'aspect créatif du métier intervient dès les travaux d'application durant la formation. Chacun laisse parler son caractère et met sa propre touche. On le remarque notamment lorsque les élèves font du fleurissement ou de la plantation, ou dans la taille d'un végétal ou même la disposition des pavés d'un dallage », note Franck Zawadcka.

« Le métier a bénéficié de nombreuses évolutions en matière de sécurité sur l'utilisation du matériel ou d'engin motorisé. Avant, les sacs de matériaux pesaient 50 kilos, contre 25 kilos aujourd'hui. Et les machines sont moins bruyantes », constate Franck Zawadcka.

chez ses grands-parents. Pourtant, il est fils de médecins et habite en ville. Après une seconde générale où il ne se sent pas à sa place, il découvre sa voie aux Journées portes ouvertes du lycée horticole de Saint-Germain-en-Laye. C'est pour lui une révélation. Il doit convaincre ses parents : comme les métiers du paysage sont en plein développement, il n'a pas trop de mal.

Un parcours sans faute

Après avoir intégré le lycée horticole, Clément obtient son BEPA en deux ans. Il est aujourd'hui en 1re Bac pro travaux paysagers. Et il a bien l'intention de continuer ensuite vers le BTSA aménagement paysager, voire jusqu'à la licence

pro. Ces diplômes lui donneront la possibilité de devenir chef d'entreprise paysagère, afin de créer des jardins chez les particuliers ou pour des copropriétés. Il pourra également être responsable de travaux dans une grosse entreprise, pour aménager les espaces paysagers d'une ville ou reboiser une forêt. À moins qu'il choisisse d'accéder à un poste de jardinier en chef d'un parc… Pour l’instant, il s'imagine plutôt travailler en zone périurbaine, là où on trouve encore de la place pour construire des parcs et jardins, et où la demande est importante.

Un métier riche et créatif

Pour Clément, les qualités requises pour exercer

Le secteur est en plein expansion, avec 13 500 entreprises paysagères pour près de 70 000 actifs. Il s'y crée 3 000 emplois par an. Dans une société de plus en plus urbanisée, le paysage a une image très positive auprès du grand public, notamment avec la notion de développement durable qui commence à être intégrée dans l'enseignement du métier. ce métier et réussir sont : « Avant tout, aimer travailler dehors par n'importe quel temps, avoir une bonne condition physique, savoir voir ce qui est beau, apprécier ce que l'on touche, associer les couleurs, trouver des formes avec les plantes… En un mot : créer ». Durant l'apprentissage du métier, la plupart des gestes sont appris dès le BEPA et seront approfondis ensuite, notamment en Bac pro. Clément nous en cite quelques-uns : « Savoir utiliser une débroussailleuse, une tondeuse, conduire un tracteur, se tenir droit en exécutant les travaux pour préserver son dos. Mais aussi savoir abattre un arbre, protéger le terrain, engazonner, apprendre les réseaux intégrés avec l'arrosage et les canalisations, sans oublier la topographie ». ■

Paysagiste mode d'emploi La filière classique pour devenir paysagiste commence par le BEP Agricole (BEPA), que l'on passe en deux années après la classe de 3e. Ce BEPA ouvre sur un métier : ouvrier qualifié paysagiste. Il est possible de continuer deux années encore pour se diriger vers le Bac pro. Celui-ci permet, avec un peu d'expérience, de devenir chef d'équipe, voire de monter sa propre entreprise. Deux années supplémentaires conduisent au BTS Agricole (BTSA), et un an de plus à la licence pro. Ces deux derniers diplômes donnent la possibilité de devenir chef de chantier (lequel gère plusieurs équipes) ou, au niveau supérieur, responsable de travaux, pour gérer plusieurs chantiers, ou encore chef d'entreprise ou jardinier en chef d'un parc. Deux voies possibles pour suivre ces formations diplômantes : l'apprentissage, via un CFA, ou la voie scolaire, via un lycée agricole et horticole. Le choix dépend du profil de l'élève, de sa sensibilité, de sa maturité. Il peut aussi passer par la filière générale (Bac S biologie écologie) ou technologique (Bac Techno aménagement), puis continuer pour préparer le BTS. Enfin, les détenteurs de BTS qui ont l'âme de concepteurs et se voient travailler plutôt dans un bureau d'études que sur le terrain peuvent essayer d'intégrer une école supérieure, pour devenir architecte paysagiste en quatre ans.


