Avril 2024 Note
Considérations éthiques à prendre en compte lors des activités de recherche, de suivi et d’évaluation impliquant des adolescent·e·s
1. INTRODUCTION
Cette note d’orientation s’appuie sur les ressources d’Oxfam en matière d’éthique de la recherche1 et de politiques de prévention et de protection. Elle vise à offrir un aperçu des considérations éthiques à prendre en compte dans le cadre de la participation d’adolescent·e·s à des activités de recherche, de suivi et d’évaluation. Ce document préparera les équipes de recherche à articuler le plan d’étude, l’évaluation des risques et les stratégies de sécurité, le recueil de données et tous les éléments importants en matière de prise de décisions autour de l’intérêt supérieur de l’enfant.
Plusieurs éléments doivent être pris en compte lorsqu’il s’agit de recueillir des informations auprès d’adolescent·e·s, notamment à propos de sujets sensibles. L’objectif est de minimiser les potentiels risques et conséquences auxquels les enfants et les jeunes pourraient être exposé·e·s suite à leur participation à l’étude ou à l’évaluation. Répondre aux préoccupations éthiques permettra également d’obtenir des données de meilleure qualité et des résultats fiables.
L’adolescence est la période qui sépare l’enfance et l’âge adulte : elle débute à la puberté, lorsque les jeunes commencent à s’émanciper de leur dépendance à l’égard de leurs tuteur·rice·s pour devenir des membres adultes et autonomes de la société. À cette époque, les adolescent·e·s développent des connaissances et des compétences, ils/elles commencent à comprendre comment gérer leurs émotions et leurs relations. Ils/elles développent des qualités et des capacités qui leur permettent d’apprécier leur adolescence puis d’assumer les responsabilités de l’âge adulte. Si la tranche d’âge correspondant à l’adolescence varie d’un pays à l’autre, les Nations Unies (NU) la situent entre 10 et 19 ans. Dans cette note d’orientation, on considère que les très jeunes adolescent·e·s ont entre 10 et 14 ans et que les plus âgé·e·s ont entre 15 et 19 ans. Ces deux groupes ont des niveaux de maturité différents qui doivent être pris en compte lors de l’évaluation des risques qui pèsent sur leur santé et leur sécurité. De plus, comme expliqué plus loin, les adolescent·e·s qui sont confronté·e·s à d’autres facteurs de vulnérabilité en raison de leur contexte doivent bénéficier d’une prise en charge adaptée.
2. LOIS ET POLITIQUES OBLIGATOIRES
Les politiques et protocoles définis par Oxfam, les lois nationales et internationales ainsi que les approbations éthiques suivants doivent être respectés lorsqu’il s’agit de faire participer des adolescent·e·s à des recherches et à des évaluations.
a. Codes de conduite Oxfam –Le personnel, les consultant·e·s et les partenaires d’Oxfam qui participent à des activités de recherche et d’évaluation doivent lire, signer et respecter ce code de conduite professionnel qui énonce clairement l’obligation de traiter chaque personne avec respect et dignité et de s’opposer à toute forme de harcèlement, de discrimination, d’intimidation et d’exploitation de l’abus.
1 Oxfam dispose d’autres ressources dédiées au grand public concernant l’éthique de la recherche : Éthique de la Recherche : Guide pratique, Note d’orientation éthique : recherche et évaluation sur la violence liée au genre
b. Politiques de prévention et de protection des enfants et des jeunes d’Oxfam – Ces politiques décrivent les engagements pris par Oxfam afin de promouvoir les droits des enfants, mais aussi d’exclure de ses programmations tout préjudice infligé à ce jeune public, notamment l’exploitation et les agressions sexuelles, physiques, verbales ou émotionnelles, ainsi que la négligence. La participation d’adolescent·e·s à des activités de recherche, de suivi et d’évaluation est soumise aux mêmes exigences. Tout préjudice engendré par leur participation doit être signalé en utilisant les mécanismes décrits dans les politiques de prévention et de protection. Les équipes du service de prévention et de protection d’Oxfam offriront un soutien immédiat aux adolescent·e·s victimes de préjudices2
c. Lois de protection de l’enfance - Respectez les lois locales en matière de conduite professionnelle à tenir avec des adolescent·e·s : elles concernant également les activités de recherche, de suivi et d’évaluation auxquelles participe ce public. De plus, les chercheur·euse·s sont tenu·e·s de respecter la Convention internationale des droits de l’enfant (CIDE) ainsi que ses articles sur les divers droits des enfants, la non-discrimination, l’intérêt supérieur des enfants et le droit à être entendu·e. Il peut parfois arriver que les obligations légales et éthiques se contredisent. Par exemple, il existe une obligation éthique de veiller à ce que les adolescent·e·s qui ont contracté une infection sexuellement transmissible reçoivent le traitement adapté. Cependant, l’obligation légale d’obtenir le consentement des parents, qui existe dans certains pays, peut nuire à certain·e·s jeunes. Dans ce cas, les équipes d’Oxfam doivent généralement appliquer les lois locales tout en cherchant, lorsque cela est possible, à obtenir une dérogation auprès des organismes officiels en citant l’Article 3 de la CIDE sur l’intérêt supérieur de l’enfant.
d. Approbations des évaluations éthiques - Une évaluation éthique peut être demandée dans certains pays ou par certaines agences et institutions en fonction de la nature de la recherche ou de l’évaluation. La participation des adolescent·e·s augmente les risques et exigera vraisemblablement de suivre une procédure formelle d’approbation éthique.
