Socialisme&Souveraineté et ses collaborateurs, patriotes, républicains, communistes, font équipe pour la rédaction d'un journal mensuel de gauche républicaine qui se veut à la fois pédagogique, afin d'être accessible au plus grand nombre, tout en étant force d'analyse et de proposition, afin d'éviter de tomber dans le simplisme et la critique facile.
Editorial
Ce journal se construit autour de deux grands axes d'idées, qui forment l'ossature de la ligne politique de l'organisation Socialisme&Souveraineté : la proposition d'une alternative socialiste, d'un nouveau projet de société face au système capitaliste, pour plus de justice et moins d'inégalités économiques mais aussi plus d'efficacité, et la défense de la souveraineté de la France face à l'UE et aux organismes supranationaux, afin que le peuple français puisse choisir librement et démocratiquement sa voie politique.
Les chiffres
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Inégalités et croissance
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De gauche républicaine, ce journal se veut pourtant différent des autres journaux de gauche de par : -sa force de proposition, là où les autres se contentent bien souvent de critiquer sans avoir en tête aucune alternative crédible au capitalisme ; -son refus du simplisme, du manichéisme et de la diabolisation de l'adversaire, là où la gauche a souvent la sensation d'avoir le "monopole du cœur" ; -son souhait d'aborder tous les sujets, là où des Torquemadas imposent un certain nombre de tabous sur des thèmes "sensibles" dont le traitement serait réservé à la droite -son ouverture au dialogue politique et à la contradiction, qui sont les bases mêmes de la démocratie et qui doivent être défendues coûte que coûte à une époque où la dépolitisation menace et où la culture du débat s'éteint.
Notre objectif final est d'utiliser ce journal comme un outil pour favoriser le développement d'une nouvelle alternative politique dont nous pensons qu'elle correspond aux attentes profondes de nombre de nos concitoyens, sans qu'ils en aient nécessairement conscience.
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Dossier : Les inégalités Inégalités et démocratie
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Revenus : de quoi parle-t-on ? Page 4
Quels métiers paient le plus ? Page 7 L’inégalité face à l’école
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L’inégalité face à la mort
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L’inégalité face au logement
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Que faire ?
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Editorial
par Florent
Nos journalistes de télévision sont merveilleux. Nous savons qu’il neige, que le prix du carburant augmente. Nous faisons le tour des villages de Noël. Et puis entre deux journaux télévisés, on nous fait bien la leçon pour passer les fêtes : buvez de l’eau entre chaque verre de champagne. Mettez vos mains devant la bouche quand vous toussez. Torchez-vous le cul après être allé aux toilettes… La Terre s’est arrêtée, dans ce petit monde. C’est ce que l’on appelle « l’effet d’agenda ». Peu importe ce qu’il se passe dans le monde, attentat en Irak, morts en Afghanistan, tensions internationales et enjeux géostratégiques, rien de cela ne doit affecter les Français. Les lobbyistes du foie gras et du vin veillent au grain : par question de foutre en l’air leur chiffre d’affaire annuel, sous prétexte de « déontologie journalistique » ! L’effet d’agenda c’est cela. Ce sont les intérêts économiques traduits dans le petit écran, qui font qu’en été et pendant les fêtes, on doit parler de certaines choses, les mêmes, tous les ans. A parier qu’on pourrait repasser un reportage de l’année dernière sur les villages de Noël sans que personne ne s’en aperçoive ! Rien d’autre à espérer que les gens, que notre peuple, s’en rendent compte chaque année un peu plus, et que l’audience soit en baisse constante. Reste à espérer aussi qu’Internet reste libre. Ce sont mes vœux politiques pour l’année 2011 ! Et à tout ceux pour qui Socialisme & Souveraineté tente d’œuvrer, tous ceux qui souffrent et qui ont besoin du changement, du vrai, nous leur souhaitons un sincère et joyeux noël, et un bon nouvel an, et une prise de conscience nécessaire des manipulations qui les entourent, comme celles que je viens d’évoquer. Notre journal est là pour ça.
Socialisme et Souveraineté – Numéro 4 – Décembre 2010
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DOSSIER : LES INEGALITES Dans ce dossier, Socialisme et Souveraineté a voulu faire un travail de description, d’analyse, avec quelques propositions comme nous en avons l’habitude. Mais l’essentiel est de poser des repères permettant aux lecteurs et militants de connaître ce qui détermine – à défaut de les justifier – les inégalités dans notre pays, de savoir si elles progressent, correspondent à des différences de travail, d’âge, ou d’autres critères sociaux qui les rendraient acceptables… Nous avons partagé ce dossier entre deux catégories : les inégalités monétaires et non monétaires, parmi lesquelles nous plaçons les inégalités devant la mort, l’éducation ou le logement. Nous ne nous sommes pas étendus vers les sujets tels que les discriminations ethniques ou sexistes, pour ne pas faire déborder le sujet, mais aussi pour rester en phase avec nos propositions finales. Propositions que nous complèterons dans les mois à venir sur www.socialisme-et-souverainete.fr .
