Untitled #1 FR

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to Cecil Balmond, Untitled #1,

Disaugmented Reality par PETERS isfi (Delphine Costedoat & Pier Fossey). Considérons les projections neuronales émises par deux capteurs plus ou moins humains (PETERS isfi par exemple) sur les quais de Bordeaux, main stream et tool privilégié d’expérimentations, propice à l’accélération de divers types de particules, induisant l’intervention directe et l’inclusion quasi (donc virtual) en temps réel d’éléments ou items virtuels sur le « réel » : des chiasmes sont ainsi générés, l’en-deçà fictionnel venant se superposer au « réel » déjà-là.

D’où la génération également systématique de deux univers croisés et juxtaposés, qu’un logiciel comme Processing permettrait de représenter en 3D et de matérialiser, la puissance demandée au logiciel nécessitant sans doute d’en développer les applications. En l’état actuel d’appauvrissement du sens et de ses applications sur notre deadly planet, le développement approfondi et élargi de cette action, consistant donc à accélérer la juxtaposition et la fusion, tout en y ajoutant des process scissionnels et dissociatifs adaptés, appropriés, conçus ad hoc et nécessaires, de cet en-deçà fictionnel et de ce « réel » déjà-là est un des présupposés possibles desquels partir pour établir le renversement du taux de Réalité désaugmentée du monde.

to Cecil Balmond, Untitled #1, Disaugmented Reality, par PETERS isfi (Delphine Costedoat & Pier Fossey), 2010. Overworld, 41 rue Borie 33 300 Bordeaux | France - www.overworld.eu - +33 (0) 952 834 872


Ce renversement peut être envisagé en termes de passage(s) furtif(s), éventuellement progressifs, ou dont la rythmique est à déterminer ; En termes d’irruption(s) soudaine(s), générées en temps réel, mais en des stances choisies, le chaos, dont le sens s’est fortement appauvri, ou perdu, étant l’état initial, activement mais provisoirement densifié, et non le lieu d’aboutissement du process ; En termes de bouleversement massif et global, le chaos devenant alors le sujet même de l’expérimentation, et devant en être ainsi le support accentué : sa réalité, fortement augmentée, permet de générer un état intermédiaire, ou suspendu. De stase de Réalité désaugmentée, le support initial « chaotique » devient ainsi, une fois isolé, et donc suspendu, la matière privilégiée du processus global. Appliquées à la grande échelle, la juxtaposition et la fusion, combinées à la scission et à la dissociation, de l’en-deçà fictionnel et du chaos non plus « déjà-là », mais transformé, et transposé, permettent d’ouvrir la porte d’un monde alternatif qu’on peut avoir le courage d’envisager. NDURL. Il est à noter que la traduction du terme anglais virtual est en français quasi. Lorsque Jaron Lanier lance, en 1985, le concept de « Virtual Reality », désignant « un espace de représentation réaliste, tri-dimensionnel, calculé en temps réel, immersif », il envisage une « quasi-réalité ». Le terme français « virtuel » a pour antonyme, non pas « réel », mais « actuel ». De la même manière, le terme « réel » a pour antonyme « fiction », et non « virtuel ». Le virtuel est donc bien une composante de la « réalité » : selon Maurice Benayoun, il est « le réel avant qu’il ne passe à l’acte », sous-entendu avant qu’il ne s’actualise, d’où l’idée d’un endeçà de la représentation qui précéderait son actualisation. La formule Réalité Virtuelle ne peut donc être considérée comme un oxymore. La Ville générique, la Ville létale, s’étendant en nappes grises et uniformes sur notre deadly, et potentiellement bientôt dead planet, est l’incarnation de la Réalité désaugmentée dans ce qu’elle a de plus intolérable. La Planète-Ville à l’œuvre, et déjà-là, associant centres-villes folkolriques (life-styles centers for ever et partout) et gigantesques étalements létaux de bidonvilles, est ce que nous sommes encore, peut-être, en mesure de dénoncer, quelles que soient les possibles illusions que l’on soit en mesure de se faire quant au devenir d’un quelconque type de dénonciation. Revenir à la structure, celle qui fonde l’identité humaine – son ADN, tout aussi bien –, est un des postulats possibles desquels partir afin d’œuvrer activement en ce sens. Les aventures proposées, de toujours, par des villes forgées sur des facteurs identitaires tous différents, sont peut-être à chercher, aujourd’hui, sur le net. L’idée étant que les parcours et surprises jadis et longtemps offerts par les villes, les rencontres, aussi, les échanges, et l’urbanité, pourraient, peutêtre, être transposés dans le monde « réel », ou tout au moins physique, du xxie siècle. L’un de nos repères et moteurs essentiels revient ainsi à tenter de montrer en quoi les écrits, la pensée et l’œuvre de Cecil Balmond ouvrent à notre temps, en perte de repères, de nouvelles voies à explorer. L’informel décline une série de propositions qui accueillent effectivement la surprise, creusent la donne de l’inattendu, brisent les rythmes et les conventions perspectives, en appellent à la vélocité, à l’ellipse, et sollicitent la reconstruction mentale d’espaces non immédiatement préhensibles. Toutefois, cette approche de la complexité se joue de l’intérieur, et d’une extrémité à l’autre du processus de conception. Rien n’est laissé au hasard, ni abandonné à la stérile gratuité d’une solution de complaisance. to Cecil Balmond, Untitled #1, Disaugmented Reality, par PETERS isfi (Delphine Costedoat & Pier Fossey), 2010. Overworld, 41 rue Borie 33 300 Bordeaux | France - www.overworld.eu - +33 (0) 952 834 872