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” Pour beaucoup, Internet est un psy gratuit „

événement

GUIDE CULTURE

L'histoire

ben X � Avec Ben X, le Belge Nic Balthazar signe un premier film excellent sur le monde de l’autisme et sur l’adolescence. Entretien. Propos recueillis par Florence PERCEVAUT Photos Jeanne BROST

Comment est née l’idée de réaliser ce film ? ❚ On m’avait demandé d’écrire un livre pour les jeunes qui ne lisent pas. En Belgique comme en France, beaucoup d’adolescents n’ouvrent pas de livres. Le jour où l'on m'a fait cette demande, j’ai lu un article sur le suicide d’un jeune autiste de 17 ans dans ma ville. Dans sa lettre d’adieu, il expliquait qu’on l’avait harcelé. J'ai eu un entretien avec la mère de ce garçon. Elle m'a dit que rien ni personne ne pourrait jamais lui apporter la moindre consolation. Je suis parent moi-même et je peux comprendre. Par respect pour la famille, je n’ai pas voulu tourner de documentaire sur cette histoire mais j’ai pioché des ingrédients et j’en ai fait un film qui apporte un peu plus d’espoir que la tragédie réelle. À défaut d'offrir une consolation, je voulais donner un sens, une compréhension à cette tragédie. On avait humilié à mort quelqu’un qui ne pouvait pas se défendre. C’est la pire des injustices.

Ben X aborde l’autisme, le suicide, le harcèlement, les jeux vidéo, la drogue, le happy slapping... Quel est le thème principal du film ? ❚ Le film traite en effet de nombreux problèmes auxquels les jeunes sont confrontés aujourd'hui. En parlant d’autisme, j'évoque tous ces adolescents qui se sentent mal compris et qui ne com-

” Dans la cour

de récré règne la dictature du cool

prennent pas vraiment le monde, c'est-à-dire un jeune sur deux. Je soulève aussi une autre question, plus tragique : le manque de tolérance et de pitié pour les gens différents. Dans un monde où les codes sociaux sont si importants, il y a beaucoup d’occasions de se retrouver en situation de faiblesse. Les autistes ne comprennent pas les codes sociaux. Avec l’incompréhension vient le harcèlement. C’est vraiment un poison aujourd’hui. On est dans une société exigeante,

compétitive, il faut être dans la norme dans la cour de récré, être habillé comme il faut, avoir la coiffure qu’il faut… C’est la dictature du cool. Vous avez donc choisi un personnage autiste pour aborder des problèmes qui touchent tout le monde… ❚ Ce qui est excitant avec le cinéma, c’est qu’avec un héros et une petite histoire, on peut parler de beaucoup d’autres personnes. L’autisme a pour caractéristique un problème avec l’empathie : quelqu’un qui souffre du syndrome d’Asperger ne peut pas se projeter dans un autre. Nous vivons dans un monde où beaucoup de gens ont un manque très apparent d’empathie alors qu’ils ne sont pas autistes. Ils ne peuvent pas ou ne veulent pas se mettre dans la peau de ceux qui ne sont pas comme les autres. Que changent les nouvelles technologies dans le problème du harcèlement ? ❚ Aujourd’hui, avec Internet, on peut subir des humiliations terribles. Le cyber-harcèlement est

Ben n’est pas un adolescent comme les autres. Atteint d’une forme d’autisme, il est maladroit, silencieux et mal adapté à la vie sociale. Au lycée, il souffre des moqueries de ses camarades. Son unique havre de paix est sa chambre. Dès qu’il s’y retrouve, il allume son ordinateur et plonge dans le seul univers où il se sente bien et en sécurité : celui d’Archlord, un jeu en ligne fascinant. Il devient alors Ben X, un héros prêt à tout, reconnu pour ses qualités de guerrier dans le monde entier. Alors que Ben décide d’en finir avec son douloureux quotidien, une certaine Scarlite, sa fidèle équipière dans Archlord, va tenter de le sauver en entrant dans sa vie.

