Journal Socialisme & Souveraineté N°8 - Militer autrement

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Socialisme&Souveraineté et ses collaborateurs, patriotes, républicains, communistes, font équipe pour la rédaction d'un journal mensuel de gauche républicaine qui se veut à la fois pédagogique, afin d'être accessible au plus grand nombre, tout en étant force d'analyse et de proposition, afin d'éviter de tomber dans le simplisme et la critique facile. Ce journal se construit autour de deux grands axes d'idées, qui forment l'ossature de la ligne politique de l'organisation Socialisme&Souveraineté : la proposition d'une alternative socialiste, d'un nouveau projet de société face au système capitaliste, pour plus de justice et moins d'inégalités économiques mais aussi plus d'efficacité, et la défense de la souveraineté de la France face à l'UE et aux organismes supranationaux, afin que le peuple français puisse choisir librement et démocratiquement sa voie politique. De gauche républicaine, ce journal se veut pourtant différent des autres journaux de gauche de par : -sa force de proposition, là où les autres se contentent bien souvent de critiquer sans avoir en tête aucune alternative crédible au capitalisme ; -son refus du simplisme, du manichéisme et de la diabolisation de l'adversaire, là où la gauche a souvent la sensation d'avoir le "monopole du cœur" ; -son souhait d'aborder tous les sujets, là où des Torquemadas imposent un certain nombre de tabous sur des thèmes "sensibles" dont le traitement serait réservé à la droite -son ouverture au dialogue politique et à la contradiction, qui sont les bases mêmes de la démocratie et qui doivent être défendues coûte que coûte à une époque où la dépolitisation menace et où la culture du débat s'éteint.

Notre objectif final est d'utiliser ce journal comme un outil pour favoriser le développement d'une nouvelle alternative politique dont nous pensons qu'elle correspond aux attentes profondes de nombre de nos concitoyens, sans qu'ils en aient nécessairement conscience.

Editorial

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Dossier : Notre programme La réforme constitutionnelle

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Les libertés sociétales

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La sécurité

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La politique linguistique

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Second dossier : militer autrement L’offre politique

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Expérience(s) militante(s)

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Le projet ARSIN

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Editorial

par Pablito Waal

Ce numéro sera le dernier à porter le titre « Socialisme & Souveraineté ». Pendant un an, nous avons travaillé à développer des positions, des analyses, des propositions, des commentaires de l’actualité. La forme du micro-parti initiée en Novembre 2009 va céder la place à une autre structure. Et surtout à une autre façon de militer. Non pas que nous n’ayons pas eu d’idées pour que notre formation naissante soit concrètement différente des autres. Nous avions notamment publié sur notre blog (catégorie « Qui sommesnous ? ») des articles pour une organisation vraiment participative, active, qui sache se remettre en cause et ré-ajourner ses idées…Toutes ces propositions restent valables. Mais le développement insuffisant de nos effectifs renvoie l’idée de parti politique à un futur incertain. Nous ne retournerons pas à la bergerie des « vrais » partis. D’une part parce que nos idées ne sont pas les mêmes, comme nous l’avions expliqué dans notre numéro de Février. Mais aussi parce que nous ne voulons plus du militantisme passif, ou répétitif, des décisions prises au sommet entre quelques personnes et que la base ne fait que décliner (ou alors ignore, pour gagner le droit de se perdre dans des actions locales limitées dans leur succès et leur intérêt). Plus de dévouement quasi-religieux, plus d’abandon des idées, quand ce n’est pas la simple moralité qui est méprisée par les cadres des partis. Etre au service de la population, être directement utiles, voilà ce qui changerait la donne. Mais pas en fixant d’emblée ce que les quelques-uns que nous sommes jugeraient bon pour le peuple. Mais en commençant par écouter les idées, les retransmettre, leur donner une suite concrète. C’est ce à quoi servira l’ARSIN, notre future association. La partie est loin d’être finie.

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DOSSIER : NOTRE PROGRAMME – Pour une nouvelle République Collectif

Aujourd’hui, nous pouvons distinguer trois courants de pensée sur le fonctionnement que devrait adopter la République Française. La première, dominante, est celle de la « démocratie moderne ». Elle prône le bipartisme, considère à voix basse qu’une abstention grandissante est le fait d’une démocratie « apaisée », et se réjouit de l’extinction des grands combats idéologiques d’autrefois. L’ouverture menée par Nicolas Sarkozy aux membres de l’opposition en est le symbole. La seconde est celle prônée par la gauche de la gauche. Elle est partisane d’un système reposant sur la proportionnelle et un régime d’assemblée. Enfin, une troisième école, à la fois repris à la droite de la droite et à l’extrême gauche est celle qui prône la démocratie directe, par exemple par le tirage au sort des citoyens. Aucune de ses grandes lignes ne sont les nôtres. La première est une allégorie du libéralisme économique triomphant, et de l’exportation du modèle politique américain en France. La seconde est la volonté de ressusciter la quatrième république, en faisant de mine d’oublier ses défauts structurels, et traduit la volonté de partis en panne de militants de maintenir des appareils constitués principalement d’élus locaux. Enfin, la dernière se repose trop sur l’invocation du « bon sens » politique du plus grand nombre. La démocratie directe, pourquoi pas. Nous prônons le droit au referendum d’initiative populaire, lancé par un nombre restreint de citoyens, mais dont le résultat ne pourrait être validé qu’en cas de dépassement d’un quorum de 50% de votants dans la population inscrite. Mais nous refusons le tirage au sort, qui amène au pouvoir des personnes complètement irresponsables car non rééligibles. Notre réflexion est différente en ce sens ou nous ne cherchons pas à établir le système politique idéal. Non, nous cherchons à déterminer le système politique le plus adapté à notre temps et à notre culture politique, afin de relever les défis qui nous sont lancés. Voici un schéma constitutionnel de la sixième république que nous proposons :