3. PRINCIPES DE LA PARTICIPATION DES ADOLESCENT·E·S
Oxfam a adopté plusieurs ensembles de principes visant à orienter son approche et ses méthodes de travail. Ils concernent également les activités de suivi et d’évaluation de l’organisation. Les valeurs de l’organisation soulignent que « la manière dont nous travaillons est tout aussi importante que les enjeux auxquels nous nous consacrons ». Afin de respecter les valeurs d’égalité, d’autonomisation, de solidarité, d’inclusion, de redevabilité et de courage défendues par l’organisation, il est nécessaire de suivre un processus éclairé et raisonné lorsque des adolescent·e·s sont impliqué·e·s. Oxfam Canada est aussi guidé par des principes féministes qui soulignent son engagement à lutter contre les causes profondes de l’inégalité entre les genres, du racisme et de la discrimination, mais aussi à donner plus de pouvoir aux personnes défavorisées, à suivre une approche intersectionnelle et à faire de la sécurité et du bien-être une priorité. La note d’orientation pour le suivi, l’évaluation, l’apprentissage et la redevabilité féministe (SEAR) applique ces principes féministes aux activités SEAR. Évaluez comment vos activités de recherche, de suivi et d’évaluation incarneront les valeurs et les principes d’Oxfam de manière à autonomiser des adolescent·e·s de milieux variés et à les protéger de tout préjudice.
En plus des principes défendus par Oxfam, le Tableau 1 décrit un ensemble de principes directeurs encadrant la participation des adolescent·e·s à des activités de recherche, de suivi et d’évaluation3
2 Dans les pays où la politique de prévention et de protection contredit la législation locale, cette dernière doit être suivie avec les conseils de l’équipe de prévention et de protection. La politique d’Oxfam prévaudra si elle est plus stricte que la législation locale.
3 Ces principes sont une adaptation du Toolkit for monitoring and evaluating adolescent sexual and reproductive health interventions in safe spaces de l’UNICEF et de la Women’s Refugee Commission. (2020) p. 15
Tableau 1. Principes encadrant la participation des adolescent·e·s à des activités de recherche, de suivi et d’évaluation
Transparente et informée
Les adolescent·e·s et leurs tuteur·rice·s ont-ils/elles reçu suffisamment d’informations sur le projet, dans un langage et une modalité qu’ils/elles comprennent, afin de faire un choix éclairé quant à la décision de participer ou non ?
Volontaire Les adolescent·e·s peuvent-ils/elles interrompre leur participation à tout moment sans que leur rétraction ait de conséquences négatives ? Les adolescent·e·s se sentent-ils/elles obligé·e·s de participer ?
Respectueuse Les méthodes utilisées pour travailler avec les adolescent·e·s prennent-elles en compte et s’appuient-elles sur les pratiques culturelles locales, et sontelles appuyées par des adultes de référence ? Les points de vue et idées des adolescent·e·s sont-ils véritablement entendus ?
Pertinente Les problématiques abordées et traitées sont-elles vraiment pertinentes dans la vie des adolescent·e·s ?
Le plan de recherche étudie-t-il les problématiques liées à la discrimination induite par un angle intersectionnel qui affecte particulièrement les adolescent·e·s ?
Adaptée aux adolescent·e·s
Appuyée par une formation
Le personnel et les consultant·e·s sont-ils/elles formés à des approches et méthodes adaptées aux adolescent·e·s, qui rendent compte de leurs capacités et intérêts ? Les recherches sont-elles effectuées dans des endroits sûrs et accessibles aux adolescent·e·s ?
Si des adolescent·e·s font partie de l’équipe de recherche, ont-ils/elles reçu la formation adéquate pour pouvoir remplir leur rôle et s’acquitter de leurs responsabilités en toute sérénité ?
Inclusive Le recrutement comprend-il des adolescent·e·s d’âges et de milieux variés (p. ex. ethnicité, religion, urbain/rural) ? Les arrangements requis sont-ils réalisés afin de favoriser leur participation, notamment pour les jeunes en situation de handicap mental ou intellectuel ?
Sûre et sensible aux risques
Les adolescent·e·s ont-ils/elles connaissance de l’impact ou des potentielles conséquences de leur participation ? Avez-vous identifié des moyens de garantir leur sécurité ?
Redevable Les adultes prennent-ils/elles sérieusement en compte les opinions et suggestions des adolescent·e·s et agissent-ils/elles en fonction, ou donnent-ils/elles une justification suffisante lorsqu’ils/elles ne le font pas ? Comment les résultats de la recherche et du suivi de l’évaluation seront-ils partagés avec les adolescent·e·s ayant participé ?
4. CONSENTEMENT ET ASSENTIMENT
Dans la plupart des cas, les enfants (les individus de moins de 18 ans) doivent obtenir le consentement de leur parent/tuteur·rice pour participer à des activités de recherche, de suivi et d’évaluation. Il est important de respecter les lois locales y compris s’il existe des instructions quant à l’âge à partir duquel les adolescent·e·s ont le droit de donner leur consentement éclairé de manière autonome.