DOSSIER : LES INEGALITES – LES INEGALITES, ENNEMIES DE LA DEMOCRATIE ? Par Florent
Depuis les années 80 et la fin de l’extension de l'Etat providence dans le cadre de l'économie capitaliste, le processus de moyennisation de la société s'est arrêté. C'est à dire que les classes sociales n'ont plus tendance à se fondre en une grande classe moyenne, mais au contraire à s'écarter, telle une force centrifuge. Hors, en quoi le développement des inégalités est-il facteur d'autoritarisme ? A cause du cloisonnement social qu'il provoque, en premier lieu. En résumé, une démocratie ou les riches sont de plus en plus riches, et les pauvres de plus en plus pauvres, une démocratie qui tend vers la binarité sociale, se trouve en mauvaise posture. Car il apparaît tout naturellement un cloisonnement : les riches vivent entre eux, tandis que les pauvres vivent entre eux aussi. On parle souvent de "ghettos", pour parler des cités, des quartiers populaires. C'est un mot trop fort, qui ne correspond pas à la réalité, car d'un ghetto, on ne peut en sortir. On parlera donc de cloisonnement en ce sens. Ceux qui sont au pouvoir représentent les intérêts d'une classe, celle du « Fouquet's ». Et ils n'ont pas les yeux dans leurs poches. Devant le constat de l'appauvrissement généralisé de la société, ne voulant s'attaquer aux causes de cet appauvrissement, ils ne peuvent réagir que par la peur et la dureté. Et c'est ainsi que la vis est serrée. La criminalité augmente naturellement, en corrélation aux inégalités. Or, quel choix reste t-il à un gouvernement démocratique "bourgeois", c'est à dire sans volonté de résorber la misère, que de prendre des mesures autoritaires ? Concrètement, cela donne caméras de surveillance, digicodes, et portails fermés d ans les résidences, par exemples. A cela s'ajoute, dans le cadre démocratique, le besoin de se faire réélire, en second lieu. Face à un électorat vieillissant, et plus peureux, le gouvernement du Fouquet's doit satisfaire ses électeurs. Ainsi, nous pouvons aisément voir une marque de cela en l'interdiction de la cigarette dans les lieux publics, mesure autoritaire, les personnes âgées fumant beaucoup moins que les jeunes. Une véritable fracture générationnelle même peut être aisément constatée concernant la cigarette. Les inégalités sont donc facteur d'autoritarisme, de durcissement du droit pénal, de mesures liberticides, pour deux raisons principales: à cause du cloisonnement qu'elles provoquent, et à cause du système démocratique de notre époque, luimême, qui s'appui de manière vicieuse sur des retraités, pourtant eux aussi en voie d'appauvrissement, et chez lesquels cet appauvrissement entretient la peur.
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DOSSIER: NOM : LES INEGALITES DOSSIER DU DOSSIER–– Les TITRE inégalités monétaires : CHAPITRE Que met-on dansTITRE le revenu ? Quelques définitions… CHAPITRE Par Pablito Waal Par Auteur
Ménage Les revenus ne s’évaluent pas au niveau d’une personne, mais d’un ménage. Ce n’est pas une famille, mais l’ensemble des personnes vivant sous un même toit et partageant un même budget : il peut être fait de personnes de familles différentes, et des générations d’une même famille vivant séparément forment plusieurs ménages. Revenu Les revenus des ménages français incluent les salaires, mais également les revenus de la propriété, les revenus des entrepreneurs individuels, les prestations sociales. Les revenus des ménages résidants en France, pris globalement, ne sont pas équivalents au revenu de la France. Alors que le Produit Intérieur Brut était de 1907 milliards d’euros en 2009, le revenu global des ménages était de 1293 Mds d’euros. Où est la différence ? Dans les investissements des entreprises et des administrations publiques, et dans les dépenses de consommation de celles-ci. Salaires et revenus mixtes Les salaires bruts se montaient en 2009 à 747 Mds d’euros (57,8% du revenu disponible brut des ménages). Mais les employeurs, publics ou privés, qui ont dû acquitter 267 Mds d’euros de cotisations sociales patronales cette année là. Et du point de vue des salariés, il faut retrancher 102 Mds d’euros de cotisations salariales, ce qui a laissé 745 Mds de salaires nets. Théoriquement, les cotisations salariales sont censées représenter 25% du salaire brut, mais des exonérations existent. Le revenu des entrepreneurs individuels ne peut être compté comme revenu de la propriété versé par une société, ni comme salaire. Il s’agit d’une rémunération de travail et on l’intègre comme revenu mixte, soit 119 Mds d’euros en 2009. Revenus de la propriété et revenus exceptionnels Les revenus exceptionnels sont des revenus des plus-values et des stock-options. Ils représentent 2% du revenu fiscal des ménages en 2007. Les revenus du patrimoine incluent tout revenu se justifiant par le seul fait que l’on a acheté un titre, un bien, un contrat, et qui doit vous rémunérer, normalement au délà de l’inflation. Cela inclue donc les dividendes (43 Mds en 2009), les autres revenus distribués par les sociétés à leurs propriétaires et créanciers (27 Mds), les revenus de l’assurance vie (49 Mds), les intérêts (40 Mds). Soit 160 Mds de revenus du capital, 8% du revenu national et 6% des revenus des ménages (puisque tout ne reste pas en France), après impôt sur les sociétés mais avant impôt sur le revenu. Prestations sociales L’ensemble des prestations sociales inclue les retraites, les remboursements d’assurance-maladie, l’assurance-chômage, les allocations familiales, le revenu de solidarité active (RSA)… Impôts sur les personnes physiques Il s’agit principalement de l’impôt sur le revenu (des personnes physiques, par opposition à l’impôt sur les sociétés concernant les revenus de la propriété versés par les entreprises), mais il faut y ajouter l’impôt sur la fortune. Unité de consommation et niveau de vie Si l’on veut mesurer le revenu réellement disponible par personne, sachant que la plupart des gens ne vivent pas seuls, il faut tenir compte de ce que les ressources sont partagées entre les membres du ménages (ne serait-ce que parce qu’ils vivent sous le même toit). Deux personnes vivant ensemble ne consomment donc pas autant que deux personnes seules. Donc le niveau de vie se calcule en divisant le revenu du ménage par un nombre d’unités de consommation : 1 pour la personne de référence (un adulte actif), 0,5 par personne de plus de 16 ans, 0,3 par personne de moins de 16 ans. Patrimoine Le stock total de biens détenus par un ménage : épargne et dépôts bancaires, biens immobiliers et mobiliers… Déciles Il s’agit d’une tranche de 10% d’une population. Si cette population est classée en fonction d’une variable (le revenu), le décile inférieur regroupe les 10% les plus pauvres, et le décile supérieur les 10% les plus riches.