VOLONTE POPULAIRE

VOLONTE DE CONSEIL

Chef du Gouvernement

Président de la République

Gouvernement du Peuple

Comité de Défense Nationale

Assemblée des Députés du Peuple

Assemblée Primaire des Commissaires à la Nation

Nous distinguons deux volontés agissant sur le pouvoir : la volonté populaire, celle du plus grand nombre, et la volonté de conseil, celle de l’élite intellectuelle de la nation [de citoyens qualifiés par leurs capacités intellectuelles et culturelles]. L’idée est de donner à ces deux volonté des champs d’actions déterminés, ainsi que des moyens pour faire pression l’un sur l’autre. La volonté populaire, en premier lieu, se traduit à sa base par l’assemblée des députés du peuple. Ses membres sont élus au suffrage universel, comme pour les députés aujourd’hui. La répartition des sièges est faite à la proportionnelle, mais chaque parti politique ne peut avoir de sièges que s’il atteint un score suffisant dans un grand nombre de départements. Les députés du peuple sont les députés de la nation toute entière, et non du département dans lequel ils ont été élus. Ainsi, même si un homme politique d’un parti non représenté à l’assemblée est élu dans un département, il ne peut siéger à l’assemblée. Etant donné que les sondages sont interdits et que la propagande médiatique est rigoureusement égalitaire pour chaque parti en scrutin sans prendre en compte les résultats des précédentes élections, nous sommes donc en présence d’une majorité représentant véritablement la majorité des votes à l’échelle nationale, le peuple français étant un et indivisible. Cette assemblée élit elle-même, seulement parmi des députés élus, le gouvernement du peuple, dont l’organisation est libre. Le chef du parti majoritaire est alors nommé premier ministre. Le rôle du gouvernement populaire et de l’assemblée est le vote et l’initiative des lois. Ici aussi, davantage de démocratie car nous redonnons à la loi l’ensemble de son domaine réservé, et nous limitons désormais les règlements. De plus, le gouvernement n’est plus le fait d’obscurs énarques, il n’est plus formé à la discrétion du président, mais seulement composée de personnes élues. C’est un peu le système à l’anglaise qui se manifeste ici.

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DOSSIER : NOTRE PROGRAMME – Pour une nouvelle République Collectif

Mais en ces temps de mondialisation de polarisation par l’empire américain, la volonté populaire se trouve désormais épaulée par un véritable gouvernement parallèle, celui de la volonté de conseil. Celle-ci a pour principe d’être constituée de gens recrutés pour leurs talents intellectuels et leur dévouement à l’intérêt national. Il ne prime pas sur l’Assemblée et la volonté populaire, mais il constitue un rempart contre le carriérisme politique basé sur la démagogie. Dans l’organisation de cette volonté de conseil, on progresse par son talent, et on peut proposer des idées aux élus du peuple, un peu comme dans une version du lobbysme transparente et accessible à toutes les personnes talentueuses du peuple. Dans le schéma de la volonté de conseil, il y a d’abord l’assemblée primaire des commissaires à la nation. Comment sont sélectionnés les commissaires ? Par un concours à échéances régulières, ouverts à tous les citoyens de plus de 30 ans, qui se compose en deux voies d’accès : -

D’abord, le recrutement par la constitution d’un dossier, d’une thèse courte sur un sujet tel que l’économie nationale, la défense, la sécurité intérieure, la géopolitique, la gestion de la recherche nationale, le droit constitutionnel… Un jury tripartite (députés de l’Assemblée, commissaires, experts universitaires ou anciens membres de gouvernements de toutes nationalités) ;

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Mais aussi, une voie de recrutement « par le fait » : le même jury tripartite sélectionnera régulièrement une liste de personnes s’étant distingués en tant qu’entrepreneurs particulièrement performants (aussi bien dans les grandes que les petites entreprises, celles qui correspondent à des intérêts nationaux vitaux comme celles qui ont émergé récemment dans des secteurs imprévus – cf. le modèle économique que nous prônons dans le numéro 7 de notre journal), ou en tant que dirigeants d’associations d’utilité publique, en tant qu’inventeurs, ou parmi les militaires méritants (dans les opérations de maintien de la paix.

Tous les candidats retenus par le jury devront également se soumettre à un examen de culture générale, de connaissance du droit et de l’administration sur le modèle des grandes écoles actuelles. Cette « assemblée des sages » donne des avis, peut interroger l’Assemblée des Députés du Peuple sur ses décisions, demander des comptes, proposer des lois et des textes, demander l’abrogation de lois. Les députés restent souverains, mais les commissaires ont un pouvoir de critique fortement médiatisé, qui peut mettre les députés en position délicate face à leurs électeurs. Les citoyens peuvent également, s’ils se heurtent à des fins de non-recevoir face à leurs députés, demander aux commissaires de porter leurs revendications à l’Assemblée (les citoyens protestataires peuvent aussi devenir commissaires, plus facilement qu’on ne crée un parti pour les prochaines législatives). L’avantage des commissaires est que tout en respectant la souveraineté des députés, ils permettent à des idées originales d’émerger, sans se soumettre à la course aux voix, à la démagogie, et au conformisme face aux opinions dominantes. L’assemblée des commissaires élit le comité de défense nationale. Ses membres ont au moins 50 ans. Le comité est un organe collégial dont les 16 sièges sont répartis fixement. En effet, 4 sièges sont réservés à des représentants de l’armée, grande nouveauté en ce sens où nous offrons à cette dernière une représentation structurelle de ses intérêts. 4 autres sont réservés à des acteurs majeurs de l’économie française. Les 8 autres sont partagés entres des juristes (pour le contrôle de la constitutionnalité des lois), des représentants de l’éducation nationale, du monde scientifique et de l’information. Le comité, dont les séances sont à huis clos, élit à l’unanimité parmi ses membres le président de la république. L’intérêt est que le président ne le soit plus par sa capacité à être une bête médiatique, à mentir et à se rabaisser. C’est un homme mûr, expérimenté, et conscient de l’intérêt national. Nous redonnons son sens à la juste idée d’origine de la cinquième république : le président n’est pas l’homme d’un parti, mais le garant de la constitution, ainsi que de l’indépendance nationale. Nous créons artificiellement une situation de cohabitation permanente. Cependant, en cas de désaccord entre les deux volontés (populaire et de conseil), il convient d’établir des mécanismes de pression réciproques. Ces derniers doivent être rodés avec le temps, mais nous pensons qu’un droit de referendum sur une loi, un droit de dissolution du président sur le parlement, mais aussi du parlement sur le comité (ce qui entraîne naturellement une démission du président, car bien qu’irresponsable politiquement, il est issu du comité) sont nécessaires. Les mécanismes entre le parlement et le gouvernement sont également maintenus, bien que leur pertinence soient réduits par le bipartisme. Enfin, dans les cas extrêmes, nous pensons qu’il faut donner les moyens aux deux volontés de s’imposer pour débloquer une situation grave, en espérant que cela n’arrive jamais. La volonté de conseil disposera toujours de l’article 16, soit des pleins pouvoirs du président.