Assurez-vous de vérifier dans quelles situations vous avez besoin d’obtenir la permission d’un parent/tuteur·rice. S’il n’existe pas de normes juridiques à ce sujet, prenez conseil auprès de la communauté et demandez-lui son avis. Dans certains cas, on peut considérer qu’il est dans l’intérêt supérieur de l’enfant de s’affranchir de la permission parentale, notamment lorsque sa sécurité au sein de son foyer est menacée, lorsque les enfants sont des « mineur·e·s émancipé·e·s » car ils n’ont plus de tuteur·rice, ou qu’ils vivent déjà hors du foyer familial (p. ex s’ils/si elles sont marié·e·s ou engagé·e·s dans l’armée). La sécurité, le bien-être et le pouvoir d’action de l’enfant sont des éléments à considérer lorsqu’il s’agit de prendre des décisions concernant le consentement. Pour ce qui est des enfants jugés trop jeunes pour donner un consentement éclairé, il est fortement encouragé de leur fournir toutes les informations existantes au sujet des paramètres de la recherche/des activités de MEL et de les laisser décider s’ils/si elles souhaitent participer ou non. C’est ce qu’on appelle l’assentiment. Il permet notamment aux adolescent·e·s de participer à la prise de décisions qui concernent leur vie lorsqu’ils/elles sont entièrement informé·e·s des risques et bénéfices. Il limite également le risque de potentielle coercition. Aucun enfant ne doit être forcé à participer contre son gré. Il convient de souligner que l’assentiment est nécessaire même si un parent/tuteur·rice de l’enfant a donné son consentement.
Informations à partager avec les enfants et leurs parents/tuteur·rice·s pour obtenir un consentement/assentiment éclairé :
4 Expliquez clairement quel est le projet et quelle est l’utilité des activités de recherche ou de suivi, d’évaluation et d’apprentissage.
4 Expliquez quel serait le rôle de l’adolescent·e, ce qu’on lui demanderait de faire, à partir de quand sa participation serait nécessaire et pour combien de temps.
4 Présentez tous les risques prévisibles susceptibles de survenir et expliquez comment le projet vise à minimiser leur occurrence. Cela comprend la potentielle obligation légale de divulguer tout comportement préjudiciable dans lequel l’adolescent·e pourrait être impliqué·e si une telle situation était révélée.
4 Expliquez que la participation est volontaire. La non-participation à la recherche n’entraînera aucune sanction et n’aura aucune répercussion. Les participant·e·s peuvent aussi choisir de se retirer à tout moment sans risquer d’encourir de sanction, de subir de préjudice ni de décevoir qui que ce soit.
4 Décrivez les avantages attendus pour les participant·e·s.
4 Fournissez un formulaire de consentement/assentiment séparé décrivant l’utilisation prévue des contenus s’il est nécessaire d’avoir des photos/vidéos des adolescent·e·s. Si vous devez recueillir des contenus, appliquez le principe « Ne pas nuire ». Voir les directives relatives au contenu d’Oxfam.
4 Expliquez comment l’équipe de recherche protègera la confidentialité des dossiers.
4 Expliquez comment les données issues des recherches seront utilisées dans le cadre du programme.
4 Expliquez clairement qu’en tant que participant·e·s, ils/elles ont le droit d’être protégé·e·s de tout préjudice. Informez-les du Mécanismes de plainte et de retours d’Oxfam. Fournissez les coordonnées du contact local et expliquez comment formuler une plainte en utilisant les Mécanismes de plainte et de retours. Expliquez qu’Oxfam encourage les commentaires sur son travail et que l’organisation est redevable auprès des communautés où elle intervient.
En ce qui concerne l’accessibilité, il est essentiel que les informations concernant le consentement/l’assentiment soient fournies dans un langage adapté au contexte local, que ce soit par le biais de formulaires écrits et/ou de consignes orales4. Le langage et le format utilisés doivent être adaptés au niveau de lettrisme des adolescent·e·s, des tuteur·rice·s et des dirigeant·e·s communautaires, ainsi qu’à l’âge et au niveau de développement des adolescent·e·s recruté·e·s. Vous devez également donner aux adolescent·e·s et à leurs tuteur·rice·s suffisamment de temps pour assimiler les informations qui leur sont présentées et pour poser d’éventuelles questions.
5. ANONYMAT ET CONFIDENTIALITÉ
Garantir l’anonymat signifie qu’aucune information permettant d’identifier les participant·e·s (nom, lieu de résidence, etc.) ne figurera dans les contenus issus des recherches ou des évaluations. Lorsque vous êtes confronté·e à un public jeune, le recueil de noms et d’informations permettant d’identifier la personne doit être évité et remplacé par un suivi numérique. Si des informations personnelles sont recueillies (comme un formulaire d’inscription), elles doivent être conservées séparément des autres données et un système de codage peut être utilisé pour faire le lien entre les deux.
Il est important de prendre d’autant plus soin de limiter le nombre de personnes qui sont au courant de la nature des recherches et de leurs données lorsque vous interrogez des adolescent·e·s sur des sujets sensibles, comme des expériences de violence ou de santé sexuelle et reproductive. Interrogez les personnes dans un espace privé de manière à ce qu’on ne puisse pas entendre leurs propos et évitez de conserver des notes écrites ou tout autre document qui mentionne le sujet des recherches d’une manière qui pourrait mettre les adolescent·e·s en danger. Apprenez aux enquêteur·rice·s à faire de la confidentialité une priorité et à changer de sujet si quelqu’un entre dans le lieu où se déroule l’entretien. Veillez à ce que tout le personnel qui travaille sur la recherche comprenne l’importance de la confidentialité.