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DOSSIER : LES INEGALITES – Les inégalités monétaires : Les principaux chiffres des inégalités en France Par Pablito Waal
Voici, selon l’INSEE, la distribution des niveaux de vie par déciles en 2008 : pour une moyenne de 22 110 € par unité de consommation, le rapport entre les plus riches (qui touchent 53 800 €) et les plus pauvres (8 070 €) est de 6,67…
Source : INSEE Les écarts globaux Dans la mesure des inégalités, revient très souvent la comparaison entre déciles (définis précédemment) afin de comparer une proportion significative des deux extrêmes de la population. On retient souvent un ratio « interdécile », soit le rapport entre le niveau de vie à partir duquel on fait partie des 10% les plus riches parmi les personnes résidant en France, et le niveau de vie en dessous duquel on fait partie des 10% les plus pauvre. Ce ratio se situe à 3,4 pour 2007 (33 900€ contre 10 010 €)…Mais il serait plus élevé si l’on comparait les niveaux de vie moyens des deux déciles, le ratio étant de 6,7 en 2008, en progression constante depuis le début des années 2000. Ce niveau fort élevé d’inégalité permet de tordre le cou à certaines objections venu de certains droitiers, pour qui la société française serait presque devenue (trop) égalitariste. Dont l’idée que les écarts de niveaux de vie seraient surtout dus aux écarts d’âge ! Or le rapport de niveau de vie moyen entre la tranche d’âge la plus pauvre (les 18-24 ans) et la plus riche (45-54 ans) était de 1,36 en 2008. Si les rémunérations progressent avec l’âge, le niveau de vie est nettement ralenti par l’arrivée des enfants. Pauvreté relative et absolue en France Il existe plusieurs mesures de la pauvreté : une absolue, en fixant un seuil de revenus en dessous duquel une vie décente n’est plus possible, utilisée notamment aux USA. Et des relatives, utilisées en Europe, où sont pauvres les gens gagnant moins de 60% ou 50% du revenu médian (en dessous duquel se situe 50% de la population). En 2007, ce seuil de 60% (ou 50%) se chiffrait à 908 € (757 €) mensuels et 13,4% des résidents (7,2%) ne l’atteignaient pas, un chiffre stable au cours des dernières années. Pauvreté plus fréquente chez les familles monoparentales (30%) et de plus de deux enfants (20%). Avec un seuil de pauvreté « constant » (par exemple le seuil de 2005, aux prix de 2007), le taux de pauvreté baissait de 13,1% en 2005 à 11,8% en 2007. La pauvreté absolue baisse en France, mais pas les inégalités. Consciente de l’insuffisance d’une approche de la pauvreté par les seuls revenus, l’INSEE a sondé chez les ménages les indices de pauvreté dans les conditions de vie : restrictions de consommation, impayés ou retard de loyers, soldes négatifs du budget, logements et meubles vétustes…au final, ce sont 12,2% des français qui sont pauvres en termes de conditions de vie, et 21% le sont par les conditions de vie ou par les ressources monétaires.
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Inégalités de patrimoine Part du patrimoine détenue par : en 2004 ème Le décile le plus riche (10 ) 46,00% ème Le 9 décile 18,00% ème Le 8 décile 12,00% ème Le 7 décile 10,00% ème Le 6 décile 7,00% ème Le 5 décile 4,00% ème Le 4 décile 2,00% ème Le 3 décile 1,00% Source : Insee, enquêtes Patrimoine 1998 2004. La France apparaît comme un pays relativement peu inégalitaire par rapport aux autres pays riches. En Suède, les 10% les plus riches concentraient en 2003 58% du patrimoine. En France, ce partage est resté relativement stable au cours des années 1991-2004. La forte progression entre 2004 et 2007 des revenus du patrimoine (+55%) et des revenus exceptionnels (+45%) a renforcé cette concentration, pendant que les revenus du travail ne progressaient que de 10%. Les très hauts revenus Les deux tiers des revenus du patrimoine et les quatre cinquièmes des revenus exceptionnels sont en effet détenus par les 10% de français les plus riches, dont ils constituent le septième des revenus, et 30% pour le 1% les plus riches. Ces ménages sont propriétaires de leurs logements à plus de 80% (contre 57% des ménages de France en 2007) et vivent moins souvent seuls que l’ensemble des ménages. Le nombre des très riches (plus de 100 000 euros annuels par unité de consommation) a progressé de 28% entre 2004 et 2007. Et les revenus moyens du 1% de ménages les plus riches ont crû de 16%, contre 11% pour les 10% les plus riches, et 9% pour les plus pauvres, rehaussant les inégalités par une échappée des très riches, tandis qu’elles stagnaient dans le reste de la population. Il s’agit ici des revenus avant impôt : mais comme le rappelle l’INSEE, le taux d’imposition réel des 1% les plus riches est en moyenne de 20%...(seulement ?) Sources : INSEE, Revenus et patrimoines des ménages, édition 2010
