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REMERCIEMENTS Au terme de la réalisation de ce mémoire, je tiens à exprimer ma profonde gratitude envers certaines personnes, sans lesquels ce travail n’aurait pas vu le jour. À mes parents, merci pour toutes les valeurs nobles que vous m’avez inculqué ainsi que tout vos sacrifices et efforts, vous êtes ce que j’ai de plus cher au monde. À ma soeur, merci pour les rires, pour ta complicité et ta joie de vivre, je te souhaite tout le bonheur que tu mérites. À mon encadrant, M. Abdessalam Basset, pour son orientation, ses précieux conseils, sa vision originale, son implication et son soutien qui m’ont été d’un apport considérable dans l’élaboration de ce mémoire. À mes amis, Leïla Belghazi, Mohamed Amine Blidry, Miryam Boughdadi, Asmae Rossafi, Hamza Idrissi, Ossama Chaabane, Imane Mnider, Lina Sdor, ainsi qu’à tous mes amis de l’ena de rabat et de tetouan, pour leur confiance, leur motivation et leur soutien inestimables. À toute ma famille, trouvez dans ce mémoire l’expression de toute mon affection.
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ABSTRACT Smart city, smart building, smart grid… nowadays, it has become customary to attribute the qualifier of “smart” or “intelligent” to anything relating to the use of new technologies, in all its manifestations and issues, in urban development and rehabilitation projects. However, the fact remains that this is not an absolute concept; the technology integrated in the city is not a strict and contemporary invention, but concerns any use of the technique to facilitate the life of man in his urban environment. So “smart” as conceived today is perhaps only a trend relative to the present time that will tend to dissipate in favor of other concepts. This is why we believe there is an urgent need to better understand the “smart” and to question all aspects of dehumanization that, in theory, can result from it. To do this, it turns out to be judicious to advocate the human dimension first and to advocate a return to the earth, the first cradle of Man and an anchor point, without however neglecting the use of technology. The challenge therefore is to integrate these concepts into an architectural, urban and landscape design in the sense of well-being and good living, and thus re-humanize the use of technology. This research work therefore sets itself the objective of understanding in a more humanoriented way the notion of “smart” as it is used today in architecture and cities through the world.
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RESUMÉ Smart city, smart building, smart grid… de nos jours, il est devenu de coutume d’attribuer le qualificatif de « smart » ou « intelligent » à tout ce qui relève de l’usage des nouvelles technologies, sous toutes ses manifestations et ses enjeux, dans les projets d’aménagement et de réhabilitation des villes. Toutefois, le fait demeure qu’il ne s’agit pas d’un concept absolu ; la technologie intégrée dans la ville n’étant pas une invention stricte et contemporaine, mais concerne tout usage de la technique permettant de faciliter la vie de l’Homme dans son environnement urbain. Ainsi le SMART tel que conçu de nos jours n’est peut être qu’une tendance relative à l’époque actuelle qui aura tendance à se dissiper au profit d’autres concepts. Raison pour laquelle nous estimons qu’il est urgent de mieux appréhender le SMART et de remettre en question tout les aspects de déshumanisation qui, en théorie, peuvent en résulter. Pour ce faire, il s’avère judicieux de prôner la dimension humaine en premier lieu et de préconiser le retour à la terre, berceau premier de l’Homme et point d’ancrage, sans pour autant se passer de l’usage de la technologie. L’enjeu dès lors, est d’intégrer ces concepts dans une conception architecturale, urbanistique et paysagère dans le sens du bien être et du bien vivre, et ainsi ré humaniser l’usage de la technologie. Ce travail de recherche se fixe donc pour objectif d’appréhender d’une manière plus axée sur l’humain de la notion du « smart » telle qu’elle est d’usage aujourd’hui dans l’architecture et la ville à travers le monde.
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Figure 01 : New York
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INTRODUCTION Aujourd’hui, plus de 50% de la population mondiale vit dans les villes, 70% en 2050. Cela, avec la menace du changement climatique, constituent des défis énormes pour les villes de demain, des villes qui doivent être pensées en tant qu’organismes vivants, capables de s’adapter à ces nouveaux défis de manière intelligente et raisonnée.
D‘autre part, nous observons ces dernières années une accélération du développement de nouvelles technologies. En effet, l’accroissement de la population, notamment urbaine et les problématiques environnementales accélèrent les investissements en recherche et innovation. Ceci a donné naissance à une nouvelle notion qui est celle de la Smart City, ou ville intelligente en français. L’idée initiale est d’utiliser des nouvelles technologies développées pour un meilleur développement de la ville. Cette notion a été reprise par de nombreuses villes, notamment en Europe.
Depuis quelques années, ce terme de Smart city est devenu très à la mode dans les milieux politiques, académiques et médiatiques, et compte plusieurs définitions à son actif, mais on peut, de manière générale, la définir en tant qu’une ville qui met la technologie au service de ses habitants, qui deviennent des acteurs au sein d’un grand réseau d’informations, afin d’optimiser les ressources, et de favoriser un développement raisonné et durable. Des données, incluant à titre d’exemple la fluidité du trafic, le niveau de pollution de l’air, le niveau sonore, la hauteur du cours d’eau en cas de précipitations, la consommation des foyers en temps réel… sont captés et stockés, et peuvent être utilisées afin d’éviter le gaspillage des ressources et de contribuer à rendre l’expérience de la ville plus agréable.
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PROBLEMATIQUE Ces nouvelles villes optimisées contrôlent donc énormément de paramètres pour pouvoir être plus efficaces. Mais « efficacité » est un terme qui n’est pas tout à fait adapté aux êtres humains, jouissant de désirs personnels et de libertés d’action, comme le mentionne Luce Giard dans sa préface dans l’Invention du Quotidien : l’art de faire : La Raison technicienne croit savoir comment organiser au mieux les choses et les gens, assignant à chacun une place, un rôle, des produits à consommer. Mais l’homme ordinaire se soustrait en silence à cette conformation. Il invente le quotidien grâce aux arts de faire, ruses subtiles, tactiques de résistance par lesquelles il détourne les objets et les codes, se réapproprie l’espace et l’usage à sa façon, dans une liberté buissonnière par laquelle chacun tâche de vivre au mieux l’ordre social et la violence des choses. Luce Giard – Invention du quotidien : l’Art de faire
Pour revenir à la ville intelligente, des informations sont donc prélevées sur la manière avec laquelle un habitant vit et utilise la ville par exemple, et cela dans le but d’en faciliter le processus. Mais cette démarche qui, à première vue semble idéale, cache une facette plus sombre, celle de la négligence de la dimension humaine. En effet, plusieurs chercheurs admettent que la ville intelligente a pratiquement saccagé l’Homme, par cette volonté de pouvoir contrôler ses moindres faits et gestes, pour une expérience « parfaite » de la ville. Or, ce qui fait de l’humain un être complexe, c’est surtout sa part d’incertitudes, de folie, de spontanéité, d’intimité, de chaos… et on omettant tout cela, on finira dans des villes déshumanisées, où il sera difficile pour l’Homme de réellement trouver sa place. Capteurs, télésurveillances… tous les moyens sont bons pour une bonne maitrise et gestion des informations sur les usagers de la ville, et rien ne pourra donc être laissé au hasard. Quels sont les concepts et les démarches à établir afin d’aboutir à un consensus entre l’autonomie de l’Homme et le contrôle de la ville intelligente ? Comment réussir un réel retour à la nature dans une ère où le numérique est omniprésent ? Quels sont les outils de contextualisation de ce concept au Maroc ?
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OBJECTIFS Garder quelques aspects de l’intelligence des villes, mais en y injectant des éléments dans le but de rendre cette intelligence plus humaine. Le smart doit passer par le durable, car l’avenir des villes s’inscrira dans ce dernier.
La ville Post-intelligente où l’Homme est au centre de la réflexion, et tout ce qu’on développe est dans le but de préserver son intégrité, son intimité, sa qualité de vie et son bien être. Aboutir à une conception de ville engagée qui donne la priorité aux besoins des gens, et non pas qu’une smart city.
METHODOLOGIE La structure de la réflexion suit les étapes sur lesquelles on vient de s’attarder, à savoir le constat, la problématique, se poser les questions nécessaires pour répondre au mieux à notre problématique, puis établir un cadrage théorique du mémoire, en le divisant notamment en 4 parties distinctes, mais liées par un même fil conducteur : -La dimension humaine dans la ville, ainsi que l’évolution de la ville du futur au fil du temps. -La ville intelligente, ses concepts et ses aspects de déshumanisation. -L’Homme et la nature. -L’expérience des villes nouvelles au Maroc et à l’étranger.
Ces chapitres nous permettront d’affiner et surtout de rendre notre critique fondée, en essayant de cerner au maximum le concept de la smart city, ( qui est un concept sans grande consistance a l’échelle internationale, à l’exception de quelques petites expériences de l’intelligence des villes, mais qui se limite aujourd’hui qu’a la connectivité des villes) de ce qu’elle offre comme possibilités et ce qu’elle présente comme risques, et cela dans le but de produire une alternative - la ville post intelligente -, où l’Homme est au centre de la réflexion, et tout ce qu’on développe est dans le but de préserver son intégrité, son intimité, sa qualité de vie, son bien être. Et aussi d’étudier le contexte marocain des villes nouvelles et de comprendre les raisons de leurs échecs, et cela dans le but d’en relever des leçons permettant de produire une alternative qui propose une ville intelligente humanisée et surtout ancrée dans son contexte marocain.
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SOMMAIRE
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L’HOMME ET LA VILLE DU FUTUR
INTRODUCTION DU CHAPITRE
Depuis l’aube du temps, l’Homme a toujours rêvé de ce que serait une ville idéale, une ville qui représenterait et symboliserait ses propres aspirations pour une société ainsi qu’un cadre de vie plus libre. Ces schémas de ville idéale, ville parfaite, sont regroupés dans un concept clé de ce mémoire : l’Utopie. Cette dernière pourrait être traduite comme étant la métaphore spatiale de la société́ idéale car la forme urbaine pourrait avoir une influence sur la société́ . La quête donc de cette ville idéale a été, et est toujours au cœur d’interrogations d’architectes, d’urbanistes, d’artistes, d’écrivains, et d’acteurs de la ville : des individus qui ont pensé, écrit, et expérimenté de nouveaux modèles, dans le but d’améliorer l’expérience de la ville, une ville à l’échelle de l’Homme. Nous nous attarderons en premier lieu dans ce chapitre sur la dimension humaine dans la ville, dans un but d’orienter cette recherche vers une démarche de mettre en avant l’aspect humain dans les villes. Suivi d’une deuxième partie où l’évolution de la notion de ville du futur sera tracée à travers les époques, afin de mieux cerner d’un point de vue historique l’avènement du concept de la Smart City, concept qui sera sujet à un développement plus approfondi dans le chapitre suivant.
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LA DIMENSION HUMAINE DANS LA VILLE
1. La dimension humaine L’Homme fait la ville, en effet, cette dernière n’a de sens que par rapport à l’Homme, qui l’anime avec ces activités de la vie urbaine quotidienne. Pourtant, l’Homme, qui est censé être au cœur de l’essence même de la ville, connait et ce depuis quelques décennies un déclin de sa place stratégique au sein de la ville au mérite de l’automobile. Ainsi, avec l’accroissement graduel des mobilités et de la production en masse de réseaux de transport et de nouvelles infrastructures, cela à engendré des dysfonctionnements propres à l’ère moderne de la ville, dont le problème du déplacement à petite échelle, c’està-dire l’échelle du piéton. Ce dernier c’est donc senti marginalisé en termes d’accessibilité, de confort, de lisibilité et de mobilité face à ces nouvelles infrastructures.
De plus, et afin de ne pas créer un sentiment d’écrasement et d’infériorité au piétons, les édifices architecturaux ne doivent pas être en supériorité par rapport à l’humain. Egalement, les modes de déplacement mis à sa disposition doivent cohabiter entre eux, et donc égaux en termes d’espace et de qualité, afin de donner un libre choix à l’usager. Ces facteurs sont primordiaux pour empêcher le piéton d’avoir un sentiment de malaise et d’oppression et lui offrir donc un milieu où il fait bien vivre.
Cependant, ces moyens de transports ont fluidifié le déplacement au sein et entre les villes, et ont contribués fortement à l’expansion de cellesci. Mais la question de la dimension humaine reste primordiale pour le confort et le bon développement de la vie de ses habitants. Au-delà d’une simple question de mesures, l’échelle humaine permet la perception d’un espace et d’en extraire son sens, quel que soit sa dimension. En effet, si l’espace est assez lisible et bien défini, et où les continuités à l’échelle du piéton existent sans rupture au niveau du paysage urbain, la dimension humaine dans celui-ci est donc prise en compte et respectée. Figure 02 : Rue animée
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a. Dans l’histoire
Figure 03 : San francisco, 1956
La dimension de l’homme a été auparavant une priorité lors de la construction d’un monument, d’un temple ou d’un espace public suivant plusieurs principes géométriques : symétrie, répétition et rythme par exemple. Le Corbusier utilisait cette échelle comme repère pour concevoir ses bâtiments. Il l’appela d’ailleurs sa silhouette parfaite « le Modulor ».
Aujourd’hui la vitesse du développement des moyens de transport et la construction de bâtiment dont l’échelle est devenue hors norme pose un problème à la ville. Et petit à petit, la question de la dimension humaine sombre dans l’oubli. Cependant, les concepteurs doivent avoir un minimum de notion sur l’échelle humaine lors de la conception pour encourager et inciter les citadins à se déplacer à Pied et en vélo.
L’homme a toujours essayé d’abord à créer son propre espace avant d’atteindre des nouveaux lieux d’échange et de nouvelles destinations. Et cela principalement par la marche à pieds quel que soit la distance parcourue. C’est n’est qu’au 20e siècle que ce rapport de l’homme et la marche changea à cause de la création de l’automobile.
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b. Une Dimension longtemps négligée
c. Jane Jacobs, revendicatrice du changement 2
L’urbanisme a négligé la rue et la dimension humaine après que l’utilisation de la voiture est devenue plus commune. L’homme a donc donné moins d’importance à l’espace public et aux déplacements à pied et notamment les courants idéologiques dominant en planification urbaine. Ce qui a poussé ensuite aux tendances architecturales et au marché de se désintéresser à leur tour aux interactions entre citadins dans des espaces communs. Les bâtiments sont petit à petit devenus moins invitant et plus tournés vers l’intérieur.
Jane Jacobs est une journaliste américaine. Elle publie son premier livre qui s’intitule « Déclin et survie des grandes villes américaines » en 1961. L’auteur n’est ni architecte ni urbaniste ni spécialiste de l’aménagement urbain. Mais est passionnée de la ville et de son fonctionnement, et milite contre un projet de suppression des logements et petits commerces qui se trouvait dans le tracé d’une voie express à Manhattan.
Bruits, pollution, limitation de l’espace, risques d’accidents sont devenus la norme et la « tendance », peu importe la puissance économique de la ville, sa position géographique ou son niveau de développement. Elle a restreint les possibilités de moyen de transport qui se limitaient à la voiture et aux transports communs mais ont négligé la marche. Ce qui a résolu en l’abandon de la fonction de l’espace public initial, qui est un lieu de rencontre et agora pour ses usagers et habitants. Jane Jacobs souligna à quel point cette augmentation de la circulation et l’idéologie moderniste de la planification urbaine étaient en train de supprimer la fonction de l’espace public créant des villes morbides non animés et désertées, dans son livre. 1
Elle s’est intéressée a des problématiques urbaines par son environnement professionnel (éditrice associée de « architectural forum », une des revues américaines d’architecture les plus importantes de l’époque), et familiale (mariée à l’architecte Robert Hyde Jacobs). Elle présente dans son livre des problématiques ressentis par l’homme de la rue. Elle se basera sur ses recherches et ses observations du fonctionnement et dysfonctionnement de la ville pour développer ses théories. Lors de l’apparition du livre, Lloyd Rodwin note dans le « New York Times Book Review » : « l’ouvrage fait fusionner les facteurs d’inefficience et de mécontentement ambiants à l’intérieur d’un programme qui frappe comme un coup dur… il devrait aider à faire basculer les zèles réformateurs en faveur de l’urbanité et de la grande ville. Si cela se vérifiait, il pourrait bien devenir l’écrit ayant le plus d’impact sur les villes depuis le grand classique de Lewis Mumford (the Culture of Cities).