Ben X, comédie dramatique de Nic Balthazar. 1 h 30. Sortie en France le 19 mars.


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événement

GUIDE CULTURE

avec Ben X ce que le film Rain Man a fait pour l’autisme

vraiment un fléau dans les écoles. Des jeunes sont ennuyés, battus, traqués, et la moindre des tragédies est filmée et diffusée sur le web. C’est autre chose que le harcèlement que l’on a probablement tous subi, vu ou exercé. Dans la scène d’humiliation en classe, la caméra s’arrête sur ceux qui n’osent pas intervenir. Pourquoi ? ❚ Le personnage de la mère le dit dans le film : tant qu’il n’y a pas de mort, personne ne réagit. En France, 40 000 jeunes tentent de mettre fin à leurs jours chaque année : ce chiffre m’a effaré. Or les journaux n'en parlent même plus. Le suicide est devenu banal. Le harcèlement est devenu banal. En le filmant du point de vue de celui qui le subit, nous avons essayé de « débanaliser » ce qui arrive tous les jours. Nous avions aussi la volonté de lever un tabou. Un jeune qui est harcelé n’en parle pas.

Cinq bonnes raisons de ne pas manquer ce film

” Pour les ados, les parents sont beaucoup plus importants que ce qu’ils avoueront jamais „

Quel impact a eu ce film en Belgique ? ❚ En le projetant dans les écoles, un dialogue s’est instauré. Les élèves ont vraiment fait un examen de conscience. Ils se sont demandé : « Et moi, n’ai-je pas un jour humilié quelqu’un ? » Des programmes ont été mis en place, comme le No Blame Approch, littéralement « pas de reproche » : quand, dans une classe, on parle de harcèlement, on pose comme principe que même si l’on peut identifier des harceleurs, il n’y aura ni sanction ni jugement. C’est très curieux, mais du dialogue entre celui qui a subi et celui qui a fait subir peut naître une empathie.

la réalité : des gens qui les écoutent sans porter de jugement, sans regarder si on est grand, laid, blanc ou noir… Internet est un psy gratuit pour beaucoup. On a tendance à croire que tous les jeux vidéo sont bêtes et méchants mais s’il n’y avait pas quelque chose de fascinant, les jeunes n’y joueraient pas pendant des heures. C’est comme les drogues. Il faut oser réaliser qu’elles ont quelque chose d’attirant.

” Le cyber-harcèlement est vraiment un fléau dans les écoles „

Quel regard portez-vous sur les deux garçons qui harcèlent Ben dans le film ? ❚ Nous avons choisi de ne pas les rendre trop antipathiques. Ce ne sont pas des crapules. Dans la réalité, c’était bien pire. Si j’avais raconté ce qui s'est réellement passé, on m’aurait reproché d’exagérer. Nous voulions qu’on se souvienne que beaucoup d’entre nous ont dit un jour :« C’est une blague, on peut quand même se marrer. » On ne réalise pas à quel point on peut détruire des vies.

Pourquoi les jeunes autistes sont-ils si attirés par les jeux vidéo ? ❚ Le fait de devenir plus fort chaque jour et d’avoir à relever continuellement un défi est très addictif. Pour quelqu’un qui souffre d’autisme, les jeux vidéo sont une chose magnifique. Les codes sociaux n’existent plus. Sur Internet, les mots sont les mots. Toutes les subtilités de langage, l’ironie, les non-dit, que les autistes ne peuvent pas saisir, disparaissent.

il faut qu’il ait été évoqué au JT, qu’il soit passé à la télé. Le film est aussi un hommage à toutes ces mères qui n’abandonnent jamais le combat, même si leur enfant est ingrat. L’autisme est très difficile pour l’entourage du malade parce qu’il ne montre pas de gratitude, ne rend pas l’amour qu’on lui donne. Néanmoins, il y a des parents qui ne cessent jamais de se battre.