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DOSSIER : LES INEGALITES – Les inégalités monétaires : Qu’attendre de la croissance économique ? Par Pablito Waal
Dans le débat classique entre « gauche » et « droite », l’effet de la croissance économique (la hausse du revenu national, ou PIB) sur les inégalités est cruciale. Car selon les positions que l’on adopte, on justifiera ou pas les politiques de redistribution du revenu, l’intervention d’organismes tels que la Sécurité Sociale pour fournir des pensions de retraite ou financer les dépenses de santé de la population. A gauche, on a tendance à penser que la croissance économique ne réduit pas en soi les inégalités au sein de la société, voire même qu’elle a tendance à les accroître, du moins sous le régime d’une croissance capitaliste, et ce à tel point que la croissance ne profiterait qu’aux riches. D’où la nécessité, tant qu’on ne s’est pas débarassé dudit capitalisme, de fournir aux plus pauvres les moyens de se procurer une retraite, une couverture santé, des logements, une protection sociale en général, qu’ils n’auraient jamais par eux-mêmes. A droite, et chez les libéraux en particulier, on trouve deux positions : soit on pense que la croissance réduit les inégalités, soit on pense que ce n’est pas le cas, mais que les inégalités stimulent la croissance : la possibilité pour les individus de devenir des entrepreneurs richissimes les incite à créer des emplois, de la « richesse » et à faire progresser la société dans son ensemble. Et ce même si elle devient plus inégalitaire : si l’on passe d’une société où le plus pauvre gagne 5 euros et le plus riche 10 euros à une société où le plus pauvre a 20 euros et le plus riche 200 euros, l’ensemble de la population s’est enrichie. Ces deux positions de droite ont en commun qu’elles permettent de remettre en cause l’intérêt des politiques de redistribution, puisque dans les deux cas la croissance rend les pauvres moins pauvres, et les rend capables de se doter eux-mêmes d’assurances privées, de recourir aux écoles et hopitaux privés, etc… Bien sûr, la deuxième thèse (plus d’inégalités, c’est plus de croissance, et même les pauvres en bénéficient) prête toujours le flanc à la critique sur l’injustice d’une société où l’écart entre le plus riche et le plus pauvre s’accroît. Même si la pauvreté absolue, l’inégalité des revenus reste un objet de critique, même si certains libéraux prétendent que sans cette inégalité, il y a moins d’enrichissement de la société. Mais que disent les chiffres ? Basons-nous sur le coefficient de Gini : cet indice, compris entre 0 et 1, est d’autant plus faible que la répartition des revenus est égalitaire, et inversement plus élevé si elle est plus inégalitaire. En se basant sur les chiffres des années 2000 sur différents états du monde, on obtient le tableau ci-contre, à droite. La relation entre revenu moyen dans un pays et niveau des inégalités est donc complexe : entre des pays (très) pauvres et des pays riches, c’est la première opinion « de droite » qui est validée : la croissance a principalement pour effet de réduire le niveau exorbitant des inégalités qui existe dans des économies encore peu développées. Car les hautes inégalités connues en Afrique ou Amérique latine, la France d’avant la Révolution Industrielle du XIXème siècle les connaissait aussi, avant de voir fondre l’écart entre les plus riches et la masse du peuple (lire aussi L’Argent des Français, de J. Marseille). En revanche, une fois qu’un pays est entré dans le club des riches, le rapport « croissance / inégalité » devient beaucoup plus incertain. Si certains pays à haut revenu par habitant redeviennent inégalitaire (cas américain), d’autres pays aux conditions de vie enviables le sont très peu (cas suédois). Donc la croissance, une fois le pays devenu riche, ne fait pas disparaître les inégalités, et un niveau croissant d’inégalités n’est pas une condition nécessaire pour davantage de richesse globale.
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Revenus par habitant et inégalités (indice de Gini) en 2006
Pays
PIB par habitant (parité de pouvoir d'achat)
Indice Gini
Singapour
45 949
48
Etats-Unis
42 672
45
Irlande
39 671
31
Suisse
36 702
34
Autriche
34 520
26
Danemark
34 440
29
Belgique
32 729
28
Australie
32 175
31
Finlande
32 056
30
France
31 131
33
Slovénie
24 766
28
Israël
23 982
39
Corée du Sud
23 884
31
Lituanie
15 402
36
Pologne
14 648
35
Mexique
13 025
48
Russie
12 797
42
Chili
12 626
55
Argentine
11 615
46
Brésil
8 745
57
Colombie
7 635
59
Namibie
5 669
71
Bolivie
3 857
59
Source : CIA WorldFactBook, chiffres 2006. Les revenus sont donnés en parité de pouvoir d’achat pour tenir compte des différences de prix entre pays.