Maintenir la confidentialité signifie que seules certaines personnes participant au recueil de données peuvent identifier les réponses de personnes morales. Limitez les risques de violation de la confidentialité des données en établissant des protocoles clairs pour la visualisation, le traitement et le stockage de données avant de débuter la collecte. Stockez les données recueillies dans des endroits sûrs, soit de manière numérique par le biais de fichiers protégés par un mot de passe, soit dans des placards fermés à clé.
Gardez à l’esprit que les adolescent·e·s peuvent ne pas bien comprendre les concepts d’anonymat et de confidentialité, ce qui peut les mener à divulguer des informations partagées par leurs pairs dans le cadre de discussions de groupe. Il est recommandé de mener des entretiens individuels pour éviter les risques associés à ce type de divulgation pour des projets de nature sensible.
Exceptions possibles :
• Les parents souhaitent accéder à la transcription des entretiens de leur enfant. Définissez dès le début des attentes entre les parents/tuteur·rice·s et les adolescent·e·s concernant le partage d’informations afin d’éviter toute violation de confidentialité.
• Les adolescent·e·s doivent être informé·e·s en amont que toute divulgation qu’ils/elles feront à propos de situations d’agression ou de violence commises par eux-mêmes ou par d’autres (p. ex. leur famille, leurs frères ou sœurs, leurs amis) doit être signalée si des obligations légales l’imposent (à moins qu’elles soient levées par un comité éthique).
• Les adolescent·e·s peuvent aussi demander à ce qu’un·e proche ou un pair soit présent lors de l’entretien. Dans ce cas, il existe un risque que leurs points de vue soient révélés à d’autres membres de leur communauté. Ces considérations doivent être abordées avec les participant·e·s avant le début de la collecte de données.
4 Pour plus de directives sur les formulaires de consentement/assentiment, veuillez consulter les ressources et modèles proposés par l’International Rescue Committee (IRC) et l’Organisation mondiale de la Santé
6. COLLECTE DE DONNÉES
Constituer une équipe de recherche/d’évaluation adaptée
Données démographiques : Le profil de la personne qui recueille les informations auprès des jeunes est l’un des facteurs les plus importants, tant d’un point de vue éthique que pour la validité des données. En fonction du contexte, les adolescent·e·s, et notamment les filles, peuvent être plus à l’aise pour partager certaines informations personnelles lorsqu’ils/elles sont confronté·e·s à des personnes proches de leur âge. Cependant, dans certains cas, il est plus pertinent d’avoir des examinateur·rice·s plus matures. Dans la plupart des contextes culturels, il est plus pertinent de constituer une équipe de collecte des données composée à la fois de jeunes et d’adultes, mais aussi de choisir des collecteur·rice·s de données du même genre que les participant·e·s et qui parlent le même langage, notamment pour les filles.
Sécurité : Si vous recrutez des adolescent·e·s ou des jeunes pour faire partie de l’équipe de collecte des données, choisissez dans la mesure du possible des individus appartenant à la communauté où la collecte aura lieu afin de favoriser leur sécurité. Assurez-vous qu’ils/elles bénéficient d’un moyen sûr pour quitter et rejoindre leur domicile pendant leur participation aux activités de M&E. Les adolescent·e·s ne doivent jamais être laissé·e·s sans supervision. Des enfants peuvent se trouver menacés dans le cadre des activités de recherche et d’évaluation et devoir faire l’objet de mesures de prévention et de protection contre des membres de l’équipe potentiellement coupables de violation ou d’exploitation (consultant·e·s, partenaires, membres du personnel).
Formation : Tous les membres de l’équipe de recherche ou d’évaluation doivent signer le Code de conduite d’Oxfam et une vérification de leurs antécédents, ou au moins un processus de contrôle, doit être effectué avant qu’ils/ elles soient sélectionné·e·s pour interagir avec des enfants et des jeunes. Ils/elles devront suivre une formation sur bonnes pratiques pour interagir avec des adolescent·e·s, la protection de l’enfance et les considérations éthiques à prendre en compte dans les activités de recherche, de suivi et d’évaluation. Il est important de bénéficier d’une formation exhaustive lorsqu’il s’agit de travailler avec de jeunes adolescent·e·s. Si des traducteur·rice·s doivent intervenir, ils/elles doivent recevoir la même formation que les autres collecteur·trice·s de données et consulter des membres de la communauté pour connaître la terminologie adaptée au contexte afin d’éviter de stigmatiser les adolescent·e·s ou de les mettre mal à l’aise.
Sélection des adolescent·e·s5
Dans le cadre d’échanges avec des enfants et de jeunes personnes, il est important de prendre en compte leurs capacités et leurs atouts. Faites des efforts pour inclure des filles et des garçons de différents milieux et âges, notamment issu·e·s de populations traditionnellement marginalisées. Pensez à faire participer de jeunes personnes qui s’identifient à l’un ou plusieurs de ces cas :
» Handicap physique, cognitif ou troubles de l’apprentissage
» Déficiences sensorielles (sourd·e, aveugle ou les deux)
» Minorité ethnique et religieuse
» Foyer économiquement pauvre
» Identité sexuelle ou expression de genre différente
Les adolescent·e·s qui appartiennent à ces catégories ne sont pas tous les mêmes. Chacun·e a sa propre expérience de vie et plusieurs facteurs physiques, sociaux, économiques ou culturels peuvent limiter sa capacité à participer entièrement, ou sur un pied d’égalité, avec les autres adolescent·e·s. Prenez le temps d’adapter les outils et les méthodes de manière à permettre la participation des adolescent·e·s aux besoins et aux capacités spécifiques et variés.