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DOSSIER : NOTRE PROGRAMME – Les libertés de la société civile Collectif

NOTRE LIGNE : Nous considérons qu'actuellement certaines libertés sont menacées par une invasion grandissante de l'Etat dans la vie privée des citoyens. Nous pensons qu'il est nécessaire de remettre au goût du jour la règle simple selon laquelle "tout ce qui ne nuit pas à autrui est autorisé". Ainsi, concrètement, nous pensons qu'il faut revenir sur nombres de lois liberticides émises depuis quelques décennies par les gouvernements de droite comme de gauche. Ces lois sont en effet le fruit d'une action politique qui se tourne vers la répression dans le but de satisfaire un électorat vieillissant. D'autre part, elles sont le fait de l'incapacité des Etats à influer sur le véritable levier de la vie quotidienne, soit l'économie. Enfin, une troisième raison aux réductions des libertés ces dernières années, peut se trouver dans l'influence grandissante d'associations faisant pression sur l'Etat pour satisfaire des revendications ciblées, au détriment du vote. Néanmoins, les libertés doivent s'accompagner de campagnes de préventions sans cesse accrues pour informer le citoyen des risques qu'il encourt. Des solutions d’aide psychologiques doivent être mises en place également pour aider tout « repenti » à échapper à une conduite dangereuse. Enfin, nous pensons qu'une frontière infranchissable doit être établie ou renforcée entre le monde de l'enfance et le monde des adultes. En ce sens, les lois récentes sur l’interdiction des jeux de hasard ou de la vente de cigarettes aux mineurs, ou bien le renforcement des procédures de sécurité contre la pornographie par satellite sont justifiées. La distribution des produits addictifs Pour couper court aux trafics et abandonner une prohibition vaine, nous légaliserons la vente de cannabis, et réautoriserons les bars et autres commerces fumeurs. Les exploitants des entreprises concernées se verront imputer un surplus d’impôt sur le revenu (cf. notre projet fiscal autour d’un grand impôt sur le revenu) pour financer des soins pour les cancéreux et les cures de désintoxications (l’assurance-maladie étant désormais financée par l’impôt) ainsi que des campagnes de prévention. L’usage de son propre corps L’interdiction de la prostitution est contre-productive, et liberticide quand il ne s’agit pas de réseaux esclavagistes. Notre priorité (reliée avec notre nouveau système économique) est la réduction du chômage, et des possibilités d’aide sociale accrue (et de refuges, cf. notre page sur la sécurité) pour aider les prostitué-e-s, quelque soit leur nationalité, à sortir de cette activité vers un autre emploi. La liberté d’expression Nous considérons que tout propos qui ne menacent ou ne diffament pas des personnes précises n’ont pas à être jugés devant les tribunaux. Nous proposons de réduire considérablement la portée des lois combattant « l’incitation à la haine », et d’élargir à nouveau la liberté d’expression. Les lois mémorielles (Gayssot, Taubira) seront remplacées par une loi contre le révisionnisme. Il ne s’agira plus de faire écrire l’Histoire par le parlement, mais d’avoir une loi qui puisse faire poursuivre une personne publiant un texte où l’on réfute l’existence de crimes de masse généralement reconnus comme réels en utilisant les méthodes négationnistes (sélectivité des sources, attaques aux personnes, hypercritique…). Chacun a le droit de critiquer l’historiographie dominante, mais nier des crimes, de façon non scientifique, est la première étape pour leur recommencement. La liberté d’accès à l’information et à la culture Nous nous prononçons pour une suppression pure et simple des lois organisant la surveillance d’Internet et des téléchargements, donc en premier lieu de Hadopi. Il est inutile d’affronter l’imagination de millions d’utilisateurs pour copier et transmettre la musique, les textes, les images. Nous réunirons d’abord des conférences afin de faire connaître les nouveaux modèles économiques qui permettent aux artistes de se financer sans traquer l’utilisateur qui télécharge (systèmes Deezer, Flattr, cf. notre numéro 1 de Septembre 2010). Nous pensons que l’Etat n’a pas à décider de ce qui est beau ou non. Et donc prônons la suppression du Ministère de la Culture, pour le remplacer par un ministère chargé de la protection du patrimoine reconnu par tous comme historique (nos châteaux, cathédrales ou paysages). Mais pour la culture actuelle, le seul rôle de l’Etat doit être de faire en sorte que personne ne soit trop pauvre pour avoir une consommation culturelle. Car la culture n’est en réalité jamais gratuite : que ce soit pour acheter des livres, des disques, des places, ou un abonnement Internet, l’attrait du public pour une œuvre culturelle se mesure à l’effort que chacun est prêt à y accorder. Une culture « gratuite », faite de subventions d’Etat, c’est une production ne répondant à la demande de personne. A ceux qui diront que les plus belles œuvres ne sont pas les plus vendues, nous répondrons qu’une belle œuvre finira par s’imposer spontanément, tôt ou tard. Rimbaud n’était pas riche, certes, mais il n’était pas non plus subventionné.

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DOSSIER : NOTRE PROGRAMME – La sécurité Collectif DES CONSTATS : Avoir une vue générale sur l’insécurité en France n’est pas chose facile : on peut se baser sur les reportages sensationnalistes des chaînes de télévision, parfois de la « grande » presse, et croire que la France est en guerre civile. On peut se baser sur les chiffres sous-déclarés du Ministère de l’Intérieur. On peut aussi se référer directement aux citoyens via des enquêtes sociologiques. Et en tirer une vision plus mitigée. Car même si les meurtres diminuent et que l’évolution du nombre de viols est incertaine, on a vraisemblablement une hausse des agressions physiques. La délinquance contre les personnes et les biens est inégalement répartie sur le territoire, et semble concerner en priorité les zones où des niveaux de richesse très inégaux se côtoient, et ceux où se cumulent plusieurs facteurs d’exclusion : pauvreté, chômage, immigration…

Propositions de long-terme : démanteler les quartiers-ghettos, changer le rapport police-citoyens Démantèlement des quartiers –ghettos Plutôt que de vouloir « donner plus de moyens aux banlieues » (sous-entendu : banlieues pauvres et à forte population immigrée) comme le répètent le PS ou le PCF, nous proposons de défaire purement et simplement ces quartiers. Le nouveau système économique que nous proposons plus haut, s’il est mis à l’essai dans une ou plusieurs régions de provinces, peut générer des terres d’accueil et des emplois pour leurs habitants. Régulièrement, l’Etat devra opérer un brassage des populations. Il faudra pour cela distinguer des zones en situation d’exclusion (forte pauvreté, niveau de délinquance élevé, marginalisation d’immigrants dans un « ghetto », etc…) et pousser leurs habitants à s’installer hors de ces zones à chaque fois qu’ils déménageront. Et que seuls des gens qui n’ont jamais vécu dans les quartiers en exclusion depuis des décennies, puissent s’y installer. Le coût des déplacements peut sembler élevé, surtout si l’on versait une indemnité aux habitants de ces quartiers pour la privation de leur droit de s’installer où ils veulent. Mais ce coût serait moindre que le coût économique (assistanat pour des populations discriminées à l’emploi en raison de leur lieu de résidence), social (dépenses de sécurité, dégradations de biens publics) et politique (clientélisme ethnique dans des quartiers à forte population immigrée) du maintien de quartiers-ghettos. Pour réduire en amont ce coût, il importe de mettre au point une politique d’immigration qui incite les habitants des pays pauvres, en priorité du continent africain, à rester dans leur pays (cf. notre politique sur l’immigration, à paraître sur www.socialisme-etsouverainete.fr). Mettre en place des corps de police «nomades » Les résidents de quartiers, délimités par les municipalités, peuvent décider d’élire un comité, et ces comités doivent être reconnus comme personnes morales. Ils pourraient disposer d’une partie du budget du ministère de l’Intérieur. Et s’en servir pour acheter les services de corps spéciaux « nomades », composés d’unités qui choisiraient leur affectation géographique en fonction de contrats passés avec des quartiers. Ces corps pourraient se spécialiser dans la prévention de la délinquance, ou dans la lutte contre l’économie parallèle, ou dans la dissuasion de la violence contre les personnes par leur présence sur le terrain. Les contrats conclus avec les comités de quartier imputeraient à ces policiers une rémunération non basée sur les chiffres de la délinquance, mais liée à la satisfaction des résidents. Ces contrats initieraient un véritable dialogue entre quartiers et policiers.