Cet « insaisissable mauvais comportement », qui caractérise la mise en œuvre de la théorie informelle, est à appréhender comme le refus de toute réponse structurelle, et donc formelle, qui se satisferait d’un confort convenu au détriment de la spéculation poussée dans ses limites extrêmes. Les espaces conçus, au sein d’un même édifice, et au prix de recherches dont il s’agit de montrer la richesse et la rigueur, glissent les uns sur les autres, basculent, se juxtaposent, s’entrecroisent sans qu’on puisse jamais y repérer l’expression d’une permissivité désinvolte ou d’une expressivité infondée. C’est ainsi que Cecil Balmond repousse ce qu’il nomme « les squelettes désolés » des « machines high-tech ». Les édifices qu’il conçoit ne sont pas de redoutables exacerbations structurelles. Tout au contraire, ils se nourrissent de l’histoire des lieux pour lesquels ils sont conçus, de leur culture ancienne et récente, et laissent entrer la poésie et la beauté, patiemment explorées, pour l’élaboration très fine de structures rudes et douces, tissées de mémoire et de promesses. Le résultat est une architecture où le génie structurel ne se montre ni ne se cache : du travail sur la structure (« deep structure ») prise comme point de départ de la recherche conceptuelle, puis nourrie de tous les éléments du projet, naissent des édifices qui sont autant de « sauts » vers une nouvelle esthétique.

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« Jump » : le Saut. Le chiffre 9, dont il a fait un livre, Number 9, renvoie à toute une cosmogonie orientale, à cette symbolique des nombres à laquelle, mathématicien, Cecil Balmond est profondément attaché, et qui constitue un pan essentiel de ses recherches, mais aussi à un sens fondamental autour duquel s’articule toute sa pensée. Musicien, il sait que le glissement du cinquième doigt au-delà de la 8e touche de l’octave qu’il plaque entraîne le compositeur vers un au-delà harmonique. 9, c’est ce Saut, qui permet l’irruption de l’informel dans le monde des machines et des bâtiments aux âmes vides, c’est aussi l’intrusion harmonique et dérangeante des éléments (sur lesquels il écrit de très beaux textes), des sons, des couleurs et des mondes passés et à venir dans le monde à venir de l’architecture du xxie siècle. C’est cet au-delà structurel et formel que propose Cecil Balmond sur lequel nous fondons notre tentative de voir en le monde actuel autre chose que la fatalité d’une Réalité désaugmentée globale ET létale. Ou comment, en écartant les modes et les tentations faciles, et en se nourrissant de la bibliothèque universelle des savoirs, il est possible aujourd’hui d’envisager de nouvelles perspectives esthétiques vitales.

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« On signalait une dépression au-dessus de l’Atlantique ; elle se déplaçait d’ouest en est en direction d’un anticyclone situé au-dessus de la Russie, et ne manifestait encore aucune tendance à l’éviter par le nord. Les isothermes et les isothères remplissaient leurs obligations. Le rapport de la température annuelle moyenne, celle du mois le plus froid et du mois le plus chaud, et ses variations mensuelles apériodiques, était normal. Le lever et le coucher du soleil et de la lune, les phases de la lune, de Vénus et de l’anneau de Saturne, ainsi que nombre d’autres phénomènes importants, étaient conformes aux prédictions qu’en avaient faites les annuaires astronomiques. La tension de vapeur dans l’air avait atteint son maximum, et l’humidité relative de l’air était faible. Autrement dit, si l’on ne craint pas de recourir à une formule démodée, mais parfaitement judicieuse : c’était une belle journée d’août 1913. » Robert Musil, Der Mann ohne Eigenschaften (Man without Qualities)

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