Invitez un groupe neutre et respecté à encadrer ce processus pour éviter que des parties prenantes influentes sélectionnent les adolescent·e·s sur la base de préjugés ou de préférences.
5 Pour en savoir plus sur les approches inclusives, consultez cette ressource
Partenariats et participation communautaire
Pour interagir avec des adolescent·e·s de manière sûre, travaillez avec des organisations partenaires, des institutions et des militant·e·s qui entretiennent déjà des relations de confiance avec de jeunes participant·e·s, notamment issu·e·s de populations plus vulnérables, et qui bénéficient déjà de protocoles et de mesures visant à favoriser la participation des adolescent·e·s. Cela offrira une plus grande tranquillité d’esprit aux parents/ tuteur·rice·s et garantira que l’équipe de collecte des données travaille dans l’intérêt supérieur de l’enfant.
Comme mentionné dans la section Évaluation des risques, offrez aux membres de la communauté la possibilité de participer aux phases de planification de recherche et d’évaluation ainsi que de mise en œuvre. Leur participation aux prises de décision garantit le respect des normes culturelles dans le cadre du plan d’étude, la sécurité des adolescent·e·s et la gestion continue des préoccupations afin d’éviter toute réaction hostile. Cependant, en fonction du sujet traité, il peut être dans l’intérêt supérieur de l’enfant de limiter les informations accessibles au public concernant les sujets sensibles abordés dans l’étude. Attendez-vous à faire face à des opinions très tranchées concernant le type de questions qu’il est acceptable et pertinent de poser aux jeunes et auxquelles ils/ elles se sentent à l’aise de répondre. Les parties prenantes communautaires que vous pouvez mobiliser sont les groupes de parents, les clubs de jeunes, les organisations de la société civile, des responsables religieux·ses, des professeur·re·s, des membres des autorités locales, d’établissements de santé et/ou des défenseur·se·s des enfants et du genre. Documentez la participation communautaire afin de garder une trace au cas où des problèmes surviendraient pendant la recherche ou l’évaluation.
Lieu et dates
Lorsque vous recrutez des adolescent·e·s, que ce soit en tant que chercheur·euse·s ou en tant que participant·e·s, choisissez un endroit sûr et propice à ce public pour qu’ils/elles se sentent à l’aise. Consultez des défenseur·euse·s des droits de l’enfance et des organisations partenaires pour identifier des espaces communautaires avec lesquels les enfants et les jeunes, ainsi que leurs tuteur·rice·s sont déjà familier·ère·s.
Lorsque vous planifiez les activités de collecte de données, prenez en compte les autres contraintes que peuvent avoir les adolescent·e·s comme l’école, les responsabilités qu’ils/elles ont au sein de leur foyer, le soin aux personnes âgées, le travail et la garde d’enfants (ils/elles peuvent eux/elles-mêmes être parents).
Outils de collecte des données
» Les outils de collecte des données doivent être adaptés au contexte local et au niveau de développement des enfants. Lorsque cela est possible, les outils doivent être testés en amont pour vérifier que le langage utilisé est compris et que les questions et la longueur de la séance sont appropriées pour des adolescent·e·s.
» Demandez-vous quels outils seraient adaptés à des adolescent·e·s et leur permettraient de se sentir à l’aise pour participer. Les modes traditionnels de collecte de données comme les enquêtes peuvent ne pas être appropriés, notamment lorsqu’il s’agit d’aborder des sujets sensibles. Malgré les avantages qu’elles peuvent offrir en matière de confidentialité et d’anonymat, elles ne permettent pas de créer de lien ni de voir les signes non verbaux des enfants. Au minimum, une enquête par téléphone permet une certaine interaction car un· enquêteur·rice confirmé·e est capable de créer un espace sûr et de repérer les signes de détresse.
» Utilisez des outils flexibles, adaptés aux adolescent·e·s, comme des entretiens individuels, des méthodologies narratives, Photovoice, Cellphilms, la cartographie participative, des exercices de classement, des fiches d’évaluation et des promenades d’étude6
» Les adolescent·e·s peuvent avoir une capacité d’attention plus courte que les adultes. Il est donc plus difficile pour eux de rester concentré pendant une longue étude ou une activité de groupe. Les enquêtes doivent être pilotées et rester aussi succinctes que possible, et les activités de groupe ne doivent pas durer plus d’une heure.
» Les adolescent·e·s maîtrisent généralement mieux la technologie que les adultes, il est donc possible de leur proposer des enquêtes en autonomie qu’ils/elles peuvent utiliser en toute sécurité.
» Les adolescent·e·s peuvent se montrer timides lorsqu’il s’agit d’aborder certains sujets comme la santé sexuelle et reproductive ou les violences basées sur le genre devant un large groupe de pairs. Il est recommandé de privilégier des activités ou des discussions en petits groupes (4 à 5 participant·e·s) et de créer des groupes par genre.
6 Global Early Adolescent Study propose des des outils/techniques de collecte des données pour les très jeunes adolescent·e·s.