1. Pour des villes a echelle humaine, Jan Gehl
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Figure 04 : Jane Jacobs
Son but dans ce livre n’est pas de questionner les méthodes d’architecture ou de construction, mais de décrire le fonctionnement d’une ville dans la réalité et de se poser des questions de la vie quotidienne : « quelles sont les rues d’une ville où il n’y a pas de problème de sécurité et celles où il y en a ? Pourquoi certains jardins publics sont des endroits agréables et d’autres des foyers de criminalité ? Pourquoi certaines zones de taudis continuent-elles à s’enfoncer dans leur misère alors que d’autres en sortent, en dépit des obstacles d’ordre foncier et administratif ? Pour qu’elle raisons des centres villes ou des quartiers d’affaires se déplacent-ils ? Qu’est-ce qu’un quartier dans une grande ville et quel est son rôle ? » Pour Jacobs, il faut impérativement établir un ensemble de critères qui permettront de créer un quartier agréable et efficace en priorité à l’échelle humaine. La ville devient de plus en plus urbaine et peuplée d’étrangers, où les gens y circulent de manière libre. Dans cette ville pleins d’étrangers, la rue
est la scène principale où les utilisateurs y vivent ou travaillent, où ils mènent leurs besoins comme faire les courses ou aller au travail ou à l’école. Mais la rue n’a pas qu’un moyen de transit, c’est un espace d’une grande importance, où on y prend un café avec des amis sur la terrasse, où on y joue avec les voisins, où on rencontre des gens. Un trottoir impraticable est le signe d’une vie urbaine incongrue. principale où les utilisateurs y vivent ou travaillent, où ils mènent leurs besoins comme faire les courses ou aller au travail ou à l’école. Mais la rue n’a pas qu’un moyen de transit, c’est un espace d’une grande importance, où on y prend un café avec des amis sur la terrasse, où on y joue avec les voisins, où on rencontre des gens. Un trottoir impraticable est le signe d’une vie urbaine incongrue.
2. Death and life of great american cities, Jane Jacobs
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L’intensité du trafic est proportionnelle à la chaussée, ce qui fait qu’il y a une relation assez importante entre l’espace praticable et la sureté des habitants et les usagers de cet espace. Le moins la rue n’est pas assez pratiquée le plus les gens sont découragés à l’utiliser, ce qui diminue le contact des voisins entre eux et des boutiques du coin avec leurs potentiels clients… ce qui résulte en l’absence de sécurité de la rue ellemême, vu qu’il y a moins « d’yeux sur les rues ». Une rue peu pratiquée veut dire peu de gens physiquement présent ou détachés de celle-ci pour y prêter beaucoup d’attention, ce qui donne une impression d’abandon. Le trafic n’est pas le seul et unique facteur qui anime les rues et quartiers, la mixité des usages, la perméabilité des ilots, la densité et la pertinence des espaces publics sont aussi importants. L’environnement urbain par exemple est indispensable pour garantir une atmosphère sure, une rue pleine de façades aveugles, sans portique et balcons peut très facilement devenir un espace ou abris pour délinquants. Du mobilier urbain et un bon éclairage sont des éléments cruciaux pour garantir une rue sécurisée. Une visibilité intérieure extérieure sans être pour autant confus entre les espaces privés et les espace publics pour éviter les intrusions indésirables. Mais on n’exclut évidemment pas les zones hybrides, comme les terrasses de cafés et restaurants ou le porche des maisons. Ces zones-là sont considérés comme des espaces privés où le publique est le bienvenu.
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Donald Appleyard a aussi parlé de l’importance des rues dans son livre « Livable Streets » en 1981 où il parle notamment du flux automobile et son avantage social comme le représentent ces trois schémas. Les traits noirs représentent le flux des usagers de la rue dans 3 différents trafics automobiles (figures 6,7 et 8).
Figure 05 : Piste cyclable en ville
A part la sécurité des rues, les Espaces publics ont longtemps été mis en avant comme réponse de toute problématique des villes « denses ». Mais le succès de son fonctionnement est dû principalement à la volonté des usagers à le fréquenter. Un parc, si pas bien contrôlé ou fréquenté, peut devenir un nid d’harcèlement de crime et de délinquance. Il doit alors contenir des boutiques, bureaux, des restaurants afin de diversifier les citoyens qui y passent et pratiquent l’espace pendant plusieurs moments de la journée. L’espace sera donc occupé pendant toute la journée et permettra de s’intégrer au sein de la dynamique urbaine de la ville et mettra en valeur son entourage.
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Figure 06 : Relations des habitants avec leur quartier
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Figure 07 : Dangers du trafic dans le quartier
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Figure 08 : Espaces appropriés dans le quartier
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d. Une Ville à échelle humaine 3 Avec les problèmes de pollutions que subis le 21e siècle, plusieurs villes du monde essayent de rendre le droit au piéton. Ce mouvement de « piétonisation » apparait comme une des solutions pour apaiser la circulation automobile. Des fois appliquées sur des portions de rues, et des fois sur des quartiers entiers. Elle consiste à rendre la présence des voitures interdites pendant une période temporaire ou de manière permanente. Seule les livraisons ou les véhicules d’urgence sont autorisé à y pénétrer. Elle a pour but de rééquilibrer les différents modes de transport, réduire l’usage des voitures et automobiles et insister les gens à marcher, prendre le vélo ou à utiliser les moyens de transport en commun pour se rendre à destination. En appliquant cela, les villes pourront contribuer à la réalisation des quatre objectifs qui sont : la durabilité, la sécurité, l’animation et la santé.
Villes Animées : Une ville où les gens utilisent le vélo ou marchent pour se déplacer son des villes où l’espace urbain est occupé. Et le plus les habitants optent pour ces moyens pour se déplacer, le plus la ville aura un potentiel d’animation. Cela crée aussi une opportunité pour utiliser ces espaces pour des activités culturelles et sociales et par la suite leur redonner leur objectif principal : une agora pour les habitants de la ville et de leurs permettre de se rencontrer et discuter. Villes Sûres : Plus les habitants occupent l’espace public, le plus le quartier est sécurisé. Et le plus le quartier est sécurisé, le plus ses habitants ont l’envie de marcher et de s’y balader. On pourrait aussi y ajouter plus de fonctions pour diminuer les distances de déplacement. Ça fera augmenter le sentiment de sécurité et le taux d’activités dans ces espaces publics. Et comme l’a dit Jacobs, avoir plus « d’yeux sur les rues » et suivre ce qui se passe dans le quartier et ses environs.
Figure 09 : Espace public
3. Pour des villes a echelle humaine, Jan Gehl
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Villes Durables : Plus on utilise des moyens tel la marche, le vélo ou les transports en commun pour se déplacer, plus on aide le taux de pollution à diminuer. C’est aussi bénéfique pour l’économie et permet de réduire la consommation de ressources naturelles, l’intensité du bruit et l’émission de polluants. Un espace bien pensé va avec un bon système de transport en commun. Les habitants les utiliseront plus si le quartier leurs présente une facilité d’utilisation et savent qu’ils ont la possibilité d’atteindre les stations et les gares en sécurité. Villes Saines : Plus le vélo et la marche font partit de la vie quotidienne des citadins, plus la ville est saine. Une bonne partie de la population qui utilise l’automobile comme premier moyen de transport connaissent des problèmes de santé. L’occupation de l’espace public et se déplacer à pied devrait être un élément de toute politique de bonne santé.
La dimension humaine en urbanisme prend de plus en plus d’ampleur dans le monde de l’urbanisme et de plus en plus de personne s’y intéresse. Elle donne à la ville une qualité de vie. L’amélioration des conditions de vies est liée au développement des villes qui ont comme but ses quatre objectifs. En plus, leurs couts en terme d’investissement en infrastructure sont faibles que toutes les villes pourraient les utiliser, quels que soit leurs niveaux de vie et de développement. Leurs bénéfices sont tout aussi intéressants, le fait d’y réfléchir et de s’y intéresser constitue en soi une sorte d’investissement.
Figure 10 : Piste cyclable dans la ville
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2. La notion de bien être dans la ville 4
La notion de bien être et surtout le bien être dans le milieu urbain fait l’objet d’une condition très importante à satisfaire lors de la conception des villes, car avant tout, on construit la ville pour des femmes et des hommes. Cette notion est définie dans le dictionnaire Larousse en tant qu’état de plaisir qui découle de la satisfaction des besoins physiques et de la tranquillité d’esprit. C’est aussi la condition matérielle qui nous permet de répondre à nos besoins de survie. Il est impossible de séparer l’esprit du corps.
Figure 11 : Symbole de bien etre
Cette notion de bien être varie d’une personne à l’autre, elle peut se manifester par la qualité de vie menée, par un sentiment de tranquillité, de bonheur ou de confort. Certaines personnes le définissent par un confort matériel, tandis que d’autres mettent en avant la santé, ou bien même le niveau social. Le bien être ne peut donc pas être défini de manière générale. Il est étroitement lié à l’homme, à sa perception, à ses besoins physiques et mentaux. Par conséquent, nous pouvons cerner l’envergure de cette notion, en trois axes principaux de la qualité de vie humaine : l’état physique du sujet (degré d’autonomie et capacité fonctionnelle), l’état psychologique (émotion) et les relations sociales avec autrui. Mais elle peut aussi être associée au bonheur, à la richesse matérielle et immatérielle.
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Le produit intérieur brut (PIB) peut être considéré comme le premier indicateur moderne de mesure du bien-être à l’échelle d’un pays, bien que la notion ne fût pas encore formulée explicitement à l’époque. L’instrument est crée en 1932 par l’économistestatisticien américain Simon Kuznets, à la demande du Congrès américain, pour mesurer les effets de la Grande dépression sur l’économie américaine.
4. SYNTHÈSE. Mesurer le bien-être : une introduction historique et théorique, Thomas Tugler http://territoires.ecoledelapaix.org/reflexions/notes/synthese-indices-bien etre
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Dans l’Histoire 5 Les Grecs nous apprennent que le bien-être ne saurait résider dans le confort personnel et la jouissance égoïste des bienfaits de la nature. Le bien être n’est pas un état mais une quête qui passe par la connaissance, la moralité, l’engagement et le sens de la mesure. Les penseurs arabes musulmans ont écrit de nombreux essais, livres, maximes, brochures et lettres sur la santé physique et mentale, qui sont généralement liés à la santé physique et mentale. Nous pouvons proposer une définition différente du bonheur pour chacun. Pour Ibn Khaldoun, par exemple, le bien-être est lié à la ville. Il s’obtient lorsqu’elle atteint le statut de cité qui est le véritable symbole de la «civilisation»: la «Hadara».
Pour ce dernier, la civilisation se doit d’atteindre un certain niveau de raffinement. Vivre une vie civilisée, c’est avoir la possibilité de mener des activités nobles qui vous permettent de satisfaire les besoins de l’esprit. Selon lui, ce degré de bien être n’est atteint que par la multitude et l’abondance des «arts» ou métiers que propose la cité à ses citadins. Ces arts ont pour but de permettre à l’Homme d’atteindre son épanouissement dans la cité. Ibn Khaldoun en cite 3 exemples : l’art de la médecine, l’art de la musique, ainsi que l’art de la lecture. De plus, en architecture musulmane, un espace de bien être doit absolument prendre en considération les rituels de la vie musulmane, en effet cette notion se base surtout sur le rapport entretenu avec Dieu. 6
Figure 13 : Ibn Khaldoun
5. Architecture, histoire et patrimoine, Laarbi Bouayad 6. Connaitre sa maison, construire & aménager la lumière des sagesses occidentales & orientales, Jean Luc Massot
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Le Feng Shui Le Feng Shui est une science chinoise ancienne qui consiste à harmoniser l’intérieur des bâtiments et ainsi favoriser le bien-être sur tous les niveaux de la vie. Elle est basée sur la contemplation des lois universelles qui organisent la nature pour équilibrer les forces fondamentales à travers l’aménagement intérieur ainsi que la décoration. Elle remet donc en question tous les éléments qui entrent en jeu dans la décoration intérieure: de l’agencement du mobilier aux formes des objets de décoration, les combinaisons de couleurs, ainsi que l’énergie qu’ils dégagent. Figure 14 : Quartier à Hangzou (Chine), aménagé en rapport avec les principes du feng shui
Le concept d’énergie est très important dans le Feng Shui. Il est même considéré comme omniprésent dans tous les éléments de l’univers, et cela inclut l’Homme. Il existe en nous et est influé par tous les éléments qui forment et constituent notre espace. Les énergies de l’environnement sont représentées sous forme de température, d’humidité, de chaleur ou d’électricité dans l’air. 7
Ces énergies matérialisées par le Feng Shui créent une valeur émotionnelle chez les utilisateurs de l’espace en question, permettant à faire naitre une certaine harmonie ainsi que des énergies positives primordiales au bien être humain. Une nouvelle perception de l’espace est donc créée pour son utilisateur, qui influe positivement sur son inconscient. 8
Mais le Feng Shui est aussi étroitement lié à l’urbanisme, ces deux disciplines traitent de la meilleure manière de façonner un lieu dans le but d’y vivre bien et de respecter la nature. En effet l’urbanisme est définit en tant que « l’ensemble des sciences, des techniques et des arts relatifs à l’organisation et à l’aménagement des espaces urbains, en vue d’assurer le bien-être de l’homme et d’améliorer les rapports sociaux en préservant l’environnement » 9 Le but ultime du Feng Shui est donc de générer un bien être qui est atteint dans le succès dans tous les domaines de la vie : l’amour, la santé, les affaires et le developpement personnel de la personne.
7. Feng Shui force d’harmonie, Alexandra Virag et Bruno Colet 8. De la psychologie de l’espace à l’espace psychiatrique, travail de fin d’étude à l’ecole nationale d’architecture de Rabat
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II
DE LA CITÉ IDÉALE DE PLATON À LA SMART CITY
Nous verrons dans cette deuxième partie que le fait de planifier l’avenir des villes et concevoir de nouveaux schémas visionnaires afin d’améliorer la durabilité et d’accompagner le développement urbain remonte à plusieurs siècles auparavant. Dans ces schémas, des lacunes se traduisent par des incitations à façonner des systèmes urbains alternatifs dans lesquels un nouvel ensemble de règles et de normes, auxquelles la société est censée adhérer, devient l’assurance d’une durabilité améliorée. Cependant, bien que construites sur une véritable intention d’améliorer la condition humaine, certaines de ces solutions alternatives ont abouti à des utopies urbaines : c’est-à-dire des villes imaginaires, irréalistes et parfaites, avec une perception de l’avenir parfois erronée.
1. L’étude de l’avenir : La Futurologie 10
La futurologie est un domaine interdisciplinaire qui agrège et analyse par des méthodes professionnelles les tendances du passé et du présent, dans un but de composer des futurs possibles. Cela comprend l’analyse des sources, des modèles et des causes du changement et de la stabilité dans le but de développer une prévoyance. Ces études sur l’avenir tentent généralement d’acquérir une vision globale ou systémique basée sur les connaissances de diverses disciplines, en se concentrant généralement sur les aspects sociaux, technologiques, économiques, environnementaux et politiques.
Figure 15 : Proposition, Paris 2050
9. Article : https://wikipedia.org/wiki/Urbanisme 10. Article : https://en.wikipedia.org/wiki/Futures_studies#Futures_techniques
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Elles remettent en question et décomposent des hypothèses qui sous-tendent les vues dominantes et opposées de l’avenir. Ce dernier est donc chargé d’hypothèses cachées. Par exemple, de nombreuses personnes s’attendent à l’effondrement de l’écosystème terrestre dans un avenir proche, tandis que d’autres pensent que l’écosystème actuel survivra indéfiniment. Une approche prospective viserait alors à analyser et à mettre en évidence les hypothèses qui soustendent ces points de vue. James Canton, futurologue américain et président de l’Institute for Global Futures à San Francisco, décrit un avenir proche où les appareils mobiles occuperont une place beaucoup plus importante dans le monde.
En effet, selon lui, d’ici 2025, l’internet connectera des objets et des individus de tous les pays, de toutes les communautés et de toutes les entreprises. Tout le monde pourra utiliser toutes la globalité des connaissances mondiales. Ce changement permettra aux gens d’avoir un meilleur accès à l’éducation, aux soins de santé, à l’emploi, au divertissement ou au commerce en temps réel. L’intelligence artificielle (IA) se développera au point de devenir plus intelligente que les humains, et elle sera intégrée aux voitures, robots, maisons et hôpitaux afin de créer une économie d’IA. Les humains fusionneront numériquement et physiquement avec des robots pour mieux traiter les patients du monde entier. Ces « RoboDocs » pourront soigner et performer des opérations complexes à distance. La médecine prédictive bouleversera de façon drastique le monde de la santé. Grâce à un équipement capable de séquencer gratuitement l’ADN, les diagnostics précoces deviendront courants. La médecine génétique personnalisée permettra de prévenir des maladies, et sauvera ainsi des milliers de vies. La prochaine génération de Bitcoin remplacera les devises traditionnelles et contribuera à créer de nouveaux modèles commerciaux numériques. Une nouvelle économie va donc émerger.11
Figure 16 : Proposition, Paris 2050
11. 7 grands futurologues nous livrent leurs surprenantes prédictions pour la prochaine décennie, Jacqueline Howard https://www.huffingtonpost.fr
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2. Historique de la ville idéale Nous verrons dans cette partie différentes approches entreprises par les plus grands penseurs de l’époque, en terme de planification des villes idéales de demain.
a. La cité Idéale de Platon Introduisant sa philosophie totalitaire de la ville, Platon considère les villes comme des entités indépendantes et autonomes dans lesquelles la communauté est divisée en trois classes. Pour Platon, discipline, obéissance et contrôle sont les piliers d’une société parfaite.