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DOSSIER : LES INEGALITES – Les inégalités monétaires : Les métiers qui paient…ou pas. Par Pablito Waal Pour l’année 2008, l’Observatoire des Inégalités (www.inegalites.org) et l’INSEE publient des statistiques sur les salaires bruts (à minorer d’environ 25% en général pour trouver le salaire net) sur un grand nombre de professions salariées. Ces chiffres excluent donc les indépendants, soit 10% des 26 millions de personnes ayant un emploi en France en 2008. Les chiffres de l’Observatoire ne prennent pas en compte les fonctionnaires (environ 3 millions de personnes pour la fonction publique d’Etat, 5 million avec les fonctions publiques territoriale et hospitalière). En plus des cotisations sociales à retirer, les salaires bruts ne permettent pas non plus d’estimer le montant des impôts personnels, mais comme le précise l’Observatoire, ces chiffres n’intègrent pas les primes et avantages en nature. Mais même avec ces limites, ces chiffres n’en sont pas moins utiles, car ils témoignent de rémunérations possibles en fonction du métier. La fiscalité sur les revenus et patrimoines des personnes physiques n’est pas l’essentiel de la fiscalité en France, prelevée en majorité sur la consommation (TVA) ou à la source (cotisations sociales). Et l’impôt sur le revenu d’un particulier varie nettement selon la composition de son ménage. S’il n’y a pas de métier idiot, on n’est pas obligés d’accorder la même utilité sociale à chaque branche de profession. C’est là bien sûr une différence fondamentale entre nous et les libéraux : un libéral considèrera que tout métier est une transaction de services, et que tant que cette transaction est « libre », nul n’a à contester son utilité. Ce n’est pas notre point de vue : de part le fonctionnement même du système capitaliste, certaines professions se sont rendues incontournables, comme c’est le cas des intervenants de marchés financiers ou des publicitaires, professions qui n’existeraient pas nécessairement avec un autre modèle économique. En même temps, des professions d’ouvriers, d’employés (ouvriers des services), de techniciens resteraient indispensables dans tout système. Nous ne voulons pas imposer de grille de valeur au lecteur, nous lui présentons seulement l’échelle des possibilités de rémunérations en France en fonction de la manière dont on a décidé de servir son prochain. L’Observatoire des Inégalités indique des salaires bruts moyens (le chiffre sera tiré à la hausse si quelques personnes dans un métier ont des salaires très élevés), et l’INSEE des chiffres médians (la moitié des salaires dans un corps de métier sont inférieurs à cette valeur).
Salaires bruts mensuels en euros des professions les mieux rémunérées dans plusieurs domaines, en 2008 : Source
Santé
Observatoire des inégalités (Salaires moyens)
INSEE Médecins (Salaires salariés médians)
Médecins hospitaliers sans activité libérale
Finance
3 200
Cadres de la banque et des assurances
Ingénieurs
Ouvrier
2 760
Ouvriers qualifiés
1 400 à 1 600 selon le métier
13 649
Ingénieurs en recherche et développement des industries de transformation
5 420
Ouvriers qualifiés d'industries (eau, gaz, énergie, chauffage)
2 682
5 368
Ouvriers d'art
2 668
5 365
Régleurs qualifiés d'équipement de fabrication
2 582
2 582
2 577
2 900
Ingénieurs et cadres techniques de l'industrie
8 144
Cadres des marchés financiers
Médecins salariés non hospitaliers
7 031
Cadres d'état-major administratifs, financiers, commerciaux des grandes entreprises
11 842
Ingénieurs en matériel électrique ou électronique professionnel
Chirurgiens dentistes
6 434
Chefs d'établissements et responsables de l'exploitation bancaire
6 868
Ingénieurs des industries de transformation
5 735
Cadres commerciaux de la banque
6 136
Ingénieurs en matériel mécanique professionnel
5 352
Opérateurs et ouvriers qualifiés des industries lourdes du bois et papier-carton
5 491
Cadres chargés d'études économiques, financières, commerciales
6 058
Ingénieurs recherche et développement de la distribution d'énergie, eau
5 313
Conducteurs d'engin lourd de levage
Pharmaciens salariés
Vétérinaires
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DOSSIER : LES INEGALITES NON MONETAIRES – L’éducation et les inégalités de connaissances… …et de réseaux… Par Pablito Waal Les résultats de PISA Début Décembre 2010, de nouvelles mauvaises nouvelles s’abattent sur le système scolaire français, pourtant l’un des mieux dotés d’Europe (6% du PIB contre 5,7% dans l’UE à 27). En effet, il est classé tout juste en milieu de tableau pour les performances de ses élèves en compréhension écrite, en mathématiques et culture scientifique, dans les tests de comparaison internationaux PISA. Un enseignement semble ressortir de ces tests : les pays qui ont les meilleurs résultats (principalement des pays asiatiques, la Corée du Sud, le Japon, Singapour, et quelques autres comme la Finlande et le Canada) sont des pays où les inégalités scolaires sont relativement faibles, et peu d’élèves apparaissent en grande difficulté. En France, la proportion de ces élèves est passée de 15% en 2000 à 20% en 2006, dont 26% chez les garçons et 14% chez les filles, soit légèrement plus que les proportions moyennes des pays de l’OCDE. Mais plus encore, au sein de l’OCDE, la France apparaît comme un des pays où la profession des parents est relativement déterminante dans les résultats des enfants. La distribution des diplômes en première sortie d’études en France Commençons par voir quelle est, en France, la répartition des diplômes acquis par les 25-34 ans en France en 2007 : 25-34 ans Femmes Hommes
Aucun diplôme ou CEP 10,6 12,3
BEPC seul 4,9 6
CAP, BEP ou équivalent 15,4 21,7
Baccalauréat ou brevet Baccalauréat Diplôme professionnel + 2 ans supérieur 23 21,4 24,8 23,3 16,5 20,3 Source : Insee, Enquête emploi en 2007