Incitations
Il doit être obligatoire de rembourser les frais engagés (transport, crédit téléphonique, frais de logement ou de nourriture, etc.) dans tous les contextes où il est demandé aux adolescent·e·s (ou à tout·e participant·e) de participer. De plus, une compensation pour le temps et les efforts accordés doit être envisagée dans la mesure où elle respecte les directives en matière de conformité avec les donateurs. Cependant, les compensations ne doivent pas servir de motivation pour influencer ou contraindre la participation des adolescent·e·s ni influencer la nature de leurs réponses.
Afin de garantir que les enfants ne sont pas exploités dans le but d’obtenir des aides financières, songez à quelles compensations non monétaires seraient les plus bénéfiques au contexte local. Si la participation risque d’induire une perte de revenus pour les enfants et leurs familles, une compensation financière doit être offerte.
7. ÉVALUATION ET ATTÉNUATION DES RISQUES
Identifiez quels sont les risques et les problématiques éthiques les plus pertinents dans le cadre de la participation des adolescent·e·s à vos activités de recherche, de suivi ou d’évaluation et prenez bien en compte le contexte social, politique et culturel ainsi que la situation individuelle de chacun·e. Faites participer les adolescent·e·s et parties prenantes communautaires (p. ex. membres de la famille, institutions et militant·e·s engagé·e·s en faveur des adolescent·e·s, dirigeant·e·s locaux·ales, représentant·e·s scolaires, représentant·e·s gouvernementaux·ales) aux stratégies d’évaluation et d’atténuation des risques. Les comités d’examen éthique peuvent aussi fournir d’importantes informations sur les risques éventuels. Une évaluation participative des risques peut apporter des éclaircissements sur les rôles et responsabilités que les adolescent·e·s peuvent endosser en toute sécurité en fonction de leurs différents niveaux de maturité et de capacités. Déterminez un seuil de risque qui indique quand la participation d’adolescent·e·s présente ou pas un danger.
La participation des adolescent·e·s n’est une solution viable que si l’étude est considérée comme nécessaire et justifiée et si les bénéfices directs pour les adolescent·e·s l’emportent sur les risques. Si la participation d’adolescent·e·s à l’étude est susceptible de compromettre leur sécurité personnelle et/ou de leur causer des préjudices émotionnels ou psychologiques, ne réalisez pas l’évaluation. Utilisez des données secondaires comme substitut. Il peut arriver qu’un certain segment de la population adolescente soit confronté à plus de risques. Il est essentiel de réaliser des évaluations individuelles pour la protection des enfants.
Évaluez également comment la participation des adolescent·e·s peut porter préjudice à leur famille, leurs pairs et les chercheur·euse·s. Pensez par exemple qu’un enfant, son/sa tuteur·rice ou l’enquêteur·rice peuvent être en danger si un parent/partenaire violent a connaissance de, et est menacé par, le fait qu’un·e participant·e parle à des personnes extérieures à sa famille.
Selon la Politique de prévention et de protection des jeunes d’Oxfam, les jeunes ne doivent pas participer à des activités soutenues par Oxfam si :
» Ils/elles sont à un âge où l’école est obligatoire et leur participation nuirait à leur assiduité ou à leurs résultats scolaires
» On considère que leur participation les exposerait à des actes de violence (p. ex. violence basée sur le genre, violence politique)
» On considère que leur participation les exposerait à des violences non physiques comme une marginalisation socioculturelle
» Les activités dépassent leurs capacités physiques ou psychologiques (p. ex. porter des charges lourdes)
» Leur participation met leur santé en danger en raison de températures extrêmes, de bruit ou de vibrations
» Leur participation les expose à des substances néfastes pour la santé humaine (p. ex. des substances toxiques)
» Leur participation les fait courir un risque d’accident qu’ils/elles ne sont pas susceptibles d’identifier (p. ex. en raison de leur manque d’expérience)
» Toute autre restriction due à la législation locale
Risques éventuels et stratégies d’atténuation
Vous trouverez ci-dessous certains des risques courants qui peuvent survenir lors de la participation d’adolescent·e·s à des activités de recherche, de suivi et d’évaluation, ainsi que des suggestions de stratégies d’atténuation. N’oubliez pas que ces risques peuvent être décuplés pour les jeunes adolescent·e·s et planifiez vos activités en fonction.
I. Détresse et traumatisme indirect
Les adolescent·e·s qui participent aux activités, mais également les membres de l’équipe de recherche, peuvent subir des traumatismes indirects lors de la collecte de données concernant des sujets sensibles et revivre des expériences douloureuses. Les questions sur les abus sexuels par exemple peuvent profondément affecter les adolescent·e·s survivant·e·s. Souvenez-vous que les signes de détresse chez les enfants (p. ex. être distrait·e, cesser de parler) sont différents de ceux des adultes.
Ce que vous devez faire :
» Créez un lien avec les adolescent·e·s avant, pendant et après une collecte de données formelle. Envisagez d’utiliser un format d’entretien approfondi.
» Évitez de poser des questions sensibles (p. ex. sur des expériences de violence et d’abus, sur la sexualité)
» Veillez à avoir à disposition des prestataires de services capables d’apporter un conseil et un soutien psychosociaux et soyez en mesure de proposer des recommandations immédiates aux adolescent·e·s. Il est important d’offrir un soutien aux participant·e·s et aux chercheur·euse·s même s’ils/si elles ne montrent aucun signe de détresse.