Pour ce dernier, la justice dans la cité idéale est la répartition mesurée et harmonieuse des trois parties qui composent l’âme : la tempérance, le courage, la sagesse. En effet, la tempérance ou retenue de soi-même est considérée comme étant la justice des appétits, le courage est la justice de volonté et finalement la sagesse représente celle de l’esprit. Platon nous dit dans son livre “La République” qu’une cité parfaite doit être divisée en trois classes sociales, chacune d’elle, par analogie, traduisant une partie de l’âme : celle des producteurs ou des artisants qui correspond à la tempérance, celle des gardes et guerriers qui exige le courage, et enfin celle des chefs et des magistrats où la sagesse de gestion est une nécessité. 12 Dans l’un des ses ultimes dialogues dans « les Lois », Platon indique clairement le nombre des citoyens de cette cité : celui-ci doit être égal à 5040 habitants et doit rester constant. Pour cela, Platon évoque de nombreux moyens afin d’assurer la stationnarité.
Figure 17 : Platon
Platon propose donc un modèle de cité qui aura pour fin la justice, et qui représenterai ainsi une critique des formes de gouvernements de son époque. Ayant foi en la réalisation d’une telle société, il entreprit de nombreux voyages, mais en vain.
La cité doit être suffisamment limitée en nombre pour permettre à ses membres de communiquer et d’échanger et ainsi établir une interconnaissance entre eux, mais elle doit être suffisamment peuplée afin d’assurer sa défense et fournir une assistance aux cités alliées. De plus, en temps de paix comme de guerre, le nombre de citoyens doit être en mesure de remplir les différentes fonctions sociales, économiques et politiques de la cité.
12. Article : La cité idéale, Ghismoi Ghismoi - http://philoplus.com/philoplus/archives/84
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Ce chiffre de 5040 citoyens se justifie par le fait qu’il accepte un grand nombre de diviseurs, 59 plus précisément. Il est divisible par tous les nombres compris entre 1 et 12, 11 excepté, plusieurs combinaisons sont donc autorisées. Ce souci d’arithmétique vient porter une solution à des restrictions territoriales. Afin de contextualiser, « Les Lois » est composé de dialogues entre des Crétois et un citoyen Athénien sur le meilleur moyen d’édifier une colonie en Crète (île grecque). L’espace est en effet, dans la pensée platonicienne, une variable essentielle. Afin d’éviter les dissensions et désaccords dans la cité, Platon affirme que la répartition du territoire dans cette dernière doit être organisée en fonction des dieux. Comme eux, cet arrangement doit être constant, donc, l’idée d’une population constante.
« Nous avons la chance d’avoir échappé aux querelles redoutables et périlleuses que suscitent la propriété foncière, l’abolition des dettes, les partages… » (Les Lois, 736c). Cette citation du Livre V des Lois révèle l’attention méticuleuse apportée à la distribution des différents lots : en divisant chaque lot en deux, et en les répartissant de telle sorte qu’aucun citoyen ne soit finalement plus près du centre de la Cité qu’un autre, de sérieux désaccords seront ainsi évités. Par ailleurs, la ville sera elle-même répartie en douze zones tout comme le reste du territoire, permettant à chaque citoyen d’avoir deux habitations, l’une urbaine et centrale, l’autre rurale et périphérique. Par cette disposition, la distinction entre urbains et ruraux s’efface.13
Figure 18 : Platon, la république
13. Article : https://www.cairn.info/revue-population-2002-2-page-231.htm#
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b. La Renaissance et l’Utopie - Sir Thomas More : La Naissance de l’Utopie 14 L’utopie est définie dans le Larousse comme étant une “Construction imaginaire et rigoureuse d’une société, qui constitue, par rapport à celui qui la réalise, un idéal ou un contre-idéal. Projet dont la réalisation est impossible, et une conception imaginaire”, on qualifie donc d’utopique ce qui est irréalisable.
En apparence, dans la description de l’écrivain, l’Utopie est un lieu parfait. Mais cette perfection ne dépend que de la standardisation en masse de tous ses éléments, géographiques, architecturaux et humains. Il n’y a pas de place pour la diversité: tous les habitants partagent la même vie, travaillent le même nombre d’heures, et vivent dans les mêmes maisons. Les villes extrêmement identiques constituant cette utopie servent aussi à dénoncer cette uniformisation : “une fois que l’on a vu une ville, on les a toutes vues.”
Mentionnée pour la première fois par l’écrivain anglais Sir Thomas More dans son ouvrage « Utopia » publié en 1516, l’utopie sert à décrire une société idéale autour de laquelle gravite le livre. En effet, en décrivant une cité idéale, l’écrivain critique le gouvernement anglais de l’époque, ainsi que l’inégalité des richesses et l’intolérance religieuse. Cette critique fut l’une des principales raisons du succès qu’à connu son ouvrage, avec l’introduction du concept d’utopie.
Figure 19 : Sir Thomas More
Sir Thomas More parle d’une société idéale de 100 000 habitants vivant sur une île isolé sur l’extérieur, contrainte essentielle pour le bon fonctionnement de cette dernière. C’est une île qui contient 54 villes partageant la même langue, les mêmes moeurs ainsi que les mêmes institutions. Elles sont aussi bâties sur le même plan et se ressemblent toutes.
Cela nous pousse à croire que cette apparence parfaite de l’utopie ou la société idéale à un prix, celui de la dissolution de l’expression individuelle.
14. Article : L’Utopie de Thomas More – Résumé et analyse, Adrien Moyaux - https://www.beseven.fr/utopie-thomas-more/
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- Romorantin : La ville rêvée de Leonard De Vinci 15 Romorantin-Lanthenay, commune française située dans l’actuelle région du Centre-Val de Loire, était une source inépuisable d’inspiration pour Léonard de Vinci, ainsi que l’une des raisons principales de sa venue en France. En effet, Léonard a conçu et commencé un énorme et novateur projet pour la ville, une cité idéale ainsi qu’un vaste palais royal, projet qui ne verra jamais le jour, suite au décès de ce dernier. En 1516, le roi François Premier fait venir à Romorantin le célèbre peintre, architecte et ingénieur italien Leonard de Vinci de Milan afin de lancer un projet pharaonique : réaliser une cité parfaite, la cité de Romorantin.
La volonté du roi était de faire de la ville la capitale politique du pays, et ainsi y rassembler le pouvoir politique et économique. En effet, la capitale de l’époque, Tours, était trop engorgée pour François 1er, et il y était donc inconcevable d’y loger correctement les nombreuses personnes qui constituent sa cour. Dans le but de placer la ville au centre d’un réseau de navigation important, Léonard De Vinci planifie de creuser deux ensemble de canaux : l’un atteignant La Sauldre (rivière passant par la ville) et l’autre reliant Romorantin aux villes de Lyon et Tours. Par ce fait, l’océan atlantique devient relié à la méditerranée par voie navigable. L’ingénieur avait une idée très claire sur la façon dont l’eau circule dans la ville : au lieu d’utiliser des fossés, il a pensé à un système de verrouillage de portes éclusières afin d’éviter que l’eau ne devienne boueuse, et surtout pour permettre aux bateaux de franchir des dénivellations. Mais ces projets hydrauliques ne seront pas uniquement utilisés pour la navigation: Leonard De Vinci prévoit d’organiser toute la ville autour de ce réseau. C’est aussi à travers ce réseau d’eau que les matériaux utilisés pour construire le palais et ses environs doivent être approvisionnés Mais ce projet ne vit jamais le jour, en effet, après la mort de Leonard De Vinci en 1519, ce projet pharamineux fût trop complexe à réaliser sans l’expertise de ce dernier. La maquette du projet à été réalisée à partir d’une quinzaine de dessins de Leonard De Vinci, réunis dans des codex.
Figure 20 : Croquis réalisé par De vinci, Romorantin
15. Article : La Cité Idéale De Léonard De Vinci : Romorantin, Benjamin Brillaud http://notabenemovies.com/2018/06/05/la-cite-ideale-de-leonard-de-vinci-romorantin/
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Figure 21 : Château de Chambord a Romorantin
c. La ville de demain à la fin du XIXème siècle et la première moitié du XXème siècle | 1898 | La cité-jardin d’Ebenezer Howard La théorie des cités jardins marque la fin d’un siècle où la littérature anglaise s’est illustré en critiquant le caractère monstrueux des grandes villes industrielles de l’époque. L’écrivain Charles Dickens décrit une ville où les hommes perdent leur humanité et s’agglutinent en masses irrationnelles et violentes. 16
La cité-jardin est un concept théorisé par l’urbaniste britannique Ebenezer Howard en 1898. C’est une manière de penser la ville qui s’oppose à la ville industrielle polluée et dont on ne contrôle plus le développement pendant la révolution industrielle et qui s’oppose également à la campagne (considérée comme trop loin des villes). Son concept est mis en application par Raymond Unwin dans la réalisation des villes de Letchworth Garden City et de Welwyn Garden City, au nord de Londres, ainsi que d’une « banlieuejardin » au nord du quartier londonien de Hampstead, baptisée Hampstead Garden Suburb. Par la suite, de nombreuses cités jardins se répanderont un peu partout en Europe. Considérée comme une alternative à la concentration excessive de la classe ouvrière dans les villes industrielles polluantes et aux conditions de vie insupportable, la ville-jardin veut fusionner les avantages de la ville à ceux de la campagne par l’établissement de zones de vie autonomes, à distance suffisante des centres industriels, mais reliées à ces derniers par des lignes de chemin de fer et des canaux.
Figure 22 : Cité jardin d’Ebenezer Howard
16. Les cités jardins de ebenezer howard : une oeuvre contre la ville ?, Joëlle Salomon Cavin p.2
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Figure 23 : Letchworth city, basée sur le concept des cités jardin d’ebenezer howard
Conçue pour accueillir un peu plus de 30.000 personnes, cette villecampagne est organisée en quartiers reliés par de larges avenues plantées d’arbres à un centre public au cœur d’un grand parc central, rassemblant des bâtiments publics et de loisirs ceinturés par une galerie commerciale. Les usines et les locaux d’activités sont situés à la périphérie de la ville en bordure de la ligne de chemin de fer circulaire marquant la frontière de la zone verte. L’originalité de Ebenezer Howard est d’avoir illustré l’organisation de la villejardin dans des diagrammes précis et exhaustifs. Ces dessins sont destinés à être un symbole de coopération entre les membres de la cité jardin afin de construire une société harmonieuse.
Le plan circulaire de la ville (1.100 m de rayon) facilite les déplacements. Avec une superficie d’environ 400 ha, elle est composée de maisons implantées sur des parcelles disséminées dans la verdure. Ce cercle est bâti au cœur d’une campagne de 2.000 ha servant à garantir l’alimentation des habitants. Afin d’étendre les services offerts aux habitants, une agglomération de plusieurs villes-jardins reliées par des chemins de fer et canaux forme une «Cité sociale» de près de 250.000 habitants. Les réformateurs agraires parlent d’un moyen de ranimer les campagnes abandonnées par l’industrialisation des villes. Pour ce qui est des autorités publiques, la cité jardin est un excellent moyen pour remédier à la surpopulation urbaine.17
17. La cité-jardin, un modèle durable ? - Les Cahiers nouveaux N°82 Août 2012, Jean Michel Degraeve pp. 45-46
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| 1930 | La ville Radieuse de Le Corbusier Conçue par l’un des architectes les plus influents du modernisme, la «ville radieuse» de le Corbusier devait être une métropole linéaire et ordonnée du futur. Ce projet ambitieux constituait un modèle non seulement pour un environnement urbain plus rationnel mais aussi pour une réforme sociale radicale. À la fin des années 1920, Le Corbusier perd confiance en les grandes entreprises pour réaliser ses rêves d’utopie représentés dans « La Ville Contemporaine » et le « Plan Voisin », deux projets de ville idéale dessinés par l’architecte.
Figure 24 : Maquette de la ville radieuse
L’anéantissement de la tradition fortement encouragé par les idéaux modernistes du progrès, il était donc évident que la Ville Radieuse devrait émerger d’une table rase. La nouvelle ville contiendrait des gratteciel préfabriqués et identiques à haute densité, répartis sur un vaste espace vert et disposés sur une grille cartésienne, permettant à la ville de fonctionner à la manière d’une «machine vivante». Le Corbusier explique: « La ville d’aujourd’hui est en train de mourir car sa planification n’est pas dans la proportion d’un quart de géométrie. Le résultat d’une véritable disposition géométrique est la répétition, Le résultat de la répétition est une norme. La forme parfaite » 18 Lors de la conception de ce projet, plusieurs éléments de projets antérieurs de l’architecte ont été conservés, les immeubles de grande hauteur par exemple, ou circulation libre et l’abondance des espaces. Les blocs de logements étaient disposés en longues files décalées, vitrés du côté sud et élevés sur pilotis, avec des terrasses et pistes de course sur les toits.
Influencé par les idées de ville linéaire d’Arturo Soria y Mata et les théories du mouvement syndicaliste, il formule une nouvelle vision de la ville idéale, la Ville Radieuse. Cela représentait un rêve utopique de réunir l’homme dans un environnement bien ordonné. Contrairement à la conception radiale de la Ville Contemporaine, la Ville Radieuse était une ville linéaire basée sur la forme abstraite du corps humain on y retrouve donc la tête, la colonne vertébrale, les bras et les jambes. Figure 25 : la ville radieuse
18. Article : AD Classics: Ville Radieuse / Le Corbusier, Gili Merin https://www.archdaily.com/411878/ad-classics-ville-radieuse-le-corbusier
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Présentée pour la première fois en 1924, elle a été conçue de telle sorte qu’elle contienne des moyens de transport efficaces, une abondance d’espaces verts et de lumière naturelle dans la ville. En plus de fournier un meilleur style de vie à ses habitants, elle contribuerait à créer une société meilleure.19 Bien que radicaux, stricts et totalitaires dans leur ordre, leur symétrie et leur standardisation, les principes proposés par Le Corbusier ont eu une influence importante sur l’urbanisme moderne et ont conduit au développement de nouvelles typologies de logements à haute densité. Dans sa théorie, Le Corbusier propose des solutions de conception pour chaque type d’environnement bâti, des maisons individuelles aux villes entières en passant par les banlieues et les communautés agricoles.
Bien que très influent, à la fois dans le travail de Le Corbusier ainsi que dans celui d’autres urbanistes, le projet de Ville Radieuse ne verra jamais le jour. Toutefois, ses idées et ses concepts ont réussi cependant à traverser l’Atlantique, en s’inscrivant dans un projet de nouvelle capitale du Brésil : Brasilia, ville conçue par les architectes Oscar Niemeyer et Lúcio Costa, deux disciples de Le Corbusier. James Howard Kunstler, urbaniste et auteur américain, critique le concept de Ville Radieuse pour son manque d’échelle humaine et de connexion avec son environnement. Lewis Mumford résume le concept en “des bâtiments dans un parking”. L’Empire State Plaza, un complexe d’immeubles de bureaux d’État à Albany, New York, a été énormément critiqué pour son adhésion au concept. Martin Filler, critique d’architecture, parle d’une relation inexistante entre les bâtiments et le site, car les atouts et désavantages de ce dernier on été simplement ignorés et donc effacés, créant un sentiment étrange de détachement.20
Figure 26 : Plan de la ville radieuse
19. Article : Ville Radieuse : Le Corbusier’s Functionalist Plan for a Utopian « Radiant City », Kurt Kohlstedt https://99percentinvisible.org/article/ville-radieuse-le-corbusiers-functionalist-plan-utopian-radiant-city/
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| 1932 | Frank Lloyd Wright: Broadacre City
Figure 27 : Maquette de broadacre city
Broadacre City était un concept de développement urbain ou suburbain proposé par Frank Lloyd Wright. Cette idée a été présentée dans son livre : « The Disappearing City » en 1932. L’architecte parle de la ville de son époque en tant qu’une institution déjà dépassée, où l’obsolescence a été l’ennemi de la civilisation. Il décrit aussi des villes qui sont devenus peu à peu désengagées, et qui n’ont jamais été planifiés en premier lieu. En effet, Wright lutte contre la centralisation des pouvoirs et des richesses que symbolise la métropole, et décide d’établir de nouveaux modes d’habiter décentralisés dans sa vision. Broadacre City envisage donc une nouvelle organisation des communautés réparties sur le territoire, tenant ainsi compte des ressources, des paysages et surtout à la dimension humaine. Selon l’architecte, l’une des principales conséquences de cette décentralisation est l’abolition de toute distinction entre ville, campagne et nature, condition nécessaire pour offrir un cadre de vie agréable à l’ensemble de la population.21
A cette époque, penser la ville de demain doit prendre en considération la place de la voiture. En effet, dans ce projet, Wright marque un changement du regard porté sur la ville américaine, symbole de la verticalité et la densité. Wright envisage donc une urbanisation plus étendue, moins centralisée, profitant des larges espaces vides que compte le territoire des Etats-Unis. Afin d’illustrer ses propos, il conçoit avec ses étudiants une série de maquettes : la principale représentant une superficie de 10.36 km, prévue pour accueillir environ 7000 habitants, ainsi que des maquettes annexes rassemblant différents types de maisons, ainsi que des équipements de circulations tel que des rails, des ponts et des échangeurs routiers.