Propositions de court terme : assurer une protection immédiate, remettre à flot la justice et les prisons En matière de protection immédiate des citoyens Il faut créer des lieux de refuge permanents dans chaque arrondissement, soit plusieurs bâtiments blindés et gardés par des personnels armés dans chaque département, et tout-e citoyen-ne pourra y trouver asile sans avoir à en prouver le motif. Ainsi, les femmes craignant les violences conjugales, les agressions sexuelles, toute personne menacée, mais aussi des sans-abris, pourront y séjourner. Avec comme contrepartie de rester un nombre minimum de jours et de participer à l’entretien interne. En matière judiciaire A rebours des restrictions budgétaires qui rendent la justice lente et défaillante, nous proposons: - davantage de magistrats et l’amélioration de leurs conditions de travail ; - de mettre fin à la réduction systématique des peines pour les crimes sexuels et de sang ; - une politique plus sévère envers les mineurs délinquants et les récidivistes : multiplier les travaux d'intérêt général ; - la tolérance zéro contre les trafics d'armes, de drogue, d'objets volés, le grand banditisme et les guets-apens. En matière carcérale Nous proposons la mise en chantier immédiate de nouveaux établissements pénitentiaires, la réhabilitation des prisons déjà sur pied, la séparation des différents types de condamnés, la lutte contre les trafics, des aides à la réintégration une fois la peine effectuée. Du reste, ré-humanisation, confidentialité, recherche active des besoins de soins psychologiques, rencontres régulières entre détenus et personnels pénitentiaires doivent devenir les maîtres mots de la nouvelle politique carcérale française.

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DOSSIER : NOTRE PROGRAMME – La défense de la langue française par le multilinguisme Collectif Socialisme & Souveraineté refuse l’effacement du français au profit de l’anglais considéré comme « langue mondiale » Il n’y a pas de langue mondiale, et de toute façon, on n’en a pas besoin. Un être humain sur six est anglophone, et même si cette fraction va sans aucun doute progresser, rien n’oblige à ce que l’anglais s’impose partout dans la communication réelle. S’il est probable que plus de trois milliards de personnes vivront dans des pays où l’anglais est langue officielle en 2025, la plupart, comme dans l’aire francophone, parleront en premier lieu d’autres langues. Même sur Internet, l’information est de plus en plus accessible via d’autres langues (français, chinois, arabe, japonais, allemand…). Les discours sur l’inéluctabilité de l’anglais adoptent le point de vue d’une minorité d’êtres humains qui participent aux échanges commerciaux internationaux, aux colloques scientifiques, ou lisent des articles dans des revues qui pourraient être traduites, ou sont amenés à de fréquents déplacements dans de nombreux pays. Bref, une minorité de l’humanité. Selon l’ONU, 3% seulement des êtres humains vivent dans un pays autre que celui de leur naissance, et la plupart d’entre eux n’ont résidé que dans un ou deux autres pays que leur pays d’origine. Ce dont ont réellement besoin les êtres humains, c’est de connaître la langue de leur pays, plus une ou deux langues de pays voisins, avec parmi ces langues une grande langue régionale leur donnant accès à la traduction des informations venant du monde entier. L’hindi, le swahili, le malais ou indonésien, le russe ou l’espagnol peuvent très bien remplir ces conditions. Le français n’a aucune raison d’y manquer. Le multilinguisme français, allemand et italien contre l’imposition de l’anglais en Europe Si l’apprentissage de l’anglais par les élèves de second cycle dans les 27 pays de l’Union atteint la proportion de 83% en 2007 (soit près de quatre fois plus que le français ou l’allemand), ça n’en fait pas la langue réelle des européens. Nous avons beau avoir 99% de nos élèves qui étudient, en première ou seconde langue vivante, la langue de Shakespeare, il n’en reste qu’un quart des français se déclarent capables de parler anglais selon David Crystal. Selon le rapport 2006 de la Commission Européenne sur l’Education et la Culture, si 52% des habitants de l’Union sont capables d’avoir une conversation en anglais, 13% l’ont comme langue maternelle. C’est moins que l’allemand (18%, et 32% avec les germanophones en seconde langue), et pas plus que le français (respectivement à 13 et 26%). Dans la réalité, être la langue réelle de l’Europe continentale serait un rôle bien plus taillé pour l’allemand, que plus de la moitié des élèves de second cycle apprennent en Europe Centrale (80% en Slovénie et Slovaquie, 70% en République Tchèque, 60% en Pologne, 50% en Hongrie), aux Pays-Bas et au Danemark. Le principal obstacle qui se pose à l’allemand est que les français et plus encore les italiens l’apprennent peu. Si une véritable appropriation de l’allemand comme seconde langue se produisait à l’Ouest du Rhin comme au Sud des Alpes, l’allemand deviendrait véritablement la langue de l’Europe continentale, avec un avantage immense sur l’anglais d’être une langue réellement pratiquée au jour le jour, dans plusieurs pays situés au centre du continent, et par de solides économies exportatrices. Que les français deviennent tous réellement bilingues ou trilingues serait bien sûr une bonne chose. Mais il n’y a aucune raison que ce bilinguisme se fasse forcément en anglais. Au contraire, nous devons collectivement miser sur des bilinguismes multiples, afin d’avoir le plus souvent possible autour de nous des compatriotes germanophones, italophones, arabophones ou hispanophones. Même pour la lecture de documents scientifiques, techniques et commerciaux en « globish », une minorité d’anglophones suffit. La synergie des compétences entre français fera le reste. Le français ne gagnera pas seul sa lutte pour sa survie. C’est l’oubli de cette évidence qui génère la résignation face à la domination anglophone. Contre l’empire européen et sa prétendue « diversité », avec 23 langues officielles quand une petite minorité d’européens sont trilingues, nous pourrions défendre une véritable intégration culturelle librement consentie en mariant la langue de Molière avec celles de Dante et de Goethe. Un espace considérable de 200 millions d’européens, sur trois nations, bilingues dans au moins deux des trois langues, qui pourront être entendues de Brest à Palerme et à Hambourg, renforcera nettement la diffusion de l’allemand vers l’Est et du français en Afrique, et la survie de l’italien. Nous proposons donc que soit les langues allemande et italienne deviennent les secondes langues officielles de notre pays, et qu’un bilinguisme obligatoire se fasse dès l’école, mais dans ces deux langues, ou éventuellement en espagnol, néerlandais ou arabe, en laissant l’anglais comme troisième langue qui sera de toute façon demandée par les parents. Nous n’avons qu’un seul voisin anglophone, et peu nombreux seront les français qui iront vivre en Amérique du Nord. Nous devons donc nous former aux langues de nos voisins réels, plutôt que de miser sur un anglais vulgarisé comme « langue mondiale ».