» Faites attention à poser les questions les plus sensibles en dernier. Prenez en compte les différences géographiques concernant ce qui est considéré comme un sujet sensible ou pas.
» Collaborez avec les communautés locales pour créer des outils de collecte de données.
» Mettez en place un protocole de détresse.
ii. Divulgation d’actes de violence
Des adolescent·e·s peuvent divulguer des cas d’abus (récents ou imminents, d’automutilation) que les chercheur·euse·s peuvent être obligés de signaler conformément aux lois locales. Cela peut arriver lorsqu’ils/ elles se sentent suffisamment en confiance pour parler ouvertement. Malheureusement, cette divulgation peut potentiellement exacerber les préjudices auxquels sont exposés les enfants et les jeunes au lieu de les réduire.
Ce que vous devez faire :
» Si les chercheur·euse·s sont tenu·e·s par la loi de signaler les éventuels cas d’abus divulgués, informez-en les adolescent·e·s au cours du processus de consentement et d’assentiment.
» Mettez en place un protocole de divulgation. Soyez paré·e à cette éventualité.
» Veillez à avoir à disposition des ressources pouvant offrir des conseils et un soutien psychosociaux, ainsi que des recommandations immédiates à partager avec les participant·e·s.
III.
Opposition
à la participation des adolescent·e·s
La communauté peut se montrer réticente à la participation des adolescent·e·s, notamment des filles. Cela peut être dû aux normes sociales et culturelles concernant les rôles des adolescent·e·s et/ou des genres, à une perception défavorable du développement et/ou des projets humanitaires au sein des communautés, ainsi qu’à une influence perçue comme négative sur les adolescent·e·s.
Ce que vous devez faire :
» Avant de faire participer des adolescent·e·s, rencontrez les familles ainsi que des membres de la communauté pour les informer en toute transparence des modalités de l’étude et pour mieux comprendre les normes culturelles qui encadrent la participation des adolescent·e·s.
» Expliquez clairement que cette participation est bénéfique pour la communauté et présentez toutes les mesures que vous prendrez pour atténuer les risques. Montrez des photos (que vous avez eu la permission de partager) et donnez des exemples de précédentes études auxquelles ont participé des adolescent·e·s.
» Obtenez le soutien des dirigeant·e·s locaux·ales pour renforcer la crédibilité de la recherche ou de l’évaluation.
» Afin de permettre la participation des filles d’une manière qui respecte les coutumes locales, faites preuve de souplesse quant au plan de recherche et à l’approche.
IV. Dynamiques de pouvoir, coercition et exploitation
Des dynamiques de pouvoir visant à faire taire, manipuler ou contraindre les adolescent·e·s qui participent aux activités de recherche ou d’évaluation peuvent apparaître au sein de l’équipe de recherche ou de la communauté. Cela peut se traduire par une sélection biaisée des participant·e·s adolescent·e·s. À cause de cela, les jeunes peuvent hésiter à participer totalement et/ou leurs points de vue peuvent ne pas être valorisés comme il se doit.
Ce que vous devez faire :
» Veillez à ce que tou·te·s les chercheur·euse·s, y compris les consultant·e·s aient signé le Code de conduite d’Oxfam et consulté les Politiques de prévention et de protection des jeunes rédigées par Oxfam. Elles indiquent clairement qu’il existe une tolérance zéro pour tout mauvais traitement perpétré à l’encontre des bénéficiaires.
» Formez tou·te·s les chercheur·euse·s à la participation des adolescent·e·s et obtenez leur soutien.
» Organisez régulièrement des contrôles et des formations de remise à niveau sur la manière de travailler avec l’équipe de recherche. Assurez la supervision régulière des participant·e·s adolescent·e·s et des chercheur·euse·s et observez leurs interactions avec les autres.
» Cherchez de potentiels signes de coercition (p. ex. indifférence ou résistance de l’adolescent·e) ou de manipulation (p. ex. fossé entre ses paroles/opinions et son langage corporel ou refus de parler). Si vous remarquez des signes évidents de ces problématiques, prenez toutes les mesures nécessaires pour préserver la sécurité et l’intérêt supérieur de l’enfant. Dans certains cas, cela peut impliquer de le/la garder au studio pour éviter qu’il/elle subisse de nouveaux préjudices, tandis que dans d’autres cas, il vaudra mieux interrompre sa participation.
» Détruisez toute donnée non fiable qui pourrait avoir été entachée par la coercition.
» Pour de plus amples informations, consultez des défenseur·euse·s des droits de l’enfance qui ont une bonne connaissance du contexte local.
V. Réactions hostiles/représailles
Même lorsque la communauté a accepté la participation des adolescent·e·s, toute situation laissant penser que les jeunes contredisent des positions normatives au cours de l’étude peut susciter des réactions hostiles et les mettre en danger. Identifiez les contraintes imposées aux organisations partenaires et aux défenseur·euse·s des droits de l’enfance qui soutiennent les activités. Il est possible qu’ils/elles n’aient pas le pouvoir institutionnel nécessaire pour s’opposer aux communautés. L’engagement et l’intérêt des adolescent·e·s envers la recherche ou l’évaluation peuvent fluctuer en raison de la pression qu’ils/elles peuvent subir pour interrompre leur participation. Cela est plus probable pour les filles adolescentes qui sont soumises à des attentes plus strictes.