20. Article : https://en.wikipedia.org/wiki/Ville_Radieuse#cite_note-Kunstler-11 21. Broadacre City, La nouvelle frontière Frank Lloyd Wright, Catherine Maumi
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L’Architecte décrit sa maquette principale en tant que « patchwork », dans laquelle aucun élément ne ressemble à l’autre, et où les parcelles de terrains sont dédiées à accueillir différentes fonctions : des habitations disposant d’un jardin et d’un atelier, des tours de bureau et de logements collectifs, des équipements publics tel que des écoles, des hôpitaux, des centre commerciaux de proximité, des centres culturels, le tout enlacé de terrains agricoles, effaçant ainsi une quelconque séparation ente ville et campagne. Toute la ville est reliée par un système de routes et de liaisons téléphoniques permettant l’interconnexion et la rencontre entre ses citoyens. Ainsi, on y retrouve des réseaux de rues et de chemins dédiés au piéton desservant toute la ville. Refusant le concept de la division fonctionnelle de l’espace, pilier du fonctionnalisme de la Charte d’Athènes, il conçoit donc cette alternative au projet de la Ville Radieuse de Le Corbusier, en mettant en avant son idée de ville dispersée.
A travers Broadacre City, Frank Lloyd Wright développe une critique radicale des transformations de la ville moderne et de la déshumanisation qui en résulte. Il exprime une véritable hostilité à l’égard de la standardisation, de la mécanisation et du fonctionnalisme. Il dénonce ainsi les méfaits de la verticalité, des gratte-ciel qu’il qualifie de boites voire « d’échafaudages incommodes » et s’en prend à l’entassement inhumain de la ville industrielle. Il regrette que dans cette ville de hauteur l’habitant soit réduit à l’état de simple producteur/ consommateur, qu’il ne puisse exprimer sa créativité et l’inventivité indispensables pour qu’une démocratie vivante s’épanouisse. Dans le même temps, il condamne les dérives et l’asservissement auxquels conduisent, selon lui, le capitalisme, les monopoles et la spéculation. Les nuisances de la concentration spatiale sont attribuées à la concurrence, au règne du « big business » et de la course au profit, ce constat l’amène à préconiser une refondation de la cité américaine
Figure 28 : Fabrication de la maquette de broadacre city
22. Broadacre City versus Futurama deux visions contrastées de la ville dispersée dans l’amérique des années 1930, Arnaud Brennetot - https://www.academia.edu/ - p.78, 79, 81, 84
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Cet étalement dans l’espace est considéré comme un moyen de développer un rapport personnel et enrichissant au territoire, sous la forme d’un retour à la nature, au sol, à l’air et au soleil. C’est ainsi que Wright considère sone projet d’ »architecture organique », c’est-à-dire une architecture qui permette la préservation et le développement d’une relation intime de l’habitant à la nature. Il convient de préciser toutefois que l’architecte ne réduit pas ici la nature à un simple décor, mais qu’il la conçoit comme un espace à aménager pour le bien être des habitants, pour stimuler leur créativité et fonder leurs relations sur l’expérience partagée du plaisir d’habiter.22
d. Années 90 : L’émergence de La Smart City Cette série de réflexions pour la conception de la ville idéale nous mène jusqu’à l’émergence dans les années 90 d’une expression qui s’inscrit dans la lignée d’autres termes pour saisir l’émergence de nouvelles technologies au sein des espaces urbains : La Smart City ou Ville Intelligente. En effet, ce concept constitue un aboutissement de ces différentes pensées qui ont marqué l’histoire de l’urbanisme. Face aux grands phénomènes nécessitant de mettre en place une série d’action auxquels les villes sont confrontées, par exemple une urbanisation croissante, le changement climatique suivi par une prise de conscience de la rareté des ressources ou une réduction budgétaire, la Ville Intelligente apparait comme une possible solution.
Certains associent son origine au concept de « smart growth », concept mis en avant par le nouvel urbanisme des années 1980, cette expression est d’abord le fruit d’une stratégie de reconquête du marché mise en place par la firme IBM. L’entreprise a en effet identifié les villes comme un immense marché potentiel, en associant celles-ci aux technologies de l’information et de la communication. Plus précisément, l’idée d’IBM repose sur deux postulats : Premièrement, trois piliers sont au cœur de la ville : la planification et la gestion des services, les services d’infrastructures et finalement les services humains. Deuxièmement, chacun de ces piliers constitue un système individuel, la ville étant un système de systèmes.23 Cette expression a par la suite été intégrée dans de nombreux discours publics et de campagnes publicitaires dans un contexte de quête de profits, donnant à cette dernière un nouveau statut de véritable image de marque. Certains urbanistes mettent en avant le fait qu’il est fort possible que la décision de référer à l’adjectif « smart », relève, avant tout, d’un choix de marketing. En effet, en marketing, le terme « smart » est plus convivial que le terme « intelligent », qui se limiterait à qualifier un esprit rapide, réceptif et réactif. Cependant, le terme « smart » engloberait celui « d’intelligent », car pour qu’une entité soit smart, il est nécessaire que son système, rapide, réceptif et réactif s’adapte aux besoins de ceux qui l’utilisent. Cette profusion de termes créée toutefois beaucoup de confusion quant à la réelle définition de ce qu’est ou ce que devrait être une « smart city ».
23. LA VILLE INTELLIGENTE Origine, définitions, forces et limites d’une expression polysémique - Sandra Breux et Jérémy Diaz, p. 3, 4, 5, 6
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CONCLUSION DU CHAPITRE
Au terme de ce chapitre, nous avons constaté que l’Homme s’est étalé sur la question de l’avenir de sa ville depuis bien longtemps, et a proposé de nombreux modèles dans lesquels il a essayé de se projeter. Il a donc imaginé à quoi ressemblerait la vie du futur, et comment celle-ci influera sur son cadre urbain. Mais il ne faut pas omettre l’idée que ce cadre urbain peut à son tour influer sur la vie quotidienne des citadins. En effet, de la même manière avec laquelle l’Homme a su au fil du temps adapter la ville à ses besoins et à sa vie en société, cette dernière pourra à son tour faire de même, c’est-à-dire imposer certaines conditions dans le futur qui tendront, peu à peu, à ôter à l’Homme son autonomie, laissant de plus en plus les commandes à la ville.C’est pourquoi la notion de dimension humaine est primordiale, et doit absolument constituer l’un des premiers critères à être pris en considération lors de la conception des villes, car ces dernières sont avant tout construites et érigées par l’Homme et pour l’Homme, pour son épanouissement et pour l’accomplissement de ses désirs et objectifs.
A l’époque de la ville intelligente, nous faisons face à un dilemme de taille. Les nouvelles technologies liées à la ville pourront sans doute résoudre de problèmes et faciliter de manière conséquente la vie urbaine, mais à quel prix ? Serait –elle la solution ultime tant recherchée par l’Homme ?
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INTRODUCTION DU CHAPITRE Parmi les nombreuses et différentes définitions qu’on peut compter de la smart city, on peut la définir brièvement par une ville qui utilise les technologies de l’information et de la communication dans un but d’accroître son efficacité opérationnelle, partager les informations avec le public et améliorer à la fois la qualité des services gouvernementaux et le bien être des ses citoyens. Ce concept se développe depuis plus d’une dizaine d’années, dans un contexte d’écologie et du durable, en s’appuyant sur les technologies numériques afin d’optimiser les systèmes de gestion. Ce concept repose sur le principe de la collecte de données, permettant d’analyser les besoins de la ville et de ses habitants en temps réel, et en y répondant avec le plus de justesse dans un court délai.
La réflexion sur les limites de ce concept devient donc chose nécessaire, afin d’en conserver ce qu’elle propose de meilleur, et ainsi éviter de se retrouver avec des villes où l’on ne se sent plus tout à fait humains. Ce chapitre consacré intégralement au concept de la smart city, est divisé en deux parties. Nous essayerons de définir en profondeur dans la première ce concept ainsi que ses différents aspects et caractéristiques, dans un but de constituer une base sur laquelle nous pourrons mettre au jour et critiquer les limites reliées à la déshumanisation de ses citoyens dans cette dernière en deuxième partie.
Pour son bon fonctionnement, la smart city doit donc contrôler énormément de paramètres pour pouvoir être la plus efficace possible. Mais « efficacité » et « contrôle » sont des termes qui ne sont pas tout à fait adapté aux êtres humains, jouissant de désirs personnels, de parts d’intimité, de libertés d’action, des humains qui risquent de ne constituer rien de plus que des données, servant à huiler cette ville machine optimisée.
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CONCEPTS & DESHUMANISATION
I
LA SMART CITY
1. Qu’est ce que le smart ? Le terme smart a connu une importante popularité durant ces dernières décennies. En effet, il est devenu de coutume d’attribuer ce qualificatif à tout ce qui relève de l’usage des nouvelles technologies, ainsi, on a des « Smartphones », des « Smart tv », et bientôt des « Smart City ». Mais est ce qu’on peut vraiment définir ce préfixe que l’on voit apparaître dans nos objets du quotidien ? Traduit en « Intelligent », ce terme est défini dans le Larousse comme suit : « Se dit de l’être humain en tant qu’il conçoit et saisit les rapports entre les choses […] Se dit d’un bien dont la maintenance ou le fonctionnement sont assurés par un dispositif automatisé capable de se substituer, pour certaines opérations, à l’intelligence humaine. »24
Figure 29
Figure 30 : Méthode Smart
24. Larousse, définition du mot intelligent - https://www.larousse.fr/dictionnaires/francais/intelligent/43557
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CONCEPTS & DESHUMANISATION
Dans le domaine du marketing, le terme smart constitue un moyen mnémotechnique utilisé afin de garder à l’esprit les critères essentiels à la réalisation d’un objectif donné : Spécifique, Mesurable, Acceptable, Réaliste et Temporellement défini : (figure
Réaliste ( Realistic ) : Un objectif SMART doit être réaliste, afin de garantir sa réalisation quelles que soient les difficultés rencontrées. L’aspect réaliste de l’objectif permet aussi d’encourager et de motiver les différentes parties impliqués dans la réalisation de ce dernier.
Spécifique ( Specific ): Un objectif SMART doit être spécifique. En effet, un objectif spécifique a beaucoup plus de chances d’être atteint. De plus, cet objectif peut également être considéré comme simple, car il doit être clair, précis et compréhensible, de telle sorte d’assurer son aboutissement.
Temporellement défini ( Timebound ) : Un objectif SMART doit être temporellement défini. En effet, une contrainte temporelle, un délai à respecter, engendre le dynamisme nécessaire à l’aboutissement de ce dernier. Cela permet aussi d’éviter des dépenses énergétiques et financières inutiles pour la réalisation de l’objectif.25
29)
Mesurable ( Measurable ) : Un objectif SMART doit avoir des critères pour mesurer le progrès dans la réalisation de ce dernier. Sans ces critères, déterminer si on est sur la bonne voie pour atteindre cet objectif devient chose compliquée. Aussi un objectif doit être quantifiable et qualifiable afin de pouvoir fournir les moyens nécessaires pour l’atteindre. Atteignable ( Achievable ) ou Accessible ( Accessible ) : Un objectif SMART doit être suffisamment ambitieux afin de garder les acteurs motivés sur sa concrétisation, sans pour autant tomber dans le démesure, au risque de ne pas pouvoir le réaliser. L’objectif SMART se doit alors d’être raisonnablement atteignable et accessible aux personnes responsables de sa réalisation.
Ces 5 critères permettent d’atteindre un objectif SMART de manière efficace. Mais bien que ces notions soient liées au domaine du marketing, une analogie de ces derniers avec la réalisation d’une smart city peut être considérée : l’objectif de réaliser une smart city est spécifique. Il est aussi mesurable car les ressources nécessaires pour la réalisation d’une smart city peuvent êtres quantifiables. Il doit être atteignable et accessible pour les parties impliquées dans sa réalisation. Réaliste pour ne pas se retrouver en face d’utopies urbaines ne tenant pas en compte la réalisation sur terrain. Et temporellement défini, car tout projet nécessite un début et une fin.
25. Article : What is a smart goal - https://corporatefinanceinstitute.com/resources/knowledge/other/smart-goal/
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CONCEPTS & DESHUMANISATION
Figure 31 : Omniscience de la smart city
Mais cette méthode ne permet pas de définir ce qu’est une smart city, car même si cet objectif est spécifique, sa définition exacte dans ce cas pose problème. Jusqu’à présent, il n’existe pas de définition standardisée et approuvée de manière générale par les urbanistes et décideurs de la ville sur ce qu’est une smart city, de plus que les smart city qu’on voit émerger dans les quatre coins du monde, tels que Masdar aux Emirats Arabes Unis, ou bien la nouvelle ville de Songdo en Corée du Sud (villes analysées dans la partie de benchmarking international), ne constituent que des expériences de villes connectées, des démonstrateurs de technologie mettant en œuvre qu’un aspect d’une smart city, car aucune définition de ce que pourrait vraiment être cette dernière n’a été donnée.
Le terme de « smart city » est généralement accolé à tout phénomène urbain basé sur un effet cybernétique où une action est corrigée par l’information en retour de l’effet sur la cause, générant un processus cumulatif d’apprentissage. La base de cette dernière est donc son infrastructure numérique, qui s’enrichit avec le déploiement des nouveaux modes d’interconnexion comme l’internet des objets et la communication de machine à machine qui dispense de l’intervention humaine.26 Luis Bettencourt, systémicien au Santa Fé Institute au nouveau Mexique décrit la nature de la ville comme système complexe adaptatif, ou plus, comme système de systèmes: un système qui résulte du fonctionnement collaboratif de systèmes constituants qui peuvent fonctionner de façon autonome pour remplir leur propre mission opérationnelle, selon la définition donnée par l’AFIS (Association Française d’Ingénierie Système).
26. Les villes intelligentes, enjeux et stratégies pour de nouveaux marchés, Claude Rochet, p.21 - 22
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Bettencourt avance aussi le fait que le concepteur ne peut donc pas identifier de manière descendante tous les problèmes qu’une ville va rencontrer et ainsi concevoir la ville idéale, comme tentèrent de le faire au début du XX°siècle en Angleterre Ebenezer Howard avec le mouvement des « Garden cities » ou bien Le Corbusier avec le concept de Ville Radieuse. L’échange d’information au sein d’un système de systèmes est donc un point critique qui suppose une base d’information commune, condition clée pour une ville intelligente.
2. Les différentes définitions de la smart city 27
Suite à l’ampleur des technologies mises en œuvre sous le label de la ville intelligente, il est donc très difficile d’aboutir à une définition précise d’une ville intelligente.
Suite à l’ampleur des technologies mises en œuvre sous le label de la ville intelligente, il est donc très difficile d’aboutir à une définition précise d’une ville intelligente. De manière générale, on peut énumérer quatre facteurs qui contribuent à la définition d’une ville intelligente: L’utilisation d’un large éventail de technologies électroniques et numériques pour le bénéfice des communautés et aux villes. L’utilisation des TIC pour transformer la vie et les environnements de travail dans la région L’intégration de ces technologies de l’information et des communications (TIC) dans les systèmes gouvernementaux. La territorialisation des pratiques qui rapproche les TIC et les personnes pour valoriser l’innovation et les connaissances qu’elles offrent.
Figure 32 : Les Smart grids
27. Article : https://en.wikipedia.org/wiki/Smart_city
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Cependant la ville intelligente se définit comme une zone urbaine qui utilise différents types de méthodes électroniques et de capteurs pour collecter des données. Ces données sont utilisées pour gérer efficacement les divers actifs, ressources et services; en retour, ces données sont utilisées pour améliorer les opérations dans toute la ville, (citoyens, appareils, bâtiments… ) qui sont ensuite traitées pour surveiller et gérer les divers systèmes logistiques, les centrales électriques, les services publics, les réseaux d’approvisionnement en eau, les déchets, la détection de la criminalité…
Applications de velos de ville, SOS info, réalisés grâce à l’Open data de la ville
27. Article : https://en.wikipedia.org/wiki/Smart_city
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Le concept de « ville intelligente » intègre les technologies de l’information et de la communication (TIC) et divers appareils physiques connectés au réseau IoT afin d’optimiser l’efficacité des opérations et des services de la ville et se connecter aux citoyens. Cette technologie des villes intelligentes permet aux responsables de la ville d’interagir directement avec les infrastructures de la communauté et de la ville et de surveiller ce qui se passe dans la ville, ainsi que son évolution. 27
Poubelles (iot) rapportent leur statut en temps réel
ApparkB (système de parkin intelligent) et Bicing (vélos d ville) encouragent la Sma Mobility
ng de art
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2. Missions de la Smart City
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Dans la démarche de la mise en œuvre des Smart Cities, la mission principale est de promouvoir des villes qui fournissent des infrastructures de base et offrir une qualité de vie décente à ses citoyens, un environnement durable et une application de solutions «intelligentes». L’accent est mis sur le développement durable et inclusif et l’idée est de créer un modèle reproductible qui agira comme un exemple pour d’autres villes intelligentes en herbe.