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DOSSIER : MILITER AUTREMENT – L’offre politique actuelle Collectif Socialisme & Souveraineté vous présente, pour ce dernier numéro de l’année 2010-2011, quelques pages de constats et de réflexion sur la manière de militer. Socialisme & Souveraineté a été créé en Novembre 2009, et a lancé son journal en Septembre 2010. Pendant ces dix derniers mois, notre groupe a tenté de diffuser des informations, des analyses, des propositions surtout. Développer un militantisme de terrain est en revanche plus difficile. Certains nous ont demandé pourquoi nous ne rejoignions pas des partis de gauche existants. Nous avons déjà répondu à cela dans le numéro 6 de notre journal, en montrant qu’aucune formation de gauche ne nous était compatible, sur le socialisme comme sur la souveraineté nationale.

Vers le socialisme (à gauche) ou l’acceptation du capitalisme (à droite)

Défense de la souveraineté nationale (en bas) ou acceptation du supranationalisme (en haut)

Le NPA comptait 3100 cotisants en 2011

32 000 inscrits à la primaire d’EE-LV en Juin 2011

Le PCF compte 69 000 cotisants en Juin 2011.

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En 2008, le PS revendiquait 200 000 adhérents à jour de cotisations

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DOSSIER : MILITER AUTREMENT – L’offre politique actuelle Collectif (Suite) Mais quid si l’on sort du clivage droite-gauche ? Si l’on prend en compte des mouvements comme l’Union Populaire Républicaine (l’UPR), le RIF (Rassemblement pour l’Indépendance de la France), plus proches de notre souverainisme ? Et plus généralement, pour le jeune militant qui veut s’engager en politique, quelles opportunités s’offrent à lui ? Nous présentons ainsi deux pages « cartographiant » le panorama politique que ce jeune militant pourrait trouver. Première impression : des partis, il y en a beaucoup. Quel est leur effectif militant réel ? Comment se positionnent-ils, par rapport au capitalisme ou au socialisme, et par rapport à la souveraineté de la France ?

Défense de la souveraineté nationale (vers le bas) ou acceptation du supranationalisme (vers le haut)

Défense d’un capitalisme libéral (vers la droite) ou imposition d’un capitalisme avec de fortes interventions de l’Etat (vers la gauche)

L’UMP a 171 000 adhérents à jour de cotisations en Juin 2011 22 000 inscrits lors du vote interne au FN de Janvier

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DOSSIER : MILITER AUTREMENT – Quelques expériences du militantisme « normal » ** Par Pablito Waal

Les partis sont la meilleure école de politique. Mais comme toute école, on ne peut y avoir réussi quelque chose qu’à condition d’en être sorti. Sauf si l’on devient soi-même le directeur ou le professeur. Pour tous ceux qui ne deviendront ni des cadres, ni des vieux militants ressassant des histoires – le plus souvent d’échecs -, la vie militante ressemblera à un redoublement éternel. Nous avons finalement choisi l’école buissonnière. Voici pourquoi.

Pablito Waal Je suis entré dans le militantisme lors du seul moment où c’était indiscutablement nécessaire au cours de la décennie 2000, lors de la campagne du Non au référendum du 29 Mai 2005. Il fallait aller au contact direct de la populaiton, le moyen le plus efficace étant le porte à porte. On ne se mobilisait pas pour définir un programme, ni même un candidat. On menait une bataille ponctuelle, précise. Et même si le vote était annulé par la suite, on gagnerait au moins, par le vote, la preuve que la majorité du peuple n’acceptait pas cette « construction » européenne. A l’aube du bel été 2005, le porte à porte, c’est autant d’expériences marquantes : des gens qui vous ouvrent en caleçon, un camarade qui explique les vices du Traité européen à une riveraine pendant si longtemps qu’on se demandait s’il n’emmènagera pas avec elle, un particulier qui vous rétorque que si vous êtes contre le Traité de Rome, vous êtes contre les Droits de l’Homme… Puis la victoire. A ce moment, le militantisme, ça marchait. Et comme tout essai, il fallait la transformer, cette victoire. En projet. Et pour cela, il fallait parler, au cours des interminables discussions du « rassemblement antilibéral » de 2006 (et de funeste mémoire). Dans les sections, parler, ce n’est pas si difficile. Même face à un auditoire nettement plus âgé que soi-même, ce qui rebute si facilement les jeunes adhérents. Le problème est que dans une section du PCF, on se réunit le plus souvent sur le mode de la messe : un sermont introductif où l’on se rappelle le credo connu de tous, à savoir que le gouvernement est vil, le peuple en péril, et le Parti bon même si trop peu puissant. Et ensuite les présents prennent la parole comme le font les fidèles évangélistes, et disent ce qu’ils ont sur le cœur. Sans que cela ait une quelconque conséquence concrète. Et on termine sur la discussion des affaires matérielles : au lieu de la quête pour la réfection de l’Eglise, on planifie la prochaine campagne de collage ou on présente le bilan comptable de la section. C’est ainsi que se passe la très grande majorité de l’activité militante dans un parti comme le PCF. On ne rejoue rien de fondamental, la parole individuelle est libre, du moins elle l’est devenue par rapport à l’époque du stalinisme triomphant, mais le plus souvent en vain. Ca ne signifie pas que, comme pour le porte à porte, les activités de terrain ne soient pas enrichissantes, éprouvantes ou drôle. Suivre une manifestation, aller chercher un camarade retenu au commissariat, participer à un voyage de solidarité, tracter, faire un journal local… c’est souvent beaucoup d’échecs et de patience consommée en pure perte. Mais aussi de petits détails qui choquent, lorsqu’on s’aperçoit que l’homme du peuple ne pense pas forcément à gauche, que le racisme est plus répandu que vous ne le pensiez, que ceux que vous pensiez aider se portent en réalité à merveille sans vous, ou qu’à l’inverse ils vivent dans un délabrement inattendu. Bref, des échecs qui constitueraient une expérience…à condition de ne pas y rester. Or, le militantisme ne change pas. Il y a certes des « nouvelles formes de militantisme ». Des « flashmobs », des embrassades collectives, des jets de faux sang, des gens qui manifestent nus… Rien de sérieux. Le PCF avait beau avoir fait profession de défendre un « socialisme scientifique », s’il y a bien une activité dont les résultats concrets ne sont jamais mesurés, c’est l’action militante. Combien de voix nous apportent chaque millier d’affiches collées ou de tracts distribués ? A partir de quand une occupation de l’espace public devient décisive ? On ne le sait jamais, et on s’en moque.