N’en déplaise aux habitués du « bac donné à tous », 30,9% des femmes et 40% des hommes nés entre 1973 et 1982 n’ont pas le baccalauréat (c’est dire le succès des « 80% au bac »). Et sur ceux qui l’auront, une minorité (5% du total d’une génération) iront en classes préparatoires (soit environ 75 000 personnes sur environ 800 000 qui atteignent l’âge du baccalauréat). Les filières par catégories professionnelles Le système d’enseignement supérieur français est à deux vitesses, distinguant facultés et classes préparatoires, une exception que le reste du monde ne s’arrache pas. Et dans la première classe que sont les prépas, les places sont peu nombreuses, ème et leur public peu représentatif de la population : la part des enfants de cadres y est 3,4 fois supérieure à ce qu’elle est en 6 . Les enquêtes PISA ont constaté que les élèves, même modestes, qui fréquentaient les établissements comportant également des élèves de milieux aisés réussissaient davantage. Les stratégies « d’évitement » et de contournement de la carte scolaire bien connues en France sont donc validées, et les inégalités de réseaux et de connivences s’ajoutent aux inégalités économiques. L'origine sociale des élèves de la 6ème aux classes préparatoires Unité : % Elèves de 6ème en 1995
Tous bacheliers en Bacheliers 2001 généraux en 2001
Bacheliers généraux avec mention en 2001
Inscrits en classe préparatoire en 2002
Ouvriers, inactifs*
38
29
19
15
9
Employés
18
16
14
11
7
Agriculteurs, artisans, commerçants
11
11
10
9
9
Professions intermédiaires
17
21
24
23
20
Cadres, professions libérales et intellectuelles supérieures
16
23
33
42
55
TOTAL
100
100
100
100
100
Source : Ministère de l'éducation nationale, suivi après le baccalauréat des élèves entrés en sixième en 1995
Socialisme et Souveraineté – Numéro 4 – Décembre 2010
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DOSSIER : LES INEGALITES NON MONETAIRES – La santé et les inégalités face à la mort Par Pablito Waal Les inégalités selon la région et la profession Rappel : L’espérance de vie est la durée moyenne qu’il reste à vivre à une personne, si elle subit, chaque année, les mêmes probabilités de mourir que celles calculées par les instituts démographiques pour les générations précédentes. Elle peut se calculer à la naissance, ou à d’autres âges. L’espérance de vie en bonne santé mesure le temps moyen qu’il reste à vivre à une personne sans qu’elle ait d’incapacité lourde dans sa vie quotidienne. Le système de santé français fut classé par l’Organisation Mondiale de la Santé comme étant le meilleur au monde… selon un panachage bien particulier de critères. Mais sur chacun d’entre eux (l’accès à du matériel de pointe, les inégalités dans l’accès aux soins et dans l’état de santé), la France n’est pas en tête. Et de loin pour ce qui est des inégalités sociales. Certains chiffres sont devenus des classiques : ainsi, un cadre de 35 ans a en général 46 années à vivre, contre 40 pour un ouvrier du même âge. La mortalité des travailleurs manuels, entre 18 et 50 ans, est aussi supérieure de 71% à celle des travailleurs non manuels. Chez les femmes, les inégalités d’espérance de vie sont plus réduites, mais sensibles (de 48 à 50 ans entre une ouvrière et une cadre). Les causes sont multiples et ne peuvent être réduites à la seule charge des conditions de travail. Et pourtant il y a matière à expliquer l’état de santé des ouvriers : contrairement aux idées reçues, le travail manuel pénible, à la chaine, soumis à des contraintes de bruits récurrents, est loin de disparaître en France. Ce sont même 15% des salariés qui en sont concernés dans les années 2000, contre 10% dans les années 90. Parmi les ouvriers, cette proportion monte à 39%. (Sources : Observatoire des Inégalités) Mais le travail n’est pas seul en cause : souvent, on enregistre une plus faible espérance de vie chez les conjoint-e-s d’ouvriers, même lorsqu’ils / elles ne sont pas ouvrier-e-s eux-mêmes, et plus encore lorsqu’ils sont sans emploi. De plus, les inactifs, surtout masculins, sont ceux qui, à 35 ans, ont l’espérance de vie la plus faible. Le mal est donc plus profond que le poids des conditions de travail, et implique l’ensemble des attitudes face à la santé. Un niveau de stress plus élevé dû à des conditions financières précaires, un recours plus fréquent au tabagisme, à l’alcoolisme, un taux de suicide plus élevé, une moindre connaissance des règles de nutrition et une plus forte fréquence de l’obésité parmi les enfants de pauvres, sont aussi des facteurs de réduction de la vie.
Les espérances de vie à 35 ans en France, au début des années 2000 Catégorie professionnelle
Espérance de Espérance de Espérance de Espérance de Espérance de vie vie sans vie totale à vie totale à vie sans avec incapacité incapacité incapacité 35 ans 35 ans (Hommes) (Femmes) (Hommes) (Femmes) (Hommes)
Espérance de vie avec incapacité (Femmes)
Cadres supérieurs
46,6
50,9
34
35,4
12,6
15,5
Professions intermédiaires
44,8
49,8
30,8
32,1
14
17,7
Agriculteurs exploitants
45,3
50,1
29
29,4
16,3
20,7
Indépendants
44,4
50,1
30,1
31,7
14,3
18,4
Employés
42,1
49,4
28,4
28,9
13,7
20,5
Ouvriers
40,9
48,6
24,4
26,8
16,5
21,8
Inactifs
30,4
46,7
10,5
25,5
19,9
21,2
48,8 27,7 28,8 15,1 20 Source: échantillon démographique permanent, INED, décès survenus entre 1999 et 2003 Note : les « professions intermédiaires » regroupent des métiers qu’on ne peut incorporer ni dans les ouvriers, employés, ni dans celles d’encadrement ou de professorat supérieur : instituteurs, infirmières, travailleurs sociaux… Total
42,8
Les inégalités géographiques Ces disparités se retrouvent aussi sur la carte de France des espérances de vie par région, qui reflète en partie leur composition sociale, mais aussi des différences de modes de vie : le Nord-Pas-de-Calais, et plus relativement la Lorraine et la Picardie, accusent les mortalités les plus précoces (celle du pays des ch’tis ressemblant à celle d’une démocratie populaire, avec 70 ans pour les hommes). Et à l’opposé, là où l’on vit le plus vieux, on trouve des régions à forte population de cadres (Ile-de-France, Rhône-Alpes), mais aussi PACA et le Midi-Pyrénées. A ce sujet, on peut accuser une répartition inégale des effectifs médicaux et infirmiers sur le territoire, les confrères d’Hippocrate préférant soit s’installer en Ile-de-France, soit au sud de la ligne BordeauxLyon ; les effectifs infirmiers se retrouvent également plus souvent dans le Sud, voire dans l’Est, que dans la moitié Nord-Ouest (exception faite de la Bretagne, si l’on en croit l’Observatoire des inégalités). Des différences d’effectifs qui se recoupent avec une dotation et une activité inégale des hôpitaux, favorisant l’Ile de France, le Sud-Est ou l’Alsace, moins les régions de l’Ouest.