3. Caractéristiques Parmi les caractérstiques de la villeintelligente, on distingue les points suivant : Une economie intelligente Définit la compétitivité économique de la ville. C’est a travers des facteurs comme l’innovation, l’esprit d’entreprise, la productivité, la flexibilité du marché du travail ou encore l’intégration sur le marché national et international qu’elle se mesure. Une mobilité intelligente
Smart city campus innovant afin de promouvoir les synergies et innover dans les solutions urbaines
L’importance de l’accès local et international à la ville, l’existence d’infrastructures connectées exploitant les TIC (technologies de l’information et de la communication) et de systèmes de transports innovants, durables et sûrs. Un environnement intelligent On parle ici d’écologie et de gestion des ressources. La ville intelligente doit favoriser un environnement de qualité (espaces verts, qualité de l’air), gérer de façon durable ses ressources et œuvrer à la protection de l’environnement. Les éco quartiers sont des exemples, localisés, d’un environnement géré intelligemment. Une gouvernance intelligente
Figure 33 : Stratégie Barcelona Smart City
Définit un mode d’administration de la ville transparent, transversal et partagé , intégrant le citoyen dans le processus de prise de décision. 28
28. Advantages and disadvantages of smart cities https://primestone.com/en/advantages-and-disadvantages-of-smart-cities/
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II
ASPECTS DE DÉSHUMANISATION DE LA SMART CITY
« La ville intelligente n’est, pour de nombreux penseurs urbains, qu’une phrase à la mode qui a dépassée son utilité: la mauvaise idée présentée de la mauvaise manière aux mauvaises personnes. »29 Comme on vient de le voir, la Smart city se présente comme un modèle idéal, mettant en avant les priorités écologiques, économiques, mais aussi les priorités citadines, c’est-à-dire tout ce qui relève de la vie urbaine quotidienne de ses habitants. Mais, ne se décrète pas ville intelligente qui veut. Une smart city, c’est une ville qui suppose une économie intelligente, une mobilité intelligente, un environnement intelligent, des habitants intelligents, un mode de vie intelligent et, enfin, une administration intelligente30. Cela suggère que certaines mesures de collecte de données doivent impérativement être prises par ces villes intelligentes afin de garantir le bon fonctionnement de ces nouveaux systèmes d’optimisation urbains, et donc de tenir leurs promesses.
En effet, les smart cities se basent sur la collecte d’informations diverses en temps réel, ce qui, pour de nombreux auteurs et urbanistes, soulève des questions d’intimité, de limitation des libertés de ses citadins constamment observés, tracés et contrôlés dans leur ville, des citadins submergés par l’intrusion de la technologie dans leur expérience de la ville, des citadins déshumanisés. Cette partie du mémoire a pour but de prendre du recul sur cet enthousiasme technologique qui est la smart city, d’explorer d’autres points de vue de penseurs et décideurs de la ville, et ainsi essayer de cerner ce concept de ville intelligente sous toutes ses facettes.
Figure 34 : Steven Poole parle de certains problèmes que pose la smart city (Tallinn Architecture Biennale 2015)
29. The truth about smart cities « in the end they will destroy democracy » - the guardian, Steven Poole https://www.theguardian.com/cities/2014/dec/17/truth-smart-city-destroy-democracy-urban-thinkers-buzzphrase
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Figure 35 : La Smart city face au “hacker”
1. La ville « crashable » Nombreux sont les auteurs et penseurs de la ville à remettre en question le concept de la smart city. Le journaliste et auteur britannique Steven Poole fait partie de ces derniers, qui estiment que plus une ville est intelligente, plus elle devient vulnérable pour le hacker. En effet, l’un des points qu’il avance dans sa réflexion est que la « smartification » d’une ville repose sur un utopisme naïf, sur des logiciels parfaitement écrits qui ne s’écraseront jamais et sur une technologie parfaitement inattaquable, dont l’existence n’a jamais été démontrée.
Il s’agit pour lui de transformer la ville en ordinateur géant, exposé aux différents risques de mal fonctionnement ou d’utilisation néfaste ou maladroite de ce dernier. Ainsi, et avec un léger degré d’exagération, il estime que les voitures autonomes finiront par engendrer autant de problèmes que celles avec conducteur, et que des bugs informatiques inévitables compromettront des systèmes de transports entiers. Selon lui, cela rend la vie des habitants, au sein d’une ville qui met en avant tous ses progrès technologiques, entièrement dépendante du bon fonctionnement de ces derniers. Le citadin devient donc soumis à sa ville, et ne peut donc pas profiter complètement de son expérience urbaine. La technologie devient alors omniprésente dans sa vie quotidienne, et il en arrive même à externaliser son jugement moral aux personnes qui écrivent l’algorithme de la ville. 31
30. Smart City ?! , Radia Lahlou - https://www.leconomiste.com/smart-city 31. The Quantified flâneur vs the smart city – Steven Poole - Tab 2015
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2. La ville « sans identité » « Votre regard scrute les rues comme s’il s’agissait de pages écrites: la ville dit tout ce que vous devez penser, vous fait répéter son discours, et pendant que vous croyez visiter Tamara, vous n’enregistrez que les noms avec lesquels elle se définit elle-même et toutes ses parties. Quelle que soit la ville, sous cette épaisse couche de signes, quoi qu’elle puisse contenir ou dissimuler, vous avez vu Tamara sans l’avoir découvert » Invisible cities - Italo Calvino
Figure 36 : Representation de la ville de Tamara, Invisible Cities, Italo Calvino
Pourtant, ce qui fait la force et surtout l’identité de la ville, sont ses habitants, tant par comment ils vivent cette dernière, et à quel degré ils sont attachés à celle-ci, et cela ne peut se faire que par la stimulation des habitants à travers les essais et les erreurs dans leur espace urbain. Comme le mentionne Richard Sennet, professeur de sociologie à la London School of Economics : «La ville est conçue en termes« fordistes »- c’est-à-dire que chaque activité a un lieu et un moment appropriés. Les utilisateurs de ces villes deviennent des consommateurs de choix qui leur sont proposés par des calculs préalables de l’endroit où faire leurs achats ou trouver un médecin… le plus efficacement possible. Il n’y a pas de stimulation par essais et erreurs, les gens apprennent leur ville passivement. » Ainsi, le citadin se trouve face un risque de perdre une notion primordiale dans la vie urbaine, et qui est de ce perdre dans sa ville, c’est-à-dire de tout simplement flâner. L’individu ne peut donc plus errer détaché de la société, sans autre but que d’être un observateur attentif de la vie contemporaine, ou un expérimentateur curieux de cette dernière.
Comme on vient de le voir dans la partie précédente, la ville en arrive à dicter et à diriger la vie de ses usagers, en étant la plus efficace possible. Mais, paradoxalement, si une ville est trop prévisible, trop modifiable, trop utilisable, elle devient inconnaissable. En effet, les citadins mènent leurs vies sur la surface de toutes les métadonnées qui constituent cette ville. 31
Figure 37 : Invisible cities, Italo Calvino
31. The Quantified flâneur vs the smart city – Steven Poole - Tab 2015 https://www.youtube.com/watch?v=AnjhL66YzcE
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Figure 38 : Songdo, Corée du sud
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CONCLUSION DU CHAPITRE
L’Homme est un être complexe. Un être qui jouit de désirs personnels et de liberté d’action, un être qui a sa part d’incertitudes, un être qui peut être très planificateur et au même temps spontané, un être qui a su prospérer en vivant en société, mais qui a aussi besoin de son intimité. La ville de demain est supposée refléter tous ces aspects qui, en fin de compte, font de nous humains. Certes les villes intelligentes ont pour but de faciliter et d’optimiser l’expérience urbaine, proposant des technologies formidables et essayant d’être plus efficaces possible, mais est ce que ce terme d’efficacité finalement rime avec ce que nous sommes ? En effet, il devient simple de tomber dans le « piège » de la technologie omniprésente dans nos villes, et d’arriver à oublier que la ville est avant tout un espace dédié à l’humain, à la rencontre, à l’entraide, aux difficultés, et surtout à notre épanouissement. La smart city constitue un grand pas en avant dans notre histoire, mais il est primordial qu’un compromis doit être établi et respecté entre l’intelligence de la ville, et le facteur humain.
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INTRODUCTION DU CHAPITRE
Conséquence de l’industrialisation de la ville et des nouveaux modes de vie qu’elle propose, le monde a connu durant ces derniers siècles un exode rural sans précédent. Aspirants à de meilleures conditions de vie, à un nouvel environnement social, à une meilleure éducation… de plus en plus de personnes ont fui la campagne pour trouver refuge dans la ville. Pourtant, on assiste aujourd’hui à un inversement dans cette tendance, en effet, l’Homme commence peu à peu prendre conscience de la place primordiale et bénéfique de la nature dans sa vie quotidienne, rimant avec le calme, l’air frais, et le retrait par rapport aux distractions omniprésentes de la ville. De ce fait, de nombreux urbanistes et décideurs de la ville réfléchissent constamment afin de trouver une sorte de compromis entre le caractère urbain de la ville et la paisibilité de la nature, en essayant d’introduire celle-ci dans les aménagements urbains et ainsi créer un semblant de tranquillité que l’on ressent hors de la ville. Par ailleurs, avec des villes qui ne cessent de s’étendre sur des territoires jadis dominés par la présence naturelle (forets, ruisseaux…), nous élargissons notre empreinte humaine au coût de la nature, une empreinte qui peut s’avérer néfaste pour notre prospérité. Nous verrons dans ce chapitre ce que constitue réellement l’élément naturel pour l’homme, comment celleci pourra influencer sur sa manière de vivre la ville, et enfin comment la remettre en avant lors de l’aménagement des villes.
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I
LES FORÊTS URBAINES
Le XXIe siècle est le siècle par excellence de l’urbain. En effet, il est prévu que les populations des zones urbaines du monde entier auront augmenté de plus de 2,5 milliards de personnes d’ici 2050. L’ampleur et la rapidité de l’urbanisation ont créé d’importants problèmes environnementaux et sanitaires pour les citadins. Ces problèmes sont souvent aggravés par un manque de contact avec le monde naturel. Ce n’est qu’en rétablissant le contact avec le monde naturel, en particulier avec les arbres, que les villes pourront fonctionner, être viables et capables de subvenir aux besoins de leurs populations.
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La création de forêts urbaines rendra les villes dignes d’être habitées, capables de fonctionner et de subvenir aux besoins de leurs populations.Les nouveaux réaménagements se doivent d’assurer la plantation d’un nombre important d’arbres et de différents végétaux urbains, ainsi que l’utilisation de nouvelles méthodes plus créatives. La « Hundertwasserhaus » de Vienne, un bâtiment construit en 1986, et qui incorpore 200 arbres dans sa conception, est un exemple d’une réflexion créative sur la foresterie urbaine. (figure 39)
Figure 39 : La « Hundertwasserhaus » de Vienne, Friedensreich Hundertwasser
32. The urban forest of the future: how to turn our cities into Treetopias, Alan Simson https://theconversation.com/the-urban-forest-of-the-future-how-to-turn-our-cities-into-treetopias-134624
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Figure 40 : programme de préservation des arbres de la canopée de la ville de Charlotte, Caroline du Nord, USA
La forêt urbaine doit être conçue en amont, faisant partie de l’infrastructure de toute la ville, et non pas seulement comme une simple réflexion cosmétique secondaire. En 2015, la forêt urbaine au Royaume-Uni a permis au NHS (National Health Service) d’économiser plus d’un milliard de livres sterling en contribuant à réduire l’impact des polluants atmosphériques. Planter des arbres dans la ville permettra de créer des espaces contribuant à améliorer la santé mentale, physique, et aussi le bien être des citadins. Une étude du USDA (United States Department of Agriculture) démontre que l’augmentation de 10 % de la couverture végétale d’un quartier et la création de lieux sûrs et praticables à pied peuvent réduire l’obésité de 18 %. 33
Avec l’augmentation de la population urbaine, il est impératif de mieux comprendre l’étendue et la diversité des valeurs que peut recéler une forêt urbaine, car cette dernière peut contribuer au bien-être des individus de différentes manières. Pourtant, la couverture végétale des villes est une notion qui ne s’est pas encore étendue dans le monde entier. Les exemples qu’on peut trouver son généralement en Europe, où on a reconnu que les villes sont surdimensionnées afin d’y accueillir la voiture, et qu’il est temps de reconquérir le domaine public pour les utilisateurs de la ville, que ce soit pour les piétons à pied ou à vélo.
33. Article : Multiple health benefits of urban tree canopy: The mounting evidence for a green prescription https://www.fs.usda.gov/treesearch/pubs/54105
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II
L’EAU DANS LA VILLE
Figure 41 : Rives de l’Ourcq de Bondy, France
Nos villes se sont souvent développées autour d’un fleuve ou d’un littoral, avec l’eau faisant partie intégrante de leur identité et de leur attrait, mais elle n’est souvent pas une priorité dans la conception des lieux où nous vivons. En cachant nos réseaux d’eau sous terre, nous passons à côté des avantages environnementaux et esthétiques plus larges de la gestion de l’eau en surface ou à proximité de celle ci. Afin d’en tirer le meilleur de l’eau, nous devons établir un lien entre la gestion de l’eau et la création d’espaces où il fait bon vivre. Nous pouvons donc appliquer une approche qu’on qui est le « Water Sensitive Urban Design », ou bien l’aménagement urbain sensible à l’eau. C’est une façon d’intégrer le cycle de l’eau à l’environnement bâti à travers une bonne planification. L’aménagement urbain sensible à l’eau réunit tous les éléments du cycle de l’eau :
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L’offre et la demande. Les eaux usées. Les pluies et leur ruissellement. Contribution au caractère local, à l’environnement et à la communauté.
Cette approche nous permet d’améliorer la qualité de vie dans la ville, tout en adressant les problèmes d’inondation, de pollution et de pénurie d’eau. Elle repose sur l’idée de faire de l’eau une ressource précieuse plutôt qu’une nuisance potentielle, et peut être appliquée à toutes les échelles, de la conception des maisons à la planification stratégique des grandes villes et des agglomérations.
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À l’échelle du ménage, au lieu de laisser l’eau de l’évier s’écouler dans les égouts, nous pourrions l’utiliser pour arroser nos jardins ou tirer la chasse d’eau de nos toilettes. Si nous utilisions des surfaces perméables au lieu d’un pavage standard et introduisions des systèmes de drainage durables, nous diminuerions la pression sur nos égouts et pourrions réduire la pollution et les inondations en aval, tout en améliorant l’écologie urbaine, l’immunité au froid et la valeur des biens. L’installation de toits verts réduit le ruissellement tout en fournissant un habitat urbain, et tout excès d’eau de toit peut être dirigé vers un jardin pluvial afin de retenir l’eau de la pluie et permettre aux plantes de pousser. Les arbres de rues et d’alignement seront plus nombreux et plus sains et seront naturellement arrosés par le ruissellement, si nous concevons des fosses à arbres pour drainer les routes.
Dans les zones commerciales par exemple, de grandes quantités d’eau de pluie pourraient être récoltées sur les toits et les parkings, filtrées naturellement et stockées pour alimenter les toilettes et les stations de lavage ou d’autres processus industriels et ainsi permettre aux entreprises de continuer à fonctionner normalement. Même un environnement urbain dominé par le pavage et le béton peut être façonné de manière à capter les eaux de ruissellement des surfaces pavées et à collecter les eaux usées de nos bâtiments pour fournir un approvisionnement local en eau recyclée. Il est donc essentiel de concevoir de nouveaux aménagements capables d’accueillir et de diriger les eaux de crue en utilisant des espaces et des couloirs ouverts stratégiques afin de minimiser les dommages causés aux infrastructures et aux habitations de valeur. (figure 42)
L’aménagement urbain sensible à l’eau réduit la pollution de l’eau, diminue les risques d’inondation, assure une plus grande sécurité de l’approvisionnement en eau, améliore la santé des écosystèmes, aide la communauté a mieux appréhender cette ressource précieuse, et rassemble les disciplines pour créer des environnements urbains attrayants et intelligents.34
Figure 42 : Water sensitive urban design
34. Article – Water sensitive urban design https://www.landscapeinstitute.org/
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III
L’ETALEMENT URBAIN
L’étalement urbain est défini comme étant la croissance sans restriction dans de nombreuses zones urbaines de logements, de développement commercial et de routes sur de grandes étendues de terrain, avec peu de souci pour la planification urbaine. En plus de décrire une forme particulière d’urbanisation, le terme se rapporte également aux conséquences sociales et environnementales associées à ce développement. En Europe continentale, le terme de périurbanisation est souvent utilisé pour désigner des dynamiques et des phénomènes similaires, mais le terme d’étalement urbain est actuellement utilisé par l’Agence européenne pour l’environnement. Il existe un désaccord général sur ce qui constitue l’étalement urbain et sur la façon de le quantifier. 35
La création de forêts urbaines rendra les villes dignes d’être habitées, capables de fonctionner et de subvenir aux besoins de leurs populations.Les nouveaux réaménagements se doivent d’assurer la plantation d’un nombre important d’arbres et de différents végétaux urbains, ainsi que l’utilisation de nouvelles méthodes plus créatives. La « Hundertwasserhaus » de Vienne, un bâtiment construit en 1986, et qui incorpore 200 arbres dans sa conception, est un exemple d’une réflexion créative sur la foresterie urbaine.