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DOSSIER : MILITER AUTREMENT – Quelques expériences du militantisme « normal » Par Pablito Waal Mais le pire est que même pour les élections et les participations aux exécutifs, il n’y a pas d’option « mémoire ». Lorsque les communistes participent à une alliance municipale, comme au niveau national du temps de la Gauche Plurielle, il y a normalement un accord programmatique avec le PS et d’autres partis de gauche. Mais six ans après la municipale, à la veille de la suivante, si vous demandez quel étaient lesdits accords, vous aurez droit à un grand silence. Contrairement à la concurrence libre et non faussée dans le Traité de Rome, les termes programmatiques des accords électoraux ne sont jamais « gravés dans le marbre ». Et donc vous ne pourrez jamais juger les résultats d’un mandat ni le respect des promesses. Et tous les six ans, les mêmes arguments intemporels seront répétés : on doit s’allier pour que battre la droite, pour reconduire les copains conseillers municipaux, pour mesurer notre poids électoral… Si vous montez au niveau national, ça ne s’arrange pas vraiment. Sauf lors des votes précédant les congrès du PCF, qui sont quasiment les seuls moments de choix sur les idées de fond. Ce sont aussi les plus grands moments de déchirement. On passera sur la censure qui s’y déroule : le fait que la direction sortante ait deux fois plus de temps de campagne que ses opposants, ou que des votes soient censurés. Ou que le congrès lui-même surreprésentera la tendance majoritaire. Ce qui fait qu’au congrès, les votes seront très généralement acquis d’avance. Et que le seul suspense sera le surgissement d’un amendement imprévu – mais qui restera consensuel -, ou l’issue de la lutte pour les places dans la direction. Militer dans un parti comme le PCF, c’est une sorte d’engagement religieux. De la même manière que le croyant qui agit selon ses valeurs pense gagner une créance sur le Ciel (espérant la récompense dans l’Au-delà), le militant se rémunère de sa seule satisfaction d’être dans le camp du Bien (mais sans bénéfice post mortem, ceci dit). De temps à autre, une lutte est couronnée de succès. Souvent sans que le seul travail des militants en soit à l’origine. Mais il arrive aussi que les fidèles d’une religion voient parfois arriver des miracles, ou obtiennent des dons pour la bienfaisance. Mais de la même manière qu’on n’a pas besoin de croire pour être généreux, on n’a pas besoin de carte pour participer à une grève, porter des pétitions, faire de l’éducation populaire… La seule chose qui reste spécifique à un parti, c’est sa machine électorale. Même si elle ne permet pas de tenir des engagements comme je l’ai dit plus haut. Mais cela explique la démographie du Parti, telle que j’ai pu la constater : outre les très jeunes (qui font leur BA, et qui sont souvent des enfants de camarades), ou les anciens (qui s’accrochent à la foi de leur vie) , on n’a au parti que peu de gens d’âge médian, de trente à cinquante ans. A part bien sûr les élus et les permanents, permanents qui trop souvent n’ont que peu ou pas travaillé en dehors de la sphère militante. Le militantisme, c’est comme un voyage en train. Il y a ceux qui trouvent les places, et ceux qui sont sur le quai depuis si longtemps qu’ils y ont élu domicile. Et il y a ceux qui décident de changer de chemin.

Illustration : «Procession religieuse le long des chênes» (extrait), Ilya Repin, 1878

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DOSSIER : MILITER AUTREMENT – Quelques expériences du militantisme « normal » Par Hippolyte C.

Hippolyte C. Ancien membre du parti socialiste et du parti de gauche, je souhaiterais dire quelques mots à propos du fonctionnement des partis politiques que nous connaissons actuellement, afin d'apporter des éléments susceptibles d'aider les camarades à bien cerner ces erreurs politiques dans le but d'avancer vers une nouvelle manière de mener une politique socialiste. Ces partis se réclamant souvent du socialisme parlent bien évidemment d'un attachement tout particulier aux valeurs de la république et de la démocratie, aimant souligner le caractère "proche de la population" de cette démocratie. Le constat, malheureux , est que nous ne sommes pas à la hauteur des attentes: malgré une façade enthousiaste à propos de démocratie, si des scandales ont d'ores et déjà révélé toutes sortes de fraudes réelles ou soupçonnées à l'échelle nationale (exemple, l'élection de Martine Aubry à la tête du PS, en novembre 2008), j'en ai moi-même fait l'expérience, à l'échelle d'un département; lors d'une élection interne à la section en vue des élections régionales de 2010, les responsables de la section ont truqué celle-ci de manière lamentable en "oubliant" quelques candidatures au moyen de prétextes grossiers, à la suite de quoi ne resta qu'une seule candidature en lice lors de l'élection elle-même! Loin de vouloir accuser et fustiger (ce pourquoi je n'ai volontairement pas donné certaines précisions concernant cette affaire), j'estime que ce type de fonctionnement doit être absolument évité dans les formations politiques en devenir qui souhaiteraient se revendiquer du socialisme. Socialisme qui prône notamment une écoute prononcée de la population, qui serait abondamment sollicitée lors de choix et de décisions politiques par ceux qui dirigent. On pourrait même aller jusqu'à dire que l'établissement d'un socialisme en réelle adéquation avec ses principes d'origine (c'est à dire excluant les tendances socialeslibérales qui se définissent parfois comme « sociales-démocrates ») est lui-même conditionné à une véritable écoute de la population visant à satisfaire autant que possible les revendications de la grande majorité de cette dernière, les travailleurs. Or ne serait-ce pas ce sur point précis que les régimes plus ou moins « socialistes » auraient failli? D'un côté ceux qui se disaient « modérés » ont cédé à l'économie de marché et donc l'alignement sur le modèle des Etats-Unis d'Amérique (aujourd'hui, au système mondialiste), ce qui implique la renonciation à un éventuel programme focalisé sur la réponse aux demandes du peuple. De l'autre, leurs « adversaires » d'obédience socialiste ou communiste (ou ce qu'ils entendaient par ces termes) qui, dans une peur de voir la révolution s'effondrer sous les coups des forces réactionnaires, ont eux aussi refusé d'écouter le peuple, jugé vulnérable aux idées et manœuvres des « ennemis de la révolution », pour s'enfermer dans des modèles autoritaires que nous connaissons, hélas, trop bien, et qui ont servi aux partisans du modèle libéral dominant actuellement le monde dans le but de discréditer le socialisme en l'associant au modèle de « dictature sanguinaire » calquée sur l'URSS sous Staline. C'est donc en rupture avec la manière actuelle de faire faire de la politique qu'il faut se positionner; afin de se recentrer sur le service de la population, de mener une gestion pragmatique dans l'intérêt des citoyens, nous devons manifester notre refus de la politique opportuniste, carriériste, dont le but est l'ascension sociale d'une personne, c'est à dire une fin plutôt qu'un moyen de contribuer à l'équilibre d'une société. Nous devons en ce sens remettre la base, la population elle-même au centre du système politique, que celle-ci puisse réellement participer à la vie politique au moyen d'interventions autrement plus efficaces qu'un simple vote pour une personne à laquelle on laisse dans les faits carte blanche jusqu'à la prochaine élection du même type.