Ce que vous devez faire :
» Le bien-être d’un enfant prime toujours. Si cela va dans le sens de son intérêt supérieur, soutenez son retrait de l’étude.
» Pendant les processus de planification de la recherche, consultez des défenseur·euse·s de l’enfance et des partenaires locaux·ales pour désamorcer toute réaction hostile qui pourrait survenir.
» Pendant les séances de présentation de l’étude de recherche ou d’évaluation aux parties prenantes communautaires, discutez ensemble de comment réagir aux différences d’opinions par rapport au statu quo.
» Évitez de poser des questions sensibles susceptibles d’engendrer des représailles à l’encontre des adolescent·e·s et des chercheur·euse·s.
» Dans la mesure du possible, recueillez des données dans des endroits privés et confidentiels pour éviter les curieux·euses et atténuer les préjudices pour les adolescent·e·s participant·e·s.
vi. Sécurité en ligne
Toute discussion abordant les risques que présente le monde actuel doit prendre en compte les questions de sécurité et de préjudice qui menacent les adolescent·e·s lorsqu’ils naviguent sur internet, notamment la cyberintimidation et le cyberharcèlement, la violence et l’exploitation facilitées par la technologie, les vols d’identité, la désinformation et l’exploration de données. Il est important de se demander qui pourrait être exclu·e en raison d’un accès limité aux technologies et à internet.
Ce que vous devez faire
:
» Prenez des mesures afin de protéger au maximum la confidentialité lors de la conception et/ou de l’adoption d’outils numériques. Vous pouvez pour cela utiliser des plateformes, des portails, des logiciels analytiques et d’autres applications mieux sécurisés grâce à des fonctions de confidentialité plus complètes pour générer et stocker des données. Utilisez des outils approuvés par Oxfam.
» Évitez d’utiliser les réseaux sociaux courants.
» Déconseillez aux adolescent·e·s d’utiliser leurs comptes personnels où il serait possible de trouver leur nom, une photo d’eux ou tout autre élément permettant de les identifier clairement. Encouragezles plutôt à créer un compte dédié aux activités de recherche, qui ne permet pas de les identifier directement.
» Tout mécanisme de suivi GPS sur téléphone ou tout autre appareil doit être désactivé, à moins que son utilisation soit demandée par les parents/tuteur·rice·s pour suivre la localisation de l’adolescent·e.
» Toute donnée collectée doit être stockée avec soin, protégée par un mot de passe ou codée (si c’est possible) et doit uniquement être accessible à un nombre limité de personnes au sein de l’équipe de recherche.
» Offrez une formation de culture numérique aux adolescent·e·s, à leur famille et à leurs pairs.
vii. Situations humanitaires
Les enfants et les jeunes qui évoluent dans des contextes humanitaires sont davantage exposé·e·s à la violence, aux abus, à la malnutrition, à la faim, aux maladies et à d’autres éventuels préjudices. Il est essentiel de prendre en compte ces risques lorsque vous évaluez le bénéfice-risque de faire participer des adolescent·e·s à vos activités de recherche ou d’évaluation. Il est généralement conseillé de ne pas faire participer les adolescent·e·s à ces études lors de la survenue d’une crise, mais de réserver leur participation aux crises prolongées ou aux situations stables. Retrouvez plus de ressources dans la section références pour en savoir plus sur la participation des adolescent·e·s dans des contextes humanitaires.
8. RESSOURCES
Cette note d’orientation a été réalisée en s’appuyant sur la littérature suivante. Nous vous encourageons à consulter les ressources thématiques ci-dessous si vos activités de recherche, de suivi et d’évaluation portent spécifiquement sur la santé et les droits sexuels et reproductifs, les contextes humanitaires ou la violence faite aux enfants.
Général
Note d’orientation : Participation des adolescents au suivi et à l’évaluation (UNICEF) [Anglais]
Guide en 10 étapes pour réaliser le suivi et l’évaluation de la participation des enfants
Santé et droits sexuels et reproductifs
Suivi et évaluation des interventions en matière de santé sexuelle et reproductive des adolescents dans des espaces sûrs (Women’s Refugee Commission et UNICEF) [Anglais]
Guide de suivi et d’évaluation des programmes de santé reproductive des adolescents (FHI360) [Anglais]
Orientations sur les aspects éthiques à prendre en considération pour planifier et examiner des recherches sur la santé sexuelle et reproductive des adolescents (OMS)
Humanitaire
La boîte à outils pour la santé sexuelle et reproductive des adolescent.e.s (SSRA) en situations de crise humanitaire (IAWG)
Mesurer la violence contre les enfants dans les situations humanitaires (Together for Girls) [Anglais]
Violences faites aux enfants
Manuel Inspire - Action pour la mise en œuvre des sept stratégies pour mettre fin à la violence à l’égard des enfants [Anglais]
Ethical and safe:Éthique et sécurité : Recherche sur la violence domestique avec les enfants (sagepub.com) [Anglais]
Oxfam Canada
39 McArthur Avenue, Ottawa, ON K1L 8L7
1-800-466-9326
www.oxfam.ca
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oxfamcanada
Préparé par
Kimia Ghomeshi, avec le soutien de Rotbah Nitia, Fabian Pacheco, Colleen Dockerty et Radia Mbengue
Oxfam Canada, service des programmes internationaux