Figure 43 : Exemple d’etalement urbain, Mexique
35. Article : https://en.wikipedia.org/wiki/Urban_sprawl#Definition
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Méthodes pour réduire l’étalement urbain 36
L’étalement urbain divise généralement les quartiers des lieux de travail, ce qui oblige les gens à dépendre de la voiture. Il s’agit de la propagation du développement des centres urbains vers les zones rurales. Il est généralement non organisé et mal planifié, ce qui en fait une forme de développement non durable. Ce dernier fait des ravages sur les terres naturelles, l’écosystème et la communauté. Selon l’Université d’État de Ball, c’est “la distribution inefficace des terres et l’incapacité à réduire l’espace entre et autour des développements qui conduisent à la fragmentation des habitats qui sont laissés après le développement”. Heureusement, il existe des solutions à l’étalement urbain que l’on va essayer de développer comme suit : Par un nouvel urbanisme La revitalisation des centres urbains et des villes existantes contribue à préserver l’environnement naturel existant, réduisant ainsi l’étalement urbain. Le nouvel urbanisme cherche à transformer les communautés et les quartiers existants en quartiers diversifiés, en nettoyant les zones polluées et délabrées. “Lorsque l’attention se détourne de la banlieue pour se tourner vers le centre ville, la croissance peut se faire sans la pollution et la destruction du paysage qui accompagnent l’étalement urbain”, selon l’université d’État de Ball.
36. Solutions to solving urban sprawl, Casandra Maier https://bizfluent.com/info-8136057-solutions-solving-urban-sprawl.html
Figure 44 : Deforestation, conséquence de l’étalement urbain
En préservant les ressources naturelles Selon le ministère du commerce de l’État de Washington, l’étalement urbain détruit la valeur environnementale, économique et esthétique des terres riches en ressources naturelles. La préservation des ressources naturelles telles que les terres agricoles, les parcs, les espaces ouverts et les terres inutilisées est un moyen de réduire l’étalement urbain. La préservation des terres permet de les conserver en l’état. Ainsi, la faune et les animaux ne sont pas retirés de leurs foyers et contraints de se rapprocher des villes et des banlieues.
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Figure 45 : Exemple d’etalement urbain en Virginie du Nord, USA
Par l’éducation Le manque d’éducation est l’un des plus grands problèmes liés à l’étalement urbain. Si les communautés sont informées des effets négatifs de l’étalement urbain, elles sont plus susceptibles d’agir pour empêcher un développement irresponsable. Les communautés doivent comprendre les inconvénients, notamment l’augmentation du trafic due à l’augmentation du nombre de navetteurs et le manque de transports publics qui entraîne une pollution accrue. Les entreprises communautaires et familiales sont touchées lorsqu’elles sont remplacées par de grands magasins de détail. Parmi les autres problèmes, on peut citer l’augmentation des taxes et la transformation de terres agricoles en lotissements et en centres commerciaux. Une fois que la communauté est éduquée, elle est plus susceptible d’agir.
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En revitalisant nos quartiers La revitalisation des villes - y compris des anciens quartiers - au lieu de créer constamment de nouveaux cantons et de nouvelles communautés moins peuplées est une autre façon de réduire l’étalement urbain. Selon le “Planning Commissioners Journal” (un guide sur l’étalement urbain), les moyens de réinvestir dans les villes comprennent le nettoyage des terres contaminées par l’environnement et le réinvestissement dans les quartiers existants pour déplacer les gens des quartiers tentaculaires vers les villes. Une fois les quartiers revitalisés, les autorités municipales et les entreprises privées peuvent trouver des moyens d’intéresser les gens à vivre dans ces quartiers.
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Par la communauté
Par une croissance intelligente
La communauté peut être une solution à l’étalement urbain par l’implication et l’action. La communauté peut inciter les conseillers des projets locaux à voter en faveur de méthodes de développement plus durables. Les membres de la communauté peuvent également mettre le gouvernement local au défi de s’associer à des organisations qui promeuvent une croissance intelligente et un nouvel urbanisme.
La croissance intelligente est conçue pour lutter contre l’étalement urbain en se développant d’une manière qui ne mette pas en danger le territoire ou la communauté. Les urbanistes et les architectes qui encouragent la croissance intelligente cherchent à développer un sentiment d’appartenance plus fort grâce à un mode de développement plus compact, également connu sous le nom d’usage mixte.
Si la participation de la communauté est suffisante, le gouvernement est beaucoup plus susceptible de se ranger du côté des électeurs. Les investisseurs peuvent acheter des terrains en voie d’étalement, tandis que les médias locaux peuvent contribuer à attirer l’attention sur les inconvénients et les effets de l’étalement urbain. Les propriétaires d’entreprises et les habitants locaux qui sont touchés par le développement peuvent également faire connaître leur position en donnant des exemples de la manière dont l’étalement urbain les a affectés ou les affectera à l’avenir.
Le développement à usage mixte combine des zones résidentielles avec des lieux de travail et de commerce au lieu d’isoler des zones individuelles, ce qui permet d’augmenter le nombre de piétons et les transports en commun plutôt que la circulation et la pollution. Les collectivités peuvent également envisager de mettre en œuvre des audits de croissance intelligente, qui fournissent une évaluation de la région et de la collectivité afin de déterminer dans quelle mesure les politiques existantes répondent aux principes de la croissance intelligente.
Figure 46 : Exemple d’etalement urbain Dans une banlieue à Las Vegas, USA
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En donnant un sens de lieu La communauté peut être une solution à l’étalement urbain par l’implication et l’action. La communauté peut inciter les conseillers des projets locaux à voter en faveur de méthodes de développement plus durables. Les membres de la communauté peuvent également mettre le gouvernement local au défi de s’associer à des organisations qui promeuvent une croissance intelligente et un nouvel urbanisme.
Si la participation de la communauté est suffisante, le gouvernement est beaucoup plus susceptible de se ranger du côté des électeurs. Les investisseurs peuvent acheter des terrains en voie d’étalement, tandis que les médias locaux peuvent contribuer à attirer l’attention sur les inconvénients et les effets de l’étalement urbain. Les propriétaires d’entreprises et les habitants locaux qui sont touchés par le développement peuvent également faire connaître leur position en donnant des exemples de la manière dont l’étalement urbain les a affectés ou les affectera à l’avenir.
Figure 47 : Implication de la communauté
En investissant dans de meilleurs systèmes de transport publics Selon le Sierra Club (organisation environnementale américaine), investir d’avantage dans les transports publics propres (figure 48) est une autre option pour réduire l’étalement urbain. Davantage d’options telles que les bus et le métro léger peuvent contribuer à réduire l’encombrement de la circulation entre les villes et les zones d’expansion tentaculaire, en particulier pendant les périodes de forte affluence comme les heures de pointe. 36
Figure 48 : Le Tramway de Rabat, considéré comme un moyen de transport propre
36. Solutions to solving urban sprawl, Casandra Maier https://bizfluent.com/info-8136057-solutions-solving-urban-sprawl.html
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CONCLUSION DU CHAPITRE
Nous avons pu voir dans ce chapitre l’importance que peut avoir le facteur naturel dans notre vie quotidienne. En effet, il existe aujourd’hui différentes manières afin d’implémenter de plus en plus la nature dans nos villes, dans un souci de bien être et, tant physique et mental. Ces approches ont aussi pour but de sensibiliser les citadins par rapport aux ressources naturelles et à normaliser une meilleure gestion de ces derniers. Avec l’expansion effrénée de nos villes, nous menaçons jour après jour le milieu naturel en s’appropriant ce qu’il lui est de droit. Mais des solutions existent afin de réduire notre empreinte, qui devient de plus en plus encombrante. De nombreuses villes, incluant les nouvelles smart cities intègrent la nature dans leurs aménagements, afin de garantir le bien être et le bon vivre de leurs habitants. Mais comment c’est smart cities se sont développées ? Et quelles sont les leçons à retenir de ces dernières ?
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BENCHMARK
INTRODUCTION DU CHAPITRE
Nous verrons dans ce chapitre quelques exemples de villes intelligentes dans les quatre coins du monde, dont une est une ville nouvelle, à savoir la ville de Masdar aux Emirats Arabes Unis, et une ville qui a connu une transformation en smart city : la ville de Santander en Espagne. Cela nous permettra de voir comment ces smart cities se sont développées, en tenant en compte leur contexte géographique, politique, et social. Mais avant de décortiquer ce qui a été fait ailleurs, il est important dans le cadre de ce travail de recherche d’étudier ce qui a été fait dans notre contexte marocain actuel, plus précisément dans le programme ambitieux des villes nouvelles, mais aussi d’établir un benchmark au niveau national de deux villes leaders en matière de nouvelles technologies et de développement durable : La technopole de Foum El Oued et l’Eco-cité Zenata.
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I
L’EXPÉRIENCE DES VILLES NOUVELLES AU MAROC
1. Contexte historique
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La notion de la ville nouvelle n’est en aucun cas une nouveauté marocaine, ce concept date de plus d’un siècle. En effet, il renvoie à la structure de la plupart des villes marocaines qui se composent de la ville traditionnelle dite « médina » et la ville européenne dite « ville nouvelle ». En 1914, le Maroc fut le premier pays au monde à se gratifier d’un cadre législatif en matière d’urbanisme. Le protectorat français au Maroc a permis la construction d’une dizaine de villes nouvelles.
Leurs structure et fonctionnement spatiale est fondée sur les principes de l’urbanisme moderne ; typologies d’habitat, diffèrent style architectural, avenues larges, répartition des fonctions …. Ensuite pendant les années 70, le « ville nouvelle » fut abordée sur plusieurs SDAU sans utiliser le terme exact, d’une manière indirecte. En 1978, dans SDAU d’Agadir, on prévoyait déjà la construction de trois villes nouvelles qui serait créés sur des sites vides sous forme de logement.
Figure 49 : Programme des villes nouvelles au Maroc
37. Ville nouvelle : un concept urbain en mutation, Sonia Serhir
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Figure 50 : Hay Riad
Quant au SDAU de Rabat-SaléZemmour-Zaers, on recommandait la conception de deux villes nouvelles appelées : unités urbaines rurales autosuffisantes. Le but était qu’elles soient indépendantes économiquement et qu’elles assistent au développement de la ville. Ces deux villes nouvelles sont Bouznika et Bouknadel Il s’agissait de créer des entités sur des sites majoritairement vides qui ont pour but d’installer la population rurale dans ces unités pour créer de nouveaux emplois en isolant la région de Rabat et en désignant son potentiel agricole. Le choix de créer ces villes nouvelles autant qu’extension des villes existantes a été justifié par le SDAU par le coût de la vie élevé de ces villes nouvelles qui sont conçu sur des sites vides contrairement aux extensions urbaines, par le manque de moyens juridiques humain et financier pour la gestion urbaine afin de lancer et suivre leur construction et leur suivi, et par les coûts de la construction hors site.
En 1981, le roi Hassan II, prononça lors de son discours de à l’occasion de la Fête de la jeunesse, la notion de « nouvelle cité ». Il encouragea le recours à cette dernière qui pourra s’auto-suffire et à évoluer dans un milieu climatique et économique sain. En 1983 fut la création de la Société d’Aménagement Ryad, « le rêve superbe de la ville nouvelle a constamment habité Hay Ryad. Il était le seul à même de donner au projet de nouvelles ambitions. »
« Annoncer Hay Ryad comme première expérience marocaine de ville nouvelle pourrait donner naissance à une véritable politique de développement de villes nouvelles » - M’barki, 1998
En 2004, la politique de villes nouvelles au Maroc à l’échelle nationale voit le jour.
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2. Les villes nouvelles
Le renforcement de l’armature nationale en équilibrant le réseau urbain.
Le Maroc mit en place sa nouvelle stratégie national de l’aménagement du territoire en 2004, il comprend principalement la construction de villes nouvelles afin de trouver une solution à la demande de logement dans certaines régions et de désencombrer les grandes agglomérations.
L’anticipation et l’organisation du développement urbain prévisionnel.
Ce projet vise un changement de logique pour faire face aux multiples difficultés du développement urbain à travers une démarche d’approche visant : (figure 51)
La mise en place de programmes de services et grands équipements afin d’augmenter l’emploi. La création de logements de différents types qui seront adaptés aux différentes catégories sociales.
Figure 51 : Programme des villes nouvelles au Maroc
38. Article : http://www.mhpv.gov.ma/?page_id=3465
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Les quatre premières villes nouvelles se trouvent donc toute sa proximité de quatre villes principales marocaines, Tamansourt près de Marrakech, Tamesna près de Rabat, Sahel Lakhyata près de Casablanca et enfin Chrafate près de Tanger. (figure 53) Figure 52 : Situation des villes nouvelles
La promotion des investissements
Le respect des principes du développement durable en créant des cadres de vie adéquats. La foncier. 38
régulation
d’un
marché
L’état mit au service de Al Omrane une grande part du foncier public pour l’exécution de cette politique, en commençant par Tamansourt, Tamesna, Charfate et Lkhyata. 4300 ha dont 600 pour des pôles économiques. La caisse de dépôt et de gestion et lOCP ont aussi travaillé sur des projets similaires. L’objectif principal est d’atteindre les 1 millions d’habitants sur toutes les villes nouvelles. (figure 52) Figure 53 : Proximité aux grandes villes
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3. La folie des grandeurs
Figure 54 : Maquette de Tamesna
Le projet prend une grande envergure grâce à l’hypermédiatisation du Programme. Le ministre multiplie les interventions radiophoniques et télévisés afin de justifier le projet et le légitimer. Il fera du Projet un grand symbole de son action. Sauf que cette grande attention mène à s’interroger sur les raisons d’un tel effort de publicité et de communication. Une des hypothèses est que ce dernier sert à masquer certains défauts d’ordre économique, politique ou opérationnel. Elle servira à dissiper une maladresse. Le succès d’un tel programme nécessite un grand support politique, et l’appui de plusieurs autres ministères qui auront à réaliser des infrastructures de transport, des équipements socio-culturels, le développement de différentes activités et assurer leurs gestions. Or, ces innovations n’ont jamais été accomplies. En 2012, huit ans après le début des travaux, on remarque encore l’absence de ces services qui sont indispensables pour le fonctionnement d’une ville.
« Il n’y a presque pas de vie, rien de tout ce qu’ils nous ont promis n’est en place, et nous attendons de voir si les dernières promesses seront tenues. Il est donc impossible de revendre un logement » -Habitant 1 « Les populations qui y vivent ne sont pas satisfaites de l’offre et se sentent piégés » - Habitant 2 39 Al Omrane est pourtant au courant de la situation : « L’expérience de ces nouveaux ensembles urbains commencés en 2004 n’a pas été sans embauches. Depuis leurs lancement, les quatre villes avancent mais pas au rythme souhaité ». Les villes de Tamnsourt et Tamesna s’annonçaient pourtant prometteuses, mais cet enthousiasme s’estompa avec le temps. Les quatre villes avaient pour but d’abriter plus d’un million d’habitants, elles ont pour total 150 000, avec Tamnsourt qui acceuille le plus grand nombre 55 000 hab.
39. Villes nouvelles au Maroc : dix ans après, des objectifs non atteints – Rémy Darras https://www.jeuneafrique.com/mag/540954/economie/villes-nouvelles-au-maroc-dix-ans-apres-des-objectifs-non-atteints/
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Les infrastructures ne sont devenues une priorité qu’en 2013. Le but principal était de trouver une solution à la demande de logement dans certaines régions et de désencombrer les grandes agglomérations. La construction de nouveaux logements et la contribution à l’accès des classes moyennes à la propriété immobilière était donc LA priorité majeure.
Parmi les défauts se trouve aussi le manque d’emplois sur la ville et de moyens de transport public ce qui crée des difficultés de transport. Donc beaucoup d’habitants préfèrent rester près du centre urbain que de s’installer loin et de rencontrer des difficultés tous les jours. 40
Et le bilan d’équipements réalisé avait eu des résultats médiocres. 29 équipements dont la plupart se trouvent à Tamnsourt et Tamesna. On trouve principalement des écoles, collèges et lycées, des complexes administratifs, mosquées, centres sportifs... mais aucun équipement qui puisse marquer une centralité. Sans parler du fait que seulement les deux grandes villes pouvaient proposer des logements commercialisables. Figure 56 : Tamesna
Figure 55
40. Un bilan intermédiaire du Programme de villes nouvelles au Maroc, Jean-Marie Ballout
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4. Etude de cas a. Technopole Foum El Oued
Figure 57 : Master plan Technopole Foum El Oued
- Présentation de la fondation Phosboucraa 41 Phosboucraa S.A est un acteur important du développement socio-économique de la région Laayoune – Sakia El Hamra, région investit dans l’industrie et le bienêtre communautaire. Créée en 2014 en tant que principal moteur de la responsabilité sociale de Phosboucraa S.A. et de sa société mère OCP dans les régions du Sud, la fondation a pour but la promotion du développement durable des communautés locales en concevant spécifiquement des plans sur mesure pour répondre aux besoins locaux, en mettant l’accent sur quatre domaines principaux:
41. Article : http://www.phosboucraafoundation.org/
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Le soutien à l’éducation,
L’amélioration économique local,
du
tissu
La mise en valeur et la promotion du patrimoine naturel et culturel local, La revitalisation de la région grâce à des programmes d’innovation urbaine. La Fondation Phosboucraa libère le potentiel des régions du Sud du Maroc grâce à de puissantes initiatives de développement durable et de capital humain. Cela commence par une évaluation attentive des besoins uniques des communautés dans lesquelles la fondation exerce ces activités
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Figure 58 : Proximité de Laayoune
Après avoir fixé des objectifs ambitieux mais réalisables, cette dernière travaille en collaboration avec des partenaires dévoués capables de mettre en œuvre chaque projet avec le plus grand succès. Leur expertise locale et leur participation ancrent les investissements de la Fondation, assurant ainsi la pérennité des retombées positives sur les générations à venir. - Concertation citoyenne 42 Initiative lancée par la fondation, un projet de consultation citoyenne à vu le jour à Laayoune, en vue de penser une ville qui réponde aux besoins de tous les usagers.