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DOSSIER : MILITER AUTREMENT – Quelques expériences du militantisme « normal » Par Aequitas

Aequitas Ma période d'activité au sein du NPA s'est étalée de Janvier à Octobre 2009. Mon choix d'adhérer à cette organisation s'est fait suite à une prise de conscience de l'exploitation qu'opère le système capitaliste sur les individus et la nécessité de réduire les inégalités pour, à long terme abolir la propriété privée des biens de production. Ensuite l'optique de rassemblement populaire devant un projet frais et alternatif de toutes les forces anticapitalistes a vraiment créé en moi un grand enthousiasme, d'autant plus que le NPA venait de se créer et avait une très bonne cote de popularité. De plus j'ai très vite adhéré au discours de Besancenot qui est, c'est vrai, très efficace médiatiquement (il était alors le 3éme opposant à Sarkozy en 2009). Malgré tout la première douche froide c'est opéré lors de la lecture des principes fondateurs qui rassemblait un tas de mesures aux conséquences incalculées (interdiction des licenciements, augmentation massive des salaires, immigration massive) ou relevant de la haine de tout ce qui est « sécuritaire » (démantèlement des caméras de vidéosurveillance, suppression de la BAC). J'ai essayé d'en discuter avec le responsable départemental, mais il m'a dit qu'il n'avait pas réponse à tout et que les principes fondateurs avaient été votés en urgence (?). J'ai donc laissé mon scepticisme de côté en espérant que la ligne idéologique et le programme s'affine ... Pourtant, le point de rupture a été réellement atteint lors d'une action de militantisme en 2009. Il y eut un accrochage avec les militants du parti Debout La République car ils voulaient instaurer un dialogue avec nous sur l'Union Européenne. Et on m'a fait savoir qu'il fallait le refuser, car c'étaient des fascistes (étonnant car l'une des têtes de liste est Thierry Giorgio, un opposant au maire). Pourtant je suis allé les rencontrés discrètement et nous avons eus une discussion intéressante qui furent les prémices de mon engagement anti-européen. Durant les vacances d'été 2009, je me suis attaquée à l'œuvre de Marx (vaste projet qui me prendra des décennies!) et en lisant le Manifeste du Parti Communiste je ne trouvais que des divergences avec le NPA (place de la nation, des femmes etc…) qui, quant à lui, se radicalisait de plus en plus dans ces positions immigrationnistes et anti-francaises (je me souviens d'un article qui s'intitulait : Sifflons la Marseillaise !). C'est pourquoi, lors de la rentrée militante, j'ai posé de nombreuses questions aux militants qui n'ont pas été capables de me répondre et, pire encore, adoptaient un comportement agressif . Je dus donc me rendre à l'évidence : le NPA était un parti dogmatique qui n'avait pas vocation à prendre le pouvoir et luttant au côté du patronat, succédant à la LCR dont son rôle objectif avait été de casser le mouvement ouvrier (le PCF à l'époque), et qui se donnait pour but la vulgarisation du discours communiste par une soupe trotskyste assez indigeste quand on regarde le fond... En effet, leur objectif de promouvoir les luttes féministes et antiracistes a surtout pour but de développer les luttes horizontales (quel rapport entre la caissière de marché U et Ingrid Bettencourt ..?) au dépens de la vraie lutte des classes qui est elle verticale. L'Europe Sociale qu'ils prônent est un subterfuge qui permet de laisser les peuples dans la soumission. Voila, je n'ai pas honte d'avoir milité dans ce parti, puisque j'y ai fait de bonnes actions (la campagne des Européennes de 2009 était vraiment un bon moment avec les collages, tractages etc…), et rencontré des personnes vraiment honnêtes. Je prends donc cet premier engagement comme un parcours initiatique qui m’a permis d'affirmer aujourd'hui mes positions.

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DOSSIER : MILITER AUTREMENT – Le projet ARSIN : qu’est-ce que c’est ? Collectif Que faut-il changer dans notre action ? Ce qui joue contre toutes les petites organisations telles que la notre, c’est que pour le lecteur ordinaire, notre action n’apparaît pas directement utile. Ceux qui croient en l’action politique peuvent penser que notre action serait utile sur le long terme, ou si nous étions bien plus nombreux, mais pas dans notre état actuel, avec aussi peu de monde et d’audience. C’est pour cela qu’il nous faut devenir immédiatement utiles à ceux qui nous lisent, qui veulent s’investir et réfléchir, et qui partagent déjà un peu nos idées. Ne nous leurrons pas : en se présentant directement au grand public, par exemple sur les forums, nous recevons au mieux un accueil indifférent, sinon sceptique voire pire. Il faut d’abord constituer un réseau de gens actifs, qui ont des informations, des idées d’actions, et qui veulent les transmettre. D’où l’idée de passer d’une organisation se présentant comme un futur parti politique (c’était le pari vain de Socialisme & Souveraineté) à une association de diffusion d’idées.

Que serait cette association ? Nous souhaiterions la créer sous le nom d’ARSIN (Association Républicaine pour le Socialisme et l’Indépendance Nationale). Elle aurait trois fondamentaux politiques : -

Nous sommes démocrates et républicains, et ne prônons pas la violence ; Nous recherchons une alternative nouvelle au capitalisme ; Nous voulons que la France redevienne souveraine en quittant l’UE, l’euro et l’OTAN.

Le premier point serait obligatoire pour tout membre, participant ou contribution. Les deux autres sont substituables l’un à l’autre : un participant peut être anticapitaliste et anti-UE, mais on peut accueillir des contributions de gens qui sont l’un ou l’autre tant qu’ils ne sont pas ouvertement hostiles à l’un de ces deux points. L’action de l’ARSIN serait : -

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Faire des concours d’articles, avec un règlement déposé devant huissier, une récompense de l’ordre de 150 euros attribuée tous les mois au meilleur article proposé par qui que ce soit à l’association ; Tenir un forum pour organiser ledit concours, avec des membres inscrits, et où les membres de l’association auraient un droit de véto pour filtrer les textes proposés afin de maintenir la cohérence politique ; Tenir un journal (par exemple mensuel, mais plus court que l’actuelle version du journal « Socialisme & Souveraineté ») où seraient publiés les articles récompensés, d’autres bons articles, des déclarations d’autres organisations… Constituer des listes de plusieurs milliers de contacts, via Facebook par exemple ; Utiliser ces listes pour diffuser des articles, mais aussi des livres qui n’auraient pas été retenus par l’édition classique, et qui auraient été autoédités. Un livre autoédité est quelque chose de facile à créer, mais très difficile à diffuser. L’ARSIN se proposerait d’aider de nouveaux auteurs à faire circuler leurs œuvres, si elles parlent de politique, d’économie, de société, ou d’autres travaux journalistiques, tant que les sources, références et preuves du propos sont données ; Faire des achats groupés de livres autoédités (et obtenir des rabais allant jusqu’à -50% sur la fabrication selon l’auto-éditeur) ; Proposer aussi à ces nouveaux auteurs de lire leurs textes, de les discuter sur forum et de les corriger s’il y a lieu ; D’organiser des conférences, par exemple avec les auteurs récompensés et diffusés. Nous aurions des possibilités pour en organiser en PACA (vers Toulon), et souhaiterions trouver des salles en Ile-de-France.