Que pensez-vous des jeux vidéo ? ❚ On peut les comparer au cinéma. Certains films sont hyper violents. Il ne faut pas condamner le cinéma pour autant ; il existe des films emprunts de poésie et d’humanité. Dans tous les jeux en ligne, un monde fascinant s’est créé. Des jeunes vont y chercher ce qu’ils ne trouvent plus dans

Quel message désirez-vous faire passer sur l’autisme ? ❚ Il faut savoir que plus on angoisse un enfant autiste, plus il se renfermera dans son monde. Une mère me disait que lorsque son enfant avait peur, il se refermait comme dans une boîte en carton. Elle me racontait son combat désespéré

Que voudriez-vous que des parents retiennent de ce film ? ❚ Le cliché selon lequel les autistes n’ont pas de sentiments est faux. Ils ne trouvent simplement pas la manière de les exprimer. Je pense qu’avec les adolescents, c’est un peu la même chose. Ils ont des sentiments, de l’amour et de la gratitude pour leurs parents, qui sont pour eux beaucoup plus importants que ce qu’ils avoueront jamais. C’est pour cela qu’il ne faut pas les abandonner, qu’il faut essayer de les comprendre à tout prix.

Nic Balthazar est né à Gand en 1964. Ben X est son premier film. C'est une adaptation de son roman Il ne disait rien du tout, et de la pièce de théâtre qui en a été tirée, Rien, qui s’est révélé un succès en Belgique et a rassemblé critique et public durant 250 représentations.

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” Nous voulions faire

Quelle portée sociale avez-vous voulu donner au film ? ❚ Il faut faire du harcèlement l’ennemi numéro un. La seule arme vraiment puissante aujour­ d’hui est les médias. Pour qu’un problème existe,

pour trouver des petites fissures et passer des informations sur le monde à travers sa boîte. Un enfant qui souffre d’autisme peut tout comprendre, tout apprendre. Mais il faut savoir entrer dans sa boîte. Les aveugles ont une canne blanche qui les identifient et qui permet à la société de les aider. L’autisme est aussi un handicap, mais il est invisible. Les autistes n’ont pas de bâton orange pour signaler qu’ils ont besoin d’aide, qu’ils ne voient pas certaines choses qui nous paraissent évidentes. Comment pouvons-nous agir, chacun à notre niveau ? ❚ Faire connaître le spectre d’autisme est primordial. Les autistes sont ceux que l’on voyait à la récréation et qui se sentaient un peu perdus, qui étaient seuls, mal vêtus, et qui disaient les mauvaises choses au mauvais moment. On peut à présent réfléchir et se demander pour quelle raison ils ne sont pas charmants. Cela peut paraître ambitieux, mais c’est pour cela qu’on a fait Ben X. Le cinéma peut éduquer. Depuis Rain Man, on sait ce qu’est l’autisme. Nous voulions faire avec Ben X ce que Rain Man a fait pour l’autisme. À présent, nous devons apprendre aux gens qu’il y autant de formes d’autisme qu’il existe d’enfants autistes. Nous sommes tous différents. ■

Ben X est un vibrant plaidoyer lancé aux jeunes contre le suicide. Les façon d'aborder les divers problèmes de l'adolescence est intelligente et suscite la réflexion. Le scénario est étonnant, la fin est inattendue. Loin de pousser au découragement, elle redonne de l’espoir. Cour d’école, jeux vidéo, téléphone mobile, chat… Pour les parents, c’est une véritable plongée dans l’univers des adolescents qui permet de découvrir de nouveaux enjeux. Les jeunes s’identifieront facilement au personnage de Ben, qui bouscule les évidences ou s’isole du monde extérieur avec son baladeur.