Par conséquent, les citoyens disposent d’un outil ludique basé sur le collage afin de dessiner la ville qu’ils souhaitent. Il s’agit d’une transformation et amélioration virtuelle de l’espace urbain à partir de photos extraites d’une bibliothèque d’images mise à leur disposition. Le projet se déroule en trois étapes et s’inscrit dans le cadre d’une conférence internationale de restitution intitulée « le Campus Urbain”. Le Campus Urbain est une initiative d’ONU-Habitat, conçu pour servir de plateforme pour permettre des échanges critiques entre chercheurs, professionnels et décideurs de la ville.
Intitulé : «Dessine moi une ville», le projet consiste en l’exploration des besoins particuliers des enfants, des jeunes, des femmes et des personnes à mobilité (PMR) réduite qui sont rarement pris en compte dans la planification urbaine classique.
42. Article : https://www.medias24.com/fondation-phosboucraa-lancement-d-une-concertation-citoyenne-a-laayoune-7980. html
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- La technopole 43 La Fondation pilote un projet de développement à grande échelle: La Technopole Foum El Oued, ville de savoir à 18 kilomètres de Laayoune, sur une zone de construction qui s’étend sur plus de 600 hectares. Aussi bien dans sa conception que dans sa vocation, la technopole intègre les particularités territoriales de la région et des pays subsahariens. Au cours du processus de construction, le projet créera 1,8 million de «journées hommes» et 1 200 emplois permanents. Le Projet nécessite un investissement de 2 milliards DH, dont 655 millions financés par l’OCP pour la première phase du Projet.
Un pôle d’enseignement et centre de recherche autour des thématiques liées à l’environnement saharien. Un pôle de soutien au développement économique des régions du Sud (incubateur d’entreprises, business center, ...) Un pôle culturel (musée, village commercial et artisanal, ...) Des infrastructures à caractère social et environnemental (santé, hôtellerie, loisirs et préservation du littoral de la commune de Foum El Oued) Le projet reflète la volonté de la Fondation Phosboucraa de contribuer au développement durable de la région sud et au bien-être des populations locales. Par conséquent, il vise à:
La technopole comprendra :
Figure 59 : Technopole
43. Article : http://www.phosboucraafoundation.org/fr/technopole_foum
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Promouvoir économique.
la
vitalité
socio-
Stimuler l’économie locale en travaillant avec des partenaires locaux pour encourager l’investissement et créer des emplois. Promouvoir la protection et le renforcement du patrimoine local, l’essor du culturel et de l’écotourisme. La Technopole est conçue selon les normes environnementales internationales. Afin de protéger l’environnement naturel environnant, en particulier les zones humides avoisinantes, ces aménagements ont fait l’objet d’études approfondies d’impact environnemental. Le projet vise à soutenir le développement socioéconomique régional en répondant aux particularités du territoire.
Figure 61 : Lycée d’excellence
- Un lycée d’excellence (figure 61) Avec une capacité d’accueil de 360 élèves ainsi que 200 élèves pour les classes préparatoires aux grandes écoles, ce lycée a pour vocation la contribution au renforcement de l’offre de formation dans les régions du sud, et encourager la diversité sociale. Etalé sur une superficie de 3 hectares, le lycée comprendra un internat pour les étudiants des logements de fonction, un restaurant, une bibliothèque, des locaux administratifs et logistiques, ainsi que des équipements sportifs.
Cette cité comprend trois établissements d’enseignement : - Un centre des compétences industrielles (figure 60) Etendu sur une superficie de 7 hectares, le centre est destiné à accompagner le déploiement de la stratégie industrielle du Groupe OCP. Il est responsable de la formation des opérateurs d’usine et de régie, des agents de contrôle de la maintenance industrielle ainsi que des cadres supérieurs.
Figure 62 : Université Polytechnique Mohamed VI
- L’Université Mohamed VI Polytechnique (figure 62) Objet d’un concours lancée par la fondation Phosboucraa, la conception de l’université de la technopole Foum el Oued a été réalisée par les architectes Antoine Bechu (bechu + associés) et Fouad Bennouna. Figure 60 : Centre des compétences industrielles
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- L’Université Mohamed VI Polytechnique 44
Figure 63 : Université Polytechnique Mohamed VI
La démarche architecturale adoptée lors de la conception de ce projet est basée sur le potentiel et les atouts du site situé au milieu de l’oued, en utilisant le climat, les vents, le sable et les savoir-faire de la zone afin d’atteindre les meilleures performances durables, et ainsi fournir aux étudiants et aux professeurs les meilleures conditions de travail. Le projet vise à “épouser la nature” en respectant l’environnement naturel et en optimisant le dialogue entre le bâti et ce dernier.
44. Article : http://www.phosboucraafoundation.org/mohamed_v
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L’architecture proposée reprend les lignes des dunes du désert, donnant à la nature une place importante dans celle-ci tout en créant des espaces de rassemblement et d’échanges. La morphologie générale du bâtiment à été conçue par « bio-mimétisme », minimisant ainsi leur ensoleillement direct, et réduisant la chaleur conséquente, ce qui permet aux vents de souffler sans pour autant interférer avec la vie dans le site.
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La charpente métallique de la verrière est composée en partie courante d’une d’une structure en maille tirée d’une étoile à huit branches, d’inspiration sahraouie. Construite sur la base d’un carré, avec intégration de chevrons, chaque côté du carré forme la base d’un triangle isocèle, qui est connecté au milieu de l’autre côté. Le carré de construction est ensuite effacé, ce qui laisse apparaître un maillage avec 4 directions principales, composé de deux grilles orthogonales tournées entre elles d’un angle de 37°.
Il est important de préciser que ce maillage est parfaitement plan. De ces deux grilles, l’une est structurellement primaire et l’autre secondaire. Les profilés de la grille primaire sont continus et encastrés les uns aux autres. Les profilés secondaires sont rotulés dans les deux sens (forte et faible inertie) aux profilés primaires. Ils soutiennent les panneaux de remplissage et toute la couche structurelle.
Figure 64 : Université Polytechnique Mohamed VI
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b. Zenata Eco City
Figure 65 : Zenata Eco city
Dans un contexte mondial de mutations climatiques et de défis socioéconomiques, les villes portent une responsabilité majeure : lieux de vie sociale et de création de valeurs, elles sont à la fois source de richesses et de défis. La réflexion sur la conception et le développement des villes est donc primordial. L’Eco-Cité Zenata a adopté une démarche d’éco-conception se basant sur un ensemble de réflexions pour réduire ou limiter les impacts environnementaux tout au long de son cycle de vie et favoriser son développement socioéconomique. Cette démarche vertueuse qui place l’Homme au cœur des réflexions fait de Zenata une ville écoconçue.
45. Article : Eco-cité Zenata : Ville de tous les élans https://zenataecocity.ma
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Cette démarche participative est menée en co-élaboration avec les gouvernances nationales et locales et mobilise l’ensemble des partenaires publics et privés, ainsi que la société civile et l’ensemble des citoyens. Les études stratégiques, urbanistiques, environnementales et techniques ont contribué à l’élaboration d’un Plan d’Aménagement répondant au mieux aux besoins socio-économiques et environnementaux de la région. 45
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Située au nord-est de la métropole Casablanca, l’éco-cité Zenata s’étend sur 1 830 hectares avec 5 kilomètres de côtes s’ouvrant sur l’océan Atlantique. Créée en 2006 à l’initiative de l’Etat, Zenata est la première ville africaine à avoir obtenu le Label Eco-City (ECL), une certification obtenue à la COP 22, la 22e Conférence des Parties à la Convention-cadre des Nations Unies sur le changement climatique, qui s’est tenue en 2016 à Marrakech.
Les travaux de développement chez Zenata, qui ont débuté en 2016, et qui se poursuivront sur une période de 10 ans, sont financés par le Maroc, qui reçoit des prêts de 150 millions d’euros de l’Agence française de développement (AFD), et 150 millions d’euros de la Banque européenne d’investissement (BEI) pour le même montant et une subvention de 4 millions d’euros de l’Union européenne (UE). 46
La nouvelle ville comprend un total de 470 hectares d’espaces verts. Les bassins de rétention d’eau pour la saison des pluies favorisent la recharge des eaux souterraines et le reboisement du site. Ces parcs naturellement irrigués menant à la mer sont ainsi conçus comme des «corridors écologiques». Figure 66 : Proximité de Casablanca & Mohammedia
Figure 67 : Zenata Eco city
46. Morocco : sustainable zenata will be inhabited from 2023, Boris Ngounou https://www.afrik21.africa/en/morocco-sustainable-zenata-will-be-inhabited-from-2023/
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II
BENCHMARKING INTERNATIONAL
1. MASDAR, la smart city au cœur du désert |UAE|
Figure 68 : Masdar City
Les Emirats Arabes Unis, pays du MoyenOrient, se situe dans une zone de grande importance géostratégique, au sud du détroit d’Ormuz, un lieu de passage vital où est transporté le pétrole. Depuis quelques années,
Créer une ville durable autosuffisante et respectant les plus hauts standards de construction en matière d’économies d’énergie et d’eau, des bâtiments plus
Le Pays accueille le siège de l’Agence internationale pour les énergies renouvelables, qui prépare notamment la transition vers l’après-pétrole, c’està-dire le développement d’énergies douces, sûres et renouvelable : L’écocité Masdar city est la vitrine de cette nouvelle transition, prenant place au milieu du désert d’Abu Dhabi. 47
Figure 69 : Masdar City, vue d’ensemble
47. Article : www.connaissancedesenergies.org/masdar-city
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innovants les uns que les autres assurant à ses habitants un confort optimal, des sièges d’entreprise, des start-ups, des logements ainsi qu’un campus initial dédié à la recherche scientifique : Le projet Masdar City est un véritable oasis de technologies, expérimenté chaque jour par ses étudiants et ses chercheurs. Le projet a été initié par le Sultan Ahmed Al Jaber et la famille royale d’Abu Dhabi en 2008, La nouvelle cité de 15 milliards de dollars voulue par le gouvernement d’Abou Dhabi s’étendra sur six kilomètres carrés dans le désert, à proximité de l’aéroport international de l’émirat. Masdar (« source » en arabe), pourra accueillir jusqu’à 50.000 habitants et 1.500 entreprises en 2016. Cette cité a pour ambition d’utiliser les énergies renouvelables pour un niveau zéro
d’émission de gaz carbonique, en d’autres termes, pour une vie « zéro carbone et zéro déchet ». Une ville dans le désert : Un défi 48 Le pays des Emirats arabes unis est aride et connait des problèmes qualitatifs et quantitatifs d’alimentation en eau que les systèmes de désalinisation ne peuvent à ce jour compenser. Il n’accueille une végétation exubérante que dans les oasis, mais les zones sèches abritent de nombreuses espèces rares ou devenues rares, menacées ou protégées. Comme cité auparavant, La cité Masdar est construite au cœur du désert d’Abu Dhabi, le problème majeur est le climat : Ensoleillement intense (jusqu’à 50°C en été) et une pluie rare (de 120 mm/an).
Figure 70 : Masdar City
48. Article : http://blog.economie-numerique.net/2020/03/18/masdar-la-smart-city-au-coeur-du-desert/
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Trois problèmes majeurs écologiques se posent : Manque d’eau : le pays est constitué majoritairement de désert, l’eau est donc rare. Il faut donc trouver des solutions écologiques et durables pour en avoir : désalinisation de l’eau de mer… Usage massıf du plomb dans l’essence : pollution des sols et de l’air ; croissance des maladies telles que le saturnisme. Epuisement du pétrole : la recherche des énergies durables n’a pas été la priorité du pays pendant longtemps, en effet les Emirats ont toujours eu du pétrole sur son territoire.
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N’oublions pas également que les Emirats Arabes Unis sont friands des climatiseurs et de l’utilisation de l’eau à outrance : arrosage des jardins, forte climatisation dans les centres commerciaux… Cela explique parfaitement la vocation de la ville Masdar : une ville écologique, intelligente et verte. Pour cela, plusieurs aménagements ont été mis en place. Premièrement, le prospect entre les immeubles doit être respecté afin de garder le plus d’ombre possible afin de créer des espaces rafraichissants. Ensuite, la création de moucharabiehs sur les murs va permettre de filtrer les forts rayons du soleil, il faudra donc impérativement étudier l’architecture et
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Figure 71 : Masdar City
l’orientation des differents bâtiments. Des panneaux solaires seront également installés afin de fournir l’électricité nécessaire aux habitations, commerces, des lampadaires de la ville ou même aux véhicules autonomes. Finalement, chaque foyer pourra se connecter à son propre réseau pour faire le suivi et le contrôle de sa consommation énergétique en temps réel.
MASDAR : Une mobilité inédite La ville de MASDAR est dédiée aux piétons : la ville est conçue de façon à faciliter l’accès aux commerces et services de la ville, que ce soit à pied ou par le biais de transport en commun. La voiture est quasi-inexistante, tous les déplacements se font à pied, en trottinette ou en véhicule autonome électrique. Une grande mobilité est offerte aux citoyens grâce au système Personal Rapid Transit ( PRT) s’appuyant sur un système d’aimants et de voies réservées , dotant la ville ainsi d’une flotte de véhicule automne pour les transports en communs. 48
48. Article : http://blog.economie-numerique.net/2020/03/18/masdar-la-smart-city-au-coeur-du-desert/
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2. SANTANDER, la pionnière de la smart city |ESPAGNE| 49
Figure 72 : Santander, Espagne
En Espagne, une autre smart city a vu le jour, c’est le cas de la ville de Santander, l’une des premières en Europe à se lancer dans une stratégie smart city à grande échelle. La ville se dote de capteurs qui fluidifient la vie quotidienne grâce à des capteurs qui produisent plus de 200 000 datas par jour afin d’offrir des économies d’énergie à la municipalité. Etat des lieux : À l’aube des années 2010, l’innovation technologique a vu le jour au Nord de la Cantabrie, une communauté autonome située dans le golfe de Gascogne, à l’ouest du Pays basque espagnol. Santander, capitale de la Cantabrie, s’est imposée comme une pionnière des technologies de la ville intelligente en Europe. Ce projet fut lancé en 2010, grâce à un financement de la Commission européenne de 6 millions d’euros.
49. Article : https://reseaudurable.com/santander-smart-city/
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Figure 73 : Projet Santander Smart city
La ville accueillant 180 000 habitants, devint un laboratoire grandeur nature des stratégies smart city appliquées aux métropoles intermédiaires de l’Europe. Elle s’est équipée d’un grand nombre de capteurs, de lampadaires aux poubelles, et d’applications dédiées aux habitants.
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Ces installations furent fructueuses après huit ans, d’après le premier bilan, le projet a impacté positivement l’aspect environnemental, économique et énergétique et collaboratif. Grâce à plus de 20 000 capteurs, permettant d’améliorer au quotidien les actions municipales, le taux de CO2 ou de NO2, le niveau de bruit, l’intensité lumineuse et d’autres données environnementales parmi les 200 000 données quotidiennes collectées, traitées et agglomérées par la ville de Santander, participent au développement des politiques à moyen et long terme et aident à atteindre les objectifs fixés par la ville.
Eclairage, bacs à poubelles, arrosage, stationnement : des réussites incontestables : Les lampadaires de la ville sont également équipés d’un système de modulation d’intensité lumineuse couplée à des capteurs, qui régulent le niveau de l’éclairage selon la présence ou non des passants, ce qui a permis d’accroitre les gains énergétiques et financiers : la consommation électrique a été ainsi réduite de 40%. Les bacs à poubelle sont également dotés de capteurs qui permettent d’optimiser et rationaliser les trajets des camions de poubelle, qui détectent si les bacs sont vides ou pleins.
Figure 74 : Iot les capteurs de Sanatander peuvent mesurer la quantité de déchets dans les conteneurs, le nombre de places de parking disponibles, et même l’intensité des foules sur les trottoirs.
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Grace à ces données collectées, les quartiers ayant besoin de bacs supplémentaires ou qui nécessitent un entretien urgent sont rapidement détectés au près des services municipaux, ce qui va optimiser la logistique de ramassage au remplissage plus ou moins rapides des différents bacs. Résultat : les usages n’ont plus besoin de supporter les bacs qui débordent et les ordures qui s’amoncellent à proximité, la ville est entretenue 24h/24. Les parcs et jardins disposent aussi de capteurs d’humidité qui permettent d’activer l’arrosage uniquement s’il est nécessaire. La disponibilité des places
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de stationnement est signalée sur les GPS des conducteurs, au niveau des panneaux indicateurs situés à chaque croisement, afin d’éviter la perte de temps et les longues recherches improductives, qui impactent négativement l’énergie et le bien être de l’usager. Ces différentes données collectées (cités en dessus) sont aussi à caractère participatif, car même les citoyens peuvent signaler ces différentes issues aux services municipaux (encombrants ou déchets, nid-de poule, ampoule grillée, embouteillage, consommation d’énergie et eau, déplacements, etc…) et sont à caractère volontaire, tout en assurant une sécurisation maximale de ces datas :
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Figure 75 : Santander, Espagne
« Aucune de ces données n’a de rapport avec la vie privée des citoyens. Ils apportent des informations de leur plein gré mais de manière anonyme, sans fournir aucune donnée susceptible de les n’identifier ni de porter atteinte à leur vie privée » Inigo de la Santander, .