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DOSSIER : LES INEGALITES NON MONETAIRES – Logement, mal-logement et non-logement Par Pablito Waal Statistiques globales sur le logement La France compte toujours davantage de logements que de Nombre en 2010 ménages, la différence venant principalement des résidences Résidences principales 28 019 secondaires et des logements vacants. Ceux-ci, qui peuvent être Logements vacants 2 121 publics comme privés, ne sont pas nécessairement des logements Résidences secondaires 3 196 prêts à l’emploi. Parmi eux, on trouve des logements en attente de Ensemble 33 336 vente ou d’emménagement, mais aussi des logements vétustes et Nombre de ménages (2007) 26 352 impropres à l’habitat. Source : INSEE Il faut cependant savoir que les besoins de logement n’évoluent pas qu’avec la croissance de la population (relativement limitée) mais aussi avec la progression du nombre de ménages en raison de leur réduction en taille (2,3 personnes par ménages entre 1999 et 2004, 2,25 pour les années suivantes). Face à cela, les constructions, qui étaient tombées à un nadir en 2002 (312 000 construits, le chiffre le plus bas de l’après-guerre avant 2009), à comparer au demi-million annuel des années 70, sont remontées à 430 000 en 2007….Avant de s’effondrer sous le coup de la crise : 305 000 seulement en 2009. Le non-logement et mal-logement en France Rappel : Les individus du ménage sont considérés comme vivants dans une situation de surpeuplement si le logement dans lequel ils vivent ne comporte pas un nombre minimal de pièces comprenant une pièce pour le ménage, une pièce pour chaque couple, une pièce pour les célibataires de 18 ans et plus, et selon les cas une pièce pour deux personnes du même sexe si elles ont entre 12 et 17 ans, une pièce par personne de sexe différent entre 12 et 17 ans, une pièce pour deux personnes de moins de 12 ans. En 2010, le rapport de la Fondation Abbé Pierre aboutit au nombre de 3,3 millions de personnes non ou mal logées, dont environ 100 000 sans domicile fixe (nombre minimal selon la Fondation), 500 000 personnes logées en hôtel, centre d’hébergement, habitat mobile ou temporaire, et deux millions de personnes dans des conditions de logement très vétustes ou en surpeuplement. A cela, s’ajoutent 6,6 millions de personnes en situation de logement fragile, parmi lesquels 1,4 millions en situation d’impayés, 3,5 millions en surpeuplement, et 800 000 vivant chez d’autres personnes. L’inégalité revue après les dépenses de logement Dans notre description précédente des inégalités Taux de revenus, nous n’abordions pas la notion des coûts Décile de d'effort fixes supportés par les ménages. Or ceux-ci creusent revenus par moyen net encore plus les inégalités. Ainsi, le revenu des 10% de unité de des aides résidents vivant dans les ménages les plus pauvres, au consommation 2006 lieu de 7 790 euros en 2006, n’est que de 6 100 euros 21,5% si on y ôte l’effort consacré au logement (loyers et 1er décile charges des emprunts rapporté au revenu)…soit un 17,5% 2ème décile taux d’effort de 21% contre 13% pour les 10% de 20,2% 3ème décile résidents vivant dans les ménages les plus riches…Et ce 20,0% alors que l’effort de logement permet une bien 4ème décile moindre surface (cf. à droite) pour les ouvriers que 19,3% 5ème décile pour les cadres supérieurs et professions libérales (les 18,2% agriculteurs bénéficiant des prix plus bas en zones 6ème décile rurales). De plus, le surpeuplement du logement 16,8% 7ème décile concerne 2% des ménages du décile le plus riche en 15,2% 2006, contre 23% de ceux du décile le plus pauvre 8ème décile (INSEE). Le taux de 21% pour les ménages les plus 15,0% 9ème décile pauvres peut paraître bas à ceux qui consacrent la 13,0% moitié de leurs revenus à leur loyer, mais il intègre les 10ème décile ménages propriétaires ayant payé leurs emprunts…Or, 17,9% Ensemble selon la Fondation Abbé Pierre, 40% des ménages les Rapport 1,7 plus pauvres sont propriétaires, contre trois quarts des interdécile plus riches… Une fois déduit l’effort de logement, le Source ; INSEE, Enquête rapport de niveau de vie moyen entre les deux déciles Source: Insee – Enquête logement, Logement extrêmes, en 2006, n’était plus de 6,6, mais de 7,4 ! France métropolitaine, pour 2006
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DOSSIER : LES INEGALITES – QUE FAIRE ? Par Pablito Waal