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Ça ne pousse pas sur les arbres

GUIDE CULTURE

livres

❚ « L'argent ne pousse pas sur les arbres ». Alors d'où vient-il, sous quelles formes se présente-t-il ? À quel âge peut-on avoir un compte en banque, établir et créer un budget ? Qu'est-ce que le pouvoir d'achat, la consommation, l'épargne ? Autant de questions qui trouvent leurs réponses dans ce guide pratique. Le sujet de l'argent de poche revient souvent sur la table des négociations familiales. Ce livre coloré présente l'intérêt de pouvoir être lu à la fois par les parents et par les adolescents. Et ensuite, on en discute ! Peutêtre une façon d'aborder le sujet sans animosité et de façon un peu plus objective ? Vos enfants et l’argent, par Juliette Salin et Stéphane Kiehl. Éditions Autrement, 15 euros.

Petits conseils d’éducation bien utiles Un petit job ? Facile !

❚ Petites envies ou réels besoins, en grandissant on cherche à gagner de l'argent seul. Aide-vendeur dans une animalerie, baby-sitter, créateur de bijoux, cuisinière, distributrice de prospectus : la liste des petits boulots proposés aux jeunes dès 13 ans est longue. Comment les trouver ? À partir de quel âge ? Faut-il un contrat ? Combien demander ? Vous trouverez toutes les réponses dans ce petit guide agréable à consulter. Si vous avez la chance d'avoir un adolescent qui se veut actif, aidez-le à tester ses goûts, ses compétences, son endurance. Le travail ne donne-t-il pas sa vraie valeur à l'argent et au temps ? Un petit boulot pendant les vacances, parmi les 90 proposés, peut aussi l’aider à se déterminer dans le choix de son futur métier. Des métiers, mon métier, par Sophie Bordet, Nadine Mouchet et Ellen MacArthur. Éditions Nathan, 19,95 euros.

❚ Pour poser les bases d'une bonne éducation, François Paul-Cavallier nous propose d’utiliser le « GPS » de la relation : le Global positionning system. Quels sont les gestes qui nous conviennent le mieux ? Quelles sont les règles fondamentales de l'éducation ? Comment gérer les crises et jusqu'où ne pas aller ? Après l'analyse d'un psychothérapeute, des réponses très concrètes pour la vie familiale au quotidien ou pour la réussite de la vie en société. L'auteur nous le dit lui-même : « Vous n'êtes pas obligé d'adhérer à tout ce que nous proposons ». Ceci étant, cet ouvrage nous donne d'excellents moyens de prendre du recul par rapport à l'éducation que nous donnons à nos enfants. Parfois, ce sont des évidences que nous n'osons plus exprimer par peur de frustrer notre enfant, d’autres fois une souplesse à avoir pour écouter ce qu’il aurait à nous dire. Dans tous les cas, nous aussi, après lecture, sommes gagnants. Éduquer gagnant, par François Paul-Cavallier. Éditions Eyrolles, 15 euros.

Ce serait notre secret

❚ La Fariguette : un endroit magique où Anne retrouve ses chers cousins, Tristan et Louis, pour les vacances. Ils y découvrent un vrai trésor sous un olivier. Ce secret, qu'ils réussiront à garder pour eux, consolidera les liens qui les unissent. Et cela, même au-delà de la mort de Louis. Car l'insouciance et le bonheur n'auront qu'un temps. Le deuil est au rendez-vous dans ce roman pour adolescents. Mais si les larmes coulent, elles sont plus l'expression de la souffrance que du désespoir. Le secret est gardé par-delà la mort, l'amitié aussi. Un bon livre pour les vacances. Un cow-boy dans les étoiles, par Claire Mazard. Éditions Seuil Jeunesse, 8 euros.