Serna,
Ex-maire
de
Ces flux de données permettent à la ville d’être bien plus efficace : le délai de résolution d’un incident oscille désormais entre deux et trois jours – quand il pouvait atteindre trois semaines avant la mise en place de cette stratégie.
Santander, la durabilité de la stratégie smart city La durabilité est un critère très important qui doit être respecté dans toute conception de smart city. Certes, Une importante subvention a été allouée pour couvrir la ville de capteurs et créer des outils digitaux au service de la municipalité, développé le plus souvent par l’Université de Cantabrie. Cependant, la ville de Santander ne dispose pas d’un budget suffisant pour faire évoluer ou améliorer ces différents outils. Les pouvoirs publics sont donc en pleine réflexion sur les moyens de pérenniser certains aspects de la strategies smart city de Santander, quitte à en abandonner d’autres, pour installer cette révolution numérique dans le temps. 49
49. Article : https://reseaudurable.com/santander-smart-city/
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PROJET
I
SYNTHÈSE
« La ville de demain, c’est le lien social, la technologie au service d’un homme épanoui complètement responsable par rapport à l’environnement. » Carlos Moreno
Directeur scientifique de la chaire entreprenariat territoire et innovation – Université panthéon-sorbonne.
Finalement, toutes les solutions que l’on va proposer dans la ville doivent avoir pour but de mettre en avant l’humain, en privilégiant 3 dimensions majeures dans notre nouvelle vision de la smart city, qui sont la convergence sociale et la lutte contre l’exclusion, la convergence économique qui génère de la valeur partagée, et la dimension environnementale en développant des actions contre les dangers du changement climatique. 50 Mais, il s’agit aussi de développer des villes saines, des villes où il fait bon vivre. Comme on l’a vu lors du chapitre dédié à la relation de l’Homme avec la nature et comme le souligne l’architecte Niall Patrick Walsh dans son article sur la plateforme d’architecture « Archdaily », il est possible d’aboutir à des conceptions de villes saines en passant par certaines étapes comme suit :
Utiliser la chaleur résiduelle, puis la réutiliser afin de réduire la consommation, en effet, les importantes quantités de chaleur résiduelle des zones industrielles de la ville peuvent êtres captées pour acclimater les ménages, les immeubles de bureaux, les serres et aussi l’espace public. Transformez les villes en « éponges urbaines », absorbant et stockant les eaux pluviales grâce à des espaces de stockages dédiés, des espaces qui peuvent avoir, des fonctions différentes par rapport aux besoins de la ville pendant les heures creuses. Collecter et traiter les déchets organiques afin de fertiliser les fermes urbaines et produire de l’énergie durable. On constate qu’une grande partie de ses déchets organiques sont éliminés lors de processus agricoles, alors qu’ils pourraient être réutilisés pour des fins de production d’énergie. De plus, un système de tri des déchets dans les ménages pourrait contribuer à capturer la valeur maximale des déchets grâce à la production de protéines et aux systèmes énergétiques de la biomasse. Normaliser les pratiques de réutilisation des déchets de construction, de réduction de la démolition, de la logistique des matériaux de construction et de la nouvelle construction de manière à conserver le patrimoine et à créer des communautés inclusives et durables. Donner la priorité à l’accès à la mobilité durable et aux véhicules électriques en construisant des infrastructures dédiées en combinaison avec la fourniture d’énergie renouvelable. 51
50. Révolutions urbaines, la smart city selon carlos moreno, Carlos Moreno https://www.primonialreim.com/revolutions-urbaines-la-smart-city-selon-carlos-moreno-episode-1
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PROJET
Figure 76
Figure 77
La ville post intelligente accompagne ce raisonnement, tout en reprenant une partie de la ville intelligente, elle doit rester objective par rapport a la démarche d’analyse et de lecture de celle-ci, pour pouvoir dire qu’effectivement dans certains aspects la ville intelligente sont des opportunités afin de régler certains problèmes, mais par contre elle pose un problème lorsqu’il s’agit de la vie familiale par exemple, la vie sociale, la vie de l’Homme avec ses valeurs et son identité.
Figure 78
Figure 79
La ville Post intelligente peut éventuellement apporter satisfaction en mettant en relief cet aspect, et en apportant des solutions plus adaptées à notre contexte marocain, où l’intelligence de la ville est au service de l’Homme.
51. 6 Steps for Designing Healthy Cities – Archdaily, Niall Patrick Walsh https://www.archdaily.com/918940/6-steps-for-designing-healthy-cities?ad_source=search&ad_medium=search_result_all
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PROJET
II
ANALYSE DU SITE
1. Choix et situation géographique du site choisi
Figure 80 : Situation géographique
La zone d’intervention se situe dans la région de Rabat Salé Kenitra, plus précisément dans la commune de salé. Le site est situé à 5 km de l’aéroport international de Rabat - Salé, offrant des liaisons quotidiennes vers l’Europe et à seulement 60 minutes de l’aéroport international de Casablanca, avec plus de 300 liaisons quotidiennes vers l’Europe, les États-Unis et le MoyenOrient.
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En outre, sa situation géographique unique à l’intersection de trois grands axes routiers, le site à moins de 2 heures de Tanger, Casablanca et Fès et facilite un large accès à des ressources humaines qualifiées.
PROJET
Figure 81 : Situation géographique
Figure 82 : Situation géographique détaillée
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PROJET
2. Historique du site
Figure 83 : 2000
Figure 84 : 2007
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PROJET
Figure 85 : 2015
Figure 86 : 2020
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PROJET
3. Présentation du Projet Technopolis Le projet technopolis est le fruit d’une décision visant à l’aménagement d’une nouvelle génération de zones de haute technologie, répondant aux normes internationales en matière d’équipement et de services. Appelé Technopolis, ou la Cité de la Technologie, elle est la concrétisation de la nouvelle vocation de Rabat Salé dans le secteur de la technologie. En effet, dans le cadre du programme gouvernemental de développement sectoriel Emergence, cette mission a été guidée par la volonté d’affirmer le rôle du Maroc dans les activités de développement de logiciels, de gestion des infrastructures, de back office bancaire et d’assurance, de gestion de la relation client...
Rabat Technopolis jouit d’une conception innovante et aérée, d’une infrastructure et d’une gestion conformes aux meilleures normes internationales pour en faire une destination privilégiée pour les investissements et les projets liés aux secteurs des nouvelles technologies. De plus, elle bénéficie d’une situation géographique très importante, à 5 km de l’aéroport international de Rabat - Salé, offrant des liaisons quotidiennes vers l’Europe et à seulement 60 minutes de l’aéroport international de Casablanca, avec plus de 300 liaisons quotidiennes vers l’Europe, les États-Unis et le MoyenOrient. En outre, sa situation géographique unique à l’intersection de trois grands axes routiers, le site à moins de 2 heures de Tanger, Casablanca et Fès et facilite un large accès à des ressources humaines qualifiées. 52
Figure 87 : Entrée de Technopolis
52. Article : https://www.medz-sourcing.com/en/our-parks/technopolis-rabat-offshore-activities-morooco.html
124
PROJET
Figure 88 : Technopolis
Etalé sur une assiette foncière de 320 hectares (107 hectares pour la première phase), le master plan a été conçu par les architectes Abdelouahed Mountassir et Omar Alaoui, qui ont eu pour vision d’ériger une ville de travail contenant plusieurs centres de vies dans le but de limiter les déplacements. Cette cité contient ainsi six poles : -
Valorisation de la recherche
-
Pôle académique
- Offshoring - Médias -
Microélectronique et Recherche
- Développement
Par ailleurs, le projet se situe dans un environnement privilégié à proximité de la forêt Maâmora à côté du domaine du lac. Les deux architectes ont ainsi tenu à éliminer au maximum l’effet de serre en permettant à toutes les façades de s’ouvrir à l’air libre. De ce fait, nous avons une ventilation naturelle et la climatisation ne sera utilisée qu’en cas de pic de chaleur. Les bâtiments disposent quant à eux d’un éclairage naturel pour toute la journée. La moitié de l’assiette foncière est consacrée aux jardins et parcs. 53 Maître d’ouvrage : MEDZ – CDG DEVELOPEMENT Architectes : Abdelouahed Mountassir et Omar Alaoui Superficie du terrain : 294 ha (1ère phase 107 ha) Debut de réalisation : Octobre 2008
53. Article : https://www.awmountassir.ma/projetdetail.php?sendingverif=2
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PROJET
4. Analyse du site
Figure 89 : Situation du site d’intervention
Figure 90
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Figure 91
PROJET
Figure 92
Figure 93
Figure 94
Figure 95
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PROJET
Figure 96 : Superficie
Coupe topographique AA’
Coupe topographique BB’
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PROJET
Figure 97 : Connexions à l’echelle nationale
Figures 98 : Coupes topographiques
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PROJET
Figure 99 : Axes du site
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PROJET
Figure 100 : Flux dans le site
131
PROJET
Figure 101 : Rapport plein | vide
Figure 102 : Composition du site
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PROJET
Figure 103 : Ensoleillement & vents dominants
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PROJET
III
PROJET URBAIN Figure 104
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PROJET
135
136
Figure 105 : Coupe urbaine
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Figure 106
Figure 107
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Figure 108
Figure 109
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Figure 110
Figure 111
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Figure 112
Figure 113
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PROJET
La technopark city est une éco smart cité située aux abords des deux villes jumelles du Bouregreg, Rabat & Salé. Située à 5 km de l’aéroport international de Rabat - Salé, qui offre des liaisons quotidiennes vers l’Europe, et à seulement une heure de l’aéroport international de Casablanca, avec plus de 300 liaisons quotidiennes vers l’Europe, les États-Unis et le MoyenOrient, la technopark city est autant liée à l’international qu’elle l’est au niveau national.
142
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Figure 114
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PROJET
Figure 115
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PROJET
IV
PROJET ARCHITECTURAL
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PROJET
Figure 116
146
PROJET
Figure 117 : 3D de concept
147
PROJET
00
01
Le projet de technopark tower émane de son site, ainsi, le bloc principal du projet est son site ne font qu’un.
02
148
Site choisi
Création d’un élément d’appel en érigeant une tour.
PROJET
03
Mise en place d’une pente favorisant la connexion avec le site et permettant de rendre le projet accessible sur deux niveaux.
04
05
Division de la tour en 3 cubes égaux, créant des terrasses pour des jardins suspendus.
Habillage des façades de la tour, donnant ainsi un effet de légèreté aux formes compactes du projet.
Figures 118
149
TECHNOPARK TOWER, L’avenir du bâtiment intelligent
A la pointe de la technologie, la technopark tower est un projet flexible, renouvelable et interactif avec son usager.
150
Eclairage
Energie
Le bâtiment bénéficie de quatre façades donnant sur l’extérieur. Un système d’optimisation est mis en place afin de réduire les consommations énergétiques. Des minuteurs réglés à 2 minutes sont prévus aux niveaux des escaliers, ainsi que des détecteurs de mouvement au niveau des sources de lumière afin de réduire les consommations.
Le panneau solaire est un dispositif technologique énergétique à base de capteurs solaires thermiques, ou photovoltaïques, servant à convertir le rayonnement solaire en énergie thermique ou électrique. L’énergie récupérer par les panneaux solaires disposés au sommet de la technopark tower a pour objectif d’alimenter les consommations énergétiques du bâtiment : les ascenseurs, les portes automatiques, les led walls… La technopark tower s’adapte par rapport au climat extérieur tout en optimisant les déperditions énergétiques. Gestion des eaux Un système d’optimisation est prévu afin de réduire les consommations d’eaux : des détecteurs de mouvements aux niveaux des robinets qui les referment une fois aucun mouvement n’est détecté. Aussi, un système de recyclage qui reprend les eaux usées des lavabos et les envoie aux réserves de cuvettes dans les salles de bain. Il sera aussi question de réutilise les eaux pluviales pour l’arrosage des espaces verts sur les terrasses Durabilité Le projet est durable par sa gestion des eaux pluviales, son isolation thermique et phonique ainsi que par sa gestion de la consommation énergétique. Ecologique par son aspect technologique qui permet d’assurer un rendement global supérieur en réduisant les dépenses, en utilisant les énergies renouvelables et en réduisant les émissions de gaz à effet de serre.
Figure 119
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PROJET
Figure 120
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PROJET
Figures 121
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PROJET
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Figure 122 : Programme
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Figure 123
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PROJET
Figure 124
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PROJET
Figure 125
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Figure 126
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Figure 127
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Figure 128
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Figure 129
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Figure 130 : logo du projet
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Figure 131
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Figure 132
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PROJET
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Figure 133
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Figure 134
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174
CONCLUSION Ainsi, avec le projet de Technopark City, il s’agit de créer un lieu de vie sain, durable, à la pointe de la technologie, mais avant tout un espace qui prône la dimension humaine, en favorisant la rencontre, l’entraide et surtout le lien social. La Technopark city a également pour objectif de servir en tant qu’exemple, d’une sorte de vitrine représentant ce qui se peut se faire à plus grande échelle dans nos villes. C’est donc une expérimentation qui aspire à relier les aspects technologiques très utiles et très avancés caractérisant les smart cites, et l’aspect humain primordial au bon fonctionnement de la vie en société. Projet phare de cette nouvelle cité : la technopark tower a pour but de créer un pôle attractif dans la ville, prônant le savoir, la connaissance, et de rendre hommage à la forêt Maamora qui dominait jadis ce territoire.
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Figure 26 : https://www.researchgate.net/
Figure 02 : https://www.worldfuturecouncil.org/
Figure 27 : https://franklloydwright.org/
Figure 03 : https://www.livabl.com/
Figure 28 : https://www.mydstudio.com/
Figure 04 : https://en.wikipedia.org/
Figure 29 : https://labgov.city/
Figure 05 : https://dailynorthwestern.com/
Figure 30 : https://blog.comexplorer.com/
Figure 06 : Livable streets, donald appleyard
Figure 31 : https://www.smartcitiesworld.net/
Figure 07 : Livable streets, donald appleyard
Figure 32 : https://www.edf.fr/
Figure 08 : Livable streets, donald appleyard
Figure 33 : https://www.pngitem.com/
Figure 09 : https://marcandrecarignan.com/
Figure 34 : https://www.facebook.com/
Figure 10 : https://marcandrecarignan.com/
Figure 35 : https://interestingengineering.com/
Figure 11 : https://www.digitalrecruiters.com/
Figure 36 : https://in.pinterest.com/
Figure 12 : https://www.archdaily.com/
Figure 37 : https://onehundredpages.com/
Figure 13 : https://lepetitjournal.com/
Figure 38 : https://www.archdaily.com/
Figure 14 : https://www.pinterest.com/
Figure 39 : https://theconversation.com/
Figure 15 : https://www.smartcitiesworld.net/
Figure 40 : https://www.instagram.com/
Figure 16 : https://www.archdaily.com/
Figure 41 : https://www.ville-bondy.fr/
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Figure 50 : Societé d’amenagement de Ryad (SAR) Figure 51 : https://journals.openedition.org/ Figure 52 : https://journals.openedition.org/ Figure 53 : https://journals.openedition.org/ Figure 54 : https://leseco.ma/ Figure 55 : https://www.lavieeco.com/ Figure 56 : https://www.lopinion.ma/ Figure 57 : http://www.phosboucraafoundation. org/ Figure 58 : https://www.google.com/maps
Figure 76 : https://www.archdaily.com/ Figure 77 : https://labgov.city/ Figure 78 : https://www.instagram.com/ Figure 79 : https://www.reichen-robert.fr/ Figure 83 : Google Earth Figure 84 : Google Earth Figure 85 : Google Earth Figure 86 : Google Earth Figure 87 : https://fr.wikipedia.org/ Figure 88 : https://www.portailsudmaroc.com/
Figure 59 : https://aujourdhui.ma/ Figure 60 : http://www.phosboucraafoundation. org/ Figure 61 : http://www.phosboucraafoundation. org/
FIGURES ORIGINALES
Figure 62 : https://www.amush.org/ Figure 63 : https://www.amush.org/ Figure 64 : http://www.phosboucraafoundation. org/ Figure 65 : https://www.reichen-robert.fr/ Figure 66 : https://zenataecocity.ma/ Figure 67 : https://www.leconomiste.com/ Figure 68 : https://ramboll.com/ Figure 69 : https://masdarcity.ae/ Figure 70 : https://www.cbtarchitects.com/ Figure 71 : https://www.cbtarchitects.com/ Figure 72 : https://www.msecproject.eu/ Figure 73 : https://www.ideas4allinnovation.com/ Figure 74 : https://www.govtech.com/ Figure 75 : https://www.rfid-wiot-search.com/
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