Parmi les sujets abordés dans ce numéro, Socialisme & Souveraineté a choisi d’en traiter l’essentiel sous la question des revenus. C’est notamment le cas pour le logement, même si des interventions publiques (davantage de construction de logements sociaux, tels que réclamées par la Fondation Abbé Pierre) ou un changement du fonctionnement du marché du logement sont toujours souhaitables. La santé et l’éducation sont traitées à part. Nous vous invitons à consulter notre site www.socialisme-etsouverainete.fr pour connaître nos propositions générales que nous mettrons en ligne dans les mois à venir. Comment réduire les inégalités de revenus ? Socialisme & Souveraineté propose sur son site un modèle économique alternatif au capitalisme (www.socialisme-etsouverainete.fr , catégorie « Sortir du capitalisme » du site) qui permet à un pouvoir démocratique de réguler les inégalités de revenus entre individus. En attendant sa mise en pratique, nos principaux leviers d’actions restent le fisc et les prestations sociales. Or, dans son état actuel en France, ces deux leviers souffrent des lacunes suivantes : • Les prestations sociales ne sont pas dans leur principe redistributives : ni les retraites, ni les dépenses d’assurancemaladie (soit 70% du budget de la Sécurité Sociale) ne visent à réduire la pauvreté. Les retraites favorisent ceux qui vivent le plus vieux et qui ont les salaires les plus élevés. Et c’est justement dans les âges les plus élevés de la vie que les remboursements de l’assurance-maladie sont les plus importants. Si les remboursements de soins solvabilisent les ménages pauvres, ils profitent également aux ménages aisés vivant vieux. Les dispositifs désignant spécifiquement la pauvreté, tels que feu le RMI, ne représentent qu’un faible pourcentage de la protection sociale. Accusé d’inciter ses bénéficiaires à ne pas prendre de travail, le RMI fut remplacé par un dispositif censé inciter et préparer à la reprise d’activité professionnelle, le RSA (Revenu de Solidarité Active). Plus généralement, c’est la complexité des aides censées résorber la pauvreté qui fut dénoncée ; • La fiscalité française n’est que très partiellement redistributive. Hormis les mesures d’exonérations de cotisations sociales sur les salaires inférieurs à 1,5 SMIC, les cotisations sociales sont globalement appliquées à des taux comparables sur l’ensemble des professions. Quant à la TVA, elle est par définition insensible aux situations personnelles, tout comme la fiscalité pétrolière. Pour remédier à cela, on s’orienterait vers un système généralement simplifié tant du côté de la fiscalité et des prestations : • D’abord, concernant la réduction de la pauvreté, fusionner RSA, minima vieillesse, allocations-chômage, pour adultes handicapés et familiales au profit d’un revenu unique d’existence de montant variable en fonction de la situation sociale de l’individu : plus le nombre d’enfants est élevé, plus ce revenu est majoré, et il l’est également si l’individu est handicapé ou s’il est sans emploi. Mais tous les citoyens le touchent, avec un minimum de quelques centaines d’euros mensuels, sécurisant le paiement d’un loyer minimal et de soins élémentaires ; • Réduire l’ensemble de la fiscalité française à six impôts : la TVA, la TIPP, l’impôt sur les sociétés, un impôt sur le patrimoine, un seul impôt local à plusieurs étages (départemental, municipal et régional),… et un impôt massif sur le revenu intégrant les anciennes cotisations sociales et la cotisation sociale généralisée (CSG) et collectant au moins 20% du PIB, finançant ainsi une partie des dépenses de l’Etat et la majorité de celles de la Sécurité Sociale, ainsi que le revenu d’existence annoncé plus haut. Ce qui permettra de rendre la fiscalité française beaucoup plus progressive. Comment réduire les inégalités scolaires et sanitaires ? Les enquêtes PISA ont disqualifié les politiques visant à orienter tôt les élèves, et constaté de meilleurs résultats dans les pays où le système scolaire reste à tronc commun, avec des établissements homogènes. Mais ces enquêtes cassent aussi l’impératif de la réduction des effectifs par classe, désignant plutôt comme facteurs de réussite une meilleure rémunération des enseignants, attirant des étudiants plus doués vers ce métier, et un soutien individualisé massif aux élèves en difficulté. Il faut donc : • Des enseignants mieux payés et formés, pas forcément plus nombreux ; • Un système scolaire à tronc commun, avec un soutien scolaire généralisé. Et pour cela, former des enseignants spécialistes, mais aussi bénéficier du travail des étudiants faisant du soutien, soit en travail rémunéré, soit en travail validé par des enseignants professionnels et susceptibles de fournir des points supplémentaires sur les notes des étudiants dans diverses filières (étudiants préparant le CAPES, mais aussi tous étudiants de sciences humaines, sciences, lettres…). Les inégalités sociales de santé en France ne dépendent pas que des revenus, même si le recours à la privation de soin autoinfligée, trop présente en France, doit se traiter prioritairement par la réduction des inégalités de niveaux de vie. Mais c’et aussi par un développement de la prévention sanitaire que la France peut réduire les inégalités de santé sans faire exploser ses coûts sanitaires. Les pays scandinaves, avec une population aussi âgée que la nôtre et une espérance de vie comparable, l’ont déjà mis en pratique, par exemple avec des soins bucco-dentaires obligatoires et gratuits à l’école en Finlande...
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Socialisme et souveraineté est un mouvement politique fondé en Novembre 2009. Site : http://www.socialisme-et-souverainete.fr/ Contact : socialismesouverainete@yahoo.fr
Nos correspondants en régions : Ile-de-France : Pablito Waal socialismesouveraineteidf@yahoo.fr
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