Au cœur de la dictature communiste

❚ Andrei est un garçon de 9 ans à qui l’on apprend ce qu'il faut dire dans la Roumanie communiste des années 80. Mais il est très intuitif et comprend vite que des choses importantes lui échappent. Un jour, ses parents lui apprennent qu'ils partent en France sans lui, pour échapper au régime. Il devra les rejoindre avec sa grand-mère Bunica. Andrei n'aura d'autre choix que de grandir très vite pour assumer la vie que les adultes lui imposent. Françoise Legendre décrit ici les sentiments d'Andrei avec des accents de vérité qui trahissent un vécu difficile. Les années 80, ce n'est pas si loin. Et pourtant, nos jeunes lecteurs n'étaient pas nés. Ce très beau roman les aidera à comprendre la dure réalité d'un pays sous dictature communiste : ne pas parler, savoir attendre, maîtriser ses peurs, ses colères... Nos enfants gâtés par la vie essuieront sans doute quelques larmes, mais se laisseront consoler par la tendresse de Bunica pour son petit-fils. Pour les 14-15 ans. Le petit bol de porcelaine bleue, par Françoise Legendre. Éditions Seuil Jeunesse, 8 euros.

Regards sur une génération

❚ La fondation Wyeth pour la santé de l'enfance et de l'adolescence a invité des pédiatres, pédopsychiatres, sociologues, sémiologues, éducateurs, magistrats et représentants du monde associatif à enquêter ensemble sur les comportements et les attentes des adolescents face au monde des adultes. Un ouvrage à la fois réaliste et optimiste, illustré de témoignages glanés au cours des forums « Adolescences » qui se sont récemment tenus à Paris. Et une réflexion qui aide à relativiser les problèmes des jeunes – car beaucoup d'entre eux vont bien –, mais aussi à prendre la mesure du risque de la bascule dans les conduites à risques. En quête d'adolescences, par Claude Griscelli. Éditions Privat, 15 euros.

Voyage en Afrique ❚ Nehanda, la reine du royaume de Zimbaboué, a été enlevée par d'affreux trafiquants d'esclaves et vendue à un sultan sur l'île de Zanzibar. Tchinza, sa fille, fera tout pour la retrouver. Elle n'hésitera pas à s'introduire dans le palais du sultan en se faisant passer pour une esclave et, grâce à ses amis, délivrera sa mère. Nehanda, maintenant aveugle, demandera à Tchinza de devenir la reine des Shona. Amitié, suspense, courage, aventure, amour… Tous les ingrédients sont là pour captiver intelligemment les 12-13 ans ! La princesse africaine, par Christel Mouchard. Éditions Flammarion, 12 euros.


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Ma fille, ma bataille

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écrans

À 30 ans, Bruno, rock-star has been, vit toujours aux crochets de sa petite amie. Les temps sont durs... surtout quand une ex ressurgit de nulle part pour lui apprendre qu'il est le père de Nancy, 13 ans, dont il n'a jamais soupçonné l'existence. Bruno est appelé au secours pour gérer les problèmes qui apparaissent avec l’adolescence de sa fille. Il va alors faire la connaissance de Nancy, bien déterminée à vivre pleinement sa crise, alors que lui-même n'en est pas encore sorti. Épaulé par sa meilleure amie Sandra, c'est l'occasion pour Bruno de grandir enfin... Sous une apparente légèreté, le film traite avec lucidité de problématiques contemporaines, comme le besoin des mères seules d’être soutenues dans leur rôle éducatif ou la crainte d’une génération de poser des interdits. La comédie aborde aussi avec tendresse et lucidité le thème de la relation père-fille, emprunte d’admiration mutuelle, et celui de la recherche paradoxale de conflits et d’affection à l’adolescence.

TEL PÈRE TELLE FILLE. En DVD depuis le 20 février, 14,99 euros. Durée : 1h21.

trésor d'humanité

La nouvelle

star Avec 4,7 millions de téléspectateurs le soir du coup d’envoi de sa 6e édition – déjà ! –, le succès de l’émission de M6 ne se dément pas. Il est porté en grande partie par l’engouement des ados pour le « télé-crochet ». Petite mise en lumière.