Donc en clair, l’ARSIN ce serait des concours d’articles, un journal, un forum, et un complément à l’autoédition pour assurer la diffusion d’auteurs qui en vaudraient la peine, et qui leur permettrait à l’avenir d’être plus intéressants pour l’édition classique.

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DOSSIER : MILITER AUTREMENT – Le projet ARSIN : qu’est-ce que c’est ? Collectif Est-ce une bonne idée que de recourir aux concours d’articles ? Cessons de considérer la difficulté de rassembler et d’organiser les militants comme une fatalité. Si nous créons une association basée sur le pur attrait des idées, alors ce sera un forum parmi des milliers d’autres, un petit groupe de réflexion parmi un très grand nombre, qui attirera trois militants qui feront trois réunions et puis s’en iront. Cette expérience, Socialisme & Souveraineté l’a faite au cours des mois qui précèdent. Aujourd’hui, les gens sont davantage consuméristes, ils ne s’engagent pas par obligation, on ne rejoint plus le Parti Communiste parce qu’on se considère ouvrier, ou des associations chrétiennes parce qu’on a la foi, etc… Les gens – et c’est une évolution louable en soi- considèrent que leur temps est précieux, et qu’ils ne le dépenseront pas s’ils n’en ont pas un retour concret, pour eux ou d’autres, même au nom de la beauté des idées. Dans les « vrais » « grands » partis politiques, par expérience, nous savons qu’on trouve principalement des gens qui sont là parce que leurs amis y sont, leurs parents y sont, parce qu’ils pensent pouvoir devenir permanents ou élus (ou le sont déjà)… Les idéalistes purs sont peu nombreux et se lassent à brève échéance. Si quelqu’un connaît un moyen plus romantique et au moins aussi efficace qu’une récompense en argent pour stimuler des gens à faire un travail de recherche, de réflexion, de proposition, nous sommes preneurs. Par exemple inviter le lauréat à faire une conférence, à promouvoir un livre s’il en a un… Mais il est peu évident qu’on trouve nombre de lauréats qui y soient prêts. Surtout, il faut voir que cet enjeu matériel change la nature de l’action des participants. Qui dit enjeu dit nécessité de trancher, donc de débattre, de voter. Sans cet enjeu, notre projet déboucherait au mieux sur un petit forum où quelques personnes déposeraient leur opinion et s’en iraient ensuite, sans chercher à savoir quelle opinion est la moins vraie, qui se trompe le plus (et qui le moins), si l’on peut résoudre des contradictions…L’existence de l’enjeu pousse à faire ce débat, mais aussi à fidéliser l’attention des participants, et à les intéresser aux autres activités de l’association. On pourrait également, et de bonne foi, craindre que les concours d’articles ne soient repris par des formations politiques, bien plus nombreuses et riches que nous, et qu’elles ne créent un militantisme où le plus riche l’emporte (comme si ce n’était pas le cas actuellement). Il n’y a pas de raison que cela se passe ainsi. Au contraire, faire des concours d’articles serait inutile pour des partis de gouvernement comme l’UMP ou le PS. Car ce n’est certainement pas ainsi que ces partis changeront l’opinion que les électeurs se font d’eux. Les concours d’articles seraient de fait plus profitables aux mouvements émergents.

Et pour quoi ce projet au final ? Pour faire réellement de la politique autrement. Si nous avons lancé nos propres organisations, c’est parce que nous ne nous retrouvions pas dans les partis politiques existants. Cette association de diffusion d’idées inverserait le fonctionnement pratiqué dans ces partis. Au lieu d’avoir une ligne et des décisions centralisées, et un effacement de l’individu derrière la structure, nous mettrions en place une organisation dont le principe même serait de stimuler les gens pour qu’ils avancent leurs idées. Et pas juste pour parler gratuitement mais avec des conséquences concrètes. Et de faire émerger des personnalités, des gens qui sauront s’exprimer, auront gagné en confiance et n’auront pas l’impression d’avoir perdu leur temps comme c’est trop souvent le cas des militants des « vrais » partis. Notons surtout que l’ARSIN ne serait pas un parti politique, et accepterait la double-appartenance avec nombre de formations existantes (mais pas toutes). Et quel est le rapport avec l’action politique concrète ? Certains pourraient penser qu’on a affaire à un nouveau club de discussion, un nouveau forum où des gens discuteraient sans fin et sans conséquence sur le monde réel. Bien au contraire, l’attribution des récompenses pourrait être le moyen le plus direct d’être actif aux côtés de ceux qui mènent des luttes concrètes. Des salariés en grève dans leur entreprise, des citoyens actifs dans des associations pourraient nous contacter (ou être contactés par nous) et nous produire des articles, dans lesquels ils nous expliqueraient leur cause, leurs buts, et les moyens les plus directs de les aider. La récompense (partant de 150 euros, trois jours de SMIC net) pour un article apprécié par les membres de l’association serait déjà un premier coup de pouce. Mais l’essentiel serait que notre association fasse circuler au plus vite l’information, en mettant l’accent sur le soutien direct. Pour réunir des gens sur les lieux de l’action, pour diffuser les articles sous forme de tracts, en tenant des caisses de soutien… Les partis et syndicats jouent parfois dans le sens inverse en retenant l’information au niveau de la cellule ou de l’échelon syndical le plus proche. Cette transmission d’information, certains sites et journaux de gauche le font déjà. Nous devrions la rendre systématique.

Si ce projet vous inspire, vous interroge, n’hésitez pas à nous contacter sur socialismesouverainete@yahoo.fr Socialisme et Souveraineté – Numéro 8 – Mai - Juin 2011

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Socialisme et souveraineté est un mouvement politique fondé en Novembre 2009. Site : http://www.socialisme-et-souverainete.fr/ Contact : socialismesouverainete@yahoo.fr

Nos correspondants en régions : Ile-de-France : Pablito Waal socialismesouveraineteidf@yahoo.fr

Provence-Alpes-Côte-d’Azur : Florent et Aequitas socialismesouverainetepaca@yahoo.fr

Le site de notre future organisation, l’ARSIN : http://www.arsin.fr Socialisme et Souveraineté – Numéro 8 – Mai - Juin 2011

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