Voiles et Burkhâs

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— Salut toi ! — Euh, oui, bonjour Madame, ou Mademoiselle, je ne distingue pas bien, à qui ais-je l’honneur ? — Paco, es–tu sot, c’est moi ! Moi ! Ta Poulette ! — Ah bon, c’est toi ! Mais comment veux tu que je le devine, puisque te voilà encapuchonnée des ergots jusqu’à la crête dans un voile noir du plus sinistre effet, on se croirait dans un épisode de Belphégor ! Et je peux connaître les raisons de cette nouvelle fantaisie de dissimulation ? — Tu viens de le formuler, mon bon Monsieur, car là-dessous je suis totalement invisible, inconnue, personne ne me reconnaît donc je me balade incognito au milieu des autres, et je m’amuse beaucoup ! — Et bien moi, ne t’en déplaise, ça ne m’amuse pas du tout, et je vais t’expliquer pourquoi. — Je t’écoute. — En fait, tu as pu observer comme moi dans nos contrées une variété impressionnante de couvre-chefs et galures en tous genres, aussi bien chez les hommes que chez les femmes, des petits et grands bibis, des capelines, des bérets, des bonnets de toutes formes, dimensions et couleurs, des chapeaux, en paille, en feutre, en fausse fourrure, des chapkas, des panamas, et des foulards, et souvent les deux à la fois, pour se protéger du soleil ou du froid, en fait chacun porte le couvre-chef qu’il veut et quand il veut, et je ne fais même pas attention quand je croise une femme qui porte le « hijab » par exemple ! — Ou la « shayla », l’ « almira » ou même le « khilmar », toutes ces coiffes traditionnelles que portent les femmes croyantes en l’Islam. — Bravo, quelle culture ! Je vois que nous avons les mêmes références et que nous avons consulté les mêmes sites Internet ! Donc pas de réticences pour les coiffes et foulards sus nommés.

Là ou je commence à tiquer, c’est quand je vois un « tchador », ce vêtement informe et impersonnel que les mâles iraniens imposent à leurs épouses.


Là où je m’insurge, c’est de ne voir que deux yeux derrière un « niqab » comme celui que tu portes.

Et je vois rouge en constatant qu’en France on commence à voir des femmes entièrement emprisonnées dans des « burkhâs » ! J’ai découvert avec stupeur cette pratique moyenâgeuse, rétrograde et obscurantiste pendant une visite au Cachemire indien en 1974, où la population est de confession musulmane à 90 %, et j’ai été très choqué, malgré le contexte très folklorique pour nous occidentaux en mal d’exotisme. J’ai connu dans mon pays natal le « haïk » algérois, celui en soie des femmes riches, retenu par des épingles dans les cheveux tandis qu’un mouchoir de dentelle cachait le reste du visage, ou le haïk en coton des femmes plus pauvres, qu’elles retiennent avec leurs dents, en ne montrant qu’un œil, mais malgré toutes leurs précautions le moindre coup de vent dissipait un peu du mystère qui accompagnait les femmes d’Alger, et pour moi le haïk avait la même fonction que le foulard ou la coiffe traditionnelle des villageoises en France qui ne seraient pas sorties sans. Et donc je suis extrêmement choqué par la fonction « prison » des vêtements « modernes » de la femme musulmane, la burkhâ en étant le paroxysme intégriste en tant qu’instrument d’asservissement de la femme par le mâle, ce qui n’a jamais été préconisé dans le Coran malgré les affirmations de tous ces hypocrites fous de la charia. Je ne peux empêcher les talibans afghans, iraniens ou soudanais de frapper toutes les femmes qui passent à leur portée, sous le seul prétexte qu’elles sont des femmes, mais que les intégristes fondamentaux n’importent pas leurs pratiques d’un autre âge dans ce pays qui a fait la Révolution, et qui a même accepté en 1945 de donner le droit de vote aux femmes !


Et puis il y a un truc que je ne saisis pas bien. On a vu dans un reportage une femme qui revendiquait le droit au voile intégral, et manifestement ce n’était pas une orientale, mais pourquoi pas, admettons que c’est son choix et qu’elle l’exerce en toute liberté, elle a donc le droit d’aller et venir à sa guise, de faire des courses, d’aller à la banque etc. mais comment fait-elle pour retirer des sous si elle tombe sur une employée qui ne la connaît pas et qui lui demande sa carte d’identité pour vérifier la concordance de son visage avec la photo du même nom, comment fait-elle pour retirer un recommandé ou un colis de la Redoute, et pour reprendre ses enfants à la sortie de l’école ? Alors soit ces femmes voilées sont libres mais ne peuvent rien faire comme les autres, soit elles sont voilées de force pour qu’elles ne puissent rien faire comme les autres. CQFD, la burkhâ est bien une sorte de prison ambulante et ce n’est pas admissible dans nos pays européens. Dernière minute ! Fillon, le bouffon du roi, est en train de suer sang et eau pour faire adopter une loi, une de plus, en vue d’interdire le port en public du voile intégral, comme si un premier ministre n’avait pas d’affaires plus importantes à traiter, mais puisqu’il s’y colle……………. Un, je ne suis pas contre, pour une fois je suis d’accord avec lui, deux, lui au moins emploie le bon terme, « voile intégral », traduction française de « niqab », au lieu d’employer le terme impropre de « burkhâ », dont les journalistes incompétents, mais c’est un pléonasme, et les politiques ignorants, c’en est un autre, se gargarisent à longueur de JT et d’interviews. Mais pourquoi perdre son temps à re fabriquer une loi, alors qu’elle existe déjà ! En effet il y a une loi de 1935 qui interdit à tout citoyen de circuler en public le visage caché, masqué, cagoulé ou maquillé, sauf pour le carnaval, et des comédiens ont pu le vérifier à leurs dépens, je me souviens d’un chanteur génial, Pierre Vassiliu, qui n’ayant pas pris le temps de se démaquiller pour passer rapidement d’un spectacle à mon studio de télé s’était fait attraper par des cognes soupçonneux, il faut dire qu’il ne passait pas inaperçu avec son visage entièrement recouvert de poudre dorée. —Hep ! toi là bas, oui toi la volaille, tu vas me faire le plaisir d’enlever tous ces voiles, et fissa-fissa ! Non mais, ous’que tu crois qu’t’es ?


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