LES MOINS LES PLUS

Le dépassement de soi est mis à l’honneur. Par le concours de chant télévisuel, les candidats sont amenés à donner le meilleur d’eux-mêmes pour convaincre le jury et les téléspectateurs de les sélectionner. Un bel exemple pour les jeunes. La valeur du travail est très présente. La paresse n’a pas sa place dans cette émission : elle est même fortement dénigrée par le jury. L’émission transmet l’idée que l’investissement personnel est une condition nécessaire à la réussite. De véritables talents sont dévoilés. En-dehors du plaisir de les découvrir, le téléspectateur peut s’identifier à eux. L’émission, en donnant sa chance à chacun, fait espérer beaucoup d’adolescents qui rêvent de se lancer dans une carrière artistique.

Un mauvais esprit règne. Sous prétexte de n’avoir pas le temps de ménager les candidats, les membres du jury se moquent ouvertement d’eux, leur décochent des phrases assassines, appuient sur leurs faiblesses, et en semblent fiers. La mesquinerie est valorisée. Le jugement de l’autre est instauré en réflexe. Pas seulement à travers le système de vote, qui permet de décider de la valeur des artistes, mais aussi à travers les habitudes que l’on prend, en regardant l’émission, de critiquer le physique de l’un ou d’analyser les défauts de l’autre… Une attitude immature est valorisée : on adore ou on déteste. On porte aux nues ou on dénigre. Écraser les autres serait faire preuve de caractère. On confond franchise et cruauté et on s’efforce d’être « sincère » au lieu d’être vrai et de considérer l’autre. Rien qui n’élève vraiment le niveau.

A trente ans, Antoine traîne à Paris une existence jalonnée de petits boulots et de grosses galères. Le jour où son père, épicier ambulant dans le sud de la France, part en maison de convalescence après un infarctus, Antoine quitte la ville pour le remplacer. Il emmène avec lui Claire, sa meilleure et seule amie. Mais il n’imagine pas à quoi ressemble le quotidien d’un commerçant ambulant au coeur de la France. A travers son nouveau métier, il va découvrir le charme des derniers habitants des hameaux isolés, tous têtus, drôles, bons vivants, parfois teigneux. En acceptant, d’abord à contrecoeur puis gentiment, de rendre des petits services gratuits, Antoine redécouvrira les gens de son pays natal, la joie de vivre, et peut-être l’amour... LE FILS DE L’EPICIER fait partie de ces films qui nous réapprennent à voir le beau dans le banal, l’exceptionnel dans l’ordinaire. A aimer la vie et les gens, tout simplement. Bon pour tout enfant - ou parent - blasé, en quête d’un sens à son quotidien.

LE FILS DE L’EPICIER, d’Eric Guirado. En DVD depuis le 5 mars. 19,99 euros. Durée 1h36. NOUVELLE STAR, tous les jeudis à 20h50 sur M6.


98 pédagogies magazine n°8 AVRIL - MAI 2008

coup de coeur

GUIDE CULTURE

RETROUVEZ Un amour de requin

Depuis l'enfance, Rob Stewart se passionne pour les requins. À tel point qu'il est devenu biologiste et photographe sous-marin afin de pouvoir nager avec eux, décrypter leur mystère et déconstruire le mythe du requin mangeur d'hommes. Un mythe qui serait, selon lui, responsable de l'indifférence qui entoure le massacre de la population des requins à des fins commerciales. Du Costa-Rica aux Îles Galapagos, Stewart et l'équipage de l'activiste des mers Paul Watson tentent de dénoncer et de mettre en échec les braconniers, à la solde de mafias asiatiques soutenues par des gouvernements corrompus. Il y va de l'équilibre écologique de la planète. Un film saisissant, tant par la splendeur des images sous-marines et l’audace de Rob Stewart qui plonge au milieu d’un banc de requins, que par la dureté du massacre des squales et la lutte contre les braconniers. Entre l’éco-documentaire et le reportage dénonciateur à la Michael Moore, ce film encouragera les adolescents passionnés à croire en leurs idéaux et à désirer se ­battre pour qu’ils soient respectés.

LES SEIGNEURS DE LA MER, de Rob Stewart. Au cinéma à partir du 9 avril. Durée : 1h30.

MAGAZINE

EN KIOSQUE LE 19 juin



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